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1 sur 14 Rapport sur les livrables - ANR Epistémé (18 mai 2016) Tâche 2 – Epistémique, épistémologie, traces numériques SP2.2 Etude de Cas 1 : Phénoménotechnique et cycle des images en astrophysique – Responsable : CEA Livrable 2.2.2 Production numérique des images de l'astrophysique : la phénoménotechnique du segment sol 1 Résumé : L’objet d’étude en astrophysique dans le cadre de la tâche 2 d’Epistémé est le segment sol (ground segment) d’une mission spatiale scientifique. Dans ce rapport, nous proposons une définition opératoire du segment sol avant de préciser comment il s’insère dans le cycle de l’image de l’astrophysique et d’identifier les principales étapes de la production numérique des images qui y sont opérées. Introduction Ce rapport s’insère dans le lot de travail 2.2 du projet Epistémè (Etude de Cas 1 : Phénoménotechnique et cycle des images en astrophysique), piloté par le CEA/Irfu, dont le but est d’étudier les conditions de production, de circulation et de valorisation des images de l’astrophysique. Il est un complément important à l’analyse du cycle de l’image 2 en ce que le segment sol intervient dans la production des images, dans leur transformation au moyen d’outils numériques ainsi que, pour partie, dans leur valorisation au sein et hors de la science. De nombreux travaux en histoire de l’astronomie ont déjà été consacrés à l’instrumentation et au rôle du soutien politique qui la rend possible 3,4 . Une attention moindre a été portée à la production et la circulation des données en astrophysique, qui sont, pourtant, des opérations indispensables pour produire des images ainsi que des connaissances dans ce domaine. 1 L’intitulé initial était « Analyse de la valeur symbolique de l’image scientifique ». Il a été ici modifié afin de rendre compte d’un aspect essentiel de la production des images, à savoir le rôle du segment sol. 2 Vincent Bontems, « Le "cycle de l’image" selon Gilbert Simondon. Une définition génétique de l’image scientifique », Visible, n°8, 2011 ; Catherine Allamel-Raffin, « L’apport d’une perspective génétique à l’analyse des images scientifiques », Protée, 37, n°33, hiver 2009-2010. 3 Minier, Bonnet, Bontems et al. Inventing a space mission – The Herschel space observatory, intending for publication in 2017, Springer. 4 Cf. Richard F. Hirsh, Glimpsing an Invisible Universe: The Emergence of X-Ray Astronomy. New York: Cambridge University Press, 1983 ; David H. DeVorkin, Science with a Vengeance: How the Military Created the US Space Sciences after World War II. New York: Springer-Verlag, 1992 ; Robert W. Smith, Paul A. Hanle, Robert H. Kargon, and Joseph N. Tatarewicz. The Space Telescope: A Study of NASA, Science, Technology, and Politics. New York: Cambridge University Press, 1993 ; Donald Osterbrock, Pauper and Prince: Ritchey, Hale, and Big American Telescopes. Tucson: University of Arizona Press, 1993 ; W. Patrick McCray, Giant Telescopes: Astronomical Ambition and the Promise of Technology. Cambridge, MA: Harvard University Press, 2004 ; and David P. D. Munns, A Single Sky: How an International Community Forged the Science of radio Astronomy. Cambridge, MA: MIT Press, 2012 ; Joseph C. Pitt, Doing Philosophy of Technology: Essays in a Pragmatist Spirit, 2011, chapitre 16 “Design Mistakes. The Case of the Hubble Space Telescope”.

Rapport sur les livrables - ANR Epistémé (18 mai 2016) Tâche 2 – … · 2016-09-15 · Prince: Ritchey, Hale, and Big American Telescopes. Tucson: University of Arizona Press,

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Rapportsurleslivrables-ANREpistémé(18mai2016)

Tâche2–Epistémique,épistémologie,tracesnumériques

SP2.2EtudedeCas1:Phénoménotechniqueetcycledesimagesenastrophysique–Responsable:CEA

Livrable2.2.2Productionnumériquedesimagesdel'astrophysique:laphénoménotechniquedusegmentsol1Résumé:L’objetd’étudeenastrophysiquedanslecadredelatâche2d’Epistéméestlesegmentsol (ground segment) d’unemission spatiale scientifique. Dans ce rapport, nous proposons unedéfinitionopératoiredusegmentsolavantdeprécisercommentils’insèredanslecycledel’imagedel’astrophysiqueetd’identifierlesprincipalesétapesdelaproductionnumériquedesimagesquiysontopérées.IntroductionCe rapport s’insère dans le lot de travail 2.2 du projet Epistémè (Etude de Cas 1 :Phénoménotechniqueetcycledesimagesenastrophysique),pilotéparleCEA/Irfu,dontlebutestd’étudier les conditions de production, de circulation et de valorisation des images del’astrophysique. Il est un complément important à l’analyse du cycle de l’image2en ce que lesegmentsolintervientdanslaproductiondesimages,dansleurtransformationaumoyend’outilsnumériquesainsique,pourpartie,dansleurvalorisationauseinethorsdelascience.Denombreuxtravauxenhistoiredel’astronomieontdéjàétéconsacrésàl’instrumentationetaurôle du soutien politique qui la rend possible3,4. Une attention moindre a été portée à laproduction et la circulation des données en astrophysique, qui sont, pourtant, des opérationsindispensablespourproduiredesimagesainsiquedesconnaissancesdanscedomaine.

1 L’intitulé initial était « Analyse de la valeur symbolique de l’image scientifique ». Il a été ici modifié afin de rendre compte d’un aspect essentiel de la production des images, à savoir le rôle du segment sol. 2 Vincent Bontems, « Le "cycle de l’image" selon Gilbert Simondon. Une définition génétique de l’image scientifique », Visible, n°8, 2011 ; Catherine Allamel-Raffin, « L’apport d’une perspective génétique à l’analyse des images scientifiques », Protée, 37, n°33, hiver 2009-2010. 3 Minier, Bonnet, Bontems et al. Inventing a space mission – The Herschel space observatory, intending for publication in 2017, Springer. 4 Cf. Richard F. Hirsh, Glimpsing an Invisible Universe: The Emergence of X-Ray Astronomy. New York: Cambridge University Press, 1983 ; David H. DeVorkin, Science with a Vengeance: How the Military Created the US Space Sciences after World War II. New York: Springer-Verlag, 1992 ; Robert W. Smith, Paul A. Hanle, Robert H. Kargon, and Joseph N. Tatarewicz. The Space Telescope: A Study of NASA, Science, Technology, and Politics. New York: Cambridge University Press, 1993 ; Donald Osterbrock, Pauper and Prince: Ritchey, Hale, and Big American Telescopes. Tucson: University of Arizona Press, 1993 ; W. Patrick McCray, Giant Telescopes: Astronomical Ambition and the Promise of Technology. Cambridge, MA: Harvard University Press, 2004 ; and David P. D. Munns, A Single Sky: How an International Community Forged the Science of radio Astronomy. Cambridge, MA: MIT Press, 2012 ; Joseph C. Pitt, Doing Philosophy of Technology: Essays in a Pragmatist Spirit, 2011, chapitre 16 “Design Mistakes. The Case of the Hubble Space Telescope”.

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Danscerapport,(1)nousproposonsunedéfinitionopératoiredusegmentsoletnousexplicitonscomment il s’insère dans le cycle de l’image de l’astrophysique (tel que décrit dans le livrable2.2.1), (2)puisnousappliquonscettedéfinitionàdiversesmissionsenprocédantàuneanalysecomparative,(3)avantd’identifierlesprincipalesétapesdelatransductionnumériquedesimagesquiysontopéréesdanslecasdeHerschel.UneattentionparticulièreestdoncportéeàlamissionspatialeHerschel(2009),bienqued’autresmissions—InfraredSpaceObservatory(ISO)(1995),SVOMetEuclid(2020)—soientétudiéesàdesfinsdecomparaison.1. Définitiondusegmentsoletinsertiondanslecycledel’imageL’analysedusegmentsol(SEGSOL)relèvenécessairementd’uneméthodepluridimensionnelleenraisondescaractéristiquessuivantes:1. le SEGSOL relève d’une analyse technologique puisqu’il assure la réalisation des différentes

opérationsinstrumentalesainsiquelacontinuitéentreelles;2. leSEGSOLrelèved’uneanalyseépistémologiquecar ilassuredesfonctionsépistémiquesqui

concernentlamiseenplaceetl’exploitationdel’observatoire5;3. le SEGSOL relève d’une analyse sociologique dans la mesure où il se caractérise par la

dimensioncollectiveetsocialedesactivitésquiyontlieu;4. le SEGSOLmobilise une analyse «phénoménotechnique» particulière, son fonctionnement

reposantsurlecalculnumériqueetletraitementdesdonnéesproduitesenmasse.Uneconséquencedecettepluridimensionalitéestquel’étudedusegmentsolestàlacroiséedelaphilosophiedessciencesetdestechniques,del’épistémologiesocialeetdelasociologiedelabigscience.Danscerapport,nousmobiliseronsdoncdesconceptsissusdecesdifférentschampsenfonctiondesaspectstraités.Ilestnéanmoinsnécessairedeproposerunedéfinitionopératoirequiservederéférentàtousceséclairagespossibles.1.1. DéfinitionopératoireDanslecadred’unemissionspatiale,leSEGSOLestl’organisationhumaineetmatériellelocaliséesurlesoldontunepartie6estenrelationaveclesatelliteenorbiteetmetenplacepuisexploitel’instrument d’observation dans le satellite afin de planifier, programmer et transmettre leplanning des observations7, et de réceptionner les donnéesmesurées par l’instrument8, tandis

5 L’observatoire est composé 1/ du télescope qui est un ensemble de miroirs focalisant la lumière vers les instruments de mesure, 2/ des instruments de mesure à l’intérieur duquel se trouve un détecteur, 3/ du module de service qui contient toute l'électronique du commande du satellite et l'instrumentation. Les instruments de mesure placé au sein du cryostat et le télescope constitue la charge utile ou payload, expression consacrée qui désigne l’ensemble instrumental requis pour réaliser la mission. (cf. http://herschel.esac.esa.int/Docs/Herschel/html/ch02.html). Voir www.herschel.fr/interactif/accueil.html 6 Elle correspond à la station sol et au centre des opérations sur l’instrument (SCC pour ISO, MOC pour Herschel et Euclid) . 7 Les transmissions sont des envois d’AORs (Astronomical Observation Request) qui sont des blocs d’observation. 8 Les données ne sont pas envoyées directement au segment sol, une fois mesurées. Elles sont d’abord stockées dans la machine d’archivage qui se trouve dans le satellite. Les données sont ensuite transmises au sol sous forme de paquets d’onde.

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qu’uneautrepartie indépendante9traite lesdonnées(notamment lesétalonne), lesanalyse, lesarchive, et les transmet à la communauté scientifique pertinente. Par conséquent, qu’il soitconsidéré sous l’angle technologique, épistémologique ou sociologique, le SEGSOL est ce quiassurelatransduction10desdonnéesautraversdecetenchaînementcomplexed’opérations.C’estpourquoinousdéfinironslesegmentsolàpartirdesesopérations.Cettedéfinitionopératoireenglobeladéfinitiondusegmentsol lapluscommunémentapportéeparlessitesdesmissionsspatialesquiinsistesurlesmoyensquileconstituent.Ainsi,onpeutlireque«le“SegmentSol”regroupel'ensembledesmoyenssolnécessairesàl'envoietàlaréceptiondesinformationséchangéesaveclesatelliteetauxtraitementsdesdonnéesreçues.11».Unetelledéfinitionestcependantlacunaireausensoùellenerendpascomptedeladimensionhumaineetorganisationnelledusegmentsol,ninerendcomptedesafonctionessentielle;lefaitqu’ilsoitenchargedel’envoietdelaréceptiondesdonnéesn’indiquepaseneffetsonbutscientifique12.Lanotiond’«organisationhumaineetmatérielle»permetaucontrairederendrecompted’unedynamiquedesgroupesépistémiquesetdelastratégiedesagentsfaceauxtâchesépistémiquesàassureretauxcontraintesextérieures(c’est-à-direnonpurementscientifiques)àsatisfaire.Ilestentenduque l’organisationhumaine (chercheurs individuels, groupesépistémiques, institutions)etmatérielle(ressources)permetl’articulationentrelesdifférentsobjetstechniquesmobilisésetque, réciproquement, l’organisation matériel surdétermine pour une part les modalitésd’organisationentreleschercheursetlesautresagents.Autrementdit,l’organisationhumaineetmatériellerendainsipossibleunemiseenréseaudesopérationsaccompliesparleshommesetlesmachines13.Ilestànoterquelepartiprisiciestqueladéfinitionopératoirerendecomptedusegmentsolenaction,c’est-à-diredurantlaphasederéalisation.Commenousl’afaitremarquerl’astrophysicienMarcSauvage,ilexisteaumoinsdeuxfaçonsdedéfinirlesegmentsolenfonctiondelaphasedelamissiondanslaquelleonsetrouve.Enphasedeconception,lesegmentsolpeutêtreconsidérécomme un réseau purement technologique, c’est-à-dire comme l’ensemble des moyens àmobilisersurTerrepourassurerlebonfonctionnementdelamission.Enphasederéalisation,ledécrirecommeuneorganisationhumaineautantquematériellesembleplusapproprié:c’estune

9 Elle correspond au centre « science » des opérations sur les données récoltées (SOC pour ISO, HSC pour Herschel, SOC + SDCs pour Euclid). 10 La«transduction»désignedesprocessusdepropagationdel’informationtelsquelapropagationélectrochimiquedanslesneuronesoudumatérielgénétiqueentredesbactéries.Nousl’employonsdanslesensgénéralisédéfiniparGilbert Simondon: «Nous entendons par transduction une opération (…) par laquelle une activité se propage deprocheenprocheàl’intérieurd’undomaine,enfondantcettepropagationsurunestructurationdudomaineopéréedeplaceenplace»(GilbertSimondon,L’individuationàlalumièredesnotionsdeformesetd’information,collection«Krisis»,éditionsMillon,2005,p.32).11 https://media4.obspm.fr/exoplanetes/pages_corot-mission/segmentsol.html12Ilnoussembleimportantd’insistersurlacomposantehumaineetorganisationnellecarladéfinitiondusegment-solparsesseulsmoyensestparfoisrepriseenphilosophieetnoussembletropréductrice.Parexemple,DanielParrochiaécrit-il que : «Le segment spatial sera formépar les objets fondamentaux aumoyendesquels lamissiondoit êtreaccomplie : cela peut impliquer des lanceurs, des satellites ou des sondes planétaires, des stations orbitales, desvéhicules orbitaux, des avions spatiaux, ou naturellement, le cas échéant, une combinaison de ces moyens (parexemple,lanceur+satellite).Le«segmentsol»,lui,estconstituéparlesinfrastructuresetappareilsnécessairesauxopérations,processusdecontrôle,communications,logistiqueetmaintenancedusegmentspatial.»dansParrochia,D.(1998)Laconceptiontechnologique.Paris,Hermès,p.181.13Onlitsouventquelesegmentsolaunrôledesoutienàlamissionspatiale.Or,ilfaitbienplusquecela:ilenassureunegrandepartiedesopérations.

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foisleconceptdesegmentsolest«implémenté»,quesaconcrétisationengagedescollectifsetrequiert leur adaptation (via notamment le développement de moyens de communicationadaptés). Pour ainsi dire, le segment sol est un objet qui se définit, au fur et à mesure,relativementàl’avancementdelamissionspatiale(tirédediscussionsavecM.Sauvage).1.2. Insertiondanslecycledel’imageLesegmentsoljoueunrôleessentieldansledéroulementd’unemissionspatialet,enparticulier,danslecycledel’image.Soninsertionauseindececycleestdouble:D’unepart,lesegmentsolintervientensoutiendanslamiseenfonctionnementdesinstrumentsdedétectionetdansl’activitéd’observation14,c’est-à-diredansl’acquisitiondesdonnéesspatialesbrutesquisontlabasedes«imagessources»15.D’autrepart,lesegmentsolassureleprocessusentierdeproductiondesdonnéestraitéesàpartirdesimagessources.Cesdonnéestraitéesconstituentlabaseàpartirdelaquellepeutcommencerle travail scientifique visant à tirer des informations sur les propriétés, lesmorphologies et lescompositions des objets étudiés. Le processus de production des données traitées englobe laréceptiondesdonnéesbrutesissuesdutélescope,leurréductionsuiviedeleuranalyse,ainsiqueleur archivage. La réduction et l’analyse des données sont des procédures de traitement desimagessourcespardesalgorithmesqui,enopérantleurmodificationprogressive,conduisentauximagesprêtesàêtrediffuséesauseindelacommunautéscientifique.2. ApplicationetanalysecomparativeLesegmentsolestdoncl’organisationhumaineetmatérielleconstituantunréseaud’opérationsqui dépendent de la phase de la mission. Vincent Bontems et Vincent Minier proposent derassemblerlesphasesprojetdel’ESAenphasesdemotivation,deconception,deconcrétisation,d’exploitationetdevalorisation (avecdespossibilitésmultiplesdechevauchement).Cependant,danslesdocumentsinstitutionnels,d’unepart,l’organisationhumaineetmatérielleestprésentéesous la forme de relations entre des «entités» abstraites correspondant à des catégoriesadministrativesetfonctionnelles,d’autrepart,chaquemissionestséquencéeselondescatégoriesplus fines et variables.Dans l’analyse comparativequi suit, nousnous appuyons sur ce typedereprésentationspourendégagerlesélémentsinvariantsdesopérationsquel’onretrouvedanslesdifférentes missions spatiales (ISO, Herschel et Euclid principalement) ainsi que les élémentsdifférentiels.

2.1.Représentationabstraitedesorganisations.Les«entités»fonctionnellessontlocaliséesgéographiquementetcorrespondentauxstationssol,au centre des opérations sur l’instrument (SCC pour ISO, MOC pour Herschel et Euclid) et au

14Nousemployonsiciletermed’observationconformémentàl’usagequ’enfontlesastronomes,c’est-à-direcommeacquisitiondesdonnéesbrutes,etnonselonladéfinitionqu’endonnentlesphilosophesdessciences,suivantlaquelleuneobservationn’estobtenuequ’àpartirdumomentoùlesdonnées(unefoistraitées)fournissentunebasefiableauxinférences.15CatherineAllamel-Raffin,«Lacomplexitédes imagesscientifiques.Ceque lasémiotiquede l’imagenousapprendsurl’objectivitéscientifique».Communicationetlangages,2006,vol.149,n°1,pp.97-111.

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centre «science» des opérations sur les données récoltées (SOC pour ISO, HSC pour Herschel,SOC + SDCs pour Euclid). Dans une représentation abstraite de l’organisation, ce sont elles quiinteragissent dans le but d’assurer ensemble des opérations communes ou de maintenir lacontinuitéentre lesdifférentesopérationsàréaliser.Lesstationssolserventà l'émissionetà laréceptiondesdonnées.Lecentredesopérationssurl’instrumentpréparelesobservations,traiteles informations reçues du satellite et effectue les premiers traitements sur les donnéesscientifiques. Le centre science est en charge de la qualité finale des données et de leurdistributionà la communauté scientifique.DansHerschel, il yaaussi les ICCsdont le travailestd’étalonner les instruments pour le HSC (via le Herschel Science Archive (HSA)). Ils étudient latélémétriedel’instrumentetmesurentainsilesperformancesdusatelliteEsa.

ENTITES

ISO Herschel SVOM Euclid

SpacecraftControlCentre(SCC)

MissionOperationsCentre(MOC)

GroundWideAngleCameras(GWACs) EsaMissionOperations

Centre(MOC)

ScienceOperationsCentre(SOC)

HerschelScienceCenter(HSC)

GroundFollow-upTelescopes(GFTs) EsaScienceOperations

Centre(SOC)

Esagroundstations InstrumentControlCentres(ICCs)

ScienceDataCentres(SDCs)

InstrumentOperationsTeams(IOTs)

TABLEAU1.LESENTITES2.2.SéquençagedesmissionsLes phases décrites par l’Esa sont les suivantes : la phase 0 correspond à l’analyse etl’identification de la mission, la phase A à l’étude de la faisabilité, la phase B à la définitionpréliminaire, laphaseCà ladéfinitiondétaillée, laphaseDà laqualificationet laproduction, laphaseEà l’exploitationet laphaseFà l’archivagedesdonnéesetà leurmiseàdispositionà lacommunauté16.Lesétapesdemissionsontlelancementetlamiseenorbitedusatellite(LaunchandEarlyOrbitPhase,LEOP),laphasedecommandedusatellite(SatelliteCommissioningPhase,SCP),laphasedevérification (Performance Verification Phase, PV), la phase des opérations (Routine OperationsPhase,ROP)etlaphasepost-opératoire(Post-Operationsmissionphase,POP).DansHerschel,ilyaaussilaphasededémonstrationscience(ScienceDemonstrationPhase,SDP)etleprogrammescienceprioritéHIFI(HIFIPriorityScienceProgramme,PSP).

16http://www.esa.int/Our_Activities/Space_Science/How_a_mission_is_chosen

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Letableau2metenparallèlecesdifférentesphasesdemissionavec lescatégoriesdéveloppéesparVincentBontemsetVincentMinier(colonne1)etlesphasesdécritesparl’Esa(colonne2).Il faut prendre en compteque certainesopérationsne sont pas comprises dans ces différentesphasesdemissiontellesqu’ellessontdéfiniesmaissontpourtantréaliséesdans lesegmentsol.Ainsi faut-il ajouter l’étalonnage de l’instrument par l’ICC (en phase D), l’élaboration duGuaranteed-Time Key Programme (GTKP) (en phase D), la préparation des AstronomicalObservationRequests(AORs)(enphaseD),l’étalonnagedesdonnéesparlesICCs(enphaseE),laréduction et l’analyse des données par la communauté science (en phase E), la livraison desalgorithmesd’extraction (enphase E) et la livraisondes catalogues (F) (tiré dediscussions avecVincentMinier).

Catégories PhasesEsa Étapesdemission

ISO Herschel

Motivation

Conception

0

A

B

C

Concrétisation D

Exploitation

E

LEOP LEOP

SCP SCP

PV PV

SDP,PSP

FROP ROP

POP

Valorisation F

TABLEAU2.LESDIFFERENTESPHASESDESMISSIONSSPATIALES2.3.Listagedesopérations(etdiagrammes)Lesopérationssontrangéesdanscequisuitparphasedemission.

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PHASESDEMISSION OPERATIONS

LEOP miseenstation

SCP-améliorationdelacommunicationaveclesatellite-star-trackercalibration,ranging,stationhandovers,instrumentactivation/deactivation

PV -accroissementdelavolumétriedesdonnées

-calibrage

ROP MOC:

-transmissiondestélécommandesausatellite

-réceptiondesdonnéesettransmissionauSOC

-envoientempsréeldesdonnéesrelativesauxinformationsvitalesdesurveillancepourcontrôle

SOC:

-préparationdesobservations

-traitementdesdonnées

correctionsinstrumentalesrésiduellesetcorrectionsastrophysiques

-transmissiondesdonnées

archivagedesdonnées

POP(Herschel)-surveillance(rundownmonitoringphase)àpartirdel’évaporationdel’hélium-consolidationdelamission(missionconsolidationphase)-archivage(activearchivephase)-consolidationdel’archive(archiveconsolidationphase)(atwhichpointthetransfertothesubsequenthistoricalarchivephasetakesplace)

TABLEAU3.LESOPERATIONSRANGEESPARPHASEAfindesaisirlalogiqueorganisationnelleàl’œuvrederrièrelesegment-sol,nousavonscréétroisdiagrammesreprenantlesélémentsorganisationnelsdestroismissionsISO,HerscheletEuclid.Lemêmecodedecouleuraétéutiliséafindedistinguerlematériel,les«entités»etlesphasesdemission.Bienqueconsidérablementplussimplesqueneleseraientunereprésentationduréseauopératoireentrehommesetmachines,lacomplexitédecesdiagrammesillustredéjàladifficultéqu’il peut y avoir à trouver une structure commune à la conception et au fonctionnement dusegment-soldanscestroiscasd’étude.

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DIAGRAMME1.ISO

DIAGRAMME2.HERSCHEL

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DIAGRAMME3.EUCLID3. Principalesétapesdelatransductionnumériquedesimagesdanslesegmentsoldelamission

Herschel

“On29September1989anastronomerwalkedintotheclassicallyshapeddomeshelteringthe venerable Hale Telescope atop PalomarMountain. […] The scientist settled in at thetelescopeanddidwhatastronomersbeforehimhaddone tensof thousandsof times:hetook a photograph. For an hour, the telescope’s 200-inch mirror reflected a trickle ofphotonsarrivingfromasupernovaremnantintheconstellationCassiopeiatoasmallpieceof glass coated with an ultra-sensitive chemical emulsion. This would be the Hale’s lastofficial photographic observing run. As the popular astronomymagazine Sky & Telescopedescribed it, astronomical photographs would soon be “things of the past … just like oillamps,pendulumclocks,andsliderules.”Instead,lightthatthetelescopegatheredwouldberecorded on solid-state electronic detectors—in other words, the data would be “born-digital”.”(McCray2004,p.908)17

La chaîne de transduction des donnéesmobilise desmoyens humainsmais aussi matériels vial’usagedel’ordinateuretducalculnumériquequisontconcentréssurlesegmentsol.Lasuitedece document consiste à décrire les principales étapes suivant lesquelles sont traitéesnumériquementlesdonnéesobtenuesinitialementparl’instrument.3.1. Delapréparationdesobservationsàlatransmissionausol:LapréparationdesobservationsestréaliséeavecleséquipesdesConsortia(SPIRE,PACS,HIFI)18.Danslecasd’Herschel, lesobservationsontétépréparéesavant2009,annéedulancement.Elle

17McCray,W.P.(2014)HowAstronomersDigitizedtheSky.TechnologyandCulture,Volume55,Number4,pp.908-944.18Une constitution règle par avance la répartition du temps d’observation pour chaque équipe d’un mêmeConsortium. Voir par exemplehttp://www.herschel.fr/cea/gouldbelt/en/Phocea/Vie_des_labos/Ast/ast_visu.php?id_ast=23.

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s’estfaiteenconcertationaveclesgroupesscientifiquesimpliquésdanslesdifférentsprogrammesde la mission. Afin de planifier les observations, les régions les plus intéressantes de sites deformationd’étoilessontsélectionnées,defaçonapproximativedansunpremiertemps.L’imageci-dessousillustreunesélectionderégionsdehautedensitédansdesnuagesmoléculairesproches–lesrégionsAquilaetSerpens–réaliséeparleHerschelGouldBeltsurveyconsortium.

Ensuite, à l’aided’unoutil deplanificationdesobservations (theHerschelObservationPlanningTool–Hspot),lesobservationssontplanifiéesdefaçonplusprécise.Cetteplanificationconsisteàspécifierlesvaleursdesparamètresnécessairesauxobservationsd’Herschel.Cesparamètressont,parexemple,lescoordonnéescentralesdesrégionssondées,ladirectiondubalayageetlavitessedu détecteur du ciel, le choix de l’instrument (SPIRE, PACS) et le mode de détection utilisé(réalisation d’une carte photométrique, ou de mesures spectroscopiques). L’image ci-dessousprésente les lignes de balayage du détecteur dans la zone de divisionAquila-Serpens. Dans cetexemple,lesdeuxinstrumentsontbalayélaplupartdesrégionsdefaçonsimultanée,permettantainsid’obtenirunecartequicouvredefaçonhomogèneleslongueursd’onded’intérêt.Delasorteles objets étudiés peuvent être reconstitués plus tard dans la phase d’analyse des données. Envert, correspondent les lignes de balayage réalisées par SPIRE couvrant les longueurs d’onde à250-350-500microns, tandis que, en rouge, correspondent les lignes de balayage réalisées parPACScouvrantleslongueursd’ondeà70-160microns.

Partélémétrie,lesdemandesd’observationssonttransmisesparlesegmentsolautélescope.Lestransmissions sont des envois d’AORs (Astronomical Observation Requests) qui sont des blocs

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d’observation. Ces transmissions ne sont pas faites en direct. Une partie est automatisée,programméeàl’avance.C’estlecasdelavérificationdelaquantitéd’héliumquiestuneroutinedecommandeprogrammée.C’estaussilecasdupointagequiconsisteàs’assurerqueladirectionviséeparletélescopeestlabonneenfonctiondelapositiondesétoiles.L’étaped’aprèsestladétectioneffectivedelumièresparl’instrumentquiestdécritedansL2.2.1;cetteétapeestréaliséeseulementparl’instrumentbienqu’ellesoitprogramméeparlesegmentsol.Lesdonnéessontensuitearchivéestemporairementdansunordinateurdusatellite.Puisellessonttransmisesaucentre«science»desopérations.Ellessontd’abordétalonnéespar les ICCs,puisenvoyéesauxcommunautésscientifiquespertinentesafind’êtreréduitesetanalysées.3.2. Delaréductiondesdonnéesàlamiseàdisposition:

Il est importantdenoterque lesdonnées sontécritesdepuis lesannées1980dansdes fichiersFITS(FlexibleImageTransportSystem).Cesystèmeoffreauxscientifiquesunesyntaxegénéraleetflexible pour transmettre les données et les archiver. Les données numériques deviennent plusfacilement analysables, manipulables, communicables. FITS a été conçu pour combiner lesdonnéesdedifférentstypesdedétecteur,telsquetélécopiesoptiquesetradio,etsonutilisationpar tous les grands observatoires internationaux a été vivement recommandée par theInternationalAstronomicalUnion.Afindedonnerunaperçudelamanièredontcesystèmeestemployépourréduireetanalyserlesdonnées, l’anthropologue Götz Hoeppe décrit une situation où un post-doctorant (Patrick)expliqueàsacollèguenouvellementarrivée(Nadine)commentils’yprend:

Patrick, a postdoctoral researcherwhowas already familiar with template fittingwhen I beganmy study, summarized for Nadine the data reduction and analysistasksthatlayaheadofher:Thefirstthingistouploadtheexposures,checktheFITSheadersanddoallthat.[…]Thenextstepsarebiassubtraction,correctingfornonlineareffectsandsomeothersmalltidbits,makingtheflatfield,divideallscienceimagesbyit,[…]andcorrectforcosmics. […] Then comes the photometry. If you havemade a catalogue alreadywith SExtractorand knowwhere the galaxies are on your exposures, you do thephotometryineachfilter[…],meaningthatyouhavetodeterminetheinstrumentalmagnitudes at these positions, and then calibrate all of that […]. At the end youhavemagnitudes, normalmagnitudes, and those are plugged into themulticolorclassification.Forthatyoufirsthavetocalculatecolors[…]andtheyallgointotheclassificationwhereyouusethecolorstodecidenotonlywhatkindofobjectitis,butalsoatwhichredshiftitis,andwhenyouhavetheredshiftandtheobjecttypeandspectraltypeyoucanderiveotherparameters,likemass,totalluminosityandthelike[…].Thedataarestoredintables,andtheytellme:‘Starnumber1828hasgot18countspersecondinthisimagetakenwiththisfilter’,andthisinformationissaved in a large table, which is created when instrumental magnitudes arecomputed,andyoukeepworkingwiththesetables[…]19.

19Hoeppe,G.(2014)Workingdatatogether:Theaccountabilityandreflexivityofdigitalastronomicalpractice.SocialStudiesofScience,Vol.44(2)243–270.

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Laréductiondesdonnéesestlatransformationdesdonnéesbrutescollectéesparlesinstrumentsenuneformeplusordonnéeetsimplifiée20.Elleestréaliséeàpartirdeprocéduresinformatiquesautomatiquesou«pipelines».Cetermeestentréenusageaudébutdesannées1990.Ilsertàlafois commemétaphoreet comme reflet de la réalitéphysique sous-jacente, le fluxdedonnéesallantdutélescopeenorbiteàl’archive(digitalrepository)(McCray2014,p.936).Dans le cas d’Herschel, les données sont fournies par le HSC (Herschel Science Centre) et sontstockéesdansleHSA(HerschelScienceArchive)oùellessontmisesàdispositionàl’ensembledelacommunautéastrophysique21.EllessontensuiteréduitesparlesICCs(InstrumentControlCentres)suivantunprocessusàplusieursniveaux:Les données de niveau 0: ce sont les données brutes de télémétrie qui sont mesurées parl’instrument.Ellespeuventêtreformatéesunpeuavantd’intégrerlaHSA.Ellessontobtenuesdefaçonautomatiqueparladataprocessingpipeline.Lesdonnéesdeniveau1: ce sont lesmesuresdudétecteurune fois calibréeset convertiesenunitésphysiques.Enprincipe,laréductionicinedépendnidel’instrumentdontlesmesuressontissues,nidel’observatoire.Lesdonnéesdeniveau2:ellessontobtenuesparnouvelleréductiondesdonnéesdeniveau1,desortequel’analysescientifiquedesdonnéespeutcommencer.Afinquelesdonnéesdeniveau2soientoptimales,denombreusesétapesdanslaréductionicipeuventnécessiteruneinterventionhumaine.LesimagessuivantesprésententdesdonnéesdeceniveaupourlarégionAquilaetleslongueursd’ondede70et160microns22.Onyvoitleslignesdebalayages,cequiindiquequ’unenouvelleréductionestnécessairepourlisserlesimages.

Les données de niveau 2.5 et niveau 3: elles correspondent aux données mesurées pourdifférenteslongueursd’onde,quisontcombinéesentreelles.Ainsipeuventêtrereconstruitesdesimages pertinentes des objets d’étude. Les images suivantes sont constituées par ce type dedonnées;ellesreprésententelles-aussilarégionAquila23. 20VoirHaltonC.Arp,“ReductionofPhotoelectricObservationsbyanElectronicComputer.”21Voirparexemple:http://gouldbelt-herschel.cea.fr/archives/.22Elles sont issues de Könyves et al. 2010, The Herschel first look at protostars in the Aquila Rift, Astronomy &Astrophysics,no.14661.23Elles sont issues de Könyves et al. 2015, A census of dense cores in the Aquila cloud complex: SPIRE/PACSobservationsfromtheHerschelGouldBeltsurvey,Astronomy&Astrophysics.

S. Bontemps et al.: Herschel first look on protostars in the Aquila Rift, Online Material p 1

Fig. 2. PACS 70 µm (left) and 160 µm (right) images of the Aquila field. See details about data reduction and map making in Sect. 2and in Konyves et al. (2010). The corresponding SPIRE 250, 350, and 500 µm images are shown in Konyves et al. (2010).

Fig. 3. Distribution map of the 201 Herschel YSOs selected in Sect. 4.1, over-plotted on the map of dust temperature. The dusttemperature map was derived from graybody fits to the Herschel data (see details in Konyves et al. 2010).

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3.3. Del’interprétationàlapublicationdescataloguesdesources

A partir des cartes de niveaux supérieurs à 2, il est possible de réaliser de nouvelles cartes dedensitéoudetempératurequiserontpar lasuite labased’analysede l’informationscientifiqueprésente afin de la transformer en nouvelles connaissances. Par exemple, les cartes de densitéproduitespourlesprogrammesétudiantlaformationstellaire(GoultBelt,Hobys)sontanalyséespardesalgorithmesd’extractiondesourcescompactes(àlarecherchedescœurspréstellaires)oude la structuration du nuage moléculaire en filaments interstellaires. Des algorithmes commeGetsources,GetfilamentsouencoreDispersesontainsisoitproduitsparlesscientifiquesduprojetHerschel,soitdétournésdeleurutilisationinitiale(commeDispersedéveloppépourlesfilamentscosmiques). Ces analyses fournissent de nouveaux produits: des catalogues de sourcescomportant le nom de la source, ses coordonnées, et des valeurs numériques des grandeursphysiques associées (flux, densité, température, taille…). Au delà de l’image iconique, cescataloguesconstituentlelivrableexigéparl’Agencespatialeeuropéenneàtouslescoordinateursdesprogrammesd’observation.3.4. Del’archivageàunenouvelleexploitationLes données sont alors archivées au centre «science» et sont accessibles en ligne. Ainsi sontalimentés des observatoires virtuels (CDS, Skyview24) qui permettent aux astrophysiciens devisualiserlesdonnéessurunezoneduciel.

“By1980astronomersroutinelycollectedorconvertedtheirdata intoformsthatcouldbemanipulated and analyzed by a digital computer and stored on some sort of magneticmedium.However,inorderforscientiststoreadilysharetheirgrowingcollectionsofdigitaldatawithin the same observatory or, evenworse, among institutions located in differentcountries, it needed a common format. Although not consciously identified as such, thedigitization of astronomy is therefore a transnational technological history possessingimplicationsthatextendbeyondonescientificdiscipline.”(McCray2014)

24Parexemple,l’archiveIRSA,NASA/IPAC:http://irsa.ipac.caltech.edu/frontpage/;ouencoreHerschelsciencearchive:www.cosmos.esa.int/web/herschel/science-archive.

V. Könyves et al.: Herschel Gould Belt survey for prestellar cores in Aquila

Fig. 1. a) H2 column density map of the Aquila region at 18.200 angular resolution, as derived from HGBS data using the method described inSect. 4.1. b) Same map as in the left panel with the positions of the 446 candidate prestellar cores and 58 protostellar cores identified in the Herschelimages with getsources (see Sect. 4.4 and Sect. 4.5) shown as black and magenta triangles, respectively. Yellow triangles locate additional prestellarand protostellar cores which were excluded from the analysis and discussion of this paper, due to likely contamination by more distant objectsbelonging to background CO clouds at significantly higher LSR velocities than the bulk of the Aquila complex (cf. Sect. 4.3). The orientation ofthe galactic coordinate axes is indicated at the lower right of each panel. The lower left edge of the map is oriented almost parallel to the galacticlongitude axis at Gb ⇠ 2� above the Galactic plane.

Fig. 2. Dust temperature map of the Aquila region at 36.300resolution, as derived from HGBS data (see Sect. 4.1). The white contour outlines theW40 HII region which has Td > 17 K.

to the four observed data points from 160 µm to 500 µm on apixel-by-pixel basis, where I⌫ is the surface brightness at fre-quency ⌫ and B⌫(Td) is the Planck blackbody function. Each SEDdata point was weighted by 1/�2

cal, where �cal corresponds to theabsolute calibration error (20% of the intensity at 160 µm and10% for the SPIRE bands). We adopted a power law approxima-tion to the dust opacity law per unit mass (of dust+gas) at sub-

millimeter wavelengths, namely � = 0.1 ⇥ (�/300µm)�� cm2/g,and fixed the dust emissivity index � to 2 (cf. Hildebrand 1983).Based on a detailed comparison of the Herschel results with thenear-infrared extinction study of Alves et al. (2001) for the star-less core B68, Roy et al. (2014) concluded that these dust opacityassumptions are likely appropriate to better than 50% accuracy

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L’analyse des données est alors réalisée à l’aide des outils de visualisation (colorisation,isocontours représentant une grandeur physique) et d’analyse post-traitement (mesure d’unegrandeurphysique)quisontfortementdépendantsdestechniquesd’observationemployées.ConclusionsL’étude de la production des images scientifiques en astronomie avec l’observatoire spatialHerschel nécessite deux chaines de transduction: une chaine observationnelle allant de lapréparationdesobservationsàlacollectedesdataparletélescopeetleurtransmissionàl’ESA;une chaine d’étalonnage et d’analyse des données les transformant en information scientifique(intensité, position) puis en connaissances (carte de densité, température, propriétésgéométriquesdessources).UnegrandepartiedecetravailesteffectuésouslecontrôleetparleSegment sol avant de livrer les données étalonnées aux scientifiques qui transformeront lesinformationsennouvellesconnaissancesscientifiquesenconfrontantlescartesàdesalgorithmesd’analysefondéssurdeshypothèsesetmodèlesscientifiques(topologied’unnuagemoléculaire,corpsnoir,émissivitédesgrainsdepoussière…).Cettedoublechaineestfortement«numérique»au sens où à chaque étape l’intervention d’outils informatiques, de visualisation et d’analysealgorithmique est omniprésent. Dans ces conditions, une opacité épistémique peut résulter decette production numérique. Afin d’ouvrir à la compréhension de cette chaine de transductionnumérique, nous allons prolonger ce travail avec la tâche «SP2.4 Collecte, modélisation destraces et outils réflexifs» piloté par le LINA dans l’objectif de (re)tracer et visualiser l’activitéscientifique à chaque grande étape. Nous prendrons comme cas d’étude le programmed’observation Gould Belt mené au CEA par Philippe André et collaborateurs et reproduironsl’activiténumériquedeschercheursmenantàdescartesouimagesscientifiquesreprésentant lastructurefilamentaired’unnuagemoléculaireetladistributionprojetéedescœurspréstellaires.