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C ongrès annuel de la science, début janvier à Mumbai (ex-Bombay): une journée y est consacrée à la science de l’Inde antique. Stupeur dans les rangs des savants «modernes»: un ora- teur affirme avec aplomb que les Indiens avaient des avions il y a sept mille ans... et pas de vieux coucous, mais des zincs défiant toutes les lois de la mécanique (tant pour la gravité que pour la propulsion). Ses preuves? Des mentions lyriques d’engins volants, dans les textes sacrés, et surtout, dans un texte de se- conde main écrit il y a cent ans, avec des dessins ajoutés par les adeptes de l’auteur (et caution- nées par une lecture «libre» de sculptures classiques). Dossier moins bien documenté que la biographie d’Icare ou Phaëton, donc... mais bien assez pour qui veut y croire. Depuis lors, l’affaire défraie la chronique médiatique, non pas tant pour ses excès mystiques, mais pour l’aval officiel donné a ces thèses. L’orateur était un pilote chevron- né, il a même dirigé une école aéronautique. Des ministres étaient présents au colloque, et on vient de nommer chef des Instituts de technologie un vieil adepte de ces chimères. Sur- tout, le premier ministre Naren- dra Modi a un passé de prêcheur hindouiste. Même un ex patron des Nations-Unies (et ancien ministre à Delhi) bien connu à Genève a eu une réaction mesu- rée. Seul un savant de la NASA a lancé une pétition, soutenue par une poignée de profes- seurs indiens. Pour le premier ministre, c’était une récidive: il avait déjà vu en Ganesh (le dieu à tête d’éléphant) une preuve de greffe à la Frankenstein. Faut-il s’en moquer, et y voir la morale d’un vieux dessin de presse indien, montrant un étudiant en pleine confidence avec un ami: «Je laisse à l’école encore une chance... mais si je rate mes examens, je me lance dans la politique»? Nous sommes mal placés pour ironiser sur les Dumbos, surtout quand leur pays a inventé le zéro et vient d’atteindre Mars. Le mal des vaches ne se voit pas «J’ai peur en avion, car je ne sais pas comment ce mammouth tient en l’air», avoue parfois tel ou tel proche. Et dans les débats sur l’énergie, on oublie souvent que les «jets» sont - sous cet angle - moins bons que les avions à hélice. Pourtant, tout découle de simples lois apprises à l’école ou par bricole, sur le jet de réaction ou le moteur à quatre temps (les dessins indiens montraient des avions avançant dans le sens du jet). Nous sommes donc - nous aussi, à notre manière - prêts à gober des histoires de tapis volant. Tout aussi indien, le congrès tenu à Delhi sur les droits des animaux a pris en pitié les vaches des rues, qui cachent un demi quintal de plastique dans leur ventre, en moyenne, à force de brouter des sacs; guère plus visibles, les abattoirs qui font de l’Inde un exportateur majeur de viande. Comme tous les forums de ce genre, celui de Delhi (min- dinganimals.com) a montré à quel point on se dispute la vérité: est-elle dite par les scientifiques, par les écrivains, par les mili- tants, par les philosophes? Une chose est sûre: elle est la pre- mière victime quand tous ces acteurs décident de s’entendre... même, au nom de l’ouverture et de la tolérance. Dernières pièces à verser au rayon des exemples indiens de l’image et de la parole. A Delhi, on ne peut prendre le métro sans passer 26 janvier 2015 – N o 663 Hebdomadaire distribué gracieusement à tous les ménages du Canton de Genève, de l’agglomération de Nyon et de toutes les autres communes de la Zone économique 11 (Triangle Genève- Gland-Saint Cergue). 168 818 exemplaires certifiés REMP/FRP. Edité par Plurality Presse S.A. Paraît le lundi Directeur-Rédacteur en chef: Thierry Oppikofer Coordination, Publicité, Gestion des annonces: Patrick Gravante Maquette: Imagic Sàrl Carouge, Daniel Hostettler, Sophie Gravante Flashage et impression: Mittelland Zeitungsdruck AG Distribution: Epsilon SA Rédaction, Administration, Service de publicité: 8, rue Jacques-Grosselin • 1227 Carouge Tél. 022/307 02 27• Fax 022/307 02 22 CCP 17-394483-5 E-mail: [email protected] © Plurality Presse S.A., 2015 www.toutemploi.ch La vérité, ennemie de la variété Une image vaut mille mots: on nous l’a dit et répété... et ce ne sont pas les paparazzi ni les archéologues qui plaideront le contraire... mais on nous serine aussi que l’habit ne fait pas le moine. Un cas d’école venu d’Inde permet de refléchir à ces questions du lire ou voir pour croire, cruciales en éducation. TOUT L’EMPLOI & FORMATION • NO 663 • 26 JANVIER 2015 Pas d’information sans ordinateur.

Rédaction, Administration, Service de publicité: E-mail ... · une troisième source d’informa-tion: l’impasse. Cinq bébés pour deux parents, à ce rythme, la masse des Terriens

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Page 1: Rédaction, Administration, Service de publicité: E-mail ... · une troisième source d’informa-tion: l’impasse. Cinq bébés pour deux parents, à ce rythme, la masse des Terriens

Congrès annuel de la science, début janvier à Mumbai (ex-Bombay):

une journée y est consacrée à la science de l’Inde antique. Stupeur dans les rangs des savants «modernes»: un ora-teur affirme avec aplomb que les Indiens avaient des avions il y a sept mille ans... et pas de vieux coucous, mais des zincs défiant toutes les lois de la mécanique (tant pour la gravité que pour la propulsion). Ses preuves? Des mentions lyriques d’engins volants, dans les textes sacrés, et surtout, dans un texte de se-conde main écrit il y a cent ans, avec des dessins ajoutés par les adeptes de l’auteur (et caution-nées par une lecture «libre» de sculptures classiques). Dossier moins bien documenté que la biographie d’Icare ou Phaëton, donc... mais bien assez pour qui veut y croire. Depuis lors, l’affaire défraie la chronique médiatique, non pas tant pour ses excès mystiques, mais pour l’aval officiel donné a ces thèses. L’orateur était un pilote chevron-né, il a même dirigé une école aéronautique. Des ministres étaient présents au colloque, et on vient de nommer chef des Instituts de technologie un vieil adepte de ces chimères. Sur-

tout, le premier ministre Naren-dra Modi a un passé de prêcheur hindouiste. Même un ex patron des Nations-Unies (et ancien ministre à Delhi) bien connu à Genève a eu une réaction mesu-rée. Seul un savant de la NASA a lancé une pétition, soutenue par une poignée de profes-seurs indiens. Pour le premier ministre, c’était une récidive: il avait déjà vu en Ganesh (le dieu à tête d’éléphant) une preuve de greffe à la Frankenstein. Faut-il s’en moquer, et y voir la morale d’un vieux dessin de presse indien, montrant un étudiant en pleine confidence avec un ami: «Je laisse à l’école encore une chance... mais si je rate mes examens, je me lance dans la politique»? Nous sommes mal placés pour ironiser sur les Dumbos, surtout quand leur pays a inventé le zéro et vient d’atteindre Mars.

Le mal des vaches ne se voit pas«J’ai peur en avion, car je ne sais pas comment ce mammouth tient en l’air», avoue parfois tel ou tel proche. Et dans les débats sur l’énergie, on oublie souvent que les «jets» sont - sous cet angle - moins bons que les avions à

hélice. Pourtant, tout découle de simples lois apprises à l’école ou par bricole, sur le jet de réaction ou le moteur à quatre temps (les dessins indiens montraient des avions avançant dans le sens du jet). Nous sommes donc - nous aussi, à notre manière - prêts à gober des histoires de tapis volant. Tout aussi indien, le congrès tenu à Delhi sur les droits des animaux a pris en pitié les vaches des rues, qui cachent un demi quintal de plastique dans leur ventre, en moyenne, à force de brouter des sacs; guère plus visibles, les abattoirs qui font de

l’Inde un exportateur majeur de viande. Comme tous les forums de ce genre, celui de Delhi (min-dinganimals.com) a montré à quel point on se dispute la vérité: est-elle dite par les scientifiques, par les écrivains, par les mili-tants, par les philosophes? Une chose est sûre: elle est la pre-mière victime quand tous ces acteurs décident de s’entendre... même, au nom de l’ouverture et de la tolérance. Dernières pièces à verser au rayon des exemples indiens de l’image et de la parole. A Delhi, on ne peut prendre le métro sans passer

26 janvier 2015 – No 663

Hebdomadaire distribué gracieusement à tous les ménages du Canton de Genève, de l’agglomération de Nyon et de toutes les autres communes de la Zone économique 11 (Triangle Genève-Gland-Saint Cergue). 168 818 exemplaires certifiés REMP/FRP.

Edité par Plurality Presse S.A. Paraît le lundi Directeur-Rédacteur en chef: Thierry Oppikofer Coordination, Publicité, Gestion des annonces: Patrick GravanteMaquette: Imagic Sàrl Carouge, Daniel Hostettler, Sophie GravanteFlashage et impression: Mittelland Zeitungsdruck AGDistribution: Epsilon SA

Rédaction, Administration, Service de publicité: 8, rue Jacques-Grosselin • 1227 Carouge Tél. 022/307 02 27• Fax 022/307 02 22 CCP 17-394483-5 E-mail: [email protected]

© Plurality Presse S.A., 2015

w w w . t o u t e m p l o i . c h

La vérité, ennemie de la variétéUne image vaut mille mots: on nous l’a dit et répété... et ce ne sont pas les paparazzi ni les archéologues qui plaideront le contraire... mais on nous serine aussi que l’habit ne fait pas le moine. Un cas d’école venu d’Inde permet de refléchir à ces questions du lire ou voir pour croire, cruciales en éducation.

TOUT L’EMPLOI & FORMATION • NO 663 • 26 JANVIER 2015

• Pas d’information sans ordinateur.

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• F O R M AT I O N

TOUT L’EMPLOI & FORMATION • NO 663 • 26 JANVIER 2015

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par une fouille: on m’arrête... il y a du louche dans mon sac... une boîte encore emballée... cadeau juste reçu au festival du roman policier... on l’ouvre... stupeur... un pistolet! Oh! il ne faisait qu’un ou deux pouces de long en tout, et n’avait nulle pièce mobile; des passants parlant anglais ont dit aux policiers que c’était une sorte de porte-clefs; n’empêche, on m’a interdit de prendre le mé-

tro, à dix miles de chez moi. Sans doute les soldats pensaient-ils comme cet orateur de la veille, dans la même ville, à propos de la révolution de l’information: «Dans un logiciel, il y a trois quarts de superflu... dans un kilo de fer, tout est utilisable». J’ai donc dû demander mon chemin, dans cette jungle urbaine où on ne vend pas de plan de la ville. L’image, dans ce cas, vaut bien

mille mots... surtout dits en our-dou à un Romand.

Faites donc le calcul

Mais terminons sur une note d’optimisme: la croissance est assurée, grâce au moteur indien. Un ministre veut que chaque In-dienne fasse cinq enfants. Mais les discours comme les dessins risquent de se casser le nez sur

une troisième source d’informa-tion: l’impasse. Cinq bébés pour deux parents, à ce rythme, la masse des Terriens dépassera vite celle de la Terre entière. n

Boris Engelson

A lire à tout prix: «The Tagore-Gandhi Debate on Matters of Truth and Untruth», de Bindu Puri; «The Myth of the Holy Cow», de D. N. Jha. A ouvrir: asercentre.org et nscm.gov.in.

• F O R M AT I O N

Un séjour linguistique: le meilleur moyen de devenir bilingueVous rêvez de maîtriser une langue étrangère aussi bien que les autochtones? Pour concrétiser ce projet, Boa Lingua, spécialiste suisse des séjours linguistiques à l’étranger, vous propose des cours de langue longue durée ou un programme Demi-Pair. Ces deux options présentent l’avantage d’une immersion totale qui vous permettra d’acquérir l’aisance linguistique dont vous rêvez, tout en étant pleinement intégré à la vie locale du pays d’accueil.

La méthode la plus simple et la plus efficace pour l’apprentissage ou le perfectionnement d’une langue

étrangère, c’est incontestablement un séjour linguistique dans un pays où vous pourrez la pratiquer 24h/24. Plus ce séjour sera long, plus votre maîtrise de la langue sera précise et instinctive. Un séjour de longue durée s’introduit idéale-ment entre deux semestres universitaires, entre un CFC et le premier job, ou encore entre deux emplois, tout en boostant votre CV. Il existe des durées de séjour pour tous les goûts et des formations pour tout âge, d’une semaine à plusieurs mois, voire une année complète.

Une option particulièrement économique: le programme Demi-PairLa formule Demi-Pair permet de faire ri-mer séjour linguistique, budget maîtrisé et liens familiaux. Les séjours Demi-Pair ga-rantissent à la fois une immersion culturelle et linguistique approfondie et des contacts étroits avec la famille d’accueil. La matinée est consacrée à l’apprentissage linguistique dans une école de qualité, l’après-midi, dans la famille d’accueil, l’étudiant(e) par-ticipe aux travaux ménagers et à la garde des enfants. Le logement et la pension

sont inclus dans les frais du cours. Selon le programme, l’étudiant(e) gagne même un peu d’argent de poche. En réservant par exemple un séjour Demi-Pair de 16 se-maines à Perth, en Australie, l’étudiant(e) économisera plus de CHF 3000.- par rap-port à un séjour linguistique classique de durée identique.Pour calculer le prix de votre séjour lin-guistique, Boa Lingua appliquera le taux de change du jour et vous facturera le prix pratiqué par ses écoles partenaires

à l’étranger, dans la devise d’origine. Une aubaine pour vous: l’actuelle baisse des taux de change vous fait automatiquement gagner de l’argent. n

Pour en savoir plus: www.boalingua.ch/economiserConseils gratuits et personnalisés: Boa Lingua – Séjours linguistiques22, rue du Pont, 1003 Lausanne, Tél: 021 319 90 509, rue du Mont-Blanc, 1201 Genève, Tél: 022 716 30 30www.boalingua.ch

P U B L I R É D A C T I O N N E L

• Les séjours demi-pair gararantissent une immersion linguistique et culturelle.