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PASRES REB Revue de l’Environnement et de la Biodiversité - PASRES COMITÉ DE REDACTION / EDITORIAL BOARD Rédacteur en Chef /Editor in chief : Pr KAMANZI Kagoyire, UFHB Membres / Members: Pr OUATTARA Allassane, Université Nangui Abrogoua (UNA) Dr BAKAYOKO Adama, UNA Dr KADJO Blaise, UFHB Dr KASSI N’Dja Justin, UFHB Dr KONÉ Inza,UFHB Dr KONÉ Mamidou W., UNA Dr TIÉBRÉ Marie Solange, UFHB DIRECTEUR DE PUBLICATION / EDITORIAL DIRECTOR Pr BIAKA Zasseli Ignace, Président du Conseil Scientifique COMITÉ DE PILOTAGE / STEERING BOARD Président : Pr KONARÉ Aboudramane, Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB) Vice-président : Pr UTZINGER Jürg, Institut Tropical Suisse (SWISS TPH) Vice-président délégué : Pr BONFOH Bassirou, Centre Suisse de Recherches Scientifiques (CSRS) Membres : M. TRAORÉ Seydou, Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) Me HOEGAH Théodore, Représentant du Secteur Privé Observateurs : Pr BIAKA Zasseli Ignace, Président du Conseil Scientifique Dr SANGARÉ Yaya, Secrétaire Exécutif, Secrétaire de séance PROGRAMME D’APPUI STRATÉGIQUE À LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

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PASRESREBRevue de l’Environnement et de la Biodiversité - PASRES

COMITÉ DE REDACTION / EDITORIAL BOARD

Rédacteur en Chef /Editor in chief : Pr KAMANZI Kagoyire, UFHB

Membres / Members: Pr OUATTARA Allassane, Université Nangui Abrogoua (UNA)Dr BAKAYOKO Adama, UNADr KADJO Blaise, UFHBDr KASSI N’Dja Justin, UFHBDr KONÉ Inza,UFHBDr KONÉ Mamidou W., UNADr TIÉBRÉ Marie Solange, UFHB

DIRECTEUR DE PUBLICATION / EDITORIAL DIRECTOR

Pr BIAKA Zasseli Ignace, Président du Conseil Scientifique

COMITÉ DE PILOTAGE / STEERING BOARD

Président : Pr KONARÉ Aboudramane, Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB) Vice-président : Pr UTZINGER Jürg, Institut Tropical Suisse (SWISS TPH) Vice-président délégué : Pr BONFOH Bassirou, Centre Suisse de Recherches Scientifiques (CSRS) Membres : M. TRAORÉ Seydou, Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) Me HOEGAH Théodore, Représentant du Secteur Privé Observateurs : Pr BIAKA Zasseli Ignace, Président du Conseil Scientifique Dr SANGARÉ Yaya, Secrétaire Exécutif, Secrétaire de séance

P R O G R A M M E D ’ A P P U I S T R A T É G I Q U E À L A R E C H E R C H E S C I E N T I F I Q U E

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Pr ADOU YAO Constant Yves, UFHB / Côte d’IvoirePr AKOÉGNINOU Akpovi, Université d’Abomey-Calavi / BéninPr BOGAERT Ian, Gembloux Agro Bio-Tech, Université de Liège / Belgique Pr BOUSSIM Issaka Joseph, Université de Ouagadougou / Burkina FasoPr KAKOU N’DOUBA Adèle, Institut Pasteur d'Abidjan / Côte d’IvoirePr KONÉ Daouda, UFHB / Côte d’IvoirePr KONÉ Tidiani, Université Jean Lorongnon Guédé / Côte d’IvoirePr KOUAMÉLAN Essetchi Paul, UFHB / Côte d’IvoirePr KOUSSEMON Marina Caroll Edwige, UNA / Côte d’IvoirePr N’DA Konan, UNA / Côte d’IvoirePr N’GUESSAN Kouakou Édouard, UFHB / Côte d’IvoirePr TANO Yao, UNA / Côte d’IvoirePr TRAORÉ Dossahoua, UFHB / Côte d’IvoirePr YAOKOKORÉ-BEIBRO K. Hilaire, UFHB / Côte d’IvoireDr ACAPOVI Genéviève L. Épse. YAO, UFHB / Côte d’IvoireDr AKA Marcel, Centre de Recherches Océanologigues (CRO) / Côte d’IvoireDr BARIMA Yao Sabas, UJLoG / Côte d’IvoireDr DA Philippe, UFHB / Côte d’IvoireDr DEMBÉLÉ Ardjouma, LANADA / Côte d’IvoireDr GAUZE TOUAO K. Martine, Centre de Recherche en Écologie (CRE) / Côte d’IvoireDr KIÉNON-KABORÉ TIMPOKO Hélène, UFHB / Côte d’IvoireDr KONATÉ Souleymane, UNA / Côte d’IvoireDr KOUAMÉ N’Guessan François, UFHB / Côte d’IvoireDr KOUTIKA Lydie-Stella, CRDPI / Congo BrazzavilleDr MAVOUNGOU Jacques François, Université de Masuku / GabonDr N’NAN Oulo Épse ALLA, UFHB / Côte d’IvoireDr ZOUNDJIHÉKPON Jeanne, Université d’Abomey-Calavi / Bénin

COMITÉ DE LECTURE / PEER REVIEWERS

ADMINISTRATION

Secrétariat Exécutif du PASRES,Centre Suisse de Recherches Scientifiques, KM 17, ADIOPODOUMÉ sur la route de DABOUTél : (225) 23 47 28 29;Fax: (225) 23 45 12 11;01 BP 1303 ABIDJAN [email protected]

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SOMMAIRE / CONTENTS

AMON ADÉ, KOULIBALY A, DRO B et SORO D Parasitisme des Loranthaceae dans les agroécosystèmes à base de cacaoyers, de caféiers et d’hévéas dans la région du sud-comoé, en Côte d’Ivoire ………..……………………....3

ANGUIBY BL, BOMISSO EL, N’GORAN KSB, IPOU IJ, AKÉ SEffets de deux types de fertilisation azotée sur la croissance initiale de plantules de Ceiba pentandra (L.) Gaertn (Bombacaceae) traitées avec un fongicide à base de fosetyl-al …................................................................................................15

OUATTARA D, COULIBALY S, KOUDEGNAN CM, KAMANZI KFabrication de savons traditionnels à base de plantes en zone de savane soudanienne de Côte d'Ivoire : état de la connaissance par les populations locales de Dabakala et de Katiola ………………………………………...…………………………....25

DRO B, SORO D, KONÉ MW, BAKAYOKO A, KAMANZI KÉtat des peuplements de trois plantes médicinales anthelminthiques dans la forêt classée de Yapo (sud de la Côte d’Ivoire) ……..…………………………………...…....38

KOUA KAN, BAMBA I, BARIMA YSS, KOUAKOU ATM, KOUAKOU AK, SANGNE YCÉchelle spatiale et dynamique de la forêt classée du Haut-Sassandra (centre-ouest de la Côte d’Ivoire) en période de conflits ………………………………..…….............54

BOYÉ MAD, KOULIBALY A, SOKO DF, N’DJORÉ KJC, KOUADIO YJ, YODÉ TEGEffet de différentes fumures sur la croissance et la productivité du riz (Oryza sativa L.var. Cb-one) …….……………………………………...................................………..69

YAO AC, ANGAMAN DM, KONÉ MW, KAMANZI KÉvaluation de l’activité antibactérienne et étude phytochimique de 10 plantes médicinales à statut de conservation non évalué de la Côte d’Ivoire ……………..…………………...81

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ÉDITORIAL

Le Programme d’Appui Stratégique à la Recherche Scientifique, après la création de la Revue des Sciences Sociales (RSS-PASRES), met à la disposition des chercheurs, des ensei-gnants-chercheurs et du monde de la Science, en général, une autre revue : la Revue de l’Envi-ronnement et de la Biodiversité (REB-PASRES) pour contribuer à la promotion des Sciences environnementales.

Cela témoigne de la volonté du PASRES de s’intégrer dans la chaîne de diffusion et de valorisation des savoirs et des résultats de la Recherche. Après les Cops 21 et 22, on peut com-prendre aisément le choix de créer une revue dans le domaine de l’environnement et de la biodiversité : s’investir dans les recherches portant sur le sujet le plus controversé de ce début du XXIème et constituant pourtant l’une des plus grandes préoccupations des sociétés contemporaines. Elles sont condamnées à la protection et à la sauvegarde de l’environnement et de la biodiversité.

Pendant longtemps les hommes ont cru devoir leur vie à la nature à laquelle ils partici-paient comme sujets et objets. Avec la conception mécaniste, matérialiste et économiste, l'environnement devient l'ensemble hostile des éléments qui constituent le voisinage d'un être vivant ou d'un groupe d'origine humaine, animale ou végétale et qui sont susceptibles d'intera-gir avec lui directement ou indirectement. C'est ce qui entoure, ce qui est aux environs.

Nous convenons maintenant avec la tradition et les Anciens que l’Environnement et la Biodiversité sont plus que cela : depuis les années 1970 le terme environnement est utilisé pour désigner le contexte écologique global, c'est-à-dire l'ensemble des conditions physiques, chimiques, biologiques, climatiques, géographiques et culturelles au sein desquelles se déve-loppent les organismes vivants et les êtres humains, en particulier. L'environnement inclut donc l'air, la terre, l'eau, les ressources naturelles, la flore, la faune, les hommes et leurs interactions.

Aujourd’hui, avec les nombreux problèmes de santé, de sécurité alimentaire et de changement climatique, provoqués par la pollution et les catastrophes technologiques, nous réalisons que l’environnement et la biodiversité constituent le seul milieu connu, nécessaire à l’existence des hommes, pour subvenir à leurs besoins naturels.

D’une conférence à l’autre, nous prenons conscience que la nature, vers quoi font route l’environnement et la biodiversité, dont dépendent encore les hommes pour assumer leur nature de vivant est devenue, elle-même, de plus en plus dépendante. Sur la planète Terre, la « Catastrophe Naturelle Majeure », (CNM), est devenue le danger que surveillent avec angoisse les scientifiques pour la maîtriser définitivement.

La volonté de trouver des accords politiques sur le Climat avec les Cops témoigne que la protection de l’environnement et de la biodiversité est devenue aussi une préoccupation des politiques. Or, le politique se tient dans l’essentiel et l’urgence. Les problèmes liés à l’environ-nement et à la biodiversité sont donc, pour nous, des problèmes exigeant des solutions urgentes et immédiates qui ne sauraient attendre.

Docteur SANGARÉ Yaya

Secrétaire Exécutif du PASRES

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PARASITISME DES LORANTHACEAE DANS LES AGROÉCOSYSTÈMES À BASE DE CACAOYERS, DE CAFÉIERS ET D’HÉVÉAS DANS LA RÉGION DU SUD-COMOÉ,

(CÔTE D’IVOIRE)

AMON ADÉ1*, KOULIBALY A.1 ; DRO B.1.3 et SORO D. 2

Résumé

En Côte d’Ivoire, les cultures pérennes contribuent considérablement à l’essor économique, par leurs retombées financières. Aujourd’hui, ces cultures de rente connaissent une dégradation due au parasitisme des Loranthaceae. Ces dernières réduisent le potentiel de production, détruisent les branches et entraînent à long terme la mort de leurs hôtes. Les Loranthaceae représentent un véritable danger pour les cultures pérennes. La présente étude, réalisée dans la Région du Sud-Comoé, a permis d’évaluer le degré d’infestation des Loranthaceae dans les agroécosystèmes à base de cacaoyers, de caféiers et d’hévéas. L’inventaire botanique a permis de recenser sept espèces de Loranthaceae. Le taux moyen d’infestation de ces parasites sur les cultures, varie de 43,57 ± 24,21 à 65,79 ± 21,17 %, tandis que l’intensité moyenne de parasitage oscille entre 1,43 ± 0,36 et 2,22 ± 0,54 touffes/plant. Les cacaoyers sont les plus attaqués et les caféiers les moins infestés. Les facteurs entraînant l’infestation des cultures sont l’âge des plantations, le degré d’enherbement, l’emplacement des plants par rapport à la brousse et la présence de certains taxons spontanés dans les plantations. Tapinanthus bangwensis est le parasite le plus abondant sur les cacaoyers et les caféiers alors que Phragmanthera capitata est prépondérante sur hévéas. L’étude révèle que le parasitisme des Loranthaceae constitue un véritable fléau dont il faut tenir compte dans les programmes de défense des cultures.

Mots clés: Cultures pérennes, Loranthaceae, Degré d’infestation, Défense des cultures, Côte d’Ivoire

LORANTHACEAE PARASITISM IN AGRO-ECOSYSTEMS BASED ON COCOA, COFFEE AND RUBBER TREES IN SUD-COMOÉ REGION (CÔTE D'IVOIRE)

Abstract

In Côte d'Ivoire, perennial cultures significantly contribute to economic upswing by their financial land. Today, these annuity cultures are degraded by the Loranthaceae parasitism. These latters reduce the production potential, destroy branches and cause the death of their hosts in the long term. Among these parasitic vascular plants, Loranthaceae constitute the major enemies of perennial cultures. Loranthaceae represent a real enemy for the perennial cultures. The present study, carried out in Sud-Comoé Region, evaluate the Loranthaceae infestation degree in cocoa, coffee and rubber agroeco-systems. The botanical survey identified seven species of Loranthaceae. The average rate of infestation of these parasites on these cultures varied from 43.57 ± 24.21 to 65.79 ± 21.17 % while average intensity of parasites fluctuated between 1.43 ± 0.36 and 2.22 ± 0.54 tufts per plant. Cacoa trees are the most attacked and coffee trees the least infested one. Factors causing cultures infestation are age, degree of weed control, location of plants in the plots regarding the bush and presence of spontaneous taxa in plantations. Tapinanthus bangwensis was the most abundant parasite on cocoa and coffee trees while Phragmanthera capitata was predominant on rubber trees. This study revealed that the parasitism of the Loranthaceae is a real scourge that must be taken into account in cultures defense programs.

Key words: Perennial cultures, Loranthaceae, Infestation degree, Cultures defense, Côte d'Ivoire

1. Université Jean Lorougnon Guédé, UFR Agroforesterie., BP 150 Daloa (Côte d’Ivoire)2. Université Félix Houphouët-Boigny, UFR Biosciences, Laboratoire de Botanique, 22 BP 582 Abidjan 22, Côte d’Ivoire.3. Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire, 01 BP 1303 Abidjan 01, Côte d’Ivoire*Auteur de correspondance : [email protected] Tel : +225 08182805

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INTRODUCTION

L’agriculture occupe une place importante dans le développement écono-mique des pays en Afrique. En Côte d’Ivoire, elle a été le fondement de l’écono-mie durant les vingt ans qui ont suivi son indépendance (Assoumou, 1977). La crois-sance économique qu’elle a engendrée de 1960 à 1980, a permis à la Côte d’Ivoire de se hisser parmi les pays en voie de dévelop-pement à revenu intermédiaire. Cette crois-sance économique a été due essentiellement au développement spectaculaire des cultures pérennes de cacaoyers et de caféiers, impul-sé par l’État (Esso, 2009). Mais, de nos jours, ces cultures sont de plus en plus infestées par les plantes vasculaires parasites de la famille des Loran-thaceae qui vivent en hémiparasites sur leurs branches (Amon, 2014). Ces hémiparasites, une fois implantés sur l’hôte, puisent dans les tissus du sujet parasité, l’eau et les sels minéraux nécessaires à leur développement (Boussim, 2002). Par ce mode de vie parasi-taire et la forte pression qu’elles exercent sur l’hôte, les plantes parasites induisent la dégradation précoce des plants parasités. Partout dans le monde, elles constituent un véritable fléau dans les agroécosystèmes où elles réduisent sensiblement les rendements des cultures de cacaoyers, de caféiers, d’hé-véas, de karités, des agrumes, d’avocatiers, de nérés et d’autres espèces fruitières (Traoré et al., 2003; Houenon et al., 2012).

Polhill et Wiens (1998) ont rapporté que, dans le monde, il existe 950 espèces de Loranthaceae présentes dans toutes les régions intertropicales et tempérées. Selon ces auteurs, 230 espèces de Loranthaceae sont représentées en Afrique de l’Ouest. En Côte d’Ivoire, il existe 24 espèces (Ballé et Hallé, 1961 ; Dotia, 1999 ; Aké-Assi, 2001). Dans ces dernières décennies, le parasitisme des Loranthaceae constitue un problème écologique et agronomique, forte-ment répandu dans le monde (Salle, 2004). En zones tempérées, ces phytoparasites provoquent d’énormes dégâts sur les espèces cultivées ou non (Engone et al., 2006 ; Soro, 2006). Dans le nord de la Côte d’Ivoire, à cause des dégâts qu’elles causent au karité, les Loranthaceae sont appelées le «Sida des arbres» par les paysans (Traoré et al., 2003). Elles représentent donc un véritable fléau contre lequel des solutions doivent être trouvées, compte tenu de l’ampleur des dommages. De plus, aucune étude spécifique sur ces phytoparasites n’a encore été réalisée dans les agroécosystèmes de cette région. La présente étude, qui est une contribution à la connaissance des Loranthaceae, vise à évaluer le taux et l’intensité d’infestation des plantes parasites sur les cacaoyers, les caféiers et les hévéas dans la Région du Sud-Comoé, en Côte d’Ivoire.

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MATÉRIEL ET MÉTHODES

Site d’étude

L’étude a été conduite dans la Région administrative du Sud-Comoé (Figure 1). Cette région est composée, selon Koua (2007), de trois départements à savoir Aboisso (5°66’ et 5°28’ de latitude Nord et de 3°12’ et 3°20’ de longitude Ouest), Adiaké (5°28’ et 5°21’ de latitude Nord et de 3°16’ à 3°08’ de longitude Ouest) et Grand-Bassam (5°26’ et 5°13’ de latitude

Nord et de 3°44’ et 3° 58’ de longitude Ouest). Le climat est de type équatorial de transition appelé localement climat attiéen (Eldin, 1971). La moyenne pluviométrique annuelle est de 1 500 mm. La température moyenne annuelle est de 27 °C. La végéta-tion est caractérisée par des îlots forestiers, de forêts classées, de forêts sacrées, des man-groves le long des lagunes et des fleuves,

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ainsi que des formations anthropiques (Amon, 2006). Le choix de ce site est essentielle-ment lié à la forte présence des Loranthaceae

Le matériel végétal était composé de cacaoyers, de caféiers, d’hévéas et des espèces de Loranthaceae. Le matériel technique compre-nait un appareil de positionnement géogra-phique (GPS), une paire de jumelles, un appa-reil photo numérique, un sécateur, des cordes et un mètre- ruban. Les investigations sur le terrain se sont déroulées de 2007 à 2009 dans 288 exploitations agricoles composées de 96 plantations de cacaoyers, 96 plantations de caféiers et 96 plantations d’hévéas de la Région du Sud-Comoé dont les parcelles ont une superficie comprise entre 1,5 et 2 hectares. Pour les inventaires botaniques, la méthode de relevés de surface a été utilisée. C’est la méthode classique de Hall et Swaine (1981). Elle a consisté à poser de manière

aléatoire et en tenant compte de l’homogé-néité des plantations échantillonnées, des placettes d’un hectare de superficie chacune. Au total, 864 placettes, soit 3 placettes par plantation ont été posées dans l’ensemble des vergers. Chaque placette a été subdivisée en 10 bandes de 100 m de longueur et 10 m de largeur. Chaque placette a été subdivisée en des bandes de 100 m de longueur et 10 m de largeur. Au niveau de chacune des bandes, les pieds de cacaoyers, de caféiers et d’hé-véas parasités ou sains, ainsi que le nombre de touffes de parasites sur les sujets parasités ont été dénombrés et toutes les espèces para-sites rencontrées ont été identifiées. L’année de création de chaque plan-tation visitée a été relevée pour apprécier l’effet de l’âge sur le niveau d’infestation des vergers par les Loranthaceae.

sur les cultures de rente, sources de revenus des populations locales.

Figure 1. Carte administrative de la Région du Sud-Comoé (Côte d’Ivoire)

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Pour déterminer le niveau d’infestation entre les plants des parcelles situées en bordure par rapport à la végétation naturelle et les plants des parcelles situées à l’intérieur des exploi-

Les données collectées ont permis de calculer le taux et l’intensité d’infestation. Les différents paramètres utilisés, pour ce faire, sont le nombre de plants parasités, le nombre total de plants recensés et le nombre de touffes. Le taux d’infestation (Tx) est le pourcentage des plants parasités sur le nombre total de plants recensés. Ce para-mètre, tel qu’utilisé par Amon (2006), a permis d’exprimer la proportion des plants parasités dans les plantations. Le taux d’infestation s’exprime en pourcentage et se calcule par la formule suivante :

L’intensité d’infestation (Ii) est le rapport du nombre total de touffes de Loranthaceae sur le nombre total de plants parasités recensés (Amon, 2006). Elle se calcule comme suit :

Les données réunies ont été traitées d’abord grâce au logiciel Excel 5.0. Ces données relevées par culture après traitement ont fait l’objet d’une analyse de variance à l’aide du logiciel STATISTICA 1 version 7.1. Ce logiciel prévoit, en cas de différences significatives, une comparaison de moyennes par le test de Newman-Keuls au seuil 5 % (Dagnelie, 1980).

tations, des placettes ont été posées à divers endroits, de la bordure vers le centre des plantations (Figure 2).

Figure 2. Emplacements des placettes dans une plantation B- Placette de bordure ; I- Placette intermédiaire; C- Placette du centre

RÉSULTATS

Espèces de Loranthaceae inventoriées sur les cultures

Au total, sept espèces de Loranthaceae ont été inventoriées dans les plantations de cacaoyers, de caféiers et d’hévéas de la Région du Sud-Comoé. Elles appartiennent à

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trois genres à savoir Globimetula, Phrag-manthera et Tapinanthus. Le genre Tapinan-thus renferme trois espèces, soit 42,85 % de l’ensemble des espèces de parasites invento-riées. Il s’agit de Tapinanthus bangwensis (Engl. et K. Krause) Danser (Figure 3), de Tapinanthus belvisii (D C) Danser et de Tapi-nanthus sessilifolius var. glaber (P. Beauv.)

100 %. Le taux de parasitage oscille entre 1,34 et 38,10 % suivant les espèces parasites, Tapinanthus bangwensis est le parasite le plus répandu sur cette culture Au niveau des caféiers, quatre des sept espèces (57,14 %) de Loranthaceae ont été recensées; le taux de parasitage varie de 0,64 à 50,28 % suivant le parasite. Tapinanthus bangwensis est le para-site le plus répandu sur les caféiers. Sur les hévéas, 4 espèces parasites sont aussi obser-vées, soit 57,14 %. Le taux de parasitage varie de 1,8 à 41,09 % suivant les espèces parasites, avec une prédominance de Phragmanthera capitata.

Van Tiegh. Le genre Phragmanthera est représenté par deux espèces. Il s’agit de Phragmanthera capitata (Spreng.) Ballé et de Phragmanthera capitata var. alba (Spreng.) Ballé. De même, Globimetula renferme deux espèces qui sont Globimetula braunii (Engl.) Van Tiegh. et Globimetula dinklagei subsp. assiana (Engl.) Denser.

Figure 3. Rameaux florifères de Tapinanthus bangwensis

Figure 4. Distribution des Loranthaceae sur les cacaoyers, les caféiers et les hévéas du Sud-Comoé. Tb - Tapinanthus bangwensis; Tbel - Tapinanthus belvisii ; Ts - Tapinanthus sessilifolius var. glaber ; Pc - Phragman thera capitata; Pcva - Phragmanthera capitata var. alba ; Gbr - Globimetula braunii ; Gd - Globimetula dinklagei

Répartition des Loranthaceae sur les cultures

Les cultures de la région du Sud-Co-moé sont attaquées par sept espèces para-sites. Ce sont Tapinanthus bangwensis, Tapinanthus belvisii, Tapinanthus sessilifolius var. glaber, Phragmanthera capitata, Phragmanthera capitata var. alba, Globimetula braunii et Globimetula dinklagei subsp. assiana. Ces espèces sont diversement réparties sur les cultures (Figure 4). Sur les cacaoyers, on note la présence de sept espèces de Loran-thaceae inventoriées, soit

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Globalement, Tapinanthus bangwensis est l’espèce parasite la plus répandue dans les agroécosystèmes de la Région du Sud-Co-moé. Elle est très abondante sur les cacaoyers et les caféiers, avec un taux de parasitage de 38 %. Par contre, Phragmanthera capitata (Figure 4) est le parasite le plus répan-du sur les hévéas (49,09 %).

État d’infestation des plantations

Les données du tableau 1, indiquent que le taux moyen d’infestation varie selon les vergers et suivant les départements.

Concernant l’intensité d’infestation (Tableau 2), les hévéas enregistrent des intensités moyennes comprises entre 2,19 et 2,26 touffes/plant. Les hévéas du Départe-ment de Grand-Bassam sont les plus infestés avec 2,26 touffes/plant. Chez les cacaoyers, l’intensité moyenne du parasitisme oscille entre 1,50 et 1,80 touffes/plant, les cacaoyers

d’Aboisso sont les plus infestés (1,80 touffes/plant). Chez les caféiers, l’intensité moyenne d’infestation varie entre 1,28 et 1,66 touffes/plant, avec une infestation légèrement plus élevée à Aboisso. Mais, il n’y a pas de différence significative entre ces moyennes au plan statistique (p ˃ 0,05).

Dans les hévéas, il oscille entre 51,62 ± 21,70 % et 68,22 ± 22,36 % ; la valeur la plus élevée étant observée à Aboisso. Chez les cacaoyers, ce taux est compris entre 61,45 et 71,06 %, les plantations les plus attaquées étant celles d’Aboisso. Pour les caféiers, le taux moyen d’infestation varie entre 37,99 et 53,24 %, avec la moyenne la plus élevée à Aboisso. Cependant, l’analyse de variance effectuée par le test de Newman-Keuls montre qu’il n’y a pas de différence signifi-cative entre ces taux moyens d’infestation des vergers dans les trois départements (p ˃ 0,05).

Vergers Taux d’infestation (%)

Grand-Bassam Aboisso Adiaké Hévéas 62,28 ± 16,69a 68,22 ± 22,36a 51,62 ± 21,70a Cacaoyers 64,86 ± 23,30a 71,06 ± 19,21a 61,45 ± 21,88a

Caféiers 39,47 ± 20,52a 53,24 ± 29,61a 37,99 ± 20,82a

Tableau 1. Taux d’infestation des hévéas, des cacaoyers et des caféiers par département Les moyennes dans les colonnes affectées de lettre "a" ne sont pas statistiquement différentes (test de Newman-Keuls à P > 0,05)

Tableau 2. Intensité d’infestation des hévéas, des cacaoyers et des caféiers par département Les moyennes dans les lignes affectées de lettre "a" ne sont pas statistiquement différentes (test de Newman-Keuls à P > 0,05)

Vergers Intensité d’infestation

Grand-Bassam Aboisso Adiaké

Hévéas 2,26 ± 0,51a 2,19 ± 0,58a 2,22 ± 0,58a

Cacaoyers 1,50 ± 0,27a 1,80 ± 0,44a 1,64 ± 0,45a

Caféiers 1,34 ± 0,21a 1,66 ± 0,51a 1,28 ± 0,13a

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9 L’état d’infestation des cultures par les Loranthaceae dans toute la région d’étude a été évalué. Les résultats de l’analyse de variance effectuée indiquent deux groupes. Le groupe le plus attaqué comprend les cacaoyers et les hévéas avec respectivement des taux moyens d’infestation de 65,79 ± 21,17 % et 60,70 ± 20,89 % tandis que le groupe le moins attaqué est constitué des caféiers avec un taux moyen de 43,57 ± 24,21 %.. En ce qui concerne l’intensité d’infestation, les hévéas enregistrent une moyenne de 2,34 touffes/plant. Elle est de 1,65 ± 0,40 touffes/plant chez les cacaoyers et de 1,43 ± 0,36 touffes/plant au niveau des caféiers. Les résultats de l’analyse de variance indiquent une différence statistique entre l’intensité moyenne d’infestation des

hévéas et celles des deux autres cultures (p < 0,05). Le taux moyen d’infestation des cacaoyers, des caféiers et des hévéas de la région d’étude est de 56,69 ± 23,89 % et l’intensité moyenne d’infestation de 1,77 ± 0,55 touffes/plant.

Facteurs influençant l’infestation des cultures

Les figures 5 et 6 présentent respec-tivement les taux et les intensités moyens d’infestation des vergers en fonction de l’âge des exploitations agricoles. Les histo-grammes d’infestation réalisés présentent une forme en "J". Cette forme montre que le niveau d’infestation des vergers augmente sensiblement avec l’âge.

Figure 5. Taux d’infestation en fonction des classes d’âges des cultures

Figure 6. Intensités d’infestation en fonction des classes d’âges des cultures

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10 Les résultats montrent aussi que l’importance des attaques des parasites sur les vergers augmente graduellement suivant l’emplacement des plants dans les parcelles.

Ce niveau d’infestation diminue au fur et à mesure que l’on évolue vers le centre des vergers ; les parcelles situées au centre présentent le plus faible degré d’infestation. Les résultats montrent que les vergers non entretenus sont plus attaqués. Le taux moyen d’infestation enregistré dans ces

vergers est plus élevé que celui des vergers régulièrement entretenus. L’analyse de variance effectuée indique effectivement une diffé-rence significative entre le taux moyen d’infestation lié à l’entretien ou non des plantations (p < 0,05). La présence de certaines espèces

En effet, les plants des parcelles situés en bordure, avoisinant la végétation naturelle, sont plus attaqués, (Figures 7 et 8).

Figure 7. Taux d’infestation en fonction de la localisation des plants dans les parcelles Les lettres a, ab et c sont statistiquement différentes par le test de Newman-Keuls à 5 %

Figure 8. Intensité d’infestation en fonction de la localisation des plants dans les parcelles Les lettres a, b et c sont statistiquement différentes par le test de Newman-Keuls à 5 %

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11ligneuses vulnérables aux parasites au sein des plantations influe sur l’état d’infestation des plants. En effet, dans les vergers, les plants les plus attaqués sont ceux situés autour de ces espèces-hôtes fortement infes-tées. Les taxons identifiés comme hôtes alternatifs des Loranthaceae sont notamment Spondias mombin (Anacardiaceae), Acacia mangium (Mimosaceae), Albizia lebbeck (Mimosaceae) et Musanga cecropioides (Cecropiaceae). Elles hébergent, pour la

plupart, des touffes denses de parasites. Les observations ont permis de noter aussi que la brousse, milieu naturel non cultivé, avoisinant les plantations, est géné-ralement riche en espèces ligneuses très souvent parasitées par les Loranthaceae. Ces espèces-hôtes jouent un rôle déterminant dans l’infestation des plantations situées à proximité. En effet, les vergers trouvés aux environs immédiats de la brousse ont présenté de nombreux sujets parasités.

DISCUSSION

Ce travail a permis d’inventorier sept espèces de Loranthaceae, parasites des cultures de cacaoyers, de caféiers et d’hé-véas, dans le Sud-Comoé. Selon Ballé et Hallé (1961), en Côte d’Ivoire, la diversité floristique en Loranthaceae est de 11 espèces, dans les forêts. La différence du nombre d’espèces observée dans ce travail pourrait être due à l’étendue des zones d’étude et au milieu écologique. En effet, notre étude n’a concerné que trois localités alors que Ballé et Hallé (1961) ont travaillé dans toute la zone forestière. Par contre, le nombre d’espèces de Loranthaceae récoltées au cours de cette étude est supérieur à celui de Soro (2010) qui a obtenu cinq espèces dans les plantations de cacaoyers, de caféiers et d’hévéas dans la zone forestière de l’Ouest du pays. Les résultats ont montré que Tapinanthus bangwensis est le parasite le plus abondant sur les cacaoyers et les caféiers, tandis que Phragmanthera capitata est plus présente sur les hévéas. L’inégale répartition des para-sites sur les cultures se justifie par la préfé-rence de certaines espèces parasites pour une culture déterminée. C’est le cas de Phrag-manthera capitata qui parasite les hévéas. Ces résultats sont conformes à ceux de Koffi (2004) obtenus à Anguédédou, au Sud de la Côte d'Ivoire. Le taux de parasitage de Tapi-nanthus bangwensis sur les cacaoyers (38,31 %) et sur les caféiers (50,28 %) est très élevé. Ces résultats sont en accord avec

ceux de Soro et al. (2004) obtenus dans les parcs à karités, au nord de la Côte d’Ivoire. Les résultats ont montré que Tapinanthus est le genre le plus riche avec trois espèces (T. bangwensis, T. belvisii et T. sessilifolius var. glaber). La forte présence des espèces de ce genre sur les végétaux ligneux a été déjà signalée par Boussim et al. (1993) et Salle (2004). Le nombre important des espèces de ce genre-parasite dans ces plantations est inquiétant eu égard aux dégâts causés aux plantes cultivées. Les cultures arborescentes de la Région du Sud Comoé sont donc sérieusement menacées. Le taux d’infestation de l’ensemble des cultures arborescentes de la Région du Sud Comoé est de 56,69 %. Ce taux est supé-rieur au taux de 37,4 % obtenu par Soro et al. (2004) dans les plantations de légumineuses arborescentes, en zone forestière de l’ouest de la Côte d’Ivoire. Mais, ce taux est proche de celui de 59,87 % enregistré par Houenon et al. (2012) dans les plantations agrumi-coles, au sud du Bénin. Ce taux d’infestation élevé des vergers (56,69 %) est très préoccu-pant. Cette inquiétude est d’autant plus justi-fiée que ces cultures de rente constituent une importante source économique pour de nom-breuses populations en Côte d’Ivoire. Le degré de parasitisme des Loran-thaceae est plus élevé sur les cacaoyers que sur les caféiers. Cette variation enregistrée au niveau des cultures pourrait s’expliquer par le système de reproduction et de

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Loranthaceae. En effet, selon Traoré et Da (1996) et Soro (2006), la dispersion des para-sites est assurée par les oiseaux. Ces derniers, pour une question de sécurité, préfèrent les branches densément feuillées des arbres-hôtes. Or, le caféier est moins feuillu que le cacaoyer. Cela expliquerait le faible niveau de parasitage des caféiers où les oiseaux craignent de se poser en raison des menaces des rapaces et des hommes. Le taux de parasitage des Lorantha-ceae obtenu sur les plants âgés des vergers est plus important que celui obtenu sur les

CONCLUSION

Les Loranthaceae, longtemps igno-rées, constituent une grave menace pour les cultures. Il ressort de cette étude que les cacaoyers, les caféiers et les hévéas sont infestés par sept espèces parasites dans la Région du Sud-Comoé. Parmi elles, Tapinanthus bangwensis est la plus abon-dante sur les cacaoyers et les caféiers, tandis que Phragmanthera capitata est plus présente sur les hévéas. Le degré d’infesta-tion obtenu des vergers est élevé chez les cacaoyers et moins sur les caféiers. Cet état d’infestation des vergers semble lié à des facteurs comme

l’âge et l’entretien des vergers. Pour un meil-leur développement des plants des cultures, il serait souhaitable de rechercher les causes de l’apparition des Loranthaceae dans les plantations, afin d’envisager un moyen de contrôle approprié. Il conviendrait aussi de rechercher l’âge à partir duquel les Lorantha-ceae pourraient avoir un effet significatif sur le rendement des vergers. La recherche de clones résistant aux parasites serait une voie à explorer.

REMERCIEMENTS

Les auteurs remercient le Centre National de Floristique pour son appui technique et Feu le Professeur Aké-Assi Laurent pour l’identification des espèces de

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Loranthaceae inventoriées. Ils remercient également les propriétaires des plantations de cacaoyers, de caféiers et d’hévéas pour la mise à disposition des cultures aux fins de cette étude.

plants jeunes. Soro (2010) a obtenu des résultats similaires dans les plantations de cacaoyers à l’ouest de la Côte d’Ivoire. L’influence de l’âge sur le niveau d’infesta-tion des plantations par les Loranthaceae, pourrait s’expliquer par le fait que les oiseaux propagateurs des semences des para-sites se méfient des arbres jeunes sur lesquels ils hésitent à se poser (Soro, 2006) d’où l’ampleur des attaques des vergers âgés par les Loranthaceae.

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EFFETS DE DEUX TYPES DE FERTILISATION AZOTÉE SUR LA CROISSANCE INITIALE DE PLANTULES DE Ceiba pentandra (L.) Gaertn (Bombacaceae) TRAITÉES

AVEC UN FONGICIDE À BASE DE FOSETYL-AL

ANGUIBY BL1*, BOMISSO EL1,2, N’GORAN KSB2, IPOU IJ1,2, AKÉ S1

EFFECTS OF TWO TYPES OF NITROGEN FERTILIZATION ON INITIAL GROWTH OF Ceiba pentandra (L.) Gaertn (Bombacaceae) PLANTS TREATED WITH A FOSETYL-AL

FONGICIDE

Résumé

La présente étude a été réalisée dans le but de réduire le retard de croissance des plan-tules de Ceiba pentandra (Bombacaceae) induit par l’application de fongicide à base de fosetyl-Al utilisé dans la lutte contre les maladies fongiques. A cet effet, deux types de fertili-sants, le compost de fiente de volaille et l’urée ont été apportés aux plantules. Un dispositif en bloc de Fisher avec trois répétitions a permis d’évaluer les effets des traitements (F0 : Témoins, F1 : Fongicide, F2 : Urée + fongicide et F3 : Compost de fiente de volaille + Fongi-cide) sur la croissance des plantules. Les résultats obtenus montrent que les inhibitions de la croissance radiale et en hauteur provoquées par le fongicide débutent respectivement 5 et 6 semaines après application. La fertilisation azotée, notamment l’apport de compost de fiente de poule (F3) avec une hauteur (H) moyenne de plants de 26,8±2,64 cm et un diamètre (D) de 5±2,31 mm a présenté les meilleures caractéristiques de croissance comparativement aux autres traitements [F0 (H=18,87±2,31 ; D=3,52±0,35) ; F1 (H=14,59±0,49 ; D=2,60±009) ; F2 (H=10,10±0,6 ; D=1,99± 0,15)]. Aussi, un apport de compost de fiente de poule peut être recommandé en amont de l’application de fongicide pour obtenir des plants de meilleures qualités.

Mots clés : Ceiba pentandra, Fertilisation azotée, Fongicide, Fosetyl-Al, Fiente, Urée

Abstract

The presented study was carried out in order to reduce seedling growth retardation of Ceiba pentandra (Bombacaceae) induced by fungicide application of Fosetyl-Al used in the fight against fungal diseases. To this end, two kinds of nitrogen fertilization, chicken manure compost and urea were performed. A Fisher block design with three replications was used to evaluate the effects of the treatment on seedling growth (F0: control plants, F1: fungicide, F2: Urea + fungicide and F3: poultry droppings compost + fungicide). The results obtained showed that inhibition of radial growth and height caused by the fungicide has begun respec-tively 5 and 6 weeks after application. Nitrogen fertilization, including poultry dropping com-post intake with a height (H) average 26.8 ± 2.64 cm and a diameter (D) 5 ± 2.31 mm showed the best features growth compared to treatment [F0: (H = 18.87 ± 2.31 D = 3.52 ± 0.35), F1: (H= 14.59 ± 0.49 D = 2.60 ± 009) and F2: (H = 10.10 ± 0.6, D = 1.99 ± 0.15)]. Poultry drop-ping compost can be recommended intake upstream of the application of fungicide to get seedlings better qualities.

Keywords : Ceiba pentandra, Nitrogen fertilization, Nursery, Fosetyl-Al, Dung

1. Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, Laboratoire de Physiologie Végétale, 22 BP 582 Abidjan 22, Côte d’Ivoire.2. Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, Centre National de Floristique 22 BP 582 Abidjan 22, Côte d’Ivoire. *Auteur de correspondance : [email protected]

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INTRODUCTION

Le fromager ou kapokier (Ceiba pentandra, Bombacaceae) est une essence à croissance initiale rapide (2 m/an) (Mapong-metsem et al., 1999). Il est utilisé comme source de fibre et de bois d’œuvre. Sa production commerciale de bois d’œuvre s’est accrue suite au déclin des essences d’arbres dites plus précieuses en consé-quence de leur surexploitation. Aussi, les industries de bois d’œuvre se sont mises à utiliser de plus en plus cette ressource (Lem-mens et al., 2010). Malgré une valeur relativement faible de son bois sur les marchés internatio-naux, Ceiba pentandra constitue un impor-tant produit d’exportation pour de nombreux pays, comme c’est le cas actuellement pour la Côte d’Ivoire (Kouassi et al., 2015). En dépit de l’intérêt qui lui est accordé, la récolte commerciale de bois d’œuvre de C. pentandra est considérée comme non durable (Duvall, 2011), les coupes se faisant exclusi-vement dans les peuplements sauvages. Une mortalité des semis et des gaules due notamment aux parasites de nature essentiellement fongique freine les tentatives de reboisement envisagées de C. pentandra. L’usage de fongicides, Kocide (hydroxyde de cuivre) et Aliette (aluminium tris éthyle phosphite) aux doses respectives de 6,6 g/l et 5 g/l permettent une prévention efficace des infections dues aux champi-gnons pathogènes. La prévention obtenue est contrastée par des retards de croissance des semis de C. pentandra (Duvall, 2011). Les travaux de Apetorgbor et al. (2003) sur les spots foliaires et l’anthracnose, ont permis de relever un effet inhibiteur du Kocide sur la croissance des plantules de fromager. Ces retards de croissance ont pour conséquence l’allongement du délai de récolte de bois de C. pentandra, et un ralen-tissement du rythme de renouvellement des peuplements par plantation.

Les travaux relatifs à la levée et à la prévention du retard de croissance induit par l’utilisation de fongicides (Kocide et Aliette) chez C. pentendra sont fragmentaires ou quasi inexistants. Cependant, Afrira et Boateng (2012) ont enregistré, dans leurs travaux sur la lutte contre les fontes de semis, un meilleur comportement chez les plants ayant reçu les traitements intégrant un fertilisant. En foresterie, tout comme en agriculture, les fertilisants sont utilisés pour restaurer la fertilité des sols dégradés et améliorer celle de sols négligés en vue de leur utilisation. Les engrais sont également appliqués pour favoriser l’expression du potentiel de variétés améliorées. De nom-breux auteurs ont montré les effets béné-fiques de la fertilisation sur la croissance des plantules (Pamo et al., 2005; Benterrouche, 2007 ; Bakry, 2015). Toutefois, les avis sont partagés quant à l’opportunité de l’apport d’engrais lors des opérations de plantation. Malgré les objections d’ordre biologique (lors de la mise en demeure, les plantes ont besoin de plus d’humidité que de sels miné-raux) contre l’application d’engrais au moment de la plantation, les travaux de Gabriel (2007) montrent que des expérimen-tations sur cette pratique méritent d’être poursuivies. L’objectif de ce présent travail est d’améliorer la croissance des plantules de C. pentandra par l’application de deux types de fertilisants azotés (organique et minéral) avant traitement à l’aide de fongicide à base de fosetyl-Al. Il sera question dans un premier temps de montrer l’influence du fongicide sur la croissance des plantules et dans un second temps celui des fertilisants à travers le suivi des paramètres de croissance.

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MATÉRIEL ET MÉTHODES

Matériel et site d’étudeLes plantules de Ceiba pentandra au stade deux feuilles, et âgés d’un mois ont constitué le matériel végétal utilisé. Elles proviennent d’élevages en conteneurs (alvéoles) de semis. La fiente utilisée pour la production du compost provient d’une ferme avicole et l’urée, commerciale.Les expérimentations se sont déroulées au Centre National de Floristique (C.N.F.) de l’Université Félix Houphouët Boigny, à Abidjan (Sud forestier de la Côte d’Ivoire). La ville d’Abidjan est située entre 5°17’ et 5°31’ de latitude nord et entre 3°45’ et 4°31’ de longitude ouest. Le climat est de type guinéen (Akédrin et al., 2011). Elles ont eu lieu sous un abri protégé à l’aide de toiles à mailles fines (2 mm) dans une parcelle expé-rimentale. Durant les travaux, la température et l’éclairement moyen étaient respective-ment de 29,75 ± 0 ,47 °C et 65 300 ± 171 lux à 12 h.

Traitements appliqués

Quatre types de traitements [(F0 : plants témoins, F1 : application de fongi-cide, F2 : Urée + fongicide et F3 : Compost de fiente de poule + Fongicide)] ont été appliqués. Leurs effets ont été évalués au cours de l’étude. Le fongicide utilisé est le Calliete (CALLIVOIRE) dont le principe actif est Tris-O-éthylphosphonate d’aluminium. Il a été appliqué à la dose de 5 g/ l sur le collet et sur les feuilles, une semaine après l’apport ou non de fertilisants suivant le type de traitement. La fertilisation est intervenue le cinquième jour suivant la transplantation. L’urée à 46 % N ((CO(NH2)2), a été apportée en couronne autour des plantules à la dose de 4,38 g. La quantité d’azote (LN) résultant de cet apport, 2 g, est déterminée à partir de l’équation 1.

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LN = A ×uU

LN : Quantité d’azote fournie à chaque plant ; A : Quantité d’urée apportée ; u: Teneur en azote de l’urée; U : 100 g d’urée

Comme source organique d’azote, 414 g de compost de fiente dont la maturité a duré un mois ont été utilisés. La fiente a une compo-sition de 70 % de matière sèche (f) et 0,69 % de matière sèche d’azote (t). Cette fraction de compost générant une quantité d’azote iden-tique aux 4,38 g d’urée, c'est-à-dire 2 g d’azote, a pu être calculée à l’aide de deux équations (2 et 3). Ces équations, 2 et 3, ont permis de déterminer respectivement la matière sèche de fiente (MSF) et la quantité équivalente de compost de fiente (Q) fournissant 2 g d’azote.

MSF : matière sèche de fiente libérant 2 g d’azote; T : 100 g de fiente ; t : teneur en matière sèche de 100 g de fiente

Q : quantité de compost de fiente libérant 2 g d’azote ; F : 100 g de fiente ; f : teneur en matière sèche de la fiente de 100 g de fiente

Mise en place de l’essai et dispositif expé-rimental

Les plantules robustes et indemnes de malformations ont été retenues pour la mise en place de l’expérience. Ces plantules de même stade de croissance ont été repiquées dans des sachets en polyéthylène de 5 l contenant de la terre stérilisée à la chaleur pendant 30 min. Un dispositif en blocs complets randomisés avec trois répéti-tions a été adopté pour étudier les effets des différents traitements. Le nombre de plants utilisé est de huit par traitement, et de 32 par bloc.

MSF = LN ×Tt

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Q=MSF ×Ff

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Paramètres évalués

L’évaluation a duré 10 semaines et a concerné aussi bien les organes aériens que souterrains. La hauteur de la tige, le diamètre et le nombre de feuilles ont été évalués de manière hebdomadaire. La hauteur des plan-tules est mesurée depuis le collet jusqu’au méristème apical avec un mètre ruban. Concernant le diamètre à 2 cm du niveau du sol, un pied à coulisse électronique a servi à le déterminer. Quant au nombre de feuilles, il a été dénombré manuellement. La longueur de la racine principale (pivotante) et le nombre de ses ramifications secondaires ont servi à apprécier la dynamique d’enracine-ment.

Analyses statistiques

Les taux de croissance relative en hauteur sur le diamètre ont été déterminés à l’aide du logiciel Ecological Methodology, 2nd ed (Charles, 2002). Une analyse de variance pour mesures répétées (ANOVA MR) suivie du test planifié des plus petits carrés moyens a permis d’étudier les effets du fongicide sur la croissance des plantules. L’étude des effets des différents traitements a été réalisée à travers une analyse de variance pour effets principaux. Le test de comparai-son de moyennes de Newman Keuls a permis de former les groupes homogènes en cas de rejet de l’hypothèse nulle (H0). Ces analyses ont été réalisées avec le logiciel STATISTI-CA 7.1.

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RÉSULTATS

Les résultats relatifs à l’effet du fongicide sont illustrés par les figures 1 et 2 et ceux qui se rapportent aux effets des fertilisants sont consignés dans le tableau 1.

Effet du fongicide sur la croissance en hauteur des plantules

L’étude de l’évolution de la hauteur des plantules témoins (F0) et de celles traitées avec le fongicide (F1) en fonction du

Figure 1. Évolution en fonction du temps de la hauteur des plantules de Ceiba pentandra traitées par le fongicide à base de fosetyl-Al. Les barres verticales représentent les intervalles de confiance à 0,95. Pour chaque semaine, les valeurs de traitements accompagnées de mêmes lettres ne sont pas statistiquement différentes au seuil de 5% (Test planifié des plus petits carrés moyens).

temps a montré une cinétique de croissance identique jusqu'à la semaine 5 après l’appli-cation du fongicide (Figure 1). Entre les semaines 5 et 9, les plantules traitées avec le fongicide (F1) ont présenté un déficit de croissance (p < 0,05) comparativement aux plantules témoins (F0). De la semaine 7 à 9, une augmentation linéaire est observée pour les deux traitements, cependant celle des plantules du traitement F1 reste moindre comparée à celle des plantules témoins (F0).

Traitement Témoin 0 Traitement Fongicide

a

aa

a

a

a

a

a

a

a

a

a

a a

a a

b b

b

b

S0 S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9

SEMAINES APRES APPLICATION DU FONGICIDE

4

6

8

10

12

14

16

18

20

22

HAUTEU

R (cm)

Application du fongicide

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Effet du fongicide sur la croissance en diamètre

L’examen des courbes d’évolution des diamètres (Figure 2) des plantules témoins et traitées avec le fongicide sur toute la durée de l’expérience indique qu’avant la semaine 4, les plantules (F0 et F1) présen-taient la même évolution. De la semaine 4 à

9, un ralentissement de la croissance (p < 0,05) en diamètre des plantules ayant reçu le traitement F1 a été observé comparativement à celles des plantules témoins (F0). De la semaine 7 à 9, une reprise de l’accroissement est notée pour les plantules de F1, mais elle est restée en deçà de celle enregistrée pour le traitement F0.

Les barres verticales représentent les inter-valles de confiance à 0,95. Pour chaque semaine, les valeurs de traitements accompagnées

de mêmes lettres ne sont pas statistiquement différentes au seuil de 5% (Test planifié des plus petits carrés moyens).

Traitement Témoin 0 Traitement Fongicide

a

a a

a

a

a a

a a

a

a

a a a a

b b b b b

S0 S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9

SEMAINES APRES APPLICATION DU FONGICIDE

1,0

1,5

2,0

2,5

3,0

3,5

4,0

DIAM

ETRE

(mm

)

Application du fongicide

Figure 2. Évolution en fonction du temps de la hauteur des plantules de Ceiba pentandra traitées par le fongicide à base de fosetyl-Al. Les barres verticales représentent les intervalles de confiance à 0,95. Pour chaque semaine, les valeurs de traitements accompagnées de mêmes lettres ne sont pas statistiquement différentes au seuil de 5% (Test planifié des plus petits carrés moyens).

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Tableau 1. Paramètres de croissance des plantules de C. pentandra selon les traitements Appliqués. Dans chaque colonne, les valeurs suivies de la même lettre ne sont pas statistiquement différentes au seuil de probabilité α = 5 % selon le test de Newman-Keuls . F0 : témoin, F1 : fongicide, F2 : urée + fongicide, F3 : compost de fiente de volaille + fongicide (± écart type).

Effets des fertilisants sur les paramètres de croissance

Sur la croissance en hauteur

Neuf semaines après l’application du fongicide, les hauteurs moyennes des plantules ont varié entre 10,10 et 26,18 cm (Tableau 1). L’analyse de variance (ANOVA) suivie du test de comparaison multiple de Newman Keuls a permis de classer les traite-ments en quatre groupes homogènes (p < 0,01).

Sur le diamètre de la tige

Le diamètre moyen des plantules de Ceiba pentandra a varié en fonction des traite-ments (Tableau 1). Il a été de 5 mm chez les plantules de F3, de 3,52 mm chez celles de F0, de 2,60 mm chez F1 et 1,99 mm chez F2. Les résultats de l’analyse de variance montrent que les valeurs enregistrées sont statistique-ment différentes (p < 0,01) et peuvent être classées en quatre groupes distincts. Au niveau des taux de croissance, ils ont égale-ment varié en fonction des traitements (p < 0,01). Ce taux a été plus élevé chez les plantules ayant reçu le traitement F3 (Fiente de poule + Fongicide) et plus faible chez celles traitées avec F2 (Urée + Fongicide).

Sur le nombre de feuilles émises

L’examen du nombre total de feuilles formées par les plants depuis l’application du fongicide jusqu’à la fin de l’étude, montre une variation de celui-ci en fonction des traitements appliqués (Tableau 1). Une différence significa-tive (P < 1 %) au niveau des traitements a été mise en évidence par l’analyse de variance. Ainsi, le traitement constitué de plantules fertili-sées avec la fiente de volaille (F3) a produit le plus grand nombre de feuilles (12,45 ± 0,72) par plant, suivis par les traitements F0 (plants témoins) et F1 (plants traités uniquement avec le fongicide). Les plantules fertilisées avec l’urée ont produit le plus faible nombre de feuilles.

La hauteur moyenne des plantules qui ont reçu la fiente de poule compostée (F3) a été la plus élevée. La hauteur moyenne la plus faible a été enregistrée pour le traitement F2. Concernant le taux de croissance en hauteur, une différence significative a été observée entre les valeurs enregistrées. Le taux de croissance de 0,27 cm / semaine, le plus élevé a été noté chez les plantules du traite-ment F3 (Tableau 1).

vergers est plus élevé que celui des vergers régulièrement entretenus. L’analyse de variance effectuée indique effectivement une diffé-rence significative entre le taux moyen d’infestation lié à l’entretien ou non des plantations (p < 0,05). La présence de certaines espèces

Traitements

Hauteur

(cm)

Taux de

croissance en

hauteur

(cm/semaine)

Diamètre

(mm)

Taux de

croissance sur la

hauteur

(mm/semaine)

Nombre de

Feuilles

Longueur de

la racine

principale

(LRP)

Nombre de

racines

secondaires

(NRS)

F0 18,87 ± 2,31 b 0,17 ± 0,025 b 3,52 ± 0,35 b 0,07 ± 0,05 b 9,87 ± 0,87 b 19,68 ± 4.55 a 21 ± 10,19 ab

F1 14,59 ± 0,49 c 0,11 ± 0,023 c 2,60 ± 0,09 c 0,06 ± 0,022 b 8,04 ± 0,26 c 6,65 ± 4,10 b 11 ± 5,16 b

F2 10,10 ± 0,60 d 0,032 ± 0,006 d 1,99 ± 0,15 c 0,02 ± 0,007 b 6,32 ± 0,69 d 3,90 ± 0,95 b 22, ± 4,97 ab

F3 26,18 ± 2,64 a 0,27 ± 0,028 a 5,00 ± 0,43 a 0,19 ± 0,01 a 12,45 ± 0,72 a 20,58 ± 5,91 a 31 ± 14,06 a

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Sur la dynamique d’enracinement

Concernant la longueur de la racine principale, un effet traitement hautement significatif (p < 0,01) a été relevé (Tableau 1). Les plantules issues des traitements F0 et F3, avec des valeurs respectives de 19,68 et 20,58 cm, ont présenté les racines principales

les plus longues. Le nombre de racines secondaires a varié entre 11 et 31 unités (Tableau 1). L’analyse statistique a permis de montrer que les plantules du traitement F3 ont porté un effectif plus élevé de racines secondaires. Quant au traitement F1, les plantules ont enregistré l’effectif le plus faible.

DISCUSSION ET CONCLUSION

L’analyse des résultats de la dyna-mique de croissance des plantules de C. pentandra indique une hétérogénéité dans le développement des plantules traitées avec le fongicide (F1) et celui des plantules témoins. En effet, les plantules du traitement F1 présentent un déficit de croissance compara-tivement aux témoins (F0). Les valeurs de hauteur des plantules traitées avec le fongi-cide sont inférieures à celles des témoins. Cette réduction de la croissance serait due au fongicide. Ce dernier aurait donc une action inhibitrice sur la croissance des plants. Les résultats obtenus sont similaires à ceux de Apetorgbor et al. (2003) qui ont noté un retard de croissance des plantules de C. pentandra suite au traitement avec le fongi-cide Kocide. Notre hypothèse de départ selon laquelle le fongicide induirait un déficit de croissance des plantules de Ceiba pentandra est donc vérifiée.

Les délais observés entre l’applica-tion du fongicide et la semaine d’apparition des retards de croissance suggèrent l’exis-tence d’une période de latence dans le mode d’action du fongicide. La période de latence s’expliquerait par le temps que mettent les vaisseaux conducteurs pour véhiculer le fosetyl-Al dans les différentes parties de la plante (Le Tacon et al., 1997). En outre malgré le caractère systémique du fongicide, son influence négative sur la croissance s’est estompée à la semaine S7, c'est-à-dire sept semaines après son application. Toutefois, la reprise de croissance en hauteur et en diamètre reste inférieure à celle des plants témoins et suggère que la rémanence du

fosetyl-Al pourrait durer un certain temps. Selon Foy (1974), à dose élevée l’aluminium est capable de bloquer les divisions cellu-laires des méristèmes terminaux des racines et éventuellement des bourgeons aériens. Il inhibe également l’absorption du calcium (Ca), du phosphore (P) et du cuivre (Cu). L’aluminium (Al) contenu dans la formula-tion du fongicide se serait donc accumulé dans les cellules végétales et dans le sol suite aux différents arrosages et aurait induit les déficits de croissance observés. Des résultats similaires à cette étude ont été rapportés par Kelly (1982), après utilisation en pépinière forestière des fongicides Cycloheximide et Triadimefon. L’évaluation des variables de crois-sance (taille, diamètre, nombre de feuille), des plantules issues des quatre traitements (F0, F1, F2, F3) a révélé que les plantules ayant reçu un apport de compost de fiente de volaille ont présenté les meilleures valeurs. Ce résultat est similaire à celui de Pamo et al. (2005), qui ont obtenu un meilleur accroisse-ment radial et en hauteur de Moringa oleifera grâce à une fertilisation avec la fiente. De même Ammari et al. (2007) ont mis en évidence un effet bénéfique du compost de branches de Acacia cyanophylla sur la crois-sance en hauteur des plants dans une pépi-nière forestière. Malgré l’application du fongicide, les valeurs des variables de crois-sance enregistrées chez les plantules de C. pentandra fertilisées avec la fiente ont été meilleures. La différence de croissance de ces plants (F3) avec les plants témoins (F0), les plants traités uniquement avec le fongi-cide (F1) et ceux ayant reçu une application

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du fongicide précédé d’un apport d’urée (F2) peut être attribuée aux effets bénéfiques du compost. En effet, la fiente est riche en éléments minéraux (azote, phosphore, potas-sium) et en oligoéléments. Elle est d’ailleurs la déjection animale la plus riche en azote (Anonyme 1, 2013). Koulibaly et al. (2015) ont attribué les effets bénéfiques du compost à une amélioration des niveaux de phosphore assimilable et de potassium disponibles dans le sol. Ammari et al. (2007) ont également montré une amélioration de la qualité du substrat (légèreté, stabilité et porosité) par l’apport de compost. Il est important de noter que l’apport du compost de fiente de volaille a été opéré une semaine avant l’application du fongicide. Aussi, l’effet du fongicide est précédé d’une période de latence. La période qui s’est écoulée entre l’apport de la fiente et l’observation des effets du fongicide semble avoir été suffisante pour permettre la minéra-lisation des éléments nutritifs de la fiente et l’amélioration des propriétés physiques du sol (Pamo et al., 2005). Ainsi la plante a pu disposer de nutriments qu’elle a utilisé de façon efficiente. Le meilleur comportement des plantules fertilisées avec la fiente malgré l’apport du fongicide suggère que le compost de fiente de poule a eu un effet préventif du retard de croissance occasionné par le fongi-cide. Contrairement à la fumure organique, l’apport de l’urée a donné de faibles valeurs des paramètres morphologiques. Cette obser-vation est en concordance avec celle de Omari et al. (2012). Ces auteurs ont observé une réduction des paramètres de croissance des portes greffes d’agrumes après un apport d’azote à la dose de 10 mM. Cette réduction de la croissance des plantules serait occa-sionnée par une augmentation de la pression osmotique du sol engendrée par un apport d’azote en grande quantité. Aussi, les concen-trations élevées d’azote sont défavorables à la formation des structures de la mycorhize (Simon et Ivano, 2002). L’apport de fiente (F3) a provoqué un enracinement plus profond (26,58 ± 3,80 cm) et des ramifications plus denses

(31,16 ± 9,27 RS/plant) comparativement aux autres traitements. Le nombre de racines secondaires est également important pour la fertilisation à l’urée F2 (23,33 ± 2,88), mais dans une proportion moindre que celui du traitement F3. Les résultats obtenus concordent avec ceux de Meddich (2015). En effet, un accroissement de la hauteur et de la partie souterraine est noté par ce dernier, après inoculation dans la rhizosphère par Bacterio-sol, un amendement organique composé d’une sélection de végétaux compostés et de minéraux. D’une part, l’importance de la longueur de la racine principale et du nombre de racines secondaires s’expliquerait par l’amélioration des propriétés physiques avec l’apport de compost. D’autre part, la richesse de la fiente en phosphore pourrait être l’une des raisons de l’obtention d’un tel système racinaire. En effet, le phosphore favorise la vigueur au démarrage et stimule la crois-sance du système racinaire qui va plus rapidement explorer les réserves en éléments nutritifs (Anonyme 2, 2012). Ainsi, un tel système racinaire pourrait assurer le main-tien d’une partie aérienne plus développée, en plus d’augmenter la surface d’exploration des racines dans le prélèvement des éléments nutritifs.

Il ressort de cette étude, que le fongi-cide influence négativement les caractères morphologiques et la biomasse des plantules de Ceiba pentandra. Aussi, la fertilisation initiale avec le compost de fiente de poule, tout en améliorant significativement la crois-sance des plantules permet de réduire la pression introduite par l’application du fongicide. Fort de ce constat, cette fertilisa-tion peut être recommandée aux pépinié-ristes dans leur itinéraire de production de plants.

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FABRICATION DE SAVONS TRADITIONNELS À BASE DE PLANTES EN ZONE DE SAVANE SOUDANIENNE DE CÔTE D'IVOIRE : ÉTAT DE LA CONNAISSANCE PAR LES

POPULATIONS LOCALES DE DABAKALA ET DE KATIOLA

OUATTARA D1,2, COULIBALY S3*, KOUDEGNAN CM4, KAMANZI K1,5

TRADITIONAL SOAP MAKING BASED ON THE USE OF PLANTS IN THE SUDAN SAVANNAH ZONE OF CÔTE D'IVOIRE: STATE OF KNOWLEDGE BY THE LOCAL

POPULATIONS OF DABAKALA AND KATIOLA

Résumé

En zone de savane soudanienne de Côte d’Ivoire, plusieurs plantes sont récoltées pour la fabrication de savons traditionnels. Afin de mieux connaître ces espèces et le procédé de fabrication des savons, des investigations ethnobotaniques basées sur des interviews directes individuelles structurées et semi-structurées, ont été menées dans les Départements de Dabakala et de Katiola, au centre-nord de la Côte d’Ivoire. Ainsi, 33 espèces végétales ont été répertoriées auprès de 193 personnes sondées. Après analyse, plusieurs catégories de plantes ont été identifiées, des plus couramment exploitées et abondantes dans le milieu (Carapa procera, Ceiba pentandra, Cussonia arborea) aux moins utilisées et peu nom-breuses. L’usage de leurs tiges et contreforts constitue une véritable pression sur ces plantes, pouvant conduire à la disparition des espèces les plus vulnérables. Par ailleurs, le procédé de fabrication du savon traditionnel à base de plantes a été élucidé. Ce savon est issu d’un mélange à chaud de matière grasse (huile, beurre) et de potasse, toutes deux d’origine végé tale, extraites séparément avant la fabrication effective du savon. La valorisation de cette pratique culturelle pouvant être bénéfique aux populations rurales, il devient urgent d’adopter une approche de gestion durable des ressources végétales utilisées.

Mots clés : Savon traditionnel, Plantes, Savane soudanienne, Côte d'Ivoire

Abstract

In the Sudan Savannah zone of Côte d'Ivoire, many plants are collected for the manu-facture of traditional soaps. To better know these species and the manufacturing process of the soaps, ethnobotanical investigations based on structured and semi-structured individual direct interviews, were implemented in the Departments of Dabakala and Katiola, in the Central-Northern Côte d'Ivoire. Thus, 33 plants species were recorded near 193 probed people. After analysis, several categories of plants were identified, from the most usually exploited and abundant in the study site (Carapa procera, Ceiba pentandra, Cussonia arborea) to the least used and very few. The use of their stems and buttresses constitutes a true pressure on these plants, being able to lead to the disappearance of the most vulnerable species. In addition, the manufacturing process of the traditional soap based on plants was elucidated. This soap resulted from a hot mixture of fat (oil, butter) and potash, both of plant origin, separately extracted before effective manufacture of the soap. The valorization of this cultural practice being able to be beneficial for the rural populations, it becomes urgent to adopt a sustainable approach of management of the plant resources used.

Keywords : Traditional soap, Plants, Sudan savannah, Côte d’Ivoire

1. Laboratoire de Botanique, UFR Biosciences, Université Félix Houphouët-Boigny, BP 582 Abidjan 22, Côte d’Ivoire 2. Centre National de Floristique (CNF), Université Félix Houphouët-Boigny, BP 582 Abidjan 22, Côte d’Ivoire3. Laboratoire de Biologie et Amélioration des Plantes, UFR Agroforesterie, Université Jean Lorougnon Guédé, BP 150 Daloa, Côte d’Ivoire4. Laboratoire de Palynologie, Algologie et Paléoécologie, Faculté de Sciences, Université de Lomé, BP 1515 Lomé, Togo5. Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS), BP 1303 Abidjan 01, Côte d’Ivoire*Auteur de correspondance : [email protected] ; Tél : (225) 49 217 666

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INTRODUCTION

Les populations africaines sont détentrices de nombreuses connaissances et de pratiques relatives à l’utilisation des plantes de leur milieu de vie. Les usages alimentaires et médicinaux des plantes ont fait l’objet de plusieurs études et de publica-tions scientifiques en Côte d’Ivoire (Ambé, 2001 ; Atindéhou, 2001 ; Ouattara, 2006 ; N’Guessan, 2015). Par contre, les études scientifiques se rapportant à l’usage de la flore en hygiène sont très rares. Cette dernière utilisation des plantes, relativement peu répandue, se fait de diverses manières dont la prépondérante est l’emploi de savons dits « traditionnels » ou « savons noirs ». La fabrication de ces savons implique l’abat-tage, souvent systématique, de plusieurs espèces végétales, spontanées pour la majo-rité. La pratique contribue ainsi à la vulnéra-

bilité, à la raréfaction, voire à l’extinction des espèces concernées. Cette situation perturbe le milieu naturel et le fonctionne-ment normal des écosystèmes locaux.

Dans le but de connaître les espèces végétales impliquées ainsi que les méthodes de fabrication de ces savons, des investiga-tions ethnobotaniques et socio-écologiques auprès des populations ont été réalisées dans le centre-nord de la Côte d’Ivoire. Le premier volet de ces études, concernant les espèces végétales utilisées, a été abordé par Coulibaly et al. (2012). Ces auteurs ont recensé 33 espèces dont sept servent à l’extraction de la matière grasse (huile, beurre) et 28 à celle de la potasse. Dans la présente étude, nous nous intéressons au procédé de fabrication du savon traditionnel à base de plantes et ses implications environ-nementales.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Investigations ethnobotaniques

Quatorze (14) localités représenta-tives des Départements de Dabakala et de Katiola ont été échantillonnées à l’issue d’une pré-enquête (Figure 1). Dans chacune de ces localités, une enquête ethnobotanique a été réalisée à travers des entretiens directs individuels structurés ou semi-structurés auprès des populations. Chaque informateur a été invité à répondre au questionnaire de la fiche d’enquête préétablie. Au total, 193 personnes ont ainsi été interviewées. Des sites de collecte d’organes végétaux ont été visités. Le procédé de fabrication des savons traditionnels à base de plantes a été suivi auprès de quelques pratiquants en vue de sa description.

Analyse du profil des populations enquê-tées Le profil des personnes connaissant la fabrication des savons traditionnels a été

apprécié en regroupant les 193 personnes enquêtées par sexe, par classe d’âges et par niveau de scolarisation, avec estimation de la fréquence liée à chaque modalité.

Évaluation de la fréquence d’utilisation et du niveau d’abondance des espèces utili-sées La fréquence d’utilisation (ou préfé-rence locale) des espèces végétales nous permet d’apprécier leur niveau de connais-sance et d’exploitation potentielle par les populations. Elle a été estimée par la méthode de la liste ouverte ("free-listing") de Cotton (1996). Cette approche, basée sur les citations spontanées, repose sur le principe que les espèces les plus significatives sont mentionnées par plusieurs informateurs et obtiennent donc un rang élevé. La fréquence d’utilisation des espèces a été évaluée par estimation de leur fréquence de citation, selon la formule ci-après :

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Basé sur le même principe, le niveau d’abon-dance est en réalité un indice calculé selon les témoignages des populations enquêtées. Pour chaque espèce inventoriée, il a été e

estimé par le rapport entre le nombre de personnes reconnaissant son abondance dans le milieu et le nombre de personnes ayant cité l’espèce :

Localités visitées

Figure 1. Sites d’étude dans les Départements de Dabakala et de Katiola, au Centre-Nord de la Côte d’Ivoire (source : CCT-BNETD, 2009 ; carte modifiée)

Fréquence d’utilisation d’une espèce = x 100 Nombre de personnes ayant cité l’espèce

Nombre total de personnes interrogées

Nombre de personnes reconnaissant son abondance

Nombre total de personnes ayant cité l’espèce = x 100

Niveau d’abondanced’une espèce

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RÉSULTATS

Profil des personnes connaissant la fabri-cation des savons traditionnels

Sexe d’appartenance

Les femmes sont quasi exclusive-ment détentrices du savoir concernant la fabrication des savons traditionnels à base de plantes, avec 92 % (Figure 2). Les hommes sont très peu concernés par la pratique, avec seulement 8 %.

Classe d’âge

La connaissance de la fabrication des savons traditionnels à base de plantes augmente avec l’âge (Figure 3). Ainsi, 44 % des personnes connaissant la pratique ont plus de 60 ans. Seul 1 % des jeunes de moins de 21 ans a pu répondre à notre question-naire.

Niveau d’étude

Avec un taux de 80 %, la grande majorité des dépositaires des connaissances concernant la fabrication des savons tradi-tionnels à base de plantes, n’a aucun niveau d’étude (Figure 4). Ce taux diminue à mesure que le niveau d’instruction s’élève.

Plantes et procédés de fabrication des savons traditionnels

La fabrication du savon traditionnel nécessite obligatoirement deux matières premières : la matière grasse (huile ou beurre) et la potasse. Ces deux matières premières indispensables sont extraites sépa-rément à partir d’organes végétaux avant la fabrication effective du savon. À l’issue de l’enquête ethnobota-nique qui a constitué la première partie de cette étude, Coulibaly et al. (2012) ont inventorié 33 espèces végétales dont sept sont utilisées pour l’extraction de la matière grasse et 28 pour celle de la potasse. Les espèces recensées, classées selon le double critère de leur fréquence d’utilisation par les populations locales et leur niveau d’abon-dance dans le milieu, sont présentées dans le tableau 1. Il ressort que les plantes les plus exploitées sont Carapa procera DC. pour la matière grasse, Ceiba pentandra (L.) Gaertn. et Cussonia arborea A.Rich pour la potasse. La récolte des tiges par abattage systéma-tique est le mode de collecte le plus pratiqué pour l’obtention de la potasse. Par ailleurs, la

Figure 2. Spectre de la répartition par sexe des personnes connaissant la fabrication des savons traditionnels

Figure 3. Spectre de la répartition par classe d'âges des personnes connaissant la fabrication des savons traditionnels

Figure 4. Spectre de la répartition par niveau d'études des personnes connaissant la fabrication des savons traditionnels

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grande majorité des espèces est assez abon-dante dans la région de l’étude, à en croire

La manière d’obtenir l’organe végétal utilisé pour la matière grasse est très variable selon l’espèce. Les principales étapes du procédé

d’extraction traditionnelle de la matière grasse sont illustrées par la planche 1.

les populations interrogées.

* Plantes utilisées pour la matière grasse (les autres étant employées pour la potasse)

Tableau 1. Plantes utilisées pour la fabrication de savons traditionnels dans les Départements de Dabakala et de Katiola

Espèces très abondantes moyennement abondantes peu abondantes

Espèces très utilisées

Ceiba pentandra Carapa procera* Cussonia arborea

Espèces moyennement utilisées

Vitellaria paradoxa* Elaeis guineensis*

Espèces peu utilisées

Jatropha curcas (huile)* Cocos nucifera (huile)* Pentadesma butyracea* Ricinus communis* Pterocarpus erinaceus Theobroma cacao Anogeissus leiocarpus Cocos nucifera (potasse) Coffea spp. Jatropha curcas (potasse) Zanthoxylum zanthoxyloides Piliostigma thonningii Musa spp. Vitex doniana Spondias mombin Terminalia glaucescens Acacia polyacantha var. campylacantha

Parkia biglobosa Albizia zygia Amaranthus spinosus Berlinia grandiflora Albizia ferruginea Gardenia ternifolia Pupalia lappacea Securidaca longepedunculata Ficus sur Ficus exasperata Khaya senegalensis Manihot esculenta Sorghum spp.

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Ici, il s’agit spécifiquement du beurre de karité (Vitellaria paradoxa). Les graines de Vitellaria paradoxa (le karité), sont bouillies, séchées au soleil puis décorti-quées au mortier pour en extraire les amandes. Le principe général consiste à utiliser l’organe végétal approprié (l’amande ou la graine principalement), à le moudre (au mortier ou au moulin) avant, après ou sans torréfaction. La pâte ou la poudre obtenue est délayée dans une grande quantité d’eau, puis longuement bouillie. La bouillie obte-nue est ensuite refroidie soit par mélange dans de l’eau froide, soit en la laissant simplement à l’air libre. L’huile, qui surnage, est alors délicatement recueillie à la surface. Cette huile très brute, contenant encore de l’eau et des débris solides, est à nouveau portée à ébullition afin d’entrainer l’évaporation de l’eau et le dépôt des débris. L’huile ‘‘purifiée’’ est alors recueillie. Il est à noter que la torréfaction entraine un léger noircissement de l’huile, bien qu’elle améliore

sa quantité. Par ailleurs, pour améliorer les propriétés odorantes de l’huile, des feuilles de plantes aromatiques telles que celles des Rutacées (citronnier, oranger,...), peuvent être ajoutées pendant l’ébullition. Elaeis guineensis (le palmier à huile) produit deux types d’huile : l’huile de palme (ou "huile rouge") extraite de la pulpe fibreuse qui couvre le fruit, et l’huile de palmiste issue des amandes qu’on extrait par concassage des graines (Figure 5). Les amandes obtenues sont trempées dans de l’eau pendant quelques jours afin de les ramollir et faciliter le broyage. Dans les régions de savane, l’huile de palmiste est plus employée dans la fabrication du savon traditionnel que l’huile de palme qui est plutôt consommée. Par ailleurs, les matières grasses trouvées sur les marchés locaux sont seulement celles de Carapa procera, de Vitellaria paradoxa et de Elaeis guineensis (huiles de palme et de palmiste).

Planche 1. Principales étapes de l’extraction du beurre de karité (Vitellaria paradoxa) : a : amandes ; b : pâte d’amandes moulues et délayées, en cours de mise à ébullition ; c : recueil de l’huile brute surnageant après refroidissement de la bouillie ; d : collecte de l’huile purifiée après chauffage de l’huile brute, elle se solidifie après refroidissement (beurre) ; e : morceaux de beurre de karité en vente sur le marché (Photos de COULIBALY Siendou, Satama-Sokoro, mars 2009)

Sur le nombre de feuilles émises

L’examen du nombre total de feuilles formées par les plants depuis l’application du fongicide jusqu’à la fin de l’étude, montre une variation de celui-ci en fonction des traitements appliqués (Tableau 1). Une différence significa-tive (P < 1 %) au niveau des traitements a été mise en évidence par l’analyse de variance. Ainsi, le traitement constitué de plantules fertili-sées avec la fiente de volaille (F3) a produit le plus grand nombre de feuilles (12,45 ± 0,72) par plant, suivis par les traitements F0 (plants témoins) et F1 (plants traités uniquement avec le fongicide). Les plantules fertilisées avec l’urée ont produit le plus faible nombre de feuilles.

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e

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Pour obtenir la potasse, les femmes procèdent par incinération des fragments d’organes végétaux (plante entière, troncs, branches, coques de fruits) pour en recueillir la cendre. La cendre tout-venant, provenant de bois de chauffe d’espèces végétales diverses, tel qu’utilisé habituellement pour la cuisine dans les foyers, peut également servir. La cendre obtenue est mise dans un récipient à fond percé où un morceau d’étoffe est placé, puis filtrée en y faisant couler de l’eau froide ou chaude. Le filtrat est recueilli dans un autre récipient placé juste en dessous (Planche 2 a). On obtient

ainsi une solution de potasse ou « potasse liquide », très diluée. Cette dernière est ensuite évaporée par chauffage au feu jusqu'à l’obtention d’une croûte solide blan-châtre au fond du récipient (Planche 2 b-c). Cette croûte constitue la potasse qui est emballée et vendue sur le marché (Planche 2 d). La potasse devant immédiatement servir à la fabrication du savon traditionnel est très souvent maintenue sous forme de solution concentrée, le chauffage étant alors inter-rompu avant l’évaporation complète de l’eau présente dans la solution.

Figure 5. Extraction des amandes des graines de Elaeis guineensis : a : concassage manuel des graines ; b : amandes obtenues (Photos de COULIBALY Siendou, Katiola, avril 2009)

Planche 2. Principales étapes de l’extraction de la potasse végétale : a : dispositif de filtration de la cendre d’origine végétale ; b : évaporation par chauffage de la solution de potasse ; c : dépôt de la potasse sous forme de croûte au fond du récipient, d : morceaux de potasse emballés en vente au marché (Photos de COULIBALY Siendou, Katiola, mars 2009)

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Une fois les deux matières premières indispensables (matière grasse et potasse) sont acquises, le savon traditionnel résulte de leur mélange avisé à chaud (Planche 3). Dans la pratique, le mode opératoire peut diverger selon les habitudes. Toutefois, la pratique la plus courante dans les Départements de Dabakala et de Katiola, consiste à chauffer d’abord la matière grasse (huile, beurre) au feu de bois puis à y ajouter la potasse en solution ou réduite en poudre (Planche 3 a). La solution de potasse peut aussi être portée à ébullition d’abord avant l’ajout de l’huile. Il est à noter que la mesure de la potasse à utiliser est arbitraire (Planche 3 a, flèche) mais doit être judicieuse (connaissance acquise de façon empirique) pour assurer au savon une mousse abondante sans toutefois « bruler » la peau lorsqu’il est employé pour la toilette. Le mélange est ensuite homogénéisé par agitation mécanique

à l’aide d’un bois, jusqu’à l’obtention d’une pâte mousseuse (Planche 3 b) qui se solidifie ensuite, prenant une couleur sombre (brun-noir, marron). Ce produit, qu’on laisse refroidir, constitue le savon traditionnel à base de plantes (Planche 3 c-d). Il est enfin moulé directement à la main en une forme quelconque, sphérique en général ou cylin-drique, et vendu sur le marché local (Planche 3 e). Cependant, dans le souci de lui donner un aspect plus homogène et attrayant, ce savon meuble peut être pilé au mortier avant le moulage. Selon certaines coutumes, des précautions sont à prendre afin de garantir le succès de l’opération de fabrication du savon traditionnel. Il s’agit notamment de l’inter-diction de l’accès au site de fabrication aux hommes et aux femmes enceintes. De même, l’opératrice doit éviter que sa silhouette ne tombe sur la marmite de préparation.

Planche 3. Principales étapes de la fabrication du savon traditionnel d’origine végétale : a : chauffage de l’huile au feu et mesure arbitraire (flèche) de la potasse en poudre ; b : mélange huile-potasse en cours d’agitation, pâte mousseuse obtenue ; c-d : savon cuit ; e : savon traditionnel de forme sphérique en vente sur le marché, flèches : pains de savon cylindriques emballés dans des feuilles (Photos de COULIBALY Siendou, Katiola, avril 2009)

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Impacts de la fabrication du savon tradi-tionnel sur certaines espèces récoltées

Les organes végétaux utilisés pour la fabrication de la potasse sont essentielle-ment constitués de tiges et de troncs. Pour leur récolte, les plantes sont entièrement et systématiquement abattues. C’est le cas de Cussonia arborea qui est, avec Ceiba pentandra (le fromager), les espèces préfé-rées pour la potasse. Dans le cas précis de C. pentandra, des fragments du tronc et des contreforts sont abusivement récoltés sur

DISCUSSION ET CONCLUSION

La science relative à la fabrication du savon traditionnel dans les Départements de Dabakala et de Katiola est tributaire du profil des populations : âge, sexe, niveau d’étude. Les personnes les plus âgées ont plus de connaissances des plantes et des pratiques traditionnelles par rapport aux jeunes. L’expérience accumulée avec l’âge

constitue, en effet, la principale source d’informations. Des résultats similaires ont été obtenus par Mehdioui et Kahouadji (2007) dont l’étude portait sur les plantes médicinales. Selon ces auteurs, la connais-sance des usages des plantes médicinales et leurs propriétés est généralement acquise suite à une longue expérience accumulée et

pied, au détriment du fonctionnement normal de la plante exploitée (Planche 4). Ce dernier peut mourir au bout de quelques années d’exploitation ou tombé au moindre vent violent. Même si les espèces ainsi exploitées sont abondantes dans la région, de telles pratiques contribuent, à long terme, à leur raréfaction progressive, donc au désé-quilibre de l’écosystème local. Par ailleurs, la menace s’accentue par l’exploitation des mêmes espèces à des fins thérapeutiques, ce qui augmente le risque de leur extinction (cas de C. arborea).

Planche 4. Récolte de fragments de tronc et de contrefort de Ceiba pentandra pour la fabrication de potasse (Photos de COULIBALY Siendou, N’gala, février 2009)

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transmise d’une génération à l’autre. Toute-fois, Anyinam (1995) fait remarquer que la transmission de cette connaissance est en danger actuellement parce qu’elle n’est pas toujours assurée. Ainsi, une perte d’informa-tions sur les plantes et les pratiques tradition-nelles est à craindre à moyen et à long terme. En effet, les jeunes, certainement impres-sionnés par l’avancée technologique du monde moderne, ont tendance à négliger les pratiques culturelles jugées dépassées. S’intéressant à la transmission du savoir médicinal en pays Baoulé, Grigo (2001) explique qu’en raison d’une tendance à la monétarisation des connaissances et la situa-tion de compétition qui en résulte, la trans-mission du savoir est bloquée, même à l’intérieur des familles. La conséquence, selon l’auteur, est une érosion regrettable du savoir médicinal traditionnel. Les personnes ayant correctement répondu à notre ques-tionnaire sont essentiellement des femmes. Si les plantes médicinales sont connues et utilisées presqu’équitablement par les hommes et les femmes (Mehdioui et Kahouadji, 2007), celles servant à la fabrica-tion du savon traditionnel sont quasi exclusi-vement exploitées par les femmes. Cela relèverait de la répartition des tâches dans les sociétés africaines. En effet, les tâches ayant trait au ménage (cuisine, lessive, vaisselle, etc.) sont dévolues aux femmes tandis que les hommes se réservent les tâches de la recherche des ressources nourri-cières et financières. De même, la plupart des usages du savon traditionnel sont spéci-fiques aux femmes. Les hommes ne connaissent la pratique qu’à travers l’obser-vation des femmes ou en les aidant à la récolte des plantes situées dans des zones reculées ou dangereuses. En ce qui concerne le niveau d’étude, l’analphabétisme de la majorité de nos informateurs découle du faible niveau de scolarisation en milieu rural en général et de la jeune fille en particulier. Il ressortait déjà du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 1998, que l’analphabétisme a atteint, chez les

populations de 15 ans et plus, des niveaux élevés notamment chez le sexe féminin, avec un taux de 63,6 % en moyenne, dont 59,4 % chez les hommes et 71,5 % chez les femmes (Bella, 2003). Le taux moyen est plus élevé en milieu rural où il est de 70,6 % (MENFB, 1999). Ces taux d’analphabétisme, claire-ment élevés chez les usagers des plantes, peuvent constituer un obstacle sérieux au développement local et à l’utilisation raison-née et durable des ressources naturelles.. Ainsi, l’analyse du profil des informateurs indique que les connaissances et les pratiques liées à la fabrication du savon traditionnel à base de plantes sont en voie de disparition. La perte de la pratique serait pourtant à déplorer pour plusieurs raisons. D’abord, cela entrainerait la disparition du savoir-faire traditionnel. Aussi, les femmes productrices perdraient-elles une source de revenus non négligeable. L’étude a révélé que la fabrication proprement dite du savon traditionnel est un procédé relativement simple. Les difficultés annoncées par les populations sont principa-lement liées à l’extraction des deux matières premières nécessaires : la matière grasse et la potasse. La chaîne de production de ces deux corps sont effectivement longs et com-plexes, depuis la récolte des organes végé-taux, qui s’acquièrent souvent loin des villages, jusqu’à l’extraction effective, en passant par plusieurs étapes de la transfor-mation obéissant à certaines croyances. Un procédé d’extraction de l’huile végétale similaire à celui que nous avons décrit ici a déjà été rapporté par Bonnéhin (2000) chez le makoré (Tieghemella heckelii) à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Le beurre de makoré est également utilisé en savonnerie, selon l’auteur. Dans la même région, Tra Bi (1997) a rapporté un procédé de fabrication de potasse végétale quasiment identique à celui que nous avons décrit dans cette étude. En effet, les cendres des plantes contiennent le potassium qui peut être "lessivé" avec de l'eau bouillante. Le produit ainsi obtenu est le carbonate de potassium (K2CO3), une

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base faible, qui peut être transformée en base forte, en hydroxyde de potassium notam-ment. Les cendres sont donc une importante source de potassium. La proportion de potas-sium dans les cendres de quelques organes végétaux analysés par Caubergs (2006) a varié de 4,5 à 50 %. Le potassium contenu dans les cendres végétales peut être transfor-mé en alcali (Caubergs, 2006 ; Tra Bi, 1997). Toutefois, certains paramètres peuvent influencer l’efficacité de l’extraction de l’huile végétale. En effet, d’après Womeni et al. (2006) le temps de cuisson et la tempéra-ture de séchage des graines de karité peuvent causer des modifications biochimiques qui affectent considérablement la qualité du beurre. Ces résultats portent à croire que la fabrication du savon traditionnel est très répandue en Côte d’Ivoire, même si elle est de moins en moins pratiquée de nos jours. L’emploi de graines et d’amandes pour l’extraction de la matière grasse consti-tue une forme d’utilisation durable des ressources naturelles, car ces organes sont renouvelables suivant un cycle régulier des plantes. Leur récolte ne porte donc pas atteinte à l’intégrité physique des plantes exploitées (Coulibaly, 2010). En revanche, l’utilisation de tiges (troncs et branches) et de fragments de contrefort de Ceiba pentan-dra, pour la fabrication de la potasse est particulièrement inquiétante. En effet, plusieurs plantes sont souvent entièrement et systématiquement abattues et incinérées pour obtenir une grande quantité de cendre, donc de potasse. L’usage de contreforts de Ceiba pentandra pour la préparation de la potasse semble être une pratique répandue en Côte d’Ivoire. De fait, la pratique a égale-ment été signalée par Tra Bi (1997) chez les populations vivant aux alentours des forêts classées du Haut-Sassandra et de Scio, à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Même si l’espèce est très abondante dans la zone de l’étude, ce mode de récolte des plantes met en péril la survie des espèces exploitées. Selon Cunnin-gham (1996), il existe une relation manifeste entre la partie utilisée de la plante exploitée

et les effets de cette exploitation sur son existence. Nos résultats montrent que Ceiba pentandra et Cussonia arborea sont les plantes les plus exploitées pour la fabrication de la potasse. Cependant, C. pentandra est très abondante en Afrique de l’Ouest (Siepel et al., 2004) et dans la zone d’étude. Elle ne court donc pas de risque de disparition à court terme. Toutefois, face aux menaces sur les habitats et les espèces végétales dans la région, il devient urgent d’adopter une approche de gestion durable pour la sauve-garde et la préservation des espèces les plus exploitées. Parmi les espèces oléagineuses exploitées dans la région pour la matière grasse (Coulibaly et al., 2012), Carapa procera est la plus citée, donc la plus préfé-rée pour son huile qui est très appréciée pour la fabrication du savon traditionnel. La bonne qualité du savon issu de cette plante, la non comestibilité à but alimentaire de son huile du fait de son extrême amertume, ainsi que ses usages thérapeutiques annexes auraient impulsé cette préférence. Bien que moyennement représentée dans la région, Carapa procera connait aujourd’hui une restriction écologique du fait de la destruc-tion de son habitat. En effet, l’espèce est essentiellement limitée aux abords des cours d’eau et des forêts galeries. Ainsi, l’exploi-tation des forêts galeries et des bords des cours d’eau pour la riziculture constitue une sérieuse menace à la survie de cette espèce à moyen terme (Coulibaly, 2010). Il en est de même pour Pentadesma butyracea Sabine qui demeure très peu représentée dans la zone d’étude car limitée seulement à quelques rares bords de cours d’eau. L’indis-ponibilité de cette dernière espèce et son huile très appréciée dans l’alimentation, justifieraient sa faible utilisation pour la fabrication de savon. En conclusion, la présente étude a relevé les procédés et pratiques de fabrication du savon tradition-nel à base de plantes dans les régions de Dabakala et de Katiola, ainsi que des impacts négatifs causés aux espèces végétales

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utilisées. Si les organes récoltés pour l’extraction de la matière grasse (graine, amande, pulpe) sont renouvelables, il n’en est pas de même pour ceux entrant dans la préparation de la potasse (contrefort, tige, plante entière). L’emploi de ceux-ci consti-tue donc une sérieuse menace à la survie des

soutien financier et son appui technique à la réalisation de ce travail.

REMERCIEMENTS

Nous remercions l’ONG CASES (Organisa-tion Non Gouvernementale Centre d’Anima-tion Sanitaire et d’Études Sociales) pour son

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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espèces concernées et, par ricochet, à la durabilité de cette pratique culturelle. Des investigations complémentaires doivent permettre de valoriser la fabrication des savons traditionnels à base de plantes tout en préservant les ressources végétales utilisées.

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1. Université Jean Lorougnon Guédé de Daloa, UFR Agroforesterie, BP 150 Daloa, Côte d’Ivoire2. Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo, UFR UFR Sciences biologiques, BP 1328 Korhogo.3. Université Nangui Abrogoua d’Abidjan, UFR Sciences de la nature, 02 BP 801Abidjan 02, Côte d’Ivoire.4. Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, UFR Biosciences, 22 BP 582 Abidjan 22 Côte d’Ivoire5. Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS), 01 BP 1303 Abidjan 01*Auteur de Correspondance : [email protected]; Tél. +225 09 40 50 56

ÉTAT DES PEUPLEMENTS DE TROIS PLANTES MÉDICINALES ANTHELMINTHIQUES DANS LA FORET CLASSÉE DE YAPO (SUD DE LA CÔTE D’IVOIRE)

POPULATIONS STATE OF THREE ANTHELMINTHIC PLANTS IN YAPO CLASSIFIED FOREST (SOUTHERN CÔTE D'IVOIRE)

DRO B1,5*, SORO D2,5, KONÉ MW3,5, BAKAYOKO A3,5, KAMANZI K4,5

Résumé

L’état des peuplements de Parinari excelsa Sabine (Chrysobalanaceae), Sacoglottis gabonensis DC. (Humiriaceae) et Napoleonaea vogelii Hook. & Planch. (Lecythidaceae), trois plantes médicinales ligneuses, a été étudié dans la forêt classée de Yapo (Sud de la Côte d’Ivoire). Cette étude vise un état des lieux de ces plantes en vue de leur conservation durable in situ et une meilleure gestion. La méthode de relevés de surface a été utilisée pour inventorier tous les ligneux de dbh ≥ 5 dans des placettes de 25 m x 25 m réparties sur des parcelles de 1 ha. Ce travail a montré que la flore de la forêt classée de Yapo est riche de 174 espèces appartenant à 122 genres et 50 familles. Le spectre des types biologiques montre une forte dominance des Mésophanérophytes qui constituent 47,99 % des inven-taires. Elles sont suivies des Microphanérophytes (37,06 %) et des Mégaphanérophytes (11,08 %). Les Nanophanérophytes sont les plus minoritaires (3,07 %). Onze familles et six espèces sont importantes dans cette forêt. Concernant les plantes ciblées, seule Napoleonaea vogelii présente un peuplement stable, capable de régénérer progressivement. Par ailleurs, Parinari excelsa est représentée par des grands arbres (dbh ≥ 100) et Sacoglottis gabonensis a une distribution irrégulière caractéristique d’un peuplement en déclin, et donc à surveiller. Il est urgent de promouvoir des activités de conservation in situ tel que le reboisement en faveur de la flore en général, et de sauvegarde de ces plantes d’intérêt en particulier.

Mots clés : État des peuplements, Plantes médicinales anthelminthiques, Conservation in situ, Forêt, Côte d’Ivoire.

Abstract

Populations state of, Parinari escelsa Sabine (Chrysobalanaceae) and Sacoglottis gabonensis CD. (Humiriaceae), Napoleonaea vogelii Hook. & Planch. (Lecythidaceae) three medicinal woody plants, was studied in Yapo classified forest. This study aims to contribute to their sustainable in situ conservation for better management. Woody plants at dbh ≥ 5 cm were inventoried in 25 m x 25 m plots. The richness of Yapo classified forest is composed of 174 species belonging to 122 genera and 50 families. The biological spectrum showed a predominance of Mesophanerophytes (47.99 % of inventories), followed by Microphanerophytes (37.06 %) and Megaphanerophytes (11.08 %). Nano-phanerophytes were the most minority ones (3.07 %). Eleven families and six species were significant in this forest. Concerning targeted plants, only Napoleonaea vogelii presented a stable population. Moreover, Parinari excelsa represented by big trees (dbh ≥ 100 cm) and Sacoglottis gabonensis had an irregular distribution characteristic of declining population. This study showed that there is an urgent need to develop and increase in situ conservation activities such as reforestation concerning these plants of interest.

Key- words : Populations State, Anthelminthic medicinal plants, in situ Conservation, Forest, Côte d'Ivoire

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INTRODUCTION

La dégradation de la végétation représente une des plus importantes causes de réduction de la biodiversité. Cette situa-tion est imputable, en grande partie, aux actions humaines. Selon WWF (2016), l’am-pleur et l’intensité de l’activité humaine croissent de façon exponentielle depuis le milieu du 20ème siècle. Les espèces végé-tales sont de plus en plus affectées par les pratiques non soutenables d’agriculture, d’extraction minière et autres activités humaines contribuant à la perte et à la dégra-dation des habitats, à la surexploitation, au changement climatique. L’agriculteur a souvent recours aux pratiques préjudiciables à l’utilisation durable des ressources floris-tiques et au maintien du sol. Il s’agit, entre autres, des cultures sur brûlis, des feux de brousse, de la réduction de la durée des jachères, de l’utilisation des pesticides, etc. Les activités humaines modifient profondé-ment la flore forestière et certaines espèces de valeur s’en trouvent menacées de raréfac-tion ou même de disparition. Elles rapprochent de nombreuses espèces de leur seuil de population critique par d’importants dommages causés à leurs habitats vitaux et par la déstabilisation des écosystèmes entiers (UICN, 1994). En cas de statu quo, ces populations continueront à régresser. En 2010, les 196 États signataires de la convention sur la diversité biologique se sont engagés à prendre des mesures efficaces et urgentes pour stopper la perte de biodiver-sité (WWF, 2016). Il s’agit de maintenir la résilience des écosystèmes afin qu’ils fournissent toujours des services essentiels. Ces mesures visent, ainsi, à garantir la varié-té des vies et contribuer au bien-être humain et à l’éradication de la pauvreté. L’accent est mis, entre autres, sur une utilisation durable des ressources. Cela consiste à utiliser des éléments constitutifs de la diversité biolo-gique de sorte à répondre aux besoins présents, sans compromettre les capacités des générations futures à satisfaire les leurs

(WWF, 2016). L’une des applications est d’utiliser les forêts à un rythme qui n’en-traîne pas leur disparition et celle des éléments constitutifs. La priorité est donnée à la conservation in situ, ceci dans le souci de ne pas soustraire les espèces au processus naturel d'évolution de leur environnement. En Côte d’Ivoire, les surfaces fores-tières qui se chiffraient à 15 millions d’hec-tares dans les années 1900, sont aujourd’hui estimées à 3 ou 4 millions d’hectares (SODEFOR, 1996). La forêt ivoirienne se trouve, ainsi, dans une situation de régres-sion drastique sous la menace principale de l’agriculture (SODEFOR, 1996). Certaines espèces courent le risque d’extinction sans avoir même été étudiées. Le pays a, ainsi, créé des aires protégées dont les forêts classées, dans l’intérêt croissant de protéger l’environnement en général, et de sauvegar-der la flore en particulier sur son territoire (UICN, 1994). Les forêts sont les lieux de ravitail-lement des populations locales pour leurs divers besoins. Leurs espèces végétales sont utilisées, entre autres, pour des besoins médicinaux et alimentaires. Les plantes médicinales demeurent encore une source importante de soins médicaux dans les pays en voie de développement comme la Côte d’Ivoire (Koné, 2005). Malgré les prouesses de la médecine moderne, la population africaine reste encore dépendante à 80 % des plantes pour des besoins en soins de santé (OMS, 2008). Ces plantes sont utilisées pour soulager diverses pathologies tant chez les hommes que chez les animaux d’élevage. Or, l’utilisation intensive de ces plantes pourrait devenir néfaste si elle dépasse le seuil de régénération soutenable par ces ressources naturelles (Mehdioui et Kahoua-dji, 2007). Plusieurs travaux ont été menés sur la forêt ivoirienne et se poursuivent encore de nos jours. Nous pouvons citer, entre autres, ceux de Bakayoko et al. (2011c) et de Adou Yao et N’Guessan (2005). Il n’y a presque pas d’études consacrées à l’état des

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peuplements de plantes d’intérêt, comme les plantes médicinales, dans les forêts classées. Les seuls travaux sur la disponibilité de ces plantes, à notre connaissance, sont ceux de Dro et al. (2013, 2014) dans les aires non protégées du nord et du sud de la Côte d’Ivoire. Il importe donc de faire l’état in situ de ces plantes en vue de leur meilleure gestion.

Cette région bénéficie d’un climat tropical chaud et humide de type subéquatorial, dominé par des précipitations abondantes. Les précipitations maximales moyennes sont de l’ordre de 426,2 mm et sont observées en juin où elles peuvent atteindre jusqu’à 450 mm de pluies. Elles se répartissent sur quatre

saisons à savoir deux saisons pluvieuses (de mars à juillet, et de septembre à décembre) et deux saisons sèches (de janvier à février, et août). La figure 2 montre le diagramme ombrothermique de la forêt classée de Yapo de 2001 à 2011.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Site de l’étude

Les travaux ont été conduits dans la forêt classée de Yapo, au sud de la Côte d’Ivoire (Figure 1). Cette forêt classée, d’une

superficie de 24 900 hectares, est située entre 5°40’02’’ et 5°47’32’’ de latitude Nord, et 3°57’02’’ et 4°11’37’’ de longitude Ouest.

Ce travail a été réalisé dans la forêt classée de Yapo, pour étudier l’état des peuplements de trois plantes médicinales dont l’efficacité anthelminthique in vitro est rapportée par Koné (2005) sur les parasites digestifs chez les petits ruminants. Ce sont Napoleonaea vogelii Hook. & Planch. (Lecythidaceae), Parinari excelsa Sabine (Chrysobalanaceae) et Sacoglottis gabonensis DC. (Humiriaceae).

Figure 1. Cartographie de la forêt classée de Yapo (Sud de la Côte d’Ivoire)

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Méthodes

Les inventaires botaniques ont été réalisés par la méthode de relevés de surface basée sur la mise en place des transects. Cette méthode a été utilisée en Côte d’Ivoire par Dro et al. (2014). Les espèces ciblées étant des ligneuses, tous les ligneux ont été inventoriés au cours des relevés floristiques. Au total, 64 placettes de 25 m x 25 m ont permis de recenser les ligneux de dbh ≥ 5 cm comme l’avaient réalisé Thiombiano et al. (2010). Les espèces ont été identifiées à l’herbier du Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire. Sur la base des inventaires réalisés, une liste floristique a été établie pour tous les relevés. Plusieurs paramètres floristiques ont été déterminés pour caractériser cette forêt et les peuple-ments des espèces médicinales ciblées. L’Indice de Valeur d’Importance (IVI) a été utilisé pour apprécier la place de

chaque espèce ligneuse dans la communauté végétale considérée (Hafling et al., 2011). Pour une espèce donnée, l’IVI est définie comme étant la somme de la densité relative (DR), de la fréquence relative (FR) et de la dominance relative (DoR) de chaque espèce. IVI = DR + FR + DoR (1)

La densité relative d’une espèce (DR) tient compte du nombre d’individus de l’espèce. La fréquence relative d’une espèce (FR) renseigne sur le nombre d’occurrences qui correspond au nombre total de placettes où cette espèce a été inventoriée. La dominance relative d’une espèce (DoR) se calcule avec l’aire basale de l’espèce considérée. Pour chaque espèce, la densité relative (DR), la fréquence relative (FR) et la dominance relative (DoR) ont été obtenues à l’aide des formules ci-après :

Figure 2. Diagramme ombrothermique de la forêt classée de Yapo 2001 à 2011 (Source, SODEXAM, 2013)

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Fréquence relative (DR) = x 100 (3)Nombre d’occurrences de l’espèces considérée

Somme totale d’occurrences de toutes l’espèces

(2)

(4)

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Ainsi, l’IVI permet de distinguer l’espèce la plus abondante, l’espèce la plus fréquente, l’espèce dominante et finalement l’espèce la plus importante dans le peuple-ment étudié. Nous avons utilisé ce paramètre parce qu’il permet de mieux exprimer l’abondance de chaque espèce inventoriée dans les relevés. Pour une espèce, l’IVI rend à la fois compte du nombre d’individus, de la fréquence et de l’aire basale. Dans cette étude, nous avons considéré que toutes les espèces ayant un IVI ≥ 10 sont les plus importantes. L’indice de Valeur d’Importance des Familles (VIF) ou Family Importance Value

Nous avons admis qu’une famille est importante lorsque VIF ≥ 10. La distribution des individus par classe de diamètres a été déterminée afin de connaître la répartition des individus jeunes et adultes. Onze classes de diamètres, à savoir [5;10[, [10;20[, [20;30[, [30;40[, [40;50[, [50;60[, [60;70[, [70;80[, [80;90[, [90;100[ et dbh ≥ 100 ont été retenues dans ce travail. Les types biologiques de Raunkier (1934) ont été également décrits pour

renseigner sur le comportement adaptatif de chaque espèce. Ces types renseignent sur la formation végétale, son origine et ses trans-formations. En effet, une structure diamé-trique en forme de J ou de J inversé caracté-rise une population à distribution régulière ; une telle population floristique est stable et capable de s’autorégénérer en l’absence des activités humaines (Nusbaumer et al., 2005 ; Bakayoko et al., 2011b).

(FIV) de Mori et al. (1983) a été, aussi, calculé pour apprécier les familles prépon-dérantes dans chaque site. Elle a permis de connaître les familles les plus importantes. Pour chaque famille, VIF est la somme de trois facteurs représentatifs des valeurs quantitatives à savoir la densité relative (DeR), la diversité relative (DivR) et la dominance relative (DoR). VIF = DeR + DivR + DoR (5)

Pour chaque famille, la densité relative (DeR), la diversité relative (DivR) et la dominance relative (DoR) ont été obtenues à l’aide des formules ci-après :

Densité relative (DeR) = x 100 (6)Nombre d’individus de la famille considérée

Somme totale de tous les individus inventoriés

Diversité relative (DivR) = x 100 (7)Nombre d’espèces de la famille considérée

Nombre total d’espèces inventoriées

Dominance relative (DeR) = x 100 (8)Somme des aires basales des individus de la famille considérée

Somme totale des aires basales des individus de toutes les familles

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RÉSULTATS

Etat des inventaires

Composition floristique et diversité des genres

La flore de la forêt classée de Yapo, telle qu’inventoriée, est composée de 174 espèces réparties en 122 genres et 50 familles. Le nombre de pieds recensés est de 3 063. Les genres Diospyros (sept espèces,

195 pieds), Chrysophyllum (six espèces, 176 pieds) et Cola (cinq espèces, 46 indivi-dus) sont les plus représentés. Ils sont suivis de Dichapetallum et Xylopia, avec quatre espèces et 29 individus chacun. Neuf genres sont représentés par trois espèces. Ce sont Baphia, Dialium, Garcinia, Memecylon, Omphalocarpum, Placodiscus, Rinorea, Strychnos et Trichilia. Treize genres sont représentés par deux espèces et 94 genres par une seule espèce.

Spectre des types biologiques

La figure 3 présente les principaux types biologiques de la forêt classée de Yapo selon les inventaires réalisés. Les Mésopha-nérophytes sont les plus prépondérantes, avec 47,99 % dont 3,62 % des Lianes.

Elle ont été suivies des Microphanérophytes (37,06 %), puis des Mégaphanérophytes (11,88 %). Les Nanophanérophytes (np) ont eu une représentation relativement faible, avec 3,07 % de l’effectif des ligneux inventoriés

Figure 3. Répartition des types biologiques dans la forêt classée de Yapo MP : Mégaphanérophytes, mP : Mésophanérophytes, mp : Microphanérophytes, np : Nanophanérophytes, Lmp : Lianes mésophanérophytes

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Importance relative des familles

Dans la forêt classée de Yapo, 11 familles sont les plus importantes, avec 2 384 individus soit 66,73 % des espèces inventoriées (Tableau 1). Ce sont dans l’ordre d’importance, les Burseraceae, les Sapota-ceae, les Meliaceae, les Olacaceae, les Euphorbiaceae, les Lecythidaceae, les Ebenaceae, les Chrysobalanaceae, Les

Humiriaceae, les Sterculiaceae et les Anno-naceae. Les Burseraceae sont les plus impor-tantes avec une valeur de VIF de 28,46 suivies des Sapotaceae (VIF = 25,88) et des Meliaceae (VIF = 22,91). Les Burseraceae (DoR = 18,38 %) sont représentées par des individus de gros diamètres et les Lecythida-ceae (DeR = 12,03 %) par un nombre élevé d’individus de faible diamètre (DoR = 5,79 %).

Tableau 1. Familles des plantes les plus importantes dans la forêt classée de Yapo. DeR : Densité relative, DivR : Diversité relative, DoR : Dominance relative, VIF : Valeur d’importance de la famille

Familles DeR DivR DoR VIF Proportion

(%)

Burseraceae 8,74 1,34 18,38 28,46 7,74

Sapotaceae 7,18 7,53 11,17 25,88 7,18

Meliaceae 7,91 4,67 10,33 22,91 7,7

Olacaceae 8,17 2,86 10,61 21,64 8,1

Euphorbiaceae 8,65 6,29 6,68 21,62 8,65

Lecythidaceae 12,03 2,57 5,79 20,39 11,03

Ebenaceae 6,37 4,74 4,58 15,69 6,37

Chrysobalanaceae 2,79 1,81 8,42 13,02 2,29

Humiriaceae 1,56 0,57 9,89 12,02 1,53

Sterculiaceae 3,79 5,34 2,9 12,03 3,79

Annonaceae 2,35 8,57 0,88 11,8 2,35

Autres (39 familles) 30,46 53,71 10,37 94,54 30,46

Total 100 100 100 300 100

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Structure diamétrique

La distribution des espèces invento-riées par classe de diamètres est régulière. Elle montre une nette dominance des petits individus (petits diamètres) par rapport aux grands arbres, et une réduction presque

constante du nombre d’une classe à la suivante (Figure 4). Une telle distribution caractérise un peuplement stable. Elle est souhaitable dans une population naturelle qui fournit des bois d’œuvre.

Importance relative des espèces

Six espèces sont les plus impor-tantes selon leur indice de valeur d’impor-tance (Tableau 2). Ce sont, dans l’ordre d’importance, Dacryodes klaineana, Carapa procera, Napoleonaea vogelii, Sacoglottis gabonensis, Strombosia glaucescens, et Parinari excelsa. Elles représentent 37,22 % des inventaires, avec 1 140 individus sur les 3 063 inventoriés. Dacryodes klaineana (IVI = 37,87) est l’espèce la plus importante. Elle est représentée par des individus de gros diamètres qui lui confèrent

une forte dominance relative (DoR = 27,75 %). Elle a été suivie de Carapa procera (IVI = 22,44), représentée par de grands arbres (DoR = 12,92). Napoleonaea vogelii (IVI = 21,51) qui a suivi, a eu un nombre élevé d’individus, d’où la valeur élevée de sa densité relative (DR = 11,03 %). Les autres espèces les plus importantes sont, dans l’ordre décroissant de leur IVI, Sacoglottis gabonensis (IVI = 18,38, Strombosia glaucescens (IVI = 11,12) et Parinari excelsa (IVI = 10,88). Les 168 autres espèces sont moins importantes, avec leur IVI ≥ 10.

Tableau 2. Indice de valeur d’importance (IVI) des espèces les plus importantes de la forêt de Yapo. DR : Densité relative; FR : Fréquence Relative; DoR : Dominance Relative; IVI : Indice de Valeur d’Importance

Espèces DR FR DoR IVI

Dacryodes klaineana 7,64 2,48 27,75 37,87

Carapa procera 7,04 2,48 12,92 22,44

Napoleonaea vogelii 11,03 2,34 8,14 21,51

Sacoglottis gabonensis 1,53 1,39 15,46 18,38

Strombosia glaucescens 4,5 2,17 4,45 11,12

Parinari excelsa 1,37 0,93 8,58 10,88

Autres (168 espèces) 66,89 88,21 22,7 177,8

Total 100 100 300 100

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Etat des peuplements de plantes anthel-minthiques ciblées

Caractéristiques des plantes médicinales ciblées

Dans la forêt classée de Yapo, ces trois plantes anthelminthiques ciblées ont représenté 13,94 % des individus inventoriés contre 86,06 % pour les autres plantes (figure 5).

Les proportions sont de 11,03 %, 1,37 % et 1,53 % respectivement pour Napoleonaea vogelii, Parinari excelsa et Sacoglottis gabonensis. Au regard de la densité absolue, N. vogelii est la mieux représentée, avec l’effectif le plus élevé (329 pieds).

Figure 4. Répartition par classe de diamètres des ligneux inventoriés dans la forêt classée de Yapo

Figure 5. Proportion des trois plantes ciblées par rapport au nombre total d’individus de la forêt classée de Yapo

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Distribution par classe de diamètres

Seuls les individus des classes de diamètres inférieures à 30 cm ([5;10[, [10;20[ et [20;30[) ont été retrouvés lors des inventaires pour Napoleonaea vogelii. La structure diamétrique est en forme de J inversée (Figure 6). N. vogelli a une distribu-tion régulière et est donc capable de régéné-rer progressivement. Son peuplement est stable.

Quant à Parinari excelsa, presque toutes les classes de diamètres ont été repré-sentées. Cependant, les proportions par rapport à l’ensemble des plantes ciblées sont très faibles (moins de 10 %). Les grands arbres (d ≥ 100) ont été rencontrés pendant les inventaires. Les classes de [5;10[ et [70;80[ n’ont eu aucun représentant. La structure diamétrique n’est pas en forme de J (Figure 7),. La distribution de cette plante est irrégulière et le peuplement instable dans la forêt de Yapo.

Figure 6. Structure diamétrique de Napoleonaea vogelii (Lecythidaceae) dans la forêt classée de Yapo

Figure 7. Structure diamétrique de Parinari excelsa (Chrysobalanaceae) dans la forêt classée de Yapo

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variés, à tel point que la physionomie recouvre une pluralité floristique. L’impor-tance relative des espèces de sous-bois comme N. vogelii montre que cette forêt est encore viable (Bakayoko et al, 2011b ; 2011c). Cette forêt a une reconstitution facile et mérite, de ce fait, une attention pour une protection plus efficace. Les familles les plus importantes selon leur VIF sont au nombre de 11. Ce sont, dans l’ordre d’importance, les Bursera-ceae, les Sapotaceae, les Meliaceae, les Olacaceae, les Euphorbiaceae, les Lecythi-daceae, les Ebenaceae, les Chrysobalana-ceae, les Humiriaceae, les Sterculiaceae et les Annonaceae. Au Bénin, des résultats similaires ont été obtenus dans plusieurs

DISCUSSION

Cette étude visait à étudier les peuplements de Napoleonaea vogelii, Pari-nari excelsa et Sacoglottis gabonensis dans la forêt classée de Yapo. Cette forêt a, d’abord, été floristiquement caractérisée. La richesse spécifique est de 174 espèces. Au regard de leur IVI, six espèces sont les plus importantes dans cette forêt. Ce sont Dacryodes klaineana, Carapa procera, Napoleonaea vogelii, Sacoglottis gabonen-sis, Strombosia glaucescens, et Parinari excelsa. Ce sont, pour la plupart, des espèces communes à toutes les forêts denses humides sempervirentes ivoiriennes (Nus-baumer et al., 2005). La forêt dense humide sempervirente est, en effet, caractérisée par un ensemble d’espèces de types biologiques

Concernant Sacoglottis gabonensis, sa distribution par classe de diamètres (Figure 8), est très irrégulière et caractéristique d’une espèce à surveiller. La structure diamétrique n’est pas en forme de J inversée. Des individus juvéniles sont en quantité très faible. Certaines classes de diamètres, telles

que [10;20[ et [70;80[, n’ont enregistré aucun individu. En plus, les individus de gros diamètres (d ≥ 100) ont été plus nom-breux que ceux des classes intermédiaires, comme par exemple, [10;20[ et [70;80[. Une telle distribution caractérise un peuplement instable et en déclin.

Figure 8. Structure diamétrique de Sacoglottis gabonensis (Humiriaceae) dans la forêt classée de Yapo

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formations végétales (Sokpon et Adjakidjé, 2001). Selon Wala et al. (2003), ces familles sont les plus dominantes des forêts tropi-cales. Les représentants arborescents de plusieurs familles dont les Humiriaceae et les Lecythidaceae ne se trouvent qu’en Côte d’Ivoire. L’importance relative de ces familles a été rapportée dans de nombreuses forêts en Côte d’Ivoire ( Bakayoko et al., 2011a; Bakayoko et al., 2011c). Les individus de classes inférieures (Juvé-niles) sont plus nombreux que ceux des classes supérieures (Adultes). Cette abon-dance des individus jeunes par rapport aux grands arbres est un espoir que la forêt classée de Yapo est capable de s’autorégéné-rer floristiquement. Dans les conditions optimales de développement, sans perturba-tions, ces jeunes plantes pourraient devenir de grands arbres et constituer ainsi une forêt primaire. La répartition des individus en classes de diamètres a révélé que la flore étudiée est stable et peut assurer sa propre régénération. Les classes de diamètres qui manquent chez certaines espèces sont com-pensées par celles des autres. C’est ce qui donne une impression globale de population stable typique des formations naturelles pouvant se renouveler par la régénération naturelle (Wala, 2004). Sambou (2004), ayant fait le même constat au Sénégal, a conclu qu’une analyse globale de la structure de la végétation cache un processus de dégradation qui affecte certaines popula-tions. La flore ligneuse de la forêt classée de Yapo telle qu’inventoriée est composée de 174 espèces réparties en 50 familles et 122 genres. Ce nombre est inférieur à celui rapporté par Corthay (1996) qui a recensé 794 espèces réparties en 97 familles et 433 genres dans cette même forêt. Cette diffé-rence serait due au nombre de relevés réali-sés ; cet auteur a, en effet, inventorié plus de la moitié de cette forêt classée, alors que nous n’avons travaillé que sur environ un quart de la superficie. Il a rapporté neuf familles relativement plus importantes.

Parmi celles-ci, figurent les Euphorbiaceae, les Apocynaceae et les Annonaceae. Ces familles sont plus prépondérantes dans d’autres forêts ivoiriennes telles que la forêt classée de Scio de la Côte d’Ivoire (Nusbau-mer et al., 2005) et certains fragments fores-tiers du Sud (Bakayoko et al., 2011b). Ce travail confirme l’importance de ces familles dans la forêt classée de Yapo comme rappor-tée par des études antérieures dans les autres forêts classées et fragments forestiers. Six espèces sont les plus impor-tantes dans cette forêt au regard de leur indice de valeur d’importance (IVI) élevé. Selon Diop et al. (2005), l’IVI d’une espèce, dépend de trois principaux paramètres. Il s’agit de la distribution homogène des individus dans les parcelles, du nombre d’individus par espèce et de l’importance des diamètres des espèces inventoriées. Dans le cas de cette étude, les espèces rencontrées n’ont pas une répartition homo-gène. Les individus sont éloignés les uns des autres. Certaines espèces ne sont représen-tées que par des populations existant par endroits. Ainsi les fréquences relatives qui traduisent ce fait sont faibles pour les espèces prépondérantes. Certains ligneux, par contre, ont un grand nombre de représen-tants. C’est le cas de Napoleonaea vogelii (DR = 11,03 %) qui a une forte densité relative. D’autres plantes sont représentées par des individus ayant un diamètre impor-tant. Ces plantes ont une dominance relative élevée ; ce sont, par exemple, Dacryodes klaineana (DoR = 27,75 %), Sacoglottis gabonensis (DoR = 15,46 %) et Carapa procera (DoR = 12,92 %). Concernant les trois espèces ciblées, cette étude a montré que N. vogelii est la plante la plus abondante et prépondérante dans la forêt classée de Yapo. Cette impor-tance est due à sa forte fréquence et à sa forte densité. Cette espèce est aussi dominante dans les forêts classées et les aires protégées du Nigéria (Onyekwelu et al., 2008) et dans la flore ligneuse du bas Delta dans le Sud-Bénin (Adjakpa et Akpo, 2008).

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Sa présence dans la flore protégée de Yapo s’expliquerait par le fait que l’espèce se développe plus vite dans les aires abandon-nées comme les jachères (Diké et Obiajunwa, 2012) ou relativement bien conservées (Bakayoko et al., 2011a). En Côte d’Ivoire, N. vogelii fait partie des espèces dominantes des 13 aires protégées dont le Parc National de Taï et celui du mont Nimba (Bongers et al., 2004). C’est une espèce de sous-bois, caractéristique de certaines formations forestières comme des forêts secondaires (Bakayoko et al., 2011c). N. vogelli est suivie de Parinari excelsa qui est représentée par des individus de gros diamètres (dbh ≥ 100). La structure diamétrique de P. excelsa n’est pas en forme de J. Cela montre une distribution irrégulière de la plante. P. excelsa n’a donc pas un peuplement stable dans la forêt de Yapo. Ces grands arbres lui confèrent une forte domi-nance. Le nombre de pieds est, cependant, relativement faible. Sachter (1968) a montré que la faible proportion de cette plante dans certaines formations forestières interpelle à la prendre en compte dans les plans de

CONCLUSION

Ce travail visait à faire l’état des peuplements, dans la forêt classée de Yapo, de trois plantes médicinales utilisées dans le traitement des parasitoses digestives chez les petits ruminants. Les inventaires floristiques ont montré que cette forêt a une flore ligneuse riche de 174 espèces réparties en 122 genres et 50 familles. Les formes biolo-giques dominant cette forêt sont les Méso-phanérophytes y compris les lianes, suivies des Microphanérophytes, puis des Mégapha-nérophytes. Onze familles et six espèces sont plus importantes. La répartition par classe de diamètres présente une structure régulière caractéristique d’une formation forestière bien conservée. Quant aux espèces anthelminthiques ciblées, Napoleonaea vogelii présente un peuplement plus stable.

Parinari excelsa et Sacoglottis gabonensis ont un peuplement instable et méritent une attention particulière pour leur conservation in situ. Comme implication, les plantes d’intérêt comme les plantes anthelmin-thiques pourraient être intégrées dans des programmes de conservation de la biodiver-sité floristique en Côte d’Ivoire. Une sensi-bilisation des populations à une utilisation rationnelle de ces espèces et la création de jardins médicinaux seraient aussi une réponse efficace à leur régression.

conservation en milieu naturel. Ce travail a aussi montré que Sacoglottis gabonensis est la moins abondante des plantes étudiées. Ce résultat diffère de celui de Adou Yao et N’Guessan (2005) qui ont rapporté que S. gabonensis est prépondérante à Guiroutou, au Sud-Ouest du Parc National de Taï. Sach-ter (1968) a, par contre, montré son impor-tance dans les forêts denses humides de la Haute Guinée. La plante a une faible multi-plication naturelle et sa régénération natu-relle n’est pas très abondante. En effet, elle se multiplie seulement par graines, en milieu naturel. Les fruits sont adaptés à une dissé-mination par les éléphants, et les graines sont fortement endommagées par les insectes (Dounias, 2012). Or, le taux de germination des graines est très faible (Siepel et al., 2004). La faible représentation de S. gabonensis pourrait s’expliquer par l’absence quasi totale des éléphants, agents disséminateurs, dans la forêt de Yapo. Cette plante mérite également une attention parti-culière et des mesures utiles pour sa conser-vation in situ.

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REMERCIEMENTS

Les auteurs remercient le Programme d’Appui Stratégique à la Recherche Scienti-fique (PASRES) pour le financement de ce travail à travers le projet n°25. Ils remer-cient, aussi, le Centre Suisse

de Recherches Scientifique (CSRS) en Côte d’Ivoire pour la mise à disposition des infrastructures, et Monsieur TERE Henry, technicien botaniste à la retraite, pour son appui à l’identification des espèces sur le terrain et au laboratoire.

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1. Université Jean Lorougnon Guédé, Unité de Formation et de Recherche en Environnement, BP 150 Daloa, Côte d’Ivoire.⃰Auteur de correspondance : [email protected], tel. 0022547323978

ÉCHELLE SPATIALE ET DYNAMIQUE DE LA FORÊT CLASSÉE DU HAUT-SASSAN-DRA (CENTRE-OUEST DE LA CÔTE D’IVOIRE) EN PÉRIODE DE CONFLITS

SPATIAL SCALE AND DYNAMIC OF HAUT-SASSANDRA CLASSIFIED FOREST (WEST CENTRAL OF CÔTE D’IVOIRE) DURING CONFLICTS PERIOD

KOUA KAN1*, BAMBA I1, BARIMA YSS1, KOUAKOU ATM1, KOUAKOU AK.1, SANGNE YC1

Résumé

L’objectif de la présente étude est de déterminer, d’une part, les changements opérés sur toute l’étendue de la Forêt Classée du Haut-Sassandra pendant la décennie de conflits et, d’autre part, la résolution spatiale optimale pour l’analyse de cette forêt. La dynamique de cette forêt a été mise en évidence par la matrice de transition obtenue après traitements numériques sur deux images satellites de 30 m de résolution spatiale chacune, couvrant ce couvert forestier. La recherche d’une échelle d’observation adéquate a été réalisée à partir d’indices de structure et de composition du paysage sur trois images de la Forêt Classée du Haut-Sassandra, de résolution spatiale différente mais prises à la même date. Les résultats ont révélé que pendant la décennie de conflits, environ 43,32% du couvert forestier ont été convertis en « Culture-jachère » (38,24%) et en « Sol nu-habitat » (5,08%). En outre, la composition et la structure de la classe « Forêt » pour les résolutions de 30 m et 10 m, sont identiques alors qu’à 5 m de résolution spatiale, on observe une régression de la proportion de cette classe et une progression de la proportion de Culture et jachère. L’utilisation d’une image de 5 m de résolution parait donc indiquée pour l’étude de cette forêt aujourd’hui sujette à une anthropisation généralisée.

Mots clés : Dynamique paysagère, Images satellites, Indice de structure spatiale, Pression anthropique, Résolution spatiale.

Abstract

The aim of this study is to determine firstly, the changes in the Haut-Sassandra classified forest during the decade of conflict and, secondly, the optimal spatial resolution for analysis of this forest. The dynamic of this forest were shown by the transition matrix processing on two satellite images, covering the forest with a resolution of 30 m. The adequate observation scale was done through landscape composition and configuration indices on three images of the Haut-Sassandra Classified Forest with different spatial resolution taken the same day. The results showed that during the decade of conflict, approximately 43.32% of forest cover were converted to "Crop-fallow" class (38.24%) and "bare soil-habitat" (5.08%). Additionally the composition and the structure of "Forest" class at the resolutions of 30 m and 10 m, are similar while at 5 m spatial resolution, a regression was observed in the proportion of this class and progression proportion of Crop and fallow. The use of an image of 5 m spatial resolution therefore seems appropriate for the study of this forest subject widespread anthropi-zation.

Keywords : Landscape dynamics, Satellite imagery, Index of spatial structure, Anthropogenic pressure, Spatial resolution.

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MÉTHODOLOGIE

Description de la zone d’étude

Située au centre-ouest de la Côte d’Ivoire, la FCHS est localisée entre 6°52’ et 7°24’ de latitude nord et 6°54’ et 7°05’ de longitude ouest (Figure 1). Cette forêt protégée

appartient, dans sa majeure partie, à la zone de forêt dense humide semi-décidue à Celtis spp. et Triplochiton scleroxylon du secteur mésophile (Guillaumet et Adjanohoun, 1971). Du fait des activités anthropiques anthropiques intenses dans cette forêt,

INTRODUCTION

En Afrique, la perte annuelle nette de la superficie forestière est estimée à 5,3 millions d’hectares (FAO, 2001). Cette diminution du couvert forestier africain est plus importante dans les pays forestiers d’Afrique occidentale (Inoussa et al., 2013) dont la Côte d’Ivoire qui, de 16 millions d’hectares de couverture forestière à la fin du 19 e siècle (Aké-Assi et Boni, 1990) se retrouve à 2,7 millions d’hectares de forêt à la fin du 20 e siècle (Païvinen et al., 1992). Cette disparition du couvert forestier ivoirien est due en grande partie à l’agricul-ture industrielle qui nécessite le défriche-ment de grandes surfaces forestières et à l’exploitation forestière de type minier. Elle se serait accentuée à la faveur de la décennie de conflits armés qu’a connus la Côte d’Ivoire (N’Goran, 2010 ; Kouakou et al., 2015). En effet, les conflits armés entrainent l’abandon de la gestion des forêts qui, en plus d'être des zones d’exploitations agricoles et de grumes se transforment parfois en champ de bataille et camps de réfugiés (Shuku, 2003). Localisée au centre-ouest de la Côte d’Ivoire, la Forêt Classée du Haut-Sassandra (FCHS) échap-pant à l’autorité gouvernementale pendant une décennie de conflits (2002-2012), aurait été massivement infiltrée par des clandes-tins. Kouakou et al. (2015) ont montré que, dans la partie nord de cette forêt protégée, le taux annuel de déforestation pendant la période de conflit s’élevait à 5 % et que 13 % des espèces végétales recensées dans cette partie de la forêt avant le début du conflit auraient disparu à la fin dudit conflit.

Par ailleurs, la forêt tropicale humide est constituée d'un assemblage d'uni-tés élémentaires différentes formant des surfaces imbriquées, dont la discrimination par télédétection, surtout dans un contexte d'anthropisation du milieu, reste toujours complexe (Puig, 2001). Ainsi, les états de surfaces en milieu tropical humide exigent une approche multiscalaire afin de contrôler, de comprendre et de prévoir leur comporte-ment (Oszwald, 2005). Cette approche permet d’appréhender un territoire sous de multiples approches statistiques et mathéma-tiques. L’étude des paysages en général, et des couvertures forestières en particulier, à travers l’approche multiscalaire est suscitée pour diverses raisons dont celle d’identifier des échelles optimales afin de faciliter l’ana-lyse de certains phénomènes. En Côte d’Ivoire, l’analyse à changement d’échelle réalisée par Oszwald (2005) au niveau de la FCHS a montré qu’au-delà de 100 m de résolution spatiale, les classes « Forêt dense » et « Forêt dégradée» se confondent. Dans un contexte d’intensification de l’anthropi-sation qu’aurait subi la FCHS en période de conflit armé (Kouakou et al, 2015), l’étude de cette forêt domaniale par l’approche multiscalaire s’avère judicieuse dans l’exploration d’une échelle d’observation spatiale reflétant au mieux la réalité du terrain. L’objectif de cette étude est donc, d’une part, de caractériser la dynamique de la végétation de la FCHS pendant la décen-nie de conflit armé et, d’autre part, de définir une résolution spatiale optimale pour l’ana-lyse efficiente d’un espace forestier sous forte pression anthropique.

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d’autres types de végétation sont apparus à savoir des forêts dégradées, des jachères et des champs (Oszwald, 2005 ; Kouakou et al., 2015). Cette forêt est marquée par un climat humide à deux saisons dont une

La population vivant autour de la FCHS est composée d’autochtones et d’allogènes. La population autochtone est essentiellement constituée de Niaboua et de Niédéboua. La population allogène comprend des Ivoiriens (Baoulé, Agni, Sénoufo, Malinké, Guéré,

Données satellitaires utilisées

La présente étude a nécessité l’utili-sation de données satellitaires, de matériel pour la collecte de données sur le terrain

(description des sites visités, localisation et photographies des sites décrits) ainsi que de logiciels pour le traitement de l’ensemble de

Gouro, Wobé), ainsi que des ressortissants des pays voisins (Guinée, Burkina Faso, Mali et Ghana). Les populations riveraines de cette forêt s’adonnent à l’agriculture de subsistance mais également à la culture de rente telle que la culture du cacao et du café.

saison de pluie et une saison sèche. Apparte-nant à la région des glacis de l’ouest ivoirien (Avenard et al., 1971), la FCHS présente un sol de type ferralitique remanié.

Figure 1. Localisation de la Forêt Classée du Haut-Sassandra en Côte d’Ivoire

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Analyse de la dynamique spatio-tempo-relle de la Forêt Classée du Haut-Sassandra

La dynamique de la végétation de la FCHS a été étudiée à partir de deux images satellitaires multispectrales LANDSAT à savoir LANDSAT 7 ETM+ (2002) et LANDSAT 8 OLI TIRS (2013), de 30 m de résolution spatiale chacune. Le traitement numérique de ces images a débuté par l’extraction de la zone d’étude de la scène entière grâce au logiciel ENVI 4.3. Cette manipulation a consisté d’abord à digitaliser le contour de cette zone d’étude dont le fichier a été enregistré sous forme de fichier vecteur à extension EVF. Ensuite, la zone d’étude associée comme une zone d’entrai-nement (‘Region of interest’ ou ROI) de la scène entière, nous avons extirpé cette zone d’étude de la scène entière en prenant soin de masquer les pixels qui lui sont extérieurs. À la suite de cette manipulation, nous avons procédé à la composition colorée de la zone d’étude extraite dans le but d’avoir une

synthèse d’informations en vue de faire une bonne discrimination des types de formations végétales. La composition colorée de l’image LANDSAT 7 ETM+ retenue est la combinaison des bandes spectrales 4-5-3. Les caractéristiques spectrales de ces bandes facilitent la discrimination des différents types de végétation (Chatelain, 1996 ; Girard et Girard, 1999 ; Oszwald, 2005). Quant à la composition colorée de l’image Landsat 8 OLI TIRS, la combinaison s’est faite avec les bandes 5-4-3 qui, sont analogues du point de vue des caractéristiques spectrales aux bandes 4-5-3 de Landsat 7 ETM+. Le choix des parcelles de contrôle pour la vérité terrain a été fait en tenant compte de l’acces-sibilité et de la représentativité de toutes les classes de végétation définies par l’affichage en fausse couleur des images satellitaires. Pour les besoins de cette étude, nous avons défini quatre classes d'occupation du sol à partir d’informations provenant de la littérature concernant la zone d’étude (Oszwald, 2005 ; Kouakou et al., 2015) mais

ces données. Au total, six (6) images ont été utilisées (Tableau 1) : deux images multis-pectrales issues des capteurs LANDSAT 8 OLI TIRS (2013) et LANDSAT 7 ETM+ (2002) de 30 m de résolution spatiale ; une image multispectrale du capteur SPOT HRG de 10 m de résolution et trois images

panchromatiques du même capteur dont deux possédant une résolution de 5 m et la dernière d’une résolution de 2,5 m. Les images panchromatiques utilisées sont des découpes couvrant le nord, le centre et le sud de la zone d’étude.

Tableau 1. Caractéristiques des images utilisées

Capteurs Date d’acquisition Identité de la scène Résolution(m)

LANDSAT ETM+ 13/12/2002 1980552002347EDC00 30

LANDSAT OLI TIRS 19/12/2013 1980552013353LGN00 30

SPOT HRG 28/12/2013 50453351312281033402J 10

SPOT HRG 23/12/2014 50453361401071040552A0 5

SPOT HRG 23/12/2014 5045335 1401071040472A0 5

SPOT HRG 23/12/2014 50453361401071040552T0 2,5

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aussi de nos observations de terrain. Il s’agit des classes « Forêt », « Culture et jachère », aussi de nos observations de terrain. Il s’agit « Eau » et « Sol nu et habitat ». Une classifi-cation supervisée à partir de l’algorithme du maximum de vraisemblance a été réalisée à partir de ces classes. Des mesures de préci-sion obtenues à travers la matrice de confu-sion (coefficient kappa et précision globale) ont permis de vérifier la performance de chacune des images classifiées avant leur validation. Par la suite, les changements au sein des types d’occupation du sol de la zone d'étude, pendant la période définie, ont été mis en évidence grâce à une matrice de

Détermination des effets du changement de résolution spatiale sur la composition et la structure du paysage

La discrimination par télédétection des unités de base de la forêt dense humide, surtout dans un contexte d'anthropisation du milieu, reste toujours complexe (Puig, 2001). Contrairement à une image de basse résolution dans laquelle un pixel peut regrouper plusieurs objets de référence, donc ne permettant pas d’observer les détails les plus fins, une image de haute résolution permet de visualiser un objet de référence à partir de plusieurs pixels individuels. Cette tendance a guidé notre choix d’étudier la dynamique de la FCHS en partant de 30 m de résolution à 10 m puis à 5 m de résolution spatiale. Ainsi, des images satellitaires de la FCHS de dates, de période saisonnière proches mais de résolution spatiale diffé-rente ont été choisies afin de comparer rigoureusement les processus ayant lieu sur une même zone et, trouver la résolution spatiale appropriée quantifiant au mieux les superficies des classes d’occupation du sol. Quatre images satellitaires prove-nant de SPOT dont une, multispectrale et de 10 m de résolution (2013) et, trois images panchromatiques (2014) dont deux de 5 m de résolution et une de 2,5 m de résolution ont été utilisées. Aussi, associée à ces quatre

images, une image multispectrale provenant de LANDSAT 8 OLI TIRS (2013) a été utilisée. Les résolutions spatiales que nous avons retenues pour cette étude sont 30, 10 et 5 m. Pour ce faire, l’image panchroma-tique couvrant le centre de la FCHS, a subi un rééchantillonnage de résolution spatiale le faisant passer de 2,5 m à 5 m de résolution par la méthode du plus proche voisin. À partir des trois images panchromatiques, nous avons effectué des découpes (trois au total : nord, centre, sud) respectivement sur chacune des images multispectrales. La classification supervisée à partir de l’algo-rithme de distance minimum a été préférée pour le traitement de toutes les découpes car contrairement à celle du maximum de vraisemblance, elle n'a besoin que d'une seule bande pour le traitement. La distance Euclidienne entre chaque pixel ainsi que les vecteurs moyens de chaque classe sont calculés dans cette méthode de classification et, les pixels sont affectés à la classe la plus proche. En dépit de la simplicité de cette approche, les performances sont bonnes (Richards, 1985). Trois classes d’occupation ont été retenues pour la classification des images

transition. Il s’agit d’une matrice carrée décrivant de manière condensée, les change-ments d’état des éléments d’un système pendant une période donnée (Schlaepfer, 2002). Les traitements post-classifications se sont achevés par les étapes d’amélioration du rendu cartographique des résultats de classification (suppression des pixels isolés, homogénéisation des classes et le filtrage) et d’habillage cartographique, qui ont permis d’obtenir les cartes d’occupation du sol de la FCHS de 2002 et 2013. Le traitement des images a été réalisé à l’aide des logiciels ENVI 4.3 et les cartes ont été faites dans ArcGis 9.3.

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(« Forêt », « Sol nu et habitat » et « Culture et jachère ») afin de caractériser les dégrada-tions dissimulées sous forêt. Après la classi-fication de toutes les découpes, les propor-tions des superficies des classes d’occupa-tion du sol de chacune des découpes ont été déterminées. Ensuite, trois tests statistiques ont été effectués sur les données de superfi-cies des classes d’occupation avec le logiciel STATISTICA 7.1. Le test de Shapiro-Wilk avait pour objectif de vérifier si les observa-tions suivent une distribution normale. L’analyse de variance (ANOVA à un facteur) a permis de mesurer l’effet du changement de résolution sur les proportions des types d’occupation du sol tandis que le test de Fisher dit LSD (pour Least Square différence)

RÉSULTATS

Cartes d’occupation du sol de la FCHS et évaluation

Les traitements numériques des

images multispectrales ont permis d’obtenir les cartes d’occupation du sol de l’année 2002 et de l’année 2013 (Figure 2).

a servi pour déterminer les différences signi-ficatives entre les moyennes des proportions des types d’occupation du sol retenus. En ce qui concerne l’effet du chan-gement d’échelle d’observation spatiale sur la structure du paysage de la FCHS, diffé-rents indices de structure spatiale ont été calculés pour chacune des découpes aux différentes résolutions spatiales considérées. Il s’agit du nombre de taches par classe, de l’aire des taches, du périmètre, de la domi-nance et de la dimension fractale. L’interpré-tation des transformations spatiales opérées suite au changement de résolution au niveau des classes s’est faite en s’appuyant sur l’arbre de décision de Bogaert et al. (2004).

Figure 2. Cartes d’occupation du sol dans la Forêt Classée du Haut-Sassandra en 2002 (A) et 2013 (B)

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A B

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Après le conflit, l’observation de ces cartes indique globalement une régression de la surface de la classe « Forêt » contrairement à la classe « Culture et jachère » qui a gagné en surface. Les changements opérés (en pourcentage) entre les différentes classes d’occupation du sol entre 2002 et 2013 ont été mis en évidence à travers la matrice de transition effectuée entre ces deux dates (Tableau 2). Ainsi, la classe « Forêt» qui occupait une proportion de 90,93 % du paysage en 2002 est passée à 49,76 %

Évolution de la proportion moyenne de la superficie des classes d’occupation du sol à différentes résolutions spatiales

Dans l’ensemble, la composition du paysage de la FCHS est influencée par la variation de la résolution spatiale (Figure 3). Au niveau de la classe « Forêt», cette varia-tion résulte du changement de résolution spatiale (test univarié de significativité, p < 0,01). Cependant, les superficies moyennes de « Forêt» à 30 et 10 m de résolution sont statistiquement identiques (Test LSD de Fisher, p > 0,05). A l’opposé, la superficie moyenne de « Forêt » à 10 m (56,17 %) est nettement supérieure à celle de la « Forêt » à 5 m de résolution (28,48 %). De même, pour la classe « Culture et jachère », la superficie moyenne varie en fonction du changement

d’échelle varie en fonction du changement d’échelle d’observation (Test LSD de Fisher, p < 0,01). La proportion de la superficie d’observation (Test LSD de Fisher, p < 0,01). La proportion de la superficie moyenne de cette classe à 30 m (14,71 %) est inférieure à celle de 10 m de résolution (32,45 %) qui est à son tour nettement inférieure à celle observée à 5 m de résolu-tion (66,57 %). Au niveau de la classe « Sol nu et habitat », les proportions de cet type d’occupation du sol à 30 et 5 m de résolution sont également influencées par la variation de la résolution spatiale (p < 0,05) tandis que les proportions de cette même classe sont identiques lorsqu’on passe de 30 à 10 m de résolution spatiale et de 10 à 5 m de résolu-tion spatiale (p > 0,05).

en 2013. Aussi, le taux de « Culture et jachère » qui représentait 5,86 % du paysage en 2002 est passé à 42,18 % en 2013. Entre 2002 et 2013, la classe « Sol nu et habitat » qui constituait 2,04 % du paysage est passée à 6,89 %. Quant à la classe « Eau », elle est restée intacte entre les deux périodes. Dans l’ensemble, les taux d’occupation des classes « Culture et jachère » et « Sol nu et habitat » ont considérablement augmenté aux dépens de la classe « Forêt » entre 2002 et 2013.

Tableau 2. Matrice de transition de l’occupation du sol (en pourcentage) entre 2002 et 2013

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2013

Forêt Culture et jachère Sol nu et habitat Eau Total général

Forêt 47,59 38,24 5,08 0,02 90,93

2002 Culture et jachère 1,84 3,70 0,32 0,00 5,86

Sol nu et habitat 0,33 0,24 1,44 0,03 2,04

Eau 0,00 0,00 0,05 1,12 1,17

Total général 49,76 42,18 6,89 1,17 100,00

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Figure 3. Proportions dans le paysage de la superficie moyenne des classes d’occupation du sol à différentes résolutions spatiales. Les histogrammes surmontés de la même lettre représentent les proportions moyennes qui ne sont pas statistique ment différentes (ANOVA, p > 0.05).

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A

B

C

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Évolution des indices de structure en fonction de la résolution spatiale

La plupart des mesures au niveau de la structure sont sensibles aux changements de la résolution spatiale (Figures 4 et 5). En effet, à mesure que la résolution devient fine, le nombre de taches des classes d’occupation du sol augmente. Le nombre total moyen de taches de « Forêt » qui était de 205 taches à 30 m de résolution est passé à 9289 taches à 5 m. De 382 taches à 30 m de résolution, le nombre total moyen de taches de « Culture et jachère » est passé 4294 taches à 5 m de résolution. Quant à la classe « Sol nu et habi-tat », le nombre total moyen de taches de cette classe est passé de 452 à 4024. Par ailleurs, de 30 à 5 m de résolution, le périmètre total moyen des taches de « Culture et jachère » et « Forêt» augmente et passe respectivement de 323000 m à 2595000 m et, de 693000 m à 2168000 m.

Au contraire, celui de la classe « Sol nu et habitat » connaît une progression de 30 à 10 m de résolution suivi d’une régression de 10 à 5 m de résolution. Les aires totales moyennes des taches des classes « Forêt» et « Sol nu et habitat » diminuent parallèlement à la hausse de la résolution contrairement à l’aire totale moyenne des taches de la classe « Culture et jachère ». Pour ce qui est de la proportion de l’aire de la plus grande tache (dominance), celle de la classe «Forêt» dimi-nue à mesure que la résolution devient fine à l’opposé de celle de la classe « Culture et jachère » qui augmente. Quant à la domi-nance de la plus grande tache au niveau de la classe « Sol nu et habitat », elle diminue lorsqu’on passe de 30 à 10 m de résolution puis augmente de 10 à 5 m de résolution. Enfin, la dimension fractale moyenne des taches des classes diminue lorsqu’on passe de 30 à 5 m de résolution.

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A

B

Figure 4. Évolution des indices de composition du paysage (A, B, C) par classe en fonction de la résolution spatiale.

C

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DISCUSSION

Dynamique d’occupation du sol entre 2002 et 2013

La classification de l’image de la FCHS avant le début des conflits en 2002 révèle que cette forêt classée était dominée par la forêt (90,93 % de la superficie de la FCHS). Les classes anthropiques au sein de la FCHS (« Culture et jachère » et « Sol nu et habitat ») ne représentaient que 7,9 % de la superficie totale de la FCHS, insinuant ainsi que l’infiltration de cette forêt classée aurait démarré bien avant la période de conflit (N’Guessan et al., 2003 ; Oszwald, 2005). Les résultats obtenus sur toute l’étendue de la FCHS confirment les travaux de Kouakou et al. (2015) qui se sont déroulés uniquement dans la partie nord de la forêt. Ces travaux ont révélé que la partie nord de la FCHS avant la succession des crises politico-mili-taires, était occupée par 94,9 % de « Forêt » contre environ 5 % d’espace dégradé. Deux facteurs que sont la délimitation des enclaves de cette aire ainsi que la surveil-lance effective de celle-ci par les agents forestiers, pourraient expliquer la domi-nance de la forêt dense à cette date. En effet, la bonne délimitation physique des enclaves par la Société de Développement des Forêts (SODEFOR) ainsi que la présence des agents

de surveillance dissuadaient les populations qui seraient tentés d’installer des plantations au sein de la forêt (Oszwald et al., 2003). À cette époque, les zones anthropisées, moins importantes, observées à l’intérieur de la forêt étaient dues certes à l’exploitation agricole, mais majoritairement à l’exploitation forestière légale (Kouamé et al., 1998). Les petites exploitations agricoles disséminées çà et là dans la FCHS seraient favorisées par la présence d’axes routiers reliant les enclaves situées à ses deux extré-mités, ainsi que des pistes créées par l’exploitation forestière. Cette observation corrobore les résultats de Mertens et Lambin (2000) selon lesquels l'accessibilité des zones forestières, en fonction de la qualité et de la densité du réseau routier, reste un facteur important dans la conversion des forêts tropicales.Pendant cette décennie de conflits, environ 43,32% de « Forêt » ont été converties respectivement en « Culture et jachère » (38,24% sur les 43,32%) et en « Sol nu et habitat » (5,08% sur les 43,32%). Cette dégradation avancée de la forêt se justifierait par l’absence des agents de surveillance qui ont été mobilisés sur les différents fronts militaires pendant les crises, d’où une infiltration massive des populations au sein de la FCHS (Kouakou et al., 2015).

Effet du changement de résolution spatiale sur la composition du paysage

Cette étude révèle globalement une dominance des zones anthropisées en termes de proportion dans le paysage au profit de la « Forêt » à mesure que la résolution spatiale devient fine. Ce constat est plus proche des observations de terrain. Cependant, il faut noter que le changement d’échelle d’obser-vation de 30 à 10 m et de 10 à 5 m n’influence pas la proportion de la classe « Sol nu et habitat ». L’invariabilité de la proportion de cette classe à ces intervalles de résolutions pourrait s’expliquer par le fait

que ces résolutions sont en deçà du seuil auquel où on observe une perte d’informa-tions radiométrique et géographique. En effet, selon les travaux d’Oszwald (2005), la perte d'informations entraînée par la dégra-dation de la cohérence spatiale de la classe « Sol nu et habitat » se fait surtout dès le passage à une résolution de 60 mètres. A l’opposé, le changement d’échelle d’obser-vation de 30 à 5 m de résolution influence la proportion de la classe « Sol nu et habitat ». Cette influence pourrait être due à un écart

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Effet du changement de résolution spatiale sur la structure du paysage

L’observation de la FCHS en passant d’une résolution grossière de 30 m à une résolution plus fine à 5 m révèle au niveau de la classe « Forêt » une augmenta-tion du nombre de taches ainsi qu’une dimi-nution de l’aire totale moyenne des taches, indiquant une fragmentation des taches de cette classe (Bogaert et al., 2004 ; Barima et al., 2009). Néanmoins, la transformation spatiale observée pour cette classe aux inter-valles de résolution de 30-10 m et 10-5 m est la dissection, dénotant ainsi d’un degré d’an-thropisation atténué. Ce constat est sans doute due au fait que les processus au sein d’un paysage se déroulent à des échelles spatiales et temporelles spécifiques (Benson et Mackenzie, 1995). En effet, une structure différente peut émerger lorsque la résolution spatiale d’analyse est modifiée car les paysages sont engendrés par des processus qui se produisent à différentes échelles spatiales et temporelles (Benson et Macken-zie, 1995). La classe « Sol nu et habitat » est caractérisée par une

fragmentation de ces taches à toutes les échelles d’observations. Aussi, l’augmenta-tion du nombre de taches couplée à celle de l’aire totale moyenne au niveau de la classe « Culture et jachère » aux différentes résolu-tions spatiales citées indiquent une création de taches dans cette classe. Ces transforma-tions au niveau de ces classes sont appuyées par la dominance, qui est en baisse pour les classes de « Forêt dense » et « Sol nu et habi-tat », mais en hausse pour la classe « Culture et jachère » quand la résolution devient fine. À l’exception de la classe « Forêt», les trans-formations observées dans la structure des classes « Sol nu et habitat » et, « Culture et jachère » lorsqu’on passe d’une résolution à une autre, sont statiques. Ce résultat pourrait être dû au sens dans lequel le changement de résolution a été effectué. En effet, les chan-gements qualitatifs et quantitatifs dans les mesures à travers les résolutions spatiales vont différer selon la façon dont la résolution est définie (Turner et al., 1989).

de résolution spatiale trop grand entre ces images, que ne pourrait pas combler l’image 30 m de Landsat 8 OLI TIRS par sa bonne résolution radiométrique. Par ailleurs, les travaux de Turner (1989) révèlent que les types d’occupations non dominantes dans le paysage ont tendance à diminuer à mesure que la résolu-tion spatiale devient grossière. Ce résultat supposerait que les types d’occupations dominantes dans le paysage à une résolution grossière pourraient diminuer au profit de ceux non dominants lorsque la résolution

devient fine. En effet, les types d’occupa-tions non dominantes sont engloutis par les dominants lorsque la résolution est gros-sière, ce qui n’est pas le cas pour une résolu-tion spatiale fine où, il est possible d’obser-ver plus clairement les types d’occupations non dominantes engloutis auparavant (Zhang et al., 2008). Cette hypothèse expli-querait les résultats dans lesquels la classe « Forêt », dominante dans le paysage à 30 m de résolution, diminue en proportion à 5 m de résolution au profit de la classe « Culture et jachère » qui, était moins dominante à 30 m de résolution spatiale.

appartient, dans sa majeure partie, à la zone de forêt dense humide semi-décidue à Celtis spp. et Triplochiton scleroxylon du secteur mésophile (Guillaumet et Adjanohoun, 1971). Du fait des activités anthropiques anthropiques intenses dans cette forêt,

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CONCLUSION

La présente étude qui s'inscrit dans le contexte de l'utilisation de la télédétection pour mettre en évidence l'anthropisation de paysages forestiers en période de crises, a permis de montrer que les conflits armés sont un facteur majeur de dégradation des formations naturelles en général et des forêts en particulier. La Forêt Classée du Haut-Sas-sandra, site de la présente recherche, a subi les conséquences néfastes de la décennie deconflit armé en Côte d’Ivoire. Entre 2002 et 2013, environ 43,32% de « Forêt » ont été converties en « Culture et jachère » (38,24%) et en « Sol nu et habitat » (5,08%). Cette importante anthropisation serait due à l’absence des gestionnaires de cette aire protégée pendant la période des conflits. Par ailleurs, la résolution spatiale s’avère importante dans l’analyse de la composition et la structure d’une forêt soumise aux pressions anthropiques. Le changement d’échelle d’observation, de l’échelle grossière à l’échelle fine, indique une progression des superficies des zones dégradées (« Culture et jachère », et « Sol nu et habitat ») et une

REMERCIEMENTS

La présente étude s’inscrit dans le cadre du projet GEOFORAFRI intitulé “Dynamiques Paysagères et Produits Fores-tiers Non ligneux (DYNAPAY-PFNL)”, financé par le Fonds Français pour l’Envi-ronnement Mondial (FFEM) avec l’appui technique de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD, France). Elle a aussi bénéficié du soutien du Programme d’Appui

Stratégique à la Recherche Scientifique (PASRES) et de l’Académie des Sciences, des Arts, des Cultures d’Afrique et des Dias-poras Africaines (ASCAD). Le bon déroule-ment des travaux au sein de la Forêt Classée du Haut-Sassandra a été possible grâce à la collaboration avec la Société de Développe-ment des Forêts (SODEFOR).

régression de la superficie de la « Forêt » à mesure que la résolution devient fine. La composition et la structure de la classe « Forêt» pour les résolutions de 30 et 10 m, sont identiques. Ainsi, la résolution spatiale 10 m ne résoudrait donc pas la quantification des cultures sous ombrages, problème rencontré avec l’utilisation d’une image de 30 m. Par ailleurs, à 5 m de résolution spatiale, on observe une régression de la proportion de cette classe et une progression de la proportion de « Culture et jachère », insinuant ainsi que la proportion supplémen-taire de « Culture et jachère » obtenue pour cette résolution serait celle non quantifiable à 30 et 10 m de résolution. Par une approche multiscalaire, la présente étude définit la résolution spatiale 5 m comme opportune pour l’étude d’un paysage hétérogène et fragmenté comme la FCHS. Cependant l’association des informations de texture aux traitements radiométriques pourrait permettre d’améliorer l'exactitude des classi-fications supervisées et la cartographie des modes d'occupation des sols, en particulier la reconnaissance des zones en friche.

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1. Unité de Formation et de Recherche en Agroforesterie, Université Jean Lorougnon Guédé, BP 150 Daloa, Côte d’Ivoire.2. Agence Nationale de Développement Rural (ANADER) BP V183 Abidjan. Côte d’Ivoire.*Auteur de correspondance : [email protected], tel : +225 07 58 72 09,

EFFET DE DIFFÉRENTES FUMURES SUR LA CROISSANCE ET LA PRODUCTIVITÉ DU RIZ (Oryza sativa L. var. CB-One).

EFFECT OF DIFFERENT FERTILIZERS ON THE GROWTH AND PRODUCTIVITY OF RICE (Oryza sativa L. var. CB-One).

BOYÉ MAD1, KOULIBALY A1*, SOKO DF1, N’DJORÉ KJC1, KOUADIO YJ1, YODÉ T EG2

Résumé

Cette étude comparative a pour but d'évaluer et de comparer l'influence de la fertilisation minérale et organique sur la croissance et la productivité de la variété de riz CB-one. L'engrais minéral a été appliqué à raison de 50 Kg/ha (NPK) et 100 Kg/ha (Urée) contre 10 000 Kg/ha d’amendement organique: la fiente de poulet. La comparaison de sept caractères végétatifs et agronomiques, issus des deux types de traitement, a montré que l'action de la fiente de poulet est plus efficace que celle de l'engrais minéral. En effet, la fiente de poulet a permis d’avoir un nombre élevé de talles au bout de 56 jours qui était de 14,89 ± 4,44 talles contre 9,70 ± 2,12 talles pour l’engrais minéral NPK. La hauteur moyenne des talles est de 99,76 ± 11,56 cm avec la fiente de poulet contre 74,37 ± 8,87 cm pour l’engrais minéral NPK. En outre, les plantes traitées avec la fiente de poulet produisent beaucoup plus de grains (en moyenne 138,33 grains/plante). Le meilleur rendement en terme de production de grains est également obtenu avec la fiente de poulet soit 1 720 Kg/ha contre 1 140 kg/ha pour l’engrais miné-ral NPK. Par ailleurs, la détermination du taux de matière sèche des grains a montré que ce taux est plus élevé chez les plantes traitées avec la fiente. En revanche, il n’existe pas de différence significative au niveau de la longueur moyenne des panicules pour les deux types de fumure. La fumure organique demeure cependant, le fertilisant de choix, à recommander pour assurer une meilleure production agricole du riz.

Mots clés : Agriculture, Fertilisation, Riziculture, Rendement paddy, Sécurité alimentaire.

Abstract

This comparative study aims to evaluate and compare the influence of mineral and organic fertilization on the growth and productivity of the CB-one rice variety. The mineral fertilizer was applied at a rate of 50 kg / ha (NPK) and 100 kg / ha (urea) against 10000 kg / ha of organic amendment: chicken droppings. The comparison of 7 vegetative and agronomic characters from both types of treatments showed that the action of organic fertilizer is more effective than NPK mineral fertilizer. Chicken droppings resulted in a high number of tillers at 56 days, which was 14.89 ± 4.44 tillers; against 9.70 ± 2.12 tillers for the NPK. With the chicken droppings the average tiller height is 99.76 ± 11.56 cm compared to 74.37 ± 8.87 cm for the NPK mineral fertilizer. In addition, plants treated with chicken droppings produce much more seeds (on average 138.33 seeds / plant). The best yield in terms of seed production is also obtained with chicken droppings, like 1720 kg / ha compared to 1140 kg / ha for NPK. Moreover, the determination of the dry matter content in the seeds showed that this rate is higher in the plants treated with the droppings. On the other hand, there is no significant difference in the average length of panicles for both types of fertilization. Organic fertilizer remains, however, the fertilizer of choice, to be recommended to ensure improved agricultural production of rice.

Key words : Agriculture, Fertilization, Rice production, Paddy yield, Food security.

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MATÉRIEL ET MÉTHODES

Zone d’étude

La ville de Daloa, qui est le chef-lieu du Département et de la région du Haut-Sas-sandra, est située au centre-ouest de la Côte d'Ivoire entre le 6°53’ de latitude Nord et

6°27’ de longitude Ouest (Figure 1). Elle est située à 140 km de la capitale politique, Yamoussoukro. Le site d’étude est un bas-fond choisi dans la région de Daloa, de coordonnées 06°52’54’’ N et 06°29’20,7’’ W.

Matériel végétal

Le matériel végétal utilisé est constitué des semences de Oryza sativa var. CB-One. C’est une variété de riz qui a un

cycle de 4 mois pouvant atteindre une hauteur moyenne de 1 m avec 1 t/ha comme rendement moyen. Cette variété de riz a été

INTRODUCTION

Même si les questions environne-mentales et surtout celles de la conservation des ressources naturelles sont d’actualité (Manyong, 1996 ; Koulibaly et al., 2010a), il n’en demeure pas moins que l’utilisation des terres pour répondre aux besoins de l’alimentation des peuples est nécessaire (Ducroquet, 2002 ; Koulibaly et al., 2010b). Face à la démographie galopante au niveau mondiale, les enjeux de l’agriculture répondent au double objectif de nourrir chaque individu mais également d’améliorer la production agricole (Boyé et al., 2015). Le riz (Oryza sativa L.) est la princi-pale denrée alimentaire de près de la moitié de la population mondiale et constitue la source majeure d'énergie, aussi bien pour les populations des zones urbaines que celles des zones rurales (Ojo et al., 2009). Il devient de plus en plus l’aliment de préfé-rence des populations africaines. En Côte d’Ivoire, le riz est aujourd’hui, la première céréale consommée avec 58 Kg/habitant/an (FAO, 2016). La culture du riz couvre une superficie totale de 510 000 ha dont 95 % en condition pluviale (CNRA, 2016). Cepen-dant, la production annuelle de 600 000 tonnes de riz, est en dessous des besoins estimés à 1 500 000 tonnes et cela oblige l’Etat ivoirien à recourir à des importations massives estimées, en 2014, à 952 600 tonnes (ONDR, 2014). De nombreuses

contraintes expliquent ce faible niveau de production. Parmi celles-ci, la prédominance du système pluvial, les maladies surtout parasitaires et la baisse de la fertilité des sols due à la réduction de la durée de la jachère (El Asmar, 2011). Cette situation a emmené les paysans à choisir entre autres solutions, l’application d’engrais pour améliorer la production de riz car la fertilisation miné-rale permet de compenser les carences en azote, en phosphore et en potassium (Kouli-baly et al., 2016). Le manque d’information sur l’utilisation des engrais chimiques, la cherté des engrais et le stress hydrique du riz sont autant de facteurs qui amènent les paysans à utiliser de faibles quantités d’engrais en riziculture pluviale de plateau (Gala et al., 2007). Parmi les techniques de fertilisation, l’on peut également citer l’utilisation de fertilisants organiques comme l’association avec des légumi-neuses, le compost, les engrais verts, la fiente de volaille (Gnahoua, 1997 ; Akanza et Yoro, 2003). La détermination du type de fertilisant le plus rentable pourrait constituer une solution certaine pour répondre à la problématique de la sécurité alimentaire. Notre étude a pour objectif de déterminer les effets de deux types de fumures, l’une miné-rale et l’autre organique, sur la production de riz. Plus spécifiquement, nous évaluerons (1) la croissance et le développement des plants de riz et (2) le rendement, en fonction du type de fumure utilisé.

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Fertilisants utilisés

Le matériel fertilisant est composé de deux types d'amendement. Une fumure organique, la fiente de poulet (Gallus gallus L. var. warren) provenant d’une ferme avicole du village de Zakoua, dans la région

de Daloa. La fiente produite a été mise en tas, puis séchée à la température ambiante. Une fumure minérale qui est le N-P-K 12-22-22 associé à de l’urée vendus dans le commerce.

Dispositif expérimental

Le dispositif expérimental est un bloc complètement randomisé de pousses de riz, avec trois répétitions constituées de parcelles élémentaires de 2,5 m × 5 m. Un traitement correspond à une parcelle

élémentaire contenant sept lignes de 19 plantes chacune. Les parcelles élémentaires consécutives sont distantes de 1 m. Le témoin ne subit pas de traitement (sans fertilisant) avec le même dispositif.

Méthode de sélection des semences et mise en place de la pépinière

Elle a débuté d’abord avec la sélec-tion des semences par la méthode de flottai-son qui consiste à verser les semences dans

un seau et à compléter par de l’eau. Le contenu du seau a été ensuite remué plusieurs fois à la main pour faire émerger

choisie pour son arôme et son goût. Oryza sativa est d’origine asiatique et se distingue en deux variétés : - O. sativa var. indica est originaire de l’Asie Tropicale et est un riz de bas-fonds. Il se caractérise par un fort tallage, des feuilles

longues et fines, des grains longs et fins.- O. sativa var. japonica est originaire de la zone tempérée et subtropicale de l’Asie et est caractérisé par un tallage moyen, des feuilles assez courtes et fines, à grains courts et ronds.

Figure 1. Carte administrative de la Côte d’Ivoire. A) Localisation de la Région du Haut-Sassandra la ville de Daloa et B) du site de l’étude (Daloa). Source : modifiée à partir de la carte de The World Gazetter, http://www.world-gazetteer.com/s/s_ci.htm

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A B

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les grains vides et immatures. Tous les éléments flottants ont été éliminés. Les semences recueillies ont été conservées pendant 24 h dans un autre récipient plein d’eau pour permettre leur réhydratation, puis les semences réhydratées ont été conservées dans des sacs couverts de pailles et à l’abri des rongeurs, des volailles et des insectes. Au bout de 72 heures, les semences ont présenté des points blancs indiquant la sortie de la radicule. Cette méthode est suivie par

Préparation de la parcelle

Elle débute par un désherbage des casiers à la machette suivi de l’incinération de la biomasse coupée. Les points de drainage et les trous faits dans les diguettes ont été bouchés. La parcelle a été labourée deux fois : Au premier labour, la parcelle a été mise sous eau pendant cinq jours et un drainage a été fait le jour du labour et chaque parcelle élémentaire devant recevoir la fiente a été traitée avec une dose de 20 kg à raison de 10 t / ha avant le repiquage. La parcelle a été mise une deuxième fois sous eau jusqu’au deuxième labour intervenu deux semaines après le premier. L’engrais de fond NPK (12-22-22) à la dose 50 kg /ha a été appliqué aux parcelles élémentaires excepté les parcelles élémen-taires contenant la fiente et les parcelles témoins. La parcelle a été planée pour assu-rer une meilleure gestion de l’eau.Repiquage du riz en ligne

La parcelle a été ensuite sarclée tous les 7 jours jusqu’à ce que la sarcleuse ne puisse plus passer à cause de la multiplica-tion des talles. Le sol est maintenu sous forme de boue fluide pendant le repiquage. Les plantules ont été arrachées à la main et seules les plus vigoureuses sont repiquées. Les lignes de bases ont été d’abord mises en place. Ce sont des cordes étalonnées avec des écartements de 20 à 25 cm sur les lignes et 20 à 25 cm entre les lignes. Les plantules ont été repiquées à raison de 1 à 3 (1 ou 3) brins par poquet à une profondeur de 2 à 3 cm pendant 10 à 20 jours après les semis. Après le repiquage, la parcelle est restée sans eau pendant sept jours puis une mise d’eau a été effectuée à une hauteur de 1 à 2 cm. A partir de la montaison, le niveau d’eau est monté à 4 ou 5 cm au-dessus du sol. La parcelle est vidée de son eau, 15 jours avant la récolte.

la mise en pépinière qui consiste à faire des planches rectangulaires de 1,20 m x 1 m x 0,5 m. Les surfaces ont été ensuite aplanies pour éliminer l’excès d’eau. Le semis a été réalisé à la volée de façon homogène. La quantité de semence de CB -one utilisée a été de 100 g. Les semences ont été couvertes avec de la terre et ensuite de la paille pendant trois jours. Après le semis, la pépinière a été arrosée régulièrement deux fois par jour.

Méthodes d’échantillonnage

On entend par panicule fertile les panicules qui contiennent des épillets qui ont atteint leur maturité. Pour mener notre étude, 35 poquets ont été choisis arbitrairement par parcelle élémentaire pour la mesure de la croissance en hauteur des plantes et aussi pour le dénombrement des talles des plants de riz. Dix poquets ont été sélectionnés dans les différentes parcelles élémentaires pour la

mesure de la longueur des panicules, la détermination du nombre total de panicules par poquet, le dénombrement des grains par panicule et la mesure du poids moyen des grains par panicule. Le poids paddy ou rendement grain a été obtenu en récoltant chaque parcelle lorsque 85-90% des pani-cules étaient matures. Ensuite, les panicules

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Analyse des données

Les données ont été analysées à l'aide du logiciel STATISTICA 7.1. Pour chacun des paramètres considérés, une com-paraison des moyennes entre les différents traitements a été faite à travers l'analyse de la variance (ANOVA). Lorsqu'une différence significative est observée entre les traite-ments pour un caractère, l'ANOVA est com-

plétée par un test post-hoc (test de rang multiple, α = 0.05, TUKEY) pour savoir quelles sont les paires de groupes pour lesquelles les différences sont significatives. Différentes lettres (a, b, c) indiquent les différences statistiquement significatives entre les groupes.

RÉSULTATS

Effets des fertilisants sur la croissance et le développement des plants

Effet des fertilisants sur le nombre de talles

Le nombre moyen de talles qui était de : 2,67 ; 2,15 et 1,38 talles au 14ème jour respectivement pour la fiente, l’engrais minéral et le témoin est passé à 14,89 ; 9,7 et 7,55 talles au 56ème jour. En plus, on constate qu’il y a un tallage actif entre le

21ème jour et le 42ème quel que soit le traitement. L’analyse statistique du nombre de talles montre une différence très haute-ment significative (P < 0,05). La fiente de poulet et l’engrais minéral NPK provoquent un tallage important du riz .Cependant, le nombre de talles obtenu avec la fiente de poulet est supérieur à celui obtenu avec l’engrais minéral durant tout le cycle végéta-tif (Tableau 1).

ont été séchées, battues et vannées. Les rendements ou poids paddy à l'hectare ont été déterminés. Enfin, le rendement à l'hectare

a été obtenu en extrapolant le rendement parcellaire.

Tableau 1. Valeurs moyennes du nombre des talles du riz CB-one suivant le temps et en fonc tion du type de fumure.

Temps (jour) Nombre de talles F P

Fiente Engrais minéral Témoin

Jour 14 2,67± 0,88 a 2,15 ± 0,81 b 1,38 ± 0,61 72,33 ˂ 0,05

Jour 21 4,64 ± 1,80 a 3,36 ± 1,00 b 2,62 ± 0,93 63,79 ˂ 0,05

Jour 28 8,14 ± 3,12 a 5,15 ± 1,60 b 3,63 ± 1,50 113,75 ˂ 0,05

Jour 35 11,14 ± 4,02 a 7,42 ± 2,02 b 5,04 ± 1,98 122,51 ˂ 0,05

Jour 42 13,6 ± 4,40 a 8,19 ± 1,94 b 5,99 ± 1,96 179,30 ˂ 0,05

Jour 49 14,44 ± 4,50 a 8,98 ± 2,09 b 7,06 ± 2,09 158,91 ˂ 0,05

Jour 56 14,89 ± 4,44 a 9,704 ± 2,12b 7,55 ± 2,09 156,76 ˂ 0,05

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P : valeur de signifiance, α <0,05; les lettres a, b, c indiquent les groupes statistiques; sur la même ligne, les moyennes portant les mêmes lettres ne diffèrent pas significativement au seuil de 5%.

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Effet des fertilisants sur le nombre de panicules par poquet

L’action des fertilisants sur le nombre de panicules est effective. Cette action est plus forte avec la fiente qu’avec

l’engrais minéral comparativement au témoin (Figure 2). En effet, la fiente de poulet et l’engrais minéral ont favorisé une production importante de panicules et de panicules fertiles par poquet.

Effet des fertilisants sur la croissance en hauteur du riz

La fiente de poulet et l’engrais minéral ont favorisé une croissance impor-tante en hauteur des talles. En effet, la hauteur moyenne des talles qui était de 35,11 cm et 33,33 cm respectivement pour la fiente de poulet et l’engrais minéral contre 29,14 cm pour le témoin au 14ème jour atteint 99,76 cm et 74,37 cm contre 64,81 cm au 56ème jour. Cependant, l’effet de la fiente

reste supérieur à celle de l’engrais minéral. L'analyse statistique montre une différence hautement significative entre les valeurs de la croissance en hauteur du riz d'un traite-ment à l'autre (P < 0,05). La hauteur des talles avec la fiente de poulet et l’engrais minéral est significativement supérieure à celle du témoin. Aussi, il y a une différence significative entre l’action de la fiente et celle de l’engrais minéral NPK. Les plus grandes plantes ont été obtenues avec la fiente, durant tout le cycle végétatif (Tableau 2).

Tableau 2. Valeurs moyennes de la taille des talles du riz CB-one suivant le temps et en fonction du type de fumure.

Temps (jour) Hauteur des talles (cm) F P

Fiente Engrais minéral Témoin

Jour 14 2,67± 0,88 a 2,15 ± 0,81 b 1,38 ± 0,61 c 72,33 ˂ 0,05

Jour 21 51,83±6,47a 44,49 ±7,33b 40,33 ± 6,16c 79,83 ˂ 0,05

Jour 28 62,72±8,34a 50,76 ±6,45b 44,96 ± 7,24c 157,94 ˂ 0,05

Jour 35 76,05±8,92a 64,43 ±6,25b 54,47 ± 7,69c 206,47 ˂ 0,05

Jour 42 87,56±11,08a 70,33 ±6,48b 61,02 ± 8,21c 245,79 ˂ 0,05

Jour 49 93,26±11,03a 73,23 ±7,51b 62,69 ± 8,77c 297,56 ˂ 0,05

Jour 56 99,76±11,56a 74,37 ±8,87b 64,81 ± 9,71c 335 ˂ 0,05

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P : valeur de signifiance, α <0,05; les lettres a, b, c indiquent les groupes statistiques; sur la même

ligne, les moyennes portant les mêmes lettres ne diffèrent pas significativement au seuil de 5%.

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Figure 2. Nombre moyen de panicules (A) et de panicules fertiles (B) par poquet en fonction des traitements. NMP/P = Nombre Moyen Panicules/Poquet et NPF = Nombre de Panicules Fertiles.

Figure 3. Effet des traitements sur la longueur moyenne des panicules

LMP = Longueur Moyenne des Panicules

Les effectifs ont été respectivement de 14 panicules et de 12 panicules fertiles par poquet, pour le fertilisant fiente de poulet. Les niveaux les plus faibles ont été obtenus avec le témoin dont le nombre moyen de panicules a été de 6 et de panicules fertiles de 4. Toutefois, l’effet de la fiente est resté supérieur à celui de l’engrais minéral. L’analyse statistique a montré une différence significative entre le nombre moyen de pani-cules par poquet. Cette différence est haute-ment significative pour les trois traitements (P < 0,05). L’engrais minéral NPK et la fiente ont un effet significativement supé-rieur au témoin sur le nombre de panicules par poquet. Cependant, un nombre plus

élevé de panicules est obtenu avec la fiente.Effet des fertilisants sur la longueur moyenne des panicules On note un effet positif de la fiente et de l’engrais minéral sur la longueur moyenne des panicules. Cependant, cet effet est sensi-blement identique pour les deux traitements. Elle est de 22,9 cm pour la fiente contre 21,9 cm pour l’engrais minéral (figure 3). L’ana-lyse statistique montre aussi que pour la longueur des panicules, la fiente et l’engrais minéral NPK ont une différence très haute-ment significative avec le témoin (P<0,05). Cependant, il n’existe pas de différente significative entre l’action de la fiente avec celle de l’engrais minéral.

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Figure 4. Effet des traitements sur le nombre (A) et le poids (B) moyens de grains par panicules. NMG/P : Nombre Moyen de Grains par Panicule et PMG/P : Poids Moyen de Grains par Panicule.

Poids moyen de grains par panicule

Les fertilisants ont eu un effet positif sur le poids moyen de grains par panicule. Les valeurs moyennes ont été de 5,6 g ; 3,9 g et 2,69 g comme poids moyen de ces grains respectivement pour la fiente, l’engrais minéral et le témoin (figure 4). L’analyse statistique a révélé qu’une différence hautement

significative est observée entre les traite-ments (P < 0,05). La fiente de poulet permet d'obtenir des grains avec un poids plus élevé (5,9 g) et donc un meilleur rendement à l'hectare (Figure 4), tandis que les panicules provenant des parcelles traitées avec l’engrais minéral NPK contiennent des grains de poids moins élevé (3,9 g) mais significativement supérieur au témoin.

Effet des fertilisants sur le rendement

Effet des fertilisants sur le nombre moyen de panicules fertiles par poquet

Pour le nombre de panicules fertiles, une différence hautement significative est observée d'un traitement à l'autre. La fiente de poulet permet d'obtenir plus de panicules fertiles par poquet que l’engrais minéral qui est cependant, significativement supérieur au témoin (Figure 2).

Nombre moyen de grains par panicule

Les fertilisants ont eu un effet positif

sur le nombre de grains par panicule. Ce nombre moyen a été de 138,4 ; 127,1 et 89,9 grains respectivement pour la fiente, l’engrais minéral et le témoin (figure 4). L’analyse statistique a révélé une différence hautement significative entre les valeurs (P < 0,05). Pour ce caractère, les valeurs diffèrent d'un traitement à l'autre. La fiente de poulet permet d'obtenir plus de grains par panicule à l’hectare (Figure 4). Le nombre moyen de grains par panicule sous traite-ment à l’engrais minéral NPK reste cepen-dant significativement supérieure à celle du témoin.

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DISCUSSION

Il apparaît que la fumure organique améliore les caractères agronomiques du riz en comparaison avec la fumure minérale. Le nombre de talles avec la fiente est supérieur à celui de l’engrais minéral NPK de 5 talles en moyenne au 56ème jour d’application. La fiente de poulet combine l’amélioration des propriétés des sols par ses propriétés colloï-dales et la minéralisation des éléments nutri-tifs. Cette matière organique stimule ainsi le développement des racines, condition indis-pensable pour une bonne absorption des éléments nutritifs présents dans le sol. Ceci rejoint l’idée selon laquelle la matière orga-nique, est le meilleur fertilisant de base (Cissé, 1988 ; Giller et al., 2002). Ces résul-tats s'expliquent également par la teneur en azote des fertilisants dont l'incorporation dans les différentes structures cellulaires telles que les bases azotées, les protéines de structures et les protéines enzymatiques est nécessaire à la mise en place des membranes (Kra, 2002 ; Dauda et al., 2009). La hauteur des plantes observées dans la parcelle traitée avec la fiente (99,76 ± 11,56 cm) est supérieure à celle des plantes issues de la parcelle traitée avec l’engrais NPK (74,37 ± 8,87 cm) et à celle du témoin (64,81 ± 9,71 cm). La fiente a un effet plus fort que l’engrais NPK sur la hauteur des talles au 56ème jour. Les éléments nutritifs rendus suffisamment disponibles au fil du temps dans le sol sont efficacement utilisés par les plantes culti-vées (Ojetayo et al., 2011). Les effets du fertilisant minéral NPK seraient liés à la libération rapide des éléments fertilisants (Le Villio et al., 2001, Koulibaly et al., 2016). En effet, la matière organique joue un rôle important dans le sol et s’avère favo-rable à la croissance des micro-organismes qui induisent une activation de la solubilisa-tion des éléments nutritifs (Lemaire, 1993). La faible croissance des plants de riz dans la parcelle témoin peut être attribuée aux carac-téristiques du sol et serait lié au pH, à la

toxicité et aux déficiences en nutriments tels que Ca, Mg, P, K, B et Zn (Mukalay et al., 2008; Kasongo, 2013). Les longueurs moyennes des panicules sont les mêmes quel que soit le traitement appliqué. Les valeurs de la longueur des panicules obtenues après les deux traitements sont supérieures à celles obtenues avec le témoin. Ce résultat peut être imputable au deuxième apport de l’urée, précisément tout juste avant l’initiation pani-culaire. L’apport rapide d’un engrais orga-nique commercial à minéralisation, à l’initiation paniculaire, peut induire un rendement élevé (Fabre et al., 2005 ; Mouret et al., 2009). L’évaluation des effets des fertilisants a révélé un effet significatif sur le nombre de panicules. Le nombre moyen de panicules par poquet est plus élevé avec la fiente qu’avec l’engrais minéral NPK. Ces résultats sont en corrélation positive avec le nombre de talles. Les besoins en nutriments des plantes fertilisées avec la fiente de poulet sont couverts durant tout le cycle de produc-tion car la fiente procure une alimentation progressive des plantes en éléments nutritifs, au fur et à mesure de la minéralisation. Ceci explique que le nombre de talles et le nombre moyen panicules par poquet soient plus élevés avec la fumure organique. Le nombre moyen de grains par panicule est plus élevé avec la fiente qu’avec l’engrais NPK. La fiente permet d’obtenir plus de grains par panicule avec en moyenne 138,33 grains contre 127,06 grains pour l’engrais minéral NPK. Ces nombres sont significativement plus élevés que celui du témoin. Dauda et al. (2009) ont noté une augmentation du nombre de graines suite à l'application de la fiente de poulet sur les pousses de melon d’eau Citrullus lanatus (Thunb.) Matsum & Nakai. Le poids des grains est plus élevé chez les plantes fertili-sées avec la fiente de poulet (6,53 g) qu’avec l’engrais NPK (4,89 g) et le témoin (3 g). En outre, les fruits sont plus lourds avec la fiente de poulet. Des corrélations positives

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entre le poids des fruits et le nombre de graines ont également été signalées pour la pastèque, Citrullus lanatus (Nerson, 2002). L’amélioration de la production en grains est attribuée à l'amélioration des conditions physiques et biologiques du sol. En effet, celles-ci affectent la croissance des cultures, la minéralisation de l'azote ainsi que sa disponibilité (N'Dayegamiye et Côté, 1996). Par ailleurs, l’apparition de plusieurs techniques innovantes pour améliorer le

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CONCLUSION

L’amélioration de la production agricole passe par la détection de moyens techniques efficace. Cette étude de compa-raison de fertilisants montre dans la majorité des cas, que le fertilisant organique utilisé qui est la fiente de poulet, a amélioré 7 caractères végétatifs et agronomiques de la variété de riz CB-one. La fiente de poulet améliore considérablement la croissance et

le développement des pousses de riz et augmente le rendement. Nos travaux montrent également que l’amendement organique est plus efficace que l'engrais minéral sur tout le cycle du riz. La fiente de poulet étant accessible à faible coût, elle peut être recommandée pour la production durable du riz.

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1. Laboratoire de Botanique, U.F.R. Biosciences, Université de Félix Houphouët Boigny, 22 B.P. 582 Abidjan, Côte-d’Ivoire2. Centre Suisse de Recherches Scientifiques (CSRS), 01 B.P. 1303 Abidjan 01, Côte d’Ivoire3. UFR Sciences de la Nature, Université Nangui Abrogoua, 02 B.P. 801 Abidjan 02, Côte d'Ivoire 4. Laboratoire Biochimie-Microbiologie, UFR Agroforesterie, Université Jean Lorougnon Guédé, B.P. 150 Daloa, Côte d'Ivoire*Auteur de correspondance : [email protected]. Tel : (00225) 78 26 19 67

ÉVALUATION DE L’ACTIVITÉ ANTIBACTÉRIENNE ET ÉTUDE PHYTOCHIMIQUE DE 10 PLANTES MEDICINALES A STATUT DE CONSERVATION NON ÉVALUÉ DE LA

CÔTE D’IVOIRE

EVALUATION OF ANTIBACTERIAL ACTIVITY AND PHYTOCHEMICAL STUDY OF 10 MEDICINAL PLANTS WITH NON ASSESSED CONSERVATION STATUS FROM CÔTE

D'IVOIRE

YAO AC1,2*, ANGAMAN DM4, KONÉ MW2,3*, KAMANZI K1,2

Résumé

Cette étude a été réalisée sur 10 plantes médicinales qui entrent dans la confection de remèdes traditionnels utilisés pour le traitement de diverses infections d’origine bactérienne en Côte d’Ivoire. Elle a permis d’évaluer l’activité antibactérienne de ces espèces végétales sur trois souches cliniques et de référence de Escherichia coli par les méthodes de diffusion en milieu gélosé, de microdilution en milieu liquide et de déterminer leurs compositions phytochimiques par chromatographie sur couche mince. Les résultats ont révélé que tous les extraits éthanoliques sont efficaces sur les trois souches de E. coli avec des CMI comprises entre de 312 et 39 µg/ml. Parmi tous ces extraits, celui de Thonningia sanguinea est le plus prometteur (CMI = 156-39 µg/ml). Les extraits actifs contiennent des composés phénoliques, terpéniques et des alcaloïdes. Les plantes actives pourraient jouer un rôle dans le traite-ment des maladies causées par E. coli. La forte activité antibactérienne observée chez les 10 espèces végétales confirme leur valeur pour la conservation. L’abondance in situ de ces plantes doit être évaluée en vue de leur conservation.

Mots clés : Plantes médicinales, Activité antibactérienne, Escherichia coli, Phytochimie, Statut non évalué, Côte d’Ivoire.

Abstract

This study was carried out on 10 plant species used in Côte d’Ivoire for the treatment of bacte-rial infections. The study had evaluated the antibacterial activity against three clinical and collection strains of Escherichia coli using the diffusion method on agar plates and microdilution in liquid medium. The active extracts were furthermore investigated for phytochemicals using thin layer chromatography. The results revealed that all the ethanol extracts of the 10 plant species were effective against E. coli, with MIC ranging from 312 to 39 μg/ml. The extract of the entire plant of Thonningia sanguinea was the most promising (MIC = 156-39 μg/ml). The active extracts contained phenolic compounds, terpenes and alkaloids. The active plants may play a role in the treatment of infectious diseases caused by E. coli. The high antibacterial activity observed for the 10 plant species confirmed their conservation value. The abundance of these plants must be evaluated for their conservation.

Keywords : Medicinal plants, Antibacterial activity, Escherichia coli, Phytochemistry, Non assessed status, Côte d’Ivoire

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INTRODUCTION

Les maladies infectieuses et parasi-taires sont très fréquentes dans les pays en développement et constituent un véritable problème de santé publique (Bourgeois, 1999; OMS, 2006). Parmi les infections d’origine bactérienne fréquentes dans ces pays, figurent celles provoquées par Escherichia coli. Ces maladies sont entre autres la diarrhée, les infections urinaires, les infections de la peau et les douleurs abdominales. Les infec-tions urinaires sont, par ordre de fréquence, la première des maladies infectieuses non épidémiques. Elles touchent aussi bien les adultes que les nouveaux nés (Boni et al., 2014). Selon les estimations de l’Organisa-tion Mondiale de Gastroentérologie, les maladies diarrhéiques ont causé en 2008 entre 1,4 et 2,5 millions de décès. Elles se situent parmi les causes de mortalité les plus importantes chez les enfants dans les pays en développement (WGO, 2008; UN, 2011). Les traitements disponibles ne sont pas toujours efficaces à cause du phénomène de résistance observé chez de nombreux microor-ganismes pathogènes dont Escherichia coli. D’ailleurs, une étude réalisée en Côte d’Ivoire entre 2000 et 2011 par Moroh et al. (2014) a montré que de nombreuses bacté-ries comme E. coli ont développé une multi-résistance aux antibiotiques. Il convient donc de trouver des alternatives efficaces et

accessibles à partir de produits naturels. Les plantes médicinales constituent une source potentielle de molécules actives contre les germes multirésitants. De plus, ces plantes sont encore largement utilisées par les popu-lations pour leurs besoins de santé dans les pays en voie de développement tels que la Côte d’Ivoire où le système de santé moderne est encore faiblement développé (Konan, 2012). On estime qu’aujourd’hui, 80% de la population dans le monde utilisent encore les plantes médicinales pour se soigner (Adiukwu et al., 2011; Jigam et al., 2011). L’utilisation massive et la récolte destructive des organes de ces plantes ligneuses ou herbacées augmentent le risque d’extinction de plusieurs plantes médici-nales (Pareek et Trivedi, 2011; Zerabruk et Yirga, 2012; Chen et al., 2016). De plus, avec la destruction massive des formations végétales, la biodiversité végétale s’en trouve considérablement diminuée (Palomo, 2011). Cette étude se propose de montrer la valeur de 10 espèces végétales de la flore ivoirienne à travers l’évaluation de leur activité antibactérienne sur trois souches de E. coli et une analyse phytochimique quali-tative. Les informations disponibles sur le statut de conservation de ces plantes selon l’IUCN (2017) ont été compilées en vue d’identifier des pistes d’actions.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Sélection des espèces végétales

Les 10 espèces végétales testées (tableau 1) ont été sélectionnées sur la base des enquêtes ethnomédicales menées à M’Batto et de la littérature. Les organes de ces plantes médicinales ont été récoltés dans

différentes régions de la Côte d’Ivoire (Figure 1). Au Centre-Est, à M’Batto, plusieurs organes de six espèces végétales ont été prélevés au Centre, à Kpokahankro (Bouaké), divers organes de deux plantes ont été prélevés au Sud, à Adiopodoumé (Abidjan).

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Détermination du statut de conservation des plantes cibles

A l’occasion des enquêtes ethnomé-dicales effectuées pour recenser les espèces végétales utilisées dans le traitement des infections d’origine bactérienne (diarrhée, infections de la peau, douleurs abdominales,

linfections urinaires), l’avis des enquêtés sur la disponibilité de ces plantes médicinales a été recueilli. Par ailleurs, les statuts de conserva-tion des 10 espèces végétales selon IUCN (2017) ont été recherchés.

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Tableau 1 : Espèces sélectionnées pour les tests antibactériens F: feuilles, Et : Ecorce du tronc, Er : Ecorce des racines, Ple : plante entière,NE : non évalué, VU: vulnérable

Espèces végétales Famille Nom vernaculaire

en Agni

Organe utilisé

Indications thérapeutiques

Statut UICN

Alchornea cordifolia (Schum. & Thonn.) Müll. Arg.

Euphorbiaceae Djéca F Diarrhée et douleurs abdominales

NE

Borreria verticillata

Rubiaceae inconu Et Infections de la peau

NE

Mezoneuron benthamianum Baill

Ceasalpianiaceae Akobowé Er Diarrhée sanglante et douleurs abdominales

NE

Nesogordonia papaverifera (A. Chev.) R. Capuron

Sterculiaceae Ehia Et Diarrhée sanglante

Vu

Paullinia pinnata L

Sapindaceae Trodi Er Diarrhée sanglante

NE

Phyllanthus muellerianus (Kuntze.) Exell

Euphorbiaceae Essron’djin Er Infections urinaires

NE

Solenostemon graniticola A.Chev.

Lamiaceae N’zissirolo F Diarrhée NE

Terminalia catappa L.

Combretaceae Et Infections de la peau

NE

Thonningia sanguinea Vahl

Balanophoraceae Assiéyiba Ple Diarrhée NE

Voacanga africana Staph

Apocynaceae Kpatchiékpatchié Er Diarrhée NE

(L.) G. Mey

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Préparation des extraits bruts

Les organes végétaux (racines, tiges, feuilles) des 10 espèces végétales sélectionnées ont été récoltés, séchés à l’ombre, puis broyés au moulin. Les extraits bruts ont été préparés en mélangeant 10 g de poudre à 100 ml d’éthanol 90 %, sous

agitation mécanique pendant 24 h. Après filtration, les extraits ont été concentrés à l’évaporateur rotatif puis lyophilisés. Ces 10 extraits éthanoliques obtenus ont été utilisés pour la réalisation des tests antibactériens et les analyses phytochimiques qualitatives.

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Figure 1 : Carte de la Sous-préfecture de M’Batto montrant la zone d’étude (Source : BNETD / CCT, 2012)

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Evaluation de l’activité antibactérienne

Pour l’évaluation de l’activité antibactérienne, leurs différentes solutions mères ont été préparées à partir de 30 mg d’extraits bruts dissous dans 1 ml de Dimé-thylsulfoxyde (DMSO). Pour les solutions mères d’antibiotiques (tétracycline et gentamycine), une solution de 1 mg/ml, préparée dans de l’eau distillée a été utilisée. L’évaluation de l’activité antibacté-rienne a été faite selon la méthode utilisée par Koné et al. (2004). Elle a consisté dans un premier temps à réaliser un test de sensi-bilité de E. coli aux extraits végétaux par la méthode de diffusion en milieu gélosé. Deux souches cliniques (E. coli 18564 et E. coli 713) provenant de l´Institut Pasteur de Côte d’Ivoire et une souche de référence ATCC 25922 ont été utilisées pour les différents tests. Dans chaque puits creusé dans l’agar de Mueller-Hinton préalablement ensemen-cé avec un inoculum de chaque souche, sont déposés 50 µl de solution d’extrait à 5000 µg/ml. Les boîtes de Pétri ont été incubées à 37 ºC pendant 18 heures. Après l’incubation, les diamètres d’inhibition ont été mesurés à l’aide d’une règle graduée. Seuls les extraits

ayant un diamètre d’inhibition supérieur à 12 mm ont été retenus pour la détermination des concentrations minimales inhibitrices (CMI) et bactéricides (CMB). La détermination de la CMI a été faite par la méthode de microdi-lution en milieu liquide dans des microplaques à fond en « U ». Des dilutions allant de 2500 à 5 µg/ml pour les extraits végétaux et de 25 à 1 µg/ml pour les antibiotiques ont été effectuées dans du bouillon de Mueller-Hin-ton en appliquant une dilution de raison 2. Puis 50 µl d’inoculum (106 bactéries/ml) sont ajoutés à chaque puits. L’incubation a été faite à 37 ºC pendant 18 heures. Après la lecture à l’œil nu des CMI, les CMB ont été déterminées à partir des dilutions 10-1, 10-2, 10-3 et 10-4 de l’inoculum initial et des puits sans croissance bactérienne. L’ensemence-ment a été fait sur des stries de 5 cm et l’incubation à 37 °C pendant 18 heures. La CMB est la plus petite concentration d’anti-biotique laissant 0,01 % ou moins de survi-vants de l'inoculum initial. L’extrait est bactéricide lorsque le rapport CMB/CMI ≤ 4 ou bactériostatique pour un rapport CMB/C-MI > 4. Seuls les extraits ayant donné un CMI ≤ 312 µg/ml ont fait l’objet des investi-gations phytochimiques.

Etudes phytochimiques

Les analyses phytochimiques quali-tatives ont été réalisées par chromatographie sur couche mince (CCM) sur une plaque de silicagel 60 F254 (phase stationnaire) avec comme phase mobile, le mélange CHCl3-MeOH-H2O (65 : 35 : 5 v/v/v) (Lister et Hancock, 1988; Diallo et al., 2004; Ghedadba et al., 2014). Ces analyses ont permis de caractériser les composés chimiques présents dans ces extraits actifs à l’aide de divers réactifs spécifiques. La solution éthanolique d’AlCl3 (chlorure d’aluminium) à 5 % (m/v), a permis de caractériser les flavonoïdes (tâches jaunes) et les lactones sesquiterpéniques

(fluorescences de diverses couleurs à 366 nm parfois lentes à apparaître). Le réactif de Godin qui est polyvalent a mis en évidence plusieurs composés après chauffage et obser-vation dans le visible et à 366 nm (Wagner et Bladt, 1984). Les coumarines (fluorescences vertes à 366 nm), les tanins (coloration noire dans le visible), les anthraquinones (tâches rouges) et les anthrones (tâches jaunes) ont été caractérisés respectivement avec l’acé-tate de plomb, le chlorure de fer et l’hydroxyde de potassium. Le réactif de Dragendorff est spécifique aux alcaloïdes (tâches orange dans le visible). Le réac-tif de Folin-Ciocalteu a mis en évidence

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Résultats

Statut de conservation des 10 plantes

Les tradipraticiens révèlent qu’au-jourd’hui avec la destruction de la forêt dans leur localité, la plupart des plantes ciblées sont devenues rares. Par exemple, il est aujourd’hui difficile de récolter Thonningia sanguinea dans les sous-bois des forêts de la région visitée. Le statut de conservation des 10 plantes testées sur liste rouge de l’Union Inter-nationale pour la Conservation de la Nature (IUCN, 2017) indique que Nesorgordonia

papanifera est une espèce végétale vulné-rable. Le statut des neuf autres plantes n’est pas encore évalué (tableau 1).

Activités antibactériennes

Tous les dix extraits végétaux, testés à la concentration de 5000 µg/ml sur les trois souches d’E. coli, se sont montrés actifs avec des diamètres d’inhibition variaient entre 9 et 20 mm (Tableau 2).

lampe UV, les rapports frontaux (Rf) des différentes tâches observées sont calculés selon la formule suivante :

les polyphénols (tâches bleues) après chauf-fage et observation dans le visible. Avant et après observation à la lampe

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Distance parcourue par le solvant

Distance parcourue par le composé Rf =

Tableau 2 : Diamètres d’inhibition (mm) des extraits végétaux testés

Espèces végétales Organes végétaux

Diamètres d’inhibition (mm)

E. coli 713 E. coli 18564 E. coli ATCC 25922

Alchornea cordifolia Feuilles (F) 12 12 0

Borreria verticillata Ecorces du tronc (Et) 12 11 9

Mezoneuron benthamianum

Racines (Er) 0 15 11

Nesogordonia papaverifera

Ecorces du tronc (Et) 13 13 10

Paullinia pinnata Racines (Er) 12 13 10

Phyllanthus muellerianus

Racines (Er) 12 12 9

Solenostemon graniticola

Feuilles (F) 15 15 12

Terminalia catappa Ecorces du tronc (Et) 10 15 15

Thonningia sanguinea

Plantes entière 16 18 15

Voacanga africana Racines (Er) 16 20 20

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Neuf extraits sont efficaces sur E. coli 18564, 8 sur E. coli 713, et 4 sur E. coli

ATCC 25922. Les CMI de ces extraits actifs sont comprises entre 39 µg/ml et 312 µg/ml (tableau 3).

Tableau 3 : Pouvoir antibactérien des espèces végétales sur les trois souches de E. colind: non déterminé, CMI: concentration minimale inhibitrice, CMB: concentration minimale bactéricide, PvA : pouvoir antibactérien, Antb: antibiotique, F : feuilles, Et : Ecorce du tronc, Er : Ecorce des racines, Ple : plante entière

Espèces végétales Organes végétaux

Bactéries

E. coli 18564 E. coli 713 E. coli ATCC 25922

Alchornea cordifolia

F CMI CMB

2500 nd

312 1250

nd nd

PvA (CMB/CMI) nd Bactéricide (4) nd

Borreria verticillata

Et CMI CMB

nd nd

312 2500

nd nd

PvA (CMB/CMI) nd Bactériostatique (8) nd

Mezoneuron benthamianum

R CMI CMB

312 1250

nd nd

nd nd

PvA (CMB/CMI) Bactéricide (4) nd nd

Nesogordonia papaverifera

Et CMI CMB

312 625

1250 nd

nd nd

PvA (CMB/CMI) Bactéricide (2) nd nd Paullinia pinnata R CMI

CMB 312 625

1250 nd

2500 nd

PvA (CMB/CMI) Bactéricide (2) nd nd

Phyllanthus muellerianus

R CMI CMB

nd nd

78 625

nd nd

PvA (CMB/CMI) nd Bactériostatique (8) nd

Solenostemon graniticola

F CMI CMB

2500 nd

2500 nd

> 5000 nd

Terminalia catappa Et CMI CMB

312 625

nd nd

nd nd

PvA (CMB/CMI) Bactéricide (2) nd nd

Thonningia sanguinea Ple CMI CMB

156 312

39 312

2500 nd

PvA (CMB/CMI) Bactéricide (2) Bactériostatique (8) nd

Voacanga africana R CMI CMB

625 nd

312 625

5000 nd

PvA (CMB/CMI) nd Bactéricide (2) Tétracycline antb CMI

CMB 5000

nd 39 nd

312 nd

Gentamycine antb CMI CMB

5000 nd

312 nd

156 nd

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Quant aux extraits des racines de Phyllanthus muellerianus et des écorces du tronc de Borreria verticillata, ils ont été bactériosta-tiques sur E. coli 713, avec des CMI respec-tives de 78 µg/ml et 312 µg/ml.

Groupes de composés chimiques caracté-risés chez les espèces végétales actives

Tous les extraits des plantes étudiés ont montré la présence de composés phéno-liques (coumarines, tanins, flavonoïdes, anthrones) et des composés terpéniques (terpènes, lactones sesquiter-péniques) les extraits de Nesogordonia papaverifera et de Voancanga africana contiennent des alcaloïdes en plus des composés phénoliques et terpéniques.

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Les extraits de Thonningia sanguinea ont été bactéricides sur E. coli 18564 et bactériostatique sur E. coli 713, avec respec-tivement des CMI de 156 µg/ml et 39 µg/ml.

Les extraits éthanoliques de quatre espèces végétales ont été bactéricides sur E. coli 18564. Les CMI de ces différents extraits sont de 312 µg/ml. Ce sont les extraits éthanoliques des racines de Mezoneuron benthamianum, des écorces du tronc de Nesogordonia papaverifera, des racines de Paullinia pinnata et des écorces du tronc de Terminalia catappa. Les extraits éthanoliques des racines de Voacanga africana et des feuilles de Alchornea cordifolia ont été bactéricides sur E. coli 713. Les CMI de ces deux extraits sont 312 µg/ml.

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Tableau 4 : Différents types de composés chimiques identifiés chez les 10 espèces végétalesVis : visible, Godin : Gd, Df : Dragendorff, Av ch: Avant chauffage, Ac pb : Acétate de plomb, F-C : Folin-Cio-calteu, Lact. se : Lactones sesquiterpéniques, nd : non déterminé, Rf : rapport frontal, F : feuilles, Et : Ecorce du tronc, Er : Ecorce des racines, Ple : plante entière.

Extraits EtOH

Avant révélation Après révélation Types possibles

de composés

FeCl3 Gd Df AlCl3 KOH Ac pb

F-C

Rf vis 254 nm

366 nm

vis vis vis 366 nm

Av ch

366 nm

366 nm

vis

Alchornea cordifolia (F)

0,00 0,12 0,17 0,49 0,6 0,65 0,87

Noir

Noir Noir

Bleu

Jaune Jaune

Bleu

Tanins Polyphénols Tanins Flavonoïdes Polyphénols Flavonoïdes Terpènes

Borreria verticillata (Et)

0,00 0,29 0,32 0,39 0,4 0,44 0,47 0,62 0,65 0,71 0,72

Noir

Violet Bleu Bleu

Noir

Violet Violet Bleu Violet

Jaune Violet

Bleu

Tanins Flavonoïdes Polyphénols nd Terpènes nd Terpènes Terpènes Terpènes Lact. se. Terpènes

Mezoneuron benthanium (Er)

0,00 0,27 0,75 0,8

Noir Noir Violet

Bleu Bleu

Tanins Lact. se. Polyphénols Polyphénols

Nesogordonia papaverifera (Et)

0,00 0,14 0,11 0,27 0,54 0,67 0,69 0,74

Noir

Noir Violet Violet

Orange

Jaune

Tanins Alcaloïdes Polyphénols Polyphénols Terpènes Polyphénols Flavonoïdes Terpènes

Phyllanthus muellerianus (Er)

0,00 0,07 0,41 0,44 0,70 0,71 0,75 0,80 0,82

Noir

Bleu

Noir

Jaune Jaune

Jaune

Vert Vert

Bleu

Tanins Polyphénols Coumarines Flavonoïdes Coumarines nd nd Anthrones Flavonoïdes

Solenostemon graniticola (F)

0,00 0,15 0,29 0,36 0,57 0,69 0,71 0,76 0,77 0,82 0,83 0,86 0,9

Bleu

Noir Violet

Jaune Violet Jaune Jaune

Jaune Jaune

Vert

Bleu Bleu Bleu

Tanins Polyphénols Coumarines Flavonoïdes Anthrones Lac. se. Anthrones Polyphénols Flavonoïdes nd Polyphénols Terpènes Flavonoïdes

Terminalia catappa (Et)

0,00 0,44 0,61

Noir Noir

Noir Jaune

Tanins, Flavonoïdes nd

Paullinia pinnata (Er)

0,00 0,11 0,17

Noir

Noir

Bleu Bleu

Tanins Polyphénols Polyphénols

Thonningia sanguinea (Ple)

0,00 0,27 0,46 0,52 0,59 0,62 0,61 0,67 0,75 0,81

Noir

Bleu Bleu Bleu

Violet

Jaune Jaune Jaune

Jaune Jaune

nd Tanins Anthrones Tanins Anthrones Tanins, Flavonoïdes Terpènes, Flavonoïdes Flavonoïdes

Voacanga africana (Er)

0,00 0,12 0,14 0,35 0,4 0,42 0,49 0,51 0,55 0,57 0,60 0,62 0,69 0,70 0,75 0,77 0,79 0,82 0,85 0,86 0,91

Noir Noir

Bleu Jaune Bleu Bleu Bleu

Violet Violet

Orange Orange

Jaune Bleu Jaune Bleu Jaune

Jaune Jaune

Vert Vert Vert

Bleu Bleu

Flavonoïdes Polyphénols Anthrones Coumarines nd nd Lact. se. Flavonoïdes Polyphénols Lact. se. nd Alcaloïdes Flavonoïdes Coumarines nd nd Coumarines Anthrones nd Terpènes Alcaloïdes

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Discussion

L’objectif de cette étude était d’éva-luer l’activité antibactérienne de 10 espèces de la flore de Côte d’Ivoire qui sont utilisées en médecine traditionnelle pour traiter les infections d’origine bactérienne sur trois souches d’Escherichia coli. Les composés chimiques dans ces extraits actifs ont été ensuite recherchés. Les 10 espèces étudiées ont montré une activité sur les souches d’Escherichia coli ciblées. Ce résultat est intéressant dans la mesure où très peu d’espèces végétales agissent sur les bactéries Gram - tel que E coli.

Parmi tous les extraits actifs, ceux de la plante entière de Thonningia sanguinea sont les plus prometteurs. Les extraits de cette espèce sont efficaces à la fois sur les deux souches cliniques d’Escherichia coli (713 et 18564). Ce résultat est similaire à celui trouvé par N’guessan et al. (2007) qui ont déjà rapporté l’activité de cette espèce végétale à la fois sur les souches de E. coli, Klebsiella pneumoniae et Salmonella enterica. Les investigations phytochimiques réalisées ont révélé que T. sanguinea renferme plusieurs classes de métabolites secondaires telles que les composés terpéniques (terpènes et lactones sesquiterpéniques), les alcaloïdes et les composés phénoliques (flavonoïdes). Certains de ces composés comme les polyphénols sont reconnus par Mogode (2005) comme étant des composés ayant des propriétés antibactériennes. La présence de ces composés pourrait justifier l’activité antibactérienne observée.

L’extrait éthanolique des racines de Mezoneuron benthamianum a un pouvoir bactéricide contre la souche E. coli 18564. Au plan chimique, d’autres travaux se rapportant aux feuilles de cette espèce végé-tale ont révélé la présence de l’acide gallique qui possède des propriétés antibactériennes (Binutu et Cordell, 2000).

L’extrait éthanolique de l’écorce du tronc de Borreria verticillata est bactériosta-tique sur la souche E. coli.713. Des investi-gations phytochimiques ont montré la présence de la borreverine (Maynart et al., 1979). Cet alcaloïde a une action antimicro-bienne contre Staphylococcus aureus, Vibrio cholerae, Pseudomonas aeruginosa et les entérobactéries. L’activité contre ces dernières

bactéries est en accord avec le potentiel antibactérien contre Escherichia coli, une entérobactérie.

Vaocanga africana est bactériosta-tique sur E. coli 713. Au plan chimique, cette espèce renferme des terpènes, des alcaloïdes, des lactones sesquiterpéniques, et des polyphénols (anthrones, coumarines). La présence de certains de ces composés tels que les flavonoïdes, les tanins et les stéroïdes a déjà été rapportée pour les écorces du tronc et les racines de cette plante (Tona et al., 1998).

L’extrait éthanolique des feuilles de Alchornea cordifolia est bactéricide sur E. coli 713. Des travaux antérieurs ont montré que cette espèce a des propriétés antibacté-riennes contre E. coli (Adeyemi et al., 2008). Les essais phytochimiques ont montré que cette plante renferme des terpènes et des ployphénols (tanins, flavo-noïdes). L’activité antibactérienne et la com-position chimique de A. cordifolia viennent en appui à son utilisation en médecine tradi-tionnelle contre la diarrhée.

L’extrait éthanolique de l’écorce du tronc de Paullinia pinnata est bactéricide contre la souche de E. coli 18564. La présence des polyphénols (tanins, couma-rines) et des lactones sesquiterpéniques dans cette plante pourrait justifier cette activité antibactérienne.

L’extrait éthanolique de la racine de Phyllanthus muellerianus est bactériosta-tique sur la souche de E. coli 713. Assob et al. (2011) ont indiqué que cette espèce végé-tale possède une activité antimicrobienne contre les bactéries à Gram+ et Gram-. Ce résultat est en accord avec l’activité antibac-térienne observée dans ce travail, E. coli étant une bactérie à Gram-. P. muellerianus contient des polyphénols tels que les tanins. En plus de ces composés, la plante renferme des alcaloïdes, des triterpènes et des stérols (Assob et al., 2011). Tous ces composés chimiques pourraient être responsables de son activité antibactérienne.

L’extrait éthanolique de l’écorce du tronc de Terminalia catappa est bactéricide sur E. coli. Ce résultat est similaire à ceux de Sangavi et al. (2015) qui ont rapporté l’efficacité de cette plante sur les bactéries

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Gram positif et Gram négatif. L’extrait aqueux des feuilles de cette espèce végétale a montré une activité antibactérienne sur E. coli, Bacillus cereus et Shigella dysenteriae selon les travaux de Akharaiyi et al. (2011). La présence de composés phénoliques tels que les flavonoïdes et les tanins, observée dans ce travail et des saponines et alcaloïdes (Akharaiyi et al., 2011) pourrait expliquer l’activité antibactérienne de cette espèce végétale.

Nesogordonia papaverifera est efficace sur E. coli 18564. A notre connais-sance c’est la première fois que l’activité antibactérienne et la présence de divers com-posés (polyphénols, alcaloïdes, terpènes) dans cette plante sont rapportées. Par ailleurs, les propriétés antifongiques de cette espèce végétale ont été montrées par Couli-baly et al. ( 2010).

CONCLUSION

Les résultats des tests antibactériens menés sur les 10 espèces végétales ont montré que leurs extraits éthanoliques testés sont actifs contre Escherichia coli. Parmi les 10 espèces testées dans cette étude, certaines comme Nesogordonia papaverifera et Sole-nostemon graniticola sont étudiées pour la première fois. Les investigations phyto-chimiques ont révélé la présence de compo-sés phénoliques et terpéniques qui sont connus pour leurs propriétés antibactériennes. Les importantes activités antibactériennes de

ces différentes espèces végétales observées dans ce travail justifient leurs utilisations traditionnelles. Cette étude montre que les plantes actives peuvent jouer un rôle dans la prise en charge des infections bactériennes. Cependant, le statut de conservation de la plupart de ces espèces végétales est encore non évalué. Des travaux sont en cours afin d’approfondir des investigations phyto-chimiques et d’évaluer l’abondance in situ de ces plantes.

REMERCIEMENTS

Ce travail est le fruit d’une collabo-ration entre le Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS) et le Laboratoire de Botanique de l’UFR Bios-ciences de l’Université Félix Houphouët-Boigny.

Nous remercions ces deux structures. Nos remerciements vont également à l’endroit des tradipraticiens de M’Batto qui ont accep-té de partager avec nous leur savoir.

Concernant Solenostemon graniticola, le présent travail est la première étude scien-tifique portant sur l’évaluation de son activité antibactérienne et sa composition chimique.

Sur les 10 espèces végétales qui ont une bonne activité antibactérienne, seul le statut de Nesogordonia papaverifera est connu. Selon IUCN (2017), cette espèce est vulnérable. Pour les neuf autres, leur statut n’est pas évalué. En se référant aux observa-tions des tradipraticiens, on peut supposer que certaines de ces plantes comme Thonningia sanguinnea sont en train de se raréfier en raison de la destruction des forêts. Ainsi, une étude sur l’abondance in situ de ces plantes sur le territoire ivoirien en vue de leur protection serait très utile.

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InsTRucTIOns Aux AuTeuRs

REB-PASRES, la Revue Environnement et Biodiversité, est publiée par le Programme d’Appui Stratégique à la Recherche Scientifique en Côte d’Ivoire (PASRES) trois fois par an. Elle publie en langue française et anglaise des articles originaux dans les domaines suivants : Biologie, Écologie et Conservation des ressources naturelles, Gestion durable des ressources naturelles, Qualité des ressources naturelles et des écosystèmes, Interaction(s) environnement et pression anthropique. Les articles ne doivent pas avoir été publiés antérieurement ni soumis dans une autre revue.

PRÉSENTATION DES MANUSCRITS

La page de titre

Elle doit comprendre : - un titre en français et en anglais ;- les noms des auteurs (initiale du (des) prénom(s) et nom de famille), l’adresse postale complète des services ou des laboratoires concernés avec indication de l’appartenance de chacun des auteurs ;- le nom et le numéro de téléphone, de fax et l’adresse e-mail de l’auteur à qui seront adressés les demandes de modifications avant acceptation, les épreuves et les tirés à part.

Les résumés et mots clés Chaque article comprend un résumé de 250 mots au maximum, en français et en anglais, ainsi que des mots clés (4 à 6) également en français et en anglais. Ces résumés doivent être présentés en un seul paragraphe et structurés comme suit : but de l’étude, méthodes, résultats, conclusion. La longueur du manuscrit n’excédera pas 25 pages y compris les références bibliographiques, les tableaux et les figures.

Le texte Les auteurs doivent veiller à ce que les textes soumis soient clairs et facilement compréhensibles, précis et concis. Ils doivent s’assurer que le français ou l’anglais est simple et correct. Les abréviations doivent être expliquées lors de leur première apparition dans le texte et, ensuite, être utilisées de manière cohérente et invariable. Pour ne pas nuire à la clarté, elles doivent être en nombre restreint. Aucune abréviation ne sera utilisée dans le titre ni dans le résumé. Les unités de mesure abrégées doivent être conformes aux nomenclatures internationales (par exemple, l’abréviation de minute est « min » et non pas « mn »).Les articles sont rédigés en français ou en anglais en Word, Times New Roman, taille 12, double interligne, avec des marges de 2,5 cm de chaque côté.Le texte comprendra les sections suivantes : Introduction : l’introduction doit présenter succinctement le contexte, l’importance du sujet, le point sur les travaux antérieurs avec des références actualisées et les objectifs visés.Matériel et méthodes : les méthodes antérieurement décrites doivent être citées et non réécrites. Si les méthodes sont nouvelles, elles seront détaillées de sorte à permettre la reproduction.

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Résultats : les résultats originaux et importants doivent être indiqués ; ils peuvent être illustrés par des figures et/ou des tableaux, mais leur nombre doit être restreint et venir en complément du texte et non en répétition. Ils doivent être numérotés en chiffres arabes et accompagnés d’un titre et d’une légende. Les titres et les légendes des figures seront placés en bas et ceux des tableaux seront placés en haut.Discussion et Conclusion : le but de la discussion est de présenter une interprétation brève et fondée des résultats et devrait faire ressortir ce qui est nouveau par rapport aux connaissances antérieures. Une simple récapitulation des résultats n’est pas acceptable à ce niveau. Une conclusion doit être tirée à la fin de cette section. Remerciements : des remerciements peuvent être présentés à la fin du texte et avant les références bibliographiques. Références bibliographiques : les auteurs doivent accorder une attention particulière à l’exactitude et l’exhaustivité de leurs références. Ces dernières doivent être citées dans le texte par le(s) nom(s) de(s) l’auteur(s) et l’année de publication, par exemple : (Touré, 2014) ou (Aké Assi et Guinko, 1991). Pour la citation de références avec trois auteurs ou plus, seul le nom du premier auteur suivi par et al. doit être utilisé, par exemple : (Simarmata et al., 1990). S’il y a plus d’un renvoi au cours de la même année pour le(s) même(s) auteur(s), il faudrait ajouter les lettres « a «, « b «, etc. pour l’année : par exemple, (Dembele 2008a, 2008b). Les références doivent être listées par ordre alphabétique à la fin du texte sans numérotation.

Le nombre de références ne doit pas dépasser 30. L’article ne comporte que les références à des textes qui ont été consultés pour la rédaction du travail. Les références citées doivent être accessibles aux lecteurs. Toutes les références citées dans le texte figurent dans la liste des références bibliographiques et vice-versa. Les articles acceptés mais non encore publiés peuvent être référencés en indiquant la revue, l’année et le volume avec la mention (à paraître) ou (in press).

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Tableaux

Chaque tableau doit être présenté sur une page séparée, numéroté en chiffres arabes et indexé dans le texte par appel de son numéro entre parenthèses. Il est accompagné d’un titre (placé au-dessus) et, éventuellement, de notes explicatives (au-dessous). Il est saisi en interligne simple.

SOUMISSION DES ARTICLES

L’article proposé doit être envoyé par voie électronique à l’adresse de la revue : [email protected]

CORRECTION D’ÉPREUVES, DEMANDES DE REPRODUCTION

En cas de reproduction partielle ou totale, dans le manuscrit, d’un document ou d’une illustration déjà publié, l’autorisation écrite de l’éditeur et des auteurs doit être impérativement fournie. Lors de la mise en production du manuscrit accepté pour publication, l’éditeur enverra à l’auteur correspondant un formulaire de transfert de droits par courrier électronique, qui sera dûment complété et signé par l’auteur responsable de l’article pour le compte de tous les auteurs, puis retourné à l’éditeur dans les plus brefs délais. L’auteur correspondant recevra les épreuves électroniques de son article sous format PDF. Les modifications portant sur le fond ne sont pas acceptées sur les épreuves. Les corrections se limiteront à la typographie. Les auteurs feront le nécessaire pour retourner à l’éditeur les épreuves corrigées, dans les 48 heures suivant leur réception, et ce, à toute période de l’année. En cas de retard, l’éditeur se réserve le droit de procéder à l’impression sans les corrections de l’auteur. Dès parution, toute demande de reproduction devra être adressée à l’éditeur.

L’auteur correspondant recevra l’article paru sous format PDF.

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InsTRucTIOns TO AuThORs

REB-PASRES, a journal of Environment and Biodiversity, is published by the « Programme d’Appui Stratégique à la Recherche Scientifique (PASRES) », three times a year. REB-PASRES publishes French and English-language original articles in the following fields : Biology, Ecology and Conservation of natural resources, Sustainable management of natural resources, Quality of natural resources and ecosystems, Environment and Anthropogenic pressure interaction. Articles must not have been published or submitted to another journal.

PRESENTATION OF MANUSCRIPTS

The format of the manuscript should be as follows:

Title page

- a title in English and in French ;- the names of authors (first name initial and surname), the full postal addresses of the affiliations of each author ;- name, phone number, fax number and e-mail address of corresponding author.

Abstracts and keywords

Each article must include an abstract of 250 words at the most, in French and English, as well as French and English keywords (4 to 6). These abstracts must be in one paragraph and structured in the following manner: study goal, methods, results and conclusion. The full-length paper should not exceed 25 pages, including references, tables and figures.

Text Authors must ensure that the texts submitted are clear, easy to understand, precise and concise. The French or English language used must be simple and correct. Abbreviations must be explained when first used in the text, then used in a coherent and invariable manner. Abbreviations cannot be used in the title or abstract. In order to ensure clarity, they must be used in a limited number. Abbreviated units of measurement must follow international nomenclature (for example, the abbreviation of minute is “min” not “mn”).The body of the article is structured as followed:Introduction : the introduction must present the background on the subject, its relevance, relationship with previous studies and state the goals of the study.

Material and methods : previously described methods should be cited but not rewritten. If new methods are used, they must be described in details in order to allow reproduction.

Results : original and important findings must be presented. They may be illustrated, not repeated with limited numbers of tables or figures. Tables and figures must be numbered in Arabic numerals and bear a title and a legend. Titles and legends must be placed below figures and above tables.

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Discussion and Conclusion : the purpose of the discussion is to present a brief and sound interpretation of the results. The discussion must highlight what is new in the paper as compared to existing knowledge. A mere recapitulation of the results is not acceptable. A conclusion must be given at the end of this section.

Acknowledgements : these may be presented at the end of the text and before the references.

References : Authors must pay a particular attention to the quality and comprehensiveness of the references. These references must be quoted in the text using the name(s) of author(s) and the year of publication, e.g. (Touré, 2014) or (Aké Assi et Guinko, 1991). For references with more than two authors, only the name of the first author followed by et al., must be used, e.g. (Simarmata et al., 1990). If an author is quoted twice for the same year, add letters “ a “, “ b “, etc. for this year : e.g (Dembele 2008a, 2008b). The references must be listed in alphabetical order at the end of the text without number.

The number of references must not exceed 30 in original articles. The article must only include references to texts that have been consulted when writing the article. The quoted references should be accessible to the readership. Any reference quoted within the text must be included in the list of references and vice versa. Articles accepted but not yet published can be referenced by indicating the journal, the year of publication, and the volume with the words (in press).

JournalSimarmata M, Kaufmann JE, Penner D. 2003. Potential basis of glyphosate resistance in California rigid ryegrass (Lolium rigidum). Weed Science, 51: 678-682.

Mukherjee P, Gao Y. 2016. Efficiency of organic ligands in adsorptive dissolution and photoreductive dissolution of hematite. International Journal of Environmental Science and Technology, 13(5): 1195-1206.

Book

Aké Assi L, Guinko S. 1991. Plantes utilisées dans la médecine traditionnelle en Afrique de l’Ouest. Roche, Bâle, Suisse, 151p.

Book chapterBlasa M, Gennari L, Angelino D, Ninfali P. 2010. Fruit and vegetable antioxidants in health. In: Watson RR, Preedy VR (Eds.). Bioactive foods in promoting health. Fruits and vegetables, 1st edn. Elsevier, 37-58.Michel JL (Eds.). 2002. L’organisation pratique. In : Le mémoire de fin d’études dans les écoles de commerce. Ellipses, Paris, 77-88.

Thesis Touré A. 2014. Gestion agronomique et dynamique des mauvaises herbes dans les systèmes de riz de bas fond en Afrique de l’Ouest. Thèse de l’Université d’Abomey-Calavi, Bénin, 250p.

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Reference that can be consulted in electronic format

Blythe S. 1999. An introduction to medicines from plants. http:// www.rainforesteducation.com/medicines/PlantMedicines/rfmedicines.htm, Accessed 24/03/2015.

OMS. 2014. Premier rapport de l’OMS sur la résistance aux antibiotiques: une menace grave d’ampleur mondiale. http://www.who.int/mediacentre, Accessed 16/11/2014.

Illustrations All illustrations (graphs, drawings or photographs) must be numbered in Arabic numerals and mentioned in numerical order in the text (number in brackets). Each illustration must be supplied in a separate file.The illustrations will be reproduced in color on the web but printed in black and white in the publication’s paper version. For technical reasons, we cannot use color illustrations for black and white printing. You must therefore send us, in addition to color illustrations, any corresponding black and white illustrations for the printed version.

Tables

Each table must be presented on a separate page, numbered in Arabic numeral and indexed in the text using its number in parenthesis. It must be accompanied by a title (placed above it) and, potentially, explanatory notes (below). It must have simple line spacing.

SUBMISSION OF PAPERS

Papers should be submitted in electronic form through e-mail as attachment to: [email protected]

CORRECTING PROOFS, REPRODUCTION REQUESTS

In the event of full or partial reproduction, in the manuscript, of a document or illustration that has already been published, a written authorization from the publisher and authors must be supplied. When laying out the manuscript accepted for publication, the publisher will send to the corresponding author a copyright transfer form by e-mail, which must be duly filled in and signed by the author responsible for the article on behalf of all authors, then sent back to the publisher as soon as possible. The corresponding author will receive the electronic proofs of his or her article in PDF format. Content changes will not be accepted on proofs. Corrections must only be made to the typography. The authors must send back the corrected proofs to the publisher within 48 hours following receipt, at any time throughout the year. If they are not sent back in time, the publisher has the right to print the article without the author’s corrections. As soon as the journal is published, reproduction requests must be sent to the publisher.

The corresponding author will receive his or her published article in PDF format.

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