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Recensements et catégories ethniques: Les enjeux politiques de la croissance démographiquekényaneAuthor(s): Valérie GolazSource: Canadian Journal of African Studies / Revue Canadienne des Études Africaines, Vol.40, No. 3 (2006), pp. 426-442Published by: Taylor & Francis, Ltd. on behalf of the Canadian Association of African StudiesStable URL: http://www.jstor.org/stable/25433903 .
Accessed: 14/06/2014 08:36
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Recensements et cat?gories ethniques: Les
enjeux politiques de la croissance d?mo
graphique kenyane
Val?rie Golaz
Abstract For the first time in Kenyan history, ethnicity was not taken into account in the analyses drawn from the most recent census in 1999. In placing the
1999 census in its context, this article makes it possible to understand the
necessity for this radical deviation from the Anglo-Saxon tradition which had hitherto dominated national statistics. The polemic over the manip ulation of results according to ethnic categories in the previous census of 1989 contributed to the devaluation of this statistical tool. The abandon
ment of ethnic categories takes place within a competitive context exac
erbated by limited resources, while demographic growth remains a stake
for everyone. Political rivalry over questions of identity and land rights has led to serious tensions among communities in the 1990s, and any question related to ethnicity generates a climate of distrust and suspicion among Kenyans.
Introduction Le recensement kenyan de 1999 comprenait, comme tous les
recensements pr?c?dents du pays, une question sur le groupe
ethnique. Mais ? la suite des d?bats qui ont eu lieu au moment de
la collecte et au moment de la publication des premiers r?sultats, le
ministre du plan de l'?poque, Gideon Ndambuki, a d?clar? que la
r?partition de la population par groupe ethnique n'avait pas fait
l'objet d'analyse particuli?re et ne serait donc pas rendue publique.
N?anmoins, une "fuite" a permis au premier quotidien kenyan, le
Daily Nation,1 de publier quelques r?sultats concernant l'ensem
ble du pays (tableau 1 ), le 18 f?vrier 2000, avant m?me la sortie offi
cielle des r?sultats provisoires. Finalement, les r?sultats
Je remercie Herv? Maupeu et Claire M?dard pour leur aide.
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Golaz: Recensements et cat?gories ethniques 427
Tableau 1: Population par groupe ethnique (en milliers) et croissance d?mographique, 1979-99
Kikuyu
Luhya Luo
Kamba
Kalenjin Kisii
Autres
Total
1979 '
Effectif
3 203 2 120 1956 1 726 1652
944
3 726 15 327
Rang
1
2
3
4
5
6
1989 (
Effectif
4 456
3 083 2 654 2 448
2 458 1318
5 026 21 444
Rang
1
2
3
5
4
1999 "
Effectif Rang
Taux d'accroissement
annuel moyen
1979-1989 1989-1999
5 302 4 070 3 105 2 962 3 466 2 070 7 710
28 687*
3,4%
3,8%
3,1%
3,6%
4,1%
3,4%
3,0%
3,4%
1,8%
2,8%
1,6%
1,9%
3,5%
4,6%
4,4%
3,0%
Sources: (a) Recensements de 1979 et 1989, (b) r?sultats non officiels
(Daily Nation 1 mars 2000). *
Le r?sultat provisoire annonc? par le Daily Nation lors de sa publication de la
r?partition ethnique de la population le 17 f?vrier 2000 ?tait de 28,9 millions, mais
par souci de coh?rence avec les autres tableaux j'utilise ici l'effectif total publi? 15
jours plus tard.
provisoires, publi?s en mars 2000, et les r?sultats d?finitifs (2001) ne tiennent pas compte de cette variable, ? la diff?rence des
recensements pr?c?dents. Ces r?sultats justifient enti?rement la mesure prise par le
gouvernement kenyan. En effet, ils indiquent que pour la deuxi?me
fois, le groupe kalenjin, celui du pr?sident Moi, passe devant un
autre groupe en termes d'effectifs. D?j? le recensement de 1989
avait fait l'objet de critiques fond?es ? ce sujet, qui remettaient en
cause toute utilisation de ses r?sultats. La manipulation des
donn?es, pendant les quelques cinq ann?es qui ont s?par? la
collecte de la publication, avait permis au nombre des Kalenjin de
d?passer celui des Kamba, les premiers obtenant ainsi la 4e place. Aussi le passage des Kalenjin de la 4e ? la 3e place a-t-il soulev? un
toll? de protestations ? la hauteur du scandale qui a suivi la publi cation des r?sultats de 1989 ?
protestations contenues par les
d?mentis du ministre et du chairman du comit? national pour le
recensement (census national steering committee), Cyrus Maina, et la promesse que les cat?gories ethniques n'appara?traient pas dans les publications officielles, alors que c'?tait le cas jusqu'alors.
On observe des rythmes de croissance d?mographique tr?s
vari?s d'un groupe ? l'autre. Il est bien connu que certaines popula tions isol?es ont des r?gimes d?mographiques sp?cifiques, li?s
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? des pratiques sociales particuli?res. Par exemple, l'abstinence
pratiqu?e dans certaines cultures, avant le mariage, apr?s un
accouchement ou dans d'autres contextes encore, a une influence
notable sur la natalit?.2 On peut cependant se demander si le crit?re
ethnique est toujours pertinent pour l'analyse de la croissance de la
population kenyane ? la fin du XX?me si?cle, alors que les relations
entre communaut?s ne cessent de s'intensifier. L'usage de ce crit?re
n'est jamais neutre (Magaud 1997), et contribue ? figer des
diff?rences qui cachent l'h?t?rog?n?it? des groupes consid?r?s.
Sans nier l'aspect culturel de la croissance d?mographique, il est
important de voir que ces apparentes diff?rences d'accroissement
naturel sont en grande partie dues ? des diff?rences d'implantation
g?ographique et de conditions de vie. De plus, l'utilisation de ces
cat?gories ethniques dans un but de d?nombrement suppose
qu'elles ont un sens pour la population, en particulier que chaque
individu se reconna?t comme appartenant ? un groupe ethnique (et un seul), ce qui a ?t? une obligation administrative ? plusieurs
moments de l'histoire du Kenya, mais est loin d'?tre repr?sentatif de la population urbaine actuelle par exemple. C'est cependant de
l? que d?coule l'int?r?t politique port? ? la croissance diff?renci?e
des groupes ethniques kenyans. Les diff?rences de croissance pr?sentent un enjeu d'autant plus
grand qu'elles prennent place dans le pays o? la croissance d?mo
graphique a ?t? la plus forte d'Afrique ? la fin des ann?es 1970. Mais
alors que l'attention de la communaut? internationale se porte
essentiellement sur l'urbanisation et le d?s?quilibre pr?visible entre
villes et campagnes, des diff?rences de croissance importantes se
maintiennent en milieu rural, en relation ? des statuts fonciers
vari?s. Les cat?gories ethniques et leur poids d?mographique relatif
ont ?t? instrumentalis?es par les proches du pouvoir ? plusieurs
reprises depuis l'ind?pendance du Kenya, ce qui rend difficile toute
interpr?tation de statistiques par groupe ethnique.
L'enjeu d?mographique La croissance d?mographique diff?renci?e des groupes ethniques
kenyans au cours des derni?res d?cennies est d'autant plus difficile
? comprendre qu'elle se place dans le cadre d'un pays dont le r?gime
d?mographique a ?norm?ment ?volu?. En cinquante ans, la popu
lation kenyane s'est multipli?e par plus de cinq, et de nouvelles
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Golaz: Recensements et cat?gories ethniques_429
dynamiques de peuplement se sont mises en place.
Croissance d?mographique
Apr?s avoir d?fray? la chronique ? la fin des ann?es 1970 par un
taux d'accroissement d?mographique de plus de 4%, le Kenya a
ensuite surpris ? nouveau la communaut? internationale par une
baisse radicale de ses taux de f?condit?. L'ann?e 1979 marque d?j? le tournant de l'histoire de la croissance de la population au Kenya. La baisse de la f?condit? a ?t? aussi tardive que radicale, peut-?tre
justement parce que les niveaux atteints ?taient si ?lev?s. Elle est
r?guli?re depuis le d?but des ann?es 1980. Evalu? ? plus de 8 enfants
par femme ? la fin des ann?es 1970, l'indice synth?tique de f?con
dit?3 est descendu aux environs de cinq enfants par femme depuis la fin des ann?es 1990. Cette chute de plus de trois points a ?t? aussi
peu anticip?e par les organisations internationales que ne l'avait
?t? le record des ann?es 1970.
La transition d?mographique est d?sormais attest?e au Kenya, o? elle s'est d?roul?e suivant le sch?ma attendu. Dans une
premi?re phase, la mortalit? a progressivement diminu?, le taux
brut de mortalit? passant de 25/1 000 en 1948 ? 14/1 000 en 1979
(Muganzi 1988, 36) gr?ce ? l'am?lioration du syst?me de sant? et
aux efforts des organisations non gouvernementales. La f?condit?,
elle, a augment? pour ces m?mes raisons, passant de 5,3 en 1962 ?
8,1 en 1977-78. Ensuite, dans une seconde phase, alors que la
mortalit? continuait ? baisser, le taux brut de mortalit? atteignant
10/1 000 en 1989 (Kenya 1996, V: 50), les taux de f?condit? ont
brusquement diminu?, l'indice synth?tique de f?condit? perdant
plus de 3 points en 20 ans. Aujourd'hui, la f?condit?, toujours en
baisse, semble se stabiliser aux environs de 5 enfants par femme
(CBS et al. 2004)4. Les facteurs de la baisse de la f?condit? kenyane ont fait l'objet
de nombreuses analyses (Van de Walle and Foster 1990; Kizito et al.
1991; Robinson 1992; Caldwell, Orubuloye and Caldwell 1992; Brass and Jolly 1993; Eger? and Mburugu 1994)5. Au niveau macro, Patrice Vimard (1996) met en relation la baisse de la f?condit?
kenyane et le passage d'une p?riode de croissance ?conomique ?
une p?riode de stagnation. Selon lui, les progr?s effectu?s au cours
de la p?riode de croissance (du point de vue de la scolarisation, de
l'acc?s ? l'information et aux m?thodes contraceptives) permettent
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aux valeurs d'?voluer en cas de stress ?conomique. Au Kenya, la
baisse de la f?condit? peut ?tre mise en relation en particulier avec
la rar?faction de la principale ressource dans une population encore
tr?s largement rurale: la terre (Caldwell, Orubuloye and Caldwell
1992). De plus, ? cette f?condit? en baisse se greffe une mortalit? en
hausse depuis la fin des ann?es 1980, la mortalit? ? l'?ge adulte
?tant d?j? sur le point de reprendre son niveau des ann?es 1950 en
1989 (Kenya 1996, m: 109-12). Le Kenya, ayant longtemps b?n?fi
ci? de conditions favorables et d'un syst?me de sant? largement au
dessus de la moyenne africaine, vit depuis une dizaine d'ann?es les
contrecoups de l'?pid?mie du sida et l'incapacit? du syst?me de
sant? ? faire face ? la croissance de la demande de soins (Njue 2000). Le taux de croissance de la population du Kenya n'atteint plus,
en 2002, que 1,9%, d'apr?s la derni?re estimation de l'ONU (UNDP
2002). Apr?s avoir connu la plus forte croissance d?mographique
d'Afrique au sud du Sahara, la population kenyane a maintenant
l'une des croissances les plus faibles du sous-continent.
Mais m?me si l'accroissement de la population a chut? rapide ment et semble se stabiliser, la structure de la population kenyane est encore en pleine ?volution. C'est depuis les ann?es 1990 que les
probl?mes ?conomiques et sociaux li?s au surcro?t de naissances
dans les ann?es 1970-80 sont les plus importants.
UNE URBANISATION RAPIDE MAIS LIMIT?E
Au cours des derni?res d?cennies, la population s'est accrue dans
son ensemble et il y a eu des changements importants de r?parti tion sur le territoire kenyan: en particulier, l'urbanisation a ?t? elle
aussi l'une des plus rapides d'Afrique. Il faut dire que si l'urbanisa
tion a ?t? aussi rapide, c'est en partie parce qu'elle est longtemps rest?e limit?e. Encore aujourd'hui, on peut difficilement comparer
Nairobi aux plus grandes m?gapoles africaines comme Lagos, par
exemple. N?anmoins, les probl?mes ?conomiques et sociaux que ce changement brutal a exacerb?s n'en sont pas moins importants.
Au cours de la p?riode coloniale, le Kenya est administr? sur un
mode comparable ? celui de l'Apartheid. Le cloisonnement de
l'espace, entre zones de peuplement africain et zones europ?ennes, et les restrictions port?es aux d?placements des Africains en dehors
de leur "r?serve" ont contribu? ? repousser le processus d'urbani
sation. L'?mergence de grands march?s dans les principaux centres
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Golaz: Recensements et cat?gories ethniques 431
Tableau 2: La croissance urbaine au Kenya
1948 1962 1969 1979 1989 1999
Population Effectif 7 068 9 872 11 830 15 327 21444 28 687 totale (en milliers)
Taux de - 3,4% 3,5% 3,4% 3,4% 3,0%
croissance
annuel moyen
Population Effectif 286 671 1082 2 309 3 877 9 904
urbaine (en milliers) Taux de -
6,3% 7,1% 7,9% croissance 7,6%
*
annuel moyen
Population Effectif (en 110 315 509 834 1325 2 143 de Nairobi milliers)
Taux de 7,8% 7,1% 5,8% 4,7% 4,9%
croissance
annuel moyen
Sources: recensements * Villes de plus de 2 000 habitants * *
Calcul? sur 20 ans pour pallier la sous-estimation du recensement de 1989
administratifs a ?t? tardive, d'autant plus que ces centres adminis
tratifs et en particulier la ville de Nairobi sont alors largement
europ?ens.6 Cela n'emp?che pas mais minimalise la cr?ation d'une
urbanisation "informelle." Il se produit donc, ? partir des ann?es
1950, une explosion de la croissance urbaine au Kenya, et en
particulier ? Nairobi o? le taux de croissance de la population
d?passe alors les 7% par an (tableau 2). Dans le cas de Nairobi, si
l'on en croit les recensements successifs, la croissance de la ville
semble progressivement diminuer jusqu'? moins de 5% par an.
Les chiffres disponibles sont en effet tributaires des limites admin
istratives en vigueur, et tout porte ? croire que la r?alit? est
diff?rente. La baisse apparente de la croissance de la population
indique simplement que la ville s'?tend ? l'ext?rieur de ses limites.
Les limites de la province de Nairobi n'ont pas ?t? modifi?es depuis
l'ind?pendance (M?dard, ? para?tre). En outre l'estimation officielle
de la population ? l'int?rieur de ces limites administratives est
controvers?e, en particulier pour les recensements de 1989.7
A la croissance des grandes villes (Mombasa, Nakuru, Kisumu,
Eldoret), difficile ? mesurer, s'ajoute l'?mergence d'une multiplic it? de petites villes et le d?veloppement de villes interm?diaires.
Les bourgs ruraux se multiplient, ind?pendamment des politiques
qui sont cens?es en g?rer la croissance,8 et servent de relais entre
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les campagnes et les grandes villes. Toujours d'apr?s les recense
ments, la croissance urbaine atteint un pic ? pr?s de 8% par an dans
les ann?es 1970, mais elle s'est fortement ralentie depuis lors,
puisque le taux de croissance de la population urbaine ne vaut plus en 2002 que 4,6% selon les Nations Unies (UNDP 2002).
Diff?rences de croissance d?mographique et recompo sitions rurales
Croissance de la population et urbanisation sont les traits
marquants de la d?mographie kenyane de ces derni?res d?cennies.
Mais les enjeux politiques de cette croissance se sont fait sentir
aussi bien en milieu urbain qu'en milieu rural, o? la dynamique de
population a ?galement connu des changements importants. D'une
part, la f?condit? y a toujours ?t? plus forte qu'en milieu urbain, d'autre part, des recompositions spatiales se sont mises en place d?s
l'affaiblissement du contr?le de la population dans les ann?es 1950
et la mise en vente d'une partie des terres des colons europ?ens. La plupart des fronts pionniers agricoles avaient disparu dans les
r?serves africaines avant les ann?es 1940, la terre ?tant d?j? alors
r?partie et utilis?e dans son ensemble (r?serves kikuyu et kisii). Avec
la mise en vente de parties des anciennes terres europ?ennes, et la
lib?ralisation des mouvements dans la plus grande partie du pays, d'anciens fronts pionniers ont repris leur d?veloppement, comme le
district de Laikipia pour les Kikuyu, puis celui du Trans Mara pour les Kipsigis et les Kisii.9 D'autres terres, plus ?loign?es des anciennes
r?serves dens?ment peupl?es, ont ?t? le lieu d'un peuplement mixte
(Molo). Le caract?re central de ces nouveaux domaines fonciers, petit ? petit lib?r?s au profit d'une population africaine assez privil?gi?e,10 situ?s entre l'ouest dens?ment peupl? et le centre du pays, o? se
trouve Nairobi, a contribu? au d?veloppement de petits bourgs et de
villes tout le long des axes de communication.
Le Kenya est un cas particulier en Afrique en ce qui concerne le
caract?re priv? de la terre. La campagne d'immatriculation des terres
qui a d?but? ? la fin des ann?es 1950 a consolid? dans certaines anci
ennes r?serves un statut qui ?tait apparu de lui-m?me avec la satura
tion du domaine foncier. Dans d'autres r?serves, o? la pression fonci?re ne s'est fait sentir que bien plus tard, la gestion de la terre est
rest?e communautaire jusqu'aux ann?es 1990. Les diff?rences de
pression fonci?re entre anciennes r?serves ont donn? lieu lorsque
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Golaz: Recensements et cat?gories ethniques_433
c'?tait possible ? un r??quilibrage. L'implantation de plus en plus
importante de populations originaires d'anciennes r?serves dens?
ment peupl?es dans les anciennes r?serves moins dens?ment
peupl?es a ?t? not?e. C'est le cas par exemple dans l'ancienne r?serve
maasai, dont la population a beaucoup augment? du fait de l'arriv?e, entre autres, de kikuyu et de kisii des r?serves voisines.
Comme la plupart des anciennes terres europ?ennes et la
plupart des anciennes r?serves africaines peu dens?ment peupl?es se trouvent dans la province de la Vall?e du Rift, celle-ci conna?t des
taux de croissance de population plus ?lev?s que les autres
provinces du pays (Nairobi exclue), 3,9% par an pour la p?riode
1969-1979, 4,4% par an pour 1979-1989, 3,4% par an pour 1989
1999 (mes calculs, ? partir des recensements). C'est dans cette
province en particulier que l'enjeu d?mographique est extr?me
ment li? ? la politique locale et nationale, car il soul?ve le probl?me de l'acc?s ? la terre.
Cette description rapide du cadre territorial dans lequel ?volu
ent les groupes ethniques kenyans ? l'ind?pendance montre l'enjeu
que repr?sente la croissance d?mographique en terme d'acc?s aux
ressources, en particulier fonci?res.
Chaque r?gion du pays poss?de cependant ses caract?ristiques
propres en terme de d?veloppement, de peuplement, d'urbanisa
tion, de potentiel ?conomique, d'accessibilit? et de probl?mes de
sant? publique, et ces caract?ristiques entra?nent plus ou moins
directement des comportements d?mographiques diff?rents, qui eux-m?mes modifient la structure par ?ge de la population. En
supposant que les soldes migratoires externes n'aient pas vari?
entre 1989 et 1999, portons notre attention ? l'?volution des nais
sances et des d?c?s au sein de la population kenyane et aux taux de
croissance indiqu?s dans le tableau 1. On pourrait mettre en rela
tion les faibles taux de croissance de la population chez les Luo, avec leur implantation importante dans le bassin du lac Victoria.
En effet, la mortalit? y ?tait d?j? deux fois plus ?lev?e que dans le
reste du pays avant m?me l'arriv?e de l'?pid?mie de sida, qui y a
d?grad? la situation sanitaire de mani?re consid?rable. De m?me, dans la province centrale ? plus de 90% kikuyu, la baisse de la
f?condit? relativement ancienne ? 3,7 enfants par femme en
moyenne seulement pour la p?riode 1995-98 (NCPD, CBS and MI
1998) ?
expliquerait les taux de croissance assez faibles obtenus
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434 CJAS / RCEA 40: 3 2OO6
pour les Kikuyu. Mais on ne voit pas tr?s bien pourquoi les Maasai, les Kisii et les Kalenjin conserveraient des taux de croissance aussi
?lev?s, alors que la mortalit? a augment? dans leurs r?gions comme
dans l'ensemble du pays, et que la f?condit? y conna?t une baisse
r?cente mais av?r?e. Le taux de croissance obtenu pour les Kisii est
particuli?rement surprenant. Voici le seul grand groupe pour
lequel, dans une p?riode de baisse g?n?rale de la croissance, le taux
de croissance de la population augmente de plus de 1 % par rapport ? la d?cennie pr?c?dente, alors que d'autres sources attestent de la
baisse de la f?condit? ? 4,3 enfants par femme en moyenne seule
ment pour la p?riode 1995-98 (NCPD, CBS and MI 1998) ? et de la
hausse de la mortalit? (Golaz 2002).n Les diff?rences de structure
par ?ge de la population suffisent-elles ? justifier de tels ?carts?
C'est pourquoi on peut aussi se poser la question de la justesse de ces taux de croissance ethnique, et replacer ces r?sultats de
recensement dans le cadre politico-administratif kenyan.
Le recensement et les cat?gories ethniques comme outils politiques Vue de l'occident, une croissance d?mographique forte est une
menace dans un pays o? les ressources sont limit?es. Mais locale
ment, elle a longtemps ?t? per?ue plut?t comme un atout. Cet
attachement aux grands nombres renvoie ? l'organisation des
soci?t?s pr?-coloniales et ? la construction de l'Etat kenyan ? la
veille de l'ind?pendance. Cependant, la croissance d?mographique des diff?rents groupes ethniques n'est r?ellement devenue un enjeu
politique que sous la pr?sidence de Daniel arap Moi, entre 1979 et
2002. Plusieurs types de moyens sont mis en oeuvre pour asseoir la
repr?sentativit? nationale du pr?sident: en premier lieu, la
construction et l'usage officiel de la cat?gorie "kalenjin" dans les
recensements de population, puis l'incitation ouverte ? maintenir
une natalit? forte pour certains groupes ethniques, alors que l'atti
tude officielle, aux yeux des bailleurs de fond, est au contraire de
pr?ner une r?duction des naissances dans l'ensemble du pays, et
enfin la manipulation des r?sultats de recensement.
Nombre et pouvoir
De mani?re sch?matique, on peut dire que lorsque les ressources
sont disponibles en abondance, que ce soit dans les soci?t?s agricoles,
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Golaz: Recensements et cat?gories ethniques_435
pastorales, ou mixtes, la f?condit? est le plus souvent valoris?e. La
main-d'oeuvre apport?e par les enfants permet ? une unit? domes
tique de contr?ler un territoire plus grand, de produire plus, d'acca
parer plus de richesses, de mieux prot?ger ses acquis contre les
attaques de communaut?s concurrentes pour ce territoire. Chaque individu a int?r?t ? avoir le plus de fils possible, pour la croissance de
la main-d'oeuvre ? long terme et le contr?le des ressources (points
d'eau, terre), et le plus de filles possible pour la main-d'oeuvre et la
compensation matrimoniale en b?tail qu'elles apportent, n?cessaire
pour marier les fils. Dans ce type de soci?t?, c'est souvent par cette
richesse (enfants et petits enfants) que l'homme ?g? acc?de ? un
statut sup?rieur. Le nombre apporte le pouvoir. A la fin de la p?riode coloniale, l'ethnicit? est un enjeu poli
tique fort, avec une opposition entre "groupes majoritaires" et
"groupes minoritaires" au Kenya. Depuis l'ind?pendance, le
d?veloppement a ?t? promu selon une ligne ethnique. Si le poids
d?mographique relatif des Kikuyu, consolid? par la cr?ation de
l'association GEMA,12 permettait de justifier en partie l'effort de
d?veloppement accord? ? ce groupe, Moi, lors de son accession au
pouvoir, aurait ?t? bien en mal de justifier des politiques favorisant son groupe ethnique, les Tugen (1,2% de la population
kenyane en 1969, avec les Cherangani). Une nouvelle construc
tion ethnique a par la suite ?t? instrumentalis?e: la cat?gorie
"kalenjin,77 utilis?e pour la premi?re fois dans un recensement en
1979, regroupe sept groupes ethniques aux langues apparent?es, les Kipsigis, les Nandi, les Keiyo, les Marakwet, les Tugen, les
Sabaot et les Pokot, dont cinq sont d?j? le produit du regroupe ment de communaut?s distinctes. Le groupe kalenjin vient alors
en cinqui?me position, en effectif, dans la hi?rarchie nationale.
Durant les ann?es 1990, le d?bat sur le f?d?ralisme qui existait ?
l'ind?pendance est remis au go?t du jour par des proches de Moi
pour contrer la menace li?e ? l'introduction du multipartisme. Ainsi Moi joue ? la fois la carte de la d?fense des droits d'ethnies
dites minoritaires dans l'ensemble du Kenya, et du rassemble
ment des groupes minoritaires de la province de la Vall?e du Rift en une seule entit? qui puisse concurrencer les groupes dits
majoritaires. Progressivement, on fait r?f?rence aux Kamatusa
(Kalenjin, Maasai, Turkana, Samburu), qualifi?s d"'indig?nes," dans le contexte de la remise en cause des droits fonciers des
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autres communaut?s de la province de la Vall?e du Rift.
Malgr? cette volont? de former une communaut? ?largie, des
dissensions au sein de la famille kalenjin existent, certains sous
groupes s'estimant d?favoris?s.13 En 1999, les personnes recens?es
avaient la possibilit? de se d?clarer kalenjin, mais aussi tugen ou
m?me simplement kenyan (The East African 1 novembre 1999). L'utilisation de grands nombres pour justifier le d?veloppement d'un groupe minoritaire commen?ait ? ?tre mal per?ue par la
population.
Politiques de planification des naissances
En parall?le avec ces nouvelles cr?ations de cat?gories ethniques, des discours cibl?s incitent les ethnies minoritaires ? ne pas suivre
les campagnes de planification familiale, officiellement soutenues
par le gouvernement. En 1993 en effet, le ministre des travaux publics Jonathan
Ng'eno conseille aux Maasai et aux autres ethnies minoritaires
d'abandonner la planification familiale "puisque les derni?res ?lec
tions g?n?rales ont montr? qu'on ne peut pas commander si on
n'est pas nombreux" (Daily Nation 1 ao?t 1993). L'ann?e suivante, le dirigeant politique maasai Ntimama demande ? son tour aux
Maasai de rejeter les m?thodes contraceptives (Daily Nation 5
d?cembre 1994). Ces discours se placent dans le contexte d'une
baisse de la f?condit? tout juste av?r?e, pour laquelle l'effet des poli
tiques de population a longtemps ?t? remis en cause. En effet, le
gouvernement kenyan a officiellement commenc? ? promouvoir la
planification familiale en 1966. D?s 1967, un programme national
est mis en place (Ominde 1988, 41). Le programme n'a aucun
impact imm?diat sur la f?condit?, puisqu'elle augmente entre 1969
et 1979. La concentration des efforts du gouvernement sur la plan ification familiale sans prendre en compte le manque d'int?r?t de la
population pour ces services explique le peu d'efficacit? du
programme. Rien n'a ?t? fait pour encourager ? la baisse la taille des
familles (Frank and McNicoll 1987, 222). Ce n'est qu'? partir du
milieu des ann?es 1980 que sous la pression de la communaut?
internationale, le gouvernement accorde un effort particulier ? ses
campagnes de promotion de la planification familiale ? ? une
?poque o? la f?condit? a d?j? commenc? ? baisser dans certaines
parties du pays.
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Golaz: Recensements et cat?gories ethniques_437
Lorsque certains groupes ethniques sont publiquement invit?s
par des hommes politiques influents ? ne restreindre leur f?condit?
d'aucune mani?re, cela peut certainement les influencer ? suivre ce
conseil, bien que l'on puisse douter que ce type de conseil, prodigu? dans le feu d'un discours politique, puisse suffire ? contrebalancer
les contingences ?conomiques. Mais cela peut aussi entra?ner une
r?action en cha?ne de la part des groupes ethniques qui n'?taient pas
concern?s, ind?pendamment des politiques publiques en vigueur. Le discours adress? aux Maasai es repris en faveur d'un autre groupe
ethnique, de langue bantoue cette fois, les Kuria, par leur d?put? Shadrack Manga [Daily Nation 23 juin 1997).
LES MANIPULATIONS DU RECENSEMENT DE 1989
C'est dans cette atmosph?re, en 1994, que sont rendus publics les
r?sultats du recensement de 1989. Non seulement la qualit? de la
collecte laisse ? d?sirer, mais une nouvelle ?tape est aussi franchie:
il ne s'agit plus l? de modifier les cat?gories ou d'encourager la
croissance, mais d'une manipulation pure et simple des donn?es, mal camoufl?e dans la publication, dans le but de consolider la
position kalenjin dans l'ensemble du pays, et en particulier dans la
province de la Vall?e du Rift. Apr?s quelques calculs, il semble que ce changement est principalement d? ? l'ajout apparent, dans les
r?sultats, de 20 000 Kalenjin suppl?mentaires dans la province de
la Vall?e du Rift (Golaz 1997, 115, 120). Un recensement de population est un outil incontournable
pour d?cider de la r?partition des ressources nationales, entre
unit?s administratives. Au Nigeria, la r?partition du budget national en fonction de l'effectif de la population administr?e dans
chaque r?gion a entra?n? une escalade de surestimations jusqu'au recensement de 1981 (Omoluaby et Levy 1992). Ici, la manipula tion est effectu?e par le centre, apr?s collecte, et n'a pas du tout la
m?me ampleur.
Lorsqu'un gouvernement se permet de modifier les r?sultats
d'un recensement dans un but politique, on peut se demander si
pour le m?me motif politique il n'a pas pu transiger ? la r?gle de
confidentialit? des donn?es de recensement. Le recensement de
1989 a peut-?tre ?t? utilis? pour d?limiter des nouvelles circon
scriptions ?lectorales dans la province de la Vall?e du Rift, ? partir de la r?partition ethnique Kalenjin / Kikuyu, de mani?re ? assurer
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? la KANU des si?ges suppl?mentaires au parlement. Sans parler de
la possibilit? qu'ont peut-?tre eu des membres ?minents du
gouvernement d'utiliser ces donn?es censitaires confidentielles
pour leur int?r?t personnel, identifiant ainsi pr?cis?ment les popu lations ? ?vincer de leur circonscription ?lectorale pour s'assurer
leur r??lection. Il est attest? que des proches de Moi ont particip? ?
l'organisation des conflits ethniques qui ont oppos? groupes kama tusa et groupes non-kamatusa principalement dans la province de
la Vall?e du Rift au moment des ?lections g?n?rales de 1992, puis ? nouveau en 1997 (M?dard 1996).
Conclusion
Dans ce contexte les cat?gories ethniques pr?sentent un caract?re
ambivalent: d'une part l'identit? ethnique est exacerb?e par les
enjeux qu'elle repr?sente et les cat?gories se renforcent, d'autre
part les politiques de r?pression et de r?compense fond?es sur un
crit?re ethnique peuvent inciter une partie de la population ? ne pas d?voiler cette identit?, ou ? vouloir fausser les st?r?otypes en
d?clarant appartenir ? un groupe ethnique diff?rent. Ces derniers
?l?ments contribuent ? la perte de sens des donn?es de recense
ment sur l'ethnicit?.
De plus, ? partir du moment o? un gouvernement joue, en ne
s'en cachant presque pas, sur les chiffres qu'il publie, leur cr?dibil
it? diminue fortement. Aussi n'est-il pas ?tonnant qu'on voie dans
les r?sultats du recensement de 1999 une nouvelle tra?trise du
gouvernement sortant. Les r?sultats "ethniques," certes, ne sont
pas officiels ? et rien ne prouve qu'ils soient issus du recensement
plus que de l'imagination du journaliste qui a pris l'initiative de les
rendre publics, ce qui reste ? esp?rer vu l'incoh?rence des taux de
croissance obtenus. Mais en l'absence de statistiques ethniques
officielles, la r?partition de la population par province et par district
soul?ve tout autant de contestations (The People 1 f?vrier 2001). Il faut souligner ici la nouveaut? que repr?sente le refus
d'utiliser les cat?gories ethniques dans les r?sultats officiels du
recensement. C'est une premi?re pour le Kenya, qui de ce fait
quitte la tradition anglo-saxonne et rejoint la tradition fran?aise en la mati?re.14 Il faut saluer aussi la participation du Central
Bureau of Statistics kenyan ? plusieurs projets internationaux
visant ? rendre public une partie des r?sultats des recensements,
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Golaz: Recensements et cat?gories ethniques 439
pour permettre les comparaisons internationales et nationales, y
compris de celui de 1989, par le biais de VAfrican Census Analysis
Project (ACAP) et de {'Integrated Public Use Microdata Series
(IPUMS). Les efforts du gouvernement de Mwai Kibaki vont dans
le m?me sens. Il reste ? voir si le nouveau gouvernement parvien
dra ? remplir son contrat, malgr? la cristallisation identitaire et
les conflits qui ont envenim? les relations inter-ethniques dans
les ann?es 1990.
Notes 1 Une grande partie des articles du Daily Nation sont disponibles sur le site
www.nationaudio.com/news/DailyNation. Il faut saluer cette initiative et
la qualit? de l'information sur le pays qui en d?coule. 2 On peut ?voquer par exemple le cas des Meru, pour lesquels la f?condit?
se limitait ? environ cinq enfants par femme avant la p?riode coloniale, par un syst?me d'interdits et un ?ge d'entr?e en union tardif chez les hommes
comme chez les femmes (Peatrik 1999). En Afrique de l'Est, une restriction
importante ? la croissance d?mographique de certains groupes ethniques a
longtemps ?t? la st?rilit? f?minine, dont les causes pass?es sont encore mal
connues (pour le Bunyoro, voir les travaux de Shane Doyle (par exemple
2000), pour les Maasai, ceux d'Ernestina Coast (par exemple 2001), et plus
g?n?ralement, Brass 1958). 3 L'indice synth?tique de f?condit? (ISF) est une mesure transversale de la
f?condit? ?tablie ? partir du rapport des naissances de la p?riode consid?r?e au nombre de femme en ?ge f?cond. 4 Cette stabilisation de la f?condit? ? un niveau relativement ?lev? fait
l'objet de recherches ? l'heure actuelle, et a ?t? aussi observ?e dans d'autres
pays que le Kenya: le Bangladesh, la r?publique dominicaine, le Ghana en
sont d'autres exemples (Bongaarts 2005). 5 Pour une excellente revue des th?ories de la baisse de f?condit? en
Afrique, voir le travail de Cl?mentine Rossier (2002, 6-38). 6 Nairobi fait alors l'objet d'une politique de s?gr?gation spatiale stricte II
faut un laissez-passer pour traverser la zone centrale europ?enne, et il est
interdit ? la population africaine d'y demeurer plus de 24 heure ( Rodriguez -
Torr?s 1998). 7 Par exemple, certaines parties du bidonville de Mathare Valley n'ont pas ?t?
recens?es en 1989 (communication personnelle de Deyssi Rodriguez-Torr?s). 8 Nombre de centres planifi?s dans une volont? de d?veloppement rural sont demeur?s ? l'?tat de march?s fant?mes, l'urbanisation touche princi
palement les axes de communication. 9 Les migrations restent entrav?es dans certaines zones sp?cifiques, par
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exemple dans le Trans Mara, demeur? "closed district" jusqu'au d?but des ann?es 1970, pour lesquelles le port d'un laissez-passer reste obligatoire
m?me apr?s l'ind?pendance. 10 L'accession ? la propri?t? se fait essentiellement par des compagnies
d'achat de terre principalement contr?l?es par des Kikuyu,- ce sont souvent
les personnages les plus influents et leurs suivants qui en b?n?ficient (Leys 1975, 125; M?dard 1999, 356-67). 11 Une ?tude int?ressante sur les r?sultats de l'enqu?te d?mographique et
de sant? de 1993 par ethnie atteste d?j? de ces ?volutions pour le d?but des
ann?es 1990 (Bauni, Gichuhi and Wasao 2000). 12
Gikuyu, Embu and Meru Association, qui a jou? un r?le important dans
les compagnies d'achat de terres.
13 C'est le cas des Sabaot en particulier (M?dard 2002) 14
Les recensements tanzaniens ne font pas non plus r?f?rence ? des cat?
gories ethniques (Coast 2001).
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