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1 Recherche « évaluation participative de la pauvreté dans la région de Koulikoro » ‐ Résultats de la phase 3 ‐ Étude qualitative et quantitative Préparé pour la Banque mondiale Fabrice Escot Laurence Touré Avril 2011

Recherche « évaluation participative de la pauvreté dans ...conditionne largement le mode de vie des villageois. 5 La ... les groupes réalisés à Bamako étaient des groupes test,

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Recherche«évaluationparticipativedelapauvretédanslarégiondeKoulikoro»

‐Résultatsdelaphase3‐Étudequalitativeetquantitative

PréparépourlaBanquemondiale

FabriceEscotLaurenceTouré

Avril2011

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Sommaire1.Présentationdel’étude p.41.1.Rappeldesobjectifsgénérauxassignésàl’étude p.41.2.Pointderappelsurlaphase2 p.5a.Méthodologie p.5b.Principauxenseignementsdelaphase2,supportàlaméthodologiedelaphase3 p.61.3.Présentationdelaphase3 p.111.3.1.Rappeldesobjectifsdétaillésdelaphase3 p.111.3.2.Approcheméthodologiquedelaphase3 p.111.3.3.Ladémarched’analysedelaphase3del’étude(validationauniveauindividuel) p.141.3.4.Structuredeséchantillonsqualitatifetquantitatifdelaphase3 p.162‐Résultatsdétaillésdel’étude p.192‐1.Constatstransversauxetélémentsclésd’analyse p.192.2.Descriptifdesprofilsidentifiésparniveaux,etcritèreslesplusdifférenciateursentrelesniveaux p.31Mapping(qualitatif)des16profilsurbainsselonleurniveaudepauvreté/richesseetladynamiqued’appauvrissement/enrichissement p.32Mapping(qualitatif)des15profilsrurauxselonleurniveaudepauvreté/richesseetladynamiqued’appauvrissement/enrichissement p.332.2.0.L’indigence:ladépendance,lasoumissioncommemoyendesurvie Conserversadignité p.35Critèrespertinentspourdifférencierlasubsistancedeladépendance p.382.2.1.Lagrandepauvreté:lasubsistancegrâceaulabeur «Surnager»etconserversesréseauxsociaux p.39Critèrespertinentspourdifférencierl’insuffisancedelasubsistance p.432.2.2.L’insuffisance:uneincomplèteautonomie,etl’absencedecapital Progresseretacquérirl’autonomie p.44Critèrespertinentspourdifférencierlaprécaritédel’insuffisance p.512.2.3.Laprécarité:lequotidienassuré,maisunerésiliencetrèsfaible Sécuriserlesacquis p.52Critèrespertinentspourdifférencierl’autonomiedelaprécarité p.56

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2.2.4.1.L’autonomie:l’équilibre,maissanssécurisationdel’avenir Pérenniseretdévelopper p.57Critèrespertinentspourdifférencierl’investissementdel’autonomie p.652.2.4.2.L’investissement:lasécurisationdel’aveniretl’ambition Entreprendre p.66Critèrespertinentspourdifférencierlacapitalisationdeinvestissement p.732.2.5.Lacapitalisation:lestatutéconomique Incarnerlesvaleurssociales p.74Critèrespertinentspourdifférencierlepouvoirdelacapitalisation p.812.2.6.Lepouvoir:laréalisation Assurerlatransmission p.823.Bilan:problématiquesenjeuautourdelaquestiond’indicateursduniveaudepauvreté,etnotammentautourduseuildepauvreté p.853.1.Lacatégorisationsocioprofessionnelle p.853.2.Perceptionetcritèressubjectifsd’évaluationduniveaudepauvreté/richesse p.89Tableauxrécapitulatifsdelapertinencedescritèrestestésentreles8niveauxdepauvreté/richesse p.89Propositiondecréationd’unindicesubjectifdepauvreté/richesse p.97Hiérarchisationdescritèresautourduseuildepauvretéenmilieuurbain p.101Hiérarchisationdescritèresautourduseuildepauvretéenmilieurural p.1033.3.Critèresobjectifsd’évaluationduniveaudepauvreté/richesse p.1054.Conclusions p.107

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1.Présentationdel’étude1.1.Rappeldesobjectifsgénérauxassignésàl’étudeLa recherche «Evaluation participative de la pauvretédans la région de Koulikoro» vise à rendrecomptedesconceptionsquelesacteursconcernésparl’applicationdespolitiquesdeluttecontrelapauvretéauMaliontdelapauvreté.Cespolitiques,généralementproposéespardesorganisationsinternationales,sontbaséessurdesdéfinitionslargementexogènesduphénomène.Or,lecontextepolitique et les valeurs influent largement sur la définition de la pauvreté et le processus dedésignationdespauvres.Proposerunevisionmaliennede lapauvreté,àpartird’uneétudedecasdans la région de Koulikoro, devrait permettre de mieux cibler les politiques de lutte contre lapauvreté.Cette recherche a pour principal objectif de produire des indicateurs «émiques» de la pauvreté,c’est‐à‐dire des indicateurs définis par les populations de la région, à partager et valider cetteinformation avec les acteurs locaux concernés par la recherche et finalement permettre auxstatisticiensdedisposerdenouveauxélémentsd’analysedelapauvreté.Cetteétudeaétéconstruiteenquatrephases:Laphase1aétédestinéeàidentifierdessitespertinentspourl’étude,entravaillantaveclesservicesdugouvernorat,descerclesetdescommunes.Septsitesontétéretenus,choisisdefaçonàreprésenterladiversitédesmilieuxdelarégion:

‐ Deuxsitesurbains:o Koulikoro, ville au passé commerçant et industriel qui connaît une forte récession

dueà l’évolutiondu traficdesmarchandiseset à la fermeturede certainesusines,Huicomanotamment,

o Fana,villequiconnaîtunecroissanceassezrapidequis’accompagned’unemutationéconomique forte via l’industrialisation et l’essor du commerce; la populationautochtone,traditionnellementpaysanne,semblepeuprofiterdecettemutation,

o La ville de Bamako n’a pas été retenue dans lamesure où cette étude visait unedimension régionale, la capitale ne pouvant être associée à une région malgré sapositionaucœurdelarégiondeKoulikoro

‐ Cinqsitesruraux:o CercledeKolokani (deux sites, FondombougouetDoumbala),caractériséparune

population majoritairement bambara, assez traditionnaliste, une zone de culturesècheetd’élevage,avecaunordducercle,desconditionspropicesà l’élevageetàl’installationdecommunautésd’éleveurspeuls,unmilieuassezpeuencadréetpeuappuyépardesinterventionsextérieures

o CercledeBanamba(unsite,Dangado),caractériséparuneprésenceimportantedecommunautés soninke, avec une tradition d’émigration de longue date, unmilieud’agriculteursmaiségalementdecommerçants.

o Cercle deDioila (un site,Dègnèkoro), caractériséparunepopulationbambara,unmilieuagricoleavecunepluviométrieabondante,uneculturecotonnièrefortementencadréemaisendifficultéactuellement,cequiamènelespaysansàdesstratégiesdereconversion(intensificationdesculturescéréalières,culturedusésame,etc.)

o CercledeKangaba(unsite,Namakana),caractériséparunepopulationmalinké,uneproduction agricole axée sur les seules cultures sèches, notamment dans la partienordducercle,éloignéedufleuve,oùlapratiquedel’orpaillages’estinstalléedepuisplusieursgénérationsetconditionnelargementlemodedeviedesvillageois.

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La phase 2 a été destinée à cerner les représentations des personnes pauvres en matière depauvretéetderichesse,afin:

‐ Derecenserlesdimensionsetregistresconstitutifsduchampdelapauvretéetdelarichesse‐ D’établiruneéchellegraduéedepauvreté/richessefaisantsenscommunément‐ D’identifierlescritèrescontributifsàladistinctiondesdifférentsniveaux

La phase 3 a été destinée, à partir des critères structurant les représentations, à valider leurpertinenceetàenfournirdesexpressionsconcrètesauniveauindividuel(incluantdesdonnéessurleménageetl’UP=unitédeproduction,surcettenotionvoirdéfinitionp.9ainsiquepp.25à28)Unedernièrephase,4,quiseradestinéeàvaliderlesrésultatsobtenusdanschacundessitesétudiéssurlabasederestitutionslocales.1.2.Pointderappelsurlaphase2a.MéthodologieCettephasedel’étudevisantàexplorerlesreprésentations,laméthodechoisieaétélefocusgroup,avecdestechniquesd’animationessentiellementprojectives.Cesgroupes,d’uneduréemoyennede2h30,ontétémenésauprèsd’unecible:

‐ depersonnespauvresoutrèspauvres:o avecunehomogénéitépargroupesurdescritèresd’âgeetdesexe

pourmoitiéauprèsd’hommes,pourmoitiéauprèsdefemmes pourmoitiéâgésde20à35ans,pourmoitiéâgésdeplusde40ans

‐ de‘leaders’(chefs,conseillers,responsablesassociatifsoucommunautaires…)

35focusgroupsonétémenés,répartiscommesuit:

Note:lesgroupesréalisésàBamakoétaientdesgroupestest,aucoursdesquelslesguidesd’animationontétémodifiés.Cesgroupesne sontpas comptésdans l’échantillonetn’ontpasété intégrésà laprésentationdesrésultats.

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b.Principauxenseignementsdelaphase2,supportàlaméthodologiedelaphase3Cettephaseapermisdedégager:

‐ La définition des notions de pauvreté/richesse et unmode de schématisation du systèmedanslequelelless’ancrent

‐ Une échelle cohérente des niveaux de pauvreté/richesse et une batterie d’environ 70critères

‐ Quatregrandsconstats,amenantàdeuxnotionscentralesdesreprésentationsDéfinition des notions de pauvreté et de richesse et schématisation du système dereprésentationsquilessous‐tendL’analyse des représentations a fourni unmodèle d’interprétationdes notions de pauvreté et derichesse commedes états relevant du champ général de la réalisation de l’individu en tant quepersonne,c’est‐à‐direschématiquementsa‘performance’psycho‐socio‐économique.Cette performance est multidimensionnelle et se construit sur cinq territoires, qui incluent 9dimensions:

‐ Deuxterritoiresderéalisationsociale:o Territoiredusocial:deuxdimensions:

Lestatut(l’autorité,lepouvoir) L’appartenance (lemariage, la reproduction, la transmissiondesvaleurs, le

respectdesrôlesauseindelafamilleetdescollectifs…)o Territoiredupsychosocial:deuxdimensions:

Lerespectdesvaleursdugroupe,dela‘moralesociale’ Lacohésion,l’entente,lasolidarité

‐ Deuxterritoiresderéalisationindividuelle:o Territoiredel’économique:deuxdimensions:

L’autonomie et le contrôle des moyens de production économiques,incluant lamain d’œuvre, et d’un ‘capital’, nécessitant la capacité (surtoutphysique)àtravailler

Lesavoirsetrevenus,etlacouverturedesbesoinsmatérielsprimaireset/ouenconformitéauxstandardsdumilieu

o Territoiredupsychoaffectif:deuxdimensions: Lastabilitéémotionnelle(courage,persévérance,sérieux,contrôledesoi…),

garantedesvaleursdutravail;capacitéàseprojeterdansl’avenir Lediscernement,compriscommecapacitéàdécideretàagir

‐ Uncinquièmeterritoired’appui/soutien:uneseuledimension Lacapacitéàbénéficierd’appuisextérieurs: jigi(voiredéfinitionp.9),État,

Dieu,projetsdedéveloppement.

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Schémadesdimensions,champsetterritoiresconstitutifsdelaréalisationdesoi

Contenuprincipaldeschampsdelaréalisationdesoi

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Ces 9 dimensions/territoires fournissent potentiellement autant de critères ‘composites’ de lapauvreté, car ils se déclinent eux‐mêmes en environ 70 critères ‘bruts’, qui ont émergé commemarqueursrécurrentsdanslesreprésentationsassociéesàlapauvretéetàlarichesse.Dans cette perspective, la notion de pauvreté se construit en opposition avec celle deréalisation/performance, et sur les mêmes critères; son caractère multidimensionnel estconstitutifdecettedéfinition.

Contenuprincipaldeschampsdelapauvreté

ÉchelleperçuedepauvretéetderichesseetqualificationdesniveauxUne échelle à six niveaux pouvant faire sens communément a été établie. Lesdifférents termesrecenséspourdésignercesdifférentsniveauxsontasseznombreuxetsontdiversementcomprisetinterprétésselonlesmilieuxvoire lespersonnes;decefaitaucune terminologie communen’apuêtre identifiée. Pour plus de clarté interne du document, nous présentons ces niveaux avec lestermesquenousavonsadoptésàl’issuedelaphase3:‐ Troisniveauxdepauvreté:

o Ladépendance(l’indigence)o Lasubsistance(la‘grandepauvreté’)o L’insuffisance(la‘pauvretémoyenne’)

‐ Troisniveauxdenonpauvreté:o L’autonomie/l’investissement(lefaitde‘gagnersonpainquotidien’)o Lacapitalisation(l’aisance)o Lepouvoir(larichesse)

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Quatregrandsconstats,amenantàdeuxnotionscentralesdesreprésentations:1. Lacriseagricole (tropfaibleoutropfortepluviométrie,crisecotonnière,pressionsurlesterres,

fin de l’assolement, appauvrissement des sols), qui induit des productions insuffisantes pourl’autoconsommation

2. L’affaiblissement de la cohésion sociale (dissolutiondu collectif au niveaude certains villages,

méfiance envers les chefs, individualisation des familles, gestion individualiste des ressources,individualisme,marchandisationdesaides,scissionsreligieuses,etc.),qui:

‐ accroîtlavulnérabilité‐ réduitlespossibilitésd’investissement‐ élimelespotentielsderésilience‐ renforcelesinégalités3. Lacroissancedesbesoinsmatérielsetleurmonétarisation‐ Lesstandardsdevieontsensiblementaugmenté‐ Le nombre d’enfants par ménage a augmenté (baisse de la mortalité infantile, clairement

expriméedanscertainssites)‐ Lesrevenusdutravailnesontplusessentiellementdestinésàsenourrir,maisdoiventrépondre

àunemultiplicitédepostesdedépenses‐ L’accèsàl’éducationetàlasantésetraduitnotammentpardeschargesfinancièresparfoistrès

lourdespourlesfamilleso Et,danslescasultimes,parexempledemaladieslongues,auxsoinscoûteux,lerecours

au système de santé est perçu/vécu comme un facteur d’endettement etd’appauvrissement

4.Lamonétarisationdeséchanges‐ Avec notamment en milieu rural, le développement des activités rémunérées, non plus

seulementcommeexpédientponctuel,maiscommetyped’activitérégulièreo Voire,lecaractèreemployeur/employédevientuncritèredesegmentationsociale

‐ Faceàcela,lessystèmesd’entraide,quimêmes’ilssontinégalitairespermettentnotammentàcertaines familles de disposer dematériel de labour sans devoir payer, sont en passe d’êtreabandonnés,etlalocationdumatérieldevientlarègle

Surcettebase,deuxnotionsdemandaientàêtreexplorées:1. La notion d’UP (unité de production), qui est le cadre de fonctionnement de la familletraditionnelle,surtoutrurale,enthéorieàlafois:‐ Uneunitésocialeplusoumoinshiérarchiséemaisdirigéeparunchef,quiestégalementlechef

defamille(patriarche,frèreaîné,etc.)‐ Uneunitééconomiquedeproduction,dotéedeterresetdematérielpossédésetexploitésen

commun(champscollectifsdel’UP)oudefaçonplusoumoinsindividuelle,l’UPpouvantounonallouerdeschampspourlesculturesdesménages,desfemmes(àtitreindividueloucollectif)etdeshommescélibataires,

‐ Uneunitédeconsommationoùlesressourcessontcentralisées,consomméesensembleet/ouutiliséesselonlesbesoins,

‐ Uneunitéde résidence,dans les faitsplusoumoinsréaliséeselon ladispersiondesménages(hameaux,exode,autresconcessionsdanslevillage)

2. La notion de jigi, qui s’ancre dans le champ de la solidarité. Un ‘jigi’ est globalement unepersonnequienaideuneautre,surlabased’unlieninterpersonneletsouventindividuel,bienquecertainesfamillessemblentavoirdes‘jigis’àtitrecollectif.

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Lescontributionsdujigisontdenaturetrèsdiverses,peuventêtreponctuellescommerégulièresetpeuventavoirdesvaleursextrêmementvariées,quitoutefoisrelèventdesquatreterritoiresdelaréalisationdesoi:‐ Majoritairement,économique:

o Donouprêtd’argento Dondevêtements,denourriture,decéréaleso Prêtdematériel(agricolesurtout),aideautravail

‐ Socialoupsychosocial:o Offre de support, de garantie (pour accéder à un prêt, pour communiquer avec les

autorités…)o Règlementdeslitiges,intercessionspourlesmariages

‐ Plusminoritairement,psychoaffectif:o Conseil,soutienmoral…

Le jigi est notamment une ressource très importante des familles pauvres. Dans lesreprésentations, l’indigent est celui qui ne peut survivre sans les jigis, et la «non pauvreté» estassociéeaufaitdepouvoirprendreenchargesoi‐mêmequelqu’unàtitredejigi.

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1.3.Présentationdelaphase31.3.1.Rappeldesobjectifsdétaillésdelaphase3Lesprincipauxobjectifsassignésàcettephasedel’étudeétaientdevalideretd’affinerlescritèresdentifiéslorsdelaphase2

‐ Endonnerunedéfinition‐ Fourniruneéchelledevaleursetunegradationarrêtées

Au final, permettant de fournir une matrice à même de servir de grille d’évaluation et destratificationdelapauvretéCesobjectifsimpliquaient:

‐ D’établir un ‘tableau général’ de la pertinencede chacundes critères bruts pour chacundessixniveauxdepauvreté/richessedéterminésparlaphase2.

o Et ceci notamment pour permettre une compréhension des trois niveaux les plusimportants dans l’évaluation de critères de pauvreté : la subsistance (la «grandepauvreté»), l’insuffisance(lapauvreté«moyenne»), l’autonomie(lanonpauvreté,néanmoinssansaisance)

‐ Decomprendre,àchaqueniveau,commentlespositionssurchacundescritèresparticipenteffectivementdelapauvretéoudelarichesse

o Traduireen termesdeconditionsdevie réelle lesphénomènesrecensésauniveaudesperceptionsetdesdiscours

o Etce,defaçonconsolidéeavec lesdonnéescontextuelleset lesélémentsdevécusrecueillisaucoursdelaphase2

‐ Defaçonconsolidée:o D’établir la hiérarchie et la pondération des critères bruts, ainsi que celles des

indicesagrégésqu’ilscomposent Lescritères/indicesdéterminantsetceuxdiscriminants Lescritèrestendanciels Les critères non pertinents (non corrélés à un niveau quelconque de

pauvreté/richesse)o D’établirpourchaquecritèreetpourchaqueéchelledevaleursdesdéfinitionset

desexpressionsquifontsens(enfrançaisetautantquepossibleenbambara)o Defournirlecontenuagrégédesneufcritèrescomposites

Validerleurcompositionentermesdecritèresbruts1.3.2.Approcheméthodologiquedelaphase3Troisapprochescomplémentairesontétéretenues:

‐ Uneapprochedocumentaire‐ Uneapprochequalitative,baséesurdesentretiensindividuels‐ Uneapprochequantitative(questionnairesposésàtitreindividuel)

a.L’approchedocumentaire:lerecensementdesUPetdesménagesdesvillagesLe recensementaétéopéréàpartirde la listeexhaustivedesménagesduvillageétablieavecunpetitgroupedepersonnes(6à8)

‐ surlabasedesrôlesfiscauxobtenusauprèsdesmairies,quimentionnentlaplupartdesUPdesvillages

‐ complétés pour parvenir à recenser l’ensemble des chefs de ménage ressortissants duvillage,etparmiceux‐ci:

o ceuxvivanteffectivementdanslevillage

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o ceuxenexodeouinstallésdansdesvillagesvoisinsb.L’approchequalitativeElleaétémenéeparentretiensindividuelsenface‐à‐face(toujoursréalisésàl’écart,ycomprisdesmembresdelafamilleproche)surlesseptsitesdel’étude.Le guide d’entretien était centré sur le vécu des personnes, à titre individuel, dans leurenvironnement:

‐ Leurhistoirepersonnelle‐ Leuridentitésocialeetleurstatut‐ Leurpersonnalitéindividuelleetsociale‐ Leurressentideleurvillage/ville‐ Leurressentideleursconditionsd’existence‐ Leurperceptionargumentéedeleurniveaudepauvretéetrichesse‐ Leursprincipalesproblématiquesactuelles‐ Leursperspectives‐ Le mode d’organisation et de fonctionnement des collectifs ménage, UP, les activités et

ressourcesexploitées,étantabordéesaufildeladiscussion.Leguided’entretienaétéadaptéauxspécificitésdumilieupeuletdel’élevageAnoterqueleguide,malgrésastructureplutôtdirective,atoujoursétéadaptéauxpersonnesinterviewées, notamment selon leur capacité à répondre à certaines questions jugées tropabstraites,etàaccepter/supporterdesentretiensqui,dufaitdelatraductionenbambaraouenpeul,ontdurédedeuxàquatreheures.

Lespremiersterrainsqualitatifsontétémenésetanalysésavantlafinalisationduquestionnairedefaçonàutiliserlesdonnéesrecueilliespouroptimiserlequestionnaire.c.L’approchequantitativeElleaétémenéeparquestionnaires(toujoursréalisésàl’écart,ycomprisdesmembresdelafamilleproche) sur six sites de l’étude, lemilieu peul ne se prêtant pas, du fait de la dispersion et de lamobilitédespersonnes,àuneenquêted’enverguredanslesconditionsd’étudequiontétéretenuespourcettephase.Le questionnaire (les questionnaires sont présentés en annexe) était lui‐même construit en deuxvolets:1.Unvoletprincipalvisantàrecueillirdesdonnéesdescriptives,factuelles.Lesquestionsontviséàrecueillir des faits les plus concrets et tangibles possibles, en évitant au maximum le biais desubjectivité.Ellesontnotammentportésur:

‐ L’âge,lesexe,lascolarisation‐ Lastructureduménageetlecaséchéantdel’UP‐ Lesactivités:typesd’activités,outildeproduction,moded’organisationdutravail(incluant

laparticipationdesenfants,lesmodesd’association,l’emploi…)‐ Lestatutetlasurfacesociale‐ Leniveaudevie (habitat,alimentation,moyensdedéplacement, scolarisationdesenfants,

accèsàlasanté,épargneetendettement,biensd’équipementdufoyer…)‐ Lequestionnaireaété légèrementdifférenciéselon lemilieu;enmilieurural,unebatterie

dequestionsspécifiquesàl’agricultureontétéintégrées(typesdechamps,matériel,engrais,récoltes)

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2.Unvolet final visant à recueillir la perception individuelle subjectivede sonpropreniveaudepauvreté/richesse:

‐ Entermesgénériques:sesentir«plutôtriche»ou«plutôtpauvre»,portantsursafamilled’origine,sonUPetsonménageauseindesonUPlecaséchant,soi‐mêmeauseindesonménage

‐ Le sentiment d’appauvrissement ou d’enrichissement personnel dans le passé et dansl’aveniràmoyenterme(5ans)

‐ Lesentimentd’êtreplusoumoinsdécisionnaireparrapportaux‘autres’engénéral‐ En notant sur l’échelle à six niveaux construite à l’issue de la phase 2 son propre niveau

ressenti:o depauvreté/richesseauglobalo de pauvreté/richesse sur 29 critères sélectionnés pour assurer la faisabilité de

l’exercice,permettantnéanmoinsd’incluredesregistresdiversifiés: descritèresrenvoyantàdesélémentstrèsfactuels: l’équipementdufoyer,

l’habitat, les revenus, les champs, l’équipement, le bétail, l’épargne, sesproprescontributionsentantquejigi,etc.

descritèresimpossiblesàcernerdefaçontangibledansunquestionnaireaunombre de questions limité, mais sur lesquels il était nécessaire d’obtenirdes données, ne serait‐ce qu’à titre comparatif: la famille d’origine,l’éducationreçue,lecaractèreetlapersonnalité,sespropresjigis,lacapacitéà bien marier ses enfants, le réseau social, l’influence dans le village/lequartier,etc.

Du fait de l’absence de terminologie signifiante pour tous, l’échelle de pauvreté/richesse étéreprésentéeparunvisuelnonlégendé.

Visuelutilisépourlepositionnementdespersonnesinterviewées

Suiteauxtestsqualitatifsetquantitatifs, l’échelleaétéprésentéesous formed’histogrammeàsixniveaux, présentant la ‘frontière’ entre pauvres et ‘non pauvres’; toutefois, la grille de réponselaissaitauxinterviewésquileproposaientspontanément lapossibilitédesepositionnersurleseuildepauvreté,cequidefaitaintroduitunseptièmeniveau,intermédiaire,dansl’échelle(laprécarité).d.ÉchantillonnageSurchaquesited’enquête,unéchantillonraisonnéaétéconstitué:

‐ Dans lesvillages,desménagesontétéextraits aléatoirementde la listedesménagespuisclassésselonleurniveaudepauvreté/richesseparlegroupedepersonnesressources

‐ Dans les villes, avec des personnes ressources familières des divers quartiers, qui ontconstituédeslistesdepersonnescorrespondantàchaqueniveaudepauvreté/richesse

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L’affectationàunniveaudonnéatoujoursétéeffectuéesurlabasedescritèresmatérielsissusdelaphase2surchaquesite(cescritèresontdonctoujourstenucomptedesspécificitéslocales).Dufaitdelapetitetailledel’échantillon, l’étudeaprivilégié lesniveauxprochesduseuildepauvreté,afindepermettreunemeilleureanalysedesmécanismesenjeuautourdeceseuiletdemieuxrépondreauxobjectifs.Les personnes ont été interviewées à titre individuel.Unquestionnaire (ouunguided’entretien)uniqueaétéadministréauxhommesetauxfemmes,unseulmembreduménageétantinterviewé:

‐ Pourdesraisonsméthodologiques:o Lequestionnairecommeleguided’entretien intégrantdesquestionsposéesàtitre

purementindividuelo Les personnes rencontrées étant à même de décrire les activités de leur

époux/épouse(s)‐ Pourdesraisonsdefaisabilité:

o Ilauraitsouventététrèsdifficilevoireimpossibled’obtenirdesentretiensavecdeuxconjointsauseind’unmêmeménage:

cas de veuvage, exode voire emprisonnement des chefs de ménage, etsurtoutrefusqueleursépousessoientinterviewées/enquêtées…

envilleetaveclescoucheslesplusaisées(cequemontrebienlatrèsforteproportiondefemmesduniveau«aisé», leshommess’étantmontréspeuenclinsàrépondre)

‐ Encorollaire,pourdesraisonsd’exploitation.e.Équipeenchargedel’étude

‐ Laurence Touré et Fabrice Escot ont mis au point les guides d’entretien et les deuxquestionnaires,ontintégralementréaliséleterrainqualitatifetpersonnellementsuperviséleterrainquantitatif.

‐ FabriceEscotaanalysélesrésultatsetrédigéleprésentdocument.

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1.3.3.Ladémarched’analysedelaphase3del’étude(validationauniveauindividuel)L’analyse qualitative a permisde dégager certaines problématiques et de finaliser la batterie dequestions et certaines formulations des questionnaires, notamment pour ce qui relève de laperception.Elleanotammentmisenévidenceàlafois lanécessitéetlapossibilitéde‘fragmenter’l’étatdepauvreté/richesseendemultiplescritèrespouvantêtreévaluésdefaçonmonadique.Elleafourniuncadregénérald’interprétationdesrésultats,notammentpourcequirelèvedessystèmesdevaleursetduvécudespersonnes.La méthode impose de ne pas traiter l’échantillon de façon globale, mais en premier lieu de lescinder selon le niveau de pauvreté/richesse, en second lieu de vérifier la cohérence interne dechacun des niveaux pour, le cas échéant, distinguer plusieurs ‘sous‐groupes’. De ce fait, l’analysequantitativeaétémenéeendeuxtemps:En premier lieu, elle a porté sur les notations subjectives données à la batterie des 29 critèrestestéeàlafinduquestionnaire,cequiapermis:‐ Dedégagerlescritèressurlesquelslesécartsdeperceptionsontlesplusimportantsd’unniveau

à l’autre, c’est‐à‐dire les critères les plus contributifs au sentiment de se situer à un niveaudonné(cf.lestableauxentrelesdescriptifsdechaqueniveau,etletableaugénéralpp.92à95)

‐ Surcettebase,d’identifierdesprofilsdifférenciésdepersonnes(16pourlemilieuurbain,15pour lemilieu rural), selon leniveauauquelelles sepositionnentet selon la façondontelless’évaluent elles‐mêmes sur cette grille de 29 critères (cf. les mappings de présentation desprofilspp.32et33)

‐ Spécifiquement,d’identifier lescritères lespluscontributifsà laperceptiond’être«justeendessous»ou«justeendessus»duseuildepauvreté(graphiquespp.101et103).

La technique utilisée a été celle de la note centrée restreinte (NCR), utiliséepourhiérarchiser lacontribution, dans la perception d’un objet d’étude, des différents aspects/paramètres qui lecomposent. En l’espèce, l’objet d’étude était le niveau global de pauvreté/richesse, les différentsparamètresles29critèressélectionnésparmiceuxrecenséslorsdelaphase2(tableauxpp.92à95).La NCR suppose de dissocier deux échantillons, constitués à partir d’une différence de notationglobale(notes‘supérieures’etnotes‘inférieures’).Pournotreétude,leséchantillonsontétéétablisselonleniveauglobalnotésurl’échelle:‐ Niveaudeladépendance=note0‐ Niveaudelasubsistance=note1‐ Niveaudel’insuffisance=note2‐ Niveaudelaprécarité=note2,5(positionintermédiaireentrelesniveaux2et3)‐ Niveauxdel’autonomieetdel’investissement=note3‐ Niveaudelacapitalisation=note4‐ Niveaudupouvoir=note5LaNCRmesure ledifférentielentre l’écartdenotationmoyenpourunparamètredonné(soite)etl’écartdenotationsurlanoteglobale(soitE)L’appréciationducaractèrecontributifounonestbaséesur lanoteainsiobtenue(pourréférence,uneNCRde0signifiequel’écartsurlecritèrespécifiqueestidentiqueàl’écartglobal,cequitraduituncaractèrecontributif).Cedifférentielestensuitecomparéà l’écartE(=1,0,5ou0selon lescaspourlesdifférentsniveauxcomparés).Nousavonsoptépourlacodificationsuivantedanslestableauxrécapitulatifs:

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‐ NCR>+0,2:surdéterminant,noté‘++’‐ NCRentre+0,2et‐0,3:contributif,noté‘+’‐ NCRentre‐0,3et‐0,5:tendanciel,noté‘+/‐‘‐ NCR<‐0,5:peuvoirenoncontributif,noté‘‐‘L’analyse des NCR produites pour chaque ‘couple’ de niveaux a permis de dégager les critèrescontributifsd’unniveauàl’autre.Lesquestionnairesdechaqueniveauontétésegmentésselonleurpositionsurlescritèreslesplusdistinctifsparrapportauxniveauxinférieuret/ousupérieur,cequiapermisdedistinguerdessous‐groupescohérentsentreeux,chacunayantfaitl’objetd’uneanalysecomplètedesdonnéesdescriptives,permettantainsilaconstructiondesprofils.La techniquedemande statistiquementun calcul de significativité, quenousn’avonspasopérédufaitdesbasesextrêmementfaiblesdessous‐échantillonsconstituésparlesprofils(parfoismoinsdedixcas),quirendentglobalementinvalidelanotionmêmedesignificativitéstatistique.Vucettetaillerestreintedel’échantillon,ils’agitplutôtd’uneétudepar«monographies»combinantl’analysedesprofils quantitatifs et celledesentretiensqualitatifs.Nousn’avonspas réaliséd’analyse factoriellefautedemoyenstechniqueset financierssuffisants,maisaussisuivantcemêmeprincipedirecteurdel’étude(faibleéchantillon,approcheanthropologiqueplusquestatistique).Pourautant,plusieursélémentsconfortentlapertinencedecettesegmentationen‘profils’:‐ Lalogiqueinternedechacundesprofils,‐ Leur grande disparité au sein d’un même niveau, chacun se positionnant différemment en

termesd’étatdepauvretéetdedynamique(stadedevie,structuresdesactivitéséconomiques,typed’UP,dynamiquepropredespersonnesquilescomposentetdeleurenvironnement)

‐ Lacohérenceaveclespersonnesrencontréesenqualitatif‐ La linéarité des résultats transversalement à l’échantillon au global, avec l’émergence de

logiquesclaires.Cettedémarcheanotammentpermisd’identifier:‐ auseinduniveau2dechaquemilieu,unprofilatypique,noté2.3(voirdescriptiondesprofils).‐ auniveaujusteaudessusduseuildepauvreté,cinqprofils,quel’analyse(enperceptionpuisen

descriptif) permet de regrouper en deux ‘sous niveaux’: l’autonomie, effectivement juste audessusduseuildepauvreté,etl’Investissement,plusprocheduniveaudel’aisance.

L’étudeaaufinalidentifiéhuitniveauxdepauvreté/richesse,soit,dupluspauvreauplusriche:‐ Quatreniveaux«pauvres»:DépendanceSubsistanceInsuffisancePrécarité ‐ Quatreniveaux«nonpauvres»:AutonomieInvestissementCapitalisationPouvoir

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1.3.4.Structuredeséchantillonsqualitatifetquantitatifdelaphase3304personnesontétéinterviewéesouenquêtéesaucoursdelaphase3,répartiescommesuitsurlesseptsitesd’étudedanslarégiondeKoulikoro(horsBamako,oùsesontdérouléslestests)

39entretiens265questionnaires

Répartitiondesentretiensselonlesseptniveauxdepauvreté/richesse:

Échantillonurbain:12entretiens‐ 6hommes,6femmes

o 1auniveau‘dépendance’o 3auniveau‘subsistance’

dontunauparavant‘précaire’ dont un auparavant ‘eninsuffisance’

o 2auniveau‘insuffisance’o 4 au niveau ‘autonomie’/

‘investissement’o 1auniveau‘capitalisation’

Échantillonrural:27entretiens‐ 17hommes,10femmes

o 5auniveau‘dépendance’o 9auniveau‘subsistance’o 4auniveau‘insuffisance’o 1auniveau‘précarité’o 6 au niveau ‘autonomie’/

‘investissement’o 1auniveau‘capitalisation’o 1auniveau‘pouvoir’

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Répartitiondel’échantillonquantitatifselonlesseptniveauxdepauvreté/richesse:

Échantillonurbain:103questionnaires:‐ répartitiondessexes:

o 53%d’hommeso 47%defemmes

‐ répartitiondesâges:o 13%âgésde18à30ans(dufaitde

l’âge plus tardif des mariages enville)

o 61%âgésde31à55anso 26%âgésdeplusde55ans

Échantillonrural:162questionnaires‐ répartitiondessexes:

o 57%d’hommeso 43%defemmes

‐ répartitiondesâges:o 41% âgés de 18 à 30 ans (incluses

quelques jeunes épouses âgées de14à17ans)

o 44%âgésde31à55anso 15%âgésdeplusde55ans

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2‐Résultatsdétaillésdel’étude2‐1.Constatstransversauxetélémentsclésd’analysea. La phase 3 valide la définition de la pauvreté comme ‘non réalisation de soi’ et soncaractèremultidimensionnel.Lesdimensionsenjeusontfortementinterdépendantes,etfonctionnentensystème.Accéderàuncertain niveau de «richesse» suppose de se réaliser, ultimement, sur tous ces registres, dans laréalitésurcertainsd’entreeux.Cecaractèremultidimensionnel,parcellaireetcombinatoireaétéexpriméenspontanéaucoursdesentretiensqualitatifs,enréponseàdesquestionsdiverses:

«Ilyaplusieursrichesses: jesuis leplusricheauplanintellectuel,surleplandel’expériencedelavie,surleplanmatériel,carj’aiplusdematériel,j’aiunemoto,mesépousesn’enontpas,j’aidesmaisonsetellesn’enontpas,j’aiunbureauetunordinateur,ellesn’enontpas; je suisplus richeauplan financier, je travailleplusqu’elles,etjesuisaussiplusricheauplandelaculture.J’aidesenfantsplusinstruits,undemes filsa fini l’ENSUP,mais je suispluscultivé.» [Fonctionnaire,profil«Salariésinvestisseurs»,Koulikoro]

«Silesgensvoientmamaison,ilspenserontquejesuisplusrichequejenesuisenréalité.Enfait,sijeprendsmamaison,j’aiuntoitdetôles,jememetsauniveau4,maissijeprendslasituationactuelle,avectouslesenfantsquejedoisnourrir,jeme mets au niveau 3. Donc, je me mets au milieu.» [Agriculteur, profil«Traditionalistes»,Dègnèkoro]

b.L’appréciationsubjectivedeleurniveaudepauvreté/richesseparlespersonness’avèreextrêmementfondéeobjectivement:Lesréponsesapportéesàlaquestion103duquestionnaire,quidécomposelapauvreté/richesseenune sélection de 29 critères relevant des neuf dimensions précitées, montre clairement que lesinterviewés:

‐ Ontpuappréhenderlaquestionsansproblème:tousontrépondu,etlenombredeNSPestextrêmementfaible

‐ Ontréellementpuappréciercescritèresdefaçonindépendante,etles«noter»surl’échelledepauvretédefaçoncohérentevis‐à‐visdeleursituation,cequeconfirmelecomparatifdesnotes«deperception»aveclesdonnéesplustangiblesrecueilliesdanslequestionnaire.

‐ On notera à ce titre que la capacité à envisager spontanément la dissociation de diversaspects de la pauvreté/richesse semble plus élevée chez les personnes qui sont sur desseuils de sécurisation du présent et/ou de l’avenir (soit les niveaux de la précarité, del’autonomie et de l’investissement), ce qui suppose des formes d’anticipation et uneréflexionsurleursconditionsdevieetd’évolution.

Cettepertinencedenotationsubjectiveaconstituélasourcemêmedelapossibilité,surlabased’untraitement statistique de ces notations, de parvenir à des profils cohérents (homogènes etdifférenciés)entermesnotammentdestructuredesménagesetdesUP,destructuredesactivités,demilieud’appartenance,d’intégrationsociale,depostureindividuelleetdedynamiquegénérale.

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c.Lapauvreté/richesseestàlafoisunétatetunprocessusdynamiqueLeprocessusde«réalisation»estévolutif,ainsiqu’entémoignelacapacitédesgensàsepositionnerdifféremmentdansletempsetàqualifierdiversementleurdynamiqueactuelle.L’état de pauvreté/richesse repose sur des équilibres plus ou moins stables et plus ou moinssécurisés:

‐ Il peut suivre des progressions plutôt linéaires (par exemple accession au travail voire àl’autonomie, constructionde la famille, accèsà lapropriétéet constructionde l’habitat, lascolarisation des enfants, épargne, investissement professionnel, acquisition de matériel,accroissement de la force de travail du ménage ou de l’UP…), mais cette linéarité estfréquemmentaffectéepardesphénomènes‘disruptifs’,

o Certainspositifs,‘déclencheurs’:mariage,arrivéed’uncapitalinattendu,exoded’unmembredelafamille,soutiend’unnouveaujigi,embauche…

o D’autres négatifs, ‘ruptures’: décès du conjoint, divorce,maladie, accidents, décèsdujigi,décèsdesenfants,licenciement,«fuite»desfils,escroquerie,sécheresseouaucontrairetropfortepluviométrie…

‐ Lesparcoursdevierestitués lorsde laphasequalitativemontrent lafréquence importantedetelsphénomènesetontainsiuncaractèretrèspeulinéaire

Lesentimentdevulnérabilitéauxrupturesestfort,ycomprischezlespersonneslesplusaisées(unefemme,trèsaiséemaissansenfantàmêmedeprendrelarelèvedesesaffaires,ouchezlesartisansetcommerçantsurbainssurtout, l’impactde larécessiondeséconomiesurbaines…); les stratégiesdesécurisationsontainsiaucœurdesactivitésdesménagesquienontlescapacités:

‐ Certains hypothèquent clairement le présent sur l’avenir en privilégiant ce qui relève del’investissement et en tentant de suivre des schémas «linéaires» de progression(investissement sur l’habitat, scolarisation des enfants, parfois nécessairement sélective,investissementprofessionnel,refusdel’endettementautantquepossible,restrictionssurleniveaudevieetnotammentl’alimentationetl’équipementdufoyer)

‐ D’autres (à niveau égal de pauvreté/richesse) montrent un rapportinvestissement/consommationplusfaible,avecunedynamiqueplus«aujourlejour»

Quel que soit le niveau de pauvreté/richesse, le stade de vie est un élémentmajeur de l’état depauvreté/richesse;onobserveune‘courbe’deviemarquéepardesphasesd’enrichissementetdesphasesd’appauvrissement,avecdesétapesrécurrentescheztous:‐ Lemariage(vécucommeàlafoisl’accessionaupleinâgeadulte,àuneformed’indépendanceet

departicipationaucollectiffamilial,àlacollaborationentreépoux).Néanmoins,lemariageestdiversementvécuselonsoncaractèrelibrementchoisiounon.

o Un mariage accepté, même lorsqu’il est décidé par la famille, est bien vécu par lesjeunesmariés:accessionàunstatutsocialsupérieur,pourlesagriculteursenUPaccèsà des champs pour le ménage voire à des cultures individuelles pour les hommescomme pour les femmes. Ce sentiment induit également souvent un sentiment desécurisation,chacundesconjointssesentant«aidé»parl’autreouentoutcassoutenuparsesactivités.

Sachant que le mariage choisi, exprimé comme basé sur l’amour et le librechoix, ne semble plus être une exception, et il supporte fortement cetépanouissementindividuel.

o Le mariage imposé, et notamment pour les femmes, peut au contraire être vécunégativement, commeune perte de liberté, une réduction de l’accès au travail (il estplusieurs fois exprimé comme tel par des femmes récemmentmariées et soumises àunerèglemaritalerestrictive).

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‐ L’entréedanslavieprofessionnelleplusoumoinsautonome,‐ Le fait d’avoir des enfants, en soi vécu comme un enrichissement, mais à court terme, les

ménages avec une majorité d’enfants jeunes et improductifs, surtout s’ils sont scolarisés ouinactifs,ressentent lepoidsdecharges importantes;cedéséquilibreestcompensé lorsquelesenfantsdeviennentproductifs.Lescontributionsdesenfantsinterviennent:

o Rapidement,mais sont de faible rapport, lorsque les enfants peuvent participer voiretravailler, en commerce ambulant ou en effectuant de petites activités payées à latâche,cequiestsurtoutlecasdesprofilslespluspauvres,

o Plus tardivement, mais de façon plus «rentable», pour des enfants qualifiés et quitrouvent du travail, ou qui parviennent à partir en exode et à aider leménage, deuxfacteursfavorisésparl’aisanceéconomiqueet/ousocialedesparents

‐ Lavieillesse,toujoursappréhendéecommeune incapacitéàtravaillerplusquecommeunâgeobjectif,signeunappauvrissementpersonneletuneplusfortedépendance,directe(dépendredel’aide)ouindirecte(nécessitédedélégueràdestiers,àquionfaitplusoumoinsconfiance)

Les parcours de vie montrent des cas de mobilité sociale rapide, ascendante ou descendante.Certainespersonnesaujourd’huiaiséesourichessontissuesdefamillespauvres;certainsindigentssont issus de familles plutôt aisées. Cette dynamique d’appauvrissement/enrichissement s’inscritdans un ensemble complexe de facteurs plus ou moins contraignants, dont la personne estnéanmoinsfortementpartieprenante(viasapsychologie,sesattentes,sacapacitéàdécideretseschoix propres, dont notamment, lorsqu’elle est en mesure d’en décider, ceux relatifs àl’investissementouàlaconsommation)Lesdéterminismessociauxjouenttoutefoisencoretrèsfortement‐ Globalement, les «non pauvres» sont d’origine sociale supérieure aux «pauvres», ce qui se

traduitnotammentparunplusforttauxdescolarisationetdesétudespluspoussées,uneplusgrandecapacitéàs’estimerdétenteurdesvaleurssocialesetmorales,etdefaçongénéraleunstatutsocialsupérieurmêmeauplandusymbolique,ainsiqu’uneplusforteintégrationdanslesréseauxsociaux.

‐ L’accroissement du taux de scolarisation est à mesurer au fait que les enfants des «nonpauvres»sontclairementplusetbienmieuxscolarisésqueceuxdes«pauvres»,cequitendàreproduire la hiérarchie sociale voire tend à l’accentuer vu l’importance croissante de lademandeenqualificationssurlemarchédutravail,surtoutenmilieuurbainmaisaussienmilieurural, où l’évolution desmodes de vie et de production favorise l’émergence d’une demandepour desmétiers plus techniques (dans le domainemécanique notamment). La faiblesse del’appareiléducatifpublic induitnotammentlanécessitéperçuedurecoursàunenseignementprivé,réservéauxménagesavecuncertainniveauderevenus.

‐ Lesdonnéesquenousavonspu recueillirmontrentque lesbénéficiairesà titre individueldeprojets/programmessontsouventdesmembresdefamillesinfluentesetaisées,etcesurtoutenmilieurural

o Ce qu’il est possible de corréler avec le discours de deux personnes interviewées enqualitatif (Fana et Dègnèkoro), dont la stratégie économique inclut très clairement lacapacité à «capter des projets», et qui se sont présentées comme pauvres (etexplicitement demandeuses d’aides) alors qu’elles appartiennent à des familles nonpauvres (de chefferie, d’agro‐éleveurs aisés) et qu’elles détiennent elles‐mêmes uncertaincapitaléconomique.

o L’impact de ces projets, s’il participe à un enrichissement «global» au niveau descommunautés,nemodifiepasl’équilibreglobalentrerichesetpauvres.

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Nombredebénéficiairesdeprojetsselonleniveaudepauvreté/richesse

Dép

enda

nce

Subsistance

Insuffisan

ce

Précarité

Auton

omie

Investissemen

t

Ca

pitalisation

Po

uvoir

Milieurural1 3 2 1 6 8 5 1

7bénéficiaires

20bénéficiaires

Milieuurbain3 1 0 1 1 2 2 0

5bénéficiaires

5bénéficiairesd.TroissystèmesdevaleurscoexistentdanslasociétémaliennecontemporaineCestroissystèmessontclairementdifférenciés,etnotammentselonlerapportqu’ilsposententrelapersonne(oul’individu)etlecollectif:‐ Un système patriarcal, fondé sur la soumission aux normes sociales et morales (et,

vraisemblablementdeplusenplus,religieuses),etoùlestatutindividuelestfortementindexésur sa position au sein de la hiérarchie familiale, avec une différenciation des rôles et desactivités selon le sexe, la génération, etc. Les relations sont posées sous l’angle de rapportsd’autorité et de soumission, et le compromis apparaît surtout comme une stratégie pourpartager les responsabilités et le cas échéant les reproches, ou comme un nécessaireassouplissementpouréviterou limiter lesaffrontements,voire la fuitedessubordonnés (filsnotamment)

‐ Unmodèle de valeurs humanistes et progressistes qui semble se diffuser depuis les annéesd’indépendance(etauqueladhèrentfortementlespersonnesforméesdurantcettepériode,etsurtoutlesintellectuels),enthéoriefondésurl’espritcritiquemaisquifavorisesurtoutl’effortcollectif,lemériteetlecompromiscommesupportsdeprogrès,etquiposelesrelationssousl’angle de l’entente, du dialogue, de l’écoute… ce modèle intègre notamment le caractèreimparfait (et dès lors perfectible) de chacun, avec la nécessité d’apprendre pour «éviter leserreurs».

‐ Enfin un modèle plus individualiste ancré dans l’éthique du travail qui favorise surtout la

réussite, et qui semble privilégier les valeurs individualistes (égalité, liberté) comme seulesgarantes du succès. Les relations sont posées sous l’angle de l’affinité et/ou de l’intérêt. Lecompromis est alors plutôt exprimé comme le support d’une réussite collective (ou plutôtmutuelle)dansunespritd’association/decollaboration.

Cettediversitédesmodèlesdevaleurssembleêtreaujourd’huiuneréalitéperçuecommeunfaitdesociété, qui a fait l’objet de débats spontanés dans de nombreux groupes lors de la phase 2 del’étude,notammententre«pèresdefamille»défendantl’unoul’autreaunomdel’ordresocialoude la «modernité», et elle émaille aussi les entretiens qualitatifs; elle concerne directement

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l’organisation familiale voire de la société, c’est‐à‐dire l’environnement dans lequel l’individu seréalise.Schématiquement,territoiresetdimensionsprégnantesdestroissystèmesdevaleurs

Le système ‘patriarcal’ focalise sur le statut et l’autorité commemoyen et comme objectif, et le‘chef’ doit assurer la cohésion et conserver le contrôle de l’outil de production. La réalisation duchamppsychoaffectifluiestassezextérieur.Lesystème‘progressiste’valorise largement lesvaleurscollectives, lerespectdesvaleursmorales,maisaussilediscernement;lesuccèsestuneentreprisecollective,lechampdupsychoaffectifetdumentalenestunélémentclé.Lesystème‘individualiste’reposeessentiellementsurl’intellectcommeoutil,l’individualitécommemoteur,etlaréalisationéconomique(l’intérêt)commeobjectif.

Cessystèmesdevaleursinfluentainsifortementsurlesperceptionsrelativesàl’étatdepauvretéouderichessedespersonnesrencontrées;ilss’avèrentégalementfortementinfluersurlastructurationdes ménages et des UP, et dès lors sur les dynamiques perçues ou mises en œuvred’enrichissement/appauvrissement.En corollaire, les personnes interviewée ou enquêtées expriment leur personnalité de façonclairementdifférenciée,etfontmiroiràcestroissystèmesdevaleurs.‐ Certaines se positionnent clairement sous l’angle des valeurs d’autorité/soumission selon la

hiérarchiefamilialeetsociale(autoritédupère,dufrèreaîné,dumari,del’oncle…)etlesrôlessociaux, l’expression laplusmanifesteayantétédonnéeàKoulikoroparune femmed’origine«captive»,quisevittoujoursdanscestatutsocialementinférieur,

«Jedécidepourlesautrescarc’estmonrôleentantqueresponsabledefamille»[Homme,43ans,Koulikoro,niveau«subsistance»]«C’est lerôledelafemmemariée,sesoumettre» [Femme,32ans,Fana,niveau«autonomie/investissement»]

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‐ D’autres se positionnent sous l’angle des valeurs progressistes voire expriment leur«imperfection»; ils valorisent le compromiset l’entente, souscouvertnéanmoinsdu respectdesvaleursmoralesetdesrèglestransmisesparleursascendants,

«Uneseuleidéenepeutrienconstruire,ilfautl’idéedesautres.L’idéedesautresrassurel’individudanscequ’ilfait, luidonnelecouragederéussir» [Homme,26ans,Namakana,niveau«capitalisation»]«C’est ça l’humanité: «une personne, une idée, deux personnes, deux idées».L’homme est fait pour vivre avec les autres pour réussir» [Homme, 68 ans,Koulikoro,niveau«subsistance»]«Jesuisavecmesfrères,mesparents,noustravaillonsensemble,labonneidéenevient pas des aînés seuls, un cadet peut avoir de bonnes idées. Il faut consultertout le monde pourmieux avancer ensemble. Quand on est ensemble, on tientcomptedesidéesdesautres,çapermetdesecorrigeretdeprogresser»[Homme,42ans,Namakana,niveau«autonomie/investissement»]

‐ Les dernières enfin adoptent des positions plus affirmées, individualisées, volontaristes, et

parfois placent leur réalisation au dessus du respect des normes sociales. Cemodèle sembles’êtrepluslargementdiffuséàNamakana,oùilfaitmiroiràdemodesd’organisationsdutravailbeaucoupplusindividualisées,etdansunemoindremesureàDangado.

«Ce qu’on décide de faire soi‐même, on supporte toutes les difficultés qu’onrencontre,c’estnotrechoix,notredécision,donconsupportetouslescoups,maissi c’est quelqu’un d’autre qui décide à notre place, on arrête tout à lamoindredifficulté»[Femme,30ans,Namakana,niveau«autonomie/investissement»]«Nous sommes différents sur le plan intellectuel, physique, économique, nousprenonsnosdécisionsenfonctiondecesmoyens,cequi faitqu’unepersonnenedoitpasdécideràlaplaced’uneautre.Chacunvisesonintérêt,cequivaaveclui,il le fait sans contrainte extérieure» [Homme, 56 ans, Namakana, niveau«autonomie/investissement»]

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e.L’unitéménagen’estpasunecommunautéégaledeniveaudepauvreté/richesseBeaucoup d’interviewés se déclarent plutôt plus riches ou plutôt plus pauvres que les autrespersonnesde leurménageet peuvent argumenter cetteperception (cf. plus haut, verbatim sur ladiversitédesformesderichesse).D’unefaçongénérale,onnotelasubordinationdesfemmesaussibienauplandelalibertédechoix,d’accèsautravailouàcertainesformesderessources,àl’épargneetàlapropriété,voireàlalibertédemouvement.Unepartnonnégligeabledesfemmesexprimesa«personnalité»sousl’angledelasoumission,aumarispécifiquementouàlafamilled’unefaçonplusgénérale.Encorollaire,lagrandemajoritédesfemmessesententglobalementpluspauvresqueleurmari(etinversement,ceux‐cise sentent plus riches). Et ce, surtout lorsque la structure sociale les subordonne à eux et les«enferme»enlesempêchantdeseréaliser;certainesfemmessesententainsidiscriminéesdecepointdevue.

«Je voudrais faire de l’élevage, mais une femme n’a pas le droit d’acheter dubétail»[Épouseduchefd’UP,Fana]

Structuredesréponsesàlaquestion:«Pensez‐vousquevousêtesunepersonneplutôtplusricheouplutôtpluspauvrequelesautrespersonnesdevotreménage?»

Enmilieuurbain:

Plutôt plus riche

Plutôt plus pauvre

Moyen

Tous pareil

NSP

Total

Hommes 82% 7% 5,5% 5,5% / 100% Femmes 23% 38% 23% 16% / 100%

Total 54% 21% 14% 11% / 100%

Enmilieurural: Plutôt plus

riche Plutôt plus

pauvre Moyen

Tous pareil

NSP

Total

Hommes 84% 3% 3% 10% / 100% Femmes 20% 39% 19% 20% 2% 100%

Total 56% 19% 10% 14% 1% 100% f. L’UP joue un rôle majeur dans la dynamique socioéconomique des ménages et despersonnesindividuellementEnmilieuurbain,l’échantilloncompte30%deménagesvivantenUP(sachantquececritèren’apasété pris en compte lors de la constitution des échantillons). En milieu rural, le recensement desménagesmontreque88%d’entreeuxviventau seind’uneUP (80%auseindenotreéchantillonraisonné,dufaitdelasurreprésentationdesniveauxtrèspauvresoùlesménagesindépendantssontrelativementplusnombreuxquelesautres).LamajoritédesUPcomptentdeuxgénérationsdeménages.LesUPcomptanttroisgénérationsdechefsdeménagesontrares,etsurtoutenmilieuurbain.

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LesUPsontdedeuxtypes:‐ Untype«pèreetfils»,oùl’UPestcentréesurunchefdeménageetlesménagesdesesfils

mariés,maispouvantincluredesfilsnonmariés,desfrèresnonmariésetdanscertainscasdesneveux,parexemplefilsdesesfrèresdécédés

‐ Untype«fratrie»,oùl’UPestconstituéedeménagesdefrères(et lecaséchéantleursfilsmariés)

o Soit exclusivement demêmepère et demêmemère (ce qui semble le cas le plusrépandu)

o Soitdemêmepère(enmilieusoninkésurtout,Dangado) cequiliéàunefortepolygamieetàungrandnombred’enfantsparménage

peut produire des UP extrêmement vastes (plusieurs UP de Dangadocomptententre10et18ménages)

o Ou sur un autre modèle la plus grande UP de Fondombougou (16 ménages), quicomptetroisgénérationsdechefsdeménagedescendantsd’unmême‘fondateur’.CetteUPestdecefaitassezatypique,etsecaractériseégalementparsoncaractèreextrêmement équilibré entre le collectif (champs communs, grenier commun,préparationencommun)etlalibertéindividuelle,ycomprispourlesfemmes.

Lesdeuxgraphiquesci‐dessousprésententlesrésultatsdurecensementdesUPetdesménagesquilescomposentdanslesvillages(unetelleanalysen’apuavoirlieuenville,nienmilieuPeul)

RépartitiondesménagesselonletypedeleurUP(en%)

La taille desUP est très variable. Les plus grandes UP rassemblent jusqu’à 18ménages; ce sontsurtoutdesUPdetype«fratries»surtroisgénérations,c’est‐à‐direuncollectifquis’estmaintenuaufildutemps.NousavonscatégorisélatailledesUPcommesuit:

‐ petite:deuxoutroisménages‐ moyenne:quatreoucinqménages‐ grande:sixménagesouplus

15

44 4116

48

3713

3750

3

16

81

020406080100

Seuls Pèreet5ils Fratries

Degnekoro Namagana Fondombougou Dangado

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RépartitiondesménagesselonlenombredeménagesdeleurUP(en%)

Note:lecaractèrespécifiquedeDangadoestétroitementliéaumodedefonctionnementdesfamillessoninké,trèsfortementpolygamesetoùlanotiond’UPseconservesurplusieursgénérationssurunebase patrilinéaire, ce qui ‘mécaniquement’ amène à des UP de type ‘fratries’ sur plusieursgénérations.Deparsastructured’activitésmême, l’UPaunedoublefonctiondesécurisation(priseenchargeparlecollectif)etde limitationà la réalisation individuelle (restrictionsauxactivitésdechacunauprofitducollectif)Cerôledel’UPsurlespossibilitésderéalisationdechacundesesmembresapparaîtétroitementliéàsastructurationetàsonmoded’organisation:

‐ Les UP peu libérales sont très centralisées et construites sur un modèle patriarcalautoritaire.Elleslimitentfortementlespotentielsderéalisationdesautresmembresquelechef d’UP, propriétaire de l’ensemble des biens de l’UP, ce qui est clairement perçu parcertainsfilsoufrèrescadetsetparcertainesfemmescommeuneformed’exploitation:

«Toutcequejegagne,iciouenexode,jeledonneàmonpère,c’estavecçaqu’onaachetélescharruesetleschèvres.Toutcequ’onpossèdedansl’UPappartientàmonpère.Moi‐même,jenepossèderien»[Filsaînéduchefd’uneUPcentralisée,Fondombougou]«Les femmes peuvent cultiver, mais elles doivent d’abord travailler dans leschamps collectifs, elles commencent leurs cultures après» [Frère cadet du chefd’uneUPcentralisée,Dègnèkoro]«Le fait d’être dans le foroba [l’UP], c’est une sécurité, ça permet de pouvoirmanger,aumoinslesannéesoùlesrécoltessontbonnes[…]Monmarin’estqu’unexécutant […]On travaille trop, c’est crevant,onpasse toute la journéecourbéesouslesoleil,et jenegagnepresquerienpourmoi!»[Épouseduneveuduchefd’uneUPcentralisée,Fondombougou]

o DanscesUP,lemariage(parfoisimposéparlechefd’UPàseulefinderetenirsesfils)estmanifestementmalvécuparcertainsjeunesmariés:pertedelibertéetd’espoirdeconstruireuncapitalproprepourlesfemmes(etainsidesécuriserleuraveniretceluideleursenfants),pressionaccruepourleshommes.

15

54

22

916

3122 31

13

32

17

38

3 13 16

68

0

20

40

60

80

Seuls PetitesUP UPmoyennes GrandesUP

Degnekoro Namagana Fondombougou Dangado

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o Un certain nombre de jeunes quittent spontanément voire parfois quasiment«clandestinement»cetyped’UPpourunexodeplusoumoinsaventureux,maisquileslibèredelatutelleoppressanteetrestrictiveducadrefamilial.

«Mesfilssonttouspartissaufun,c’est luiquifaittout icimaintenant. IlssontàBamako, ils nem’envoient presque rien. Un d’entre eux a volé un bœuf et unecharruequandilestparti.»[Chefdevillage]

‐ Les UP plutôt libérales parviennent à un point d’équilibre entre collectif et individualité;

elles apparaissent souvent comme un réel collectif, qui se caractérise par la propriétécollectived’unepartiedumatériel et dubétail,mais aussi la propriété individuelle, et desactivités en partie communes et en partie individuelles. Elles offrent à la fois un cadre desécurisation (alimentaire, d’entente, de solidarité, demise en commundumatériel et deséquipements…) voire un cadre affectif, et également un cadre support où chacun a lapossibilitéd’investirindividuellement,acquérir,projeter,etc.,

o L’une des rares personnes qui se positionne au niveau supérieur de la richesse en

quantitatif rural est un jeune homme hiérarchiquement «subordonné» dans unetrèsgrandeUPquifonctionnetotalementsurcemodèle.

‐ Certaines UP également plutôt (voire très) libérales semblent être davantage des

communautés de résidence et potentiellement de consommation, mais faiblement desunitésdeproduction:trèspeudematérielestpossédéencommun,sicen’est leschampspossédésencommunparhéritage,trèspeud’activitéssontréaliséesencommun,etchaqueménagedispose à loisir de ses revenus. Ce casde figure se retrouvedavantageen ville etapparemment dans le village de Namakana, village où la structure des ressources et(potentiellement en corollaire) l’émergence forte de valeurs individualistes a induit desmodes de fonctionnement non superposés aux structures familiales, et notamment descollectifs de travail affinitaires et/ou plus fortement marqués par la subordination‘contractuelle’ employeur/employé, c’est‐à‐dire, dans les deux cas, par des relationsinterpersonnellesdétachéesducadrecollectifdel’UP.

‐ Encorollaire,lesménagesindépendants,horsUP,sontplusexposésàdesvariationsdeleur

situation, enpositif commeennégatif, et notamment lorsque cesménages sont depetitetaille,etoùlenombred’actifsestlimité.Deplus,lesséparationssontsouventinégalitairesetcertainsménagesseretrouventsansmatérielparexemple.Cecaractèrefragiledesménagesindépendants se traduit par leur présence en proportion beaucoup plus forte dans lesniveauxlespluspauvres.

«Je suis plus pauvre qu’avant, car mon frère a gardé tout l’équipement aumomentdelaséparation.»[Chefdeménage,milieurural]

g.L’environnementinflueégalementsurlaperceptiondelarichesseoudelapauvreté:Lespersonnes rencontrées sont àmêmede considérer la villeou le villageoù ils habitent commeplus ou moins riche ou pauvre, et surtout comme un milieu favorisant ou freinant leur propreréalisationsocioéconomiqueenfonctiondesressourcesdisponibles,desformesdehiérarchievoirede discrimination (répartition des terres, désignation des bénéficiaires des projets, entente etcohésion, solidarité, reconnaissance sociale…), des équipements collectifs disponibles (eau, santé,éducation,administration…),quiconstituentunsupportplusoumoinsefficaceoucontraignantàlaréalisationpersonnelle.

‐ Le milieu urbain est perçu comme offrant sur le principe des opportunités de travail etd’investissement,maismarquépar la récessionéconomique (Koulikoro surtout,mais aussi

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Fana),avecuneconcurrencecroissanteentrecommerçantsetartisans(donnéesparcertainscomme facteur d’appauvrissement), une dissolution des règles de morale et des liens desolidarité,desinégalitésfortes,etdeslimitesauxprofitsducommercecomparativementàlacapitale

‐ Parallèlement,lesvillagesetencoreplusleshameauxsontperçuscommedescommunautéspauvres,offrantextrêmementpeudepotentielindividuelvoirecollectif,avecunedissolutionprogressive de l’entente familiale et collective. Cette perception est toutefois trèsdifférenciée entre pauvres et non pauvres, du fait d’un accès aux ressources très inégalentre les familles, éventuellement sur des bases discriminatoires (accès privilégié des‘grandesfamilles’auxmeilleuresterres),maisaussidufaitmêmedelastructuredesfamilles,les plus riches ayant une plus grande facilité (main d’œuvre plus abondante, plusd’équipement)à sediversifieretainsi àexploiter les terroirs lesplusproductifs (bas‐fondsrizicoles,périmètresmaraîchers…)

Nousfaisonsiciunrapidepointsurlesquatrevillages:

‐ Dangado:lecollectif,lamigration,destensionssurl’individuelo Peud’infrastructuresauniveauvillageois(pasdeCscomnotamment),etlamauvaise

qualité des enseignants de l’école est fortement décriée (et est donnée enquantitatifcommeuneraisondenepasscolarisersesenfants)

o Levillageoùlaproportiondemigrantsestlaplusforte,àBamakoouàl’internationalo Une traditiondecommercesaisonnieràBamako très installée (avecapparemment

unespécialisationdanslecommercedechaussures,extrêmementrécurrent)o Une tradition également d’activités pour les femmes de broderie sur pagnes ou

voileso Lesfamillessonttrèspeuindividualisées:seuls3%deménagessontindépendants,

et68%desménagesviventdansde(très)grandesUPdetypefratriessurtouto LesUPsontplutôtlibéralesmaisavecdeslimites,notammentlalibertédesfemmes

à pérenniser leurs champs et à investir dans des cultures persistantes (henné,sésame…)

o La solidarité semble assez forte au sein de la famille (ex.mariages collectifs),maisassez faible en dehors (les contributions des jigis sont relativement plus faiblesqu’ailleurs)

‐ Fondombougou:lepoidsdeshiérarchiesfamiliales

o Peud’infrastructuresauniveauvillageoiso Uneforteprésencede lacommunautépeul, installéedefaçonsemisédentaireaux

abords du village; pour autant, certains éleveurs peuls se sont sédentarisés et vialeurrichessedebétailsontdevenusdesmembresaisésduvillage

o Unvillageencriseinstitutionnelle: Le village est clairement bi‐centré: les hameaux sont regroupés sur un

territoire rapproché à assez faible distance du village, et constituent un«deuxième village», à dominante Diarra (chefferie de la commune) quicontestelachefferiedesfondateursCoulibalyettentedes’érigerenvillageindépendant,

o Les UP sont de toute taille; l’éclatement des familles a atteint un niveau assezabouti,mais quelques UP (famille Coulibaly de la chefferie, et Diarra concurrents)sontdemeuréessoudées(respectivement16et7ménages)

o D’aprèslesinformationsrecueilliessurlalocalisationdeschampsfamiliaux,ilsemblequecesdeuxgrandesfamillespréemptentlargementl’accèsauxmeilleuresterresduvillage,situéessurunpérimètretrèsrestreint:lebas‐fondsauxabordsdelarivière.

o Et il est manifeste que ces deux grandes familles comptent la majorité desbénéficiairesd’unprojetdedotationd’équipementagricole

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‐ Dègnèkoro:

o Denombreusesinfrastructuresauniveauvillageois:école,Cscom,mairie,forageso Maisplusdelamoitiédesménagesviventdansleshameaux,parfoisàplusde10km

du village, ce qui restreint considérablement l’accès à ces infrastructures‘collectives’; notamment, et de façon symptomatique de la problématiquevillage/hameaux, les personnes qui vient dans les hameaux boivent l’eau de leurspuits, tout en sachant qu’elle est potentiellement«mauvaise pout leur santé», etnoncelledesforagessituésdanslevillage

o Les terres agricoles sont de qualité très inégale, selon leur localisation sur leterritoire,etselonleurpositionquantàladéclivitédessols;lesfamillesprochesdelachefferiepossèdentglobalementlesterreslesplusfertiles,entoutcasàproximitéduvillage,etlafortepluviométriedel’année2010afortementnuitauxrécoltesdesterreslesmoinsbienplacées

o C’est dans ce village que l’éclatement des familles est le plus abouti, hormis unegrandeUPduchefdevillage

o C’estparailleursdanscevillagequeseretrouvelamajoritédesindigentsrecensés

‐ Namakana:lepoidsdel’orpaillage,etl’individualismeprégnanto Peud’équipementscollectifs(écoledepremiercycle,forages;leCscometl’écolede

secondcyclesontà10km)o Le village est marqué par la présence de filons aurifères exploités depuis des

générations, une intense activité de charbonnage qui entame peu à peu lesressourcessylvicoles,etuneactivitéderestauration/gargotestrèsflorissante,dufaitàl’originedelapositionduvillagesurunepistetransfrontalièreaveclaGuinée

o Ce village est également caractérisé par une absence de pression sur les terresagricoles,dufaitd’un largeterroirexploitable(etpourpartieencore inexploité),etd’unequalitédessolsrelativementconstanteselonlesparcelles

o Lesfemmessontéconomiquementactivesnotammentvial’orpaillageo Les UP sont de toute taille; l’éclatement des familles a atteint un niveau assez

abouti, néanmoins les fonctionnementsdesUP sontplutôtdissous, etd’une façongénéralelescomportementssesontfortementindividualisés

laplupartn’ontpasoutrèspeud’équipementencommun lesménageseux‐mêmessontfaiblementéquipésenmatérielagricole

o Lesrelationsdetravail(orpaillage,charbonnagesurtout)sontsouventorganiséessurdesbasesaffinitaires,auseinouàl’extérieurdelafamille

o L’organisation du travail des UP est souvent désorganisée par lemanque demaind’œuvre,dematérieletla‘compétition’desautresactivités

o Anoterquecevillagecomptepeudepersonnesauxniveaux lesplusaisés,etqueces personnes sont pour beaucoup des éleveurs peuls (installés dans le village deplus ou moins longue date); on observe de fait une limite à l’évolution ou àl’enrichissementdesfamilles‘autochtones’

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2.2.Descriptifdesprofils identifiésparniveaux,etcritèreslesplusdifférenciateursentrelesniveauxCettepartieproposeunelecturedescritèresàlafoisselonleniveau,etselonleprofil,enpartantduniveauleplusbas:ladépendance,pourarriverauniveauleplushaut:lepouvoir.Pour chaque niveau, nous proposons les grands traits qui le caractérisent globalement et le caséchéantceuxquicaractérisentchacundesprofilsquileconstituent.Ensuite,nousprésentonslescritèreslesplusmarquésentreceniveauetlesuivant:‐ Entableaucommenté,ceuxquirelèventdelaperception(identifiésaveclatechniquedelanote

centréerestreinteàpartirdelanotationdelabatteriedecritères)‐ Puis,ceuxquirelèventdel’analysedesdonnées«tangibles»etdel’analysedesprofils‐ ilestdèscestadeimportantdenoterquelescritèresquiémergentvialesperceptionssonttrès

souventconfirmésparlesfaits«tangibles».Note: les profils ruraux ont été plus largement développés dans la présentation que les profilsurbains.Cetraitementdifférentreposesurdeuxspécificitésdecemilieu,quiontétépluslargementabordéesetdétailléesdanslequestionnairerural:‐ L’organisationdel’UP(dufaitquelagrandemajoritédesménagesrurauxvitenUP)

‐ Labaseagricolecommunedesactivitésdecesmêmesménages,quiainduitlanécessité,pour

bien différencier les profils, de détailler précisément les descriptions relatives à ce typed’activité(cultures,matériel,autosuffisance…)

Les pages suivantes proposent un panoptique des profils présentés selon deux axes (mappingqualitatifetnonstatistique):‐ l’axehorizontalexprimeleniveaudepauvreté/richesseentantqu’état‐ l’axe vertical exprime la dynamique dans laquelle ces personnes se sentent engagées:

enrichissement(partiesupérieure)ouappauvrissement(partieinférieure)

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Mapping(qualitatif)des16profilsurbainsselonleurniveaudepauvreté/richesseetla

dynamiqued’appauvrissement/enrichissement

Lesprofilsaudessousduseuildepauvreté:étatetdynamiquedepauvreté/richesse

Lesprofilsaudessusduseuildepauvreté:étatetdynamiquedepauvreté/richesse

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Mapping(qualitatif)des15profilsrurauxselonleurniveaudepauvreté/richesseetla

dynamiqued’appauvrissement/enrichissement

Lesprofilsaudessousduseuildepauvreté:étatetdynamiquedepauvreté/richesse

Lesprofilsaudessusduseuildepauvreté:étatetdynamiquedepauvreté/richesse

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Enmilieurural:répartitiondesprofilsselonlevillage

Degnekoro

Fondombougou

Namakana*

Dangado

Total

Pauvres 53% 52% 49% 47% 50%

0.1 10% / / 2% 3%1.1 5% 10% 13% 5% 8%1.2 3% 3% 13% 7% 6%2.1 8% 5% 10% 12% 9%2.2 23% 13% 10% 19% 16%2.3 / 8% / / 2%3.1 5% 13% 3% 2% 6%

Autonomes 13% 13% 25% 12% 16%

4.1 5% 5% 3% / 3%4.2 8% 5% 18% 5% 9%4.3 / 3% 5% 7% 4%

Aisésetriches 35% 36% 28% 41% 34%4.4 13% 15% 5% 12% 11%4.5 10% 8% 10% 10% 9%5.1 / 3% 5% 7% 4%5.2 8% 8% 8% 10% 8%6.1 5% 3% / 2% 2%

*Lasommedes%deNamakanan’estpaségaleà100pourdesraisonsd’arrondis

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2.2.0.L’indigence:ladépendance,lasoumissioncommemoyendesurvie Conserversadignité

Ceniveauregroupedespersonnesquisesontpositionnéesauniveau0,leplusbas,ceux«quin’ontrien».a.Traitscommunsentremilieuurbainetmilieurural‐ La plupart de ces personnes vivent des situations de rupture: maladie/handicap (liés à la

vieillessepourcertains,maisaussicécité,amputations,séquellesdelalèpre,infections…),décèsduconjoint,divorce,emprisonnementoudépartenexodedumarisansenvoidesubsides,oude déstabilisation, liées à un accroissement des charges auquel des revenus minimes nepermettent pas de faire face: mariage et naissances multiples et rapprochées, ou à un âgeavancé,maladiesgravesdesenfants.

o Très minoritairement dans notre échantillon, le cas d’un jeune ménage urbain oùl’épouseterminesesétudes; leménagenes’estpasencoreconstruitetestencoreaustadedepauvretédontila«hérité».Cecasestmoinsemblématiquedel’indigence.

‐ Laquasitotalitésontdesménagesvoiredespersonnesisolées(enmilieurural,3/5nesontpasenUP)quinepeuventbénéficierde la solidaritéducollectifnide l’aidede filsmariés.Leurrésilienceestcontenuedansleurcapacitéàbénéficierdel’aideet/oulapriseenchargepardestierspourlesbesoinsduquotidien(hébergement,nourriture,vêtements,santé…).

‐ Cespersonnes sontéconomiquementnonautonomes,dufaitd’unetrèsfaiblediversificationdesrevenusetd’unetrèsfaiblecapacitédeproduction:àl’incapacitéphysiquelecaséchéants’ajoutent l’absence de qualification, la faible main d’œuvre mobilisable, le manqued’équipement,debétailetd’épargnesuffisantepourinvestir.

‐ Leursactivitéséconomiquessontdesactivitésdetrèsfaiblerapport:o Enmilieuurbain,misàpartunepersonnesalariée(avecunsalairede10000fcfa),elles

exercentdesactivitéspénibles:extractiondusable,pilagedumil,collecteetcommercede bois, de fourrage, petit artisanat (carreleur)… Les enfants fournissent une maind’œuvreparfoisvitale;prèsde lamoitiédecesménagesviventprincipalementde lamendicité et du travail des enfants (dès 10 ans, voire plus jeunes pour du petitcommerceambulant).

o En milieu rural, les cultures sont quasi exclusivement vivrières (céréales, arachide,haricot) et ne permettent pas l’autosuffisance alimentaire (6,5 mois de nourriturerécoltés pour les UP, et seulement 3,5 mois pour les ménages indépendants).Néanmoins, certains peuvent se faire prêter dumatériel agricole (bœufs de labour etcharrues). L’élevage est quasiment inexistant, pour autant un ménage possède deuxvaches,un18volailles.Lesactivitésadditionnelles(uneparménageenmoyenne)sontle petit commerce pour les femmes (condiments, bassi, riz) et le petit artisanat(fabriquantdecordesoudesecko,brodeusedepagnes). Les revenusdecesménagesproviennentessentiellementdescultures,vivrièresou(uncas)derente.Dans40%decesménages, les garçons surtout et certains très jeunes (moinsde 10 ans) exercentdes activités payées à la tâche, la plupart comme aides agricoles, mais aussi pourcreuserdespuits,oucommetireurdepousse‐pousse.

‐ L’aide reçue s’accompagne d’un coût social et psychosocial élevé: beaucoup adoptent uneattitude de soumission aux autres, s’infériorisent eux‐mêmes en termes de hiérarchie socialevoirededignité,etcertainssesontappropriéslastigmatisationmoraledupauvrequiledésignecomme«mauvaisepersonne».

‐ L’habitat est parfois dégradé, et chaque hivernage annonce le risque de voir les bâtimentss’écrouler;certainesconcessionssontdéjàenpartiesdétruites.

‐ Leur autorité est parfois remise en cause au sein même de leur foyer (perte d’estime decertains hommes notamment, qui ne parviennent pas ou plus à assurer leur rôle de«provider»). La plupart d’entre eux se valorise fortement en termes de morale, de

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personnalité,decapacitéàdécider,decaractère,deconnaissances…cequitraduitundésirtrèsfortdemaintenirsa«dignité»,etlacraintede«nepluss’appartenir».

‐ Lesenfantssonttrèsfaiblementscolarisés(moinsd’unquart)etlaplupartquittentl’écoletrèsjeunesetsansmêmeleDEF.

b.Enmilieuurbain:unerésiliencetrèsfaibleetlespectredel’exclusion‐ Leursurfacesocialeestextrêmement réduite,et lespersonnesquisesontappauvriessuiteà

leurmaladie doivent quitter les collectifs (paris, tons notamment) dont elles ne peuvent pluspayer les cotisations. Elles ne sont pas jigis elles‐mêmes, ne peuvent pratiquement rien fairepourlesautressicen’estdesaidestrèsponctuelles.Certainsviventclairementdanslacraintedel’exclusionsocialeetdurejet.Lapersonnedanslasituationlaplusextrêmedoitsubirdesinsultesetdesattitudesd’hostilité.

‐ Lacouverturedesbesoinsmatérielsestfaible,néanmoinscompenséeparl’aide:o Presquelequartdecesménagesnepréparequ’unefoisparjour,undeuxièmequartne

préparequedeuxfoisparjour,depluslaconsommationderizàmidietdeviandedanslessaucesapparaît fortementsoumiseà lasolidarité;aucunnedisposedecompteenbanque, d’épargne, de moyens de transport personnel (pas même un vélo); lesustensiles de cuisine sont jugés insuffisants et ne sont pas renouvelés, la plupart nefréquententjamaislesCscom,maisplutôtlestradithérapeutes

o Laliterieetlesvêtementsdecérémoniefontglobalementdéfaut,ceuxquienpossèdentles ont acquis durant leur passé plus aisé ou les ont reçu de la part de leurs jigis,notamment,lecaséchéant,ceuxquileshébergent.

‐ Lesdeuxprofilsurbainsidentifiésàceniveausont:

o Profil0.1:les«isolés»:despersonnesd’originesocialepauvre,sansouavectrèspeud’enfantsenâgedelesaider,maisquiontpuousutrouverdesjigipourlesprendreencharge.C’estleseulprofilurbainquihabitedansdesmaisonsauxtoitsdepaille.

Elles ont faiblement recours à l’emprunt par restriction, pour éviter ladéconsidérationquiaccompagnel’endettement;certainesn’ontd’ailleurspasbonne presse auprès des commerçants. Les occasions d’endettement sontessentiellementliéesauxnécessitésdedépensesduquotidien:payerlessoinsde santé en cas de maladie, acheter des céréales pour la consommation,rembourser les commerçants, plus dans un cas pour un investir dans lecommerce.

o Profil 0.2: les «maladifs»: des personnes en incapacité de travailler: malades,

handicapées, tropâgées,d’originesocialediverse,etvraisemblablementpourcertainsayant pu avoir des situations plus aisées, apparemment peu soutenues par des jigis,maisbénéficiantdelasolidaritéetnotammentdelapartdeleurfamille,deplusayantdesd’enfants(certainsmariés)quipeuventparticiperauxactivitéséconomiques,

Ellesontrelativementpeurecoursà l’empruntouaucréditdufaitdesaidesdont elles peuvent bénéficier. Lesoccasionsd’endettementsont surtout liéesaux nécessités de dépenses du quotidien: acheter des céréales pour laconsommationvoirelescondiments,payerlessoinsdesantéencasdemaladie,rembourser les commerçants,mais aussi aux dépenses sociales: organiser unbaptême ou payer la dot des fils à marier, signe des efforts fournis par cespersonnespourmaintenirleurstatutsocialetàtraversluileurdignité.

o Etànoterquelapersonnedanslapositionlaplusextrêmeestunefemmerencontréenqualitatifquicumulelefaitdevivredansunménageisoléetunétatmaladifgrave,etquiprofitecertesd’uneaidedesolidaritédevoisinagemaissansvéritable ‘jigi’etquisouffreleplusàlafoisdeconditionsdeviedures,d’unniveaumatérielbas,d’une

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déconsidération sociale forte, et d’une estime de soi très basse (à la limite de ladécompensation mentale, de la ‘perte de soi’). Cette personne ne parvient à‘fonctionner’ que soutenue par la pulsion de devoir qu’elle ressent vis‐à‐vis de sesenfants.

c.Enmilieurural:unerésilienceplusforte,notammentdufaitdel’intégrationsociale‐ Cespersonnespeuventmaintenirunecertainesurfacesociale.Ellessontassez inscritesdans

lescollectifs,surtoutlestonsetlesparis,maisaussilecommunautairevoireleschefferies.Leurscontributions en tant que jigi sont peu fréquentes etmodestes néanmoins concrètes: prêtermoinsde10000francs,donnerdescéréales,payerdessoinstraditionnels.Ellesestiment leuravisprisencomptedanslevillage,dansleurUPlecaséchéantetdansleurménage,etcertainsparviennentàconserverlaconfiancedescommerçants.

‐ La couverture des besoins matériels est très faible, néanmoins compensée par l’aide et lasolidarité:

o Certainesdisposentd’uneépargnemêmesielleestextrêmementréduite(tons/paris,lepeud’animauxpossédés).Lesmoyensdetransportpersonnel(unseulpossèdeunvélo),la literie et les vêtements de cérémonie font globalement défaut, les ustensiles decuisinesont jugés insuffisantsetnesontpasrenouvelés(marmitestrouéesàcolmaterpourchaquepréparation,absencedebassinequi induitunsurcroîtdetravail,vaissellerouilléequi induitun sentimentd’insécurité alimentaire…). La consommationdepain,derizàmidietdeviandeoudepoissondanslessaucesestquasimentinexistante.

o La plupart ne fréquente jamais les Cscom, mais plutôt les tradithérapeutes. 60% seconsidèrentenmauvaisesanté(unejeunefemmeinterviewéeenqualitatifestdécédéesubitementquelquessemainesplustard).

Lesoccasionsd’endettement sont fréquentesetde tousdomaines: achatsdecéréales pour la consommation, remboursement des commerçants, dépensesdesantéetfraisd’accouchement,dotdesfilsàmarier,achatdevêtementsdecérémonie,paiementdel’impôt.Cetendettementinduitparfoislanécessitédevendre une partie des faibles récoltes, ce qui amenuise d’autant plusl’insuffisance alimentaire. L’incapacité de payer l’impôt s’accompagne chezcertains d’une profonde anxiété avec le spectre (réel ou supposé) del’emprisonnementdumari.

‐ Lesdeuxprofils identifiés enmilieuurbain («maladifs»et«isolés») émergentégalementen

milieurural,pourautant,dufaitdutrèsfaibleéchantillon,ilsn’ontpasététraitésséparément.Danslesdeuxmilieux,lespossibilitésde«rebond»decesménagessontextrêmementlimitées:‐ Pourles«maladifs»l’avenirsemblereposerquasiexclusivementsurleursenfants:

o Soitqu’ilspuissentparticiperauxactivitésduménage (mais leursenfants sontencorejeunes)

o Soitlefaitqu’ilstrouventdutravail(maisleursenfantssonttrèsfaiblementscolarisés),o Soitleurcapacitéàmarierleursfillesetbénéficierainsidel’aidedugendre(maiselles

ontconsciencequeleurfamillesouffred’unmanquedestatut,etqu’illeurseradifficilede«bienmarier»leursenfants)

‐ Pourles«isolés»,misàpartlescouplesen«débutdevie»,l’avenirreposeessentiellementsurles«appuis»:lesjigisenmilieuurbain,lapluviométrieenmilieurural.

‐ Seuleunepotentiellecroissancedubétailoffreuneperspectived’évolution«autonome»àuneminoritéenmilieurural,néanmoinscebétailesttrèsréduitenl’état,etlanécessitédevendrelesanimauxhypothèquelargementcetteperspective.

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CritèrespertinentspourdifférencierlasubsistancedeladépendanceLescritèresqui,danslesperceptions,différencientcesdeuxniveauxsontpeunombreux:lasanté,quiconditionnelacapacitéàtravailler,leséquipementsdufoyer(lesconditiontrèsbasiquesdeviematérielle,etnotammentdesustensilesdecuisinesains), laperceptiondesonmétier, l’apparencelors des cérémonies (surtout en milieu rural, où l’intégration sociale renforce la nécessité de«paraître», alors qu’en ville les indigents subissent une plus forte ségrégation), les revenus etressources duménage et lemariage et la famille créée, tous deux àmettre en relation avec desfamilles«ensubsistance»plus«complètes»quelesfamilles«dépendantes»souventenrupture. Urbain RuralVotreétatdesanté ++ (0,64) + (0,11)Leséquipementsdufoyer(ustensilesdecuisine,couchage) + (‐0,28) ++ (0,38)Votremétier +/‐ (‐0,36) ++ (0,53)Votreapparencelorsdescérémonies +/‐ (‐0,46) ++ (0,60)Lesrevenusetressourcesdespersonnesdevotreménage +/‐ (‐0,42) + (‐0,04)Votremariageetlafamillequevousavezcréée +/‐ (‐0,43) +/‐ (‐0,35)

Lespersonnesquisontvosjigi ++ (0,36) Lafaçondontonvousconsidèredanslequartier ++ (0,36) Votrecapacitéàbienmariervosenfants ++ (0,29) Votreréseausocial + (0,03) Votremaison +/‐ (‐0,38) Votresavoir‐faireprofessionnel ++ (0,69)Votrecaractère,votrepersonnalité ++ (0,65)Votrefamilled’origine ++ (0,58)Votrealimentation + (0,19)Votreéquipementdeproduction(outils,machines) + (‐0,15)siUP.VotreinfluencedansvotreUP + (0,04)Votreéducation + (0,01)Vospropresrevenusetressources + (0,01)Lespersonnesdontvousêteslesjigi +/‐ (‐0,32)Voschamps +/‐ (‐0,40)

L’analyse des données factuelles permet d’ajouter comme critères pertinents néanmoinstendanciels:‐ LafréquentationduCscom‐ Enmilieuurbainsurtout

o Lefaitd’avoirunemploisalarié,aussibassoitlesalaireo L’absencederecoursàlamendicitéo Lefaitd’êtrejigi,d’aiderlesautres(mêmetrèsmodestement)

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2.2.1.Lagrandepauvreté:lasubsistancegrâceaulabeur «surnager»etconserversesréseauxsociaux

Ceniveauregroupedespersonnesquisesontpositionnéesauniveau1, l’avantdernier,ceux«quin’ontpresquerien».a.Traitscommunsentremilieuurbainetmilieurural‐ Ces personnes vivent dans une extrême vulnérabilité et doivent cumuler les petites

ressources, et pour cela mobiliser l’ensemble des membres du ménage: les activités«autonomes» ne suffisent pas à assurer la survie des ménages, et elles doivent mener desactivitéspayéesàlatâche:

o Enmilieuurbain,fairenotammenttravaillerlesenfants(garçonssurtout)àdesactivitésdures(manœuvres,ramasseursdesable).

o Enmilieurural: Profil1.1:0,6enfantparménageparticipeauxactivitéséconomiques,surtout

des filles: travail agricole, bonne. Dans 70% desménages, entre une et troispersonnes (essentiellement les chefs deménages et les épouses), exerce desactivitéspayéesàlatâche,touscommeaidesagricoles,ouapprentichauffeuràBamako.

Profil1.2:1,4enfantsparménageparticipeauxactivitéséconomiques,surtoutdes garçons: travail agricole, berger. Dans 60% des ménages, une ou deuxpersonnes (essentiellement les chefsdeménages,plus rarement lesépouses),exercedesactivitéspayéesà latâche,majoritairementcommeaidesagricoles,sinon comme manœuvres ou pour couper et ramasser du bois, ou pourfabriquerdesfusils(forgerons)

‐ L’accèsàlasantéetàl’éducationdesenfantsdemeuretrèslimité‐ Cespersonnesvalorisentsouventpeu leursconnaissances, leursavoir‐faireprofessionnelou

leurmétier,mais sevalorisent sur leplanducaractère,de lapersonnalitéetde la capacitéàdécider.

‐ Leursurfacesocialeesttrèsfaible;ellesestimentsouventleuravisfaiblementprisencompte,etnebénéficientguèrede laconfiancedescommerçants.Ellessontassezfaiblement inscritesdans les collectifs, et leurs contributions en tant que jigi sont peu fréquentes et souvent trèsmodestes.

b.Enmilieuurbain:ladiversificationdespetitesressourcesProfil1.1,les«Laborieuxsolidaires»‐ Cespersonnessontdetousâges,maisplusde lamoitiéaplusde55ans.Elles sontd’origine

familialepauvreoumoyenne,n’onttrèsmajoritairementpasétéscolariséesnialphabétisées.‐ Ellesvivent,soit dans desménages isolés, soit dans desUP pauvres,dont lagestion semble

assez centralisée, et où beaucoup d’entre elles ont une faible influence et/ou un statut peuélevé,etauxrevenusdesquellesellespensentpeucontribuer.

‐ Ces personnes n’ont ni qualification ni équipement (en propre ou en commun avec l’UP), niépargne,nibétail.

‐ Les activités sont de très petite ampleur et menées de façon isolée: petite agriculturecéréalière sans équipement, élevage ou pêche rudimentaires, petit commerce alimentairesurtout (ou charbon), artisanat (tailleur de pierres). Les personnes qui sont salariées ont dessalairesparfoisextrêmementbas(pasplusde15000francs,voire3000francspourunefemmequifait leménagedansuneécole,5000francsparmoispoursonmarigardiendanslamêmeécole),oudemodestespensionsderetraites(10000francsparmoisdansuncas).

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‐ La cohésiondesménages semble assez solideet la rupturede cette solidaritédesménagespeutameneràl’indigence,cequemontreleparcoursdeviedepersonnes«enrupture».Leschefs de ménage ne peuvent que partiellement assurer leur rôle de provider; les femmesdoiventparticiper,etl’aidedestiers(oudesfilsmariéslecaséchant)estdeplusnécessairepourcouvrircertainsbesoinsprimairesetassurerlasurvieauquotidien.

‐ Laplupart sontdansuneposturede soumissionaux règles socialeset auxautresparstatutsocialouparcontrepartiedel’aide.

‐ En revanche la solidarité est un facteur premier de la résilience de cesménages: seul leurréseausocial,parentsoujigimoinsdéfavorisés,peutleurapporterlesaidesnécessairesencasdeproblèmes(dépensesdesanténotamment,ouachatdecéréalespourlaconsommation),etelles‐mêmessontamenéesàaidermodestementlesautres,à«dépanner»àleurtourcertainsparents,voisinsouamisendifficultés.

‐ Lefaitd’avoirunrevenustableetassuré(salaireoupensionderetraite),aussimodestesoit‐il,constitueàlafoisuneformedesécurisation,unesourcedefiertévoireuneprisedeleadershipau sein de la famille (10 000 francs fournissant de quoi acheter les céréales); de plus celapermetd’accéderaucréditauprèsdescommerçants.

o Cespersonnesont souvent recoursà l’empruntouaucrédit,essentiellementpour lesnécessités de dépenses du quotidien: surtout pour acheter des céréales pour laconsommationetrembourserlescommerçants,sinonpourpayerlessoinsdesantéencasdemaladieoulesfraisd’accouchement,maisaussiauxdépensessociales:acheterdesvêtementsdecérémonieouorganiserunbaptême,etdansuncas,audomainedel’investissement:acheterunéquipementprofessionnel.Cellesquiparviennentàéviterlesdettesbénéficientdel’aideimportantedesjigioudel’entraidefamilialeouauseinduménageet/ouserestreignentpouréviterladéconsidérationsocialequiaccompagnel’endettement.

c.Enmilieurural:unsocledepetiteagriculturevivrièreinsuffisanteProfil1.1,les«Petitsagriculteursexclusifs»‐ Ces personnes sont majoritairement encore jeunes, l’âge moyen est de 31 ans. Elles sont

d’originefamilialediverseetn’onttrèsmajoritairementpasétéscolariséesnialphabétisées.‐ 30%viventdansdesménagesisolés,lesautresdansdesUPplutôtlibérales(50%permettent

les champs pour les ménages), où beaucoup d’entre elles pensent avoir une influence assezfortemalgré leurstatutpeuélevéetmalgré lesentimentque leurménagenecontribue«pasbeaucoup»auxrevenusdel’UP.

‐ Lesculturesdeshommescommedesfemmessontlégèrementdiversifiéesetindividualisées:3culturespour leshommes,variablesselonlesménages:mil,maïsetarachidessurtout,maisaussi fonio, riz, pois, haricot, sésame,patatedouce,dahetmaraîchage, 2,3 cultures pour lesfemmes:arachidesurtout,maisaussimiletmaïs,riz,maraîchage(dansunménagesur4),poisetharicot.Denombreusesproductionssontvenduesparlesménages.Néanmoinsl’absencedematériel agricole (un seulménage possède un bœuf de labour, et seules deuxUP pallient cemanqueauniveauménage)amèneleschefsdeménagecommelesépousesàlouerl’ensembledes équipements nécessaires à ces cultures; de plus les récoltes ne permettent pasl’autosuffisance(9moispourceuxenUP,5moispour lesménages indépendants).L’élevageestsurtout limitéauxvolailles (possédéesenfaiblenombre,bienqu’unménageenpossède30) et s’étendplus rarement aux ovins/caprins.Peu d’activités additionnelles sont exercées,presque exclusivement par les hommes:petit artisanat (tailleur, apiculteurou réparateurdemontresetradios),charbonnage,orpaillage.Lesfemmesexercenttrèspeud’activitésmisàpartdupetitcommerce(beignets)etl’aideàl’orpaillage,ouparticipentàcertainesactivitésmenéesen commun et/ou en association avec le chef de ménage. Les revenus principaux de cesménagesproviennentpour92%descultures,vivrièresou(uncas)desculturesderente.

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‐ La plupart sont dans une posture d’autonomie par rapport aux autres par responsabilitéfamiliale, par adhésion aux valeurs progressistes et pour une minorité à des valeurs plutôtindividualistes (principes d’égalité, de justice, refus d’une trop grande soumission pour sepréserver).

‐ Les besoinsmatériels sont très faiblement couverts:habitataux toitsdepailleoudebanco,insuffisance de literie, d’ustensiles de cuisine, de vêtements de fête et de moyens dedéplacements. La consommationde viandedans les saucesetde riz àmidi estoccasionnelle,celle de pain et de plats de viande plutôt exceptionnelle. Presque aucune ne dispose d’uneépargne.

o Les occasions d’endettement sont très fréquentes et de tous domaines: dépensessociales: achat de vêtements de cérémonie (lamoitié), dot des fils et trousseau desfilles àmarier, organisation de cérémonie de baptême ou de circoncision; achats decéréalespour laconsommation,remboursementdescommerçants,dépensesdesanté(la moitié) et frais d’accouchement, paiement de l’impôt, achats d’équipement oud’intrantsagricoles.Cellesquiparviennentàéviterl’endettementpeuventbénéficierdel’aidedelafamilleouseretreignentpouréviterladéconsidérationsociale.

Profil1.2,les«Petitsagriculteursdiversifiés»‐ Cespersonnessontdetranchesd’âgediverses(l’âgemoyenestde40ans).Ellessontd’origine

familialediverseet50%ontétéscolarisées(maispasplusloinquelepremiercycleprimaire).‐ 20%viventdansdesménagesisolés,lamajoritédansdesUPpeulibérales(aucunenepermet

notamment les champs pour les ménages) et assez centralisées (les ménages semblentcontribuer à part à peuprès égales, et la part du collectifUPest importante relativement auniveaud’équipement),oùbeaucoupd’entreellesexprimentuneinfluenceassezmoyenneliéeàleurstatutpeuélevé.

‐ Lesculturesdeshommescommedes femmessontdiversifiéeset individualisées:3culturespourleshommes,trèsvariables:mil,maïsetarachidessurtout,maisaussifonio,fruitiers,pois,haricot, patate douce, dah, courge et maraîchage, 2,5 cultures pour les femmes: arachidesurtout, mais aussi mil et maïs, riz, maraîchage (dans un ménage sur 4), patate douce, dah,courge,poisetharicot.Certainesproductionssontvenduesparlesménages.L’équipementdesménagesest trèsparcellaireet insuffisant (seulunménagepossèdedeuxbœufsde labour)etfaiblementcompenséparl’UP:42%del’équipementoudubétailestpossédéencommunavecl’UP. 67% des chefs de ménage et 33% des épouses doivent emprunter charrettes et ânes,charrues, et bœufs de labour, contre paiement pour les charrues et bœufs de labour, lescharrettes et ânes leur étant plus souvent prêtées. Les récoltes ne permettent pasl’autosuffisance (6 mois pour ceux en UP, moins de trois mois pour les ménagesindépendants). L’élevage est parfois diversifié mais sauf exception très modeste(essentiellementquelquesvolailles,unseulménagepossède4bovins).Chaqueménageexerceplusieursactivitésadditionnelles:essentiellementdupetitcommerce(condiments,chaussures,cola, thé, sucre, bouillie), artisanat (menuisier‐charpentier, forgeron, garagiste‐mécanicien,brodeusesdepagnes),orpaillage;unchefdeménageestmusicien.L’aidedesonconjointn’estexpriméecommepossiblequepouruneactivitésurcinq.Ilestànoterqueceprofilseretrouvesurtout à Dangado (soninké) et Namakana (malinké), deux villages où les relations entreconjointssontmarquéesparunfortdésird’individualisationetde«gainpoursoi»desfemmes.Lesrevenusprincipauxdecesménagesproviennentpour70%descultures,vivrières,sinondel’artisanat,del’orpaillageoud’autresactivités.

‐ Laplupart(hormisceuxquidétiennentautoritéfamiliale)sontdansuneposturedecompromisoudesoumissionparrapportauxautrespouréviterleserreurs,lesreproches,lescontentieux,voirel’exclusion,ouparsoumissionàlahiérarchiefamiliale.

‐ Les besoins matériels sont imparfaitement couverts: habitat aux toits de banco ou de tôle,diversitéd’équipementenliterie,enustensilesdecuisine,envêtementsdefêteetenmoyensdedéplacements. La consommationde viandedans les sauces, de riz àmidi, depainest très

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variablemaisparfoisrégulière,celledeplatsdeviandedemeureexceptionnelle.40%disposentd’uneépargnesurpied,liéeauxmodestesactivitésd’élevage.

o Lesoccasionsd’endettementsonttrèsfréquentesetdetousdomaines: fraisdesantésurtout,dépensescourantesalimentairesouautres,dépensessociales(dotdesenfants,achat de vêtements de cérémonie, organisation de baptêmes), paiement de l’impôt,achats d’équipement. Celles qui parviennent à éviter l’endettement utilisent leursmaigres ressources agricoles ou du commerce, ou se retreignent pour éviter ladéconsidérationsociale.

Dans les deuxmilieux, urbain comme rural, les possibilités de «rebond» de cesménages sontlimitéesetfortementconditionnées:‐ Ces personnes aspirent en priorité à mieux contrôler leurs activités de production: disposer

d’un champpropre à la culture,mieux préparer ses champs, acquérir ou obtenir dumatérielagricole,créerunpetitcommerce,engageruneactivitéd’élevage,multiplierlespetitessourcesderevenus…

‐ Maisbeaucoupn’ontpaslesmoyensd’anticiper,fautedemoyens,fauted’autonomie(positioninfériorisée des femmes notamment), faute de crédibilité (trop pauvres pour bénéficier decrédit), ou fautede jigi suffisamment fortunépour leur fournir un capital conséquentou leurprêterdumatériel.

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Critèrespertinentspourdifférencierl’insuffisancedelasubsistanceLescritèresqui,danslesperceptions,différencientdesdeuxniveauxsontpeunombreuxetleplussouventasseztendanciels(trèspeudeNCRpositivesouprochesde0).Lespersonnesensituationd’insuffisanceontuneplusgrandesurfacesociale, surtoutenmilieu rural,etontelles‐mêmesuneplusgrandecapacitéàaiderlesautresetàêtrejigi.Anoterquelescritèresportantsurlesrevenusconstituentuncritèrerelativementpertinentenmilieuurbain(revenuspropresetceuxduménage),maispeucontributifenmilieurural(seulementlesrevenuspropres,etassezfaiblementcontributif). Urbain RuralLespersonnesdontvousêteslejigi ++ (0,26) + (‐0,24)Votreinfluencedanslequartier/village +/‐ (‐0,44) + (‐0,10)Votremariageetlafamillequevousavezcréée +/‐ (‐0,30) + (‐0,27)Vospropresrevenusetressources + (‐0,17) +/‐ (‐0,47)

Votrealimentation + (‐0,09) Votresavoir‐faireprofessionnel + (‐0,10) Votrecapacitéàprendredesdécisions + (‐0,11) Votreapparencelorsdescérémonies + (‐0,29) Lesrevenusetressourcesdespersonnesdevotreménage +/‐ (‐0,35) Votremétier +/‐ (‐0,38) siUP.VotreinfluencedansvotreUP + (0,00)Lafaçondontonvousconsidèreauvillage + (‐0,03)Voschamps + (‐0,21)Lespersonnesquisontvosjigi + (‐0,24)Votreétatdesanté + (‐0,25)Votreréseausocial + (‐0,29)Leséquipementsdufoyer +/‐ (‐0,48)Votremaison +/‐ (‐0,38)

L’analysedesdonnéesfactuellespermetd’ajoutercommecritèrespertinents:‐ Des membres de la famille en exode, à même d’aider au moins ponctuellement (argent,

céréales,fraisdesanté,vêtementsdesenfants…)‐ Enmilieuurbain:

o Une activité principale source de revenus mais insuffisante, qui impose des activitéscomplémentairesmultiples(liéeàlavalorisationdu«métier»,artisansouagriculteursdanslamajoritédescas),

o Lacapacitédupèreàassurersonrôledeprovider»etprendreenchargel’essentieldesbesoinsdesenfants,

o Unemeilleurealimentation.

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2.2.2.L’insuffisance:uneincomplèteautonomie,etl’absencedecapital Progresseretacquérirl’autonomie

Ceniveauregroupedespersonnesquisesontpositionnéesauniveauimmédiatementsousleseuildepauvreté.

a.Enmilieuurbain:Deuxprofilsurbainsmajoritairessedistinguent.Ilsontencommun:

‐ Uneautonomieéconomiquerelative;lesrevenussontprincipalementautoproduits,etsurtout

parleshommes,lesfemmestravaillantmoins;lesactivitéspayéesà latâcheet letravaildesenfantssonttoujoursprésentsvoireimportantspourl’équilibredel’économiedecesménages,pour autant, sauf exception, ils constituent des revenus d’appoint, et non plus la sourceprincipalederevenus.Cesménagesemploienteux‐mêmesd’autrespersonnesà latâche(40%despersonnes).

‐ Lepèreassureglobalementsonrôledeproviderduménage.Malgrélaparticipationactivedesenfantsàlavieéconomique,letauxdescolarisationestassezélevé,àl’écolepubliquesurtoutoudansleprivé,etdéboucheparfoissurl’obtentiond’unDEF,voiredediplômesprofessionnels(CAP,BT)

‐ Ces personnes sont très inscrites dans le social, et notamment les collectifs traditionnels:chefferie,chasseurs,sociétéd’initiation…maisaussidanslecommunautaire,lestons/paris,lesorganismes/associationsprofessionnels;ellesbénéficienttoutefoisd’uneconsidérationsocialelimitée.

‐ Leniveaude vie est caractérisé par la couverture incomplète des besoins:alimentation (untiersdesménagesnepréparepas trois fois /jour), insuffisanced’ustensiles, de vêtements,debonneliterie.L’habitatestleplussouventenbanco,autoitdetôleoudebanco,etlesmoyensde déplacement personnels sont très limités (unemoto parfois pour les «artisans», un véloparfoispourles«agriculteurs»).

‐ L’épargne est rare (1/4) et apparemment très modeste. Ces ménages sont touchés par la«crise», larécession,lahaussedesprix,etcertainespersonnesexprimentunfortpessimismesur l’avenir. Les personnes qui se projettent plus positivement montrent une tendance àl’anticipation,ellescherchentàaméliorer lesrendementsde leursactivités,soitenacquérantdumatériel, soit en s’investissant plus dans le travail, à se diversifier, voire à investir si ellesarrivent à épargner. Les subsides des enfants en exode le cas échéant peuvent égalementconstituerunsupportfortdesécurisation.

Profil2.1:«Artisansetcommerçantsmodestes»‐ Despersonnesd’âgesvariables,etissuesdefamillesmoyennes;laplupartontétéscolarisées‐ 30% vit dans des ménages appartenant à de petites UP (3 ménages), semi‐urbaines/semi‐

rurales (et un membre du ménage en moyenne part travailler aux champs de l’UP pendantl’hivernage); ces UP semblent plutôt libérales, chacun menant ses activités de façon plutôtautonome,etcespersonnespensentque leurménagecontribueassez largementauxrevenusdel’UP.L’entraideauseinduménagesembleassezimportante.

‐ Cesménagessontmoyennementpolygames(1,5épouseparménage),etontpeud’enfants:àpeineplusdetroisparménage,etsurtoutjeunes.

‐ Lesrevenusprincipauxde85%decesménagesproviennentde l’artisanatouducommerce:77%deshommesetquelquesépousessontartisans(denombreuxtypesd’activitésartisanales,néanmoins à dimension parfois technique: puisatiers, coiffeurs et tresseuses, rôtisseurs,maçons, garagistes, mécaniciens, peintres, teinturières). Quelques personnes (surtout lesfemmes) fontdupetit commercealimentaire, une seule fait du commercedebois, quelques‐

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unes sont salariées ou pensionnées (fonctionnaires ou enseignants du public), très peupratiquentl’agricultureoul’élevage;enfin,uneépousefaitducharbonnage.

‐ Cespersonnespossèdentunebased’équipementàmêmedefaciliterleursactivités(boutiqueouatelier,charrette,charrue,âne…)néanmoinslimitée(nicharruenibœufsdelabourpourlesagriculteursnotamment),nibétail:seulunhommepossède6ovins/caprins

‐ Seule uneminorité se dévalorise socialement, et la plupart incarnent les valeurs sociales etmorales, soit progressistes, soit plus individualistes; elles se déclarent volontaristes,décisionnaires,oudanslecompromissurdesvaleurspositivesdecohésionetdeprogrès.

Profil2.2:«Agriculteursmodestes»‐ Ces personnes sont plutôt âgées, sont issues de familles pauvres, et la plupart n’a été ni

scolariséenialphabétisée‐ PlusdelamoitiévitdansdesménagesappartenantàdepetitesUP(3ménagesenmoyenne),

detypedivers,centraliséeouplus«autonomiste»,maisdans laquellecertainesactivitéssontmenées en commun (agriculture surtout). Ces personnes vivent et travaillent apparemmentavecunassezfortniveaudecohésionetdecollaboration.

‐ Cesménagessontglobalementmonogamesmaisontplusdecinqenfantsparménage,et laplupartaplusd’unenfantdéjàmarié.

‐ Les activités économiques sont surtout exercées par les hommes, qui pratiquent tousl’agricultureàladaba,souventdiversifiée(maraîchage,tubercules,dah,arachides),néanmoinstrès limitée. Les hommes et dans une moindre mesure les femmes, mènent des activitéscomplémentaires: commercealimentaire, artisanat (maçon, sanséquipement)ouélevage (10ovins/caprins)pourleshommes;petitcommercealimentairepourlesépouses.Lesenfantssonteux‐mêmesmisàcontributionpouraiderleursparentsdansleursactivités,plusrarementpoureffectuer de petits travaux payés à la tâche. Ces activités complémentaires semblent de trèsfaiblerapport:lesrevenusprincipauxdetouscesménagesproviennentdesculturesvivrières.

‐ Elles se décrivent comme plutôt soumises aux valeurs du collectif, et le degréde libertédechoixsemblefortementconditionnéàlapositionauseindelahiérarchiefamiliale.

b.EnmilieururalDeux profils majoritaires se distinguent également en milieu rural, tous deux d’agriculteursmodestes,surtoutdifférenciésparlestatutdesménages(seulsouenUP)etceluidesinterviewés(subordonnésoudécisionnairesauseindel’UP)‐ CeuxenUPviventdansdesUPdetailletrèsdiverse(5,1ménagesenmoyennepourlepremier

profil, 4,7 pour le second), de type mixte, aussi bien «père et fils» que fratries, maisglobalementassezpeulibérales.

Profil2.1:les«Agriculteursmodestes,indépendantsousubordonnés»‐ Cespersonnessontmajoritairementencorejeunes,sontissuesdefamillespauvres,etlaplupart

n’aéténi(outrèsfaiblement)scolariséenialphabétisée‐ 50%de cesménages sont indépendants, 50%vit enUPauseindesquelles laplupartd’entre

ellesoccupentdespositionsplutôtsubordonnées(ex.petitfils,etunemajoritédefemmes)etauxrevenusdesquellesellespensentqueleurménagenecontribue«pasbeaucoup».

‐ Les activités économiques sont moyennement diversifiées, et surtout exercées par leshommes.L’agriculture (deshommessurtout)estparfoisdiversifiéemais trèscentréesur lescéréales,l’arachide,leharicotetlapatatedouce.L’équipement,enpartiepossédéencommunauseindel’UP,estsouventtrèsmodesteetinsuffisant,lamajoritédesménagescommedesUPnepossédantpasdematériel complet, cequiamène lamajoritéàen louer (contrepaiementexclusivement). A noter que les UP sont globalement plutôt détentrices de matériel

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collectivement, notamment des bœufs de labour (1,5 par UP en moyenne). Les récoltescéréalières fournissent 7 à 8 mois d’autosuffisance alimentaire. L’élevage est modeste etcentré sur lesovins/caprinset les volailles.Chaqueménagepossèdeenmoyenne0,4bovins,sachant qu’un ménage en possède 4 à lui seul; aucune UP n’en possède en commun. Lesactivitésadditionnellessontpeunombreuses(1parménage,surtoutleshommes)etsouventde faible rapport: petit/moyen commerce (beignets, savon traditionnel, beurre de karité,chaussures, riz, cola), artisanat plus ou moins technique (menuisier‐charpentier, maçon,fabricants de cordes ou de secko), orpaillage. Les revenus principaux de ces ménagesproviennentpour100%des cultures vivrières.2enfantsparménageparticipentauxactivitéséconomiques (garçons surtout): travail agricole, berger, aide à l’orpaillage. Dans 65% desménages,d’uneàsixpersonnes(épousesetfilssurtout,chefsdeménageégalement),exercentdes activités payées à la tâche, quasi exclusivement comme aides agricoles, sinon commemanœuvres,commeaideélectricienoupourrepasserlelinge

‐ Leursurfacesocialeest faible:ellesestimentleuravisfaiblementprisencomptehorsdeleurménage,etnebénéficientpastousdelaconfiancedescommerçants;ellessonttrèsfaiblementinscritesdans lescollectifs (43%,etuniquement les tonsetparis).60%seconsidèrentcommejigi,maisleurscontributionssontpeufréquentesetplutôtmodestes

‐ Elles se valorisent au plan de l’éducation et de la personnalité, pour autant elles sesoumettent fortement aux valeurs morales et leur degré d’autonomie est très variable:certainessesententdécisionnairesouautonomesdufaitleurstatutsocialet/ousurlabasedesvaleurs individualistes d’égalité ou d’intérêt économique; d’autres sont largement dans uneposture de soumission aux autres du fait de leur position sociale et économique inférieure(besoin d’être employé par les autres ménages, sur un autre registre certaines femmesexpriment clairement leur crainte de la répudiation et/ou de la discrimination sociale desenfants)

‐ Lesbesoinsmatérielssontinégalementcouverts:o Un accès partiel à la santé (93% se considèrent pour autant en bonne santé) et à

l’éducation(40%desenfantsscolarisés,uneminoritéjusqu’auDEF)o Etuneinsuffisanceentermesd’habitat,d’équipementdufoyer(mêmesilaplupartont

un lit), de vêtements de fêtes et de moyens de déplacement. Ces ménages serestreignentparticulièrementsurl’alimentation,etlaconsommationdeviande,depainouderizdemeuretrèsoccasionnellevoireexceptionnellepourlaplupart.

‐ Cespersonnesseconsidèrentglobalementdansunedynamiquenégative,essentiellementliéeaux conditions agricoles: faible ou trop abondante pluviométrie, pertes de rendements,absencedematériel(dontunchefdeménageisoléaperdulajouissanceenquittantl’UPdesonfrèreaîné),etàdes ruptures:départdesenfantsà l’aventure,maladie,pertede libertépourune jeune épouse. Leurs possibilités de rebond reposent essentiellement sur la capacité detravail de leurs enfants, le soutien des jigis ou l’exode. Certains chefs de ménage prévoientd’ailleurs de partir en migration (ce qui renvoie clairement au phénomène d’exode dessubordonnés‘opprimés’).

Profil2.2:les«Agriculteursmodestesdécisionnaires»‐ Cespersonnessontdetousâges,surtoutissuesdefamillespauvres,etlaplupartn’aéténi(ou

trèsfaiblement)scolariséenialphabétisée‐ La quasi totalité (96%) vit dans des ménages appartenant à des UP au sein desquelles la

plupartd’entreellesoccupedespositionsplutôtdécisionnaires(chef,frèrecadet,fils,etànoterquece profil estmajoritairementmasculin)etaux revenusdesquellesellespensentque leurménagecontribuedefaçonconséquente.

‐ Les activités économiques sont moyennement diversifiées mais très variables, et surtoutexercées par les hommes.L’agriculture (des hommes surtout) est fortement centrée sur lescéréales, l’arachide, le haricot et la patate douce, auxquelles s’ajoutent le coton (1/4) et defaçontrèsdisperséequelquesculturesderente.L’équipement,enpartiepossédéencommun

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au sein de l’UP, est très modeste et insuffisant, surtout en bœufs de labour, ce qui amènecertainsàen louerouàenemprunter,cespersonnessemblantbénéficierdeprêtsgratuits (àcorréler avec leur statut supérieur au sein des UP et leurs surface sociale). L’élevage estmodeste et quasi systématiquement limité aux ovins/caprins et à la volaille (0,2 bovins parménageenmoyenne,sanspossessioncollectiveauniveaudel’UP).Lenombremaximaldetêtespossédéesestde15ovins/caprinsetde40volailles,etcescasdemeurentultraminoritaires.Lesactivités additionnelles sont peu nombreuses (1,4 par ménage, surtout les hommes) et defaible rapport: petit/moyen commerce (condiments et beignets, restauration (bassi, viandepréparée) ou commerce alimentaire (thé, sucre…, arachide, atiéké et macaroni) ou desvêtementsdeprêt‐à‐porter,enfinl’unevenddesbouclesd’oreille;artisanat(forgeron,tailleur,coiffeursoutresseuses,fabricantsdesecko,réparateurdemotos,faiseurdebriques,réparateurde montres, fabricant de toits en paille, brodeuses de pagnes), orpaillage, charbonnage; ceprofil compte également un tradithérapeute et deuxmarabouts. Ces activités additionnellesconstituent des ressources parfois importantes, les revenus principaux de ces ménagesproviennentpour70%desculturesvivrières,sinondesculturesderente,del’artisanatouducommerce; les récoltes céréalières fournissent 8,5mois d’autosuffisance alimentaire auxUP.Un enfant parménage participe aux activités économiques (2/3 de garçons): travail agricole,berger,aideàl’orpaillage.Dans70%desménages,d’uneàtroispersonnes(pour40%leschefsdeménage, 40% les fils et 20% les épouses, plusune fille), exercentdes activitéspayées à latâche,touscommeaidesagricoles,plus1/4commemanœuvreset1/4pourramasseretcouperduboiset/oudufourrage

‐ Leursurfacesocialeestfaible(àcorréleravecleuroriginesociale‘pauvre’)maissoutenueparleur statut au sein de l’UP: elles estiment leur avis globalement pris en compte, mais nebénéficient pas toutes de la confiance des commerçants; elles sont très faiblement inscritesdans les collectifs (50%, et surtout les tons et paris et les collectifs traditionnels: chefferies,sociétés de chasseurs et sociétés d’initiation). 77% se considèrent comme jigi, mais leurscontributionssontpeufréquentesetplutôtmodestes

‐ Elles se valorisent au plan de l’éducation et de la personnalité, pour autant elles sesoumettent fortement aux valeurs morales et leur degré d’autonomie est très variable: lamoitiés’estimedécisionnairesdufaitleurstatutfamilial,lesautressontplutôtdansuneposturedecompromis,pouréviterlesconflitsetpourprogresserdansletravail

‐ Lesbesoinsmatérielssontinégalementcouverts:o Unaccèspartielà lasanté (92%seconsidèrentenbonnesanté)età l’éducation (20%

desenfantsscolarisés,dontuneminoritéjusqu’auDEF)o Etune insuffisanceen termesd’habitat,d’équipementdu foyer (mêmesi tousontun

lit),devêtementsdefêtes.Laconsommationdeviande,depainouderizdemeuretrèsoccasionnellevoireexceptionnellepourlaplupart.Lamoitiédesinterviewéspossèdeunvélo,etunsurdixunemoto,1/4disposed’uneépargneetunauncompteenbanque.

‐ Ces personnes se considèrent globalement dans une dynamique négative, liée soit auxconditionsagricoles:faibleoutropabondantepluviométrie,pertesderendements,absencedematériel,soitàlavieillesseouàlamaladie,soitencoreàdeschargestropimportantes:enfantsàcharge,nécessiterdemarier(etdoncdoter)leursfils.Leurspossibilitésderebondreposentessentiellement sur leur capacité à mieux travailler (meilleure exploitation des champs etinvestissement, meilleures techniques de travail); pour autant la majorité exprime un fortpessimismeparabsencedecontrôle:pasdefacteurd’évolution,depossibilitédecommerceoude migration, enfants encore jeunes «pour longtemps», dettes ou problèmes trop lourds àgérer…

c. Traits communs aux milieux milieu urbain et rural (hormis les profils 2.3 de chaquemilieu):

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‐ Ces personnes ont très souvent recours à l’emprunt ou au crédit, essentiellement pour parerauxnécessitésalimentaires:surtoutpour rembourser lescommerçants,acheterdescéréalespour la consommation et payer les soins de santé en cas de maladie ou des fraisd’accouchement,et/ou(surtoutenmilieurural)pourlesdépensessociales(achatdevêtementsde cérémonie ou organisation d’un baptême, dot et trousseau des enfants à marier), lepaiement de l’impôt, l’achat de céréales pour les semailles, et l’achat d’équipementprofessionnel,voireachatdecarburant.

o En milieu urbain, celles qui parviennent à éviter les dettes bénéficient de l’entraidefamiliale/UP, se satisfont de leurs ressources et/ou se restreignent pour éviter ladéconsidération sociale qui accompagne l’endettement. L’une d’entre elles bénéficied’un revenu régulier (pension de retraite de fonctionnaire), qui lui permet d’éviterl’endettement.

o Enmilieurural,cellesquiparviennentàéviterlesdettespeuventsurtoutcomptersurlavented’animaux,deproduitsagricolesetminoritairementdesrevenusducommerceoudel’aidedeparentsenexode.

Adistingueràceniveau,unprofilminoritaireatypiqueidentifiédanschacundesmilieux,leprofil2.3:Enmilieuurbain,les‘Autonomesdéstabilisés’

‐ Cespersonnessontissuesdefamillesnonpauvresvoireriches;toutesontétéscolarisées.‐ Ellesviventdansdesménagesautonomes(aucunn’estunUP),fortementpolygamesetont

enmoyenne7,3enfantsparménage,etassezjeunes.Lesménagessontpeudiversifiésdansleurs activités: les hommes sont agriculteurs (qui ont hérité de leurs champs) oucommerçants (céréales); la plupart des épouses ne travaillent pas, seules quelques‐unesfontducommerce.Ungarçonparménageparticipeenrevancheauxactivitéséconomiques,et apparemment en aidant ses parents dans leurs activités: ceprofil ne comptepersonneréalisantdepetitesactivitépayéesàlatâche.

‐ Cespersonnespossèdentunéquipementprofessionnel(charrues,boutiques,frigospourlesfemmes)ets’entourent depersonneldans leursactivités (4,6paractivitéenmoyenne,cetauxélevéétantàassocieràl’ampleurdesactivitésdeschefsdeménage),etdeuxsurtroispossèdentuncompteenbanqueetuneépargne(financièresurtout).

‐ Ellesexprimentunfortvolontarisme,de l’anticipation,des formesdevalorisationdesoi.Elles se vivent commeautonomes et décideurs, expriment leur individualité, revendiquentles valeurs du travail, incarnent les normesmorales voire l’une d’elles se pose clairementcomme autorité morale, et acceptent le compromis en vue de mieux réussir et non parsoumissionàunehiérarchiequelconque.

‐ Ellessonttrèsfortementinscritesdanslescollectifséconomiques,politiques,associatifsetcommunautaires,ets’estimentbénéficierd’unetrèsforteconsidérationsociale

‐ Leur niveau de vie matériel est à hauteur du standard urbain en termes d’habitat,d’équipement, d’alimentation et d’accès à la santé; certains possèdent une voiture. Lascolarisation des enfants est importante mais sélective: 75% vont à l’école, tous dans leprivé,etsemblentsouventobtenirundiplômeprofessionneloudusupérieur.

o Certainesdecespersonnesontrégulièrementrecoursàl’empruntouaucréditpourparer aux nécessités alimentaires (rembourser les commerçants ou acheter descéréalespour laconsommation)oudesanté,etpourassurer lesdépensessociales(acheterdesvêtementsdecérémonieoupayerladotdesfilsàmarier).L’uned’entreelles a souscrit un emprunt bancaire pour éviter les dettes dispersées (ce quisupposelacapacitéàêtreacceptéparunebanque).

‐ Leursituationd’insuffisancesembleliéeàdesfacteursdedéstabilisation:toutessesententplutôt plus pauvres qu‘auparavant, du fait de maladie, d’endettement, de la récession

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urbaine, or cesménages reposent essentiellement sur l’activité du chef deménage, et nedisposent pas du secours potentiel du travail des épouses ou de l’UP. De plus, leur grandnombred’enfantsetleurniveaudevieimpliquedeschargeslourdes.Néanmoins,toutescespersonnes seperçoiventplus richesdans l’avenir, par«refusde se résigner», et du faitd’espoirderetoursurinvestissement.

Cespersonnessontmanifestementplusaiséesque leniveauauquelellessesontsituées,etellesendiffèrentsensiblementsurlaplupartdesgrandsindicateurs;ellessesontpositionnéesendessousduseuildepauvretéenraisondeleursdifficultésconjoncturelles.Enmilieurural:les«Autonomesendevenir»‐ CespersonnesviventtoutesàFondombougouet2/3sont issuesdefamillesplutôtriches.2/3

ont été scolarisées, la troisième alphabétisée. Ce sont plutôt des personnes en «cours deréalisationdevie»:ellesont toutesentre31et55ans,ellesviventdansdesménagesplutôtmonogames (1,3 épouse parménage), et avec 5 enfants parménage, encore très jeunes (lamoitiéencorenonscolarisables),avec0,3filsmariésparménage.

‐ 2/3 vit dans des ménages appartenant à des UP petites (3 ménages) mais qu’elles jugentriches,etapparemmentplutôt libérales(1/2autorisenotammentleschampsindividuelspourlescélibataires)auseindesquellesellesoccupentdespositionsplutôtdécisionnaires(chef,fils)etauxrevenusdesquellesellespensentqueleurménagecontribue«commelesautres».

‐ Leurs activités sont relativementdiversifiées:3 culturespour les hommes,peudiversifiées:touscultiventdel’arachide,2/3dumil,2/3dumaïs,1/3dumanioc,1/3desfruitiers,4culturespourlesfemmes:danstouslesménagescelles‐cicultiventdel’arachide,dans2/3dumil,dans2/3dumaïs,dans2/3duriz,dans2/3ellesfontdumaraîchageet/oudugombo,dans1/3duriz,dans 1/3 de la patate douce. L’équipement ou le bétail possédé en commun avec l’UP estextrêmementréduit.100%deschefsménage(maisaucuneépouse)doiventemprunterbœufsdelabour,charruesetsemoirs,charrettesetânes,trèsrarementcontrepaiement(unlouelesbœufsdelabour),sinonfourniesgratuitement,cequisignedesappuisdejigiimportantsauseinduvillage.L’élevageestdiversifié,maispresqueuniquementexercéparleshommesetleplussouvent limité aux ovins/caprins (8 maximum) et à la volaille (20 maximum). Les activitésadditionnelles sont peu nombreuses: petit commerce (alimentaire ou de savon); ce profilcompteungéomancien.Lesrevenusprincipauxdetouscesménagesproviennentdesculturesvivrièresoude rente.PourlesUP, lesrécoltesdeschampsdel’UPfournissentenviron9moisd’autosuffisance, celles récoltées dans les champs des ménages 9 mois également, soitpotentiellementunelargeautosuffisancealimentaireetdesexcédentspourl’UPautorisantleschamps desménages. 1,3 enfants parménage participent aux activités économiques (3/4 degarçons):travailagricole,berger,maisaucunmembreduménagen’exerced’activitépayéeàlatâche.

‐ Leursurfacesocialeestimportante:ellesestimentleuravistrèsfortementprisencomptedanslevillage,dansleurUPlecaséchéantetdansleurménage,etbénéficientpresquetoutesdelaconfiancedescommerçants.Elles sontplutôt inscritesdans les collectifs traditionnels (tonsetparis, sociétés de chasseurs) mais aussi les coopératives et les associations professionnelles.Toutes se considèrent comme jigi, et leurs contributions sont fréquentesmême simodestes:prêtermoinsde10000francs,donnerdescéréalesoudesvêtements,payerlessoinsdesantétraditionnels,aiderautravail.

‐ Ellessevalorisentauplandel’éducationetdelapersonnalité,sesententinvestiesdesvaleursmorales et sociales (sagesse, respectabilité, confiance, rectitude, générosité) et sontglobalement décisionnaires ou dans le compromis par adhésion aux valeurs humanistesd’écoute,dedialogue,departaged’expérience.

‐ Lesbesoinsmatérielssontpartiellementcouvertsmêmesimodestes:

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o Tousontuntoitenbanco(aucuntoitdepaille), tousontun lit (tara)etunepaillasse,67% pensent disposer de suffisamment d’ustensile de cuisine et tous peuvent lesrenouveler,chacunpossèdeenmoyenneunvéloouunemoto.Maisaucunnepossèdevêtementsdefête,ethormislaviandeetlepoissonconsommésrégulièrementdanslessauces, le riz, le pain et les plats de viande sontquasi inexistants dans l’alimentation.Tousdisposentd’uneépargne,surpied.

o Unaccèspartielàlasanté(100%seconsidèrentenbonnesanté,maislafréquentationdu Cscom est assez rare) et à l’éducation (33% des enfants scolarisés, aucun encorejusqu’auDEF)

o Cespersonnesontrarementrecoursàl’empruntouaucrédit,etlecaséchéantpresqueuniquementpourdesachatsdecéréalespourlaconsommationetladotouletrousseaudesenfantsàmarier.

‐ Cespersonnesseconsidèrentdansunedynamiquetrèspositive:ellesontdebonnesrécoltes,leursenfantsgrandissentetpeuventdeplusenplusparticiper,etellesenvisagentunemeilleureorganisationdutravail.

Cespersonnessontmanifestementplus«riches»quelesdeuxautresprofilsduniveauauquelellessesont situées, et elles en diffèrent sensiblement sur la plupart des grands indicateurs; elles se sontpositionnéesendessousduseuildepauvretéenraisondeleurfaiblesseéconomique,néanmoinsleurcapitalsocialetleurlibertéindividuellesemblelesdistinguer;lacapacitéàsefaireprêterdesbœufsde labour notammentmontre l’importance du capital social dans la réalisation économique et lesperspectives.

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Critèrespertinentspourdifférencierlaprécaritédel’insuffisanceUn seul critère est en perception transversalement différenciateur/discriminant entre ces deuxniveaux:laconsidérationsociale.Ceci tient surtoutau faitque trèspeudecritèresémergentenmilieu rural; ils sontdepluspeumarqués.

‐ Enmilieuurbain,lesquatrecritèresouregistresdecritèreslesplusdifférenciateurssontlesrevenus (personnels commeceuxduménageen général) l’épargne, le fait deprendredestiersàcharge(être jigi), lestatutsocial (familled’origine,éducation)associéeà l’estimedesoi(personnalité,savoir‐faireprofessionnel,métier)

‐ Enmilieurural,lesdeuxcritèreslesplusdifférenciateurssontl’habitatetlebétailIl est égalementànoterque lesnotationsdesdeuxprofils ‘2.3’, qui sepositionnent largementau‐dessusdesdeuxautresprofilsdechaquemilieu,ontcontribuéàamoindrirlesdifférences;cesprofilssonttoutefoistrèsminoritairesentermesdémographiques,etleurimpactestdecefaitlimité.

Urbain RuralLafaçondontonvousconsidèredanslequartier/village + (0,14) + (‐0,11)

Lespersonnesdontvousêteslejigi ++ (2,62) Votreéducation ++ (1,13) Votrefamilled’origine + (‐0,03) Votrecaractère,votrepersonnalité ++ (0,30) Votreépargneetvosinvestissements ++ (1,02) Votreétatdesanté + (0,11) Votreéquipementdeproduction(outils,machines) + (‐0,07) Votresavoir‐faireprofessionnel + (‐0,22) Votremétier + (‐0,05) Vospropresrevenusetressources + (‐0,12) Lesrevenusetressourcesdespersonnesdevotreménage + (0,00)

Votremaison + (0,13)Lebétailquevouspossédez + (0,04)Votreniveaudescolarisation + (‐0,17)

L’analysedesdonnées factuellesnepermetpasàcestaded’ajouterd’autrescritèrespertinents,néanmoins,ànoterpourlemilieuurbain:

‐ Lefaitd’associerl’inactivitédesenfantsenâgedetravaillerauchômage,quiémergeàpartirdeceniveaud’insuffisance

‐ L’épargne est toujours très modeste voire inexistante, mais elle passe d’une épargneessentiellementfinancière(ton/parisurtout)àuneépargneenpartiesurpied(ovins/caprins,volaille).

‐ L’habitat pour partie (toit de tôles), ce critère devenant dès lors relativement contributiftransversalement

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2.2.3.Laprécarité:lequotidienassuré,maisunerésiliencetrèsfaible sécuriserlesacquis

Ce niveau regroupe des personnes qui se sont positionnées juste sur le seuil de pauvreté, «nipauvre,ni nonpauvre». L’analysede leur situationetde leurdynamique tendàmontrerque cespersonnessontglobalementplusprochesdelapauvretéquedela«nonpauvreté».a.enmilieuurbain

‐ Ces personnes sont majoritairement issues de familles pauvres, et très peu ont étéscolarisées.

‐ Toutes ces personnes vivent dans des ménages isolés, sauf une qui se déclare membred’uneUPpauvre.Deplus, ellesont en communde se sentir peu soutenuespar les jigis.Elles se sentent elles‐mêmes jigi d’autres personnes, toutefois, leurs contributions en tantquejiginesemblentpastrèsconséquentes.

‐ Onytrouvedespersonnesquidoiventgérerdessituationsderupture:jeuneschargésdefamille, qui ont soit des enfants jeunes, ou qui suite au décès de leur père décédé, sont«soutiensdefamille»etdoiventprendreenchargeleursjeunesfrèresetsœurs,ouencoredesveuvesavecdesenfantsencorejeunes

‐ La scolarisation des enfants est corrélativement sélective (53% pour chacun des deuxprofils)mais poussée (certains à l’école privée, souvent jusqu’à l’obtention d’un CAP/BT);peut‐être en corollaire de ce taux de diplômés élevé, l’inactivité de certainsmembres duménage(surtoutlesfils,plusrarementlesfilles)estassociéeauchômage.

Ceniveauestcomposédedeuxprofilstrèsdifférents,aussibienentermesdecomposantesquededynamique:Profil3.1les«Petitssalariés»

‐ Ces ménages sont plutôt monogames, et les hommes sont extrêmement actifs: ilscumulentdesemploissalariésmodestes(gardien,manœuvreenentreprise,auxsalairesdel’ordre de 20 ‐ 30 000 francs/mois), des activités «autonomes»: artisans peu qualifiés(faiseursdebriques,blanchisseurs,cequiserapproched’activitéspayéesàlatâche)etdesactivitéspayéesàlatâche(manœuvre,ramassagedusable).Enrevanche, les femmessontéconomiquementtrèspeuactives.Lesenfants,fillesougarçons,semblentsurtoutparticiperen aidant leurs pères dans leurs activités (un enfant par ménage participe aux activitéséconomiques).

‐ Cespersonnes sedévalorisent globalement sur le registrede l’infériorité sociale etde lasoumission,etrevendiquentpluslesvaleursducompromisquelalibertédechoix

‐ Elles expriment en revanche une assez grande surface sociale et une assez bonneconsidérationsociale;ellessontmoyennementinscritesdanslescollectifs,parailleursleurscontributions en tant que jigi relèvent surtout du social (ex. intermédiaires pour lesmariages)

‐ Les besoins matériels sont très insuffisamment couverts: insuffisance d’équipements dufoyer, de vêtements de cérémonie, d’accès à la santé,manques alimentaires (lamoitié nepréparepastroisfoisparjour),tousnepossèdentpasmêmeunvélo.L’habitatestconformeaustandardurbaindutoitentôle(unseulvitsousuntoitenbanco),et leseulenlocationespèreaccéderprochainementà lapropriété,pourautantaucunnepossèdenicompteenbanque, ni épargne, ni bétail. La plupart ne fréquente jamais le Cscom mais plutôt letradithérapeute. Toutefois, les enfants scolarisés fréquentent quasiment tous une écoleprivée,cequisigneuninvestissementtrèsfortsurlascolarisationdesenfantsetl’avenir.

o Ces personnes n’ont qu’occasionnellement recours à l’emprunt ou au crédit (pourparer aux nécessités alimentaires, payer des soins de santé, assurer les dépenses

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sociales). Celles qui parviennent le plus à éviter les dettes ont suffisamment derevenus propres (du salariat, du commerce, de l’artisanat) et/ou profitent del’entraideetdelasolidaritédesjigi,maisaussidelasolidaritéentreépoux.

‐ Lesupportdel’équilibresembleêtrel’importancedusalariatdanslesrevenusettoutelasécurisationque cedernierapporte.Lesélémentsrelatifsausalaire(voire,à«lapolitiquesalariale de l’État») sont d’ailleurs des causes fréquemment citées d’appauvrissement oud’enrichissement,passéoufutur;l’und’entreeuxcitelefaitd’avoirtrouvéuntravailsalariécommeexplicationdesonenrichissement.Maisglobalement,lamajoriténeseprojettepastrèspositivementdansl’avenir,avecuneformeassezmarquéedemanquedecontrôlevoirede désespoir, notamment car elles se sentent de plus en plus dans l’incapacité depoursuivre leursactivitésdont leursactivitéadditionnelles (vieillesse,difficultésàtrouverdutravail,àavoirdesclients),sachantquelesalariatàluiseulneprocurepassuffisammentderevenuspourcouvrirl’ensembledesbesoinsdesménages.

Profil3.2:les«Petitsindépendants»

‐ Cespersonnesviventdansdesménagespolygames(1,8épouses),etl’activitééconomiquedesfemmesyest importante (presqueuneactivitéparépouse,soit1,6activitésfémininespar ménage). L’équilibre de ces ménages repose clairement sur le cumul et lacomplémentaritédesactivités.Leshommessontessentiellementagriculteurs(ilspossèdentune charrue voire un semoir, mais pas de bœufs de labour, et font des cultures surtoutvivrières, peudiversifiées)et/ou artisans (avecatelier, etdesmétiersplutôt techniques, àvaleur ajoutée: garagiste, mécanicien, tailleur, forgeron), et les femmes sontessentiellementdespetitescommerçantesdeproduitsalimentaires (condiments,fruitsetlégumes, arachides). De plus, des ménages ont un grand nombre d’enfants (lié à lapolygamie): 7,5 par ménage, avec une scolarisation sélective, et les enfants participentfortement aux activités économiques, notamment les travaux de force payés à la tâcheeffectués par les garçons (manœuvre, ramassage du sable…). Les revenus principaux desménagessontessentiellementfournispar leshommes: ilsproviennentpour83%d’entreeuxdesculturesvivrièresoudel’artisanat.

‐ Lesbesoinsmatérielssontglobalementmaisincomplètementcouverts,entermesdesanté(toutesfréquentent leCscom,maisdefaçonalternéeavecl’automédication, lerecoursaux«pharmaciens par terre» ou aux tradithérapeutes) et d’éducation (les enfants scolarisésfréquententquasimenttousl’écolepublique)etd’alimentation(touslesménagespréparenttrois fois par jour, mais l’alimentation semble sommaire). Toutes ne disposent pas desuffisammentd’équipementsdu foyer,devêtementsdecérémonie,etaucunenepossèdeuncompteenbanqueouenmicrofinance.Enrevanche,laplupartdisposentd’uneépargne;unefemmepossèdedubétail:6ovins/caprins.

o Ces personnes n’ont qu’occasionnellement recours à l’emprunt ou au crédit (pourparer aux nécessités alimentaires, payer des soins de santé, assurer les dépensessociales,payerl’impôt,dansuncaspouruninvestissement«lourd»:l’achatd’unlotd’habitation).Cellesquiparviennentleplusàéviter lesdettesontsuffisammentderevenusdontlesrevenusagricoles

‐ Cespersonnessevalorisentglobalemententermesdecompétences,depersonnalitéetdecaractère (avec néanmoins une forte revendication de moralité). Elles semblent pour lagrande majorité bénéficier d’une grande surface sociale et d’une bonne considérationsociale. Elles sont très fortement inscrites dans les collectifs, surtout économiques etprofessionnels, mais aussi politiques (4/6 sont membres d’un parti) et communautaires.Presque toutes se considèrent comme jigi et leurs contributions sont modestes etessentiellement économiques (prêt ou don d’argent, de nourriture), mais aussi sociales:intercessionspourlesmariages

‐ Elles vivent la période comme assez voire très négative et se projettent en majoritédifficilement ou négativement dans l’avenir, avec une forme de pessimisme voire de

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désespoir, notamment car elles ressentent très fortement la récession de l’économieurbaine,quimetenpérilleursrevenus,renforcelaconcurrence,etentameleurcapacitéàdévelopperleursactivitésprincipales(impossibilitéd’acquérirdumatérielsurtout).

b.Enmilieurural:profil3.1,les«Traditionalistes»

‐ Plus de la moitié de ces personnes vit à Fondombougou et sont issues de famillesmoyennes ou pauvres. Elles sont plutôt jeunes (âge moyen 33 ans) et la moitié a étéscolarisée(dontunejusqu’ausecondaire).

‐ Lamoitié vit dans desménages appartenant à des UP plutôtmoyennes (4ménages enmoyenne)etplutôtlibéralespourleshommes,maislapositiondesfemmesysembleassezsubordonnée: 20%n’autorisentnotammentpas les champspour les femmes,d’autres lesautorisent mais conditionnent les cultures des femmes à la fin de leur participation auxchamps collectifs. Laplupartde cespersonnes considèrentque leursménages contribuentbeaucoupou comme les autres aux revenus de l’UP, alors qu’elles occupent des positionsplutôtsubordonnées(épousesdefrèresoudefilsdechef)

‐ Leurs activités sont relativement diversifiées et surtout exercées par les hommes:l’agricultureestdiversifiée(3,5typesdeculturepourleshommes,1,6pourlesfemmes)maiscentrée sur les cultures vivrières: céréales, arachide et haricot. Cesménages, d’unepartpossèdentunéquipementagricole,pourautantsouventincomplet(0,5bœufdelabour,0,8charrue,0,5semoir),d’autrepartpeuventcomptersurl’équipementoulebétailpossédéencommunavec l’UP(20%dutotal,0,8charrueet0,8bœufsde labourparUPenmoyenne).75%deschefsdeménageet29%desépousesdoiventemprunterbœufsdelabour,charrueset semoirs, charrettes et ânes, le plus souvent contre paiement et surtout les bœufs delabour.PourlesUP,lesrécoltesdeschampsdel’UPplusdesménagesfournissent8à9moisd’autosuffisance,cellesrécoltéesdansleschampsdesménagesindépendantsde8à9moiségalement. L’élevage est peu diversifié et surtout pratiqué à titre individuel; les bovinsdemeurentminoritaires (0,2parménage,encommunavec l’UP).Cesménagesont investipeu d’activités additionnelles (1,3 en moyenne par ménage, surtout les hommes):commercederapportmoyen(condiments,céréales,riz,viandepréparée,chaussures),petitartisanat peu technique (apiculteur, fabricant de tamis), orpaillage; ce profil compte deuxtradithérapeutes, un balafoniste, un féticheur. Les revenus principaux de ces ménagesproviennent essentiellement des cultures vivrières, ànoternéanmoinsque leménagedubalafoniste vit essentiellement de cette activité.Deux enfants parménage participent auxactivitéséconomiques(4/5degarçons):travailagricolepourlaplupart,sinonbergerouaideau balafon. Dans 50% des ménages, entre une et trois personnes exercent des activitéspayées à la tâche (56% des garçons, 33% les chefs de ménage et 11% des épouses),quasimentexclusivementcommeaidesagricoles,sinoncommemanœuvres.

‐ Leursurfacesocialeesttrèsfaible:ellesestimentleuravisassezfaiblementprisencomptedanslevillage,dansleurUPlecaséchéantetdansleurménage,etnebénéficientpastoutesde laconfiancedescommerçants;ellessont très faiblement inscritesdans lescollectifs,etsurtout(pouruntiers)danslestonsetparis;seulement44%seconsidèrentcommejigi,etleurscontributionssontpeufréquentesetmodestes:prêtermoinsde10000francs,donnerdescéréales,aiderautravailet/ouprêterdumatériel,seportergarantàlabanque.Anoterqueceprofilcomptedeuxtiersdefemmes,etquelapositionmêmedesfemmesdanscesménagesetcesUPsemblelargementconditionnercettefaiblesurfacesociale.

‐ Elles se valorisent moyennement au plan de l’éducation, des connaissances et de lapersonnalité,etsontassezpeuaffirmées;leurpouvoirdedécisionestlimitéàlasphèreduménage, et elles sont globalement dans le compromis, parfois par méfiance et pour sepréserver

‐ Lesbesoinsmatérielssontimparfaitementcouverts:o Un accès partiel à la santé (78% se considèrent en bonne santé, néanmoins la

fréquentationduCscomestassezrare)etàl’éducation(seulement25%desenfants

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sont scolarisés,néanmoins certains jusqu’auDEF, cequi traduitune scolarisationinvestiemaissélective)

o 11%ontentoitdepaille,tousontunlit(tarasurtout)mais22%ontunenatteetpasdepaillasse, 33%pensentdisposerde suffisammentd’ustensilede cuisineet seuls56%peuventlesrenouveler,seuls22%possèdentetpeuventrenouvelerleurshabitsde fête, seulement un sur trois possède un vélo. Seule la moitié consommerégulièrement de la viande et du poisson dans les sauces, le riz et le pain sontoccasionnels voire exceptionnels, et les plats de viande sont inexistants dansl’alimentation. 67% disposent d’une épargne, sur pied surtout, tons et paris, voirecompteenbanque.

o Ces personnes ont assez fréquemment recours à l’emprunt ou au crédit, surtoutpourdesachatsalimentairesetdesdépensescourantes,pourdesdépensesdesantéet pour des dépenses sociales, plus rarement pour payer l’impôt ou acheter unéquipement.Cellesquiparviennent leplusàéviter lesdettespeuventcomptersurlesrevenusdesproduitsagricolesoudubalafonnotamment,ourefusentlesdettesparcraintedesproblèmesqu’ellespeuventengendrer,notammentdessituationsdeconflit.

‐ Cespersonnesseconsidèrentmajoritairementdansunepériodeasseznégative,dufaitdesmauvaisesrécoltesetsurtoutdeschargesquipèsentsurlesménages,quiobligentparfoisàvendre le bétail. Lamajorité néanmoins se projette positivement dans l’avenir, du fait dumariage des enfants, de la perspective de plus investir personnellement et parfoiséconomiquementdanslesactivitésagricoles(équipement,intrants…).

‐ Lacapacitéderebonddecesménagessembletrèslargementconditionnéeparlafertilitédessolsetparlamaind’œuvredisponible.

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Critèrespertinentspourdifférencierl’autonomiedelaprécaritéAssez peu de critères transversaux permettent de différencier ces deux niveaux, du faitnotammentdefortesdisparitésentrelesdeuxmilieuxurbainetrural.Transversalement, on noterales revenus du ménage, des critères matériels de consommation(alimentation,équipementsdufoyer),lesjigis,l’appartenance(lacapacitéàbienmariersesenfants)etlaperceptionpositivedesa«communauté».

‐ En milieu urbain, une plus grande focalisation sur la réalisation sociale (mariage,apparence, influence), à laquelle s’ajoutent le niveau de scolarisation et un critère d’avoirmatériel:l’habitat

‐ Enmilieurural,uneplusgrandefocalisationsurlaréalisationindividuelle(sapersonnalitéet certaines de ses composantes: éducation, savoir, savoir‐faire professionnel) etéconomique(sespropresrevenus,sonmétieretsonoutildeproduction)

o Plusuncritèrequirelèveà la foisde l’économiqueetdusocial: lespersonnesquel’onpeutprendresoi‐mêmeenchargeouaider,c’est‐à‐diresacapacitéàêtrejigi

Urbain RuralLesrevenusetressourcesdespersonnesdevotreménage ++ (0,49) + (0,24)

Leséquipementsdufoyer(ustensilesdecuisine,couchage) ++ (1,03) + (0,16)

Lespersonnesquisontvosjigi ++ (2,82) + (‐0,07)

Laville/levillageoùvoushabitez ++ (0,20) +/‐ (‐0,25)

Votrecapacitéàbienmariervosenfants + (0,04) + (0,11)

Votrealimentation + (‐0,22) + (0,01)

Votremariageetlafamillequevousavezcréée ++ (0,25) Votreapparencelorsdescérémonies + (0,18) Votreniveaudescolarisation + (0,02) Votremaison + (‐0,12) Votreinfluencedanslequartier/village + (‐0,18)

Lespersonnesdontvousêteslejigi ++ (0,31)

Votresavoir,vosconnaissances,donyan ++ (0,30)

Votresavoir‐faireprofessionnel ++ (0,28)

Vospropresrevenusetressources + (0,14)

Votreéducation + (0,00)

Votremétier + (‐0,04)

Votreéquipementdeproduction(outils,machines) + (‐0,16)

Votrecaractère,votrepersonnalité +/‐ (‐0,20)

L’analysedesdonnées factuellespermetd’ajoutercommecritèrespertinentsaumilieuurbain ladétention d’outils de production, agricoles et surtout non agricoles (équipement professionnel),quidèslorsapparaîtpertinentcommecritèretransversal.Anotertoutefoisquelapossessiond’unéquipement professionnel est en ville liée à certaines formes d’activité, et que les équipementssontbeaucoupplusvariables(boutiques,atelierséquipésounon,gargotes,véhiculesdivers(duvéloau bâché), frigo, machines‐outils et outils divers, matériel de cuisine, etc.), que l’équipementagricole,centrésurlesbœufsdelabour,lescharruesetsemoirs(pluslesânesetlescharrettes).

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Leniveau‘4’regroupedespersonnesquisesontpositionnéesaudessusduseuildepauvreté,sanspourautantseconsidérercommeaisées.Cinqprofilsasseznettementdifférenciésontétéidentifiés;ils se regroupent en deux niveaux: l’autonomie, plus proche des niveaux en dessous du seuil depauvreté,etl’investissement,quiserapprochenettementduniveausupérieur,lacapitalisation.2.2.4.1.L’autonomie:l’équilibre,maissanssécurisationdel’avenir

PérenniseretdévelopperCeniveauregroupelestroisprofilslesplusprochesduseuildepauvreté(etjusteaudessus)a.Traitscommunsauxmilieuxurbainetrural:

‐ Ces personnes sont d’origine familiale variable, mais très rarement de familles riches(globalement,issues«delaclassemoyenne»)

‐ Quasimenttoutessontenbonnesanté‐ Elles sont soutenues par des jigis (mais diversement selon le profil); elles sont également

jigis, et aident souvent les autres, en argent, en services, en soutien… (mais là encore,diversementselonleprofil)

a.Enmilieuurbain:

‐ Ellesviventquasiexclusivementdansdesménagesindépendants(uneseuleUPsur20cas)Profil4.5.Les«Insouciants»

‐ Cespersonnessontplutôtjeunes,avecdesenfantsencoreenbasâge‐ Ellessontissuesdefamillesmoyennes,etlamajoritéaétéscolarisée‐ L’autonomie économique est assurée via des métiers surtout de type urbain et plutôt

menés enmono‐activité (pour 72% de cesménages, les revenus principaux sont issus dusalariat,depensionsderetraiteoudel’artisanat,lesautresactivitéssontlecommerceetlemaraboutage). Les revenus sont essentiellement assurés par les hommes, qui n’ont pasd’activitéstrèsdiversifiées,maisdesactivitésdeplutôtbonrapport:artisansavecatelier,matérielet«employés»(ausens large),commerce,fonctionnaires«titulaires»(agentdeseaux et forêts, garde national); ces ménages sont peu polygames, et les femmes sontéconomiquementpeuactives(uneseule,quifaitducommerce),etleshommesnepeuventguèrecomptersur leuraide; lesenfantsparticipenttrèspeu:quelquesgarçons.Lefaitdefairedespetites activitéspayéesà la tâcheest exceptionnel, par ailleurs seuls 29%de cesménagesemploientd’autrespersonnespourdesactivitéspayéesàlatâche.Ontrouvedansceprofildespersonnesquidéclarentcertainsenfantscommeétantauchômage.

‐ Ces personnes se positionnent plutôt dans la soumission aux valeurs du collectif,et leurcapacité de décision est très largement indexée sur leur position au sein de la hiérarchiefamiliale

‐ Leur surface sociale est assez moyenne: elles sont très peu inscrites dans les collectifs(seules quelques‐unes sont inscrites dans des tons/paris), et leur avis compte peu dans lequartier; toutefois, elles ont la confiance des commerçants (ce qui va de pair avec desrevenusassurés,detypesalariat,maisaussiavecdesaffairesassezflorissantes,reconnues)

‐ Lasatisfactiondesbesoinsmatérielsestpartielle,ettraduitunestratégieplusaxéesurlaconsommationquesurlasécurisationetlacapitalisation

o Elle semble assuréepour les besoinsduquotidien: l’alimentation (consommationnotammentdeplatsdeviandeetdepain),l’équipementdufoyer,lesvêtements,

o Enrevanchelasécurisationdel’avenirn’estquepartiellementréalisée:

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Lascolarisationdesenfantsestsystématique,trèsmajoritairementàl’écolepublique,sinonàlamedersa,

L’habitatestconformeaustandardurbain(lamaçonnerieestenbancoouenciment, mais toujours avec un toit de tôle), mais toutes ne sont paspropriétaires; très peu possèdent de compte en banque ou d’épargne; lafréquentationduCscomn’estpassystématique

o Ces personnes ont peu souvent recours à l’emprunt ou au crédit. Les occasionsd’endettementsontsouvent liéesauxdépensesalimentairesetdesanté,sinonauxdépenses sociales (organisation d’un baptême, achat de vêtements de cérémonie,achat dumouton de la Tabaski). Celles qui parviennent le plus à éviter les dettes(5/7) expriment, pour certaines femmes, le fait de ne pas avoir à contribuer auxdépenses, prises en charge par le chef deménage (à associer au fait que c’est cedernierquiprendenchargel’essentieldesdépensespourlesenfants),uneformedegestion rationnalisée de l’argent et de stratégie financière, avec anticipation:prévoyance, ou restriction pour éviter la déconsidération sociale associée àl’endettement

‐ Etdefait,aussibienl’évolutionactuellequelaprojectiondansl’avenirsontincertaines;cespersonnesmontrent une certaine passivité: les projections sont essentiellement liées àdesmécanismes«globaux»:marchéde l’emploi,dynamismede l’économieurbaine,ou«allantdesoi»:suivresacarrièredefonctionnaire

Profil4.4.Les«Débrouillards»

‐ Cespersonnessontdetoutestranchesd’âge,d’originefamilialemodesteetpeuscolarisées,néanmoinscertainesontunCAPouunBT

‐ L’autonomieéconomiqueestassuréeparunetrèsfortediversification:cesménagessontassez fortement polygames, (1,6 épouses enmoyenne), avec cinq enfants parménage enmoyenne, et hommes et femmes exercent des activités très diversifiées (agriculteurs,éleveurs, commerçants, artisans, fonctionnaires, salariés du privé…), de faible rapport, etpresqueunepersonneparménagedoiteffectuerdepetitesactivitéspayéesàlatâche;letaux d’activité est de 3.7 par ménage (le plus élevé de tous). Peu de ces activités sontconfiées à des employés, en revancheun tiers des enfants n’est pas scolarisé (et) un tiersparticipe aux activités économiques. 37% de cesménages emploient eux‐mêmes d’autrespersonnesàlatâchepourlesaiderdansleursactivités.Leuréquipementestlimité(pirogue,charrette, charrue, et en faible nombre). Les revenus principaux des ménages traduisentcettemultiplicitédesressources, ilsproviennentàpartàpeuprèségales,soitdusalariat,soitdel’artisanat,soitducommerce,soitdesculturesvivrières.

‐ Cespersonnesseperçoiventelles‐mêmescommeplutôtleaders,etvolontaristes:ellessepositionnent volontiers commedétentrices des valeursmorales, en tant quepersonne, entantquechefdefamille,qu’employeur…ellessontplutôtdécideurs;uneseuled’entreellesseconsidèrecommesoumise(poursefaireaccepteretaider)

‐ Ellesbénéficientd’uneassezfortesurfacesociale,maisd’uneconsidérationsocialeencoreàacquérir: si elles sont très fortement inscrites dans les collectifs à la fois économiques etpolitiques/communautaires, elles considèrent que leur avis compte assez peu dans lequartier.Deplus, ceuxquipointentuneorigine sociale trèsmodeste valorisentégalementmoinsleursjigietpensentavoirdumalàbienmarierleursenfants

‐ Lasatisfactiondesbesoinsmatérielsestpartielle:o Elle sembleassuréepour lesbesoins alimentaires (consommationoccasionnellede

platsdeviandeetdepain)etdesanté(fréquentationprivilégiéeduCscomencasdemaladie).

o Enrevanche,sil’habitatestconformeaustandardurbain(bancoouciment,maistoitdetôle),tousnesontpaspropriétaires,lascolarisationdesenfantsesttrèssélective

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(62%desenfantsseulementsontscolarisés)maisassezpoussée:àl’écolepubliquesurtout,etelles semblentaussibienviser lesdiplômesprofessionnelsqueceuxdusupérieur

o La moitié seulement dispose d’une épargne personnelle. Ces personnes ont peusouventrecoursàl’empruntouaucrédit.Lesoccasionsd’endettementsontdeplussurtoutliéesauxdépensesalimentaires:achatdecéréalespourlaconsommationetremboursementdescommerçants(8citations/15etauxdépensesdesantéencasdemaladie,sinon,auxdépensessociales(paiementdeladotdesgarçonsàmarier,achatdevêtementsdecérémonies),aupaiementdel’impôt,àl’investissementdansune activité de commerce. Celles qui parviennent le plus à éviter les dettes (4/8)exprimentuneformedegestionrationnaliséedel’argentetdestratégiefinancière,avec anticipation: prévoyance, ou stratégie de paiement à «semi‐crédit» pourlimiter le montant des dettes, ou se restreignent pour éviter la déconsidérationsocialeassociéeàl’endettement

‐ Laprojectiondansl’avenirestassezrésolumentpositive,aussibienparespoird’améliorersespropresrendements,oudetrouverdemeilleuresactivités,quedecomptersurl’aidedesenfants. Le jigi peut dans cette optique être un facteur déterminant (aide à l’emploi,intercessions,aideauxprêtséconomiques,etc.)

Profil4.3.Les«Commerçantsinsécurisés»

‐ Ces personnes sont plutôt âgées; leur origine familiale est plutôt modeste sans êtreapparemmenttrèspauvre,etlaplupartontétéfaiblementscolarisées

‐ Lesactivitéssontexclusivementdesactivitésdecommerce,deplutôtbonrapport:bar&hôtellerie,prêt‐à‐porter,quincaillerie…

‐ Cespersonnessontéconomiquementautonomesvoireemployeurs(50%emploientdestierspourdestravauxàlatâche);lebesoindefairesoi‐mêmedesactivitéspayéesàlatâche(unseulcas)estliéàunesituationderupture:veuvage.

‐ Lasatisfactiondesbesoinsmatérielsestassezlargementcouverte; leurniveaudevieestsupérieuraustandardurbainmoderne: laplupartsontpropriétairesdemaisonsenciment(et au toit de ciment), et elles sont satisfaites en termes d’équipement du foyer,d’alimentation, de vêtements, de santé (la moitié fréquente des cliniques privées) etd’éducation(scolarisationquasisystématiquedesenfants,fréquentationdesécolesprivées,et leurs enfants semblent tous destinés à être diplômés de l’enseignement supérieur);certainspossèdentpersonnellementunevoiture.

o Ces personnes ont peu souvent recours à l’emprunt ou au crédit. Les occasionsd’endettement sont de plus autant liées aux investissements professionnels (achatd’équipement) et aux dépenses sociales (organisation d’un baptême ou achat devêtements de cérémonies) qu’aux nécessités alimentaires. Le fait de ne pass’endetterestassociéàuneformed’autosuffisance.

‐ Leur surface sociale est importante; elles sont inscrites dans les collectifs de façon trèsspécifique: uniquement dans l’économique; elles bénéficient d’une forte considérationsociale

‐ Cespersonnesapparaissenttoutefoisinsécuriséeso Economiquement: elles ressentent une faiblesse de leur équipement et de leur

épargne, et se sentent mises en danger par le contexte de crise qui affecte leséconomies urbaines: récession, effet moteur des grands donneurs d’ordre (ex. laCMDTàFana)

o Socialement: elles semblent plutôt semettre en retrait pour éviter les conflits, etredouterl’imagede‘mauvaisepersonne’

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o Psychologiquement: elles se valorisentpeuen termes individuels, et leur capacitéde décision et de choix semble largement conditionnée à leur position dans leshiérarchiesfamiliales

‐ Ceprofil sembleplutôt plus aiséque les deuxprofils précédents; ces personnesont investidans l’habitat, la scolarisation des enfants notamment,mais la structure de leurs revenusuniquementaxéesurlecommerceestfragiliséeparlecontexteéconomique

b.Enmilieurural:Profil4.1.Les«Soumisaucollectif»

‐ Ces personnes sont plutôt jeunes (l’âge moyen de 30 ans), avec des enfants encore trèsjeunesetaucunfilsmarié.Ellessontissuesdefamillesmoyennesoupauvres,etaucunen’aétéscolarisée,presqueaucunen’aétéalphabétisée

‐ 60%vitdansdesménagesmembresdepetitesUPde3ménagesenmoyenne,exclusivementdes fratries sur deuxou trois générations,peu libérales et très collectives (aucunen’adechamps ménage ni de champs individuels pour les célibataires, et dans l’une d’elles leschamps des femmes sont collectifs), au sein desquelles elles occupent des positionssubordonnées(petit‐fils,épousesdefilsoudefrèrecadet),maisauxrevenusdesquellesellespensent toutesque leursménagescontribuent«beaucoup» (enraisonvraisemblablementdecetteorganisationtrèscollective).

‐ L’autonomieéconomiqueestquasimentexclusivementassuréepar lesactivitésagricolescollectives, très diversifiées:4 cultures enmoyennepour les hommes: touscultiventdumil et dumaïs, lamoitié de l’arachide et lamoitié du haricot,minoritairement du riz, ducoton,de lapatatedouce,dumaraîchageetdudah;3,6 cultures pour les femmes:danstouslesménagesellescultiventdel’arachide,danspresquetousduriz,danslamoitiédumil,dans la moitié du maïs, minoritairement des pois, du haricot, du dah, du gombo.L’équipementestcomplet(1,2bœufsdelabour,0,6charrueet0,6semoirparménage;2,3bœufset 1,3 charrueen communparUP, auglobal 40%de l’équipementoudubétail estpossédé en commun avec l’UP) mais insuffisant pour l’ensemble des activités: 80% deschefsménageet60%desépousesdoiventemprunterbœufsdelabour,charruesetsemoirs,charrettesetânes,leplussouventcontrepaiementpourleshommes,maisjamaispourlesfemmes,qui semblentprisesen chargepar le collectif.Lesproductionsvenduessonttrèsréduites,essentiellementlebeurredekarité(femmes)etpourlaminoritéquilescultivelesproduitsmaraîchers (hommes). L’autosuffisancealimentaireestde8mois, aussibienpourlesUPquepour lesménages indépendants.L’élevageest relativementdiversifiéet investipar les hommes comme par les femmes; en moyenne chaque ménage possède 9ovins/caprins (maximum 20) et 10 volailles (maximum 30), néanmoins l’élevage bovindemeuretrèslimitéauniveauménage(1,4têteparménageenmoyenne,maximum4têtes)commeauniveauducollectifUP(1,7têteenpropriétécommuneparUP).Signedumanquede liberté individuelle, cesménagesn’ontpas investid’activitésadditionnelles,hormis leménagedeNamakanadanslequelunchefdeménageetdeuxépousesmènentuneactivitéd’orpaillage.Les revenusprincipauxde cesménagesproviennentpour100%des culturesvivrières

‐ 1,4 enfants par ménage participent aux activités économiques (3/5 de garçons): travailagricole pour la plupart, sinon berger, chauffeur ou aide à l’orpaillage. Dans 40% desménages, deux ou trois personnes exercent des activités payées à la tâche (surtout desgarçons, parfois les chefs de ménage ou les épouses), majoritairement comme aidesagricoles,sinoncommechauffeuroupourpilerlemil, laverlelingeouramasser/couperdubois.

‐ Cespersonnessepositionnentdanslasoumissionauxvaleursducollectifetaux‘autres’,etleurcapacitédedécisionesttrès largementindexéeà leurpositionauseindelahiérarchie

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familiale, notamment les femmes qui pour certaines redoutent la stigmatisation de leursenfants

‐ Leursurfacesocialeestfaible:o Ellesestimentleuravismoyennementprisencomptedanslevillage,voiredansleur

UP le cas échéant, mais plus fortement pris en compte dans leur ménage. Ellesbénéficientpresque toutesde laconfiancedescommerçants.Elles sont faiblementinscrites dans les collectifs (surtout dans les tons et paris, les partis politiques, lesassociationscommunautaires).Seulement40%seconsidèrentcommejigi,et leurscontributionssonttrèspeufréquentesettrèsmodestes:aiderautravailsurtout

‐ Lasatisfactiondesbesoinsmatérielsesttrèsimparfaiteettrèsvariableselonlesménageso 100%seconsidèrententrèsouenassezbonnesanté,etlafréquentationduCscom

est installée. Mais seuls 20% des enfants sont scolarisés, et aucun enfant surl’ensemblen’est(encore)parvenuauniveauDEF

o 40%vit dansdesmaisons aux toits de tôle et lamoitié disposed’uneépargne surpied ou via les tons/paris; 40% sont satisfaites concernant l’équipement du foyer(50%disposentnotammentde litsenbois),et si40%possèdentdesvêtementsdefête,aucunenepeutlesrenouveler.L’alimentationestjugéeplutôtinsuffisante,etlaconsommationderiz,depainetdeviandedanslessaucesestsouventoccasionnellevoireexceptionnelle.

o Ces personnes ont assez fréquemment recours à l’emprunt ou au crédit, surtoutpour des dépenses de santé, l’achat de céréales pour la consommation ou lessemailles, sinon pour payer l’impôt ou acheter un équipement. Celles quiparviennent le plus à éviter les dettes peuvent vendre des animaux ou certainesproductionsagricoles.

‐ Aussibienl’évolutionactuellequelaprojectiondansl’avenirsontincertaines;cespersonnesmontrent une certaine passivité: les projections positives sont essentiellement liées àl’augmentation de lamain d’œuvre liée à la croissance des enfants et à l’extension deschamps,àlapluviométrie,maiscertainessesententimpuissantesdufaitdechargestroplourdes, ou de la vie dans les hameaux (Dègnèkoro, hameaux distants du village) quihandicapelecommerce.

Profil4.2.Les«Responsabilisés»

‐ Ceprofilseretrouvedanstouslesvillages,maisà50%decespersonnesviventàNamakana(18%del’échantillondecevillage)

‐ Ces personnes sont plutôt jeunes (l’âge moyen de 33 ans), avec des enfants encore trèsjeunesetquasimentaucunfilsmarié.Ellessontissuesdefamillesmoyennesoupauvres,et40%ontétéscolarisées,dontuneseulejusqu’ausecondcycleprimaire.

‐ 86%decesménages sontmembresdeplutôtgrandesUP (6,8ménagesenmoyenne)detype«pèreetfils»oufratriesetassezpeulibérales(seulement17%ontdeschampspourlesménages, taux extrêmement faible au sein de notre échantillon, et seulement 8% deschampsindividuelspourlescélibataires)auseindesquellesellesoccupentdespositionstrèsvariables (mais aucun chef d’UP), et en corollaire de cette organisation très collective, lesménagescontribuenttous«commelesautres»voire«beaucoup»auxrevenusdecesUPtrèscentralisées.

‐ L’autonomie économique est surtout assurée par les activités agricoles collectives.L’agricultureestfaiblementdiversifiée(3,6culturespourleshommes:touscultiventdumil,80%dumaïs,80%del’arachide,letiersdelapatatedouce,minoritairementduriz,ducoton,despois,desharicots,dumaraîchageetdudah;2,4culturespourlesfemmes:danstouslesménages elles cultivent de l’arachide, dans un tiers du riz, dans un tiers du mil,minoritairementdumaïs,despois,delapatatedouce,dumaraîchage,dudah,dugombo).LesménagesindépendantscommeceuxenUPpossèdentunéquipementagricoleincomplet

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etinsuffisant(0,8bœufdelabourparménageet1parUP,0,2charrueparménageet0,8parUP) 30% de l’équipement ou du bétail est possédé en commun avec l’UP. 50% des chefsménage et seulement 20% des épouses doivent emprunter, uniquement des bœufs delabouretdescharrues,leplussouventcontrepaiement.L’autosuffisancealimentaireestde7à8mois,maislesUPquiontdeschampsménageenplusdeschampscollectifsdégagentun excédent céréalier; les productions vendues sont assez réduites, essentiellement lebeurredekarité,lapotasse,maisaussilescéréalesetl’arachideet,pourlaminoritéquilescultive,lesproduitsmaraîchers(hommes).L’élevageconstitue l’activitéprincipaleaprès laculture; ilestenrevanchepeudiversifié,surtoutinvestiparleshommesàtitreindividuel(parfoisconfiéàdestiers)etmodeste(1,3vaches,2ovins/caprinset3volaillesparménage,et quasiment inexistant au niveau collectif UP mis à part une UP qui possède 10 têtescollectivement).Cesménagesontdeplusfaiblementinvestilesactivitésadditionnelles(1,1en moyenne par ménage, et surtout les hommes): orpaillage pour moitié (poids desménagesdeNamakanatrèsreprésentésdansceprofil),petitcommercesouventalimentaire(beignets,arachides,poisson,riz,bassi)sinondesavonoudechaussures,artisanat(tailleur,teinturier, coiffeur ou tresseuse), charbonnage. Les revenus principaux de ces ménagesproviennentpour83%desculturesvivrières,sinondesculturesderenteoudel’artisanat.Les enfants participent faiblement aux activités économiques (0,5 garçon/ménage enmoyenne,pratiquementaucunefille):travailagricolepourlaplupart,sinonbergerouaideàl’orpaillage.Dans25%desménages,deuxpersonnesexercentdesactivitéspayéesàlatâche(chefsdeménage,épouses,garçons),majoritairementcommeaidesagricoles,sinoncommevendeursdechaussures.

‐ Cespersonnessepositionnentdiversement:o Soit dans des valeurs progressistes surtout, sinon individualistes, avec un appui

manifeste sur le raisonnement, la sagesse, l’esprit de dialogue ou de partage desexpériencesetdusuccès

o Soitaucontrairedans lasoumissionauxvaleursducollectifetauxautres,etleurcapacité de décision est très largement indexée sur leur position au sein de lahiérarchie familiale, notamment les femmes qui expriment leur soumission à leurmarietàlafamilledefaçongénérale(dontuneexprimeclairementunesituationdecompétitionentrecoépouses).

‐ Leursurfacesocialeest très faible:ellesestimentleuravistrèsfaiblementprisencomptedanslevillage,dansleurUPlecaséchéantetmêmedansleurménage,etnebénéficientpastoutesdelaconfiancedescommerçants;ellessontfaiblementinscritesdanslescollectifs,etsurtoutdanslestonsetparis(50%);79%seconsidèrentcommejigi,maisleurscontributionssontplutôtmodestes:prêtermoinsde10000 francs,donnerde l’argent,de lanourritureet/oudescéréales,aiderautravail,fairecréditpourlesartisans/commerçants,apporterunsoutienmoral.

‐ Lasatisfactiondesbesoinsmatérielsesttrèsimparfaiteettrèsvariableselonlesménageso Accèsà l’éducation(deuxtiersdesenfantssontscolarisés,maisaucunenfantn’est

(encore) parvenu au niveau DEF) et à la santé (recours installé Cscom, même sioccasionnel)

o 50%decesménagesvitdansdesmaisonsauxtoitsdetôleetlamoitiédisposed’uneépargne sur pied ou via les tons/paris; 21% dorment sur desmatelas enmousse,71% sont satisfaites concernant les ustensiles de cuisine, 57% possèdent desvêtementsdefête,mêmesiseulement38%peuvent lesrenouveler.L’alimentationest jugée plutôt satisfaisante; la consommation de riz à midi et de viande ou depoissondans lessaucesesttrèsvariablenéanmoinscourante(aumoins3ou4foispar semaine)pourplusde lamoitiédecesménages; le tiers consommeaumoinsoccasionnellementdesplatsdeviandeetlamoitiédupain.

o Ces personnes n’ont qu’occasionnellement recours à l’emprunt ou au crédit,surtout pour l’achat de céréales pour la consommation ou les semailles etrembourser les commerçants, des dépenses de santé, constituer le trousseau des

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filles àmarier, acheter un équipement. Elles parviennent globalement à éviter lesdettes via leurs revenus réguliers, sinon la vente des animaux ou certainesproductionsagricoles,maisaussiparl’entraidefamilialeetcelledesfrèresenexode,voirelecaséchéantellespeuventmobiliserleton/paridanslequelellescotisent.

‐ Aussi bien le jugement de l’évolution actuelle que la projection dans l’avenir apparaissentfortementcorrélésàlaposturedespersonnes:

o Elles sont très majoritairement positives pour des personnes qui expriment lanécessité de «se prendre enmain» via notamment une évolution personnelle:plusdematurité,de«tête»(1/4),meilleurepréparationouextensiondeschamps,meilleur investissement,meilleuremaîtrise de son activité, recours à l’exode pourcapitaliser,

o Elles sontnégativespourminoritéquimontreaucontraireunecertainepassivitévoireuneformed’impuissance:lesperspectivessontincertainesvoiresombresdufait de n’avoir rien préparé pour l’avenir, de ne pas voir de facteur d’évolution; àNamakana,l’orpaillageestparfoisenvisagécommelaseulesolutionderebond.

Profil4.3.Les«Jeunesbattants»

‐ Cespersonnessontsouventtrèsjeunes(l’âgemoyenestde29ans),avecpeud’enfantsmaisencoretrèsjeunesetaucunfilsmarié.Ellessontissuesdefamillesmoyennesoupauvres,et17%ontétéscolarisées.

‐ 33% de cesménages sont indépendants, 67% sont membres d’UP de taille très variablemaisparfois trèsgrandes (6,3ménagesenmoyenne)detype«pèreetfils»oufratries)etplutôtlibérales(50%ontdeschampspourlesménages,mêmesi25%nepermettentpasleschamps des femmes, et aucune des champs individuels pour les célibataires) au seindesquellesellesoccupentdespositionstrèsvariables(ycomprischefd’UP),etencorollairelesménagescontribuentmajoritairement«beaucoup»auxrevenusdecesUP.

‐ Les ressources économiques sont fortement diversifiées, et exploitées par les hommescommeparlesfemmes.L’agricultureesttrèsdiversifiée:4,3culturespourleshommes(lesdeuxtiersoupluscultiventlemil,lemaïsl’arachide,sinonlefonio,leriz,lespois,leharicot,le henné, le sésame, la patate douce, le dah, la pastèque, la courge; en revanche, ils necultiventnilecoton,nilesfruitiers,etnefontpratiquementpasdemaraîchage)et4culturespour les femmes (une majorité cultive de l’arachide, du mil, des pois, du haricot, plusminoritairement du sésame, de la patate douce, du maraîchage, du dah, du gombo).L’équipement agricole est très réduit au niveau ménage; la grande majorité del’équipement est possédé en commun avec l’UP (1,5bœufsde labour,unecharrue,deuxânesetune charretteenmoyenneparUP). 100%des chefsménageet100%desépousesdoivent emprunter des bœufs de labour surtout, charrues et semoirs, charrettes et ânes,souventcontrepaiementmaisenpartiegratuitement(collectifUPtrèsvraisemblablement).L’autosuffisance céréalièreestpartielle,mais globalementassuréevoireexcédentairepourles UP permettant les champs des ménages et les ménages indépendants; ces ménagesvendent essentiellement de l’arachide, du sésame et du dah, ainsi que pour ceux qui lescultivent des produits maraîchers. L’élevage est diversifié mais modeste; il est surtoutentrepris, pour les bovins au niveau ménage (1,3 en moyenne par ménage, dont un enpossède 9 têtes), pour les ovins/caprins et les volailles au niveau UP (maximum 6ovins/caprinsetmaximum20volailles),etparfoisconfiéàdestiers.Cesménagesontassezfortementinvestid’autresactivités(2,3enmoyenneparménage),surtoutducommercedediverse ampleur (petit commerce condiments, beignets, savon, thé et sucre, chaussures(saisonnier), riz, haricot, arachide, bétail, commerce général (céréales et essence), or del’orpaillage), sinon du petit artisanat (tailleur, réparateur et cireur de chaussures), ducharbonnage et de l’orpaillage. La quasi totalité de ces activités sont menées de façonindividuelle.Lesactivitésadditionnellessontapparemmentd’assez faible rapport, car les

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revenus principaux de ces ménages proviennent pour 100% des cultures vivrières. 0,8enfant par ménage en moyenne, garçons ou filles, participe aux activités économiques:travail agricole pour la plupart, sinon berger ou aide à l’orpaillage. Dans deux tiers desménages, d’une à quatre personnes exercent des activités payées à la tâche (chefs deménage, leurs frères non mariés ou leurs enfants, dans un seul cas une épouse),majoritairementcommeaidesagricoles,sinoncommemanœuvres.

‐ Ces personnes affirment clairement leur désir de s’enrichir, d’évoluer dans la vie; l’uned’elles se définit comme un «battant»; elles se positionnent comme décisionnaires oudanslecompromis,etsevalorisentassezlargement,soitparlerespectdesvaleursmoralesetsociales,soitsurlabasedesvaleursindividualistes

‐ Leursurfacesocialeestassezfaible:ellesestimentleuravistrèsfaiblementprisencomptedans le village, dans leur UP le cas échéantmais très fortement dans leurménage, et nebénéficientpas tousde la confiancedes commerçants.Elles sontassez fortement inscritesdans les collectifs: 67% sontmembresde tonset paris, 50%de coopératives, et certainesdans des partis politiques, des associations communautaires ou des associationsprofessionnelles.67%seconsidèrentcommejigi,etleurscontributionssontdiverses,plutôtfréquentesmêmesitoujoursmodestes:prêtermoinsde10000francs,donnerdel’argent,de la nourriture et/ou des céréales, prêter du matériel, aider au travail, faire descommissionsdanslesvillagesvoisins,apporterunsoutienmoral

‐ Lasatisfactiondesbesoinsmatérielstraduitunefocalisationsurlecapitaletlasécurisationdel’avenir,audétrimentdelaconsommation

o Accès à l’éducation (45% des enfants sont scolarisés même si aucun enfant surl’ensemblen’est(encore)parvenuauniveauDEF)etàlasanté(100%seconsidèrenten très ou en assez bonne santé, et la fréquentation du Cscom est quasisystématique,seuls17%n’yontpaseurecoursaucoursdel’annéeécoulée,67%yonteurecoursentre4et6fois),

o 83%disposentd’uneépargne,bancaire, via les tonsetparis, ou surpied. 33%ontdes toitsde tôle.50%ontun litenboit (unseuln’apasde lit),et33%unmatelasmousse, 50% possèdent des vêtements de fête qu’ils peuvent renouveler, unménagesurtroispossèdeunemotoetuninterviewésurdeuxunvélo.

o Enrevanche,seuls17%pensentdisposerdesuffisammentd’ustensilesdecuisine,etl’alimentation est assez frugale: la viande ou le poisson dans les sauces estoccasionnelle pour la grandemajorité, le riz àmidi exceptionnel, et le pain et lesplatsdeviandesontabsentsdel’alimentation.

o Ces personnes ont régulièrement recours à l’emprunt ou au crédit, surtout pourl’achatdecéréalespourlaconsommationoulessemaillesetpourrembourserlescommerçants, sinon pour des dépenses de santé, des dépenses sociales, payerl’impôt, acheter un équipement. Celles qui parviennent le plus à éviter les dettesutilisent les revenus du commerce, de la vente des animaux ou de certainesproductionsagricoles.

‐ La perception de l’évolution actuelle est comme la projection dans l’avenir sont trèspositives et sont soutenues par la capacité de travail croissante des enfants, un meilleurinvestissement et une meilleure organisation du travail, voire des projets (commerce derestauration,élevage)

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Critèrespertinentspourdifférencierl’investissementdel’autonomieC’estentrecesdeuxniveauxquel’ontrouveleplusdecritèrestrèsdifférenciateurs/discriminants.Lechampsocialest fortementmarqué(statutsocial, appartenance: la famillecréée,sacapacitéàbienmariersesenfants,sonapparencelorsdescérémonies).Leniveaudeviematérieletlesavoirssontégalementtrèscontributifsàcettedifférencedeperceptiondeniveauderichesse.Onnoteraque les revenus des ménages et de l’UP ainsi que l‘influence au sein de l’UP sont des critèresmarquésenmilieurural,alorsqu’enmilieuurbain,cesont lesrevenuspersonnelsquisont lespluscontributifsàcettedifférencedeniveau.

Urbain RuralVotreéquipementdeproduction(outils,machines) ++ (2,43) ++ (0,77)Votreépargneetvosinvestissements ++ (1,85) ++ (1,02)Lebétailquevouspossédez ++ (1,29) ++ (0,86)Votremétier ++ (1,21) ++ (0,95)Vospropresrevenusetressources ++ (0,65) ++ (0,40)Votreétatdesanté ++ (0,47) ++ (0,23)Votrefamilled’origine ++ (0,73) ++ (0,82)Votreinfluencedanslequartier/village ++ (0,60) ++ (1,66)Lafaçondontonvousconsidèredanslequartier/auvillage ++ (0,83) ++ (0,66)Votreéducation ++ (0,52) ++ (0,44)Votremariageetlafamillequevousavezcréée ++ (0,24) ++ (0,51)Votreréseausocial ++ (0,81) ++ (0,60)Votrecapacitéàbienmariervosenfants ++ (1,02) ++ (0,76)Votreapparencelorsdescérémonies ++ (0,43) ++ (0,37)Lespersonnesdontvousêteslejigi ++ (1,12) ++ (0,55)Leséquipementsdufoyer(ustensilesdecuisine,couchage) ++ (0,39) ++ (0,31)Votrealimentation + (0,12) ++ (0,32)Votrecaractère,votrepersonnalité ++ (0,50) ++ (0,27)Votresavoir,vosconnaissances,donyan ++ (0,48) ++ (0,23)Votresavoir‐faireprofessionnel ++ (0,69) ++ (0,20)Votrecapacitéàprendredesdécisions ++ (1,06) ++ (0,68)

Votreéducation ++ (0,52) Votreniveaudescolarisation ++ (0,64) Lavilleoùvoushabitez + (0,16)Lespersonnesquisontvosjigi ++ (0,23)Lesrevenusetressourcesdespersonnesdevotreménage ++ (0,26)Votremaison ++ (0,57)Voschamps ++ (0,73)(siUP)VotreinfluencedansvotreUP ++ (1,61)siUP.LesrevenusetressourcesdespersonnesdevotreUP ++ (0,23)

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2.2.4.2.L’investissement:lasécurisationdel’aveniretl’ambition Entreprendre

a.EnmilieuurbainLesdeuxprofilsdeceniveausontclairemententransitionvers lacapitalisation.Cesdeuxprofilssontassezdifférenciésavecnéanmoinsdestraitscommuns:

‐ Ces personnes ont suivi une bonne scolarisation, sont économiquement indépendantes etsontenbonnevoireentrèsbonnesanté

‐ Ellesdisposentdemoyens/hautsrevenuspersonnels,etviventdansdesménagesetdesUPégalementàhautniveauderevenus.Certainespossèdentunnombredetêtesimportantdebétailbovin

‐ Près des deux tiers vivent dans des ménages membres de petites UP (3 ménages enmoyennepour lesdeuxprofils,plusune trèsgrandeUP), semiurbaineset semi rurales (3personnesenmoyenneparménagepartentcultiverleschampsfamiliauxlorsdel’hivernage)

‐ Au‐delà,leniveaudecollaborationetd’entraidesembletrèsdifférentselonleprofil:o Pour les «auto‐entrepreneurs», le haut niveau d’entraide et de solidarité est

signalépar lematérielpossédéen commun (boutique,bœufsde labour,charrues,charrettes,etnotamment lecheptel:20vachesdansuncas,10ovins/caprinsdansunautre,20volaillesdansunautre)etparlefaitqueletiersdesactivitésestréaliséenassociationavecd’autresmembresde l’UP.Ceciestcorrélépardesmodesderépartitiondesrevenusplutôtéquitablesentre lesménagesetdesrepaspréparéssurunseulfeu.L’unedecesUPregroupe15ménages.LaplupartdecespersonnesexprimentdeplusunefortevoiretrèsforteinfluenceauseindeleurUP.

o Pourles«investisseurs»,aucontraire,lesactivitésetlesbienssemblentpossédésàtitre individuel, sans association des activités; ces UP semblent de fait relever dutype libéral car ‘individualisé’,néanmoins le très faiblenombred’UPet ladiversitédesréponsesnepermettentpasdeprésumerdel’organisationdesUPdeceprofil.

Profil4.1.Les«Autoentrepreneurs»

‐ Ces personnes sont d’âge moyen surtout, ou âgées; elles sont issues de familles plutôtmoyennesouaisées,etlaplupartontétéscolarisées.

‐ Les ménages sont caractérisés par à la fois des activités très diverses et multiples (2,5activitésparchefdeménagenotamment,depluslesépousestravaillentégalement).Toustypesd’activitéssontexercés,mais lecommercedomineet fournit les revenusprincipauxde plus de la moitié des ménages; toutes ces activités semblent de bon rapport(exploitation de fontaine, commerce de bétail, de céréales, de charbon, menuisier,charpentier,garagiste,agriculturediversifiéesurdesculturesvivrièresetderente).Ceuxquifontdel’élevagepossèdentenmoyenne4vaches,5,5ovins/caprinsetenviron15volailles.Leséquipements sont importants, y compris lesbiensde transport:bâchés, véhicules; lesagriculteurs sont équipés de charrues et semoirs et de bœufs de labour. De plus, cespersonnespeuventbénéficierdeséquipementsdel’UPlecaséchéant.

‐ Cespersonnessontéconomiquementemployeurs,notammentcarilsontinvestidansdesactivités de rente (ex. moulin); elles emploient en moyenne 1,8 personne pet activité,surtout dans la famille, et 66% emploient des tiers. Seul un chef deménage exécute desactivités pour autrui, payées à la tâche, demanœuvre (à potentiellement corréler au faitqu’undecesménageconnaîtdesdifficultésconjoncturelles,cf.infra).

‐ Lamoitiépossèdeuncompteenbanque,ettoutesontuneépargne,surplusieurssupportsenmoyenne,diversifiésmaisleton/pariestlesupportprivilégié.

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‐ Entermespsychosocial, lespositionssemblenttraduireuneassezhauteestimedesoi:cespersonnessevalorisententermesindividuelsàtraversleurcapacitédedécisionetdechoix,leurcaractèreetleurpersonnalité,etellesvalorisentleurmétier;lesvaleursdutravailetdela réussite sont fortement exprimées, voire certaines semblent privilégier le succès à lasoumissionàl’ordresocial,mêmesiellesenrespectentglobalementlesvaleurs(voireelleslesincarnent)

‐ Leur surface sociale est importante; elles sont inscrites dans les collectifs économiques,politiques et sociocommunautaires, et valorisent leur famille d’origine, celle qu’elles ontcréée, la considération dont elles bénéficient dans le quartier et leur réseau social. Ellesvalorisentpluslespersonnesdontellessontlesjigisqueleurspropresjigis(d’aprèslesnotesdeperception).

‐ Lasatisfactiondesbesoinsmatérielssemblecouverte,néanmoinsleurniveaudevieestàla limite du standard urbain moderne: ces personnes ne sont pas toutes satisfaites entermesd’équipementdufoyer,d’alimentation,devêtements;lamajoritépossèdeunmoyendetransportpersonnel,maisparfoisseulementunvélo,etuneseulepossèdeunevoiture.Lascolarisation des enfants est sélective (60%) mais suivie (écoles publiques ou privées,débouchant sur l’obtention de diplômes de l’enseignement supérieur). L’habitat estsymptomatiquedeladynamiqueceprofil:tousnesontpaspropriétaires;unseulménageaconstruit en ciment, les autres habitent en concession et non en maison individuelle, enbanco,lamajoritéauntoitdetôlemaiscertainsenbanco.

‐ Lamoitié a un compte dans une banque ou une institution demicrofinance, et la quasitotalitédisposed’uneépargnepersonnelle;leton/parirestelaformeprivilégiée,maisaussienbanque,microfinance,ouenenépargnesurpied

‐ Cespersonnesontrégulièrementrecoursàl’empruntouaucrédit,pourdemultiplespostesde dépenses: nécessités alimentaires, santé, payer l’impôt (un ménage sur 2), dépensessociales (organisation d’un baptême, paiement de la dot des garçons à marier, achat devêtementsdecérémonie), investissementsprofessionnels:achatd’unéquipement.Aucunen’acitémoinsdedeuxoccasionsd’endettement

‐ Les personnes de ce profil semblent plutôt axées sur l’investissement que sur laconsommation; mis à part la santé, elles semblent limiter les dépenses du quotidien,semblent calculer et privilégier la capitalisation: l’épargne, la sécurisation voire laconstructionde l’avenir: leurdynamiqueglobalementtrèspositiveesttotalementindexéesurcettelogique

o Toutes ces personnes sauf une se voient plus riches à l’avenir du fait d’uninvestissement,de ladiversificationdesactivités,dudéveloppementde l’UP,de laparticipationdesenfants…

o Laseulepersonnequiseperçoitmoinsrichedans lefuturexprimeunpassifetdesdettestroplourdspourpouvoir«rebondir»

Profil4.2.Les«Salariésinvestisseurs»

‐ Cespersonnessontd’âgemoyen,issuesdefamillesmoyennes,etlamoitiéaétésolarisée‐ Elles vivent dans des ménages fortement polygames, et avec plus de 10 enfants par

ménage(tauxleplusélevédel’échantillon);‐ Ellessontéconomiquementdécideurs:

o Leshommessontessentiellementdessalariésàhautrevenu:deuxsalariésduprivé,un patron salarié d’ONG. Les épouses qui travaillent sont elles‐mêmes chefd’entrepriseartisanale,fonctionnaireousalariée

o Leschefsdeménageont investidansdemultiplesactivitésadditionnelles (prèsdetrois enmoyennepar chef deménage): agriculture (cultures vivrières et du cotonpour l’une d’entre elles), transport (camions, bâché, ou pousse‐pousse), élevage,commerceenboutique;untierssontdesactivitésde«rente»,qu’ellesdélèguent;

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ellesemploientpresque6personnespourchacunedescesactivités,lamoitiéàdesmembresduménage(etlesgarçonssontfortementmisàcontribution),lamoitiéàdes employés (étrangers à la famille). Les revenus principaux des ménagesproviennent pour 25% du salariat, mais pour 50% du transport et pour 25% ducommerce.

‐ Cespersonnessontsocialementtrèsintégrées:ellesdisposentd’unegrandesurfacesocialeet d’une bonne considération sociale; elles peuvent notamment compter sur des appuisforts(laplushautenotationdesespropresjigisenperception)

‐ En termes psychosociaux, elles suivent toutefois la norme, et leur liberté de choix estindexée à leur position dans la hiérarchie familiale, notamment celles qui vivent dans desménagesenUP

‐ Les besoinsmatériels sont largement couverts: l’alimentation, l’équipementdu foyer, lesvêtements de cérémonie; chacun possède enmoyenne un véhicule et unemoto/Jakarta;touslesenfantssontscolarisés,dontuntiersdansleprivé,etellesvisentapparemmentdesétudessupérieures(diplômeuniversitaire)

o L’habitatestnotammentsupérieurauxstandardurbaindu‘toitentôle’:toutessontpropriétairesdont3demaisonsindividuelles;dontlamoitiésontenciment,autoitdeciment.

o Seule la santé demeure un pointmédian: la fréquentation du Cscom semble bieninstallée dans les pratiques, mais la fréquence semble faible au regard du grandnombred’enfants

o Toutesontuncomptedansunebanqueouuneinstitutiondemicrofinance,ettousdisposentd’uneépargnepersonnelle (suruncompteenbanqueouenépargnesurpied.Ellespossèdentégalementdumatériel,dubétail(enmoyenne18bovinset17ovins/caprins par «éleveur»; l’une d’entre elles possède un cheval et emploiequelqu’unpours’enoccuper)

Ellesonttrèspeusouventrecoursàl’empruntouaucrédit,etlesoccasionsd’endettement sont de plus surtout liées dans deux cas auxinvestissementsprofessionnels:achatd’équipement.Cellesquiparviennentleplusàéviterlesdettessesatisfontdeleursrevenus,dontlesalariatetlesrevenusagricoles(pourceprofildéjàbienéquipéenmatérielagricole,etquiexploitedesculturesderente).Lefaitdenepass’endetterestassociéàunegestion raisonnéedes revenusetdesdépenses, vivre ‘selon sesmoyens’,mais également à la crainte de subir la déconsidération sociale liée auxdettes.

‐ Ellessontdansunedynamiquerésolumentpositive:plusrichesqueparlepassé,etencoreplusrichesdanslefutur.

o Progressionqu’ellesfondentelles‐mêmessurl’éthiquedutravailetsurunelogiquederapportd’investissement

b.EnmilieururalProfil4.4.Les«Agriculteursrationalistes»

‐ Cespersonnes sontencoreassez jeunes (l’âgemoyende33ans), avecpeud’enfantsmaisencoretrèsjeunesetaucunfilsmarié.Ellessontissuesdefamillesrichesoumoyennes,maisn’ontéténiscolariséesnialphabétisées.

‐ 11%seulementvitdansdesménagesindépendants,89%sontmembresd’UPdetailletrèsvariable mais parfois très grandes (6 ménages en moyenne) de type «père et fils» oufratries, et plutôt libérales (44%ont des champs pour lesménages et 13%permettent leschamps individuels des célibataires, même si 18% ne permettent pas les champs des

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femmes)auseindesquellesellesoccupentdespositionstrèsvariables(ycomprischefd’UP),etauxrevenusdesquellesellesestimentqueleurménagecontribuentfortement.

‐ Les ressources économiques sont fortement diversifiées, et exploitées par les hommescomme par les femmes.Globalement, ce profil investit la plupart des cultures existantesdanssonmilieu:4,7culturespourleshommes(quasimenttouscultiventlemiletl’arachide,lamoitiécultive le riz, lemaïs, leharicot,plusde façonplusmineure le fonio le coton, lespois,lesfruitiers,lesésame,l’igname,lemanioc,lapatatedouce,lemaraîchage,ledahetlacourge), 2,7 cultures pour les femmes: quasiment dans tous les ménages elles cultiventl’arachide,danslamoitiélemiletleriz,dansletierslemaïsetleharicot,pluspourcertainesdesculturesmaraîchèresetdespois.L’équipementagricoleestàplusde50%possédéauniveau du collectif UP (deux bœufs de labour par UP contre 0,8 en moyenne au niveauménage,unecharrue,unâneenmoyenne).C’estnotamment leseulprofiloù lesépousespossèdentpersonnellementdumatérielagricole«lourd»,mêmeàunniveauquidemeuretrèsmodeste:ellespossèdentenmoyenne0,2bœufde labour,0,2charrue,0,3âne,0,1charrette,0,1semoir.56%deschefsménagedoiventemprunterdescharruesetsemoirs(unseulcasdelocationdebœufsdelabour)et33%desépousesdoiventemprunterl’ensembledes équipements, les charrues surtout contre paiement, les autres équipements étanttrouvésgratuitement.L’autosuffisancealimentairecéréalièreestpartielle(fluctuantedansletemps et selon les cas, avec une moyenne de 7 mois), mais globalement assurée voireexcédentairepourlesUPpermettantleschampsdesménagesetlesménagesindépendants.Ces ménages vendent de nombreuses productions et notamment à des coopératives(arachide,beurredekarité,soumbala)ousurlemarché(arachidestrèslargement,maisaussicoton,céréales,produitsmaraîchers,beurredekarité,potasse,dah, igname).L’élevageestextrêmementinvesti,diversifié(7,7typesd’élevageetd’embouchepratiquéparménage),individuelet,rarement,confiéàdestiers.L’élevageestaunecertaineampleur,etinvestiauniveau ménage (0,9 bovins, 1,5 ovins/caprins et 2,5 volailles en moyenne, maximumrespectivement5,7et13)commeauniveauUP(1,3bovins,2,8ovins/caprinset5,6volaillesenmoyenne,maximum respectivement 18, 20 et 60).Cesménages ont assez peu investid’autres activités: une en moyenne par ménage, surtout les hommes, et surtout ducommercedediverseampleur:condiments,viandepréparée,savon,thé,sucre,chaussures(saisonnier), riz, arachideoupâted’arachide,bétail, céréales; ce commerceestexercé surlesmarchéssurtout,ouenambulant/àlamaison;unseulpossèdeuneboutique.Lesautresactivitéssontdupetitartisanat(forgeron,coiffeur/tresseuse,apiculteur),oudel’orpaillage;ce profil compte un tradithérapeute. Le tiers de ces activités est menée en association,souvent avec des étrangers à la famille (orpaillage, commerce de grande ampleur). Lesrevenusprincipauxdecesménagesneproviennentquepour50%desculturesvivrières,ilsproviennentà33%desculturesderenteetà17%ducommerce.1,3enfantparménageenmoyenne,garçonssurtout,participeauxactivitéséconomiquesduménage:travailagricolepourlaplupart,sinonbergerouaideaucommerce,ramasserlestigesdemilpourfairedelapotasse,battrelekarité,aideàl’orpaillage.Dansseulement23%desménages,unepersonneexercedesactivitéspayéesàlatâche(chefsdeménage,épouses,filles,jamaisdegarçon),etuniquementcommeaidesagricoles.50%emploientdestiersàlatâche,surtoutcommeaideagricole,sinoncommecharretiersoupourfairedesbriquesdebanco.

‐ Cespersonnessontanimées,o soit des valeurs patriarcales; elles se soumettent très largement aux valeurs

morales,socialesetreligieusesvoire les incarnent(affirmationdesamoralitéetdesa respectabilité, de sa générosité, expressions de la haine du mensonge, del’adultère,delacalomnie,affirmationdufaitderéglerlescréditsàéchéance).Ellesindexentleurcapacitéàdécidersurleurpositionfamiliale(avecunedominationdeshommesetunesoumissiondesfemmesclairementexprimée),

o soit des valeurs «progressistes»; elles se situent dès lors globalement entrel’autonomiededécisionetlecompromis.

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‐ Leur surface socialeestassez importante:ellesestiment leuravisassezfortementprisencompte dans le village, dans leur UP le cas échéant et dans leur ménage (certaines nebénéficient pas tout à fait de la confiance des commerçants), elles sont assez fortementinscritesdanslescollectifs(67%sontmembresdetonsetparis,etcertainessontmembresde partis politiques, d’associations communautaires, d’associations professionnelles et dechambresdecommerce/agriculture,maison les retrouveaussidans leschefferiesoudansles sociétés d’initiation). Elles se sentent fortement soutenues par leurs jigis. 83% seconsidèrent comme jigi, et leurs contributions sont assez fréquentes et parfoisconséquentes: prêter parfois de 10 à 50 000 francs, donner de l’argent, de la nourritureet/ou des céréales, des vêtements, prêter dumatériel, aider au travail, régler des litiges,prêterunmoyendedéplacement

‐ Lasatisfactiondesbesoinsmatérielstraduitunniveaudevieassezélevé,avecnéanmoinsunfaibleinvestissementsurl’habitatetleconfort

o Accès à l’éducation (la scolarité des enfants est poussée: 75% des enfants sontscolarisés (le besoindemaind’œuvredemeure le freinprincipal à la scolarisation,avec lemariagedes filleset l’abandonspontanédesenfants);certainsenfantsontobtenu le DEF et on compte un diplômé du CAP/BT) et à la santé (100% seconsidèrentenbonnesanté,maislafréquentationduCscomestoccasionnelle).

o 72% disposent d’une épargne, essentiellement sur pied, liquide, ou via les tons etparis.67%pensentdisposerdesuffisammentd’ustensilesdecuisine,61%possèdentdesvêtementsdefêtedont40%peuvent lesrenouveler, lesménagessontéquipésen moyens de déplacement: en moyenne 0,2 moto et 0,8 vélo par interviewé.L’alimentationestmarquéepar lecaractèresouvent fréquentvoirequotidiende laviandeoudupoissondanslessauces(seuls11%n’enontpasconsomméaucoursdelasemaineprécédentl’enquête),durizàmidietdupain(lamoitiéenconsommeaumoinsdefaçonoccasionnelle),etdansunemoindremesuredesplatsdeviande(quelamajoriténeconsommequ’exceptionnellement).

o Lestoitssontmajoritairementenbanco,seuls22%ontunlitenboit,lamajoritédortsurunlitentara(unsurunsecko),avecunepaillasse.

o Ces personnes ont régulièrement recours à l’emprunt ou au crédit, surtout pourdes dépenses de santé, des dépense courantes et l’achat de céréales pour laconsommationoulessemaillesetrembourserlescommerçants,sinonpouracheterunéquipement,payerl’impôt,etrarementpourdesdépensessociales.L’uned’elless’estendettéepourpayerdesfournituresscolaires.Cellesquiparviennentleplusàéviter lesdettesutilisent lesrevenusducommerce,de laventedesanimauxoudecertainesproductionsagricoles.

‐ La perception de l’évolution actuelle comme la projection dans l’avenir sontmajoritairementpositivesetsontlargementsoutenuesparuneplusforteimplicationdansletravail:8/18expliquentcetteévolutionparleurmeilleurepréparationdeschampsetdesvergers, leurs investissements, les autres par leur maturité, leur autonomisation (parmariage), leurmeilleure capacité de travail. Le second axe de cette évolution semble êtrel’accroissement«linéaire»desmoyensdeproduction: croissancedubétail,augmentationdu matériel agricole; la main d’œuvre fournie par les enfants est citée de façon trèsmineure, ce qui va de pair avec une économie moins laborieuse, mieux équipée et plusrationnalisée.

Profil4.5.Les«Agriculteursinvestisseurs»

‐ Ces personnes sont d’âges divers (l’âgemoyen de 44 ans), avec 6 enfants enmoyenne etquasimentunfilsmariéparménage.Ellessonttoutesissuesdefamillesrichesoumoyennes,1/4aétéscolariséedontuneaunBT,1/4aétéalphabétisée.

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‐ 100%decesménagessontmembresd’UPdetailletrèsvariablemaisparfoistrèsgrandes(5,7ménages enmoyenne), surtout des fratries, et plutôt libérales (40% ont des champspourlesménages,toutespermettentleschampsdesfemmeset13%permettentleschampsindividuels des célibataires), au sein desquelles elles occupent des positions plutôtdécisionnaires (1/3 de chefs, 1/3 de frères aînés ou cadets de chefs), et aux revenusdesquelleslaplupartestimequeleurménagecontribuefortement.

‐ Les ressources économiques sont fortement diversifiées, et exploitées par les hommescommepar les femmes.Globalement, ceprofil investit laplupartdes culturesexistantesdanssonmilieu,lesvariétéscultivéessontextrêmementdiversifiées:6,7typesdeculturespour leshommes:surtoutlemil,lemaïs,l’arachide,leharicot,lespois,lapatatedouce,lemaraîchage, le dah (c’est dans ce profil que l’on trouve le seul cultivateur de pomme deterredel’échantillon,etlamoitiédesexploitantsdefruitiers),4typesdeculturespour lesfemmes:quasimenttouteslesvariétéssontcultivées,surtoutl’arachide,leharicot,lespoiset lemil, la patate douce et lemaraîchage, à l’exception du fonio et du coton. La grandemajoritéde l’équipementaccessibleauxménagesestpossédéeencommunpar l’UP (2,7bœufsde labourparUPet1,2parménage,deuxcharruesparUPet0,7parménage,1,5âne parUP et 0,5 parménage). Encorollaire,60%deschefsménageet80%desépousesdoivent emprunter des bœufs de labour, charrues et semoirs surtout, contre paiement leplussouventalorsquecharrettesetânessontplusfréquemmentobtenuesgratuitement.Aucoursdestroisdernièresannées,laquantitédecéréalesrécoltéesdansleschampsdel’UPapermisdenourrirlafamilleenviron9,5mois,cellesrécoltéesdansleschampsdesménagesenviron3mois,permettantdesexcédantsauxUPpermettantleschampsdesménages.Lesménages vendent de très nombreuses productions, à la maison (produits maraîchers,arachide,beurredekarité, soumbala, céréales, sésame,dah),àdescoopératives (céréales,maraîchage, arachide, beurre de karité, soumbala, sésame, dah), à des commerçants(céréales), ou sur les marchés (arachide et beurre de karité surtout, mais aussi céréales,produitsmaraîchers,soumbala,potasse,savon,poudredefeuillesdebaobab,dah,sésame).L’élevageestdiversifié(3,8typesd’élevagepratiquéparménage),d’assezgrandeampleur,et investi au niveau ménage (1,7 bovins, 5 ovins/caprins et 20 volailles en moyenne,maximum respectivement 9, 30 et 200) mais surtout au niveau UP (5,8 bovins, 17ovins/caprins et 30 volailles en moyenne, maximum respectivement 30, 200 et 200). Cesménagesontégalementinvestid’autresactivités:1,7enmoyenneparménage,surtoutdesactivités de commerce de diverse ampleur (condiments, beignets, thé & sucre…, tissus,chaussures, tabac, café, céréales, essence, aumarché ou en ambulant), et de l’orpaillage,sinon de l’artisanat (tailleur, maçon, fabricant de cordes) ou du charbonnage; ce profilcompte un tradithérapeute et un marabout. Le tiers de ces activités est menée enassociation, souvent avec des étrangers à la famille (orpaillage, commerce de grandeampleur). Les revenus principaux de ces ménages proviennent pour 87% des culturesvivrièressinonducommerceoudel’élevage.

‐ 1,7enfantparménageparticipeauxactivitéséconomiques:travailagricolepourlaplupart,sinonbergerouaideaucommerceouà l’orpaillage,voirebonneàBamako.Dans50%desménages,d’uneà5personnesexercentdesactivitéspayéesàlatâche(surtoutlesfils,plusrarement les chefs de ménage ou les épouses), et presque uniquement comme aidesagricoles, sinonmanœuvresoupour l’entretiendesmaisonsdebanco.80%emploientdestiersà la tâche, commebergersouaidesagricoles,pour ramasserduboisoupourbalayerdevantl’étalaumarché.

‐ Ces personnes sont globalement animées par les valeurs «progressistes»; malgré leurposition dominante ou décisionnaire, elles privilégient largement le compromis, pourpartagerlesexpériences,réussirdansletravail,assurerlacohésion…

‐ Leursurfacesocialeestassezimportante:ellesestimentleuravisfortementprisencomptedans le village, dans leur UP le cas échéant et surtout dans leur ménage, et bénéficienttoutes de la confiancedes commerçants. Elles sont fortement inscrites dans les collectifs:47% sont membres de tons et paris, 27% de coopératives, 40% de partis politiques, 20%

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d’associations communautaires, 31% d’associations professionnelles, 27% de chambres decommerce, une minorité de chefferies et de sociétés d’initiation. Toutes se considèrentcommejigi,etleurscontributionssontfréquentesetparfoisconséquentes:prêterentre10et50000francs,fairecrédit(artisansetcommerçants),donnerdel’argent,delanourritureet/oudescéréales,desvêtements,payerdessoinstraditionnels,prêterdumatériel,aiderautravail, réaliser des achats pour les personnes, prêter samoto, pour les femmes aider auxaccouchements(cequiexprimebienlacaractèretrèsvaloriséetlestatutdes‘matrones’enmilieurural),aideràtrouverdescréditsetréglerdesproblèmes.

‐ Lasatisfactiondesbesoinsmatérielstraduitunniveaudevieassezélevé,avecnéanmoinsunfaibleinvestissementsurlaconsommation

o Accèsàl’éducation(lascolarisationdesenfantsestsélectivemaispoussée:40%desenfantssontscolarisés,danslepublicsurtoutouàamedersa;certainsenfantsontobtenuunCAP/BTvoirelebac;lebesoindemaind’œuvredemeurelefreinprincipalà la scolarisation, avec l’absence demotivation à scolariser et l’abandon spontanédesenfants)etàlasanté(93%seconsidèrentenbonnesanté,etlafréquentationduCscom est fréquente, même si pour eux‐mêmes 48% de ces personnes recourentplutôtauxtradithérapeutes).

o 44% ont un toit de tôles, 60% ont un lit en bois et 13% unmatelasmousse, 61%possèdent des vêtements de fête que 40% peuvent renouveler, lesménages sontéquipés en moyens de déplacement et notamment on compte en moyenne 0,3moto,0,1Jakartaet0,7véloparinterviewé.

o Seules 40% pensent disposer de suffisamment d’ustensiles de cuisine,mais toutespeuventlesrenouveler,seules27%possèdentdesvêtementsdefête.L’alimentationestmarquéeparunecertainefrugalité: lesplatsdeviandeensontabsents,lepainet le riz à midi sont exceptionnels, en revanche la viande ou le poisson dans lessaucessontoccasionnelsvoireréguliers(seules7%n’enontpasconsomméaucoursdelasemaineprécédentl’enquête).

o 93%disposentd’uneépargne,essentiellementsurpied,sinonvialestonsetparisouplusrarementenargentliquideoudansuncompteenbanque.

Certainesdecespersonnesont très fréquemmentrecoursà l’empruntouaucrédit,surtoutpourdesdépensesdesantéetdesfraisd’accouchement,ainsiquepourl’achatdecéréalespourlaconsommationetparfoispourlessemaillesetrembourser lescommerçants,pourpayer ladotdesgarçonsàmarier (lamoitié, dont 3/7 ‘souvent’)oupourd’autresdépenses sociales,pouracheterunéquipement(plusdutiers),payerl’impôt(lamoitié).Cellesqui parviennent à éviter la multiplicité des dettes peuvent vendre desanimaux ou certaines productions agricoles, ou peuvent bénéficier dessubsidesdesmembresdel’UPenexode.

‐ Laperceptiondel’évolutionactuelleesttrèspolarisée;l’enrichissementsembleindexésurlesbonnesrécoltes,lesrevenusducommerce,l’augmentationdumatérieletlacapacitédesenfants à travailler, voire le fait d’êtreplus consulté au seinde sonUP, l’appauvrissementlargementexpliquépar leschargeset l’endettement,etde façonplusmineure lavieillesseouledécèsdujigi.Laprojectiondansl’avenirestpourautanttrèsmajoritairementpositiveet largement indexée sur les activités agricoles: l’enrichissement est expliqué parl’amélioration de la pluviométrie, lameilleure organisation du travail (dans un cas, par laconstitution d’un ton de travail), l’utilisation d’engrais, l’achat de matériel agricole, ladiversificationdes cultures, l’appauvrissementpar l’épuisementdes sols et les incertitudessur les récoltes.De façonplus secondaire, l’avenir est sécurisépar laparticipationvoire lemariagedesenfants,lesrevenusducommercevoiredansuncaslapromessedebénéficierd’unprojet.

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Critèrespertinentspourdifférencierlacapitalisationdel’investissementUnseulcritèredifférenciateur,deplusassezpeumarqué,différenciecesdeuxniveaux:lesrevenusauniveauduménageCettetrèsfaibledifférenciations’expliquepardeuxélémentsprincipaux:

‐ L’aisance relative des profils du niveau de l’investissement, qui relèvent en puissance desniveaux supérieurs (où certains se projettent dans un avenir proche) mais qui se sontpositionnéesauniveau4del’échelleàsixniveaux:

o conjoncturellement, du fait de charges importantes liées au stade de vie ou à desdifficultésconjoncturelles

o et/oucarleurconstructionn’estpasencoreaboutie.‐ Les notations plutôt basses sur certains critères de certaines femmes du niveau de la

capitalisation

Urbain RuralLesrevenusetressourcesdespersonnesdevotreménage +/‐ (‐0,34) + (‐0,23)

Votremaison + (‐0,30)

Lafaçondontonvousconsidèredanslequartier/auvillage +/‐ (‐0,35)Votrefamilled’origine + (‐0,21)Lespersonnesdontvousêteslejigi + (‐0,06)Lebétailquevouspossédez +/‐ (‐0,40)

L’analysedesdonnéesfactuellesnepermetpasàcestaded’ajouterd’autrescritèrespertinents

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2.2.5.Lacapitalisation:lestatutéconomique Incarnerlesvaleurssociales

a.EnmilieuurbainCeniveauregroupelespersonnesquisesontpositionnéesjusteendessousdelarichesse,etquiontencommun:

‐ D’êtres issues de familles moyennes ou riches, et la plupart ont été scolarisées (80% auglobal)

‐ Lapossessiond’outilsdeproduction importantsvoire«lourds»,pourcertainsàunniveaupresque industriel: boutiques, ateliers, bétail, parc à bétail, machines, four micro‐ondes,abreuvoir,camions,bâchés,véhicules,frigos,congélateurs…

‐ Un investissement fort dans des activités de «rente», dont on ne s’occupe paspersonnellementmaisqu’onconfieàuntiers(presqueletiersdesactivités)

‐ La satisfaction large des besoins matériels en ce qui concerne l’alimentation, la santé, lascolarisation des enfants (à l’école publique ou privée, et les études sont suivies jusqu’àl’obtentiondediplômestechniquesoudusupérieur), l’équipementdufoyer, lesvêtementsdecérémonie.

‐ Unedynamiquefluctuante,maisuneprojectionglobalementpositivesur l’avenir,enraisondestratégiesperçuescomme«gagnantes»

o Les incertitudesmajeuresquiplanent surcesélites sont liéesà laperceptionde larécessiondel’économieurbaine,quiinsécurisel’avenirdes«affaires»engénéral

b.Enmilieuurbain,deuxprofilsdistincts: les«Élitesmodernes»et les«Entrepreneursendevenir»Profil5.1.:Les«Élitesmodernes»

‐ Cespersonnessonttoutesdesfemmesplutôtjeunes,etviventdansdesménagesàmajoritémonogames, avec encore peu d’enfants par ménage, et des ménages le plus souventautonomes(2/7enUPseulement)

‐ Leursépouxsontenmajoritédes leaders(élupolitique,patrond’ONG,chefd’entreprise)qui investissent dans d’autres activités, y compris de «rente». (note: le fait même den’avoir pu interviewer que des femmes tient au caractère relativement inaccessible deshommesdeceprofil)

o Certainesfemmessontelles‐mêmesdesleaderséconomiques,quimènentsurtoutdesactivitésdecommercedegrandeampleur(international,boutiques,etc.)et/oud’élevage; une d’entre elles est salariée dans l’ONG de son mari; ces femmespossèdentsouventuneépargneetuncapitalpropre,

o Lesautressontplutôtdes«épousesde»,nepossèdentquetrèspeud’épargneetde capital propre, et certaines mènent des activités très modestes; l’une d’entreellesvenddesbeignetsdevantsaporte.L’une(autre)d’entreellesabesoindel’aided’unjigipourdesdépensesimportantes.

‐ Entermespsychosocial,ellessemblentsevivredansuneformededevoirêtred’incarnationdes valeurs morales et sociales, et c’est dans ce profil qu’on trouve les seules mentionsspontanéesdu respectdesvaleurs religieusesau titrede la«personnalité»; l’uned’entreellesexprimelefaitdeprivilégier«l’harmoniefamilialeàlarichesse».Leurlibertédechoixsemblesurtouts’imposerauseindelasphèrefamiliale;certainessontclairementsoumisesàl’autoritédeleurépoux.

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‐ Elles bénéficient d’unebonne surface sociale, sont très inscrites dans les collectifs (tons,mais aussi partis politiques, associations professionnelles…); en revanche toutes nebénéficientpasd’unetrèsforteconsidérationsociale.

‐ L’habitatestmajoritairementsupérieuraustandardurbain:certainspossèdentdesvillas,et la plupart des autres vivent dans un habitat en ciment avec toit de tôles (seules deuxvivent dans du banco); la plupart d’entre elles ne possèdent pas demoyen de transportpersonnel(seulesquelques‐unesontuneJakarta).

‐ Certainesdecesfemmessontclairementdesépousesd’hommes«riches»,néanmoinsellesse «déclassent» elles‐mêmes d’un niveau, notamment car l’absence de capital personnels’accompagned’uneformedevulnérabilité.

o L’uned’entreellesassocied’ailleursclairementladynamiqued’enrichissementdanslaquelleelleseperçoitaufaitdes’êtremariéeetdepouvoirbénéficierdel’aidedesonmari.

Cespersonnesont trèspeusouvent recoursà l’empruntouaucrédit.Lesoccasionsd’endettementsontsurtoutliéesàl’investissementprofessionnel:achatd’équipement, auxdépensesde santéen casdemaladieet aux fraisd’accouchement,auxdépensessociales:achatdevêtementsdecérémonie,etdansunseulcasàlanécessitéderembourseruncommerçant.Laplupartparviennent le plus souvent à éviter les dettes (5/7), et expriment lecaractèresuffisantdesressourcespourcouvrirsesbesoins,lasolidaritédansleménageet l’appuidejigi (onretrouvemêmeàceniveaulerôletoujoursimportant du jigi), la restriction pour éviter la déconsidération socialeassociéeàl’endettement

‐ Au‐delà de la récession économique qui pèse sur les affaires, la plupart se projettentpositivement: perspective de s’établir à son propre compte, meilleure rentabilité desinvestissements,soutiendufilsenexode.

Profil5.2.:Les«Entrepreneursendevenir»

‐ Cespersonnessontd’âgesdivers,etviventdansdesménagesindépendants(3/7)ouenUPde troisménagesenmoyenne,à lagestionassez centralisée,et il semblequ’ellesy soientelles‐mêmes plutôtdétentrices de l’autorité ou d’un certain pouvoir; toutes considèrentqueleurménagecontribuentbeaucoupauxrevenusdeleurUP.

‐ Lesactivités sont trèsdiverses: agriculturevivrière,élevagebovin, caprin,ovin, commerce(pharmacienparterre,unrevendeurdesable,unlibraire,unquincailler),maraboutage…

o Dontlamoitiéestexercéeenassociationentrepèreetfils,entrefrères,voireentreépoux

o Avec un fort taux d’équipement, notamment en biens de transport (charrettes,camions, bâchées, véhicules,motos…) et avec un bétail conséquent (enmoyenne,chaqueéleveurdebovinpossède40têtes,chaqueéleveurd’ovins/caprins16têtes,l’und’entreeuxélèvedelavolailleàunniveaupresqueindustriel:3000volailles,etsonépousefaitducommerced’œufs)

o Et ce profil est employeur: presque un étranger à la famille par activité, et 72%emploientdestiers,surtoutpourdestâchesprofessionnelles, liéesentreautreauxtravauxagricolesetpastoraux.

‐ En termes de vécu psychosocial, la majorité se perçoit comme incarnant les valeurssociales,marquéesparlesvaleursduprogrès,quis’accompagnenéanmoinsdelanécessitéducompromisselonsonstatutauseindelahiérarchiefamiliale.

‐ Ces personnes bénéficient d’une forte considération sociale, et d’une grande surfacesociale(elles interviennent au niveau patronal, et dans les chambres de commerce oud’agriculture);leurscontributionsentantquejigisontnotammenttrèsimportantes.

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‐ Lesbesoinsmatérielssontglobalementcouverts,néanmoinsceprofilmontreunetendanceà privilégier l’investissement (y compris les moyens de transport: presque tous enpossèdent un personnellement, certains ont une voiture), sur la consommation et leconfort, ce qui se traduit notamment, chez certains, par un niveau inférieur au standardurbainentermesd’habitat,d’équipementdu foyer,d’alimentationetparunescolarisationpoussée mais non systématique (20% des enfants scolarisables ne vont pas à l’école; enrevanche, ceux qui y vont obtiennent des diplômes professionnels ou universitaires). Laplupartontpeud’occasionsdes’endetterendehorsdel’investissementprofessionnel

o Ces personnes n’ont presque jamais recours à l’emprunt ou au crédit. Les raresoccasions d’endettement sont liées au remboursement des commerçants et auxdépensesdesantéencasdemaladie.Tousparviennent leplussouventàéviter lesdettes,etexprimenttrèsmajoritairement,lecaractèresuffisantdesressourcespourcouvrir les besoins, en soutien, le rôle de l’épargne sur pied comme source deliquidités en cas denécessité, la solidarité dans la famille, y compris endehors ducadredel’UP.

‐ Leur projection dans l’avenir est clairement positive sur une base de capitalisation etd’investissement:augmentationdecapital,investissementdanslesactivitésdéjàexistantes,extensiondesactivités,prévoyanceetéconomie.

c. En milieu rural, deux profils distincts: les «Entrepreneurs ruraux» et les «Agro‐éleveursaisés»Profil5.1.Les«Entrepreneursruraux»

‐ Cespersonnessont surtoutdes femmes (84%)d’âgesdivers (l’âgemoyende38ans),avec10,8enfantsenmoyennedont1,3filsmariéparménage.Ellessonttoutesissuesdefamillesrichesoumoyennes,maislamajoritén’aéténiscolariséeniétéalphabétisée.

‐ 33% vivent dans des ménages indépendants, 67% dans des ménages membres d’UP detailletrèsvariablemaisparfoistrèsgrandes(5,8ménagesenmoyenne),surtoutdesfratriesdepremièregénération,etplutôt libérales (25%ontdeschampspour lesménages, toutespermettent les champs des femmes mais aucune ne permet les champs individuels descélibataires), au sein desquelles elles occupent des positions diverses (chef, et surtoutépouses de frères de chefs), et aux revenus desquelles toutes estiment que leurménagecontribuefortement.

‐ Les ressources économiques sont faiblement diversifiées mais de bon rapport, etglobalementexploitéesparleshommescommeparlesfemmes.

o Les variétés cultivées sont très peu diversifiées: 2 cultures pour les hommes,surtoutvivrières:lesdeuxtierscultiventmil,lamoitiél’arachide,letierslemaïs,unles pois, un les haricots, 2 cultures pour les femmes: quasiment toutes cultiventl’arachide,etselonlesménagesunecultivelemil,leriz,leharicot,lapatatedouce,lemaraîchage,ledah.Lamajoritédel’équipementagricoleestpossédéencommunavec l’UP, et l’équipement est souvent complet (lamoyenne est de 1,5 bœufs delabouretde1,75charruesparménage)maisinsuffisantpourcouvrirl’ensembledesbesoins. 83% des chefs ménage et 60% des épouses doivent louer des bœufs delabour et des charrues. Les récoltes des champs communs de l’UP fournissentenviron 8 mois d’autosuffisance, celles récoltées dans les champs des ménagesenviron9mois,soitpotentiellementunlargeexcédentpourl’UPcombinantlesdeuxtypesdechamps.Cellesrécoltéesparlesménagesindépendantsfournissentenviron7moisd’autosuffisance.Lesménagesvendentpeudeproductions,essentiellementlesproduitsmaraîchers.

o L’élevage est peu diversifié (1,8 types d’élevage pratiqués parménage),etd’uneampleurmoyenneetnotammentl’élevagedebovins;ilestinvestiautantauniveau

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ménage (1,2 bovins, 3,8 ovins/caprins et 5 volailles en moyenne, maximumrespectivement10, 15et 40)qu’auniveauUP (0,3bovins, 4,5ovins/caprins et 7,5volaillesenmoyenne,maximumrespectivement1,18et30).

o Ces ménages ont également investi d’autres activités: 1,8 en moyenne parménage, surtout du commercedeparfois grande ampleur (cacaoenRCI, céréales,essence,or,huile,oignons,boisson (dah) (souvent international,ouexercé surdesfoiresetdesmarchésplusqu’enambulantouà lamaison),de l’artisanat(boucher,brodeusedepagnes),de l’orpaillageouducharbonnage. Lamoitiédecesactivitésest menée en association, souvent avec des étrangers à la famille (orpaillage,commerce de grande ampleur). Un chef de ménage se déclare salarié (le seul del’échantillonrural)commegérantdecabinetéléphonique.

o Les revenus principaux de cesménages sont très divers: ils ne proviennent quepour16%desculturesvivrièresetpour33%ducommerce,17%du«salariat»,17%del’artisanat,17%del’orpaillage

o 1,2enfantparménage(garçonssurtout)participeauxactivitéséconomiques:travailagricole,berger,aideaucommerceoutravailenexode.Dans67%desménages,uneoudeuxpersonnes(5dansuncas)exercentdesactivitéspayéesàlatâche(surtoutles fils, plus rarement les chefs de ménage ou les épouses), de natures diverses:aidesagricoles,charretiers,aideaucommerceetnotammentdechaussures(activitéspécifiquedeDangado).83%emploientdestiersàlatâchecommebergersouaidesagricoles,oupourramasserdubois.

‐ Ces personnes sont globalement soumises aux valeurs sociales et morales; elles sontautonomes(voiredécisionnairespourlechefd’UP)maisprivilégientlecompromis,associéàuneprogressionindividuelleungainenexpérience,etuneconditiond’enrichissement.

‐ Leursurfacesocialeestassezpeuimportante:ellesestimentleuravisassezfaiblementprisencomptedanslevillage,plusfortementdansleurUPlecaséchéantetdansleurménage,et bénéficient presque toutes de la confiance des commerçants. Elles sont faiblementinscritesdanslescollectifs:67%sontmembresdetonsetparis.83%seconsidèrentcommejigi,maisleurscontributionssontpeufréquentesetsouventmodestes:prêtermoinsde10000francs,donnerdelanourritureet/oudescéréales,apporterunsoutienmoral

‐ Lasatisfactiondesbesoinsmatérielstraduitunniveaudevieassezélevéo Accèsàl’éducation(lascolarisationdesenfantsestsélectivemaispoussée:55%des

enfantssontscolarisés,danslepublicoupouruntiersàl’écoleprivée,maisaussiàlamedersa;certainsenfants(maisapparemmentuneminorité)ontobtenuleDEF)età lasanté(83%seconsidèrentenbonnesanté,etlafréquentationduCscomestassez installée, seuls 17% n’y ont eu recours pour aucun membre du ménage aucoursdel’annéeécoulée,67%yonteurecoursentre1et3fois,mêmesipoureux‐mêmes44%decespersonnesrecourentplutôtauxtradithérapeutes).

o 67% ont un toit de tôles, 83% ont un lit en bois et 67% unmatelasmousse, 67%possèdent des vêtements de fête dont 50% peuvent les renouveler, les ménagessont bien équipés en moyens de déplacement et notamment on compte enmoyenne 0,3 véhicule par ménage, et 0,3 moto par interviewé. 83% pensentdisposerdesuffisammentd’ustensilesdecuisine,ettouspeuventlesrenouveler.Laplupartconsommentrégulièrementouquotidiennementdelaviandeoudupoissondanslessauces,letiersconsommequotidiennementdurizàmidi(lesautresjamais),la moitié consomme occasionnellement ou régulièrement des plats de viande, lesdeuxtiersconsommentoccasionnellementdupain.

o Seules 33%disposent d’une épargne, essentiellement sur pied, ce qui renvoie à lafaible capacité des femmes à capitaliser pour elles‐mêmes, y compris dans cesménages/UPjustementcaractériséesparleurtendanceàlacapitalisation

o Ces personnes ont assez fréquemment recours à l’emprunt ou au crédit, surtoutpourdesdépensesdesantéetdesfraisd’accouchement,ainsiquepourrembourserlescommerçants,pourpayerladotouletrousseaudesenfantsàmarier.Cellesqui

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parviennentàéviterlamultiplicitédesdettesutilisentlesrevenusducommerceoudelaventedesproductionsagricoles,ouentantquefemmesneparticipentpasàcetypededépenses.

‐ Laperceptiondel’évolutionactuelleesttrèspolarisée;l’enrichissementsembleindexésursa propre maturité, les bonnes récoltes et l’élevage l’appauvrissement expliqué par lesmauvaises récoltes, l’exoded’autresménages, leschargeset lacrise ivoiriennequimine lecommerce international. La projection dans l’avenir est pour autant très majoritairementpositive et largement indexée sur le commerce, l’extension des activités, la garantie de laparticipationdespersonnesenexodeauxculturesdeschampscommunsdel’UP,laréussitedes enfants (seule mention d’une projection de réussite individuelle des enfants vs leurcapacitéàtravaillerpourl’UP),enfinlarésolutiondelacriseivoirienne.

Profil5.2.Les«Agro‐éleveursaisés»

‐ Cespersonnessontd’âgesdiversmaispeujeunes(l’âgemoyende46ans),avec8,5enfantsenmoyenne dont un filsmarié parménage. Elles sontmajoritairement issues de famillesrichesoumoyennes,30%ontétéscolariséesjusqu’aupremiercycleprimaire.

‐ 15% vivent dans des ménages indépendants, 85% dans des ménages membres d’UP detailletrèsvariableetparfoistrèsgrandes(7ménagesenmoyenne),surtoutdesfratriessurdeuxou troisgénérations,etplutôt libérales (27%ontdeschampspour lesménages,82%permettent les champs des femmes 18% les champs individuels des célibataires), au seindesquellesellesoccupentdespositionsdiverses(chefs,frèresoufilsdechefs,leursépousesrespectives),etauxrevenusdesquelles73%estimentqueleurménagecontribuefortement.

‐ Lesressourceséconomiquessontfortementdiversifiéesetdebonrapport,etglobalementexploitéesparleshommescommeparlesfemmes.

o Les variétés cultivées sont très diversifiées: 5,7 cultures pour les hommes:quasimenttouscultiventlemil,lemaïsetl’arachide,plusdelamoitiéleharicotetlapatate douce, sinon le fonio, le riz, les pois, les fruitiers, le henné, le sésame,l’igname,lemanioc,lemaraîchage,ledah,lapastèque,3culturespourlesfemmes:quasiment dans tous les ménages elles cultivent l’arachide, dans la moitié le riz,environ le tiers cultive le haricot, lemil, lemaïs, et selon lesménages les femmescultivent aussi les pois, le sésame, la patate douce, le maraîchage, le dah.L’équipement des ménages est complet (2 bœufs de labour, une charrue parménage)etcomplétéparceluide l’UP (demêmeniveau)enmoyenne).Seulement42%deschefsménageet55%desépousesdoiventemprunterdesbœufsdelabouret des charrues, charrettes et ânes, surtout contrepaiement sauf les charrettes etânes prêtées aux épouses.UP comme ménages indépendants récoltent de quoiassurer l’autosuffisance céréalière (12 mois). De nombreuses productions sontvendues à la maison (arachide, produits maraîchers, beurre de karité), à descoopératives (arachide surtout, produits maraîchers, beurre de karité), à descommerçants (produitsmaraîchers, beurre de karité, soumbala)ou sur lemarché(arachides et produits maraîchers surtout, mais aussi céréales, beurre de karité,soumbala,potasse,patatedouce,dah,sésame,henné).

o L’élevageestdiversifié(4,5activitésd’élevagepratiquéesparménage,surtoutparleshommesetsurtoutl’élevagedebovinsvoirel’embouchebovine,etdansuncasl’élevage de chevaux), exercé personnellement, seul ou en association dans leménageet/oudansl’UP.L’élevageestsouventdegrandeampleuretinvestisurtoutauniveauménage(3,3bovins,7ovins/caprinset9volaillesenmoyenne,maximumrespectivement10,25et40)etmoinsauniveauUP(0,8bovins,3,6ovins/caprinset2 volailles en moyenne, maximum respectivement 6, 16 et 20), ce qui tientessentiellement au fait que certains sont des éleveurs peuls qui ont intégré lesvillagesdeplusoumoislonguedateetnefonctionnentpasencollectifUP,toutaumoinsentermesdepropriétédubétail.

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o Ces ménages ont également investi d’autres activités: 2,2 en moyenne parménage,notammentlesfemmesettrèsmajoritairementducommerced’ampleurtrèsvariée:condimentsoubeignets(1/3),théetsucre,alcool(àdomicile),riz,pâted’arachide (moulin à arachide), fruits et légumes, tissus, charbon, bétail, oiseauxvivants vendus à l’aéroport de Bamako, vêtements, produits de beauté, bouclesd’oreille, lait (épouses des éleveurs peuls), pour moitié en international, sur desfoires ou au marché (certains en boutiques), pour moitié en ambulant ou à lamaison,del’artisanat(fabricantdenattes),del’orpaillageouducharbonnage.

o Lesrevenusprincipauxdecesménagessontassezdivers:ilsproviennentpour54%desménagesdesculturesvivrières,pour15%desculturesderente,pour23%ducommerceetpour8%del’élevage.

o 2,8 enfants par ménage, garçons surtout, participent aux activités économiques:travailagricolesurtout,sinonbergerouaideaucommerce.Dans36%desménages,dedeuxàquatrepersonnesexercentdesactivitéspayéesàlatâche(surtoutlesfils,mais aussi les chefs de ménage ou les épouses, voire une fille), presqueexclusivementcommeaidesagricolessaufcommecireurdechaussuresoubrodeusede pagnes à Dangado. 85% emploient des tiers à la tâche, surtout comme aideagricole,defaçonplussecondairecommeberger,sinoncommecharretieroutireurdepousse‐pousse.

‐ Ces personnes incarnent les valeurs sociales et morales et certaines revendiquent lasagesse, la respectabilité, la frugalité, mais aussi l’éthique du travail; elles sontdécisionnairesouprivilégientlecompromis,associéàl’ententeetau«progrès»collectif.

‐ Leursurfacesocialeestimportante:ellesestimentleuravisassezfortementprisencomptedans le village, dans leur UP le cas échéant et surtout dans leur ménage, et bénéficientpresque toutes de la confiance des commerçants. Elles sont fortement inscrites dans lescollectifs:62%sontmembresdetonsetparis,54%dechambresdecommerce/agriculture,39% de partis politiques et syndicats, 31% d’associations communautaires, 23% decoopératives, 15%d’associationsprofessionnelles. 92% se considèrent comme jigi, et leurscontributionssont fréquentesetsouventconséquentes:donnerde l’argent,prêter jusqu’àplus de 50 000 francs, faire crédit, donner de la nourriture et/ou des céréales, desvêtements,payerdessoins traditionnelsoumodernes,prêterdumatériel,aiderautravail,apporterunsoutienmoral

‐ Lasatisfactiondesbesoinsmatérielstraduitunniveaudevieassezélevéo Accèsàl’éducation(lascolarisationdesenfantsestsélectivemaispoussée:40%des

enfants sont scolarisés, la grande majorité dans le public sinon à l’école privée;certainsenfants(maisapparemmentuneminorité)ontobtenuleDEF).Lebesoindemain d’œuvre est donné commeprincipale raison,mais l’absence demotivation àscolariservoire (marabout) le refusde«l’écoledesBlancs»constituentégalementdesfreins.Accèsà lasanté (100%seconsidèrentenbonnesanté.Lafréquentationdu Cscom est assez installée, 69% y ont eu recours entre une et 6 fois pour unmembre du ménage au cours de l’année écoulée, un a fréquenté une cliniqueprivée; pour elles‐mêmes, seules 40% recourent plutôt aux tradithérapeutes, àl’automédicationouàlapharmacieparterre).

o 92%disposentd’uneépargne,surdemultiplessupports:argentliquide,compteenbanque,tonoupari,épargnesurpied.

o 54% ont un toit de tôles, 70% ont un lit en bois et 40% unmatelasmousse, 85%possèdent des vêtements de fête que 63% peuvent renouveler, lesménages sontéquipésenmoyensdedéplacementetnotammentoncompteenmoyenne0,2motoet 0,5 vélo par interviewé. 85% pensent disposer de suffisamment d’ustensiles decuisine, et 85% peuvent les renouveler. Tous consomment d’occasionnellement àquotidiennementdelaviandeoudupoissondanslessauces,plusdelamoitiédurizàmidi(lesautresjamais),lamoitiédupain,23%consommentoccasionnellementourégulièrementdesplatsdeviande.

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o Ces personnes ont occasionnellement recours à l’emprunt ou au crédit, trèsmajoritairement pour des dépenses de santé, sinon pour payer la dot ou letrousseau des enfants à marier, rembourser des commerçants, acquérir del’équipementouunbœufdelabour,etminoritairementpayerl’impôtouacheterdescéréales.Celles qui parviennent à éviter la multiplicité des dettes utilisent leursdiversessourcesderevenus,dontpourunelalocationdesbœufsdelabour.

‐ La perception de l’évolution actuelle et surtout la projection dans l’avenir sontmajoritairement positives et largement indexées sur des parcours de vie positifs (prised’autonomie, parvenir à prendre d’autres en charge, capacité de travail des enfants), del’investissement personnel et financier dans les activités économiques et du retour surinvestissement (meilleure composition du troupeau, projet d’embouche, extension desactivités de commerce, aide des frères en exode…). Les personnes qui expriment uneévolution négative l’expliquent par la vieillesse, la jeunesse des enfants et les charges, lesmauvaises récoltes, le fait d’être victime d’escroquerie ou encore l’impact de la criseivoiriennesurlecommerceinternational.

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CritèrespertinentspourdifférencierlepouvoirdelacapitalisationDe nombreux critères différencient les perceptions de ceux qui se situent au niveau de lacapitalisation et ceux qui se situent au niveau du pouvoir, et surtout en milieu rural (à notercependantquelesbasesd’échantillonsonttrèsfaibles:quelquespersonnesseulementparmilieusesontpositionnéesauniveaudupouvoir).Ces critères relèventdenombreux registres/dimensions,avecuneprédominancetrèsmarquéedusocial(famille,réseau,appartenance,etc.)etdesavoirs(l’épargneenmilieuurbainsurtout).L’outildeproductionestl’undescritèreslesplusmarqués.Onnotera que les revenus de l’UP ainsi que l‘influence au sein de l’UP sont des critèresmarqués enmilieurural,alorsqu’enmilieuurbain,cesontlesrevenuspersonnelsetceuxdesautrespersonnesduménagequisont lespluscontributifsàcettedifférencedeniveau.Onnoteraégalementque lefaitdepouvoircomptersurdesjigisestuncritèretoujoursdéterminantàcehautniveaud’aisance.

Urbain RuralVospropresrevenusetressources ++ 0,37 ++ 0,38

Votreéquipementdeproduction(outils,machines) + 0,09 ++ 0,73

L’épargneetlesinvestissements ++ 1,12 +/‐ ‐0,45

Votremariageetlafamillequevousavezcréée + ‐0,01 ++ 0,38

Votrefamilled’origine +/‐ ‐0,50 + ‐0,20

Votreniveaudescolarisation ++ 0,41 ++ 0,85

Lafaçondontonvousconsidèredanslequartier/auvillage + ‐0,23 + 0,05

Votreréseausocial + 0,14 + 0,05

Votrecapacitéàbienmariervosenfants + ‐0,23 + ‐0,17

Votreapparencelorsdescérémonies +/‐ ‐0,35 ++ 0,35

Votremaison ++ 0,57 + ‐0,18

Leséquipementsdufoyer(ustensilesdecuisine,couchage) + 0,10 + 0,02

Lespersonnesquisontvosjigi ++ 0,27 + ‐0,04

Votremétier + 0,06 ++ 0,76

Votrecapacitéàprendredesdécisions + 0,06 + ‐0,04

Votresavoir,vosconnaissances +/‐ ‐0,48 + 0,02

Votresavoir‐faireprofessionnel + ‐0,24 + ‐0,20

Lesrevenusetressourcesdespersonnesdevotreménage ++ 0,20 (siUP)LesrevenusetressourcesdespersonnesdevotreUP ++ 0,69

(siUP)VotreinfluencedansvotreUP + 0,13

Votreinfluencedanslevillage ++ 0,48

Lebétailquevouspossédez ++ 1,08

Voschamps ++ 0,75

Votreétatdesanté + ‐0,08

Votrealimentation ++ 0,20

Votrecapacitéàprendredesdécisions + ‐0,04

Lespersonnesdontvousêteslejigi +/‐ ‐0,44

Votreéducation + ‐0,34

Levillageoùvoushabitez + ‐0,14

L’analysedesdonnéesfactuellesnepermetpasàcestaded’ajouterd’autrescritèrespertinents

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2.2.6.Lepouvoir:laréalisation Assurerlatransmission

Ceniveauregroupelespersonnesquisesontpositionnées‘toutenhaut’del’échellea.Enmilieuurbain:profil6.1,les«Industriels»

‐ Cespersonnespeuventsedéclarer issuesdefamillespauvres,etsontdoncpourpartiedesillustrationsdelamobilitésociale.

‐ Elles ont atteint un stade de développement économique de type clairement industriel:grandcommerceinternationalquis’apparenteplusàl’import‐export(dattes,huiledepalme,tissus…)agriculturepourl’agro‐industriel(pourghère),fabriquedesavon…

‐ Lesbiensd’équipement,lecapital,lebétailetl’épargnesonttrèsconséquents(possessiond’un tracteur; en moyenne, chaque éleveur de bovin possède 26 têtes, chaque éleveurd’ovins/caprins22têtes,celuiquifaitdel’élevagedevolaillesenpossède40)

‐ Elles se perçoivent comme incarnant les valeurs sociales, et revendiquent fortementl’éthiquedutravail

«Je suis contre l’inconscience professionnelle, l’insouciance. Je ne garde pas deparasitechezmoi,c’estunechargeinutile.Chezmoi,toutlemondetravaille.»

‐ Elles sont leaders socialement (ex. président de Kafo Jiginew) et économiquement(donneurs d’ordre, et employeurs); corrélativement, leur surface sociale et leurconsidération sociales sont très fortes, et leurs contributions en tant que jigi trèsimportantes(prêterplusde50000francs,payerlessoinsdesanté,donnerdel’argentoudequoisubvenirauxbesoinsprimaires…)

‐ Leur niveau de vie traduit cette inscription dans l’élite: scolarisation des enfantsmajoritairementdans leprivé,aboutissantsystématiquementà l’obtentiondediplômesdusupérieur,fréquentationdescliniquesprivéesourecoursdirectementàunagentdesantéenconsultation«privée»,habitatenvilla,possessiond’uneoudeuxvoituresparmembreduménageenmoyenne;tousemploientunebonneaudomicile

o Cespersonnesn’ontpas recoursà l’empruntouaucréditdufaitdeleursrevenusconséquents.

‐ Leur projection dans l’avenir est positive sous l’angle de la dynamique du retour surinvestissement(ycompris,desprojetsindustrielsetlefruitdutravaildesenfants)

b.Enmilieurural:profil6.1.Les«Entrepreneursagricoles»

‐ Cespersonnessontd’âgesdivers,(l’âgemoyenestde40ans),avec7,8enfantsenmoyenneencorejeunes(0,25filsmariéparménage)etsontmajoritairementissuesdefamillesriches;aucunen’aétéscolarisée,deuxontétéalphabétisées.

‐ 100%viventdansdesménagesmembresd’UPdetailletrèsvariableetparfoistrèsgrandes(7,8 ménages en moyenne), surtout des fratries sur deux générations, et plutôt libérales(75% ont des champs pour les ménages, 100% permettent les champs des femmes maisaucune les champs individuels des célibataires), au sein desquelles elles occupent despositionsdiverses(chefs,frèresoufilsdechefs,etceprofilestexclusivementmasculin),etauxrevenusdesquelles100%estimentqueleurménagecontribuefortement.

‐ Les ressources économiques sont relativement diversifiées et de bon rapport, etglobalementexploitéesparleshommescommeparlesfemmes.

o Les variétés cultivées sont peu diversifiées: 3,3 cultures pour les hommes, 2/3cultivent lemil et l’arachide, lamoitié la patate douce, sinon lemaïs, le coton, leharicot, lehenné, l’igname,lesproduitsmaraîchers,2,2culturespour les femmes:2/3cultiventl’arachide,letierscultivelemil,leriz,leharicot,ledah,legombo.30%de l’équipement ou du bétail est possédé en commun avec l’UP. 25% des chefs

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ménage et 50% des épouses doivent emprunter des bœufs de labour (épousesseulement),charrues,semoirs,charrettesetânes,toujoursprêtéesgratuitementetjamaiscontrepaiement.Quelquesproductionssontvenduesàlamaison(arachide)àdescoopératives(arachide,patatedouce,henné),àdescommerçants(céréales)ousurlemarché(arachide,produitsmaraîchers,beurredekarité,potasse).Lesrécoltescéréalièresexcèdentlesbesoinsalimentaires.

o L’élevageestpeudiversifié(2,2activitésd’élevagepratiquésparménage,surtoutparleshommes,exercépersonnellementetsouventenassociationdansleménageou dans l’UP. L’élevage est par ailleurs de grande ampleur mais très diversementinvestiparlesménages(3bovins,3ovins/caprinset4volaillesenmoyenne,maislemaximum respectivement 8, 12 et 15 montre qu’un ménage capitalise presquel’ensembledechaquetype)etplusauniveauUP(30bovins,18ovins/caprinset15volaillesenmoyenne,maximumrespectivement60,40et30).

o Ces ménages ont également investi d’autres activités: 1,4 en moyenne parménage,notammentlesfemmesettrèsmajoritairementducommerced’ampleurtrès variée: condiments, savon, céréales, vêtements, pourmoitié sur lesmarchés,pourmoitié en ambulant ou à lamaison sinon de l’artisanat (tailleur et tisserand,brodeusedepagnes).

o Lesrevenusprincipauxdecesménagessonttrèsliésàl’agriculture:ilsproviennentpour75%desménagesdesculturesvivrières,pour25%desculturesderente.

o 3,5 enfants parménage, garçons surtout, participent aux activités économiques (2par ménage, très majoritairement les garçons): exclusivement pour du travailagricole.Dansunménage,lechefdeménageexercedesactivitéspayéesàlatâchecommeaideagricole(jeunesubordonné),cequitraduitbienlemodederelationauxrevenus,etlastructuremêmedeladynamiqueéconomiquepropreaumilieurural,oùchaquesourcederevenusestexploitée.

‐ Ces personnes incarnent les valeurs sociales etmorales: respectabilité, générosité; ellessontdécisionnaires(dontunfuturchefd’UPenapprentissagedel’autorité)ouprivilégientlecompromis,associéau«progrès»collectifouutilisécommestratégiepoursepréserver.

‐ Leur surface sociale est importante: elles estiment leur avis systématiquement pris encompte dans le village, dans leur UP le cas échéant et dans leur ménage, et bénéficienttoutes de la pleine confiance des commerçants. Elles sont fortement inscrites dans lescollectifs:75%sontmembresdetonsetparis,25%dechambresdecommerce/agriculture,75%departispolitiquesetsyndicats,25%decoopérativesTousseconsidèrentcommejigi,et leurs contributions sont fréquenteset souvent conséquentes:prêter jusqu’àplusde50000francs, fairecrédit,donnerdescéréalesetdesvêtements,prêterdumatériel,aiderautravail.

‐ Lasatisfactiondesbesoinsmatérielstraduitunniveaudevieassezélevéo Accèsà l’éducation (Lascolarisationdesenfantsestquasimentsystématique:90%

des enfants (l’absence d’école à proximité est donnée comme unique frein à lascolarisation),lagrandemajoritédanslepublicsinonàlamedersa;certainsenfantsont obtenu le DEF) et à la santé (100% se considèrent en bonne santé, lafréquentation du Cscom est quasi systématique, 75% y ont eu recours pour unmembre du ménage entre 1 et 6 fois au cours de l’année écoulée, et pour eux‐mêmestousrecourentauCscomouauCsref)

o 75% disposent d’une épargne, sur de multiples supports: argent liquide,microfinance,épargnesurpied

o 50% ont un toit de tôles, 75% ont un lit en bois et 20% unmatelasmousse, 75%possèdent des vêtements de fête que tous peuvent renouveler, lesménages sontbienéquipésenmoyensdedéplacementetoncompteenmoyenne0,5motoet0,5véloparpersonne interviewée.75%pensentdisposerdesuffisammentd’ustensilesde cuisine, et 75% peuvent les renouveler, Tous consomment régulièrementquotidiennementdelaviandeoudupoissondanslessauces,75%occasionnellement

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ou quotidiennement du riz à midi, la moitié occasionnellement du pain, 50%consommentoccasionnellementourégulièrementdesplatsdeviande.

o Ces personnes ont très peu recours à l’emprunt ou au crédit,dansdes situationstrès diverses: pour payer des frais d’accouchement, l’organisation d’un baptême,rembourseruncommerçant, investirdanslecommerceouacheterunéquipement.Elles parviennent à éviter la multiplicité des dettes en utilisant leurs revenuspropresetenbénéficiantde l’entraideauseinde l’UP;certainessontsoucieusesd’éviterlahontedel’endettement.

‐ Laperceptiondel’évolutionactuelleestconditionnéeauxrécoltes,auxchargesfamilialesetau matériel agricole. La projection dans l’avenir est unanimement positive du fait de laparticipationaccruedesenfants,de la croissancedubétailetd’unemeilleureorganisationdutravail.

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3.Bilan:problématiquesenjeuautourdelaquestiond’indicateursduniveaudepauvreté,etnotammentautourduseuildepauvretéLes états de pauvreté/richesse s’avèrent très divers et différenciés. Ces états ne sont pas despositions mais des situations de vie dynamiques, des combinaisons de situations psychologiques,socialesetéconomiques.Penserfinementlapauvretédelapopulationmalienne,etplusencoredansle cadredeprogrammesde lutte contre cettepauvreté, sembleexigerune compréhensionde cessituations en termes de dynamique interne, qui inclut notamment des éléments de psychologiesociale,autantqu’unecaractérisation‘objective’.Autermedenotreétude,l’analysedelapauvretésemblepouvoirêtretraitéeàtraverstroisanglesd’approchecomplémentaires:

‐ Lacatégorisationsocioprofessionnelledelapopulationétudiée‐ L’appréciationsubjectivedeleurétatdepauvreté/richesseparlesintéresséseux‐mêmes‐ Descritèresobjectifsmarqueursd’unétatdepauvreté/richesseau regardde l’analysedes

élémentsfactuels3.1.LacatégorisationsocioprofessionnelleLescaractéristiquesinternesetspécifiquesdesprofilsdégagésparl’étuderenvoientassezfortementàlanotiondecatégoriesocioprofessionnelle,quiapparaîtcommeunsystèmepertinentàlafoisdecompréhensiondelasociétéetd’analysedesniveauxetdesétatsdepauvreté.Cettenotiondoitêtredistanciéedeladéfinitionoccidentaleetrepenséedanslecontextemalien,oùelledoitnotammentprendre en compte les réalités du travail, y compris le caractère informel d’une majorité desactivités, l’organisation sociale et économique des ménages comme des UP le cas échéant, lastructuredesactivitésendifférenciantcellesdeschefsdeménage,cellesdesépousesetcellesdesenfants.Acetitre,ilconvientdefaireunpointsurlanaturesdesdiversesactivitésréaliséesdanslecadredel’offredetravailmalienne,c’est‐à‐direlemarchédutravailetlesreprésentationsetpratiquesquilesous‐tendent.Cesactivitéspeuventêtredifférenciéesenquatretypesselonleur‘statut’danslesreprésentationsdutravail:

‐ Lesactivitéssalariées‐ Lesactivités«autonomes»,c’est‐à‐direlesactivitésmenées«àsonproprecompte»‐ Les«petitesactivitéspayéesàlatâche»‐ Lesactivitésàtitred’employé

Lesactivitéssalariéesduprivéoudupublic

‐ La fonction publique est aujourd’hui le domaine d’activité le plus valorisé, en termes destatut, de stabilité des revenus et de perspectives. Elle apparaît clairement aspirationnellepour une majorité, pauvre ou riche, qui l’envisage comme la plus souhaitable pour sesenfants;l’accèspotentielàlafonctionpubliqueestparfoisunemotivationàlascolarisationdesenfants.Ànoterque ladistinctionentre fonctionnaire titulaireet contractuelde l’Étatn’estpasétabliepartous.

‐ Le salariat privé (surtout) estmarqué par l’absence de réglementation des salaires, ce quiinduitl’impossibilitédecorrélerlestatutdesalariéàunquelconqueniveauderevenus:lesplusbassalairesrecenséslorsdel’étudesontde3000et5000francs,pourdespersonnestravaillant pour une école privée (femme de ménage et gardien), et de nombreusespersonnes sont employées/emploient à titreprivépourdes salairesde10à25000 francsmensuels. Le fait d’être salarié représente malgré tout une ressource centrale dufonctionnementéconomiquedespersonnesetdeleurménage,dusimplefaitdeconstituer,

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de par la régularité du revenu, une forme de stabilité rassurante pour les salariés, et leurconférantuneformedecrédibilitéauprèsdescommerçants.Anoterquelesalariat,lorsqu’ilest contractualisé dans un cadre INPS, donne droit à une pension de retraite qui, aussiminimesoit‐elle,conditionnelargementleniveaudeviedesretraités,etéviteàcertainsdese retrouverdansunesituationdedépendance.Qu’il s’agissedesalariatprivéoupublic, ilest assez aisé de catégoriser les salariés en fonction de leur poste, de leur salaire etéventuellementdeleurcontrat(INPSouinformel)

Lesactivités«autonomes»,c’est‐à‐direlesactivitésmenées«àsonproprecompte»

‐ Les activités «autonomes» relèvent de multiples secteurs, dont les principaux sontl’agriculture et l’élevage, ainsi que le commerce et l’artisanat, auxquels s’ajoutent letransport, lecharbonnage,oudesactivités«traditionnelles’detradithérapeute,marabout,géomancien,musicien,etc.L’orpaillageestliéàlasituationspécifiquedeNamakana.

‐ Hormislespersonnessalariées,minoritairesenmilieuurbainetquasiinexistantesenmilieurural,cesontcesactivitésquifournissentl’essentieldesrevenusdesménages.

‐ Lesactivitésd’unmêmesecteurpeuventassezaisémentêtredifférenciées:o Pourl’agricultureetl’élevage,parlesvariétéscultivées/élevéeso Pour l’artisanat, par une nomenclature d’activités et un degré plus ou moins

physique(puisatier)outechnique(réparateurdemontres)del’activitéo Pour le commerce, par le type de commerce (d’ambulant au grand commerce

international)etletypedebiensvendus,o L’équipement détenu est également un critère important, surtout pour les

agriculteurs (complet ou non en termes de bœufs de labours, charrues, semoirs,charrettesetânes)

Les«petitesactivitéspayéesàlatâche»

‐ Ces activités sont de natures extrêmement variées, néanmoins les travaux agricoles etpastoraux et les travaux de manœuvre ou d’aide aux taches domestiques (pilage du mil,ramassagedubois)sontlespluscourantes.

o Cesactivitéssontsurtoutexercéesparlesenfants,notammentlesgarçons,dansdesménagesdequasiment tous lesniveauxetparfois dèsun très jeuneâge (sept anspourcequiconcernenotreéchantillon,etdansuncaslefilsd’unagro‐éleveuraiséenmilieurural).

o Ellessontexercéesparleschefsdeménageetlesépouses,surtoutdanslesménageslespluspauvres,maisnonexclusivement.

o En milieu rural, le fait de louer sa force de travail pour les travaux des champs(désherbage, labour, récolte) est unepratique courante et non ‘déshonorante’, ouentoutcasmoinsquelesautresactivitésetsurtoutlesactivitésdomestiques(laverle linge, piler le mil, ramasser du bois, etc.), qui signent plus fortement unesubordinationsociale.

Lesactivitésàtitred’employéCesontdesactivitésrégulièresexercéescontrerémunération,quipeuventêtredemêmenaturequelesactivitéspayéesàlatâche,maisquisecaractérisentparleurcaractèrerégulier;ellesnesontpasconsidéréescommedusalariatausensstrict(notammentcarellesnesontpasrégiesparuncontrat),pourautantellessesituentàlamargeentrelatâcheetlesalariat.

‐ Anoterque le statutd’employén’a jamais étémentionnéenmilieuurbain,mais apparaîtplus fréquemment en milieu rural et essentiellement dans le secteur de l’orpaillage àNamakanadufaitdel’organisationdutravailquiyprévaut.

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Uneentreprisedecatégorisationsocioprofessionnellepeutsurtoutparaîtredifficileenmilieurural,du fait de laprédominancedes activités agricoles, qui nivellent lesdifférencesentre lesdifférentsniveaux et profils. Néanmoins, l’étude permet de dégager neuf critères objectifs qui peuventcontribueràlaconstructiond’unetellecatégorisation;ilssontprésentésdanslesdeuxtableauxci‐dessous,parprofil(etdoncdansl’ordrecroissantduniveaudepauvreté/richesse).

Tableaurécapitulatifdescritèresobjectifsrelatifsàl’UPetauxactivitésdesménagesenmilieurural

Profilspauvres

‐TauxenUP

‐TailledesUP

‐TypeUP‐Libéralounon

‐Culturesménage(hommes+femmes)‐AutosuffisancecéréalièreUP/ménage(sidifférent)

Equipementagricoleaccessible

Bétail:têtespossédéesparménage‐Bovins‐Ovins/caprins‐Volailles

Nombred’activitésnonagricolesparménage

0.1 40%enUP3ménages9actifs

MixtePastrèslibéral

3,7culturesVivrières6,5/3mois

Trèsincomplet

0,40,84,2

1

1.1 70%enUP4,6ménages12actifs

MixtePlutôtlibéral

5,3culturesDiversifiées9/5mois

Quasinul 00,75

0,8

1.2 80%enUP5,1ménages14actifs

MixtePastrèslibéral

5,5culturesDiversifiées6/3mois

Quasinul

0,50,71,1

2,1

2.1 50%enUP5,1ménages14actifs

MixtePastrèslibéral

7culturesVivrières+patatedouce7‐8mois

Trèsincomplet

0,52,34,3

1,1

2.2 96%enUP4,7ménages10actifs

MixtePastrèslibéral

5,6culturesVivrières+patatedouce8,5mois

Incomplet

0,224,4

1,4

2.3 67%enUP3ménages10actifs

MixtePlutôtlibéral

7culturesDiversifiées9mois

Trèsincomplet

1410

1,3

3.1 56%enUP4ménages11actifs

FratriesPlutôtlibéral

5,1culturesVivrières8,5mois

Trèsincomplet

0,20,74,2

1,3

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Profils«nonpauvres»

4.1 60%enUP

3ménages12,5actifs

FratriesPastrèslibéral

7,6culturesTrèsdiversifiées8mois

Trèsincomplet

1,69,210

0

4.2 86%enUP6,8ménages17actifs

MixtePastrèslibéral

6culturesVivrières+patatedouce7,5mois

Trèsincomplet

1,42,33,9

1,1

4.3 67%enUP6,3ménages21actifs

MixtePlutôtlibéral

8,3culturesTrèsdiversifiées7mois

Trèsincomplet

1,50,50,4

2,3

4.4 89%enUP6ménages15actifs

MixtePlutôtlibéral

7,4culturesTrèsdiversifiées7mois

Incomplet 1,13,33,9

1

4.5 100%enUP5,7ménages16actifs

FratriesPlutôtlibéral

10,7culturesTrèsdiversifiées9,5/3mois

Incompletpourlamajorité

1,87,424,1

1,7

5.1 67%enUP5,8ménages22actifs

FratriesPlutôtlibéral

4culturesVivrières8/9mois

Complet,parfoisinsuffisant

1,44,46,7

1,8

5.2 85%enUP7ménages20actifs

FratriesPlutôtlibéral

8,7culturesTrèsdiversifiées12mois

Complet,parfoisinsuffisant

3,68,510,1

2,2

6.1 100%enUP7,8ménages24actifs

fratriesPlutôtlibéral

5,5culturesVivrières>9mois

Complet,parfoisinsuffisant

34,35,3

1,5

Cestableauxmontrentlecaractèrediversementlinéairedecescritères,néanmoinsdes‘équations’oucombinaisonsquantàellesplussignifiantes.Anoterquelapropriétédubétailaétécalculéeenmoyenne,sachantquececritèreesttrèsvariabled’unménageà l’autre au sein d’unmêmeprofil; notamment, au sein des profils les plus pauvres,quelquesménages détiennent l’ensemble du bétail ‘recensé’, et notamment les bovins; de fait, lamajoritédecesménagesn’enpossèdepasoupratiquementpas.

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89

3.2.Perceptionetcritèressubjectifsd’évaluationduniveaudepauvreté/richesseL’appréciationsubjectivedeleurpropreniveaudepauvreté/richesseparlesintéressésapparaîttrèsintéressanteàaumoinsdeuxniveaux:

‐ Sur le principe, elle témoigne de la capacité des personnes à se positionner de façoncohérente,àlafoisentermeglobauxmaisaussisurdemultiplesaspectsdeleurdynamiquepropre

‐ De façon opérationnelle, sa fiabilité semble permettre à un indicateur subjectif defonctionnerencomplémentaritéd’indicateursplusobjectifs,etnotammentcarl’analysedesprofilsetplusglobalementdesniveauxmontrequelesindicateursobjectifssonteux‐mêmesdifficilesàmanier,dufaitdetrèsgrandesdisparités.

Pour exemple, nous présentons trois graphiques qui illustrent les notationsmoyennes des troisprofilsduniveau‘insuffisance’enmilieururalNote:ungraphiquedecetypeaétéréalisépourchacundes31profilsétudiés.Ilsn’ontaufinalpasété intégrésàcedocumentpouréviterdesurcharger laprésentationetd’encompliquer la lecture,maisilsserontprésentésendocumentcomplémentaireetannexe.Cespersonnesonttoutesnoté‘2’leurniveauglobaldepauvreté/richesse,lesnotessontprésentéespar rapportà cettenotede référence,positionnéeen référent ‘0’pouréviterdesgraphiques tropchargés,etpourpermettreuneappréhensionplusaiséedescritères‘surnotés’etdescritères‘sous‐notés’.Cesgraphiquesexposentassezclairementladifférencedestructuredenotationdecestroisprofils:

‐ Profil 2.1 (Indépendants subordonnés) : des réalisations très diversement abouties, avecunevalorisationassezfortedelapersonnalité,delasanté,unevalorisationmoyenneàbassede ce qui relève du social, et une dévalorisation très marquée de ce qui relève del’économique,desavoirsmatériels,ducapitaletduniveaumatérieldevie.

‐ Profil2.2 (Agriculteursmodestesdécisionnaires):une fortevalorisationde l’influenceausein de l’UP (en conformité avec les situations de ces personnes), sinon une structureglobalement comparable à celle du profil précédent, toutefois plus valorisée, néanmoinsl’épargneetl’outildeproductionsontfortementdévalorisés

‐ Profil 2.3(Autonomesendevenir) : une très forteouassez fortevalorisationdepresquetous les critères évalués, y compris ceux qui relèvent du social; ceux qui relèvent del’économiquesonttoutefoismoinsfortementvalorisés

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90

Graphiquedeprésentationdesnotationsduprofil2.1rural

(Agriculteursmodestes,indépendantssubordonnés)

Graphiquedeprésentationdesnotationsduprofil2.2rural(Agriculteursmodestesdécisionnaires)

‐2,00

‐1,00

0,00

1,00

2,00

3,00Pauvreté/richesseCaractèreÉducationSantéSavoir‐faireproCapacitéàdéciderConnaissancesVillageoùhabitezVosjigiRevenusdel'UPRéseausocialMétierMariage&famillecrééeIn5luencedansUPAlimentationApparence‐cérémoniesFamilled'origineChampsConsidérationdsquartierRevenusduménageMaisonCapacitémarierenfantsin5luvillageÉquipementsdufoyerVosrevenusCeuxdontonestjigiÉquipementprofessionnelÉpargneBétailNiveaudescolarisation

‐2,00

‐1,00

0,00

1,00

2,00

3,00Pauvreté/richesseIn5luencedansUPCaractèreÉducationin5luvillageCapacitéàdéciderSavoir‐faireproConnaissancesVillageoùhabitezVosjigiSantéCapacitémarierenfantsMétierMariage&famillecrééeRevenusdel'UPApparence‐cérémoniesChampsConsidérationdsquartierRéseausocialMaisonAlimentationÉquipementsdufoyerFamilled'origineRevenusduménageVosrevenusÉquipementprofessionnelCeuxdontonestjigiÉpargneNiveaudescolarisationBétail

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91

Graphiquedeprésentationdesnotationsduprofil2.3rural(Autonomesendevenir)

‐2,00

‐1,00

0,00

1,00

2,00

3,00Pauvreté/richesseRevenusdel'UPCaractèreCapacitéàdéciderCapacitémarierenfantsVillageoùhabitezIn5luencedansUPConnaissancesin5luvillageConsidérationdsquartierRéseausocialChampsMariage&famillecrééeSavoir‐faireproÉducationSantéCeuxdontonestjigiAlimentationVosjigiApparence‐cérémoniesFamilled'origineÉquipementsdufoyerRevenusduménageMétierÉquipementprofessionnelMaisonVosrevenusÉpargneBétailNiveaudescolarisation

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92

Tableaurécapitulatifenmilieuurbaindelacontributionde26critèresévalués

entreles8niveauxdepauvreté/richesse(NCR)

Subsistance/

dépe

ndance

Insuffisance/

subsistance

Précarité

/Insuffisance

Auton

omie/

précarité

Investissemen

t/

autono

mie

Capitalisation/

investissemen

t

Pouvoir/

capitalisation

Ecartsurleniveauglobal(E) 1 1 0,5 0,5 0 1 1CalculdelaNCR e‐1 e‐1 e‐0,5 e‐0,5 E e‐1 e‐1

Votrefamilled’origine ‐‐0,83

‐‐0,76

+‐0,03

‐‐0,81

++0,73

‐‐0,68

+/‐‐0,50

Votreéducation ‐‐1,19

‐‐1,01

++1,13

‐‐‐2,21

++0,52

‐‐1,06

‐‐0,69

Votre mariage et la famille que vousavezcréée

+/‐‐0,43

+/‐‐0,30

‐‐0,49

++0,25

++0,24

‐‐0,59

+‐0,01

Lafaçondontonvousconsidèredanslequartier

++0,36

‐‐0,68

+0,14

‐‐0,78

++0,83

‐‐0,54

+‐0,23

Votreréseausocial +0,03

‐‐0,60

‐‐0,30

‐‐0,72

++0,81

‐‐0,80

+0,14

Votreinfluencedanslequartier/village ‐‐0,83

+/‐‐0,44

‐‐0,34

+‐0,18

++0,60

‐‐1,02

‐‐1,38

Votrecapacitéàbienmariervosenfants ++0,29

‐‐0,78

‐‐1,95

+0,04

++1,02

‐‐1,19

+‐0,23

Votreapparencelorsdescérémonies +/‐‐0,46

+‐0,29

‐‐0,59

+0,18

++0,43

‐‐0,59

+/‐‐0,35

Lespersonnesquisontvosjigi ++0,36

‐‐0,88

‐‐2,01

++2,82

‐‐0,55

‐‐0,69

++0,27

Lespersonnesdontvousêteslejigi ‐‐1,06

++0,26

++2,62

‐‐3,13

++1,12

‐‐0,92

‐‐1,93

Vospropresrevenusetressources ‐‐0,56

+‐0,17

+‐0,12

‐‐0,78

++0,65

‐‐0,84

++0,37

Les revenus et ressources despersonnesdevotreménage

+/‐‐0,42

+/‐‐0,35

+0,00

++0,49

‐‐0,09

+/‐‐0,34

++0,20

Page 93: Recherche « évaluation participative de la pauvreté dans ...conditionne largement le mode de vie des villageois. 5 La ... les groupes réalisés à Bamako étaient des groupes test,

93

Subsistance/

dépe

ndance

Insuffisance/

subsistance

Précarité

/insuffisance

Auton

omie/

précarité

Investissemen

t/

autono

mie

Capitalisation/

investissemen

t

Pouvoir/

capitalisation

Votremaison +/‐‐0,38

‐‐0,82

‐‐0,56

+‐0,12

‐‐0,11

+‐0,30

++0,57

Leséquipementsdufoyer(ustensilesdecuisine,couchage)

+‐0,28

‐‐0,59

‐‐0,76

++1,03

++0,39

‐‐0,58

+0,10

Votrealimentation ‐‐1,08

+‐0,09

‐‐0,58

+‐0,22

+0,12

‐‐0,57

‐‐0,73

Votreépargneetvosinvestissements ‐‐0,75

‐‐0,59

++1,02

‐‐2,50

++1,85

‐‐1,63

++1,12

Votreétatdesanté ++0,64

‐‐0,68

+0,11

‐‐1,15

++0,47

‐‐0,96

‐‐1,70

Votre équipement de production(outils,machines)

‐‐1,11

‐‐0,56

+‐0,07

‐‐2,69

++2,43

‐‐2,13

+0,09

Lebétailquevouspossédez ‐‐0,78

‐‐0,99

‐‐0,57

‐‐0,63

++1,29

‐‐0,78

‐‐0,81

Votremétier +/‐‐0,36

+/‐‐0,38

+‐0,05

‐‐1,72

++1,21

‐‐0,89

+0,06

Votrecaractère,votrepersonnalité ‐‐1,69

‐‐0,90

++0,30

‐‐1,82

++0,50

‐‐0,96

‐‐0,76

Votreniveaudescolarisation ‐‐1,24

‐‐0,56

‐‐1,60

+0,02

++0,64

‐‐0,92

++0,41

Votresavoir,vosconnaissances,donyan ‐‐1,07

‐‐0,53

‐‐0,64

‐‐0,51

++0,48

‐‐1,28

+/‐ ‐0,48

Votresavoir‐faireprofessionnel ‐‐1,06

+‐0,10

+‐0,22

‐‐1,97

++0,69

‐‐1,20

+‐0,24

Votrecapacitéàprendredesdécisions ‐‐1,11

+‐0,11

‐‐1,01

‐‐1,61

++1,06

‐‐1,93

+0,06

Laville/levillageoùvoushabitez ‐‐1,10

‐‐0,54

‐‐1,10

++0,20

‐‐0,14

‐‐0,94

‐‐1,88

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94

Tableaurécapitulatifenmilieururaldelacontributiondes29critèresévalués

entreles8niveauxdepauvreté/richesse(NCR)

Subsistance/

dépe

ndance

Insuffisance/

subsistance

Précarité

/insuffisance

Auton

omie/

précarité

Investissemen

t/

autono

mie

Capitalisation/

investissemen

t

Pouvoir/

capitalisation

Ecartsurleniveauglobal(E) 1 1 0,5 0,5 0 1 1CalculdelaNCR e‐1 e‐1 e‐0,5 e‐0,5 e e‐1 e‐1

Votrefamilled’origine ++0,58

‐‐1,17

‐‐0,54

‐‐0,33

++0,82

+‐0,21

+‐0,20

Votreéducation +0,01

‐‐0,80

‐‐0,90

+0,00

++0,44

‐‐1,10

+‐0,34

Votre mariage et la famille que vousavezcréée

+/‐‐0,35

+‐0,27

‐‐0,64

‐‐0,28

++0,51

‐‐0,80

++0,38

Lafaçondontonvousconsidèredanslequartier/auvillage

‐‐0,88

+‐0,03

+‐0,11

‐‐0,74

++0,66

+/‐‐0,35

+0,05

Votreréseausocial ‐‐0,65

+‐0,29

‐‐0,41

‐‐0,44

++0,60

‐‐0,52

+0,05

Votreinfluencedanslequartier/village ‐‐1,06

+‐0,10

‐‐1,33

‐‐0,36

++1,66

‐‐1,58

++0,48

Votrecapacitéàbienmariervosenfants ‐‐0,77

‐‐0,63

‐‐1,44

+0,11

++0,76

‐‐0,61

+‐0,17

Votreapparencelorsdescérémonies ++0,60

‐‐0,53

‐‐‐0,30

‐‐‐0,43

++0,37

‐‐0,71

++0,35

Lespersonnesquisontvosjigi ‐‐‐1,56

+‐0,24

‐‐‐0,64

+‐0,07

++0,23

‐‐0,54

+‐0,04

Lespersonnesdontvousêteslejigi +/‐‐0,32

+‐0,24

‐‐0,30

++0,31

++0,55

+‐0,06

+/‐‐0,44

Vospropresrevenusetressources +0,01

+/‐‐0,47

‐‐0,50

+0,14

++0,40

‐‐0,86

++0,38

Les revenus et ressources despersonnesdevotreménage

+‐0,04

‐‐0,43

‐‐0,63

+0,24

++0,26

+‐0,23

‐‐0,53

Les revenus et ressources despersonnesdevotreUP

‐‐0,78

‐‐0,51

‐‐0,31

‐‐0,29

++0,23

‐‐1,03

++0,69

Page 95: Recherche « évaluation participative de la pauvreté dans ...conditionne largement le mode de vie des villageois. 5 La ... les groupes réalisés à Bamako étaient des groupes test,

95

Subsistance/

dépe

ndance

Insuffisance/

subsistance

Précarité

/insuffisance

Auton

omie/

précarité

Investissemen

t/

autono

mie

Capitalisation/

investissemen

t

Pouvoir/

capitalisation

Votremaison ‐‐0,55

+/‐‐0,38

+0,13

‐‐0,91

++0,57

‐‐0,87

+‐0,18

Leséquipementsdufoyer(ustensilesdecuisine,couchage)

++0,38

+/‐‐0,48

‐‐0,66

+0,16

++0,31

‐‐0,68

+0,02

Votrealimentation +0,19

‐‐0,85

‐‐0,67

+0,01

++0,32

‐‐0,70

++0,20

Votreépargneetvosinvestissements ‐‐0,82

‐‐0,58

‐‐0,28

+/‐‐0,24

++1,02

‐‐0,80

+/‐‐0,45

Votreétatdesanté +0,11

+‐0,25

‐‐1,00

++0,32

++0,23

‐‐1,03

+‐0,08

Voschamps +/‐‐0,40

+‐0,21

‐‐0,66

+‐0,06

++0,73

‐‐1,25

++0,75

Votre équipement de production(outils,machines)

+‐0,15

+/‐‐0,49

‐‐0,48

+‐0,16

++0,77

‐‐1,12

++0,73

Lebétailquevouspossédez ‐‐0,65

‐‐0,96

+0,04

‐‐0,37

++0,86

+/‐‐0,40

++1,08

Votremétier ++0,53

‐‐0,57

‐‐0,78

+‐0,04

++0,95

‐‐1,45

++0,76

VotreinfluencedansvotreUP +0,04

+0,00

‐‐1,70

‐‐0,34

++1,61

‐‐1,06

+0,13

Votrecaractère,votrepersonnalité ++0,65

‐‐1,05

‐‐0,55

+/‐‐0,20

++0,27

‐‐0,74

‐‐0,39

Votreniveaudescolarisation ‐‐0,94

‐‐0,68

+‐0,17

‐‐0,77

‐‐0,26

‐‐0,68

++0,85

Votresavoir,vosconnaissances,donyan ‐‐0,74

‐‐0,57

‐‐1,04

++0,30

++0,23

‐‐0,99

+ 0,02

Votresavoir‐faireprofessionnel ++0,69

‐‐0,55

‐‐0,92

++0,28

++0,20

‐‐0,76

+‐0,20

Votrecapacitéàprendredesdécisions ‐‐0,45

‐‐1,03

‐‐0,56

‐0,26

++0,68

‐‐1,18

+‐0,04

Levillageoùvoushabitez ‐‐0,56

‐‐1,11

‐‐0,37

+/‐‐0,25

+0,16

‐‐1,07

+‐0,14

Page 96: Recherche « évaluation participative de la pauvreté dans ...conditionne largement le mode de vie des villageois. 5 La ... les groupes réalisés à Bamako étaient des groupes test,

96

Une lectureverticaledecestableauxmontreclairementque leseuilsubjectif leplusmarquéestceluiquiséparelesménagesaisés(àpartirduniveaudel’investissement)desménages‘modestes’(jusqu’auniveaudel’autonomie),c’est‐à‐direqu’ilscindeendeuxleniveauquirelèvedela‘classemoyenne’,avecdéjàuncertainniveaud’aisanceéconomique,desurfacesociale,d’estimedesoietdesécurisationàlafoisdesavoirsactuelsetdel’avenir.Lesdeuxautresseuilslesplusmarquéssontceluiquiséparelacapitalisationdupouvoir,soitl’accèsàlarichesse,etceluiquiséparelaprécaritédel’autonomie,soitleseuildepauvreté.Cetélémentrésonneaveclefaitquelespersonnesrencontréesaspirent,enpremierlieuàsécuriserleprésent(etc’estcecapquisembledéterminerlesocleduseuildepauvreté),maisultimementàsécuriserl’avenir,capglobalementfranchilorsquel’onaccèdeauniveaudel’investissement.Une lecture par critère, horizontale, montre bien qu’aucun de ces critères ne permet de rendrecomptedefaçonsystématiqueduniveaudepauvreté/richesse‐ Laprogressiondechacundescritèresselonleniveaun’estpastoujourslinéaire‐ Etceci,notamment,dufaitdesraisonsprécitées:

o Caractèremultidimensionnelduniveaudepauvreté/richesseo Caractèredynamiqueetfluctuantdecetétato Choix personnels, chacun pouvant (ou devant) privilégier tel ou tel aspect de la

«réalisationdesoi»(oulesacrifier)pourestimersonpropreniveauPlusuneligneest‘basse’(chiffresnégatifs,surtoutenrouge),moinslecritèreestdéterminant.Parexemple, leniveauestiméde scolarisationestquasiment lemêmepour tousenmilieu rural, quelque soit leniveaudepauvreté/richesse, il s’agit doncd’un critèreplat, qui nepermetpas apriorid’appréhenderunniveauderichesseattendu.Plus une ligne est ‘haute’ (NCR supérieures à zéro, surtout en bleu ou en vert), plus le critère est«montant»,c’est‐à‐direqu’ilpeutêtreconsidérécommeunélémentprédictifd’uncertainniveaudepauvreté/richesse.Parexemple,leniveauestimédesrevenusdesménagesoulafaçondontonsesentconsidérédanslequartiersontdescritèresmontants.Il serait fastidieux de présenter l’ensemble des graphiques représentant cette linéarité; pourexempleetillustrationd’uncritèreglobalementlinéaire,legraphiqueci‐dessousreprésentelanotesubjectivemoyenne attribuée par chaque profil urbain au critère «L’équipement de votre foyer:literie,ustensilesdecuisine».

NCR: +

‐0,28‐

‐0,59 ‐

‐0,76 ++1,03

++0,39

‐‐0,58

+0,10

012345

Équipementsdufoyer(urbains)

0.2 0.1 1.1 2.1 2.2 2.3 3.1 3.2 4.5 4.4 4.3 4.1 4.2 5.1 5.2 6.1

Page 97: Recherche « évaluation participative de la pauvreté dans ...conditionne largement le mode de vie des villageois. 5 La ... les groupes réalisés à Bamako étaient des groupes test,

97

Note: ce type de données met bien en évidence les particularités de certains profils; on noterasurtout le caractère atypique du profil 2.3, ainsi que la sécurisation matérielle du profil 4.3,«Commerçants insécurisés»,quiontunebased’équipement supérieureauxautresprofilsde leurniveau,encohérenceavecleurdynamiquedesécurisationdesavoirs.

Propositiondecréationd’unindicesubjectifdepauvreté/richesse

L’analyse transversale aux 31 profils (16 profils urbains, 15 profils ruraux)montre que 16 critères(dontdeuxuniquementvalablesenmilieurural:leschampsetlesrevenusdespersonnesdesonUP)suivent une progression, sinon parfaitement, du moins suffisamment linéaire pour permettre, encumulatif,deconstituerunebatteriepertinentedecritèressubjectifs.Ils’agit:

‐ Dedeuxcritèresliésàlanotiond’appuidelapersonne(notiondejigi,elle‐mêmeintégrantlesdeuxchampssocialetéconomique)

o Lespersonnesquisontsesjigiso Lespersonnesdontelleestelle‐mêmejigi

‐ Desixcritèrespurementéconomiqueso Sesrevenuspropreso Lesrevenusdesonménageo LesrevenusdesonUP(exploitableunmilieururalseulement)o Lebétailqu’ellepossèdeo L’équipementprofessionnel(dontagricole)auquelelleaaccèso Seschamps(exploitableunmilieururalseulement)

‐ Detroiscritèrespurementsociauxo Safamilled’origineo Laconsidérationdontellebénéficiedanslequartier/danslevillageo Sonréseausocial

‐ Detroiscritèresliésauxavoirsmatérielso Sonhabitato Sonalimentationo Leséquipementsdesonfoyer(ustensilesdecuisine,literie)

‐ Dedeuxcritèresd’appartenanceo Sonmariageetlafamillequ’elleacrééeo Sonapparencelorsdescérémonies

Page 98: Recherche « évaluation participative de la pauvreté dans ...conditionne largement le mode de vie des villageois. 5 La ... les groupes réalisés à Bamako étaient des groupes test,

98

Sommedesnotationssubjectivessurles14critèreslesplus«linéaires»

(transversalementurbainetrural)pourles16profilsurbainsEchelle:de0(note«plancher»)à70(note«plafond»:note5x14critères)

Sommedesnotationssubjectivessurles16critèreslesplus«linéaires»(transversalementurbainetrural)pourles15profilsruraux

Echelle:de0(note«plancher»)à80(note«plafond»:note5x16critères)

Ces graphiques mettent notamment en évidence le caractère atypique des deux profils 2.3 dechaquemilieu,les«Autonomesendifficultés»enmilieuurbainetles«Autonomesendevenir»dumilieurural.

Page 99: Recherche « évaluation participative de la pauvreté dans ...conditionne largement le mode de vie des villageois. 5 La ... les groupes réalisés à Bamako étaient des groupes test,

99

Lesdeuxgraphiquesci‐dessousreprennent lesdeuxgraphiquesprécédents,enramenant letotalàunmêmeniveau;ilspermettentdeconstaterlaconstanceglobale,transversalementauxdifférentsprofils,delacontributiondechaquecritèreàl’ensemble.Lesdifférenceslesplusnotablesrelèventduniveaudeladépendance:

‐ enmilieuurbain,laperceptiondeleurfamilled’origineoudecellequ’onacrééesoi‐même,‐ enmilieurural,laperceptiondesesjigis,deséquipementsdufoyeretdesonapparencelors

descérémonies.

Poidsrelatifdes14critèresretenuspourles16profilsurbains

Poidsrelatifdes16critèresretenuspourlespourles15profilsruraux

Page 100: Recherche « évaluation participative de la pauvreté dans ...conditionne largement le mode de vie des villageois. 5 La ... les groupes réalisés à Bamako étaient des groupes test,

100

Nousavonscalculéunindice‘subjectif’endivisantlasommedesnotationssurces16ou14critèresretenus par le totalmaximal (donné comme la note 5 appliquée à chaque critère, soit 80 pour lemilieu rural, 70 pour le milieu urbain). Cet indice se situe ainsi entre 0 (pauvreté absolue) et 1(richesseabsolue).Troisconstats:

‐ Cetindiceestglobalementlinéaire(defaçonévidentevulaprogressiondugraphique)‐ Sesvaleurssontglobalementsimilaires,pourunniveaudonné,entrelesdeuxmilieux(rural

eturbain)‐ Lanotetotalemoyenne(40ou35),soitunindicede0,5,estuneborne‘seuil’entrepauvres

etnonpauvres,àdeuxexceptionsprès:o Les profils 2.3 (autonomes en devenir dans le milieu rural et autonomes

déstabilisés en milieu urbain), qui confirment leur caractère atypique (indicerespectivementde0,65et0,53)

o Leprofil ruraldes4.1, les«Soumisaucollectif»,dont l’indiceestde0,45,cequis’avère cohérent avec la réalitéde ceprofil, etnotamment sonmanquede libertéindividuelleetsatrèsfaibleperformance/sonfaibledegréderéalisationsurlevoletsocial,liéàuneplusfaiblecapacitédeprojectionetd’anticipation

Milieu rural Milieu urbain Somme Indice Somme Indice

10,3 0,15

Dépendance 15,1

0,19 11,3 0,16

22,5 0,28

Subsistance30,3 0,38 18,7

0,27

27,7 0,35 23,2 0,33 36,8 0,46 26,1 0,37

Insuffisanceprofils‘2.3’ 51,8 0,65 37,2 0,53

28,1 0,40

Précarité 36,4

0,46 31,9 0,46

35,8 0,45 35,6 0,51 41,4 0,52 35,9 0,51

Autonomie42,4 0,53 42,8 0,61

47,4 0,59 42,3 0,60

Investissement51,2 0,64 46,0 0,66

49,6 0,62 48,7 0,70

Capitalisation57,8 0,72 49,2 0,70

richesse 73,8 0,92 61,3 0,88

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Hiérarchisationdescritèresautourduseuildepauvretéenmilieuurbain

Legraphiqueci‐dessousprésentelesrésultatsdelanotecentréerestreinteappliquéeàdeuxsous‐groupes:

‐ Lestroisprofilsimmédiatementaudessusduseuildepauvreté(4.3,4.4,4.5)‐ Lesquatreprofilsimmédiatementsousleseuildepauvreté(2.1,2.2,3.1,3.2),enexcluantle

profil atypiquedes ‘Autonomesendifficulté’pouruneanalyseplus centrée surdesprofilsplus‘structurellement’pauvres.

La différence globale de notation sur l’échelle de 0 à 5 est de 0.83 (3 vs. 2.17); pour une bonnelisibilité, le ‘plancher’sesitueainsià ‐0,8.Lahiérarchisationdescritèresestà la foisvisuelle (dansl’ordredécroissant de gauche à droite, et en termesde valeur d’histogramme) et dans la légende(ordredécroissantdehautenbas).Lescritèresquiapparaissentenpositifsontdescritères‘surdéterminants’,ceuxquisontprochesdelavaleur0(soirparprincipemêmelaNCRduniveauglobaldepauvreté/richesse)sontcontributifs,ceuxquiapparaissentennégatif sont tendanciels,etendessousde la valeur ‐0,42, soit50%de lavaleur «plancher» (critère du niveau de scolarisation), les critères apparaissent moins voire peucontributifs.Anoterquel’écartsurlescritèreslesmoinspertinents(capacitéàdécider,savoir‐faireprofessionnel,équipementprofessionnel),estinférieurà‐0.83,cequisignifiequesurcescritères,les«pauvres»sesontdonnésdesnotessupérieuresàcellesquesesontdonnées les«nonpauvres»Celatientà lastructure des activités notamment, les ‘pauvres’ étant pour beaucoup des agriculteurs,structurellement mieux (ou moins mal) équipés que les ‘non pauvres qui sont salariés, artisans,commerçant).Nousavonsexclulescritèresrelatifsàl’UPetauxchampsdufaitdutrèsfaiblenombredeménagesenUPdanscesprofils,etducaractèreinexploitableducritère‘champs’enmilieuurbain.

‐0,80

‐0,60

‐0,40

‐0,20

0,00

0,20

0,40

0,60

0,80

1,00

‐0,42

Pauvreté/richesseVosjigiÉquipementsdufoyerRevenusduménagein5luquartierMariage&famillecrééeApparence‐cérémoniesMaisonConsidérationdsquartierVilleoùhabitezAlimentationRéseausocialFamilled'origineCapacitémarierenfantsVosrevenusCeuxdontonestjigiNiveaudescolarisationBétailConnaissancesSantéÉducationÉpargneMétierCaractèreCapacitéàdéciderSavoir‐faireproÉquipementprofessionnel

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Les16critèreslespluscontributifsauseuildepauvretésontainsi:

Surdéterminants

Contributifs Tendanciels

Appuis ‐ Les personnes quisontsesjigis

‐ La ville où l’onhabite

Contrôledel’outildeproduction

‐ Les revenus duménage

‐ Sesrevenuspropres‐ Son niveau de

scolarisation

Statut ‐ L’influence dont onbénéficie dans lequartier

‐ La considérationsociale

‐ Sonréseausocial‐ Safamilled’origine‐ Ceuxdontonest le

jigi

Avoirsmatériels ‐ Les équipements dufoyer

‐ L’habitat ‐ L’alimentation

Appartenance ‐ Son mariage et lafamille que l’on acréée

‐ Son apparence lorsdescérémonies

‐ La capacité à bienmariersesenfants

Lecritèreslepluscontributif:lespersonnesquisontsesjigis,estclairementsurdéterminant,cequiconfirmelesperceptionsetreprésentationsdelapauvreté,surtoutenmilieuurbain,oùlacapacitéàbénéficierdel’aidedejigisapparaitcommeunleviercentraldeladynamiquederéalisation.Lesdimensionslespluscontributivessont:

‐ Lesavoirsmatériels‐ Lecontrôledel’outildeproduction‐ Lesappuis‐ Lestatut‐ L’appartenance

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Hiérarchisationdescritèresautourduseuildepauvretéenmilieurural

Legraphiqueci‐dessousprésentelesrésultatsdelanotecentréerestreinteappliquéeàdeuxsous‐groupes:

‐ Lestroisprofilsimmédiatementaudessusduseuildepauvreté(4.1,4.2,4.3)‐ Lestroisprofilsimmédiatementsousleseuildepauvreté(2.1,2.2,3.1),enexcluantleprofil

atypique des ‘Autonomes en devenir’ pour une analyse plus centrée sur des profils plus‘structurellement’pauvres.

Ladifférencedenotationduniveaudepauvreté/richesseauglobalsurl’échellede0à5estde0.91(3vs.2.09);pourunebonnelisibilité,le‘plancher’sesitueainsià‐0,9.On notera que la quasi totalité des critères sont tendanciels sur ce seuil. Nous avons considérécomme peu contributifs ceux dont la valeur est inférieure à ‐0,50, soit environ 50% de la valeur«plancher»(danslegraphique,endessousducritèredusavoiretdesconnaissances).

‐0,90

‐0,70

‐0,50

‐0,30

‐0,10

0,10

0,30

‐0,50

Pauvreté/richesseCeuxdontonestjigiRevenusduménageVosrevenusBétailÉquipementsdufoyerÉpargneRevenusdel'UPSavoir‐faireproSantéÉquipementprofessionnelAlimentationVilleoùhabitezConnaissancesChampsVosjigiCaractèreApparence‐cérémoniesCapacitéàdéciderMétierRéseausocialFamilled'origineConsidérationdsquartierÉducationMariage&famillecrééeMaisonNiveaudescolarisationCapacitémarierenfantsin5luquartierIn5luencedansUP

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Les11critèreslespluscontributifsauseuildepauvretésontainsi:

Surdéterminants

Tendanciels

Contrôledel’outildeproduction

‐ Lesrevenusdespersonnesduménage‐ Sesrevenuspropres‐ Lebétailquel’onpossède‐ Lesrevenusdespersonnesdel’UP‐ Sonsavoir‐faireprofessionnel‐ Sonétatdesanté

Avoirsmatériels ‐ Leséquipementsdufoyer‐ L’épargne‐ L’alimentation

Statut ‐ Ceuxdontonestlejigi

Appuis

‐ Levillageoùl’onhabite

Leseulcritèresurdéterminant:ceuxdontonest jigi,encohérenceaveclesreprésentationsquileplussouventintègrentdansladéfinitiondela‘nonpauvreté’lacapacitéàaidersoi‐mêmelesautres,voireàprendreuntiersàcharge.Lescritères lespluscontributifsrelèventclairementducontrôledel’outildeproduction(revenuspersonnels,ménage,UP,bétail,savoir‐faire,santé),cequirésonneaveclesdiscoursetlesstratégiesdeschefsdefamilledumilieurural,quiprivilégientcetaspectparfoisaudétrimentd’autresaspects.Lesautresdimensionslespluscontributivessont:

‐ Lesavoirsmatériels‐ Lestatut‐ Lesappuis

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3.3.Critèresobjectifsdel’évaluationduniveaudepauvreté/richesseL’analysedesprofilspermetdedégagerdescritèresobjectifs.Cescritèresnesontpaslinéaires,etadmettentdenombreusesexceptions;aucunnepermetderendrecompteindépendammentd’uncertainniveaudepauvreté/richesse.Toutefois,ilsensontcontributifs.Ilconvientdedistinguerdeuxtypesdecritères:Certainscritèrespeuventêtreconsidéréscommedesmarqueurs,c’est‐à‐direqu’ilssignentuncertainniveaudepauvreté/richesse‐ Leniveauderevenus(personnels,duménage,del’UP)

o Néanmoinstrèsdifficileàcalculer‐ Leniveaumatérieldevie

o Habitat Ànoterquel’élémentleplusstructurantetdiscriminantdel’habitatn’estpasle

typed’habitatoulamaçonnerie,maislatoiture(paille,banco,tôle,cimentoubéton)

o Équipementdufoyer,avecdeuxélémentsstructurants: Lesustensilesde cuisine, à savoir: le faitd’enavoir à suffisanceounon,et la

possibilitédelesrenouvelerlorsqu’ilssontusésouabimés Laliterie:lelit(enboisavectêteetpieddelit,enboissanstêteetpieddelit,

entara,secko,pasdelit)etlematelas(mousse,paillasse,natte,peauousac).o Biensdelocomotiondétenuspersonnellement

Vélo,moto,véhiculeo Vêtementsdecérémonie(basinouwax)détenuspersonnellement

Surtout pertinent, et surtout pour le milieu rural, où le manque d’habitsadéquats est un facteur récurrent du fait de ne «pas paraître» à descérémonies, il relève du fait d’en avoir ou non, et de la possibilité de lesrenouvelerlorsqu’ilssontusésouabimés.Ànoterqueledondevêtementsdecérémonieest,mêmeenmilieuurbain,l’unedescontributionsdesjigis.

o Alimentation Anoterqu’entermesalimentaires,lesélémentslesplussignifiantssontsurtout

la fréquence de consommation de plats de viande et/ou de pain (le «pain»étantdans la culturealimentaireunplaten soi,agrémentédeviande,d’œufs,etc., et souvent un moment de consommation en soi), et la fréquence de laviandeoudupoissondanslessauces.

o FréquentationduCscom Pourlesmembresduménage,notammentlesenfants Maisaussipoursoi‐même

o Lascolarisationdesenfants Tauxd’enfantsscolarisés Typedescolarisation(public/privé,surtoutenmilieuurbain) Niveaudescolarisation(niveaudediplômeobtenuparlesenfantsayantfinileur

scolarité)o Lacapacitéàprendreautruiencharge(êtrejigisoi‐même)

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D’autres critères peuvent être considérés comme des critères dynamiques, c’est‐à‐dire qu’ilssignent à la fois un certain niveau, mais aussi présument d’une évolution ‘ascendante’ ou‘descendante’.‐ La structure des activités économiques (ce qui renvoie à la notion de catégorisation

socioprofessionnelle)o Tauxd’activitéparménage(chefdeménageetépouses)o Typesd’activitésmenéeso Activitésprincipales,sourcesdesrevenusprincipauxo Equipementprofessionnel

‐ Lestadedevieo Mariageacceptéousubis,nombreetâgedesenfants(etleurcapacitéàtravailler),état

devieillesse,aidedesenfantsmariés‐ Lastructuredel’UPetlapositiondansl’UPlecaséchéant

o Incluantlesbiensaccessiblesvial’UP‐ L’autonomie morale: le caractère plus ou moins volontaire/décideur ou au contraire

passif/soumis;liéeàlacapacitéàseprojeterdansl’avenir‐ Lecadredel’UP(tailletype,caractèrelibéral)‐ Ledegrédesécurisationmatérielle

o L’autonomieéconomique Liéeà lanaturedesactivitéséconomiquesetdes revenus,etnotamment leur

régularité(ex.lesalariat) L’épargne,surpiedoufinancière

o L’endettement:deuxdimensionsàretenir: Lafréquence Les raisons, en dissociant l’endettement pour investissement (économique ou

social) de l’endettement pour des ‘dépenses catastrophiques de santé’ ou deceluipourconsommation(ex.céréales)

‐ L’intégrationsocialeo Laparticipationauxcollectifs,endifférenciantlescollectifsprofessionnelsetpolitiques

descollectifsplus traditionnelsetvillageois (tons,paris,associationsd’initiationoudechasseurs)

‐ Lespersonnesquisontsespropresjigisetlescontributionsdontonafaitl’objet‐ Lacapacitépourlesménagesàs’acquitterdeladot(investiguéenqualitatif)

o EnuneseulefoisouenplusieursfoisBeaucoup parmi ces critères sont déjà utilisés dans des questionnaires visant, spécifiquement ouentreautresobjectifs,àcalculerouprendreencompteleniveaudepauvreté.Ilssontdifficilesàexploiterdufaitmêmedeleurnonlinéarité,quiprovientdesniveauxettypesderevenus, mais aussi de stratégies conscientes: certains profils plutôt voire résolument aisésprivilégientl’investissementetlacapitalisationàlaconsommation,etleurniveaudeviematérielestinférieureàun standardattendu; lesprofils lesmoinsaisés investissentunepartiebeaucoupplusimportante de leurs ressources à la survie alimentaire par exemple, et leur alimentation, tout aumoinssurlescritèresinvestigués,estàlahauteurvoireparfoissupérieuredecelledeprofilsmoinspauvres,quiinvestirontplutôtsurlascolarisationdesenfants,ousurunecapitalisationsocialevoire,s’ilsenontlesmoyens,suruninvestissementéconomique(ex.l’achatd’intrantsagricoles).Defaçonparallèle, lestatutsocialet lasurfacesocialedépendententreautresde l’originefamilialeetnesesuperposentpasréellementaustatutéconomique.

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Danscesconditions,construireunindicateurobjectifdemanderaituntraitementstatistiquedetypeanalysefactorielle,étayéparuneanalyseplutôtd’interprétationqualitativeetanthropologiquedesrésultatsquiestcelledecetravail.3.4.CorrélationdescritèresobjectifsetsubjectifsL’analyse statistique s’est concentrée sur les données«brutes»des 31profils, et n’a ainsi paspuintégrer la corrélationdespositions sur les critèresobjectifs croiséesavec les«notations» sur lescritères subjectifs correspondants. Pour autant, il apparaît que les notation subjectives sontfortement ancréesdansune réalité objectivement tangible. Pour exemple, les deux graphiques ci‐dessousreprésentent,pourlepremier,lafréquencemoyennedeconsommationdeviande/poissondanslessaucesenmilieurural(ennombredejoursparsemaine),lesecondleressentiduniveaudepauvreté/richesse sur l’alimentation dans le même milieu. La très forte similarité des deuxgraphiques témoigne, d’une part de la pertinence du subjectif, d’autre part de la possibilité decorrélerlesubjectifetl’objectif.

Fréquencedeconsommationdeviandeoupoissondanslessauces(nombredefoismoyensparsemaine)

Notationsubjectivesurlecritères«votrealimentation»

0

2

4

6

0.1 1.1 1.2 2.1 2.2 2.3 3.1 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 5.1 5.2 6.1

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4.ConclusionsLesprincipalesconclusionsdel’étudesontlessuivantes:1. Les critères «émiques» fournis par les populations elles‐mêmes apparaissent comme trèspertinents, d’une part, car ils expriment et rendent compte des expériences concrètes desproblématiquesenœuvredans lesdifférentsmilieuxétudiés,etne relèventpasde la spéculation,d’autrepart,car ils fournissentdes indicateurscertesdiversement linéaires,maisexploitables,quecesoitpourl’analysedesdiversescomposantessocialesouplusopérationnellementpourévaluerleniveaudepauvretéouderichessedecescomposantes.L’analyse des représentations, notamment à travers l’étude de ces critères, a fourni un modèled’interprétation des notions de pauvreté et de richesse comme des états relevant du champgénéral de la réalisation de l’individu en tant que personne, c’est‐à‐dire schématiquement sa‘performance’psycho‐socio‐économique.Cette performance est multidimensionnelle et se construit sur cinq territoires, qui incluent 9dimensions:

‐ Deuxterritoiresderéalisationindividuelle:o Territoiredel’économique:deuxdimensions:

L’autonomie et le contrôle des moyens de production économiques,incluantlamaind’œuvre,etd’un‘capital’,nécessitantlacapacitéàtravailler(surtoutphysique,liéeàlasanté)

Lesavoirsetrevenus,etlacouverturedesbesoinsmatérielsprimaireset/ouenconformitéauxstandardsdumilieu

o Territoiredupsychoaffectif:deuxdimensions: Lastabilitéémotionnelle(courage,persévérance,sérieux,contrôledesoi…),

garantedesvaleursdutravail;capacitéàseprojeterdansl’avenir Lediscernement,compriscommecapacitéàdécideretàagir

‐ Deuxterritoiresderéalisationsociale:o Territoiredusocial:deuxdimensions:

Lestatut(l’autorité,lepouvoir) L’appartenance (lemariage, la reproduction, la transmissiondesvaleurs, le

respectdesrôlesauseindelafamilleetdescollectifs…)o Territoiredupsychosocial:deuxdimensions:

Lerespectdesvaleursdugroupe,dela‘moralesociale’ Lacohésion,l’entente,lasolidarité

‐ Uncinquièmeterritoired’appui/soutien:uneseuledimension: La capacité à bénéficier d’appuis extérieurs: jigi, État, Dieu, projets de

développement.Leterritoireéconomiqueestleplusimportant,qu’ils’agissedesreprésentationsoudel’analysedesniveauxconcretsdepauvreté/richesse.Néanmoins, lesautresaspectsnedoiventpasêtreminorés,notammentcarilsconstituent,selonlescas,desmoyensclairementexprimésvoiredesobjectifsensoi de réalisation (qu’il s’agisse dupouvoir de décision et d’organisation du travail des tiers lié austatut, du désir de respect de son individualité, de valeurs de cohésion sociale, du respect desattendussociauxsignesdel’appartenanceparexemple).

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2. Une échelle de pauvreté/richesse peut être établie, qui comporte huit niveaux, soit du plus‘pauvre’auplus‘riche’:‐ Quatreniveauxdepauvreté:

o Ladépendance(l’indigence)o Lasubsistance(la‘grandepauvreté’)o L’insuffisance(la‘pauvretémoyenne’)o Laprécarité(la‘pauvretésurleseuil’)

‐ Quatreniveauxdenonpauvreté:o L’autonomie(lefaitde‘gagnersonpainquotidien’)o L’investissement(lefaitde‘gagnersonpainquotidien’)o Lacapitalisation(l’aisance)o Lepouvoir(larichesse)

Surcetteéchelle,lesclassesmoyennes(oupouvantêtreconsidéréescommetellesdanslecontextegénéraldelarégiondeKoulikoro)seraientconstituésdesniveauxdelaprécarité(basdelaclassemoyenne,plusprochedelapauvretéquedelanonpauvreté),del’autonomie(niveauoùsesécurisele présent, et premier niveau au dessus du seuil de pauvreté) et de l’investissement (classemoyenneaisée,niveauoùcommenceàsesécuriserl’avenir)3.Danscecontexte, ilconvientd’appréhenderetd’évaluerlapauvretéàunniveau individueletnonménage,notammentdufaitdesdisparitésparfoisimportantesquiexistententreleshommesetles femmes, mais aussi du fait des dimensions psychologiques et morales qui participent de laréalisationdesoi‐ Ilnes’agitpaspourautantdeminimiserlesdonnéesauniveauménage,danslamesureoùce

dernier constitue un référent important du niveau de vie économique des personnes qui lecomposent; si les activités souvent menées séparément par les hommes et les femmes, leménagedemeureuneunitécentrale,cadredelaviesociale,économiqueetmatérielle.

4.Autermedenotreétude,l’évaluationdelapauvretésemblepouvoirêtretraitéeàtraverstroisanglesd’approchecomplémentaires:

‐ Descritèresobjectifsmarqueursd’unétatdepauvreté/richesseauregarddel’analysedesélémentsfactuels

‐ Laconstructiond’unecatégorisationsocioprofessionnelledelapopulationétudiée‐ Laconstructiond’unindicesubjectifdepauvreté/richesse

De nombreux critères objectifs participent de l’évaluation du niveau de pauvreté/richesse.Néanmoins, ils s’avèrent tous très tendanciels; leurs valeurs suivent une progression trop peulinéaire,etaucunnepeutensoirendrecompted’unniveaudonné.L’exploitationdecescritèresdemanderaitainsi:

‐ La construction d’indices composites, incluant des batteries importantes de critères, avecdesmodesdepondérationsdescritèresfournispardesanalysesfactoriellespointues,

‐ Lapriseencomptededonnéescontextuellespermettantderelativiser(oudepondérer)lesrésultats, par exemple les stratégies individuelles (sécurisation, investissement ouconsommation),quielles‐mêmesreposentsurdesnécessitésetdescontraintes,maisausside façon plus ‘positive’ sur des systèmes de valeurs qui déterminent des choix librementopérésouconsentis.L’alimentationenestuneillustrationmanifeste.

L’étude menée par Miseli a opté pour une approche par questionnaires, néanmoins dans uneperspective d’analyse anthropologique et non réellement statistique au sens très technique duterme.

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Néanmoins, il apparaît clairementque, du faitmêmede la forte variabilitéde chacundes critèrespertinents,detelsindicessontnécessairesmaissoumisàdefortesmargesd’erreur.Il semble donc nécessaire de disposer de deux autres angles d’approche de l’évaluation de lapauvreté:uneapprochequiintègrelesdynamiquesmêmederéalisationdespersonnesenfonctionde leur milieu, à savoir une forme de catégorisation socioprofessionnelle, et une approche quiintègrel’évaluationsubjectivedespersonneselles‐mêmes.Lacatégorisationsocioprofessionnellepeutêtreconstruitecommeunindiceàlafoisindividueletménage,voireUP lecaséchéant (sachantque88%desménagesdesquatrevillages‘recensés’parl’étudeviventauseind’uneUP)

‐ Ellerepose:o Surlaqualificationdesactivités(salariées,activités«autonomes»,activitéspayéesà

latâche,exercéesàtitred’«employé») Etbiensûrsurlanaturemêmedesactivités(typedecommerce,d’artisanat,

métiersspécifiques,etc.),cequisupposeunenomenclaturedesactivitéso auniveau individuel,associéà lapratiqued’unmétier,opposéeà laréalisationde

tâches,cequisemblecorréléaveclapossession/détentiond’unoutildeproductiono auniveauménage,suruneactivitécentrale,sourcederevenusprincipale,opposée

àunemultiplicationdepetitesressourcescomplémentaires,etsurlestauxd’activitédeschefsdeménage,desépousesetdesenfants

‐ deplus,enmilieu rural surtout,uncertainnombredecritères relatifsà l’UPontpuêtredégagés,quiparticipentd’unecatégorisationsocioprofessionnelle:tailledel’UP(nombredeménagesqui la composent,nombred’actifs), type d’UP (pèreet filsou fratries) et soncaractère plus ou moins libéral, c’est‐à‐dire la capacité qu’elle offre à chacun de sesmembresdemenerdesactivitéséconomiques(voiresociales)àtitreindividuel.

Nousproposonsd’utiliserun indice subjectif composite, construit sur16critères subjectifs (dontdeux valides seulement, ou surtout, enmilieu rural), qui présente l’intérêt de fournir des valeurssimilairespourlesdeuxmilieuxurbainetrural,ilpermetainsiuneévaluationsur l’ensembledelapopulation.