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PROJETS DE RECHERCHE
Recueil de résumés
des projets Seine-Aval 6 (2017-2020)
Avril 2017
GIP Seine-Aval
2
PREAMBULE
En 2016, l’équipe du GIP Seine-Aval et son comité scientifique ont animé une démarche
mobilisant scientifiques et financeurs du groupement pour définir les orientations d’un appel à
intentions de travaux de recherche financés au titre du programme Seine-Aval 6 sur la période
2017-2020. Les attentes pour cette nouvelle phase sont de produire des connaissances utiles
aux enjeux de maintien et de restauration des propriétés écologiques des milieux estuariens
en interactions avec les activités humaines sur l’estuaire de la Seine et son bassin versant.
Ainsi, un programme de recherche ambitieux se dessine avec l’objectif de mieux appréhender
la complexité des relations entre les différentes composantes de l’estuaire : physique,
hydrologique, écologique et anthropique.
Les objectifs visés permettront :
• de mieux décrire les facteurs influençant la qualité des milieux estuariens et être en
capacité de prédire leur évolution,
• de mieux évaluer l’influence de la qualité des milieux de l’estuaire dans le maintien et
la santé des populations de poissons,
• de mieux comprendre et anticiper les évolutions de l’estuaire sur le long terme, en lien
avec l’évolution du territoire.
Pour cela, le programme Seine-Aval 6 s’inscrit dans une dynamique, qui vise à :
• Approfondir l’analyse des interactions entre activités humaines et les facteurs naturels,
qui régissent le fonctionnement de l’estuaire ;
• Appréhender les problématiques de l’estuaire en lien étroit avec celles de la baie de
Seine et favoriser les comparaisons avec d’autres estuaires ;
• Articuler les orientations avec les autres programmes d’acquisition de connaissances
sur le bassin de la Seine (via la Zone Atelier Seine)
La procédure d’appel à intentions de projets menée au printemps 2016, puis de sélection de
projets à l’automne 2016 a permis de retenir 8 projets.
Un autre projet a été retenu au titre d’un partenariat de recherche : le projet MEANDRES.
3
Sommaire
Acronyme Titre Coordonnateur
Scientifique Résumé
MEANDRES Modélisation de l’Effet des déplAcements aNthropiques de séDiments sur l’estuaiRE de la Seine
Pierre Le Hir p. 4
PHARE-SEE
Productivité microphytobenthique des HAbitats intertidaux en lien avec la dynamique sédimentaire, biogéochimique et les ingénieurs d'écosystème de la faune benthique : implication pour des enjeux de modélisation et de REhabilitation des vasières de la SEine Estuarienne
Francis Orvain, Arnaud Huguet
p. 5
SENTINELLES
Fonctionnement des écosystèmes de l’embouchure de l’estuaire de la Seine à travers une étude interdisciplinaire ciblant le zooplancton et le macro-zoobenthos
Sami Soussi p. 7
CAPES
CApacité trophique des nourriceries de Poissons de l'Estuaire de Seine
Anick Brind'Amour
p. 9
PLASTIC-Seine
Flux et impacts des micro-plastiques dans l'estuaire de la Seine
Jérôme Cachot, Johnny Gaspéri
p. 11
CHOPIn
Contaminants organo Halogénés histOriques et d’intérêt émergent : Présence et transfert vers la sole commune – Impact de la contamination sur la Nourricerie et conséquences sur la population
Pierre Labadie p. 13
HQFISH
Impact de la qualité des habitats estuariens de la Seine sur le fonctionnement d'une population de poissons (du recrutement des juvéniles, au processus de reproduction)
Rachid Amara, Jean Laroche
p. 14
TraEsSi
Trajectoires de l'Estuaire depuis la fin du XVIIIe Siècle. Approche géo-historique de l’évolution de l’état de l’estuaire en fonction de ses usages
Laurence Lestel p. 16
MORPHOSEINE Modélisation de l'évolution morpho-sédimentaire de l'estuaire de la Seine
Pierre Le Hir p. 17
4
MEANDRES
Modélisation de l’Effet des déplAcements aNthropiques de séDiments
sur l’estuaiRE de la Seine
Coordination : Pierre Le Hir
Equipe(s) impliquée(s) :
- IFREMER, DYNECO/PHYSED : Pierre Le Hir,
- GIPSeine-Aval : Jean-Philippe Lemoine.
Résumé du projet :
Le fonctionnement hydro-morpho-sédimentaire d’un estuaire dragué pour les besoins de la
navigation peut se révéler très sensible au déplacement des masses sédimentaires liées aux
opérations de dragage et au dépôt de matériaux dragués. D'une part, ces interventions
génèrent des flux s'ajoutant aux flux naturels liés aux courants et aux vagues, mais surtout
elles entraînent une modification morphologique susceptible d'impacter en retour les courants
et transports sédimentaires. Selon l'emplacement des rejets de dragage, une part des
sédiments dragués est susceptible de revenir dans l'estuaire, voire dans le secteur dragué, et
ainsi influencer le volume des dragages d'entretien. Plus généralement, les opérations de
dragages influencent le bilan sédimentaire. Dans le cas de la Seine, les 6 millions de m3
dragués sont supérieurs à l'estimation des apports naturels de sédiments à l'estuaire, d'origine
marine ou fluviale.
En s'appuyant sur un modèle hydro-sédimentaire déjà validé dans le cadre du Programme
Scientifique Seine-Aval, le projet Seine-Aval 6 MEANDRES a pour objet d'étudier l'effet des
transferts anthropiques de sédiments sur le fonctionnement hydro-morpho-sédimentaire de
l’estuaire de la Seine. Après une phase de validation de la nature des sédiments et des
quantités draguées, les facteurs de forçages météo-océaniques à l'origine des dépôts de
sédiments à draguer seront analysés. Par une technique de marquage numérique des
particules, un suivi spatio-temporel des sédiments dragués puis clapés en mer sera réalisé,
afin de caractériser la part de ces matériaux susceptibles de réalimenter le bouchon vaseux
et les vasières latérales ou les bancs d'embouchure, ainsi que les temps de transferts
associés. L'influence des stratégies de dragage sur l'évolution long terme (20 à 50 ans) de la
morphologie de l'estuaire et de la nature de sa couverture sédimentaire sera considérée, selon
différents scénarios prospectifs.
Fin des travaux de recherche : Août 2019
5
PHARE-SEE
Productivité microphytobenthique des HAbitats intertidaux en lien avec la dynamique
sédimentaire, biogéochimique et les ingénieurs d'écosystème de la faune benthique :
implication pour des enjeux de modélisation et de REhabilitation
des vasières de la SEine Estuarienne
Coordination : Francis Orvain, Arnaud Huguet
Equipe(s) impliquée(s) :
- UMR 7208 BOREA, Université de Caen : Francis Orvain,
- UMR 7619 METIS, Université Pierre et Marie Curie : Arnaud Huguet,
- IFREMER, DYNECO : Bénédicte Thouvenin,
- UMR 6143 M2C, Université de Rouen : Valérie Mesnage,
- UMR 5805 EPOC, Université de Bordeaux : Olivier Maire,
- UMR 6553 ECOBIO, Université de Rennes 1 : Anniet Laverman,
- UMR 8222 Laboratoire d’Ecogéochimie des Environnements Benthiques, Observatoire océanologique de Banyuls : Katell Guizien,
- UMR LIENS, UMRi 7266, Université de La Rochelle : Vincent Lefouest,
- UMR 7154, IPGP : Eric Viollier,
- UMR 7618 IEES, Université Pierre et Marie Curie : Mathieu Sebilo,
- Maison de l’estuaire : Thomas Lecarpentier.
Résumé du projet :
Ce projet propose de modéliser la production primaire microphytobenthique en relation avec
la dynamique sédimentaire et les processus biogéochimiques impliquant la reminéralisation
de la matière organique, la sécrétion d’exopolymères composant la matière organique
dissoute et liée, la production bactérienne et la bioturbation.
Un modèle bi-couche décrivant la production primaire microphytobenthique a été réactualisé
récemment pour intégrer l’assimilation des nutriments azotés. Le projet ambitionne d’implanter
ce modèle dans un modèle générique MARS1DV, qui sera utilisé comme modèle générique
pour comparer la réponse microphytobenthique à différents forçages estuariens en termes de
courant/vagues, température, lumière et substrat sédimentaire (les flux diffusifs de nutriments
variant en fonction du mélange sablo-vaseux et de l’intensité de la bioturbation par la
méiofaune/macrofaune benthique).
La consommation par les maillons inférieurs des consommateurs primaires appartenant à la
méiofaune et la macrofaune sera intégrée grâce à l’acquisition de nouvelles données sur le
transfert trophique vers des espèces-clé comme le ver Hediste diversicolor et le bivalve
Scrobicularia plana, ainsi que la méiofaune.
6
Des expériences d’exclusion/ensemencement de faune seront menées sur le site (vasière
nord) pour mesurer l’impact des 3 types de bioturbateurs sur les processus écologiques et
leurs couplages sur 2 faciès sédimentaires représentatifs (haute fréquence temporelle).
Ce modèle permettra de comparer le fonctionnement estuarien de vasières (slikkes) de la
Seine avec d’autres écosystèmes estuariens. Ce modèle sera ensuite spatialisé (3D) pour
paramétrer la structure spatiale de la croissance du biofilm et de son exportation par érosion
et consommation directe (broutage) dans l’estuaire de la Seine en réponse aux variations
sédimentaires et biogéochimiques.
Fin des travaux de recherche : Juin 2020
7
SENTINELLES
Fonctionnement des écosystèmes de l’embouchure de l’estuaire de la Seine
à travers une étude interdisciplinaire ciblant le zooplancton et le macro-zoobenthos
Coordination : Sami Souissi
Equipe(s) impliquée(s) :
- UMR 8187 LOG, Université de Lille 1 : Sami Souissi,
- EA 2160 MMS, Université Catholique de l’Ouest : Catherine Mouneyrac,
- UMR CNRS-UPS-INPT 5245 ECOLAB , Université de Toulouse 3 : Michèle Tackx.
Résumé du projet :
Le projet SENTINELLES cible deux compartiments clefs du fonctionnement de l’écosystème
de l’estuaire de la Seine au niveau de l’embouchure, que sont le macro-zoobenthos intertidal
et le zooplancton. Pour cela, il s’appuie sur un consortium, composé de trois équipes de
recherche très complémentaires. Le programme de recherche du projet SENTINELLES est
structuré essentiellement autour de trois tâches et comporte des interactions fortes avec
d’autres projets comme PHARE-SEE et PLASTIC-Seine.
La première tâche vise à rassembler toutes les données et les informations utiles obtenues
dans des suivis de la macrofaune benthique et les paramètres environnementaux au niveau
de la vasière Nord. Ce travail de synthèse va permettre la construction d’une base de données
pluriannuelle, qui sera par la suite analysée pour mieux caractériser la variabilité spatio-
temporelle des principaux assemblages du macro-zoobenthos et identifier les principaux
paramètres environnementaux structurants. Les outils statistiques basés sur la cartographie
multivariée bayesienne développés par le porteur du projet dans le cadre d’autres projets
seront mobilisés et adaptés à cette problématique.
Dans la même tâche, une deuxième action sera dédiée au ver annélide polychète Hediste
diversicolor qui a fait l’objet d’autres études scientifiques dans la Seine (vasière Nord) et dans
d’autres estuaires contrastés (Authie, Loire et Escaut). Cette analyse va consolider la
démarche de modélisation des habitats fonctionnels en essayant de confronter notre modèle
statistique (à concevoir pour la Seine) à d’autres habitats similaires mais se trouvant dans
d’autres estuaires.
Une deuxième tâche basée sur un suivi in situ dans la vasière Nord sera conduite
conjointement par le projet PHARE-SEE et le projet SENTINELLES. Il s’agit de réaliser un
suivi de la dynamique de populations de Hediste diversicolor et mesurer tous les paramètres
pertinents afin de perfectionner nos modèles d’habitats fonctionnels et en même temps
contribuer scientifiquement à la dynamique globale de tous les projets ciblant l’écosystème de
la vasière Nord.
8
Enfin, la dernière tâche du projet SENTINELLES cible le compartiment zooplanctonique et
comporte deux actions. La première action a pour objectif de quantifier l’abondance et la
biomasse totale (rotifères, copépodes, cladocères) du zooplancton, disponible en tant que
nourriture pour les niveaux trophiques supérieurs (mysides, poissons). La deuxième action
propose de réaliser des incubations sur le terrain selon un protocole déjà testé et validé dans
la Seine afin de bien estimer le rôle du micro-zooplancton et du méso-zooplancton dans le
contrôle par broutage du phytoplancton.
Les résultats escomptés pourront intéresser les projets travaillant sur la modélisation de la
production primaire et le devenir de la matière organique ainsi que les projets qui s’intéressent
à la qualité des habitats vis-à-vis des jeunes poissons et à la fonction nourricerie assurée par
l’estuaire. D’une façon générale, le projet contribue à l’enrichissement des outils opérationnels
du GIP Seine-Aval comme le SIG habitats fonctionnels mais également au questionnement
global sur la meilleure façon de conserver et/ou favoriser certains habitats de l’embouchure
de la Seine.
Fin des travaux de recherche : Mars 2020
9
CAPES
Fonctionnement des écosystèmes de l’embouchure de l’estuaire de la Seine
à travers une étude interdisciplinaire ciblant le zooplancton et le macro-zoobenthos
Coordination : Anik Brind’Amour
Equipe(s) impliquée(s) :
- IFREMER : Anik Brind’Amour,
- Cellule de Suivi du Littoral Normand : Sylvain Duhamel,
- UMR 6143 M2C, Université de Caen : Jean-Claude Dauvin.
Résumé du projet :
La fonction de nourricerie d'un habitat est définie par sa capacité à maximiser la croissance et
la survie des juvéniles de poissons. Le nombre de recrues d’une espèce nourricerie-
dépendante étant directement proportionnel à la superficie de ces habitats côtiers, le maintien
de la taille ainsi que de la qualité de tels habitats est décisif dans le renouvellement des
espèces de poissons, qui leur sont associées. Depuis les 30 dernières années, l’estuaire de
la Seine a subi de profondes modifications morphologiques. Or, cet estuaire assure une
fonction de nourricerie, indispensable au recrutement et donc au renouvellement des stocks
de plusieurs espèces de poissons. De récents travaux ont estimé à plus de 40% la perte de
production de juvéniles de soles en estuaire de Seine depuis 1850 (Rochette et al. 2013), la
principale cause évoquée étant la forte diminution surfacique des nourriceries - estimée à près
de 33% - pour cette espèce (Delsinne, 2005). En parallèle, la qualité trophique de certains
habitats telles les vasières intertidales, montrent des diminutions importantes de proies
potentielles de poissons (e.g. Hediste diversicolor, Bessineton, 2009).
Le projet CAPES a pour objectif principal la description et la quantification spatio-temporelle
de la capacité trophique de la baie de Seine et de ses effets sur l'état physique (croissance et
condition physique) des juvéniles avec une focale sur quatre espèces nourriceries-
dépendantes (sole, plie, merlan, bar). Il propose d'échantillonner sur deux périodes
particulièrement importantes dans la vie d'un juvénile de poisson, au moment de l'installation
sur la nourricerie au mois de mai et à la fin de la période de croissance forte, c'est-à-dire à la
fin de l'été au mois d'octobre.
L'atteinte de l'objectif du projet CAPES repose sur trois axes de travail. Le premier axe
comporte une description et une quantification spatio-temporelle des communautés
benthiques. L'originalité de cet axe du projet repose sur la prise en compte de l'intégralité
écologique des proies potentielles des poissons, incluant les organismes benthiques,
suprabenthiques et la méiofaune. Le deuxième axe propose de mettre en lien ces
communautés benthiques avec les communautés de poissons via l'analyse spatialisée des
réseaux trophiques et des contenus stomacaux des juvéniles de poissons. L'utilisation de
10
modèles de mélange isotopiques et l'analyse des contenus stomacaux permettront de
sectoriser l'importance trophique de la baie de Seine. Le troisième axe de recherche de
CAPES s'intéresse aux processus trophiques liés à la survie des juvéniles sur la nourricerie
de la baie de Seine. Cet axe se déclinera sur une échelle temporelle intra-annuelle où les
effets de la disponibilité alimentaire sur la croissance et la condition des juvéniles seront
analysés en mai et en octobre. Dans un second temps, seront mis en relation la variabilité
interannuelle de la capacité trophique de la baie avec notamment le débit de la Seine et les
indices de recrutement estimés par le CIEM. Lors de cette étape, sera utilisé un ensemble de
données acquises dans le cadre de différents projets financés par le GIP Seine Aval, en
parallèle de données acquises au cours de la campagne Nourseine (FEAMP 2016) menées
au mois de septembre de 2017 à 2019.
Les résolutions temporelles (intra et interannuelle) et la sectorisation du projet CAPES
s'inscrivent dans une logique de gestion spatialisée de la baie de Seine. La compréhension
des processus écologiques (e.g. trophique) sous-jacents au maintien de la capacité d'accueil
des poissons permettra d'alimenter les mesures de gestion à l'échelle des habitats de la baie
de Seine. Cette transposition est d'autant plus réaliste que ces habitats sont facilement
identifiables par les gestionnaires et qu'ils sont le siège de différentes évolutions temporelles
souvent en lien avec certaines activités anthropiques (e.g. Port 2000 et mesures
d’accompagnement en fosse nord et travaux d’approfondissement et dragages permanents
dans le chenal de navigation du Grand Port Maritime de Rouen).
Fin des travaux de recherche : Mars 2020
11
PLASTIC-SEINE
Flux et impacts des microplastiques dans l’estuaire de la Seine
Coordination : Jérôme Cachot, Johnny Gasperi
Equipe(s) impliquée(s) :
- UMR CNRS EPOC 5805, Université de Bordeaux : Jérôme Cachot,
- LEESU, Université de Paris Est : Johnny Gasperi,
- EA 2160 MMS, Université Catholique de l’Ouest : Catherine Mouneyrac,
- IFREMER, LER Normandie : Marie-Pierre Halm-Lemeille, LER Provence-Côte d’Azur : François Galgani , HGS-LRH : Marie-Laure Begout , RDT-LDCM : Emmanuel Rinnert,
- UMR 8187 LOG, Université de Lille 1 : Sami Souissi,
- UMR INERIS-02 SEBIO, Univsersité du Habre : Benoit Xuereb.
Résumé du projet :
Le projet PLASTIC-Seine (Flux et impacts des microplastiques dans l’estuaire de la Seine) a
pour objectif d’étudier de manière intégrée l’occurrence et les niveaux d’imprégnation de
l’estuaire de la Seine par les microplastiques (colonne d’eau, sédiment et réseau trophique),
mais également d’évaluer leur devenir et leur impact sur différents niveaux du réseau
trophique. Il permettra de dresser un premier état des lieux de la contamination en
microplastiques de l’estuaire. L’intérêt d’étudier les microplastiques est particulièrement
pertinent dans l’estuaire de la Seine dans la mesure où il draine un bassin versant très
fortement urbanisé et industrialisé et présente de nombreuses zones d’accumulation de
macrodéchets. Ces particularités suggèrent que les différents compartiments de l’estuaire
(colonne d’eau, sédiment et biote) pourraient être fortement contaminés par des
microplastiques générés directement par les activités humaines ou produits secondairement
par dégradation des macrodéchets. Ces microplastiques pourraient induire des effets
délétères de nature physique ou toxicologique sur différents niveaux du réseau trophique.
Pour répondre à ces objectifs, le projet PLASTIC-Seine est structuré autour de trois tâches
analytiques et expérimentales et une tâche de coordination.
La première tâche vise à dresser un état des lieux de la contamination des compartiments
abiotiques du fleuve Seine de l’amont de Paris jusqu’à l’embouchure de l’estuaire par les
microplastiques. Au total, 6 stations reparties entre l’amont de Paris et la baie de Seine seront
étudiées : amont de Paris (Choisy-le-Roi), aval immédiat de Paris (Triel-sur-Seine), entre la
partie amont et aval du bassin de la Seine (Poses), estuaire moyen (Quillebeuf/Honfleur),
estuaire aval (entre Honfleur et le Havre) et partie orientale de la baie de Seine (secteur
Ouistreham/Antifer). La morphologie des microplastiques retrouvés en Seine sera décrite et la
nature des polymères sera caractérisée par des méthodes spectroscopiques infra-rouge et
12
Raman sur une partie représentative des échantillons. Des premières tentatives de calcul de
flux de microplastiques sur le continuum Seine seront conduites en considérant les quantités
provenant de différentes sources urbaines et les données issues des campagnes de mesures.
La seconde tâche se focalise sur l’état de la contamination du réseau trophique de l’estuaire
de Seine par les microplastiques. Sept espèces emblématiques du réseau trophique de
l’estuaire seront échantillonnées sur plusieurs sites de cette même zone : deux composantes
du zooplancton les copépodes Eurytemora affinis et Acartia sp., une annélide polychaete
Hediste diversicolor, un crustacé décapode Palaemon longirostris, un mollusque bivalve
Mytilus edulis et enfin trois poissons dont deux espèces benthiques Platichthys flesus et Solea
solea et la troisième pélagique Dicentrarchus labrax. Les microplastiques seront dénombrés
in toto dans le zooplancton et les invertébrés, dans les fèces pour les vers et dans les
branchies et le tractus digestif pour les poissons. Pour les poissons, la présence de lésions
cutanées (ulcères, érosions des nageoires…) et de parasites sur la peau, les branchies et
dans le tube digestif sera également notée. La nature et la morphologie des microplastiques
retrouvés dans les organismes échantillonnés seront caractérisées et comparées à celle
observées dans les compartiments abiotiques.
La troisième tâche a pour objectif de mieux comprendre l’ingestion, l’excrétion des
microplastiques et leurs effets sur plusieurs maillons du réseau trophique de l’estuaire. D’une
part, les cinétiques d’ingestion et d’excrétion de microplastiques environnementaux sur trois
espèces représentatives (le copépode Eurytemora affinis, l’annélide polychaete Hediste
diversicolor et le poisson Solea solea) seront étudiées. A partir de ces cinétiques, Le taux
d’ingestion et d’excrétion ainsi que le temps de transit dans le tractus digestif de ces
microplastiques seront déterminés pour chaque espèce sélectionnée. D’autre part, les effets
d’une exposition à deux mélanges environnementaux de microplastiques collectés dans la
colonne d’eau et les sédiments de l’estuaire de Seine seront évalués sur la survie, le
comportement et les grandes fonctions physiologiques de ces trois espèces.
Le projet PLASTIC-Seine délivrera ainsi les premières connaissances sur l’état de
contamination des compartiments abiotiques et biotiques en Seine. Il offrira une vision intégrée
de cette contamination sur une large échelle spatiale et pour de nombreux compartiments
environnementaux. Ces connaissances seront utiles aux différents gestionnaires pour élaborer
des actions de réduction des quantités de micro-déchets en mer (défis 4 du SDAGE 2016-
2021), mais aussi dans le cadre de la DCSMM (descripteur 10) pour mieux cerner les
pressions exercées par le bassin versant, le devenir et les effets des microplastiques sur le
continuum fleuve, l’estuaire et la baie de Seine.
Fin des travaux de recherche : Mars 2020
13
CHOPIN
Contaminants organoHalogénés histOriques et d’intérêt émergent :
Présence et transfert vers la sole commune –
Impact de la contamination sur la Nourricerie et conséquences sur la population
Coordination : Pierre LABADIE
Equipe(s) impliquée(s) :
- UMR CNRS EPOC 5805, Université de Bordeaux : Pierre Labadie,
- IFREMER, Laboratoire Biogéochimie des Contaminants Organique, Unité Biogéochimie et Ecotoxicologie : Véronique Loizeau,
- IRSTEA, Equipe « Fonctionnement des Ecosystèmes Estuariens », Unité de Recherches « Ecosystèmes Aquatiques et Changements Globaux » : Jérémy Lobry,
- Cellule de Suivi du Littoral Normand : Sylvain Duhamel,
- Agrocampus Ouest : Olivier Le Pape,
- TOXEM : Jérôme Couteau.
Résumé du projet :
De nombreuses espèces marines d‘intérêt halieutique réalisent la phase juvénile de leur cycle
de vie dans des habitats restreints, en milieux côtiers et estuariens. Ces nourriceries sont ainsi
considérées comme des habitats halieutiques essentiels, notamment chez de nombreux
pleuronectiformes (ordre des poissons plats auquel appartient la sole commune Solea solea).
Les habitats constitutifs des nourriceries ne fournissent pas systématiquement des conditions
de vie optimales, notamment en raison de leur état de contamination chimique. Dans ce
contexte, le projet CHOPIN étudiera, dans l’estuaire de la Seine, les transferts de contaminants
organohalogénés (COH) historiques et d’intérêt émergent depuis le sédiment et via le réseau
trophique au cours de la phase juvénile de la vie de la sole. Ce projet visera par ailleurs à
mieux comprendre l’impact de la contamination globale de la nourricerie de l’estuaire de Seine
sur la capacité de renouvellement du stock de soles de la Manche Est, alimenté par cette
nourricerie.
Fin des travaux de recherche : Mars 2020
14
HQFISH
Impact de la qualité des habitats estuariens de la Seine sur le fonctionnement d’une
population de poisson
(Du recrutement des juvéniles, au processus de reproduction)
Coordination : Jean Laroche, Rachid Amara
Equipe(s) impliquée(s) :
- LEMAR UMR 6539, Université de Bretagne Occidentale : Jean Laroche,
- UMR 8187 LOG, Université de Lille 1 : Rachid Amara,
- UMR CNRS EPOC 5805, Université de Bordeaux : Jérôme Cachot,
- UMR INERIS-02 SEBIO, Université du Havre : Christophe Minier,
- LEHAN UMR 5023, ENTPE : Alain Devaux,
- CEDRE : Stéphane Le Floch,
- LASIR, Université de Lille 1 : Baghdad Ouddane,
- LIEC, Université de Lorrain : Simon Devin,
- TOXEM : Jérôme Couteau.
Résumé du projet :
Le projet HQFish a pour objectif de fournir à la communauté scientifique et aux gestionnaires
des milieux aquatiques : (1) une information spatialisée sur la qualité des habitats concourant
à la production piscicole en estuaire de Seine, (2) des éléments permettant d’apprécier la
trajectoire temporelle de paramètres biologiques pertinents qui seront combinés pour
apprécier la dynamique d’une population de poissons. Cette dimension spatio-temporelle dans
la compréhension des services écosystémiques produits par un milieu estuarien est encore
très rare dans la bibliographie.
L’étude repose sur l’utilisation d’une espèce emblématique de l’estuaire de la Seine, le flet
européen (Platichthys flesus), poisson amphihalin sur lequel nous disposons d’importantes
connaissances scientifiques, de données historiques sur la Seine et sur d’autres estuaires de
la Façade Atlantique Française. Ce poisson, par son cycle de développement qui se déroule
entièrement en estuaire, est étudié de manière croissante à l’échelle de l’Europe (de la
Baltique au Portugal), en tant qu’espèce sentinelle de la qualité des habitats estuariens.
HQFish se décompose en quatre phases, la première visant à explorer la qualité des
nourriceries estuariennes de la Seine. Des prélèvements de flets juvéniles seront tout d’abord
effectués sur un gradient amont-aval dans l’estuaire, et une approche multi-marqueurs sera
développée sur ces individus en se focalisant sur des paramètres biologiques liés à la fitness
(production énergétique, état des réserves, détoxification, dommages tissulaires, croissance).
Des analyses de contaminants dans les tissus des poissons et dans les sédiments, seront
15
menées parallèlement aux analyses biologiques. Ces indicateurs de l’état de santé du poisson
et ces signatures chimiques seront comparés entre l’estuaire de Seine et un système de
« référence » peu contaminé en Manche, la Canche. Une expérience de caging sera ensuite
menée à partir de juvéniles de la Canche, placés en cages durant un mois, sur un gradient
amont-aval en Seine et sur un site en Canche ; ces poissons seront sacrifiés pour une
approche multi-biomarqueurs couplée avec l’analyse des polluants dans les organismes et
dans le sédiment au niveau des cages. Cette première partie du projet sur les réponses des
poissons juvéniles in natura et mis en cage, nous permettra d’évaluer la fonctionnalité des
nourriceries de l’estuaire de Seine sur un gradient amont-aval, comparativement à celle d’un
milieu « peu stressé » en Manche, l’estuaire de Canche.
La deuxième phase du projet HQFish va explorer l’impact de la qualité des estuaires de Seine
versus Canche sur la fitness des flets adultes. Les équipes vont ainsi prélever des poissons
adultes en Seine & Canche à deux périodes, en pleine période de reproduction (février), et en
période de repos sexuel (juin). Parallèlement aux teneurs en contaminants dans les tissus des
poissons, plusieurs indicateurs de la fitness vont être mesurés au niveau individuel
(bioénergétique, état des réserves, dommages cellulaires, pathologie, maturation sexuelle).
Une expérimentation sera de plus conduite sur des poissons des deux estuaires pour tester
leur fertilité, et notamment la relation possible entre le niveau de dommages à l’ADN des
spermatozoïdes et leur pouvoir fécondant. Cette phase 2 du projet HQFish nous conduira donc
à estimer les capacités de flets adultes de Seine versus Canche, à boucler leur cycle
biologique en produisant une descendance viable, et donc à assurer la pérennité de la
population.
La phase 3 du projet HQFish sera consacrée à une analyse de l’évolution temporelle (de 2003
à nos jours) de la diversité génétique de la population de flets en Seine ; toute réduction de la
diversité génétique d’une population naturelle pouvant se traduire par une perte de son
adaptabilité face à un environnement changeant. Nous développerons aussi une analyse de
la variabilité temporelle de la taille efficace (nombre de poissons adultes qui produisent une
descendance viable) dans la population de Seine, pour vérifier si elle se maintient au cours du
temps. Cette approche démo-génétique en phase 3 du projet nous permettra de décrypter
l’évolution démographique de la population de flet de Seine sur ces 15 dernières années.
Dans la phase 4 du projet HQFish, nous proposons d’intégrer les réponses phénotypiques &
génétiques des stades juvéniles et adultes de flet face à la pression anthropique en estuaire
de Seine, pour faire le bilan sur le service écosystémique de cet estuaire vis-à-vis du
fonctionnement des populations de poissons. Notre projet va de plus explorer différentes
métriques synthétiques visant à la production de descripteurs de la qualité/ dysfonctionnement
des habitats estuariens, qui devraient devenir à terme des outils pour les gestionnaires de
l’estuaire.
Fin des travaux de recherche : Mars 2020
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TRAESSI
Trajectoires de l’Estuaire depuis le XIXe Siècle.
Approche géo-historique de l’évolution de l’état de l’estuaire de la Seine
en fonction de ses usages.
Coordination : Laurence Lestel
Equipe(s) impliquée(s) :
- UMR 7619 METIS, Université Pierre et Marie Curie : Laurence Lestel,
- EA 3832 CETAPS, Université de Rouen : Olivier Sirost,
- UMR 6266 IDEES, Université du Havre : Bruno Lecoquière.
Résumé du projet :
Ce projet a pour ambition d’appliquer une méthodologie interdisciplinaire pour décrire la
trajectoire environnementale de l’estuaire de la Seine depuis le XIXe siècle, c’est-à-dire mettre
en relation l’évolution de l’état environnemental de différents territoires le constituant avec les
événements sociétaux (évolution des pressions, des usages et perceptions de l’estuaire, des
actions menées par les gestionnaires), qui ont pu provoquer de telles évolutions. L’outil
méthodologique sera l’analyse DPSIR prônée par l’Agence européenne de l’environnement,
et les études de cas porteront sur le chenal, les berges, les espaces naturels et la
problématique du franchissement de l’estuaire. Le projet espère ainsi montrer l’efficacité des
réponses apportées par la société aux problèmes environnementaux dénoncés et identifier,
grâce à cette étude diachronique, certains forçages actuels hérités du passé. Ce travail
permettra également de resituer l’estuaire dans un territoire marqué par la pression amont
d’un fleuve très anthropisé et lui-même inscrit dans la dynamique plus large de l’arc Manche.
Fin des travaux de recherche : Mars 2020
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MORPHOSEINE
Modélisation de l'évolution morphosédimentaire de l'estuaire de la Seine
Coordination : Pierre Le Hir
Equipe(s) impliquée(s) :
- IFREMER - DYNECO/PHYSED : Pierre Le Hir,
- ARTELIA : Régis Walther,
- UMR 6143 M2C, Université de Rouen : Benoît Laignel.
Résumé du projet :
Ce projet exploitera le modèle hydromorphosédimentaire développé dans le cadre du projet
Seine-Aval 4 MODEL et validé dans le cadre du projet Seine-Aval 5 HYMOSED en termes
d'évolution morphodynamique et sédimentaire de l'embouchure de la Seine sur une
cinquantaine d'années. La validation repose sur la capacité du modèle à simuler l'évolution
observée depuis 1960, avec ou sans "assimilation" des bathymétries intermédiaires.
Des simulations rétrospectives et prospectives (de l'ordre de 50 ans) sont proposées pour
caractériser des trajectoires plausibles de l'estuaire, soit passées (ce qui se serait passé si tel
aménagement n'avait pas été réalisé, ou si le climat avait été différent…), soit à venir, selon
des scénarios tendanciels (avec variabilité climatique) ou incluant un changement climatique
ou bien tenant compte de stratégies d'adaptation.
Une confrontation des résultats de ce modèle (développé avec le soutien du GIP Seine-Aval)
avec le modèle hydromorphosédimentaire mis en œuvre par ARTELIA pour le compte des
Grands Ports Maritimes du Havre et de Rouen est proposée sur des périodes plus courtes (9
ans en rétrospectif, 10 ans en prospectif).
Une participation du laboratoire M2C/Rouen est prévue pour aider à la définition des scénarios
(forçages climatique et hydrologique).
Fin des travaux de recherche : Mars 2020
En cas d’utilisation de données ou d’éléments de ce rapport, il devra être cité sous la
forme suivante :
GIP Seine-Aval, 2017. Programme Seine-Aval 6. Recueil de résumés, 18 p.
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