Regard sur la notion de rôles sociaux

8/8/2019 Regard sur la notion de rles sociaux

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fonctionnelles et sociales. Dans une perspective de changement social, cette rflexiondoit porter sur les interrelations entre les diffren""r .orpordles et fonctionnelles d'unindividu et son contexte de vie dans la ralisation des ries habituellement dfinie par lasocit. L'analyse s'inscrit donc dans le champ de recherche "interactionpersonne/environnement". Elle vise clarifier le concept de rle social comme rsultat dece processus interactif, dans un champ d'application spcifique: les personnes ayant desincapacits.Les interventions d'adaptation et de radaptation qui visent dvelopper et maintenirles capacits fonctionnelles des personnes ayantdes dficien".r p"riirtantes entranantdes incapacits, ont amplement contribu largir le modle biomdical traditionnel(Strauss, 1965; Myers, 1965,Nagi, 1965; Gingras, 1975). celui-ci est centr sur lagurison par la dcouverte de l'tiologie de la pathologie et le traitement de I'organe oudes fonctions mtaboliques pour le retour la norme biologique. Ce modled'intervention est particulirement adapt au phnomne de l maladie aigue mais I'est demoins en moins en ce qui trait I'atteinte d conditions chroniqu", uyurit un impactglobal sur la personne et sa vie quotidienne. L'approche globale u troiistique de iapersonne en adaptation-radaptation, dveloppe depuis les annes 1970 acentr sesefforts autant sur le dveloppement des capacits fonctionnelles que sur I'attnuation desconsquences psychosociales et la ralisation d'activits ordinaires corespondant au rlesocial de la personne dans son milieu de vie d'origine (Bolduc, 1986; Flynn, Nitsch,1980; Fougeyrollas, 1986; Joubert, Fillion, l98l; wolfensberger, 1972). Toutefois, demanire analogue au modle biomdical, le modle couramment dvelopp dans lesystme d'adaptation-radaptation est orient sur la personne qui reste eisentiellementidentifie comme le centre du problme rgler. Ainsi les valuations interdisciplinairesralises en adaptation-radaptation n'informent pas habituellement, bien que cettesituation tend voluer dans les annes 1990, sur le degr d'intgration roiul" ou demarginalisation qui sera vcu par lapersonne dans son milieu ordinaire de vie(Fougeyrollas, 1 995).Lorsque nous tentons d'identifier les dterminants sociaux de I'intgration ou deI'exclusion des individus ayant des incapacits et comment ceux-ci se traduisent dans leurralit quotidienne, nous rencontrons trs vite le concept de rle social. D'un point de vuehistorique, ce concept relve de plusieurs acceptions dans les milieux des scienceshumaines et sociales, incitant recenser les approches classiques qui s'y sont intresses.L'analyse vise identifier les differentes dfinitions conceptuelles du rle social ainsi quelcs typologies et lcs tendances utilises par les chercheurs. Subsquemment, elle permetde dterminer I'apport de ces diverses conceptions dans la compr'hension etI'oprationalisation du processus de production du handicap.

2' Du processus de production du handicap la problmatique des rles sociaux:laboration d'un cadre conceptuel et mthodologique.

La ncessit de prendre en considration autant les variables de I'environnemsnt quecelles associes I'individu comme dterminants de 1a qualit de la participation socialedes personnes ayant des incapacits a permis l'laboration de modls coneptuels lis une perspective holistique. En relation avec les critiques et efforts de rvision de la


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rationnel faisant des choix stratgiques, ces derniers influenant par la suite I'organisationdu systme social. Pour James, l'tre humain est multi-orient, il joue donc plusieursrles, selon les situations, les gens rencontrs, etc. Ainsi, de nouveaux concepts sontcrs: "moi social" et "type social" entre autres, qui dsignent un ordre de ralit o "[...]le psychisme individuel rencontre les processus sociaux" (Bergeron,1974:8). Ce sont,parmi d'autres, ces termes qui sont la base de la recherche et de la cration de lapremire dfinition psychologique du rle. Apport considrable, plusieurs thoricienssociologues reprendront leur compte la dfinition de James du "moi social" qui proposeque "[.,.] I'individu est un ensemble de plusieurs personnes" (Bergeron, 1974:9). Reprisepuis abandonne par Linton (1936), le "moi social" de James est en fait une "imageprojete dans I'opinion des autres" et peut tre associ au principe de reconnaissance(recognition). Associant les notions de statut et de rle, il fait rference une "[...] sortede statut confr un individu dans son milieu, aprs qu'il se frt conform certainesexigences" (Bergeron, 197 4: 80).Demandant invariablement I'approbation d'autrui, cette notion centrale dans les analysesde James dfinit et renferme dj en partie la notion de statut selon la perspective de Parket Burgess (1931), deuxime gnration de sociologues de l'cole de Chicago fortementinfluencs par I'interactionisme syrnbolique de Mead. Pour ces derniers, le concept destatut s'exprime par une "[...] sorte de gratification sociale accorde un individu enchange de sa conformit aux exigences du groupe, et sans laquelle il ne possde aucuneidentit sociale" (Bergeron, 1974: 9). Pour ces thoriciens, I'individu assimile le rle une fonction et ils dfinissent la personnalit comme "la source et I'organisation destraits" qui dterminent le rle de I'individu dans le groupe auquel il appartient. partir decette dfinition, Park et Burgess se pencheront sur l'tude des conflits de rles,notamment en ce qui concerne la marginalit, les phnomnes de racisme, etc.(Rocheblave-Spenl, 1969).

5. Le rle comme fonction sociale et conduite individuelle ouen tant que rsultat de I'interaction personne/environnement.

Inspir la fois par la sociologie et la psychologie sociale, Park s'intressant lasociologie urbaine et Burgess, la sociologie de la famille, en viendront dire que"l'organisme urbain et familial" comprend des individus qui ont des rles fonctionnelsmais aussi dramaturgiques dans une logique o les rles sont associs des phnomnessociaux spcihques. Influenc sans doute par Burgess et mi-chemin entre la sociologicot le psychologie sociale puisque inspir par un courant bhavioriste, Katharine Lurnkin( 1 933) s'intresse trois aspects du rle: le rle dramatique, la fonction sociale du rle etles conduites individuelles relies aux divers statuts des individus partageant un mmesystme social. Pour Lurnkin, les rles servent au maintien du groupe (par exemple lesfbnctions lies au travail). Plus spcifiquement en lien avec le milieu familial, d'oI'influence de Burgess, les tudes et recherches de Lurnkin dfir-rissent le rle comlne un"[...] terme gnral pour dcrire certains devoirs, prrogatives et attitudes que lespersonnes ayant une mtne fbnction dans un groupe tcndent avoir en colmun"(Rocheblave-Spenl, 1969: 17). Inspire aussi de la sociologie et de I'anthropologie,


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analyses thoriques. Paralllement cet tat de fait, une tendance comparable se profilaitdans le domaine de la recherche en sant. D'abord centre principalement sur desapproches biomdicales o I'individu tait conu avant tout comme un ensemble"d'organes" ou comme "machine", on voit de plus en plus s'esquisser des travaux o lapersonne est devenu un tre beaucoup plus complexe, influence par sa culture etI'influencant son tour, tout en voluant dans des contextes de significations prcis. Entant qu'outil d'analyse, les modles interactifs permettent maintenant de faire un"compromis" entre I'individu et I'environnement physique et culturel dans lequel il semeut, en plus de permettre des analyses beaucoup plus dynamiques.Dans le modle conceptuel du processus de production du handicap (voir fig.l , page 4),I'individu est plac dans la catgorie desfacteurs personnels. En mettant en relation lesfacteurs de risque avec non seulement les dficiences ou les incapacits mais aussi avecI'individu "comme un tout", correspondant en fait au dveloppement de la personne, il estpossible d'y placer I'ensemble des variables personnelles telles que I'identit, le vcu, etc.,qui sont le fruit de I'histoire de ce dveloppement et dans lequel il existe une rupturespcifique due un vnement pathologique. On considre ds lors qu'il y a des lmentsqui sont intrinsques au dveloppement de la personne, qu'il y a des lments qui sontextrinsques I'individu se retrouvant dans I'environnement et que l'interaction entre ceslments provoque un rsultat, traduisible entre autres par les rles socialtx, ces dernierstant englobs, comme on I'a mentionn antrieurement, dans la catgorie des habitudesde vie et o en tant qu'agir, ils participent la fois la construction des facteurspersonnels et des facteurs environnementaux. Cependant, phnomne souvent nglig,I'ensemble de ce processus doit tre replac dans le temps parce que tout est en constantevolution, en changement. Le seul moyen de mettre en valeur I'influence des variablespersonnelles et environnementales dans les mcanismes situationnels est de les replacerdans un processus dynamique, o I'interaction est considre elle aussi comme mouvanteet complexe, selon les espaces, le temps et les sociocultures envisags.Ce processus systmique isole en quelque sorte le "cumul" du dveloppement de lapersonne, c'est--dire I'ensemble des facteurs personnels se traduisant par un rsultat quivient construire I'identit. D'un point de vue dynamique, I'ensemble des rles sociaux quejoue I'individu dterminent la construction de ce rsultat, comme si le "cumul" des rlessociaux fabriquait I'identit personnelle, elle aussi rsultant de I'interaction"personne/environnement". Pour bien saisir ces lments, on peut se rfrer au processusdu dveloppement biologique, qui rejoint d'une certaine manire la conception deBaldwin. Ce processus dbute avant mme la naissance. Ensuite, I'enfant dveloppe sespropres traits de personnalit et est socialis petit petit travers son environnement(familial, social, physique, culturel). Ce qu'il fait lorsqu'il est enfant le construit pourI'avenir,le prpare sa vie d'adulte ct le prpare jouer toute une srie de rles sociaux.Cependant, il volue dans un environnement socioculturel spcifique. En ce scns, il n'y apas que les facteurs personnels qui auront une influence sur 1a construction de sonidentit. Comme le mentionnait Lumkin (1933), les rles sociaux dpendent descoutumes, des normes et valeurs d'une socit globale. C'est ce que I'on appelle la"matrice nomrative" d'un systme social. On se rend compte alors que les rles sociauxne sont pas, dans leur totalit, une caractristique intrinsque de I'individu mais unrsultat entre les facteurs personnels et environnementaux qui viendront fabriquer


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s'insre ncessairement dans des processus d'interrelations, ce que dnote obligatoirementle rle social. Par exemple, malgr le fait que se vtir est une activit quotidienneattendue socialement puisqu'elle procde de rgles, elle ne s'inscrit pas un premier plandans une interaction entre des individus. En ce sens, I'action qui consiste se vtir n'estpas un rle social mais est bel et bien une activit de vie quotidienne. Partant de ceprincipe, cela justifie que I'on n'labore pas une nomenclature ou classification des rlessociaux puisque ces derniers, englobant trop peu d'activits de vie quotidienne, limitentnos analyses au lieu de les enrichir. En ce sens, le rle n'explique pas compltement lelien entre les activits de vie quotidienne et la dimension sociale dans lequel s'inscrit leprocessus de production des situations de handicap. Sa dfinition reste insuffisante carelle ne recouvre pas la totalit du champ social qu'abordent les habitudes de vie.

Conclusion.S'inspirant d'une perspective qui se veut globale de l'tre humain, le cadre thorique etmthodologique privilgi dans cette rflexion est bas la fois sur une approchecologique, interactionniste et systmique. Accentuant la ncessit de prendre enconsidration autant les variables de I'environnement que celles associes I'individucomme dterminantes de la qualit de la participation sociale des personnes ayant desincapacits, le schma conceptuel du processus de production du handicap permet demettre en lumire le mode de production d'obstacles ou de facilitateurs la ralisation deshabitudes de vie d'une personne. Partant de ces premiers lments, on a tent de mieuxcomprendre et catgoriser le rsultat de I'interaction personne/environnement et letraduire en catgorie d'activits construites socialement, correspondant des habitudes devie. Subsquemment, on s'est interrog d'abord sur la pertinence du concept de rle socialcomme ventuel indicateur valid de ce rsultat, puis savoir s'il contribue ou non l'claircissement de f influence des variables sociales incluses dans le processus deproduction du handicap. En dernire instance, on s'est demand s'il peut ou non faireI'objet d'une typologie valide qui pourrait tre incluse dans celle plus vaste des habitudesde vie et qui deviendrait pertinente dans I'apprciation de la qualit de la participationsociale ou de la situation de handicap.Afin de rpondre aux questions souleves par cette problmatique de recherche, unerevue de la littrature non exhaustive autour du concept de rle social a permis un retoursur les auteurs et thories qui I'ont abord et qui I'ont utilis dans leurs analyses. D'unefaon gnrale, il s'en dgage deux grandes tendances, I'une base sur la sociologie etI'anthropologie et I'autre sur la psychologie sociale, la premire privilgiant une approcheo prime le systme social et le seconde, I'individu. D'abord conue d'un point de vuedterministe o le systme social y tait central, I'individu a ensuite t progressivementreplac dans les analyses, jusqu' tre son tour au coeur des thories, notamment dansles travaux de la psychologie sociale. Rquilibrant les "deux principaux ples" dans lesanalyses thoriques, lments de I'environnement et individuels sont aujourd'hui replacsdans une interaction personne/environnernent et or le rle social apparat la fois commedtennin par les norrnos et valeurs d'une socit rnais aussi par I'exprience ir-rdividuelle,c'est--dire par les choix de vie, la manire d'interprter et de construire sa ralit et sesactivits de vie quotidiennes. En sorllne, les rles sociaux apparaissent la frontire des

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