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"Religion, pouvoir et société dans le Tiers Monde". Revue Tiers-Monde by Yves GoussaultReview by: Constant HamèsArchives de sciences sociales des religions, 36e Année, No. 76 (Oct. - Dec., 1991), pp. 259-260Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30125864 .

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BULLETIN DES OUVRAGES

trace d'une influence quelconque de la mysti- que juive sur Freud. Bien au contraire, c'est Sl'abandon de la pens6e magique et le rejet

du mysticisme w qui aurait marqu6 les Juifs h travers les sibcles selon Freud. Par contre, I'A. croit trouver une piste plus prometteuse du c8- t6 des aspects tribal et sociologique. Apropos d'un de ses amis, Freud n'a-t-il pas 6crit < Nous 6tions juifs tous les deux et nous savions aussi tous les deux que nous avions en commun ce je ne sais quoi de miraculeux - jusqu'ici rest6 inaccessible g toute analyse - qui est le propre du juif w (1936). Par ailleurs, sa double ali6nation par rapport h la culture de ses phres et par rapport a celle oi il vivait, constituait sans doute, selon Freud, un avantage inestimable: cela le pr6parait a une certaine in- d6pendance intellectuelle. Mais surtout, c'est l'antis6mitisme ambiant de l'Autriche de son 6poque qui a renforc6 l'identit6 juive de Freud.

Il semble bien pourtant qu'il faudra se rd- soudre a laisser la r6ponse en suspens et a accepter l'idde d'une large marge d'ind6pen- dance entre le judaisme et la psychanalyse. Mais est-ce bien 1 une question essentielle ?

R6gine Azria.

Histoire, mystique et politique: Michel de Certeau. Grenoble, J6r6me Millon, 1991, 170 p.

76.384 GIARD (Luce), MARTIN (Herv6), REVEL (Jacques).

A travers l'oeuvre de Michel de Certeau, j6- suite, historien, anthropologue et philosophe (spirituel aussi, et peut-$tre bien thdologien) une volont6 rarement exprimde comme telle circule, celle de < ne pas en 8tre w. Pourtant cet homme 6tait conscient d'8tre enracin6 en plusieurs lieux sociaux; il savait (il le disait admirablement) la force des effets de d6termi- nation produits par ces enracinements. Mais il r6clamait pour lui et prenait < la libert6 de faire un pas de cbt6 > pour interroger les conni- vences du <bien entendu ,> et les rbgles d'action qui tant6t cachent et tant6t montrent la v6rit6 d'un milieu, d'une institution w (Luce Giard, op. cit., p. 5).

En histoire (que ce fit celle de la mystique ou de toute autre chose) il op6ra sans cesse par d6placement des questions. L'<< tranger w,

et done le questionnement de << l'autre w, por- tait pour lui les bonnes interrogations, celles qui obligent a s'interroger sur ses 6vi- dences w.

Les trois interventions que l'on trouvera ici r6unies, suivies des discussions qui les ac-

compagnbrent, proviennent d'un colloque Certeau > organis6 au Centre S~vres (Centre j6suite de formation philosophique et th6olo- gique), le 27 mai 1988. On appr6ciera la connaissance profonde que chacune de ces 6tudes suppose de l'oeuvre entibre de Michel de Certeau; la familiarit6 avec lui est aussi 6vidente chez les trois auteurs. Mais c'est bien d'un travail sur la r6ception de Certeau dans le monde intellectuel frangais, et d'un premier bilan d'une oeuvre qu'il s'agit.

< L'occasion d'une rencontre > est dite par Luce Giard (C.N.R.S.) et Pierre-Jean Labar- ridre (Centre Sdvres), qui ont veilld a 6tablir et pr6senter les textes des interventions. La mwme L.G. traite ensuite de < Mystique et politique, ou l'institution comme objet se- cond>; Herv6 Martin (E.H.E.S.S.) 6tudie SMichel de Certeau et l'institution histori-

que > ; Jacques Revel (E.H.E.S.S.) se penche sur < Michel de Certeau historien: l'institu- tion et son contraire >. Une discussion rapide suit chaque intervention; on retiendra, pour son ampleur et l'int6r~t des questions pos6es et les r6ponses esquiss6es, le < D6bat g6ndral > (p. 129-166). Une < Liste des ouvrages de Mi- chel de Certeau > cl6t l'ensemble.

Jean S6guy.

SReligion, pouvoir et soci6t6 dans le Tiers Monde

,. Revue Tiers-Monde, tome XXXI,

no 123, juil-sept. 1990, p. 482-719.

76.385 GOUSSAULT (Yves), 6d.

Num6ro sp6cial qui vient B son heure car il < d6centre w chacune des trois religions mono- th6istes en permettant une comparaison de si- tuations mais aussi de points de vue d'analystes. S'agissant du tiers monde, on au- rait meme pu pousser le d6centrage plus loin en faisant appel a des religions autres, a des cultes de terroir etc, au moment oh rbgne une 6quation < imp6rialiste implicite: religieux = monoth6isme.

Ce travail vient aussi a son heure car, aprbs des ann6es d'effervescence attribu6e aux reli- gions, islam surtout, aprbs des 6crits nom- breux, le recul de la r6flexion commence a se manifester et la n6cessit6 des tris s'affirme; en effet suivant le constat d'Y.G. dans l'intro- duction (w Les frontibres contest6es du politi- que et du religieux dans le tiers monde w), c'est Sl'h6t6rog6n6it6 profonde qui caract6rise les

cas ici analys6s w, tant sous l'angle du sens du religieux lui-m~me que sous celui des < nom- breux et divers parambtres qui d6terminent chaque situation w. L'apparente mondialisation

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

de l'importance et de la nature du ph6nombne religieux depuis une dizaine d'ann6es mdrite prudence et circonspection.

Outre le comparatisme religieux, la d6cen- tration propos6e ici provient aussi d'un mou- vement qui va de la socidt6 vers le religieux et non l'inverse, n6cessit6 m6thodologique for- tement relev~e par Mohammed Arkoun dans un entretien oix, de concert avec Y.G., est reven- diqude une autre d6centration, celle de l'6pis- t6mologie des sciences sociales elles-memes, sommdes, dans la confrontation avec des objets nouveaux ou exotiques, d'aller vers un d6- passement des critbres conventionnels de l'ana- lyse sociologique > (Y. Goussault) et d'aborder Sl'6tape indispensable de I'histoire comparee

des cultures et des pens6es w (M. Arkoun). Nous ne pouvons suivre, pas B pas, les 12

contributions dont une seule (Doris Bensimon, <<Pouvoirs civils et religieux en Israel >>) concerne le judaisme, six le christianisme, par- mi lesquelles deux intdressantes analyses sur < Marxisme et christianisme en Amdrique la- tine >> (Michael L6wy) et < Le marxisme et les religions au Vietnam: actualit6 du d6bat des ann6es 1930 > (Trinh Van Thao) et des mises au point sur des situations moins souvent ana- lysdes (Philippines, avec Martin Verlet, Afri- que du Sud avec Anne-Marie Goguel).

Cinq situations islamiques vraiment 6clai- rantes par leurs differences sont propos6es. <

Les dix anndes de la Rivolution islamique en Iranw, (Ahmad Salamatian, Simine Chamlou) sont < d6mont6es w chronologiquement du point de vue juridique et politique pour pr6ciser < le processus (...), pour la premibre fois dans l'his- toire de l'Iran et de l'Islam (...) de la conquate et du monopole du pouvoir par le clerg6 >>.

M~me si un m6canisme g6ndral identitaire agit dans les soci6t6s g culture islamique, quelle diffdrence d'enjeu et de strat6gie n'y a- t-il pas, par rapport B l'Iran, chez Les mili- tants maghrdbins de la deuxitme gwndration en France >> (Myriam Bouregba-Dichy), soucieux 6 la fois d'int6gration g la soci6t6 frangaise et de constitution d'une communaut6 maghrdbine basde sur des valeurs (< beurs >>, islam) elles- memes probl6matiques et 6volutives.

La situation dans une capitale d'un pays g majorit6 musulmane d'Afrique noire, le S6n&- gal, offre un nouveau contraste (< L'enjeu de la mistre pour l'islam s6n6galais >, Robert Vuarin). Le point de d6part n'est pas le reli- gieux mais les m6canismes et les institutions de l'aide sociale. L'auteur montre que dans ce domaine une concurrence importante s'est mise en place, entre public et priv6, entre re- ligieux et laic et que cette comp6tition s'inscrit

dans le cadre d'une diversification institution- nelle, associative notamment, mais aussi iddo- logique ou thdologique (r6interpr6tation par exemple de la notion de zakdt).

Plus courte, I'analyse sur << Islam et politi- que au Bangladesh w de Bernard Hours et B.K. Jahangir, nous r6vble cependant une configu- ration in~dite qui oppose une < aristocratie par- lant urdu >> une << paysannerie utilisant le bengali >, avec des representations et des pra- tiques tout aussi contrast6es dans le domaine de l'islam, d'oii cette perp6tuelle oscillation entre nationalisme linguistique et culturel et d'autre part, islamique, c'est-g-dire revendica- tion d'un Etat islamique >.

Les trois auteurs (Nicole Khouri, Amr El Ezabi, Iman Farag) qui examinent les relations entre islam et Egypte contemporaine rendent compte de trois facettes de ces rapports. D'a- bord la dissociation qui intervient dans l'hdri- tage nassdrien entre le pouvoir politique, la 16gitimit ~6thique et I'6conomie de march6 va n6cessiter, selon les auteurs, "un r6tablisse- ment d'urgence de principes de cohdrence > qui vont provoquer < l'islamisation du courant nassdrien >> et son d6passement par les courants islamistes. On appr6ciera au passage les para- graphes sur le sens de la notion d'islamisation et sur sa polys6mie fondamentale. Pour la p&- riode des trois derniers presidents 6gyptiens, l'itindraire intellectuel de trois chercheurs mar- quants des sciences sociales est retrac6, chacun ayant une vision fort diffdrente mais cohxrente de la place et des fonctions du religieux dans la soci6t6 et l'itat.

A la fin de ce tour d'horizon, si on ne l'avait pas jusque lA, on acquiert la conviction de I'importance et de la quasi-omnipresence du facteur religieux dans les soci6t6s contempo- raines du tiers monde. Mais inversement on ne peut que constater la non-superposabilit6 des diff~rentes experiences et forces de reprdsen- tation d'un religieux prot6iforme. Suffit-il de le constater ou faut-il en faire un nouveau point de d6part r6flexif qui impliquerait autant la fagon de faire des sciences sociales que du religieux lui-mime ?

Constant Hambs.

Religious Convictions and Political Choice. New York, Oxford University Press, 1988, 260 p. Index.

76.386 GREENAWALT (Kent).

Dans quelle mesure des citoyens, attach6s au principes de la d6mocratie lib6rale amdri- caine, peuvent-ils 16gitimement invoquer leurs

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