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Remerciements à ma fille, Florence,

à mon mari, Jean-François et à mon amie Nathalie.

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I

C’était le milieu de l’après-midi, il faisait beau, des nuages blancs glissaient doucement, tout semblait calme, serein, dans ce paysage très vallonné. Les collines se transformaient peu à peu, devenant plus hautes, plus escarpées, annonçant déjà que plus loin se dressait la montagne centrale du pays Tallem.

Je marche…, depuis combien de temps ? Je l’ignore, plusieurs heures, ça, j’en suis sûr.

L’esprit vide, l’homme avançait,… il avait l’impression de se réveiller d’un long cauchemar. Quelques flashs lui revenaient. Ce matin quand il avait quitté la ville… Oui…, il se revoyait sortant d’une cave où il s’était réfugié pendant un bombardement, enfin il supposait, il ne se souvenait pas y être entré, seulement sorti !

Il marchait à travers champs, direction plein sud. Il s’obligeait à réfléchir pour se souvenir de ce qui lui était arrivé. Ce matin, en sortant de la cave, il avait vu les ruines encore fumantes des immeubles, des hommes, des femmes, hagards, chercher quelque chose à récupérer dans ces décombres qui avaient peut-être été leur habitation.

Lorsqu’il était passé près du mur de briques rouges, il avait pensé à tous ces gens qui allaient être fusillés vers neuf heures à cet endroit. Il le savait, il savait aussi que si les soldats le trouvaient, il partagerait leur sort. Comment est-ce qu’il le savait ? Il ne se le rappelait pas, il en était peut-être responsable ?

Bon sang ! Mais qu’est-ce qui m’arrive ? J’ai du mal à comprendre ce qui se passe. Il faut que je me rappelle, il le faut. Refaire fonctionner ma mémoire ! Oui, la refaire fonctionner !

Il se contraignit à repenser aux images qui s’étaient imprimées en lui ce matin :

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En arrivant sur la place, j’ai vu à gauche des soldats qui contrôlaient l’identité des passants, j’ai traversé ce secteur sans crainte, comme cette femme que je venais d’aider à passer son landau par-dessus les pierres qui jonchaient la rue, une centaine de mètres plus tôt. J’ai fait ça instinctivement, sans même y avoir réfléchi, comme si je n’étais pas concerné. Elle a pris son bébé dans les bras tandis que j’avançais en poussant le landau à côté d’elle, c’est peut-être pour ça que je n’ai pas attiré leur attention…. Oui, je devais tellement avoir l’air d’un zombie qu’ils ont dû me prendre pour un de ces malheureux qui avaient été choqués par le bombardement…. Peut-être était-ce le cas ? Pourquoi, sinon m’auraient-ils laissé passer ?… Je me souviens que la femme chantonnait une mélodie en berçant son petit, elle s’est tournée vers moi en me disant : il dort et elle l’a remis dans son « nid douillet », comme elle a dit…. Un soldat s’apprêtait à me parler un autre l’en a empêché. Il s’est arrêté net et nous a laissé continuer notre chemin. Ça ne m’a pas surpris, pas plus que le fait de voir la maman parler tendrement à son bébé mort…. Elle est revenue à ma hauteur, vous permettez m’a-t-elle dit et elle s’est remise à pousser le landau. J’ai marché un moment à ses côtés et puis, je ne sais pas pourquoi, au bout d’un moment, elle a tourné à l’angle d’une rue tandis que je continuais tout droit.

Je suis sorti de la ville, j’ai suivi un moment la route, puis j’ai coupé à travers champs et bois en contournant toutes les agglomérations.

Tout en marchant, il était arrivé au bout du champ. Celui-ci surplombait la route, mais c’était bien trop escarpé pour qu’il puisse descendre par là. C’était un massif montagneux ancien, mais avec des pentes encore abruptes par endroit.

En face de lui, sur l’autre versant, il aperçut un château entouré de sapins vert foncé, on aurait dit un château fort avec en son centre un large donjon, surmonté d’un dôme muni d’une pointe.

Encore un peu et je vais rencontrer des vampires ! Il sourit à cette idée saugrenue. Décidément il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez moi

aujourd’hui !… Il est vrai qu’il a un air inquiétant ce château. Plus bas, dans la vallée, au bord d’une petite rivière, il remarqua une ferme,

un maigre champ avec deux trois bosquets, la séparait de la forêt. A droite, la végétation était totalement différente, c’était une forêt de feuillus, avec toutes les couleurs de l’automne naissant, jaune, rouge, vert, marron, c’était vraiment magnifique.

Bon, c’est pas tout ça, il faut que je sorte de ce champ.

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Il regarda à droite, un peu plus loin, le pré semblait accuser une dénivellation qui devait le mettre pratiquement au niveau de la route. Il bifurqua légèrement pour rejoindre ce passage.

Quelques minutes plus tard, il marchait sur la chaussée, c’était quand même moins pénible que dans la campagne. Il avança pendant une bonne centaine de mètres, il était maintenant parvenu en dessous du champ.

Au même endroit que tout à l’heure. Un détour de dix minutes pour faire cinq mètres ! À cette vitesse là, je ne suis pas arrivé !… Arrivé où d’ailleurs ?

Il n’apercevait plus le château que par intermittence, de petits bouquets d’arbres le lui masquant la plus part du temps. Il entendit un bruit qui l’alerta aussitôt. Il s’arrêta, écouta, inquiet.

C’est ça,… oui c’est ça, un convoi. Vite, il faut que je me cache. Où ?… là, en contrebas de la route, sous les buissons.

D’un bond, il sauta, au risque de se rompre les os. Un instant plus tard, il était allongé à plat ventre, collé au sol. Déjà, la colonne se rapprochait, il entrevit le premier camion. Il ferma les yeux, comme si le fait de ne pas regarder allait les empêcher de le voir, mais sans doute par superstition il se refusait à les rouvrir tant qu’ils n’étaient pas tous passés.

J’ai de drôles de réactions aujourd’hui. Pensa-t-il soudain. C’est idiot !… ma réaction est idiote ! Fermer les yeux… comme un gamin de cinq ans… comme si ça allait les empêcher de me voir !

Le convoi était long, il n’en finissait pas, ou tout au moins c’est ainsi qu’il le vivait. Le bruit s’éloigna progressivement, il attendit encore un peu, si,… ça y était,… il pouvait enfin se redresser. Il se mit sur le dos et se laissa glisser le long de la pente escarpée. Sa chute ne dura pas très longtemps.

Il s’arrêta à côté d’un rocher, le contourna et s’adossa à celui-ci, face à la vallée. A partir de l’endroit où il se situait, la descente paraissait plus facile, en particulier grâce aux branches des arbustes auxquelles il pourrait un peu se maintenir pour se freiner. De nombreux passages existaient entre les taillis et les fourrés.

Il décida d’attendre un peu, il fallait qu’il se souvienne d’un certain nombre de choses, qui semblaient actuellement lui échapper complètement. Il faisait beau et le soleil le réchauffait.

Qui suis-je ? Il fouilla dans la poche intérieure de sa veste et en extirpa un

portefeuille, il y avait une photo au milieu de ses papiers. Il la regarda. Anna ! C’est Anna.

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Sa femme avec ses deux enfants Alexeï et Yvann ! Un peu de sa mémoire lui revenait. Il regarda ses papiers. Il ne reconnut pas son nom, c’était bien la photo de sa femme et de ses enfants, mais ce nom ?

Non, je suis sûr que ce n’est pas mon nom. Ses papiers étaient donc faux, pourtant ils paraissaient très vrais. Il

apprit cependant ce qui semblait être son identité. J’ai vraiment l’impression que ce n’est pas mon nom qui est inscrit….

Ça ne me dit rien… Suis-je un espion ? Un bien piètre espion dans ce cas, car un espion amnésique, ce n’est pas banal… A moins que je ne sois un prisonnier évadé… Ou un déserteur ?

Cette dernière idée le fit frémir et le laissa morose. Quelque chose le gênait dans sa chaussure. Il la retira et découvrit une petite plaque militaire, glissée entre la languette et la doublure. Un nom y était gravé : Khwenchk. Il savait enfin qui il était, cette découverte le rempli de joie.

Je vais la remettre là où je l’ai trouvée, si je l’y ai mise, c’est qu’il y a sûrement une raison.

Il la replaça en faisant attention qu’elle ne le gênât pas puis remit sa chaussure.

Je crois que mon vrai nom est Kewen !… Non j’en suis certain !… Enfin, je sais pas… Ça ne me dit rien non plus !…

Il se décida à continuer son chemin. Ce soir à la nuit tombante, j’irai jusqu’à la ferme, là, je pourrai sans

doute trouver un œuf ou deux à gober, j’ai faim…, j’ai même très faim !… Et puis je trouverai certainement un endroit pour me reposer dans une grange, dans la paille,… et si le paysan me trouve ? Bah, il ne me refusera sûrement pas cette maigre hospitalité.

Il avança doucement, essayant de ne pas glisser, il se retenait comme il le pouvait aux branchages. Il arriva enfin dans le sous-bois, grignotant quelques mûres pour faire diminuer sa fringale, il poursuivit jusqu’à la rivière. A cet endroit elle était relativement facile à traverser, de gros rochers émergeaient ça et là.

Le tout est de ne pas perdre l’équilibre. Il la franchit assez facilement. Bien, maintenant il ne me reste plus qu’à attendre la tombée de la nuit

pour me rendre jusqu’à la ferme. La faim le tenaillait, plus il y pensait, plus elle augmentait, les fruits ne

l’avaient pas calmé, bien au contraire. Il était fatigué. Abrité par les arbres, bien caché, il décida de se rafraîchir dans le courant limpide, il se passa de

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l’eau sur le visage, les cheveux, la nuque. Il but un peu d’eau pour tenter d’apaiser son estomac.

Il commençait à faire assez sombre pour qu’il puisse s’approcher discrètement des bâtiments. Deux hangars étaient légèrement en retrait. Une petite butte de terre longeait le terrain où étaient situées les granges. Il s’approcha le plus près possible, se plaqua sur le flanc du monticule pour examiner les lieux avant d’entreprendre quoique ce soit. Il préférait être prudent, si le paysan semblait assez avenant, il irait le voir pour lui demander l’hospitalité, il devait pouvoir trouver dans l’une des bâtisses un abri pour la nuit et pourquoi pas un repas chaud….

Soudain la porte de la ferme s’ouvrit. Deux soldats sortirent, ils s’arrêtèrent, jetèrent un coup d’œil circulaire, puis se dirigèrent vers l’extrémité opposée à la sienne.

Ouf ! Il ne lui restait plus qu’à attendre un peu et faire demi-tour dès qu’ils

seraient rentrés. Tant pis pour le dîner, il s’en passerait. J’ai bien failli me jeter dans leurs pattes. Il attendit sans bouger. Soudain un craquement derrière lui, le fit

sursauter. Il se retourna. Juste devant ses yeux, il vit le canon d’un fusil, il ne vit d’abord que ça,

il releva un peu la tête, pensant découvrir le fermier à l’autre bout de l’arme. Mais c’est un soldat qu’il découvrit. Un courant électrique le parcourut de la tête aux pieds. Il eut la curieuse impression que son sang arrêtait de couler dans ses veines.

Je crois que je viens d’avoir la peur de ma vie. Que fait-il avec une telle arme ? Pourquoi n’a-t-il pas une mitraillette ?

Toutes sortes de questions se bousculèrent dans son esprit, il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Instinctivement, il leva les mains et tourna doucement la tête malgré l’arme toujours braquée vers son visage. Au sommet de la butte les deux autres soldats le regardaient.

Je suis peut être recherché. Dans ce cas, le savent-ils déjà ? Je suis sale, mal rasé, vont-ils me torturer ? Me tuer ?

– J’ai faim. C’est la première chose qui me vient à l’esprit. C’est idiot, tant pis. L’un des soldats lui posa une question. Kewen ne comprenait pas leur

langue. Ce devait être des Chlols. Il tenta donc de leur faire comprendre par geste qu’il avait faim, sans trop bouger malgré tout, car il sentait l’arme toujours pointée dans sa direction.

– Papiers ! Lui lança l’un d’eux en tendant la main.

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Lentement Kewen chercha dans sa poche intérieure et lui tendit son portefeuille. L’autre le saisit d’un geste brusque et l’ouvrit, il les vit regarder la photo d’Anna, avec un sourire et une lueur dans les yeux qui lui déplurent quand il les entendit faire un commentaire qu’il ne comprit pas mais dont il devina la signification. Il sentit une colère sourde monter en lui et sans réfléchir, il se redressa pour leur reprendre la seule chose qui le retenait à son passé. Ce fut soudain le vide en lui.

Le soldat a-t-il tiré ? Je ne me rappelle pas avoir entendu de détonation. Je dois être mort, je me sens bien, très bien même, je n’ai plus faim, je n’ai pas peur, je suis heureux, calme, serein. J’aimerais que ce moment dure éternellement, un jour on retrouvera mes ossements ici et personne ne saura qui j’étais… même Anna ne saura pas que c’est moi…. C’est ça, je dois être mort.

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II

Je me noie, il faut que je reprenne mon souffle. Kewen ressentit une violente douleur au niveau de la tempe. Il voulut y

porter la main mais ne réussit pas à la bouger. Tout doucement, il reprenait ses esprits, les soldats, la fuite, la ferme…

Je ne suis pas mort. Une eau glacée vint lui fouetter le visage. Il suffoqua, toussa puis fit un

effort pour ouvrir les yeux. Il secoua la tête afin de faire tomber les gouttes d’eau qui de chaque mèche de cheveux glissaient et continuaient de suivre les contours de son visage. Rapidement les dernières minutes avant qu’il n’ait été assommé lui revinrent en mémoire.

Il jeta un regard autour de lui, il était dans une grande pièce, probablement la pièce principale de la ferme. Elle servait de cuisine et de salle à manger. Le mobilier rustique était composé d’un vieux placard, une grande table, sur laquelle sa veste, sa montre et ses papiers avaient été jetés sans soin, deux bancs et deux chaises, il était assis sur l’une d’elles, les mains attachées dans le dos. Au fond de la salle, au dessus de l’évier, une petite fenêtre était entrebâillée. Sur le pan de mur qui lui faisait face se dressait une magnifique cheminée. A gauche il pouvait voir la porte d’entrée encadrée par deux fenêtres. Il entendit un soldat reposer le seau derrière lui.

Merci crétin ! La porte d’entrée s’ouvrit. Un capitaine entra dans la pièce. Il lui jeta un

regard soupçonneux et vint se planter devant Kewen, un sourire narquois aux lèvres.

Il faut que je reste calme. Il n’a pas de seringue Pourquoi est-ce que je pense çà ? Je ne comprends pas pourquoi cette idée stupide m’est venue… Je n’ai pas vraiment le temps de m’interroger sur les délires de mon

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cerveau. Ce n’est pas le moment. En plus, j’ai mal à la tête, ça doit être le coup de crosse que l’autre abruti m’a donné.

– Alors, on n’aime pas montrer la photo de sa petite famille ? Qu’est-ce que ça peut te foutre ! pensa Kewen sans répondre. L’autre poursuivit : – Il est vrai que Madame est très belle… Kewen ne répondait toujours

pas. Il refusait d’entrer dans son jeu. Le militaire avait un très fort accent et il avait du mal à le comprendre.

Énervé par le manque de coopération du prisonnier, le capitaine le gifla violemment. La tête de Kewen accompagna le coup, mais il ne répondit pas pour autant. Il tira sur ses liens pour essayer de se détacher et serra les poings. C’était inutile, il ne réussit qu’à se meurtrir un peu plus les poignets.

Le gradé changea alors de registre. – Bon, c’est pas tout ça. Comment t’appelles-tu ? Il ne disait toujours rien se contentant de le regarder. L’autre s’énerva. – Je t’ai demandé ton nom ! – Pourquoi ? Vous ne savez pas lire ? Là, j’aurais mieux fait de la fermer. La provocation, c’est pas le

moment ! Il ne va pas aimer mon humour, c’est sûr ! Trop tard ! Le capitaine lui envoya une autre gifle. – D’accord, je ne sais pas comment je m’appelle, ça vous va ? reprit-il

sur un ton arrogant. – Ne te moque pas de moi ! – Je ne me moque pas de vous, je me souviens seulement que j’étais

dans une ville, qu’il y a eu un bombardement, je suis sorti d’une cave et je suis parti plein sud pour rejoindre ma famille.

– Dans quelle ville ? – Je ne me souviens pas de mon nom, comment voulez vous que je me

souvienne du nom de la ville ? – Où habite ta famille ? – Sûrement au sud, sinon pourquoi aurais-je pris cette direction ? – Je t’ai déjà dit de ne pas me prendre pour un imbécile ! Comment

t’appelles-tu ? – Je n’en sais rien ! Je vous dis que je ne me le rappelle pas. Si je me fie

à mes papiers, je m’appelle Karl. – Karl, n’est-ce pas ? C’est ton nom ? Il hocha la tête tout en répondant.

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– Oui. Sûrement, si c’est écrit. – Bien, c’est mieux. Pourquoi nous espionnais-tu ? – J’ai faim, je voulais juste aller voler un œuf ou deux. Il hésitait sur la contenance à tenir. Il ne voulait pas avoir l’air d’un dur

qui aurait pu être un résistant, mais il ne voulait pas non plus sembler dégonflé, juste un pauvre type, un peu paumé. Il aurait aimé pouvoir éviter de se faire frapper par l’autre brute.

– Menteur ! Tu es un terroriste ! – Non. Je vous dis que j’ai faim ! – Tu es un terroriste ! On t’a repéré quand tu descendais de l’autre côté

de la rivière. Il fit un signe au soldat, qui jusque là n’avait pas bougé. Celui-ci

commença par lui infliger une bonne correction avant que le capitaine ne recommence à l’interroger. A partir de ce moment à chaque question non suivie d’une réponse, Kewen recevait une volée de coups, et à chaque réponse qui ne satisfaisait pas le gradé, c’était la même chose. Kewen sentait sa lèvre inférieure gonfler, et un goût de sang dans la bouche. Ses liens lui sciaient les poignets. Un coup, plus fort que les autres, l’envoya au sol avec la chaise et sa tête heurta lourdement le sol. Ils le relevèrent, la chaise n’était plus très stable, il frissonna, il avait froid, puis une vague de chaleur inonda son visage, tandis qu’il perdait connaissance.

Lorsqu’il s’éveilla, il était allongé sur le sol, ses mains n’étaient plus attachées, il frotta ses poignets, qui le brûlaient. Il était dans un petit cagibi. Ses yeux s’habituèrent progressivement à la semi obscurité qui y régnait. Bien que la nuit soit tombée, il faisait assez clair, apparemment c’était la pleine lune et la petite lucarne suffisait pour qu’il puisse voir. Cette pièce devait servir de réserve, mais il n’y avait plus rien dedans.

Dommage ! Il passa la main sur sa tempe, elle lui faisait très mal. Sa lèvre était

légèrement fendue et enflée. Il tenta de récupérer un peu, il savait qu’ils allaient revenir et que la séance allait continuer. Il savait aussi que le capitaine ne s’était peut-être pas trompé, des souvenirs commençaient à lui revenir et dès le début de son interrogatoire des images s’étaient imposées à lui.

Je suis soit un résistant, soit un trafiquant, pour lui bien sûr, un terroriste. Il peut toujours courir pour que je lui donne le nom de mes camarades, j’ai déjà du mal à me souvenir du mien ! Enfin, j’espère que je tiendrai bon… J’en suis déjà moins sûr, il ne faut pas que je parle… ! Et pour dire quoi… ? En suis-je capable… ? Les noms dont je me souviens ?

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Je ne sais pas exactement à qui ils correspondent…, ni ce que ces gens étaient pour moi.

Il n’arrêtait pas de ressasser ces questions et l’angoisse l’envahissait. Que me conseillerait mon père ? D’habitude je me réfère toujours à ça,

enfin…, je crois : Que ferait mon père en de pareilles circonstances ? Ah si seulement je pouvais contacter quelqu’un qui viendrait à mon secours. Et comment ce quelqu’un pourrait-il savoir où je me trouve ?

Il visualisa le château et la ferme, tels qu’il les avait vus en arrivant, il se remémora les derniers moments qui avaient précédé son arrestation, puis son arrestation elle même.

Quel idiot je suis, venir comme ça me jeter dans la gueule du loup ! Jamais je n’aurais fait ça avant ! J’en suis certain !

Il resta ainsi un long moment qui lui parut une éternité. Pour être sûr de ne pas parler il fixa son esprit sur la seule phrase qu’il devait dire : J’avais faim et je voulais gober un œuf ou deux !

Il entendit un bruit de loquet, la porte s’ouvrit laissant pénétrer un rai de lumière bien plus important que celle de la lune. Un soldat l’attrapa par le bras et le releva avec rudesse. Il le poussa vers la cuisine. Il n’avait pas vu la porte de ce réduit tout à l’heure, puisqu’il y tournait le dos.

Je ne reverrai sans doute jamais Anna et les enfants. Ils vont probablement me torturer, avant de me tuer et adieu…

D’un mouvement d’épaules, il tenta de se libérer mais un deuxième soldat était là et les deux militaires eurent tôt fait de le maîtriser, l’un d’eux attrapa ses poignets au passage et à nouveau lui lia les mains, mais devant cette fois.

Tiens ils n’ont trouvé que de la ficelle à ballot de paille pour m’attacher, elle est plus fine, mais elle fait plus mal qu’une corde.

Ils l’obligèrent à s’asseoir sur la chaise, face au dossier. C’est reparti pour un tour ! pensa-t-il avec une sensation de désespoir. L’un des soldats sortit. Quelques instants plus tard le capitaine entra.

– Ah ! Je vois que Monsieur est réveillé ! Alors ? On peut enfin répondre à mes questions ?

Autant tenter le tout pour le tout. Qu’il me tue le plus vite possible, c’est ce qui peut m’arriver de mieux.

– J’ai faim. Donnez-moi à manger. – Non ! Tu me prends pour un imbécile ? Si tu nous espionnais, ce

n’était pas pour manger ! A ce moment, Kewen réalisa qu’il n’avait pas remarqué ce que le gradé

tenait dans la main. Trop tard, c’était une cravache ! Il lui en asséna

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aussitôt quelques coups de toutes ses forces. Il avait l’impression qu’il lui déchirait le dos.

Décidément, je suis très mal parti. Je ne vois vraiment pas comment je pourrais m’en sortir. J’ai affaire à un malade, il se défoule sur moi et prend plaisir à frapper.

Les deux soldats sortirent. Kewen resta seul avec ce dément de capitaine qui soudain lui parla gentiment, presque avec douceur.

– Allons, ça m’embête de te corriger. Dis-moi tout ce que tu sais et je te laisserai partir.

Pour un peu, il réussirait presque à me convaincre. – Je vous l’ai dit, j’avais faim, je voulais juste… Kewen n’eut pas le temps de finir, le capitaine se rua sur lui et le frappa

à nouveau, de sa cravache. Kewen serrait les dents pour ne pas hurler de douleur. Il comprenait toujours difficilement ce qu’il disait. Il s’apprêtait à réagir quand la porte s’ouvrit et un des soldats revint se poster non loin de lui, la mitraillette pointée dans sa direction. L’autre continua de poser et reposer les mêmes questions, invariablement Kewen répondait la même chose.

– Je vous dis que je ne me souviens de rien. – Mais tu te souviens quand même de ta femme et de tes enfants ! – Oui, c’est un des seuls souvenirs que j’ai, avec le bombardement et la

sortie de la cave. – Je vais t’aider à te souvenir ! Et il se remettait à le frapper. Kewen décida de ne plus dire un mot. Ça ne calma pas le capitaine qui

recommença à le cravacher. Je ne veux pas craquer. Il semble se calmer. Quoique je dise, ça ne le

satisfera jamais. Il ne me croit pas. Je ne dois pas changer mes réponses, je dois m’en tenir à la même version sinon… J’en ai marre de résister, j’ai envi de hurler.

A la suite d’un coup plus fort, Kewen ne put s’empêcher de pousser un cri de douleur, l’autre continua de taper.

– Bien on reprend, dit-il avant de demander : – Pourquoi es-tu venu ici ? – Parce que j’avais faim. – Tu connais les fermiers ? – Non. – Non ? – Non.

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– Je croyais que tu étais amnésique ? – Oui et alors ? – Alors ? Tu es capable de me dire que tu ne connais pas les fermiers. C’est vrai ça. – Si vous préférez, je ne me souviens pas les connaître. – Tu es donc peut être d’ici ! – Non, je ne crois pas. – Alors, pourquoi t’es-tu arrêté ici ? – Par hasard. – Donne-moi le nom de tes camarades et je te laisserai aller. – Je ne connais personne ici. – Menteur donne moi le nom de tes camarades terroristes ! – Je vous dis que je ne sais pas. – Et Fred ? Ça te dit quelque chose ? Kewen avait retrouvé son insolence et c’est avec arrogance qu’il

poursuivit : – Non, pourquoi ? Ça devrait ? Qu’est-ce que c’est ? La Force de

Résistance à l’Envahisseur Daluce ? C’est drôle ça, ça m’est venu tout seul. – Un chef de réseau terroriste ! Et je crois bien que c’est toi ! – Moi ? Et je me serais fait prendre aussi bêtement ? Vous me

surestimez. – Tu le connais ? – Je ne sais pas…, non, je ne connais pas. – On le recherche, il s’est évadé de la ville de Muyne et tu

correspondrais assez à son signalement. Kewen secoua la tête. N’importe quoi ! – Je ne sais pas, je ne le connais pas. – Tu ne portes pas de lunettes ? – Non,… je ne crois pas. Il attrapa un vieux morceau de journal qui était près de la cheminée. – Lis-moi ça ! Kewen lut sans aucune difficulté les deux premières lignes. – Et d’ici tu peux lire ? – Oui, c’est écrit : Un violent orage s’est abattu sur le village de….

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– Ça va, ça va. Tu ne portes pas de lunettes…. Tes cheveux sont trop clairs pour que ce soit toi, pourtant,… y’a quand même une ressemblance. Non…, non, reprit-il pensivement, le type serait plutôt un col blanc et non pas un ouvrier. On peut pas dire que tu aies réellement la prestance d’un chef. Je ne crois pas que tu aies le cran d’être un terroriste, à moins que tu ne sois un fieffé malin ou menteur.

– Alors laissez-moi, puisque je ne suis pas le type que vous cherchez. – Pas question ! Je veux d’abord que tu me dises qui tu es ! Et puis on

ne sait jamais. – Karl. – Ah ! Tu t’en souviens ! – Mais non, c’est ce que disent mes papiers et vous aussi tout à l’heure,

répondit-il d’un ton qui trahissait la lassitude. – Ah ! Tu le prends comme ça ! Tiens ! Je vais te la faire recouvrer moi

la mémoire ! Si c’est un coup qui te l’a fait perdre, tu vas voir…. Elle va te revenir, de la même façon… !

A la suite de cette nouvelle volée de coups, la rage qu’éprouvait Kewen de ne pas pouvoir se défendre, le poussa à nouveau au défi. Il toisa le capitaine, et d’un sourire provocateur, lui lança.

– Je ne connais qu’un nom de terroriste. – Donne-moi ce nom ! Il ne va pas aimer ! – Daluce. C’était le nom du chef des Chlols. Et celui là, il ne l’avait pas oublié.

Excédé, le militaire lui administra alors une nouvelle correction. Kewen essaya de se protéger du mieux qu’il pouvait en rentrant la tête au maximum dans les épaules. D’un mouvement de colère le capitaine donna un coup de pied brutal dans la chaise.

Une fois de plus, Kewen fut au sol essayant difficilement de se débarrasser de la chaise qui l’entravait, tandis que le gradé le frappait comme une brute, continuant à s’acharner sur lui autant à coup de pied qu’avec la cravache.

– Fenta ! Lui lança-t-il dans un dernier effort. Cette grossièreté ajouta encore à la fureur du capitaine, qui le brutalisa plus vigoureusement.

Kewen ne bougeait plus, il avait le souffle coupé. Il ferma les yeux. Un soldat entra, dit quelques mots au capitaine qui cessa enfin de le malmener.

– T’inquiètes pas, je vais revenir ! T’as de la chance de ressembler au type recherché, parce que si j’étais sûr que c’était pas toi, je t’en ferais voir

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de plus belles ! Mais on ne sait jamais, si c’est toi, il faut que tu sois encore en état quand je t’emmènerai au château.

Il jeta brutalement sa cravache sur la table. Puis, accompagné du soldat, il sortit de la pièce en claquant la porte, visiblement en proie à une violente colère.

A-t-il cru que j’étais à nouveau évanoui ? Me suis-je évanoui ? Qu’importe ! Je suis seul, c’est le moment ou jamais de chercher à m’enfuir. A moins que ce ne soit un piège… On ne laisse jamais un prisonnier seul… Tant pis, il faut que je tente quelque chose pour finir avec ce cauchemar.

Avec difficulté, il se traîna jusqu’à la cheminée et entreprit de frotter ses liens le long de l’angle du foyer de celle-ci.

Vite, vite, plus vite. Enfin une fibre céda, puis l’autre. Encore un effort… Ça y est ! J’ai réussi ! Il se releva, saisit ses papiers, la photo, sa montre, sa veste et tout en

l’enfilant se dirigea vers la petite fenêtre au dessus de l’évier. Il avait mal partout. Il titubait. Il aurait voulu être plus rapide, mais il avait du mal à récupérer.

Il entendit des coups de feu, il accéléra autant qu’il le pouvait, ouvrit la petite lucarne, jeta un œil, ne voyant rien de suspect, il se glissa par cette ouverture et sortit sans bruit. A vingt ou trente mètres de là il y avait un buisson, il s’élança, courant comme il pouvait, bien moins vite qu’il ne le souhaitait, son corps n’était qu’une douleur. Il eut à peine le temps de se jeter sous les arbustes, qu’une rafale de mitraillette vint le frôler projetant de la terre et des petits cailloux qui lui cinglèrent le visage.

A vingt centimètres prêt, c’était bon. Il rampa, il ne voyait plus de silhouette dans l’encadrement de la

fenêtre. Il se redressa à demi et fila jusqu’à l’orée de la forêt, passa derrière les bâtiments, atteint enfin le bois où il était quelques heures plus tôt. L’œil aussi bien que l’oreille aux aguets, il lui semblait entendre des bruits du côté de la ferme. Il n’avait pas l’intention de moisir ici, alors il reprit sa course, malgré les souffrances qu’il ressentait dans toute sa chair, il courut sans s’arrêter, sa vitesse de progression lui paraissait bien lente. Heureusement la lune éclairait juste assez pour qu’il puisse voir où il allait.

Il quitta le sentier qu’il suivait et s’engagea au milieu des fougères. Il continua de fuir sans se retourner, sans perdre un instant de peur d’être rattrapé. Il arriva au bord d’un petit torrent qui coulait faiblement.

Assez cependant pour me permettre de faire disparaître mes traces.

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Il entra dans le torrent et décida de le remonter. J’ai l’impression qu’il vaut mieux le remonter, et puis autant faire le

contraire de ce que tout le monde aurait fait. Au loin, résonnait le bombardement de la ville. Vient-il de commencer ou bien je n’y fais seulement attention que

maintenant ? Il glissait sur les pierres, plusieurs fois il dérapa et s’affala à moitié dans

l’eau, ça devait faire une bonne distance maintenant peut-être vingt ou trente mètres de l’endroit où il était entré dans le torrent, suffisamment pour faire perdre la trace à d’éventuels chiens pensa-t-il.

Il est bizarre ce rocher, c’est là qu’il faut sortir, ça suffit pour pouvoir passer.

Sans prendre le temps de respirer il reprit sa course. Il ne voyait plus aussi bien, des nuages passaient par moment devant la lune. Sa progression était de plus en plus difficile, il se heurtait aux basses branches qu’il n’apercevait souvent que trop tard, sans compter les ronces qui s’agrippaient, le freinaient, le retenaient, il grimpa la pente avec difficulté, glissant, trébuchant dans les racines. Les nuages se dissipèrent un peu et il put enfin discerner en dessous de lui un amas de rochers.

Il poursuivit son chemin vers le haut. Il y avait aussi des roches, il trouva cependant des passages pour pouvoir les escalader assez facilement. Le terrain était maintenant plus plat. Il se déplaçait beaucoup plus aisément entre des touffes de bruyères, le bois était ici moins épais. Il buta dans un fil de fer et s’affala de tout son long.

Qu’est-ce qu’il fait là lui ? Il comprit assez vite qu’il s’agissait d’un collet. J’en ai assez ! Il était épuisé, il savait qu’il devait se relever et continuer, mais il était

essoufflé. Il pensa qu’il valait mieux récupérer d’abord, juste quelques secondes, tout en écoutant si aucun bruit de poursuite ne lui parvenait. Il ferma les yeux un instant.

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