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"Renforcement de la Gestion des Pêches
dans les pays ACP"
Ce projet est financé par l’Union européenne
« La présente publication a été élaborée avec l’aide de l’Union européenne. Le contenu de la publication relève de la seule responsabilité de <nom de l’auteur/contractant et ne peut aucunement être considérée comme reflétant le point de vue de l’Union européenne »
“Le contenu de ce document ne reflète pas nécessairement le point de vue des gouvernements concernés.”
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement
Appui à la préparation et à la mise en œuvre des plans d’aménagement
des pêcheries nationales et régionales dans les pays membres de la
COREP, Afrique Centrale
CA-1.3-B5 REL
Région : Afrique Centrale
Pays : Cameroun, Congo, République Démocratique du Congo, Gabon, Sao
Tome et Principe, Angola, Guinée Equatoriale, République Centrafricaine et
Tchad
Juin 2013
Projet mis en œuvre par:
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 2
TABLE DES MATIERES
ACRONYMES
1. INTRODUCTION 4
1.1 Contexte 4
1.2 Aménagement des pêcheries dans les pays concernés 6
1.3 Les plans d’aménagement des pêcheries dans les pays concernés 7
2. CONSIDERATIOONS GENERALES LIEES A 7
L’AMENAGEMENT DES PECHERIES
2.1 Définition 7
2.2 Buts 9
2.3 Considérations biologiques et environnementales 9
2.4 Considérations à caractère technologique 10
2.5 Considérations sociales et économiques 10
2.6 Concepts et fonctions institutionnels 11
2.7 Considérations légales 13
2.8. Approche de précaution 13
3. DONNEES ET INFORMATIONS NECESSAIRES A
L’AMENAGEMENT DES PECHERIES 13
4. PROCESSUS D’ELABORATION ET DE MISE
EN ŒUVRE DE PLANS DE GESTION DES PECHERIES 16
4.1 Identification de la portée du plan d’aménagement 18
4.2 Elaboration d’un rapport de référence 18
4.3 Fixation des objectifs de la pêcherie 20
4.4 Identification des problèmes 21
4.5 Hiérarchisation des problèmes 25
4.6 Identification des objectifs opérationnels et sélection des indicateurs
et des points de référence 27
4.7 Définition des règles ou mesures de gestion 29
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 3
4.8 Elaboration d’un processus de suivi et d’évaluation 29
4.9 Evaluation des coûts et bénéfices des plans d’aménagement 29
4.10 Les mesures d’accompagnement 30
4.10.1 Renforcement des capacités de l’Administration
4.10.2 Amélioration du cadre règlementaire
4.10.3 Développement d'une politique de communication et de vulgarisation
4.10.4 Développement de la coopération avec les organismes de recherche
5. GESTION DES R ESSOURCES PARTAGEES 31
RECAPITULATIF/CONCLUSION 37
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 4
ACRONYMES
ACP Afrique Caraïbes Pacifique
AEP Approche éco systémique des pêches
AEP Approche éco-systémique des pêches
COREP Commission Régionale des Pêches du Golfe de Guinée
COPACE Comité des pêches de l’Atlantique Centre-Est
CCPR Code de conduite pour une pêche responsable
ERA Environmental Risks Assessment
ERE Evaluation des risques écologiques
FAO Food and Agriculture Organization of the United Nations
GEMCG Grand Ecosystème du Courant de Guinée
ONG Organisation non gouvernementale
PAP Plan d’aménagement des pêcheries
PAS Plan d’action stratégique
PCT Projets de coopération technique
RCA République Centrafricaine
RDC République Démocratique du Congo
RR Rapport de référence
SCS Suivi, contrôle et surveillance
UE Union Européenne
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 5
1. INTRODUCTION
Ce document est élaboré dans le cadre du Projet « Appui à la préparation et à la mise en
œuvre des plans d’aménagement des pêcheries nationales et régionales dans les pays membres
de la COREP - CA-1.3-B5 REL ». Ainsi, comme pays bénéficiaires, il s’agit de l’ensemble
des pays de la zone COREP (Cameroun, Gabon, Guinée Equatoriale, Sao Tome et principe,
Congo, République Démocratique du Congo (RDC) Angola) élargie au Tchad et à la
République Centrafricaine (RCA).
1.1 Contexte
Le secteur halieutique revêt une grande importance sociale et économique pour les pays de la
sous-région. En effet, la pêche y est considérée comme un vecteur privilégié pour la relance
de la croissance et la réduction de la pauvreté. Chacun de ces pays disposent de potentiels
indéniables en matière de ressources halieutiques bien que celles-ci soient inégalement
réparties.
Le potentiel halieutique global de la sous-région est estimé à 1.832.600 tonnes dont
1.055.000 dans les eaux marines. Les profils par pays révèlent d’importantes variations inter
annuelles des captures en partie dues à l’instabilité des ressources en petits pélagiques qui
constituent l’essentiel des 500.000 tonnes environ produits par les pays membres et associés
de la COREP. L’Angola représente à lui seul 66% des captures, puis viennent par ordre
décroissant de niveau des captures le Cameroun, le Gabon et le Congo. La République
Démocratique du Congo (RDC), Sao Tomé et Principe et la Guinée équatoriale forment un
troisième groupe dont les prises marines tournent autour ou en dessous de 5.000 tonnes/an.
Les informations disponibles font apparaître le développement incontrôlé des capacités de
pêche, ce qui a entraîné la surexploitation des principales ressources, et le développement
des affrètements qui contribuent au développement de la pêche INN avec les conséquences
néfastes que cela entraîne dans l’exploitation des ressources.
Le Tchad et la RCA sont des pays sans littoral. Ils disposent de vastes plans d’eau
continentaux dotés d’importantes ressources halieutiques qui nécessitent la mise en place des
plans d’aménagement pour leur bonne gestion. Au Tchad, le potentiel halieutique est évalué
entre 144.000 et 188.000 tonnes par an selon les épisodes pluviométriques. Avec une
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 6
production estimée à 84.000 tonnes de poisson pour l’année 2000, la pêche a contribué à
hauteur de 4,5% au PIB et impliqué plus de 17.600 pêcheurs. En RCA, ce potentiel est évalué
entre 20.000 et 50.000 tonnes par an selon les années. Selon diverses sources, les captures
actuelles se situent entre 14.000 et 20.000 tonnes par an et l’on estime à plus de 99.000 le
nombre total des pêcheurs dont près de 12.427 pêcheurs professionnels spécialisés, les autres
pratiquant à la fois la pêche et l'agriculture.
1.2 Aménagement des pêcheries dans les pays concernés
Dans les pays considérés, la pratique de la pêche est généralement encadrée par les lois sur les
pêches également appelées codes des pêches. Ces instruments qui constituent le fondement
juridique sur lequel repose la gouvernance du secteur, définissent l’autorité de tutelle, les
institutions impliquées et leurs mandats et prérogatives ainsi que des exigences bien définies
en vue de la participation des parties prenantes pour assurer la bonne gouvernance et le
fonctionnement efficace des institutions. Ils fournissent le cadre général concernant la
conservation, la gestion et le développement des pêches. Les mesures de conservation et de
gestion sont détaillées dans les textes d’application qui peuvent être des décrets, des
ordonnances et autres arrêtés. Au niveau sous régional, la fonction d’aménagement est
assurée par les agences sous régionales des pêches comme la COREP dont l’objectif est
d’œuvrer pour l’harmonisation et la coordination des politiques d’aménagement et de
développement des pêcheries. On note également l’existence d’autres partenaires qui
travaillent dans la promotion de l’aménagement des pêches dans la sous-région et les pays. Il
s’agit de missions d’appui dans le cadre de la coopération bilatérale et de la coopération
multilatérale à travers des institutions comme la Banque africaine de développement qui a
développé des actions au Cameroun, au Gabon et au Tchad, de l’UE avec plusieurs initiatives
du Programme ACP Fish II dans la plupart des pays du projet, de la FAO qui a développé
plusieurs projets de coopération technique (PCT) d’appui aux politiques et à l’aménagement
des pêches du Tchad et des pays de la COREP (Cameroun, Congo, Gabon). Au cours des
dernières années, à travers le programme AEP-Nansen, la FAO a également déployé des
efforts considérables pour la promotion de l’approche écosystémique dans l’aménagement des
pêcheries.
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 7
1.3 Les plans d’aménagement des pêcheries dans les pays concernés
Des neuf pays concernés par le projet, seul le Gabon dispose de deux plans d’aménagement
sur les pêcheries continentales du bassin de l’Ogooué élaborés au cours du premier semestre
de l’année 2012 avec l’appui de la BAD. Ce pays et le Cameroun travaillent actuellement sur
la formulation d’un plan d’aménagement de la pêcherie crevettière avec l’appui conjoint du
Programme ACP Fish II et de la FAO. Sous l’instigation du Programme ACP Fish II, un
« Plan Régional gestion des pêches des stocks partagés de Sardinelles du Golfe de
Guinée Sud » est en cours d’élaboration par l’Angola, le Congo, la République du Congo et
le Gabon, pays qui partagent cette ressource au cours de son cycle vital. Dans ce contexte
deux réunions ont été organisées en 2013. La première a eu lieu à Luanda en Angola du 1er
au 5 avril au cours de laquelle les experts des quatre pays ont travaillé sur l’ébauche du plan
régional de gestion des stocks des sardinelles comme le montre l’encadré 1. La deuxième
réunion qui s’est ténue à Libreville (Gabon) du 17 &u 19 juin 13 …..
En général, il apparaît que l’expérience des pays de la sous-région en matière d’élaboration
des plans d’aménagement des pêcheries est très limitée. C’est pour atténuer ce handicap que
la COREP a retenu comme l’une de ses actions prioritaires dans son Plan d’action stratégique
(PAS) 2009-2015 « le renforcement des capacités de gouvernance des pêches à travers la
préparation de plans d’aménagement de pêcheries d’intérêt économique majeur (ressources à
haute valeur ajoutée destinées aux marchés d’exportation) ou d’intérêt commun au sens de
leur contribution potentielle à la sécurité alimentaire ou à des objectifs sociaux ».
2. CONSIDERATIOONS GENERALES LIEES A L’AMENAGEMENT
DES PECHERIES
2.1 Définition
D’après la FAO, l’aménagement des pêcheries peut être défini comme un «Processus intégré
de rassemblement de l'information, d'analyse, de planification, de consultation, de prise de
décisions, de répartition des ressources et de formulation et d'application des règlements ou
des règles qui régissent les activités halieutiques - s'appuyant s'il y a lieu sur des mesures
d'exécution - visant à maintenir la productivité des ressources et à assurer la réalisation des
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 8
autres objectifs de la pêche» (FAO, 1999, p. 8). Plus explicitement, ce processus comporte un
ensemble complexe de tâches variées dont l’objectif est d’obtenir des avantages optimaux
grâce à l’exploitation rationnelle et durable des ressources. Il s’agit de fixer des objectifs pour
Encadré 1 :
Draft 1 du plan régional de gestion des pêches des stocks partagés de Sardinelles du Golfe de Guinée Sud But Préparer le cadre d’une stratégie commune de gestion écologique durable des ressources pélagiques partagées des sardinelles (Sardinella maderensis et S. aurita) entre le Gabon, la R. Congo, la R.D. Congo et l’Angola. Objectif général Contribuer à la gestion durable et équitable des pêcheries devant conduire à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration de la sécurité alimentaire dans les pays concernés (Gabon, Congo, République Démocratique du Congo, Angola). Objectifs spécifiques
Développer un mécanisme régional de gestion des stocks partagés de sardinelles entre plusieurs états côtiers, Gabon, R Congo, RD Congo, et Angola, en respectant les impératifs
écologiques : approche écosytémique des pêches
Promouvoir une gestion commune des ressources, avec comme bénéfices : une connaissance améliorée de la pêcherie et de l’écosystème associé, la non-surexploitation des ressources, une
optimisation de la contribution économique, sociale et nutritionnelle de la pêcherie tout en
assurant une distribution équitable des bénéfices
Promouvoir et/ou stimuler le développement de recherches appliquées contribuant à une gestion durable de ces ressources communes.
Suivre et évaluer la mise en oeuvre du plan d’actions.
Description de la pêcherie
Cet aspect a été abordé par pays en passant en revue les aspects institutionnels et législatifs,
l’état des connaissances sur les stocks des deux espèces, les statistiques des pêches, les
aspects socioéconomiques y compris les données organisationnelles et les aspects
commercialisation.
La réunion a également permis :
L’Identification des axes stratégique à travers la synthèse régionale des matrices des forces et
enjeux, les faiblesses et les contraintes
Le recensement des mesures d’accompagnement
L’analyse semi-quantitative des risques,
L’analyse des coûts-bénéfices,
La mise en œuvre du plan d’action
Source : ACP Fish II
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 9
chaque pêcherie ou stock à gérer; déterminer des mesures de collaboration entre les
gestionnaires des pêcheries et d’autres parties prenantes pour atteindre les objectifs fixés,
promouvoir des consultations et des négociations avec les utilisateurs des ressources, revoir
régulièrement de façon participative les objectifs et les mesures fixés pour s’assurer qu’ils
restent appropriés, et faire des rapports aux parties prenantes y compris aux gouvernements
sur l’état des ressources et les résultats obtenus grâce à l’aménagement.
2.2 Buts
L’aménagement des pêcheries vise en règle générale un certain nombre de buts qui peuvent
être classés en quatre catégories, à savoir les buts biologiques, écologiques, économiques et
sociaux ainsi qu’il suit :
a) biologiques pour maintenir les espèces visées au niveau ou au-dessus du niveau
nécessaire pour assurer leur productivité continue;
b) écologiques pour minimiser les incidences de la pêche sur l'environnement
physique et sur les espèces non visées (prises accessoires), associées et
dépendantes;
c) économiques pour maximiser les revenus nets des pêcheurs participant à la
pêcherie;
d) sociaux pour garantir les perspectives d'emploi pour ceux dont les moyens
d’existence dépendent de la pêche.
Il est essentiel d'identifier ces buts pour préciser comment les ressources halieutiques seront
utilisées au profit de la société, et ces buts devront être convenus et consignés à la fois au
niveau politique et pour chaque pêcherie. En aménagement des pêcheries, il est nécessaire de
prendre également en compte un certain nombre de concepts et considérations pour une
meilleure atteinte des buts et objectifs visés.
2.3 Considérations biologiques et environnementales
Les populations biologiques et les stocks sont susceptibles de croître en abondance et en
biomasse et une pêche responsable ne doit pas permettre de récolter en moyenne plus de
ressources biologiques que ne peut remplacer la croissance du stock. Il s’agit d’éviter le risque
d’épuisement biologique qui peut entrainer des pertes économiques inacceptables et
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 10
l’extinction de la pêcherie. Les responsables de la gestion des pêcheries doivent éviter la
surexploitation des ressources et tenir compte des interactions entre les différentes espèces qui
les composent, par exemple, par le biais de la chaîne trophique. L’aménagement devrait
également considérer les conditions environnementales car elles influent sur les
caractéristiques fonctionnelles des écosystèmes notamment la composition, l’abondance et la
distribution des communautés ichtyologiques à travers le recrutement, la croissance, la
reproduction et la mortalité. L’aménagement devrait aussi évaluer l’impact des actions
anthropiques sur les ressources halieutiques et leur habitat et adopter des mesures pour
remédier aux effets néfastes. Sur ce point, il est nécessaire d’insister sur les pêches
continentales qui sont particulièrement sensibles aux facteurs qui influent sur la qualité de
l’eau. La pratique de la pêche entraîne des dommages physiques sur l’écosystème en
exploitant des espèces cibles et des espèces accessoires. Par conséquent, l’aménagement des
pêcheries doit tenir compte de l’impact des activités halieutiques sur l’ensemble de
l’écosystème y compris sa diversité biologique.
2.4 Considérations à caractère technologique
Les acteurs de la pêche font recourt à une multitude de technologies et d’engins pour exercer
leurs activités, ce qui contribue au développement de l’effort de pêche à l’origine de la
mortalité par pêche. Comme le constate la FAO (2006), un problème fondamental dans de
nombreuses pêcheries est l'existence d'un effort excessif, ce qui pousse souvent en
permanence le gestionnaire des pêcheries à dépasser le niveau raisonnable de mortalité par
pêche d'une ressource. Il est souvent difficile de résister aux pressions sociales et politiques
visant à fournir de l'emploi et des perspectives d'avenir à tous ceux qui ont un intérêt dans la
pêcherie, et cela conduit directement à la surexploitation. L’aménagement doit s’atteler à
suivre l’effort de pêche et édicter des mesures pour le limiter à un niveau acceptable qui ne
compromette pas la capacité de renouvellement des stocks.
2.5 Considérations sociales et économiques
Il est bien connu que la pêche revêt un rôle économique et social indéniable. Considérer ces
deux dimensions dans l’aménagement des pêcheries revient à étudier son effet sur les
individus et la manière d’obtenir des avantages opportuns pour les parties intéressés ou les
groupes d’intérêt et pour la société en générale. Groupes d’intérêts et parties intéressées
incluent les communautés de pêche, les consommateurs et d’autres entités ou personnes qui
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 11
peuvent être touchés indirectement par des décisions concernant l’aménagement des
pêcheries. La dimension sociale englobe tout une série de variable à caractère humain
(emplois, conflits, relations entre les individus, moyens d’échange, motivations individuelles
ou de groupes, attitude de ces groupes vis-à-vis des mesures d’aménagement). Quant à la
dimension économique, on peut considérer la contribution des pêches à l’économie locale et
nationale à travers des recettes et diverses taxes, de même qu’aux objectifs de politique
générale telles que la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté.
2.6 Concepts et fonctions institutionnels
En matière d’aménagement des pêcheries, les Etats sont appelés à désigner au niveau national
une entité juridique chargée d’aménagement dont le mandat est d’assumer certaines fonctions
particulières dans ce domaine. Cette institution est souvent un département au sein du
ministère en charge de la pêche, s’occupant des problématiques liées à la pêche. Au niveau
régional, il existe des agences sous régionales à l’instar de la COREP ou de la CEBEVIRHA.
Une telle institution a pour fonction principale de déterminer et de faire appliquer les règles de
gestion de la pêcherie concernée conformément aux objectifs fixés. Une fois établies, les
règles doivent être intégrées par l’Etat ou les Etats dans le régime juridique en vigueur.
D’autres fonctions de cette institution peuvent comprendre l’identification des parties
intéressés, la supervision de la formulation des objectifs d’aménagement, la traduction en
collaboration avec les parties intéressées, des objectifs en plans d’aménagement, l’application
des mesures d’aménagement, la coordination de la collecte et l’analyse des informations et
des données que requiert une gestion responsable des données, et la négociation avec les
utilisateurs d’autres ressources ayant des répercussions sur les pêcheries concernées. La figure
1 illustre ces fonctions et responsabilités d’une autorité d’aménagement des pêcheries. Il est
important de préciser le domaine de compétence, les ressources halieutiques, les pêcheries et
les zones géographiques dont l’autorité d’aménagement est responsable. Pour des raisons
d’efficacité, l’autorité d’aménagement peut être démembrée en organes subsidiaires
(administrations, groupements locaux, comités de gestion, etc.) auxquels certaines fonctions
sont déléguées. Dans ce cas, il faut s’assurer de l’existence de liens de communication,
d’interaction et de retour d’information efficaces entre les diverses composantes de l’autorité
d’aménagement. Les autorités d’aménagement doivent créer des mécanismes de coopération
si leurs zones de compétence respectives se chevauchent. Un élément de cette coopération
doit consister à rassembler d’une manière uniforme les données biologiques,
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 12
socioéconomiques et environnementales pertinentes pour l’ensemble des ressources
concernées et les échanger.
Figure 1 : Fonctions et responsabilité d’une autorité d’aménagement des pêcheries
Source : FAO 2005
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 13
2.7 Considérations légales
Le responsable chargé de l’aménagement des pêcheries doit être au courant des lois et
règlements qui régissent les pêcheries relevant de sa juridiction. Il s’agit du régime juridique
en vertu duquel la pêcherie devrait fonctionner et être aménagée. Ces instruments
comprennent la législation nationale (lois nationales, lois locales, réglementations et
coutumes) et tout instrument juridique international pertinent. La législation nationale de base
fixe les principes et la politique en matière de pêche, et elle est habituellement approuvée par
le corps législatif du pays souvent représenté par l’Assemblée Nationale dans les pays de la
sous-région. Elle peut donner des détails sur la mise en œuvre de certains aspects de la
politique qui sont considérés particulièrement importants ou délicats, et devrait mentionner
l'élaboration des plans d'aménagement des pêcheries et les procédures destinées à la
planification. La législation de base est en général décrite dans la loi ou code sur la pêche ou
toute loi équivalente. La législation de base fournit généralement les moyens juridiques
permettant d'élaborer des procédures et des réglementations détaillées. Les lois auxiliaires, ou
la législation dite subsidiaire, sont souvent appelées règlements, ordres, proclamations, etc.
Elles comprennent les mesures de contrôle qui doivent fréquemment être révisées, en général
chaque année, par exemple les licences, les restrictions visant les engins, la fermeture de
zones et de saisons de pêche, ainsi que les contrôles des moyens de production et de la
production.
2.8 Approche de précaution
D’après le CCPR, les Etats devraient appliquer largement l’approche de précaution à
l’aménagement des pêcheries afin le protéger les ressources halieutiques et le milieu qui les
héberge. Le Code insiste sur le fait que le manque d’informations scientifiques ne peut servir
de prétexte à l’inaction et que l’approche de précaution incite à prendre des mesures
d’aménagement sur la base des données les plus fiables disponibles.
3. DONNEES ET INFORMATIONS NECESSAIRES A
L’AMENAGEMENT DES PECHERIES
Un aménagement responsable des ressources est basé sur des données et des informations
fiables et pertinentes. Ces dernières sont souvent rassemblées par les institutions de recherche
halieutiques qui appuient les administrations chargées de l’aménagement des pêcheries en
produisant des informations nécessaires à la prise des décisions en matière d’aménagement.
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 14
Le tableau 1 récapitule les données normalement nécessaires à l'aménagement. Le besoin de
données est fonction des questions et des objectifs opérationnels que le responsable de
l’aménagement doit examiner. Ces questions pourraient être résumées ainsi qu’il suit :
Les captures actuelles de la pêcherie sont-elles durables et représentent-elles une
bonne utilisation de la ressource?
Les méthodes actuelles de pêche évitent-elles toute incidence dommageable et
irréversible sur les espèces non visées de l'écosystème?
Les activités halieutiques actuelles ont-elles une incidence concrète minimale sur
l'habitat physique?
Les activités autres que halieutiques exercées sur les lieux de pêche et dans
l'écosystème qui les soutient sont-elles bien gérées, de façon à éviter une incidence
dommageable et irréversible sur l'écosystème, notamment les habitats vitaux?
La pêcherie est-elle dirigée de façon responsable et efficace sur le plan économique,
en respectant les buts et les priorités économiques du pays ou de la région?
Les populations qui sont tributaires de la pêcherie pour leurs revenus et leurs moyens
d'existence tirent-elles un profit suffisant et utile de leurs activités liées à la pêche?
L’aménagiste devrait être capable de répondre à toutes ces questions en utilisant de bonnes
informations exactes et récentes, notamment les informations vérifiables. Les données
recueillies dans la pêcherie représentent d'ordinaire la principale source d'informations dont
dispose le gestionnaire. Ces données se répartissent en plusieurs catégories, qui sont
présentées au tableau 1; elles peuvent être d'ordre biologique, écologique, économique, social
et institutionnel, et on peut les résumer en se posant les simples questions ci-après que
l’aménagiste devrait toujours garder à l'esprit.
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 15
Tableau 1 : Quelques données de base nécessaires à la gestion des pêcheries.
Objectifs Données nécessaires
Biologiques Quantité totale débarquée par principale espèce, par flotte et par an
Effort total, par flotte et par an
Composition par longueur et/ou âge des poissons débarqués pour les
principales espèces
Rejets des principales espèces, par flotte et par an
Composition selon la longueur et/ou âge des rejets, par espèce, par
flotte et par an
Zones exploitées par chaque flotte
Ecologiques Captures totales d’espèces pêchées accidentellement (y compris les
espèces rejetées) ou d’espèces choisies comme indicateurs, par flotte
et par an
Composition selon la longueur et/ou l’âge des captures d’espèces
pêchées accidentellement ou d’espèces choisies comme indicateurs
Incidence des engins et des activités de pêche sur l’habitat physique
Modifications des habitats vitaux entraînées par des activités non
halieutiques
Economiques Revenu moyen par unité de pêche et par an, pour toutes les flottes
Coûts par unité de pêche et par an
Rentabilité de chaque flotte (faute de données économiques détaillées,
on peut se fonder sur des entretiens ou d’autres sources d’informations
analogues)
Destination des débarquements de chaque flotte et détermination de la
dépendance de la pêcherie à l’égard d’autres segments de la
communauté (industriels, grossistes, etc.)
Sociaux Nombre total de pêcheurs employés dans chaque flotte
Nombre total de personnes employées dans des activités halieutiques
ou à terre, par flotte, et par sexe et groupe d’âge le cas échéant
Dépendance des pêcheurs et des travailleurs à terre pour leurs moyens
d’existence pour chaque flotte
Source : FAO 2005
Les méthodes de collecte des données varient considérablement en fonction par exemple de la
pêcherie, du personnel et des moyens disponibles pour la collecte. Les données collectées
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 16
doivent être vérifiées, standardisées et diffusées rapidement selon des règles de confidentialité
absolue.
4. PROCESSUS D’ELABORATION ET DE MISE EN ŒUVRE DE PLANS DE
GESTION DES PECHERIES
Il est généralement admis qu’un plan d’aménagement ou de gestion d’une pêcherie (PAP) est
un arrangement formel ou informel entre une autorité responsable des pêches et les parties
prenantes ou parties intéressées, qui identifie les partenaires dans la pêcherie et leurs rôles
respectifs, définit en détail les objectifs convenus pour la pêcherie, spécifie les règles et
réglementations applicables à celle-ci, et précise d’autres détails concernant la tâche
incombant à l’organisme de gestion. Le PAP est donc un outil de gestion qui doit être en
accord avec la politique des pêches du pays. Il fournit les orientations au travers des buts de
gestion et des objectifs opérationnels. La FAO indique que la politique nationale des pêches,
si elle existe, devrait définir l’éventail des obligations minimales qu’un plan d’aménagement
des pêcheries devrait prévoir et déterminer dans les grandes lignes le type d’informations
nécessaires à inclure dans un PAP. En revanche, il convient de laisser une très grande liberté
d’action en ce qui concerne le contenu d’un PAP de façon à le réviser pour l’adapter aux
besoins particuliers des gestionnaires de chaque pêcherie. L’administration des pêches qui en
est le maitre d'ouvrage doit assurer la participation dans sa formulation, de tous les acteurs
concernés par son exécution.
L’élaboration d’un plan d’aménagement des pêcheries nécessite la création et la mise en place
d’une structure de suivi. Placée sous l’autorité en charge de l’aménagement, cette structure
peut être un comité de pilotage/suivi ou un groupe de travail qui doit être composée d’une
équipe multidisciplinaire constituée de représentants de l’administration des pêches, de la
recherche, de la société civile et des communautés de pêche. Ce groupe restreint élabore un
document préliminaire qu’il fera circuler à un auditoire élargi pour commentaire et
validation.
Au cours des dernières années, on a privilégié une gestion tenant compte de l'écosystème en
appliquant l’approche éco-systémique des pêches (AEP) telle que recommandée à la
Conférence de Reykjavik en 2001 contrairement à une gestion des pêcheries axée
essentiellement sur une seule espèce ou une seule pêcherie isolée. Le but de l’approche éco
systémique des pêches (AEP) consiste à planifier, développer et gérer les pêcheries de
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 17
manière à traiter les besoins et désirs multiples des sociétés, sans mettre en péril les options
permettant aux générations futures de bénéficier de l’ensemble des biens et services fournis
par les écosystèmes aquatiques. La gestion éco systémique devrait se conformer aux principes
ci-après:
• Maintenir l’intégrité des écosystèmes
• Améliorer le bien-être des êtres humains et l’équité
• Appliquer l’approche de précaution aux niveaux de la prise de décision et de l’action
• Respecter les rapports écologiques entre espèces capturées, espèces dépendantes et
espèces associées
• Elaborer des systèmes de gestion adaptative
• Garantir la compatibilité des mesures de gestion dans toute l’aire de répartition de la
ressource
• Elargir la participation des parties prenantes
• Promouvoir l’intégration sectorielle
• Améliorer la recherche afin de mieux comprendre les écosystèmes dans toutes leurs
composantes
• Baser les décisions de conservation et de gestion sur les meilleures connaissances
disponibles.
La mise en pratique de l’AEP implique les étapes suivantes :
i. l’identification de la portée ou champ d’application du plan d’aménagement ;
ii. la définition des grands objectifs de la pêche ;
iii. l’identification des objectifs opérationnels par le biais d’une évaluation
préliminaire des problèmes associés à la pêcherie. Ces derniers doivent être classés
par ordre de priorité. L’évaluation des problèmes a comme repère les objectifs
d’orientation de haut niveau (économiques, sociaux, environnementaux) reflétés
dans les lois nationales sur les pêches et sur l’environnement ainsi que les
documents d’orientation des politiques sur l’économie nationale et locale ;
iv. la définition des outils de gestion pour l’écosystème et les parties prenantes :
indicateurs, points de référence et règles ;
v. l’analyse coûts- bénéfices ;
vi. l’élaboration d’un processus de suivi ;
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 18
vii. la validation du plan d’aménagement par les parties prenantes.
4.1 Identification de la portée du plan d’aménagement
La couverture spatiale du plan d’aménagement doit coïncider avec un écosystème précisément
défini. Bien que les écosystèmes ne soient pas des entités clairement identifiés et dotées de
frontières univoques, une délimitation préliminaire de la zone concernée est nécessaire ne
serait-ce que pour permettre d’identifier les parties prenantes qui ont des intérêts communs ou
divergents (analyse des parties prenantes). Les interrogations suivantes peuvent aider à mieux
circonscrire le problème ;
– Quelle est la pêcherie visée, quelles sont les espèces pêchées et pourquoi doit–on la
gérer?
– Quelles sont les zones géographiques concernées ?
– Quelles sont les parties prenantes (pêcheurs/personnes impliqués -ou pas) et existe-il
des conflits potentiels entre les groupes de parties prenantes ?
– Quelles sont les agences impliquées dans la gestion et quelle autorité ces agences
possèdent-elles.
« L’approche éco systémique devra reconnaître les pêcheries, les entités de gestion et les
juridictions existantes, et s’appuyer, le cas échéant sur celles-ci pour s’assurer que la gestion
reconnaît les frontières de l’écosystème et en tient compte » (FAO, 2006, P.72).
4.2 Elaboration du rapport de référence
Le rapport de référence (RR) décrit la pêcherie. Il est obtenu à partir de l’analyse du contexte dans
lequel se pratique la pêche. Sa préparation doit être menée par des personnes expérimentées
sous la responsabilité du comité de suivi dont les membres devraient constituer une équipe
pluridisciplinaire comprenant des chercheurs, des représentants de l’administration des
pêches et des communautés de pêche, des ONG, et d’autres parties prenantes. Le rapport de
référence donne un état des lieux de la pêche (diagnostic) avant l’introduction d’un plan de
gestion de la pêcherie concernée. Il devra être un document de référence pour la planification
de l’approche éco systémique des pêches (AEP) et fournir des repères pour le
suivi, l’évaluation et la gestion des activités AEP. Le rapport de référence doit contenir des
informations pertinentes sur tous les aspects de la pêcherie et de l'écosystème sélectionnés y
compris la dimension humaine et être compilé et analysé pour permettre la formulation des
objectifs plus détaillés de la pêche. Autrement dit, il doit fournir une description de la
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 19
situation actuelle de la pêche et avoir les informations de base suivantes:
Cadres politique, institutionnel, réglementaire et administratif dans lesquels la pêche
est pratiquée
Aperçu de la pêcherie et des ressources exploitées
Connaissances scientifique et traditionnelle disponibles sur les ressources
Prises annuelles et évaluation de l'importance de la pêche dans l'économie nationale
Ensemble complet des mesures de gestion/ outils de base de la gestion halieutique en
vigueur
Evaluation de l'efficacité des mesures de la gestion actuelle par rapport à la pêche elle-
même, y compris l'efficacité pour assurer l'utilisation durable
SCS - disponibilité, respect et efficacité
Informations sur les acteurs et leurs organisations
Activités post-capture
Revenus alternatifs
Forums existants pour les discussions sur l'aménagement, etc.
D'autres informations jugées importantes peuvent être ajoutées dans le rapport de référence. Il
s’agit de données et analyses socioéconomiques, d’informations sur l'environnement et
d’autres secteurs qui peuvent interagir avec la pêche.
Dans le cas où une pêcherie principale comprend différentes flottilles ou métiers (comme par
exemple le chalut de fond, des filets, des lignes à main d’une pêcherie démersale), il sera
nécessaire de fournir des informations pertinentes pour d’une part chaque métier et d’autre
part pour l’ensemble de la pêcherie.
Bien que certaines parties du rapport puissent être élaborée individuellement, il sera
néanmoins nécessaire que l’ensemble du rapport soit discuté au sein du comité de suivi afin
d’avoir l’approbation/validation du groupe. L’objectif est d’élaborer un document qui puisse
être accepté par toutes les principales parties prenantes intégrant ainsi le point de vue partagé
de tous et qui pourra être utilisé comme base pour le développement d’un plan
d’aménagement. .
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 20
Les préoccupations suivantes sont à prendre en compte dans le processus d'élaboration du
RR :
Existe-il un plan d’aménagement; dans le cas contraire y a-t-il un objectif de
facto pour la gestion de la pêche?
Quel est le cadre administratif pour gérer les pêcheries ?
Quelle est la pêcherie visée, quelles espèces sont pêchées et pourquoi doit-on
les gérer?
Quelles sont les méthodes de pêche utilisées et quelles zones géographiques
sont concernées ?
Quelles sont les parties prenantes et existe-il des conflits potentiels entre elles ?
Quelles agences sont, ou doivent être impliquées et quelle autorité ces agences
possèdent-elles ?
Quelles capacités, compétences et connaissances sont disponibles ?
A-t-on des ressources, la coopération et tout l’appui nécessaires aux niveaux
appropriés pour entreprendre la planification ?
Quelle est l’unité de gestion la plus judicieuse étant donné la législation et la
politique en vigueur ?
Examiner les données sur les captures et la commercialisation, l'effort, les
engins, et l'effectif de la flottille
Décrire les interactions entre espèces (espèces cibles, espèces accessoires)
Etat des connaissances sur les ressources
Emplois et autres données socioéconomiques sur la pêche
Contribution de la pêche au PIB national
Outils de gestion en vigueur et leur efficacité dans la formulation des mesures
de gestion
Problèmes rencontrés dans la mise en application ou de la réglementation
Présence ou absence de mécanismes d’évaluation et de suivi
Présence d'un forum pour l'échange d’informations.
4.3 Fixation des objectifs de la pêcherie
Le rapport de référence a permis d’aborder un certain nombre de questions pertinentes qui
justifient la mise en œuvre d’un plan de gestion. En traitant l’ensemble de ces questions, les
grands objectifs de la pêcherie définissent les résultats que l’on voudrait obtenir de ce plan de
gestion. Ces grands objectifs constituent le lien entre les principes, les objectifs d’orientation
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 21
et la description détaillée de ce qu’une pêcherie donnée cherche à réaliser. Par exemple, sur
la base des conditions générales d’une politique des pêches, les objectifs de gestion d’une
pêcherie donnée pourraient être les suivants : (i) favoriser l’emploi, (ii) maximiser les recettes
nettes, ou (iii) maintenir les habitats et les prises accessoires à des niveaux écologiquement
viables. Pour la fixation des objectifs, les responsables chargés de la mise en œuvre des
politiques devraient être consultés.
4.4 Identification des problèmes
Cette étape est centrale à l’ensemble du processus de l’AEP. Elle consiste à identifier et
évaluer tous les problèmes importants associés à la pêcherie à travers chaque composante de
l’AEP (bien-être écologique, bien-être humain et capacité de réalisation). La portée de
l’évaluation, notamment les activités et secteurs inclus et les valeurs sociétales escomptées,
affectent la détermination des problèmes qui devront finalement être gérés. Ainsi, étant donné
que les types de pêcheries de la sous-région sont extrêmement divers, les résultats seront très
variés et chaque pêcherie aura très certainement un ensemble unique de problèmes. Pour aider
à déterminer l’ensemble des problèmes, on utilise souvent des arbres de composantes couvrant
chacune des sept zones-clés de l’AEP (Figure 2). Chacune d’elles possède un arbre/une liste
détaillé (e) de composantes génériques dans lesquelles de nombreux problèmes potentiels ont
été inclus d’après l’expérience des problèmes souvent pertinents pour les pêcheries opérant
dans la région ouest africaine. Pour la gouvernance par exemple, la figure 3 illustre les
problèmes répertoriés.
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 22
Figure 2: Les sept composantes clés de l'arbre générique de l'AEP (source : FAO, 2006)
Espèces retenues
Espèces non-retenues
Ecosystème général
Bien-être écologique
Communauté
National
Bien-être social et économique
Gouvernance
Facteurs externes
Capacité de réalisation
AEP (Pêcherie)
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
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Figure 3 : Composantes génériques de la gouvernance (source : Rapport ERA Togo, senne de plage)
La gouvernance fait appel à deux préoccupations majeures, la situation liée à l’aménagement
et les éléments concernant la consultation. La composante "Aménagement" fait ressortir le
faible niveau des institutions et de la législation, des ressources humaines et de la mise en
œuvre du suivi, contrôle et surveillance (SCS). La composante "Consultation" montre que les
GOUVERNANCE
AménagementConsultation
Législation : Loi de 1984 sur la pêche
sans décrets d’application
Absence de plan de gestion des pêcheries
maritimes et notamment des sennes de plage
SCS : Faible opérationalité du SCS
Cadre Instittutionnel : Déficit de coordination
au niveau stratégique et opérationnel
Insuffisance des ressources humaines et faible
allocations budgétaires
Sous estimation de la contribution du secteur
à l’économie nationale
Industrie : Pas d’ implication des usines
de fabrication, propriétaires d’engins.
Communautés : Faible implication des
Organisations socioprofessionnelles
Inter-institutions: Faible coopération
Ministerielles (DGAMP, Environnement,
Recherches)
ONGs : Absence d’implication des ONG
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 24
différentes parties prenantes (ONG, ministères et communautés) ne sont pas suffisamment
associées à la gestion.
L’identification des problèmes se fait lors d’un atelier sur l’évaluation des risques écologiques
(ERE ou ERA pour Environmental Risks Assessment) regroupant plusieurs types de parties
prenantes. Chacune des composantes permet d’identifier en détail les problèmes pertinents
correspondants avec l’aide de la documentation disponible (cf. rapport de référence, etc.) et de
l’expérience des participants particulièrement les membres de la communauté de pêche. Il est
important de fournir les détails sur la manière d’identifier tous les problèmes relatifs à la
durabilité de la pêcherie dans le contexte de l’AEP. Pour y parvenir il est nécessaire de se
poser un certain nombre de questions liées aux principales composantes de l’AEP. Par
exemple, pour le bien être écologique et humain et la capacité de réalisation, on retient ce qui
suit :
Problèmes relatifs au bien-être écologique
• Quels sont les principales espèces ou principaux groupes d’espèces capturés par la
pêcherie ?
• Certaines espèces sont-elles pêchées non intentionnellement ?
• Certaines espèces particulières sont-elles pêchées ?
• La pêcherie endommage-t-elle l’habitat ?
• Affecte-t-elle l’écosystème de manière plus générale ?
• L’environnement affecte-t-il la pêcherie ?
• Existe-t-il d’autres impacts provoqués par l’homme sur la pêcherie ?
Problèmes relatifs au bien-être humain
• Quels sont les problèmes sociaux et économiques générés par la pêcherie et affectant
- Les pêcheurs ?
- La communauté locale ?
- La communauté nationale ?
• Quels résultats la communauté souhaite-t-elle avoir générés dans le futur ?
• Cet aspect se rapportera aux valeurs de la communauté identifiées dans la phase de
détermination de la portée.
• Lorsqu’une décision de gestion peut avoir un lourd impact social, des mesures
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 25
devraient être prises pour aider la communauté. De quels types sont-elles ?
• Lorsque deux options de gestion ou plus sont possibles et tout aussi bénéfiques en
termes écologiques, la compréhension des impacts sociaux permettrait aux
gestionnaires de choisir l’option occasionnant un impact moindre sur la communauté.
Problèmes relatifs à la capacité de réalisation/réussite
• Quels sont les systèmes de gouvernance en vigueur ou nécessaires pour gérer les
impacts écologiques et générer des avantages sociaux et économiques ?
• On devrait inclure dans la gestion halieutique, le gouvernement, les agences, les
pêcheurs et la communauté de pêche toute entière.
• Quels sont les facteurs extérieurs non contrôlés par la gestion des pêches qui peuvent
affecter la performance de la pêcherie ?
• Ceux-ci comprennent d’autres entités et forces au niveau naturel.
4.5 Hiérarchisation des problèmes
Cette tâche est exécutée dans le cadre de l’atelier d’évaluation des risques écologiques (ERE).
Souvent les problèmes identifiés sont nombreux et n’ont pas la même importance. Ils ne
nécessitent pas tous une gestion explicite et bien souvent les ressources sont insuffisantes
pour commencer à tous les gérer. Il est donc nécessaire de conduire un processus de
classement par ordre de priorité pour chacun des problèmes identifiés afin de déterminer le
niveau de réponse approprié. Pour commencer, le mieux est d’utiliser une ou plusieurs
méthodes d’évaluation des risques, le risque étant défini comme la probabilité qu’un
événement indésirable se produise, en rapport avec un objectif préalablement fixé autrement
dit, c’est l’effet de l’incertitude sur la réussite des objectifs. Dans le cas de l’AEP,
l’évaluation des risques pose la question suivante: Quel est le risque que le système actuel de
gestion halieutique n’atteigne pas les objectifs fixés pour chacun des problèmes identifiés ?
Ainsi, pour évaluer les risques, on doit savoir quels objectifs on veut atteindre, identifier les
sources des risques, évaluer leurs conséquences/impacts et la probabilité que ces
conséquences ont de se produire. L’évaluation des conséquences et des probabilités peut être
qualitative (c’est-à-dire descriptive), semi-quantitative ou quantitative. L’évaluation semi-
quantitative des risques permet de vérifier l’envergure d’un problème. La valeur du risque est
donnée par la formule suivante : valeur du risque = conséquence (impact) x probabilité.
Par conséquent, l’évaluation des risques peut être parfaitement réalisée quel que soit le niveau
d’informations disponibles. Pour un problème identifié, les conséquences/impacts et les
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 26
probabilités sont alors évaluées selon une échelle allant de 1 à 4 correspondant à 4 niveaux
ainsi que décrits dans les tableaux ci-après.
Tableau 2 : Evaluation de l’impact
Valeur Niveau Description de l’impact
1 Mineur Possible, détectable mais minimal
2 Modéré Niveau maximum acceptable
3 Majeur Au-delà de la limite acceptable. Impacts négatifs à long terme
4 Extrême Très sérieux, nécessitant probablement une longue période de restauration/récupération avant le retour à la normale
Source : Adapté d’après Projet EAF Nansen
Tableau 3 : Evaluation des probabilités
Valeur Niveau Description de la probabilité
1 Eloigné Probabilité insignifiante
2 Improbable Evidence que le problème pourrait se produire
3 Possible Pourrait se produire
4 Probable Devrait se produire
Source : Adapté d’après Projet EAF Nansen
La valeur du risque est donnée pour chaque problème évalué par le produit de la valeur de
l’impact par celle de la probabilité. Un tableau croisé donne le niveau de risque en fonction
de la note obtenue. Pour chaque niveau de risque, on a un niveau de réponse déterminé en
matière de gestion. A cet effet, on distingue trois (3) niveaux de risques et deux niveaux de
réponse en matière de gestion ainsi que présenté dans le tableau ci-après.
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 27
Tableau 4 : Illustration des réponses de gestion selon le niveau du risque
Classement du risque
Valeur du risque
Echelle de risque
Réponse éventuelle de gestion
Type de rapport
Faible 1-4 1 Juste ce qui est nécessaire Justification
Modéré 6-8 2 Actions de gestion spécifiques requises
Rapport de performance
Extrême ou Elevé
9-16 3 Actions de gestion supplémentaires (circonstances exceptionnelles)
Rapport de performance
Source : Source : Adapté d’après Projet EAF Nansen
4.6 Identification des objectifs opérationnels et sélection des indicateurs et des points
de référence
Pour les problèmes ayant une priorité modéré ou élevée, il faudra identifier les objectifs
opérationnels et élaborer un rapport de performance dont un exemple est présenté au tableau
5. Certains éléments de ce rapport seront pris en compte dans le plan d’aménagement (cadre
logique). Ainsi, il s’agira de définir les objectifs opérationnels et de convenir d’indicateurs et
de points de référence de façon à pouvoir identifier des mesures de gestion appropriées pour
atteindre les objectifs fixés. L’AEP reprend les points de référence et les indicateurs
classiques de l’approche mono spécifique et les complète par d’autres correspondants aux
objectifs opérationnels écologiques, sociaux et économiques. Le processus permettant la
définition des objectifs opérationnels, la sélection des indicateurs et des points de référence
devrait être aussi participatif et transparent que possible afin que les parties prenantes
puissent se les approprier au mieux et les respecter. A la fin du processus, il est nécessaire
d’élaborer un cadre logique dont un exemple est donné au tableau 6.
Tableau 5 : Rapport de performance (Source : ERE Togo, senne de plage)
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 28
4.7 Définition des règles ou mesures de gestion
Titre du rapport de performance : Problème 1 : Surexploitation des stocks des
ressources halieutiques
1. Raison d’inclusion – Résultat
d’évaluation du risque (Valeur des risques
est 16, donc risques extrêmes)
En raison de la forte pression de pêche sur les stocks
pélagiques et démersaux, avec un taux élevé des captures
de juvéniles. Les données disponibles montrent que ces
stocks sont pleinement exploités ou surexploitation. Il y a
donc risque très élevé d’épuisement des ressources.
2. Objectif opérationnel (plus
justification)
- Indicateur(s)
- Mesure de performance/points de
référence
Réduire les prises d’ici 5 ans en augmentant les mailles
des filets et en réduisant l’effort de pêche
o Taux de juvéniles,
o Taille des mailles,
o Nombres de pirogues et sennes
o Fréquence des sorties
o Réduction de 10% des captures
o Réduction de 2% de sennes, de pirogues par an
o Réduction de 10% du nombre de sorties par an
3.Evaluation
Evaluation annuelle
4. Réponse de gestion des pêcheries
- Actuelle
- Future
- Mailles des filets à la poche de 10 mm, mais la
règlementation actuelle les fixe à 20 mm
- Fréquence des sorties (3/jours)
-Nombre de pirogues : 53
- Nombre de sennes : 54
- Captures : 16 % des captures de la pêche maritime
artisanale, soit environ 3500T/an
- Augmenter les mailles des filets à 25 mm
- Réviser la loi et ses textes d’application sur la pêche
- Réduire la fréquence des sorties (1/jour)
- Diminuer le nombre de sennes de 7 d’ici 5 ans.
- Diminuer le nombre de pirogues de 6 d’ici 5 ans.
- Valoriser les Captures
- Délimitation d’une aire marine protégée de part et
d’autre du gazoduc
- Autres actions si les limites de
performance sont dépassées
- Instauration de repos biologique de 6 mois
- Recherche d’activités génératrices de revenus (AGR)
- Développement de l’aquaculture,
- Restauration et création des mangroves
5. Autres problèmes – Facteurs externes
- Immigration des pêcheurs et croissance élevée de la
population dans des zones côtières
- Situation politique
- Disponibilité financière
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 29
Une fois que les objectifs opérationnels ont été convenus, on peut mettre au point une
stratégie d'aménagement, constituée de toute une série de mesures de gestion différentes, afin
d'atteindre ces objectifs. Une mesure d'aménagement est l'outil le plus petit en matière de
gestion des pêcheries. Il s'agit de tout type de contrôle mis en œuvre pour aider à atteindre les
objectifs biologiques, écologiques, économiques et sociaux de la pêcherie. Les mesures
d'aménagement sont classées en mesures techniques, contrôles des moyens de production
(effort) et de la production (captures), et tous droits d'accès concernant les contrôles des
moyens de production et de la production. Les mesures techniques peuvent être subdivisées
en réglementations sur les types ou la conception des engins, ainsi que sur les restrictions
géographiques ou saisonnières. Le maillage légal minimal, la fermeture saisonnière de la
pêche, le total admissible de capture (TAC), la limite du nombre total de navires dans une
pêcherie et le système d'octroi de licences visant à respecter cette limite sont autant
d'exemples de mesures d'aménagement.
4.8 Elaboration d’un processus de suivi et d’évaluation
Pour apprécier l’efficacité de la stratégie d’aménagement par rapport à la réalisation des
objectifs convenus, le plan de gestion éco systémique devrait prévoir des examens périodiques
participatifs à court et long terme. Ces examens devraient évaluer les progrès réalisés et
identifier les éventuels problèmes rencontrés et y remédier. Des rapports d’avancement
devraient être élaborés par des experts techniques sur la base des données et information
rassemblées dans le cadre du programme de suivi du plan de gestion. Les examens à court
terme effectués annuellement peuvent donner lieu à des ajustements mineurs des mesures de
gestion. En revanche, les examens à long terme intervenant tous les 3 à 5 ans peuvent
conduire à la réévaluation de tout le plan de gestion en vérifiant notamment si les objectifs
opérationnels sont toujours pertinents et appropriés.
4.9 Evaluation des coûts et bénéfices des plans d’aménagement
La réalisation d’une étude d’évaluation des coûts et des bénéfices est une étape qui permet de
mieux mesurer les enjeux liés à l’introduction et à la mise en œuvre d’un plan
d’aménagement. Il s’agit d’examiner les séries de mesures d’aménagement adoptées (pour
chaque objectif de gestion) pour déterminer celle qui convient le mieux à la pêcherie en
termes de bien-être humain et écologique et de richesse économique découlant d’une
exploitation rationnelle des ressources halieutiques. Idéalement il aurait été préférable de
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 30
procéder à une analyse/évaluation quantitative. Mais dans la plupart des pays, on note un
manque chronique d'informations et de données fiables. La plupart des systèmes de collecte de
données socioéconomiques sont quasi inexistants et les informations générées sont insuffisantes
puisque réduites aux captures et parfois au prix des produits débarqués. Les pêcheurs artisans et
autres opérateurs du sous-secteur ne tiennent généralement pas de comptabilité permettant de
disposer d’éléments de prise de décisions en matière de gestion de leurs activités. Dans ce cas,
on peut se limiter à une analyse qualitative et recommander le développement d’un système
efficace de collecte des données biologiques, environnementales et socioéconomiques.
4.10 Les mesures d’accompagnement
Les plans d'aménagement ne peuvent se concrétiser de façon durable sans un minimum de
mesures d'accompagnement dont certaines sont mentionnées ci-après.
4.10.1 Renforcement des capacités de l’Administration
Un renforcement des institutions de l’administration en charge de la gestion des pêcheries est
indispensable aux niveaux national et local. L’amélioration des capacités devrait concerner
aussi bien les agents appartenant à cette administration que les acteurs pour leur participation
effective à la gestion (collecte des statistiques de pêche, SCS, etc).
4.10.2 Amélioration du cadre règlementaire
Il est nécessaire que les plans d’aménagement une fois adaptée, soit intégrés dans l’arsenal
juridique réglementant la pêche. Il faudra aussi veiller à ce que les plans d’aménagement et
les textes qui les règlementent soient en harmonie avec les textes concernant la gestion et la
protection d’autres ressources naturelles que les ressources halieutiques et qu’ils soient
respectés.
4.10.3 Développement d'une politique de communication et de vulgarisation
Les actions destinées à l'amélioration de l'exploitation des ressources halieutiques et à la
protection simultanée de l'environnement aquatique doivent être connues du public et en
premier lieu les acteurs de la filière pêche. La radio, la télévision et les journaux peuvent être
mobilisés. Il est aussi concevable de produire des brochures et autres documents sur support
papier ou autre présentant de façon claire les enjeux et les objectifs d'une gestion durable du
patrimoine halieutique. Des forums techniques peuvent également être organisés pour
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 31
susciter des rencontres et la coopération entre les communautés de pêche, les autorités locales
et d’autres utilisateurs des plans d’eau, de la zone côtière et des bassins versants y compris les
industries extractives au niveau local (mines, pétrole, exploitations forestières et agricoles).
4.10.4 Développement de la coopération avec les organismes de recherche
Un plan d'aménagement doit être dynamique. L’autorité d’aménagement doit donc être en
mesure de l’adapter à partir de données et d’informations pertinentes. Ces informations
concernent tout ce qui a trait aux statistiques, mais aussi certaines données sur la biologie de
la ressource et le milieu aquatique (cf. tableau 1). C’est pourquoi il est important que la
coopération institutionnelle soit renforcée entre l’administration en charge de la gestion
halieutique et les institutions de recherche concernées pour l'acquisition de compléments de
connaissances. Cette liste concernant les mesures d’accompagnement n’est pas exhaustive.
Elle doit être complétée selon les caractéristiques de chaque pêcherie.
Les différentes étapes pour l’élaboration des plans de gestion des pêcheries selon l’AEP que
nous venons d’examiner sont résumées dans le tableau 6 ci-dessous
De même que la figure 4 montre les liens hiérarchiques entre les différentes intentions
(politiques, buts, objectifs), les normes (points de référence et indicateurs) et les actions
(stratégie et mesures d'aménagement). Ces différents aspects devraient figurer dans tout plan
d'aménagement.
5. GESTION DES RESSOURCES PARTAGEES
L’aménagement des stocks partagés nécessite une gestion conjointe/coopérative. Dans ce cas,
les principes généraux de gestion obéissent aux mêmes considérations que pour la gestion des
ressources au niveau national. Les Etats concerné devraient commencer par reconnaître le
caractère partagé des stocks et convenir du choix des options et des mesures de gestion.
Chaque pays devrait avoir son système de gestion pour les ressources nationales avant
d’envisager de s’engager dans la gestion des stocks partagés avec d’autres pays. Dans le
contexte de gestion de ressources partagées, plusieurs étapes sont à prendre en considération.
Etape 1 : Il convient de démontrer la nature partagée des ressources comme dans le cas de
notre sous-région où le caractère partagé des stocks de sardinelles a été reconnu dans
plusieurs publications et ateliers.
Etape 2 : Recueil et traitement de l’information
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 32
Il s’agit de recueillir et d’analyser les données biologiques et d’autres données comparables de
la pêcherie dans toutes les zones de distribution/répartition des stocks. Il est important que
l’information et les données soient recueillies conformément aux normes convenues.
Etape 3 : Création d‘une base de données conjointe
La base de données devrait porter sur les prises, l’effort et d’autres données requises pour des
évaluations conjointes. En règle générale, les informations devraient provenir de chaque pays
avant d’être regroupées dans une base de données partagée. La base de données devrait être à
la disposition de tous les pays participants, ces derniers devant veiller à protéger la
confidentialité de la source.
Etapes 4 : Mise en place des programmes de recherche coopératifs
L’institution de programmes de recherche coopératifs est la première étape formelle vers la
gestion conjointe des stocks partagés. Ces programmes couvrent la collecte des données, la
préparation et l’échanges de normes, et le renforcement des aspects opérationnels relatifs à
une base de données conjointe. Certaines des activités de ces programmes seront conduites
dans différents pays en utilisant des protocoles harmonisés, tandis que certains aspects comme
par exemple les évaluations des stocks seront entrepris conjointement. Le programme de
recherche peut être mis en place sous l’égide d’un projet régional existant tel que le GEMCG
ou une institution sous régionale comme la Commission Régionale des Pêches du Golfe de
Guinée (COREP). Les pays devraient s’efforcer de renforcer de telles structures et les
encourager à consolider leurs liens avec le COPACE qui reste la principale source
d’information scientifique sur la pêche dans la région.
Etape 5 : Création d’un groupe de travail scientifique conjoint
L’élaboration et l’exécution de programmes de recherche conjoints devrait conduire
logiquement à la création d’un mécanisme sous régional en l’occurrence le groupe de travail
scientifique conjoint qui aura comme missions de coordonner les activités, analyser les
résultats de recherche, tirer des conclusions et formuler des recommandations de recherche et
de gestion. Il est important d’impliquer les scientifiques d’autres régions qui n’ont pas
d’intérêts sur le stock, étant donné que les scientifiques nationaux ne seront pas toujours
impartiaux dans leurs conseils et recommandations (Satia, communication personnelle). Il est
important de souligner que beaucoup de recherches sont déjà réalisées sous l’instigation des
Groupes de travail du Sous-comité scientifique du COPACE.
Etape 6 : Mise en place des structures de gestion et choix des options pour la gestion
coopérative/conjointe
Il s’agit de mettre en place un arrangement institutionnel simple tel qu’un Comité de
coordination de la gestion qui travaillera avec le Groupe de travail scientifique conjoint en
vue du développement durable de la pêcherie. A cette étape, il faudrait disposer d’un plan de
gestion de la pêcherie en bonne et due forme et convenir des options de gestion appropriés.
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 33
Etape 7 : Mise en œuvre et application
La mise en œuvre comporte un certain nombre d’actions concrètes dont : (i) la mobilisation
des ressources financières et le partage des coûts (recherche, communication, consultations de
parties prenantes ; (ii) l’organisation de forums ; (ii) la fixation des critères pour la répartition
des opportunités de récolte (quotas), etc.). Les pays devraient convenir d’un processus à cette
fin.
Compte tenu d’un certain nombre de facteurs, tels que la qualité de l’information disponible
sur la ressource, le degré et le désir de coopération entre les Etats, le caractère commun des
objectifs de gestion entre les Etats, le niveau de développement scientifique, etc., certaines de
ces étapes peuvent être regroupés. Par ailleurs, dans une sous-région on pourrait envisager
l’utilisation des organes de pêche sous régionaux existants au lieu de créer de nouvelles
structures. C’est ce que les pays de notre sous-région d’Afrique Centrale ont fait récemment.
En effet, sous l’instigation du Programme ACP Fish II, un Plan régional de gestion des pêches
des stocks partagés des Sardinelles du Golfe de Guinée Sud est en cours d’élaboration (cf.
Encadré 1).
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 34
Tableau 6 : Résumé des principales étapes de l’AEP
Etapes
Observations
1. Portée/Rapport de référence
Il consiste à fournir une description de base de la pêcherie/des pêcheries
considérée (s). Cette étape devrait aboutir à la l’obtention d’un document
fournissant des informations sur la portée géographique, les parties prenantes
appropriés, les engins et méthodes de pêche, les mesures de gestion passées et
en vigueur, etc. (conseils fournis sur les éléments à inclure). Il est important
que le résultat soit validé par les parties prenantes et que le document présente
réellement une compréhension partagée de l’histoire de la pêcherie/des
pêcheries et de la situation présente.
2. Définition des grands
objectifs (compatibles avec les
buts globaux)
Parfois les objectifs généraux de gestion pour une pêcherie/des pêcheries
donnée (s) ne sont pas explicitement fixés. Dans le cadre de la planification de
l’AEP, il est essentiel que ceux-ci soient clairement identifiés et convenus. Ils
sont essentiels comme référence pour déterminer les problèmes majeurs de la
pêche et pour le processus d'analyse des risques (voir ci-dessous).
3. Identifier les problèmes (par
exemple en utilisant les arbres à
problèmes
L'utilisation des arbres à problèmes, ou d'un ensemble de catégories structurées
des problématiques relatives aux trois dimensions principales d'un système de
pêche, c.-à-d. les composantes écologique, humaine et institutionnelle, a
beaucoup d'avantages ; elle peut être employée comme point de départ pour
toutes les évaluations ; leur utilisation améliore la consistance de l'approche et
réduit au minimum le risque de “perdre les problèmes”. Les problèmes
devraient être formulés comme de possibles résultats négatifs de la gestion
actuelle par rapport aux objectifs généraux énoncés.
4. Hiérarchiser les problèmes en
utilisant la technique
d’évaluation des risques
Plusieurs problèmes sont souvent identifiés; leur importance varie et tous ne
nécessitent pas de rapports complets ni de gestion explicite. L’analyse des
risques aidera à déterminer le niveau du risque et le niveau approprié de la
réponse de gestion. L’évaluation semi-quantitative des risques peut être utilisée
et appliquée également à des situations avec des données insuffisantes. Le
risque doit être mesuré par rapport aux objectifs généraux énoncés et la gestion
en vigueur.
5. Identification de la réponse
de gestion (y compris la
détermination des objectifs
opérationnels et des indicateurs)
Pour les questions prioritaires identifiées jusqu'ici, les réponses de gestion
appropriées devraient être identifiées. Les objectifs opérationnels, les
indicateurs, les mesures de performance et les règles de décision devraient être
déterminés.
6. Analyse des coûts et
bénéfices
L'efficacité des stratégies de gestion alternatives possibles peut être évaluée par
des analyses coûts-avantages.
7. Finalisation de rapports
détaillés sur chaque pêcherie et
chaque problème (y compris
des informations de base, les
objectifs, les indicateurs, les
mesures de performance),
comme base pour des plans de
gestion de pêche
Cette étape est celle où toutes les informations, les connaissances et les
décisions sont compilées dans un plan de gestion des pêches. Le plan se
concentrera sur les problèmes clés qui ont été identifiés en tant qu'étant la
source des risques d’échec les plus élevés par rapport aux objectifs généraux de
la pêche
Source : Projet AEP-Nansen
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 35
Figure 4 : Liens hiérarchiques entre les différentes intentions (politiques, buts, objectifs), les
normes (points de référence et indicateurs) et les actions (stratégie et mesures
d'aménagement). Ces différents aspects devraient figurer dans tout plan d'aménagement.
Tableau 7 : Exemple d’un cadre logique :
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 36
Objectif de gestion : Conservation et utilisation durable des ressources halieutiques
Objectifs
opérationnels Stratégies de
gestion Indicateurs de
performance Chronogramme
responsabilités Points de référence
limite
Restaurer la
biomasse des
ressources
pleinement
exploitées ou
surexploitées
Réduction de
l’effort de
pêche de la
senne de plage
par l’octroi
des
autorisations
de pêche
Instauration
d’un maillage
minimum de
la senne de
plage en vue
de la réduction
du taux de
capture des
juvéniles des
espèces de
poissons,
Création
d’une Aire
marine
protégée
(AMP)
Nombre d’unités
de pêche à la senne
de plage en
activité
Nombre de sorties
journalières par
unité de pêche
observé
Taille de la maille
à la poche de la
senne de plage
utilisée
Taille des
principales espèces
de poissons
débarquées
Taille à la
première maturité
sexuelle des
principales espèces
de poissons
capturées par la
senne
Niveau de la
biomasse des
principales espèces
de poissons de la
senne de plage
Coordonnées
géographiques des
zones interdites à la
pêche
Ministère/
Direction des
pêches
Communautés
de pêche
Chaque année (à
partir de 2014)
2014 - 2018
2014 - 2015
2014 - 2018
MERF ; ME
MAEP/DPA
50 unités de senne de
plage autorisées à
pêcher
Une sortie par unité
de pêche à la senne
de plage par jour
autorisée
Taille minimale de
maille de 25 mm de
la poche des sennes
de plage autorisée
Maximum 25% des
captures contiennent
des juvéniles des
principales espèces
(anchois des
sardinelles, friture,
etc.)
Taille de la première
maturité sexuelle
pour anchois,
sardinelles, rasoir,
friture
10% d’augmentation
de la biomasse de
ces espèces
AMP de 4 km de largeur
sur 21 km de longueur.
Source : Togo, pêcherie senne de plage
RECAPITULATIF / CONCLUSION
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 37
Quelques points important à souligner
– Très peu de pays de la sous-région se sont engagés dans le processus d’élaboration de
plans d’aménagement des pêcheries.
– Les arrangements institutionnels concernant une pêcherie sont indispensables pour
déterminer le contenu de son plan d’aménagement. Le contexte international, national
et même régional dans lequel s’inscrit une pêcherie influera sur les politiques et la
législation des pêches qui régissent cette pêcherie ;
– Dans certains pays, la législation des pêches mentionne de façon précise la nécessité
d’élaborer des plans d’aménagement ;
– Créer un groupe de travail qui établit un document de base en se basant sur la politique
nationale des pêches (version préliminaire du plan). Ce document décrit en termes
simples les raisons de l’élaboration du plan et le contenu proposé ;
– Faire circuler largement ce draft auprès des parties prenantes pour recueillir leurs
observations/commentaires ;
– Mettre au point la version définitive du plan et la soumettre aux autorités compétentes
pour approbation et mise en œuvre ;
– Diffuser largement le plan à travers des brochures ou autres types de support faciles à
exploiter ;
– Prendre des mesures fermes pour assurer le respect du plan.
Manuel guide d’élaboration des plans d’aménagement Draft – Juin 2013
pg. 38