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ONZIÈME RÉUNION DES MINISTRES PIC11/4
DE LA SANTÉ DES PAYS OCÉANIENS
Île de Yanuca (Fidji) 16 mars 2015
15-17 avril 2015
ORIGINAL : ANGLAIS
RENFORCER LE LEADERSHIP, LA GOUVERNANCE ET LA
RESPONSABILISATION
Un leadership fort, une gouvernance solide et un mécanisme de responsabilisation
efficace, notamment à l’échelle nationale, apparaissent aujourd’hui plus que jamais
indispensables dans le Pacifique, en raison de la croissance des besoins et des exigences
sanitaires de la population, de l’émergence de nouveaux enjeux et de la hausse des dépenses
de santé dans un contexte de ressources limitées.
Au nombre des réalisations et des progrès accomplis à ce jour, on citera le maintien
de l’engagement politique en faveur de la santé ; la pertinence de la vision d’îles-santé ;
l’élaboration de règlements, politiques et plans d’action ; et l’amélioration de l’organisation
et de la prestation des services de santé. Des efforts supplémentaires doivent être néanmoins
consentis afin d’assurer un accès équitable aux soins de qualité et d’obtenir de meilleurs
résultats sanitaires.
Il convient également de tenir compte des enjeux suivants : l’amélioration de la
qualité et de l’utilisation des données et bases factuelles pour l’élaboration des politiques et
la prise de décision ; le rôle des dirigeants des pays dans la coordination des parties
prenantes et des initiatives ; l’équilibre entre les services curatifs et préventifs ; la
mobilisation de la participation communautaire et individuelle ; le renforcement des
capacités nationales ; et l’élimination des obstacles qui surviennent dans l’exécution.
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Le maintien du statu quo n’est pas envisageable : les pays du Pacifique doivent
adopter des mesures énergiques afin de relever les défis sanitaires. La nécessité d’un
leadership fort et d’une gouvernance solide est le fil conducteur de l’ensemble des
réalisations et des enjeux qui ont marqué les vingt années postérieures à la Déclaration de
Yanuca. Les décisions et les mesures stratégiques proposées prévoient entre autres le
renforcement : des mécanismes de leadership et de gouvernance en matière de santé dans le
Pacifique ; des capacités nationales et du travail multisectoriel ; et des partenariats et de la
coordination.
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1. CONTEXTE
La première Réunion des ministres de la santé des pays océaniens organisée en 1995 et les
sept réunions biennales suivantes mettaient notamment l’accent sur les systèmes de santé, y compris
le leadership et la gouvernance. Le leadership et la gouvernance permettent de veiller à ce que les
cadres politiques stratégiques s’accompagnent d’une surveillance efficace, de la mise en place de
coalitions, de systèmes réglementaires et de mesures incitatives adéquats, et d’une attention
particulière à la conception des systèmes et à la responsabilisation1. Dans chaque pays, l’exercice du
leadership et de la gouvernance est déterminé par le contexte et l’histoire.
Un système de santé efficace doit répondre de manière équilibrée aux besoins et aux attentes
de la population en améliorant l’état de santé de tous, en donnant aux individus et aux communautés
les moyens d’obtenir de meilleurs résultats sanitaires, en s’assurant que les politiques adoptées dans
les autres secteurs font progresser les résultats sanitaires, en protégeant les personnes des
conséquences financières de la maladie, en offrant un accès équitable à des soins centrés sur la
personne et en donnant aux individus la possibilité de participer aux décisions qui touchent à leur
santé et au système sanitaire.2 Cela exige ensuite une bonne gouvernance,
3 ainsi qu’un plan national
assorti de priorités, de cibles et d’indicateurs aux fins de surveillance et de responsabilité mutuelle
entre parties prenantes.4
Bien que certains États et Territoires insulaires du Pacifique disposent d’un secteur de la santé
privé modeste, la majorité des soins de santé est financée par le secteur public. Dans de nombreux
pays insulaires du Pacifique, le secteur de la santé bénéficie d’un appui important des donateurs. Pour
maximiser l’utilisation de ces ressources, il est donc indispensable d’avoir un ministère de la santé
efficace. Cela peut notamment se traduire par des investissements visant à promouvoir la santé, tels
que les interventions les plus rentables pour prévenir et lutter contre les MNT.5
1 Organisation mondiale de la Santé (OMS). L’affaire de tous - renforcer les systèmes de santé pour de meilleurs résultats
sanitaires : cadre d’action de l’OMS. Genève : OMS, 2007. 2 Organisation mondiale de la Santé (OMS). Éléments essentiels au bon fonctionnement d’un système de santé. Genève :
OMS ; 2010 (http://www.who.int/healthsystems/EN_HSSkeycomponents.pdf, consulté le 4 mars 2015). 3 Un mécanisme et un processus de bonne gouvernance incluent les parties prenantes, examinent les données probantes,
tiennent compte des compromis entre les politiques adoptées tout en assurant une cohérence des politiques entre les secteurs, accordent la priorité aux investissements en ressources humaines et financières, et fixent des objectifs de mise en œuvre réalistes.
4 La responsabilité mutuelle est composée de trois niveaux : reddition de compte (respect des obligations) ; compte-rendu
(transparence) ; prise en compte (réactivité envers les parties prenantes). 5 Il s’agit là d’interventions visant à lutter contre les facteurs de risque des MNT, tels que le tabagisme, l’usage nocif de
l’alcool, la mauvaise alimentation et l’inactivité physique, et contre les maladies cardio-vasculaires, le diabète et le cancer : OMS, Ministère de la Santé et du Développement social de la Fédération de Russie. Document de réflexion : prévention et lutte contre les MNT : priorités en matière d’investissements. Moscou : OMS ; Ministère de la Santé et du Développement social de la Fédération de Russie ; 2011 (http://www.who.int/nmh/publications/who_bestbuys_to_prevent_ncds.pdf, consulté le 4 mars 2015).
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La collecte et l’exploitation de données de qualité sont également fondamentales pour prendre
des décisions avisées et rendre les informations accessibles aux communautés, à la société civile, aux
professionnels de la santé et aux décideurs politiques.6 On trouve souvent de nombreux facteurs
influant sur la santé qui ne dépendent pas du secteur de la santé. D’où la nécessité de créer de solides
relations intersectorielles et de conclure des ententes de partage de données entre les différents
secteurs.
Les occasions de privilégier le leadership, la gouvernance et la responsabilisation
comprennent : la révision de la vision d’îles-santé ; la nécessité de réaliser les Objectifs du Millénaire
pour le Développement (OMD) liés à la santé qui n’ont pas encore été atteints ; et le programme de
développement pour l’après-2015. L’un des Objectifs de développement durable (ODD) proposés
pour l’après-2015 consiste notamment à donner aux individus les moyens de vivre une vie saine et à
promouvoir le bien-être de tous à tous les âges.7 Cet objectif devrait être axé sur la couverture
sanitaire universelle, ce qui signifie que tous les individus devraient avoir accès à des services de
qualité suffisante et dont ils ont besoin, sans que cela n’entraîne pour les usagers des difficultés
financières.
D’autres opportunités peuvent se présenter à l’occasion de la révision du Plan pour le
Pacifique et du cadre pour le régionalisme, ainsi que de la Voie à suivre pour des Modalités d’action
accélérée des PEID [SAMOA]8 , un document final dans lequel les dirigeants des petits états
insulaires en développement (PEID) ont réaffirmé leur volonté :
D’élaborer et de mettre en œuvre des politiques et des stratégies globales,
pangouvernementales et multisectorielles en faveur de la prévention et la prise en
charge des maladies ; et
De renforcer les systèmes de santé pour parvenir à la couverture universelle en matière
de prestations de santé et de distribution des fournitures médicales et des médicaments.
6 OMS. Éléments essentiels au bon fonctionnement d’un système de santé. Genève : OMS ; mai 2010.
(http://www.who.int/healthsystems/EN_HSSkeycomponents.pdf, consulté le 4 mars 2015). 7 Proposition du Groupe de travail ouvert sur les Objectifs de développement durable [adresse du site Internet]. New
York : base de connaissances en matière de développement durable ; 2015 (https://sustainabledevelopment.un.org/owg.html, consulté le 4 mars 2015).
8 L’AGNU adopte la résolution sur « Samoa, la Voie à suivre » [adresse du site Internet]. SIDS Policy and Practice: a
knowledgebase (http://sids-l.iisd.org/news/unga-adopts-resolution-on-samoa-pathway/, consulté le 4 mars 2015).
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2. RÉALISATIONS ET PROGRÈS
2.1 Pertinence de la vision de la santé dans le Pacifique et engagements politiques
La vision d’îles-santé a sous-tendu l’ensemble des travaux liés à la santé réalisés dans le
Pacifique, en mettant l’accent notamment sur les systèmes basés sur les soins de santé primaires. La
santé est une priorité nationale dans la plupart des États et Territoires insulaires du Pacifique, comme
le montrent les plans nationaux de développement et la part budgétaire annuelle consacrée à la santé,
qui dépasse souvent 10% du budget national total. En 2012, les chefs d’État et de gouvernement des
pays membres du Forum des Îles du Pacifique9 ont reconnu le besoin urgent d’investir dans le
renforcement des systèmes de santé et dans des initiatives intersectorielles et nationales afin d’obtenir
de meilleurs résultats sanitaires pour tous, tout en s’appuyant sur des initiatives régionales adaptées.
2.2 Riposte face à la crise des MNT dans le Pacifique
Plusieurs réunions des ministres de la santé des pays insulaires du Pacifiques ont porté sur
l’évolution de la crise imputable aux maladies non transmissibles (MNT). En 1999, les ministres de la
santé ont appelé à la mise en place de programmes de lutte contre les MNT qui soient intégrés,
multisectoriels et à long terme.10
En 2003, les ministres de la santé se sont fixés comme priorité la
surveillance des MNT. En 2007, le Cadre du Pacifique pour la prévention et la lutte contre les
maladies non transmissibles a mis l’accent sur les interventions fondées sur des stratégies. En 2011,
les ministres de la santé ont fait part de leur profonde inquiétude concernant la crise des MNT
sévissant dans les pays insulaires du Pacifique.11
Plus tard la même année, les dirigeants des pays
océaniens ont d’ailleurs adopté une déclaration officielle sur les MNT.12
Le Pacifique a également
contribué au plaidoyer en faveur de la déclaration des Nations unies sur la crise mondiale des MNT.
Les États et Territoires insulaires du Pacifique ont donc élaboré des ensembles d’interventions
nationales destinées à lutter contre les MNT. Dès le début de leur mise en œuvre, il est apparu
nécessaire d’impliquer le secteur financier. La première réunion conjointe des ministres de la santé et
des ministres des finances à Honiara en 2014 a abouti à l’élaboration d’une feuille de route détaillant
l’impact économique de la crise des MNT et à un accord sur quatre stratégies économiquement
rentables. Il s’agit là d’un exemple de leadership de la part du secteur de la santé ayant débouché sur
une action multisectorielle.
9 43
e Forum des Îles du Pacifique qui s’est tenu à Rarotonga (août 2012) (Paragraphe 43 du Communiqué du Forum).
10 Énoncé d’action des Palaos relatif aux îles santé (Palaos, 1999).
11 Communiqué de Honiara sur la crise des maladies non transmissibles dans le Pacifique (Îles Salomon, 2011).
12 Communiqué du Forum. 42
e Forum des Îles du Pacifique. Auckland, Nouvelle Zélande. Septembre 2011.
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2.3 Cadres d’action et cibles
Des réunions, comme celles des ministres de la santé des pays océaniens, ont permis de
s’entendre sur les possibilités d’adapter les cibles mondiales et les cadres régionaux en fonction des
particularités des pays du Pacifique, et de se concentrer sur les moyens d’atteindre les priorités
communes. On citera notamment l’adoption d’une cible visant un Pacifique sans tabac d’ici à 2025,
lors d’une réunion à Samoa en 2013, et d’un Cadre pour le développement de la santé dans le
Pacifique pour la période 2014-2018, lors d’une autre réunion à Honiara en 2014. Des cadres d’action
consacrés à des ordres du jour spécifiques ont également été élaborés, tels que la feuille de route pour
lutter contre les MNT dans le Pacifique et le Programme commun pour la santé et le bien-être sexuels
dans le Pacifique pour la période 2015-2019. L’amélioration de la surveillance des MNT et de la
responsabilité mutuelle est appuyée par un nouveau réseau, baptisé Alliance océanienne de
surveillance pour la lutte contre les MNT (MANA).
2.4 Planification sanitaire, partenariat et coordination
L’importance pour les pays de se doter de politiques, de stratégies et de plans sanitaires nationaux est
largement reconnue13
, un sujet qu’ont abordé les ministres de la santé en 2009 et en 2011.14
Au moins
14 pays disposent d’un plan sanitaire national et six pays insulaires du Pacifique ont élaboré de
nouveaux plans en 2010 et 2011. La plupart de ces politiques, stratégies et plans sanitaires nationaux
sont à moyen ou à long terme (cinq à dix ans, voire plus) et définissent une vision nationale en
matière de santé, d’objectifs, de cibles, de priorités stratégiques et de programmes et activités clés.
Certains pays ont mis en place des plans opérationnels annuels pour appuyer la mise en œuvre de
leurs politiques, stratégies et plans sanitaires nationaux.
Les ministres de la santé des pays insulaires du Pacifique ont régulièrement souligné la
nécessité de produire des données de qualité pour l’élaboration des politiques, stratégies et plans
sanitaires nationaux, pour la prise de décision et le suivi de la mise en œuvre. Il importe de recueillir
des informations relatives à la morbidité et la mortalité, la couverture des services de santé, y compris
le financement de la santé, les ressources humaines ainsi que les technologies et les médicaments
essentiels. Des efforts sont en cours pour impliquer les parties prenantes, les partenaires, la société
civile et les communautés dans les processus d’élaboration, de mise en œuvre et de notification des
politiques, stratégies et plans sanitaires régionaux, et pour relier les données du secteur de la santé aux
statistiques nationales sur lesquelles reposent les stratégies de développement. Le Pacifique s’emploie
13
OMS. Stratégie régionale du Pacifique occidental pour des systèmes de santé fondés sur les valeurs des soins de santé primaires. Philippines : OMS, 2010 (http://www.wpro.who.int/topics/health_systems/wpro_strategy_health_systems_primary _health_care.pdf?ua=1, consulté le 22 janvier 2015).
14 Engagement de Madang en faveur des îles-santé (Papouasie-Nouvelle-Guinée, 2009) et Document Final Honiara (Îles Salomon, 2012).
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également à renforcer ses capacités à travers des programmes de mentorat et de formation à l’analyse
et à l’utilisation des données.15
Le leadership est également une composante des mécanismes nationaux de coordination et de
partenariat, appuyant les principes de l’efficacité de l’aide. Environ la moitié des États et Territoires
insulaires du Pacifique possède, sous une forme ou une autre, un groupe de coordination des
donateurs à l’intérieur du pays. Il peut s’agir d’approches ponctuelles, avec peu de partenaires sur le
terrain, ou de réunions de coordination régulières, présidées par le ministère de la santé. Deux pays
ont adopté une approche sectorielle formelle en matière de santé.
Plusieurs pays travaillent actuellement à l’assignation des rôles et à la définition des
ensembles de services et des modèles de prestations. Ces travaux peuvent contribuer à identifier les
besoins et les lacunes en termes de ressources sanitaires, améliorer la prestation de services et définir
un système d’orientation ainsi que la continuité des soins, y compris au niveau communautaire.
2.5 Développement de la capacité de leadership et performance des systèmes de santé
Les actions menées pour améliorer l’encadrement, la gestion et la responsabilisation incluent
la formation individuelle et le renforcement institutionnel, comme par exemple l’Initiative pour la
formation de cadres dans le domaine de la santé ; ProLead ; le Programme de formation de cadres
infirmiers dans le Pacifique, et le partage des expériences par le biais des réseaux et des alliances.16
Les pays insulaires du Pacifique ont également déployé les efforts suivants pour améliorer les
résultats de leurs systèmes de santé :
Élaboration et application de nouvelles politiques et lois sanitaires, ainsi que mise en
place de normes et de directives relatives aux services de santé ;
Amélioration des capacités des personnels de santé en termes de quantité
(augmentation du nombre de professionnels de santé diplômés grâce aux nouvelles
écoles de médecine et de soins infirmiers ; et utilisation des centres de formation à
l’étranger, comme à Cuba), mais aussi en termes de qualité, en continuant d’acquérir
des compétences professionnelles par le biais de l’éducation et la formation ;
Création de systèmes d’inventaire, de chaîne d’approvisionnement et de gestion de la
qualité en ce qui concerne les produits pharmaceutiques et les technologies de santé, y
compris les laboratoires ;
15
On peut citer par exemple le Programme accrédité de formation à l’utilisation de données pour la prise de décision, réactivé en 2012 par les partenaires du Réseau océanien de surveillance de la santé publique (ROSSP).
16 On peut citer, entre autres, le Réseau océanien des hauts fonctionnaires de la santé, le Réseau océanien d’information sanitaire et le Brisbane Accord Group.
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Amélioration des systèmes de collecte de données et d’informations sur la morbidité, la
mortalité et la couverture des services sanitaires, y compris le financement et le coût de
la santé ; et
Revitalisation des soins de santé primaires et amélioration de la prestation de services,
de la supervision et des systèmes d’orientation.
3. ENJEUX
3.1 Intégrer les enseignements tirés de l’expérience dans le Pacifique
Les problèmes liés aux systèmes de santé sont complexes et difficiles à résoudre de manière
durable. On peut toutefois tirer les enseignements utiles suivants : (1) la mise en œuvre des
engagements politiques, des cadres d’action et des plans est restée en-deçà des attentes ou a été
réalisée de manière fragmentée ; (2) la plupart des pays peinent à faire fonctionner leurs systèmes de
santé et à les améliorer ; (3) les avantages potentiels de l’engagement et de la participation de la
société civile dans le domaine de la santé ne sont pas pleinement exploités (4) les hôpitaux et les
services cliniques font preuve de gaspillage ou d’inefficacité dans l’utilisation d’une grande partie des
ressources sanitaires ; et (5) le maintien du statu quo n’est pas envisageable – un leadership efficace,
une orientation et des mesures adaptées à chaque pays, ainsi que la participation de la société civile,
s’imposent aujourd’hui plus que jamais.
Le secteur de la santé du Pacifique est en proie à des changements considérables, notamment
en ce qui concerne la charge croissante des maladies et des problèmes de santé, ainsi que les attentes
des communautés. Ces changements s’inscrivant dans un contexte de faibles ressources et
d’économies politiques en rapide évolution, les pays insulaires du Pacifique doivent exercer un
leadership fort en matière de décisions stratégiques pour renforcer les systèmes de santé de façon plus
efficace et plus efficiente.
On constate des lacunes dans les domaines de la collecte, de l’analyse et de l’utilisation des
données. Pour générer des données fiables sur les naissances et les décès (grâce à un système national
d’enregistrement et de statistiques de l’état civil), ainsi que d’autres indicateurs liés à la santé, il est
indispensable que les ministères coopèrent entre eux. Le secteur de la santé joue un rôle moteur pour
mettre en avant l’importance de ces questions au niveau national.
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3.2 Consolider l’architecture océanienne de la santé de façon à l’adapter à chaque pays
Le Plan pour le Pacifique17
et le Cadre pour le régionalisme dans le Pacifique18
sont les
éléments clés qui garantissent l’engagement politique à l’égard des problèmes sanitaires. Le concept
d’îles-santé est en harmonie avec la vision des dirigeants des pays océaniens. Établir des liens plus
étroits entre les réunions des ministres de la santé des pays océaniens et les dirigeants de ces pays
serait positif pour le secteur de la santé et les autres secteurs, en particulier si l’on considère que de
nombreux facteurs de santé sont extérieurs au secteur sanitaire.
L’ordre du jour des réunions des ministres de la santé des pays océaniens avait tendance à
traiter en grande majorité de questions d’ordre institutionnel et programmatique, souvent influencées
de l’extérieur ; il impliquait peu d’encadrement de la part des pays insulaires du Pacifique, et
manquait de suivi et de comptes rendus sur le développement sanitaire et les progrès accomplis dans
le Pacifique. Depuis 2011, les États et Territoires insulaires du Pacifique sont en charge de l’ordre du
jour de ces réunions. Grâce à ce changement positif et à l’habilitation des ministres et des directeurs
de la santé prévue dans le Cadre pour le régionalisme dans le Pacifique, il devrait être désormais
possible d’exploiter la nouvelle architecture océanienne de la santé pour répondre aux besoins de
chaque pays.
Plus concrètement, l’ordre du jour de ces réunions pourrait s’axer sur la mise en place
d’orientations stratégiques clés en matière de santé et sur la prise de décision, tandis que les directeurs
de la santé pourraient se consacrer à appliquer les décisions ministérielles et à faciliter la mise en
œuvre des cadres d’action océaniens liés à des ordres du jour spécifiques. Cela fournirait une
plateforme permettant d’identifier les domaines dans lesquels une collaboration régionale (ou sous-
régionale) serait la plus utile pour les pays.
3.3 Accroître le leadership pour travailler plus efficacement avec l’ensemble des secteurs au
niveau national
Les hauts responsables de la santé publique doivent se préparer à mener le changement. Il est
impératif d’adopter des mesures touchant à des secteurs autres que celui de la santé, notamment en ce
qui concerne les modes de vie et les déterminants sociaux et économiques de la santé. Cela exige de
savoir négocier avec les différents secteurs et de plaider en faveur de solutions englobant l’ensemble
des pouvoirs publics et intégrant la santé dans toutes les politiques. La nécessité de travailler avec
17
Secrétariat du Forum des Îles du Pacifique (SFIP). Plan de renforcement de la coopération et de l’intégration régionale pour le Pacifique. Fidji : SFIP, 2007. http://www.forumsec.org/resources/uploads/attachments/documents/Pacific_Plan_Nov_2007_version1.pdf (consulté le 22 janvier 2015).
18 SFIP. Cadre pour le régionalisme dans le Pacifique. Fidji : SFIP ; 2014. http://www.forumsec.org/resources/uploads/embeds/file/Framework%20for%20Pacific%20Regionalism_booklet.pdf (consulté le 22 janvier 2015).
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l’ensemble des secteurs afin d’obtenir des résultats sanitaires durables constitue la pierre angulaire de
la vision d’îles-santé. Les efforts pour lutter contre la crise des MNT, réduire les impacts sanitaires du
changement climatique et intégrer les interventions en cas de catastrophe et la réduction des risques de
catastrophe représentent de nouveaux défis qui ajoutent à l’urgence du problème.
Dans le même temps, les directeurs de la santé doivent rester informés des nouvelles
approches qui leur permettront de mieux diriger et gérer leurs services. On citera notamment les
discussions sur le rôle de la sécurité sanitaire dans la riposte aux crises sanitaires, et la nouvelle
question de l’efficacité de la gestion hospitalière. Dans la plupart des pays, les hôpitaux reçoivent des
fonds considérables, tandis que la demande en matière de services curatifs pour les MNT et les
populations vieillissantes est en augmentation. Si la gouvernance clinique fait partie d’un cadre de
responsabilisation, on peut s’assurer que l’intégralité du système est prise en compte. Adopter une
approche de partenariat entre la santé publique et les services cliniques peut conduire à un système
plus cohérent.
Lorsque des changements surviennent au niveau du leadership politique ou de la direction, il
incombe aux nouveaux dirigeants de veiller à ce que les résultats positifs soient maintenus, que les
lacunes soient corrigées et que des orientations stratégiques visant à satisfaire les besoins sanitaires
futurs soient définies, appliquées, surveillées et évaluées. Investir dans le renforcement des capacités
de leadership des cadres de niveau intermédiaire permet d’assurer la continuité au fur et à mesure des
changements.
3.4 Faire des principes de l’efficacité de l’aide une réalité
La lente adoption des principes de l’efficacité de l’aide se traduit notamment par l’intégration
insuffisante des programmes régionaux au sein des plans nationaux, des mécanismes et des activités
de coordination. Outre leurs politiques, stratégies et plans sanitaires nationaux, de nombreux pays
insulaires du Pacifique ont adopté un certain nombre de stratégies axées sur des maladies ou des sujets
spécifiques, chacune d’entre elles étant dotée de ses propres indicateurs. Il en résulte une
fragmentation du travail et des difficultés au niveau du suivi et de la présentation des résultats. Il
importe d’adopter une approche de « système intégral », comme le préconise la Voie à suivre de
Samoa.
Si l’on considère l’ensemble des efforts déployés en matière de développement, des progrès
limités ont été enregistrés au niveau de l’utilisation des systèmes nationaux d’achat et de gestion
financière, ainsi que de l’intégration des cadres de notification des résultats et des systèmes
d’information faisant double emploi. Le coût des transactions des pays insulaires du Pacifique reste
par conséquent élevé. Parallèlement, certains de ces pays s’emploient à mettre sur pied des comités
nationaux de surveillance afin d’améliorer la responsabilisation, et à ouvrir certains processus comme
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la budgétisation aux fins d’une meilleure transparence, ce qui peut être appliqué au niveau du secteur
de la santé.19
Les pouvoirs publics doivent prendre en charge l’ordre du jour afin de s’assurer que les
partenaires du développement adhèrent aux principes de l’efficacité de l’aide.
4. ORIENTATIONS FUTURES
4.1 Les gouvernements pourraient envisager :
(1) De renforcer le leadership, la gouvernance et la responsabilisation dans le Pacifique.
Centrer le rôle des réunions des ministres de la santé des pays insulaires du Pacifique
sur la mise en place d’orientations stratégiques, de cibles et d’indicateurs fondés sur des
données factuelles afin de surveiller et de rendre compte des résultats sanitaires. Ces
réunions peuvent également permettre de définir les contributions du Pacifique aux
ordres du jour régionaux et mondiaux de façon à répondre aux besoins des pays
insulaires du Pacifique.
Instaurer des mécanismes permettant aux directeurs et gestionnaires de la santé de
partager leurs expériences nationales et individuelles, par le biais notamment des
évaluations par les pairs relatives aux politiques, stratégies et plans sanitaires nationaux,
de tirer les enseignements des expériences des pairs (semblables aux Évaluations par
les pairs du Pacte du Forum20
)et du dialogue politique conjoint, et de créer des
mentorats et des réseaux lors des réunions des ministres de la santé des pays océaniens
et des rencontres entre directeurs de la santé (semblable au Réseau océanien des hauts
fonctionnaires de la santé)21
.
(2) D’améliorer la qualité des données et des bases factuelles en vue de l’élaboration des
politiques et de la prise de décision, de l’allocation des ressources et du suivi des progrès.
Favoriser la collaboration multisectorielle afin d’améliorer les données sanitaires par
l’intermédiaire de comités nationaux, de stratégies visant à l’amélioration des systèmes
d’enregistrement et de statistiques d’état civil, et de liens avec les statistiques nationales
pour les plans de développement.
19
SFIP. Leadership efficace, institutions, et partenariats mutuellement responsables. Fidji : SFIP, 2014 20
(http://www.forumsec.org/pages.cfm/strategic-partnerships-coordination/pacific-principles-on-aid-
effectiveness/forum-compact/peer-reviews.html?printerfriendly=true, consulté le 10 février 2015). 21
Département de la santé du gouvernement d’Australie. Archive des activités du Réseau océanien des hauts fonctionnaires de la santé [adresse du site Internet] (http://www.health.gov.au/internet/main/publishing.nsf/Content/pacific-archive, consulté le 10 février 2015).
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Renforcer les cadres réglementaires adaptés, les processus, les rôles et l’infrastructure
liés aux systèmes d’information sanitaire et étudier les possibilités de transférer les
systèmes sur support papier vers des systèmes numériques appropriés et viables.
Définir à l’échelle nationale des ensembles de données de base qui permettront aux
directeurs et gestionnaires de la santé de fixer des orientations, planifier de façon
efficace, organiser les services, allouer rationnellement et utiliser efficacement les
ressources.
S’appuyer sur des initiatives22
pour améliorer la qualité et l’utilisation en temps utile
des données et bases factuelles liées à la santé afin d’élaborer des politiques, prendre
des décisions, allouer les ressources et suivre les progrès.
Confier aux directeurs de la santé la tâche de préparer des notes d’orientation
techniques de qualité à l’intention des ministres, en vue de promouvoir un dialogue
efficace, et à des fins de sensibilisation.
(3) D’accroître et de maintenir les capacités nationales de leadership, en œuvrant avec l’ensemble
des mandants et secteurs, et en veillant à la cohérence et à l’intégration des plans et des
interventions.
Consolider les capacités de leadership aux niveaux national, infranational et
communautaire. Étudier les possibilités de former de nouveaux directeurs et
gestionnaires au niveau local, notamment en mettant en place des mentorats structurés
pour les nouveaux cadres de direction.
Affecter et fidéliser des gestionnaires de la santé compétents et qualifiés dans les
services essentiels, tels que les soins cliniques et les programmes de prévention, en
encourageant la délégation des pouvoirs au moyen de ressources et de mesures
incitatives adéquates, y compris la responsabilisation et la gouvernance clinique.
Élaborer et mettre en œuvre des ensembles de services adaptés dans le cadre de
modèles de prestation de services intégrés – de la communauté et des soins primaires
aux hôpitaux – basés sur des systèmes d’orientation et d’assurance de la qualité, avec la
participation de la communauté, des patients et de la société civile.
Veiller à ce que la santé demeure une priorité de développement nationale absolue à
travers l’ensemble des secteurs et qu’elle bénéficie de ressources suffisantes, par
exemple :
o En reliant les politiques, stratégies et plans sanitaires nationaux aux plans
nationaux de développement afin d’intégrer une dimension « santé » aux
22
On citera notamment le partenariat pour les systèmes d’enregistrement et de statistiques d’état civil, le Réseau océanien de surveillance de la santé publique, le système océanien de surveillance par syndrome, les données océaniennes aux fins du programme de prise de décision, et les interventions sanitaires de renforcement du programme océanien.
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priorités et aux cibles stratégiques, et d’identifier les intérêts communs du secteur
de la santé et des autres secteurs ;
o En convenant des priorités communes en matière de soins de prévention, de
traitement curatif et palliatif et de réadaptation à travers l’ensemble des secteurs
dans le cadre de l’identification des tâches communes, de la répartition des
ressources et l’établissement de rapports publics sur les progrès accomplis vers
les cibles ; et
Faire appel aux consultations publiques, aux communautés de santé ayant un rôle
consultatif, et aux conseils de visiteurs des hôpitaux afin d’impliquer les autres secteurs,
les communautés et les patients dans l’élaboration des politiques et des plans sanitaires.
(4) De faire des principes de l’efficacité de l’aide une réalité.
Utiliser les opportunités comme les sommets nationaux sur la santé, les conférences et
les évaluations des politiques, stratégies et plans sanitaires nationaux pour améliorer la
qualité et la pertinence des politiques, stratégies et plans sanitaires nationaux, notamment
les objectifs et les approches politiques de haut niveau, les cibles et les indicateurs, ainsi
que le coût des interventions ; et
Élaborer des plans d’action spécifiques à l’échelle nationale et infranationale
(institutionnels et programmatiques) afin d’élargir la participation des parties prenantes,
y compris la société civile, à la mise en œuvre des politiques, stratégies et plans sanitaires
nationaux.
4.2 Les partenaires du développement pourraient envisager :
(1) D’aligner leur soutien sur les politiques, stratégies et plans sanitaires nationaux et de faire
appel aux systèmes nationaux en ce qui concerne la planification, la budgétisation, la
surveillance et la notification, conformément aux principes de l’efficacité de l’aide.