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QUALITÉ Avis Techniques: comment mieux maîtriser le passage au domaine traditionnel ? MISE EN ŒUVRE Réseaux collectifs : plus de réflexion concernant leur intégration RÉGLEMENTATION Murs doubles avec ITE : actualiser le NF DTU 20.1 pour satisfaire la RT 2012 PRESCRIPTION BIM : un potentiel énorme pour fiabiliser l’exploitation du bâtiment REVUE DE L’AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 161 MARS/AVRIL 2017 13 RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE LA MÉTHODE ALSACIENNE SUR LE BÂTI ANCIEN RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE LA MÉTHODE ALSACIENNE SUR LE BÂTI ANCIEN Photo PNR Vosges du Nord Photo PNR Vosges du Nord

RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE LA MÉTHODE … · REVUE DE L’AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION • N° 161• MARS/AVRIL 2017• 13 € ... fessionnelle une conduite métallique fermée ache-

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QUALITÉ

Avis Techniques:commentmieux maîtriserle passageau domainetraditionnel?

MISE EN ŒUVRE

Réseauxcollectifs:plus deréflexionconcernantleur intégration

RÉGLEMENTATION

Murs doublesavec ITE:actualiserle NF DTU 20.1pour satisfairela RT 2012

PRESCRIPTION

BIM:un potentielénormepour fiabiliserl’exploitationdu bâtiment

R E V U E D E L ’ A G E N C E Q U A L I T É C O N S T R U C T I O N • N ° 1 6 1 • M A R S / A V R I L 2 0 1 7 • 1 3 €

RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE

LA MÉTHODE ALSACIENNE SURLE BÂTI ANCIEN

RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE

LA MÉTHODE ALSACIENNE SURLE BÂTI ANCIENPhoto PNR Vosges du NordPhoto PNR Vosges du Nord

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SOMMAIRE

5M A R S / A V R I L 2 0 1 7 • N ° 1 6 1 • Q U A L I T É C O N S T R U C T I O N

N ° 1 6 1 • M A R S / AV R I L 2 0 1 7

6 Questions/réponses • Toute l’actualité dela Construction • Agenda • Formations

QUALITÉ10 Avis Techniques : comment

mieux maîtriser le passageau domaine traditionnel ?

JURIDIQUE19 Responsabilité et assurance

construction : le point sur lesdernières réformesEXPERTISE JUDICIAIRE

23 Fiche pratique

TECHNIQUESPRÉVENTION

425 Manifestationsde la pathologie : les défautsd’isolation acoustique

431 Fiche qualité réglementaireRÉNOVATION

34 Rénovation énergétique :la méthode alsaciennepour le bâti ancienMISE EN ŒUVRE

48 Bétons architectoniques :encadrement expérimentéet compétences pointues sur chantier

55 Réseaux collectifs : plus de réflexion concernantleur intégrationRÉGLEMENTATION

59 Murs doubles avec ITE :actualiser le NF DTU 20.1pour satisfaire la RT 2012

65 Fiche pathologie bâtiment

EUROPE67 Règlement Produits de

construction : les dispositionssimplificatricessont-elles utilisées ?

PRESCRIPTION69 BIM : un potentiel

énorme pour fiabiliserl’exploitation du bâtiment

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d’assurance. L’éolienne domestique qui n’est pas unouvrage de production d’énergie est donc soumis àl’obligation d’assurance» (CA de Limoges, civ., 15avril2014, n° 12/01491).

3.Prescription à l’encontre des sous-traitantsL’ordonnance n° 2005-658 du 8 juin 2005 a instituéune prescription de 10 ans à compter de la récep-tion pour les actions à l’encontre des sous-traitants.Celle-ci a été codifiée à l’article 2270-2 du Code ci-vil, devenu, par la suite, l’article 1792-4-2 du Codecivil. Il prévoit que « les actions en responsabilité di-rigées contre un sous-traitant en raison de dom-mages affectant un ouvrage ou des éléments d’équi-pement d’un ouvrage mentionnés aux articles 1792et 1792-2 se prescrivent par dix ans à compter de laréception des travaux et, pour les dommages affec-tant ceux des éléments d’équipement de l’ouvragementionnés à l’article 1792-3, par deux ans à compterde cette même réception».Auparavant, l’action en responsabilité contractuellecontre le sous-traitant se prescrivait, à compter dela réalisation du dommage ou de sa révélation, par30 ans ou 10 ans pour les commerçants. En ma-tière délictuelle, le délai de prescription était de10 ans à compter de la manifestation du dommageou de son aggravation. Ainsi, à la différence du locateur d’ouvrage, le sous-traitant était soumis à des prescriptions différen-ciées selon le fondement juridique de l’action et pluslongues (elles n’avaient pas un point de départ fixe:la réception des travaux).En matière d’application dans le temps, l’article 5de l’ordonnance prévoyait que les dispositions nou-velles de l’ordonnance s’appliquaient aux marchés,contrats ou conventions conclus après sa publica-tion, à l’exception justement de cette nouvelle pres-cription à l’encontre des sous-traitants. Dès lors, ilfallait se référer aux règles habituelles d’applica-tion dans le temps des lois pour déterminer l’appli-cation ou pas du nouvel article1792-4-2 du Code ci-vil aux litiges en cours ou survenus après le 9 juin2005, date d’entrée en vigueur de ladite ordonnance.La nouvelle prescription de l’article1792-4-2 du Codecivil ne s’est pas ainsi imposée immédiatement. Unarrêt du 8février 2012 (C.cass., 3ech. civ., n°11-11.417,publié au bulletin) approuve la mise en œuvre de l’ancienne prescription. De même, la Cour de cas-sation, dans un arrêt du 29 octobre 2015 (C. cass.,3e ch. civ., n° 14-24.711), casse et annule une déci-sion de cour d’appel qui avait déclaré irrecevable uneaction à l’encontre d’un sous-traitant en faisant cou-rir le délai de prescription à l’égard du sous-traitantà compter du jour de la réception des travaux et nonà compter du jour de la manifestation du dommageou de son aggravation, conformément à la prescrip-tion ancienne (voir aussi C. cass., 3e ch. civ., 19 mai2016, n° 15-11.355).Mais, le temps de la transition législative ayant faitson œuvre, on peut dorénavant considérer que lapres cription de l’article 1792-4-2 du Code civil rela-tive aux actions contre les sous-traitants va doréna-vant s’imposer pleinement. Les décisions à venir devront formaliser cette perspective.

Néanmoins, la jurisprudence a considéré qu’un va-riateur était un élément d’une installation destinéeà l’évacuation des gaz, des fumées et des poussièresd’une fonderie, participant au fonc tion nement de l’ou-vrage, et dont les dysfonctionnements avaient rendul’ouvrage dans son ensemble impropre à sa desti-nation. Il faut noter que cet équipement ne partici-pait pas exclusivement à la production mais consti-tuait un système de prophylaxie indispensable pourles salariés de l’usine qu’il protégeait contre les fu-mées, les gaz et les poussières. Sa fonction n’étaitdonc pas exclusivement de permettre l’exerciced’une activité professionnelle dans l’ouvrage (C.cass.3e ch. civ., 7 mai 2017, n° 12-23.933, inédit).Plus récemment, la Cour de cassation vient de cen-surer le jugement de la cour d’appel (CA de Mont-pellier, 2e ch. civ., 5 mai 2015, n° 13/03936) ayantadmis comme élément d’équipement à vocation pro-fessionnelle une conduite métallique fermée ache-minant l’eau d’un canal à une centrale hydro-élec-trique exploitée commercialement, é qui pement ayantpour fonction exclusive de per mettre la productiond’électricité par cet ouvrage, à titre professionnel :«Vu les articles1792 et1792-7 du Code civil; attendu que,pour rejeter les demandes du maître d’ouvrage fondéessur la garantie décennale, l’arrêt retient que la conduitemétallique fermée acheminant l’eau du canal de Nyerà la centrale hydro-électrique est un équipement quia pour fonction exclusive de permettre la productiond’électricité par cet ouvrage à titre professionnel ;qu’en statuant ainsi, alors que la construction, sur plu-sieurs kilomètres, d’une conduite métallique ferméed’adduction d’eau à une centrale électrique constitueun ouvrage, la cour d’appel a violé les textes susvisés»(C. cass., 3e ch. civ., 19 janvier 2017, n° 15-25.283).

2.Ouvrages et équipements accessoires à un ou-vrage soumis

La garantie décennale ne concerne que les dommagesaffectant un ouvrage (C. cass., 3e ch. civ., 4 mai 2016,n° 15-15.379 – 3e ch. civ., 12 novembre 2015, n° 13-25.258 – 3e ch. civ., 21 janvier 2015, n° 13-18.316) ausens de l’article 1792 du Code civil: «Tout construc-teur d’un ouvrage est responsable de plein droit, enversle maître ou l’acquéreur de l’ouvrage, des dommages,même résultant d’un vice du sol, qui compromettent lasolidité de l’ouvrage ou qui, l’affectant dans l’un de seséléments constitutifs ou l’un de ses éléments d’équi-pement, le rendent impropre à sa destination.»Mais les obligations d’assurance de responsabilitédécennale et de Dommages-Ouvrage ne s’appliquentpas aux ouvrages énumérés à l’articleL.243-1-1 (§ I)du Code des assurances, sauf si l’ouvrage ou l’é -lément d’équipement est accessoire à un ouvragesoumis à l’obligation d’assurance.Ainsi, «une éolienne domestique constitue un ouvrageau sens de l’article 1792 du Code civil dès lors que samise en œuvre exige l’incorporation de matériaux dansle sol au moyen de travaux de construction. Un tel ou-vrage qui est destiné à produire les besoins en éner-gie de la maison d’habitation sur le terrain de laquelleil est implanté est un élément d’équipement non dissociable qui est nécessaire à la destination d’un ouvrage de construction lui-même soumis à l’obligation

“L’ordonnancen° 2005-658du 8 juin 2005a institué uneprescriptionde 10 ans àcompter de laréception pourles actions àl’encontre dessous-traitants”

JURIDIQUE

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POUR EN SAVOIR PLUSOuvrages disponibles• L’assurance construction

(Auteurs: François-XavierAjaccio, Albert Caston, RémiPorte – Éditions Le Moniteur,2e édition [août 2015],www.editionsdumoniteur.fr).

• Traité de la responsabilitédes constructeurs (Auteurs:François-Xavier Ajaccio, AlbertCaston, Rémi Porte, MarioTendeiro – Éditions Le Moniteur,édition 2013www.editionsdumoniteur.fr).

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La phase 1 d’étudearchitecturale, thermique ethygrothermique montre que:• les performances énergétiques

des logements anciensalsaciens, objectivées par lecalcul de leurs étiquettes-énergie, sont proches de lamoyenne nationale deslogements;

• la typologie thermiqueconditionne la performance:étiquette-énergie D pourl’appartement en étage courantde logements mitoyens, E pourla maison protégée du vent pardes schlupfs, E ou F pour lamaison indépendante;

• les caves et greniers sont desespaces-tampons thermiquesutiles en hiver comme en été;

• les portes et fenêtres nereprésentent pas le premierposte de déperditions, mais 10 à25 % des déperditions totales;

• les fuites d’air constituent leplus souvent un poste trèsimportant de déperditions;

• les logements anciens neprésentent quasiment aucunpont thermique, du fait dessolivages bois et des pans debois avec torchis ou briques;

• les parois sont en équilibrehygrothermique: les apportsd’humidité sont évacuésefficacement par les mortierscapillaires de chaux et d’argile etpar la circulation de l’air autravers de l’enveloppe;

• le confort d’été est souventmeilleur que dans lesconstructions des années 1970.

La phase 2 propose pour chaquetype de logement ancien troisscénarios de rénovation, évaluésselon cinq critères visualiséssur un diagramme «radar»:gain énergétique, confort d’été,diminution de l’effet de paroifroide en hiver, absence de risquelié à l’humidité dans les murs,respect de l’aspect patrimonialet architectural. Tous les coûtsde travaux sont estimés, en rentabilité et soutenabilité,et comparés au coût de l’inactionen euros et tonnes de CO2 nonémises.Les principaux enseignementssur les actions recommandéessont les suivants:• l’approche de la rénovation doit

être multi-critères;• le niveau «BBC rénovation»

(scénario 1) peut être atteintpour tous les types étudiés parune intervention complète surl’enveloppe qui préserve lescaractères principaux desfaçades et toitures, par unremplacement de la chaudièreet par l’installation d’une VMC.Condition: pas de décorsintérieurs anciens à conserver(moulures…);

• il existe des alternatives(scénarios 2 et 3) satisfaisantespour gagner une à deux classesd’étiquette-énergie, pour limiter

les coûts, agir par étapes etpréserver de manière pluscomplète la qualité patrimonialedu bâti;

• l’aménagement des combles estdéfavorable au confort d’été;

• la pose d’un isolant thermiquepar l’extérieur est écartée danspresque tous les cas, car elle nepermet pas de conserver lescaractéristiques des façades etdes toitures. L’ITE de façadespeu visibles reste possible avecemploi d’isolants ouverts à lavapeur comme la fibre de bois,d’enduits chaux-chanvre oud’enduits isolants perspirants;

• la conservation et l’améliorationdes menuiseries existantes,notamment par traitementdes fuites d’air, s’avèrent,du point de vue énergétique,presque équivalentes à leurremplacement, lorsque les murset les planchers sont isolés;

• pour éviter l’humidificationexcessive des murs anciens, lesmatériaux isolants doiventassurer une continuité capillaireet être ouverts à la vapeur;

• pour une suppression de l’effetde paroi froide, la mousseminérale et les enduits isolantssont adaptés mais coûteux;

• les isolants biosourcésprésentent, pour un surcoûtmodéré, moins de risqued’humidification que les lainesminérales, qui sont à éviter, sauf en cas de pose parfaite. ■

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SYNTHÈSE DES RÉSULTATS DEL’ÉTUDE HABITAT ANCIEN EN ALSACE

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pour lequel il était difficile d’obtenir un parementde qualité en termes de bullage et de qualité de fi-nition. Socotrap a donc choisi de le couler en placeverticalement et de l’incliner ensuite au moyend’une grue mobile de 200 tonnes. Dans le cas de la gare TGV de Liège, une difficultérésidait dans les nombreuses formes en béton blancà surface courbe non développable. Certainespièces étaient répétitives comme les lamelles, lesconsoles ou les formes en K, d’autres étaient uniquescomme les tripodes ou les fléchettes de supportsdes auvents. Un travail de menuiserie de précisiona été nécessaire pour réaliser les peaux coffrantes.En atelier, des gabarits ont été usinés à la forme 3Ddes pièces avec une fraiseuse 5 axes. Ces gabaritsont ensuite été habillés avec une peau de coffrageen lattes de bois, soigneusement plastifiées et vernies, pour les rendre jointives et imperméables,puis fixés par le dos sur des panneaux de coffrageMDF standard.

L’autonettoyant,un produit matureLe vieillissement d’un béton brut de teinte claireest délicat surtout si le parement est incliné, malexposé avec de l’humidité qui stagne et engendresalissures et mousse… Dans certains cas, le cimentblanc autonettoyant adjuvanté au dioxyde de titaneest une réponse. Son additif photo-catalytique luidonne la capacité de décomposer par oxydo-réduc -tion les produits organiques et inorganiques sousl’effet des UV. Ce béton autonettoyant a été utilisé pour la premièrefois en France pour les façades de la Cité des Artsde Chambéry (73), ouverte au public depuis 2002.Conçu par les architectes Yann Keromnes, FrançoisCusson et Aurelio Galfetti, cet ouvrage exemplairea fait l’objet d’un suivi colorimétrique dans le temps.La structure des façades est un exosquelette de béton légèrement gris avec une finition brute de décoffrage, préfabriqué par la société

chiffon, pour empêcher l’adhérence du béton touten conservant la porosité du bois. Les panneaux boisdoivent être soigneusement entretenus avec uncycle d’usure d’environ vingt coulages. «Les équipesde banches sont sensibilisées sur l’importance del’étanchéité du coffrage, d’autant plus difficile à obtenirque la matrice sera rustique. Pour assurer l’étanchéitéau niveau des mannequins, nous avons préféré auxjoints intégrés des joints en mousse autocollants, quidemandent à être vérifiés et changés à chaque usage»,confie Yoann Ronot.

Une étude amontdu coulage et des vibrationsLa phase de bétonnage doit être considérée avecsoin, avec des points précis de coulage et des vibra -tions bien réparties. En particulier, la mise en œuvred’un béton blanc nécessite une vitesse précise decoulage afin d’éviter les défauts et le risque de sé-grégation. Le béton est contrôlé à chaque livraisonavec un slump (1) prédéfini puis coulé par strates.Si chaque coulage s’effectue habituellement à hauteur d’étage, il peut être conseillé pour une fa-çade comportant de grandes ouvertures de coulerà hauteur d’allège sous les fenêtres afin d’assurerune qualité des vibrations et un parement homo-gène. Sur le chantier de l’extension de la cliniquede Caen, la façade de l’ouvrage étant constituée degrandes baies avec des allèges, les hauteurs de coulages ont été calées entre les arases supé-rieures des allèges afin d’obtenir un remplissagecorrect du béton. Afin d’éviter des disparités impor-tantes au niveau du parement (ségrégation, bullaged’air, discontinuité des teintes…), la hauteur de chutedoit être limitée grâce à des cheminées de coulageadaptées. De même, les vibrations doivent être ho-mogènes et le décoffrage doit im pé ra ti vement êtreeffectué dans des conditions de maturité constante.Après décoffrage, le parement est protégé contrela dessiccation, soit par un produit de cure soit parune bâche étanche.

Le défi des formescourbes ou inclinéesDans le cas d’un coulage sur chantier de bétonblanc, les formes courbes, les arêtes, les rainuresou les plans inclinés sont particulièrement diffi-ciles à réussir en termes de qualité de parement.À la rentrée 2010, le nouveau collège de Gaillac (81)réalisé par l’architecte Jean-Pierre Lott a ouvert sesportes. Les voiles de façades sont en béton blancarchitectonique pour un volume de 1400 m3. Le bâ-timent est composé de porte-à-faux, d’un dôme, deplans inclinés, de résille béton et de nombreuxvoiles courbes. «Sur ce projet, le parement est lisseavec des voiles entièrement courbes à rayon va riable.Pour cela, nous avons utilisé des coffrages circulairesMetacintre avec des mannequins bois à usage uniqueen raison des courbures variables», confie RogerTrabis, directeur de production chez Socotrap. Pourobtenir un parement lisse uniforme, les voiles ontété poncés au disque très fin puis la poussière a étéaspirée. L’un des points les plus techniques du chan-tier a concerné un voile incliné à 154° de 130 tonnes,

“La mise enœuvre d’unbéton blancnécessite unevitesse précisede coulageafin d’éviterles défautset le risquede ségrégation”

(1) Le slump-test ou testd’affaissement et de plasticitéd’un cône de béton, dit aussitest du cône d’Abrams. www

Photo Erick SailletPhoto Erick Saillet

Chai du Château Cheval Blancà Saint-Émilion (33) par Christiande Portzamparc, livré en 2011.Quatre voiles incurvés de 40 cmd’épaisseur coulés en béton blancautoplaçant Agilia de Lafarge-Holcim poncé mécaniquement(gros œuvre Spie Batignolles SO).

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TECHNIQUES RÉGLEMENTATION

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Photo Syntetic XDPhoto Syntetic XD1

Photo GAPhoto GA2

très fin niveau de détail (pour une vanne de régulationsur l’eau glacée par exemple: modèle, fournisseur,valeurs de débits et courbes de températures précises,localisation, historique de la pose et des réglages…)tout au long de la construction et faisant office desupport de réception du bâtiment lors de sa livraison,l’entreprise de facility management dispose dumeilleur outil possible pour l’exploitation du bâ -timent. Il ne lui reste plus qu’à importer cette trèsriche maquette 3D dans son logiciel de GMAO (Ges-tion de la maintenance assistée par ordinateur), etelle dispose de tous les plans du bâ timent ainsi qued’un inventaire fonctionnel, détaillé et géolocaliséde tous les équipements du bâtiment sur lesquelss’exercera son activité de maintenance. Si la GTB (Gestion technique du bâtiment) remonteune information sur un défaut de la vanne de régu-lation, l’exploitant sait où elle se trouve, connaît samarque, son modèle, ses caractéristiques techniques,ses réglages, son historique avec tous les défautsremontés, la nature des interventions successiveseffectuées sur cette vanne et les personnes qui lesont réalisées. Il peut donc trancher ra pi dement etdécider de l’intervention la plus appropriée: dé-pannage, remplacement, etc. Plus encore: avant même l’indication d’un défaut parla GTB, le logiciel de GMAO peut analyser le fonc-tionnement et l’historique de cette vanne, déciderd’une maintenance préventive et programmer unremplacement à un moment où l’arrêt temporairede cette circulation d’eau glacée ne causera aucunpréjudice d’exploitation. L’approvisionnement de lanouvelle vanne – description précise du modèle souhaité,négociation de prix, commande, livraison,saisie dans l’inventaire du bâtiment – se fait alors

Après avoir successivement examiné leBIM en conception et en phase chantier àtravers quelques opérations, nous abor-dons le BIM en exploitation. Parmi les bâtiments que nous suivions, seul l’hôpi-

tal d’Ajaccio a été lancé en BIM dès l’appel d’offres,spécifiquement pour faciliter par la suite l’exploita-tion du bâtiment. Du coup, nous allons introduire icid’autres opérations ayant «poussé» jusqu’au BIMExploitation. Le campus Hélios de Thalès à Vélizy- Villacoublay (78) est composé de trois bâtiments pourune surface totale de 49000m2, destinés à accueillir2300 personnes. Livrée en octobre 2014, cette opé-ration sert de lieu d’expérimentation du BIM en ex-ploitation même si cette idée n’est intervenue qu’encours de chantier, le BIM n’étant initialement demandéque pour la conception et la construction. Pour cela,Thalès (l’occupant), Vinci Facilities (chargé de l’ex-ploitation du bâtiment), la Foncière des Régions(l’investisseur propriétaire du bâtiment) et VinciConstruction (l’entreprise générale à travers sa filiale Petit Lainé Delau) ont créé le BIM FM Lab. Cettestructure de recherche et de concertation doit leurpermettre de développer des cahiers des chargesplus précis pour de futurs bâtiments en BIM Exploi-tation, notamment un second ensemble de bureauxpour Thalès en cours de construction à Mérignac (33),et dont l’ambition est le «Full BIM», c’est-à-dire l’em-ploi du BIM de la conception à l’exploitation.

Une idée simple et séduisantedans un futur idéalL’idée du BIM Exploitation est simple et parfaitementlogique. Avec la maquette numérique 3D du bâ timent,élaborée dès la conception puis enrichie jusqu’à un

Le campus Héliosde Thalès à Vélizy fait l’objet d’uneexpérimentation de BIM Exploitation.La Foncière des Régions (propriétairedu bâtiment), Thalès (l’occupant), VinciConstruction (l’entreprise générale) etVinci Facilities (l’exploitant) ont crééensemble la cellule BIM FM Lab. Sonpremier travail, qui a consisté à mettreau point les données nécessaires pourl’exploitation de chaque équipement,a ensuite servi de base audéveloppement du kit BIM Exploitation.

Ce campus a remportéle grand prix du Tekla Global BIMAwards 2016. Un DOE (Dossier desouvrages exécutés) BIM a été remis aumaître d’ouvrage à la livraison, et apermis de développer une maquetteBIM d’exploitation. Chaque participantau projet a développé un modèleBIM du lot le concernant.Ces modèles BIM ont été incorporésà la maquette numérique généralepar une exportation/importationau format .IFC, ce qui a produit lamaquette BIM générale, dite BIM TCE(Tous corps d’état).

Dans la maquette BIM TCEdu campus Thalès à Mérignac,les petits équipements terminaux nesont pas représentés par des fichiersgraphiques en 3D, trop longs àdessiner. Le groupe GA a décidéd’utiliser plutôt des pictogrammespour représenter notamment lesterminaux électriques courants forts etcourants faibles. Chaque pictogrammeest géolocalisé dans la maquette BIMTCE et référencé en altimétrie. En sepromenant dans la maquette, on peutcliquer sur un pictogramme qui affichela fiche technique du produit :ventilo-convecteur, etc.

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PRESCRIPTION

Photo GAPhoto GA3