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Société Française d’Arthroscopie, Réunion Annuelle 2007 © 2007. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés (suppl. au n° 8, Rev. Chir. Orthop. 2007, 93, 5S12-5S13) QUE RESTE-T-IL DES SYMPOSIA 2002 ET 2003 ? Réparation méniscale — SFA 2003 PHILIPPE BEAUFILS *, XAVIER CASSARD ** Le symposium avait fait l’objet d’une étude multicentri- que rétrospective et prospective coordonnée par Olivier Charrois. Celle-ci a permis de répondre aux questions suivantes : le taux de succès clinique, le taux de cicatrisa- tion, les bases techniques du succès, les facteurs pronosti- ques et ainsi de dégager les indications thérapeutiques. RÉSULTATS CLINIQUES Le taux de méniscectomie secondaire de la série globale dans l’étude rétrospective était de 23 %, dont plus de 3/4 sont réalisés dans les deux ans postopératoires. Globalement sur 100 ménisques réparés, et à 45 mois de recul moyen : 23 auront une méniscectomie secondaire, 15 conserveront des douleurs modérées sur l’interligne, 62 seront asympto- matiques. Une étude scannographique a étudié la cicatrisation. Une cicatrisation complète était obtenue dans 39 %, partielle dans 34 %. Aucune cicatrisation n’apparaissait dans 27 % des cas. La cicatrisation est apparue comme une réalité, souvent incomplète, et nous avons formulé l’hypothèse qu’elle était suffisante pour transformer une lésion ménis- cale instable en lésion méniscale stable. Des données techniques de l’étude, nous avions déduit que la technique tout en dedans doit être utilisée chaque fois que possible, que le succès de la réparation repose sur deux principes fondamentaux : un avivement des berges de la lésion pour favoriser le processus biologique cicatriciel et une fixation primaire stable, également pour favoriser ce processus. FACTEURS PRONOSTIQUES Le ménisque médial a des résultats inférieurs au ménis- que latéral aussi bien en termes de méniscectomie secon- daire (24 % versus 11 %), de douleurs résiduelles (22 % versus 14 %). Le taux de cicatrisation est analogue sauf dans le groupe ménisque latéral sur genou laxe où la cicatri- sation est constante. Les lésions en zone 2 (zone rouge- blanc) cicatrisent aussi bien que les lésions en zone 0 ou 1 (zone rouge-rouge). Il convient donc de pousser les indica- tions à cette zone. En revanche, les lésions en zone 3 (blanc- blanc) ont un potentiel de cicatrisation faible. L’extension antéropostérieure est un facteur de mauvais pronostic. Les lésions étendues ont un taux de méniscectomie secondaire plus élevé. Mais une méniscectomie étendue est aussi un facteur de mauvais pronostic. FACTEURS ÉTIOLOGIQUES L’ancienneté de la lésion est un facteur de moins bonne cicatrisation : 84 % de cicatrisation si le délai est inférieur à 12 semaines, 63 % s’il est supérieur à 3 mois. Les résultats sont, par ailleurs, équivalents selon que le genou est stable ou laxe (à condition d’une reconstruction ligamentaire asso- ciée), en termes de méniscectomie secondaire, de taux de cicatrisation (sauf pour le ménisque latéral qui cicatrise mieux en cas genou laxe réparé), de douleurs résiduelles. Les indications (pré requis indispensable) : — une lésion méniscale se situant en zone vascularisée (0, 1 ou 2). L’IRM préopératoire avec une sensibilité de 91 % et une spécificité de 87 % est un bon examen pour prévoir la « réparabilité » anatomique d’une lésion méniscale ; — un tissu méniscal sain ; — une fixation primaire stable. Sur genou laxe, les lésions méniscales périphériques symptomatiques et/ou instables doivent être réparées en association systématique avec une reconstruction du liga- ment croisé antérieur. Les indications peuvent être poussées au-delà de 3 mois. L’alternative est l’abstention. Celle-ci * Hôpital André-Mignot, 78157 Le Chesnay Cedex. ** Clinique des Cèdres, Cornebarrieu.

Réparation méniscale — SFA 2003

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Page 1: Réparation méniscale — SFA 2003

Société Française d’Arthroscopie, Réunion Annuelle 2007 © 2007. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés(suppl. au n° 8, Rev. Chir. Orthop. 2007, 93, 5S12-5S13)

QUE RESTE-T-IL DES SYMPOSIA 2002 ET 2003 ?

Réparation méniscale — SFA 2003

PHILIPPE BEAUFILS *, XAVIER CASSARD **

Le symposium avait fait l’objet d’une étude multicentri-que rétrospective et prospective coordonnée par OlivierCharrois. Celle-ci a permis de répondre aux questionssuivantes : le taux de succès clinique, le taux de cicatrisa-tion, les bases techniques du succès, les facteurs pronosti-ques et ainsi de dégager les indications thérapeutiques.

RÉSULTATS CLINIQUES

Le taux de méniscectomie secondaire de la série globaledans l’étude rétrospective était de 23 %, dont plus de 3/4sont réalisés dans les deux ans postopératoires. Globalementsur 100 ménisques réparés, et à 45 mois de recul moyen :23 auront une méniscectomie secondaire, 15 conserverontdes douleurs modérées sur l’interligne, 62 seront asympto-matiques.

Une étude scannographique a étudié la cicatrisation. Unecicatrisation complète était obtenue dans 39 %, partielledans 34 %. Aucune cicatrisation n’apparaissait dans 27 %des cas. La cicatrisation est apparue comme une réalité,souvent incomplète, et nous avons formulé l’hypothèsequ’elle était suffisante pour transformer une lésion ménis-cale instable en lésion méniscale stable.

Des données techniques de l’étude, nous avions déduitque la technique tout en dedans doit être utilisée chaque foisque possible, que le succès de la réparation repose sur deuxprincipes fondamentaux : un avivement des berges de lalésion pour favoriser le processus biologique cicatriciel etune fixation primaire stable, également pour favoriser ceprocessus.

FACTEURS PRONOSTIQUES

Le ménisque médial a des résultats inférieurs au ménis-que latéral aussi bien en termes de méniscectomie secon-daire (24 % versus 11 %), de douleurs résiduelles (22 %versus 14 %). Le taux de cicatrisation est analogue saufdans le groupe ménisque latéral sur genou laxe où la cicatri-sation est constante. Les lésions en zone 2 (zone rouge-blanc) cicatrisent aussi bien que les lésions en zone 0 ou 1(zone rouge-rouge). Il convient donc de pousser les indica-tions à cette zone. En revanche, les lésions en zone 3 (blanc-blanc) ont un potentiel de cicatrisation faible. L’extensionantéropostérieure est un facteur de mauvais pronostic. Leslésions étendues ont un taux de méniscectomie secondaireplus élevé. Mais une méniscectomie étendue est aussi unfacteur de mauvais pronostic.

FACTEURS ÉTIOLOGIQUES

L’ancienneté de la lésion est un facteur de moins bonnecicatrisation : 84 % de cicatrisation si le délai est inférieur à12 semaines, 63 % s’il est supérieur à 3 mois. Les résultatssont, par ailleurs, équivalents selon que le genou est stableou laxe (à condition d’une reconstruction ligamentaire asso-ciée), en termes de méniscectomie secondaire, de taux decicatrisation (sauf pour le ménisque latéral qui cicatrisemieux en cas genou laxe réparé), de douleurs résiduelles.

Les indications (pré requis indispensable) :— une lésion méniscale se situant en zone vascularisée

(0, 1 ou 2). L’IRM préopératoire avec une sensibilité de91 % et une spécificité de 87 % est un bon examen pourprévoir la « réparabilité » anatomique d’une lésionméniscale ;

— un tissu méniscal sain ;— une fixation primaire stable.Sur genou laxe, les lésions méniscales périphériques

symptomatiques et/ou instables doivent être réparées enassociation systématique avec une reconstruction du liga-ment croisé antérieur. Les indications peuvent être pousséesau-delà de 3 mois. L’alternative est l’abstention. Celle-ci

* Hôpital André-Mignot, 78157 Le Chesnay Cedex.** Clinique des Cèdres, Cornebarrieu.

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RÉPARATION MÉNISCALE — SFA 2003 5S13

peut être proposée au ménisque médial si la longueur de lalésion est inférieure à 10 mm.

Sur genou stable, la réparation méniscale s’adresse ausujet jeune et a fortiori à l’enfant, pour des lésions en zonevascularisée avec tissu méniscal sain. Le clivage horizontaldu sujet jeune constitue une indication particulière. Lesrésultats au ménisque latéral sont meilleurs qu’au ménisquemédial. À l’inverse la méniscectomie s’adresse à despatients plus âgés pour des lésions en zone avasculaire, untissu dégénératif et/ou une lésion radiale, en clivage ou com-plexe. Les résultats sont moins bons au ménisque latéral.Ainsi, les indications de réparation méniscale et de ménis-cectomie ne s’opposent pas mais sont complémentaires.

Nous proposions, en ultime conclusion, les « dixcommandements » suivants :

1 — Faire une IRM préopératoire pour apprécier la« réparabilité ».

2 — Utiliser chaque fois que possible une technique touten dedans. Une technique combinée peut être proposéedans les lésions étendues, une technique à ciel ouvert dansles clivages horizontaux.

3 — Obtenir un avivement de qualité des berges de lalésion.

4 — Obtenir un montage initial stable.5 — Sur genou laxe, réparer les lésions méniscales

médiales supérieures à 10 mm.6 — Sur genou laxe, reconstruire le LCA simultanément.7 — Sur genou stable, réparer précocement les lésions

verticales périphériques.8 — Sur genou stable, réparer les clivages horizontaux

du jeune sportif.9 — Chez l’enfant, pousser les indications de réparation.10 — Dans tous les cas, essayer de préserver le

ménisque pour préserver le cartilage.