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REPORTAGES LEROY MERLIN Source 2019 L’architecte, la ville et les us-âges «Avant de penser habitat, il faut penser habitants » Un reportage de Christel Leca

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REPORTAGESLEROY MERLIN Source 2019

L’architecte, la ville et les us-âges

« Avant de penser habitat, il faut penser habitants »

Un reportage de Christel Leca

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REPORTAGES LEROY MERLIN Source

Architecte de formation, Nadia Sahmi s’est éloignée de son cœur de métier parce qu’elle voulait se concentrer sur les usages plutôt que sur l’enveloppe. En travaillant dans le secteur médico-social, en participant à l’élaboration des décrets d’application de la loi Handicap de 2005, en intervenant sur des projets urbains et architecturaux en tant que consultante en accessibilité et qualité d’us-âges, en écrivant de nombreux articles et ouvrages sur le vieillissement, l’isolement, la qualité d’usage, l’accessibilité, elle a acquis une expertise qui intéresse de nombreux maîtres d’ouvrage, à l’instar de la communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées.

C’est l’histoire d’un vieux monsieur dans une ville moyenne. Il a des petits soucis de santé, ceux d’un

homme de 80 ans, on lui recommande de ne pas sortir, alors il reçoit des soins à domicile. Qu’à cela ne tienne, il a envie de faire sa petite balade et va chercher son steak chez le boucher, à cent mètres de son appartement, deux fois par semaine. Ça lui fait du bien, il regarde le monde, il prend l’air… Mais il a besoin de faire une petite pause à mi-chemin et s’assoit sur les marches à l’entrée d’une banque pour se reposer quelques minutes. Un employé inquiet sort immédiatement de l’établissement et lui demande si tout va bien. Le vieux monsieur

est un peu sourd d’oreille. L’employé le croit déboussolé car il ne répond pas bien à ses questions. Il appelle les pompiers. Malgré son refus, ils l’emmènent à l’hôpital. Par chance, l’équipe qui l’accueille le reconnaît et le laisse rentrer chez lui. La scène se reproduit devant une boulangerie, sur le bord d’un pot de plantes en béton. Chaque fois, les soignants le reconnaissent et le « libèrent »… jusqu’au jour où il est emmené dans un autre lieu de soins. Où personne ne le connaît. Il est hospitalisé, pas question qu’il reparte sans être accompagné d’un membre de sa famille. C’est la procédure. Sa fille est contactée, mais elle habite à 800 kilomètres, elle travaille, on est en milieu

L’architecte, la ville et les us-âges

« Avant de penser habitat, il faut penser habitants »

On vous interdit de mourir de trop de sucre, de trop de sel, de trop de gras, d’une chute dans l’escalier, mais on vous fait mourir de piqûres, de purée insipide, de gris, de plastique... d’ennui.’’

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de semaine, elle ne pourra pas venir avant quelques jours. Le vieux monsieur veut rentrer chez lui. Il s’agite sur son lit d’hôpital, alors on l’attache. Sa fille propose d’envoyer une décharge pour qu’il puisse rentrer chez lui. Refus de l’administration hospitalière. Il veut s’en aller, on a peur qu’il s’échappe. Comme il n’y a pas assez de personnel pour l’accompagner aux toilettes, on lui pose une sonde. Ses liens lui font mal, ainsi que la sonde. Il se plaint beaucoup. Il veut rentrer chez lui. Il se blesse en voulant se libérer. Il refuse de se nourrir. Rien ne lui fait envie en dehors de son steak qu’il achetait au coin de la rue. Il a soif, on lui pose un verre en plastique contenant de l’eau sur sa table de chevet, qu’il renverse, ne voyant pas bien le gobelet translucide sur la table blanche. Les soignants se lassent un peu devant tant de mauvaise volonté, alors qu’ils font tout ça pour son bien. Le samedi, lorsque sa fille arrive enfin, il ne va pas bien du tout. Il souffre d’une infection. Il a perdu du poids. Elle ne peut pas le ramener ainsi chez lui. Il doit passer par une maison de repos Un mois passe et il décède.

L’urbanisme en question Nadia Sahmi raconte souvent cette histoire – vraie – à ses interlocuteurs, leur demandant : « à qui la faute ? ». Élus, bailleurs sociaux, techniciens, etc., répondent invariablement « le système, la procédure, les soignants, les pompiers ? ». Rien de tout cela. S’il y avait eu des bancs sur le parcours du vieux monsieur, il se serait reposé sans que cela n’alerte personne et aurait poursuivi son chemin vers la boucherie tranquillement, à son rythme. « Le problème, c’est l’aménagement urbain, même si, bien sûr, une fois à l’hôpital, on regrette la procédure, le manque de moyens et de personnel soignant, de formation à la malvoyance. Mais à la base de ce drame, il y a l’urbanisme. »

Nadia Sahmi est architecte. Elle en a le titre et le diplôme, mais au lieu de se consacrer uniquement à la conception architecturale « en gardant pour elle ses savoir-faire », elle préfère l’essaimer auprès de ses confrères. « À l’école d’architecture, je ne m’intéressais déjà pas à ce qu’il fallait. Je me préoccupais du bien-être des occupants. Je dessinais ce qu’ils voyaient de leur fauteuil depuis l’intérieur des bâtiments,alors que les chefs d’atelier attendaient de la belle façade. J’ai fait ma thèse sur une école pour tous, inclusive. On m’a dit "c’est une utopie, mais fais-toi plaisir" (c’est inscrit dans la loi aujourd’hui, vingt ans après). Ensuite, dans le cabinet d’architectes qui m’a embauchée, on vendait de belles perspectives, et "débrouillez-vous pour que ça marche derrière". Je me retrouvais avec des angles impossibles à meubler, des fenêtres apportant trop ou pas suffisamment de lumière... »

Les déplacements, une chaîne à ne pas rompre

Elle se tourne alors vers le secteur médico-social, travaillant autour des vulnérabilités avec plusieurs associations. À l’époque, sort la première édition de Handicap et Construction 1 : « elle contenait des schémas d’accessibilité permettant de fabriquer des escaliers, des sanitaires, une porte d’entrée, etc., adaptés aux personnes en situation de handicap. Ça ne marchait pas, le message ne passait pas et j’avais besoin de comprendre pourquoi ». Nadia Sahmi conceptualise ainsi la « chaîne de déplacements », qui fait le lien entre ces dispositifs. « Il faut comprendre que l’on a affaire à une personne qui va d’un point A à un point B en passant par le trottoir, la porte d’entrée, une banque d’accueil, un ascenseur ou un escalier, qui participe

1. Ouvrage de Louis-Pierre Grosbois aux éditions du Moniteur, qui reste une référence aujourd’hui.

Tant qu’on parlera d’âge sur la question du vieillissement, toutes nos politiques vieillissement seront erronées. On se plante complètement. Dire qu’on part tous à 62, 65 ou 67 ans à la retraite, c’est absurde. Certains ont unparcours de vie qui leur permetde partir à la retraite à 80 ans, alors que d’autres auraient dû partir à la retraite à partir de 50 ans.

Le regard de Nadia Sahmi

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à une action collective (réunion, rencontre, déjeuner) et qui fait le chemin inverse : chaque dispositif doit être conçu dans le cadre de cette chaîne de déplacements sans aucune rupture d’accessibilité, sinon ils s’avèrent caduques. »

Alors qu’elle exerce de plus en plus en tant que consultante en accessibilité, précisant ses idées, elle est appelée par le cabinet du Président Jacques Chirac pour l’accompagner dans la rédaction des décrets et arrêtés d’application de la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées (Loi n° 2005-102 du 11 février 2005). « Il s’agissait d’intégrer mes concepts dans la réglementation : une récompense après des années d’incompréhension où j’étais trop souvent qualifiée d’utopiste ! Tous les gens avec qui j’ai travaillé ont intégré l’idée de la chaîne de déplacements, du lien entre les dispositifs d’accessibilité. Puis, j’ai ajouté l’idée de participation : au bout de la chaîne, il y a un acte (aller à la piscine, lire un livre, déjeuner, etc.). Et cet acte est une participation à la vie sociale autant qu’un usage. »

Des solutions pour chacun alors qu’il en faut pour tous

On reste cependant de son point de vue dans un système cloisonné, alors que l’accessibilité doit être un concept inclusif, prenant en compte l’ensemble des situations de handicap. « Il faut arrêter de cloisonner. Il y a des lois différentes, alors que les problématiques se rejoignent, que ce soit le handicap, le vieillissement, la pauvreté, etc. Ça nous tue. En France, on cherche une solution pour chacun, alors on affecte des lignes budgétaires sur chaque poste sans savoir les faire se croiser, on ne sait pas être intelligent, on ne sait pas mettre en œuvre du bon sens, des solutions qui conviennent à la fois à l’étudiant

et à la personne âgée, on ne sait pas mettre en place des solutions destinées à la fois aux pauvres, aux illettrés, à celui qui est en rupture numérique, aux 39 % de personnes qui souffrent d’illectronisme 2, à celui qui travaille à domicile sur un coin de table de cuisine, etc. On développe des solutions pour chacun, avec des financements, des services et des lieux de décision cloisonnés. En fin de compte, les réponses sont non seulement parcellaires, mais elles montent les gens les uns contre les autres. On met par exemple beaucoup d’argent pour les vieux et pas pour les plus pauvres, donc le plus pauvre va détester le vieux d’à côté. On met beaucoup d’argent pour les handicapés et pas pour la mère isolée avec trois enfants, etc. Alors que l’on devrait fédérer tout le monde autour d’actions communes et de lieux de rencontres. C’est pour cela que je milite aujourd’hui pour des actions et investissements favorisant le vivre ensemble autour des us-âges : des usages à tous les âges. »

2 Illettrisme numérique : difficulté à utiliser internet dans la vie de tous les jours.

Quand une solution n’est utile qu’à un type de personne, je la mets de côté. Je ne dis pas que je n’applique aucune solution ciblée, je les mets de côté et je cherche des solutions qui servent à tous d’abord.

Le regard de Nadia Sahmi

Couleur et signalétique sur les paliers, réalisation Béarnaise Habitat.

« Circuler, c’est se repérer, s’orienter, être en sécurité. » Préconisation Nadia Sahmi

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C’est ainsi que naît la collaboration de l’architecte avec une agglomération du sud-ouest de la France, en pleine réflexion sur son plan anti-solitude : Pau. Le maire, François Bayrou, et l’architecte se rencontrent, leurs discours se rejoignent.

« Nadia Sahmi est arrivée au bon moment dans l’élaboration de ce plan, explique Pauline Dubois, directrice Autonomie, Santé, Solidarités, Petite Enfance de la communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées. Cela nous a permis d’avancer sur une stratégie HQH (haute qualité humaine) qui intègre les questions d’amélioration de la qualité de la vie dans tous les outils, services et aménagements. L’idée étant d’élaborer à terme un cahier des charges qui tienne compte des us-âges. »

Un regard empathique nourri d’années d’observation

Nadia Sahmi est ainsi intervenue, notamment, sur les plans réalisés par une consœur, Valérie Despagnet, pour un immeuble abritant des logements toutes tranches d’âges et une partie du Centre communal d’action sociale en centre-ville. « Nous avons travaillé ensemble sur les premiers plans que j’avais réalisés, raconte Valérie Despagnet, à la demande du promoteur. Malgré mon intérêt pour les usages et la qualité de vie dans le bâtiment, j’avais oublié des choses simples, des petits plus adaptés aux personnes de petite taille par exemple, pour la position des prises ou la hauteur des fenêtres. Les entrées ont aussi été retravaillées, tout comme les paliers, afin de constituer

des espaces où l’on peut se poser, échanger. L’escalier est aussi mieux valorisé, plus agréable à emprunter, car il peut faire partie de l’amélioration de la qualité de vie des personnes âgées par l’exercice qu’il représente, si souhaité. Nadia Sahmi pose sur les futurs lieux un regard très empathique, nourri d’années d’observation. Aujourd’hui, je ne ferai pas un projet sans penser à sa manière, sans me mettre à la place de tous les usagers susceptibles d’y habiter ou d’y travailler. Mais cela prend du temps, cela sort de nos prérogatives, de nos habitudes à travailler sur l’enveloppe plus que sur l’intérieur, sur les normes plus que sur les usages, sur aujourd’hui plus que sur demain, etc. En travaillant avec Nadia Sahmi, j’ai pu balayer un grand nombre de sujets et je suis sûre que ça va imprégner tous mes futurs projets. »

Elles ont également réfléchi ensemble à l’environnement du bâtiment, « je vais intégrer des propositions de type urbanistique dans mes projets d’immeubles, l’un ne peut pas marcher sans l’autre ».

« Cette approche transversale, globale, à l’échelle d’un quartier est enrichissante, complète Manon Ribaut, chargée de mission Rénovation urbaine à la direction de l’Habitat et de la Rénovation urbaine de la communauté d’agglomération. Un logement sur-adapté, comme nous en projetions au départ, est ainsi une fausse bonne idée, car il pousse au confinement des personnes fragiles, alors qu’il faut au contraire les rendre mobiles en adaptant le mobilier urbain, les accueils des immeubles, l’intérieur des logements. Mais ce qui est adapté aux personnes fragiles l’est pour tout un chacun.

Valérie Despagnet et Nadia Sahmi ont retravaillé ensemble les plans d’un immeuble en projet à Pau. En couleur, préconisations de Nadia Sahmi.

Plan © Valérie D

espagnet

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L’ergonomie d’une cuisine, où l’on place sur le même plan de travail par exemple l’évier et la plaque de cuisson, évitant à l’usager de porter des charges lourdes, est profitable à tous, tout comme des fontaines à eau dans la rue ou les zones de repos. Il n’y a pas de stigmatisation. C’est essentiel de remettre le social et l’humain au cœur de nos actions. Cela signifie qu’il faut faire travailler ensemble des gens qui n’en ont pas l’habitude et c’est très enrichissant : nous avons besoin des compétences de la direction Autonomie pour affiner nos avis. Nous travaillons avec la direction Espaces publics autour de la chaîne de déplacements et de participation chère à Nadia Sahmi. »

Questionner les habitudes, faire des connexions

La démarche a été appliquée pour la requalification d’un quartier de 14 000 habitants, Saragosse, construite avec les bailleurs sociaux et les habitants. Une co-construction originale s’est également instituée avec la direction Autonomie de la communauté d’agglomération, afin de compléter les compétences de la direction Habitat sur des notions sociales qui ne sont pas son cœur de métier. Nadia Sahmi a ici joué un rôle d’expertise et de caution scientifique, permettant de questionner des habitudes, de décortiquer des détails qui peuvent être jugés comme superflus, d’effectuer des connexions parfois iconoclastes. Même la direction Autonomie a évolué dans ses pratiques.

« On passe du maintien à domicile à l’accompagnement sur le lieu de vie, ajoute Pauline Dubois. Le vocabulaire est important : le bénéficiaire devient acteur. C’est important pour lui, mais aussi pour les agents, pour leur estime personnelle. Ce sont des métiers qui peuvent être éprouvants, surtout si on fait tout à la place du bénéficiaire. La posture d’agent

d’accompagnement qui aide à sortir de la dépendance est plus valorisante que celle d’homme ou femme de ménage. Nadia Sahmi a des idées parfois étonnantes, mais pour la bonne cause, elle donne un sens à tout et cela contribue chaque jour à faire évoluer mon management et à irriguer autour de moi. »

Assises en entrée d’immeuble, réalisation Domofrance.

« Pour des halls et des paliers de partage et non plus des halls et des paliers de passage. »

Préconisation Nadia Sahmi

À Pau, on a dit mouvement, faire avec, pour et par, rompre l’isolement et la solitude. Pour cela, il faut que les gens soient en mouvement, pas cloîtrés chez eux. Il faut qu’ils continuent à monter et descendre à leur rythme les marches avec des escaliers aménagés en conséquence, plutôt que de faire venir des kinés qui coûtent une fortune à la collectivité, pour leur faire monter des marches artificielles !

Le regard de Nadia Sahmi

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Parce que les équipes ont pris conscience qu’elles pouvaient travailler ensemble, la stratégie HQH prend une dimension globale, l’idée étant de mettre l’humain au centre detoutes les politiques urbaines, qu’elles soient sociales, environnementales, culturelles, etc.

« Convaincue et convaincante, généreuse et enthousiaste, tisseuse de liens entre humain et technique, c’est ainsi que Béatrice Jouhandeaux,

adjointe au maire en charge des affaires sociales, résume Nadia Sahmi en quelques mots. Son approche us-âges est très intéressante et nous a permis, élus, services et entreprises, d’aborder autrement les questions d’habitat et de cadre de vie des séniors, notamment dans le cadre de la rénovation urbaine du quartier Saragosse. Le plan de lutte contre l’isolement social lancé en 2019 s’est enrichi de son expérience et de celle

des habitants et des associations dont nous nous sommes rapprochés, tenant compte des situations vécues, des attentes et des besoins recensés. Il se traduit par des actions à faire ensemble à l’échelle des quartiers. »

« Les fenêtres intérieures qui apaisent, permettent de rester en contact visuel, de communiquer. »

Préconisation Nadia Sahmi

 À Saragosse, on a demandé une ligne budgétaire pour valoriser les escaliers, ouvrir des fenêtres sur les escaliers, ouvrir les escaliers sur les halls pour qu’on ait envie de les prendre, peindre les escaliers, améliorer leur acoustique, décorer, faire en sorte que les gens les prennent avec l’éclairage adapté, pour qu’on s’y sente bien.

Le regard de Nadia Sahmi

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Aller plus loin

Construire pour tous Accessibilité en architecturePierre Fabre et Nadia Sahmi, Eyrolles, 2011, 256 pages, 35,50 €

Les auteurs, architecte et ingénieur-ergonome, ont reçu de la direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages au ministère de l’Écologie la mission de rédiger ce guide pour aider à comprendre les répercussions du handicap sur la vie quotidienne, et d’en tenir compte en matière de conception et d’équipements.

«  Occulus translucide permettant de savoir si le WC est occupé en laissant passer la lumière. »

Préconisation Nadia Sahmi

Maintenant qu’on a augmenté l’espérance de vie, il faut penser à augmenter l’espérance de vie en jolie forme. Pour ça il faut arrêter de dire aux vieux qu’ils sont vieux, ou seniors, ou silvers, qu’ils doivent être prudents et ne rien faire par eux-mêmes.

Le regard de Nadia Sahmi