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Réseau de foresterie pour le développement rural Réseau de foresterie pour le développement rural La certification en Amérique latine : bilan de l’expérience Ronnie de Camino et Marielos Alfaro document du réseau 23c été 98

Réseau de foresterie pour le développement rural · étude des unités de gestion forestière certifiées en Amérique centrale et une étude de cas détaillée venue du Brésil,

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Réseau de

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développement

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Réseau de foresterie

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La certification en Amérique latine : bilan

de l’expérience

Ronnie de Camino et Marielos Alfaro

document du réseau

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Ronnie de Camino Velozo est Professeur à l’Université de la Paix au Costa Rica. Il est aussiForestier en chef, membre du conseil d’administration de Precious Woods et assiste, en sa qualitéde membre, le conseil d’administration du CIFOR. On peut le contacter à l’Université de la Paix,Apartado 282, Correo San Pedro, San José, Costa Rica. Courrier électronique :[email protected].

Marielos Alfaro Murillo est Professeur à l’Université nationale du Costa Rica et Présidente duconseil d’administration de la Chambre de foresterie costaricaine. On peut la contacter à : RecursosNaturales Tropicales S.A., Apartado 991-1007, San José, Costa Rica. Courrier électronique :[email protected].

ISSN 1351-3966

A PROPOS DES AUTEURS

REMERCIEMENTS

Ce papier, révisé par Helen O’Connor et Kate Schrekenberg, a été rédigé à partir de deuxdocuments originaux différents.

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LA CERTIFICATION EN AMERIQUE LATINE :BILAN DE L’EXPERIENCERonnie de Camino et Marielos Alfaro

RESUME

Le présent document qui s’appuie sur uneétude des unités de gestion forestière certifiéesen Amérique centrale et une étude de casdétaillée venue du Brésil, présente certains desaspects positifs et négatifs de la certificationrencontrés par les différents acteurs concernés.La certification suscite de plus en plusd’intérêt dans toute l’Amérique centrale et desinitiatives destinées à définir des critères etdes indicateurs sont prises dans de nombreuxpays. Il est clair que ce sont généralement lespropriétaires les plus novateurs qui ont obtenula certification de leur forêts. Pour beaucoupd’entre eux, la pérennité représentait déjà unobjectif majeur de leur gestion forestière, detelle sorte que les dépenses supplémentairesoccasionnées par la certification étaientmarginales. La procédure de certificationreconnue par le Forest Stewardship Council(FSC) est généralement perçue comme utile,améliorant la technique de la gestionforestière, les relations entre employés etcollectivités locales et l’accès à de nouveauxmarchés. Toutefois, la procédure estégalement critiquée, elle serait trop dominéepar les organismes de certification del’hémisphère Nord, tandis que la qualité deséquipes de certification varie d’un endroit àl’autre. La concurrence croissante entre lesorganismes de certification pose la questionde l’incompatibilité potentielle de gérer uneentreprise tout en maintenant de manièrecohérente les normes de la certification.

D’autres questions se posent, notamment celled’un modèle de conservation ressenti commeimposé par le Nord (par les ONG comme parles donateurs) et qui est perçu comme mettantles intérêts de l’environnement avant la réalitécommerciale, peu enclin à aider les entreprisesforestières privées à devenir certifiées et quipréférerait qu’aucune opération dans les forêtsprimaires ne soit certifiée.

INTRODUCTION

La certification de la gestion forestière et dela chaîne de distribution devient un outil deplus en plus important pour assurer unegestion durable des ressources forestières enAmérique centrale et au Mexique et pouraméliorer l’accès au marché. La premièrepartie du présent document s’inspire d’uneétude (Camino et Alfaro, 1997) ayant portésur 90 acteurs différents engagés dans lacertification au Costa Rica, Panama,Guatemala, Honduras, Nicaragua et Mexique.

Les acteurs retenus étaient : des unités degestion forestière certifiées, des gouverne-ments et leurs instituts de foresterie, desgroupes accrédités de certification, desacquéreurs de produits forestiers, des ONG etdes organisations de la société civile, desuniversités et des centres de recherche, desprojets de coopération technique et les institu-tions internationales les soutenant et le systèmede certification de la gestion forestière centréautour du Forest Stewardship Council (FSC).

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Pour chaque groupe d’acteurs, l’expériencerécente met en lumière un certain nombre desaspects positifs et négatifs de la certification.Ils sont résumés au tableau 1. Si lesexpériences positives peuvent servir de baseau développement, les expériences négativespeuvent aussi être l’occasion de corriger dessituations problématiques et de formuler demeilleures stratégies de gestion. Il convientd’être prudent dans l’interprétation de cesexpériences et d’éviter les généralisations carseules des Unités de Gestion Forestière certi-fiées ont été consultées dans cette enquête.

La deuxième partie du document présente unexamen détaillé d’une étude de cas, le projetPrecious Woods (bois précieux) de MilMadereira Itacoatiara au Brésil et sonexpérience de la certification.

PREMIERE PARTIE – L’EXPERIENCEDES DIFFÉRENTS ACTEURS ENAMERIQUE CENTRALE ET AUMEXIQUE

LES UNITES DE GESTION FORESTIERE

Expériences positives et opportunitésLes groupes certifiés sont novateurs etrespectent des normes rigoureuses de gestionforestièreLes Unités de Gestion Forestière (UGF)d’Amérique latine (et probablement dans lereste du monde aussi) ayant obtenu la certifi-cation ont, sans aucun doute, des pratiquesde gestion au-dessus de la moyenne, tant pourles forêts naturelles que pour les plantations.Dans l’ensemble, ce sont les groupes les plusnovateurs qui ont réussi à passer de la théorieà la pratique en matière de gestion forestièredurable. Ils y sont parvenus en acceptant de

prendre des risques et d’assumer desengagements potentiellement onéreux, dontles bénéfices ne sont pas toujours certains aumoment de la certification.

PORTICO au Costa Rica aura été la premièresociété d’Amérique centrale à avoir obtenu lacertification de sa gestion forestière.PORTICO était probablement la première àappliquer le système de gestion forestièreCELOS, développé par l’Université deWageningen au Surinam, à une échelleopérationnelle (Bodegón et de Graaf, 1994).En récompense, elle reçut le Tropical ForestFoundation Award (Prix de la Fondation desforêts tropicales) pour sa contribution àl’application pratique de méthodes sylvicolesexpérimentales. Un autre lauréat récompenséplus récemment, le projet Precious Woods deMil Madereira au Brésil, est décrit en détaildans la seconde partie de ce document. Cesgroupes certifiés, ainsi que d’autres, sont fortefortement motivés pour exercer une bonnegestion forestière et peuvent servir d’exemplesà d’autres travaillant dans des conditionssimilaires.

La certification n’a pas été, en général, uneprocédure difficileLa plupart des UGF certifiées en Amériquecentrale et au Mexique avaient déjà suivi uneprocédure longue et intense d’amélioration deleurs pratiques de gestion forestière avant d’êtrecandidates à la certification. Pour certainessociétés (telles que PORTICO, Mil Madereiraet Futuro Forestal), c’était parce qu’elles avaientla pérennité et une bonne gestion parmi leursobjectifs, tandis que divers groupes à caractèrecommunautaire (ex : les ejidos à Quintana Roo)avaient bénéficié d’un soutien à long terme de lapart d’agences de développement et d’ONG afin

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Acteurs Expériences positives et opportunités Obstacles

Unités de Les UGF certifiées sont novatrices et ont La certification leur semble onéreusegestion des normes strictes de gestion forestière Qualité variable des groupes deforestière La certification n’a généralement certification

pas été une procédure difficile Des attentes irréalistes concernantLa certification ajoute de la crédibilité les avantages de la certificationet améliore les aspects techniques L’effet de l’instabilité politique etde la gestion forestière économique sur la certificationLa certification améliore la stabilité Maintenir la réputation du labelsociale Les normes appliquées dans les projetsLa certification améliore la compétitivitéde différentes façonsLa certification semble gagner de lacrédibilité

Gouverne- Le nombre d’initiatives nationales est Manque de contrôle gouvernementalments en augmentation sur l’extraction de bois

Les gouvernements voient dans la Rôle incertain du gouvernementcertification l’occasion d’améliorer la dans la certificationgestion forestière Peu de liens entre les incitations du

secteur forestier et la certificationAbsence de soutien sans réserve desgouvernements pour les procéduresnationales

Certificateurs Rendre la certification accessible Les critères et les indicateurs nationauxAccroître l’expérience de la certification sont faibles en matière d’équité et de

biodiversitéManque d’engagement à l’égard del’“Objectif 2000” de l’OIBTConflits entre la certification et l’éthiquecommerciale

Acheteurs Les acheteurs sont davantage intéressés Utilisation inappropriée du label vertde produits par les produits certifiés Limitations des demandes

ONG et Elles ont un rôle de promoteurs et de Positions non représentatives prisessociété garants de la certification par les ONGcivile Rôle de régulation

Universités Un peu de formation à la certification La certification n’est pas encoretrès enseignéeLes universités en tant que certificateursManque de recherches appropriées

Projets de Développement de techniques de Les conditions poséescoopération bonne gestion forestièretechnique Différentes formes de soutien à

la certification

FSC Crédibilité internationale en Une accréditation limitéeaugmentation Un manque de renforcement desProgression dans le développement des capacitésprincipes, critères et indicateursCapacité à résoudre les conflits

Tableau 1 Expériences positives et négatives de la certification des différents acteurs enAmérique centrale et au Mexique

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d’améliorer leur gestion forestière. Très peu,donc, ont dû opérer des changements sérieuxsur le plan technique, écologique ou social poursatisfaire aux conditions de la certification. Leschangements requis dépendaient, en grandepartie, du type d’UGF concernée, les sociétéscommerciales ayant tendance à être plusdéficientes sur les aspects sociaux, tandis queles groupes communautaires devaient améliorersurtout les aspects techniques et écologiques.Dans l’ensemble il était clair, au vu de l’enquête,que des techniques adéquates et des solutionscapables de favoriser une bonne gestionexistaient déjà dans le domaine économique,écologique et social. Pour les sociétés et lescommunautés les ayant adopté depuis denombreuses années, les investissementssupplémentaires requis pour satisfaire auxconditions de la certification étaient relativementmineurs.

La certification ajoute de la crédibilité etaméliore les aspects techniques de la gestionforestièreMême pour les UGF qui n’avaient à faire quepeu de changements, la procédure d’obtentionde la certification a conduit à desaméliorations techniques de la gestionforestière, notamment sur le front del’environnement. Ces améliorations donnentde la crédibilité à la gestion pratiquée par cessociétés ce qui, à moyen terme, a un impactpositif sur leur compétitivité. En règlegénérale, on constate :• une amélioration de la qualité des

inventaires ;• une réduction de l’impact de l’abattage sur

l’environnement ;• la création de zones de conservation et de

réserves de biodiversité, allant parfoisjusqu’à 26 % du domaine forestier ;

• une bonne gestion du paysage ;• un meilleur contrôle de la pollution ;• la protection des bassins versants et le

contrôle de l’érosion ;• une gestion améliorée des déchets forestiers

et industriels ;• la protection des espèces sauvages et le

contrôle de la chasse ;• la diversification de la production, en

utilisant un plus grand nombre d’essencesde bois d’oeuvre et certains produits nonligneux ;

• l’emploi d’une plus grande variétéd’essences, notamment indigènes, dans lereboisement ;

• un plus grand contrôle du périmètreforestier.

Conséquence intéressante de la certification,les UGF certifiées entreprennent souvent plusde recherches pour démontrer la durabilité deleurs stratégies de gestion. On retiendra :• l’établissement de parcelles permanentes

d’échantillonnage pour déterminer les tauxde croissance et la composition des essencesainsi que l’impact de l’abattage sur le restede la forêt ;

• la recherche sur les plantations forestièresy compris des essais d’essences et leurprovenance ;

• des études sur les espèces sauvages ;• des études concernant l’impact de

l’exploitation sur les bassins versants, lafaune, la flore et les sols ;

• des études sur les possibilités de produireet de commercialiser les produits forestiersnon ligneux ;

• l’établissement de systèmes de surveillancedes facteurs économiques, écologiques etsociaux évalués par la certification.

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Les dépenses supplémentaires que lacertification peut entraîner deviennent par lasuite un investissement produisant uneamélioration de la planification, del’organisation et des conditions de travail etune réduction des frais de gestion à longterme. La recherche effectuée par les UGFaboutit à une progression continuelle de laqualité de la gestion de leur propre forêt, touten contribuant à l’ensemble des connaissancesdont on dispose sur la gestion forestièredurable. Les relations entre les UGF certifiéeset les autorités forestières et environne-mentales se sont considérablement amélioréesavec, pour résultat, un risque beaucoup plusréduit d’avoir à interrompre leurs opérationssuite à des infractions de la loi.

La certification améliore la stabilité socialeà long terme.Les entreprises privées postulant unecertification sont souvent surprises deconstater que les instances de certification nesont pas seulement intéressées par ladimension environnementale de la gestionforestière, mais aussi par les aspects sociauxet économiques. Cela est dû, en partie, à leurcompréhension incomplète de ce que ladurabilité implique. Toutefois, dansl’ensemble, ces entreprises ont bien réagi faceaux conditions sociales qu’on leur a imposées,notamment :• le respect de la législation sociale, y compris

la prise en charge des contributions socialespour les travailleurs ;

• la révision des accords passés entreentrepreneurs et employés pour garantir lerespect de la législation sociale ;

• des investissements dans la formation dupersonnel ;

• l’amélioration des conditions de santé et de

sécurité avec l’emploi de vêtements deprotection, la présence d’équipes de premiersecours, etc ;

• l’amélioration des relations avec lesriverains, y compris la résolution desdisputes foncières ;

• des salaires moyens plus élevés qu’ailleursdans la région ;

• des infrastructures sociales de meilleurequalité (ex : écoles, terrains de sport,dispensaires).

De meilleures conditions sociales garantissentla stabilité du travail et des niveaux plus élevésde satisfaction, diminuant ainsi la fréquencedes conflits du travail. Dans le même temps,elles améliorent les relations entre l’UGF etles autorités locales responsables de la santéet de l’éducation.

La certification améliore la compétitivité deplusieurs manièresSi l’objectif principal de la certification estde parvenir à la conservation des forêts parune gestion correcte, les UGF sont motivéespar des facteurs divers lorsqu’elles postulentleur certification. On peut citer :• le désir des sociétés basées dans le Nord et

leurs filiales locales de démontrer, tant augouvernement sur place qu’à l’opinionpublique des pays consommateurs de leursproduits, qu’elles prennent la conservationdes forêts au sérieux et ont l’intention defaire une contribution pratique à la gestionforestière durable ;

• accroître les possibilités de vendre desactions et d’obtenir des capitaux pour leurexpansion, si leur gestion est perçue commeétant d’un bon niveau ;

• des raisons de prestige et de stabilitéopérationnelle – la certification réduit, en effet,

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le risque que les collectivités locales annulentles permis d’exploitation à caused’irrégularités dans la gestion ;

• pour pénétrer les marchés dits écologiques.PIQRO, par exemple, vend du parquetstratifié sur le marché américain où sesclients exigent la certification FSC. Enconséquence, l’entreprise s’approvisionneen matière première auprès de quatre ejidoscertifiés à Quintana Roo et a obtenu, aussi,la certification de sa chaîne de distribution ;

• pour diversifier sa production en créant desmarchés pour de nouvelles essences. Lesacheteurs sont souvent prêts à accepter desessences secondaires de bois d’oeuvre sielles sont certifiées. Par exemple,COATLAHL de la Ceiba au Honduras estpassé d’une production à 80 % d’acajou etde cèdre en 1991 à seulement 25 %aujourd’hui, jouissant ainsi d’une gestionsylvicole beaucoup plus souple ;

• pour obtenir des prix plus élevés pour leursbois, en fonction des essences et des marchés,pouvant atteindre de 15 à 20 % de plus queles bois provenant de forêts non certifiées.

La certification apparaît gagner en crédibilitéLa superficie des forêts certifiées en Amériquecentrale et au Mexique est encore marginalecomparée à l’ensemble du domaine forestier.Actuellement, on ne compte que dix UGF certi-fiées (voir tableau 2) couvrant près de 173 000ha et représentant 0,2 % des forêts mexicaineset 0,3 % des forêts d’Amérique centrale. Iln’empêche que, dans la mesure où le nombretotal d’UGF certifiées dans le monde n’est quede 60 environ, l’Amérique centrale et leMexique se situent clairement à l’avant-garde.

Même si la certification n’en est encore qu’àses débuts, la plupart des groupes examinés

ont confiance dans le système FSC et la qualitéde gestion des forêts certifiées. Même s’ilsnotent le fait que tous les groupes d’intérêtsont membres du FSC, ils pensent que sonsystème d’accréditation des organismes decertification internationaux garantitl’indépendance du système et donc une plusgrande crédibilité. Ceux qui ont obtenu lacertification considèrent que la procédure ades avantages pas seulement économiques. Laplupart des acteurs engagés dans la procédurepensent que la certification devrait continuerà être facultative bien que certains estimentque la demande du marché et le désir d’obtenircertains droits et privilèges sont en train de larendre progressivement obligatoire, de facto.

Les contraintes de la certificationLa certification est considérée onéreuseOn entend souvent dire que le coût initial dela certification est très élevé, ce qui entraîneune perte de compétitivité mais on a rarementcherché à essayer de voir comment ce coûtpeut varier en fonction de la taille de la zoneforestière (ha) ou des niveaux de production(m3). Le tableau 3 montre que le coût de lacertification par hectare peut varier de 0,55 $EUà 21 $EU, le coût étant inversementproportionnel à la superficie de la zonecertifiée.

Sur la base des chiffres du tableau 3 et desconnaissances des auteurs de la productionannuelle de certaines UGF concernées, le prixde revient par mètre cube produit peut êtreestimé entre 0,26 $EU et 1,1 $EU, tandis queles UGF les plus petites peuvent approcherles 4,26 $EU ou plus. Pour les petites UGF,le problème principal est celui de la trésorerieet de trouver le financement permettant decouvrir les frais initiaux de la certification. Si

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elles produisent pour le marché intérieur, lacertification peut augmenter leurs coûts deproduction par m3 de 50 %. Comme disaitl’une des personnes interrogées, pour lespetites UGF la certification peut coûter pluscher qu’un tracteur d’occasion, et il est plusfacile de voir les avantages d’un tracteur queceux de la certification !

Des équipes de certification à la compétencevariable• Il ne s’agit pas d’un problème généralisé

mais cela a causé, dans certains cas, de réelsproblèmes lorsque les organismes decertification n’avaient pas bien choisi lesmembres de l’équipe. Parmi les problèmesrencontrés :

• des membres de l’équipe ne parlent pasl’espagnol ;

• des membres de l’équipe ne sont pasfamiliarisés avec la réalité sociale ettechnique des unités qu’ils sont chargés decertifier (ex : ne connaissent pas les

Nom Pays Type de projet Surface (ha)PORTICO Costa Rica Forêt naturelle 3 900

FUNDECOR Costa Rica Forêt naturelle et chaîne de distribution 15 000

Fondation TUVA Costa Rica Forêt naturelle et chaîne de distribution 750

Tropical American Tree Costa Rica Plantations forestières (Tectona grandis) pas de données

Farms

Ston Forestal Costa Rica Plantations forestières (Gmelina arborea) 15 000

FLOR y FAUNA Costa Rica Plantations forestières (Tectona grandis) 3 500

PDBL Honduras Forêt naturelle 25 000

PIQRO et Plan Pilote Mexique Forêt naturelle et chaîne de distribution 86 215

Forestier de Quintana

Roo

UZACHI Mexique Forêt naturelles, forêts de pins 24 191

Futuro Forestal Panama Forêts secondaires 26

Total 173 482

Tableau 2 Unités de gestion forestière certifiées en Amérique centrale et au Mexique

principales essences extraites) ;• des équipes ayant peu l’expérience de la

production de bois qui imposent desconditions irréalistes telles qu’uneréduction du tassement des sols au-delà dece qui est techniquement faisable ;

• des membres étrangers de l’équipe chargésde vérifier des aspects sociaux et qui n’ontpas une connaissance suffisante, soit ducontexte social spécifique au pays d’accueil,soit des populations autochtones et locales.

Dans l’ensemble, il semble que la certificationne soit pas toujours de la même qualité à causedes faiblesses occasionnelles de certaineséquipes. Pour que la certification reste crédible,il est très important que toutes les partiesconcernées aient confiance dans la compétencedes équipes de certification. Bien qu’il soitégalement important de maîtriser les dépensesde certification, il y a un danger que, en essayantd’économiser sur le prix de revient de l’équipe,on obtienne des niveaux différents de qualité

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reflétant la capacité à payer des UGF postulantleur certification.

Des attentes irréalistes concernant lesavantages de la certificationCertaines UGF candidates à la certificationpensent qu’elles vont immédiatementbénéficier de prix plus élevés pour tous leursproduits et qu’elles pourront vendre unegamme beaucoup plus étendue de produits.Ces attentes à court terme ne sont pas réalistescar il y a des cas de propriétaires de forêt nerecevant aucun bénéfice concret de leurcertification. Il reste à voir si les prévisions àmoyen et long terme – selon lesquelles il serabientôt impossible d’exporter du bois noncertifié – se réaliseront ou pas. Même lorsqu’unbon marché pour le bois certifié existe, il peutaussi ne pas être facile à approvisionner.Beaucoup de gros importateurs et producteurseuropéens, par exemple, veulent être assurésd’avoir un approvisionnement régulier en boiscertifié. D’autres ne peuvent pas faire desstocks et veulent recevoir le bois “surdemande”. Travailler avec de tels clients signifiequ’il est nécessaire de garder des stocks impor-tants et cela augmente les frais d’exploitation.

Coût initial de la Coût annuel de la Superficie (ha) Coût par hectarecertification vérification

8 000 2 000 750 21,33

10 000 2 000 1 500 12,00

45 000 2 500 6 300 8,73

30 000 2 000 14 900 2,55

12 000 2 000 25 000 0,80

36 000 2 000 80 000 0,55

Tableau 3 Le coût de la certification (en $EU) dans six zones de forêts naturelles d’Amériquelatine

L’effet de l’instabilité politique et économiquesur la certificationLa plupart des pays de la région souffrentd’instabilité politique et économique, lasituation étant particulièrement difficile dansle secteur des ressources naturelles. Lesentreprises ne sont pas prêtes à s’engager et àsupporter des dépenses supplémentaires pourêtre certifiées alors que l’absence de politiquesclairement définies les laisse dans le doute surles futures mesures gouvernementales. Lesdomaines potentiellement problématiquessont :• l’imposition de moratoires sur des essences

particulières sans prendre en compte laqualité de la gestion forestière desdifférentes UGF ;

• les réglementations sur l’abattage variantd’une année sur l’autre ;

• les obstacles bureaucratiques rendantdifficile l’obtention d’un permis ;

• l’inflexibilité des accords de gestion forestièrecomme le fait que les plans de gestion parzone empêchent les gestionnaires d’ajusterleur production en fonction des marchés (ex: augmenter les coupes lorsque le marché estporteur et vice-versa) ;

NB : Bien que ces données proviennent de cas spécifiques, on ne peut les nommer ici par souci de confidentialité.

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• l’attitude généralement négative des servicesforestiers à l’égard des entreprises privées ;

• l’absence de moyens clairs d’établir undialogue avec le gouvernement.

Maintenir la réputation du labelPour maintenir la crédibilité du système decertification, tous les acteurs doivent imposerà eux-mêmes et aux autres participants desnormes très strictes. Le FSC doit restervigilant, inspecter chaque procédure decertification soigneusement et faire connaîtreses mécanismes de contrôle. Les principauxproblèmes sont :• les certificateurs qui privilégient les aspects

simplement techniques de la gestionforestière et qui évitent d’aborder desquestions plus difficiles telles que lesrendements et les prix escomptés ou lescoûts administratifs ;

• une utilisation ambiguë du certificat et dulabel, par exemple, ne pas démentir la fausseconviction que la chaîne de distribution estinclue dans la certification des forêts ;

• la manque de compréhension desutilisateurs sur la manière dont lacertification fonctionne, y compris l’idéequ’un certificat est définitif et ne peut pasêtre supprimé ;

• la concurrence entre les différents organ- ismesde certification pour l’obtention de contrats oùcertains discréditent activement leursconcurrents et vont jusqu’à garantir lacertification ex ante pour obtenir des contrats ;

• les conflits d’intérêt quand, par exemple, uneONG épaulant une UGF dans sa demandede certification procure aussi des membresde l’équipe de certification.

Les normes appliquées aux projetsCertaines UGF croient que le niveau des

exigences et certaines conditions sont tropdifficiles,tandis que certains délais poursatisfaire ces conditions sont totalementutopiques. Les certificateurs oublientfréquemment que la pérennité est un processusqui ne peut se faire que par des améliorationscontinuelles poursuivies à des niveauxréalisables. De surcroît, ils risquent d’imposerdes conditions allant au-delà de la capacitéd’action d’une UGF individuelle comme desévaluations détaillées d’impact surl’environnement ou des études de la faune etdes produits forestiers non ligneux qui seraientmieux faites par des instituts de recherche.

LES GOUVERNEMENTS

Expériences positives et opportunitésLe nombre d’initiatives nationales est enaugmentationLe FSC a produit des directives pour ledéveloppement d’initiatives nationales et denormes de certification qu’il puisse approuver.De plus en plus de pays de la région ontmaintenant établi des liaisons officielles avecle FSC et des groupes de travail nationauxqui constituent un premier pas en directionde l’adoption de critères et d’indicateursnationaux permettant d’évaluer la gestion fores-tière de leur propre pays. Même en l’absenced’une certification officielle, de telles démarchesdéfinissent des normes qui pourraient satisfairetout gestionnaire de forêt. Elles augmentent aussiles connaissances actuelles sur la certification,ce qui pourrait constituer une importantecontribution à l’amélioration des politiquesforestières nationales.

Les gouvernements voient dans la certificationl’occasion d’améliorer la gestion forestièreLes services forestiers gouvernementaux sont

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conscients que les UGF certifiées pratiquentune gestion forestière d’un niveau élevé. Ilsvoient dans la certification des forêts un bonmoyen de progresser vers une améliorationde la gestion forestière au niveau national. Ily a néanmoins peu de consensus sur lamanière de procéder. Faut-il une participationde l’Etat plus ou moins importante ou laprocédure, pour l’instant facultative, devrait-elle devenir obligatoire ?

Les obstacles à la certificationLe manque de contrôle gouvernemental surl’extraction du bois d’oeuvreDans la plupart des pays d’Amérique centrale,les gouvernements n’exercent pas un réelcontrôle sur l’extraction du bois. Entre 25 %et 60 % de l’abattage est illégal et, même dansles zones où il est autorisé, la gestion estréduite au minimum et la législation a peu dechance d’être respectée. Les propriétaires deforêt utilisent souvent les abattages autoriséspour éclaircir un terrain à d’autres fins. Pourbeaucoup d’entre eux, les opérations nondéclarées peuvent apparaître avantageusesdans la mesure où l’abattage déclaré est plusétroitement contrôlé et les démarchesnécessaires sont longues et ils sont à la mercides pressions exercées par les agents dugouvernement. Les dépenses supplémentairesentraînées par la certification ne risquent doncpas d’apparaître intéressantes à moins que nes’établisse un climat beaucoup plus favorableà la gestion forestière durable.

Le rôle incertain des gouvernements dans lacertificationCertaines administrations forestières de larégion estiment que l’Etat doit contrôler lacertification et que, par conséquent, il devraitêtre le certificateur. Toutefois, les

administrations forestières ont été incapablesde mettre un terme à la déforestation, aussibien dans les régions où l’exploitation estautorisée, que dans celles où elle est interdite.Il semble donc peu probable qu’elles puissentcorrectement administrer un système qui doitêtre techniquement irréprochable et jouird’une crédibilité nationale et internationale.Si l’Etat, de toute évidence, a un rôle à jouerdans l’établissement de la procédure decertification, il ne devrait cependant pascontrôler cette procédure et certainement pasdevenir une instance de certification.

Peu de liens existent entre les incitations dusecteur forestier et la certificationLa plupart des gouvernements de la régionont développé des systèmes différentsd’incitations, avec plus ou moins de succès.Ils comportent des réductions fiscales ou dessubventions pour le reboisement et la gestiondes forêts replantées, mais très peud’incitations à une bonne gestion des forêtsnaturelles. Bien que les taux de reboisementaient augmenté, les incitations ont eu touteune série de problèmes, notamment :• le manque de ressources permettant aux

gens d’avoir accès aux incitations ;• la distribution arbitraire de certaines incita-

tions ayant conduit à un abus du système ;• l’incertitude planant sur les périodes de

validité et la valeur totale des incitations ;• le manque de buts et d’objectifs précis des

incitations.

Les propriétaires font généralement de leurmieux pour profiter des incitations sansnécessairement améliorer la gestion de leurforêt. Pour l’instant, il n’y a pas de tentativesde lier les incitations et la certification commela condition d’une bonne gestion forestière.

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Les gouvernements ne soutiennent pasfranchement les procédures nationalesComme indiqué ci-dessus, plusieurs initiativesont été prises pour instaurer des normesnationales de bonne gestion forestière.Cependant, bien que tous les pays participentau travers de leurs gouvernements à ladéfinition de normes régionales, beaucoup degouvernements ont une attitude de grandeindifférence à l’égard des procéduresnationales de définition de principes, decritères et d’indicateurs. Même si le FSCpréfère les initiatives de la société civile avecun minimum d’interférence gouvernementale,le manque de ressources dans la régionsignifie que le rôle des gouvernements dansla promotion et l’établissement des procéduresreste, en dernière analyse, très important.

LES ORGANISMES DE CERTIFICATION

Expériences positives et opportunitésRendre la certification accessibleLes organismes de certification accrédités parle FSC ont fait preuve de beaucoupd’imagination pour développer des solutionspermettant de rendre la certification accessibleà leurs clients. Parmi elles, un mécanisme decertification en groupe, par lequelle les fraissont partagés entre plusieurs UGF devant êtrecertifiées lors d’une même procédure, tandisqu’une ONG fait office de garant. Autremécanisme, les UGF obtiennent l’aidefinancière d’un donateur parmi les nombreuxqui s’intéressent à la gestion forestière durable.Il semble qu’au stade actuel de la procédure decertification, les entreprises et les groupesrépondant aux critères de certification peuventcertainement trouver un soutien financier pouren amortir le coût, partiellement ou totalement.

Accroître l’expérience de la certificationLa région de l’Amérique centrale et duMexique compte un nombre croissant d’UGFcertifiées. Dans le même temps, lesspécialistes de la région participent de plusen plus à la procédure de certification elle-même. Bien que les cinq groupes actuellementaccrédités par le FSC à certifier soient tousbasés dans le Nord, sept groupes du Sud(notamment d’Argentine, du Brésil et duCosta Rica) ont maintenant postulél’accréditation. S’ils réussissent, on peuts’attendre à ce qu’ils aient des coûts inférieursainsi qu’une meilleure compréhension ducontexte économique, écologique et social despays où ils vont travailler.

Les obstacles à la certificationLes critères et les indicateurs nationaux sontencore faibles sur certains aspects tels quel’équité et la biodiversitéLe système de certification FSC définit desprincipes et des critères d’ordre général. Lesdifférents pays, d’un autre côté, définissentdes critères et des indicateurs applicables à leurspropres conditions. Bien que plusieurs de cesinitiatives semblent développer de bonsindicateurs pour les aspects techniques del’exploitation forestière, elles sont encoreinsuffisantes au niveau des indicateursécologiques et sociaux. En particulier, elles neconcernent pas les produits forestiers nonligneux et la biodiversité. Elles ne sont pas nonplus suffisamment liées aux procéduresinternationales telles que les tests du CIFORsur les différents critères et indicateurs quipourraient contribuer à combler ces lacunes.

Un manque d’engagement vis-à-vis del’“Objectif 2000” de l’OIBTLes débats de la Conférence des Nations Unies

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sur l’Environnement et le Développement quis’est tenue à Rio en 1992 et le programmeAction 21 qui a suivi avec des propositions deprincipes forestiers ont été parmi les principalesmotivations de la certification. Dans le mêmetemps, l’Organisation internationale des boistropicaux (OIBT) a établi son “Objectif 2000”qui demande que, d’ici l’an 2000, les paysproducteurs ou consommateurs de boistropicaux s’engagent à ne plus commercialiserque du bois provenant de forêts durablementgérées. Prenant cette déclaration comme pointde départ, l’OIBT a formulé ses directivespour la gestion des forêts naturelles etplantées, tandis que le FSC développait sesprincipes et critères. Malheureusement,l’adoption de l’Objectif 2000 de l’OIBT parles gouvernements n’est pas très répandue etles parties prenantes n’y sont pas contraintesjuridiquement. La vérité est que le Sud ne faitpas beaucoup de progrès et que le Nordn’apporte pas le soutien nécessaire et ne prendpas les mesures qu’il faudrait pour atteindrecet objectif.

Les conflits entre la certification et l’éthiquecommercialeLa certification n’est plus un projet idéaliste,elle est devenue une entreprise à part entière,avec tous les problèmes associés aux tactiquescommerciales et à l’assurance de la qualité.Les organismes de certification deviennent deplus en plus compétitifs et cela pose laquestion de savoir s’il y a une incompatibilitéfondamentale entre la gestion d’une entreprisecommerciale et le fait d’être un boncertificateur. La formation à la certificationdans la région, par exemple, a été dispenséeessentiellement par l’un des groupes decertification, ce qui a conduit à la promotionde son propre système et au renforcement de

son propre réseau de certification. Tandis quecela est perçu par certains comme une activitépermettant de promouvoir une meilleuregestion forestière, d’autres y voient unestratégie simplement commerciale visant àobtenir une position avantageuse sur lemarché. Des problèmes sont apparus aussilorsque des certificateurs ont commencé àpromouvoir la commercialisation de certainsproduits certifiés et ont recommandé desacheteurs qui avaient été incapables d’honorerleurs engagements vis-à-vis des producteurs.Dans l’ensemble, les représentants desgouvernements, les producteurs locaux et lesONG nationales commencent à penser que lacertification est une affaire qui n’est rentableque pour quelques personnes, généralementétrangères, et qu’elle n’est pas suffisammentaccessible aux petits groupes et entreprisesdu Sud.

LES ACHETEURS DE PRODUITS

Expériences positives et opportunitésLes acheteurs s’intéressent plus aux produitscertifiésL’engagement à n’acheter que du boisprovenant de sources bien gérées prend del’ampleur au niveau international. Des“groupements d’achat” soutenus par le Fondsmondial pour la nature (WWF) ont vu le jourdans plusieurs pays européens et aux Etats-Unis. Ils se sont engagés à n’acheter,progressivement, que du bois certifié. Lesgrandes sociétés de mobilier, telles que IKEAen Suède, ont également adopté des politiquesvisant à utiliser au maximum du bois certifié.Dans le même temps, les initiatives au niveaunational sont aussi en progression. Certaineschaînes commerciales au Mexique, parexemple, envisagent d’approvisionner leurs

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unités de production de mobilier avec du boiscertifié pour offrir un produit différent auconsommateur mexicain. Des études demarché au Costa Rica laissent à penser queles consommateurs sont prêts à payer de 5 à20 % de plus pour les produits certifiés(Soihet, 1994).

Parallèlement au bois, il y a aussi de nouveauxmarchés pour les services environnementauxgarantis par un certificat de bonne gestion.Parmi ceux-ci, on peut citer les compensationsde carbone, les préventes de plans de gestionet les petites centrales hydroélectriques quiutilisent les chutes d’eau naturelles (au lieude barrages) et qui, par conséquent, dépendentd’une bonne gestion des bassins versants.

Les obstacles à la certificationLe mauvais emploi du label vertLa certification, au départ, devait garantir labonne gestion des forêts tropicales naturelles.Pourtant, la multiplication des projets dereboisement et la croissance du marché desbois provenant de plantations, signifient que lacertification s’applique également aux forêtsplantées. La publicité sans scrupules affirmantque les plantations peuvent réduire ladestruction des écosystèmes naturels risqued’altérer l’esprit originel du projet et dedétourner l’attention de la gestion durable desforêts naturelles.

Les limitations de la demandeBien que la demande de bois certifiés soitsoutenue, cela ne veut pas toujours dire queles acheteurs sont prêts à payer un prix plusélevé. D’autres acheteurs – comme cela s’estproduit au Guatemala et au Mexique – affirmentque l’inconsistance de la qualité des produitset les problèmes de leur classification les ont

empêché de rentabiliser les produits qu’ilsavaient achetés. Autre problème, la proliférationdes certificats et des labels verts institués parles sociétés elles-mêmes, les instituts forestierset les associations de propriétaires, entraîne uneperte de crédibilité dans le programme soutenupar le FSC. Par conséquent, il est déterminantque, lorsque les gouvernements de la régionadoptent des plans nationaux de certification,ils le fassent avec l’aval du FSC.

D’autres problèmes potentiels viennent du faitque, selon la manière dont la certification estappliquée (ex : de façon facultative ouobligatoire, pour les bois de tous les pays ouuniquement les bois tropicaux), on peut y voirune entrave technique au commerce (voir ledocument 23b de Bass dans cette Série).Comme cela pourrait contrarier l’Organisationmondiale du commerce, les groupementsd’achat doivent se montrer prudents dans lesdemandes qu’ils formulent.

LES ONG ET LA SOCIETE CIVILE

Expériences positives et opportunitésLeur rôle de promoteurs et de garants de lacertificationLes ONG nationales et internationales et lesorganisations de la société civile jouent un rôlemajeur dans la consolidation de la procédurede certification. Elles s’occupent de laformation, recherchent des fonds pour lacertification et facilitent les contacts entreproducteurs et acheteurs. Beaucoup de plansde certification en groupe sont garantis par desONG, tandis que d’autres ONG et desfondations concentrent plus leurs efforts sur ledéveloppement de techniques de gestion à faibleimpact sur les forêts. Des ONG spécialiséesont fait partie des équipes de certification

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déployées au Brésil et en Amérique centrale.Leur connaissance détaillée de la gestionforestière et leur expérience sur le terrain ontrenforcé la crédibilité du système.

Leur rôle de régulateursDe nombreuses ONG ont abandonné leuropposition initiale au système de certificationpour devenir des membres du FSC. CertainesONG internationales jouent un rôle importantde surveillance des procédures de certificationet, à l’occasion, soumettent leurs objectionsau FSC. Le Conseil et les certificateursdoivent alors clarifier la situation, ce quipermet souvent d’améliorer les normesenvironnementales, sociales et économiquesde l’UGF concernée. Les ONG inter-nationales, cependant, n’ont pas toujours lamême vision que celles du Sud et il faudraitque le FSC et ses certificateurs accréditésdonnent plus la parole aux ONG nationaleset aux organisations de la société civile.

Les obstacles à la certificationLes positions non représentatives prises parles ONGCertains acteurs interrogés au cours de cetteenquête voient dans la certification quelquechose d’étranger à la région, presque commeune interférence des entreprises et des ONGdu Nord dans les politiques et les mesures deconservation et de gestion des ressourcesnaturelles du Sud. Cette perception est due,en grande partie, au fait que tous lescertificateurs accrédités viennent du Nord,qu’une grande partie de la certification estfinancée par des ONG du Nord et qu’ellesemble bénéficier aux consommateurs duNord. Particulièrement problématiques sontles positions de certaines ONG internationalesqui sont perçues comme mettant un modèle

de conservation qui serait prôné par le Nord,au-dessus des valeurs nationales (locales) ettraditionnelles. La meilleure façon desurmonter ces difficultés serait, pour ces ONG,de rejoindre le FSC et d’exprimer leursdoléances là où elles peuvent être examinéespubliquement et, peut-être, permettred’améliorer le système.

LES UNIVERSITES

Expériences positives et opportunitésQuelques formations à la certificationDes universités et autres instituts de formationcommencent à inclure la certification, ou lesujet plus général des critères et desindicateurs de gestion forestière durable, dansleur enseignement et leurs programmes deformation. CATIE, par exemple, traite cesquestions dans son programme de maîtrise etdans son Cours international accéléré deGestion forestière. Aussi au Costa Rica, lesétudiants d’Ingénierie forestière (à l’universitéet à l’Institut technique) étudient lacertification dans le cadre de leur cursus. Desurcroît, dans des organisations commeCATIE, certains professeurs d’universitéparticipent activement au débat national etinternational sur la certification.

Les obstacles à la certificationLa certification n’est pas encore assezenseignéeEn dépit des progrès effectués au Costa Rica,la certification est toujours absente des cursusde la plupart des universités et facultés de larégion.

Les universités en tant que certificateursDans le cas du Costa Rica, les universités etmême CATIE ont envisagé – et pas encore

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exclu – la possibilité de devenir descertificateurs. Ceux qui sont favorables à cetteidée y voient une opportunité commerciale aumoment où les universités et les centres derecherche éprouvent des difficultés financières.D’autres y voient un obstacle risquant dedétourner les universités de leurs fonctionstraditionnelles d’enseignement, de rechercheet de diffusion. Dans les deux cas, il semblenormal que des universitaires participent, àtitre personnel, aux équipes de certification.

Le manque de recherche adéquateLes procédures de certification ont mis enlumière le peu d’informations dont on disposesur la pérennité des pratiques sylvicolesactuellement employées. Les universités et lescentres de recherche sont consultés par lescertificateurs sur le rendement des plantationset des forêts naturelles, l’impact de l’abattageet des opérations d’extraction, etc. Il estimportant que les centres de recherche fassentla synthèse des données disponibles, lesdiffusent et planifient leurs recherches pourrépondre à ces nouvelles demandes.

LES PROJETS DE COOPERATIONTECHNIQUE

Expériences positives et opportunitésLe développement de bonnes techniques degestion forestièreLes projets de coopération bilatérale etmultilatérale contribuent de façon nonnégligeable à l’amélioration de la qualité et duniveau de développement de la gestion for-estière dans la région. Ils participent aussi engrande partie au développement des normestechniques et des accords administratifs.

Les différentes formes du soutien à lacertificationLes projets de coopération internationale ontapporté un soutien précieux à la certificationdans la région et semblent prêts à continuerde le faire à l’avenir. Leurs actionscomprennent le financement de la certificationd’UGF spécifiques, l’application à une plusgrande échelle d’initiatives pilotes dans deszones plus vastes, l’exploration de nouveauxmarchés pour les bois et les produits forestiersnon ligneux provenant de forêtsrationnellement gérées et le soutien apportéau FSC. La récente initiative commune “Forestsfor Life” (Les forêts pour la vie) associant laBanque mondiale et le Fonds mondial pour lanature (WWF) qui vise à promouvoir la gestionde forêt certifiée pour, au moins, 100 millionsd’hectares de forêts tropicales, d’ici l’an 2005,donnera une autre grande impulsion à lacertification.

Les obstacles à la certificationLes conditionsLes activités financées par la coopérationbilatérale et multilatérale reflètent généralementles priorités des donateurs et peuvent avoir desconditions attachées qui font concurrence auxpolitiques nationales de gestion des ressourcesnaturelles. Exemple de ces conditions : lesagences de développement de Petén, auGuatemala, sont peu disposées à soutenir dessociétés privées de gestion forestière, même siles concessions communautaires ne peuventgérer qu’une partie de la région. Aussi bien laBanque mondiale que la Banque interaméricainede développement ont des politiques lesempêchant de soutenir l’extraction de bois à desfins commerciales dans les forêts tropicalesprimaires. En général, la coopérationinternationale en Amazonie a eu tendance à

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concentrer les efforts sur les produits forestiersnon ligneux dans les réserves d’extraction et adédaigné l’exploitation du bois d’oeuvre, limitantdu même coup les options de gestion forestièreà celles considérées convenables par le Nord.

LE FOREST STEWARDSHIP COUNCIL(FSC)

Expériences positives et opportunitésLa crédibilité internationale augmenteLe système de certification du FSC a de plusen plus la réputation d’être fiable etindépendant. Le rôle d’instance d’accré-ditation du FSC est reconnu de façon croissanteen Amérique centrale et au Mexique, ainsi queson rôle de préconisateur et de garant descritères et des indicateurs nationaux. Le soutiende plus en plus important dont bénéficie le FSCde la part du système international suggère qu’ilrépond, de façon croissante, aux attentes à lafois du Nord et du Sud.

Des progrès dans le développement desprincipes, critères et indicateursDifférentes régions et différents pays ont desconditions économiques, écologiques etsociales particulières, ce qui rend nécessairede les adapter aux principes et critères du FSC.Le CIFOR a été particulièrement actif encoordonnant les efforts dans toutes les régionspour comparer les critères et indicateursappliqués par les différentes organisations. Encoordination avec le FSC, beaucoup d’effortssont faits pour clarifier les aspects les moinsconnus de la gestion forestière durable telsque les questions sociales, la biodiversité etles produits forestiers non ligneux.

La capacité de résolution des conflitsLe FSC est une institution transparente dotée

de systèmes de résolution de conflit quipermettent aux ONG, aux organisations de lasociété civile et aux communautés d’exprimerleurs doléances si elles ont le sentiment d’êtrelésées d’une manière ou d’une autre par lescertificats dont le système se porte garant.Leurs plaintes sont transmises par le FSC auxorganismes de certification et, le cas échéant,les certificats peuvent être révisés ou annulés.

Les obstacles à la certificationUne accréditation limitéeComme indiqué précédemment, dans presquetoute l’Amérique centrale et d’autres paysd’Amérique latine, le système d’accréditationest perçu comme n’étant accessible qu’auxpays du Nord et aux grandes organisations etsociétés. Les groupes régionaux n’ont pas lastructure et le poids économique indispen-sables pour devenir des certificateurs. Davan-tage de ressources sont nécessaires pour aiderles groupes du Sud à obtenir l’accréditation.

Un manque de renforcement des capacitésLa formation à la certification en Amériquecentrale est dominée par un certificateurunique. Beaucoup d’acteurs régionauxpensent que le FSC lui-même devraitdispenser une formation plus indépendante quine serait pas liée au label d’un certificateurspécifique. L’assurance d’une formation“neutre” est particulièrement nécessaire poursoutenir les diverses initiatives régionales etnationales, auxquelles le FSC limite saparticipation afin de maintenir sonindépendance vis-à-vis des structuresgouvernementales.

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DEUXIEME PARTIE – PRECIOUSWOODS/MIL MADEREIRA ITACOA-TIARA : ETUDE DE CAS SUR LAGESTION FORESTIÈRE ET LACERTIFICATION1

MIL MADEREIRA ET LA GESTIONFORESTIERE EN AMAZONIE BRESIL-IENNE

L’objectif de la société Precious Woods estde démontrer qu’il est rentable decommercialiser les produits multiples desforêts tropicales de façon durable pour sesactionnaires et employés, les communautéslocales, le consommateur et l’environnement.Dans la pratique, cela signifie qu’elle veutproduire du bois de feuillus et d’autresproduits forestiers dans les pays tropicaux àtravers le reboisement et la gestion durabledes forêts naturelles.

Par le biais de sa compagnie brésilienne, MilMadereira Itacoatiara (MMI), Precious Woodspossède un domaine forestier de 80 000 ha,situé à 200 km à l’est de Manaus, capitale del’Etat d’Amazonas au Brésil. Le nom de cettepropriété est “Fazenda Dois Mil” (Ferme DeuxMille) ou F2M. L’utilisation foncière actuellede F2M est indiquée au tableau 4. La propriétéconstitue un micro-bassin versant complet desorte que la conservation de l’écosystème estune haute priorité. Comme l’indique le tableau4, la région réserve 30 % à la conservation

dont une partie pour une conservation absolue; le reste est constitué de zones trop fragilespour la foresterie (pentes abruptes, bassesterres, rives de cours d’eau) dans les parcellesde production.

Le plan de gestion préparé pour F2M a étéapprouvé par l’IBAMA, l’Institut brésilienpour l’environnement et les ressourcesnaturelles renouvelables. Le plan a étéapprouvé au-delà des prescriptions del’IBAMA pour être conforme aux normes trèsstrictes de la société. Basé sur ce plan et lesopérations en cours, sa gestion forestière a étécertifiée en juillet 1997 par le Rain ForestAlliance, un organisme accrédité par le FSC.

La gestion forestière de F2M est basée sur lesystème CELOS développé au Surinam parune équipe de scientifiques de l’Université deWageningen (voir de Graaf, 1986), adapté parl’INPA (Institut national brésilien pour larecherche en Amazonie) aux conditions del’Amazonie brésilienne et adapté de nouveauaux conditions spécifiques des forêts de F2Mpar les forestiers de la société. Le table 5montre en détail la façon dont le concept degestion durable est appliqué.

Le concept de gestion comprend les élémentssuivants :• D’après l’inventaire, le volume des bois,

toutes essences confondues, ayant un dhhde plus de 5 cm est de 290 m3/ha.

• Le volume des essences commerciales d’undhh de plus de 50 cm est de 80 m3/ha.

• Le volume moyen des coupes prévues estde 35 m3/ha, avec un maximum de 40 m3/ha. Pour chaque essence individuelle, lacoupe est limitée à 80 % du volumecommercialisable. Les taux moyens de

1Cette partie du document s’appuie sur uneprésentation de la “Première conférence latino-américaine sur la Certification des forêts” faitepar Ronnie de Camino au CATIE, les 8 et 9décembre 1997.

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pousse annuelle ont été estimés à 1,6 m3/hace qui permet une coupe maximale de 43 m3/ha tous les 25 ans.

• Le cycle des coupes a été fixé à 25 ans, cequi est la durée estimée pour que la forêtretrouve son volume de départ aprèsl’abattage.

• A présent, 65 essences sont potentiellementcommercialisables dont 28 seulement ontun marché à l’exportation actuellement.

• La forêt est divisée en 25 parcelles de 2 700hectares chacune, avec en moyenne 700 haréservés à la conservation et 2 000 ha à laproduction de bois.

Les activités forestières les plus importantessont les suivantes :• Un inventaire opérationnel est effectué dans

la prochaine parcelle à récolter. Celaconsiste en un examen complet de tous lesarbres commercialisables d’un dhhsupérieur à 50 cm. Chaque arbre est marquéd’un numéro, son genre et son dhh sontrépertoriés et son emplacement noté sur unecarte. Les données sont traitées par un logi-ciel qui présélectionne les arbres à récolteret produit une carte des coupes à effectuerà destination des équipes sur le terrain.

• L’ouverture des routes consiste à créer unréseau systématique et permanent de pistesde débardage, espacées de 100 m, d’unedensité de 80 mètres linéaires par hectare.Environ 14 km de routes principales sontconstruites pour chaque parcelle de 2 000ha et un dépôt de grumes est prévu pourchaque lot de 60 ha de forêt.

• L’abattage commence en vérifiant si l’arbresélectionné par ordinateur doit être coupé.Les facteurs pris en compte incluent le faitque l’arbre est creux ou pas, la proximitédes autres arbres et la dimension du videque sa coupe devrait faire. Si l’arbre con-vient pas, il est remplacé par un autre arbrecommercialisable, non marqué, proche delui. La coupe est alors réalisée avec destronçonneuses et des coins pour l’abattreselon un certain angle par rapport à la routeet dans la direction qui cause le moins dedégâts aux autres arbres. Chaque équiped’abattage coupe en moyenne 17 arbres parjour.

• Le débusquage (prédébardage) est effectuéavec un Track Skidder spécialement conçupour limiter l’impact de l’extraction, combinéà un treuil permettant de hisser les grumes dela forêt sur les pistes d’exploitation. Environ

Tableau 4 Utilisation actuelle des terres à F2M

Source : Guerreiro (1996)

Utilisation actuelle Superficie (ha) Pourcentage (%)Zone forestière de production de bois 50 000 63Zone de conservation 24 726 30(Unité de conservation absolue) (5 164)(Zones de conservation dans les parcelles de (19 562)production)Zone déboisée avant 1993 (acquisition de 5 845 7la propriété par Precious Woods)Total 80 571 100

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35 grumes peuvent être extraites par machineet par jour.

• Le débardage des arbres débusqués depuisle bas-côté de la route jusqu’au dépôt degrumes est effectué par un Skidder équipéde pneus à faible pression pour éviter untassement excessif du sol. Environ 45 grumespeuvent être transportées par machine et parjour.

.

Programmation Activité

4 ans avant la Dresser la liste des essences commerciales.

première récolte Inventaire forestier général (0,1 % d’intensité).

Délimiter l’aire de production et l’aire de conservation.

3 ans avant la Mesure topographique de la zone.

première récolte Préparation et approbation du plan de gestion forestière.

2 ans avant la Analyse de la topographie et établissement des parcelles à récolter

première récolte et du réseau routier.

Délimitation des unités de planification (10 ha) dans la première parcelle.

Inventaire de 100% des arbres à valeur commerciale ayant un dhh supérieur à

50 cm dans la parcelle à récolter ; localisation individuelle des arbres

cartographiés.

Etablissement de lots permanents pour des études de croissance et suivi

de l’impact des récoltes sur le reste de la forêt.

Coupe de lianes, au besoin.

Construction de routes.

1 an avant la Analyse des données de l’inventaire et sélection informatique des arbres

première récolte à récolter.

Planification des activités de récolte

L’année de la Ouverture du réseau systématique de routes d’exploitation.

première récolte Abattage et livraison du bois à l’industrie.

1 an après la Premier examen des lots permanents après la coupe.

première récolte Impact de l’abattage sur le reste de la forêt.

Ensuite tous les Mesure des lots permanents : récupération après l’impact, examen des

3 à 5 ans prochains arbres à récolter, mesure de la régénération.

Planification et exécution des travaux de sylviculture : coupe des lianes, libération

des prochains arbres à récolter, éclaircissage pour accélérer la croissance

des essences et des plants préférés.

Tableau 5 Principales directives de gestion forestière durable à F2M

• Les lots permanents sont délimités et mesurésavant et après l’abattage pour évaluer lesvolumes, l’impact des coupes, les taux decroissance et pour planifier les activitéssylvicoles.

F2M dispose d’une scierie ayant une capacitéde production annuelle de 70 000 m3 degrumes. La production est de 35 000 m3 de

Source : Guerreiro (1996)

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sciages par an, mais l’objectif est d’accroîtrel’efficacité du processus de transformation, de45 % à 60 %, pour avoir une productionannuelle de 42 000 m3. A la différence desautres régions de l’Amazonie brésilienne, F2Mn’a pas d’essences de bois de grande valeurtelles que Swietenia, Cedrela et Carapa. Lacommercialisation des produits peut donc êtreplus difficile. Toutefois, la société a investi dansun séchoir, une unité de transformation du boispour manufacturer des produits finis et semi-finis comme des portes et des fenêtres. Elleenvisage d’exporter 85 % de sa production, lereste étant vendu sur le marché local.

Les principales différences entre le systèmede Precious Woods et les exploitantstraditionnels sont résumées au tableau 6,tandis que le tableau 7 montre l’impactdifférent des deux systèmes sur la forêt.

Precious Woods espère atteindre un Indice derevenu interne d’environ 16 %. Ce niveau deprofit dépend, cependant, de nombreusesvariables notamment :• l’importance de la récolte – descendre en

dessous des 35 m3/ha prévus aurait desconséquences très négatives ;

• l’efficacité de la conversion des grumes enproduits ;

• la proportion de bois transformés et laproportion de bois exportés ;

• le prix des produits ;• la possibilité de vendre des essences

secondaires sans lesquelles l’objectif de 35m3/ha récoltés risque de ne pas être atteint.

En plus de ses propres profits directs, PreciousWoods contribue aussi au maintien del’équilibre en CO

2 dans l’atmosphère. Une

forêt gérée durablement évite les émissions

associées à la déforestation puisque la zoneconcernée reste boisée. Par les emplois qu’elleprocure, elle contribue également à réduire lapression sur les aires forestièresenvironnantes.

L’EXPERIENCE DE LA CERTIFICATION

Pourquoi la certification ?Precious Woods vise à parvenir à une gestionforestière durable. La certification apporte uneconfirmation importante aux actionnaires, à lapopulation locale et aux consommateurs quel’entreprise atteint ses objectifs. Elle impliqueaussi que, à la différence de beaucoupd’entreprises forestières, Precious Woodsrespecte les dispositions de la législationbrésilienne en matière de foresterie et sur leplan économique, écologique et social. Cela aété fondamental pour établir des relations decollaboration entre la société et les autoritésforestières, à tel point que F2M est présentécomme un modèle de bonne gestion forestière.Bien qu’un esprit de coopération seraitpréférable, la certification a quand même permisl’instauration d’un climat “consensuel” entrel’entreprise et les ONG environnementales qui,par ailleurs, sont opposées à toute formed’intervention commerciale dans les forêtstropicales primaires humides.

La certification contribue à donner dePrecious Woods une image favorable àl’extérieur, en garantissant que la sociétéemploie des pratiques satisfaisantes sur le planforestier et commercial. Dans le cas dePrecious Woods, cela est particulièrementimportant pour ses actionnaires, l’opinionpublique en Suisse (d’où provient l’essentielde son capital) et l’Agence suisse decoopération (qui apporte une assistance

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Modèle de Precious Woods Modèle tradicionnel

Le but de l’entreprise est d’obtenir un Le but de l’entreprise est de faire de l’argent.développement durable au niveau économique, Le développement durable n’intervientécologique et social. que lorsqu’il est exigé par la loi.

Le Plan de gestion forestière est un outil Le Plan de gestion forestière est simplement unepermettant d’optimiser les activités sur condition obligatoire pour obtenir un permis dele terrain. coupe.

La planification des activités est essentielle. Il n’y a pas, à la base, de planification des activitésAutant d’argent est investi dans la planification autre que l’intention d’extraire le plus grandque dans l’acquisition de terres et de forêts. volume possible au moindre coût.

Les volumes récoltés sont limités par les taux Les coupes sont concentrées sur les espèces lesde croissance des forêts et par la volonté plus rentables sans s’occuper de la continuitéqu’aucune essence de la forêt ne disparaisse. de leur présence.

Le système de coupe et d’extraction a un Le système de coupe et d’extraction a unimpact limité sur la forêt. grand impact sur la forêt.

Le personnel bénéficie d’une formation Le personnel apprend sur le tas en cherchant àcorrecte pour accroître l’efficacité et réduire obtenir les rendements les plus élevés sans sel’impact sur la forêt. préoccuper de l’impact.Les normes de sécurité sont strictes. La sécurité du personnel est très aléatoire.

La gestion forestière comprend des opérations Aucune opération sylvicole n’est effectuée.sylvicoles telles que la coupe de lianes,l’éclaircissage et la libération, pour favoriser lesarbres ayant le plus de valeur.

Des recherches sont menées pour faire le suivi Pas de recherches.des méthodes utilisées.

La transparence et la promotion du modèle sont Pas de formation pour son propre personnel nides objectifs importants : formation et pour les tierces parties. La concurrence est plusassistance technique sont dispensées aux importante que la transmission de techniquestierces parties. appropriées.

Les normes garantissant une gestion forestière Pas d’intérêt dans la certification qui est considéréede haut niveau permettent de certifier les comme une dépense inutile. activités forestières.

Vise à avoir un impact social permanent en Préoccupations sociales limitées au minimumtentant de transférer des technologies aux légal.communautés possédant des forêts pour leurpermettre d’en bénéficier elles-mêmes.

Tableau 6 Différentes approches à la gestion d’une forêt tropicale primaire

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Tableau 7 Impact des différents systèmes de gestion forestière : résultats d’un essai de la FAO

Variable Modèle de Precious Woods Modèle TraditionnelRécolte en m3/ha 38,50 114,60Durée d’abattage d’un arbre en 21,41 17,59minutesVolume par arbre abattu en m3 7,08 5,57Productivité en m3/heure 19,76 17,92% des dommages dans les 28,30 52,40parcelles de production% de la superficie occupée par les 4,53 19,87pistes de débardage% du bois perdu pendant la récolte 3,90 8,50Somme des trous dans la canopée 10,80 24,70dus aux arbres abattus en %

Source : adapté d’après Winckler (1997)

politique et financière vitale). Cette bonne imageà l’étranger est également un facteur crucial carelle donne un avantage compétitif sur un marchécomme l’Europe qui a des normesenvironnementales strictes et l’aide à trouverun groupe stable de clients qu’elle peut ensuitefidéliser.

La sélection de l’organisme de certificationA l’époque de l’application, il y avait quatreorganismes de certification accrédités par leFSC. Precious Woods leur demanda à tous lesquatre de préparer une proposition pourcertifier ses opérations au Brésil. La sociétéengagea alors un processus de négociation avecceux qui offraient les meilleures conditions.Elle était particulièrement préoccupée par laquestion du choix de l’équipe de certification.Celle-ci devait comprendre des personnes ayantune expérience pratique de la gestion forestière(si possible dans le secteur privé), desscientifiques et des gens ayant l’expérience desONG, ainsi qu’une bonne compréhension ducontexte local sur le plan économique,écologique et social. L’équipe devait aussi

combiner des spécialistes nationaux de hautniveau et des spécialistes internationaux. Bienqu’aucune des quatre premières propositionsn’ait été satisfaisante à cet égard, PreciousWoods fut capable de négocier une équipeidéale avec des spécialistes de l’écologie d’uncentre de recherche, des spécialistes enforesterie et en sciences sociales d’une ONGbrésilienne et un spécialiste de l’abattage à faibleimpact (avec de nombreuses annéesd’expérience au Brésil) d’une ONGinternationale.

Vu les dimensions de la zone forestière àcertifier, la question du coût n’était pas crucialedans ce cas. Il convient de noter, cependant,que des problèmes peuvent survenir lorsquedes groupes de certification proposent decouvrir le coût de la certification par unfinancement provenant de tierces parties. Celarisque de rendre l’entreprise très dépendantedu certificateur et de réduire sa capacité à poserdes conditions à l’équipe de certification. Autrequestion importante, les organismes decertification devraient clairement expliquer en

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détail leur procédure de certification car ellepeut différer d’un organisme à l’autre. L’UGFdevrait être parfaitement consciente desdispositions auxquelles elle souscrit.

La procédure de certification elle-mêmeLa procédure de certification de PreciousWoods était très rigoureuse. Cette procédure etsa nature volontaire, furent expliquées dans lapresse locale et à la radio. On interrogea lescommunautés locales et les personnes etinstitutions en liaison avec la société, sur leuropinion de l’entreprise, de ses relations avecles employées et les communautésenvironnantes et de ses méthodes sylvicoles.Un débat public, ouvert à toutes les partiesprenantes possibles, donna à chacun l’occasiond’exprimer ses préoccupations. La compositionbien équilibrée de l’équipe de certification permitune prise en compte adéquate des aspectséconomiques, écologiques et sociaux de lagestion forestière. Le résultat a pris la formed’une série de préconditions et de conditionsréalistes que Precious Woods s’engageait àremplir selon un calendrier prenant en comptela nature graduelle de la procédure.

Le coût de la certificationLes dépenses entraînées par la certificationreprésentent le coût de la gestion forestièredurable, plus le coût de la procédure decertification elle-même. Concernant la gestionforestière durable, la réalité est que ce coût nedevrait pas être plus élevé que celui de la gestionforestière “traditionnelle”. Certes, une gestionforestière améliorée a des coûts de planificationplus élevés (avec des inventaires plus détaillés,une meilleure planification des routes, lecontrôle de l’abattage et de l’extraction), dansla mesure où c’est la clé de la pérennité.Pourtant, ces frais supplémentaires sont

compensés par des rendements plus élevés etune réduction des frais d’exploitation, unemeilleure distribution saisonnière des récolteset, donc, un approvisionnement plus régulierdes industries de transformation, de meilleuresrelations avec le personnel auquel on peutgarantir des emplois permanents, etc. Dans lecas de Precious Woods, le prix de revient pouracheminer les grumes à la scierie (y comprisles traitements sylvicoles) est d’environ 32 à35 $EU par m3.

Pour une société qui a misé sur une gestiondurable dès le départ, ces coûts ne sont pas unesurprise. Ces coûts risquent d’être plus élevéspour une société qui tente de passer d’une“exploitation” traditionnelle à une gestionforestière durable ou améliorée. Toutefois, vuque la gestion durable reste totalement dans lecadre de la loi, ces entreprises peuventdécouvrir que ces coûts sont compensés parune réduction des amendes et du risque de voirles autorités forestières interdire leursopérations.

Le coût de la procédure de certification elle-même est inversement proportionnel à lasuperficie de l’unité de gestion forestière et auvolume récolté. Pour les opérations de taillemoyenne, les coûts de certification nereprésentent donc pas une grosse proportionde l’ensemble des coûts. Néanmoins, on nepeut que conseiller aux sociétés n’ayant pasl’expérience d’une bonne gestion forestière,de réaliser à l’avance une évaluation avant debriguer une certification officielle. Cetteévaluation devrait être effectuée par des expertsnon liés à l’organisme de certification etrecommander les principaux changements àfaire pour que la certification soit envisageable.

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Les bénéfices probables de la certificationpour MMILes relations intérieuresMMI a maintenant d’excellentes relationsavec les autorités chargées de l’environnementet de la foresterie. Cela a allégé la bureaucratieassociée à l’obtention de permis d’exploitationchaque année. Sa bonne gestion forestière, dansle respect de la législation, signifie que MMIn’a pas été l’une des 60 % d’unités de gestionforestière qui ont eu leurs opérationssuspendues provisoirement après uneévaluation de l’IBAMA, début 1997. Aucontraire, la société pouvait continuer àfournir en bois le marché local. En novembre1997, alors qu’une entreprise voisine étaitcondamnée à verser plus d’un million dedollars EU, la pénurie de sciages constatéesur le marché local donna à MMI un avantagesupplémentaire.

Le fait d’être certifié a accru la crédibiliténationale de MMI. Comme beaucoup de sesopérations sont uniques et n’ont pas deprécédents, l’IBAMA s’est montré flexible eta permis l’expérimentation. En fait, beaucoupdes procédures de foresterie de MMI (commeles cartes d’abattage) commencent désormaisà être adoptées comme la norme parl’IBAMA.

Les relations extérieuresA l’heure actuelle, il n’y a que peud’opérateurs certifiés dans les forêtstropicales; Precious Woods n’a donc aucunedifficulté à trouver des clients. La société aété capable, en particulier, de vendre du boiscertifié aux consommateurs officiels enEurope, tels que les autorités portuaires, lescollectivités locales, les municipalités, lesrégions et les Etats. Certains de ces consom-

mateurs, à l’origine, boycottaient l’achat desbois tropicaux avant d’adopter, finalement,l’“Objectif 2000” de l’OIBT. Puisqu’il n’y apas, actuellement, beaucoup de bois certifiésen provenance des tropiques, ils peuventdevenir des clients réguliers et ils sont aussi enmesure de payer des prix plus élevés.

Les avantages de prixLa concurrence est intense sur le marché desbois tropicaux. Si l’utilisateur final est peut-être prêt à payer plus cher les bois tropicauxcertifiés, la majorité des intermédiaires (lesgros importateurs de bois et les fabricants deproduits finis) continuent de préférer les boisnon certifiés en raison de leurs prix inférieurs.On constate, néanmoins, que de plus en plusde groupements d’achat veulent travaillerexclusivement avec du bois certifié et qu’ilssont prêts à payer un supplément pouvant allerjusqu’à 15 %.

Les essences secondairesL’un des plus sérieux problèmes des forêtstropicales, du point de vue de lacommercialisation, réside dans la grandediversité des essences. Precious Woods, parexemple, dispose de 35 essences disponiblesen quantités commercialisables. Cela fait qu’ilest difficile de trouver des acheteurs dontbeaucoup préfèrent se borner à quelquesessences bien connues. Heureusement, lesmarchés des bois certifiés semblent plusouverts à l’introduction d’essences moinsconnues.

Quelques problèmes provenant de lacertificationUne entreprise sous les projecteursIl est peut-être ironique qu’une société commePrecious Woods soit priée de justifier

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constamment ses opérations, d’un côté par lesONG internationales et, de l’autre, par lespropriétaires de forêt qui pratiquent l’abattagetraditionnel. La certification a misPreciousWoods sur le devant de la scène.Toute erreur de la part de cette société seraitinévitablement durement critiquée, en partieparce que de nombreuses ONG préféreraientque les forêts tropicales primaires restentcomplètement intouchables. Precious Woodsespère établir une collaboration avec lacommunauté des ONG grâce à la transparenceet à sa politique d’accès ouvert. En 1997,l’entreprise a reçu le Prix de la Fondation desforêts tropicales pour ses travaux exemplairesen faveur de la gestion forestière et ce genrede reconnaissance contribue beaucoup àencourager la poursuite des efforts déployéspour améliorer la gestion.

La demande d’information versusl’information en tant qu’atoutIl y a une grande demande d’information dela part des ONG nationales et internationales,des agences bilatérales et multilatérales.Cependant, cela correspond rarement à unevolonté de réciprocité, d’une manière ou d’uneautre. Il semble qu’il y ait peu de désir decoopérer ou de cofinancer des activités d’unintérêt général ou scientifique ou d’aider àrésoudre des difficultés passagères detrésorerie. MMI, par exemple, a rassemblé etcontinue de le faire, de grandes quantitésd’informations importantes et uniques quipourraient servir à de futures recherches. Sonsystème d’informations géographiquescomprend des références à des arbresparticuliers, des informations sur lesinventaires et les récoltes et des raisonsexpliquant pourquoi certains arbres ont étérejetés pendant l’abattage, etc. C’est là un

grand atout pour l’entreprise. Ces donnéesgénérales d’ores et déjà disponiblespermettraient d’économiser beaucoup detemps dans les recherches économiques,écologiques et sociales. Precious Woods veutbien transmettre ces informations mais leschercheurs devraient payer leurs propresdépenses et, si possible, de contribuer auxinvestissements déjà réalisés par la société.

Qui bénéficie le plus des produits certifiés ?Lorsque du bois certifié est vendu à un prixmajoré, la plupart de la différence reste dansles mains de l’importateur plutôt que dupropriétaire forestier. Ainsi, lorsque 1 m3

d’une certaine essence est vendu 500 $EU avecun bonus de 10 % s’il est certifié, le propriétairede l’unité touche un supplément de 50 $EU/m3. L’acheteur, par contre, écoule un produitvendu 2000 $EU/m3, de sorte que les 10 % debonus de la certification représentent 200 $EU.La plus grande partie du bonus va donc àl’intermédiaire et non pas aux forêts.

L’AVENIR DE LA CERTIFICATION

Un certain nombre d’intérêts divergentsdétermineront si la certification réalise sonpotentiel et place une grande partie des forêtstropicales dans le cadre d’une gestion durable.L’un d’eux dépend du nombre de pays quiadopteront l’Objectif 2000 de l’OIBT. Aprésent, la tendance est loin d’être claire. Uneadoption inégale risque d’entraîner undéséquilibre du marché et une concurrenceaccrue entre les produits certifiés et les autres.Même si l’Objectif 2000 était plus largementadopté, cela n’établirait pas la certificationcomme le mécanisme garantissant la gestionforestière durable.

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Un autre facteur important dépend de la qualitédu dialogue entre les gouvernements et le FSC.Comme indiqué précédemment, le FSC désigneles personnes chargées des liaisons dans lespays et soutient le développement d’initiativesnationales visant à définir des critères et desindicateurs appropriés à la gestion forestièrede chaque pays. Ces critères et indicateursnationaux peuvent ensuite être examinés etapprouvés par le FSC pour être utilisés par lesorganismes de certification accrédités. Il semble,pourtant, que certains gouvernements etinstitutions officielles aient pris de la distancevis-à-vis de leurs procédures nationales et,d’une certaine façon, ne reconnaissent pas leFSC. Il est important que tout conflit soit discutéouvertement et franchement avant qu’il nefragilise le système de certification etn’entraîne une perte de confiance chez lesconsommateurs.

Finalement, et peut-être surtout, la nécessitéde promouvoir l’amélioration de la gestionforestière avec des décisions politiques forteset des actions appropriées, par exemple,l’initiative commune Banque mondiale/WWF“Forests for Life”. Dans un monde où lesconséquences globales des actionsindividuelles sont bien connues, il n’estcependant pas suffisant de faire simplementdes déclarations si elles ne s’accompagnentpas d’un financement permettant leurexécution. Transformer l’exploitationtraditionnelle d’une forêt en une bonnegestion nécessite un financement sous formed’investissements, de primes sur les prix oud’une véritable évaluation et du paiement desservices environnementaux associés. Lesinstitutions financières multilatérales etrégionales doivent délaisser les politiquesrestrictives pour adopter des mesures

proactives en faveur du financement desinitiatives de bonne gestion forestière prisesaussi bien par les communautés que par lesentreprises privées. Les politiques réactivesqui dominent aujourd’hui aboutissent à unecertaine inertie hautement préjudiciable àl’environnement. Faire de la certification unecondition de l’accès aux capitauxd’institutions telles que la Banque mondialeet la Banque interaméricaine dedéveloppement, pourrait constituer unmécanisme important au service de la gestionforestière durable.

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ACRONYMES

BM Banque mondialeCATIE Centro Agronómico Tropical de

Investigación y Enseñanza (Centre agronomique tropical d’investigation et d’enseignement)

CIFOR Centre for International Forestry Research (Centre pour la recherche forestière internationale)

dhh Diamètre à hauteur d’hommeF2M Fazenda Dois Mil (Forêt de MMI

au Brésil)FAO Food and Agriculture Organization

(Nations Unies)

FSC Forest Stewardship CouncilIBAMA Brazilian Institute for the

Environment and Renewable Natural Resources (Institut brésilien pour l’environnement et les ressources naturelles renouvelables)

MMI Mil Madereira Itacoatiara (société brésilienne de Precious Woods)

OIBT Organisation internationale des bois tropicaux

ONG Organisation non gouvernementaleUGF Unité de gestion forestièreWWF Worldwide Fund for Nature (Fonds

mondial pour la nature)

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