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DES CONSÉQUENCES BIEN RÉELLES VIOLENCE AU TRAVAIL VERS UNE MEILLEURE PRISE EN CHARGE Sondage dans le milieu DES AFFAIRES MUNICIPALES En partenariat avec l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur des affaires municipales (APSAM), cette étude a été menée entre janvier 2011 et octobre 2012 par le biais d’un sondage Internet. Elle a permis de rejoindre 1 163 travailleurs, pour la majorité des cols blancs, des policiers et des employés des transports publics urbains. Les questions portaient sur les actes de violence dont ils auraient pu être victimes ou témoins au cours des 12 mois précédents et sur leurs conséquences. Le sondage examinait également les perceptions des travailleurs face à la violence et au soutien reçu au travail pour contrer cette réalité. DES ACTES DE VIOLENCE FRÉQUENTS Ce sondage a permis de confirmer que la violence au travail est effectivement très présente dans le secteur des affaires municipales : 69 % des travailleurs sondés ont déclaré avoir été victimes ou témoins de différents types de violence au travail, ou les deux, au cours des 12 mois précédents. Parmi les résultats les plus marquants, notons que 63 % des répondants ont déclaré avoir été victimes ou témoins de violence verbale, ou les deux. Par ailleurs, les résultats indiquent que les hommes étaient proportionnellement plus victimes ou témoins de violence que les femmes, ou les deux (72 % vs 66 %). De plus, 17 % des répondants ont indiqué avoir été victimes ou témoins d’un AVG. Dans 63 % des cas, ces actes avaient été commis par un citoyen ou un client. Mais dans 18 % des cas, il s’agissait plutôt de violence interne, c’est-à-dire que l’agresseur était un collègue, un supérieur ou un employé subalterne. Pour l’ensemble des incidents rapportés, la majorité (77 %) des actes de violence avaient été perpétrés par un agresseur de sexe masculin, tandis que moins du tiers (27 %) avait causé des blessures ou nécessité une visite médicale. La violence au travail peut entraîner diverses conséquences pour les travailleurs touchés, tout particulièrement sur le plan psychologique. L’irritabilité apparaît comme la difficulté la plus fréquente, rapportée par 44 % des hommes et des femmes ayant été victimes ou témoins d’un AGV au travail, suivie par des difficultés de sommeil et de l’évitement pour plus du tiers de ces répondants hommes et femmes. On note toutefois une différence entre les hommes et les femmtes concernant les flash-back : 45 % des femmes vs 35 % des hommes. Sur le plan professionnel, la conséquence la plus souvent mentionnée, tant pour les hommes que pour les femmes, est une baisse de productivité (20 %), suivie par des arrêts de travail (12 %). Les résultats montrent cependant que les femmes (17 %) sont plus susceptibles que les hommes (9 %) de vivre des difficultés psychologiques au travail telles que des troubles de concentration, du stress et de l’hypervigilance. LE POINT DE VUE DES TRAVAILLEURS La violence en milieu de travail est une problématique qui touche tous les secteurs professionnels, mais il est clair que certains travailleurs sont plus à risque que d’autres d’être victimes ou témoins d’actes de violence grave (AVG) en raison des fonctions qu’ils exercent. Ce type de violence peut prendre plusieurs formes, quoique les plus répandues demeurent les voies de fait (attaque, menace de préjudice physique ou incident dans lequel une arme est présente) – 71 % de tous les cas de violence en milieu de travail. 1 Le secteur des affaires municipales représente un des milieux parmi les plus à risque : en effet, les caractéris- tiques des tâches impliquent différents facteurs de risque tels que le contact avec le public, la manutention d’argent, un lieu de travail mobile et l’application de réglementations. C’est pourquoi l’équipe de recherche VISAGE a choisi de réaliser un sondage sur la prévalence de la violence au travail dans ce secteur, ainsi que son impact sur les travailleurs qui en ont été victimes ou témoins. RÉSULTATS UN MILIEU TRÈS À RISQUE 2 Le terme « travailleurs » est utilisé dans son sens général, incluant les catégories de travailleurs et de gestionnaires.

Résultats – Sondage dans le milieu des affaires municipales

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Résultats – Sondage dans le milieu des affaires municipales

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DES CONSÉQUENCES BIEN RÉELLES

VIOLENCE AU TRAVAILVERS UNE MEILLEURE

PRISE EN CHARGE

Sondage dans le milieuDES AFFAIRES MUNICIPALES

En partenariat avec l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur des affaires municipales (APSAM), cette étude a été menée entre janvier 2011 et octobre 2012 par le biais d’un sondage Internet. Elle a permis de rejoindre 1 163 travailleurs, pour la majorité des cols blancs, des policiers et des employés des transports publics urbains. Les questions portaient sur les actes de violence dont ils auraient pu être victimes ou témoins au cours des 12 mois précédents et sur leurs conséquences. Le sondage examinait également les perceptions des travailleurs face à la violence et au soutien reçu au travail pour contrer cette réalité.

DES ACTES DE VIOLENCE FRÉQUENTSCe sondage a permis de confirmer que la violence au travail est effectivement très présente dans le secteur des affaires municipales : 69 % des travailleurs sondés ont déclaré avoir été victimes ou témoins de différents types de violence au travail, ou les deux, au cours des 12 mois précédents. Parmi les résultats les plus marquants, notons que 63 % des répondants ont déclaré avoir été victimes ou témoins de violence verbale, ou les deux. Par ailleurs, les résultats indiquent que les hommes étaient proportionnellement plus victimes ou témoins de violence que les femmes, ou les deux (72 % vs 66 %).

De plus, 17 % des répondants ont indiqué avoir été victimes ou témoins d’un AVG. Dans 63 % des cas, ces actes avaient été commis par un citoyen ou un client. Mais dans 18 % des cas, il s’agissait plutôt de violence interne, c’est-à-dire que l’agresseur était un collègue, un supérieur ou un employé subalterne. Pour l’ensemble des incidents rapportés, la majorité (77 %) des actes de violence avaient été perpétrés par un agresseur de sexe masculin, tandis que moins du tiers (27 %) avait causé des blessures ou nécessité une visite médicale.

La violence au travail peut entraîner diverses conséquences pour les travailleurs touchés, tout particulièrement sur le plan psychologique. L’irritabilité apparaît comme la difficulté la plus fréquente, rapportée par 44 % des hommes et des femmes ayant été victimes ou témoins d’un AGV au travail, suivie par des difficultés de sommeil et de l’évitement pour plus du tiers de ces répondants hommes et femmes. On note toutefois une différence entre les hommes et les femmtes concernant les flash-back : 45 % des femmes vs 35 % des hommes.

Sur le plan professionnel, la conséquence la plus souvent mentionnée, tant pour les hommes que pour les femmes, est une baisse de productivité (20 %), suivie par des arrêts de travail (12 %). Les résultats montrent cependant que les femmes (17 %) sont plus susceptibles que les hommes (9 %) de vivre des difficultés psychologiques au travail telles que des troubles de concentration, du stress et de l’hypervigilance.

LE POINT DE VUE DES TRAVAILLEURS

La violence en milieu de travail est une problématique qui touche tous les secteurs professionnels, mais il est clair que certains travailleurs sont plus à risque que d’autres d’être victimes ou témoins d’actes de violence grave (AVG) en raison des fonctions qu’ils exercent. Ce type de violence peut prendre plusieurs formes, quoique les plus répandues demeurent les voies de fait (attaque, menace de préjudice physique ou incident dans lequel une arme est présente) – 71 % de tous les cas de violence en milieu de travail.1

Le secteur des affaires municipales représente un des milieux parmi les plus à risque : en effet, les caractéris- tiques des tâches impliquent différents facteurs de risque tels que

le contact avec le public, la manutention d’argent, un lieu de travail mobile et l’application de réglementations. C’est pourquoi l’équipe de recherche VISAGE a

choisi de réaliser un sondage sur la prévalence de la violence au travail dans ce secteur, ainsi que son impact sur les travailleurs qui en ont été victimes ou témoins.

RÉSU

LTAT

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UN MILIEU TRÈS À RISQUE

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Le terme « travailleurs » est utilisé dans son sens général, incluant les catégories de travailleurs et de gestionnaires.

Le sondage s’est aussi intéressé à la perception que les travailleurs ont des ressources et de l’aide offertes par leur milieu professionnel concernant les actes de violence. De manière générale, alors que la majorité des répondants (78 %)

considèrent qu’il est très important ou essentiel d’avoir les outils nécessaires pour faire face à la violence au travail, 60 % déclarent que ces outils ne sont que peu ou pas du tout présents dans leur

milieu de travail. Par ailleurs, les répondants estimaient qu’ils rece-vraient plus d’aide s’ils étaient victimes plutôt que témoins.

PLUS DE RÉSULTATS

LES STRATÉGIES UTILISÉES PAR LES TRAVAILLEURSLe sondage a également permis de mesurer les stratégies utilisées par les travailleurs victimes ou témoins d’un AVG au travail pour retrouver un fonctionnement normal. Parmi ceux-ci, plus de 87 % ont déclaré en avoir parlé avec une personne de leur environnement personnel ou professionnel, ou avoir fait appel à une aide professionnelle. Toutefois, les résultats indiquent que les hommes utilisent ces stratégies dans une proportion moins importante que les femmes : 93 % des femmes et 84 % des hommes ont rapporté avoir eu recours aux services professionnels d’un médecin, d’un psychologue ou d’un psychiatre, tandis que 93 % des femmes et 83 % des hommes ont choisi d’en parler à une personne de leur entourage personnel ou professionnel.

LES PERCEPTIONS DES TRAVAILLEURS FACE À LA VIOLENCE EN MILIEU DE TRAVAILLa dernière partie du sondage visait à mieux comprendre la perception que les travailleurs du secteur des affaires municipales ont de la violence au travail. Ces questions touchaient donc l’ensemble des répondants, qu’ils aient été victimes/témoins ou non d’un AVG au travail. Cette section a permis de faire ressortir un certain paradoxe : la plupart (86 %) ne considèrent pas la violence physique comme normale dans leur milieu de travail, mais plus du tiers (39 %) estiment qu’ils seraient jugés par leurs collègues ou leur employeur s’ils se plaignaient de tels actes de violence. Il faut souligner que la moitié des répondants (47 %) indiquent qu’ils ne connaissent pas les politiques de leur milieu de travail relative-ment à la violence.

D’autres milieux de travail ont également été consultés : des travailleurs des secteurs de l’assistance sociale et des soins de santé, ainsi que de l’admi- nistration provinciale ont participé au sondage. Les résultats seront diffusés dans ces milieux et accessibles sur le

site Web de l’équipe VISAGE afin de favoriser la sensibilisation au phénomène de la violence au travail et à ses conséquences sur les femmes et les hommes.

D’autres projets menés par l’équipe permettront de mieux comprendre spécifiquement les

besoins des travailleurs victimes ou témoins d’AVG et de dévelop-per des protocoles d’aide pour y répondre.

Pour plus de détails, un article paru sur le site Web de l'APSAMi

est disponible.

Financée par l'Institut de la santé des femmes et des hommes des Instituts de recherche en santé du Canada, l'équipe VISAGE du Centre d'étude sur le trauma de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal développe des partenariats avec des milieux professionnels ciblés afin d'améliorer les aspects cliniques et organisationnels de la prise en charge des travailleurs exposés à des actes de violence grave ou à risque élevé de l'être. Son but : approfondir et partager les connaissances sur la violence en milieu de travail en vue de proposer des stratégies tenant compte des besoins différen-tiels des femmes et des hommes.

Partenaires principaux : Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur affaires municipales (APSAM), Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur administration provinciale (APSSAP), Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur des affaires sociales (ASSTSAS)

1 Enquête sociale générale sur la victimisation, Statistique Canada, 2004 i Article accessible à l'adresse suivante : apsam.com/blogue/resultats-du-sondage-sur-la-violence-en-milieu-de-travail

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