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09/05/2010
1
Dimensions psychologiques de l’autismePatrice Gillet
Comportement : la triade « autistique » en maternelle
à l’école primaire
Cognition : intérêt pour les détails
anticipation, planification, imagination
représentation mentale de l’Autre
L’autisme
Kanner (1943) : "ces enfants (autistes) sont venus au monde avec une incapacité innée à établir le contact affectif habituel avec les personnes, biologiquement prévu, exactement comme d'autres enfants viennent au monde avec des handicaps physiques ou intellectuels ».
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Langage Coordination visuo-manuelle Sociabilité
2 mois Fait des vocalisations Tourne la tête pour Sourit à l’adulte en
prolongées suivre un objet réponse à son sourire
6 mois Réagit immédiat. à Saisit la pastille en Regarde ce que regarde
l’appel de son nom ratissant l’adulte montre du doigt
10 mois Dit un mot (2 syll.) Cherche le battant de Regarde ce que regarde
la clochette l’adulte sans qu’il montre du doigt
14 mois Désigne et nomme Gribouille Montre du doigt ce qui l’intéresse
20 mois Fait des phrases Tourne les pages d’un Joue à faire semblant
de 2 mots livre
Ces comportements
« sociaux » apparaissent tôt
dans le développement . Ils
font défaut chez les enfants
avec autisme.
L’autisme : un syndrome neuro-
développementalFrith (1989) : "Un enfant ne devient pas autiste parce que ces parents ne
l'aiment pas suffisamment. L'autisme est un évènement rare... Son origine
biologique remonte probablement à bien avant la naissance".
Attwood (2003) : ..."C'est un trouble du développement dont l'origine est un
dysfonctionnement de structures et de liaisons cérébrales qui ne se sont pas
développées complètement..."
Trevathen & al. (1996) : L'autisme résulte.. "d'anomalies qui affectent certaines
parties du cerveau : celles qui sont en rapport avec l'initiative, la motivation, la
planification, la communication et les émotions".
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Traitement acoustique de la parole dans l’autisme
Activation du lobe temporal supérieur chez les sujets témoins à l’écoute d’un mot
Chez les adultes avec autisme, l’activation est hémisphérique droite,
même zone qui est activée quand les sujets témoins entendent un bruit
Pierce & al. 2001
Autistes
Contrôles
Le traitement cérébral des visages
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L’autisme
Troubles du spectre autistique
variabilité des signes comportementaux
La triade autistique
Trouble du contact
Recherche active d’isolement
Anxiété de contact ou
indifférence.
Évitement du regard
Visage « sévère »
…….
Trouble de la communication
Pas/peu de langage adressé (soliloque),
Jargon…Echolalie
Pas/peu de gestes idéomoteurs
Instrumentalisations…….
Activités restreintes et répétitives :Stéréotypies posturales
Utilisation stéréotypée des
objets.
Intérêt envahissant pour un
domaine encyclopédique
……..
Ces signes évoluent avec l’âge. Ils varient aussi en fonction des contextes (sociaux)
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La CARS (Childhood Autism Rating Scale Schopler & al. Trad. B. Rogé. EAP, 1989)
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
4
com
.Verb
com
.Ges
tR
el.S
oci
ale
s
Imit
ati
on
Util.
Corp
s
Util.
Obje
t
Anxi
été
Groupe
Individuel
Famille
Variation des signes autistiques selon les
contextes sociaux (à un même âge).
Indic
e de
Sév
érit
é
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
4
com
.Verb
com
.Ges
tR
el.S
oci
ale
s
Imit
ati
on
Util.
Corp
s
Util.
Obje
t
Anxi
été
2 ans 1/2
4 ans
7 ans
Variation de l’intensité des signes autistiques
avec l’âge
Inte
nsi
té d
u d
éfic
it
Inte
nsi
té d
u d
éfic
it
En Maternelle• L’enfant avec autisme est plus à son aise en relation duelle « adulte-enfant ».
• Manifestations d’attachement aux personnes.
• Instabilité : stabilité avec la familiarisation et la routine (besoin d’immuabilité), besoins de moments pour « s’isoler »
• Relation « sympathique » avec des réactions immédiates aux émotions d’autrui.
• Stéréotypies (balancements, battements d’ailes, tournoiement d’objets….) peuvent être fréquentes. Elles servent pour « exprimer » les émotions (peur, anxiété, joie).
• Rituels préparatifs à une activité
• Signes d’impatience (précipitation, brusquerie…)
• Forte anxiété face à l’imprévu et la nouveauté
• Références idéiques au monde virtuel.
• Regards adressés aux personnes rares
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En primaire :
Manque d’initiative pour interagir (passivité).
Communication uni-directionnelle.
Anxiété face à l’imprévu et au changement.
Apprécie mieux les temps structurés que les
temps libres.
Manque d’empathie. Attitudes auto-centrées.
Références idéiques au monde virtuel.
Immaturité affective (jeux de plus petits).
Ne suit pas la « mode » (musique, sport,
tenues vestimentaires…)
Prosodie mal ajustée (ton impérieux).
Regard fuyant
Attention au risque élevé de stigmatisation (trop
bizarre, fou dingue, trop louf..il cause à son
cartable, on comprend rien à ce qui dit,..)
Surveiller le statut de l’enfant auprès des autres
élèves (et si besoin : informations sur l’autisme,
tutorat…)
L’autisme : aspects cognitifs
Comportement(s)
Trouble du contact
Trouble de la communication
(verbale et gestuelle)
Activités stéréotypées et
Intérêts restreints.
Cognition(s)
Manque d’anticipation et
d’imagination.
Intérêt pour les détails
Manque de théorie de l’esprit.
Îlots d’habileté
Mémoire échoïque, iconique
Manque d’abstraction
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Aspects cognitifs
L’autisme est associé le plus souvent à un retard intellectuel dont l’intensité se « mesure » aux tests de Quotients Intellectuels (QIs).
Le profil intellectuel est « hétérogène »
Les enfants avec autisme intégrés à l’école ordinaire ont un QI « normal » (sur le plan statistique : QI > 70)
QI et éducation
70 Zone normale II 130
QI:100
85 Zone normale I 115
Retard
25 40 55
Retard
légerRetard
moyenRetard
graveRetard
profondEcole ordinaire
IMECLIS
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Profils d’habiletés « hétérogènes » : exemples
0
5
10
15
20
25
Coord
-VM
langa
ge
Soci
abili
té
CM
mo
is
CM ; 3 ans ½
Autisme « modéré » (CARS = 36)
Encastrements, tour de cubes, traits
Tourne les pages d’un livre
Imitation et Jeux : n sensori-moteur
Ne Sourit pas à son reflet dans le miroir
Pas de sourires réponses
Réagit à l’appel de son prénom
Ne dénomme pas les objets
Ne désigne pas les images
Jargon, soliloque (syllabes dupliquées)
Echelle Brunet-Lézine
Profil psychométrique « dysharmonique » au WISC (R, III).
CM : 9 ans (CE1+AVS)
WISC-R : QI verbal : 72
QI « perf. » : 86
QI global : 78
QI V < QI perfDifficultés logico-mathématiques (Arithm)Difficultés à utiliser le langage dans des contextes sociaux (Compr)Mémoire « par cœur » (Mem. Chiffres)
Perception visuelle fine des détails; Compl. Images)Difficultés d’organisation temporelle (Arr. Images)Talents visuo-constructifs (Cubes, Ass. Objets)Lenteur grapho-motrice (Code)
Si QI verbal = 72 et Age réel ; 9 ans - 6 mois
Age Verbal = 6 ans et demi : soit niveau 2ème
semestre de CP
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Sous test des Cubes
L’aisance visuo-constructive et
visuo-spatiale
• Pics de compétence (puzzles, constructions, dessins….)
spécifiques à l’autisme : pas retrouvés dans d’autres
maladies neurodéveloppementales.
• Ces pics de compétences traduisent un traitement « local »
des informations (intérêt pour les détails).
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10
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
Globa
l-1
Globa
l-2
Autistes
Normaux
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J: 8 ans ½ (CE2 + Hôp. de Jour)
QI T = 89
QIV = 68
QI perf=108
L’intérêt pour les détails : et les talents picturaux
Cox & Eames, 1999
BX : 19 ans ½
QI T = 68
QIV = 62
QI perf = 82
Tous les détails de la scène
visuelle sont importants
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Cox & Eames, 1999
CZ : 14 ans, F
QI Total = 54
QIVerbal = 52
QI perf = 54
Dessins spontanés de visages
Regard, attention visuelle et espace : rehaussement/inhibition
Enfant ordinaire Enfant avec autisme
Zone d’intérêt : focalisation, (rehaussement) guidée
non seulement par l’attraction visuelle de certains
objets mais aussi par une représentation mentale de
la situation (pourquoi faire , dans quel but ?)
Zones d’intérêt guidés par les percepts (prises en
compte d’une multitude de détails)
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Intérêt pour les détails
• Toutes les informations de l’environnement visuel (ou sonore) sont traitées au même niveau. Il n’y a pas de filtrage attentionnel.
• Donc : nécessité d’aménager l’environnement visuel (le dépouiller, l’appauvrir) pour éviter les sur stimulations et les « errances » attentionnelles.
•• Le Style de traitement qui privilégie le « local » viendrait palier une difficulté à
construire une représentation (mentale) globale de la situation.
• Donc : difficultés pour comprendre, erreurs d’interprétation
•
• nécessité d’aider l’enfant à rassembler les détails pour en faire un
• « tout » cohérent.
Ses conséquences adaptatives et éducatives :
difficultés
Pour comprendre les situations sociales, les états
affectifs.
Pour avoir une « vue d’ensemble », un esprit de
synthèse,
Pour se représenter une situation future (donc la
nouveauté)
Pour imaginer (se projeter dans l’avenir)
Maintien dans une dépendance exagérée aux
perceptions
Anxiété face au changement, face à la nouveauté,
instabilité, précipitation, impulsivité,
Recherche d’immuabilité, rituels, vérifications..
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Intérêt pour les détails
et scènes « sociales»
La « compréhension » des états affectifs nécessitent un traitement « global » de la personne
(Assemblage « mental » de différents détails (forme de la bouche + forme des sourcils + position des
mains…tonalité de la voix…)
Exemples d’erreurs d’interprétation : décodage des états affectifs
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Dégager une vue d’ensemble :
Enfant ordinaire de 10 ans
Enfant avec autisme (même âge)
L’armature centrale (grand rectangle) est perçue
d’emblée. La structuration repose sur cette
armature. La structuration est faite à partir d’une
certaine vue d’ensemble.
Les éléments sont reproduits « pas à pas ».
Test de Copie de la figure de Rey
Dégager une vue d’ensemble: récit, texte…
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Planification et résolution de problème
• Le Manque d’initiative
• La Précipitation (impulsivité) et le manque
d’attitude « réflexive ».
• La rigidité cognitive (persévérations)
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4 mouvements des boules 5 mouvements des boules
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Modifier une habitude ou
manière de faire
Apprendre à écrire :
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Mémoire et apprentissage
Bonne mémoire visuelle (iconique) ------------ lecture « logographique »,
Bonne mémoire « échoïque » : écholalie, apprentissage de comptines (suites des jours
de la semaines, de la suite des nombres, des jours de la semaines, des mois…)
Mémoire échoïque
• Test de « Mémoire immédiate de Chiffres » (WISC, MSCA…)•
• 2 5
• 7 4 9
• 3 1 8 5
• 6 9 3 7 4
• 8 2 4 1 6 3
• 9 5 7 4 2 6 1
0
1
2
3
4
5
6
7
8
4 5 6;6 8;6
ans
Temoins
autistes
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Mémoire iconique (visuo-spatiale)
Test de Corsi (pointage de cibles ou carrés)
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
4
4,5
5
4 5 6 7 ans
témoins
autistes
La mémoire « par cœur » a ses limites
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« Socius » et apprentissage
Savoir que l’autre existe permet :
De lui attribuer des pensées, intentions, croyances et émotions qui peuvent similaires ou
différentes des notre.
De profiter de l’expérience de l’autre (imiter, de porter attention à ce qu’il fait…)
D’ajuster notre comportement, nos attitude et nos propos aux attentes de l’autre
Prévoir la répercussion sur l’autre de notre comportement, attitude et propos
D’appendre pour satisfaire l’attente (tacite) de l’autre (parents, enseignant(e)s…)
De s’identifier (construire un idéal du Moi), de jouer à faire semblant…
De construire des relations affectives
D’avoir un comportement altruiste (entraide, offrandes…)
D’avoir de l’humour, comprendre l’ironie,…, le mensonge….
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Wallon (1947) : « l’enfant, s’il
n’est sans doute pas un
membre conscient de la
société, n’en est pas moins
primitivement et totalement
orienté vers la société » (p. 307).
Bowlby (1969) : « dès la
naissance l’enfant est orienté
vers l’autre. Cette orientation
est inscrite dans son
équipement biologique ».
L’autisme ou la privation innée du « socius »
Pour construire sa personnalité l’enfant à besoin
de l’autre : subtile synthèse du versant
individualisation et du versant socialisation.
L’Autre est ici un terme générique –une
représentation mentale du «socius».
L’autre - ou socius - est un partenaire
perpétuel du moi dans la vie psychique
(Wallon, 1947) : « sorte de fantôme
d’autrui que chacun porte en soi et qui
accompagnera l’individu pendant toute
sa vie ».
Attribution d’états mentaux à autrui
Conscience que l’on existe
distinction de soi/ des autres
(rc face au miroir)
Conscience que l’on pense, en
plus que l’on agit : Esprit
mentaliste
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Se représenter les états mentaux : croyances et fausses croyances
Conséquence de la privation de
socius
• Apprendre pour soi, raisonner pour soi
• Difficulté à admettre le point de vue
d’autrui (faire autrement..)
• Découverte auto-commandée des erreurs
(psycho-rigidité)
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