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N°58 SUPPLY CHAIN MAGAZINE - OCTOBRE 2011 44 RETOUR D’EXPÉRIENCE LE PORT DE ZEEBRUGES a le vent en poupe Doubler le trafic conteneurs à horizon 2013, tel est l’objec- tif audacieux du port de Zeebruges. Les ambitions sont de taille mais les inves- tissements également ! L’autorité portuaire, aidée de l’ensemble de la commu- nauté portuaire, s’attèle acti- vement au développement de nouveaux projets. M oins connu que ses voisins européens (Rotterdam, Anvers, etc.), le port de Zeebruges tire son épingle du jeu. Pourtant, sa structure actuelle date seulement de 1985. Le volume transbordé a triplé, passant de 14 millions de tonnes à cette époque à 50 millions de tonnes en 2010 (voir encadré ci-contre). Côté conteneur, 2,5 millions d’EVP ont été traités en 2010 (voir encadré page 47) et le port belge ne compte pas en res- ter là. Les objectifs sont clairs : dou- bler ce trafic dès 2013. Pour atteindre cette cible, l’autorité portuaire de Zeebruges entend jouer la carte de la massification des flux, comme elle l’a fait depuis 1992 pour l’automobile, devenant ainsi dès 2000 la première plate-forme mondiale dans ce domaine. En outre, le port a de beaux atouts à faire valoir. Sa localisation en premier lieu, avec de nombreuses pos- sibilités de liaisons « Feeders » (navire de petit tonnage permettant l’éclate- ment, sur différents ports, d’une car- gaison apportée dans un port prin- cipal par un gros navire faisant peu d’escales, et inversement, la collecte de marchandises vers le port princi- pal) vers d’autres pays européens (Angleterre, Irlande, Pologne, Russie, etc.). Autre levier de développement : le marché français. Gilles Fontaine, Directeur du Développement France de PSA (Port of Singapour Autho- rity, opérateur portuaire installé à Zeebruges), insiste sur la proximité géographique : « Nous estimons qu’à partir de Zeebruges, nous touchons 33 % de la population de la France, 36 % des bassins industriels et 40 % des imports France ». Les autorités Le port de Zeebruges en chiffres Composition du trafic en 2010 : 50 millions de tonnes Vincent De Saedeleer, Vice Président du port de Zeebruges ©JLROGNON SOURCE : AUTORITÉ PORTUAIRE DE ZEEBRUGES - ©PORT DE ZEEBRUGES Conventionnel Vrac sec Liquides en vrac Conteneurs RoRo (Roll-on/roll-off) 53% 25% 16% 4% 4% 2% 2%

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N°58 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - OCTOBRE 201144

RETOUR D’EXPÉRIENCE

LE PORT DEZEEBRUGESa le vent en poupe

Doubler le trafic conteneursà horizon 2013, tel est l’objec-tif audacieux du port deZeebruges. Les ambitionssont de taille mais les inves-tissements également !L’autorité portuaire, aidéede l’ensemble de la commu-nauté portuaire, s’attèle acti-vement au développement denouveaux projets.

Moins connu que sesvoisins européens( R o t t e r d a m ,Anvers, etc.), leport de Zeebrugestire son épingle dujeu. Pourtant, sa

structure actuelle date seulement de1985. Le volume transbordé a triplé,passant de 14 millions de tonnes àcette époque à 50 millions de tonnesen 2010 (voir encadré ci-contre). Côtéconteneur, 2,5 millions d’EVP ont ététraités en 2010 (voir encadré page 47)et le port belge ne compte pas en res-ter là. Les objectifs sont clairs : dou-bler ce trafic dès 2013. Pour atteindrecette cible, l’autorité portuaire de Zeebruges entend jouer la carte de lamassification des flux, comme elle l’a fait depuis 1992 pour l’automobile,devenant ainsi dès 2000 la premièreplate-forme mondiale dans ce

domaine. En outre, le port a de beauxatouts à faire valoir. Sa localisation enpremier lieu, avec de nombreuses pos-sibilités de liaisons « Feeders » (navirede petit tonnage permettant l’éclate-ment, sur différents ports, d’une car-gaison apportée dans un port prin-cipal par un gros navire faisant peud’escales, et inversement, la collectede marchandises vers le port princi-pal) vers d’autres pays européens(Angleterre, Irlande, Pologne, Russie,etc.). Autre levier de développement :le marché français. Gilles Fontaine,Directeur du Développement Francede PSA (Port of Singapour Autho-rity, opérateur portuaire installé à Zeebruges), insiste sur la proximitégéographique : « Nous estimons qu’àpartir de Zeebruges, nous touchons 33 % de la population de la France,36 % des bassins industriels et 40 %des imports France ». Les autorités

Le port de Zeebrugesen chiffres

Composition du trafic en 2010 : 50 millions de tonnes

Vincent De Saedeleer,Vice Président

du port de Zeebruges

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portuaires du port acquiescent et vontmême plus loin. « Le nord de la Franceest notre arrière-pays. La métropolelilloise est en effet bien plus proche deZeebruges que Bruxelles », confie Vin-cent De Saedeleer, Vice Président duport de Zeebruges.

Outre la géographie, des arguments budgétairesPar ailleurs, Zeebruges est un port enhaute mer avec plus de 16 mètres detirant d’eau. Actuellement, quatrecompagnies transitent par Zeebrugesavec des vaisseaux de grande capa-cité. C’est le cas de Maersk, CMACGM, China Shipping et UASC. Lapossibilité d’accueillir des bateaux degrande capacité est un des enjeuxmajeurs de demain. En effet, les com-pagnies maritimes investissent mas-sivement dans des méga navires pou-vant contenir plus de 10.000 EVP. Cesvaisseaux font progressive-ment leur apparitioncette année sur leslignes depuis leMoyen-Orient et

l’Extrême-Orientvers l’Europe. « Noussommes convaincusqu’à horizon deux ans, tousles navires sur cette route seront àminima des 10.000 EVP. Aujourd’hui,le combat de la tarification entre lesarmateurs se joue en investissant dansces bateaux géants », explique VincentDe Saedeleer. Côté accessibilité, le portne manque pas d’arguments. Sa posi-tion en haute mer le rend très rapide-ment accostable : une heure seule-ment à partir de la station pilote, quimarque l’entrée du port. « A titre decomparaison, il faut prévoir septheures pour Anvers, une à troisheures pour Rotterdam et une heurepour le Havre , illustre Gilles Fontainequi met également l’accent sur lescoûts : Les coûts de l'escale à Zee-bruges sont inférieurs de 30 % à 40 % à ceux d’Anvers, du Havre et de

GillesFontaine,

Directeur duDéveloppement

France de PSA©JLROGNON

Déchargement d’un méga bateau (14.000 Teus), le CSCL Venus

Déchargement du méga bateau de ChinaShipping (14.000 Teus) sur

le terminal Container Handling Zeebrugge (CHZ)

du port de Zeebruges. Celui-ci est opéré

par PSA et CMA CGM.

Les grues déchargent les conteneurs du méga

bateau de China Shipping.

Les cavaliers déplacentles conteneurs

du quaide déchargement

au terminal.

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RETOUR D’EXPÉRIENCE

Rotterdam. D'abord, les coûts perçuspar l’autorité portuaire et ceux liés àla station pilote sont plus intéressantsà Zeebruges, entre -20 % et -30 %par rapport aux trois ports précédem-ment cités. Ensuite, les coûts demanutention que nous proposons àZeebruges sont également concurren-tiels, vu l'efficacité de notre personnelet des opérations ». Sans compter l’as-pect social ; le nombre de jours degrève étant nul ces trois dernièresannées à Zeebruges…

De nombreux projets en coursLe port de Zeebruges travaille active-ment sur plusieurs projets. « Nous pré-voyons de créer avant la fin de l’annéeun partenariat réunissant les acteurs

de la communauté portuairemais aussi des opérateurs

logistiques et ferro-viaires afin d’ouvrir

une plate-formemultimodale dans

le nord de la Francequi permettrait notam-

ment de relier Zeebruges partrain de fret avec une fréquence jour-nalière. Cette liaison élargira notrehinterland », indique Vincent De Sae-deleer, qui garde le secret de la locali-sation précise. Dans l’idéal, cetteplate-forme française sera connectéeà la région parisienne. Concernant lesliaisons ferroviaires, Gilles Fontaineprécise « qu’il existe actuellement uneconnexion avec Anvers (14 rotationspar jour), avec Liège, l’Italie et mêmele sud de la France ». Le port souhaitepar ailleurs mettre à disposition de saclientèle une zone de distribution de150 hectares. Aujourd’hui, seul unutilisateur est actif sur ce terrain. Ils’agit d’Efico qui entrepose du café etgère la distribution européenne depuiscette plate-forme. « Nous discutons ence moment avec quatre candidats. Leséchanges sont bien avancés avec deuxd’entre eux », nous révèle Vincent DeSaedeleer. Pour l’heure, les connexions

Enno Koll, DirecteurGénéral dePSA Zeebruges ©JLROGNON

Cabine de pilotagedu méga bateau

Vue, depuis la cabine, des conteneurs sur le bateau.

Les quatre grues nouvelle génération du terminal ZIP. Elles sont capables de déplacer

quatre conteneurs EVP à la fois.

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fluviales font encore défaut. « C’estun axe de développement majeurpour la multimodalité du port. Amoyen terme, il faudra réfléchir à lamanière de relier Zeebruges au CanalSeine Nord Europe », complète GillesFontaine.

Un nouveau terminal à conteneurs ultramoderneToujours dans cette logique de déve-loppement, un nouveau terminal àconteneurs flambant neuf vient d’ou-vrir sur le port, le ZIP (Zeebrugge Inter-national Port). Exploité par PSA, ceterminal est équipé de grues de nou-velle génération capables de déplacerquatre conteneurs EVP à la fois (soit 80 tonnes). « Nous atteignons ainsi 40 % de productivité supplémentairepar rapport à bien d'autres terminauxportuaires en Europe », estime GillesFontaine. Selon Enno Koll, DirecteurGénéral de PSA Zeebruges, « 100 M€

ont été investis dans ce nouveau termi-nal ». « Les investissements ont été réa-

lisés en tenant compte des capacitésdes navires géants. PSA y a installé lesplus grandes grues qui existent sur lemarché », détaille Vincent De Saede-leer. Actuellement équipé de quatregrues, le terminal se dotera à terme deonze autres. « Notre terminal offre unecapacité de deux millions de conte-neurs. Dans l'état actuel, il nous per-met dès lors de traiter un million deconteneurs. 1.5 kilomètre de quaisont disponibles dont, pour l’heure, 800 mètres sont opérationnels », chiffreEnno Koll. Outre les installations ultra-modernes, ce terminal jouit d’un autre

atout majeur : un accès ferroviaireopérationnel. Un portique a été récem-ment installé pour décharger les trainset un autre devrait le rejoindre d’ici lafin de l’année. Un argument essentielpour prôner la carte de la « multimodalité » du terminal auprès desfuturs utilisateurs. Un des vœux dePSA est de réaliser des opérations àvaleur ajoutée comme du grou-page/dégroupage, par exemple enaccueillant les méga navires sur le quaiaménagé en conséquence puis, aprèsmanipulation des conteneurs, enrechargeant des Feeders à destinationde villes européennes. « L’idée pour cefaire est d’inciter des logisticiens ou desFreight Forwarders, qui viendraientavec leurs clients, à s’installer dans nosentrepôts », commente Gilles Fontaine.N’en déplaise à ses confrères euro-péens, le port de Zeebruge est en pleineeffervescence et semble sur la bonnevoie pour se hisser rapidement auniveau des champions ! ■

JULIA FUSTIER

Zoom sur les conteneurs à Zeebruges

2,5 millions de tonnes d’EVP, soit 26,4 millions de tonnes.

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Portique pour décharger les trains

Vue du quai du nouveau terminal ZIP

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RETOUR D’EXPÉRIENCE

SONEPAR FranceUn ERP tout neufpour faire la différence

Le distributeur de matérielélectrique Sonepar a renou-velé sa confiance à l’éditeurd’ERP Ordirope pour migrervers une nouvelle version plusmoderne, propre à l’aider àmieux répondre aux exi-gences de ses clients. Les siteslogistiques français peuvent à présent gagner en perfor-mance grâce à un meilleurpilotage de la préparation decommandes.

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Présent dans plus de 35 pays via 153 sociétésopérationnelles, le groupeSonepar connaît une crois-sance interne/externe sou-tenue et durable de 10%par an en moyenne. Distri-

buteur de matériel électrique (appareil-lage et protection, éclairage, fils etcâbles, domotique, génie climatique,photovoltaïque, automatisme indus-triel, contrôle, sécurité…) auprès d’arti-sans électriciens et d’industriels, legroupe emploie 32.000 collaborateurspour un CA de 13,4 Md€ en 2010. EnFrance, sur le marché grand public,Sonepar réalise 140 M€ de CA à tra-vers deux sociétés rivales sur le plancommercial : Cadelec et Sigmadis.Basée à Orléans (45), la plate-forme de8.500 m2 Cadelec distribue 4.900 réfé-rences actives sur toute la France, àraison de 3.600 lignes préparées parjour. De son côté, Sigmadis dispose de deux centres de distribution : un de 6.000 m2 à Brignais (69) et un de2.500 m2 au Mans (72). Ces derniers se

partagent la desserte de l’Hexagone. Ilsgèrent 4.500 références actives et pré-parent quotidiennement 7.200 lignespar jour en moyenne. Ces deux socié-tés ont pour clients de grandes ensei-gnes telles que Brico Dépôt, Bricomar-ché, Castorama, Leroy Merlin, Mr. Bri-colage… « Nous avons des clients extrê-mement innovants et dynamiques »,indique Richard Laligné, DG de Sonepar Grand Public. Restait à avoirune stratégie et des outils en phaseavec ces clients…

Faire évoluer le S.I.« Nous avons décidé de faire évoluernotre système d’information pour ali-gner notre stratégie SI sur celle de l’en-treprise », résume Slimane Oussaïdi,Directeur Administratif & Financier etDirecteur des Systèmes d’Informationde Sonepar Grand Public. En effet, plu-sieurs facteurs poussent alors Sonepardans ce sens : les clients recherchentde nouvelles sources de productivitésuite à la loi LME (ex : gestion partagéedes approvisionnements, livraisons plus

De gauche à droite : Frédéric Grassart et

Richard Laligné(Sonepar France),

Daniel Clément etDominique Albertini

(Ordirope) etSlimane Oussaïdi(Sonepar France)

Poste de pilotage de l’entrepôt pour visualiser aisément toutes les commandes en cours de préparation

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fréquentes de quantités plus faibles…) ;la concurrence accrue entre les acteursrend le système d’information détermi-nant pour faire la différence (ex :répondre rapidement à des demandesspécifiques) ; la technologie évolue etoffre de nouvelles possibilités… Sone-par veut accroître sa performance enfaisant des gains de productivité et demarge par une amélioration continuede ses taux de service (clients, disponi-bilité du stock, délai réel d’expé-dition…). Il compte aussi mutualiser ses ressources (ex : gestion de dépôtsmulti-sites anticipée dans l’ERP,réflexions sur le transport…). Le distri-buteur veut aussi en profiter pourrefondre ses processus et son organi-sation afin de travailler plus efficace-ment en interne. « Nous voulionspasser d’un SI de traitement de don-nées à un SI axé sur la communication,l’échange et le pilotage », dépeint leDAF&DSI, dans une volonté d’ouver-ture vers les partenaires et clients deSonepar Grand Public. Une façon éga-lement de fidéliser ses partenairesgrâce à de nouvelles offres de servicescréatrices de valeur, estime-t-on chezSonepar.

Crescendo MinosOrdirope, éditeur de l’ERP Minos, adéjà une longue histoire avec SoneparGrand Public puisque la version 4R1 yest installée depuis 2001. Sachant quele groupe déploie Movex d’Intentia,racheté par Lawson, lui-même acquispar Infor, la division Grand Public estun peu à part. Mais avec plus de 729 programmes spécifiques (dévelop-pés à 60 % par Ordirope et à 40 % en interne), cette V4R1 montrait seslimites, surtout en ce qui concerne la chaîne de préparation. « Notredémarche a été de commencer par uneanalyse fonctionnelle. Puis nous avonsréellement challengé Ordirope poursavoir si sa solution répondait à nosattentes actuelles et futures, relate Sli-mane Oussaïdi, qui poursuit : Nousavons aussi opté pour Minos parce quenous avions un partenariat de proxi-mité avec Ordirope qui a un faible TurnOver.» Par ailleurs, l’équipe de projet aapprécié le fait que nombre de pro-grammes spécifiques aient été intégrésdans la V4R5 standard, d’où une évo-

Principales nouveautés de Minos V4R5« Nous avons voulu préserver les investissements de nos clients en leur donnantla possibilité d’évoluer au fur et à mesure vers un monde interconnecté en inté-grant de multiples innovations technologiques », souligne Daniel Clément, DGd’Ordirope. C’est ainsi que la version 4R5 offre un ERP plus complet danslequel chacun peut paramétrer son bureau, avec la possibilité d’élaborer desécrans de synthèse (ex : nouveaux indicateurs mis à jour en temps réel). Lemodule de prévisions a aussi été complètement redéveloppé et travaille surdes bases de données ventes et livraisons. Le vocal a été intégré avec un sys-tème de carte vocale sans apprentissage de Nuance. Cette version gère lessupports de préparation, le contrôle qualité via un module de gestiond’échantillonnage et le multi-canal. La production a été complétée d’unmodule de gestion des recettes et d’un autre d’ordonnancement. Unmodule de gestion des litiges a été ajouté, de même qu’un de Business Intel-ligence. Enfin, sur le plan technologique, la V4R5 intègre un moteur de work-flow, un outil d’éditique, un e-catalogue (via un partenaire)…

2.000 emplacements en racks mobiles destockage motorisés permettent de gagner50 % d’espace sur l’entrepôt de Brignais.

Minos WMS doit piloter l’activitédes caristes, gérer les contraintesde rangement et optimiser les descentes de réserves et les réapprovisionnements.

Les préparateurs pédestres sontéquipés de PDA Motorola WT4090et d’un Ring Scan. Une carteNuance, déjà intégrée, devrait faciliter le passage à la préparationen mode vocal.

Préparation détail en Goods to Woman avec du Pick by Light sur le site Sigmadis de Brignais qui comptedeux carrousels gérant 4.550 emplacements de picking. Les préparateurs carrousels sontéquipés de lecteurs LXE Bluetooth ring scanner 8650 pouravoir les deux mains libres.

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RETOUR D’EXPÉRIENCE

lution perçue comme plus en douceuret moins risquée, tout en améliorant lesfonctionnalités (ex : de nouvelles enpréparation de commandes et gestiondes litiges). « Nous avons fait évoluer lesystème qui était sclérosé autour de lapréparation de commandes », com-mente Dominique Albertini, Directeurde Projet chez Ordirope.

Un déploiement par étapeLe déploiement du projet passe par lanomination d’un Comité de pilotageavec une Direction de projet qui tra-vaille en association avec des utilisa-teurs clefs. Il se déroule sur prati-quement deux ans. Il démarre au pre-mier semestre 2010 par une pré-étude,puis une étude pour déterminer la ciblevisée, qui elle-même débouche sur uncahier des charges. Une fois l’accord dugroupe obtenu, l’équipe de projet passeau déploiement et à la formation ausecond semestre 2010. Du développe-ment à la migration, en tout unedizaine de personnes sont impliquéeschez Ordirope. Le groupe de travailcôté Sonepar réunit quant à lui entrecinq et 10 personnes. Au 1er avril 2011,après deux reports, c’est le Big Bang.La phase 1, qui consiste à assurer lacontinuité de l’activité sur les processusexistants et à mettre en œuvre la pré-paration de commande avec des termi-naux radio, est lancée. La phase 2incluant de nouvelles fonctionnalitésétant prévue pour le second et le troi-sième trimestre 2011. « Pour les utili-sateurs, les changements majeurs ontporté sur la préparation de com-mandes avec terminaux radio et sur laprésentation des menus en mode Win-dows versus le mode 5250 au niveaudu back-office », souligne le DAF &DSI. « Cette nouvelle version présen-tait aussi un intérêt technique auniveau de l’extraction des données »,ajoute Richard Laligné.

Un projet fédérateur« Le démarrage est réussi et effectifdepuis avril 2011. Nous avons euquelques soucis, plutôt dus à deserreurs d’utilisation, mais rien de blo-quant, insiste Slimane Oussaïdi. L’as-sistance d’Ordirope sur le terrain a étéimportante et nous nous étions bienpréparés. » « En trois/quatre jours, le

changement a été important pour lespréparateurs, mais tout le monde s’yest fait très vite », complète RichardLaligné qui n’exclut pas de faire évo-luer la solution vers de la préparationvocale, à l’instar de la Belgique où elleest déjà utilisée. Et Dominique Alber-tini de renchérir : « Un tel degré d’im-plication des utilisateurs est parti-culièrement rare ! » Tous insistent éga-lement sur l’aspect fédérateur de ceprojet qui a favorisé le travail engroupes, le partage des connaissanceset la démarche de veille.

Un fort impact sur la logistiqueSi la Direction Générale, la Directiondes Ressources Humaines et la Direc-tion Financière & des Systèmes d’In-formation sont communes à Sigmadiset Cadelec, les Directions Commerciale/Achats et Logistique restent encorepropres à chaque enseigne. Ainsi, Frédéric Grassart est Directeur Logis-tique de Sigmadis et Fran-çois Texier, de Cadelec.Mais les deux logis-tiques devraient se

rapprocher à terme.Elles traitent à ellesdeux 120.000 commandespar an, soit 28 millions d’unitésvendues à 2.800 magasins. Via leurs17.000 m2 d’entrepôts et leurs 35.000emplacements, elles mettent à disposi-tion des clients 7.500 références, récep-tionnées à raison de 200.000 lignes paran pour 2,7 millions de lignes prépa-rées. « Le ratio est de un à 10 entre lesréceptions et les préparations de détail »,met en avant Frédéric Grassart. Le siteSigmadis de Brignais comporte deuxcarrousels de préparation horizontauxqui gèrent 4.550 emplacements depicking. Le mode de préparationest en Goods to Man avec du Pick byLight. 10 clients, pouvant avoir plu-sieurs commandes, peuvent être prépa-rés simultanément grâce à ce système.C’est Copilote WCS qui dirige l’auto-

mate. L’objectif est de supprimer Copi-lote WMS pour tout concentrer sur leWMS de Minos, afin de mieux gérer les réapprovisionnements et les con-traintes de rangement du carrousel(une référence n’étant que dans un seulcarrousel, sur un à 50 emplacements),d’optimiser les fusions de préparationsde commandes et d’informer le prépa-rateur de l’avancement de ses tâches.Le but est aussi bien sûr d’augmenterla productivité en optimisant l’utilisa-tion des capacités de stockage (classesde rotation, nombres d’articles paremplacement à définir) et le range-ment, sans oublier d’équilibrer lescharges par porte et par carrousel(pour travailler le plus possible sur lestrois portes disponibles).

Un bilan positif« Nous avons eu un excellent accompa-gnement des consultants fonctionnels,reconnaît Richard Laligné qui poursuit :

Nous avons à présent un systèmesouple, personnalisable et

paramétrable, grâce à unepersonnal i sa t ion desécrans bien acquise parles utilisateurs et trèsfacile. La volonté d’Or-dirope de nous accom-pagner a été réelle.Argoline présente uneergonomie qui facilite la

prise en main du nouveausystème. Nous avons à pré-

sent un outil fonctionnelle-ment orienté grande distribution

pour gérer nos clients complexes (entermes de RFA, d’arborescence de centrale…) », conclut Richard Laligné.L’équipe envisage de poursuivre ledéploiement du module de litiges, lagestion du carrousel, celle des allotisclients, d’ajouter la réception par écla-tement, d’optimiser le chargement descamions et le rangement dans lesentrepôts, de passer à des inventairestournants et de mettre en œuvre denouveaux processus de dématérialisa-tion (fiscale avec les principauxclients, puis avec les fournisseurs). A présent en ordre de marche autourde son système d’information qui nela bride plus, l’équipe de SoneparGrand Public n’a sûrement pas finid’innover ! ■ CATHY POLGE

Frédéric Grassart, Directeur

Logistique de Sigmadis,

Sonepar France©C.POLGE

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RETOUR D’EXPÉRIENCE

REDCATSEmballé par Norcod

Le Groupe Redcats possède àMarquette-lez-Lille un vasteentrepôt dédié à ses marquesCyrillus, Somewhere et Vert -baudet. Voici quelques mois, ila fait appel à la société Nor-cod pour équiper l’ensemblede ses postes d’emballage.Une opération rondementmenée par cette PME deTourcoing qui n’a mis quedeux semaines pour réaliserl’installation.

Avant, 100 % du travailétait manuel, indiqueHubert Turpyn, Res-ponsable infrastruc-ture du site Redcats deMarquette-lez-Lille.Les opérateurs lisaient

la référence des articles, consultaientla facture du client. C’était long, fas-tidieux et parfois source d’erreurs. »Aussi, en 2009, la décision est prised’informatiser les postes de prépara-tion et d’emballage. Le groupe déve-loppe l’informatique en interne etpour la saisie et la transmission dedonnées, choisit une solution évolu-tive (possibilité de lire en 2D) avec desterminaux ergonomiques et robustes,en l’occurrence le Motorola DS 9808et le Datalogic MG 1100 i. Pour réali-ser l’installation, Redcats fait appel àNorcod, une entreprise de Roncq spé-cialisée dans l’identification automa-tique et déjà très introduite dans ladistribution et la VAD. Sur ce siteimportant, qui distribue aussi bien120 magasins aux marques Cyrillus,Somewhere et Vertbaudet que leurs

clients en VAD et e-commerce, uneffort particulier est mis sur l’ergono-mie des postes de travail pour fluidi-fier au maximum les mouvements despréparatrices. Sur les tablettes, aucunclavier, juste un PDA pour saisir auto-matiquement les produits acheminésdans des chariots à roulettes par lapréleveuse. Pour optimiser chaquemouvement, celle-ci réalise ses prélè-vements en fonction d’un parcourslogique, prédéfini. De la mêmemanière, les factures sont regroupéespar typologie de client et de produits.

Le déploiement de la solutionL’équipe Norcod commence le déploie-ment à partir d’avril 2011. Celui-ci sedéroule par lignes successives. « Nousavions pour objectif d’aller vite, sesouvient Loïc Droulers, Directeurcommercial. Nous commencions à 5 hdu matin pour finir à 19 h. » Mais aubout de 15 jours, les 51 postes quecompte la plate-forme étaient équipés.Après une courte période d’apprentis-sage, Hubert Turpyn note une amélio-ration de la productivité doublée

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A propos de NorcodNorcod, entreprise spécialisée dansles technologies au service de la ges-tion des flux d’information accom-pagne plus de 500 clients (grandesenseignes de la distribution et de l’in-dustrie) avant, pendant et après l’ins-tallation de ses solutions. Cette PMEnordiste a déjà équipé sept usines dugroupe L’Oréal. Elle gère le matérielde 400 magasins et cinq entrepôts enEurope pour Kiabi. Elle a déployépour le compte de Carrefour plus de6.000 terminaux. Créée en 1999,Norcod a réalisé un chiffre d’affairesde 9,5 M€ en 201, en progression de30 %. L’entreprise commercialise éga-lement les marques Motorola etZebra : lecteurs, terminaux portables,solutions vocales, tablettes PC, impri-mantes et consommables. ■

Loïc Droulers, Directeur Commercial Norcod,

David Vandecapelle, Ingénieur Commercial Norcod,

Hubert Turpyn, Directeur Logistique Redcats et

Hélène Descamps, Directrice Marketing et

Communication de Norcod.

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OCTOBRE 2011 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°58 53

d’une nette diminution du taux d’er-reurs : « Aujourd’hui, plus possibled’omettre une ligne de commandes surune facture. Donc, inévitablement, lesrisques de se tromper sont quasiinexistants ». La collaboration entreles équipes de Redcats et celles deNorcod ne date pas d’hier : « Cela faitune dizaine d’années que nous tra-vaillons avec Norcod, explique le Responsable infrastructure. Ils ontd’abord équipé nos magasins de « douchettes » codes barres. C’est éga-lement eux qui ont mis en place dansnos entrepôts la couverture Wifi : 70 bornes sont ainsi installées sur nossites logistiques. Nous avons aussicollaboré sur des projets d’inventairestournants et de pilotage de la transi-tique. » Concernant l’organisation, pasde différences entre les flux e-com-merce et VAD. En revanche, les fluxmagasins sont traités séparément.Pour gérer les centaines de mil-liers de références stockéesdans cet entrepôt, puis lestracer tout au long de

leurs déplacements, l’in-formatique joue un rôleessentiel et le choix du four-nisseur n’est pas neutre. « Aprésent, la traçabilité de nos arti-cles est parfaite et le service clientencore amélioré », se félicite HubertTurpyn, déjà prêt à relever de nou-veaux défis. ■

JEAN-PHILIPPE GUILLAUME

A propos de Redcats

Hubert Turpyn, Responsable

infrastructure du siteRedcats, valide un bon

de préparation de commandes à l’aide d’un

lecteur codes barres : « Plus possible

de zapper une ligne de commandes

sur une facture ! »©JP GUILLAUME

Redcats est l’un des leaders mondiaux de la distribution de modeet décoration sur Internet. Le groupe rassemble 17 marqueseuropéennes et américaines implantées dans 31 pays : LaRedoute, Daxon, Vertbaudet, Cyrillus, Somewhere, Stella McCart-ney Kids, Castaluna, Ellos, Avenue, Woman Within, Jessica Lon-don, Roaman’s, KingSize, BrylaneHome, OneStopPlus.com, The

Sportsman’s Guide et The Golf Warehouse. En 2010, Redcats aréalisé un CA de 3,44 Md€ dont 54 % sur Internet. Il emploieplus de 14.000 collaborateurs. Le groupe distribue ses collectionsvia plus de 70 sites e-commerce, près de 600 magasins et unetrentaine de catalogues dans le monde, comptant ainsi 26 mil-lions de clients actifs. Redcats est une Société du groupe PPR. ■

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Les postes ont été étudiés pourréduire les mouvements inutileset la pénibilité du travail.

Les pièces sontacheminées parchariots sur les postes de préparation.

Vue intérieure de l’entrepôt de Marquette où sont traitéesles marques Vertbaudet, Somewhere, Cyrillus…

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N°58 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - OCTOBRE 201154

RETOUR D’EXPÉRIENCE

Younes Ali Cherif, Directeur logistique et achats de Quinta Industries,

entouré de Mustapha Arabi, Responsable du développement et

Edouard Sierocki, Directeur région Champagne-Ardenne de Veolog

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Nous sommes à l’aubed’une ère nouvelledans le cinéma,explique le réalisa-teur Francis FordCoppola lors de sonpassage au festival

du film américain de Deauville, débutseptembre. Dans quatre, cinq ans, lagrande majorité des films sera tournéeen numérique. C’est la même évolu-tion que pour l’appareil photo. Mestrois derniers films et les prochainsutilisent les nouvelles technologiesnumériques. La réalisation en imagesnumériques transforme totalement laméthode et l’esprit du travail. Ma filleSofia tourne avec de la pellicule, je comprends que les jeunes veulent faire partie de la grande tradition ducinéma. Le seul véritable frein aunumérique est que ceux qui ont l’argentont peur de perdre le contrôle et ralen-tissent cette évolution. » Le passage au numérique dans les tournagesconcerne aussi les salles et la post pro-duction. La barre des 50 % de salleséquipées en numérique en France, qui

Dans le monde du cinéma, etparticulièrement en post-pro-duction, le numérique prendle pas sur l’argentique. Et l’in-formatique sur la productiontraditionnelle. Reportage chez Quinta Indus-tries, le spécialiste français dela post-production.

compte près de 5.500 salles de cinéma,a été franchie cet été : le projection-niste doit désormais être informaticien.Dans la post production, c’est toute lachaîne de traitement, et la logistiqueassociée, qui sont bouleversées.

Quinta s’adapteQuinta Industries, groupe spécialisédans la post production, organisé endeux pôles image et son pour lecinéma et la télévision, filiale de QuintaCommunications, société de produc-tion et de distribution du producteurTarak Ben Ammar, s’y adapte. YounesAli Cherif, Directeur logistique etachats de Quinta Industries, explique :« Notre chaîne de traitement argen-tique, au sein de la société historiqueL.T.C. créée en 1935, spécialisée dansla photochimie, compte 100 personnes,pour les copies, le montage des rushesou la restauration de vieux films. Cenombre a déjà été divisé par deux.Notre chaîne numérique emploie qua-tre personnes pour les copies et l’ex-pédition… » La division L.T.C. repré-sentait en 2010 près des deux tiers du

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QUINTA INDUSTRIESLa révolution numériqueest en marche

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1. Transfert de pellicule au numériqueen télécinéma.

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OCTOBRE 2011 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°58 55

CA de 85 M€ de Quinta Industries,pour 130 millions de mètres de pelli-cules développés (sur 225 pour lemarché français), contre 60 millionsseulement en 2011. Si le CA numé-rique augmente en 2011, il ne com-pensera pas la perte. Il y a en effet denombreux techniciens, le plus souventintermittents, et beaucoup de matérieltechnique pour le traitement numé-rique des images et du son, quel quesoit le support utilisé pour le film.Quinta Industries traite près de la moi-tié de la production française, quireprésente environ 230 films par an.

Hausse des dépenses informatiquesLes opérations logistiques associées seréduisent avec la numérisation voire ladématérialisation, tandis que les inves-tissements informatiques s’accroissent.Sur 20 M€ d’achats par an, 3 à 4 M€

sont consacrés à l’informatique.Aujourd’hui, la période est charnière,avec des opérations de transfert entreargentique et numérique et vice-versa.Chez « l’artisan du rêve », tel que sedécrit Quinta Industries, dont 70 % del’activité s’effectue avec le cinémafrançais, le pic d’activité se situe en finet début d’année, certains clients sou-haitant avoir leur film prêt pour leMarché du Film et le Festival deCannes, en mai. Lors du reportage, enaoût, les équipes travaillaient en partiesur l’Or Noir, le prochain film de Jean-Jacques Annaud qui sort le 23 novem-bre, tourné en 35 mm. Produit parTarak Ben Ammar, doté d’un budget de45 M€, tourné dans ses studios enTunisie et au Qatar, toute la chaîne de

post production ana t u r e l l emen t é t éconfiée à Quinta Industries.

Quatre sites de post productionLa chaîne de traitement de la post pro-duction hybride argentique/numériquedes pôles image et son est réalisée surles quatre sites appartenant au groupedans les Hauts-de-Seine. Au sein dupôle image, L.T.C. est à Saint-Cloud,Scanlab (laboratoire vidéo, gestion desrushes et restauration numérique defilms), Duboi (étalonnage et effetsvisuels), Duran Duboi (effets visuels,spéciaux et 3D) et Duran (départementtélévision et publicité) à Boulogne-Billancourt et Issy-les-Moulineaux.Younes Ali Cherif précise : « Leschaînes de traitement cinéma et télévi-sion se ressemblent, mais pour un télé-film, il faut faire vite et pas cher. »D’où des équipements technologiquesplus luxueux dans la chaîne de traite-ment cinéma. Quand les films sonttournés en 35 mm Quinta Industries sefait livrer les rushes de pellicule chaquefin de journée de tournage. Ils sontd’abord développés au sein de L.T.C.Scanlab, par la technique de téléci-néma (voir photo1, page 54) quiconvertit les images en format numé-rique (au travers d’un télécinéma oud’un Arriscan) et les retravaille defaçon automatique. Les poussières etautres fils sont supprimés, et chaque

plan est retravaillé, dugrain pouvant êtreajouté. Les films tour-nés en numérique sont

livrés quotidiennementsur disque dur standard ou

via le système Codex ettransférés sur stockage SAN. Un

travail sur le rendu artistique, avecnotamment l’ajout de grain « argen-tique », pourra aussi être effectué. « Nous avons une façon normée denommer les fichiers (en dpx) pour bienindexer les films sur le stockageSAN » précise Younes Ali Chérif.Chaque client dispose de sa baie destockage, qu’il apporte ou que Quintalui loue, avec ses fichiers image et sonpour le montage.

Un petaoctet de stockageDuboi pour les films, Duran pour les téléfilms, réalisent l’étalonnage(correction colorimétrique). Le studioDuran Duboi s’occupe des effets visuelset effets spéciaux et de l’animation 3D.Un Directeur effets spéciaux de QuintaIndustries est présent sur le tournage,et avec l’équipe du film et le réalisa-teur, il donne des indications sur lesplans, les zones de l’image où intégrerles trucages. 50 personnes ont travaillépendant quatre mois aux effets spé-ciaux de l’Or Noir (photo 2, page 56).Toute cette chaîne de traitement et demontage, d’effets visuels et spéciauxnécessite de puissants outils informa-tiques. Des cartes graphiques Nvidiasont utilisées avec plus de 70 stationsde travail HP Z800. 100 à 150 gra-phistes travaillent sur les effets visuelsde plusieurs films en même temps ;

Le réalisateur Francis

Ford Coppola©C.CALAIS

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N°58 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - OCTOBRE 201156

RETOUR D’EXPÉRIENCE

l’usage de supercalculateurs (des machi-nes de calcul haute performance : 200 serveurs HP ProLiant G6), destockage NAS (400 téra- octects/To) etde fibre optique garantissent le débit. « Rien que pour Duran et Duboi, il fautun petaoctet de stockage. Les rushesd’une journée de tournage représentent2 à 3 To de stockage, souligne YounesAli Cherif. Quand nous travaillons surun film en 3D, je dois acheter 80 To destockage. Aussi nous n’avons pas decopie de sauvegarde des images des filmsen cours, seulement des métadonnées,pour une raison de coûts encore élevés,malgré la baisse des prix du stockage.Quand le film est terminé, bien sûr nousréalisons une copie de sauvegarde sursupport numérique de type LTO. »

Eviter le piratageLa division son comporte trois sites(Boulogne, La Garenne-Colombes etIssy-les-Moulineaux), quatre audito-riums de mixage, trois de bruitage etdeux de doublage voix, ainsi qu’unesalle d’encodage Dolby et des salles demontage (photo 3) et de mixage son(photo 4) pour le cinéma et la télévi-sion. Les travaux sur l’image et le sonsur un film sont effectués de façonparallèle. Quand l’ensemble du mon-tage, du mixage son et des effetsvisuels est terminé, des vérificationssont faites dans les salles de projectionde Quinta Industries pour validation.Un master (internégatif et bande son)d’après négatif original ou numériqueest réalisé pour produire les copies surpellicule par LTC. Pour les salles équi-pées en numérique, la copie d’exploi-tation peut être sur disque (photo 5) etlivrée par transporteur spécialisé auxsalles, ou par les trois conducteurs deQuinta Industries en région Parisienne.Elle peut être envoyée de façon déma-térialisée par satellite ou fibre optiquepoint à point via une ligne sécuriséepar Smartjog (groupe TDF), pour éviterle piratage. Les copies physiques (pelli-cules ou disques numériques) sont tra-cées par codes barres. A Saint-Cloud,les originaux sont stockés trois mois(photo 6, page 58) après la sortie du filmen salles, avant d’être envoyés à l’entre-pôt de stockage longue durée. QuintaIndustries réalise la majorité des copiesde films français à l’international.

2. Travail de fourmi d’une graphiste, àl’aide d’une tablette graphique Wacom et de Photoshop, sur la couleur et la textured’une mosquée dans le décor de l’Or Noir de Jean-Jacques Annaud.

3. Montage son d’un téléfilmchez Duran.

4. Salle de mixageson de Duran.

5.Disque numérique destiné à l’exploitation en salles.

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RETOUR D’EXPÉRIENCE

Le patrimoine stocké à VatryLe film est stocké numériquement surSAN ; le client y a accès en ligne pourune durée de un à trois ans. Pour lestockage de longue durée du patrimoinefilmique sur pellicule, Quinta Industriesfait appel depuis octobre 2008 à unentrepôt dans la zone aéroportuaire deVatry, opéré par Entrepodis, filiale deVeolog qui prendra son nom dès 2012.Avec une température moyenne de19°C, il n’est certes pas à la températureconseillée de conservation des copies (9 à 10°C). Mais les clients ne sont pas prêts à mettre le prix ; l’entrepo-sage représente un coût annuel de 400.000 euros pour Quinta Industries,pour 5.500 palettes, près de 20.000 titreset deux millions de bobines (négatif,internégatif, bande son). Le film BorisGodounov d’Andrezj Zulawski fait parexemple 414 bobines. Edouard Sierocki,Directeur région Champagne-Ardennede Veolog, indique : « Le stockage est durayonnage à plat, plus coûteux pourcassettes et négatifs originaux (photo 7),et sur palette. Notre système de gestiond’entrepôt Logistics Manager v6 d’a-SISgère les emplacements palettes. Les deuxopérateurs en charge du dossier ont étéformés au langage cinématographique. »Grâce à l’inventaire complet du film issude la base de données de Quinta Indus-tries, ces derniers trouvent facilement laou les bobines. Les chutes (scènes nonutilisées au final dans le film) sontconservées pour des raisons historiqueset pour réaliser les bonus des DVD et BluRay. Ainsi, la restauration actuelle ducatalogue sonore de Pathé nécessite derapatrier progressivement le stock dePathé depuis Vatry (photo 8). On trouveà Vatry de vieilles bobines de films réa-lisés à partir de 1955. Le transport entreles sites de Quinta Industries et Vatryest effectué par AFTrans. Les filmsflamme de la période précédente,inflammables comme leur nom l’in-dique, sont stockés par le Centre Natio-nal du Cinéma (CNC) aux ArchivesFrançaises du Film à Bois d’Arcy. « Bientôt nous allons former quelquesopérateurs de Veolog à des tâchesbasiques de transfert numérique desfilms et fournir les machines ad hocpour éviter les risques associés autransport de bobines, » annonce YounesAli Chérif. ■ CHRISTINE CALAIS

Le numérique démocratise le cinéma

La révolution numérique était pour la premièrefois sur toutes les lèvres au festival du film améri-cain, qui s’est tenu du 2 au 11 septembre à Deau-ville. Les réalisateurs Todd Solondz, Mike Cahill etl’actrice et productrice Brit Marling s’accordentsur le fait que le numérique, tant au niveau dutournage que du montage ou de la post produc-tion, démocratise le cinéma et rend possible denombreux films de jeunes réalisateurs qui n’au-raient pas vu le jour sinon… Le second conclut :« il y a ainsi plus de films : plus de mauvais films maisaussi des joyaux. ». La légende de l’âge d’or ducinéma, Shirley McLaine, regrette que les possibi-lités offertes par les effets spéciaux numériques lesoient au détriment des scénarios : « Je suis fati-guée d’attendre dans une salle de cinéma que quelquechose m’explose à la figure en 3D. Les nouvelles tech-nologies sont dangereuses dans le cinéma… commedans la vie. » Andrew Okpeaha MacLean, réalisa-teur du film en compétition On the Ice, tourné enAlaska, s’est déclaré obligé de tourner avec despellicules à cause du grand froid (jusqu’à –25°C)que ne peuvent supporter des caméras numé-riques… Des conditions météo difficiles commeseul espoir d’avenir pour le 35 mm ?

Le réalisateur Mike Cahill

L’actrice Shirley MacLaine

Le réalisateur Todd Solondz

Le réalisateur Okpeaha MacLean

Brit Marling, actrice, scénariste, réalisatrice

et productrice

7.Rayonnage à plat à Vatry.

8. Vieilles bobines de son à restaurer,prêtes à expédierdepuis Vatry chezQuinta Industries.

6. Le négatif de The Artist eststocké à Saint-Cloud jusqu’àtrois mois après sa sortie en salles le 12 octobre 2011. ©

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