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Establishment of a Forestry Research Network for ACP Countries (FORENET) 9 ACP RPR 91#1 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX (PFNL) : CAS DU GABON ALFRED NGOYE CONSULTANT

REVUE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES PRODUITS … · de population, de la nature de l’écosystème et des préférences alimentaires. ... Toutefois, la thèse de doctorat soutenu récemment

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Establishment of a Forestry Research Network for ACP Countries (FORENET)

9 ACP RPR 91#1

REVUE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES PRODUITS FORESTIERS NON

LIGNEUX (PFNL) : CAS DU GABON

ALFRED NGOYE

CONSULTANT

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RESUME

La revue sur les PFNL au Gabon s’inscrit dans le cadre du projet «Establishment of a Forestry

Research Network for ACP Countries» (ACP-FORENET) qui vise à établir un réseau de collaboration

pour l’Afrique centrale des Institutions de recherche en sciences forestières entre les trois régions du

groupe des Etats des ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique). L’étude répond à une recommandation du

comité de pilotage de ce projet en rapport avec la mise en œuvre de la troisième thématique de ce

projet qui a trait à «l’optimisation des revenues tirées de l’exploitation de la forêt et de tous les

services qu’elle procure». Les principaux objectifs visés par cette revue sont les suivants : de

rechercher et actualiser les informations existantes sur l’utilisation et la commercialisation des PFNL ;

d’établir une liste des PFNL (végétaux et animaux) prioritaires, de réaliser une mise à jour de la

description des espèces prioritaires et critiques ; d’estimer les volumes, les valeurs et les productions

associées au commerce des PFNL et de proposer une approche méthodologique de suivi des PFNL

dans le contexte de l’OFAC.

Cette revue a été réalisée sur la base d’une synthèse bibliographique de la littérature disponible

sur les PFNL, sur la consultation de personnes ressources, des administrations, et sur quelques

interviews réalisées auprès des acteurs de la filière (récolteurs, transformateurs, transporteurs,

commerçants, consommateurs etc.). La littérature consultée a permis de définir les PFNL comme des

biens et services, autres que le bois d’œuvre, tirés des ressources forestières renouvelables et qui

permettent aux populations de subvenir à leur besoins essentiels (alimentaires, santé, construction,

artisanat, socioculturels, etc) et dont la commercialisation profite prioritairement aux communautés

villageoises. Cette définition intègre les composantes animale, végétale et mycologique de la forêt

ainsi que les services qu’elle procure à l’Homme. La description de la situation des PFNL au Gabon

est faite sur la base de la catégorisation suivante : (i) les PFNL d’origine végétale ; (ii) les PFNL

d’origine animale ; (iii) les PFNL d’origine fongique.

-Les PFNL d’origine végétale apparaissent plus nombreux tant la diversité floristique au

Gabon est très importante. Cette catégorie se subdivise en trois sous-catégories :

� les PFNL destinés à l’alimentation qui regroupent les espèces qui procurent aux populations

différents produits destinés à leur consommation parmi lesquels on peut citer : les fruits ; les

graines ; les feuilles ; les tiges ; les tubercules ; les condiments, etc. Plusieurs espèces sont

consommées directement ou après transformation : l’Amvout Trichoscypha acuminata ;

Dacryodes edulis, Coula edulis (Olacaceae). l’Andok Irvingia gabonensis ; le Moabi

Baillonnella toxisperma. Nkumu, qui regroupe deux espèces Gnetum africanum et G.

bulchhozianum et Begonia sp.

� les PFNL destinés à la santé : Les plantes médicinales contribuent de façon significative à la

vie des populations surtout rurales et à l’équilibre social une très grande partie de la population

de Libreville ne peut pas se permettre d’acheter les produits pharmaceutiques d’importation en

raison de leur prix trop élevé. Les forêts gabonaises fournissent une gamme très variée de

produits médicinaux qui soulagent parfois de nombreuses familles dont les revenus ne leur

permettent pas d’accéder aux soins de santé et aux médicaments importés. On note dans cette

sous- catégorie quelques espèces utilisées par les populations : Rauvolfia vomitoria ;

Pycnanthus angolensis ; Plagiostyles africana ; Annickia chlorantha ; Anthocleista vogelii ;

Alchornea cordifolia ; Erythrophleum ivorensis ; Adenia lobata ; Piper umbellatum ;

Psychodria peduncularis ; Monodora myristica ; Picralima nitida ; Lophira alata. Ces

espèces sont administrées pour soigner diverses pathologies notamment le paludisme, les

maux de dents, les vers intestinaux.

� les PFNL destinés à des services tels que la construction et l’artisanat. De nombreux PFNL

sont utilisés par les populations pour procurer différents services utiles à l’homme dans

l’artisanat et la vannerie avec comme principaux produits le rotin et le raphia ; dans

l’emballage d’aliments, ce sont les feuilles de Marantacées qui sont les plus exploitées alors

que dans la construction des cases et d’autres structures de soutien ce sont principalement

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l’Okala et d’autres Annoncaeae aux écorces fibreuses se détachant en lanières qui sont par

ailleurs utilisés comme bois de chauffe.

� D’autres PFNL d’origine végétal ont été répertoriés dans le cadre de cette étude le palmier à

huile qui sert à la production du vin de palme, le miel et les résines exploitées dans le cadre

des industries cosmétiques

-Les PFNL d’origine animale se compose principalement de la viande de brousse (mammifères,

oiseaux, reptiles) ; des poissons d’eau douce et des insectes (chenilles et larves de coléoptères).

Cependant les préférences alimentaires varient en fonction de la disponibilité de la ressource, du type

de population, de la nature de l’écosystème et des préférences alimentaires.

� Les PFNL animaux alimentaires, il s’agit principalement du gibier ou viande de brousse qui

constitue une source de protéine pour les populations. Les principales espèces chassées sont

les Atherures (porcs-épics) ; les Céphalophes bleus ; les Cercopithèques et les potamochères ;

On distingue également dans cette sous-catégorie les poissons d’eau douce, les oiseaux et les

reptiles qui sont chassés par les populations;

� Les PFNL animaux utilisés dans la pharmacopée traditionnelle : l’offre de soins à partir des

PFNL animaux est diverse même si la pharmacopée traditionnelle reste majoritairement

dominée par l’utilisation des plantes, il n’en demeure pas moins que de nombreux

tradipraticiens, utilisent les animaux pour guérir différentes pathologies notamment : les

hémorroïdes ; les douleurs musculaires ; les rhumatismes etc.

� Les PFNL animaux utilisés dans l’artisanat : de nombreux animaux sont utilisés par les

populations dans le cadre de l’artisanat et qui peuvent parfois rapportés des revenus non

négligeables. Dans ce registre on note que ce sont principalement les peaux d’animaux qui

sont prisés car elles servent à la fabrication de chaises traditionnelles, des tam-tams, des sacs

et chaussures mais également dans l’habillement. En ce qui concerne la bijouterie, ce sont

principalement les dents qui sont utilisées.

-Les PFNL d’origine fongique sont très nombreux et ils sont utilisés principalement au niveau

alimentaire par les populations. Cependant il existe de nombreux champignons utilisés en

pharmacopée traditionnelle. Il convient de signaler que bibliographie sur les champignons au Gabon

est très pauvre. Toutefois, la thèse de doctorat soutenu récemment par un jeune chercheur gabonais sur

la systématique et la taxonomie des champignons comestibles du Gabon va permettre de valoriser

cette discipline.

� Les PFNL fongiques alimentaires, avec ses multiples espèces comestibles, constituent dans

bien des sociétés une nourriture succulente, un produit prestigieux avec des recettes propres à

chaque région. Une enquête ethno mycologique réalisée au nord du Gabon a permis de dresser

une liste de trente-neuf taxons de champignons consommés dont les plus courantes

appartiennent au genre Cantharellus, qui présente la plus grande diversité au Gabon, suivi des

genres Termitomyces et Lentinus.

� Les PFNL fongiques utilisés en pharmacopée traditionnelle sont essentiellement bien connus

des Pygmées qui sont dépositaires de ce savoir. Il existe quelques champignons signalés

comme d’intérêt médicinal et appartenant aux genres Daldinia et Pycnoporus.

En ce qui concerne la commercialisation des PFNL, il s’agit d’une activité rémunératrice de

revenus bien que majoritairement exercée dans l’informelle. Ils assurent aux populations rurales, les

conditions de subsistance et améliorent leur cadre de vie en apportant des revenus significatifs aux

ménages. Cependant, au Gabon il a été noté qu’aucune structure n’est capable de fournir des données

statistiques fiables liées à la commercialisation des PFNL bien que pour certains produits comme le

Rotin, l’Andok, le Gnetum, il existe une certaine organisation qui, le plus souvent, comprend : les

collecteurs, les détaillants et les consommateurs.

� Le commerce de Gnetum se subdiviser en deux : le commerce de subsistance rurale où le

collecteur est à la fois le détaillant qui vend directement les feuilles de Gnetum en des petits

tas sur les étales des marchés sous la forme découpée finement ou alors entièrement. Dans le

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deuxième cas, il s’agit d’une véritable organisation qui collecte les produits pour les revendre

dans les grands centres urbains. Les collecteurs sont à la base de la chaîne car ils procèdent à

la première opération de commercialisation des produits collectés sous deux formes : la forme

découpée en lamelles fines, les collecteurs vendent à des commerçants qui, à leurs tour, les

revendre à des détaillants ; -la forme non découpée, les collecteurs vendent à des grossistes qui

vont par la suite les revendre à des détaillants. A Libreville c’est surtout les marchés d’Akébé

Poto et d’Akébé pleine qui sont spécialisés dans la vente de feuilles Gnetum. Un paquet de

feuilles entière de Gnetum est vendu à 200 Fcfa alors que découpées en fines lanières

produisent 4 tas de 100 FCFA chacun. Ainsi la valeur ajoutée générée par la transformation

est de 200 FCFA

� Le commerce des Rotin : la filière Rotin met en relation plusieurs acteurs, des récolteurs de

cannes, des revendeurs, des artisans qui assurent la transformation et les consommateurs qui

achètent les produits finis. Certains récolteurs peuvent jouer plusieurs autres rôles dans la

filière. Parmi les quatre espèces de rotin utilisées, les deux plus commercialisées sont du genre

de Laccosperma, résistant et de gros diamètre adapté à la fabrication des meubles. Les autres

plus fins et moins flexible servent aux travaux de lianage, vannerie et de tissage. Ils sont tous

répartis dans l’ensemble du territoire. Après exploitation, des fagots de 10, 14, 17 cannes sont

constituées. Les prix varient en fonction de la distance entre les sites de récolte et le lieu

d’écoulement des produits, de l’état de la route pratiquée et le nombre élevé des contrôles

policiers qui taxent arbitrairement ces produits et dont les taxes échappent à l’Etat. Le fagot de

10 cannes est vendu par les récolteurs à 3000f CFA, par les grossistes à 4000f CFA et l’unité

est à 400f CFA La transformation de rotin en meubles (salons, des salles à manger, des

meubles de séjour et immobilier de jardin, commodes etc.) est urbaine et c’est la plus

intensive, la plus élaborée dans la valorisation du rotin. Le prix du meuble après

transformation est fonction du type d’ouvrage réalisé. Il est souvent lié au prix du fagot de

rotin, au nombre de canne contenus dans le fagot rapporté au nombre de canne utilisé par

ouvrage. Par exemple le prix d’un salon en rotin simple coûte 106 090f CFA à la fabrication et

vendu 250 000f CFA soit un bénéfice de 143 910f CFA En général, deux exemplaires de ce

salon sont vendus par mois, sur l’année le bénéfice est de 3 453 840f CFA

� Le commerce des feuilles de Marantacées : littérature consultée révèle que les feuilles

d’emballage, Megaphynium macrostachyum de la famille des Marantacées, sont fortement

exploitées. Cette exploitation est réalisée de façon anarchique étant donné que l’objectif

demeure le maximum de revenus. L’activité est réalisée à 80% par des femmes dont la

majorité 70% est de nationalité Gabonaise dont 93% exercent cette activité pour un but

commercial. Il arrive que les récolteurs jouent également le rôle de grossistes et même de

détaillant. Les prix de ces feuilles d’emballage sont assujettis au transport, assez cher malgré

la distance (500F CFA/ballot). Le ballot de 1000 feuilles coûte environs 12000Fcfa.

� Le commerce des écorces de Garcinia kola (bois mer). Les enquêtes sur l’identification des

différents circuits d’approvisionnement de cette espèce très sollicitée pour ses multiples

usages notamment pour la fermentation des vins locaux (vin de palme, de canne à sucre, de

miel) et pour le traitement de certaines maladies (maux de têtes, accès palustres et fièvre,

impuissances sexuelles, douleurs de l’enfantement, maladies de la prostate, nettoyage de la

vessie). Ces enquêtes font apparaître que les femmes sont les plus impliquées dans la filière de

commercialisation qui se compose d’exploitants primaires (récolteurs), des grossistes, des

détaillants qui sont, en fait, des revendeurs. Les ventes en gros peuvent être effectuées non

seulement par des récolteurs qui se rendent eux même sur les marchés pour écouler leur

produit à des coûts se situant entre 40 000 f CFA à 55 000 f CFA le sac, mais également via

des détaillants ou revendeurs pou des prix allant de 500 à 2000 F CFA le tas. Racines et

écorces sont les plus vendues et très souvent, les techniques d’exploitation utilisées, vont

souvent jusqu’au dessouchage (arrachage de la plante) de la plante. Cette activité est utilisée

très souvent pour diversifier leur source de revenus.

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� Le commerce des amandes d’Irvingia gabonensis (Andok), bien que informelle, apparaît

relativement structurée car elle implique non seulement des gabonais mais également des

équatoguinéens et des camerounais. Ces trois nationalités se partagent le commerce de gros et

de détail sur les principaux marchés de Libreville principalement. Selon Ampele (2002), les

importateurs grossistes assurent deux fonctions essentielles : l’importation et la vente en gros

auprès des détaillants et demi-grossistes. Ces derniers vendent les amandes dans des sceaux de

5 à 10 kg. Les détaillants vendent les amandes en tas, sous deux formes : les amandes non

préparées et les galettes préparées et prêtes à être utilisées. Les prix pratiqués par les

commerçants sont variables et surtout tiennent compte de la disponibilité du produit sur les

marchés. En période de production, un tas de 200g est vendu à 500 FCFA alors qu’en période

basse, le tas de 100 g est vendu à 500 FCFA Afin de réguler les ventes sur les différents

marchés, Ampele (2002), dans une enquête sur la vente des amandes d’Irvingia, précise que

des mesures standarts de vente ont été mises en place par les commerçants. En effet, ces

derniers utilisent les sacs de 100 kg pour la vente en gros, les sceaux de 2,5 litres ou 5 litres

pour la vente en demi-gros, les tas d’amandes de différents poids, le pain d’odika et la cuillère

à soupe pour la poudre d’odika dans la vente en détail. Le pain d’Odika de 4 kg est vendu à

20000 CFA alors que 6 kg d’amandes sont vendus à 6000 CFA et 400 kg de cuillères de

poudre coûtent 40000 CFA

� Le commerce de la viande de brousse : le gibier prélevé est généralement commercialisé sous

deux formes. Il est vendu frais, entier ou dépecé en gigots, en cotés ou en morceaux dans les

villages, les campements de chasse et les marchés locaux : c’est la forme la plus courante

destinée à la consommation directe. La deuxième forme est le gibier boucané. Cette dernière

forme est plus pratiquée par les chasseurs car c’est le seul moyen dont ils disposent pour

conserver la viande pendant longtemps. Les grandes carcasses (éléphants, gorilles, buffles,

bongo etc…) sont dépecées en plusieurs morceaux, les carcasses moyennes en deux ou quatre

pièces (cas

Dans cette étude les contraintes liées à l’exploitation des PFNL ont été abordés, elles sont de

plusieurs ordres :

-Les contraintes commerciales elles sont nombreuses parmi lesquelles : � l’insuffisance de ressources financières oblige les commerçants à vendre à crédit pour un

écoulement rapide des stocks. Les coûts liés aux opérations d’importation augmentent les

charges de commercialisation de même que les différentes taxes prélevés sur les marchés et le

long des routes. Par ailleurs, l’inaccessibilité des zones de production due à l’absence

d’infrastructures routières praticables en toutes saisons demeure une préoccupation

importante ;

� le problème de la qualité du produit exposé sur les étales des marchés qui ne sont pas toujours

entourées de toutes les garanties de sécurité alimentaires. Selon la FAO (2007), leur qualité

hétérogène ne permet pas de standardiser la fixation des prix, ni d’industrialiser le

conditionnement ou la transformation de ces produits. L’absence de technologies appropriées

de stockage, conservation, conditionnement et transformation entraîne la perte d’importantes

quantités de PFNL alimentaires.

� Les difficultés d’accès aux zones de récoltes au regard du relief et les moyens de transport

entre les lieux de collecte et les principaux marchés ne sont pas toujours réguliers voir même

inexistants retardant ainsi l’arrivée des produits sur les marchés et augmentant le prix de vente.

Le manque de données ou de statistiques sur les PFNL rend difficile la mise en place d’un

plan de développement des PFNL et l’absence de cadre de concertation et d’échange entre les

différents acteurs notamment les communautés locales qui ignorent parfois les possibles

revenus que pourraient générer l’exploitation de nombreux produits de leurs forêts.

-Les contraintes sociales et culturelles

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� Les populations restent fortement liées à leurs écosystèmes car comme il a été déjà indiqué,

les forêts contribuent énormément à la vie des populations en leur fournissant non seulement

les produits alimentaires mais également de nombreux biens et service. C’est pourquoi, bien

que susceptibles de générer des revenus, tous les PFNL ne peuvent être exploités parce qu’ils

relèvent pour certains du sacré et pour d’autres de la pharmacopée traditionnelle. Les espèces

utilisées dans le cadre de la circoncision dans la région de Makokou ou dans les rites Bwiti ou

Ndjembé à travers le Gabon ne sont pas accessibles aux profanes. Généralement, les sites de

prélèvement de ce type d’espèce appartiennent aux forêts sacrées et ou toute exploitation

requière une autorisation préalable.

� les populations riveraines ne sont pas toujours informées des opportunités qu’offre la

commercialisation de certains PFNL. Le manque d’information et l’absence de démonstrations

concrètes sur l’avancée dans le domaine de l’élevage et de domestication de certaines

ressources fournissant les PFNL alimentaires empêchent que les populations commencent à

mieux les valoriser. De nombreux tabous et préjugés constituent des freins pour l’élevage ou

la domestication. Certaines espèces animales (serpents, tortues, chauves-souris, etc.) feraient

difficilement l’objet d’élevage sans que l’éleveur ne soit taxé de sorcier.

-Les contraintes juridique et réglementaire � Le cadre juridique et réglementaire gabonais n’est pas suffisant pour encadrer et surtout

promouvoir le développement des PFNL aujourd’hui. La réglementation actuelle présente de

nombreuses limites allant de la définition même du mot PFNL jusqu’aux détails liés à

l’exploitation de chaque PFNL. Il est aussi à noter que les dispositifs juridiques et

réglementaires au niveau sous-régional présentent des lacunes en matière de PFNL en dépit de

nombreux échanges qui se font.

� les limites dans la réglementation des PFNL, on note d’abord la difficulté à réaliser des

inventaires pour estimer les stocks disponibles et l’harmonisation même des méthodologies à

appliquer pour ces inventaires, compte tenu de la grande diversité des PFNL, de leurs

systèmes de production, de leurs différentes méthodes de collecte ou de récolte, de leur

saisonnalité, etc. Devant ce manque de données de base fiables (exigences de croissance,

niche de régénération, production, techniques de récolte appropriée), il est très difficile

d’établir les quotas d’exploitation.

� la réglementation existante sur les PFNL s’avère difficile à appliquer sur le terrain. Non

seulement les organes de contrôle manquent cruellement de moyens, mais aussi les

populations concernées font face à une pauvreté élevée et sont de ce fait dépendantes des

ressources naturelles principalement pour leur alimentation et pour leurs revenus.

-Les contraintes biologique et écologique � L’absence au Gabon de programme de recherche spécifique axé sur les PFNL constitue une

lacune majeure car, la connaissance biologique et écologique des espèces est une condition

essentielle permettant d’assurer la durabilité de la ressource. Comment entrevoir le

développement des PFNL au Gabon sans un programme scientifique qui permettrait de

développement des modes ou des techniques de collectes durables, des techniques de

domestication des espèces et la diffusion de l’information nécessaire aux acteurs des PFNL

� L’absence d’inventaires ou de données sur la nature de la ressource, la biologie de l’espèce,

type morphologique, les caractéristiques écologiques de l’habitat des espèces ainsi que la

répartition géographique et l’évaluations des stocks sont des éléments nécessaires à la gestion

durable de la ressource. Il s’agit d’un handicap qui pénalise le développent des PFNL au

Gabon.

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L’impact de la collecte des PFNL sur la durabilité de la ressource a été abordé car La collecte

des PFNL est pratiquée depuis longtemps par les populations qui habitent dans ces milieux. Cette

exploitation à des fins essentiellement de subsistance n’a, à priori jamais posé de problèmes

écologiques surtout en ce qui concerne la durabilité et l’existence de la ressource. L’impact de

l’exploitation des PFNL sur la durabilité de la ressource semble être étroitement lié à plusieurs

paramètres notamment le mode de collecte et la pression exercée sur la ressource, liée à la forte

demande des populations, surtout urbaine.

Concernant les modes de collectes des PFNL, il apparaît que deux types de prélèvement

peuvent être observés pour les PFNL végétaux surtout alimentaire, il s’agit : du prélèvement sur pied

et de l’abattage des arbres ou l’arrachage de certaines espèces végétales, notamment dans le cas des

espèces herbacées. Plus la demande d’un PFNL est grande, plus la pression sur la ressource est

importante. L’impact de cette exploitation sur la structure et la composition de la forêt est étroitement

lié, non seulement à cette intensité de prélèvement, mais aussi à l’organe végétal prélevé.

(i) pour le prélèvement des organes productifs, tels que les fruits et les noyaux, l’attention doit

être donnée à la capacité de l’espèce à se reproduire et à l’impact de la récolte sur éventuellement les

animaux qui se nourrissent de ces produits. C’est le cas des fruits d’Andok Irvingia gabonensis, de

Baillonnella toxisperma, Coula edulis Dacryodes edulis, etc, qui sont courtisés à la fois par les

animaux (éléphants, céphalophes, etc) et l’homme.

(ii) en ce qui concerne les structures végétatives, il est à noter que leur prélèvement peut

engendrer la mort de la plante, comme les racines ou l’écorce. Dans la région de Makokou, Penianthus

longifolius est un petit arbuste de sous bois dont l’écorce et surtout la racine sont très prisé par les

populations pour ses effets aphrodisiaques. Sa récolte malheureusement consiste à arracher l’arbuste

ou à couper la partie souterraine car selon les récolteurs c’est dans cette partie où se concentrerait la

« molécule active». Si ce rythme de récolte se poursuit, la disparition de l’espèce est garantie pour les

prochaines années. C’est pourquoi, une bonne compréhension des stratégies de reproduction, de la a

structure, de la densité et de la distribution de la population est nécessaire pour une bonne gestion.

(iii) concernant le prélèvement des structures végétatives, qui ne cause pas nécessairement la

mortalité de la plante, telles que les feuilles, il convient de réaliser une évaluation du taux de

récupération, l’impact physiologique de la récolte et des techniques de récoltes. Dans ce registre, on

peut inscrire le Gnetum africanum, les feuilles de Marantacée;

(iv) pour ce qui est des exsudats et des résines, leur exploitation durable necessite une

évaluation des procédures de prélèvement, les taux de récupération, ainsi que des effets secondaires de

l’extraction sur la croissance, la reproduction, la résistance aux maladies et attaques d’insectes, et la

perte des nutriments importants. L’Okoumé Aucoumea klaineana et l’Aiélé Canarium schumfurti dont

les résines sont exploités en raisons des demandes de plus en plus croissantes des firmes cosmétiques.

La technique d’extraction repose sur une entaille qui permet de recueillir l’exsudat. A ce jour, au

regard de la méthode de collecte de ces résines, la littérature en notre possession ne permet pas

d’indiquer des conséquences à court terme de ce mode de prélèvement des résines au Gabon.

En ce qui concerne l’extraction de la sève de palmiers à huile et de raphia qui se fait selon

deux méthodes : palmier sur pied «vin du haut » ou abattu «vin du bas». La sève extraite par la

première méthode, bien que moins appréciée que celle obtenue «par le haut», est en effet plus

abondante. Toutefois, le palmier à huile est une espèce que l’on peut considérer comme cultivée ou

sub-spontanée. Elle n’est pas un composant naturel des forêts et est étroitement liée à la présence

humaine actuelle ou passée. Compte tenu de son importance commerciale internationale pour l’huile

de palme, elle est largement cultivée et n’est donc pas menacée.

La collecte des PFNL animaux quant à elle se fait principalement de deux manières la

chasse et la pêche qui utilisent des méthodes qui varient en fonction de la nature de la chasse ou de la

pêche, commerciale ou de subsistance.

L’impact de la chasse au fusil est négatif sur les ressources fauniques car l’utilisation des fusils

expose la faune car ils permettent de tuer non seulement tous les types d’animaux mais aussi plusieurs

animaux à la fois. L’impact de cette activité est déterminé par la nature de la chasse qui est pratiquée.

La chasse de subsistance est pratiquée par les populations rurales pour satisfaire leur consommation

quotidienne. Les animaux chassés sont de petites tailles et plus souvent préalablement sélectionnés, les

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techniques utilisées sont le piégeage orienté souvent pour la capture d’espèces précises. La chasse au

fusil, pratiquée par les populations locales, n’utilise pas des armes de guerres dévastatrices, car il s’agit

d’un mode de capture pour satisfaire la consommation familiale.

Par contre, la chasse commerciale ou braconnage est préjudiciable à la stabilité et à la

durabilité de la ressource vue que l’objectif est le profil commercial dans ce type de chasse, toutes les

méthodes de capture, sont utilisées : le piégeage à l’aide du câble métallique, la chasse au filet, la

chasse à l’assommoir et parfois des armes à feu. La chasse commerciale pour le ravitaillement des

grandes villes est la plus destructrice. Elle pénètre de plus en plus en profondeur dans les forêts,

suivant les voies d'exploitation forestière.

Le prélèvement des PFNL aquatiques apparaît moins préjudiciable car il est pratiquée dans

différents cours d’eau et il n’utilise pas des méthodes aussi destructrices que la chasse au gibier

sauvage.

Il est difficile de proposer une méthode pertinente qui permettrait de concilier la recherche

croissante de profil sur les PFNL et de minimiser l’impact d’une telle activité sur la durabilité de la

ressource. Au Gabon, bien que peu d’études significatives et globales sur la problématique des PFNL

n’est disponible, il apparaît, au regard de la littérature que la dimension économique des PFNL n’est

pas encore pris en compte dans l’activité économique globale du pays. L’exploitation durable des

PFNL nécessite une approche intégrée qui implique l’ensemble des acteurs. .

Cependant, dans une optique commerciale le choix des ressources est guidé par l’intérêt

économique. Ce sont les ressources ayant un meilleur potentiel commercial et une capacité à se

régénérer de façon à assurer une durabilité de l’espèce qui pourraient concilier l’exploitation des

PFNL et leur impact sur l’environnement. Il convient de développer des méthodologies de récolte des

PFNL à faible impact. Dans le même ordre d’idées, la détermination des quotas d’exploitation et de

délivrance de permis autorisant l’exploitation d’un PFNL donné, permettra de contrôler son taux de

prélèvement, de manière à préserver sa productivité et sa pérennité.

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TABLE DES MATIERES

1. Introduction ..................................................................................................................................... 11 1.1 Contexte général ............................................................................................................................ 11 1.2 Contexte de la présente étude ....................................................................................................... 12 1.3 Objectifs et attentes de l’étude ..................................................................................................... 13

2. Généralités sur le Gabon ................................................................................................................ 14 2.1 Caractéristiques biophysiques et socioéconomiques .................................................................. 14 2.2 Les ressources forestières ............................................................................................................. 14 2.3 Le Cadre légal et institutionnel sur l’exploitation de la ressource forestière au Gabon ......... 15 2.3.1 Les Conventions Internationales ............................................................................................... 15 3.2.2 Le Code de l’Environnement ..................................................................................................... 15 2.3.3 Le Code forestier ........................................................................................................................ 16 2.3.4 Le décret 001029 du 01 décembre 2004 réglementant, la transformation et la commercialisation des produits forestiers autres que le bois d’œuvre (PFAB). ............................ 16 2.3.5 Le Décret n°137 du 4 février 2009 ............................................................................................ 17

3. Approche méthodologique .............................................................................................................. 18 3.1 Définitions ...................................................................................................................................... 18 3.2 Méthode .......................................................................................................................................... 18

4. Description des PFNL par catégories ............................................................................................ 20 4.1 Les PFNL d’origine végétale ........................................................................................................ 20 4.1.1 Les PFNL végétaux alimentaires ou de consommation .......................................................... 21 4.1.2 Les PFNL destinés aux soins de santé des populations ........................................................... 22 4.1.3 Les PFNL destinés à des services tels que la construction et l’artisanat ............................... 24 4.1.3.1 L’artisanat et vannerie ............................................................................................................ 24 4.1.3.2 Emballages ............................................................................................................................... 25 4.1.3.3 Construction de case ............................................................................................................... 26 4.1.3.4 Bois de feu et charbon ............................................................................................................. 26 4.1.4 Autres PFNL d’origine végétal ................................................................................................. 26 4.1.4.1 Le vin de palme et de raphia .................................................................................................. 26 4.1.4.2 Le miel ...................................................................................................................................... 27 4.1.4.3 Les résines ................................................................................................................................ 27 4.2 Les PFNL d’origine animale ........................................................................................................ 27 4.2.1 Les PFNL animaux alimentaires ............................................................................................... 28 4.2.1.1 Le gibier ou viande de brousse ............................................................................................... 28 4.2.1.2 Les poissons d’eau douce ........................................................................................................ 30 4.2.1.3 Les oiseaux ............................................................................................................................... 31 4.2.1.4 Les reptiles ............................................................................................................................... 31 4.2.2 Les PFNL animaux utilisés dans la pharmacopée traditionnelle ........................................... 31 4.2.3 Les PFNL animaux utilisés dans l’artisanat ............................................................................ 33 4.3 Les PFNL d’origine fongique ....................................................................................................... 34 4.3.1 Les PFNL fongiques alimentaires ............................................................................................. 34 4.3.2 Les PFNL fongiques utilisés en pharmacopée traditionnelle ................................................. 35

5. Commercialisation des PFNL au Gabon ....................................................................................... 36 5.1 Commercialisations de quelques PFNL principaux au Gabon ................................................. 36 5.1.1 Le commerce de Gnetum ........................................................................................................... 37 5.1.2 Le commerce des Rotin .............................................................................................................. 37 5.1.3 Le commerce des feuilles de Marantacées ................................................................................ 38 5.1.4 Le commerce des écorces de Garcinia kola (bois mer) ........................................................... 38

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5.1.5 Le commerce des amandes d’Irvingia gabonensis (Andok) .................................................... 39 5.1.6 Le commerce de la viande de brousse ...................................................................................... 39 5.2 Les contraintes à l’exploitation des PFNL .................................................................................. 40 5.2.1 Les contraintes commerciales .................................................................................................... 40 5.2.2 Les contraintes sociales et culturelles ....................................................................................... 40 5.2.3 Les contraintes juridique et réglementaire .............................................................................. 41 5.2.4 Les contraintes biologique et écologique .................................................................................. 41

6. Impact de la collecte des PFNL sur la durabilité de la ressource ............................................... 43 6.1 Les modes de collectes des PFNL ................................................................................................. 43 6.1.2 La collecte des PFNL végétaux .................................................................................................. 43 6.1.2 La collecte des PFNL animaux .................................................................................................. 45 6.2 Comment concilier la recherche croissante du profil économique généré par les PFNL et la nécessité de minimiser l’impact de leur collecte sur la durabilité de la ressource ........................ 46

7. Priorisation des PFNL au Gabon ................................................................................................... 47 7.1 Méthode de collecte des données sur la priorisation des PFNL au Gabon .............................. 47 7.1.1 Les PFNL végétaux alimentaires .............................................................................................. 47 7.1.2 les PFNL végétaux destinés aux soins de santé ........................................................................ 49 7.1.3 Les PFNL d’origine animal ....................................................................................................... 50

8. Recommandations et méthodologie de collectes des PFNL ......................................................... 53

9. Bibliographie.................................................................................................................................... 55

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1. Introduction

1.1 Contexte général

Les forêts du massif forestier du bassin du Congo recouvrent une superficie de 2,8

millions de Km2. De ce fait, elles constituent, après l’Amazonie, la plus grande étendue de

forêts tropicales dans le monde (Wilkie, 2000). Ces forêts abrient de nombreux écosystèmes,

qui hébergent une importante diversité biologique constituée d’espèces animales et végétales

d’une grande richesse. Elles jouent un rôle majeur dans la régulation du climat mais

également dans la vie quotidienne des populations qui habitent ce massif forestier, car elles

sont sources d’aliments, d’abris, de médicaments, de l’artisanat, de la culture, des rites

traditionnels et de revenus pour plusieurs millions de personnes qui vivent autour de ce massif

forestier.

En effet, les civilisations humaines ont développé une multiplicité de manières

d’exploiter les ressources et l’espace forestier. Il s’agit notamment de l’exploitation des

surfaces forestières pour la culture agricole, de l’exploitation du bois d’œuvre et l’exploitation

des produits forestiers non ligneux, objet de la présente étude.

En raison de la globalisation des économies mondiales et de la croissance de la

demande, Wilkie (2000) notait déjà que le taux d’exploitation des produits forestiers non

ligneux (PFNL) s’est accru à une vitesse que l’on avait jamais connu auparavant. Il signalait

aussi que la surexploitation des ressources et le risque de disparition des PFNL menaçaient les

revenus, voire les possibilités de subsistances des familles dépendant de la forêt et la diversité

génétique essentielle à production et au maintien de la diversité biologique.

Cependant, il est de plus en plus admis que les PFNL ont un rôle important à jouer

dans la subsistance et la création de revenus pour les populations locales. C’est pourquoi, la

FAO (2001), dans une compilation statistique des PFNL en Afrique, a mis en évidence, le rôle

prépondérant joué par ces produits dans la vie des populations, en fournissant des produits-

clés, de substances et des revenus. Ils sont constitués des denrées alimentaires, des plantes

fourragères, des plantes médicinales, des exsudats, du gibier et beaucoup de services. De ce

fait, l’approche socio-économique préconisée par Kabuye (2000), pour le développement des

PFNL pourrait réellement contribuer à réduire la pauvreté des communautés rurales. Elle

recommande, en effet, la prise en compte : des connaissances traditionnelles de chaque

communauté afin de déterminer les ressources utiles, celles destinées à la consommation

locale et celles faisant l’objet de troc ou de vente dans les marchés ; des systèmes de gestion

locaux régissant l’usage, la récolte, la transformation et la conservation des produits y compris

la substitution des produits et la domestication des ressources ; des besoins de subsistance des

populations locales et l’influence des lois du marché sur leur mode de vie, ainsi que les

conflits possibles ; les cadres institutionnels traditionnels pour l’appui et la prise de décision,

la gestion des affaires, les systèmes de valeurs sociales et la répartition du travail selon le

sexe ; les droits traditionnels d’accès aux ressources, régissant le droit de propriété, son accès

et son contrôle, ainsi que le partage des bénéfices potentiels dérivés des activités génératrices

de revenus.

Aujourd’hui, le marché des PFNL est fort développé et de nombreux efforts sont

entrepris, notamment par la COMIFAC et la FAO qui disposent de programme spécifique sur

les PFNL, pour promouvoir l’exploitation de ces ressources. Le potentiel économique des

PFNL attire de plus en plus l’attention : on s’efforce de développer le marché pour certains

produits, de transformer les produits localement, d’utiliser les stratégies de transformation

locale et de valorisation des produits, et de garantir une redistribution plus équitable des

revenus (Peters, 2000). Mais tout ceci reste tributaire de la durabilité de la ressource qui

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commande une exploitation rationnelle et durable, compte tenu de la pression que les

populations exercent dans l’exploitation de ces PFNL, le souci de les gérer durablement se

pose de plus en plus dans la sous région d’Afrique Centrale avec des répercussions au niveau

internationale (Clark et Sunderland, 2004).

C’est dans ce cadre que le Programme Régional pour l’Environnement en Afrique

Centrale (CARPE) et la FAO ont organisé en 1998 au Cameroun un atelier international sur

les PFNL afin d’identifier des actions à court et à moyen terme susceptibles de mieux

comprendre le rôle potentiel des PFNL dans l’aménagement durable des forêts d’Afrique

Centrale. Au cours de cet atelier qui a réunit de nombreux spécialistes de la problématique des

PFNL, plusieurs présentations de la situation des PFNL ont été faites pour différents pays

dont le Gabon.

1.2 Contexte de la présente étude La présente étude s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre d’un projet

«Establishment of a Forestry Research Network for ACP Countries» (ACP-FORENET) qui

vise à établir un réseau de collaboration pour l’Afrique centrale des institutions de recherche

en sciences forestières entre les trois régions du groupe des Etats des ACP (Afrique, Caraïbes

et Pacifique). Le projet est financé par l’Union Européenne à travers le Secrétariat Général du

Groupe des Etats des ACP. L’Agence de coordination est assurée par le Centre pour la

Recherche Forestière Internationale (CIFOR) qui s’appuie pour son exécution dans les trois

régions par trois Organisations Points Focaux Régionaux (RFPO). L’Institut de Recherche en

Ecologie tropicale du Gabon assure pour l’Afrique Centrale la coordination sous-régionale.

Le projet se caractérise par trois principales activités : l’octroi de bourses pour des

formations diplômantes ; l’appui à des formations ad hoc ; l’appui à des projets de recherche

associant les institutions de recherches sous-régionales. C’est justement, dans le cadre de cette

dernière activité que s’inscrit la présente étude.

En effet, le projet ACP FORENET a identifié quatre thématiques prioritaires

susceptibles de bénéficier d’un financement :

-La première porte sur «Les forêts tropicales et l’atténuation des changements

climatiques avec un accent particulier sur la dégradation de la forêt». ;

-La seconde a trait à «l’impact des changements climatiques sur les pratiques et les

moyens de subsistances des populations locales». ;

- La troisième est relative à «l’optimisation des revenus tirés de l’exploitation de la

forêt et de tous les services qu’elle procure» ;

-Enfin, la dernière thématique porte sur «l’accroissement de la capacité des

populations locales et des institutions à gérer leur écosystème forestier».

Notre étude s’inscrit dans la mise en œuvre de la troisième thématique qui a fait l’objet

de la rédaction et de la soumission au comité scientifique d’ACP FORENET d’un projet

relatif aux Produits Forestiers non ligneux (PFNL). En réponse à cette soumission, le comité

de pilotage, organe de gestion et de prise de décision, du projet ACP FORENET, en

s’appuyant sur les recommandations du comité scientifique, a recommandé au RFPO Afrique

Centrale d’identifier des consultants dans chaque pays de l’espace du projet pour réaliser un

état de l’art sur la problématique des produits forestiers non ligneux dans cette région. C’est

dans ce cadre que nous avons été identifiés sur la base de notre Curriculum vitae pour

conduire cette étude au Gabon, à partir des termes de références qui nous ont été

communiqués par le RFPO-AC.

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1.3 Objectifs et attentes de l’étude

Les principaux objectifs visés par cette revue sont les suivants :

-rechercher et actualiser les informations existantes sur l’utilisation et la

commercialisation des PFNL

-Etablir une liste des PFNL (végétaux et animaux) prioritaires, c’est-à-dire utilisés

couramment et plus commercialisés au cours des 5 dernières années

-Réaliser une mise à jour de la description des espèces prioritaires et critiques

-Estimer les volumes, les valeurs et les productions associées au commerce des PFNL

-Proposer une approche méthodologique de suivi des PFNL dans le contexte de

l’OFAC

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2. Généralités sur le Gabon

2.1 Caractéristiques biophysiques et socioéconomiques Le Gabon, pays de l’Afrique Centrale, a une superficie 267 667 km

2. Il est limité au

Nord par la Guinée Equatoriale et le Cameroun ; à l’Est et au Sud par le Congo. L’ouest du

Gabon est une zone côtière bordée par l’Océan Atlantique. Le pays, à cheval sur l’équateur est

caractérisé par un climat chaud et humide de type équatorial marqué par un régime

pluviométrique se répartissant de façon équitable en deux cycles de pluies séparés par deux

saisons sèches. La proximité du littoral et la topographie influent considérablement sur le total

pluviométrique annuel dont les valeurs extrêmes sont de 1200 m au sud est dans la région de

Tchibanga et de près de 3000 mm aux environs de la capitale Libreville. Sa population, selon

les chiffres fournis par la Direction Générale de la Statistique et des Etudes Economiques

(DGSEE) en 2008, est estimée à 1,3 millions d’habitants en 2005, pour une densité moyenne

de 5 habitants au km2. La répartition de cette population est loin d’être homogène car la

majorité de celle-ci réside à la capitale et dans les principaux centres urbains de l’intérieur du

pays. Cette faible densité de population laisse une large partie du pays inhabitée et l’incidence

humaine sur la végétation forestière est comparativement faible (Sosef et al., 2006).

L’économie gabonaise continue de s’appuyer sur une exploitation des ressources naturelles, la

faible densité de population et la générosité de la nature restent à l’origine de ce type

d’activité qui se caractérise par les secteurs pétrole, forêt et mine qui contribuent

respectivement à 42,4 %, 6,0 % et 1,9 % du PIB (Nguimbi et al., 2006).

2.2 Les ressources forestières Avec près de 85 % de la superficie totale du pays, la forêt constitue la principale

formation végétale du Gabon. Celle-ci se décline selon De Saint-Aubin (1963) et Caballé et

al. (1978) en trois types physionomiques majeurs : la forêt dense humide sempervirente du bassin sédimentaire côtier qui comprend la forêt littoral à Aucoumea klaineana, Saccoglotis

gabonensis, Dacryodes buettneri,Erismadephus exsul ; la forêt dense humide sempervirente des reliefs et des plateaux de l’intérieur comprenant outre l’Aucoumea klaineana,

Desbordesia glaucescens, Aphanocalyx spp ; Bikinia spp mais également Paraberlinia

bifoliolata, Scyphocephalium ochocoa et Pentaclethra eetveldeana ; la forêt dense humide des plateaux de l’intérieur marquée par Scyphocephalium ochocoa, Gilbertiodendron

dewevrei, Triplochiton scleroxylon, Terminalia superba. D’autres formations existent, bien

que peu représentées, parmi lesquelles la savane côtière qui longe la côte gabonaise, les

savanes de l’intérieur ; les mangroves, les jachères agricoles, les formations marécageuses,

inondables, etc.

Comme l’ensemble du bloc forestier du Bassin du Congo, la biodiversité des forêts

gabonaises demeure mal connue. Cependant, des efforts importants sont entrepris par les

centres de recherche, pour ce qui est de la caractérisation, l’évaluation et de l’identification de

la ressource, et l’administration, pour l’inventaire des ressources ayant un impact économique

important. C’est dans ce dernier aspect que s’inscrit la filière exploitation forestière qui

correspond en réalité à l’extraction, de la forêt, du bois d’œuvre qui comprend de nombreuses

essences dont l’Okoumé. Il s’agit d’une activité importante de par son poids socio

économique, politique et écologique. En effet, le secteur forestier, jusqu’à un passé récent,

décembre 2009, était la deuxième source de recettes d’exportations et le deuxième employeur

bien que sa contribution au PIB demeure faible. La décision d’interdire l’exportation des

grumes prise par les nouvelles autorités gabonaises dès décembre 2010 pourrait

naturellement, faire changer cette tendance.

L’extraction du bois d’œuvre a donc constitué l’activité principale et la plus connue de

l’exploitation des ressources forestières du pays. Pourtant, depuis l’aube des temps, l’homme

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a toujours utilisé toutes les ressources de son environnement pour assurer sa subsistance.

Ainsi, les populations vivant dans ces forêts puisent dans celles-ci, les ressources nécessaires

à leur alimentation, les produits médicinaux utiles à leurs soins de santés, les éléments

essentiels à la construction de leur case et à la fabrication d’outils essentiels à leur vie

quotidienne. Elles trouvent dans ces forêts le cadre idéal à l’expression de leurs coutumes et

rites traditionnels.

Fort de ce qui précède, en dehors de l’exploitation du bois d’œuvre et des terres

agricoles, les populations rurales et urbaines du Gabon, de manière prépondérante, dépendent

pour leurs besoins de base (santé, alimentation, construction, revenus) de l’exploitation

d’autres ressources qu’offrent les forêts et qui ne nécessitent pas obligatoirement une haute

technologie (machinerie, bulldozer, tronçonneuse, camions, grumier, etc) pour leur extraction.

Cependant, au regard de l’intérêt de plus en plus croissant pour ces produits de la forêt, il va

sans dire qu’à terme, cette activité artisanale pourrait se développer et générer beaucoup plus

de revenus mais également impacter sur la durabilité de la ressources. Dans cette approche,

plusieurs définitions ont été données pour qualifier ce type de produit. Certaines les

regroupent dans l’appellation de produits forestiers non ligneux (PFNL) alors que d’autres les

rangent dans les produits forestiers autres que le bois d’œuvre (PFAB) comme c’est le cas au

Gabon. D’autres, en revanche, n’intègrent pas la composante animale dans la définition de ces

produits.

2.3 Le Cadre légal et institutionnel sur l’exploitation de la ressource forestière au Gabon

L’exploitation des ressources forestières au Gabon est régie principalement par trois

types de texte : le code forestier, le code de l’environnement et les conventions internationales

auxquelles le Gabon a souscrit.

2.3.1 Les Conventions Internationales

Les conventions qui s’appliquent aux ressources forestières sont les suivantes :

-La Convention sur les zones humides (RAMSAR), adoptée en 1971, a été ratifiée par

le Gabon en 1997 ;

-La Convention sur le Commerce International des espèces de faune et de flore

sauvage menacée d’extinction (CITES), adoptée à Washington en 1973, a été ratifiée en 1987.

-La Convention sur la Diversité Biologique (CDB), rédigée à Rio en juin 1992, a été

ratifiée par le Gabon en juin 1996. Cette convention issue de Rio ainsi que les deux autres ont

inspirée le cadre juridique relatif aux Codes de l’Environnement et Forestier gabonais.

3.2.2 Le Code de l’Environnement

Le Code de l’Environnement ou loi N°16/93 du 26 août 1993 relative à la protection et

à l’amélioration de l’environnement détermine les principes généraux qui doivent fonder la

politique nationale en matière de protection et d’amélioration de l’environnement. Elle vise

notamment : la préservation et l’utilisation durable des ressources naturelles ; la lutte contre

les pollutions et nuisances ; l’amélioration et la protection du cadre de vie ; la promotion de

nouvelles valeurs et d’activités génératrices de revenus, liées à la protection de

l’environnement ; l’harmonisation du développement avec la sauvegarde du milieu naturel.

Dans son chapitre cinq, le code dispose que la faune et la flore sont gérées de façon

rationnelle et équilibrée, en tenant compte notamment de la nécessité d’éviter leur

surexploitation ou leur extinction, de préserver le patrimoine génétique et d’assurer le

maintien des équilibres écologiques. Les activités susceptibles d’atteintes à la faune et à la

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flore ou de dégradations de leurs biotopes (exploitation, commercialisation, exportation ou

recherche scientifique) sont interdites ou soumises à autorisation.

Un décret pris en 2002, en application du code de l’environnement, réglemente les

études d’impact sur l’environnement, imposant de ce fait à tout projet économique important

la réalisation d’une étude d’impact environnemental. Il s’agit au sens de ce décret de

l’évaluation des incidences directes et indirectes d’un projet sur l’équilibre écologique, la

qualité et le cadre de vie des populations vivant dans la zone de projet sur l’équilibre

écologique, le cadre de vie des populations vivant dans la zone d’implantation du projet et

dans les zones adjacentes.

2.3.3 Le Code forestier La loi n°016/01 du 31 décembre 2001 portant code forestier en République gabonaise

qui fixe les modalités de gestion durable du secteur Eaux et Forêts en vue d’accroître sa

contribution au développement économique, social, culturel et scientifique du pays. Cette loi

s’inscrit clairement dans le cadre de la gestion durable car elle vise à concilier une

exploitation soutenue avec la conservation des écosystèmes et la prise en compte des usages

de la forêt par les populations locales. Il s’agit précisément d’appliquer une stratégie

d’aménagement et de gestion durable des forêts, de prévoir une fiscalité incitant la bonne

pratique de la gestion durable et d’aider au développement d’une industrie de transformation

(Nguimbi et al, 2006). Pour y parvenir, les exploitants forestiers sont assujettis à un plan

d’aménagement de leur concession forestière.

L’aménagement des concessions s’inscrit sur une durée de 20 à 30 ans en garantissant

la durabilité de l’exploitation et le renouvellement de la ressource. Cette démarche structurée

conduit à réaliser de nombreux inventaires qui permettent de caractériser l’habitat, la

ressource et ses particularités (rareté, endémisme, richesse spécifiques, habitats spécifiques et

espèces particulières). Par la suite les conclusions de ces différentes études vont permettre de

retirer les sites sensibles du point de vue écologique, et social et culturel des zones

d’exploitations pour les intégrer plutôt dans des zones de conservation.

Le code forestier répartit le Domaine forestier en deux, le Domaine forestier

permanent de l’Etat et le Domaine rural. Le premier est constitué des forêts domaniales

classées et des forêts domaniales productives enregistrées. Ces forêts sont destinées à la

production, à la protection et constituent l’habitat de la faune sauvage. En ce qui concerne le

Domaine rural, il est constitué des terres et des forêts dont la jouissance est réservée aux

communautés villageoises.

En ce qui concerne l’exploitation des PFNL, le Code forestier n’est pas très explicite,

cependant, il précise en son article 14 que : nul ne peut, dans le domaines des eaux et forêts se

livrer à titre gratuit ou commercial à l’exploitation, à la récolte ou à la transformation de tout

produit naturel, sans autorisation préalable de l’administration. Toutefois, en vue d’assurer

leur subsistance, les communautés villageoises jouissent de leurs droits d’usages coutumiers.

2.3.4 Le décret 001029 du 01 décembre 2004 réglementant, la transformation et la commercialisation des produits forestiers autres que le bois d’œuvre (PFAB). Le décret 001029 est pris en application de la loi 016/01 du 31 décembre 2001 portant

code forestier. Il est relatif à la réglementation, l’exploitation, la transformation et la

commercialisation des produits forestiers autres que le bois d’oeuvre. Dans ce décret, il n’est

pas fait mention explicitement de produits forestiers non ligneux (PFNL) mais plutôt de

produits forestiers autres que le bois d’oeuvre. Au sens de ce décret, cette désignation

recouvre l’ensemble des biens commercialisables et de substitution issus des ressources

renouvelables de la forêt. Les produits visés dans cette désignation sont contenus dans le

tableau ci-dessous issu de l’article 3 du décret cité précédemment.

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Produits forestiers autres que le bois d’oeuvre Unité de mesure

- bois de chauffage (Okala, Macaranga, etc) Stère

- perches et bois d’éclaircies Stère ou M3

- bois pour la fabrique du charbon M3

- tous les rotins ml*

- les marantacées (feuilles et tiges) Kg

- le Garcinia klaineana (bois amer) Kg

- les bambous Kg

- les champignons Kg

- les palmiers raphia (tiges et feuilles) Kg

- les plantes médicinales Kg

- les résines des arbres (Okoumé, Agba, Aïélé, etc) Kg

- les gommes Kg

- les fruits et graines sauvages Kg

- le Gnetum africanum (Nkumu) Kg

- le Garcinia manï (arbustes à cure et brosse à dents) Kg

- les écorces Kg

Ml* : mètre linéaire

Dans ce décret, l’exploitation et l’utilisation des produits forestiers autre que le bois

d’oeuvre sont soumises à une réglementation spécifique visant à assurer leur pérennité ;

favoriser l’élaboration des stratégies de conservation et de gestion ainsi que la mise en place

d’une cellule spéciale permettant un contrôle en amont et en aval des activités de la filières

desdits produits ; garantir une application des accords internationaux, notamment la

convention sur la biodiversité citée précédemment.

Il apparaît au regard de ce décret, bien qu’il prévoie la révision en tant que de besoin

de la liste, deux observations :

-la première est relative au fait que la liste des produits ne comporte pas de

composante animale.

-le décret ne prend en compte et ne protège pas:

• les savoirs traditionnels sur ces produits c’est à dire les systèmes de gestion

locaux régissant l’usage, la récolte, la transformation et la conservation de ces

produits y compris la substitution des produits et la domestication des

ressources ;

• les besoins de subsistance des populations locales et l’influence des lois du

marché sur leur mode de vie, ainsi que les conflits possibles ;

• les cadres institutionnels traditionnels pour l’appui et la prise de décision, la

gestion des affaires, les systèmes de valeurs sociales

• les droits traditionnels d’accès aux ressources, régissant le droit de propriété,

son accès et son contrôle, ainsi que le partage des bénéfices potentiels dérivés

des activités génératrices de revenus.

2.3.5 Le Décret n°137 du 4 février 2009 Ce décret porte sur la mise en réserve de certaines espèces végétales à usage multiples

de la forêt gabonaise à savoir : l’Afo (Poga oleosa), Andok (Irvingia gabonensis), Douka

(Thieghemella africana), Moabi (Baillonnella toxisperma), Ozigo (Dacryodes buettneri). Ces

espèces sont interdites d’abattage, classées non exploitables et non commercialisables pour

une durée de vingt et cinq (25) ans. Cette démarche vise à protéger ces espèces qui subissent

une pression de nombreux exploitants.

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3. Approche méthodologique

3.1 Définitions

De par la diversité qu’ils présentent et du fait qu’ils englobent aussi bien les produits

ligneux que non ligneux, les PFNL sont difficiles à définir. De plus, avec le temps, certaines

définitions ont évoluées. Ainsi plusieurs termes et définitions sont utilisés dans la sous région

pour désigner les PFNL. La FAO (1992) définit les PFNL comme «l’ensemble des biens et

services pouvant être vendus, autoconsommés ou utilisés par l’industrie comme source de

matière première, et qui proviennent des ressources renouvelables et de la biomasse

forestière ».

Chabot (1997), définit les PFNL comme des biens et services commerciaux ou de

subsistance destinés à la consommation humaine et industrielle et provenant des ressources

renouvelables et de biomasse des forêts de la forêt. Elle poursuit en indiquant que ces PFNL

doivent favoriser l’accroissement des revenus réels et des emplois des ménages ruraux. Il peut

s’agir d’aliments d’origine végétale ou animale, de combustibles, de médicament des produits

issus d’animaux qui peuvent être utiles comme les plumes, les fourrures, le miel, la résine ou

encore le latex mais aussi de services de conservation et de loisir fournis par la terre.

Pour Tabuna (1997), ils constituent le plus souvent des produits tels que : pour les

végétaux, les écorces, les racines de bois, les tubercules, les bulbes, les feuilles, les fleurs, les

graines, les fruits, la sève, la résine, le miel, les champignons ; pour les animaux, la viande, la

peau, les os, les dents et bien d’autres. Ils sont souvent utilisés pour des raisons, alimentaire,

médicinale, de construction par les populations locales. Ils peuvent aussi être considérés

comme «toute ressource biologique, et tout service marchand, excepté toutes les formes de

bois d’œuvre, issus des forêts ou de tout autre écosystème ayant des fonctions similaires ».

Selon Tchatat (1999), les PFNL constituent l’ensemble des autres ressources forestières autres

que le bois d’œuvre dont l’exploitation ne nécessite pas d’investissement particulier et dont

l’usage ou la commercialisation profite directement aux riverains

Sur le plan de la législation des pays d’Afrique Centrale, les codes forestiers proposent

des termes différents pour désigner les PFNL. Le code forestier camerounais parle de

Produits spéciaux ou produits forestiers secondaires alors qu’en Guinée équatoriale il s’agit

bien de produits forestiers non ligneux (productos forestales non maderales). En République

centrafricaine, il s’agit de fruits et produits de la forêt naturelle tandis qu’en République

démocratique du Congo, on parle plutôt de PFNL. Au Congo, l’expression utilisée est

produits forestiers accessoires cependant, au Gabon on parle de produits forestiers autres que

le bois d’œuvre (PFAB).

En s’appuyant, sur ces différentes définitions, il ressort que, les PFNL sont des biens

et services, autres que le bois d’œuvre, tirés des ressources forestières renouvelables et qui

permettent aux populations de subvenir à leur besoins essentiels (alimentaires, santé,

construction, artisanat, socioculturels, etc) et dont la commercialisation profite prioritairement

aux communautés villageoises. Cette définition intègre les composantes animale, végétale et

mycologique de la forêt ainsi que les services qu’elle procure à l’Homme.

3.2 Méthode

La méthode utilisée pour conduire cette étude repose sur :

-une synthèse bibliographique de toute la littérature disponible sur les PFNL et sur tout

autre document se rapportant directement ou indirectement à la problématique des PFNL ;

-la consultation de personnes ressources, des administrations ;

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- des interviews réalisées sur les acteurs de la filière (récolteurs, transformateurs,

transporteurs, commerçants, consommateurs etc.) à partir de guide d’entretien dans la

périphérie de la capitale gabonaise, Libreville.

Dans le document qui va suivre, une description de la situation des PFNL au Gabon

est faite sur la base de la catégorisation suivante : (i) les PFNL d’origine végétale ; (ii) les

PFNL d’origine animale ; (iii) les PFNL d’origine fongique. Par la suite sera décrite la

commercialisation suivie de l’impact de la collecte de ces PFNL sur la ressource.

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4. Description des PFNL par catégories

4.1 Les PFNL d’origine végétale

Les PFNL d’origine végétale apparaissent plus nombreux tant la diversité floristique

au Gabon est très importante. La FAO (2001) dans une compilation statistique sur les PFNL

précise que, ces derniers jouent un rôle prépondérant dans la vie de la population car ils

fournissent des produits-clés, de substances et de revenus. Des exemples des PFNL sont les

denrées alimentaires, les plantes fourragères, les plantes médicinales, les exsudats et beaucoup

de services. Au Gabon, c’est Raponda et Sillans (1960) qui établissent le premier répertoire

des plantes utilisées par les populations pour différentes raisons qu’il s’agisse du domaine

alimentaire ou de la pharmacopée traditionnelle.

Etoughe Effe et al. (2002) ont réalisés une enquête sur les PFNL d’origine végétale sur

trois provinces l’Estuaire, le Haut Ogooué et le Woleu-Ntem. Au terme de cette enquête, ils

ont mis en évidences cinq produits phares : Garcinia kola (bois amer), Megaphrinium

macrostachyum (feuilles d’emballage ou de construction), Gnetum africanum (Nkumu),

Irvingia gabonensis (odika), Laccosperma sp. (Rotins). Cette étude a révélé également,

l’existence possible de filières relativement structurées autour des trois dernières espèces

citées.

Les utilisations des PFNL d’origine végétale sont multiples, le plus souvent, variables

d’une région à une autre. Sassen et Wan (2006) dans leur rapport sur l’étude relative à la

biodiversité et aux priorités locales des communautés vivant dans les environs du parc

national de l’Ivindo, précisent que certaines espèces sont particulièrement importantes pour

une communauté, surtout si elles présentent multiples usages telle que le Moabi, Baillonnella

toxisperma. Parfois, une espèce est unique pour un usage particulier. C'est-à-dire que pour cet

usage, seule cette espèce peut être utilisée. La plupart de ces espèces non remplaçables

appartiennent aux catégories médicinales et rituelles. Le Padouk, Pterocarpus soyauxii, pour

ces communautés, est l’espèce la plus importante en raison de son utilisation dans les rituels

de la circoncision. Dans le tableau, ci-dessous, établit par Sassen et Wan (2006), présentent

les 20 espèces d’intérêt majeur pour ces populations.

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Ces travaux conduisent à distinguer au sein de chaque communauté ou dans chaque

région des PFNL prioritaires c’est-à-dire, présentant un intérêt essentiel pour la population, et

que l’on pourrait distinguer en trois catégories :

(i) les PFNL destinés à l’alimentation ;

(ii) les PFNL destinés à la santé ;

(iii) les PFNL destinés à des services tels que la construction et l’artisanat.

4.1.1 Les PFNL végétaux alimentaires ou de consommation Dans cette catégorie, il s’agit des espèces qui procurent aux populations différents

produits destinés à leur consommation parmi lesquels on peut citer : les fruits ; les graines ;

les feuilles ; les tiges ; les tubercules ; les condiments, etc. Pour Christy et al. (2003) les

plantes alimentaires sont culturellement importantes en tant qu’élément des plats traditionnels

ou nutritionnellement comme sources de vitamines, de lipides (graisses et huiles), de

protéines et de minéraux. Il s’agit, pour la plus part de ces produits, de plantes dont l’apport

est essentiel à l’équilibre nutritionnel de l’alimentation des populations.

Selon la FAO (1999), les fruits sauvages sont essentiels pour un équilibre alimentaire

chez l’homme, surtout chez les enfants. Bourobou-Bourobou et al. (1995) donne un aperçu

sur l’importance des arbres fruitiers sauvages au Gabon à travers une description botanique de

plusieurs espèces d’arbres de forêt producteurs de fruits comestibles de la famille des

Anacardiaceae qui regorgent principalement des fruits sucrés, acides à acidulés tels que :

l’Amvout Trichoscypha acuminata ; T. abut ; Pseudospondias longifolia ; Onzabili

Antrocaryon klaineana ; Sorindea. D’autres fruits sucrés à oléagineux existent il s’agit des

Saffou avec Dacryodes edulis, D. macrophylla, D. buettneri.

Il convient de souligner que le Saffou est l’une des espèces très prisée par les

populations. Il s’agit d’un arbre de 10 à 20 m de hauteur qui se rencontre dans les vieilles

forêts mais également dans les jardins de case, les jachères et les sites des anciens villages.

Selon Bracke et al. (2008), l’attrait des populations pour les fruits de Saffou est lié au

caractère charnu du fruit, riche en acide gras, acides aminés, sels minéraux et vitamines. Il

peut être consommé grillé ou cuit dans de l’eau chaude. Les matières grasses qu’il contient

sont susceptibles d’être utilisées dans l’industrie agroalimentaire notamment en huilerie, en

pâtisserie ou encore en cosmétique.

D’autres fruits sont consommés, pour la plupart, sur les lieux même de récolte, c’est le

cas d’Aframomum spp. (Zingiberaceae), Myrianthus arboreus (Moraceae), Landolphia

owariensis (Apocynaceae), Cola acuminata (Sterculiaceae) et Coula edulis (Olacaceae). La

graine de ce dernier est très brisée par les populations.

Christy et al. (2003) précisent qu’il existe une diversité considérable de nourriture

d’origine végétale qui peut être regroupée en espèces produisant des substances oléagineuses

et des huiles végétales telles que : l’Andok Irvingia gabonensis ; l’Afo Poga oleosa ; l’Afane

Panda oleosa ; le Moabi Baillonnella toxisperma. Yembi (2002), dans le cadre de la FAO, a

réalisé une enquête préliminaire sur les produits forestiers non ligneux sur les marchés de

Libreville qui montre que les amandes de l’Andok sont disponibles toute l’année et qu’il

constitue le PFNL d’origine végétale le plus répandu dans les trois marchés étudiés.

L’andok est arbre de 35-40 m de haut avec un diamètre d’environs 70 cm en maturité.

Les feuilles, denses et luisantes, sont simples et alternes. Il est pourvu de grands contreforts

minces ave un tronc gris jaunâtre et écailleux. Le fruit charnu de couleur jaune en maturité,

héberge des graines aplaties. L’espèce est répandue dans le bassin du Congo du Cameroun en

angola. Au Gabon, l’espèce se repartit du nord au sud et de l’est à l’ouest principalement dans

des vieilles forêts secondaires et dans des anciennes plantations car le plus souvent laissée par

les populations lors des défrichements.

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Le fruit est comestible (peu prisé par les populations) alors que les graines, séchées et

écrasées servent à la fabrication d’une patte alimentaire. Généralement, lorsque les fruits sont

matures, ils tombent permettant ainsi, aussi bien aux populations environnantes mais

également aux animaux tels que les éléphants, potamochères de prélever et d’en consommer.

Les animaux vont consommer sur place essentiellement la composante charnue la chaire

jaune du fruit alors que les populations vont, pour certaines, consommer la chaire alors que

pour la majorité d’entre elles, les fruits seront ramassés et transportés au village. C’est de là

où naît une industrie artisanale qui va consister dans un premier temps à :

(i) casser le fruit pour extraire les graines ;

(ii) sécher les graines

(iii) broyer les graines afin d’obtenir une patte qui est stockée dans des pots pour

être solidifiée ;

(iv) consommer ou commercialiser par les populations sous la forme d’amande ou

de pain d’Odika. Les amandes d’Irvingia transformées en pain se conservent

pendant longtemps.

Toutefois, il convient de signaler que la disponibilité permanente sur les marchés de

l’Andok n’est pas seulement liée à la production locale mais également aux importations du

Cameroun et de la Guinée Equatoriale (Yembi, 2002).

On distingue également des espèces, signalées par Raponda Walker et Sillans (1960)

mais également par Yembi (2002) et Christy et al. (2003), utilisées comme condiments ou

épices telles que : Essesseng Ricinodendron heudelotii (graines), Divida Scorodophloeus

zenkeri (écorce), Ovita Afrostyrax lepidophyllus (graines et l’écorce). Yembi (2002) signale

qu’au Gabon, on a fréquemment recours aux graines de l’Ovita en substitution de l’ail alors

que les graines de l’Essesseng sont plus souvent utilisées comme condiment. Il précise en

outre que les expatriés africains particulièrement ceux provenant de l’Afrique de l’ouest,

utilisent Monodora myristica comme condiment alors que les gabonais l’attribuent des

propriétés medicinales.

Au titre des légumes deux espèces sont caractéristiques le Nkumu, qui regroupe deux

espèces Gnetum africanum et G. bulchhozianum et Begonia sp. Mais c’est le Nkumu qui

constitue le légume très prisé des populations gabonaises. En effet, les feuilles de l’espèce,

bien connue des populations, sont consommées par celle-ci. Les feuilles sont découpées

finement, par la suite, consommées après cuisson par les populations ou alors vendues sur les

marchés locaux. Il s’agit d’une espèce dont spectre de répartition large qui couvre toute

l’Afrique centrale allant de l’Angola au Cameroun en passant par les Congo, le Nigeria et la

Centrafrique. L’espèce qui est une liane souvent très longue à fruits rouge (arille rouge et

charnu) avec une graine blanche colonise les formations forêts primaires et secondaires. Au

Gabon, elle se rencontre quasiment dans tout le pays et particulièrement au sud, à l’ouest et au

nord est, dans les formations. Au sud est, l’espèce colonise les galeries forestières et les îlots

forestiers en savane, principalement dans les plateaux Batékés où les populations en raffolent.

Les PFNL alimentaires sont nombreux et très variés, certains sont bien connus et

inventoriés sur le plan systématique alors que une bonne majorité demeure inconnu par le plus

grand nombre. Leur utilisation peut varier d’une région à l’autre ou d’une communauté à une

autre. Tout comme pour une même espèce plusieurs usages sont enregistrés toujours selon le

type de communauté, la région ou même le pays.

4.1.2 Les PFNL destinés aux soins de santé des populations

Dans l’Afrique sub-saharienne, la médecine traditionnelle est restée depuis des siècles

le système de santé le plus accessible et le moins cher. Les plantes médicinales contribuent de

façon significative à la vie des populations surtout rurales et à l’équilibre social (PROTA,

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2008). Selon Yembi (2002), une très grande partie de la population de Libreville ne peut pas

se permettre d’acheter les produits pharmaceutiques d’importation en raison de leur prix trop

élevé. Les forêts gabonaises fournissent une gamme très variée de produits médicinaux qui

soulagent parfois de nombreuses familles dont les revenus ne leur permettent pas d’accéder

aux soins de santé et aux médicaments importés.

Les plantes médicinales sont utilisées par les populations pour soigner de nombreuses

maladies. Certaines d’entre elles ne sont pas exclusivement utilisées pour les soins médicaux

humains mais également appliquées en médecine vétérinaire, comme plantes toxiques

utilisées comme pesticide, poison de flèche ou de pêche, ou encore comme narcotique

(PROTA, 2008). Il apparaît que la plupart des espèces ont plusieurs usages et pour un pays

comme le Gabon qui est couvert à près de 85 % de forêt, la majorité des espèces rencontrées

dans les forêts gabonaises et utilisées par les populations présentent un intérêt pour la

pharmacopée traditionnelle. Selon PROTA (2008), environs deux tiers des espèces de plantes

utilisées en Afrique tropicale ont un usage médicinal documenté, mais le nombre actuel est

probablement plus élevé.

De nombreux travaux visant à répertoriés les espèces médicinales ont été réalisés au

Gabon d’abord par Raponda Walker et Sillans (1960) dans leur études sur les plantes utiles du

Gabon. Cet ouvrage dresse une liste non exhaustive de plantes utilisées en pharmacopée

traditionnelle et présente également les différentes recettes en fonction des pathologies

traitées. Cette étude va se poursuivre par une contribution aux études ethnobotaniques et

floristiques au Gabon, réalisée par l’Agence Coopération Culturelle et Technique (ACCT) en

1984 par des équipes internationales sur la conduite du professeur Adjanohoun, en

collaboration avec l’Institut de Pharmacopée et de Médecine traditionnelle (IPHAMETRA).

Par la suite, PROTA, dans ses publications sur les ressources végétales de l’Afrique

tropicale, va produire en 2008 un ouvrage consacré aux plantes médicinales. Dans ce dernier

ouvrage, 131 espèces importantes de plantes médicinales font l’objet de description complète

comprenant notamment, pour l’espèce étudiée : le nom botanique, l’origine et la répartition

géographique, les usages, les propriétés, la description botanique, l’écologie, etc. Plusieurs

espèces citées dans cet ouvrage de référence avaient déjà été signalées ou décrits comme

espèces médicinales au Gabon par de nombreux auteurs cités précédemment mais également

par d’autres tel que Nziengui (2006).

En effet, dans son enquête ethnobotanique dans la région forestière de Waka, au sud

du Gabon, auprès des populations Tsogo et Pygmées, Nziengui (2006) établit une liste de 65

espèces tirées de la forêt et utilisées par les populations dans le cadre de la pharmacopée

traditionnelle et dont les plus importantes sont : Rauvolfia vomitoria ; Pycnanthus angolensis

; Plagiostyles africana ; Annickia chlorantha ; Anthocleista vogelii ; Alchornea cordifolia ;

Erythrophleum ivorensis ; Adenia lobata ; Piper umbellatum ; Psychodria peduncularis ;

Monodora myristica ; Picralima nitida ; Lophira alata. Ces espèces sont administrées pour

soigner diverses pathologies notamment le paludisme, les maux de dents, les vers intestinaux.

Akagha et al. (1994) dans leur étude portant sur les plantes gabonaises utilisées en

médecine traditionnelle comme hépato protecteur, répertorient dix espèces : Annickia

Chloranta ; Ageratum conyzoides ; Bidens pilosa ; Cassia alata ; C. occidentalis ; Kalanchoe

crenata ; Ocimum gratissimum ; Solenostemon monostachys ; Sida acuta ; Lantana camara.

Selon Christy et al. (2003) un grand nombre de ces produits issus des plantes sont bien connus

et semblent être utilisés pour la même maladie dans tout le pays ou même à travers leur

répartition en Afrique, comme par exemple, «Cassia alata» des zones secondaires, pour

soigner les mycoses de la peau. Cette même assertion s’applique à Annickia chloranta qui est

utilisée pour soigner le paludisme, les ulcères, la bille, aussi bien dans les différentes régions

du Gabon mais également au Cameroun, en Guinée Equatoriale, au Congo.

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Dans ce registre, on peut aussi citer l’Endone Pausinystalia johimbe qui est une

Rubiaceae forestière qui se rencontre dans les forêts primaires du Bassin du Congo. Il s’agit

d’un arbre d’aspect rugueux sans exsudat pouvant atteindre 30 m de hauteur pour un diamètre

moyen de 25 cm. Cette espèce est bien connue des populations comme puissant

aphrodisiaque, stimulant, antihypnotique. L’espèce, au Gabon, est très marquée dans la région

de Gamba proche d’un site pétrolier appelé Rabi, d’où l’appellation Bois de Rabi. Elle est très

prisée des populations, est menacée en raison de l’écorçage pratiqué mais également à la

commercialisation qui est faite sur cette espèce. Garcinia kola tout comme l’Endone sont

réputés renfermer des effets stimulants et aphrodisiaques.

Il convient de préciser que l’écorce du Garcinia kola (bois amer) est utilisée quasiment

à l’échelle nationale comme additif au vin de palme. En fait, l’espèce est un arbre d’environs

20m de hauteur et de 10 à 15 cm de diamètre en maturité. Elle est caractérisée par son

écoulement jaune. Les fruits sont jaunes à rougeâtres avec un calice persistant, avec 2 à 4

graines. L’espèce colonise les vieilles forêts où elle est parfois classée comme émergeant en

raison de sa hauteur et son diamètre. Outre l’écorce qui est utilisé dans le vin de palme, les

graines quant à elles, sont commercialisées comme tonifiant. Cette double utilisation

compromet naturellement l’avenir de cette espèce qui est largement écorcée par les

populations.

D’autres produits constituent des secrets des guérisseurs et tradipraticiens bien

qu’abondamment cités comme des plantes médicinales, certaines sont en réalité des drogues

utilisés dans des pratiques mystiques ou fétichistes pouvant contribuer à soigner certaines

maladies telles que : écarter les mauvais esprits, soulager de la stérilité, etc. En fait, il s’agit

des plantes médico-magiques qui sont rarement communiquées aux profanes. Dans ce

registre, on peut noter l’Iboga Tabernathe iboga ou bois sacré. Il s’agit pour les populations

gabonaises d’une espèce mythique car l’iboga est utilisé lors des rites initiatiques du bwiti,

pratique culturelle répandue du nord au sud du pays. La plante est un arbuste de la famille des

Apocynaceae de 1 à 2 m mais pouvant atteindre plus de 5 m de haut surtout, sur la côte ouest,

dans la région de Gamba. Elle produit des fleurs jaunes-claires et des fruits jaune-orangés.

Selon Christy et al (2003), l’iboga est un stimulant et aussi un hallucinogène qui a été utilisé

aux Etats- Unis, dans les cures de désintoxication des consommateurs d’héroïnes. L’iboga, en

lui-même, n’entraîne pas, chimiquement, de dépendance.

4.1.3 Les PFNL destinés à des services tels que la construction et l’artisanat

Depuis très longtemps, les populations forestières ont toujours exploités tout ce que la

forêt pouvait offrir pour assurer les besoins essentiels. Raponda Walker et Sillans (1960) dans

leur ouvrage sur les plantes utiles du Gaon indiquent que: ce n’est pas se répéter que de faire

ressortir ici avec quelle ingéniosité les noirs du Gabon tirent partie de tout ce que le monde

végétal met à leur disposition. Chaque partie du végétal, chaque produit et même chaque

sous-produit trouve son emploi dans les besoins de chaque jour.

De nombreux PFNL sont utilisés par les populations pour procurer différents services

utiles à l’homme. Dans ce registre on peut noter :

(i) l’artisanat et la vannerie ;

(ii) l’emballage d’aliments ;

(iii) la construction des cases et d’autres structures de soutien.

4.1.3.1 L’artisanat et vannerie

Le produit le plus connu des gabonais dans l’artisanat est le Rotin. Ce produit

regroupe principalement deux espèces de lianes épineuses, Laccosperma secundiflorum et

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Eremospatha macrocarpa qui appartiennent toutes à la famille des Palmae. Il s’agit d’espèces

forestières rencontrées dans toutes les régions du Gabon. Elles sont bien connues des

populations de Poubara dans la région du Haut Ogooué et de Mimongo dans la province de la

Ngounié où elles sont utilisées comme supports ou câbles de passage pour les ponts en lianes.

Le rotin a plusieurs domaines d’usages certaines communautés l’utilisent dans la fabrication

des paniers, des nasses servant à la pêche, etc. Selon Yembi (2000), l’espèce Eremospatha

macrocarpa est beaucoup plus utilisée dans la fabrication de panier alors que Laccosperma

secundiflorum est très utilisé dans la fabrication de meubles.

Dans les grands centres urbains, le rotin constitue une véritable activité commerciale.

Les réseaux d’approvisionnement des cannes de rotin sont mieux structurés avec à la base des

hommes qui récoltent de grandes quantités de matériau brut dans les forêts autours de

Libreville pour être vendu auprès de nombreux fabricants de meubles en rotin. Les rotins sont

souvent commercialement dénommés «lianes» ou «bambous». De petites quantités de vrais

bambous sont cependant également utilisées par les fabricants de meubles. Les vrais

bambous, en revanche, ne sont pas des lianes et n’appartiennent pas à la famille des Palmae

mais plutôt des «Gramineae» aux tiges lignifiées (Christy et al., 2003).

Selon Yembi (2000), ce sont surtout des ressortissants africains (généralement

originaires du Niger, de Guinée Equatoriale ou du Cameroun) qui sont propriétaires des

ateliers de fabrication de meubles à base de rotin qui recrutent des jeunes gabonais. Outre

l’exploitation des tiges, le bourgeon terminal est aussi largement récolté et consommé, surtout

au sud ouest du pays sous l’appellation de cœur de palmier ou asperge.

Une autre espèce de Palmae très connue des populations car utilisée dans des

cérémonies rituelles mais également à l’occasion des fêtes, c’est le Raphia. Ce produit très

connu dans la région du sud-est comprend plusieurs espèces dont les plus exploitées sont :

Raphia hookeri et R. regalis. Le raphia est tissé par les populations avant d’être vendus à des

artisans ou des couturiers qui l’expose à l’occasion des foires culturelles ou des défilés de

mode. L’exploitation commerciale du Raphia semble être très lucratif dans l’habillement car

de nombreux vêtements sont fabriqués à partir du Raphia.

D’autres produits sont utilisés par les artisans pour la fabrication des sculptures, des

masques, et d’autres objets de décoration, c’est le cas de l’Ebène du Gabon avec Diospyros

gabunensis ; D. dendo, etc. ; des pirogues Canarium schweinfurthii, Aukoumea klaineana.

Des colorants sont aussi extraient de certaines espèces telles que le Padouk Pterocarpus

soyauxii, le Niove Staudtia gabonensis dont l’exsudat est rouge ; Annickia chlorantha qui

possède une tranche et un aubier jaune.

4.1.3.2 Emballages

Dans ce registre c’est principalement la famille des Marantaceae qui regorge les

espèces utilisées par les populations pour les emballages diverses parmi lesquels, l’emballage

du bâton de manioc. C’est essentiellement, les espèces Megaphrynium macrostachyum, M.

gabonense et Ataenidia conferta qui sont utilisées.

En effet, le manioc pilé est enveloppé dans les feuilles de l’une ou l’autre de ces

espèces avant d’être cuit. L’enveloppe devenue d’un vert terne, protège ainsi le bâton de

manioc jusqu’au marche et au consommateur. C’est un des rares matériaux d’emballage qui

résiste à la chaleur de cuisson et qui soit biodégradable, c’est pourquoi, les populations

Pygmées mais et d’autre communautés forestières utilisent ces Marantaceae pour la cuisson

de bien d’autres aliments (poisons, viande, etc) et même pour consommer de l’eau de rivière.

Selon Yembi (2000), suite à la demande croissante de manioc, l’exploitation des

feuilles de Marantaceae, a elle aussi augmentée. Les feuilles donnent un goût particulier à

certains aliments et pour cette raison elles sont préférées aux feuilles de bananier. Il convient

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de préciser que de nombreux produits sont extraits des feuilles et qui servent à la production

de ficelles nécessaires à l’emballage des bâtons de manioc, à l’installation de pièges de

chasses ou de pêche.

4.1.3.3 Construction de case

De nombreux PFNL sont utilisés par les populations dans la construction de cases. Ces

matériaux tirés de plusieurs essences telles que l’Okala Xylopia aethiopica, dont l’écorce est

utilisée pour la construction des murs des cases des villages alors que le rachis des raphias sert

à faire des panneaux pour recouvrir les toitures de paille. Aframomum giganteum, par ses

feuilles, sert aussi à recouvrir les toitures.

4.1.3.4 Bois de feu et charbon

L’okala est une espèce pionnière des forêts secondaires très apprécié des populations

en raison de sa capacité à brûler rapidement même non sec. Le charbon très demandé par les

grands centres urbain provient des rebus de bois de scieries mais également des bois issus des

forêts environnantes et dont la croissance est rapide. Sur le littoral, les pécheurs utilisent les

bois de mangrove (Rhizophora racemosa et Avicennia nitida) pour fumer le poisson (Yembi,

2000). La résine d’okoumé, Aucoumea klaineana, est très inflammable et par conséquent très

utilisée par les communautés villageoises pour éclairer les villages.

4.1.4 Autres PFNL d’origine végétal 4.1.4.1 Le vin de palme et de raphia

Le vin de palme est l’une des boissons appréciée des populations gabonaises qui les

rassemble au sortir du travail ou les week-ends dans des marchés spécifiques, le plus souvent

en bordure de route ou dans des grands carrefours des quartiers sous intégrés des grands

centre urbains.

Ce produit est extrait du palmier à huile Elaeis guineensis de deux manières, après

abattage du palmier ou alors sur pied. C’est le premier cas qui est plus exploité en raison de la

facilité de l’exercice après à l’abattage alors que sur pied, l’exploitant est amené à monter sur

le palmier qui peut atteindre parfois 15 m de haut. Dans ce cas, l’exercice présente beaucoup

plus de risque et des accidents sont souvent signalés. Cependant, en terme de préférence, les

consommateurs préfèrent le vin de palme extrait des palmiers sur pied. Selon Yembi (200), un

arbre adulte peut produire jusqu’à 4 litres durant les quatre premiers jours d’exploitation, cette

quantité baisse avec le temps. La durée moyenne d’extraction est de trois semaines.

Cette activité, dans les grands centres urbains, donne lieue à une véritable filière

commerciale qui génère des revenus relativement importants aux populations impliquée dans

cette activité qui est structurée de la manière suivante :

(i) des propriétaires des palmiers ;

(ii) des spécialistes de l’extraction ;

(iii) les vendeurs de l’additif Garcinia kola

(iv) des acheteurs grossistes selon les cas

(iv) les revendeurs ;

(v) les transporteurs.

Le vin de raphia, lui aussi, très prisé par les populations, est une activité exercée

surtout dans les régions du sud est et du sud du pays.

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4.1.4.2 Le miel

Le miel est l’un des produits forestiers non ligneux (PFNL) le plus prisé par les

populations gabonaises. Il s’agit d’un produit de cueillette prélevé directement de la forêt par

les populations. Le produit est exploité pour différents usages allant de la consommation

comme aliment à l’utilisation dans la pharmacopée traditionnelle et même dans certaines

pratiques médico-fétichistes. Les populations distinguent deux types de miel : le miel de

savane et le miel de forêt. Ce miel, directement prélevé, des forêts est très prisé par les

populations au point d’en faire une activité commerciale. Au sud du Gabon dans la région de

Ikobé, les Pygmées utilisent ce miel pour fabriquer une boisson alcoolisée appelée vin de

miel. Cette boisson est aussi bien connue des populations du sud-est du pays.

4.1.4.3 Les résines

La résine d’okoumé a fait l’objet d’études à l’Institut de Pharmacopée et de Médecine

Traditionnelle (IPHAMETRA) en partenariat avec une ONG internationale Pro-Natura. Cette

étude a consisté à prélever des quantités relativement importantes de résine d’okoumé dans la

région d’Ikobé dans le massif du Chaillu. Cette résine était, par la suite envoyer, dans des

laboratoires des grandes firmes cosmétiques afin de tester les possibilités de développement

d’une filière. Ce test a permis de mettre en évidence le fait que la résine d’okoumé pouvait

être utilisé dans les cosmétiques et les parfumeries, et a permis de générer des bénéfices de

plus de 100000 euros.

Aujourd’hui, la plus importante application des matières résineuses est la fabrication

des vernis. La récolte et la commercialisation des résines est un marché très spécifique, car

elles sont essentiellement constituées des résines d’Aucoumea klaineana et de Canarium

schweinfuthii qui sont vendues sous forme de torches simples ou mixtes. Ces torches

consistent à écraser les résines et à les envelopper par des écorces d’Okala (Xylopia

aethiopica). Le circuit de récolte appartient aux gabonais qui en général travaillent dans les

chantiers forestiers. Les résines sont vendues brutes ou sous forme de torche. A Libreville, il

existe deux marchés importants celui d’Okala avec deux revendeurs et celui de Mont Bouet.

Le prix minimal d’une torche est de 1500 FCFA le kilo et le prix le plus élevé est de 9000

FCFA (environ 5 à 6 kilos). Toutefois, la demande reste peu importante, ainsi, les torches

peuvent rester plusieurs mois sur les étalages (Ngandji, 1995).

4.2 Les PFNL d’origine animale

Les PFNL d’origine animale se compose principalement de la viande de brousse

(mammifères, oiseaux, reptiles) ; des poissons d’eau douce et des insectes (chenilles et larves

de coléoptères). Cependant les préférences alimentaires varient en fonction de la disponibilité

de la ressource, du type de population, de la nature de l’écosystème et des préférences

alimentaires.

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Espèces d’animaux de la forêt les plus exploitées (Sassen et Wan 2006)

Sassen et Wan (2006) dans leur rapport sur l’étude relative à la biodiversité et aux

priorités locales des communautés vivant dans les environs du parc national de l’Ivindo,

établissent une liste de 20 espèces d’animaux de forêt les plus important pour les villageois

(tableau ci-dessus).

4.2.1 Les PFNL animaux alimentaires

4.2.1.1 Le gibier ou viande de brousse

La chasse au gibier a toujours été une source de protéines pour la population rurale au

Gabon, qui ne possède pas de tradition d’élevage. La concentration urbaine et l’engouement

pour la « viande de brousse », ont fait que le gibier est devenu un produit de luxe, pour lequel

un commerce à grande échelle s’est développé. Selon une étude citée par Christy et al (2003),

un minimum de 17400 tonnes, de viande de gibier, étaient consommées dans l’ensemble du

pays en 1993. Ce chiffre représentait 1,8 fois la production et l’importation combinées de

viande de bœuf en 1992. La valeur de la viande de gibier parvenant, d’une manière traçable,

dans les hôtels et sur les marchés officiels de Libreville a été estimé à 400 millions de francs

CFA Christy et al (2003).

Kawouga Sully Thydea (2008) a montré que dans le regroupement des villages de

Nzé-Vatican dans la région de l’Ogooé Ivindo que bien que de nombreuses activités soient

effectuées par les villageois, la chasse est pratiquée intensément dans le village puisqu’elle

constitue la principale source d’alimentation en protéines et de revenus. Même certaines

espèces partiellement (Potamochère et Céphalophe) ou intégralement (Chevrotain aquatique,

Panthère et Vipères) protégées au Gabon sont abattues pendant la chasse.

Le tableau ci-dessous présente les prix de la viande de brousse pratiquée entre Biliba

dans un chantier forestier et Booué une ville distante d’une centaine de kilomètre

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Prix de la viande par espèces (Gally, 2000)

La demande en viande de brousse a pour conséquence un accroissement de

l’exploitation illégale de la viande brousse. Selon Steel (1994), la demande en gibier au

Gabon constitue la plus forte consommation mondiale de par tête d’habitant :

Zone Population Consommation

kg/an/habitant

(Source :

PNAE)

Consommation

moyen t/an

Coût moyen

1993 du kg de

gibier (F CFA de

1993)

Valeur

commerciale

Milliards de F

CFA 1993

Rurale 250.000 32 8.000 545 4,35

Urbaine 800.000 17,2 13.760 1.050 14,45

Total 1.050.000 - 21.760 - 18,8

Estimation du volume total de la consommation de gibier et du chiffre d’affaires de la

filière Prix au kg 1993 : calculs selon les chiffres de Steel (1994)

Pour parvenir a obtenir ces différents gibiers, les populations ont recourt

principalement à trois modes de chasse : (i) la chasse au fusil ; la chasse au filet ; (iii) la

chasse par piégeage.

Dans le cadre de la gestion communautaire au Gabon, Moussopo Ibessa (2007) a

révélé lors d’une enquête effectuée sur 464 personnes du village d’Abanga II, situé dans la

province du Moyen Ogooué, que la chasse était l’activité principale de ces populations. Dans

cette étude, il fait remarquer que cette activité avais pris une allure inquiétante par rapport à ce

qui se faisait traditionnellement où l’on utilisait les pièges tant l’appétit pour d’un important

revenu monétaire est devenu plus grand. Cette situation est liée à l’introduction du fusil dans

la chasse. Il précise, par ailleurs, que dans ce village, la seule activité rémunératrice demeure

la vente de produits de chasse et de pêche. Les potamochères, les chevrotains aquatiques et les

grands singes représentent 64% des prises. Tous les mois une centaine d’animaux sont abattus

et vendus principalement aux passagers des trains.

Lahm (1996), dans son étude sur la chasse dans la région de l’Ogooué Ivindo, rapporte

que sur 254 animaux capturés par les chasseurs et les piégeurs, le groupe des Antiodactyles

(Cephalophus collipygus ; Cephalophus dorsalis ; Cephalophus leucogaster ; Cephalophus

mouticola ; Cephalophus nigrifrans ; Hyemoschus aquaticus ; Potamochoerus percus ;

Tragelaphus spekei) subit la plus forte pression de chasse avec près de 57,5 % suivi des

primates avec (18,5 %).

Dans une étude sur l’impact de la chasse sur trois sites caractéristiques du chantier

forestier SHM à Biliba, Gally (2000) a établit une liste des espèces capturées qui montre

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clairement une préférence de cette population pour le Cephalophus callipygus et Arterusrus

africanus avec respectivement 28 et 24 individus (voir tableau ci-dessous).

Source : Gally (2000)

Kedzie (2004), dans une étude sur la commercialisation de la viande de brousse, établit

que parmi les espèces recensées, le Céphalophe bleu (Cephalophus monticola) reste l’espèce

la plus commercialisée avec 495 individus recensés, suivi du Porc-épic (Atherurus africanus)

avec 273 gibiers recensés. De toutes ces espèces recensées, environ 14 espèces ont un statut

de protection intégrale ou partielle. Ibala (2007), dans une étude sur la chasse autour de six

concessions forestières (BORDAMUR, FOREEX, SOFAC, STIBG, TTIB et Toujours Vert)

de la vallée de l’Okano, au nord du pays, établit que les espèces les plus prélevées sont

respectivement le Céphalophe bleu, Céphalophe à bande dorsale noire, de l’Atherure africain,

du Potamochère, du Céphalophe à ventre blanc, du Pangolin nain, du Mandrill puis vient le

Cercopithèque hocheur à nez blanc.

Lors des missions anti-braconnages effectuées par les Agents de la Direction de la

Faune et de la Chasse, citées par Okouyi Okouyi (1999), sur les sites de Libreville,

Tchibanga, Booué et Gamba, il est apparu que les espèces les plus chassées sont

respectivement : les Atherures (porcs-épics) ; les Céphalophes bleus (gazelles) ; autres

Céphalophes ; les Cercopithèques et les potamochères.

4.2.1.2 Les poissons d’eau douce

La pêche est une activité importante chez les populations car elle contribue à enrichir

l’offre alimentaire. La pêche est une activité le plus souvent dédiée aux femmes qui utilisent

des nasses, des corbeilles et parfois des filets. Les produits issus de la pêche dans les eaux

douces sont très variés car ils comportent des poissons, des crabes et des crevettes. Les

espèces prélevées peuvent varier d’une région à une autre et surtout d’une rivière à une autre.

Selon Mazzocchetti (2005), dans un étude sur l’utilisations et représentations de la faune

sauvage chez les Bakota de la région de Makokou, les poissons les plus pêchés sont : le

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Machoiron (Chrysichthys), le Capitaine (Barbus compinei), le Yara (Schilbe grenfelli), le

grand Silure (Clarias jaensis), le silure char (Clarias buthupogon), le poisson-chat

(Parauchenoglanis punctatus), le Brochet (Hepsetus odoe) et la Carpe (Tilapia tholloni).

En ce qui concerne les crevettes d’eau douce (Macrobranchium vollenhovenii), l’étude

menée par Sassa-Mboungui (2008) a révélée l’existence d’une filière crevette, à Kango, non

loin de Libreville, principalement constituée de femmes dont l’age varie entre 25 et 55 ans.

Ces dernières utilisent le plus souvent un circuit composé de pécheurs, de mareyeuses, de

commerçants et de consommateurs, dans lequel les mareyeuses, ne vendent leur marchandise

qu’à Libreville pour des profils plus importants. Cette pratique reste traditionnelle utilisant

des nasses avec filets et se fait durant les marées basses. Pendant la basse saison, les

prélèvements journaliers peuvent atteindre 1 à 2 kg alors qu’en forte saison ils peuvent

atteindre les 4 à 5 kg. Les revenus moyens pour les pêcheurs sont de l’ordre de 300 000CFA

pour 6 jours /semaine avec 4 à 6Kg/jour en raison de 2500 à 3000 f cfa le kilogramme.

4.2.1.3 Les oiseaux

Les oiseaux sont très peu consommés par les populations, cependant les chauves

souris et les écureuils sont très prisés localement surtout dans les régions de l’Ogooué Ivindo.

Le perroquet gris du Gabon, très prisé des collectionneurs, est un produit forestier qui fait

l’objet d’une commercialisation et même de filières informelles auraient pu accroître les

revenus des populations.

4.2.1.4 Les reptiles

Les reptiles sont relativement peu consommés par les populations mais quelqu’uns,

rencontrés dans de nombreux cours d’eau et rivière du pays sont prisés par la population il

s’agit notamment : Varanus niloticus (Varan) ; Crocodilus cataphractus et C. niloticus ;

Python sebae (Python).

4.2.2 Les PFNL animaux utilisés dans la pharmacopée traditionnelle

La chasse à la viande de brousse dans les forêts est principalement destinée à la

consommation mais depuis très longtemps, elle a aussi servi à la pharmacopée traditionnelle

pour soigner diverses pathologies notamment physiques ou psychosomatiques.

Source: Mazzocchetti (2005),

Selon Mazzocchetti (2005), il existe, chez les Bakota, de nombreuses maladies

psychologiques comme la paranoïa, la schizophrénie, la dépression, etc qui peuvent être

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traitées par les guérisseurs. Dans le tableau ci-dessus, il répertorie les animaux utilisés dans

les soins des maladies psychosomatiques.

Animaux utilisés dans les soins de maladies (tiré Mazzocchetti, 2005)

L’offre de soins à partir des PFNL animaux est diverse même si la pharmacopée

traditionnelle reste majoritairement dominée par l’utilisation des plantes, il n’en demeure pas

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moins que de nombreux tradipraticiens, utilisent les animaux pour guérir différentes

pathologies notamment : les hémorroïdes ; les douleurs musculaires ; les rhumatismes etc. Dans la plupart des cas, selon Mazzocchetti (2005), la partie de l’animal utilisée par

les guérisseurs traditionnels est plus souvent brûlée et ce sont les cendres recueillies qui sont

associées à des plantes et des huiles pour obtenir une décoction qui est par la suite appliquée

au patient. Le tableau ci-dessous réalisé par Mazzocchetti (2005), liste plusieurs espèces

utilisées dans la pharmacopée traditionnelle par les populations Ikota, Mahongwé et Samaye. Il note cependant que beaucoup de ces recettes médicinales ne sont plus utilisées et que les

savoirs ne sont pas partagés par l’ensemble des membres des diverses communautés.

Toutefois, de nombreux carnivores sont utilisés à travers le pays dans les médicaments de

protections et pour les soins contre les mauvais sort. La panthère reste l’espèce la plus utilisée

dans le pays.

En revanche, selon Mazzocchetti (2005), chez les Bakota, au nord ouest du Gabon, la

Panthère reste assez peu utilisés et ce sont la Genette et la Civette qui sont utilisées dans la

protection et la lutte contre les mauvais sort. Le tableau ci-dessous présente les principaux

animaux utilisés dans les sortilèges et les protections.

Animaux utilisés dans les sortilèges et les protections (tiré de Mazzocchetti, 2005)

4.2.3 Les PFNL animaux utilisés dans l’artisanat De nombreux animaux sont utilisés par les populations dans le cadre de l’artisanat et

qui peuvent parfois rapportés des revenus non négligeables. Dans ce registre on note que ce

sont principalement les peaux d’animaux qui sont prisés car elles servent à la fabrication de

chaises traditionnelles, des tam-tams, des sacs et chaussures mais également dans

l’habillement. En ce qui concerne la bijouterie, ce sont principalement les dents qui sont

utilisées.

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Selon Mazzocchetti (2005), l’utilisation des animaux dans l’artisanat Bakota est basée

principalement sur l’exploitation des peaux d’animaux. Cette communauté, autrefois,

fabriquait des ceintures en peaux de l’outre, des soufflets en peaux de Chat doré pour la forge

etc. Les peaux fines sont surtout utilisées pour la fabrication des chaises ou pour la décoration

des murs de maisons : Civette, Panthère, Nandinie, Bongo etc.

Il s’agit en fait d’une exploitation secondaire, car généralement la chasse à ce type

d’animaux est principalement destinée à la consommation des ménages. Le tableau ci-

dessous, tiré de Mazzocchetti (2005), présente quelques animaux utilisés dans l’artisanat chez

les Bakota. Mais chez d’autres communautés gabonaises, ce type d’utilisation est aussi

observé.

4.3 Les PFNL d’origine fongique Les PFNL d’origine fongique sont très nombreux et ils sont utilisés principalement au

niveau alimentaire par les populations. Cependant il existe de nombreux champignons utilisés

en pharmacopée traditionnelle. Il convient de signaler que bibliographie sur les champignons

au Gabon est très pauvre. Toutefois, la thèse de doctorat soutenu récemment par un jeune

chercheur gabonais sur la systématique et la taxonomie des champignons comestibles du

Gabon va permettre de valoriser cette discipline.

4.3.1 Les PFNL fongiques alimentaires Les PFNL d’origine fongique, avec ses multiples espèces comestibles, constituent

dans bien des sociétés une nourriture succulente, un produit prestigieux avec des recettes

propres à chaque région. Une enquête ethnomycologique réalisée au nord du Gabon a permis

de dresser une liste de trente-neuf taxons de champignons consommés par les Pygmées

Bakoya, Baka et leurs cohabitants Bantu (Eyi, 2010). Parmi ces champignons, il a dénombré

presque autant de saprophytes que d’ectomycorhiziens.

Les espèces les plus courantes appartiennent au genre Cantharellus, qui présente la

plus grande diversité au Gabon, suivi des genres Termitomyces et Lentinus. Cependant, les

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espèces les plus appréciées appartiennent au genre Termitomyces. Des spécificités liées à la

végétation environnante et à la transmission des savoirs influencent évidemment le nombre

d'espèces consommées mais, en général, une espèce comestible répandue dans plusieurs

régions est unanimement appréciée (Eyi, 2010). Les espèces les plus consommées et qui se

rencontrent un peu partout au Gabon sont les suivantes : Cantharellus luteopunctatus,

Cantharellus rufopunctatus, Termitomyces striatus, Termitomyces microcarpus et Lentinus

brunneofloccosus.

Il convient de préciser que au sud du Gabon dans la région de la Ngounié, Le

champignon de plaine est récolté dans les plaines de Mouila, Ndéndé, Lébamba, à la

satisfaction de nombreuses familles démunies qui y tirent des revenus, ainsi que des

restaurateurs qui en ont fait leur menu principal. Les consommateurs en raffolent et ne

demandent que ces champignons en cette période.

Termitomyces striatus (Eyi, 2010) Termitomyces microcarpus (Eyi, 2010)

Pour les personnes qui cueillent ces champignons, la récolte est souvent fructueuse

lorsque qu’il y a eu une fine pluie dans la nuit. Aussi, de grandes quantités de champignons

poussent sur les plaines qui ont été bien brûlées pendant la grande saison sèche. Parmi les

chercheurs de champignons, on retrouve en grande partie les jeunes adolescents qui, après la

vente, se rendent dans des boutiques pour compléter leurs fournitures et leur garde robes pour

s’assurer une année scolaire réussie. Cette cueillette offre ainsi une opportunité aux familles

démunies pour qui l’arrivée du champignon est une véritable aubaine.

4.3.2 Les PFNL fongiques utilisés en pharmacopée traditionnelle Il existe de nombreux champignons utilisés en pharmacopée traditionnelle sauf que ce

sont essentiellement les Pygmées qui sont dépositaires de ce savoir. Cependant, il existe

quelques champignons signalés par Walker et Sillans (1961) qui sont d’intérêt médicinal et

appartenant au genres Daldinia et Pycnoporus.

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5. Commercialisation des PFNL au Gabon

La commercialisation des PFNL est une activité rémunératrice de revenus bien que

majoritairement exercée dans l’informelle. Ils assurent aux populations rurales, les conditions

de subsistance et améliorent leur cadre de vie en apportant des revenus significatifs aux

ménages (Nguimbi, 2002). Avec les difficultés économiques croissantes de ces populations,

les politiques d'ajustement structurels imposées par les institutions internationales, et la crise

dans la commercialisation des produits agricoles tels que le cacao ou le café, le niveau de

dépendance vis-à-vis des PFNL a augmenté considérablement. Il n’existe aujourd’hui aucune

structure capable de fournir des données statistiques fiables liées à la commercialisation des

PFNL bien que pour certains produits comme le Rotin, l’Andok, le Gnetum, il existe une

certaine organisation qui, le plus souvent, comprend : les collecteurs, les détaillants et les

consommateurs.

5.1 Commercialisations de quelques PFNL principaux au Gabon

Le tableau ci-dessous, tirée de Profizi (2000), présente une vue d’ensemble du secteur

PFNL qui met en parallèle deux types d’aménagements (traditionnel et moderne) et deux

types de stratégie (subsistance et commerciale).

Stratégie de subsistance Stratégie de commerciale

Aménagement de type "traditionnel" Aménagement de type "moderne"

Décideurs (entreprise)

Individus, communautés

Récolte Récolte effectuée par des employés

Consommation personnelle Surplus Marchés intermédiaires

(accumulation de volume)

Négociant intermédiaires

Marché au détail

Consommateurs urbains

Retombées socio-économiques Retombées socio-économiques

Les revenus en espèces dépendent Les revenus sont faibles sauf pour

des surplus occasionnels, les chefs d'entreprise et les

Les PFNL sont essentiels pour la survie du

ménage,

décideurs,

L'ajustement des taux d'exploitation est Les PFNL ne sont pas essentiels

important et immédiat. pour la subsistance de l'exploitant,

L'exploitation est ajustée selon la

disponibilité des ressources

Espèces exploitées Espèces exploitées

La majorité des PFNL connus. Seules les espèces "commerciales"

de PFNL (le rotin, Garcinia,

les feuilles pour emballage, …)

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Il ressort que le système d’aménagement traditionnel est lié aux stratégies de survie

des individus, il se caractérise par des méthodes de récoltes itinérantes et diffuses entraînant

un faible impact sur l’environnement et un échange commercial réduit à des personnes

étrangères. Par contre, l’aménagement moderne des ressources forestières se distingue par des

méthodes de récoltes et d’exploitation intensives et la distribution des produits à travers des

circuits commerciaux bien organisés. Les revenus engrangés sont inégalement répartis et peu

contrôlés par l’état et en raison d’une recherche de revenus maximum, les méthodes

destructrices sont le plus souvent pratiquées.

Selon Ndoye (1995) et repris par Chabot (1997) lors d’une étude effectuée au Gabon,

Il existe trois types de marchés potentiels pour les PFNL: 1) les marchés internationaux

sources de devises étrangères pour les pays exportateurs; 2) les marchés régionaux soutenus

par des interactions commerciales non seulement entre pays africains de sous régions

différentes mais surtout entre pays de la même sous région (l’Afrique Centrale pour l’étude

présente); 3) les marchés locaux où de nombreux PFNL sont disponibles sur les lieux de

ventes en zone rurale ou en ville.

5.1.1 Le commerce de Gnetum

Le commerce du Gnetum au Gabon, peut se subdiviser en deux : le commerce de

subsistance rurale où le collecteur est à la fois le détaillant qui vend directement les feuilles de

Gnetum en des petits tas sur les étales des marchés sous la forme découpée finement ou alors

entièrement. Dans le deuxième cas, il s’agit d’une véritable organisation qui collecte les

produits pour les revendre dans les grands centres urbains. Les collecteurs sont à la base de la

chaîne car ils procèdent à la première opération de commercialisation des produits collectés

sous deux formes :

-la forme découpée en lamelles fines, les collecteurs vendent à des commerçants qui, à

leurs tour, les revendre à des détaillants

-la forme non découpée, les collecteurs vendent à des grossistes qui vont par la suite

les revendre à des détaillants.

Selon Ampele (2002), les commerçants ne pouvant pas découper les feuilles en fines

lamelles les vendent en paquet de 200g à des détaillants qui sont essentiellement des femmes.

Les détaillants jouent un rôle important dans la vente des feuilles de Gnetum car ils sont en

contact avec les consommateurs à qui ils vendent les feuilles découpées et donc prêtes à

l’utilisation. A Libreville c’est surtout les marchés d’Akébé Poto et d’Akébé pleine qui sont

spécialisés dans la vente de feuilles Gnetum. Un paquet de feuilles entière de Gnetum est

vendu à 200 Fcfa alors que découpées en fines lanières produisent 4 tas de 100 fcfa chacun.

Ainsi la valeur ajoutée générée par la transformation est de 200 fcfa.

5.1.2 Le commerce des Rotin

La filière Rotin met en relation plusieurs acteurs, des récolteurs de cannes, des

revendeurs, des artisans qui assurent la transformation et les consommateurs qui achètent les

produits finis. Certains récolteurs peuvent jouer plusieurs autres rôles dans la filière. Parmi les

quatre espèces de rotin utilisées, les deux plus commercialisées sont du genre de

Laccosperma, résistant et de gros diamètre adapté à la fabrication des meubles. Les autres

plus fins et moins flexible servent aux travaux de lianage, vannerie et de tissage. Ils sont tous

répartis dans l’ensemble du territoire. Après exploitation, des fagots de 10, 14, 17 cannes sont

constituées.

Les prix varient en fonction de la distance entre les sites de récolte et le lieu

d’écoulement des produits, de l’état de la route pratiquée et le nombre élevé des contrôles

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policiers qui taxent arbitrairement ces produits et dont les taxes échappent à l’Etat. Le fagot

de 10 cannes est vendu par les récolteurs à 3000f CFA, par les grossistes à 4000f CFA et

l’unité est à 400f CFA La transformation de rotin en meubles (salons, des salles à manger, des

meubles de séjour et immobilier de jardin, commodes etc.) est urbaine et c’est la plus

intensive, la plus élaborée dans la valorisation du rotin. Le prix du meuble après

transformation est fonction du type d’ouvrage réalisé. Il est souvent lié au prix du fagot de

rotin, au nombre de canne contenus dans le fagot rapporté au nombre de canne utilisé par

ouvrage. Par exemple le prix d’un salon en rotin simple coûte 106 090f CFA à la fabrication

et vendu 250 000f CFA soit un bénéfice de 143 910f CFA En général, deux exemplaires de ce

salon sont vendus par mois, sur l’année le bénéfice est de 3 453 840f CFA Cela n’est pas

négligeable étant donné le caractère informel du commerce. Le nombre d’ouvriers par atelier

varie selon le volume du travail et la situation du marché. Très souvent les ateliers d’artisans

de rotins à Libreville fonctionnent avec le chef d’ateliers et deux à six ouvriers. Une place de

choix est réservée à l’ameublement du rotin au Gabon. D’où la prolifération de nombreux

ateliers mais la marge bénéficiaire reste élevée dans les grandes villes comme Libreville,

Franceville et Oyem dont le potentiel économique est plus grand que dans les petites villes.

Cette activité est aussi bien génératrice de biens que pourvoyeuse d’emplois bien que le

secteur reste informel (Mombo, 2007).

La quasi-totalité des acteurs de la filière sont des expatriés. Une taxe exigée par la

mairie de Libreville et une autre par le Ministère du commerce varie de 1000 à 50 000f CFA

et peut être récoltée à tout moment. Cette taxe ne semble pas regagner les caisses du trésor

public après son prélèvement. Le commerce est essentiellement local. L’auteur relève de

nombreuses contraintes à tous les niveaux de la filière, la plus commune est le prélèvement de

taxes arbitraires par les agents de la mairie, des ministères des eaux et forêts, du commerce, de

la police, de la gendarmerie qui profitent des insuffisances au niveau juridique lié au secteur

PFNL en général. D’autre part l’auteur suggère la mise en place d’un appui par les politiques

sociales afin d’assurer la formation des jeunes dans le secteur rotin à l’étranger pour lutter

contre la pauvreté et la précarité au Gabon (Mombo, 2007).

5.1.3 Le commerce des feuilles de Marantacées

Dans une enquête réalisée au poste de brigade de la gendarmerie de N’koltang,

banlieue située à 40 km de Libreville, Diarougui Vaba (2007) révèle que les feuilles

d’emballage, Megaphynium macrostachyum de la famille des Marantacées, sont fortement

exploitées. Cette exploitation est réalisée de façon anarchique étant donné que l’objectif

demeure le maximum de revenus. L’activité est réalisée à 80% par des femmes dont la

majorité 70% est de nationalité Gabonaise dont 93% exercent cette activité pour un but

commercial. La filière, illégale, comprend de récolteurs (cueilleurs), des revendeurs, des

transporteurs, des commerçants grossistes et de détaillants. Il arrive que les récolteurs jouent

également le rôle de grossistes et même de détaillant. Les prix de ces feuilles d’emballage

sont assujettis au transport, assez cher malgré la distance (500F CFA/ballot). Le ballot de

1000 feuilles coûte environs 12000Fcfa.

5.1.4 Le commerce des écorces de Garcinia kola (bois mer)

Moubogha (2007) a effectuée une enquête dans les communes de Libreville et

d’Owendo, sur l’identification des différents circuits d’approvisionnement de Garcinia kola

(bois amer), espèce très sollicitée pour ses multiples usages notamment pour la fermentation

des vins locaux (vin de palme, de canne à sucre, de miel) et pour le traitement de certaines

maladies (maux de têtes, accès palustres et fièvre, impuissances sexuelles, douleurs de

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l’enfantement, maladies de la prostate, nettoyage de la vessie). Cette enquête fait apparaître

que les femmes sont les plus impliquées dans la filière de commercialisation qui se compose

d’exploitants primaires (récolteurs), des grossistes, des détaillants qui sont, en fait, des

revendeurs.

Les ventes en gros peuvent être effectuées non seulement par des récolteurs qui se

rendent eux même sur les marchés pour écouler leur produit à des coûts se situant entre

40 000 f CFA à 55 000 f CFA le sac, mais également via des détaillants ou revendeurs pou

des prix allant de 500 à 2000 F CFA le tas. Racines et écorces sont les plus vendues et très

souvent, les techniques d’exploitation utilisées, vont souvent jusqu’au dessouchage (arrachage

de la plante) de la plante. Cette activité est utilisée très souvent pour diversifier leur source de

revenus.

5.1.5 Le commerce des amandes d’Irvingia gabonensis (Andok)

La commercialisation des amandes d’Andock, bien que informelle, apparaît

relativement structurée car elle implique non seulement des gabonais mais également des

équatoguinéens et des camerounais. Ces trois nationalités se partagent le commerce de gros et

de détail sur les principaux marchés de Libreville principalement. Selon Ampele (2002), les

importateurs grossistes assurent deux fonctions essentielles : l’importation et la vente en gros

auprès des détaillants et demi-grossistes. Ces derniers vendent les amandes dans des sceaux

de 5 à 10 kg. Les détaillants vendent les amandes en tas, sous deux formes : les amandes non

préparées et les galettes préparées et prêtes à être utilisées.

Les importateurs ont des liens étroits avec les grossistes et les détaillants qui

aboutissent à des différents accords dans les transactions. Celles-ci peuvent se faire à crédits

suivant des modalités de remboursements négociées entre les acteurs. Par exemple, un

détaillant peut se faire livrer un sac de 100 kg à 120 000 CFA sans versement d’une avance, le

crédit est alors remboursé au moyen d’un échéancier de 40000 CFA par semaine. La vente à

crédit est souvent réalisée sur la base d’une relation familiale ou d’une proximité

sociolinguistique sans intérêt (Ampele, 2002).

Les prix pratiqués par les commerçants sont variables et surtout tiennent compte de la

disponibilité du produit sur les marchés. En période de production, un tas de 200g est vendu à

500 fcfa alors qu’en période basse, le tas de 100 g est vendu à 500 fcfa. Afin de réguler les

ventes sur les différents marchés, Ampele (2002), dans une enquête sur la vente des amandes

d’Irvingia, précise que des mesures standarts de vente ont été mises en place par les

commerçants. En effet, ces derniers utilisent les sacs de 100 kg pour la vente en gros, les

sceaux de 2,5 litres ou 5 litres pour la vente en demi-gros, les tas d’amandes de différents

poids, le pain d’Odika et la cuillère à soupe pour la poudre d’Odika dans la vente en détail. Le

pain d’Odika de 4 kg est vendu à 20000 CFA alors que 6 kg d’amandes sont vendus à 6000

CFA et 400 kg de cuillères de poudre coûtent 40000 CFA

5.1.6 Le commerce de la viande de brousse

Le gibier prélevé est généralement commercialisé sous deux formes. Il est vendu frais,

entier ou dépecé en gigots, en cotés ou en morceaux dans les villages, les campements de

chasse et les marchés locaux : c’est la forme la plus courante destinée à la consommation

directe. La deuxième forme est le gibier boucané. Cette dernière forme est plus pratiquée par

les chasseurs car c’est le seul moyen dont ils disposent pour conserver la viande pendant

longtemps. Les grandes carcasses (éléphants, gorilles, buffles, bongo etc…) sont dépecées en

plusieurs morceaux, les carcasses moyennes en deux ou quatre pièces (cas des céphalophes ou

du potamochère) tandis que les petites carcasses (athérures, aulacodes etc…) sont fumées en

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entier. La viande fumée peut se conserver pendant des semaines, voire des mois. Les

chasseurs qui mènent leurs activités à des distances considérables de leurs villages, ramènent

généralement tout leur gibier fumé de la forêt (FAO, 2007).

5.2 Les contraintes à l’exploitation des PFNL

5.2.1 Les contraintes commerciales

Les produits commercialisés au niveau international, nécessitent souvent une

transformation avant ou après l’exportation, c’est le cas des résines, des gommes, du miel, de

certains produits alimentaires et pharmaceutiques (Chabot, 1997). La formalisation du marché

est souvent limitée par les problèmes liés au manque d’infrastructures adéquates, à la qualité

des produits (difficulté à conserver) et aux insuffisances dans la capacité de production.

Quand les différentes étapes d’une filière commerciale fonctionnent de manière

régulière avec une bonne interconnexion (bonne production, transport assuré,

approvisionnement des marchés réguliers), le commerce du produit concerné est rentable et

fiable pour les acteurs impliqués, consommateurs y compris. De plus la période

d’approvisionnement en PFNL, souvent saisonnière, rend difficile leur suivi commercial. On

peut aussi remarquer deux types de PFNL: ceux à valeur commerciale bien définie comme les

rotins par exemple et les autres qui sont davantage des produits de subsistance. Ampele

(2002) fait remarquer qu’au début des périodes de production (décembre pour le Gabon ainsi

que la Guinée Equatoriale et juillet pour le Cameroun), les sacs d’amandes d’Irvingia

gabonensis sont relativement chers et les prix varient de 94 000 FCFA à 200 000 FCFA.

L’insuffisance de ressources financières oblige les commerçants à vendre à crédit pour

un écoulement rapide des stocks. Les coûts liés aux opérations d’importation augmentent les

charges de commercialisation de même que les différentes taxes prélevés sur les marchés et le

long des routes. Par ailleurs, l’inaccessibilité des zones de production due à l’absence

d’infrastructures routières praticables en toutes saisons demeure une préoccupation

importante.

Une autre contrainte à la commercialisation des PFNL est le problème de la qualité du

produit exposé sur les étales des marchés qui ne sont pas toujours entourées de toutes les

garanties de sécurité alimentaires. Selon la FAO (2007), leur qualité hétérogène ne permet pas

de standardiser la fixation des prix, ni d’industrialiser le conditionnement ou la transformation

de ces produits. L’absence de technologies appropriées de stockage, conservation,

conditionnement et transformation entraîne la perte d’importantes quantités de PFNL

alimentaires.

Les zones de collectes de ces PFNL sont d’accès difficiles au regard du relief et les

moyens de transport entre les lieux de collecte et les principaux marchés ne sont pas toujours

réguliers voir même inexistants retardant ainsi l’arrivée des produits sur les marchés et

augmentant le prix de vente. Le manque de données ou de statistiques sur les PFNL rend

difficile la mise en place d’un plan de développement des PFNL et l’absence de cadre de

concertation et d’échange entre les différents acteurs notamment les communautés locales qui

ignorent parfois les possibles revenus que pourraient générer l’exploitation de nombreux

produits de leurs forêts.

5.2.2 Les contraintes sociales et culturelles

Les populations restent fortement liées à leurs écosystèmes car comme il a été déjà

indiqué, les forêts contribuent énormément à la vie des populations en leur fournissant non

seulement les produits alimentaires mais également de nombreux biens et service. C’est

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pourquoi, bien que susceptibles de générer des revenus, tous les PFNL ne peuvent être

exploités parce qu’ils relèvent pour certains du sacré et pour d’autres de la pharmacopée

traditionnelle. Les espèces utilisées dans le cadre de la circoncision dans la région de

Makokou ou dans les rites Bwiti ou Ndjembé à travers le Gabon ne sont pas accessibles aux

profanes. Généralement, les sites de prélèvement de ce type d’espèce appartiennent aux forêts

sacrées et ou toute exploitation requière une autorisation préalable.

Par ailleurs, les populations riveraines ne sont pas toujours informées des opportunités

qu’offre la commercialisation de certains PFNL. Le manque d’information et l’absence de

démonstrations concrètes sur l’avancée dans le domaine de l’élevage et de domestication de

certaines ressources fournissant les PFNL alimentaires empêchent que les populations

commencent à mieux les valoriser. De nombreux tabous et préjugés constituent des freins

pour l’élevage ou la domestication. Certaines espèces animales (serpents, tortues, chauves-

souris, etc.) feraient difficilement l’objet d’élevage sans que l’éleveur ne soit taxé de sorcier.

Ainsi, les végétaux à l’instar du moabi, ne sont pas plantés à cause du temps qu’ils mettront

pour produire (FAO, 2007).

5.2.3 Les contraintes juridique et réglementaire Le cadre juridique et réglementaire gabonais n’est pas suffisant pour encadrer

et surtout promouvoir le développement des PFNL aujourd’hui. La réglementation actuelle

présente de nombreuses limites allant de la définition même du mot PFNL jusqu’aux détails

liés à l’exploitation de chaque PFNL. Il est aussi à noter que les dispositifs juridiques et

réglementaires au niveau sous-régional présentent des lacunes en matière de PFNL en dépit de

nombreux échanges qui se font.

Selon la FAO (2007), parmi les limites dans la réglementation des PFNL, on note

d’abord la difficulté à réaliser des inventaires pour estimer les stocks disponibles et

l’harmonisation même des méthodologies à appliquer pour ces inventaires, compte tenu de la

grande diversité des PFNL, de leurs systèmes de production, de leurs différentes méthodes de

collecte ou de récolte, de leur saisonnalité, etc. Devant ce manque de données de base fiables

(exigences de croissance, niche de régénération, production, techniques de récolte

appropriée), il est très difficile d’établir les quotas d’exploitation. Ensuite, la réglementation

existante sur les PFNL s’avère difficile à appliquer sur le terrain. Non seulement les organes

de contrôle manquent cruellement de moyens, mais aussi les populations concernées font face

à une pauvreté élevée et sont de ce fait dépendantes des ressources naturelles principalement

pour leur alimentation et pour leurs revenus.

C’est pourquoi, face à cette contrainte, le Gabon doit présenter une réglementation qui

permet d’intégrer un plan de développement des PFNL afin qu’ils contribuent non seulement

à l’accroissement des revenus des populations rurales mais également, à travers une fiscalité

transparente et dépourvue de taxation parallèle, de contribuer à augmenter les recettes

publiques.

5.2.4 Les contraintes biologique et écologique

L’absence au Gabon de programme de recherche spécifique axé sur les PFNL

constitue une lacune majeure car, la connaissance biologique et écologique des espèces est

une condition essentielle permettant d’assurer la durabilité de la ressource. Comment

entrevoir le développement des PFNL au Gabon sans un programme scientifique qui

permettrait de développement des modes ou des techniques de collectes durables, des

techniques de domestication des espèces et la diffusion de l’information nécessaire aux

acteurs des PFNL. Par exemple, selon la FAO (2007), la faible régénération de certaines

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ressources naturelles fournissant des PFNL alimentaires serait imputable aux modes de

prélèvement non appropriées et excessives.

L’absence d’inventaires ou de données sur la nature de la ressource, la biologie de

l’espèce, type morphologique, les caractéristiques écologiques de l’habitat des espèces ainsi

que la répartition géographique et l’évaluations des stocks sont des éléments nécessaires à la

gestion durable de la ressource. Il s’agit d’un handicap qui pénalise le développent des PFNL

au Gabon.

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6. Impact de la collecte des PFNL sur la durabilité de la ressource

La collecte des PFNL est pratiquée depuis longtemps par les populations qui habitent

dans ces milieux. Cette exploitation à des fins essentiellement de subsistance n’a, à priori

jamais posé de problèmes écologiques surtout en ce qui concerne la durabilité et l’existence

de la ressource. En effet, les civilisations humaines ont développé différents moyens

d’exploiter les ressources forestières, chaque mode d’utilisation entraîne une série de

conséquences écologiques. L’exploitation du bois d’œuvre, l’agriculture industrielle,

l’agriculture sur brûlis sont tant d’activités qui occasionnent des coûts écologiques immédiats,

très visibles et souvent préjudiciables au devenir de ces formations forestières ainsi qu’à la

diversité génétique qu’elles hébergent. En revanche, un autre type d’activité d’exploitations

des ressources forestières est la collecte des PFNL qui suscite de plus une attention

particulière en raison du développement commercial de l’activité.

A première vue, la collecte des PFNL a un impact limité comparativement aux

activités citées précédemment. Toutefois, Peters (2000) relève certaines répercussions

écologiques parmi lesquelles :

-une réduction progressive de la vigueur des plantes récoltées ;

-une diminution du taux de régénération des semis des espèces récoltées ;

-une perturbation de la population des espèces animales locales ;

-la perte d’éléments nutritifs, suite à la cueillette.

La collecte des PFNL ne provoque pas nécessairement la mort pour ce qui est des

PFNL d’origine végétale de la plante, la compaction du sol ou la modification de la structure

horizontale ou verticale de la forêt. De ce fait, une forêt exploitée pour ses PFNL conserve, à

priori, l’apparence d’un milieu non perturbé.

L’impact de l’exploitation des PFNL sur la durabilité de la ressource semble être

étroitement lié à plusieurs paramètres notamment le mode de collecte et la pression exercée

sur la ressource, liée à la forte demande des populations, surtout urbaine.

6.1 Les modes de collectes des PFNL

6.1.2 La collecte des PFNL végétaux Selon la FAO (2007) deux types de prélèvement peuvent observés pour les PFNL

végétaux surtout alimentaire, il s’agit : du prélèvement sur pied et de l’abattage des arbres ou

l’arrachage de certaines espèces végétales, notamment dans le cas des espèces herbacées.

Considérant les parties utilisées de la ressource ou leurs lieux de collecte, l’exploitation des

PFNL est différente. Selon Tchatat (1999), l’intensité de l’exploitation est fonction de la

demande domestique et/ou commerciale du produit. Plus la demande d’un PFNL est grande,

plus la pression sur la ressource est importante. L’impact de cette exploitation sur la structure

et la composition de la forêt est étroitement lié, non seulement à cette intensité de

prélèvement, mais aussi à l’organe végétal prélevé. Pour Pierce et Shanley (2002) cités par la

FAO (2007), cinq cas de figures sont possibles dans les prélèvements des PFNL végétaux :

(i) prélèvement des organes productifs de l’espèce, tels que les fruits et les noyaux.

Dans ce cas de figure, l’attention doit être donnée à la capacité de l’espèce à se reproduire et à

l’impact de la récolte sur éventuellement les animaux qui se nourrissent de ces produits. C’est

le cas des fruits d’Andok Irvingia gabonensis, de Baillonnella toxisperma, Coula edulis,

Dacryodes edulis, etc, qui sont courtisés à la fois par les animaux (éléphants, céphalophes,

etc) et l’homme.

Selon la FAO (2007), l’exploitation fruitière des arbustes ou des jeunes arbres

productifs, surtout si elle est destinée à l’autoconsommation, cause peu de dégâts sur la

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structure forestière. Les cimes de ces arbres étant facilement accessibles, les fruits sont

récoltés soit en grimpant sur l’arbre ou à l’aide d’une perche. Par contre, lorsque l’arbre,

devenu trop grand, n’est plus accessible aux cueilleurs, deux situations se présentent: soit ces

derniers attendent la chute des fruits, soit ils abattent l’arbre afin d’en récolter facilement les

fruits. Cette dernière méthode est malheureusement adoptée pour les arbres producteurs de

fruits juteux dont les maturations physiologique et/ou commerciale se font de façon

simultanée et massive sur l’arbre. La méthode d’exploitation par l’abattage des fruitiers est

extrêmement nocive et typiquement non durable (Tchatat, 1999). Dans ce cas de figure, on

peut ranger les fruits des Trychoscypha mais également de Ricinodedron heudolotii. Selon

Ndoutoume (1997), Dacryodes macrophylla, Anonidium mannii et d’autres espèces auraient

complètement disparu de la forêt classée de la Mondah, située au nord de Libreville, suite à

l’exploitation de leurs fruits après abattage.

(ii) les structures végétatives, dont le prélèvement peuvent engendrer la mort de la

plante, comme les racines ou l’écorce. Dans la région de Makokou, Penianthus longifolius est

un petit arbuste de sous bois dont l’écorce et surtout la racine sont très prisé par les

populations pour ses effets aphrodisiaques. Sa récolte malheureusement consiste à arracher

l’arbuste ou à couper la partie souterraine car selon les récolteurs c’est dans cette partie où se

concentrerait la « molécule active». Si ce rythme de récolte se poursuit, la disparition de

l’espèce est garantie pour les prochaines années. C’est pourquoi, une bonne compréhension

des stratégies de reproduction, de la a structure, de la densité et de la distribution de la

population est nécessaire pour une bonne gestion.

Selon Guedje (2001), l’expérimentation des différentes techniques locales et intensité

de prélèvement des écorce a clairement montré que les pratiques d’écorçage qui consiste à

anneler l’arbre entraîne une forte mortalité des plantes de l’ordre de 70% alors qu’un

prélèvement partiel sur un ou deux tiers de la circonférence totale de l’arbre, entraîne une

faible mortalité, généralement de l’ordre de 10%. La nutrition minérale des individus ainsi

ceinturés se trouve fortement perturbée et réduite. Elle peut même s’interrompre de façon

irréversible entraînant la mort de l’arbre (Tchatat, 1999). Dans ce registre on peut citer le cas

de l’exploitation intensive de l’écorce de Garcinia kola au Gabon, en raison de la demande

occasionnée par la fabrication du vin de palme où l’écorce joue le rôle de fermenteur dans le

vin à base d’Elaeis guinensis (vin de palme). Selon la FAO (2007), l’exploitation de l’écorce

a une conséquence sur la dynamique de la population de cette espèce. En effet, l’impact des

techniques actuelles d’exploitation de l’écorce agit beaucoup sur l’abondance et la distribution

diamétrale par une réduction considérable du nombre de tiges adultes dans les grandes classes

de diamètre.

(iii) les structures végétatives, dont le prélèvement ne cause pas nécessairement la

mortalité de la plante, telles que les feuilles. Ceci demande une évaluation du taux de

récupération, l’impact physiologique de la récolte et des techniques de récoltes. Dans ce

registre, on peut inscrire le Gnetum africanum, les feuilles de Marantacée;

En effet, au Gabon, les feuilles issues des forêts sont très consommées généralement

sous forme de légumes. La récolte de ces feuilles est variée, selon qu’elles proviennent d’une

liane, d’un arbuste, d’un arbre ou d’une plante herbacée. En ce qui concerne le prélèvement

de feuilles sur des lianes, le cas le plus indiqué est celui du Gnetum. En effet, ses feuilles sont

de plus en plus cueillies par de nombreux récolteurs pour des raisons essentiellement

commerciales. De ce point de vue, la récolte n’est plus raisonnée, elle est orientée par le profil

maximum généré par la vente de ces feuilles. Dans cette approche et au regard du type

morphologique de l’espèce, la tentation à arracher ou tirer la liane de son support est plus

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forte. Cette action a pour conséquence la destruction quasi totale de l’individu ou l’altération

de son fonctionnement physiologique.

En revanche, la collecte des feuilles de Marantacée, bien qu’elle soit de plus en plus

importante quantitativement en raison de la demande, ne semble pas poser de gros problèmes

du point de vue de la durabilité de l’espèce pour le moment au Gabon.

(iv) les exsudats et résines : l’exploitation durable des exsudats demande l’évaluation

des procédures de prélèvement, les taux de récupération, ainsi que des effets secondaires de

l’extraction sur la croissance, la reproduction, la résistance aux maladies et attaques

d’insectes, et la perte des nutriments importants. L’Okoumé Aucoumea klaineana et l’Aiélé

Canarium schumfurti dont les résines sont exploités en raisons des demandes de plus en plus

croissantes des firmes cosmétiques. La technique d’extraction repose sur une entaille qui

permet de recueillir l’exsudat. A ce jour, au regard de la méthode de collecte de ces résines, la

littérature en notre possession ne permet pas d’indiquer des conséquences à court terme de ce

mode de prélèvement des résines au Gabon.

En revanche, en ce qui concerne l’extraction de la sève de palmiers à huile et de raphia

qui se fait selon deux méthodes : palmier sur pied «vin du haut » ou abattu «vin du bas».

Selon Tchatat et al. (1995), sur une étude réalisée au Cameroun, la méthode d’extraction de la

sève qui consiste à couper ou déraciner préalablement le stipe, méthode «par le bas», cause

beaucoup de dégâts aux populations de palmiers à huile, contrairement à la méthode «par le

haut» dans toute la région forestière du Cameroun. La sève extraite par la première méthode,

bien que moins appréciée que celle obtenue «par le haut», est en effet plus abondante. Ceci

étant, le palmier à huile est une espèce que l’on peut considérer comme cultivée ou sub-

spontanée. Elle n’est pas un composant naturel des forêts et est étroitement liée à la présence

humaine actuelle ou passée. Compte tenu de son importance commerciale internationale pour

l’huile de palme, elle est largement cultivée et n’est donc pas menacée.

(v) les espèces qui ont des interactions très complexes avec d’autres espèces et avec

leur environnement en général. (p.ex. Les relations avec des mycorhizes, pollinisateurs

spécifiques, …). La gestion de ces espèces nécessite une revue approfondie de la biologie des

espèces liées et d’autres facteurs environnementaux qui peuvent perturber l’équilibre

écologique.

6.1.2 La collecte des PFNL animaux

La collecte des PFNL d’origine animale se fait de principalement de deux manières la

chasse et la pêches qui utilisent des méthodes qui varient en fonction de la nature de la chasse

ou de la pêche, commerciale ou de subsistance.

Selon la FAO (2007, le piégeage est un moyen de capture traditionnelle adaptée à

l’autoconsommation. En effet, le volume de gibier qu’elle permet de prélever ne semble pas

aussi important que lorsqu’on utilise un moyen de capture moderne tel l’arme à feu (le fusil).

Mais il est important de relever que le piégeage peut considérablement réduire la population

d’animaux si on multiplie le nombre de pièges par unité de surface. Un autre inconvénient du

piégeage, est qu’il est peu sélectif. Les pièges en forêt attrapent en effet tous les animaux sans

tenir compte de leur âge, ni de leur état physiologique, de leur taille, etc.

Par contre, l’impact de la chasse au fusil est négatif sur les ressources fauniques car

l’utilisation des fusils expose la faune car ils permettent de tuer non seulement tous les types

d’animaux mais aussi plusieurs animaux à la fois. L’impact de cette activité est déterminé par

la nature de la chasse qui est pratiquée. La chasse de subsistance est pratiquée par les

populations rurales pour satisfaire leur consommation quotidienne. Les animaux chassés sont

de petites tailles et plus souvent préalablement sélectionnés, les techniques utilisées sont le

piégeage orienté souvent pour la capture d’espèces précises. La chasse au fusil, pratiquée par

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les populations locales, n’utilise pas des armes de guerres dévastatrices, car il s’agit d’un

mode de capture pour satisfaire la consommation familiale.

Par contre, la chasse commerciale ou braconnage est préjudiciable à la stabilité et à la

durabilité de la ressource vue que l’objectif est le profil commercial dans ce type de chasse,

toutes les méthodes de capture, sont utilisées : le piégeage à l’aide du câble métallique, la

chasse au filet, la chasse à l’assommoir et parfois des armes à feu. La chasse commerciale

pour le ravitaillement des grandes villes est la plus destructrice. Elle pénètre de plus en plus

en profondeur dans les forêts, suivant les voies d'exploitation forestière. De plus, ses

méthodes sont particulièrement dangereuses et non durables car elles piègent tous les animaux

sans exception aussi bien à la périphérie et parfois même à l’intérieur des réserves forestières

(Tchatat, 1999).

Le prélèvement des PFNL aquatiques apparaît moins préjudiciable car il est pratiquée

dans différents cours d’eau et il n’utilise pas des méthodes aussi destructrices que la chasse au

gibier sauvage.

6.2 Comment concilier la recherche croissante du profil économique généré par les PFNL et la nécessité de minimiser l’impact de leur collecte sur la durabilité de la ressource

Il est difficile de proposer une méthode pertinente qui permettrait de concilier la

recherche croissante de profil sur les PFNL et de minimiser l’impact d’une telle activité sur la

durabilité de la ressource. Au Gabon, bien que peu d’études significatives et globales sur la

problématique des PFNL n’est disponible, il apparaît, au regard de la littérature que la

dimension économique des PFNL n’est pas encore pris en compte dans l’activité économique

globale du pays. L’exploitation durable des PFNL nécessite une approche intégrée qui

implique l’ensemble des acteurs. Il s’agira, selon Peters (2000), d’effectuer une sélection

minutieuse des espèces, des ressources et des sites à exploiter et d’appliquer une technique de

récolte contrôlée en surveillant régulièrement la régénération et la croissance des espèces

exploitées. Pour y arriver, dans un pays comme le Gabon, il convient de mieux connaître la

ressource en l’identifiant de façon spécifique, en étudiant la densité et la distribution des

espèces ainsi que les paramètres écologiques qui gouvernent l’installation et la répartition des

ressources dans les différents écosystèmes.

Cependant, dans une optique commerciale le choix des ressources est guidé par

l’intérêt économique. Ce sont les ressources ayant un meilleur potentiel commercial et une

capacité à se régénérer de façon à assurer une durabilité de l’espèce qui pourraient concilier

l’exploitation des PFNL et leur impact sur l’environnement.

Il convient de développer des méthodologies de récolte des PFNL à faible impact Selon Guedje (2002), il s’agit de déterminer des techniques et intensités de prélèvement qui

soient écologiquement viables (pour éviter l’élimination des individus exploités),

économiquement rentables (pouvant garantir la satisfaction des besoins) et socialement

appropriées (facilement adoptables et applicables par tous). Dans le même ordre d’idées, la

détermination des quotas d’exploitation et de délivrance de permis autorisant l’exploitation

d’un PFNL donné, permettra de contrôler son taux de prélèvement de manière à préserver sa

productivité et pérennité.

Par ailleurs, il convient de développer des stratégies de production des PFNL

alimentaires d’origine végétale et animale à travers leur culture et leur élevage. Dans

l’approche domestication et élevage des PFNL, la FAO (2007) préconise de classer les

produits selon quatre critères : le type botanique, l’embranchement, la taille et la localisation

géographique de la demande et le type d’usage. Ce classement permet de choisir les espèces à

domestiquer à court, moyen et long terme. Même si pour cette question de nombreux échecs

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ont été relevés au Gabon. La foresterie communautaire au sens du code forestier gabonais

pourrait être un gage de durabilité de ressources prélevées dans les forêts. Un essai

d’expérimentation des forêts communautaires a été réalisé par DACEFI entre 2006 et 2009

dans la région de Makokou au nord est du Gabon. Il est très tôt pour évaluer l’impact réel de

ce projet sur les populations de cette région.

7. Priorisation des PFNL au Gabon

L’intérêt des PFNL pour l’alimentation, la pharmacopée, l’artisanat, etc. dans le monde rural

est très largement reconnu. Cette préférence paysanne des plantes locales aux espèces exotiques est

établie depuis l’avènement du concept ‘’The native trees for the native land’’ (PUIG, 1994). Pour

couvrir leurs besoins nutritionnels, les populations locales ont recours à l’agriculture de subsistance

qu’elles complètent par les espèces sauvages comestibles d’origine végétale, animale ou fongique. Ces

PFNL sont aussi source de revenus.

7.1- Méthode de collecte des données sur la priorisation des PFNL au Gabon Plusieurs auteurs (Boland et al. 1994; Bassirou 2000; Wilkie 1999; Ingram and Schure 2010)

ont utilisé la méthode basée sur les scores ou unités de mesure attribuées à chaque espèce. Ce score

représente la valeur d’usage ethnobotanique pour évaluer l’importance de l’espèce tant au niveau de

l’alimentation, de la pharmacopée que d’autres services tels que la construction des cases ou

l’artisanat.

Les variables recueillies selon les types d’usages répertoriés des espèces, permettent de les

classer selon un score allant de 1 à 5 points (5 pour l’espèce la plus appréciée; 4 pour la suivante et

ainsi de suite). La somme des points ainsi recueillis au cours de l’interview pour un usage donné, pour

chacune des espèces lui donne un score qui permet de la comparer aux autres espèces.

7.1.1- Les PFNL végétaux alimentaires

Les espèces répertoriées au cours de nos investigations (synthèse bibliographique et enquête

de terrain) jouent un rôle primordial dans l’alimentation des populations, en participant notamment à

l’équilibre nutritionnel du menu quotidien.

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Tableau 1 : PFNL végétaux alimentaires classés par les populations locales par ordre préférentiel. Noms Scientifiques Noms pilotes/

vernaculaires Famille Parties utilisées Mode de récolte Importance Rang

Littérature Enquêtes Total

Aframomum spp

Afrostysrax lepidophyllus

Antrocaryon klaineana

Baillonella toxisperma

Cola acuminata

Cola nitida

Coula édulis

Dacryodes buettneri

Daryodes edulis Dacyodes macrophylla

Elaeis guineensis

Garcinia lucida

Garcinia kola Chrysophyllum lacourtianum

Gnetum africanum Hua gebonii

Irvingia gabonensis Panda oleasa

Piper guinense

Pseudospondias longifolia

Poga oleosa

Raphia hookeri

Ricinodendron heudelotii

Trichoscypha abut

Trichoscypha acuminata

Tondo

Oignon sauvage

Ozabilii

Moabi

Noix de cola

Noix de cola

Noisettes

Ozigo

Atanga/Safou Atom

Palmiers à huile

Tokà Bois amer ------

Nkumu Ail africain

Andok Afan

Poivre de brousse

Raisin sauvage

Afo

Palmier raphia

Essessang

Raisin sauvage

Raisin sauvage

Zingiberaceae

Huaceae

Anacardiaceae

Sapotaceae

Sterculiaceae

Sterculiaceae

Olacaceae

Burseraceae

Burseraceae Burseraceae

Palmae

Clusiaceae Clusiaceae Sapotaceae

Gnetaceae

Huaceae

Irvingiaceae Pandaceae

Piperaceae

Anacardiaceae

Rhyzophoraceae

Palmae

------

Anacardiaceae

Anacardiaceae

Fruits

Ecorce

Fruits

Fruits

Fruits

Fruits

Fruits

Fruits

Fruits Fruits

Noix

Ecorce

Ecorce, Fruits Fruits

Feuilles Ecorce

Fruits Fruits

------

------

------

Fruits

Fruits

Fruits

Fruit

Cueillette

Ecorçage

Ramassage

Ramassage

Cueillette

Cueillette

Ramassage

Ramassage

Cueillette Cueillette

Cueillette

Ecorçage Ecorçage Ramassage

Cueillette Ecorçage

Ramassage Ramassage

Cueillette

------

Ramassage

Cueillette

Cueillette

Cueillette

cueillette

1

2

1

2

3

3

3

2

4 2

4

3 4 1

4 1

5 1

1

2

2

1

2

2

2

1

3

1

1

2

2

3

3

4 2

4

4 5 1

5 2

5 2

1

2

2

1

2

2

2

2

5

2

3

5

5

6

5

8 4

8

7 9 2

9 3

10 3

2

4

4

2

4

4

4

9

6

9

8

6

6

5 6

3 7

3 4 2 9

2 8

1 8

9

7

7

9

7

7

7

En appliquant la méthode des scores sur les espèces du tableau 1, par ordre décroissant, les prioritaires sont Irvingia gabonensis (1), Gnetum africanum (2),

Garcinia kola (2), Dryodes edulis (3), Elaeis guineensis (3), Garcinia lucida (4), Coula édulis (5).

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7.1.2- les PFNL végétaux destinés aux soins de santé La contribution de nombreuses espèces végétales à la pharmacopée traditionnelle est bien

documentée. Walker et Sillans (1960); Adjanahoum et al. (1984) ; PROTA (2008) ; Nziengui (2006)

ont répertorié plusieurs espèces médicinales que l’on retrouve dans les différents écosystèmes.

Toutefois, il faut souligner que cette monographie n’est pas exhaustive, et chaque groupe ethnique

dispose de ses propres recettes.

Tableau 2 : PFNL utilisés dans la médecine traditionnelle

Noms Scientifiques Noms pilotes/ vernaculaires

Famille Parties utilisées

Utilisations

Alstonia boonei Ekuk, Ikuka Apocynaceae Ecorce Vers intestinaux, morsures de serpents

Baillonella toxisperma Moabi Sapotaceae Ecorce Maux de dos

Coula edulis Coula Olacaceae Ecorce Toux, maux de dents

Lophira alata Azobe Ochnaceae Ecorce Stérilité, folie, impuissance

Pentacletha macrophylla Mubala Mimosaceae Ecorce Paludisme

Trichoscypha acuminata Amvut Anacardiaceae Ecorce Toux

Tableau 3 : PFNL destines a l’artisanat, vannerie ou emballage Noms Scientifiques Noms pilotes Famille Utilisations

Laccosperma secundiflorum Rotin Palmae Meubles, salles à manger

Eremospatha macrocarpa Liane Palmae Paniers, corbeilles

Megaphrynium macrostachyum ------ Marantaceae Emballage

Megaphrynium gabonense ------ Marantaceae Emballage

Ataenidia conferta ------ Marantaceae Emballage

Exemple 1: Irvingia gabonensis (Aubry-Lecomte ex. O’Roke-Baill)

Famille: Irvingiaceae

Synonymes: Irvingia bateri Hooker; Irvingia terminals Hooker; Mangifera gabonenis Aubry

Description

Irvingia gabonensis est un très grand arbre pouvant atteindre 40 m de haut. Son tronc est

pourvu, à la base, de contreforts. Ces feuilles sont simples, alternes, coriaces, stipulées et

caduques. Les fruits sont des drupes vert-jaunâtres à maturité, ellipsoïdes, à mésocarpe épais

1-2 cm plus ou moins sucré selon les variétés, d’où le nom de ‘’Mangue sauvage’’ qui lui est

souvent attribué.

Aire de répartition

Irvingia gabonensis est reparti dans la zone forestière humide du golfe de Guinée, depuis

l’ouest du Nigeria jusqu’a Centrafrique, et du Sud jusqu’à Cabinda (Angola) et a la partie la

plus occidentale de la RDC. Irvingia gabonensis est égalent présent à Sao Tomé et-Principé,

au Ghana, au Togo, en Côte d’Ivoire, au Benin, au Sud Cameroun.

Ecologie Irvingia gabonensis est présent sur toute l’étendue du territoire gabonais. Il se rencontre aussi

bien en forêt primaire, en forêt secondaire que dans les jardins de case (Ngoye et al. 1994). Au

Nord du Gabon sa phénologie est contractée de septembre à octobre, tandis que la période est

de décembre à mars dans le reste du pays (Ngoye et al. 1994).

Utilisation

• Les amandes des fruits produisent un additif alimentaire important, très apprécié en

Afrique de l’Ouest et du Centre.

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• L’écorce de l’Irvingia gabonensis est utilisée soit pour des lavements après macération,

soit par voie orale à partir de l’écorce râpée, insérée dans une banane verte cuite sur la

braise pour soigner la diarrhée ou la dysenterie (Walker & Sillans 1961).

• Le bois est utilisé pour la grosse charpente. Quant aux jeunes arbres, ils servent à

Confectionner les manches d’outils ou les perches.

Production et commerce Irvingia gabonensis est protégé dans les champs et assisté dans sa régénération autour des

habitations. Si les fruits ne sont vendus que par endroits, les amandes en revanche font l’objet

d’un vaste commerce au niveau national et sous-régional entre pays limitrophes en particulier

(Cameroun et Guinée Equatoriale).

Exemple 2 : Gnetum africanum Welw

Famille : Gnetaceae

Noms vernaculaires : Nkumu (Gabon), Koko (Congo), Mfumbu (RDC)

Description

Gnetum africanum est une plante lianescente pouvant atteindre plus de 10 m de long, avec des

ramifications un peu épaissies aux nœuds glabres.

Les feuilles simples, opposées; les stipules sont absents, alors que les pétioles mesurent jusqu'à

1 cm de long.

Le limbe est ovale à elliptique oblong, rarement lanceaolé. Sa base est atténuée et supportée

par un apex abruptement acuminé Sa couleur est verte, pâle avec 3-6 paires de nervures

latérales.

Aire de répartition Le genre Gnetum comprend approximativement 35 espèces de petits arbres, arbustes ou le plus

souvent des lianes dont 7 espèces sont présentes dans les régions tropicales. Gnetum

africanum et Gnetum bucholzianum, sont deux espèces en Afrique qui s’étendent du Nigeria

à l’Angola, en passant par le Cameroun, le Congo, le Gabon, la RCA et la RDC.

Ecologie

Les deux espèces se rencontrent en forêts primaires et secondaires surtout en lisière dans les

sous-étages. Parfois, on trouve certains pieds grimpant jusque dans les cimes des arbres

dominants.

Utilisations

Les feuilles de Gnetum sont utilisées comme légumes, mais aussi comme antiseptique pour

soigner les blessures ou pour traiter les hémorroïdes. Les feuilles fraîches sont broyées.

Pour neutraliser les effets de l’alcool, les feuilles de Gnetum améliorent la production du sang

dans l’organisme humain. Elles sont également utilisées pour le traitement de la rate.

Production et commerce Les feuilles de Gnetum africanum et Gnetum bucholzianum représentent une donnée

commerciale importante en Afrique Centrale. Les feuilles de ces 2 espèces sont

quotidiennement cueillies pour ravitailler les marchés urbains.

7.1.3 - Les PFNL d’origine animal

Le tableau 4 donne l’ordre des animaux les plus présents sur certains marchés au Gabon, le

chiffre 1 représentant l’espèce la plus fréquemment commercialisée (Abernethy & Ndong Obiang

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2009). D’après ce classement, les cinq animaux prioritaires sont Atherurus africanus (1), Cephalophus

callipygus (2), Cephalophus dorsalis (3), Cephalophus monticola (4), Cercopithecus nictitans (5).

Tableau 4. Liste des espèces animales les plus fréquentes sur les marchés (Abernethy & Ndong Obiang 2009)

Noms scientifiques Noms pilotes Statut de l’IUCN Statut au Gabon Ordre

Atherurus africanus Porc-epic Préoccupation mineure Non protégé 1

Cephalophus callipygus Cephalophe rouge Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 2

Cephalophus dorsalis Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 3

Cephalophus monticola Cephalophe bleu Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 4

Cercopithecus nictitans Singe Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 5

Cephalophus nigrifrons Risque faible/quasi menacé Non protégé 6

Cephalophus sylvicultor Cephalophe a dos jaune Risque faible/quasi menacé Partiellement protégé 7

Genetta servalina Genette Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 8

Hyemoschus aquaticus Chevrotin aquatique Données insuffisantes Intégralement protégé 9

Manis tricuspis Pangolin Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 10

Potamochoerus porcus Potamochère Risque faible/ Préoccupation mineure Partiellement protégé 11

Uromanis tetradactyle Pangolin a longue queue Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 12

Nandinia binotata Civette Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 13

Osteolaemus tetraspis Crocodile noir a museau court Vulnérable Partiellement protégé 14

Tragelaphus scriptus Risque faible/ Préoccupation mineure Partiellement protégé 15

Civettictus civetta Civette Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 16

Tragelaphus spekii Sitatunga Risque faible/quasi menacé Partiellement protégé 17

Thryonomys swinderianus Aulacode Préoccupation mineure Non protégé 18

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8. Conclusion et recommandations

Cette revue bibliographique des PFNL au Gabon a permis de montrer qu’il existe une

catégorisation des PFNL qui prend en compte les utilisation faites par les populations des

produits tirés de la forêt. Ainsi on distingue des PFNL d’origine végétale qui comportent les

PFNL utilisés pour l’alimentation, les PFNL utilisés en pharmacopée traditionnelle et ceux

exploités dans le cadre de l’artisanat. Cette discrimination peut aussi s’observer dans les

PFNL animaux et fongiques. Il apparaît clairement, au regard de la diversité biologique que

regorgent les écosystèmes forestiers gabonais, que les PFNL jouent un rôle important surtout

dans les terroirs villageois où ils contribuent à l’alimentation, aux soins de santé et à de

nombreux services essentiels à la population.

Ces PFNL peuvent aussi apportés des revenus substantiels à ces populations lorsqu’ils

sont commercialisés sur les marchés des grands centres urbains comme de Libreville et Port-

Gentil. Sur ce plan, il ressort que quelques filières sont constituées autours de certaines

espèces telles que l’Irvingia, le Gnetum, le Rotin, le Garcinia et les feuilles de Marantacées et

qui rapportent à tous les acteurs de chacune des filières des revenus non négligeables. Mais,

pour la grande majorité des PFNL identifiés, il est difficile à ce jour de mesurer l’impact de

leur exploitation sur les revenus des populations car il s’agit le plus souvent d’une activité

artisanale ayant un but de subsistance.

En ce qui concerne les PFNL animaux, l’activité s’illustre par son caractère informel,

lorsqu’il s’agit d’alimenter les principaux centres urbains. La chasse aux gibiers rapporte des

revenus importants pour les acteurs de la filière viande de brousse mais il est clair que cette

activité ne profite pas significativement aux communautés locales qui, le plus souvent, ne

pratiquent qu’une chasse de subsistance avec des moyens rudimentaires. C’est pourquoi une

approche socioéconomique de type systémique qui intègre tous les acteurs est nécessaire pour

développer les PFNL au Gabon.

Ce développement ne doit pas se faire au détriment de la durabilité de la ressource

c’est pourquoi, il est nécessaire d’intégrer la dimension environnementale dans l’exploitation

des PFNL. La récolte et la commercialisation des fruits et des amandes de Irvingia ne sont pas

préjudiciables à court terme à l’espèce car l’arbre est généralement préservé lors de la récolte

et même lors de l’installation d’une plantation villageoise. En revanche, la collecte des

écorces de Garcinia kola ou du Pausynistalia yohimbe est préjudiciable au devenir de l’arbre

qui est complètement écorcé et donc voué à une mort certaine.

Dans le cas par exemple du Rotin, Profizi (2000) fait remarquer que suite à la forte

pression exercée sur cette ressource, de nombreux exploitants ont du se déplacer le long des

routes principales, telles que celles qui vont de Libreville au Cap Esterias, de Ntoum à

Cocobeach et depuis quelques temps, de Kougouleu à Medouneu. Actuellement, la collecte de

ce PFNL doit se faire de plus en plus loin des villes et l’aménagement de cette ressource se

modifie rapidement depuis que la population locale donne accès à leur terre aux exploitants de

rotin où se charge elles même de transporter les cannes de rotin pour les revendre aux artisans

ou aux négociants qui longent les bords de route. Cette situation peut être étendue à tous les

PFNL y compris les PFNL animaux, lorsque la pression sur une ressource est forte, elle

disparaît complètement ou alors elle se fait rare.

On ne pas dire, pour le cas du Gabon, que les PFNL principaux sont soumis à une très

forte pression au point que la menace d’une rareté ou d’une disparition se profile dans un

horizon à court terme. Mais, le principe de précaution doit s’imposer au Gabon au regard de la

situation des PFNL dans certains pays de la sous région. C’est pourquoi, il est nécessaire de

renforcer l’arsenal législatif et réglementaire au Gabon, qui est très incomplet, car il ne prend

en compte les PFNL animaux, bien que la chasse soit très réglementé, et surtout la liste des

espèces citées dans le décret y relatif est largement insuffisantes. Le dispositif réglementaire

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et juridique doit constituer un véritable programme de développement des PFNL qui

permettrait principalement d’accroître les revenus des populations villageoises d’où sont

prélevés les produits mais également de permettre une exploitation rationnelle des ressources.

Celle-ci peut se faire aux moyens de plans d’aménagements forestiers, des programmes de

domestications des produits particulièrement prisés par les populations et ou hautes valeurs

ajoutées. De ce fait, ces espèces pourront donc être intégrées dans des systèmes agricoles pour

devenir de sources de revenus pour les populations rurales. Selon Tchoundieu et al (2000),

l’agroforesterie réduit les risques lies aux fluctuations du marché par exemple, si la valeur du

marché d’un produit diminue, la diversité des espèces plantées par les agriculteurs réduira

l’impact de la perte de revenus.

Dans tous les cas et comme le soulignent Ndoye et al (2000), la recherche a un rôle

fondamental à jouer dans l’identification de la meilleure approche qui permettrait de

contribuer à trouver le meilleur équilibre entre l’amélioration du bien être des population et la

conservation des PFNL et des forêts : en mettant à la dispositions des acteurs toutes les

informations sur le taux d’exploitation durable et les techniques de collectes à même de

garantir la pérennité de l’espèce ; en favorisant la domestication, par les populations rurales,

des produits principaux ; en évaluant l’impact de ces nouvelles technologies sur les pratiques

culturelles des populations forestières et sur les écosystèmes ; en apportant aux acteurs l’appui

scientifique nécessaire au développement des PFNL.

Recommandations et méthodologie de collectes des PFNL

La contribution de la recherche doit se faire suivant une approche sous régionale car,

dans cette étude, le commerce des PFNL n’implique pas seulement les nationaux mais

également les acteurs de la sous région, c’est pour quoi il nous parait essentiel de

recommander que :

-de développement un programme sous-régional de développement des PFNL ;

-d’harmoniser à l’échelle de la COMIFAC l’arsenal juridique et fiscal sur les PFNL ;

-de mettre en réseau, les institutions de recherches sur les

-développer des synergies entre les différents projets en cours dans la sous région sur

les PFNL, FAO, FORENET, COMIFAC, etc.

-de lancer un programme national d’inventaire et d’évaluation des PFNL qui pourrait

suivre la catégorisation développée dans la présente étude et qui intègre l’ensemble des

acteurs;

-de mettre à jour le décret relatif au PFNL de façon à intégrer les autres espèces

connues et surtout promouvoir les PFNL

-de mettre en place des forums de concertation au niveau local qui réunissent

l’ensemble des acteurs des PFNL (populations locales, scientifiques, négociants,

commerçants, administrations, ONG, etc.) afin d’échanger sur toutes questions relatives au

développement des PFNL.

Pour y parvenir, le développement d’une méthodologie de collecte des données sur les

PFNL est nécessaire. Celle-ci pourrait reposer sur :

-le développement d’un questionnaire national relié à une base de donnée spécialement

conçu pour les PFNL ;

-le lancement des enquêtes (enquêtes ethnobotaniques socioéconomiques,

ethnozoologique, ethnomycologique, etc) dans tout le pays qui permettraient d’identifier et de

caractériser les PFNL en intégrant les systèmes de gestion locaux, les besoins de subsistance

des populations locales, les systèmes de valeurs sociales et la répartition du travail selon le

sexe ; les droits traditionnels d’accès aux ressources, etc.

-la création d’une base de données nationales sur les PFNL

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-le développer dans des centres de recherche des programmes de valorisation et de

développement des PFNL ;

-la publication annuellement une revue sur l’état des PFNL dans le pays qui prendrait

en compte tous les aspects liés à la problématique PFNL (durabilité de la ressource,

commercialisation, recherche, revenus des populations, impact économique, etc.).

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développement des entreprises, World Agroforestry Centre West and Central Africa-Humid

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