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DIPTYQUE JEUNESSES & VIOLENCES | PREMIER VOLET TAIsEZ-VOUs OU JE TIRE DE MÉTIE NAVAJO D’APRès LE fILM DE JEAN-PAuL LILIENfELD La journée de La jupe MIsE EN scèNE | cÉcILE ARThus cRÉATION LE 4 AVRIL 2017 Au NEsT-cDN TRANsfRONTALIER DE ThIONVILLE GRAND EsT Oblique Compagnie bénéficie de l’accompagnement à la structuration du Conseil Régional Grand Est. Cécile Arthus a été artiste associée au NEST - Centre Dramatique National transfrontalier de Thionville Grand Est de janvier 2010 à juin 2017. Photo © Jeanne Roualet Oblique Compagnie - 1 chemin du Leidt 57100 Thionville Artistique / diffusion : cile Arthus - 06 03 48 77 16 - [email protected] Admin / prod : hélène schmitt - 06 23 38 44 70 - [email protected] assistée d’Isabelle Patain - [email protected] obliquecompagnie.com REVuE DE PREssE

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DIPTYQUE JEUNESSES & VIOLENCES | PREMIER VOLET

TAIsEZ-VOUs OU JE TIRE

DE MÉTIE NAVAJO D’APRès LE fILM DE JEAN-PAuL LILIENfELD La journée de La jupe

MIsE EN scèNE | cÉcILE ARThus

cRÉATION LE 4 AVRIL 2017 Au NEsT-cDN TRANsfRONTALIER DE ThIONVILLE GRAND EsT Oblique Compagnie bénéficie de l’accompagnement à la structuration du Conseil Régional Grand Est. Cécile Arthus a été artiste associée au NEST - Centre Dramatique National transfrontalier de Thionville Grand Est de janvier 2010 à juin 2017.

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Oblique Compagnie - 1 chemin du Leidt 57100 ThionvilleArtistique / diffusion : cécile Arthus - 06 03 48 77 16 - [email protected] / prod : hélène schmitt - 06 23 38 44 70 - [email protected]ée d’Isabelle Patain - [email protected]

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REVuE DE PREssE

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PREssE RÉGIONALE

REVUE DE PRESSE

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CULTUREThionville: Taisez-vous ou je tire, une création explosive

La dernière création de Cécile Arthus devrait faire parler d’elle, la metteure en scène s’est inspirée d’un fait divers pour mettre l’accent sur la jeunesse et la société. Taisez-vous ou je tire sera créé au NEST, Centre Dramatique National transfrontalier de Thionville-Grand Est en avril.

Théo, cassandre, Alice et treize jeunes assistent à un cours. Au programme Dom Juan de Molière. Le ton monte, les injures fusent et la jeune prof confisque un sac dans lequel se trouve une arme. face à tant de violence, elle craque et prend en otage la classe. c’est à partir de ce fait divers que cécile Arthus d’Oblique compagnie a choisi de travailler. «Le Préau de Vire et le Nest de Thionville m’ont sollicitée pour que je m’empare du sujet en créant une pièce qui sera jouée début avril à Thionville dans le cadre de la semaine Extra et en Normandie en mai à l’occasion du festival Ado.» une commande d’écriture a été faite à Métie Navajo pour l’écriture de la pièce Taisez-vous ou je tire. cécile Arthus est entourée de la chorégraphe Aurélie Gandit de la compagnie La Brèche de Nancy et de la scénographe Estelle Gautier.

six semaines de répétitionsLes répétitions ont débuté lundi à Thionville. «ce sont sept professionnels et trois comédiens adolescents qui ont été choisis. Trois autres comédiens amateurs les rejoindront par la suite. cette pièce interroge sur des questions de société, traite de la violence sous différentes formes. Mais ce n’est pas du théâtre documentaire.» Taisez-vous ou je tire est une fable, pleine d’humour, nourrie par une écriture incisive qui va droit au but.«Nous avons mis en scène différents profils. On est parti de stéréotypes.» De la brute à l’introverti en passant par le jeune énigmatique et le rebelle… «Aux comédiens à présent d’incarner leur personnage, de l’imaginer.» Ils ont six semaines en Lorraine et en Normandie pour monter et s’approprier l’histoire. «cette pièce fait partie d’un diptyque. Le deuxième volet devrait voir le jour dans un an. Il y sera également question de situations explosives inspirées d’événements réels.»Les premières répétitions sont prometteuses. Les comédiens sont bluffants et l’intrigue saisissante. La première est programmée le 4 avril au NEsT, à Thionville. Puis la pièce partira en tournée à Guyancourt, à Lorient, à Vire et dans le calvados. «Elle s’adresse à la jeunesse, mais je pense qu’elle parlera à tout le monde, aux parents comme aux éducateurs.»une pièce dure sur la complexité de l’homme, pleine de vérités «mais qui finit bien», assure la metteure en scène.

Taisez-vous ou je tire, création à voir au NEST de Thionville du 4 au 7 avril.Retrouvez toutes les photos de la répétition sur www.republicain-lorrain.frSabrina FROHNHOFER

Répétitions à Thionville. La pièce est une création proposée par Oblique Compagnie, Le Préau de Vire et le NEST de Thionville. Photo Pierre HECKLER.

6 février 2017

TAIsEZ-VOUs OU JE TIRE : QUAND LEs MAsQUEs TOMBENTLa dernière création de Cécile Arthus est bouleversante. Avec Taisez-vous ou je tire elle donne la parole à une jeunesse révoltée, désabusée. Une pièce à voir ce vendredi au Théâtre en Bois de Thionville dans le cadre de la Semaine EXTRA.

L’histoire c’est celle d’un fait divers qui s’est déroulé au lycée Voltaire, établissement situé en zone sensible. Le cours de littérature va vite tourner au cauchemar. Dans la salle de théâtre, une jeune prof, Myriam, chahutée par ses douze élèves. Théo, le blagueur et fils de flic, Tom le timide, cassandra la nouvelle, Alice la forte tête mais aussi sekou le grand black délinquant… Tous ont leur vécu, leur lot de galères et surtout aucun n’accepte de filer droit. Dans ce huis clos oppressant, les insultes fusent, les attaques s’enchaînent. L’enseignante est à bout.

En découvrant un revolver dissimulé dans un sac, son sang ne fait qu’un tour. Elle le saisit et décide de renverser la situation menaçant les jeunes. Le pistolet transforme les codes établis, la prof prend en otages les élèves. « Taisez-vous ou je tire », prévient-elle. À trois reprises, la détonation retentit. « Madame, vous êtes folle ! », s’inquiète une élève. Apeurés, tous sont couchés à terre. À tour de rôle, un comédien devient narrateur et commente les faits. Les scènes sont entrecoupées par l’apparition d’une journaliste survoltée à la recherche du sensationnel, qui tente de comprendre ce qui est en train de se tramer dans cette salle. « c’est une enseignante sans histoire...Que lui est-il arrivé. un burn-out ? ».

Durant une heure trente, vous suivrez avec attention et étonnement l’histoire de ces jeunes largués, désenchantés. Vous sursauterez avec eux. Vous tremblerez à leurs côtés. Et vous assisterez impuissants à ce chaos. c’est effrayant mais plein de réalité.

Les jeunes comédiens Olivia chatain, la prof, chloé sarrat, la réfugiée, Jackee Toto alias sekou la terreur sont bluffants. Impossible de rester insensible face à ce scénario plein de rebondissements qui aborde les thèmes brûlants des violences, de la construction de l’identité, de la liberté de conscience et de l’adolescence. Le point de départ c’est le théâtre et le célèbre Dom Juan de Molière, unprétexte à faire tomber le masque ?

Taisez-vous ou je tire c’est un cocktail explosif, un coup de projecteur sur les apparences qui vous collent à la peau. Et quand la machine s’emballe, c’est ensemble qu’ils vont trouver le moyen de sortir de ce marasme.

une création qui vous laissera à coup sûr sans voix. une prouesse théâtrale portée par une mise en scène exceptionnelle et un texte de Métie Navajo actuel et fort.

À voir absolument le vendredi 7 avril à 19h au théâtre en Bois de Thionville.

Sabrina FROHNHOFER.Retrouvez l’ensemble des photos du spectacle sur www.republicain-lorrain.fr

5 avril 2017

Les douze élèves sont incarnés par de jeunes comédiens professionnels qui ont été choisis pour leur jeu concret et sobre tout en étant capables d’imposer leur personnalité.Photo Pierre Heckler.

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sCÈNEs DU LUTTEPour, par et avec le jeunes  telle est la philosophie du festival La Semaine EXTRA, initié par le NEST -Centre Dramatique National Transfrontalier de Thionville Grand Est- et dont c’est la troisième édition. Au programme : six spectacles sur le thème « Rébellion et engagement », des moments d’expression et des ateliers consacrés aux arts vivants.

On a coutume de dire que les jeunes sont les spectateurs de demain. Pour Jean Boillot et cécile Arthus, co-directeurs artistiques de La semaine Extra, ce sont avant tout les spectateurs d’aujourd’hui. En trois ans, le festival s’est consacré aussi bien à la promotion du spectacle vivant auprès des jeunes qu’à la mise en lumière d’une création contemporaine soulevant des thèmes de société, des interrogations et des défis auxquels ceux-ci sont confrontés. cette année, le thème « rébellion et engagement » est un nouvel angle par lequel aborder des problématiques. « ce n’est pas un thème qui tombe forcément sous le sens, explique cécile Arthus. On a envie de se dire que la jeunesse représente toujours une force contestataire, mais elle peut aussi se montrer conservatrice. Ils sont englués dans une réalité et la contestation est un choix à faire qui n’est pas évident. » (...)

Débats explosifsDans Taisez-vous ou je tire, Myriam Pignard est une enseignante qui vit mal sa relation avec ses élèves. un jour, elle découvre une arme dans le sac de l’un d’entre eux. Dans la confusion, le coup part, et Myriam, dans la panique, se transforme en preneuse d’otages. Plongés dans cette situation extrême, chacun va avoir l’occasion de faire face aux autres et à soi-même, de tomber les masques et de se confronter aux violences sous toutes leurs formes. « ce sujet est un point de départ d’où tout va se réinventer, explique cécile Arthus, metteur en scène. L’entrée de cette violence va permettre des échanges autour des personnages, qui sont autant de stéréotypes autour de l’école, de la laïcité, de la citoyenneté... » Trois lycéens issus d’ateliers ont été auditionnés pour rejoindre les comédiens professionnels de cette création qui a nécessité deux ans de travail. « Ils ont été placés au même niveau que les autres, précise la metteure en scène. Tantôt galvanisés, tantôt frustrés, ils ont vécu une expériences commune très exigeante. »

Benjamin Bottemer.

avril 2017

Photo Jeanne Roualet.

PREssE NATIONALE

REVUE DE PRESSE

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TAIsEZ-VOUs OU JE TIRETexte Métie Navajo Mise en scène Cécile ArthusPropos recueillis : Cécile Arthus

Cécile Arthus met en scène des comédiens professionnels et des adolescents amateurs autour de l’histoire d’une professeure qui prend ses élèves en otage.

Le projet est né de la volonté de rapprochement du NEsT, du Préau et d’Oblique compagnie. Je suis artiste associée au NEsT et avec mes précédentes créations, j’ai une sorte d’expertise sur les spectacles en direction de la jeunesse, et j’ai surtout l’habitude d’y mélanger comédiens professionnels et amateurs dans des créations qui ont le même niveau d’exigence qu’un spectacle pro.

Une prise de parole brute, crue, frontaleune prof, qui se fait trop chahuter pour parvenir à enseigner, découvre soudainement une arme dans le sac d’un de ses élèves. Elle va, par la menace et la violence, parvenir à entrer en dialogue avec cette jeunesse qui l’entoure. ce qui ne sera pas, bien sûr, sans causer de dommages collatéraux. Métie Navajo, qui a écrit ce texte, Olivia chatain, la comédienne principale, et moi avons passé trois semaines en résidence en lycée, à aborder le sujet de la violence, de la confrontation des jeunes avec l’institution de l’école. Je ne veux pas parler des problèmes de banlieue, mais de la jeunesse, de l’école, et des valeurs qui y circulent. Les adultes ont tendance à idéaliser les jeunes, ou à les diaboliser. Alors que, comme tous les âges de la vie, celui-ci est plein de contradictions, que nous abordons ici à travers un fait divers qui révèle aussi certains dérèglements de la vie sociale. sept comédiens professionnels seront accompagnés de trois adolescents amateurs qui joueront de vrais rôles de lycéens. Nous allons les auditionner comme des pros. Nous voulons représenter la mixité, et également choisir des jeunes capables d’une prise de parole brute, crue, frontale, presque performative. Je pense dans ce registre à ce qu’avait fait Pialat dans À nos amours.

Propos recueillis par Éric DemeyCréation dans le cadre de la semaine EXTRA, en avril 2017.

Cécile Arthus. Photo Arthur Péquin.

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juin 2016

QUAND LA BREBIs sE FAIT LOUVE

sous le titre Taisez-vous où je tire, une pièce de Métie Navajo constitue le premier volet d’un diptyque baptisé Jeunesses & violences. Elle est mise en scène par cécile Arthus, qui anime l’Oblique compagnie implantée à Thionville (1). Il nous est dit que Métie Navajo a enseigné les lettres et le théâtre «  dans les zones-pas-faciles de banlieue parisienne où elle se fait une idée concrète de ladite “ mixité sociale ”  ». Le texte doit donc être nourri de son expérience personnelle. Il va s’agir d’un cours sur Dom Juan, de Molière, aussitôt empêché par les attitudes «  inciviles  » du collectif des élèves face à la jeune enseignante, d’emblée débordée par l’hostilité des grands adolescents entre eux en même temps qu’à son endroit. Le désordre est à son comble quand apparaît, furtivement extraite d’un sac, l’arme de poing du cancre le plus véhément, dont s’empare la pédagogue irrémédiablement dépassée, inversant du coup le rapport de forces dans le sanctuaire de l’école. Afin d’obtenir le silence, elle brandit le calibre sous le nez du troupeau des jeunes, à leur tour terrorisés. La brebis professorale se fait louve…

ce n’est pas gagné. certains se rebiffent, l’arme passe de main en main. Au-dehors, les forces de police accentuent la pression, car il y a bel et bien «  prise d’otages  », tandis qu’une envoyée spéciale de la télévision souffle sur les braises du ressentiment généralisé ; c’est tantôt dans son discours l’agressivité inhérente à la jeunesse comme classe dangereuse, tantôt le gauchisme propre à la prof… (...) De jeunes comédiens y vont de bon cœur dans l’emploi à chacun dévolu. Leur énergie ne rend pas plus perceptible le propos, soit que l’école est le révélateur du mal-être social dans sa totalité. cQfD.

(1) Le spectacle achève sa tournée au cours d’un «  festival ado  » dans le bocage normand. Nous y avons assisté à Domfront, dans l’Orne. ce sera le 18 mai à Passais, le 19 à saint-sever et le 20 à condé-en-Normandie. Il est le fruit d’une coopération entre le Préau, centre dramatique national de Normandie-Vire, et le Nest, centre dramatique national transfrontalier de Thionville-Grand Est.

Jean-Pierre Léonardini

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15 mai 2017

PREssE INTERNET

REVUE DE PRESSE

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TAIsEZ-VOUs OU JE TIREde Métie Navajo, mise en scène Cécile Arthus au Théâtre en Bois de Thionville 4>7 avril, en tournée le 25 avril à Guyan-court, Ferme de Bel Ébat, du 27 au 28 avril au Théâtre de Lorient, du 2 au 20 mai au PréauTHÉÂTRE AU VENT | JUSTE ANOTHER BLOG.LEMONDE.FR

c’est une salle de classe avec son brouhaha que l’on imagine ordinaire. Des adolescents chahutent leur jeune professeur de français qui donne un cours de théâtre. Elle a demandé aux élèves d’apprendre quelques scènes de Dom Juan de Molière, notamment celle où Don Juan examine la jolie charlotte. L’ambiance est très tendue mais la prof ne se démonte pas comme si elle était habituée au punching ball que lui réservent les ados . Elle se dirige vers les plus indisciplinés pour leur intimer l’ordre « manu militari » de ranger leurs cartables. surpris, les ados laissent glisser un pistolet d’une sacoche. Estomaquée, la prof s’en empare aussitôt : « Taisez-vous ou je tire ! » crie-t-elle à l’adresse des élèves. Paniqués, ils se jettent sur le sol.La prise de l’arme, c’est le déclic qui va conduire la prof, hors d’elle, à vider son sac. Elle donne l’impression de délirer. À l’extérieur, une journaliste fait les cent pas devant le lycée et commente la situation. chacune de ses interventions seront précédées d’un jingle « monstrueux » tonitruant, à lui seul commentateur de l’événement de la façon la plus primaire, voire grotesque.Dans ce psychodrame écrit par Métie Navajo qui explore « la tectonique du réel » à travers une fiction « nourrie de réalité sociale » les spectateurs pourront avoir l’impression d’être pris en otages eux-mêmes tant la charge émotionnelle est intense.c’est une véritable boîte de Pandore qui se déverse sur le plateau car la prof n’ a pas fini de vider son sac qu’un ado se saisit de l’arme à son tour, puis un autre, et ainsi de suite. Au bout du compte tous les participants de ce cauchemar éveillé vont réaliser qu’ils sont en quelque sorte livrés les uns aux autres et que la posture de l’intimidation reste sans issue . c’est une pluie de bouts de papiers tombés du ciel qui leur rappellera la réalité d’une incroyable diversité d’opinions, de ressentis. Au final, ils quitteront la scène en disant en choeur un passage de Dom Juan qui de façon étonnante les rassemblera face au danger d’être pris en otages par les discours médiatiques les cataloguant : jeune issu de l’immigration, ou bien jeune de couche populaire, fils de flic, mal dans sa peau, jeune réfugiée de couleur indéterminée ou encore jeune enseignante mal formée en manque d’autorité.Les interprètes accompagnés d’élèves qui ont participé aux ateliers autour de cette pièce, sont absolument étonnants. On y croit à ce psychodrame. saisis par l’émotion, les estomacs se serrent mais si les coups de pistolet dérangent, les mots sonnent juste . La virulence des propos permet de prendre la mesure du ressenti de tous ces jeunes « enfermés dans une classe » et qui, comme le dit la prof, certes cyniquement, ont beaucoup de choses à nous apprendre.ce spectacle époustouflant, mis en scène par cécile Arthus, trouve naturellement des échos parmi le public lycéen. Il peut déconcerter un public qui n’est pas au fait des tensions qui agitent le milieu scolaire. Tel quel dans sa forme brutale, il impressionne par son énergie.Derrière l’esbroufe d’un Dom Juan ou celle des jeunes insoumis, le désir de liberté de conscience va dans le sens d’une réflexion qui dépasse l’enivrement d’une révolte. Oui, les armes de la réflexion s’imposent, elles seules. Apprendre à se connaitre, eh oui, pour ne pas se replier sur la peur, la peur de l’autre. c’est elle, le monstre infâme que brandit maintes fois quelques médias à l’affût du scandale.Évidemment, il s’agit d’un formidable rêve éveillé, car elles sont nombreuses les petites têtes qui restent renfermées en elles-mêmes, qui n’ont pas les moyens de se faire entendre. « Donnez-nous l’envie de nous exprimer » signifie leur silence.La pièce de Métie Navajo ne leur répond pas « Je vous ai compris » mais elle rêve pour eux d’un accès à la parole qui soit libérateur, salutaire !

Evelyne Trân

Photo Jeanne Roualet.

TEXTE MÉTIE NAVAJO

MISE EN SCENE CÉCILE ARTHUS

TAISEZ-VOUSOU JE TIRE

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9 avril 2017

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TAIsEZ-VOUs OU JE TIRE(vu à la Semaine EXTRA du NEST Thionville)LES THÉÂTRES DE STÉPHANE GILBART

une prof dans une « banlieue sensible ». un révolver dans le sac d’un élève. Elle s’en empare et prend ses élèves en otage… une belle occasion pour « faire le point » sur l’école, les exclusions de tous types, les récupérations-vautours des chaînes d’info en direct, les bla-bla bien-pensants et formatés des institutions, les solitudes, les frustrations. Tout ça ? Oui, en une heure et demie. Grâce à un superbe texte de Métie Navajo, exactement théâtral dans ses mots, sa syntaxe, ses rythmes, sa façon de dire les réalités. Grâce à une mise en scène « au cordeau » de cécile Arthus, tendue, précise, éclairée, sonorisée comme il convient. La maturité d’un travail que j’ai la chance de suivre depuis un certain temps ! Grâce à une équipe de comédiens bien choisis, au meilleur d’eux-mêmes. Rien de moralisant, de convenu, de politiquement correct dans tout cela. un théâtre qui se confronte au réel. un théâtre qui m’a ému aussi dans mon vieux rêve d’une « éducation partagée », d’une « éducation-ascenseur social », dans le gâchis qu’on a laissé s’installer. Y croire encore. Tenter de l’illustrer et de la défendre avec un tel théâtre de rencontre.

Photo Arthur Péquin.

10 avril 2017

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TAIsEZ-VOUs OU JE TIRENEST THÉÂTRE | THIONVILLE | AVRIL 2017

comédie dramatique de Métie Navajo, mise en scène de cécile Arthus, avec hiba El Aflahi, Olivia chatain, Timothée Doucet, Léonie Kerckaert, chloé sarrat, Mehdi Limam, Jackee Toto et en alternance les adolescents-comédiens Rachel Arrivé, camille Delaunay, sharon Ndoumbe et harouna Abou Ide, Kiara Ramazotti et carla Thomas.

Au Val des Joncs, une zone définie comme « à haut-risque », la salle de théâtre d’un collège. Des élèves et leur professeure de français y sont réunis pour étudier Dom Juan de Molière.

Mais l’ambiance extrêmement tendue n’est pas au travail. Tous s’invectivent, certains sont insolents avec l’enseignante. Et l’arme faisant irruption soudain du sac d’un élève va être le déclencheur d’un événement national.

utilisant l’incident pour vider son stress, inverser le rapport de force et lancer une discussion au sein de sa classe, l’enseignante aura du mal à contrôler néanmoins la tension ambiante.

Et le huis clos ira de rebondissement en rebondissement. L’arme qui changera de mains comme un bâton de parole fera éclater les pensées d’individus que la dureté du quotidien entraîne dans une spirale de violence.

Taisez-vous ou je tire, le texte de Métie Navajo, relate un fait divers dans le cadre scolaire. Et à la façon d’une fable poétique, fait le constat d’une situation au bord de l’implosion. Il brocarde au passage la télévision-spectacle qui amplifie et déforme l’information pour toujours plus d’audimat.

sans manichéisme, avec un texte cru loin du politiquement correct et n’ayant pas peur de toucher des thèmes brûlants d’actualité, le spectacle bouscule les idées reçues sur l’éducation et le quotidien de jeunes en perte de repères. Il agit également comme un miroir pour les collégiens et lycéens, premiers spectateurs concernés, pour lancer des pistes de discussion avec leurs professeurs.

Remarquablement mis en scène par cécile Arthus (avec l’aide d’Aurélie Gandit à la chorégraphie) qui crée au cœur de la scénographie éblouissante d’Estelle Gautier une spirale vertigineuse, Taisez-vous ou je tire est un formidable moment de théâtre d’une tension permanente dont l’homogénéité de l’interprétation impressionne au plus haut point.

cécile Arthus dirige à la perfection sans glisser dans le réalisme de jeunes comédiens professionnels et amateurs exceptionnels. Il faut tous les citer tant leur prestation est épatante. Olivia chatain imposante de métier (la prof), hiba El Alflashi d’une maîtrise stupéfiante, Timothée Doucet confondant d’aisance, Léonie Kerckaert drôle en journaliste dépassée, Mehdi Limam d’une belle écoute...

Jackee Toto montre lui une présence très forte et une vraie personnalité. Quant à chloé sarrat, absolument bouleversante dans le rôle de « l’étrangère », elle fait preuve d’une puissance de jeu phénoménale. Nul doute qu’elle, et tous les autres comédiens de cette pièce poignante, n’ont pas fini de faire parler d’eux.

La particularité de cette création étant de mêler à la distribution, composée essentiellement de jeunes professionnels recrutés sur audition, des amateurs locaux. Ainsi, lors de la représentation : Kiara Ramazotti, carla Thomas et harouna Abou Ide faisaient leur baptême, avec un résultat là-aussi ahurissant, à tel point qu’on n’aurait pu les distinguer des jeunes acteurs plus aguerris.

cette expérience les a tous les trois emballés et vivre cette aventure collective leur a donné le goût de poursuivre. c’est ce qui transparaît dans cette création : un collectif uni et soudé, brillamment encadré.

un texte puissant et une mise en scène percutante pour une réussite incontestable. Taisez-vous ou je tire emmené par des jeunes comédiens époustouflants, fera date.

Nicolas Arnstam

10 avril 2017

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TAIsEZ-VOUs OU JE TIREtexte MÉTIE NAVAJO | mise en scène CÉCILE ARTHUS

cela se passe dans la salle où une jeune professeure d’un collège de banlieue donne un cours de théâtre à une classe d’adolescents. Elle leur fait travailler Don Juan de Molière, ou plutôt elle essaye… L’exercice n’a rien de facile mais, comme elle s’y prend de la façon maladroite et à la limite de la caricature, elle n’arrive pas à s’en sortir ! Elle fait pourtant preuve d’une petite autorité mais se révèle incapable de leur montrer les enjeux de la pièce. choc de générations, choc des cultures… Bref, le ton commence à monter : tout est en place pour que cet atelier-théâtre ne fonctionne pas, et les élèves veulent prouver à leur prof que l’œuvre étudiée ne les concerne en rien…Mission accomplie. c’est vite la confusion générale, quand un revolver tombe du sac d’un élève ! Prise de panique, la jeune prof s’en empare habilement et va en faire un instrument de pouvoir. Plusieurs élèves réussissent à s’enfuir mais elle a du mal à gérer la situation ! Elle peut régner sur cette classe, terrorisée mais que l’on sent assez admirative : la prof commence à parler leur langage et à installer des rapports de force ! Molière est maintenant bien loin… Et les scènes de Don Juan font place à la naissance d’une tragédie possible avec bain de sang à la clé, si les choses tournaient mal, d’autant que la prof se met alors à tirer des coups de feu, avec un certain sang-froid mais quand même…Retournement brutal de situation : un élève réussit à prendre le revolver jusqu’au moment, où, enfin, elle le récupère. La direction de l’établissement, prévenue, va faire déclencher le plan de secours; on entend derrière la porte les mises en demeure au mégaphone de la police qui ignore ce qui se passe exactement dans cette salle, entre les élèves et leur prof. Négociations refusées dans un climat impressionnant de réalisme bien réalisé par cécile Arthus. Même si les méthodes du GIGN sont sûrement différentes…La situation change donc en effet, puisqu’ils sont tous obligés -élèves comme prof- d’être solidaires face à l’imminence d’un passage en force. une jeune journaliste de radio (...) raconte depuis le début à ses chers auditeurs cette descente aux enfers et dramatise les choses pour donner du piquant à cette longue attente. Les appels à se rendre par mégaphone se succèdent, augmentant encore l’émotion palpable.(...)« Le théâtre de Métie Navajo est politique, dit cécile Arthus, il interroge le présent et défriche des situations complexes qui ont toutes quelque chose de familier (…) Au milieu de cette réalité gluante qui nous colle à la peau, il permet de croire en un avenir différent et meilleur. » (...) Le traitement de ce fait divers qui aurait pu tourner au cauchemar est habile, et a au moins le mérite de mettre l’accent là où cela fait mal. (...) Jamais sans doute être enseignant dans le secondaire n’aura été plus difficile… Il y faut être humble, avoir été bien formé, accepter ensuite d’être mal payé, avoir une foi inébranlable dans son métier; et si on anime un atelier-théâtre comme ici, il faut aussi posséder une solide culture théâtrale et une sensibilité aux textes, une empathie réelle avec ses élèves, et avoir déjà une bonne expérience. Et encore, pas sûr que cela réponde aux attentes et marche à tous les coups. Bref, la quadrature du cercle ! Et tout cela, face à de jeunes baraqués d’un milieu social souvent défavorisé, parlant et écrivant souvent mal le français mais bourrés d’énergie, qui ont envie d’en découdre avec une école à laquelle ils ne s’identifient pas… Bienvenue dans le club !Dans la belle salle en bois du Nest, cécile Arthus a réalisé une mise en scène où elle réussit à mettre en valeur chacun de ses jeunes comédiens, tous très crédibles, et en même temps, à bien maîtriser le groupe quand il est en mouvement, à la limite permanente de la bagarre générale. Olivia chatain est tout à fait remarquable dans le rôle de la jeune prof de français. Et les jeunes spectateurs durant une heure vingt, regardaient passionnés… Aucun doute : oui, le théâtre est bien vivant quand il est encore capable de susciter une pareille attention.

Philippe Duvignal

Photo Luc Maréchaux.

15 avril 2017

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TAIsEZ-VOUs OU JE TIRE

Du 3 au 7 avril 2017, le NEST – Centre Dramatique National transfrontalier de Thionville Grand Est propose la 3ème édition de la semaine Extra, un festival dédié à l’adolescence. Une programmation riche où se manifestent l’engagement et la rébellion à travers des pièces légères, poétiques et graves. Six spectacles tout public, joués dans les théâtres et les lycées partenaires de la ville dont une nouvelle création: Taisez-vous ou je tire. Pour Cécile Arthus et Jean Boillot, directeurs du festival, le spectacle vivant est une façon d’accompagner la jeunesse, de la célébrer, de la préparer et de lui donner les moyens de décoder ce monde complexe dont le sort dépendra de ses choix. Un moment de partage intergénérationnel et de liberté d’expression, de l’insouciance à la révolte, les élans de ces adolescents mènent vers de nouveaux horizons où tout semble possible.

Taisez-vous ou je tire, nouvelle création de cécile Arthus, artiste associée au NEsT est le premier volet d’un diptyque sur le thème de la violence qui touche les jeunes. sur la scène épurée la salle de classe, une professeure de français peine à maintenir l’ordre pendant les répétitions de théâtre.

Elle découvre un pistolet dans un sac d’un élève et un coup part accidentellement. Tout bascule, une prise d’otage commence relayée par une journaliste survoltée. L’arme en main donne un sentiment de toute puissance, libère la parole et ouvre des dialogues étonnants avec les adolescents.

un drame social féroce qui aborde avec humour des sujets sensibles de l’éducation, de ses valeurs et du choc des cultures sans porter de jugement. un huis clos haletant mené admirablement par les comédiens professionnels et trois ados Thionvillois avec en tête Olivia chatain incarnant la jeune enseignante. L’écriture de Métie Navajo est d’une force redoutable.

Paula Gomez

Photo Luc Maréchaux.

19 avril 2017

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TAIsEZ-VOUs OU JE TIRE

Au Préau | Centre Dramatique Régional de Vire. Place Castel, 14500 Vire, 02 31 66 16 00. Du 2 au 6 mai 2017, mardi 2 mai 20h30, jeudi 4 mai 10h, vendredi 5 mai 10h & 14h, samedi 6 mai 20h30. Puis dans le cadre du Festival Ado | BOCAGE NORMAND : 9 mai 20h30 à Domfront, 11 mai 14h et 20h30 à Mortain, 12 mai 20h30 à Torigny-les-Villes, 18 mai 20h30 à Passais, 19 mai 20h30 à St-Sever, 20 mai 20h30 à Condé-en-Normandie

La pièce se déroule dans une classe. une professeure de français. cours de théâtre. Au programme : Molière, Don Juan, scène des pêcheurs avec la jeune charlotte et extrait de la dernière scène d’Elvire. un lycée de banlieue, d’une banlieue indéterminée mais en zone d’éducation prioritaire. Lycée difficile. Violent. c’est le thème central qu’a choisi Métie Navajo pour cette pièce : la violence, et surtout comment cette violence peut déraper au sein d’un établissement scolaire au point d’y provoquer une prise d’otage.La conception en est de ce fait réaliste. Presque documentaire. une dizaine d’élèves qui sont comme un panel de la france multicolore, multiculturelle. chacun porte semble-t-il le poids de son histoire. chacun différent de l’autre de part celle-ci, de part sa religion, sa couleur de peau, son sexe. Les rapports entre ces jeunes collégiens sont rugueux, agressifs quand on les voit de l’extérieur. un langage qui ressemble à celui de la rue et que l’autorité flageolante de la professeure ne parvient pas à faire taire. une classe qui fourmille d’affrontements : élèves / professeur mais aussi entre les lycéens.La classe est une entité disparate. Les caractères inventés par Métie Navajo (qui enseigna et fit une immersion préparatoire dans un établissement scolaire durant l’écriture) et mis en scène par cécile Arthus sont bien trempés. Même s’ils sont presque tous représentatifs d’un cliché (ethnique, religieux ou autre), ils présentent chacun des traits particuliers qui leur donnent une personnalité propre, ce qui n’est pas toujours très facile. Et rien que ceci est un beau travail car il tend à échapper justement aux clichés sur une jeunesse à peine scolarisable et globalement inculte. Et on parvient à s’attacher à ces jeunes débordant d’une énergie agressive, provocatrice mais qui restent, malgré le sérieux et le corrosif des échanges, juvéniles dans leurs réactions, prêts à rire comme à se déchirer à belles dents d’une seconde à l’autre. c’est au milieu de cette ambiance où enseigner ne sert strictement à rien, où les tensions commencent à user les nerfs de chacun que soudain, un élément va tout cristalliser : un pistolet. un pistolet sorti du sac d’un des élèves, fils de policier. un pistolet qui va devenir l’instrument de pouvoir absolu sur les autres. c’est ainsi que le huis clos s’installe. un coup de feu part. Tous se retrouvent au sol sauf la personne qui tient l’arme.Dehors, la police cerne la classe, les journalistes des chaînes infos font grossir les rumeurs et attisent les peurs… À l’intérieur, au fil de maintes péripéties, de menaces, de paroles qui se délient, l’arme change de main. Elle devient vite bien plus qu’un instrument de pouvoir. sa possession transforme radicalement son propriétaire. sorte d’amulette magique qui ferait ressortir de la main qui le tient toutes les frustrations, tous les désirs de vengeance, les vieilles rancunes, les humiliations. Le pouvoir aux mains de la colère. Qu’ils soient tour à tour menaçants ou menacés, chacun finit par découvrir, au-delà du masque de sa propre pseudo identité, ses véritables limites, ses véritables peurs, ses véritables candeurs.ce spectacle en cela est passionnant car il met en scène l’acte. Le passage à l’acte. Et montre qu’il y a une distance infinie entre les menaces, les fanfaronnades, les haines affichées et la possibilité d’user du pouvoir absolu sur l’autre, de le tuer, de l’humilier… À tout moment, la scène peut basculer dans le sang. ce sont les mots, les aveux, les peurs qui servent à éviter le massacre. À ce jeu, chacun se retrouve à éprouver ce qu’éprouve son voisin : le fort devient le faible, l’humilié, la tête de Turc devient le chef. un message d’unité finit par triompher : face au monde - policiers, journalistes, réseaux sociaux qui attendent derrière la porte - la classe forme groupe pour sans doute la première fois : chacun conscient des différences de l’autre, mais tous faisant parti du même bateau, même si ce bateau ressemble très fort à une galère.Le spectacle est rythmé par des interventions de la journaliste de télévision, parfois trop ressemblante à la vacuité de ces commentateurs d’actualité, ainsi que par des passages narratifs en adresse directe au public qui crée une interactivité avec la salle et relatent, comme dans le théâtre classique, les scènes d’actions. Il est vrai qu’il y a ici unité de temps, de lieu et d’action. comme si, reprendre ces règles du théâtre français pouvait faire une passerelle entre jeunesse et culture.

Bruno Fougniès

Photo Arthur Péquin. Photo Luc Maréchaux.

2 mai 2017