16
1 REVUE D’INFORMATION ET DE LIAISON DES « AMIS DE LA MORALE LAÏQUE DE MOLENBEEK » Editeur responsable: HermineThirion, Avenue Carl Requette, 37/8, 1080 Bruxelles Périodique bimestriel ALD (ne paraît pas en juillet et en août) N° 250 novembre-décembre 2017 BUREAU DE DÉPÔT 1081 - BXL - 8 00 5575 Belgique-België PP1081 Bruxelles 8 1/9301

REVUE D’INFORMATION ET DE LIAISON DES « AMIS DE LA … · ... se manifestent en même temps que les populismes, les vrais maîtres de ... la France, voyez la Belgique ... la légalité

  • Upload
    dinhanh

  • View
    216

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

1

REVUE D’INFORMATION ET DE LIAISON DES

« AMIS DE LA MORALE LAÏQUE DE MOLENBEEK »

Editeur responsable: HermineThirion, Avenue Carl Requette, 37/8, 1080 Bruxelles

Périodique bimestriel ALD (ne paraît pas en juillet et en août)

N° 250 novembre-décembre 2017

BUREAU DE DÉPÔT 1081 − BXL − 8

00 5575

Belgique-België

PP1081 Bruxelles 8

1/9301

2

SOMMAIRE

Note Editoriale page 3

Petite Anthologie Laïque page 4

Vivre la Laïcité à Molenbeek (et Ailleurs) page 4

Centre de Réflexion et de débats « Pierre Bayle »

Politique et valeurs – M. Voisin page 6

Quand les valeurs valent ce qu’elles valent – L’Insatisfait page 8

Epuisement de l’enseignant humaniste – L. Berger page 11

De la flèche à l’arbre… – A. Callet page 15

Couverture (face/dos): Martine Moreau, Sisyphe (bronze) / Homme Cercle (bronze)

QUELQUES COORDONNÉES UTILES ...

Des informations, de la documentation, des questions sur la laïcité, une assistance morale, une cérémonie laïque... N’hésitez pas à nous contacter.

AML MOLENBEEK

Tél.: 02 468 57 57 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://www.aml-molenbeek.be/ MOLENBEEK LAÏQUE Pour recevoir notre Bulletin par mail, envoyez votre adresse à [email protected]

Compte IBAN : BE07 0011 0381 8166

AML-Molenbeek Avenue Carl Requette, 37/8 - 1080 Molenbeek-Saint-Jean

FAML

Av. de Stalingrad, 54 1000 BRUXELLES Tél. : 02/476 92 83 / Fax : 02/ 476 94 35

E-Mail : [email protected] Site Internet : www.faml.be

3

NOTE ÉDITORIALE

Faire, à tout le moins reculer la « bête immonde »

« Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde »

Bertolt Brecht, La résistible ascension d’Arturo Ui,

(…..) « et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l’enseignement des

hommes, la peste réveillerait ses rats, et les enverrait mourir dans une cité heureuse »

Albert Camus, La Peste.

Oui elle est bien là la « bête immonde » : elle attendait de rugir après avoir multiplié les insultes, les agressions, les violences de toutes sortes en Allemagne, après y avoir mené une agitation démagogique fondée sur la précarité sociale du « miracle » économique, après avoir amplifié le malaise existentiel et culturel engendré par la migration massive, et ce jusqu’à la xénophobie extrême. Oui elle engrange un très gros succès électoral qui, au plan symbolique, va rappeler d’horribles pages d’histoire…

Les fascistes allemands – appelons-les par leur nom – ne sont pas seuls : ils ont des amis en Hongrie, en Pologne, en Turquie (oui l’Histoire a de ces ironies !), un peu partout en Europe, y compris au sein de notre gouvernement fédéral, sans oublier le milliardaire de droite extrême qui dirige les Etats-Unis.

Bien sûr les politologues ont là du pain sur la planche pour nous inviter à en distinguer les nuances, les inspirations diverses, voire les programmes, et les philosophes, à nous inviter à ne pas atteindre le « point Godwin ». Pourquoi pas ? Ce sont là des travaux et des conseils utiles, mais qui ne devraient pas nous faire oublier les leçons de l’histoire qui ne fait jamais de cadeaux, qui, de fait, nous place devant des défis qui, s’ils ne sont pas relevés, entraînent des sanctions douloureuses.

Oui il existe sans aucun doute DES fascismes de diverses inspirations, oui l’histoire nous montre qu’un totalitarisme ressemble très fort à un autre, mais aussi que le chemin n’est jamais très long qui conduit de leur version « ordinaire » à leur version institutionnelle. Dans le même ordre d’idées, et dans ce qui nous est toujours apparu comme l’une des tâches fondamentales de la réflexion libre exaministe, l’établissement des « causes », ne faudrait-il pas s’interroger sur le délitement progressif ou plus brutal de la protection sociale, des services publics, de l’état social de droit, qui se trouve sans doute au départ d’un malaise, voire d’un désespoir politique laissant le champ libre aux diverses manifestations des populismes, voire de la peste brune ?

Dialectiquement, les social-démocraties dont le projet politique depuis des décennies, aura été d’aménager de manière un peu sociale le marché s’étonnent souvent que les travailleurs s’éloignent d’elles du point de vue électoral, se laissent séduire par la démagogie populiste, tandis certaine presse voit dans les analyses et la pratique de la gauche radicale et d’un syndicalisme parfois dur le retour du communisme !

Il est probable que nous vivions des moments historiques d’apparence paradoxale, alors que les nationalismes et sous-nationalismes se manifestent en même temps que les populismes, les vrais maîtres de l’économie sont, dans les faits « internationalistes » (voyez Davos et en plus discret Bilderberg) : ils n’ont vraisemblablement que mépris pour les trublions que nous venons de citer, mais sont prêts à s’en servir, se félicitant du délitement social, eux qui rêvent d’en finir avec les dispositions étatiques encore un peu protectrices du monde du travail.

L’humanisme laïque, disions-nous se doit d’établir les causes, mais aussi d’agir sur elles…Il est temps de regarder le réel droit dans les yeux, si nous voulons faire reculer la « bête immonde », laquelle est parfois « bon chic, bon genre » jusqu’à se réclamer des lumières et de la démocratie.

Roger Thirion

4

PETITE ANTHOLOGIE LAÏQUE

(…) La fin du communisme a paru trancher le grand débat qui opposa les deux principaux courants de la gauche internationale après la révolution russe, la défaite d’un des protagonistes signifiant la victoire de l’autre, c’est-à-dire la revanche de la social-démocratie sur son cadet plus turbulent. Mais ce triomphe a été de courte durée. Le centenaire de la prise du Palais d’hiver coïncide… en effet avec la rafale de revers que vient d’essuyer le courant réformiste. (…) Simultanément, une forme

d’impatience, de radicalité renaît dans la plupart de ces pays …et ailleurs. Peu avant la célébration aux airs d’exorcisme du bicentenaire de 1789 en France le socialiste Michel Rocard estimait « que

la Révolution c’est dangereux et que, si on en fait l’économie,

ce n’est pas plus mal »

Trente ans ont passé, la mondialisation s’est imposée, les fantômes sont revenus, et la momie de la révolution remue encore.

Serge Halimi, Le siècle de Lénine, in Le Monde diplomatique, octobre 2017 Illustrations : Giangiacomo Spadari. – « V. I. Lénine », 1971 -Olivier Pastor - Villa Tamaris Centre D’art, La Seyne-Sur-Mer

VIVRE LA LAÏCITÉ À MOLENBEEK (ET AILLEURS)

Faute de place et pour une question de mise page, cette rubrique sera brève. L’équipe du Comité a déjà beaucoup travaillé : sortie de notre revue « septembre-octobre », lettre de convocation à l’AG du 26 septembre, réunion du Comité, réunion du Comité organisateur du Colloque, AG bien présente, attentive, dans des conditions peu confortables … expérimentales et peu convaincantes, établissement du programme du quadrimestre (cfr les convocations aux soirées Sylvie Lausberg et Révolution d’Octobre, inauguration du Musée communal, Fête de l’Enfant, Colloque de la laïcité, etc…autant de projets approuvés et applaudis par notre AG ! Notre AML reste égale à elle-même, mais a réussi à se rajeunir et à se moderniser.

5

Signalons la présence à notre AG de Madame Françoise Schepmans, Bourgmestre, de Madame Paulette Piquard, de MM Georges Van Leeckwyk et Christian Magerus, conseillers communaux, de plusieurs directions d’école (Ecoles 5, 6, 11, 16 et 17) et de notre « garde intellectuelle rapprochée… » Saisissons l’occasion de rappeler que notre « exécutif » est une structure ouverte en permanence à tout laïque de « bonne volonté » en vue d’une intégration en son sein, permanente, ou plus occasionnelle, selon les modalités très pragmatiques de notre Règlement d’Ordre Intérieur. Au-delà de cette éventualité, nous invitons tous nos membres et sympathisants à nous faire part, notre Président l’a rappelé, lors de l’AG, de vos remarques, observations, suggestions, critiques, par voie classique ou électronique, ou en nous rejoignant au Comité, tous les troisièmes mardis du mois, salle des Chevaliers du Château du Karreveld, à 18h. Il n’y a pas de magistère laïque, mais des partenaires qui dialoguent, échangent en vue de la construction jamais achevée de l’humanisme laïque. Dans le respect mutuel et en toute fraternité. Le Comité exécutif souhaite à tous les affiliés et sympathisants de bien vivre ce quadrimestre : nous n’avons jamais dissimulé que nous trouvons ce monde peu défendable, mais pourquoi ne pas relire les épicuriens et les stoïciens, Montaigne, Camus, et quelques autres, sans pour autant oublier de répondre présents si le combat humaniste l’exige. Belle fin d’année 2017, et faisons en sorte que 2018 réponde mieux à nos attentes libre-exaministes !

6

CENTRE LIBRE EXAMINISTE DE REFLEXION ET DE DEBAT « PIERRE BAYLE »

Politique et valeurs

N’êtes-vous pas saturés par les "nobles" déclarations qui se réfèrent toujours à la protection, au respect et à la promotion de « nos valeurs » ? Mais n’êtes-vous pas révoltés par les affaires et manigances qui illustrent quasi quotidiennement l’information courante ? Terrible paradoxe. Les valeurs signalées dans les discours sont passées à la trappe ! Et cela depuis longtemps. Mais on dirait que ce grand écart finit par être sanctionné. Voyez la France, voyez la Belgique cet été.

En fait, une seule valeur subsiste et domine la mondialisation ultra capitaliste : l’argent, le profit

maximum immédiat. Elle n’est pas proclamée comme telle au contraire des autres, mais elle régit en grande partie l’économie, la politique, la sociologie et donc imprègne profondément les mentalités, même parfois jusqu’à l’inconscience.

Voyez la fameuse trilogie de la République française toujours invoquée, toujours verbalement

sacralisée, burinée sur la plupart des monuments publics comme une évidence. Mais que se passe-t-il en réalité ?

AFP

La même liberté ne règne pas pour tous. Sa privation dépend de beaucoup de facteurs plus ou

moins obscurs et souvent la sévérité judiciaire sera loin d’être impartiale. La Fontaine a encore raison : « Selon que vous serez… »

De l’égalité, chacun qui réfléchit au minimum sait bien qu’il s’agit d’une utopie. À moins d’être

aveugle et sourd, l’évidence en est patente. Et cela ne concerne pas seulement le niveau de richesse ou l’accessibilité aux études supérieures. Un idéal trop ambitieux pour survivre dans un monde égoïste, affairiste et déboussolé.

7

Quant à la fraternité, noble idéal s’il en est, sa pratique se révèle forcément difficile en fonction de

ce qui précède mais aussi du fait qu’il s’agit également d’empathie, des « affinités électives » (Goethe) et que cela ne se commande ni ne s’institue. En outre, il faudrait supposer éteintes la rage dominatrice et la cruauté qui l’accompagnent. Celles qui ont permis les massacres et les génocides outre l’esclavage qui restent une tentation des pouvoirs.

Non, décidément la belle devise n’est qu’un slogan sauf pour quelques îlots de généreux qui

s’efforcent – généralement sans grand succès – de l’incarner véritablement. C’est le même paradoxe que celui qui fait qu’il est difficile dans l’Europe qui se dit chrétienne de vivre en essayant d’appliquer la morale évangélique. Jésus vivrait mal parmi nous !

Pour voiler l’horreur et le désarroi, on parle beaucoup d’éthique. On crée même des instances

(consultatives !) en son nom, sans trop savoir de quelle exigence et de quelle culture philosophique elles relèvent. Évolution sincère ou mise en scène qui risque d’être étouffée par les vrais pouvoirs.

On peut douter en effet quand on voit au niveau même de l’Europe une magistrale manipulation

de l’idéal démocratique, dénoncée dans un article bien argumenté du Monde diplomatique. Le grand juriste allemande Dieter Grimm y démonte une atteinte fondamentale et structurelle qui en arrive à rendre la légalité illégitime.1

En bref, voici le problème. L’interprétation des traités européens en Constitution, conséquence de

la jurisprudence de la Cour de Justice de l’Union européenne à Luxembourg, sape la base de l’édifice démocratique en vidant de contenu le vote des citoyens puisque les États doivent s’y soumettre. Ainsi, l’interdiction des barrières commerciales au nom de la sacro-sainte liberté du marché – voyez les accords internationaux qu’on nous inflige2 – en arrive à empêcher l’autorité publique élue de défendre la santé, l’emploi, la protection sociale, etc. de ses citoyens dont le vote devient obsolète sur ces questions.

Aucun Parlement, même l’européen, n’y peut rien. Il semble que la Cour constitutionnelle

allemande soit la seule à avoir mis en garde contre ce déni de démocratie soigneusement occulté. La Cour européenne, instance suprême, « ne peut contribuer à établir le Marché commun, but fixé par les traités, que de façon « négative »3 favorisant ainsi le libéralisme. » Que devient la nécessaire indépendance de la Justice ? Et le suffrage universel ? C’est l’ensemble des valeurs éthiques et politiques qui caractérise la culture européenne qui peut ainsi être laminé progressivement et en douce. Et avec lui, nos précieuses valeurs laïques …

Marcel VOISIN

Juillet 2017

1 "Quand le juge dissout les lecteurs", Redonner à l’Union européenne une base politique légitime (juillet 2017, p. 19). 2 La résistance wallonne au CETA a été durement traitée et finalement refoulée. Elle fut pratiquement la seule jusqu'à présent à

tenter de sauver des acquis démocratiques. S’en étonner ou pleurer… 3 C’est-à-dire éliminer les réglementations nationales.

8

Quand les valeurs valent ce qu’elles valent

J'ai reçu récemment le joli feuillet de présentation du 30ème Colloque de la Laïcité dont le titre "Où en sont nos valeurs laïques?" ne m'invite guère à entrevoir le futur avec beaucoup d'optimisme car il révèle bien tristement l'intériorisation par les laïques de deux tendances lourdes de notre société : fétichisation et marchandisation1. Plus d'un dira qu'il y a du Marx dans ce jugement, mais précisons qu'il ne s'agit que de tendance à la fétichisation et à la marchandisation et non de fétichisme et de marchandise parce qu'il est essentiel de replacer l'être humain, cet animal social, au centre de ses créations dans un processus d'actions continues dans des structures structurées et structurantes. A la fois créateur de son environnement de tensions et de contradictions et des objets de tensions et de contradictions de son environnement, il se crée aussi en tant que tension et contradiction dans ses rapports sociaux afin d'affirmer ce qu’il est ou veut être par ce qu’il fait ou croit faire pour ce qu’il est ou pour ce qu’il veut être. Il est la source et l’objet de la vie sociale ; et son cerveau répond, malheureusement, bien souvent, aux attentes de l’ancien PDG de TFI qui, au sommet de sa réussite2, affirmait qu’il en vendait3. D'origine militaire et d'utilisation peu aisée en philosophie et en sociologie dans la mesure où elles se définissent quasiment par elles-mêmes mais très usitées dans le langage courant par extension aux différentes définitions établies avec précision en économie politique, les valeurs expriment toujours des rapports sociaux4, d'autant plus que les objets sur lesquels elles sont appliquées sont explicitement déterminés, ceux de la laïcité. Le procès de valorisation qui consiste à classer hiérarchiquement et à mettre en relation les objets transforme ces derniers en marchandises et les fait entrer dans une circulation, dans un commerce qui n’est jamais figé mais toujours historiquement déterminé par les rapports sociaux issus des rapports des forces entre vendeurs et acheteurs, entre dominants et dominés. Ces fluctuations sont mesurables quantitativement par le degré d'intérêt accordé par les citoyens et qualitativement par l'intensité des enjeux5. Les investissements, les mises qui définissent objectivement les valeurs, pour la défense et la promotion des idéaux laïques, et les sacrifices d'hier ne sont pas ceux d'aujourd'hui; ils ont évolué avec la société. Toute comparaison avec le passé ne peut se faire qu'avec des définitions bien précises des

1 "Une autre évolution a été nécessaire, celle précisément qui a fait des « idées » un objet de trafic, des marchandises

consommables une saison et que l’on jette (oublie) avec le prochain changement de mode." Cornelius Castoriadis, « L’industrie

du vide » (Le Nouvel Observateur, 9 juillet 1979) disponible sur http://www.pierre-vidal-naquet.net/spip.php?article49 2 « 95 % des audiences de l'année pour TF1 » (La Dépêche, 2 janvier 2004) disponible sur

http://www.ladepeche.fr/article/2004/01/02/247817-95-des-audiences-de-l-annee-pour-tf1.html 3 Patrick Le Lay, président directeur général de TF1 en 2004 : « Or pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le

cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c'est-à-dire de le divertir, de

le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain

disponible » cité dans L’Expansion du 9 juillet 2004, disponible sur http://lexpansion.lexpress.fr/entreprises/patrick-le-lay-

president-directeur-general-de-tf1_1428488.html 4 « La valeur est un rapport entre deux personnes » Ferdinando Galiani, "De la Monnaie" cité par Karl Marx "Le Capital" (Librairie

du Progrès, 1872-1875, note p.29) qui ajoute "un rapport caché sous l'enveloppe des choses". 5 Avec des taux pondérés des débats parlementaires, des articles dans la presse, des violences physiques répertoriées ...

9

catégories utilisées et des références temporellement et géographiquement établies. En d'autres termes, même si l'objet des investissements et les investissements eux-mêmes peuvent changer de forme; la chose valorisée possède toujours intrinsèquement au moins une constante qui se doit d’être simple et élémentaire pour être transmissible dans le temps, de génération en génération, et dans l’espace, d’une société, d’une communauté à une autre. Ils n’y a pas 26 définitions de la laïcité6 et les inventeurs de la laïcité inclusive, et exclusive ou restrictive ou encore dogmatique ne sont que de simples commis-voyageurs à la recherche d’une niche dans un marché loin d’être saturé mais dont les insuffisances ne leur permettent pas de s’y affirmer. Parler de valeurs laïques, c’est accepter de marchander à l’image de ce « cours de philosophie et de

citoyenneté » dont le point d’équilibre du marché semble être 1 heure et pas 2 car visiblement la valeur de la 2ème heure n’équivaut pas la 1ère qui elle vaut 1 heure de tous les autres cours confessionnels et non-confessionnels. Objectivation matérielle de la valeur, la marchandise, dans nos sociétés modernes, est quasiment reléguée au rang de simple attribut de cette dernière voire d'être elle7. Les expressions « valeurs de la république », « valeurs démocratiques », « valeurs laïques » ou les très populaires « valeurs de l’entreprise » généralisent cette inversion et créent un

espace particulier, distinct du monde des choses, dans lequel les valeurs se meuvent, se rencontrent, s’entrechoquent, s’affrontent pour exister, pour passer du statut de valeur méprisée c’est-à-dire indigne d’attention à celui pour laquelle on donnerait sa vie ; objectivement passer du statut de ce qui ne vaut rien à celui de ce qui vaut plus que ce qui vaut. Cet espace est bien connu. Il s’impose, pour les uns, comme une triste fatalité jusque dans notre vie quotidienne, alors que d’autres, la grande majorité, y jouent avec quelques plaisirs parce que leurs intérêts sont plus ou moins grands8. Le marché, la

6 « La laïcité : un concept simple à définir » (CAL) disponible sur https://www.laicite.be/la-laicite/la-laicite-un-concept-simple-a-

definir/ 7 La tribune de Gabriel Cohn-Bendit « Les «valeurs de la république», mais la république, c’est quoi ? », dans La Libération du 27

avril 2016, disponible sur http://www.liberation.fr/france/2016/04/27/les-valeurs-de-la-republique-mais-la-republique-c-est-

quoi_1449024, est doublement interpellant … sur les valeurs et sur son « support ». 8 « Le monde social monte des pièges et ces pièges sont si bien montés que les gens y tombent avec joie, avec bonheur. Il y a

dans l’expression « pièges à cons » une espèce de sourire amusé : on voit le jeu comme il est (c’est un piège) et on voit aussi

qu’il y a quelque chose à la fois de touchant et de dérisoire à tomber dans des pièges aussi naïfs … » Pierre Bourdieu, Sociologie

générale – volume 2 (Cours au Collège de France 1983-1986), 2016, p.924

10

bourse, la place où des valeurs s’échangent sans qu’on s’intéresse à ce qui les soutient permet surtout à quelques « faiseurs de marché » de déposséder les citoyens de leurs créations. Il les transforme en de simples consommateurs avec des cerveaux préparés à être réceptifs au moindre petit gain dans l’échelle des valeurs qui s’imposera d’elle-même. Les programmes des « cours de philosophie et de citoyenneté » de tous les degrés, rédigés par les acteurs dominants du moment établissent l’apprentissage d’un espace neutre9 car tous les marchés sont formellement déclarés comme neutres avec des acteurs reconnus comme égaux10, où les valeurs sont plurielles11 parce que l’offre est abondante et où choisir est l’action libre par définition12. Dans ces documents, les valeurs sont et les reconnaître mène chaque individu, chaque élève à devenir des citoyens libres et responsables comme au supermarché où bien cerner ses besoins permet aux consommateurs de bien sélectionner librement ses produits. L’origine des valeurs comme des besoins est assez bien occultée et une hiérarchisation bien élaborée des valeurs comme des besoins évite les conflits. En résumé, il s’agit d’apprendre à vivre dans un monde parfait en niant les véritables sources des vrais conflits, d’apprendre les règles et les logiques des marchés dans un environnement, l’école, qui se mue avec assez de réussite vers un secteur marchand. On serait tenté de donner comme solution un radical refus de ce qui est, d’affirmer avec intransigeance ses idées et ses principes. Combattre avec violence pour éradiquer ou s’exclure pour construire quelque chose de nouveau … Ni l’un ni l’autre … Garine, le héros des Conquérants d’André Malraux, semble nous indiquer une alternative: « … tu penses bien que je ne me faisais pas d’illusions sur la valeur de la « cause » […] Si je me suis lié si facilement à la Révolution, c’est que ses résultats sont lointains et toujours en changement. […] je suis un joueur. Comme tous les joueurs, je ne pense qu’à mon jeu, avec entêtement et avec force. […] et j’ai appris à jouer : mais c’est toujours le même jeu. […] Je m’attache à tout ce qui lui donne de la force… (J’ai appris aussi qu’une vie ne vaut rien, mais que rien ne vaut une vie). »13

L’Insatisfait

9 « …la neutralité peut être conçue et pratiquée de différentes manières à l’intérieur d’un cadre bien défini. » in Cours de

philosophie et de citoyenneté - 1er degré de l’enseignement secondaire, p.8, disponible sur

http://enseignement.be/index.php?page=27915&navi=4429 (ressource 13917). Le cours de morale non-confessionnelle n’était

donc en aucune manière conçu et pratiqué d’une manière neutre. 10 « Construire la citoyenneté dans l’égalité en droits et en dignité » in Cours de philosophie et de citoyenneté - 1er degré de

l’enseignement secondaire, p.60 11 « Reconnaitre la pluralité des valeurs » in Cours de philosophie et de citoyenneté - 1er degré de l’enseignement secondaire,

p.34 12 « Pouvoir agir, c’est CHOISIR librement … » in Cours de philosophie et de citoyenneté - Programme d’études - Cycles 2, 3 et 4

de l’enseignement, p. p.8, disponible sur http://enseignement.be/index.php?page=27915&navi=4429 (ressource 13917). Notons

que « choisir » est en gras et en capital dans le texte d’origine et pas « librement ». Qu’on se souvienne, l’origine de ce cours

obligatoire était un refus de choisir un cours … 13 André Malraux, Les Conquérants, Grasset, 1928, p.242

11

Epuisement de l’enseignant humaniste

Un sociologue qui demeure une référence dans mes écrits est Zygmunt Bauman. Ainsi, je reprends son expression « société liquide », tout comme je reprends celle de « société de

consommation. » ou encore « société du spectacle. » Ces trois expressions me permettent de mieux cerner les tensions que vit l’enseignant humaniste avec les prescrits de nos sociétés urbaines. Je décris bien sûr l’école que je connais : l’école en ville. L’école n’est plus un endroit paisible. On ne se sent plus protégé derrière ses murs. La laideur de certains bâtiments scolaires, leur abandon traduit le peu de considération envers un dernier espace public délaissé au profit des espaces privés qui s’imposent dans notre environnement.

Je vais donc préciser davantage les tensions ressenties par le lettré qui désire transmettre la beauté. J’envisage encore la culture comme une aspiration vers la beauté. La culture est confrontée aux gestionnaires, les professeurs idéalistes le sont aussi. Hannah Arendt défendait la beauté et l’autorité. Aujourd’hui, l’expérience, la sensibilité, l’émotion, n’exercent plus une aura, une autorité bienvenue. Une certaine forme de management devient incompatible avec la vision ancienne de l’art. La performance en art est la voie à suivre dans la primeur accordée au spontané, à l’efficacité. L’individu consommateur a certes toujours existé, mais la société de consommation s’impose de plus en plus. Ainsi l’expérience n’a aujourd’hui plus aucune importance, elle ne fait plus autorité, car rien ne demeure, tout est remplaçable, jetable.

Ce que la consommation crée comme pathologies nouvelles, c’est la consommation elle-même qui nous donne la réponse. Une réponse habituelle à un mauvais type de comportement est l'éducation ou la rééducation; inculquer aux élèves de nouveaux types de motivation, développer de nouvelles tendances et les former aux nouvelles compétences, ainsi la pédagogie actuelle se médicalise, le professeur devient un aide-soignant. Or le pédagogue humaniste ne voulait pas nécessairement se montrer rassurant. Il voulait introduire des questions, des doutes, des remises en cause, il voulait apprendre à découvrir l’inattendu, l’étranger, la rareté, la singularité. Aujourd'hui, il lui est demandé d’apporter des réponses momentanées qui seront aussitôt remplacées par d’autres. Société des modes d’emploi, des recettes, du prêt- à- porter momentané, donc société des déchets accumulés, de l’exclusion, de la marginalisation. Ainsi, le professeur lettré est lui-même marginalisé. Il est sommé de devenir un guérisseur de toutes les nouvelles maladies engendrées par les produits consommés. Ainsi, sans cesse, de nouvelles techniques sont à adopter, sans cesse, de nouveaux critères d’évaluation s’imposent : trouve le titre, trouve la métaphore, relève cinq arguments, mais comprendre le texte n’a plus vraiment d’importance !

Une question essentielle traverse ce que j’écris sur mon métier. Est-ce que les enseignants pourront encore longtemps faire front contre la transformation de l’enseignement en une sphère commerciale ? Ce qui est à comprendre dans le cadre d’une autre question : est-ce que l’espace public survivra à l’espace privé ? En effet, il existe une tension entre le désir de bousculer les élèves et le discours officiel qui est de les conformer, de les rendre efficaces pour travailler et consommer. Le professeur humaniste qui privilégie le lien, qui désire réunir ce qui est épars, est confronté au morcellement, à la fragmentation, à la division, à la séparation, à la spécialisation.

12

La mission de l'intellectuel implique le sens de la loyauté. Or c'est l'infidélité qui est exigée

puisque tout doit bouger, se transformer. Les intellectuels humanistes sont considérés comme des utopistes, de doux rêveurs, des responsables irrationnels, accusés de ne pas faciliter l’accès des jeunes au monde de l’emploi. Aujourd’hui, le lettré va à contresens, il marche à contre-courant. La consigne donnée est de ne pas s'arrêter de courir, de ne pas s'attacher, de ne pas s'attarder, de ne pas contempler. Tout est à négocier, tout est en rotation. « Monsieur pourquoi étudier Camus il est mort !

» Que peut alors la philosophie face aux lois de la concurrence ?

Le lettré est un peu louche. Le décalage entre le professeur humaniste et le réel risque de devenir plus grand ? Ses étudiants seront de plus en plus pressés de prendre le train de la consommation et de l'emploi. Le néolibéralisme n’est-il pas aussi une forme d'intégrisme? Lui qui impose son identité de la consommation ne comprend pas ceux qui sont prêts à sacrifier leur vie pour leur propre cause. Dans un univers « liquide », les perdants s’accrochent à ce qu’ils peuvent. Plus rien ne dure, les idoles d'un jour ont remplacé Rimbaud. Dans le bruit permanent quel auteur non médiatisé peut-il se faire entendre ? S'asseoir sur un banc et prendre son temps pour réfléchir risque de devenir interdit !

La compétence exigée est celle la capacité de changer, de trahir, de jeter, de toujours choisir sans choix définitif. Se concentrer ? Être patient ? Avoir le sens des limites et de la contrainte, voir le long terme, relier les choses entre elles ? Non, au contraire, de jouir de l’instantané, de penser déjà au nouveau produit alors que déjà un autre est mis en vente. L’humanisme est donc bien aux antipodes du néolibéralisme malgré sa présence dans les discours hypocrites. Il est curieux de dénoncer les radicalismes de tous genres sans jamais prendre conscience que le néolibéralisme ne doit son existence démesurée qu’à sa force radicale.

L'enseignant humaniste est donc pris au piège. Sa contestation ne sort plus dans les rues pour manifester, elle se traduit médicalement par l'épuisement de cette lutte constante contre le mouvement général. Il est fatigué, usé, miné de toujours rappeler des règles, des valeurs, des contraintes qui sont en fait complètement dépassées. Il est à côté de la plaque. Même s’il ne partage absolument pas la pensée réactionnaire d’un Alain Finkielkraut, il sera considéré par les hédonistes de la vitesse, du changement, comme un ringard, un aigri. Ce qui est loin d’être mon cas, car c’est toujours avec enthousiasme que je défends des positions humanistes en classe, même si au fur et à mesure le décalage entre mon discours et la réalité de nos villes s’affirme. Pourquoi vouloir demander le silence à ceux qui sont devenus incapables de se taire et veulent toujours interagir ? Le théâtre lui-même joue le jeu s’il veut survivre par des spectacles de plus en plus attrayants.

Dans mes écrits sur l'école, j'ai souvent évoqué la transformation dominante de l’élève en client. Le professeur humaniste va à l'encontre de la sécurité offerte par le clientélisme. La liberté qu'il souhaite transmettre à ses élèves devient alors une menace. La sécurité des modes d’emploi vendus les rassure. A contrario, le professeur humaniste, lui, n’a rien à vendre, il propose un horizon à atteindre, qui demande une persévérance impossible pour ceux qui ne voient plus que l’immédiat d’un choix à faire rapidement avant qu’il ne soit dépassé. Réfléchir, avoir le sens de la nuance, ne pas se précipiter représente des libertés bien trop difficiles et contraignantes à ceux qui sont désormais habitués à avoir tout spontanément : portez telle tenue, remplacez-la aussitôt, débarrassez-vous de tout ce qui est ancien! Allez ainsi prétendre que lire Sartre peut être salutaire alors que les idoles

13

changent sans cesse aujourd’hui ! Allez demander aux jeunes de s’engager alors que c’est le désengagement qui est promu !

Gilbert Garcin - Il faut imaginer Sisyphe heureux

Dans un monde instable, sans fondations, le nageur nage toujours avec euphorie. La rigueur

ascétique du lettré devient insupportable. L’exigence de la contrainte est refusée. Or la liberté suppose l’acceptation de la contrainte qui est légitime. L’idéologie néolibérale refuse les limites, la progression, l’initiation. Le néolibéralisme est un irrationnel caché qui ne supporte pas les autres formes d’irrationnels. Le néolibéralisme construit des murs contre le terrorisme mais ne peut arrêter les attentats. Pourtant, il fait autant de victimes !

Comment l’enseignant peut-il encore donner sens dans une « société liquide » qui supprime le sens tout en vendant le bonheur, la sécurité ? Une entreprise qui fait du bénéfice doit être capable de licencier son personnel. Tout comme vous devez être capable de jeter votre Smartphone démodé pour ne pas paraître honteux aux yeux des autres. « Monsieur, vous avez encore un Iphone 4, c’est un

ancien modèle ! » Je dirais même que donner sens, comme le Camus voulait, à un monde absurde, n'a plus de sens, car trouver des raisons de bonheur à ce monde malheureux est vain, car celles-ci à peine trouvées seront dépassées et immédiatement remplacées. Alors, certains choisissent de se donner la

14

mort en tuant des innocents pour faire sens dans un monde dénué de sens où les promesses s’adressent en fait à une minorité de privilégiés.

Avec Hannah Arendt je pense que la culture ne se soucie pas de l'ordre du jour, ainsi

l’enseignant artiste est en conflit avec les gestionnaires. La culture recherche la beauté, non le bruit. Nous pouvons observer une augmentation des audits, des contrôles, des récompenses ou punitions des gestionnaires sur les enseignants contraints de justifier la moindre de leur action sous couvert de conseils pédagogiques. Il est demandé de participer au désengagement, à l'oubli. Évolution de l'art vers l'éphémère, le happening. Le discours vendu finit par primer sur le contenu. Je te montre comment je fais, même si mon œuvre ne signifie pas grand-chose.

Face au changement perpétuel proposé par le néolibéralisme, il ne faut pas s'étonner que les individus s'accrochent aux fondamentalismes sauveurs, aux croyances invincibles. Dès lors, la liberté proposée par l'enseignant humaniste paraît bien trop dangereuse. Le néolibéralisme s’étonne du fanatisme des autres, qui se protègent derrière les caméras de surveillance, mais il s’affirme aussi en tant qu’idéologie qui fanatise les croyants de la consommation : jetez tout, ne gardez rien, renoncez à tout, trahissez, ne soyez pas amoureux trop longtemps, quelqu’un d’autre vous attend pour quelques jours, effacez et recommencez, tout est possible.

Le refus du risque, de l'originalité se démontre dans une société individualiste tel est le paradoxe. Plus les gens se barricadent, plus l'agressivité augmente. Plus le professeur humaniste perturbe la sécurité de ses élèves, plus leurs revendications consuméristes se déclarent. Des citoyens protégés dans leur 4X4 et sont bloqués dans le trafic urbain. Des policiers super armés rassurants et des criminels loups nous entourent. L’élève ne se sent plus en sécurité derrière les murs de son école. Des adolescents harcelés par de jeunes prédateurs refusent de rejoindre un lieu que l’on pensait à l’abri de la société. Nos villes forment des espaces privatisés en communautés fermées : l’existence de l’école est atteinte en tant que dernier espace public. Les élèves habitués à fréquenter des espaces privés connus et rassurants, pourront–ils encore accepter de vivre dans un espace public ? Aller à l'école, c'est rencontrer des inconnus, des étrangers. Ainsi le risque de conflits entre professeurs et jeunes risque de s'affirmer de plus en plus.

Ces tensions demanderont aux enseignants, qui persisteront encore dans l’humanisme, une force incroyable. Ils seront pris dans des conflits de valeurs de plus en plus insupportables. Ces conflits intenses demanderont une capacité de résistance qui finira tôt ou tard par céder tellement l’épuisement sera douloureux.

Laurent Berger

Septembre 2017

15

De la flèche à l’arbre…

« L’an dernier, en allant en balade, à même le sol, j’ai trouvé… Un bout de caillou… C’était une

pointe de flèche en silex…

Là c’est extraordinaire le voyage que tu fais… Tu te demandes ce qui s’est passé … pourquoi

cet objet ici ?

L’arc et la pointe de flèche en silex sont

apparus il y a dix mille ans environ, un

peu plus tardivement dans nos

contrées…

Il y a un mec qui chassait. Il a tiré sa

flèche et l’a perdue…C’était précieux,

c’était du boulot de tailler une flèche. Il

l’a perdue il y a des milliers d’années…

Tu arrives et tu la retrouves …

Quelle histoire tu donnes à la continuité

de cet élément ? …

Parce qu’il l’a fait vivre cet élément : il

l’a sculpté, ce caillou.

Quel lien ? C’est très émouvant ce

lien… à savoir que la dernière

personne qui l’a touché, c’était un

homme, comme nous, il y a des milliers

d’années…

Je continue. Je fais quelques mètres. Je

vois un peu plus loin… le cadavre d’un lièvre… !!

Là, le temps s’est envolé…

Et là, j’ai imaginé parfaitement la scène si lointaine et si proche immédiatement…

Il était vraiment là … Il chassait au milieu de ce champ,

Pfouhhhh !!! Tu t’envoles, tu voyages… c’est de l’envolée totale…

Récemment, je revois cette pointe de flèche… Et elle me fait penser à l’arbre que je suis occupé

à faire… »

A. Callet Propos recueillis par PZ (Collectif - 47 rue Rey Ainé)

16

Renforçons encore et toujours l’AML, en tant que lieu de réflexion

libre exaministe et d’humanisme laïque

Rappel : la cotisation « unifiée » reste fixée à 12 euros minimum … (grand clin d’œil ici du trésorier) qui donne droit au service de « Molenbeek Laïque » bien sûr, mais aussi de «Morale Laïque »

et de « Bruxelles Laïque Echos »

Comme nous l’avons souvent souligné : au-delà de cette contribution « financière », c’est aussi de votre présence que nous avons besoin, de vos remarques, observations critiques, de votre aide ponctuelle, ou

carrément de votre implication au sein du Comité, structure ouverte en permanence … Songez-y et parlez-en à un(e) laïque encore isolé(e).

Compte IBAN : BE07 0011 0381 8166

AML-Molenbeek

Avenue Carl Requette, 37/8 - 1080 Molenbeek-Saint-Jean