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Zone CFA: 2000 CFA Europe : 4 Euros. Belgique: 4 Euros. Maroc: 20 Dirhams. Tunisie: 3 Dinars. Mauritanie:1000 UM Nouakchott. Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. Johannesburg. NUMÉRO 37- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2017 ASSURANCES L’éditorial de Pathé Dione sur Les convergences réglementaires entre les marchés africains. L’éditorial de Mehdi Tazi sur les compagnies d’assurance africaines et le financement de l’économie locale. Roger BOA Johnson: «Notre marché profite pleinement de la bonne santé de l’économie Ivoirienne » ASSURANCES Mohamed Hassan Bensalah: «Le moment est venu de créer des champions continentaux» P.8 P.14 P.12 P.9 ASSURANCES ASSURANCES L’Afrique doit assurer son émergence LE MENSUEL DES AFFAIRES www.financialafrik.com INTERVIEW CHRONIQUE Pages 17 Pages 6 SUPPLÉMENT VIVAFRIK Pages 24-25 3’:HIKLTB=UUYUU\:?k@a@d@r@a"; M 01910 - 37 - F: 4,00 E - RD Pages 8-22 Richard Lowe: «Nous enregistrons une croissance régulière très satisfaisante» L’essentiel de l’info sur le développement durable Pages 20 Pages 4 Edito Perspectives du secteur des Assurances en Afrique Marque d’autorité : un dispositif d’Etat contre la contrebande et la contrefaçon Pierre Delval El Hadj Seybatou AW, Administrateur Directeur Général d’AVENI-RE « Avec l’article 308 nouveau, la principale contrainte qui s’impose aux réassureurs est de garantir la disponibilité des capacités suffisantes et des ressources humaines hautement qualifiées … »

Richard Lowe: «Nous du secteur des Assurances en Afrique · 2017. 10. 27. · 2013/99 Impression: Imprimerie Tunis ... C’est ce que laisse entrevoir le rapport annuel du groupe

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Page 1: Richard Lowe: «Nous du secteur des Assurances en Afrique · 2017. 10. 27. · 2013/99 Impression: Imprimerie Tunis ... C’est ce que laisse entrevoir le rapport annuel du groupe

Z one CFA: 2000 CFA Europ e : 4 Euros . B e lg ique : 4 Euros . Maro c : 20 Dirhams . Tunis ie : 3 Dinars . Maur it anie :1000 UM

Nouakchott. Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. Johannesburg.

NUMÉRO 37- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2017

ASSURANCESL’éditorial de Pathé Dione

sur Les convergences réglementaires entre les

marchés africains.

L’éditorial de Mehdi Tazisur les compagnies

d’assurance africaines et le financement de

l’économie locale.

Roger BOA Johnson: «Notre marché profite

pleinement de la bonne santé de l’économie

Ivoirienne »

ASSURANCES

Mohamed Hassan Bensalah: «Le moment

est venu de créer des champions continentaux»

P.8 P.14 P.12 P.9

ASSURANCES ASSURANCES

L’Afrique doit assurer son émergence

LE MENSUEL DES AFFAIRESw

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afrik

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INTERVIEW

CHRONIQUEPages 17

Pages 6

SUPPLÉMENTVIVAFRIK

Pages 24-25

3’:HIKLTB=UUYUU\:?k@a@d@r@a";M 01910 - 37 - F: 4,00 E - RD

Pages 8-22

Richard Lowe: «Nous enregistrons une

croissance régulière très satisfaisante»

L’essentiel de l’info sur le

développement durable

Pages 20

Pages 4

Edito

Perspectives du secteur des Assurances en

AfriqueMarque d’autorité : un

dispositif d’Etat contre la contrebande et la

contrefaçon

Pierre Delval

El Hadj Seybatou AW, Administrateur Directeur Général d’AVENI-RE

« Avec l’article 308 nouveau, la

principale contrainte qui s’impose aux réassureurs est de garantir la

disponibilité des capacités suffisantes

et des ressources humaines hautement

qualifiées … »

Page 2: Richard Lowe: «Nous du secteur des Assurances en Afrique · 2017. 10. 27. · 2013/99 Impression: Imprimerie Tunis ... C’est ce que laisse entrevoir le rapport annuel du groupe

NUMÉRO 37- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2017

Temps Forts 2Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

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Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

Directeur de publication Adama [email protected]

Conseiller éditorialBenoît Ngom, Dakar

ÉditorialisteAdama Wade,

Chef économisteFrancis Konan, New York

RédactionDaniel Djagoué, Paris, Lomé, Cotonou Messanh Ledy, LoméAmadou Seck, NouakchottJacques Leroueil, KigaliMariata Dieng, NouakchottYoussef Maallemi, AlgerAdnane Choukri, TunisAlbert Savana, AbidjanJean-Mermoz Konandi, AbidjanAblaye Modou Ndiaye, DakarAmadjiguène Ndoye, ThièsAdama Wade, Dakar et Casablanca Ndeye Maguette Kebe, Dakar

ChroniqueursMaria Nadolu, BucarestPierre Delval, Paris

Directeur de l’internationalBalla Moussa Keita

Représentation MarocIbrahima [email protected]

Représentation Togo-BéninDaniel Djagoué

Annonces, publicité et abonnement Abou Ba, Nouakchott

TechniqueConception & RéalisationDiye Sarr Webmaster Medoune Boye

DistributionPrestalis, France Sénégal, Mauritanie, Tunisie, Mali, Côte d’ivoire, Maroc, Gabon, Bénin,Togo, Brazzaville, Ethiopie

Dossier de presse2013/99Impression: Imprimerie Tunis Cathage

FinancialAfrik est édité par l’agence 3MC.com (Nouakchott) et Intermedia SARL (Dakar)contacts: [email protected]

LE MENSUEL DES AFFAIRES

Z one CFA: 2000 CFA Europ e : 4 Euros . B e lg ique : 4 Euros . Maro c : 20 Dirhams . Tunis ie : 3 Dinars . Maur it anie :1000 UM

Nouakchott. Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. Johannesburg.

NUMÉRO 37- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2017

ASSURANCESL’éditorial de Pathé Dione

sur Les convergences réglementaires entre les

marchés africains.

L’éditorial de Mehdi Tazisur les compagnies

d’assurance africaines et le financement de

l’économie locale.

Roger BOA Johnson: «Notre marché profite

pleinement de la bonne santé de l’économie

Ivoirienne »

ASSURANCES

Mohamed Hassan Bensalah: «Le moment

est venu de créer des champions continentaux»

P.8 P.14 P.12 P.9

ASSURANCES ASSURANCES

L’Afrique doit assurer son émergence

LE MENSUEL DES AFFAIRES

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INTERVIEW

CHRONIQUEPages 17

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SUPPLÉMENTVIVAFRIK

Pages 24-25

3’:HIKLTB=UUYUU\:?k@a@d@r@a";M 01910 - 37 - F: 4,00 E - RD

Pages 8-22

Richard Lowe: «Nous enregistrons une

croissance régulière très satisfaisante»

L’essentiel de l’info sur le

développement durable

Pages 20

Pages 4

Edito

Perspectives du secteur des Assurances en

AfriqueMarque d’autorité : un

dispositif d’Etat contre la contrebande et la

contrefaçon

Pierre Delval

El Hadj Seybatou AW, Administrateur Directeur Général d’AVENI-RE

« Avec l’article 308 nouveau, la

principale contrainte qui s’impose aux réassureurs est de garantir la

disponibilité des capacités suffisantes

et des ressources humaines hautement

qualifiées … »

L’assureur NSIA a annoncé récemment son intention d’installer son siège à Lomé, le long du Boulevard Eyadema. La décision ne constitue pas un changement majeur de philosophie puisque la holding qui porte les activités du groupe NSIA était déjà juridiquement basée dans la capitale togolaise réputée pour son régime fiscal attractif pour les sociétés à participations. NSIA comprend 22 sociétés d’assurance et 2 banques dans 12 pays en Afrique de l’Ouest et Centrale. Il affichait un chiffre d’affaires de 211 milliards de Fcfa en 2015.

Deux agréments ont été récemment délivrés en zone CIMA au profit de la compagnie Proassurance au Sénégal et Acam Vie au Cameroun. Les deux dernières entités agréés avec un capital de 1 milliard de FCFA avaient entamé leurs procédures avant l’amendement d’avril 2016 portant relèvement du capital à 5 milliards de FCFA. Les fondateurs d’Acam Vie sont Geoffroy Delion, Aymric Kamega, Frédéric Planchet et Martin Ziguélé.

Jean Kacou Djagou construit son siège à Lomé

Deux nouvelles compagnies agréées en zone CIMA

Une délégation conjointe de la Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et de la Banque Ouest-africaine de Développement (BOAD) a effectué, le 17 janvier 2017, une visite officielle au siège de la Banque arabo-africaine BADEA à Khartoum, afin d’examiner les voies et moyens de renforcer la coopération entre la BADEA et ces deux institutions. Les discussions

ont porté notamment sur les possibilités de financement offertes par le programme de la BADEA relatif au secteur privé. La délégation a rendu hommage à la BADEA pour les efforts qu’elle n’a cessé de fournir pour appuyer les pays africains dans leurs programmes de développement. Le Directeur Général de la BADEA, Dr. Sidi Ould TAH, a réitéré son engagement à hisser à son plus haut niveau la coopération entre la BADEA, la BCEAO et la BOAD.

La logique de développement en greenfield initiée par Wafa Assurance en Afrique francophone devra faire place à une logique d’acquisition dans les marchés anglophones. C’est ce que laisse entrevoir le rapport annuel du groupe présidé par Ali Harraj. Wafa Assurance est présente sur le continent africain à travers 6 filiales implantées dans 4 pays: Tunisie (1 filiale), Sénégal (2), Cameroun (1) et Côte d’Ivoire (2). Son nouveau plan stratégique triennal baptisé «Oufouq 2018», appuyé par une nouvelle organisation, prévoit un développement beaucoup plus accéléré en Afrique.

La société Sirius Capital a obtenu auprès du Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) un agrément en qualité de Société de Gestion et d’Intermédiation (SGI) sous le numéro SGI /2017-01 de l’instruction N°PCR/DA/002 publiée dans le Bulletin Officiel de la Cote du 27 janvier 2017. A ce titre, la banque d’affaire rejoint le cercle élitiste des SGI (seulement 24 dans toute la sous-région), seuls organes autorisés, à titre exclusif, à émettre, vendre ou acheter des actions, obligations et autres titres de créances sur le marché de la Bourse Régionale de Valeurs Mobilières(BRVM).

La Banque africaine d’exportation et d’importation (Afreximbank) a lancé un nouveau plan stratégique quinquennal visant à débourser plus de 90 milliards de dollars pour soutenir le commerce africain entre 2017 et 2021. Le plan intitulé «IMPACT 2021: Africa Transformed» a été approuvé par le Conseil d’administration d’Afreximbank lors de sa 111e réunion qui s’est tenue au Caire le 10 décembre 2016. Les décaissements à l’appui du commerce intra-africain devraient atteindre 25 milliards de dollars.

Cotée à la Bourse régionale des Valeurs Mobilières d’Abidjan (BRVM), le 23 décembre 2016, Coris Bank International (CBIBF) affichait une capitalisation boursière de269 milliards FCFA au 31 décembre. En une semaine de cotation, la banque d’origine Burkinabé s’est hissée au rang de la septième plus grande capitalisation de la place (voir le tableau ci-dessus datant du 31 décembre dernier). Entre la date de cotation et le 31 janvier, l’action est passé de 30 000 à 49 500 FCFA, soit une progression de 65%.

BADEA-BOAD-BCEAO: alliance tripartite pour le secteur privé

Le départ de Mehdi Tazi, le 5 janvier 2017, à la tête du groupe Saham ouvre une nouvelle ère avec l’éclatement de la fonction de PDG désormais assurée par un tandem composé de Moulay Mhamed Elalamy, fils du fondateur Moulay Hafid Elalamy (actuel ministre marocain de l’Industrie et du Commerce) et Nadia Fettah Alaoui, présidente de la branche Assurance du groupe. Autre signe du changement, la mutation de l’inamovible Raymond Farhat, qui quitte ses fonctions de directeur général de Saham Finances pour devenir conseiller du président. Lire Page 22.

Un vent nouveau souffle sur Saham

Jean Kacou Djagou Nadia Fettah Alaoui et Moulay Mhamed Elalamy

Sidi Ould TAH, DG de la BADEA

L’affaire BUMI-Mauritanie refait surface au CRDI

Le centre international de résolution des conflits et différends liés aux investissements (CIRDI) examinera, début avril, le litige opposant la société minière TAMAGOT BUMI Mauritanie SA et l’Etat mauritanien. Attributaire d’un site minier en 2011, l’entreprise qui avait vu sa licence résiliée en 2013, dit y avoir investi 43 millions de dollars et réclame 130 millions de dollars en dommages et intérêts. L’Etat mauritanien motive sa décision de résiliation par des retards dans les engagements. Bumi est défendu par Orrick alors que l’Etat mauritanien a opté pour le très influent Jemal Taleb du cabinet Clyde&Co.

Professionnel assidu au travail, Thierry Kouandjeu a été promu Directeur Général adjoint de la holding Activa Finances (lire interview de Richard Lowe en page 17 ). Parallèlement, Activa Europe SAS, nouvellement portée sur les fonts baptismaux, pour offrir un service de proximité aux clients du groupe basés en Europe, sera dirigée par un haut cadre expérimenté en la personne de Serge Azebaze, ex Vice-Président de la société MARSH à Paris.

Richard Lowe étoffe l’organigramme d’Activa

La nomination, il y a une année déjà, de Parfait Chrisosthome Makita à la tête de la Compagnie Assurances et Réassurances du Congo (ARC) n’a pas suffi pour extirper cette vénérable institution des fourches de la Commission régionale du contrôle des Assurances. Le plus grand assureur du Congo, pénalisé par un marché financier inexistant, et une réglementation étriquée en matière de placement, est plus que jamais fragilisée. La compagnie congolaise qui faisait déjà 20 milliards de FCFA de chiffre d’affaires au milieu des années 90 s’ est attachée les services du cabinet casablancais Finactu. Suffisant pour sortir du viseur des contrôleurs CIMA?

ARC Congo en phase de restructuration

Wafa Assurance change de fusil d’épaule

La BRVM enregistre sa 24ème SGI

Afreximbank lance son plan quinquennal

Coris Bank, septième capitalisation de la BRVM

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Le mois 4Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

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contre-jourL’Afrique doit assurer son émergence

es chantiers d’infrastructures qui sortent de terreici et là en Afrique ne correspondent pas toujours à un accroissement des primes d’assurance. Au sein de la Conférence Interafricaine des

Marchés de l’Assurance (CIMA) l’on assiste même à une certaine décorrélation entre la croissance de la courbe des primes de la branche IARDT et celle du PIB. Alors que de nouvelles réglementations exigent une multiplication du capital minimum par cinq, ne serait-il pas judicieux d’obliger les promoteurs des grands chantiers BTP à intégrer les compagnies d’assurance locale dans leur système de couverture? Ce sont là autant de thèmes qui constituent le menu des Assemblées générales de la Fédération des sociètés d’assurance de droit national africaines (FANAF) qui s’ouvrent le 13 février à Marrakech. Une première pour l’Afrique du Nord. Les 1000 délégués attendus dans cette terre de convergence et de confluence entre les différentes Afriques évoqueront les questions des convergences réglementaires, relationnalles et capitalistiques entre leurs différents marchés. Deux acteurs de renom, en l’occurrence Pathé Dione, président du groupe Sunu et Mehdi Tazi, PDG partant du groupe Saham, ont accepté le temps de ce numéro de se transformer en éditorialistes pour exprimer leurs arguments avec la hauteur de vue que leurs conférent leurs expériences. Si tous les acteurs sont d’avis que la coopération Sud-Sud est une nécessité, la plupart souhaitent que les convergences capitalistiques qui ont rythmé l’actualité du secteur ces dernières années s’accompagnent de la prise en compte des spécificités propres à chaque marché. Entre une République Centrafricaine

qui brasse à peine 5 milliards de FCFA de primes et un Maroc qui réalise deux fois et demi la collecte de l’ensemble des pays de la zone CIMA, le point d’équilibre est malaisé. Reste que, du Nord au Sud de l’Afrique, il y a un constat fédérateur. C’est la faible pénétration des produits d’assurance. Le continent qui pèse 15% de la population de la planète ne génére pas plus de 1% des primes d’assurnce. Est-ce la faute à un réseau classique qui sort rarement des sentiers battus et s’écarte rarement de la clientèle des 10% de bancarisés? A moins que cette aversion des populations africaines à l’assurance ne soit due à la réticence des acteurs à régler les sinistres? Entre 2004 et 2015, le taux de règlement des sinistres n’a pas dépassé la barre des 35%. Heureusement que des changements se profilent à l’horizon. ux Les 800 millions de téléphones mobiles qui circulent en Afrique offrent des raccourcis à la chaîne de distribution classique. L’internet permet de toucher un plus grand nombre pour des coûts moindres, de dématérialiser les actes, les contrats et les constats. Le potentiel inclusif de l’assurance mobile est en soi l’une des belles perspectives du secteur. Pourvu que la réglementation suive très vite et mette en place les dispositions nécessaires au développement de l’assurance mobile. Gageons que le grand marché africain de l’assurance saura, grâce à la FANAF, réussir l’harmonisation des différentes réglementations en vigueur dans ses sous zones. Cela passe forcément par des marchés financiers justifiant d’une certaine profondeur et de produits de placements attractifs. Ce n’est qu’avec de grands acteurs, disposant de fonds propres suffisants, que l’Afrique pourra retenir le maximum de primes et assurer son émergence.

Par Adama Wade

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Des acteurs de renom, Pathé Dione, président du groupe Sunu et Mehdi Tazi,

PDG partant de Saham, ont accepté le temps de ce numéro,

de se transformer en éditorialistes

pour exprimer leurs arguments avec la

hauteur de vue que leurs conférent leurs

expériences.

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6ChroniqueAbidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

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ÉCRIVEZVOS HISTOIRESPOPULAIRESnous vous accompagnons

presse 29x41 Mustapha vf.pdf 1 26/12/2016 12:19

Pierre Delval

Marque d’autorité : un dispositif d’Etat contre la contrebande et la contrefaçon

En matière de crime organisé, le continent africain tout entier est depuis longtemps dans la

ligne de mire des Nations Unies. Mais ce n’est que depuis 2013 que la communauté internationale reconnaît l’ampleur toujours croissante des trafics transnationaux. Parmi ces trafics, l’économie souterraine, intégrant la contrefaçon et la contrebande, touche tous les pans de la société africaine. Elle est évidemment écartée des comptabilités nationales et échappe à l’impôt. Face à ce fléau, les Etats manquent de stratégies adaptées pour se protéger de la concurrence déloyale, garantir la sécurité sanitaire des citoyens consommateurs, lutter contre l’absence de moralité et de solidarité nationale et récupérer les pertes de revenus fiscaux. Rien que sur le tabac, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2014, 3,5 milliards de cigarettes de contrebande ont été vendues au Maroc. La Tunisie perd chaque année 250 millions d’euros de revenus fiscaux, mettant en grande difficulté la RNTA, la Régie nationale des tabacs et allumettes. 20% des cigarettes fumées en Algérie sont issues du tabac de contrebande, représentant une baisse annuelle de 253 millions d’Euros des recettes de l’Etat. Du golfe de Guinée à l’Afrique du Nord, les Etats ont globalement perdu en 2016, rien que sur le tabac, près d’1,7 milliard d’euros au profit des organisations mafieuses. Harmoniser une grande partie de la fiscalité des produits sous accises à l’ensemble des Etats africains pourrait être une solution pour lutter contre ces détournements frauduleux. Le processus de mondialisation, mais surtout le processus d’intégration africain, a suscité ces dernières années un large débat interétatique sur ces questions. Les divergences transnationales sur la fiscalité du tabac, des alcools, des médicaments ou de tout autre bien de consommation sous contrôle de l’Etat subsistent. Parmi les points discutés, l’adoption d’une fiscalité indirecte unique au sein d’une union régionale africaine signifierait l’abandon à terme d’une grande part de la souveraineté des pays membres. L’Afrique étant loin de ce stade d’unification politique, cette solution est exclue pour le moment. Et pourtant, elle résoudrait bien des problèmes de fraudes transfrontalières. En attendant, une solution basée sur le principe de la « marque d’autorité » pourrait être mise en œuvre pour chacun des pays victimes. Pour l’heure, contrebande, contrefaçon et économie souterraine sont aujourd’hui une plaie grande ouverte dans l’équilibre budgétaire des pays africains. A cet égard, les circonstances aggravantes de commission de ces infractions en bande organisée ou de dangerosité des produits - parce que non contrôlés sur le plan sécuritaire ou sanitaire - intègrent la notion de gravité

renforcée. Dans ce contexte, on peut s’étonner de traiter les risques des produits frauduleux uniquement sur les fondements du droit des produits soumis à accise et taxes, sans se baser aussi sur le fondement des dispositions classiques de Droit relatif au commerce déloyal et aux atteintes à la sécurité des citoyens et à celles des Etats. Sur le plan juridique, la clarté des enjeux est fondamentale. Pourtant, elle n’est que trop rarement abordée. Le perfectionnement des régimes juridiques de lutte contre l’économie souterraine en général, et contre la contrebande en particulier, n’a pas pour seul objet de procéder à un renforcement des moyens dissuasifs des ayants droit pour protéger leurs avoirs intellectuels ou fiscaux. Il a aussi vocation à limiter les agissements des réseaux mafieux transnationaux qui font de leurs actes criminels un commerce et de la contrebande et/ou de la contrefaçon leur source de revenus. C’est ainsi que de nombreux Etats africains spoliés ne perçoivent pas, ou plutôt ne veulent pas voir, que leur perte de revenus fiscaux change de main au profit du crime organisé, et parfois même du djihado-banditisme. Cette situation invraisemblable impose la construction d’une logique pénale renforcée contre laquelle les voyous ne peuvent s’opposer. Ainsi, la violation intentionnelle à échelle commerciale des produits soumis à accise doit être sévèrement réprimée pour ne pas laisser s’installer dans la durée les entreprises criminelles, au risque de déstabiliser l’économie des Etats et la démocratie qu’ils représentent.Néanmoins, l’acte de « réprimer sévèrement » implique obligatoirement l’utilisation d’outils technico-juridiques performants. Si la contrefaçon ou la contrebande ne semble pas, de prime abord, caractériser une atteinte aussi grave et généralisée à l’ordre public, le commerce illégal de biens commerciaux non déclarés

demeure pourtant l’une des activités principales des polycriminels. Le cumul d’infractions graves issues de ce commerce (fraudes fiscales, tromperies aggravées, mise en danger délibérée de la vie d’autrui, atteinte à la sécurité et à l’économie d’un Etat) devrait, en toute logique, permettre l’application de fondements juridiques véritablement dissuasifs. Or, il n’en est rien. La plupart des infractions constatées par les autorités locales ne se prêtent manifestement pas à l’infliction de peines pénales sévères. Quel aveuglement ! Chacun des Etats victimes est doté aujourd’hui d’un arsenal juridique suffisamment robuste pour briser la spirale du commerce illicite et recouvrer à court terme tout ou partie des pertes annuelles de revenus fiscaux. Malheureusement, les juges semblent se montrer trop cléments à l’égard d’infractions qu’ils considèrent comme principalement économiques. Les quantum des peines prévues au Code pénal ne sont bien souvent jamais pleinement appliqués, et la circonstance aggravante que constitue la commission de l’infraction, notamment en bande organisée, est si complexe à caractériser que les sanctions pénales de la contrebande ou de la contrefaçon n’exercent pas de façon satisfaisante leur fonction de répression préventive. Les circonstances aggravantes relatives à la dangerosité de certains produits rencontrent également les mêmes difficultés. Cette situation nuit à la vocation fondamentale des normes pénales qui ne peuvent développer pleinement leur effet dissuasif. Elle profite, par la force des choses, aux fraudeurs et trafiquants qui ne sont jamais sanctionnés à la hauteur des menaces qu’ils créent contre l’Ordre Public.Pour replacer l’Etat au cœur de ses prérogatives régaliennes de protection des citoyens et de l’économie nationale, un nouveau fondement de protection contre les atteintes à l’Ordre public que constituent les contrefaçons et les contrebandes peut être élaboré. Il suppose l’utilisation des techniques modernes de marquage et de traçabilité pour des motifs tendant à la protection de biens de consommation réputés stratégiques pour l’Etat, sur les seuls fondements des dispositions relatives aux marques d’autorité publique. Ces dernières ouvrent la voie à une politique de prévention et de dissuasion techniques basée sur la contrefaçon ou l’utilisation abusive des marques d’autorité apposées sur des produits comme le tabac, les alcools ou les médicaments. Pour les autorités publiques, elles deviennent de manière incontestable le support probatoire d’excellence et la source d’une pénalisation aggravée. Ce marquage national falsifié devient, par la force de son agression, une atteinte directe à la confiance de l’Etat et la preuve

patente de la mauvaise foi du fraudeur.Le régime juridique des atteintes à la confiance de l’Etat, notamment aux marques d’autorité publiques, a donc l’avantage considérable d’être applicable dans les ordres juridiques de la plupart des Etats dans le Monde. Non seulement il permet une coopération judicaire en matière pénale sur des fondements juridiques existants, mais encore il suppose aussi l’implication des organisations policières internationales. Si certains Etats africains ne peuvent concevoir la contrefaçon et la contrebande comme des actes graves, la mise en cause de fondements intéressant la confiance publique ne souffre, pour sa part, d’aucune divergence sur son approche répressive. Ces fondements ouvrent la voie à une meilleure coopération des autorités de sécurité (constitution d’équipes communes d’enquête, partage d’informations, compétence des organisations supranationales de police...) et des autorités judiciaires (coopération judiciaire en matière pénale) nécessaire à l’appréhension de phénomènes criminels transnationaux. Ce parallélisme des moyens judiciaires et des comportements criminogènes devient une nécessité face aux mutations du commerce transnational africain et de ses trafics illicites.Les solutions techniques et juridiques existent donc. L’avenir de la lutte contre le commerce illicite et la concurrence déloyale incombe aux Etats. Ces derniers ne peuvent ni se résigner ni subir. Nul ne doit échapper aux sanctions pénales. Nul ne peut les récuser. Le problème n’est pas de savoir si l’arsenal juridique existant convient pour lutter contre ce fléau. Le problème est de savoir si nous sommes prêts à relever tous les défis qu’il représente. Toutes les capacités, toutes les ressources techniques et toutes les bases juridiques existent pour surmonter avec succès les contraintes politiques et sociétales. Il est essentiel d’y puiser les fondements d’une démarche technico-juridique répressive suffisamment ambitieuse pour dissuader les trafiquants de s’installer durablement au cœur du continent africain. Pour les plus sceptiques, empreints de conservatisme, la marque d’autorité pourra sembler politiquement difficile à mettre en œuvre ou coûteux à réaliser. Il est vrai que le projet est ambitieux, mais pas insurmontable. C’est le prix à payer pour que la lutte contre le commerce illicite l’emporte enfin face au crime organisé.

Du golfe de Guinée à l’Afrique du Nord, les Etats ont globalement perdu en 2016, rien que sur le tabac, près d’1,7 milliard d’euros au profit des organisations mafieuses. Harmoniser une grande partie de la fiscalité des produits sous accises à l’ensemble des Etats africains pourrait être une solution pour lutter contre ces détournements frauduleux.

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8DossierAbidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

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L’éditorial de Pathé Dione

«Le moment est venu de conjuguer nos efforts pour créer des champions continentaux»

Le secteur de l’Assurance a le potentiel pour participer au développement de l’Afrique. Il suscite un

intérêt grandissant des acteurs internationaux mais les obstacles liés au morcellement des marchés et à la multiplicité des législations d’assurance sont un véritable frein au développement de ce secteur. Cette situation invite à une réflexion approfondie sur la question de l’harmonisation et de la convergence des réglementations entre les différents marchés. La zone CIMA (composée du Benin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Cote d’Ivoire, Gabon, Guinée équatoriale, Mali, Niger, Sénégal, République centrafricaine, Tchad, et Togo. Les Comores, signataires du traité, ne l’ont pas encore rectifié) a déjà réglé cette question. En effet, ces 14 pays francophones ont renoncé individuellement à une partie de leur souveraineté dans le cadre d’un traité signé en 1995. Ces pays sont régis par un même code des assurances, annexes du traité. Le conseil des Ministres de l’Economie et des Finances en est l’organe législateur. Les grands acteurs de l’industrie des

assurances, qui ambitionnent de s’implanter sur plusieurs marchés du continent, pour stimuler la croissance, accroître la résilience des économies locales et favoriser la solidarité entre les individus, sont confrontés à des obstacles qui ont pour nom : législation fiscales contraignantes , barrières entre les marchés financiers, limites de capacités d’engagement, etc.…Des organisations continentales telles la FANAF, l’OAA mènent des actions soutenues pour faire tomber les obstacles et asseoir des convergences entre les législations des pays de la CIMA, du Maghreb, et des pays anglophones. Les résistances égoïstes sont multiples mais le combat doit être poursuivi.L’Afrique représente 16% de la population mondiale et 1.4% de parts de l’assurance mondiale. La potentielle assurance est énorme à l’échelle du continent. Nous devons nous organiser sans tarder pour faire tomber certaines barrières nationales, conjuguer les capacités de nos marchés, faire converger nos législations d’assurance et constituer de solides places financières capables de capter l’épargne collectée pour accompagner les

entreprises africaines.La modalité de la taille des marchés d’assurance en Afrique (en dehors de l’Afrique du Sud) n’autorise pas les comportements égoïstes auxquelles nous assistons. Il y va de la croissance que dans la création inclusive de nos économies. Les convergences ne pourront trouver une solution que dans la création d’un marché commun africain. La COMESA (marché commun de l’Afrique australe), l’EAC et la communauté de développement d’Afrique australe

(SADC, la CEDEAO sont des zones d’intégration régionale qui harmonisent leurs législations et constituent de vastes entités économiques. L’économie informelle occupe une place considérable sur l’ensemble du continent et a besoin d’être accompagnée et d’être transformée. L’essor de l’assurance en Afrique dépendra en partie de l’invention de nouvelles formes de distributions de produits à des coûts abordables destinés à cette cible.Les contraintes sont nombreuses mais les opportunités sont là. Il faut de l’imagination et de l’audace pour aller dans la direction des convergences indispensables pour le devenir des économies africaines. C’est la condition sine qua non à la transformation structurelle et à l’émergence de grandes entreprises africaines capables de rivaliser avec leurs concurrentes étrangères.n

« Les convergences réglementaires entre la CIMA

et les marchés du Nigéria et du Maghreb »

Par Pathé Dione, Président et Directeur Général du

Groupe SUNU

CIMA : Conférence Interafricaine des Marchés d’AssurancesFANAF : Fédération des Sociétés d’Assu-rances de Droit National AfricainesOAA : Organisation des Assurances Africaines

Perspectives du secteurs des Assurances en AfriqueLa fragmentation des marchés sont autant d’obstacles à l’assurance, nous déclare Pathè Dione, président du Groupe Sunu. Dans son éditorial ci-dessous, l’assureur revient sur les défis d’un secteur à fort potentiel mais confronté à un en environnement réglementaire sou-

vent contraignant. Un souci partagé par Mohamed Hassan Bensalah, president de la Fédération marocaine des sociétés d’assurance. L’hôte de ces 41èmes assemblées de laFédération des Sociétés d’Assurance de Droit National Africaines (FANAF) insiste sur les dynamiques de convergence nécessaire à l’édification des grands ensembles. «Le moment est venu de conjuguer nos efforts, de cumuler nos forces et nos atouts, notamment notre connaissance de nos marchés intérieurs, pour créer des champions continentaux à capitaux africains qui vont

pouvoir rivaliser avec les grands noms de l’assurance mondiale», déclare M. Bensalah. Cette vision que partagent Mehdi Tazi dans une contribution éditoriale forte et des professionnels de l’assurance, à l’instar de Roger Boa Johnson, président de l’Association des Socié-tés d’Assurances de Côte d’Ivoire (ASACI), Richard Lowe, président du groupe Activa, Seybatou Aw, ADG d’Aveni-Ré, montre l’immense champ des possibles d’un secteur appelé à augmenter son taux de rétention locale des primes pour devenir un bailleur de fonds à part

entière des politiques nationales et régionales de développement. Dans ce numéro spécial, nous publions aussi les analyses documentées de Denis Chemillier-Gendreau, président du cabinet Finactu, basé à Casablanca, qui considère que «la faiblesse de l’assurance africaine n’est pas une malédiction». Egalement au rang des experts, Fodé Keita, Directeur général de Syravie, qui aborde avec autorité les conséquences des dernières évolutions réglementaires en zone CIMA avec cette suggestion en guise de conclusion: «Plutôt que de contraindre par

la force de la réglementation les sociétés de dimension modeste à disparaitre sans être en faute ou en situation périlleuse, pourquoi ne pas laisser la nature économique faire son œuvre tout en maintenant ou renforçant la surveillance des sociétés ?» Focus.

Mohamed Hassan BENSALAH-Président de la FMSAR

La FMSAR est l’hôte des 41èmes assemblées générales de la FANAF. Comment faut-il interpréter cette mobilisation de la Fédération marocaine en faveur d’une organisation continentale?

Le Maroc a fait de la coopération Sud-Sud et plus précisément de la coopération inter-africaine un axe stratégique dans le sens d’un co-développement gagnant gagnant. Il s’agit d’une politique insufflée au plus haut niveau de l’Etat par Sa Majesté le Roi du Maroc. Notre secteur épouse naturellement cette vision, porté par ses performances (deuxième marché du continent derrière l’Afrique du Sud, avec 3,1 milliards de dollars de primes émises en 2015) et continue à accélérer sa coopération avec les autres marchés africains de l’assurance. C’est dans cet esprit, que nous avons reçu en 2016 l’Assemblée Générale de l’Organisation Africaine des Assurances et que nous recevons celle de la FANAF en février de cette année. Nous sommes par ailleurs signataires de plusieurs conventions de coopération avec des associations de sociétés d’assurances subsahariennes et maghrébines.Sans oublier que bon nombre d’assureurs marocains ont développé leurs activités dans le continent. Et quelque soit le mode opératoire choisi, Ils le font avec une très forte volonté de partage et de développement mutuel.

D’une manière générale, quelles sont les perspectives du secteur marocain des assurances en 2017? Nous avons connu en 2016 une année

au développement particulièrement soutenu, tiré essentiellement par l’assurance vie et capitalisation et par l’assurance automobile qui profite de la dynamique actuelle des ventes de véhicules neufs au Maroc. Malgré une croissance économique nationale plutôt timide en 2016, je ne peux que constater la résilience et la bonne santé du secteur de l’assurance, comparativement à d’autres !Plusieurs sources économiques projettent pour l’année 2017 une reprise assez significative de la croissance au Maroc. Nous constatons habituellement que le taux de croissance des primes émises en assurances dépasse celui de la croissance économique. Nous espérons ainsi que l’année 2017 sera de nouveau une année de croissance et de développement pour notre secteur.

Le Maroc est le deuxième marché africain en assurance. Quelles sont les principales réformes qui ont conduit à cette position?

Plusieurs facteurs ont permis de développer le secteur de l’assurance au Maroc depuis déjà plusieurs années. D’abord, il est important de rappeler le caractère extrêmement structuré, sain et organisé de notre marché qui dispose d’une réglementation et d’un cadre prudentiel aboutis.Par ailleurs, le renforcement de notre tissu industriel et l’amélioration du pouvoir d’achat de nos concitoyens ont permis une croissance solide et soutenue de l’activité de nos compagnies.En parallèle, le renforcement de notre réseau de distribution classique représenté par les agents et les courtiers

a permis de toucher et recruter une plus large clientèle sur différents types de produits.La croissance de notre secteur a également été tirée par l’assurance vie qui représente aujourd’hui la première branche en termes de primes émises

devant l’assurance automobile. Ce formidable développement est le résultat d’une excellente interaction entre les réseaux bancaires et les entreprises d’assurance.

En dépit du développement de grands groupes d’envergure continentale comme RMA Wataniya, Wafa Assurance ou encore Saham, le taux de pénétration des produits d’assurance reste encore modeste au Maroc. Quels sont les principaux obstacles qui expliquent ce paradoxe?

Le taux de pénétration de l’assurance au Maroc nous place au 1er rang des pays arabes et parmi les trois premiers pays Africains. Il est entendu qu’avec un taux de 3,2% du PIB, il reste du chemin à faire notamment en assurance vie. Je suis en revanche convaincu que nous sommes sur la bonne voie.

Quel regard portez-vous sur les convergences capitalistiques entre groupes maghrébins, notamment marocains, et groupes africains?

C’est une excellente chose ! Vous savez, les grandes multinationales sont présentes depuis longtemps sur nos marchés africains. Le moment est venu de conjuguer nos efforts, de cumuler nos forces et nos atouts, notamment notre connaissance de nos marchés intérieurs, pour créer des champions continentaux à capitaux africains qui vont pouvoir rivaliser avec les grands noms de l’assurance mondiale.Il existe déjà des success story dont quelques unes sont marocaines et il faut à mon sens encourager ces initiatives.n

Mohamed Hassan BENSALAH

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NUMÉRO 37- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2017

Dossier 10Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

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Dossier 11Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

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Le Maroc impose son exception au lien entre développement économique et développement de l’assurance

PIB / hab ($, 2015)

Taux de pénétration Commentaire

Algérie 3 854 0,82 Le pays le plus riche est celui où le secteur des assu-rances est le plus faible

Tunisie 3 805 1,91

Maroc 2 908 3,05 Le pays le moins riche est celui où le secteur des assu-rances est le plus développé

La faiblesse de l’Assurance africaine n’est pas une malédiction !

Régulièrement, au gré des palmarès internationaux, l’assurance africaine se désole de se voir reléguée dans les derniers rangs en termes de pénétration : alors que les primes d’assurance représentent en moyenne mondiale plus de 6% du PIB, elles ne dépassent guère 2,9% sur le continent pris dans son ensemble et descendent même en-dessous de 1% dans près de 20 pays africains. Tous continents confondus, sur les 20 pays affichant les

taux de pénétration les plus faibles, 16 sont en Afrique.L’argument que l’on oppose souvent à ce triste constat est que l’assurance est un bien de luxe, qui ne peut se développer qu’à mesure que le PIB par habitant augmente lui-même; «si l’assurance africaine est peu développée, c’est parce que les économies africaines sont encore elles-mêmes peu développées ». FINACTU ne partage pas cette approche défaitiste : notre expérience internationale nous démontre que même si l’assurance reste liée au développement d’un pays, elle peut aussi se développer par elle-même. Bien sûr, FINACTU ne conteste pas

le lien entre le taux de pénétration de l’assurance et le développement économique (mesuré par exemple par le PIB par habitant) : quand on regarde ces deux indicateurs pour les 118 pays dont les données sont disponibles, un lien de proportionnalité apparait, croissant avec le développement économique. En d’autres termes, plus un pays est riche, et plus l’assurance y occupe une place importante.La droite sur le graphique représente

la relation « moyenne » de causalité ainsi mise en évidence entre le niveau de développement et l’importance du secteur des assurances. Mais si ce lien est fort, il n’est pas mécanique : le graphique illustre aussi que de nombreux pays sous-performent la moyenne en étant «en dessous» de la droite, tandis que d’autres surperforment en étant au-dessus. Le facteur qui explique le positionnement d’un pays «au-dessus» ou «en dessous» de la moyenne, c’est la confiance qu’ont les assurés de ce pays dans leurs assureurs.Ceci est mis en évidence par l’analyse d’un sous-ensemble du continent : le Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc).

Bizarrement, pour ces trois pays, le lien mis en évidence ci-dessus semble fonctionner à l’envers : c’est le pays avec le PIB/habitant le moins élevé (le Maroc) qui affiche le taux de pénétration le plus élevé :Comment expliquer ce fonctionnement inversé ? Comment expliquer que l’Algérie soit largement en-dessous du taux de pénétration que son niveau de développement économique justifierait, et que le secteur des assurances du Maroc soit largement au-dessus ?On le sait, le Maroc a entrepris, à partir de 1995, une ambitieuse réforme pour « nettoyer » son secteur des assurances. Celui-ci souffrait alors d’un excès d’acteurs, avec plusieurs assureurs en très mauvaise santé qui décrédibilisaient l’ensemble du secteur et empêchaient le développement des primes. La réforme de 1995, déclenchée par l’autorité de contrôle du secteur de l’époque (DAPS), a consisté à fermer les 5 assureurs les plus compromis du marché et à entamer une lente mais ambitieuse modernisation du cadre réglementaire. Un mouvement de concentration s’en est suivi : en quelques années, le marché marocain est passé de 27 à 18 compagnies. Sous l’effet de ce nettoyage, les assurés ont repris confiance en leurs assureurs, au grand bénéfice du secteur qui a vu ses primes croitre fortement : le taux de pénétration, qui oscillait entre 1,5% et 2% avant 1995, est rapidement monté à plus de 3%. Cette rapide comparaison au Maghreb annonce en grande partie l’avenir qui attend la CIMA, qui a lancé elle-aussi sa révolution en avril dernier, par la multiplication par 5 du capital social minimal. Cette réforme va provoquer le même effet que la réforme marocaine : la disparition des assureurs les moins solvables, une concentration au profit d’assureurs plus forts, plus solvables

et plus innovants, et à terme une forte augmentation du taux de pénétration de l’assurance. Une analyse plus spécifique, limitée aux 33 pays d’Afrique pour lesquels les données sont disponibles, confirme deux informations importantes :

• la première est que, globalement, la même corrélation existe en Afrique entre le développement économique et le développement de l’assurance ;

• la seconde est que les pays de l’espace CIMA se caractérisent par une pénétration plus faible que la moyenne des autres pays du continent, à niveau de développement équivalent. Cette sous-performance est sans aucun doute la conséquence d’une longue absence de réforme entre 1993 et 2015, qui a permis à quelques compagnies en déliquescence de subsister sur le dos du secteur, en ruinant la réputation de tous les assureurs, y compris les plus vertueux.La réforme de 2016, par l’augmentation massive du capital minimal, vient mettre un terme à cette situation, et annonce, comme au Maroc, un avenir radieux. En Tunisie, le même mouvement est aussi en marche, avec un Comité Général des Assurances animé par la même volonté implacable d’assainir le marché en forçant la mise à niveau des acteurs. Un «contrat programme» a été élaboré en 2013 qui organise progressivement cette mise à niveau, sous la férule d’une Supervision beaucoup plus exigeante. Bien sûr, partout, dans l’espace CIMA comme en Tunisie, ce nettoyage créera quelques perturbations, et il faudra gérer ses conséquences, notamment sociales, mais le seul bénéficiaire assuré est le secteur dans son ensemble, et derrière lui les consommateurs assurés. Si tous les pays du continent conduisaient les réformes nécessaires pour nettoyer leur secteur, le montant des primes émises connaitrait une forte croissance et pousserait à la hausse les taux de pénétration : des pays comme l’Algérie, l’Angola, la RDC, la Guinée, le Mali, la Mauritanie, la Centrafrique ou le Tchad verraient leurs primes d’assurance plus que doubler.On le voit, grâce au vent de réformes qui souffle sur l’assurance africaine, en Tunisie depuis 2014, dans l’espace CIMA depuis une année, les perspectives du secteur sur le continent sont très favorables. Cet optimisme sera un élément important pour absorber les chocs que la recomposition du secteur va par ailleurs entrainer.

L’assurance est un produit de luxe, qui prospère avec le développement économique

Denis CHEMILLIER-GENDREAU, Président Fondateur du Groupe FINACTUwww.finactu.com

Côte d’Ivoire : lancement d’un nouveau produit d’Assurance “MaRetraite”

634 milliards FCFA d’actifs gérés par les assureurs ivoiriens

La Banque Atlantique Côte d’Ivoire (BACI) lance « MaRetraite» en partenariat avec Atlantique Assurance Vie pour toucher une plus large gamme de consommateurs. Le nouveau produit inclut les garanties allant de l’ «Epargne», la «Sécurité Familiale» de «Décès et d’Invalidité» à celle nommée « Frais d’Obsèques » (Optionnel).Les deux institutions financières commercialisent une large gamme de produits de capitalisation et de prévoyance qui tiennent compte des coutumes et des habitudes des clients. Atlantic Business International, Groupe Banque Centrale Populaire du Maroc détient majoritairement les parts d’AAV.Atlantique Assurance Vie qui est l’un des principaux acteurs du secteur en côte d’Ivoire a été agréée en 1970. Sa partenaire BACI qui a vu le jour en 1978 est un groupement de 8 banques basées à Lomé.

Les compagnies d’assurance en Côte d’Ivoire gèrent 633,9 milliards FCFA d’actifs, soit 966,3 millions d’euros, représentant 3,4% du PIB, indiquait récemment Adama Koné, ministre ivoirien en charge de l’Économie et des Finances, en marge du lancement des filiales du groupe Wafa Assurance. Ces ressources sont en partie constituées de titres publics. Sur les deux derniers emprunts obligataires contractés par le Trésor public, les souscriptions du secteur ont atteint 20 milliards FCFA (30,5 millions d’euros), soit un niveau de participation de 8,7%, a-t-il poursuivi. Toutefois, ces chiffres restent en deçà des attentes d’une économie ivoirienne en quête de financements de long terme. Les compagnies sont en effet souvent critiquées pour ne pas innover dans leurs offres afin d’attirer davantage l’épargne des populations d’une part, et d’autre part, pour ne pas suffisamment irriguer l’activité économique, à travers le marché boursier notamment.

Togo : Madiou Soumaré nouveau DG de NSIA Assurances

La nomination de Madiou Soumaré a été annoncée par Jean Kacou Diagou, président du groupe NSIA, lors d’une audience jeudi 5 janvier avec le chef de l’État du Togo, Faure Gnassingbé. « Au Togo, notre société en assurance non vie est la première sur le marché après onze années de présence et occupe la troisième place en assurance vie. Il était très important de recueillir les avis et les conseils du chef de l’Etat. Je lui ai aussi dit qu’il y a un changement qui s’est opéré à la tête de NSIA Assurance Togo avec le départ de M. Syménouh qui a abattu un énorme travail. Il sera remplacé par M. Madiou Soumaré », a déclaré M. Diagou à sa sortie d’audience. Il a par ailleurs déclaré que la Nouvelle Société Interafricaine d’Assurance (NSIA) avait pour projet de multiplier ses actions en direction des populations pour que celles-ci puissent bénéficier des bienfaits de l’assurance. L’assureur NSIA a annoncé vendredi 6 janvier son intention d’installer son siège à Lomé. Le site a été

choisi sur le Boulevard Eyadema et les travaux débuteront en milieu d’année.NSIA est aujourd’hui présent dans douze (12) pays de l’Afrique Centrale et Occidentale. Le chiffre d’affaires cumulé du groupe (Assurances et Banque) à fin décembre 2015 s’établit à 211 milliards FCFA. Il enregistre une progression de 8% par rapport à l’exercice précédent.

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NUMÉRO 37- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2017

Dossier 12Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

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Roger BOA Johnson, président de l’ASACI

«Notre marché profite pleinement de la bonne santé de l’économie ivoirienne »

Comment le marché ivoirien a-t-il évolué en 2016 dans ses différents comparti-ments ?

Les premiers chiffres disponibles sont pro-visoires et difficile à commenter à ce stade. Cependant nous pensons que le marché va poursuivre sa progression amorcée depuis la fin de la crise qui devrait se situer entre 7 et 10%.

Depuis la fin de la crise politique en 2011, l’on assiste à un retour en force de ce marché. Comment s’explique sa suprématie par rapport aux marchés du Cameroun, du Sénégal et du Gabon ?

Je vois plusieurs raisons. La première: la croissance forte après la fin de la crise s’explique d’abord par un effet mécanique de rattrapage induit par les investissements importants, surtout dans les infrastructures. Ensuite, il y a une corrélation entre l’aug-mentation du taux de croissance du PIB et le taux de croissance du marché des assu-rances. Le marché profite pleinement de la bonne santé de l’économie Ivoirienne et des investissements majeurs réalisés tant par le secteur public que par le secteur privé.La seconde liée à la première, compte tenu des performances économiques du pays, notre marché est devenu très attractif et enregistre l’arrivée de nouveaux acteurs notamment Marocains. La dernière est l’excellence des relations avec les autorités notamment la tutelle pour adresser rapidement les problèmes du marché.

Quels sont les principaux leaders du mar-ché ivoirien et comment évoluent-ils par rapport au reste du marché ?

Le marché Ivoirien comprend à ce jour 31 sociétés dont 19 en non vie et 12 en vie avec un chiffre d’affaires de 284 milliards FCFA au 31-12 -2015. Les leaders en vie sont SUNU, Saham, Allianz et NSIA. Les leaders du marché en non vie sont Saham, Allianz, NSIA, AXA, SUNU et Atlantique Assurances. Les leaders ont accès aux grands comptes internationaux notam-ment les grands programmes, les fronting et les acceptations des autres sociétés de leur groupe. En plus de ces avantages, il y a l’organisation de ces sociétés, le dynamisme commercial local, la qualité des relations avec les intermédiaires et surtout la capacité des compagnies à faire face dans les délais aux engagements en cas de sinistre. De plus en plus, les assurés intègrent cette dimension dans le choix de leur compagnie d’assurance.

Comment le relèvement annoncé du capi-tal minimum devra-t-il se répercuter sur la Côte d’Ivoire et sur le reste de la CIMA en général ?Les études réalisées par des cabinets spécialisés donnent une première photo-graphie de la situation tant en Côte d’Ivoire que sur les différents marchés de la zone CIMA, de l’impact du texte sur le relève-ment du capital minimum. De mon point de vue, la situation à terme du marché Ivoirien va dépendre de la capacité des acteurs à anticiper cette évolution et de leur imagination pour renforcer rationnel-lement les fonds propres. L’association se tient à la disposition des acteurs pour les accompagner s’il y a lieu, avec nos parte-naires techniques. Ce qui est certain, c’est qu’au terme de ce processus, il y aura des sociétés fortes, capables d’impulser une nouvelle dynamique au marché.

Quelles sont vos perspectives de l’ASACI pour 2017 ?

Nous avons recruté un nouveau Secrétariat Général qui a pris fonction le 3 janvier 2017, avec une feuille de route très claire, redynamiser le fonctionnement de l’asso-ciation, donner plus de la visibilité à notre profession et faire aboutir les principaux projets du bureau exécutif. Il s’agit principa-lement de :

• l’assainissement de l’assurance santé. Nous avons aujourd’hui plusieurs acteurs dans la gestion de l’assurance santé en Côte d’Ivoire. Il nous faut, de concert avec la direction des assurances, adresser cette question importante dont la résolution peut impacter positivement le chiffre d’affaires du marché et le niveau des taxes perçues par l’Etat sur ces contrats.

• l’accompagnement de l’Etat dans la mise en place de la CMU. Les autorités Ivoi-riennes lancent en phase test début 2017, la Complémentaire Maladie Universelle (CMU). En tant que principal acteur du secteur de l’assurance, il nous faut accom-pagner le processus et apporter notre expérience et surtout préserver les intérêts de notre corporation.

• l’assainissement des intermédiaires d’assu-rance. Avec la direction des assurances, nous allons poursuivre l’assainissement du secteur de l’intermédiation en assurance. Nous saluons au passage la décision du pool TPV de mettre en circulation à comp-ter du 1er janvier 2017, des attestations d’assurance auto de couleurs différentes en fonction du type d’usage et valable seule-

ment pour une année pour lutter contre la fraude.

• du règlement rapide des sinistres maté-riels auto. Nous allons en 2017, lancer le processus de règlement rapide des sinistres matériels automobile pour redorer l’image des assureurs. Pour ce projet, nous bénéficions de l’expérience de la fédéra-tion Marocaine avec laquelle nous avons signée une convention et qui a accueilli en novembre 2016, les régleurs sinistres et des informaticiens du marché pour s’approprier la méthodologie.

• la prise en charge rapide des victimes des accidents de la circulation. Nous allons soutenir davantage l’initiative pertinente du fonds de garantie automobile (FGA) pour la prise en charge rapide des victimes des accidents de la circulation. Des points d’accueil ont été construits dans les princi-paux CHU d’Abidjan.

• la dématérialisation du certificat trans-port. À la suite du Cameroun et du Séné-gal, nous sommes en négociation avec les autorités pour la dématérialisation des certificats maritimes, obligatoires pour le dédouanement de toutes marchandises importées. La réalisation de ce projet va induire mécaniquement l’augmentation du chiffre d’affaires de la branche transport comme cela a été noté dans tous les pays qui ont opérés cette réforme.

• la mise en place de la médiation en assurance. Nous sommes en contact avec la fédération française de l’assurance pour la mise en place de la médiation en assurance en Côte d’Ivoire. Il s’agit pour nous d’un projet important sur lequel nous avons dédié spécialement un membre du bureau exécutif. L’objectif est de traiter rapidement les litiges du secteur et contribuer à amélio-rer notre image vis à vis du grand public.

• la participation à la réforme du système de la sécurité sociale de concert avec la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale pour une meilleure articulation des différents régimes afin de sauvegarder les intérêts des sociétés vie du marché.

• l’accroissement du chiffre d’affaire du mar-

ché qui passe aussi par l’augmentation du nombre des assurances obligatoires. Nous saluons la direction des assurances pour le séminaire de sensibilisation des profes-sions soumises à l’obligation d’assurances organisé en 2016. Nous allons travailler principalement sur l’obligation de l’’assu-rance incendie et de l’assurance construc-tion en 2017.

• la poursuite de notre plan de renforce-ment des capacités. Il s’agit également d’un point important de notre plan d’actions pour cette année. Pour les collaborateurs, nous avons signés des conventions avec des réassureurs majeurs opérant dans la zone CIMA aux termes desquelles ils se sont engagés à organiser chaque année au moins un séminaire de formation de haut niveau. Pour les membres de notre association, nous allons poursuivre l’organisation des rencontres thématiques pour aborder avec des spécialistes, les préoccupations du mar-ché et des compagnies d’assurances.

• Enfin, le bureau exécutif a fait de la com-munication un point des points importants de son plan d’actions. Cela va se traduire cette année par une animation régulière du site internet et une présence renforcée sur les réseaux sociaux. Nous allons lancer une campagne qui passe par la diffusion de petits films en relation avec la télévision, pour sensibiliser les populations sur leurs droits, les procédures, les modalités de règlement des sinistres, l’importance et le rôle de l’assurance pour les populations.

Au total, l’objectif du bureau exécutif en 2017 avec toutes les actions décrites sera de maintenir le leadership du marché dans la zone CIMA. Cela passe principalement par les actions pour accroître le chiffre d’affaires, la lutte contre la fraude, l’amélio-ration de la qualité de service vis-à-vis des assurés et bénéficiaires de contrat, la mise en place de mécanisme et d’instruments de gestion performants de nos sociétés et de notre association en mettant à profit nos acquis notamment le siège, propriété de l’association, bâti sur 2000 m² avec des salles de réunion et de formation fonction-nelles.

Directeur général d’Axa Côte d’Ivoire et président de l’Association des Sociétés d’assurance locales (ASACI), Roger Boa Johnson estime que le marché ivoirien est porté par la forte croissance du pays et l’excellence des relations entre les acteurs du secteur et l’Etat. Dopé par une croissance moyenne de 7 à 10% depuis la fin de la croise socio-politique en 2011, le premier marché de la zone CIMA a dressé une feuille de route très claire pour 2017.

Roger Boa Johnson.

Propos recueillis par Adama Wade

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NUMÉRO 37- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2017 NUMÉRO 37- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2017

15Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

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om DossierAbidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

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om Dossier 14 Togo : un secteur saturé

entre faible croissance et forte concurrenceDes douze qu’elles sont sur le marché togolais depuis une dizaine d’années, deux compagnies d’assurances partagent 50% du chiffre d’affaires en assurance non vie. Elles ont pour noms NSIA Assurance Togo et Saham Togo. Financial Afrik fait

le point sur un marché restreint, peu novateur, mais à forte croissance.

Au Togo, impossible de concilier assurance et habitude malgré la douzaine de compagnies qui se bousculent sur le marché fort concentré à Lomé. Elles sont cinq en Assurance Vie et Capitalisation (NSIA Vie, UAT Vie, GTA C2A Vie, Beneficial Life, Mafucecto), contre sept (7) en assurance dommages (NSIA Assurance Togo, GTA C2A IARD, Sunu IARD, Saham Togo, Allianz Togo, Ogar Togo et Fidelia Assurance), avec changement de dénomination par moment de certaines marques. C’est le cas de Colina devenue Saham, de UAT devenue Sunu et de Fedas devenue Ogar. GTA C2A IARD a été racheté en 2016 par le groupe Atlantique.« En tenant compte de son étroitesse, le marché paraît un peu saturé avec 12 compagnies », commente Ayeva Souleyman, premier responsable de la Direction nationale des assurances, l’autorité de tutelle. «Quand vous observez, ce ne sont pas des sociétés de grande envergure. Si les 12 sociètés actuelles évoluaient vers une concentration en 4 grandes compagnies, ce serait plus intéressant

que de petites sociétés qui n’arrivent pas à assurer de grands risques». Les compagnies togolaises opèrent par l’entremise (ou non) de 21 courtiers, réduits à 20 au troisième trimestre 2015 avec la dissolution d’une société, avant de repasser à 22 en février 2016 suite à l’octroi de deux nouveaux agréments. Les plus connus sont Gras Savoye et Ascoma.Le secteur connait une croissance remarquable depuis quelques années. En effet, l’activité globale de l’assurance non vie se caractérise en 2015 par la progression du chiffre d’affaires qui passe de 26,045 milliards de FCFA en 2014 à 28,495 milliards de FCFA, soit une augmentation de 9,41% - les données de 2016 devant être disponibles au troisième trimestre 2017-.Avec un chiffre d’affaires global de 19,916 milliards de FCFA, c’est toute la branche Vie qui stagne par rapport à 2014, où elle cumulait 19,858 milliards de FCFA de primes. La progression de 0,29 %, presque nulle, renseigne de l’état global. Cependant, le total des primes collectées a triplé en 10 ans, passant

de 16,388 milliards en 2006 à 48, 411 milliards en 2015. (Tableaux 1 et 3)

Forte concurrence

NSIA Assurance Togo, filiale du groupe NSIA basé en Côte d’Ivoire, et Saham Togo, filiale du marocain Saham, sont au coude-à-coude au classement des assureurs non vie selon les données recueillies auprès du Ministère de l’Economie et des Finances. En effet, la Nouvelle société interafricaine d’assurance est leader historique, cumulant 25,35% de l’activité globale du marché de l’assurance non vie. La NSIA enregistre toutefois une baisse de son chiffre d’affaires, passé de 7,224 milliards de F CFA en 2015 contre 7.578 milliards en 2014, soit. Ce recul a failli coûter sa position de «leader» au groupe d’origine ivoirienne, Saham ne ménageant

aucun effort pour passer en tête du classement.L’assureur marocain a enregistré sa plus grande performance en termes d’évolution du chiffre d’affaires en 2015, passant de 5,653 milliards à 7,179 milliards en 2015; soit une hausse de

26,99% et, sur l’exercice, 25,19% de parts de marché, juste derrière le leader menacé qui se contente de ses 25,35% (après les 29,10% de 2014). En 2013, Saham totalisait 5,024 milliards de FCFA de primes, soit 20,20% de parts, loin derrière les 29,23% de la NSIA. Cette belle performance du marocain s’explique, entre autres, par le produit «Assistance automobile» lancé en 2015, et qui représente 32,36% de part des prestations du marché par branche. Elle sera suivie par Sunu Assurances et NSIA en 2016.Sunu IARD ferme le trio de tête avec 4,397 milliards au 31 décembre 2015, pour 15,43% de part de marché. Ogar Togo, l’ex-Fedas, ferme la marche (6,25% du marché), avec un chiffre d’affaire de 1,772 milliards contre 1,423 en 2014. Soit un bond de 25,09%, venant après le recul de 27,51% accusé un an plus tôt.

Côté assurance Vie et capitalisation, GTA C2A Vie a le vent en poupe, s’arrogeant à elle seule plus de 45 % de parts de marché du chiffres d’affaires global, totalisant 8,965 milliards à la fin 2015. Leader depuis plus de 5 ans sur la branche, GTA C2A opère en bancassurance avec l’Union Togolaise de Banque.Elle est suivie de Sunu Vie (3,671 milliards contre 3,4 milliards en 2014) qui passe devant NSIA Vie dont le chiffre connait une baisse de 23,47% en 2015 (3,291 milliards contre 4,3 milliards en 2014). (Tableaux 2 et 4)Toutefois, l’innovation n’est pas de mise. Ou du moins, n’est pas dans les habitudes.

Faible pénétration

Toute cette bousculade ne traduit pas forcément une forte adhésion de la part d’une population encore méfiante vis-à-vis de l’activité. Pour preuve, le taux de pénétration reste très faible, et «dépasse difficilement 1% du PIB,

Tableau 1 : Evolution du chiffre d’affaires sur le marché de 2011 à 2015 (assurance non vie)

Années Montants (en millions de FCFA) Variation

2011 23 068 2012 22 826 -1,05%2013 24 868 8,95%2014 26 045 4,73%

2015 28 495 9,41%Source : Direction nationale des Assurances

Tableau 3 : Evolution du chiffre d’affaires sur le marché de 2010 à 2014 (assurance vie et capitalisation)

Années Montants en FCFA Variation2011 13 475 914 023 -2012 15 545 015 227 15,35%2013 16 614 565 691 6,88%2014 19 857 899 851 19,52%2015 19 916 517 231 0,30%

Source : Direction nationale des Assurances

Tableau 2: Evolution du chiffre d’affaires par société d’assurance non vie (en millions de FCFA)

ANNEE 2013 2014 2015

Sociéts Montant Primes

Part de marché

Montant Primes

Part de marché Evolution Montant

PrimesPart de marché Evolution

ALLIANZ TOGO 2 235 8,99% 1 966 7,55% -12,04% 2 390 8,39% 21,57%FIDELIA 1 742 7,00% 1894 7,27% 8,73% 1802 6,32% -4,86%GTAC2A IARD 2 203 8,86% 2 894 11,11% 31,37% 3 722 13,06% 28,61%NSIA TOGO 7 270 29,23% 7 578 29,10% 4,24% 7 224 25,35% -4,67%OGAR TOGO 1 963 7,89% 1 423 5,46% -27,51% 1 780 6,25% 25,09%SAHAM TOGO 5 024 20,20% 5 653 21,70% 12,52% 7 179 25,19% 26,99%SUNU IARD 4 432 17,82% 4 637 17,80% 4,63% 4 398 15,43% -5,15%TOTAL 24 869 100,00% 26 045 100,00% 4,73% 28 495 100,00% 9,41%

Source : Direction nationale des Assurances

Jusque-là PDG du groupe Saham (qu’il vient de quitter ) et professionnel de renom, Mehdi Tazi aborde dans cet éditorial les aspects saillants du secteur des assurances en Afrique.

L’éditorial de Mehdi TaziLes compagnies d’assurance africaines contribuent

au financement de l’économie locale

Marrakech s’apprête à recevoir la 41ème assemblée générale de la FANAF.

Cet événement est unique en son genre car il regroupe près de 2 000 professionnels du secteur. Il nous permet de nouer et de renforcer nos liens avec d’autres opérateurs. Il sera également l’occasion d’échanger après une année mouvementée pour notre secteur. Pourquoi mouvementée ? Tout d’abord, notre secteur continue de subir certains aléas extérieurs qui l’impactent fortement. La baisse des prix du pétrole et des matières premières a eu un impact négatif sur certaines économies «locomotives» du continent. Des pays comme l’Angola ou le Nigéria ont été largement affectés par cette baisse. Ils n’ont eu d’autres choix que de réduire fortement les budgets d’investissement voir pour certains de dévaluer leur monnaie provoquant ainsi une baisse de la matière assurable. Le secteur de l’assurance en Afrique a ainsi connu un ralentissement avec une croissance des primes Vie et Non-Vie à 2.4% en 2015 (vs. 3.9% en 2014). Ce ralentissement devrait se confirmer en 2016.

Les perspectives ne sont pas pour autant négatives.

Même si la croissance globale du continent reste loin des niveaux enregistrés avant la crise de 2008, près d’un quart des pays du continent ont bien résisté à cette conjoncture défavorable. Certains pays comme le Kenya, la Cote d’Ivoire ou l’Ethiopie affichent même des croissances solides. Au-delà de la performance toujours positive de certains pays, le potentiel de croissance du marché des Assurances en Afrique reste globalement encore très fort. Il est tiré par plusieurs tendances. Le parc automobile africain est appelé à croître fortement sur les prochaines années boostant ainsi les ventes d’assurances sur ce segment. L’épargne devrait également se développer sur les prochaines années sous l’effet de la bancarisation des populations. Enfin, pour rattraper son retard en infrastructure, le continent devra dépenser plus de 90 milliards de

dollars chaque année sur la prochaine décennie (selon la Banque Mondiale). Ces investissements sont autant d’opportunités pour notre secteur, à la fois comme opportunité de placement, et comme projets à assurer.C’est d’ailleurs la raison pour laquelle plusieurs compagnies d’assurance marocaine se sont lancées à la conquête de ce potentiel. Le Groupe Saham a été le pionnier en la matière avec le rachat en 2010 du Groupe Colina, premier assureur dans la zone CIMA. Aujourd’hui, le Groupe Saham est présent dans plus de 26 pays africains et s’impose comme le premier assureur africain hors Afrique du Sud. Plusieurs compagnies d’assurance marocaines ont suivi l’exemple de Saham en prenant des participations dans des opérateurs locaux, en rachetant des filiales, en nouant des partenariats ou en ouvrant des antennes localement.

Toutes ces formes d’investissements et de partenariats sont créatrices de valeur pour l’Afrique.

Grace à ces investissements, les compagnies d’assurance africaines jouent de plus en plus leur rôle d’investisseur et contribuent davantage au financement des économies locales. Les placements affectés aux opérations d’assurance ont augmenté en moyenne de 10% par an sur les six dernières années dans les pays de la zone

CIMA. Ces placements ont permis de financiariser l’épargne africaine, de développer les marchés financiers locaux et enfin d’investir dans les projets d’infrastructures importants.Enfin, la valeur ajoutée des compagnies d’assurance marocaine n’est pas que financière. Elles apportent également du savoir-faire et de la technicité sur des segments spécifiques. C’est le cas par exemple de l’assurance agricole. Ce type de couverture permet aux agriculteurs de se protéger contre les risques climatiques et leur apporte donc la sécurité nécessaire pour investir et se développer sereinement. A plus large échelle, elle permet de lutter contre la pauvreté rurale. C’est dans ce cadre que des pays tels la Tanzanie et le Rwanda ont annoncé récemment le développement de programmes d’assurance subventionnés à l’endroit des agriculteurs.

Ce potentiel ne doit néanmoins pas

nous faire oublier les défis auxquels nous devons faire face.

Le premier est de structurer davantage notre secteur autour d’une règlementation solide mais aussi autour d’acteurs disposant d’une assise financière forte. La réforme de la CIMA multipliant par cinq l’exigence minimale en capital social semble aller dans le bon sens. Toutefois, le délai de mise en conformité de 5 ans peut paraitre court pour des compagnies et filiales qui devront procéder à une recapitalisation pouvant aller jusqu’à 4 milliards de FCFA d’ici à 2021. Cette mesure poussera à la consolidation du secteur dans ces marchés, mais il faudra veiller à ce que cette transition se fasse en bonne intelligence; les expériences de mise en liquidation de compagnies d’assurances se sont avérées fastidieuses; nous devons par conséquent à tout prix éviter que ce scénario ne se produise en masse.Les autorités de régulation devront également se doter de moyens de contrôle leur permettant de mettre à exécution les évolutions réglementaires et de sanctionner le cas échéant les comportements non conformes de certaines compagnies. Cela est primordial pour mettre le marché à niveau de façon homogène, mais également pour ne pas pénaliser les « bons élèves ». Le deuxième est de faire évoluer notre système afin d’imposer certaines obligations d’assurance qui peuvent s’avérer vitales pour nos concitoyens (responsabilité civile sur l’automobile, couverture santé, accidents du travail et couverture des emprunteurs contre un décès). Certains pays avancent dans ce sens. A partir de 2017 au Maroc, la « tous risques chantiers » et la responsabilité civile décennale vont devenir obligatoire pour plus de 70% des habitations et bureaux.Enfin le dernier défi est de gagner davantage la confiance des consommateurs qui ne maitrisent pour la plupart que très peu les mécanismes d’assurance et accumulent des préjugés à leur encontre. Pour cela, il nous faut progresser dans la protection des intérêts de nos assurés avec des processus d’indemnisation rapides, innovants et efficients. Ce sont autant de défis qui animeront certainement les discussions de la 41ème assemblée générale de la FANAF n

Par Mehdi Tazi

Pour rattraper son retard en infrastructure, le continent devra dépenser plus de 90

milliards de dollars chaque année sur la prochaine décennie.Ces investissements sont autant

d’opportunités pour notre secteur, à la fois comme opportunité de placement, et comme projets à

assurer.

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NUMÉRO 37- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2017 NUMÉRO 37- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2017

16Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

ww

w.fin

anci

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rik.c

om Dossier 17Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

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alaf

rik.c

om Dossier

ce qui est très marginal. Pourtant, nous avons besoin de l’assurance pour permettre aux populations de faire face à certains problèmes», déclare M. Souleyman.Cette « difficulté », poursuit-il, est peut-être due à « l’état économique de nos populations qui connaissent une faiblesse du pouvoir d’achat ». Pour José Syménouh, ex-DG de NSIA Assurance, « le relèvement du taux de pénétration doit passer nécessairement

par l’information et l’éducation du public, toutes choses qui permettront dans une large mesure de combattre les freins au développement de cette activité». Même si les mœurs résistent encore à une communication agressive engagée par les acteurs en 2015.Par ailleurs, une grande responsabilité incombe aux professionnels et à l’autorité de tutelle. En effet, en raison du faible pouvoir d’achat des populations, les sociétés d’assurances

mettent l’accent sur des acteurs capables de payer les primes. On cite, en grande partie, des multinationales. « On constate qu’il n’y a pas une action vive en faveur de démunis », s’indigne M. Souleyman.Et de poursuivre : « si l’information était donnée, nos populations peuvent être assurées, surtout que la CIMA fait de la microassurance son cheval de bataille. Celle-ci permet de se faire assurer avec des sommes modestes,

pour certains risques spécifiques ».Mais le le poids de la culture et des pesanteurs sociales ne sont pas de nature à faire bouger les choses. «Nous sommes dans un environnement bâti sur un socle familial et social», rappelle un professionnel que nous avons rencontré au Comité des assureurs du Togo (CAT). « En cas de difficultés, vous avez la famille à côté. Mais je crois qu’il faut qu’on dépasse cette conception. Car, avec la loi des grands nombres, les primes auraient pu être supportables pour que les gens souscrivent à l’assurance ».Et de dénoncer, par la même occasion, un manque de mesures incitatives, avant de relever l’insuffisance de la suppression de la taxe sur les contrats vie. Signalons, toutefois, que le Togo a exonéré les affaires effectuées par

les sociétés ou compagnies d’assurance qui sont soumises à la taxe prévue par les articles 861 à 874, ainsi que les prestations de services réalisées par les courtiers et les intermédiaires d’assurances. Indications contenues dans la loi de finances, gestion 2017.

Tableau 4: Evolution du chiffre d’affaires par société d’assurance vie (en millions de FCFA)

ANNEE 2013 2014 2015

Sociétés Montant Part du marché Montant Part du

marché Evolution Montant Part du marché Evolution

BENEFICIAL 2 247 13,52% 2 737 13,78% 21,81% 3 036 15,24% 10,92%GTAC2A VIE 6 900 41,53% 8 374 42,17% 21,36% 8 965 45,01% 7,06%

MAFUCECTO1 063 6,40%

1 0475,27% -1,51%

9524,78% -9,07%

NSIA VIE 3 300 19,86% 4 300 21,65% 30,30% 3 291 16,52% -23,47%SUNU VIE 3 104 18,68% 3 400 17,12% 9,54% 3 672 18,44% 8,00%TOTAL 16 614 100,00% 19 858 100,00% 19,53% 19 916 100,00% 0,29% Source : Direction nationale des Assurances

Nephthali Messanh Ledy

Sénégal, paradis des assurances collectives

Richard Lowe, PDG GroupeActiva

Richard Lowe

Le secteur de l’assurance a enregistré des avancées notables ces dernières années sur le continent africain. Beaucoup d’africains adhérent de plus en plus à l’idée de souscrire

aux assurances vie et non vie. Avec un marché estimé à 119,781 milliards de FCFA en 2015, le Sénégal occupe la quatrième place du marché assurance et réassurance en Afrique de l’Ouest et du Centre francophone. Un chiffre d’autant plus remarquable qu’en 2014, le secteur affichait un chiffre d’affaire de 101,162 milliards de FCFA, soit un bond de 18,36% en valeur relative (18,619 milliards FCFA).Le marché compte 26 sociétés répertoriées par la Fédération sénégalaise des sociétés d’assurances (FSSA) dont 18 spécialisées dans l’assurance dommage et 8 dans l’assurance vie et capitalisation. En l’espace de quelques années, le marché de l’assurance a connu de nombreuses avancées, en témoignent les résultats satisfaisant enregistrés de 2013 à maintenant. Pour l’année 2015 par exemple, le chiffre d’affaires de l’assurance dommage s’est situé à 85,953 milliards FCFA contre 74,510 milliards FCFA en 2014 (+15%), FSSA. Pour sa part, l’assurance vie voit sa collecte passer de 26,652 milliards FCFA en 2014 à 33,827 milliards FCFA un an plus tard (plus 27%). Depuis 2013, la suprématie des assurances collectives sur les assurances individuelles est visible dans le secteur de d’assurance-vie. L’on note que le chiffre d’affaires en 2015 des assurances collectives, toutes branches confondues (décès, retraite complémentaire et mixtes) se situe à 24,744 milliards de F CFA, contre 9,083 milliards de F CFA pour les assurances individuelles.La part de ces assurances collectives représente 73,14% du chiffre d’affaires global du secteur de l’assurance vie. Concernant les assurances individuelles, la branche décès réalise la plus forte progression en termes de chiffre d’affaires avec 35,6%

à 1,455 milliards de F CFA.Des chiffres d’affaires de 2,701 milliards de F CFA (+14,2%) et 4,926 milliards de F CFA sont estimés successivement pour les mixtes individuels et la branche épargne et retraite qui enregistre la faible progression avec 4,1%. En effet, il n’est pas dans la culture des sénégalais, voir même des africains, de préparer sa retraite; s’y ajoute une classe moyenne pas très forte. Or l’aspect culturel, coutumier, est extrêmement important. L’assurance non vie est, elle, marquée par des lenteurs pour le recouvrement des dédommagements, qui discréditent la profession. Il y’a aussi l’insolvabilité de certains assureurs. C’est à ce niveau qu’intervient le Fonds de Garantie Automobile (FGA), chargé, lorsque le responsable des dommages demeure inconnu ou non assuré, sauf par l’effet d’une dérogation légale à l’obligation d’assurance, ou lorsque son assureur est totalement ou partiellement insolvable, d’indemniser les victimes des dommages résultant des atteintes à leurs personnes, nés d’un accident dans lequel est impliqué ou causé par un véhicule terrestre à moteur en circulation. Des résultats qui traduisent malgré tout l’importance du marché, quoique peu développé, placé sous le giron de la direction des assurances qui est l’autorité compétente de régulation et de contrôle. Une direction créée par décret n° 91 744 du 29 juillet 1991. Elle sert de relais à l’action de la Commission Régionale de Contrôle des Assurances et des autres organes de la Conférence interafricaine des marchés d’assurances (CIMA).En effet, après sa création le 10 juillet 1992 à Yaoundé, la CIMA qui regroupe 14 Etats membres, s’est fixée un certain nombre d’objectifs qui ne pourront être atteints sans la collaboration des Etats membres à travers les directions nationales des assurances.Les compagnies d’assurances les plus anciennes au Sénégal sont par ailleurs la Sonam, la Nsia et Sunu.

Avec comme fondateur Diouldé Niane, la Sonam est active depuis 33 ans. Longtemps cantonnée dans le pays, l’entreprise a réalisé deux acquisitions ou tentatives en Côte d’Ivoire et au Cameroun. Le Sénégal est un petit marché mais qui progresse doucement et tiré par le réseau bancaire notamment avec l’assurance mobile. Adopté depuis 2008 en Afrique du Sud et en Namibie, l’assurance mobile prend de l’ampleur dans le continent. L’entreprise britannique, MicroEnsure, présent depuis 2010 au Ghana et au Kenya, s’installe au Sénégal en y proposant les assurances vie du groupe Sunu à la clientèle de l’opérateur Tigo. L’on peut aussi citer à titre d’exemple le groupe NSIA, allié avec Orange, qui essaye d’inclure de nouvelles cibles dans l’assurance. Une alliance qui se justifie par des assurances classiques jugées trop chères et « trop compliquées » pour intéresser les opérateurs de téléphonie sans qui, les assureurs ne peuvent approcher les personnes du secteur informel, à faibles revenus et le plus souvent éloignées des grands centres.L’assurance mobile permettra de toucher une importante frange de la population et donc d’augmenter les volumes de vente d’assurance, ceci grâce au taux de couverture. Les opérateurs y gagnent des revenus additionnels ainsi qu’une fidélisation de leurs abonnés, en s’appuyant sur des offres promotionnelles.Parallèlement, la micro-assurance offre de nouveaux domaines d’intervention afin d’en faire bénéficier des populations jusqu’à ce jour exclues des réseaux traditionnels de l’assurance, en particulier les travailleurs de l’économie informelle. C’est un marché en devenir qui peut être élargi. Toutes choses qui font que l’assurance a encore de nombreuses opportunités à développer au Sénégal.

Amadjiguene Ndoye &Ablaye Modou Ndiaye

Propos recueillis Par Adama Wade

« Nous enregistrons une croissance régulière très satisfaisante »Acteur de premier plan du secteur des assurances en Afrique, Richard Lowe estime que les sept filiales de son groupe réalisent une évolution régulière en termes de chiffre d’affaires et de résultat. Pour ce professionnel, la symbiose entre les marchés africains doit se faire dans le respect des spécificités propres à chaque zone. Entretien.

Pouvez-vous revenir sur les faits marquants de l’activité du groupe Activa en 2016, son positionnement au Cameroun et dans la sous- région ?

Au niveau de nos sept filiales, nous avons observé sur l’année 2016 une croissance régulière très satisfaisante aussi bien en termes de chiffre d’affaire qu’en termes de résultat. ACTIVA FINANCES, notre holding, a également affiné son organigramme par la nomination d’un Directeur Général Adjoint en la personne de Thierry KOUANDJEU. Par ailleurs, ACTIVA FINANCES a également pris une importante décision avec la création de ACTIVA Europe SAS dont l’objectif est d’offrir un service de proximité à nos clients et partenaires basés en Europe. Cette filiale qui a démarrée ses activités au 1er janvier 2017 est dirigée par un haut cadre expérimenté, Serge Azebaze, ex Vice-Président de la société MARSH à Paris.Au niveau de nos filiales, ACTIVA Cameroun a vu l’amélioration de sa notation financière porté de A à A+, il en de même d’ACTIVA Ghana dont la notation est confirmée à A-. Ces bonnes notations financières traduisent la solidité financière du Groupe ACTIVA et sa capacité à honorer ses engagements en temps et en heure.Par ailleurs au Cameroun ACTIVA ASSURANCES a réussi le renouvellement de sa certification ISO 9001 sous la nouvelle version 2015 faisant ainsi de cette compagnie la première à avoir affronté avec succès la certification suivant la nouvelle

norme ISO. Par ailleurs, la fondation ACTIVA, après ses interventions l’année dernière dans les trois pays impactés par l’épidémie Ebola (Guinée, Sierra Leone et Libéria), dans le cadre de sa responsabilité sociétale, a procédé à deux actions importantes orientées vers la santé de la mère et de l’enfant au Cameroun.Enfin, en septembre 2016, nous avons signé avec PROPARCO un partenariat qui fait de PROPARCO le deuxième partenaire financier du Groupe ACTIVA après la SFI.

En 2016, Proparco est entré dans le capital d’Activa. Comment interpréter cette alliance stratégique ?

Pour la Proparco, il s’agit d’accompagner le développement maîtrisé d’un groupe dynamique porté par une vision qui est de contribuer au développement du continent, tant par la couverture de grands projets d’infrastructures et industriels, que l’assurance des particuliers et familles, y compris des couches défavorisées.Pour le Groupe ACTIVA, cette alliance n’a pas pour but uniquement d’apporter du capital, mais également d’accompagner la croissance du continent africain, notamment en aidant au développement des produits ciblant des populations à faibles revenus traditionnellement non assurées.La vision de Proparco rejoint la nôtre et cet investissement qui renforce la solidité financière de notre groupe va nous permettre de nous implanter sur deux marchés importants d’Afrique centrale et d’Afrique de l’ouest.

Le régulateur de la zone CIMA a décidé de multiplier le capital minimum par cinq. Comment votre groupe appréhende-t-elle une telle perspective ?

Cette importante décision de la CIMA aura évidemment des conséquences dans plusieurs groupes d’assurances sur le

continent. En ce qui concerne le groupe ACTIVA, nous n’avons aujourd’hui que deux filiales dans la zone CIMA et le réajustement de leur capital aux nouvelles normes ne posera aucun problème, même si nous avons quelques réserves sur la pertinence d’augmenter de manière aussi significative le capital des compagnies d’assurances VIE.

Le réseau Globus gagne en importance avec de nouveaux membres et un réassureur, Globus Ré, en phase

de déploiement. Quelles sont les perspectives à moyen terme de ce réseau ?

Au niveau du Réseau GLOBUS, la qualité du service que nous proposons nous permet aujourd’hui de gérer plus de 3000 programmes d’assurances. Au courant de 2016, nous avons signé trois nouveaux contrats de partenariats importants avec les assureurs globaux.Par ailleurs, l’évolution du réseau se poursuit ; nous sommes présents aujourd’hui dans 44 pays, le dernier adhérent au réseau étant la compagnie AWASH en Ethiopie.En ce qui concerne notre compagnie commune de réassurance, GLOBUS RE, elle poursuit ses activités dans le cadre de ses objectifs et bénéficie toujours au niveau de la rétrocession de la confiance des plus grands réassureurs mondiaux.

Les assemblées générales 2017 se tiennent au Maroc. Comment aimeriez-vous voir l’évolution des rapports entre ce pays et la zone CIMA ?

Le Maroc est le deuxième marché africain après l’Afrique du Sud. Grâce au professionnalisme des acteurs d’une part et à une politique très restrictive du régulateur dans la délivrance des agréments ces vingt dernières années, les compagnies d’assurance marocaines sont aujourd’hui des structures très solides. Cette solidité financière leur permet depuis environ cinq ans d’aller vers la conquête des nouveaux marchés dans la zone CIMA.Cette présence évidemment contribuera, je le pense, à améliorer le taux de pénétration de l’assurance dans plusieurs pays de la zone CIMA.Cette symbiose entre le marché marocain et les marchés de la zone CIMA devra se faire en respectant évidemment les spécificités et le degré de maturité des différents marchés.

Cameroun, un taux de liquidation des sinistres à relever Le marché camerounais des

assurances vient de s’enrichir d’une nouvelle entreprise. Assurance du

Cameroun Vie (ACAM Vie) a été agréée en novembre 2016 par le ministère des Finances, « après avis favorable de la Commission régionale de contrôle des assurances» de la CIMA, le gendarme du secteur en Afrique centrale et de l’Ouest. Une dizaine d’entreprises exercent désormais dans le pays, dans la branche assurance-vie, contre une quinzaine dans la branche dommages. Le secteur est dominé par des entreprises comme Chanas, Axa, Allianz, SAAR ou Activa, qui disposent des plus gros chiffres d’affaires. D’après le dernier rapport de l’Association des sociétés d’assurance du Cameroun (ASAC), le secteur des assurances se porte plutôt bien au Cameroun. Il a enregistré une production globale de 182,2 milliards FCFA en 2015, en hausse de 12,94% par rapport à l’année 2014 qui présentait

161,32 milliards FCFA. La répartition par branche met largement en évidence la prépondérance de la branche dommages qui représente 71,7% du marché. Elle est cependant en légère baisse par rapport à l’année précédente (72,5%). Le secteur est également un grand pourvoyeur d’emplois, avec plus de 1300 emplois directs. Le Cameroun, est le deuxième marché de l’assurance de la zone CIMA, derrière la Côte d’Ivoire. Et, selon le cabinet américain de conseil en stratégie Bain & Company, le Cameroun fait partie des pays où les compagnies d’assurance qui s’installent peuvent miser sur une progression de leurs revenus de l’ordre de 15 à 20 %. Financièrement, le secteur affiche de bons chiffres. Illustration : les entreprises de dommages ont dégagé une marge disponible de 53,9 milliards de F en 2015 ; Les engagements règlementés des compagnies non vie, en hausse de 10,7% par rapport à l’exercice 2014, s’élèvent à

124 milliards FCFA ; L’exploitation de la branche dommages affiche un résultat 9 milliards FCFA. Ce dernier est en net progression de 574% par rapport à celui de 2014 (-1,9 milliards FCFA). Dans le secteur vie, les prestations payées s’élèvent à 23,2 milliards FCFA en 2015 contre 21 milliards FCFA en 2014, ce qui traduit une hausse de 10,5% ; L’exploitation de la branche Vie enregistre un résultat excédentaire de 2,7 milliards FCFA, en hausse de 35% par rapport à celui de l’année précédente, etc. Cependant, le marché camerounais est aussi l’un des plus indisciplinés de l’espace CIMA, avec des compagnies régulièrement sanctionnées pour non-respect de leurs engagements et des normes prudentielles. Ainsi par exemple, d’après l’ASAC, on observe une baisse du taux de liquidation des sinistres qui se situe à 14,2% contre 14,1% en 2014, alors qu’en vie, la charge de sinistres a progressé de 20,2% et se chiffre à 38,1

milliards FCFA, contre 31,7 milliards FCFA l’année antérieure. La charge de sinistres de l’exercice a connu une hausse de 17,7%, se chiffrant à 57,1 milliards FCFA contre 48,5 milliards FCFA l’année antérieure. Le taux de pénétration des assurances reste également faible. Selon le président de l’ASAC, 30 à 40% des Camerounais possédant un véhicule de nos jours, n’ont pas souscrit une police d’assurance. Celle-ci est pourtant obligatoire, selon la réglementation. Ce qui réduit davantage le taux de pénétration de l’assurance au Cameroun, qui est «extrêmement faible», d’après l’ASAC, soit «moins de 2%» en valeur relative. La culture de l’assurance y est encore embryonnaire, à cause, soutiennent certains experts, de la cherté des prestations par rapport au niveau de vie des populations, mais surtout du peu d’empressement des compagnies à remplir leurs obligations vis-à-vis des assurés en cas de sinistre.

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NUMÉRO 37- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2017 NUMÉRO 37- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2017

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Le who’s who des assureurs togolais ou le duel Saham – Nsia

OLEA : le nouveau courtier d’assurances africainNephthali Messanh Ledy

NSIA Togo, filiale du groupe NSIA basé en Cote d’ivoire, et Saham Togo, filiale du marocain Saham, sont au coude-à-coude au classement des assureurs du marché dommages en termes de chiffre d’affaires. L’assistance automobile aura été le produit menaçant. Financial Afrik publie en exclusivité, les données 2015 d’un secteur peu novateur.Elles forment, de loin, le duo des plus grandes compagnies d’assurances au Togo sur leur branche. Selon des données exclusives en notre possession, la Nouvelle société interafricaine d’assurance est leader avec un chiffre d’affaires de 7,224 milliards de F CFA en 2015 contre 7.578 milliards en 2014, soit 25,35% de l’activité globale du marché de l’assurance non vie. Une baisse de chiffres qui a failli lui couter sa position de « leader », Saham ne ménageant aucun effort pour arriver passer en tête du classement. En effet, l’assureur marocain a enregistré sa plus grande performance en termes d’évolution du chiffre d’affaires en 2015, passant de 5,653 milliards à 7,179 milliards en 2015. Soit une hausse de 26,99%, détenant ainsi 25,19% de part de marché, juste derrière le leader

qui se contente de ses 25,35% (après les 29,10% de 2014). En 2013, Saham totalisait un chiffre de 5,024 milliards de FCFA, soit 20,20% de part. Contre 29,23% pour l’ivoirien.Cette belle performance du marocain s’explique, entre autres, par son produit « Assistance automobile » lancé en 2015, et qui représente 32,36% de part des prestations du marché par branche. Elle sera suivie par Sunu Assurances et NSIA en 2016.Les deux « challengers » en assurance non vie sont suivis par Sunu IARD, qui ferme le trio de tête avec 4,397 milliards de chiffre d’affaires au 31 décembre 2015, pour 15,43% de part de marché. Viennent ensuite GTA C2A IARD, Allianz Togo et Fidelia, qui représentent respectivement 13%, 8% et 6,33% du marché.Ogar Togo, l’ex-Fedas, ferme la manche des 7 opérateurs non vie (6,25% du marché), avec un chiffre d’affaire de 1,772 milliards de FCFA en 2015 contre 1,423 en 2014. Soit un bond de 25,09%, forte progression après le recul de 27,51% accusé un an plus tôt.Coté assurance Vie et capitalisation, GTA C2A Vie a le

vent en poupe, s’arrogeant à elle seule plus de 45 % de part du chiffres d’affaires global, totalisant 8,965 milliards à fin 2015. D’ailleurs, elle est leader au cours des trois derniers exercices sur le marché d’assurance vie et capitalisation.Elle est suivie de SUNU Vie (3,671 milliards contre 3,4 milliards en 2014) qui passe devant NSIA Vie qui connait une baisse de 23,47% en 2015 (3,291 milliards contre 4,3 milliards en 2014).Avec un chiffre d’affaires global de 19,916 milliards de F CFA, c’est toute la branche vie qui stagne par rapport à 2014, où elle cumulait un chiffre d’affaires de 19,858 milliards. Soit une progression de 0,29 %, presque nulle.Pour rappel, elles sont au total douze depuis une dizaine d’année à opérer au Togo: Nsia Togo, GTA C2A IARD, Sunu IARD, Saham Togo, Allianz Togo, Ogar Togo et Fidelia Assurance en assurance non vie, et Nsia Vie, UAT Vie, GTA C2A Vie, Beneficial Life et Mafucecto en assurance vie.

Augmentation du capital des sociétés d’assurance Quelques réflexions à partager

De nouvelles dispositions exigent d’accroître le capital social des sociétés d’assurance opérant en zone CIMA d’un milliard de F CFA à cinq milliards de F CFA ou de huit cents millions à trois milliards de F CFA, selon que l’assureur est une société anonyme ou une société à forme mutuelle.Pour rappel, les nouvelles dispositions stipulent :Le capital social minimum des sociétés anonymes d’assurances passe d’un (01) milliard à cinq (05) milliards de CFA et le fonds d’établissement minimum des sociétés d’assurances mutuelles de huit cents (800) millions à trois (03) milliards de Francs CFA.Pour les sociétés anonymes d’assurances en activité qui ont un capital social inférieur à ce minimum, elles disposent d’un délai de trois (3) ans pour porter leur capital social minimum à 3 milliards de Francs CFA et de cinq (5) ans pour le porter à 5 milliards de Francs CFA à compter de la date d’entrée en vigueur des présentes dispositions.Rien n’étant immuable et figé dans le bronze, il peut être opportun de partager avec les acteurs du marché un certain nombre d’interrogations concernant ces dispositions.On peut comprendre et adhérer à l’idée d’une telle disposition, l’accroissement de capital des sociétés d’assurance étant un gage de solidité financière et donc de pérennité et de fiabilité dans l’activité de ces sociétés.Une des premières interrogations qu’a suscité à notre niveau une telle règle est la suivante : une telle disposition fera t elle plus de bien ou plus de mal au secteur de l’assurance en zone CIMA ?Pour notre part, nous voyons plus d’inconvénients que d’avantages à une telle mesure.Cette mesure suscite de premières interrogations.Quelle justification peut on donner à un assureur dont le chiffre d’affaires ou le total des provisions techniques ne dépasse pas le milliard de F CFA à l’exigence de multiplier son capital social par cinq ou, pour des sociétés à forme mutuelle, par près de 4 fois ?Quelles bonnes raisons peut on trouver pour des actionnaires qui se satisfont de la rémunération actuelle de leur investissement qu’il leur faut multiplier par cinq leur capital social ?Pourquoi exiger un niveau de capital social d’assureurs opérant sur un marché dont le chiffre d’affaires cumulés correspondant à deux ou trois fois le capital exigé ?Les résultats actuels ou prévisibles des sociétés d’assurance dans la zone CIMA permettent ils de rémunérer de façon adéquate un capital social de cinq ou de trois milliards de F CFA ?Les principaux inconvénients que nous voyons à l’exigence d’une augmentation importante de capital sur une période de

cinq ans sont listés ci-dessous.

1) Elle peut induire une réduction des investissements dans le secteurNul besoin d’études financières ou mathématiques poussées pour comprendre qu’il est plus difficile de mobiliser cinq fois plus de ressources pour constituer le capital social d’une société et qu’il y a plus de raisons à hésiter à prendre un risque financier cinq fois plus important.Ce sont là de premières raisons de renoncer à un investissement.Avec des dividendes de cent millions de F CFA au cours d’un exercice, la rémunération du capital est de 10% lorsque le capital social est d’un milliard et de 2% pour un capital social de cinq milliards, l’incitation ou l’intérêt à investir est réduite par une telle perspective.Un investisseur, qu’il soit déjà présent ou non dans le secteur d’assurance de la zone CIMA, aura de bonnes raisons de différer ou de surseoir la création ou la prise de contrôle de sociétés d’assurance dans la zone en ayant en vue la contrainte de devoir porter le capital social de chaque société à cinq milliards à l’horizon 2019.Il faut s’attendre à un ralentissement ou un arrêt dans la création de sociétés d’assurance dans la zone, les sociétés de micro assurance ou celles disposant d’un marché captif comme les filiales d’institutions de financement pouvant faire exception.Quel intérêt y a-t-il à ralentir un mouvement par lequel différents marchés d’assurance peuvent bénéficier d’investissements d’autres secteurs d’activité, de différents pays de la zone CIMA ou d’autres zones géographiques?

2) Elle peut réduire l’offre de servicesIl y a une probabilité forte qu’une telle mesure entraîne une concentration des acteurs : les sociétés ne disposant pas de fonds propres suffisants ou d’apports financiers de leurs actionnaires ne pourront plus être présents sur le marché du fait de l’exigence de capital social minimum ; elles seront dans l’obligation de fusionner ou d’être absorbées. Rien n’indique que telles fusions ou absorptions iront de pair avec l’arrivée de nouveaux venus dans le secteur.Il est à noter que la réduction des acteurs ne serait pas liée aux résultats de mauvaises gestions, d’insuccès commerciaux répétés ou d’engagements non tenus.L’intervention de moins d’acteurs peut se traduire par la création de monopoles ou d’oligopoles au niveau de différents marchés.Qui dit monopole ou oligopole, dit moins de concurrence entre assureurs et moins de choix pour la clientèle.Rappelons, à titre indicatif, quelques statistiques relatives à la zone CIMA.Des concentrations fortes sont très probables dans le secteur de l’assurance vie pour lequel

plusieurs marchés de la zone CIMA ont une collecte de primes inférieure à vingt milliards de FCFA.Pour l’assurance vie, en analysant les statistiques de la FANAF, il apparait clair que si la nature des portefeuilles n’est pas modifiée vers des produits à haute marge, l’intérêt économique d’investir des sommes importantes au niveau de sociétés d’assurance vie de la zone sera difficile à trouver même en atteignant des chiffres d’affaires de dix milliards de F CFA.La protection des assurés n’est-elle pas renforcée par l’émulation et l’exigence de qualité de service que peut susciter une concurrence saine entre assureurs ?

3) Elle peut affecter l’activité commerciale Les dirigeants de sociétés d’assurance dont les fonds propres sont loin du seuil exigé auront la préoccupation légitime de trouver une solution à la contrainte liée au capital social minimum et partagerons leurs temps entre activité commerciale et recherche de solution pour la capitalisation de la société. Ce sera ainsi moins de temps à consacrer aux activités de développement de la société et une forme d’incertitude qui peut affecter l’activité de l’entreprise et ainsi sa pérennité.La recherche d’une plus grande solvabilité et d’une pérennité des assureurs doit elle passer par les situations décrites ci-dessus ?La Commission de Contrôle de la CIMA a permis, depuis son entrée en activité, d’assainir le marché d’assurance de la zone et de renforcer l’exigence de rigueur dans la gestion des sociétés d’assurance.Il convient de rappeler quelques mesures phares prises par les autorités de contrôle depuis le traité du 10 juillet 1992 pour assainir les marchés d’assurance de la zone CIMA :- barèmisation des préjudices corporels en assurance automobile ;

- augmentation progressive de capital passant de 250 millions le 15 février 1995 à un milliard le 04 avril 2007 ;

- interdiction de la vente de l’assurance à crédit le 11 avril 2011 ;

- provisionnement de tous les arriérés de primes dans les bilans de l’exercice 2014 ;

-surveillance accrue du paiement des sinistres avec des sanctions pécuniaires en cas de non paiement des sinistres « bon à payer » ou lenteur dans la cadence de règlement ;

-renforcement des pénalités de retard en cas d’absence d’offre d’indemnisation ou en cas de retard dans l’offre d’indemnisation de préjudice corporel automobile ;

-exigence d’un plan de réduction des

charges et l’interdiction de sous tarification en assurance automobile, entre autres, à côté des mesures de recapitalisation à mettre en œuvre dans le cadre des plans de financement à court terme ou des plans de redressement exigés des sociétés en difficulté;

- renforcement des critères de réévaluation d’actifs (immeubles et obligations d’Etat) - surveillance permanente avec interdiction de la libre disposition des actifs ou administration provisoire ou retrait d’agrément lorsque la société ne fonctionne pas conformément à la réglementation ;Plutôt que d’exiger le quintuplement du capital social de société sur un délai maximal de cinq ans, ne serait il pas préférable de poursuivre cette démarche de contrôle et de suivi mise en œuvre avec succès depuis plus de vingt ans ?Ne serait il pas préférable de renforcer ou de poursuivre la surveillance par rapport à deux situations qui ont également un impact déterminant sur la solvabilité et la pérennité des assureurs :Une telle démarche pourrait aller de pair avec un renforcement des critères de solvabilité des assureurs en rapport avec leurs engagements propres; par exemple, en relevant le niveau minimal de marge de solvabilité en rapport avec les primes collectées, les sommes assurées ou les provisions techniques de chaque société.Plutôt que de contraindre par la force de la réglementation les sociétés de dimension modeste à disparaitre sans être en faute ou en situation périlleuse, pourquoi ne pas laisser la nature économique faire son œuvre tout en maintenant ou renforçant la surveillance des sociétés ? Cette surveillance qui concerne toutes les sociétés quelque soit leur taille apparaît comme le premier rempart contribuant à la protection des assurés et à la crédibilité du secteur des assurances. Les accroissements de capital social ou les rapprochements de sociétés se feront, si on peut dire, de façon naturelle pour les sociétés qui chercheront à renforcer leur solvabilité ou leur crédibilité ou, avec l’incitation des organes de contrôle, pour celles pour lesquelles une tendance vers une fragilité ou une défaillance est notée.n

Fodé S. KEITA

Par Fodé S. KEITA, Directeur Général de SYRAVIE

Chiffre d’affaires 2013 en millions de F CFA (source : Fédération des Sociétés de Droit National Africain (FANAF)

BENIN BURKINA FASO CAMEROUN CENTRAFRIQUE CONGO

BRAZZACOTE

D’IVOIRE GABON MALI NIGER SENEGAL TOGO

NON VIE

32 185 31 759 120 362 2 618 68 450 134 377 97 055 24 395 21 693 71 874 24 889

VIE11

087 15 309 41 046 45 4 424 104 548 17 826 5 209 4 198 24 486 16 608

Après plus de 30 ans d’expériences cumulées dans les métiers du courtage d’assurances en Afrique, Olivier Dubois et Olivier Canuel annoncent la création de leur société OLEA, en partenariat avec le groupe français SIACI SAINT HONORÉ. Déjà opérationnelle en Côte d’Ivoire et au Bénin, à travers la reprise des activités d’AFRIKASSUR, créée par SIACI SAINT HONORE et THEOREME, OLEA a engagé une phase active de déploiement. «Notre volonté est de devenir très vite un groupe panafricain de référence disposant rapidement d’un réseau de filiales intégrées dans plus d’une vingtaine de pays et offrant une qualité de service caractérisée par la technicité, la proximité et la réactivité », résume Olivier Dubois. L’Afrique enregistre une forte croissance portée par le dynamisme économique du continent depuis le début des années 2000, l’émergence de classes moyennes, jeunes et connectées, la multiplication

des projets d’infrastructures, le développement de nouveaux modes de production et de distribution, et l’éclosion d’une multitude de PME avec une nouvelle génération d’entrepreneurs.Face aux défis de ce continent en pleines mutations, avec des marchés toujours plus compétitifs et règlementés, le réseau OLEA propose une offre alternative de qualité aux grands courtiers traditionnels historiquement implantés, en s’appuyant sur des équipes professionnelles, multiculturelles et expérimentées ainsi que sur des outils de risk management éprouvés.« Notre métier de courtier consiste

à apporter aux entreprises de toutes tailles, de la PME nationale à la filiale de grand groupe international, les meilleures solutions d’assurances pour optimiser la gestion de leurs risques. Notre approche est celle du sur-mesure », explique Olivier Canuel. « Notre connaissance très fine du marché de l’assurance et de l’ensemble de ses acteurs en Afrique constitue le moteur de notre stratégie de déploiement panafricaine », ajoute Olivier Dubois. OLEA se concentre dans un premier temps sur les métiers du courtage direct, le servicing auprès de courtiers non implantés sur le continent et le courtage de réassurance à l’international.

« En investissant dans cette opération, nous restons fidèles à l’approche de SIACI SAINT HONORE, qui consiste à s’appuyer sur un management expérimenté, autonome et très impliqué dans toutes les composantes du projet, afin de maximiser les perspectives de prise de parts de marché en Afrique », souligne Hervé Houdard, Directeur Général du Groupe SIACI SAINT HONORE.« Après avoir créé AFRIKASSUR avec THEOREME, nous sommes très heureux de poursuivre cet axe majeur de notre développement à travers la création du réseau OLEA qui a vocation à devenir un acteur leader en Afrique.n

Olivier Dubois et Olivier Canuel

La crise politique qui prévaut au Gabon a influé négativement sur les performances des compagnies d’assurances. Ce marché, le troisième de l’espace CIMA, derrière la Côte d’Ivoire et le Cameroun et avant le Sénégal, compte 9 assureurs. Les primes collectées ont baissé de 6,4% durant les neuf premiers mois de l’année 2016. Le volume s’est établi à 58 milliards de F CFA (environ 88 millions d’euros) selon les chiffres issus du régulateur. Comparant ce résultat des neuf premiers mois de 2016 au

chiffre d’affaires global de 2015 (118,881 milliards de FCFA), la contre performance devient une évidence. Ce secteur est touché par les perturbations intervenues tout au long d’une année 2016 électorale et émaillée de crise. A la fin septembre 2016, les compagnies d’assurances opérant dans le pays ont payé environ 18,33 milliards de FCFA de sinistres, contre 19,08 milliards à la même période en 2015 ; soit une diminu-tion de 3,8% en un an.Les sinistres réglés pour le compte de la

branche «Non Vie» ont représenté 69% de l’ensemble des sinistres payés du secteur. Ils ont régressé de 14,4% pour se situer à 12,60 milliards de FCFA dont 5,54 milliards de FCFA pour la couverture des soins médi-caux du seul produit « Maladie-Assistance», renseignent les acteurs du secteur.Toutefois, pour les commissions versées aux intermédiaires, elles ont augmenté de plus de 19% et s’établissent à 6,67 milliards de FCFA. Cette progression est le fait de l’accroissement des commissions versées

pour le compte de l’assurance «Non Vie», en hausse de 16,8%. Elles s’établissent à 6,32 milliards de FCFA sur les neuf premiers mois de 2016.Les commissions versées pour l’assurance « Vie » ont quant à elles doublé pour se situer à 350 millions de FCFA en septembre 2016 contre 180 millions de FCFA à la même période.

Gabon, un marché qui accuse la crise politique

Ablaye Modou Ndiaye

Professionnels reconnus dans le courtage d’assurances sur le

marché africain, Olivier Dubois et Olivier Canuel annoncent la création d’un nouveau groupe

de courtage d’assurances panafricain, en partenariat

avec le Groupe SIACI SAINT HONORÉ, actionnaire de

référence.

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El Hadj Seybatou AW- Administrateur Directeur Général d’AVENI-RE

« Avec l’article 308 nouveau, la principale contrainte qui s’impose aux réassureurs est de garantir la disponibilité des capacités suffisantes et des ressources humaines hautement

qualifiées … »En prélude à la 41e Assemblée Générale de la FANAF qui se tient du 13 au 16 février 2017, nous avons rencontré El Hadj Seybatou AW, l’Administrateur Directeur Général d’AVENI-RE. Crédité d’une trentaine d’années dans le domaine de la réassurance, le «doyen » comme l’appellent affectueusement les professionnels du secteur a accepté de nous parler des performances et des perspectives de sa compagnie, ainsi que des contraintes auxquelles font face les réassureurs africains dans un contexte nouveau. Morceaux choisis.

Comment se présente AVENI-RE et quel est son rayon d’activité ?

AVENI-RE est la première compagnie de réassurance privée en Afrique Francophone. Elle est créée le 25 octobre 2004 à Paris en France. Elle débute ses activités en janvier 2005 à Abidjan où elle établit son siège social. Avec un capital social de 02 milliards de FCFA à la création, la compagnie dispose depuis 2012 d’un capital de 08 milliards de FCFA, en cours d’augmentation pour atteindre 22 milliards en 2018. D’abord présente en Zone CIMA (Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances), AVENI-RE a décidé dans le cadre de la mise en œuvre de son plan de développement, de s’ouvrir à d’autres niches d’opportunités. C’est ainsi que depuis 2012, elle a accentué ses actions commerciales sur les marchés tels que celui de la zone COMESA (Common Market for Eastern and Southern Africa) et celui de la zone MENA (Maghreb et Moyen-Orient) avec l’ouverture d’un bureau à Tunis en Tunisie. Cette ouverture des bureaux va se poursuivre afin de renforcer notre proximité géographique avec les cédantes désormais présentes non seulement dans la zone CIMA mais aussi au Maghreb, au Moyen Orient, en Afrique anglophone et lusophone, etc.

Quel bilan pouvez-vous dresser des activités d’Aveni-Ré en 2016?

Nous pouvons dire que le bilan des activités d’AVENI-RE au 31 décembre 2016 a été globalement satisfaisant, au regard des chiffres provisoires à notre disposition. Les objectifs qui nous ont été assignés par notre Conseil d’Administration ont été atteints ainsi que les résultats techniques et financiers. En 2016, nous avons exploré d’autres niches d’opportunités dans la sous-région telle que la zone COMESA (Marché commun de l’Afrique orientale et australe) et nous avons surtout renforcé notre présence dans le Maghreb. Toujours en 2016, nous avons assaini notre portefeuille au Moyen Orient et en Asie. Nous avons aussi pu maintenir notre croissance à deux chiffres jusqu’à la fin de l’exercice 2016.Par ailleurs, l’agence de notation financière Global Crédit Rating (GCR) a reconduit pour 2016 et 2017, la note BBB+ (triple B plus) sur le plan régional et une note internationale B, plafonnée à la note souveraine de la Côte d’Ivoire.

En tant que réassureur, quelles sont les contraintes imposées à votre activité par l’amendement de l’article 308 concernant la rétention des primes ?

L’une des raisons d’être du secteur de l’assurance est d’accompagner le développement de nos économies en mobilisant des ressources par la collecte des primes d’assurance. Eu égard à ce rôle, l’article 308 est extrêmement important en cela qu’il va nous permettre de retenir le maximum de primes dans la région pour le financement du développement de nos pays, surtout en phase d’émergence. Nous pensons qu’avec l’amendement de l’article 308, la principale contrainte qui s’impose aux réassureurs africains est de garantir la disponibilité des capacités financières suffisantes et des ressources humaines hautement qualifiées pour assurer la maitrise et la souscription des risques de pointe dans notre zone.

Quelles sont les perspectives d’Aveni-Ré pour 2017?

En guise de perspectives, notre plan stratégique prévoit une augmentation de notre capital social à 16 milliards de FCFA en 2017, une troisième notation par une agence de renommée internationale, une forte intensification de nos actions dans notre marché de base qui est la CIMA et une assise plus confortable dans le marché international de la réassurance.n

L’une des raisons d’être du secteur de l’assurance est d’accompagner le développement de nos économies en mobilisant des ressources par la collecte des primes d’assurance. Eu égard à ce rôle, l’article 308 est extrêmement important en cela qu’il va nous permettre de retenir le maximum de primes dans la région pour le financement du développement de nos pays, surtout en phase d’émergence.

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Dossier 22 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

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Interview 23Entretien exclusif:

Jean-Marie ACKAH - Président de la CGECI, Le Patronat Ivoirien

Jean-Marie Ackah, président de la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), répond à nos questions. Le successeur de Jean Kacou Diagou présente son plan d’action, ses objectifs et ses ambitions. S’inscrivant en digne héritier d’une longue lignée de grand patron des patrons, M. Ackah entend consolider les acquis. Entretien.

FA : Vous avez été élu à la tête de la CGECI, le Patronat Ivoirien. Quelles sont les réformes prioritaires que vous allez engager ?

Grâce au travail accompli par mes prédécesseurs et en particulier par le Président Jean Kacou Diagou, auquel je succède directement, la CGECI est aujourd’hui clairement reconnue comme le principal porte-voix du secteur privé de la Côte d’Ivoire, tant auprès du gouvernement que des institutions. En nous appuyant sur cet acquis indéniable, nous poursuivrons l’œuvre d’accompagnement, de soutien et de représentation des entreprises ivoiriennes en orientant notre action sur trois axes principaux :

-Consolider notre rôle de force de proposition vis-à-vis du gouvernement et des partenaires au développement ;

-Participer eu renforcement des capacités des membres de la CGECI en leur apportant des services répondant à leurs besoins ;

– Créer les conditions d’une densification du tissu des entreprises ivoiriennes, en particulier des PME/ PMI permettant l’éclosion de nombreux champions nationaux et régionaux.

La réalisation de ces trois principaux chantiers sera sous-tendue par un renforcement de la gouvernance de l’organisation.

FA : Toute politique étant conditionnée aux moyens, la CGECI a-t-elle les finances nécessaires pour mettre en œuvre ses réformes ?

En l’état actuel de ses ressources, oui la CGECI peut avoir les moyens de sa politique en général, et singulièrement pour mener à bien les principaux axes indiqués tantôt. Du point de vue des finances de l’organisation, l’enjeu pour l’avenir est plutôt de développer des ressources propres. La dynamique à ce niveau est déjà amorcée. La Maison de l’entreprise offre des perspectives de revenus pour la CGECI. Il s’agira d’amplifier cette dynamique et concomitamment d’opérer un profond ajustement du train de vie de l’organisation. Dans cette logique mon mandat à la tête du patronat, va avoir une forte inclinaison de gestion consistant donc à capitaliser les actifs.

FA : Votre prédécesseur, M. Jean Kacou Diagou est resté environ 12 ans à la tête de la CGECI. Comment qualifiez-vous son bilan ?

Le bilan du Président Jean Kacou

Diagou est globalement positif. Comme je l’ai dit tantôt, j’hérite d’une CGECI qui s’est positionnée comme le principal porte-voix du secteur privé ivoirien, un partenaire avec lequel les pouvoirs publics et les Institutions Régionales et Internationales comptent aujourd’hui. Ceci dit, j’aime à préciser qu’il n’y a pas de bilan du Président Jean Kacou Diagou. Il y a un bilan de la CGECI que l’ensemble des membres assument. Et ce bilan est globalement positif. Ma philosophie consiste à appréhender la gestion des organisations associatives comme une course de relais continue, donc une succession d’efforts, bien sûr chacun avec ses atouts et ses faiblesses, pour atteindre un objectif commun, qui dans notre cas est le développement du secteur privé. Ainsi pour imager, je dirais que le président Marcel Zadi Kessy a assis le mouvement patronal qu’il a reçu en héritage des fondateurs Feu Meyer et Joseph Aka-Anghui ; son successeur à lui, feu le président Diack Diawar l’a stabilisé, le président Jean Kacou Diagou l’a fortement développé. Le relais m’échoit pour capitaliser les acquis et consolider le mouvement.

FA : La Côte d’Ivoire évolue avec un taux de croissance de 8,5% depuis quelques années. Cette croissance profite-t-elle au secteur privé ?

Bien sûr que cette forte croissance profite globalement au secteur privé. Les effets sont, bien entendu, ressentis dans certaines branches plus que dans d’autres. Cette forte croissance, des secteurs d’activités tels que le BTP,

l’immobilier, la cimenterie, la banque, la plasturgie, l’agriculture en général, l’agroalimentaire, les transports, les assurances, les TIC, le commerce, l’électricité… en tirent parti. L’enjeu pour la Côte d’Ivoire au regard de son ambition d’être un pays émergent à l’horizon 2020, est de pouvoir engager une transformation structurelle de son économie, en l’orientant vers une plus grande industrialisation. Et cela est rendu difficile par le fait qu’en dépit des progrès accomplis par le pays ces dernières années, de réelles faiblesses subsistent sur le plan de la compétitivité des entreprises. Notamment en terme de coûts de facteurs élevés, charges fiscales assez prégnantes, difficultés d’accès au crédit, coûts élevés des transports internationaux… Ces goulots d’étranglement structurels de l’activité économique demandent à être corrigés. Le gouvernement en est conscient et y travaille déjà nous semble-t-il.

FA : Quelles sont vos attentes vis-à- vis de l’Uemoa et de la Cedeao en termes de réformes pour la fluidité des échanges ?

Le corollaire de la transformation structurelle de nos économies par une plus grande industrialisation, qui est un impératif économique pour l’ensemble de nos pays, est un élargissement des marchés domestiques par l’existence de véritables marchés communautaires. Dans cette optique, le secteur privé ivoirien, comme celui de l’ensemble des pays de l’Uemoa et de la Cedeao, attendent des autorités communautaires, qu’elles créent un environnement régional des affaires propice au développement des échanges entre les entreprises des pays membres. Le très faible niveau des échanges intra-régionaux, très souvent évoqué, est la conséquence de ce que les infrastructures régionales sont insuffisantes, les coûts des facteurs de production tels que les communications, les transports, l’électricité… sont élevés, les contextes juridiques ne garantissent pas de sécurité, des filets de protection de leur marché sont régulièrement érigés par certains contre des produits communautaires au mépris des textes communautaires, les coûts des transactions intra-communautaires sont importants… Il nous paraît donc important que les autorités communautaires améliorent significativement l’environnement des affaires. C’est plutôt urgent pour doper la compétitivité des entreprises et bien plus encore, pour consolider la forte croissance que connaît la région Ouest africaine et ne pas fragiliser les perspectives.n

«Pour un secteur privé Ivoirien consolidé »Focus: départs, courtage et plus-value

au sein du groupe Saham

Jean-Marie ACKAH

Siré SY, Président du Think Tank Africa Worldwide Group

CHRONIQUE GEOPOLITIS

L’Economie créatrice, c’est cette économie tirée par les matières premières, aussi bien dans les industries extractives (mines, pétrole et gaz) que dans les industries agro-alimentaires (agro-industrie et agri-business). C’est donc cette économie du Bien qui a portée la révolution agricole et celle industrielle, qui a été les déterminants de la croissance de l’économie mondiale du 18éme au 20éme siècle. L’Economie créative, c’est cette économie dont les trépieds reposent sur les intelligences collectives, la somme des valeurs ajoutées que les Hommes apportent aux objets-monde qui nous entourent. C’est aussi cette économie-là, bâtit et construit sur le ‘’soft power’’, notre capacité à créer les tendances lourdes et à influencer le Marché. C’est, disons-nous, ce qu’on appelle l’économie des Services qui est l’Economie du Lien, qui va dominer le 21éme siècle.Dans les 20 prochaines années, c’est l’économie créative, l’économie du Lien ou l’économie des Services à la personne, qui va porter la croissance mondiale. Dans cette économie créative et économie du Lien, trois sous-secteurs en seront les déterminants: la Technologie (Information et Communication), la Finance (Banques, Assurances, IMF, Bourses des valeurs) et les Industries Culturelles (Edutainment et Entertainment). Du coup, l’Afrique passe d’un continent déclassé à un reclassement géostratégique sans précédent. Sur le plan de la Technologie, le potentiel, le problème et la promesse des innovations technologiques pour le développement se trouvent en Afrique. Sur le plan de la Finance, l’Afrique est devenue la direction et la destination des capitaux mondiaux, la nouvelle frontière de la croissance mondiale. Sur le plan des Industries culturelles, la contemporanéité en Afrique est enracinement et enrichissement alors qu’elle est souvent opposition et exclusion ailleurs. Parce que justement, l’Afrique est un continent moderne par tradition. Ainsi, l’Afrique devient par excellence, le terreau fertile de l’économie créative qui y prospéra à nulle autre pareille.Si l’Economie créatrice et du Bien a été dominée par la conquête des territoires et des parts de Marché pour s’accaparer du Bien, l’Economie créative et du Lien sera davantage nourrie par la conquête des cœurs et des esprits pour tisser le Lien. Le monde va vers un nouveau ‘’business model’’ géostratégique et géoéconomique où il va falloir tisser et nourrir le Lien pour accéder au Bien.

Le Lien et le Bien

La propulsion du tandem Moulay Mhamed Elalamy-Nadia Fettah Alaoui à la tête du groupe Saham soulève des interrogations légitimes. Nommés, respectivement, président de la branche assurance du groupe et directeur général, les deux profils sont différents. Nadia Fettah Alaoui a fourbi ses armes dans l’opérationnel. Moulay Mhamed Elalamy, qui officiait en tant que secrétaire général de Saham, est le fils du fondateur Moulay Hafid Elalamy. Un junior formé à la bonne école mais ne présentant pas de faits d’armes particuliers. Ces nouvelles promotions sonnent le glas de la ligne historique du groupe Saham ex-Colina incarnée par Raymond Ferhat. Ce cadre quitte sa fonction de Directeur de Saham Finances mais reste au sein du groupe où il interviendra en amont, en tant que conseiller du président dans le périmètre du développement. En aval, l’on note une vague de nominations dont un directeur du développement en charge du management réseau et un directeur général pour la gestion des sinistres avec un périmètre large pour l’un et pour l’autre. Il s’agit d’anciens d’AIG cooptés par un ancien d’AIG dans la pure tradition du réseautage.L’on se demande d’ailleurs quel sera le rayon d’action de Nadia Fettah Alaoui, cerné qu’elle est, en amont par Raymont Farhat, l’homme au carnet d’adresses ouvert depuis 1981 et, en aval, par le trio AIG. Cet échafaudage tiendra-t-il face aux enjeux quotidiens de l’opérationnel ?

Le courtage, une option du futur ? Cette double promotion concomitante à un redressement fiscal de 130 millions de dirhams (13 millions d’euros) appliqué au groupe par l’administration fiscale marocaine est-elle cause (ou conséquence) de certains départs? Annoncé prochainement à la tête d’un cabinet panafricain de courtage «multibranches» par le journal marocain Challenge.ma, Mehdi Tazi est en train de confirmer une tendance: quand un haut cadre quitte l’état-major de Saham, il se transforme en courtier.Car, faut-il le rappeler, Olivier Dubois et Olivier Canuel, nommés respectivement directeur et directeur adjoint de Saham à Paris, en avril 2016, sont partis sans explications après quelques mois. Aucune note du groupe n’a fait état de licenciement ou de départ à l’amiable à l’encontre des deux cadres. Pendant qu’il était à Saham, Olivier Dubois aurait-il cherché à racheter le courtage de cabinets indépendants via la société « 2031 » dont il était président? Comble de coincidence, cette société «2031» était logée à 55 Avenue Marceau, soit à quelques mètres de Saham, établi à 50 Avenue Marceau. Les deux ex de Gras-Savoye viennent de créér le cabinet de courtage Olea (lire page 19) en partenariat avec le groupe Siaci Saint Honoré sur les fondations du cabinet Théorème et Afrikassur à Abidjan et Cotonou. L’objectif affiché c’est de créer le

troisième grand courtier africain, derrière Gras Savoye et Ascoma. Une question se pose alors : Saham Finances aurait-il «incubé» Olea via «2031» pour aller ensuite développer une stratégie de positionnement continental dans le courtage en se faisant rejoindre plus tard par Mehdi Tazi ? L’autre hypothèse, tout aussi pertinente, à savoir si les deux courtiers ont profité de leurs positions au sein du groupe pour développer leurs réseaux, est jugée peu probable au sein du landerneau assurantiel africain. A l’intérieur du groupe Saham, des managers interrogés se refusent à tout commentaire.

La plus-value exceptionnelleCe remue-ménage intervient alors que la holding de participation Saham Finances (non cotée en Bourse contrairement à Saham Assurances) a vu Sanlam y augmenter ses parts en novembre 2016. La participation du groupe sud-africain est passé de 30 à 46% à la faveur d’une cession d’actions. Les 16% ainsi cédés ont rapporté 329 millions de dollars. Il s’agit d’une plus-value exceptionnelle qui valorise le groupe à 1,9 milliard de dollars, ce qui nous oblige à un rapide retour en arrière pour apprécier l’étendue du gain. Les fonds SFI et Abraj avaient acheté 37,5% des parts de Saham en 2012 pour un montant de 250 millions de dollars. En novembre 2015, les deux fonds soldaient leurs participations en cédant 30% à Sanlam à 375 millions de dollars

et 7,5% à Moulay Hafid Elalamy. Abraj et SFI réalisaient ainsi une plus- value de 125 millions de dollars en moins de trois ans. Mais le plus grand gagnant est encore Moulay Hafid Elalamy, qui avait acquis 7,5% auprès des fonds, à un prix sans doute bien négocié, pour le revendre à Sanlam dans le paquet cédé dernièrement à un prix beaucoup plus élevé. Car, au final, les 17% cédés à Sanlam ont été valorisés à 329 millions de dollars, presque autant que le prix des 30% acquis une année plutôt par l’assureur sud-africain auprès des deux fonds. Cette transaction exceptionnelle soulève des questions : pourquoi Sanlam n’avait pas acquis directement la totalité de la part des fonds ( 37%) s une année plutôt, ce qui lui serait revenu beaucoup moins cher? Qu’est ce qui explique l’augmentation exceptionnelle de la valorisation du groupe Saham, passée de 700 millions de dollars à la fin 2012 à 1,9 milliard de dollars à la fin 2016, à la lumière des deux opérations? Est-ce une appréciation du bilan, une anticipation sur les rentrées futures ou le simple embellissement de la mariée ? Au final, les observateurs se demandent si ce trésor de guerre (au profit des actionnaires de Saham dont Moulay Hafid Elalamy et, entre autres, Rita Lahlou) servira à apurer les dettes de Saham Finances ou à poursuivre l’expansion audacieuse d’un groupe qui tire sa force du génie créateur de son fondateur, l’un des meilleurs financiers de la région.

De l’avenue Marceau à Paris à l’avenue Zerktouni à Casablanca, la période allant de la fin 2015 à la fin 2016 a été riche en arrivées, départs et en plus-value chez Saham. Moulay Hafid Elalamy a encore fait parler sa science de trader. Focus. Moulay Hafid Elalamy Raymond Farhat

Adama Wade

Le marché ivoirien de l’assurance, leader sur le marché de la CIMA, reste particulièrement animé. Du fait d’une écono-mie en plein boom et de la progression du niveau de vie, les perspectives apparaissent bonnes pour les grands groupes panafricains malgré un environnement particulièrement concurrentiel. En 2016, après le retrait de l’agrément de la Compagnie Euro-Africaine d’assurances (CEA), SAAR As-surance et les Wafa Assurance (Vie et IARD) ont formalisé leur installation dans le pays. De même AXA Assurance a obtenu un agrément pour ouvrir une branche Vie. Et le marocain Atlanta Assurance a obtenu son agrément pour s’implanter dans le pays.Selon les derniers chiffres disponibles à fin 2015, le secteur a engrangé 278,5 milliards FCFA de chiffre d’affaires, soit une progression de 31,275 milliards FCFA par rapport à 2014 ( en hausse de 12,7%, contre une hausse de 8,1% réa-lisé fin 2014). Dans ce total, 159,34 milliards FCFA ont été générés par le segment non vie (en progression de 16,5%) et 119, 16 milliards par l’assurance vie (en hausse de 7,8%).En outre, la place abidjanaise s’est étoffée avec l’arrivée

d’Axa Specialty Risk, autre filiale du leader mondial du sec-teur qui étend son offre aux risques spéciaux, notamment les risques politiques et ceux liés au terrorisme, un sujet plus que jamais d’actualité sur le continent.Abidjan a certes le vent en poupe, mais tout ne marche pas forcément comme sur des roulettes. Deux compagnies ivoiriennes sont actuellement sur la sellette. En février 2016, l’agence de notation Bloomfield Investment dégradait la note de La Loyale Assurance, quelques mois après que la compagnie ait été placée sous surveillance par la Com-mission Régionale de Contrôle des Assurances (CRCA), organe de contrôle de la CIMA, en raison notamment d’un faible taux de couverture de ses engagements. De même, le gendarme du secteur avait épinglé TSA Assurance, égale-ment confrontée à un défaut de couverture de ses engage-ments, sommé de porter son capital à 5 milliards FCFAPour certains analystes, bien que le taux de pénétration reste faible, autour de 3% voire moins selon les sources, la question du nombre de sociétés dans le secteur sur ce marché reste problématique. Une question qui pourrait être

résolue avec la décision de la CIMA de relever le capital mi-nimum des compagnies de 1 à 5 milliards FCFA d’ici 2021, et qui, selon le cabinet FINACTU, devrait conduire une nouvelle configuration du secteur, du fait d’une probable disparition des plus petits acteurs.

Mobile money et Internet

Avec environ 8 millions d’utilisateurs et 18 milliards FCFA de transactions quotidiennes, selon les chiffres fournis fin novembre par le ministre ivoirien de l’Economie numé-riques, le mobile money offre un vaste champ d’opportuni-tés encore peu exploré par le marché des assurances. Certes l’on a quelques exemples comme SUNU Assurance qui s’est allié à l’opérateur Orange, mais la tendance n’est pas encore généralisée. Or, il s’agit pourtant là, selon les spécialistes, d’un moyen efficace pour pénétrez davantage un marché local, et par extension africain, qui est encore à sensibili-ser et qui n’a pas accès dans sa grande majorité au service d’assurance.

Côte d’Ivoire : un marché qui conforte sa position de leader en dépit d’un nombre élevé d’acteurs

Page 13: Richard Lowe: «Nous du secteur des Assurances en Afrique · 2017. 10. 27. · 2013/99 Impression: Imprimerie Tunis ... C’est ce que laisse entrevoir le rapport annuel du groupe

NUMÉRO 37- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2017 NUMÉRO 37- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2017

Développement durable 25Développement durable 24

Plateforme Panafricaine sur le Développement Durable et

l’Environnement

Production et Diffusion d’actualitésInterviews, Reportages, DossiersPublireportages & Publicités

Conseil :Stratégie de développement durableRédaction de rapport RSEFormation

Notre Equipe :Fondateur / Directeur de Publication:Mahamadou BALDERédacteur en Chef : Bacary SEYDIJournalistes : Ismaïla MANSALY, Moctar FICOU, Ndéye Fatou NDIAYE, Saër SYExperte QHSE : Marie DIOUF

Coordinateur du Supplément : Chérif BALDEStagiaire : Mohamed El Amine DIOPAdresse: 308 Zone de Captage –Grand Yoff, Dakar – SénégalTéléphone: +221 774 123 118 ou+221 704 699 569Mail: [email protected] site web: www.vivafrik.com

Les « régions en stress hydrique sont encore plus en tension depuis le prin-

temps arabe», dixit Franck Galland

Ismaila Mansaly / Vivafrik.com

Sénégal : vers le raccourcissement du cycle de production du baobab de 20 à 5 ans

Le Fonds National de Recherches Agricoles et Agroalimentaires est en passe de réussir l’introduction de technologies innovantes au Sénégal pour réduire le cycle de production du baobab de 20 à 5 ans. C’est à travers un projet d’une durée de 36 mois mis en œuvre dans le sud pays, précisément dans les régions de Sédhiou et Kolda, avec l’implication des équipes pluridisciplinaires de l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles, de l’Université Assane Seck de Ziguinchor, de l’ANCAR et des Inspections Régionales des Eaux et Forêts de Sédhiou et Kolda.Ce projet ayant pris fin, les acteurs se sont retrouvés en atelier de clôture, ce jeudi 5 janvier à Kolda, pour partager les résultats de ces technologies de greffage appliquées au baobab et de dégager des perspectives. Lors de cet atelier, « Deux personnes ont conformé qu’après deux ans, il y a des individus qui commencent à fructifier dans leurs plantations », a fait savoir le coordonnateur du projet FNRAA/ Baobab Tamsir Mbaye.A l’en croire, « un bilan largement positif est tiré de cette expérience ». Car, précise-t-il, « Dans huit sites nous avons implanté, pendant ces trois années, des parcelles de 5 000 m2 avec 160 individus dont 60 greffés. Et sur cette population de baobabs greffés, il y a certains qui commencent à fructifier après deux ans ».Sur les planches maraichères, poursuit M Mbaye, c’est un allégement pour les femmes parce que derrière leurs cases elles peuvent avoir des carrés d’un mètre carré pour disposer de feuilles fraiches durant toute l’année. Ce qui leur permet de ne plus prendre le risque de monter sur les grands arbres de baobab pour se ravitailler en feuilles, s’est-il félicité.

FOCUSInterview

Climat

Un échange d’idées sur le thème : «Quand l’eau révèle le monde», une journée de débats à laquelle Franck Galland, spécialiste des questions sécuritaires liées aux ressources en eau, a animée avec comme sous thème : «La géopolitique de l’eau». M. Galland a saisi cette occasion pour expliquer dans une interview accor-dée à liberation.fr, que les régions en stress hydrique sont encore plus en tension depuis le printemps arabe.

Qu’est-ce qu’un pays en stress hydrique ?

On parle de pays en situation de stress hydrique lorsque la demande en eau dépasse les ressources disponibles. On mesure ce rapport entre offre et besoin en mètre cube par habitant et par an. A partir de 1000m³, on considère qu’un pays est en stress hydrique. A titre de comparaison, en France, nous bénéficions de 3 300 m³ de ressources renouvelables par an et par habitant.

Quelles régions sont les plus touchées?

Une «diagonale de la soif» traverse un ensemble de régions de Tanger au nord-est de la Chine en passant par le Moyen et Proche Orient. Parmi les pays dont la situation est très inquiétante, je citerai le Yémen avec 200m³ de ressource d’eau renouvelable par an et par habitant, mais aussi l’Afrique du Nord qui concentre seulement 1,1% des ressources en eau de la planète et la Chine du Nord qui dispose de 15% des ressources en eau du pays pour 45% de sa population.

Quelles sont les conséquences de ce manque d’eau potable ?

Ces régions en stress hydrique sont encore

plus en tension depuis le printemps arabe, qui a entraîné des conflits et une absence de gouvernance. Aujourd’hui, les nappes phréatiques du Yémen sont asséchées, alors qu’il y a 30 ans, on considérait ce pays comme l’Arabie verte et heureuse, l’Arabia Felix. On peut mettre en cause un manque d’investissement dans les infrastructures pour l’eau, qui a gâché le potentiel de ce pays où l’eau était gérée de manière ancestrale. 90% de l’eau y est aujourd’hui utilisée à des fins agricoles mais la moitié, sert à cultiver le khat, la drogue locale, qui a ainsi largement contribué à l’épuisement des ressources. De surcroît, depuis 2012 ce pays est en proie à une crise politico sécuritaire particulièrement grave. Les experts prédisent sa disparition en tant qu’Etat, notamment à cause de la pénurie d’eau, accélérée par les conséquences de la guerre. La Lybie est aussi en train de sombrer dans une grave crise en matière d’eau. Historiquement, elle est alimentée par la nappe septentrionale du Sahara, grâce à de grosses infrastructures qui acheminent l’eau sur des centaines de kilomètres. Depuis la chute de Kadhafi et la guerre civile, cette artère fémorale souffre de l’absence d’entretien et de sabotages. On peut aussi évoquer le cas de Téhéran avec son réseau obsolète et ses pompages anarchiques qui menace les réserves en eau de ses 8 millions d’habitants, celui de la Syrie et de ses infrastructures ravagées par la guerre ou celui d’Amman, la capitale de la Jordanie et plus grande ville d’accueil au monde en termes de réfugiés, qui peine à répondre à la demande liée à l’afflux migratoire.

Il existe donc des liens directs entre manque d’eau et conflits ?

En 1999, le chercheur américain Thomas Homer-Dixon écrivait que la compétition pour le contrôle des ressources naturelles déclinantes, comme l’eau ou la pêche, serait

plus susceptible d’alimenter des conflits armés, en étant facteur d’exacerbation de tensions déjà existantes entre états ou territoires. En Somalie par exemple, il y a encore des affrontements armés entre tribus pour un même puits, avec des morts à la clé ! Inversement, les populations peuvent collaborer autour de la gestion de l’eau. L’organisation de mise en valeur du fleuve Sénégal en est un exemple frappant. En 1972, Léopold Sédar Senghor, à l’époque président du Sénégal, a décidé le partage des eaux du fleuve entre quatre pays, la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Voilà un exemple assez unique de coopération visant à partager et à éviter le gaspillage d’une eau rare.

Moctar FICOU / VivAfrik

Moctar FICOU / VivAfrik

VivAfrikSur les 20 économies les plus dépendantes de l’agriculture à travers le monde, 17 sont en Afrique subsaharienne, selon le Climate Change Exposure Index 2017. Et parmi elles, 15 présentent un risque « élevé » ou « extrême » de changement des températures, d’inondations, ainsi que de sécheresse à partir de l’année prochaine. Mais informe afrique.latribune.fr, ne disposant pas de moyens financiers et techniques suffisants pour y faire face, ces pays sont ainsi exposés à de véritables chocs économiques et humains ! 2017 ne sera pas de tout repos pour certaines économies du sud du Sahara. L’Afrique subsaharienne est la région du monde la plus vulnérable aux chocs économiques causés par les changements climatiques, révèle le Climate Change Exposure Index 2017 publié le 19 décembre par la société britannique de gestion des risques Verisk Maplecroft.Selon ce rapport, cette vulnérabilité repose essentiellement sur la

place qu’occupe l’agriculture dans l’économie de ces pays. En effet, 17 des 20 pays à travers le monde les plus dépendants de l’agriculture se trouvent en Afrique subsaharienne, indique la même source, le secteur contribuant à hauteur de 650 milliards de dollars à l’économie d’Afrique de l’Est, de l’Ouest et du Centre. Sur ces 17 pays, 15 présentent un risque « élevé » ou « extrême » de connaître les changements de température et de précipitations, et des extrêmes météorologiques tels que la sécheresse et les inondations. C’est le cas notamment du Rwanda, du Burundi, de la Guinée-Bissau, la Sierra Leone, le Liberia ou encore la République Centrafricaine où l’agriculture représente plus de 30% du PIB national. La situation devient encore plus complexe pour ces pays parce que, comme l’explique le rapport, la majorité de ces gouvernements ne disposent pas de moyens financiers ou techniques nécessaires à une planification des 20 ou 30 prochaines années, afin de résister les effets du changement climatique.

Les changements climatiques, néfastes pour l’économie africaine en 2017

Plusieurs centaines d’animaux abattus en Afrique du Sud à cause de la sécheresse

Selon une étude, l’extension des villes portera préjudice à la sécurité alimentaire d’ici à 2030

Au Sénégal, la filière arachidière pour une politique sur le long terme

Les sud-africains peuvent se servir des 88 MW de la centrale éolienne de Nojoli déjà disponibles

La déforestation pourrait être un vecteur de maladies

En Afrique du Sud, la sécheresse qui affecte le pays représente aussi une menace pour les animaux sauvages qui vivent dans les parcs nationaux. L’office national des parcs sud-africains a indiqué que plusieurs centaines d’hippopotames et de buffles allaient être abattus par ses rangers pour préserver l’équilibre naturel dans la réserve du Kruger.Selon rfi.fr, 350 hippopotames et buffles vont être abattus par les services de conservation du parc national Kruger. Cette décision peut paraître choquante, mais elle est pourtant bien nécessaire, car ils sont aujourd’hui bien trop nombreux compte tenu de la faible quantité d’herbe disponible dans la réserve. Selon Navashni Govender, en charge de la conservation, une bonne partie de ces animaux seraient de toute façon morts de faim sans cette intervention. « Nous comparons la sécheresse actuelle à celle qui nous a touchés en 1991-92 et qui était la pire que nous n’ayons jamais connue. Tous les indicateurs montrent que c’est bien pire cette année, en termes de chute de pluie, de températures, et de fourrage. A l’époque, notre population de buffles avait été très largement réduite et nous nous attendons à ce que la même chose se produise à nouveau. C’est inévitable. Les éléphants tout comme les buffles n’ont jamais été aussi nombreux dans le parc et on compte, aujourd’hui, 7 500 hippopotames. C’est la population la plus importante de toute l’histoire du parc Kruger », a-t-elle expliqué.

La Tunisie a besoin d’avancer très vite en matière de production électrique, affirme le président de la Fédération nationale des industries électriques, mécaniques et électroniques, Abdelaziz Halleb, lors de sa présence à la sixième édition de la Journée tuniso-allemande de l’énergie.Dans ce cadre, il a regretté que la Tunisie soit encore dépendante de l’énergie fossile. Ajoutant que le pays a un réel besoin d’avancer dans le secteur de la production de l’électricité et des énergies renouvelables à un moment où le prix du pétrole s’emballe à nouveau et que les finances publiques sont au plus mal. « Aujourd’hui, on annonce des projets qui vont atteindre 1000 mégawatts (Mw) mais je me rappelle que la même promesse avait été faite auparavant pour des objectifs à réaliser avant 2015 », rappelle-t-il dans les colonnes de leconomistemaghrebin.com. Expliquant les raison du retard, il a pointé du doigt le cadre juridique et le fait que « nous n’avons pas agi avec l’efficacité nécessaire ». Dans le même contexte, il a espéré que le prochain texte qui réglementera le secteur ne mettra aucun obstacle devant la production de l’électricité en Tunisie et n’en créera pas d’autres.

Le Maroc a le potentiel nécessaire pour créer 270 000 à 500 000 emplois dans le domaine des énergies renouvelables et ce, dès 2040. C’est ce que révèle une étude réalisée par la Mediterranean forum of institute of economic sciences (Femise), rendue publique par agenceecofin.com.Selon l’étude, la création de ces nouveaux emplois sera portée par l’intérêt et les investissements croissants pour ce type d’énergie. La Femise a également affirmé que, vu les problèmes croissants que connaitra bientôt le pays en matière de réduction des ressources hydriques, le développement de ce type d’énergie pourrait présenter de grandes opportunités. Le Maroc s’est en effet engagé à investir au cours des 15 prochaines années, 30 milliards $ dans le développement des énergies renouvelables. Cela lui permettra de porter la part de ce type d’énergie dans le mix national à 52% sur la même période.

La déforestation pourrait contribuer à la dissémination de maladies infectieuses. En bouleversant un écosystème dans un pays d’Amérique du Sud, la coupe des arbres aurait permis, dans un cas à présent documenté, qu’une bactérie hérite d’un territoire qui lui est plus propice, a relayé sciencepresse.qc.ca dans sa livraison du jeudi dernier.La bactérie en question s’appelle Mycobacterium ulcerans, et elle est responsable, en Afrique et en Amérique du Sud, de l’ulcère de Buruli, une infection chronique de la peau. Selon l’Organisation mondiale de la santé, elle n’a été responsable que de 2000 cas dans 33 pays en 2014. Mais selon une recherche parue le 7 décembre dans Science Advances, ce serait en train de changer en Guyane française, petit pays d’Amérique du sud, augmentant du coup les risques de transmission aux humains. Le problème, rappelle l’équipe franco-britannique qui est derrière cette recherche, vient du fait que Mycobacterium ulcerans est une bactérie opportuniste : elle peut se loger dans un grand nombre d’espèces de poissons et d’insectes. Si la biodiversité diminue, les espèces les plus résilientes ont moins de prédateurs : cela favorise leur prolifération, mais aussi celle de la bactérie.

Une récente étude affirme que la croissance des zones urbaines, en grignotant peu à peu les champs proches des villes, pourrait faire disparaître entre 1,8 et 2,4% des terres cultivées dans le monde. Plus les villes s’agrandiront, plus les terres cultivées périphériques disparaîtront. Et, d’après une étude publiée dans la revue PNAS (Proceedings of the national academy of sciences), citée par slate.fr, cela pourrait poser des problèmes pour la sécurité alimentaire, s’ajoutant aux effets du changement climatique et de l’augmentation rapide de la population. Entre 2000 et 2030, le chiffre de la population urbaine mondiale devrait doubler (de 2,6 milliards à 5 milliards de personnes), et la surface des zones urbaines va tripler. Comme le souligne le Guardian, l’extension urbaine va

donc peu à peu grignoter les champs proches des villes. Avec son équipe, Felix Creutzig, principal auteur de l’étude, a combiné un ensemble de données: l’emplacement des terres cultivées, la productivité et l’expansion urbaine projetée. D’après leurs calculs, la forte croissance de la taille

des villes va engendrer «une perte de 1,8 à 2,4% des terres cultivées mondiales» d’ici à 2030. Mais les effets seront bien différents en fonction des pays du monde. 80% de ces pertes de terres concernent ainsi l’Asie et l’Afrique, en raison de l’urbanisation rapide. Or, sur ces deux continents, une grande partie des terres agricoles périphériques menacées de disparition sont deux fois plus productives que les moyennes nationales.

Des acteurs de la filière arachidière ont souligné récemment la nécessité de « s’arrêter et faire une étude de la situation » de cette culture afin de « définir une politique et une stratégie cohérente sur le long terme », rapporte l’agence de presse sénégalaise( APS). Cette conclusion est ressortie du débat sur «l’avenir de l’arachide» au Sénégal, organisé par le groupe Lead avec la participation des acteurs de la filière ainsi que des chercheurs et membres de la société civile. Selon un document reçu à l’APS, le thème a été introduit par Youssoupha Diallo, conseiller technique du ministre de l’Agriculture

et de l’Equipement rural et président du Conseil d’administration de SONACOS.SA. Dans leurs conclusions, « les intervenants s’accordent que le développement du marché de l’export est une opportunité ». Estimant que les précédentes réformes «sont caduques», les intervenants ont ainsi souligné la nécessité de « s’arrêter et faire une étude de la situation afin de définir une politique et une stratégie cohérente sur le long terme ». Ils ont plaidé pour « un recentrage » du rôle du ministère en charge de l’Agriculture dans l’accompagnement du paysan.

L’énergéticien Enel vient d’achever la construction et le raccordement au réseau électrique national de la centrale éolienne de Nojoli. D’une capacité de 88 mégawatts (Mw), l’infrastructure, qui est située dans l’Eastern Cape, permettra si l’on se fie à l’agenceecofin.com l’alimentation en énergie d’environ 86 000 ménages sud-africains.L’énergie produite par la centrale sera cédée à l’Eskom dans le cadre d’un contrat de rachat d’électricité s’étendant sur 20 ans. Sa construction a été confiée à Enel dans le cadre de la troisième phase du programme de mise en place de centrales d’énergies renouvelables (Reippp III). « L’achèvement de la construction de cette centrale démontre notre engagement continu dans le programme sud-africain d’énergies renouvelables. L’achèvement de cette première centrale éolienne est également la preuve de l’extension de notre capacité à une technologie autre que le solaire photovoltaïque », a affirmé Bill Price, le directeur Afrique du Sud de l’Enel. Dans le cadre du programme, la société a déjà construit trois centrales photovoltaïques d’une capacité globale de 158,5 Mw.

Agriculture

Energies Renouvelables

Gestion Forestière

L’envol tardif vers les énergies renouvelables en

Tunisie

500 000 emplois d’ici à 2040 pourraient être engendrés du

secteur des énergies renouvelables au Maroc

Energies Renouvelables

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NUMÉRO 37- DU 15 FEVRIER AU 14 MARS 2017

Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

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Agriculture 26

Abdoulaye Yero Sow

Le marché des engrais en Afrique

L’Afrique possède un écosystème des plus favorables pour la pratique de l’agriculture en général. L’ensemble du continent est couvert par

deux principales zones agro-écologiques qui permettent toutes deux le développement dudit secteur. Allant des terres ombrophiles arrosées deux fois l’an aux terres à végétation clairsemée, sèche et aride ponctuées d’une saison pluvieuse l’an, le développement agricole rencontre d’énormes difficultés non seulement liées aux types de sols, à leurs arrosage mais aussi et surtout aux lacunes logistiques et techniques.En effet, l’accès aux engrais et aux principaux fertilisants, à travers les politiques de financement et de subventions, reste le principal goulot d’étranglement de l’agriculture africaine.

Afrique : structurellement déficitaire en fertilisants Les productions agricoles africaines manifestent une importante carence en engrais et en fertilisant. L’engagement des chefs d’Etats, pris en 2006 à Abuja, de relever le niveau d’utilisation des engrais à 50kg/hectare, ne s’est pas encore concrétisé. Sur les 15 Etats membres de la CEDEAO, le meilleur élève reste laCôte d’Ivoire, qui présente une moyenne de 16Kg d’engrais par hectare. La conférence de Maputo de 2003, prévoyant une allocation minimale de 10% des budgets nationaux à l’Agriculture, ne s’est pas traduite en actes.Quatorze ans plus tard, les Etats africains consacrent à peine 3% de leurs dépenses publiques au secteur africain le plus rentable.

Est-ce à dire que Etats ne considèrent pas le développement de l’agriculture comme une priorité? Le secteur, fort pourvoyeur d’emplois, contribue à hauteur de 40% en moyenne dans la plupart des PIB des pays. Les subventions étatiques des engrais au profit des paysans et des producteurs agricoles devaient représenter une grande part dans les allocations prévues. Là aussi, le chemin est long pour traduire les intentions en actes. La chaîne de distribution des engrais a tendance à s’allonger avec l’intrusion des acteurs qui raflent de gros marchés sous-traités ensuite sur tout le trajet conduisant au petit paysan.

l’Afrique, Leader mondial des engrais Bref, la sous-utilisation des engrais reste incompréhensible en Afrique, première exportatrice

mondiale de phosphate. L’engrais phosphaté, le plus utilisé sur le continent au vu des considérations agro-écologiques, est le plus adapté aux sols africains. La production de Phosphate (utilisé à 80% à des fins agricoles) est presqu’une exclusivité Africaine. Ledader continental, le marocain Office Chérifien des Phosphate (premier producteur mondial) produira en 2017 douze millions de tonnes d’engrais. Le royaume c détient le plus grand gisement de phosphates au monde, soit 21 milliards de tonnes, presque le double des réserves du second, la Chine, assise sur des réserves de 13 milliards de tonnes. Les deux géants du secteur dépassent de loin les Etats-Unis (3.4 milliards), l’Afrique du Sud (2.5 milliards) et l’Algérie (2 milliards). L’Afrique exporte environ 70% des productions mondiales mais n’importe que 0.5% d’engrais phosphaté.

Subvention des engrais : une vache à lait

La libéralisation du marché des fertilisants en Afrique est intervenue dans les années 80. Ce qui a conduit à une révision du rôle de l’Etat danms les marchés agricoles. Ces réformes avaient pour but de freiner le monopole étatique de la distribution d’engrais à travers les sociétés d’Etat. Depuis, les Etats Africains s’efforcent d’assurer les subventions agricoles incluant celles des intrants et fertilisants.Ces mesures ont rencontré d’énormes difficultés sur le chemin de leurs réalisations. La plus énorme étant la corruption. En Effet, dans le circuit des subventions africaines, des pourcentages semblent être retirés à chaque maillon de la chaîne, ce qui implique le faible impact que voit le paysan ou le producteur agricole. L’Etat à le devoir de permettre la création d’un système de distribution efficace allant des prix aux infrastructures, en nouant des partenariats avec le marché privé. La gestion et la bonne gouvernance des subventions d’engrais (surveiller la transparence à tous les niveaux, établir des systèmes d’information fiables), passent par la formation, l’information et la sensibilisation des principaux acteurs sur la gestion des ressources financières allouées aux intrants agricoles. L’Etat doit pour ainsi dire, mettre en place un système efficace de recherches de solutions durables afin de palier aux défaillances internes et externes du système. L’allocation de subvention adaptées, accordée de manière ciblée, et la couverture de certains frais de démarrage des acteurs du secteur privé, pourraient fortement stimuler l’industrie.

Côte d’Ivoire : comment les Madoff de l’agrobusiness ont

soutiré 66 milliards FCFA

Ils promettaient des retours sur investissement de 300 à 1000% sur l’Agriculture dans un délai allant de 3 à 6 mois. Beaucoup de souscrip-teurs ivoiriens sont tombés dans leurs filets. Bas de laine et fonds de tiroirs y sont allés. Au 6 janvier 2017, 66 milliards de FCFA avaient été investi par 36 699 personnes physiques dans des champs sensés rapporter plus que l’or et le diamant. Problème, les superficies cor-respondantes aux investissements sont restées modestes révélant l’arnaque.Les ménages et les immigrés se sont ruinés en croyant toucher du doigt le nouvel eldorado. Au final, la désillusion est grande. Face aux plaintes et mystères charriés par le business, l’Etat ivoirien a fini par sortir de sa torpeur et diligenter, courant novembre 2016, une enquête approfondie sur cet agro-business à la Madoff.Le groupe de travail chargé de percer le mys-tère comprenait le Trésor Public, la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers de Côte d’Ivoire (APBEF-CI), la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF), la Direction de la Police Econo-mique et Financière (DPEF), le Centre Natio-nal de Recherche Agronomique (CNRA) et le ministre de l’Agriculture et du Développement Rural a été mis en place le 04 novembre 2016. Cette brigade officiait sous la présidence du Directeur Général du Trésor et de la Compta-bilité Publique.Les travaux ont conduit à l’audit de 16 entre-prises d’agro-business dont Monhevea et Respidia World Group entre le 4 novembre 2016 et le 6 janvier 2017. Les résultats révèlent des incohérences. Alors que le niveau d’enga-gement des 26 entreprises agro-business s’éle-vaient à 660 milliards de FCFA, les enquêteurs ne relèveront que 22,7 milliards de FCFA dans leurs comptes au 10 janvier 2017.Les difficultés de paiement, récurrentes depuis août 2016, se multipliaient. Au final, l’on découvre que dans la plupart des cas, les souscripteurs étaient rémunérés non par les rendements de l’activité mais plutôt par des souscriptions nouvelles. Bref, il s’agit du bon vieux modèle pyramidal ou système de Ponzi qui a été utilisé pour berner des souscripteurs. Et pour ne rien arranger aux choses des pro-moteurs de ces entreprises, les fonds collectés sont réinvestis à travers des sociétés écrans et l’acquisition des actifs immobiliers. A la suite des investigations, la justice ivoirienne a ordonné le gel des compte des 27 sociétés d’agro-business. Des mandats d’arrêt ont été émis contre les dirigeants de certaines entre-prises en fuite. Certains sont déjà en pension complète dans les maisons de la justice.

Bernard Madoff

Page 15: Richard Lowe: «Nous du secteur des Assurances en Afrique · 2017. 10. 27. · 2013/99 Impression: Imprimerie Tunis ... C’est ce que laisse entrevoir le rapport annuel du groupe

INTRA-AFRICAN TRADE

INCREASING CROSS-BORDER TRADE ACROSS AFRICA FOR GREATER ECONOMIC INTEGRATION

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