74
IFPEK Rennes Institut de Formation en Ergothérapie En vue de l’obtention du diplôme d’État d’ergothérapeute UE 6.5 S6 : Évaluation de la pratique professionnelle et recherche GUERIN Karine 2020 Risque de chute chez les résidents d’EHPAD : alternatives à la contention physique pour les équipes de soins

Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

IFPEK Rennes

Institut de Formation en Ergothérapie

En vue de l’obtention du diplôme d’État d’ergothérapeute

UE 6.5 S6 : Évaluation de la pratique professionnelle et recherche

GUERIN Karine

2020

Risque de chute chez les résidents

d’EHPAD :

alternatives à la contention physique pour

les équipes de soins

Page 2: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

IFPEK Rennes

Institut de Formation en Ergothérapie

En vue de l’obtention du diplôme d’État d’ergothérapeute

UE 6.5 S6 : Évaluation de la pratique professionnelle et recherche

Sous la direction de Madame GARÇON Delphine

GUERIN Karine

2020

Risque de chute chez les résidents

d’EHPAD :

alternatives à la contention physique pour

les équipes de soins

Page 3: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

PRÉFET DE LA RÉGION BRETAGNE

DIRECTION REGIONALE

DE LA JEUNESSE, DES SPORTS

ET DE LA COHÉSION SOCIALE

Pôle formation-certification-métier

ATTESTATION SUR L’HONNEUR, FRAUDES ET PLAGIAT, CODE DE LA PROPRIETE INTELLECTUELLE

Diplôme d’Etat d’Ergothérapeute Travaux de fin d’études :

Risque de chute chez les résidents d’EHPAD : alternatives à la contention physique pour les équipes

de soins

Page à insérer par l’étudiant après la 1ère page de couverture de son travail de fin d’études

Conformément à l’article L 122-4 du code de la propriété intellectuelle du 3 juillet 1992 : « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l’adaptation ou la transformation, l’arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque ».

J’atteste sur l’honneur que la rédaction des travaux de fin d’études, réalisée en vue de l’obtention du diplôme d’Etat d’Ergothérapeute est uniquement la transcription de mes réflexions et de mon travail personnel. Et, si pour mon argumentation, je copie, j’emprunte un extrait, une partie ou la totalité de pages d’un texte, je certifie avoir précisé les sources bibliographiques. Le 20/05/2020 Signature de l’étudiant :

Fraudes aux examens : CODE PENAL, TITRE IV DES ATTEINTES A LA CONFIANCE PUBLIQUE CHAPITRE PREMIER : DES FAUX Art. 441-1 : Constitue un faux toute altération frauduleuse de la vérité, de nature à causer un préjudice et accomplie par quelque moyen que ce soit, dans un écrit ou tout autre support d’expression de la pensée qui a pour objet ou qui peut avoir pour effet d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait ayant des conséquences juridiques. Le faux et l’usage de faux sont punis de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende. Loi du 23 décembre 1901, réprimant les fraudes dans les examens et concours publics. Art. 1er : Toute fraude commise dans les examens et les concours publics qui ont pour objet l’entrée dans une administration publique ou l’acquisition d’un diplôme délivré par l’Etat constitue un délit.

Page 4: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD
Page 5: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

Résumé

Abstract

Le risque de chute des personnes âgées en EHPAD est une source de questionnement pour les professionnels, notamment quand l’utilisation de contentions physiques est envisagée. Ce mémoire s’intéresse donc à la possibilité de réduire l’utilisation des contentions physiques

par une équipe de soins. Pour cela, deux hypothèses sont étudiées : la sensibilisation au

risque de la contention et l’instauration d’une marche quotidienne.

Pour y répondre, les concepts clés sont développés, puis complétés par une enquête

quantitative. La recherche s’appuie alors sur la distribution d’un questionnaire auprès d’aides-

soignants, d’infirmiers et d’ergothérapeutes travaillant en EHPAD.

Les résultats démontrent alors que de nombreux facteurs influencent les professionnels dans

leur choix face à l’utilisation d’une contention. Parmi ces facteurs, il y a la connaissance sur les

risques de la contention qui est très inégale d’une profession à l’autre.

Des alternatives à la contention sont possibles mais leurs mises en place demandent une

volonté aussi bien de la direction que du personnel soignant.

Mots clés : Contention physique – risque de chute – personne âgée – EHPAD – ergothérapie.

For professionals, managing the risk of old people falling in nursing homes is problematic when

considering the use of physical contraints. This dissertation is about the possibilityofreducing

the use of physical restraints by a healthcare team. Two hypotheses are studied: raising

awareness of the risk of restraint and establishing a daily walk routine.

To test them, the key concepts are developed, then supplemented by a quantitative survey.

The research is then based on a questionnaire to nursing assistants, nurses and occupational

therapists working in nursing homes.

The results show that many factors influence professionals in their choice when using restraint.

Among these factors, there is the very unevenknowledge of the risks of restraint from one

professional to another.

Alternatives to restraint are possible but their implementation requires good management as

well as nursing staff.

Keywords : physical restraints – risk of falling – elderly – nursing home – occupational

therpist.

Page 6: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

Je tiens à remercier

Mme GARÇON Delphine, ma directrice de mémoire, pour ses conseils et son

accompagnement tout au long de la rédaction de ce mémoire,

tous les professionnels qui m’ont donné de leur temps pour ce travail de recherche,

mes amis et collègues de promotion pour leur soutien,

et ma famille pour ses encouragements tout au long de ma formation.

Page 7: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

Table des matières

Introduction............................................................................................................................................. 1

Partie Problématique .............................................................................................................................. 2

I. Situation d’appel ..................................................................................................................... 2

II. Question de départ ................................................................................................................. 3

III. Recherche documentaire ........................................................................................................ 3

IV. Entretien exploratoire ............................................................................................................. 8

V. Question de recherche ............................................................................................................ 9

Partie Cadre Théorique ......................................................................................................................... 11

I. La personne âgée .................................................................................................................. 11

II. La chute ................................................................................................................................. 12

III. Contentions physiques .......................................................................................................... 17

IV. La liberté d’aller et venir ....................................................................................................... 21

V. Equipe pluriprofessionnelle ................................................................................................... 22

VI. Conceptualisation .................................................................................................................. 26

Partie Méthodologie ............................................................................................................................. 28

I. Rappel de la problématique .................................................................................................. 28

II. Choix de l’outil ....................................................................................................................... 28

III. Diffusions ............................................................................................................................... 30

IV. Limites ................................................................................................................................... 30

Partie Analyse ........................................................................................................................................ 32

I. Les participants ...................................................................................................................... 32

II. La confrontation à la contention ........................................................................................... 32

III. La justification d’une contention ........................................................................................... 33

IV. Les risques de la contention .................................................................................................. 34

V. Des alternatives à la contention ............................................................................................ 38

Partie Discussion ................................................................................................................................... 41

I. Représentation de la contention physique ........................................................................... 41

II. La place de l’institution ......................................................................................................... 42

III. La famille et les proches ........................................................................................................ 46

IV. Place de l’ergothérapeute ..................................................................................................... 46

Conclusion ............................................................................................................................................. 48

Bibliographie ......................................................................................................................................... 49

Annexe ...................................................................................................................................................... I

Page 8: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

Table des abréviations

ANAES : Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé (rattachée à l’HAS en 2004)

AS : Aide-Soignant

ARS : Agence Régionale de Santé

CHU : Centre Hospitalier Universitaire

DREES : Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques

EHPAD : Etablissement Hospitalier Pour Personnes Agées Dépendantes

EPAC : Enquête Permanente sur les Accidents de la Vie Courante

ETP : Equivalent Temps Plein

HAS : Haute Autorité de Santé

IDE : Infirmier Diplômé d'Etat

INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques

INSERM : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale

INVS : Institut National de Veille Sanitaire (remplacé en 2016 par l’Agence Nationale de Santé Publique)

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

USLD : Unité de Soins Longue Durée

UVA : Unités de Vie Alzheimer

Page 9: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

1

Introduction

Les professionnels de santé exerçant dans les établissements accueillant des personnes âgées

sont régulièrement confrontés à des dilemmes comme celui de garantir la sécurité de ses résidents en

utilisant des moyens controversés tels que la contention physique.

Dans les institutions accueillant nos aînés, les chutes sont des accidents récurrents. Leurs

conséquences inquiètent grandement les équipes de soins. La contention physique, simple

d’utilisation et rapide à mettre en place, paraît alors comme une solution idéale, garantissant aux

soignants la sécurité de leurs résidents. Toutefois, son efficacité présumée est remise en cause. De

plus, l’aspect subi de ce matériel est mal vécu tant par les résidents qui y sont soumis que par des

professionnels qui les soumettent. Des questions se posent alors : l’utilisation de la contention

physique est-elle indispensable ? Peut-on agir en amont de ce risque ? Bien sûr, d’autres moyens que

la contention existent. Mais le changement de culture au sein des établissements n’est pas toujours

évident.

Les ergothérapeutes qui travaillent en maison de retraite sont alors confrontés à de nouvelles

problématiques. Comment privilégier le confort de vie des résidents en tenant compte de leur

sécurité ? C’est ce que j’ai pu observer pendant l’un de mes stages.

Dans une première partie, je développerai ma situation problématique pour faire émerger une

question de recherche et mes hypothèses. Ensuite, les concepts clés de ma question seront étayés

dans une partie théorique. Après avoir exposé la méthodologie, j’analyserai les résultats de mon

enquête. Puis viendra une partie discussion dans laquelle je confronterai mes hypothèses aux résultats

de mon enquête, je compléterai cette partie par des perspectives professionnelles.

Page 10: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

2

Partie Problématique

I. Situation d’appel

Lors de mon premier stage effectué en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes

Agées Dépendantes), il m’est arrivé de constater que des personnes étaient entravées dans leurs

déplacements de manière délibérée. Dans certains cas, les résidents étaient maintenus dans leur

fauteuil roulant par une sangle et, dans d’autres cas, du mobilier était placé devant eux lorsqu’ils

étaient assis dans un fauteuil afin de limiter leurs possibilités de se lever. Par la suite, j’ai appris que

ces dispositifs, appelés contention physique, étaient placés par les soignants pour éviter que les

résidents ne chutent.

Dans cet établissement, la direction avait sollicité l’ergothérapeute pour un travail conjoint

avec le médecin coordinateur afin de limiter les risques de chutes ainsi que la mise en place de

contention. Telles étaient les deux missions principales de l’ergothérapeute.

J’ai pris conscience de ces deux problématiques, utilisation de contention et risque de chute,

lorsque l’ergothérapeute a été interpellée en passant dans les couloirs face à la situation d’une des

résidentes, Mme H, installée dans son fauteuil avec son adaptable positionné devant elle. Mme H, qui

présente une cyphose importante, avait une posture du buste penché en avant reposant sur

l’adaptable. Un soignant présent dans le couloir explique que l’adaptable a été placé pour éviter que

Mme H ne se lève. Lorsque l’ergothérapeute demande si elle est encore capable de marcher, le

soignant prend un air dubitatif. Il est vrai que, ces derniers temps, la marche de Mme H s’était

détériorée. L’ergothérapeute décide de laisser faire Mme et de l’accompagner jusqu’à la salle des

repas, l’heure du déjeuner approchant.

Une fois levée, Mme H s’agrippe au bras de l’ergothérapeute et cherche, de son autre main,

de quoi se tenir. Elle sort de la chambre en s’appuyant sur son lit, la table, la poignée de la salle de bain

et parvient finalement à attraper une main courante du couloir. Elle longe le couloir, toujours en tenant

la main courante et le bras de l’ergothérapeute. Mme H marche lentement, en faisant de petits pas,

ses pieds effleurent le sol. Après avoir parcouru la petite distance qui séparait sa chambre de la salle à

manger, Mme H se laisse guider par l’ergothérapeute pour s’asseoir.

Les aides-soignants présents dans la salle semblent surpris mais aussi ravis de voir Mme H

marcher. Pendant l’échange, ils expriment avoir pris l’habitude de l’accompagner en fauteuil pour se

rendre au repas en salle à manger. L’ergothérapeute laisse alors entendre qu’il serait préférable de

l’accompagner tous les midis à la salle à manger en marchant. C’est à ce moment que l’équipe de soins

répond ne pas avoir le temps, avoir trop de résidents dans le même « état ».

Page 11: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

3

Sachant qu’il serait difficile de convaincre l’équipe soignante d’envisager une autre alternative

à la contention comme réponse au risque de chute, l’ergothérapeute a préféré s’abstenir. Finalement,

à la fin de la discussion, l’adaptable sera laissé comme moyen temporaire de « protection ». Mme H

ne sera pas plus sollicitée à la marche.

Difficile de savoir ce que pense Mme H de cette situation car elle ne semble pas communiquer

avec le personnel. Pourtant, il aurait été intéressant de savoir ce qu’elle pense du risque de chute et

des moyens mis en place pour éviter cette potentielle chute.

Par la suite, l’ergothérapeute me confie que ces situations sont souvent sources de conflits au sein

des équipes de soins.

Au fur et à mesure de mes avancées en stages, la contention est une problématique que j’ai

pu observer à plusieurs reprises dans le milieu gériatrique. Je me suis alors demandé si, en tant

qu’ergothérapeute, j’étais confrontée à la mise en place d’une contention, comment je me

positionnerais ? Est-ce que je l’empêcherais ? De plus, je pense que cette problématique soulève de

nombreuses questions éthiques concernant le respect, la liberté et la responsabilité des soignants

entre autres.

II. Question de départ

Quelles alternatives à la contention physique peut proposer un ergothérapeute dans un

contexte de risque de chute pour les personnes âgées résidentes en EHPAD ?

III. Recherche documentaire

A. Quels cadres règlementaires pour la contention physique ?

Mon premier questionnement sur ce thème s’est porté sur la réglementation dans l’utilisation

de la contention physique. Lors d’une simple recherche sur internet à propos de l’utilisation de la

contention physique, la première des réponses données par le moteur de recherche est le document

de l’ANAES (Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé dont les missions ont été

reprises depuis 2004 par l’HAS) intitulé « Limiter les risques de la contention chez la personne âgée »

(2000). Ainsi, j’ai pris connaissance du protocole idéal, dressé par l’ANAES, de mise en place de la

contention physique. Il est alors décrit que la décision de la mise en place d’une contention physique

ne peut être prise qu’après une évaluation non exhaustive des risques encourus par la personne. Il est

également indispensable d’informer la personne âgée ainsi que ses proches sur la nécessité de la

contention, les raisons, les risques, le matériel utilisé afin qu’il puisse participer à la prise de décision

Page 12: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

4

avec un consentement éclairé. Evidemment, la mise en place d’une contention physique est un acte

médical qui doit être validé par une prescription médicale. Cette prescription doit être écrite, et définir

les raisons de ce geste, la durée potentielle, les risques et la surveillance à mettre en place. Il est

recommandé qu’une prescription de contention physique soit limitée à 24h et réévaluée. L’ANAES

rappelle que la contention physique ne doit être que provisoire et utilisée en dernier recours.

Lors de mes stages dans des structures où la contention physique était utilisée, je n’ai pas

l’impression que ces recommandations étaient toutes mises en pratique. D’ailleurs, les

ergothérapeutes que j’ai suivis constataient eux-mêmes que certains critères, sans directement

préciser qu’ils faisaient partie des recommandations de l’HAS, n’étaient, à leur grand désarroi, pas

appliqués.

Lorsque l’on lit les recommandations présentées par l’ANAES, on remarque que ces

recommandations ont plutôt pour objectif de faire diminuer l’utilisation de contention. Pour justifier

son positionnement sur la nécessité de diminuer l’utilisation de la contention physique chez les

personnes âgées, l’ANAES met en évidence les risques qu’elle représente. Elle cite notamment les

risques de perte d’autonomie, de syndrome d’immobilisation, d’agitation. Dans les cas les plus graves,

les complications peuvent aller jusqu’au décès. Les risques de chute étant décrits comme l’un des

motifs principaux de mise en place de la contention suivis des troubles du comportement, l’ANAES

rappelle que des études ont démontré son inefficacité. L’ANAES s’appuie sur l’étude de Schleenbaker,

qui décrit que dans un service de rééducation, les patients sous contention physique chutaient plus

que les patients sans contention (25% contre 10,1%). Les recherches de Lofgren Richard P, ont mis en

évidence que la contention est un facteur de risque de survenue d’une chute grave, c’est-à-dire, une

chute ayant pour conséquences une fracture, le besoin de la prise en charge par un médecin ou

donnant lieu à un alitement d’au moins 2 jours.

A la suite des nombreuses études citées, L’ANAES (2000) argumente sa position en concluant

« qu’il est possible de réduire les contentions physiques au sein des établissements accueillant des

personnes âgées, sans pour autant augmenter la fréquence des chutes graves ou la prescription des

psychotropes » (ANAES, 2000, p.20).

Après avoir lu les recommandations de l’ANAES qui s’adressent à l’ensemble des

professionnels de santé, j’ai voulu prendre connaissance de la position des ergothérapeutes face à

cette problématique de la contention physique chez la personne âgée. J’ai alors consulté un article

paru dans Ergothérapie en gériatrie : approche clinique, dans lequel ACKERMANN fait un bref rappel

historique de l’évolution des politiques de réduction de la contention. En France, les caractères

Page 13: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

5

néfastes de la contention ont été abordés dans les années 1975. Cependant, il faut attendre les

recommandations de l’ANAES parues en 2000 pour que les institutions de santé s’engagent dans la

prise de dispositions améliorant l’utilisation de la contention. Les États-Unis on,t dès les années 90,

commencé le développement d’un programme de réduction des contentions physiques. Ce

développement a été notamment initié par des textes de lois existantes depuis 1887 aux États-Unis et

1998 au Québec. En France, l’utilisation de la contention n’est pas régie par un texte de loi, les

établissements sont tenus de se référer aux recommandations émises par l’ANAES.

Dans ce succinct rappel chronologique, on constate que nos voisins outre-Atlantique ont agit

plus rapidement pour limiter l’utilisation de la contention.

Si des recommandations par la Haute autorité de Santé existent bien sur l’utilisation de la

contention physique, une question demeure sur leur application dans les structures hospitalières qui

reçoivent une population âgée.

B. Sur le terrain, comment la contention physique est-elle utilisée ?

Après ces premières recherches, je me suis demandé si les recommandations de l’ANAES

étaient appliquées ? Dans son rapport sur l’utilisation de la contention physique chez les personnes

âgées, l’ANAES établit une prévalence pouvant aller de 19% et atteindre 84,6 % chez les personnes

d’au moins 65 ans séjournant dans les structures de long séjour comme une maison de retraite. Le

motif principal de la mise en place d’une contention chez les personnes âgées est le risque d’une

chute ; viennent ensuite les troubles du comportement.

Je me suis donc demandé pourquoi existe-il une telle variabilité dans la prévalence de la

contention. Quels sont les facteurs qui influencent la mise en place de la contention ?

Une étude réalisée par Bagaragaza (2006) dans un hôpital parisien et publié dans Gérontologie

et Société a tenté d’apporter des éléments de réponse. Dans un premier temps, cette étude s’est

intéressée à la perception qu’avaient les soignants de la contention. Une majorité estime qu’elle est

porteuse de sécurité. La chute étant le principal motif d’insécurité. Une des premières raisons

potentielles soulevée justifiant le nombre important de mises en place de contentions dans cette

étude, est qu’aucun moyen d’évaluation objectif sur les risques de chute n’est avancé pour justifier

une immobilisation de la sorte. L’appréhension et la subjectivité des soignants sont les seules mesures

pour une décision de contention. Dans l’étude, les soignants interrogés expliquent manquer de

personnel et travailler dans des services avec une architecture qui ne leur permet pas de visualiser

Page 14: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

6

l’ensemble des couloirs. Face à ces problèmes auxquels ils sont confrontés, la contention apparaît

comme un moyen pouvant limiter les risques.

On imagine alors que les professionnels ressentent de la culpabilité. Cette enquête souligne

également le manque de formation sur la contention. Seuls, 2 soignants sur 27 interrogés ont, pendant

leur formation, pu évoquer la contention. Il en résulte que peu de soignants connaissent les risques

psychologiques ou même physiques.

Un autre point étudié et pouvant expliquer l’utilisation important de la contention concerne

le manque de collaboration sur ce sujet entre soignants et médecins. La prescription médicale,

indispensable à la mise en place d’une contention, émane trop souvent des soignants vers le médecin.

Aucune réflexion sur la contention n’est alors faite en équipe. La prescription n’aurait pour rôle que

de formaliser la contention et de déresponsabiliser les soignants (Bagaragaza, 2006).

La lecture de l’article de Bagaragaza m’a alors amenée à me demander quels sont les facteurs

qui pèsent sur les équipes soignantes pour en venir à vouloir garantir une sécurité au détriment des

recommandations des instances de santé ?

ACKERMANN (2008) dans « Les alternatives à la contention au fauteuil en institution », indique

que dans un premier temps, les établissements de santé redoutent de plus en plus les poursuites

médico-légales. En cas de chute, les responsabilités seront recherchées, notamment du côté des

médecins et des équipes de soins, ce qui explique la pose parfois habituelle de la contention, qui, on

l’imagine, procure un sentiment de protection chez les professionnels. Evidemment, les soignants sont

conscients que les chutes sont souvent sans gravité, par ailleurs les causes d’une chute sont difficiles

à déterminer à posteriori. Les familles, quant à elles, ressentent de la culpabilité, cependant elles

voient aussi dans la contention un moyen de sécurité. Dans un questionnaire proposé par Koopmans

aux familles, dans une majorité des cas, la sécurité est préférée à la liberté. Ainsi, les institutions

comme les familles exercent plus ou moins de pression sur les équipes de soins dans le processus

décisionnel de la contention (ACKERMANN, M., 2008).

On constate alors que l’application des recommandations peut être difficile dans un contexte

donné à être respecté. Avec son champ d’actions, l’ergothérapeute pourrait apporter des moyens pour

accompagner les équipes soignantes dans leur changement de pratiques.

Page 15: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

7

C. Quelle place pour les ergothérapeutes dans la mise en place de la contention physique ?

Il est clairement établi par l’HAS que les professionnels de santé, dont les ergothérapeutes,

sont concernés par la favorisation de la liberté d’aller et venir, concept que je développerai dans la

suite de mon travail. Mais elle admet aussi que tous les professionnels de santé ne sont pas formés

équitablement. (HAS, 2004)

Comment les ergothérapeutes sont-ils alors concernés par la mise en place des contentions

dites physiques ?

Que ce soit pendant les cours ou sur mes lieux de stage, l’autonomie et l’indépendance sont

toujours les objectifs recherchés, même si les moyens mis en œuvre pour atteindre ces objectifs

varient selon les structures, la population concernée, le contexte d’intervention, etc., selon l’arrêté du

5 juillet 2010 relatif au diplôme d'Etat d'ergothérapeute :

L’objectif de l’ergothérapie est de maintenir, de restaurer et de permettre les activités

humaines de manière sécurisée, autonome et efficace, et, ainsi, de prévenir, réduire ou

supprimer les situations de handicap pour les personnes, en tenant compte de leurs habitudes

de vie et de leur environnement. (JORF, 2015)

Dans le contexte des personnes âgées vivant en institution, les habitudes de vie peuvent être

lourdement impactées après une chute. Un ergothérapeute semble alors avoir matière à exercer ses

compétences si l’on reprend le descriptif des objectifs de sa profession ci-dessus. D’abord, c’est quoi

une habitude de vie ? Pour le PPH (Processus de Production du Handicap), « une habitude de vie est

une activité courante ou un rôle valorisé par la personne ou son contexte socioculturel selon ses

caractéristiques » (Fougeyrollas, Patrick, Cloutier, René et Bergeron, Hélène, 1998). En suivant cette

définition, on peut alors dire que les habitudes de vie évoluent avec le temps. Une personne âgée,

vivant en institution, a dû voir ces habitudes de vie changer. Après une chute, quelles peuvent être les

changements dans son quotidien. Schoenenburg (2015), dans une recherche sur l’aspect

psychologique de la chute, a procédé à un recueil des sentiments des personnes âgées. La perte de

confiance en soi, un changement de perception de soi, l’absence d’initiative, une démotivation voire

même une dépression, sont autant d’éléments recueillis qui affectent le rôle que se donne chacun.

Que dire alors de la pose d’une contention ? L'ANAES (1998) reconnaît que la perte d’autonomie est

l’une des conséquences de la contention, tout comme l’incapacité de réaliser certaines de ces activités.

En effet, la personne se retrouve alors dépendante d’une tierce personne pour se rendre jusqu’aux

activités proposées dans les espaces communs des établissements, ou bien pour aller à la rencontre

des autres résidents.

Page 16: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

8

Par ailleurs, l’ergothérapeute porte un regard différent au sein d’une équipe

pluriprofessionnelle. Par les concepts d’autonomie et d’activité qui lui sont chers dans la pratique de

sa profession, l’ergothérapeute a un point de vue qui diffère de celui des infirmiers. Les

ergothérapeutes ont pour vocation de favoriser l’autonomie et l’indépendance des individus dans leur

environnement alors que les infirmiers sont dans une approche de maintenir et de restaurer la santé.

SARAGONI et MALAPEL-EMPIS (2013) mettent en évidence les connaissances des ergothérapeutes sur

les alternatives à la contention. Tous les ergothérapeutes interrogés étaient capables de donner 4 à 5

alternatives en moyenne que ce soient par des modifications de l’environnement, une rééducation,

des activités dérivatives ou par une approche psycho-sociologique. En comparaison 65% des infirmiers

sont incapables d’en citer une et très peu (18.6%) pensent que des alternatives efficaces existent.

Néanmoins, l’ergothérapeute reste très peu intégré lors de la prise de décision de placer une personne

âgée sous contention. (SARAGONI, A. et MALAPEL-EMPIS, H., 2013)

IV. Entretien exploratoire

Afin de réaliser mon entretien exploratoire, j’ai pris contact avec l’ergothérapeute de ma

situation de départ qui travaille dans un EHPAD. Avec la recherche documentaire faite en amont, j’ai

voulu orienter mes questions sur comment voyait-elle son rôle d’ergothérapeute dans la mise en place

de la contention mais également sa place au sein d’une équipe pluriprofessionnelle.

Depuis que j’ai fait mon stage dans cet établissement, le nombre de contentions physiques

actives a été drastiquement baissé. Aujourd’hui, il n’en compte plus que trois sur un total de 186

résidents et qui ne sont pas permanents. En effet, la direction a décidé que son établissement

s’inscrirait dans une pratique de l’Humanitude. L’ensemble des soignants ont été formés à la Méthode

Humanitude. L’ergothérapeute m’explique alors que cette formation a changé la dynamique des

soignants. Les aides-soignants et infirmiers qui ont participé à la formation ont pu apprendre

différentes alternatives à la contention.

Au fil de la discussion, l’ergothérapeute me fait part d’un autre aspect qui a changé dans

l’établissement : « le délai de prise en charge ». Auparavant, lorsqu’une personne était placée sous

contention après une chute, l’intervention d’un professionnel paramédical pour une rééducation ou

une réadaptation n’était pas systématique ou le temps pour qu’elle se mette en place pouvait être

long. Trop long. Maintenant la réactivité des équipes soignantes est tout autre. Après un placement

sous contention physique, les paramédicaux de l’établissement (ergothérapeute, kinésithérapeute,

psychomotricienne) sont sollicités afin d’évaluer les potentiels facteurs précipitants et ainsi proposer

Page 17: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

9

une rééducation, une réadaptation ou un aménagement adapté. La contention peut être levée plus

rapidement et les effets néfastes de la contention diminués.

A la suite de mon entretien j’ai voulu me renseigner sur cette fameuse méthode qu’est

l’Humanitude. Développée par Rosette Marescotti et Yves Gineste dans les années 80, elle

« s’intéresse aux liens qui permettent aux humains de se rencontrer quel que soit leur état, leur

statut. Le maintien de ces liens s’appuie sur trois piliers relationnels, le regard, la parole, le toucher et

un pilier identitaire, la verticalité ». (Humanitude., 2020) Quelques recherches ont démontré un impact

positif de cette méthode. Toutefois, la formation à cette méthode est payante et le prix est

éventuellement un frein pour de nombreux établissements. Pendant l’entretien, l’ergothérapeute

parlait souvent de la « verticalisation ». Enseignée pendant la formation humanitude, la

« verticalisation », qui consiste à mettre les gens debout régulièrement même quand ils sont sous

contention, aurait un impact non négligeable dans la reprise de la marche après une chute. Agnès

Ligios (2012), dresse dans Soins en Gérontologie « L’impact de l’alitement chez la personne âgée

démente ». La verticalité précoce permet, dans un premier temps, d’éviter le syndrome

d’immobilisation dont les conséquences comme la dépendance peuvent être irréversibles. Or, la

verticalisation apporte une revalorisation narcissique et la reprise des activités de vie quotidienne.

V. Question de recherche

Tous ces éléments m’ont permis de formuler la question de recherche suivante :

L’ensemble de mes recherches m’amène à partir du postulat suivant :

On peut donc penser qu’un accompagnement à la marche proposé aux personnes à risque de

chute ou aux personnes sous contention par le personnel d’un établissement pourrait participer à une

baisse de l’utilisation des contentions physiques. D’ailleurs, l’ANAES (1998) présente la « promenade

quotidienne » comme une alternative à la contention avec succès. Des établissements proposent des

ateliers centrés sur la marche. Prescris aux personnes ayant déjà chuté ou avec une suspicion de

facteur pouvant conduire à une chute, ces ateliers proposent sous forme ludique, des exercices

d’équilibration, de renforcement musculaire. Pendant l’un de mes stages, j’ai observé que ces ateliers

de 45 minutes peuvent redonner confiance aux personnes. L’exemple le plus parlant est celui d’une

Quelles alternatives à la contention physique chez les personnes âgées, à risque de chute en

EHPAD, un ergothérapeute travaillant au sein d’une équipe pluri professionnelle, peut-il

proposer ?

Page 18: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

10

dame qui venait à l’atelier en fauteuil et qui, pour repartir, n’utilisait que le bras de l’accompagnant

pour se déplacer.

Ainsi, les hypothèses que j’ai retenues et que je vais tenter de démontrer sont celles-ci :

• Hypothèse 1 : Une sensibilisation aux professionnels sur l’intérêt de maintenir la marche

quotidienne, l’ergothérapeute peut limiter la mise en place de contention physique chez les

résidents à risque de chute.

• Hypothèse 2 : Délivrer une information sur les risques et conséquences néfastes d’une

contention physique peut amener les équipes soignantes à changer leurs pratiques.

Afin de répondre à ce questionnement et établir ma démonstration concernant les hypothèses

que j’ai émises, je développerai dans une partie « cadre théorique » les termes clés de ma

problématique. Je commencerai par définir la population concernée par mon questionnement. Par la

suite, je détaillerai les causes et les conséquences des chutes. Je définirai ensuite le terme de

contention physique. Pour commenter l’une des principales raisons d’opposition à la contention, je

développerai une partie sur « la liberté d’aller et venir » et je finirai ce « cadre théorique » par une

présentation de l’équipe pluriprofessionnelle.

Par la suite, j’effectuerai une enquête au moyen d’un questionnaire auprès des professionnels

de santé travaillant dans les EHPAD afin de déterminer s’ils seraient prêts à instaurer dans leur pratique

un temps d’accompagnement à la marche.

Puis, toujours auprès des professionnels de santé exerçant en EHPAD, je chercherai à savoir

quelles connaissances ils ont des risques liés à la mise en place d’une contention physique chez une

personne âgée et si, informés de ce risques, ils changeraient leur façon d’utiliser les contentions

physiques.

Page 19: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

11

Partie Cadre Théorique

I. La personne âgée

Selon l’OMS, un individu est considéré comme une personne âgée lorsqu’il a au moins 60 ans.

C’est aussi l’âge minimum requis pour être admis en EPHAD en France (Ministère des solidarités et de

la santé, 2019).

Le nombre de personnes âgées en France est estimé à 15 millions. L’INSEE prévoit une

augmentation de ce nombre grâce à l’allongement de l’espérance de vie (INSEE, 2018). En 2015, une

enquête de la DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques) pour

le ministère de la santé, a comptabilisé 728 000 résidents vivant dans un établissement pour personnes

âgées, dont 585 560 en hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), soit 3.9% des plus

de 65 ans (Marianne Muller (DREES), 2017) (DICOM Jocelyne.M, 2020).

La notion de personne âgée fait généralement écho à celui de vieillissement. Même si le

vieillissement n’est pas une pathologie, il n’en reste pas moins un processus physiologique inévitable

et irréversible qui accompagne l’avancée en âge. Rowe et Khan (1987) avaient décrit trois types de

vieillissement. Le premier, dit le vieillissement réussi, n’entraîne pas ou très peu de perte de capacité

fonctionnelle et cognitive. Le second, appelé le vieillissement usuel ou habituel, se distingue par une

réduction de certaines capacités sans être liées à une pathologie quelconque. Le troisième est le

vieillissement avec morbidité. Dans ce cas, l’âge ne représente qu’un facteur de risque. Les morbidités

concernent les dimensions affectives, cognitives, locomotrices, sensorielles ou cardio-vasculaires. Elles

sont généralement à l’origine d’incapacités fonctionnelles majeures (John W. Rowe, Robert L. Kahn,

1987).

L’HAS considère comme particulièrement à risque les personnes âgées fragiles. Elle se base sur

les observations de Hamerman qui note un développement progressif de différentes invalidités,

interagissant entre elles, contribuant alors à une apparition d’une fragilité. Attention, ici la notion de

fragilité ne se limite pas strictement au médical mais également à des dimensions psychologiques et

sociales. Ainsi, la personne âgée dite fragile voit diminuer ses capacités d’adaptation réduisant alors

ses possibilités de faire face à des perturbations externes mineures. Il est alors conclu que la personne

âgée fragile est plus vulnérable face aux conséquences de la chute. En effet, le risque d’une perte

d’autonomie et de désinsertion sociale est majorée, augmentant la probabilité des

institutionnalisations. (HAS, 2005)

Page 20: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

12

Autre notion qui s’ajouter à celle de la personne âgée fragile, c’est la personne âgée

dépendante. En effet, vivant souvent en institution, les chutes sont fréquentes avec une gravité plus

importante, conséquence de l’affaiblissement général selon l’HAS. (HAS, SFDRMG, 2005)

II. La chute

La chute est définie dans le dictionnaire comme : « Action de tomber, de perdre l'équilibre,

d'être entraîné vers le sol »(Larousse, 2010, p.200) .Pour être davantage précise, L’HAS parle de chute

accidentelle, elle la définit alors comme « le fait de tomber au sol de manière inopinée, non contrôlée

par la volonté » (HAS, 2005, p.4). Dans cette définition est exclue toute chute liée à une perte de

connaissance ou un AVC.

Le nombre de chutes est estimé à environ 3 millions par an selon les chiffres de l’HAS. Il est

décompté 1,5 chutes par lit et par an en institution, soit une fréquence de 1.600 chutes pour 1000

personnes vivant en institution. Le risque est deux fois plus élevé lorsqu’une personne est atteinte de

démence. (HAS, 2005). Au sein des institutions, une étude a démontré que les résidents chutaient le

plus souvent pendant leur transfert (à 42%) et pendant la marche (à 35%). (Büchele, Gisela et al., 2014)

Les chutes sont donc nombreuses chez les personnes âgées vivant en institution. La suite

logique est donc de se demander ce qui précipite ces chutes chez la personne âgée.

A. Les causes de la chute

Tous les auteurs s’accordent pour dire qu’une chute se produit sous l’impulsion de plusieurs

facteurs complexes et indépendants. Le Réseau Francophone de Prévention des Traumatismes et de

Promotion de la Sécurité (2005) classe les facteurs dans 3 catégories distinctes mais interagissant entre

elles. Ainsi, la chute serait l’effet de facteurs liés à la personne (qui reprend les troubles et pathologies),

aux comportements (prise de médicaments, habitudes de vie) et à l’environnement. A un moment

donné, la combinaison de ces facteurs peut aboutir à la chute.

Il existe d’autres schématisations décrivant les causes de la chute chez la personne âgée. Ainsi,

l’HAS classe les éléments prédictifs d’une chute en facteurs intrinsèques et extrinsèques. Les facteurs

intrinsèques sont propres à chaque individu. En s’appuyant sur les travaux de Dargent-Molina, l’HAS

dresse un tableau des différents facteurs intrinsèques et de leur preuves épidémiologiques (annexe 2).

L’HAS retient la maladie de Parkinson, les troubles cognitifs, le diabète, les troubles de la continence

et la prise de médicaments comme étant les facteurs les plus significatifs d’une potentielle chute.

Page 21: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

13

Alors qu’en est-il dans les EHPAD ? La maladie de Parkinson touche plus de 100 000 personnes

en France ce qui en fait la 2ème maladie neurodégénérative la plus fréquente se déclarant en moyenne

vers 70 ans (Jean-Christophe Corvol, 2015). Aucune statistique n’existe sur sa prévalence dans les

EHPAD. L’enquête publiée dans le numéro 49-50 de La Lettre de l’Observatoire rend compte d’un

pourcentage de 57% de personnes avec des troubles cognitifs modérés à sévères résidant en EHPAD

(Fondation Médéric Alzheimer, 2018). Le risque est d’autant plus accru chez les sujets

polypathologiques qui représentent une population importante chez les plus de 65 ans. Les effets de

ces pathologies viennent interférer dans le système de maintien de la posture et sur l’irrigation du

cerveau pouvant avoir comme effets secondaires des troubles de l’équilibre allant jusqu’à provoquer

des chutes (Réseau francophone de prévention des traumatismes et de promotion de la sécurité et al.,

2005).

La prise en charge de ces pathologies se fait souvent par l’introduction de médicament qui est

également un facteur de chute. Un rapport de VERGER (2013) sur la consommation de médicaments

en EHPAD a établi que les résidents consomment en moyenne 7 molécules différentes par jour (en

2012). Les principales classes thérapeutiques administrées sont : les anti-dépresseurs (32%), les

anxiolytiques (27%), les hypnotiques (22%), les neuroleptiques (15%) et les régulateurs de l’humeur

(3%). Dans ce même rapport sur la consommation de médicaments, il est fait allusion à des troubles

de la continence dont souffriraient 37% des résidents (VERGER, Philippe, 2013).

L’arthrose qui touche 65% des plus de 65 ans selon les chiffres de l’Inserm (2017) a été

identifiée par Kenny, Rubenstein et al.(2002) comme un facteur de risque de chute. En effet, elle

provoque des diminutions de la mobilité articulaire, une perte musculaire et des douleurs. La

déformation qui augmente l’instabilité posturale est retrouvée dans une étude de (Rubenstein, L.Z. et

al., 1988) comme étant associée à un risque plus élevé de chute (1988).

Une étude épidémiologique réalisée par Thélot Bertrand publiée en 2017, démontre que la

prévalence des chutes est plus élevée chez les femmes de plus de 65 ans que chez les hommes. Chez

les hommes, le risque de chute augmente avec la consommation d’alcool, tandis que chez la femme,

il augmente en présence de maladie chronique et du surpoids. (Thélot Bertrand et al., 2017)

L’ostéoporose est présentée comme un facteur de gravité dans la chute car elle augmente le

risque de conséquences graves comme les fractures demandant alors une prise en charge médicale.

Page 22: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

14

Les causes de chutes sont nombreuses et s’imbriquent de manière unique chez chaque

personne âgée. Si les chutes sont nombreuses, qu’en est-il de leurs conséquences sur la personne ?

B. Les conséquences de la chute

Les conséquences des chutes peuvent se retrouver à différents niveaux, avec des

répercussions plus ou moins longues, qui peuvent être définitives et entraîner une situation de

handicap pour la personne.

1) Des conséquences physiques

Pour rappel, le nombre de chutes est estimé à 3 millions par an selon les chiffres de l’HAS.

Cette comptabilisation est difficile du fait que certaines personnes âgées oublient leurs chutes. Si ce

nombre est important, seules 10 à 20% des chutes entraînent des conséquences physiques (GEORGE,

Delphine, 2013).

Il est dénombré alors 500 000 blessures à la suite d’une chute. Majoritairement, les lésions

constatées sont des contusions et des commotions (dans 30% des cas) ou des plaies (19%) selon les

données de l’EPAC. La tête est le principal centre des plaies, elles sont constatées dans 58% des cas où

la tête est atteinte (dans 25% des chutes). (Institut National de Veille Sanitaire (InVS), 2009).

Les fractures représentent 41% des lésions et seraient alors retrouvées dans 2 à 6% des chutes,

voire 5 à 10% selon les sources. Dans un tiers des cas, il s’agit d’une fracture supérieure du fémur

(GEORGE, Delphine, 2013).

Les équipes de recherches de Tinetti ME et de Nevitt MC avaient défini les lésions importantes

telles que fracture de hanche, autre fracture, hématome sous-dural, autres lésions des tissus mous,

blessure du segment céphalique. Elles étaient ainsi retrouvées dans 1 chute sur 10. (GEORGE, Delphine,

2013).

Certaines de ces conséquences traumatiques peuvent entraîiner des décès. Selon l’HAS, on

décompte 9 000 décès annuels ayant pour origine la chute.

D’après les données de l’Inserm (2015), la mortalité post-fracture du col du fémur représente

l’une des principales causes de mortalité chez les plus de 65 ans. En effet, la mortalité est de 10 à 20%

plus élevée dans l’année qui suit après une fracture du col du fémur pour une personne de même âge

et de même sexe. Les complications post opératoires et les comorbidités ne font qu’élever le risque.

Les fractures ne sont pas le seul facteur de mortalité. (Inserm, 2015) Dans une étude réalisée à Oslo

suivant des sujets âgés chuteurs pendant 9 ans, les chutes répétées, le grand âge et un état de santé

moyen étaient des facteurs associés à la mortalité (Sylliaas H. and al., 2009).

Page 23: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

15

La station prolongée au sol de plus d’une heure est également un facteur de mauvais pronostic.

En effet, les troubles métaboliques résultant d’un maintien au sol prolongé sont significativement

associés à la mortalité dans les 6 mois qui suivent la chute (Bloch F. and al., 2009).

2) Des conséquences psychologiques

Les chutes peuvent être vécues comme un évènement marquant. Schoenenburg (2015) a

étudié le ressenti des personnes âgées ayant chuté. Elle en retire alors qu’il est possible de retrouver

chez la personne âgée une peur de rechuter. Elle se retrouve alors inhibée par ce sentiment

d’insécurité qui la mène à des conduites de retrait social. Les personnes âgées elles-mêmes décrivent

une perte de confiance en soi. Elles se sentent en rupture face à un deuil. Un deuil d’une marche

agréable, de l’activité, un deuil de liberté et d’insouciance. Les repères identitaires se retrouvent

bouleversés avec une perte du rôle social, une surprotection de l’entourage. Un sentiment

d’incompréhension, de vulnérabilité et d’impuissance peuvent alors s’opérer. Cet évènement brutal

se traduit parfois comme une prise de conscience du vieillissement. Il est observé chez certaines

personnes des stratégies d’évitement qui se traduisent par des absences d’initiatives. D’autres

personnes ont fait état d’une démotivation voire d’une perte de goût de vivre pouvant conduire à une

dépression. (Schoenenburg, 2015).

9 000 décès

125 000 hospitalisations

500 000 blesures nécéssitant un recours

médical

3 millions de personnes âgées chuteuses occasionnellement ou

à répétition (soit 30% des PA)

0,9% des PA (Personnes-Agées)

1,25% des PA

5% des PA

30% des PA

Figure 1-conséquences des chutes annuelles en fonction de leur gravité, Schéma crée à partir de l’Argumentaire, Prévention des chutes accidentelles chez la personne âgée, HAS, 2005

Page 24: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

16

3) Le syndrome post-chute

Le syndrome post-chute (« post fall syndrome ») a été initialement décrit par Murphy et al.

(1982). A la suite d’une chute, il est observé une désadaptation posturale se traduisant notamment

par une rétropulsion importante associée à une peur intense de la station debout. Le syndrome post-

chute renommé désadaptation psychomotrice (SDPM) constitue alors une complication fonctionnelle

aigüe qui peut entraîner une incapacité motrice ou cognitive partielle voire totale (HAS et Société

Française de Gériatrie et Gérontologie, 2009). Il s’agit donc d’une urgence gériatrique au risque de

devenir irréversible et entraîner une situation de handicap important à la personne âgée. (Murphy, J.

et Isaacs, B., 1982).

4) Des conséquences dans la vie quotidienne

Toutes les conséquences évoquées précédemment ont également un retentissement

important sur la vie quotidienne de la personne. Il est observé une diminution de l’autonomie,

notamment lorsque la chute provoque une fracture. Cette perte de l’autonomie est un facteur de

dépression. (Inserm, 2014).

La qualité de vie est affectée par les chutes, qu’elle cause un traumatisme ou non. Cumming

et al., (2000) ont démontré que les personnes ayant peur de chuter perdent confiance en leur capacité

à accomplir des actes de la vie quotidienne. Ainsi, une restriction des activités sociales est observée

chez de nombreuses personnes âgées (Cumming, R.G. et al., 2000).

L’étude épidémiologique de Thélot Bertrand (2017), mesurée par le Baromètre Santé 2010,

indique que les scores sur la qualité de vie étaient moins satisfaisants lorsqu’il est fait état d’une chute

au cours des 12 mois précédents avec l’association d’au moins une incapacité et la présence d’une

tierce personne pour l’aider. (Thélot Bertrand et al., 2017).

Chute

Peur de tomberRestriction volontaire d'activité

déconditionnement des capacités

physiques

Figure 2-Syndrome poste chute (Schéma personnel)

Page 25: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

17

III. Contentions physiques

A. Définition

L’ANAES publie en 2000 une évaluation des pratiques professionnelles portées sur la limitation

des risques de la contention physique. Ainsi, elle définit 3 catégories de contentions :

• La contention dite « posturale » : installée avec pour objectif de corriger une attitude.

• La contention dite « active » : réalisée par un kinésithérapeute pour préparer à une

verticalisation après un alitement prolongé.

Ces deux premières contentions sont utilisées dans le cadre de la rééducation.

• La contention physique, dite « passive » est « caractérisée par l'utilisation de tous moyens,

méthodes, matériels ou vêtements qui empêchent ou limitent les capacités de mobilisation

volontaire de tout ou d'une partie du corps dans le seul but d'obtenir de la sécurité pour une

personne âgée qui présente un comportement estimé dangereux ou mal adapté. » (ANAES,

2000, p.10)

Par la suite, l’ANAES précise une distinction entre les contentions physiques qui sont

« spécifiques » et les moyens de contention « non spécifiques ». Les moyens spécifiques sont tous les

dispositifs prévus à cet effet comme : les gilets, les sangles, les ceintures, les barrières de lit, les sièges

gériatriques ou avec un adaptable fixé … Les moyens non spécifiques sont tous les matériels détournés

de leur usage premier pour restreindre volontairement les personnes dans leurs déplacements.

Pour ce travail de recherche, mon enquête se portera exclusivement sur les contentions

physiques spécifiques. Effectivement, ce sont les contentions les plus évidentes à relever pour les

soignants et donc par conséquence le questionnement autour de la contention physique spécifique

porte moins à confusion.

B. Conséquences

Même si la pose d’une contention a pour vocation la sécurité de la personne âgée, les risques

qu’elle engage sont importants. En effet, les complications liées à la contention sont variées et peuvent

être très graves, pouvant aller jusqu’au décès. La contention serait responsable d’un décès sur mille

en institution selon le rapport de l’ANAES datant de 1998. En outre, cela revient à plus de décès par

contention physique (mise en place pour diverses raisons) que par chute en institution. (ANAES, 1998).

Page 26: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

18

Le CHU de Bordeaux (2013) a fait un recueil de ses risques qu’il a classé dans 3 catégories

différentes :

- Les risques somatiques : notamment caractérisés par l’apparition d’un syndrome

d’immobilisation qui provoque de nombreux troubles parmi lesquels : une diminution des

amplitudes articulaires, des rétractations musculo-tendineuses, une diminution de la force, de

l’ostéoporose, des troubles trophiques avec des apparitions d’escarres, des infections

nosocomiales, des troubles de la continence, une perte d’appétit et des troubles de l’équilibre.

- Les risques traumatiques : qui entraînent des blessures graves comme des lacérations

cutanées, des contusions, des hématomes mais qui peuvent aussi causer des décès par

strangulation à l’occasion d’un glissement.

- Les risques psychiques : quasiment systématiques, la contention place les personnes dans de

grandes souffrances morales provoquant un sentiment d’humiliation, de la colère mais

également de l’angoisse et du désespoir pouvant conduire à des états d’agitation, de confusion

et de dépression.

A tous ces risques s’accumulent les lésions secondaires aux efforts produits par une personne

qui voudrait s’extirper de sa contention. Palazzolo (2004), explique alors que ce débat pourrait causer

la survenue de troubles du rythme cardiaque, d’une déshydratation ou d’une inhalation bronchique.

En plus de ces risques, la pose d’une contention entraîne indéniablement chez la personne

âgée une perte d’autonomie et d’indépendance.

Les conséquences de la contention ne se limitent pas au moment de son application. Une

étude de Ejaz FK (1994) attribue une augmentation significative des chutes sans conséquence grave

après le retrait de la contention. Après 25 semaines de contention, le nombre de chutes des personnes

âgées du groupe expérimental est devenu quasiment identique au groupe témoin (qui n’a pas eu de

contention pendant les 25 semaines précédentes). Ainsi, l’auteur conclut sur le fait que les

établissements sont confrontés au choix éthique entre attacher une personne âgée et fragile ou

l’exposer aux risques de liberté dans leur vieillissement.

Une répercussion indirecte de la contention sur la personne qui y est soumise vient de la

famille. MOUCHET Marie-Claude indique, dans « La contention : pourquoi faire et surtout ne pas faire

? » (2003), que la contention physique est une source de colère et d’incompréhension chez les proches.

Les relations entre les membres de la famille en sont modifiées. Des problèmes de communication

sont susceptibles d’apparaître et provoquer une mise à l’écart de la personne âgée.

Page 27: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

19

Les professionnels sont aussi soumis à des risques moins évidents. En effet, dans son document

sur l’évaluation des bonnes pratiques professionnelles, l’ANAES dédie un paragraphe aux

conséquences sur les professionnels qui y sont confrontés. Il y est alors fait rapport d’un sentiment de

culpabilité, de frustration et d’anxiété chez les infirmiers. De plus, l’utilisation de la contention

physique ne procure pas de sentiment de sécurité chez les soignants. D’autres auteurs soulèvent des

questions de remise en cause de l’idéal soignant (ANAES, 2000). En effet, comme le décrit MOUCHET

Marie-Claude (2003), le sens donné aux soins face à une situation comme telle peut faire naître un

questionnement de sa pratique. La barrière avec la maltraitance étant mince, le soignant responsable

de la qualité de vie du résident ou patient se trouve face à des problèmes éthiques (MOUCHET, Marie-

Claude, 2003).

C. Recommandations des instances sur sa mise en place

La pose d’une contention est un acte médical qui engage de potentiels risques pour la

personne âgée. Dans un souci d’uniformiser les pratiques de la mise en place de la contention, l’ANAES

a, dès l’an 2000, proposé les recommandations de bonne pratique.

1) La décision

Afin d’aider les professionnels de santé à statuer sur la pertinence d’une pose de contention

physique et éclairer leur prise de décision, un algorithme décisionnel a été établi (annexe 3). Avant

d’en venir à une mise sous contention physique, toutes les alternatives possibles doivent être essayées

et mises en échec. Comme le rappelle l’ANAES dans ses recommandations, le manque d’effectifs ne

constitue pas un motif de mise en place de la contention. La décision de la mise en place d’une

contention se fait après une évaluation des risques de chute, de déambulation ou d’agitation.

L’évaluation porte aussi sur les facteurs précipitants, c’est-à-dire qu’elle s’intéresse aux causes de ces

risques de chute, qu’ils soient intrinsèques ou extrinsèques. Les facteurs identifiés devront faire l’objet

d’une prise en charge adaptée et corrigée dans la mesure du possible. Pour que cette évaluation soit

la plus pertinente, toute l’équipe doit être consultée. A la suite de cette évaluation du rapport

bénéfice/risque pour le résident, les motifs et le programme de surveillance doivent être clairement

établis et inscrits dans le dossier du résident (ANAES, 2000).

Page 28: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

20

2) Informer la personne et ses proches

Le corps médical est dans l’obligation d’informer la personne âgée sous contention mais aussi

ses proches sur les raisons qui ont poussé l’équipe à mettre en place la contention. Ils doivent être

tenus informés de la durée prévisible, du matériel utilisé et de la surveillance mise en place. Les

soignants doivent s’assurer que les proches et la personne âgée dans la mesure du possible aient

compris afin de susciter une adhésion. Si nécessaire, les soignants réitèrent leurs explications autant

que besoins. Lorsque la personne âgée ne peut être consultée par faute de capacité cognitive

suffisante, c’est la personne de confiance ou son représentant légal qui doit être informé. Toutefois,

L’ANAES recommande de toujours persévérer dans la consultation de la personnes âgée et de répéter

autant que nécessaire les informations. (ANAES, 2000).

3) La prescription médicale

Une prescription médicale écrite, horodatée et signée doit être rédigée en gardant le principe

de collaboration entre médecin et équipe soignante. Le médecin doit y indiquer le motif, la durée, le

matériel, le programme de surveillance et les risques. Plusieurs auteurs s’accordent pour dire que les

prescriptions ne devraient pas dépasser les 24 heures. Au-delà, une évaluation s’impose pour vérifier

l’efficacité de la contention et la santé du sujet âgé. (ANAES, 2000).

4) La mise en œuvre de la contention

Le matériel utilisé n’est pas systématique. Le choix résulte d’un réflexion faite au cas par cas.

La contention doit être adaptée à la personne et lui permettre un maximum de mouvements.

En fonction des risques liés à la pose de la contention, une surveillance adaptée est instaurée.

Cette surveillance n’est pas seulement centrée sur les risques physiques et environnementaux mais

aussi sur le vécu de la personne.

Une évaluation journalière du bénéfice/risque est à envisager pour déterminer si la contention

physique est toujours nécessaire. Si l’arrêt de la contention paraît la mesure la plus adaptée, il doit

être expliqué à la personnes âgée et à ses proches.

Pour résumer toutes ces précautions de mise en place d’une contention physique, l’ANAES a

publié un référentiel de bonne pratique sous forme de critères (annexe 4) (ANAES, 2000).

Page 29: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

21

5) D’autres moyens que la contention

Si l’HAS ne conseille pas l’utilisation de la contention physique dans la prévention des chutes,

elle ne laisse pas les professionnels sans outils face aux chutes des personnes âgées. Disponible en

annexe 5, l’HAS dresse un tableau de toutes les alternatives possibles ainsi que leur taux d’efficacité

observé. quatre catégories se distinguent :

- approche médicale et infirmière

- modification de l'environnement

- approche occupationnelle

- approche socio psychologique

Le choix des moyens utilisés doit se faire après une évaluation des risques, des besoins et de

l’environnement de la personne âgée. (ANAES, 2000).

IV. La liberté d’aller et venir

Dans de nombreux articles sur la contention, il est utilisé le terme de « liberté d’aller et venir ».

Lorsque l’HAS emploie ce terme dans « Liberté d’aller et venir dans les établissements sanitaires et

médico-sociaux, et obligation de soins et de sécurité » (2004), elle le décrit comme « un droit

inaliénable de la personne humaine ». Elle insiste sur le fait que les établissements médico-sociaux ont

pour devoir de tout mettre en œuvre pour favoriser l’exercice de ce droit. La notion de liberté d’aller

et venir ne représente pas seulement la liberté de se déplacer mais également le droit de prendre des

décisions pour soi-même. La liberté d’aller et venir s’inscrit également dans la possibilité de participer

aux activités souhaitées, d’entretenir les relations sociales et, par conséquence, de maintenir la qualité

de vie.

Ce droit de liberté d’aller et venir est un droit fondamental pour l’être humain puisqu’il figure

dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (ONU, 2015). Effectivement, le paragraphe 1 de

l’article 13 indique que « toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à

l'intérieur d'un Etat ». En d’autres termes il n’est pas légal d’empêcher une personne de se déplacer

comme elle le voudrait.

L’HAS développe alors un point spécialement sur la contention qu’elle considère donc comme

un élément entravant cette liberté d’aller et venir. Elle bannit l’utilisation systématique de la

contention. Elle vient donc à recommander de suivre les alternatives proposées dans les

recommandations de l’ANAES. (HAS, 2004)

Page 30: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

22

Il est clairement établi par l’HAS que les professionnels de santé, dont les ergothérapeutes,

sont concernés par la favorisation de la liberté d’aller et venir. Mais elle admet aussi que tous les

professionnels de santé ne sont pas formés équitablement.

Si la liberté d’aller et venir est un droit que les établissements doivent respecter, la sécurité

est aussi une obligation. L’HAS définit alors certaines conditions pour lesquelles, le droit peut être

devancé par une obligation de protection de la personne contre elle-même (comportement à risque)

pour des raisons médicales. Toutefois, ces raisons ne peuvent constituer un motif pour passer outre

toutes les recommandations présentées précédemment.

La Fondation de France s’est alors posé la question de la sécurité et de la liberté et en a produit

un Guide Ethique. Il met en évidence que les établissements ont l’obligation de promouvoir la mobilité

et les déplacements des résidents. Il propose différents moyens pour tenir de tels engagements. Ainsi,

le guide suggère un aménagement de l’intérieur adapté, d’informer les soignants sur l’importance de

la mobilité, de proposer des dispositifs d’aide aux déplacements et de proposer des ateliers d’aide à la

marche. Des mesures de restriction ne doivent se faire que si elles sont strictement nécessaires et ne

doivent pas être disproportionnées par rapport aux risques encourus comme le rappelle l’article L311-

41. Il en va également que l’établissement doit respecter un protocole se rapprochant de celui de

l’HAS. (Fondation de France, 2016).

V. Equipe pluriprofessionnelle

A. Répartition des professionnelles dans les EPHAD

Pour commencer ce paragraphe destiné aux professionnels de santé, il convient de donner

une définition de ce terme. La DREES, dans son dossier sur « Des conditions de travail en EHPAD vécues

comme difficiles par des personnels très engagés » de 2016, définit le terme de « profession »

(synonyme du mot « métier ») comme faisant « l’objet de définitions règlementaires précises,

proposant notamment la liste des actes autorisés par catégories de métiers ». (MARQUIER Remy et et

al., 2016) La notion de poste, correspond à « l’ensemble des caractéristiques relatives à l’exercice

d’une activité dans le cadre d’une organisation donnée » (p. 4) toujours selon la DREES.

En 2016, selon un rapport du CNSA, il y a en moyenne 62,8 équivalent temps plein (ETP) pour

100 résidents. Les métiers les plus représentés en EHPAD sont les aides-soignants, les aides médico-

psychologiques et les assistants de soins en gérontologie avec 43% des ETP. Ensuite, 30% du personnel

sont des agents de service hospitalier. Les infirmiers représentent 10% des ETP. Le personnel des

services administratifs et des services généraux représente respectivement 5% et 7% des ETP. Avec

Page 31: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

23

une représentation de 1% chacun, viennent les médecins et les paramédicaux. La part du personnel

extérieur représente 2 % des ETP des EHPAD. (CNSA, 2017).

B. Le rôle des professionnels par rapport à la contention physique

Le code de la santé publique prévoit que l’infirmier peut accomplir des actes « visant à

identifier les risques de façon à assurer le confort et la sécurité de la personne et de son

environnement ». Seul le point 27 de l’article Art R4311-5 aborde la contention mais uniquement sur

le plan des complications. L’infirmier a alors pour rôle la « Recherche des signes de complications

pouvant survenir chez un patient porteur d’un dispositif d’immobilisation ou de contention ». L’Art

R4311-9 6° explique que l’infirmier est autorisé à la « Pose de dispositifs d’immobilisation », mais « à

condition qu’un médecin puisse intervenir à tout moment ».

Concernant l’aide-soignant, il exerce sa profession sous la responsabilité de l’infirmier pouvant

alors être amené à manipuler la contention pour prodiguer des soins (JORF n°264, Arrêté du 22 octobre

2005 relatif au diplôme professionnel d’aide-soignant., s. d.).

Les infirmiers et aides-soignants sont donc des professionnels très exposés à la mise en place

de la contention. Les sensibiliser en priorité paraît donc essentiel.

Les ergothérapeutes agissent quant à eux dans un objectif de promouvoir les habitudes de vie,

l’indépendance et l’autonomie de la personne en garantissant également sa sécurité comme il est

décrit dans le référentiel de compétence des ergothérapeutes. Alors, au vu des conséquences de la

contention (diminution de l’autonomie et de l’indépendance), l’ergothérapeute peut être sollicité pour

donner son avis sur la contention ou proposer des moyens de garantir l’autonomie et l’indépendance

de la personne.

Le référentiel d’activité de l’ergothérapeute indique que celui-ci peut être amené à informer

et former ses collègues. Il est possible que la promotion de l’autonomie et de l’indépendance soit un

sujet d’information. de la promotion de l’autonomie. Durant un temps de formation auprès de ses

collègues, l’ergothérapeute est en posture de sensibiliser et d’alerter sur la contention physique et ses

conséquences.

Page 32: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

24

C. Formations

Si une responsabilité des professionnels de santé est bien trouvée dans la mise en place d’une

contention physique, il reste à déterminer si leur formation initiale leur en offre la possibilité.

Il est écrit dans l’Arrêté du 22 octobre 2005 relatif au diplôme professionnel d’aide-soignant

que dans la formation, au module 4 qui concerne l’ergonomie, une partie théorique est dédiée à la

« Législation et déontologie concernant l’isolement, la contention, la limitation des mouvements et les

droits des patients ». Cette partie théorique s’inscrit dans la compétence « Utiliser les techniques

préventives de manutention et les règles de sécurité pour l’installation et la mobilisation des

personnes ». Ainsi, en collaboration et sous la responsabilité de l’infirmier, l’aide-soignant doit

notamment être capable d’appliquer des règles de prévention des risques liés aux pathologies et au

matériel médical et d’installer une personne en tenant compte de ses besoins.

Pour les infirmiers, le référentiel d’activité de l’Arrêté du 31 juillet 2009 relatif au diplôme

d’Etat d’infirmier indique dans la rubrique Surveillance de l’évolution de l’état de santé des personnes,

la « surveillance de personnes immobiles ou porteuses de dispositif de contention ». Dans la rubrique

suivante soins et activités à visée préventive, diagnostique, thérapeutique, il fait état de réalisation de

soins de plaie, de réparation cutanée, d’application de topique, d’immobilisation ou de contention. S’il

est bien écrit dans le référentiel d’activité du diplôme d’état des infirmiers que ceux-ci sont concernés

dans la mise en place de contention et sa surveillance, il n’est pas fait mention dans les compétences

nécessaires pour la validation du diplôme d’Etat de la contention et des techniques d’immobilisation.

Toutefois, la compétence 1 qui s’intitule : « évaluer une situation clinique et établir un diagnostic dans

le domaine infirmier » reprend plusieurs capacités permettant à l’infirmier d’établir une surveillance

et une évaluation efficaces de la personne sous contention.

L’Arrêté du 5 juillet 2010 relatif au diplôme d’Etat d’ergothérapeute ne fait pas mention de

contention physique et ou d’immobilisation d’une personne. Cependant, durant sa formation

d’ergothérapeute, l’étudiant est sensibilisé dans les compétences 2 et 4 au maintien de la « chaîne de

déplacement » par des modifications de l’environnement, l’apport d’aide technique et d’adaptation.

Pendant ses études, l’étudiant en ergothérapie aborde des sujets comme la gériatrie dans lesquels la

contention physique est potentiellement abordée.

Toutefois, les formations des soignants varient en fonction des instituts de formation et des

choix faits par les enseignants. Ainsi, l’approche aux problématiques est sans doute différente et

certains éléments ne sont pas toujours approfondis. Déjà cité dans la problématique, l’article de

Bagaragaza et al. (2016) sur « Les obstacles à l’adoption des recommandations concernant la

Page 33: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

25

contention physique passive » fait état du ressenti des professionnels sur leurs connaissances à propos

de la contention physique. Sur 27 soignants interrogés (aides-soignants et infirmiers) seuls deux ont

abordé le thème de la contention physique pendant leur études (Bagaragaza, Emmanuel, Vedel,

Isabelle et Cassou, Bernard, 2006). L’Avant-Propos des recommandations de l’ANAES « Limiter les

risques de la contention », fait déjà état en 2000 d’une faible présence dans les programmes de

formation des professionnels de santé des enjeux de la contention physique. (ANAES, 2000).

D. Communication au sein des équipes

Un point crucial pour les équipes est la communication entre ses membres. Avec la surveillance

que demande une personne à risque de chute ou une personne mise sous contention, la

communication au sein des équipes paraît un point essentiel pour la réussite de la prise en charge.

Pour respecter les recommandations, il faudrait qu’une contention soit réévaluée toutes les

24h. Par conséquent, cela implique dans un premier temps que l’heure de la pose de la contention

physique et ses raisons puissent être communiquées aux équipes suivantes. Cela relève donc de la

continuité des soins. TUIL et GIROU (1999) rappellent alors que la continuité des soins exige donc aux

équipes de se relayer. Cependant pour qu’il y ait continuité des soins il faut que les observations

essentielles soient restituées aux équipes prenant le relai lors de temps de transmission orale. (TUIL

Karen, GIROU Martine, 1999).

Cette nécessité de communication entre les équipes est également présente dans le cadre

d’essais d’alternatives à la contention. L’essai d’une alternative demande du temps et de l’observation.

Pour le suivi des informations, le personnel utilise les transmissions laissées dans le dossier du

patient. Ainsi, L’HAS définit ce dossier comme étant « le lieu de recueil et de conservation des

informations administratives, médicales et paramédicales, formalisées et actualisées, enregistrées

pour tout patient accueilli, à quelque titre que ce soit, dans un établissement de santé ». (HAS, 2003).

Cependant l’organisation de la communication et de l’échange d’informations des soignants

varie d’un établissement à un autre et même parfois d’un service à un autre. Certains établissements

privilégient la transmission par l’oral, d’autres par l’écrit, certains créent même des registres de

contention.

L’échange d’information au sein des équipes est un des maillons de l’accompagnement d’un

résident à risque de chute. Il rejoint une chaîne de facteurs qui vont influencer l’adversité de la

situation. Afin de déterminer l’ensemble de ces facteurs, il convient d’utiliser un modèle. Cela permet

d’éclaircir le contexte de ces risques.

Page 34: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

26

VI. Conceptualisation

Un modèle comme le Modèle de Développement Humain – Processus de Production du

Handicap (MDH—PPH2) permet de schématiser les concepts étudiés auparavant.

Le MDH-PPH2 est un modèle conceptuel qui a pour objectif d’expliquer les causes et conséquences

d’une pathologie ou d’un traumatisme sur la vie quotidienne d’un individu. Ce modèle propose une

classification de nomenclatures et des échelles de mesures pour les domaines conceptuels

interagissant entre eux tels que les habitudes de vie, les facteurs environnementaux et personnels sur

une période définie. (RIPPH, 2020).

Trois domaines conceptuels organisent ce modèle : les facteurs personnels, les facteurs

environnementaux et les habitudes de vie. Ces trois domaines sont en interaction ; ensemble ils

dressent alors un tableau de tous les risques à un moment donné. Ce modèle peut alors servir d’outils

pour évaluer le risque d’une potentielle chute et aiguiller les équipes sur un accompagnement adapté.

Les facteurs personnels se mesurent avec 2 échelles qui apprécient le système organique et les

aptitudes. S’y ajoute une liste de facteurs identitaires :

Figure 3-Processus de production du handicap, la version de 2010 (MDH-PPH2) de Réseau international sur le Processus de production du handicap (2020), riphh.qc.ca. Disponible sur : <https://ripph.qc.ca/modele-mdh-pph/le-modele/>

Page 35: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

27

- Systèmes organiques : il reprend les fonctions corporelles et peuvent tendre vers l’intégrité ou

la déficience. Dans cette catégorie, peuvent être placés les troubles et les pathologies vus en

deuxième partie du cadre théorique.

- Les aptitudes : ce sont les capacités à la réalisation d’une activité, elles se mesurent donc sur

une échelle allant de la capacité à l’incapacité. Les capacités de marche et de maintien de

l’équilibre sont des éléments importants dans la mesure du risque de chute.

- Les facteurs identitaires : sont des éléments culturels propres à un individu pouvant être

obstacles ou facilitateurs.

Les facteurs environnementaux se mesurent sur une échelle de l’élément allant de facilitateur à

obstacle dans la réalisation des habitudes de vie :

- Le facteur MACRO Sociétal : correspond à la politique de l’institut et de la représentation

juridique de la contention physique.

- Le facteur MESO Communautaire : Dans ce sujet, il fait référence aux connaissances et

pratiques des soignants, mais également aux positionnements de la famille.

- Le facteur MICRO Personnel : il représente l’aménagement de l’espace de la personne.

Les facteurs précédemment décrits influencent alors les habitudes de vie de la personne qui

comprend ses activités courantes et ses rôles sociaux. La personne se trouve alors soit dans un

situation de participation sociale soit en situation de handicap du fait qu’elle soit limitée.

Au vu de l’analyse de tous les facteurs cités précédemment, il est possible de les placer en

facteurs de risque et facteurs de protection. L’utilisation d’un modèle comme celui-ci prend alors tout

son sens quand-il s’agit de peser la balance des risques et bénéfices en faveur ou non de la mise en

place d’une contention.

Au terme de cette partie théorique, les concepts de la question de recherche ont été définis.

Ainsi, les EHPAD ont pour devoir de garantir la liberté d’aller et venir de leur résidents. Toutefois, le

personnel et la direction des établissements sont également préoccupés par le risque de la chute de

certains de leurs résidents qui présentent des facteurs de risques. Dans certains cas, il est décidé de

poser une contention physique pour éviter qu’ils ne chutent. Comme décrit précédemment, ce moyen

n’est pas infaillible et son utilisation soulève de nombreux points éthiques. Pour compléter cette

recherche documentaire, j’ai réalisé une enquête dont la méthodologie et les résultats sont présentés

ci-après.

Page 36: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

28

Partie Méthodologie

I. Rappel de la problématique

La question de recherche et les hypothèses issues de la problématique sont les suivantes :

Quelles alternatives à la contention physique chez les personnes âgées à risque de chute en EHPAD

un ergothérapeute, travaillant au sein d’une équipe pluri professionnelle, peut-il proposer ?

• Hypothèse 1 : Une sensibilisation aux professionnels sur l’intérêt de maintenir la marche

quotidienne, l’ergothérapeute peut limiter la mise en place de contention physique chez les

résidents à risque de chute.

• Hypothèse 2 : Délivrer une information sur les risques et conséquences néfastes d’une

contention physique peut amener les équipes soignantes à changer leurs pratiques.

II. Choix de l’outil

A. Outil

Pour recueillir l’avis d’un ensemble de professionnels, conséquence sur la faisabilité des

hypothèses précédemment citées, j’ai choisi d’utiliser un questionnaire pour effectuer une enquête

quantitative. En utilisant ce type d’outil, j’ai espoir de recueillir une quantité de réponses suffisantes

chez les différentes professions ciblées pour dégager une tendance. Outre l’avantage de pouvoir être

diffusé à un grand nombre de personnes, l’utilisation d’un questionnaire me permet également de ne

pas porter de jugement de valeur. En effet, avec ce questionnaire, j’interroge des professionnels sur

leur manière de considérer leur pratique et leur éthique. De plus, je questionne également les

professionnels sur leurs connaissances ; en entretien, il me serait difficile d’aborder les connaissances

sans mettre mal à l’aise un interlocuteur. Un questionnaire est, dans ce cas-là, un meilleur moyen de

garantir l’authenticité des réponses.

B. Population ciblée

Ce questionnaire s’adresse aux professionnels de santé travaillant en EHPAD et qui sont sujets

à la pose de contention physique chez les personnes âgées considérées comme à risque de chute. Afin

de pouvoir trier les réponses par professions, j’ai retenu trois catégories professionnelles. Dans un

premier temps, j’ai choisi les professions d’infirmiers car ce sont les professionnels qui peuvent poser

une contention avec l’accord du médecin, et d’aides-soignants car ils travaillent sous la responsabilité

des infirmiers ; ce sont également les professions les plus représentées dans les EHPAD. Dans un

Page 37: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

29

second temps, j’ai adressé ce questionnaire aux ergothérapeutes car, comme vu précédemment, ils

font partie des professions qui peuvent apporter une réflexion différente.

C. Construction du questionnaire

Le questionnaire présenté en Annexe 5 comporte 9 questions qui abordent les thèmes suivants :

- La participation à la mise en place d’une contention

- La connaissance sur les complications

- Les alternatives à la contention

La première partie de mon questionnaire est une entrée en matière. Je m’informe du poste

des répondants dans leur établissement (ergothérapeute, infirmier ou aide-soignant). Ensuite, je me

renseigne pour savoir s’ils ont déjà participé à la mise en place de contention pour éviter qu’un résident

ne chute. Puis je conclus cette partie avec une question sur les raisons qui les ont poussés à mettre en

place une contention dans une question à choix multiple avec la possibilité d’ajouter un commentaire.

Pour les réponses proposées, j’ai sélectionné des motifs qui ont été énoncés dans la problématique ou

le cadre théorique. Ainsi, les participants ont le choix entre cinq réponses possibles : par sécurité, par

manque de temps, par manque de personnel, à la demande de la famille ou à la demande du médecin.

J’ai volontairement fait le choix de parler de demande du médecin et non de prescription du médecin

pour voir si ce point allait être souligné dans l’espace commentaire.

Afin de répondre à ma seconde hypothèse sur l’intérêt de la sensibilisation, il fallait également

que je sache quelles étaient les connaissances des différentes catégories professionnelles sur les

risques de la contention (question 4). Pour cette question à réponse multiple, j’ai sélectionné 14

risques indiqués par l’HAS. Ces risques que j’ai sélectionnés me paraissent représenter un panel assez

important de risques, des plus évidents au moins évidents et qui concernent différents aspects d’un

individu (physique, psychique, de vie quotidienne). La question suivante a un rôle d’information pour

les participants. En effet, en reprenant la question précédente, j’informe que tous les risques présentés

existent et qu’ils sont inscrits dans les recommandations de l’HAS. Ainsi, je leur demande s’ils ont

connaissance de tous ces risques (question 5). Pour terminer cette partie, je leur demande si le fait de

prendre connaissance de tous ces risques pourrait leur faire modifier leur pratique en lien avec la

contention (question 6). Si leur réponse est négative, un espace commentaire est prévu pour recueillir

leurs arguments (question 6.2). Il m’a paru également intéressant de demander où les professionnels

de santé ont été informés de ces risques (formation initiale, formation spécifique, documentation, …)

(question 5.2). Un espace commentaire est disponible pour compléter les réponses déjà proposées.

Page 38: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

30

La dernière partie de mon questionnaire porte sur les alternatives. La question 7 s’intéresse à

la possibilité de mettre en place des alternatives dans leur établissement. Ainsi, je propose 7

alternatives présentées dans l’annexe 5 qui sont issues des recommandations de l’HAS, la réponse est

à choix multiple. Pour terminer, je questionne sur la possibilité de mettre en place un temps

d’accompagnement à la marche pour faire diminuer le nombre de contentions. Cette question porte

donc sur ma première hypothèse. Elle est suivie d’un espace commentaire qui permet au professionnel

d’exprimer pourquoi une telle action ne serait pas possible.

Dans ce questionnaire, un encadré permettant aux professionnels d’expliquer leurs choix et

points de vue sur différentes questions m’est apparu indispensable pour donner du sens aux réponses

et éviter ainsi des suppositions.

III. Diffusion

Ce questionnaire a été publié sur un Google Forms pour la simplicité de sa réalisation et la

possibilité de paramétrages (réponses multiples, réponses uniques). De plus, le format Google Forms

permet de récupérer les réponses sous forme de tableaux. Le lien d’accès au questionnaire a été

envoyé dans un premier temps par mail à cinquante-trois ergothérapeutes exerçant en EHPAD. Par la

suite, le questionnaire a été transmis par mail à vingt EHPAD mais cette tentative est restée sans

réponse. J’ai alors décidé de prendre contact avec une ergothérapeute qui est également

administratrice d’un groupe social spécialisé pour les ergothérapeutes travaillant en EHPAD sur un

réseau social. Ce groupe comptabilise à ce jour plus de deux mille adhérents. Ainsi, le questionnaire a

pu être relayé aux ergothérapeutes abonnés au groupe.

Pour que cette enquête atteigne les autres professions ciblées, j’ai accompagné le

questionnaire d’un message incitant les répondants (ergothérapeutes dans un premier temps) à le

transmettre à leurs collègues, en priorité aides-soignants et infirmiers.

IV. Limites

Dans la diffusion de ce questionnaire, j’ai rencontré des difficultés pour toucher les professions

d’aide-soignant et surtout d’infirmier. Mon échantillon d’infirmier est donc restreint. Seize infirmiers

ont répondu au questionnaire. Pour respecter la méthodologie, un échantillon de 30 infirmiers aurait

été nécessaire. Avec la crise sanitaire qu’a connu le pays (Covid-19), ces professionnels étaient moins

disponibles. Le recueil de données s’est donc arrêté au début de la crise.

Page 39: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

31

Le questionnaire a pour objectif de sensibiliser ; toutefois, la sensibilisation reste faible par le

seul biais d’un questionnaire.

L’authenticité des réponses n’est pas absolue. En effet, il est probable que certains participants

aient modifié leurs réponses après avoir avancé dans le questionnaire. Je n’ai pas moyen de le savoir.

Dans la troisième question, le terme « demande du médecin » peut porter à confusion. En

effet, pour moi il s’agit d’une demande qui émane du médecin, avec ou sans prescription. Cependant,

il est possible que quelques personnes l’aient interprétée comme une demande faite au médecin par

le personnel.

Page 40: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

32

Partie Analyse

I. Les participants

Le nombre total de réponses s’élève à 173. Les ergothérapeutes sont les professionnels de

santé les plus représentés avec un total de 103 réponses (soit 59,6%). Ensuite, viennent les aides-

soignants avec 54 réponses (31,21%) puis les infirmiers avec 16 réponses (9,25%).

II. La confrontation à la contention

Dans leur grande majorité, les professionnels de santé ont été confrontés au moins une fois

dans leur carrière à la mise en place d’une contention.

A la question : Avez-vous déjà mis en place une contention physique pour éviter qu’un

patient/résident ne chute ? 90,3% des ergothérapeutes ont répondu oui soit (93 sur 103 répondants),

8,7% indiquent ne jamais en avoir mis en place (9) et 1 ne se souvenait plus.

Les aides-soignants sont 92,6% à avoir déjà mis en place une contention (soit 50 sur 54). Ils

sont 7,4% à déclarer ne jamais l’avoir réalisé.

Les infirmiers sont au total 93,7% à déclarer avoir déjà mis en place une contention (soit 15

réponses sur 16). 6.3% ne disent avoir jamais mis en place de contention.

90

,3

92

,6 99

,8

91

,3

8,7

7,4

6,3 8,1

1 0 0 0,6

E R G O T H É R A P E U T E S A I D E S - S O I G N A N T S I N F I R M I E R S T O T A L

MISE EN PLACE D'UNE CONTENTION ( en %)

oui non je ne sais plus

Au total, 91,3% des répondants ont déjà mis en place une contention et 8,1% n’ont jamais

dû mettre en place de contention pour éviter à un patient qu’il ne chute. Ces chiffres montrent

une récurrence dans l’expérience des professionnels sur le terrain.

Tableau 1-Taux de soignants à avoir mis en place une contention physique

Page 41: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

33

III. La justification d’une contention

A la question : Si vous deviez mettre en place une contention physique, pour quelle(s) raison(s)

le feriez-vous ? (Plusieurs réponses possibles), on observe que deux raisons ressortent dans le

questionnaire. En effet, la sécurité et la demande du médecin ressortent plus que les autres raisons

quelques soient les professions questionnées. Au total, 60% des répondants ont estimé que la

contention est mise par sécurité et 75% qu’elle l’est à la demande du médecin. Toutefois, des disparités

ressortent entre les professions. Seuls 48,5% des ergothérapeutes pensent que la contention est mise

par sécurité alors qu’ils sont 100% chez infirmiers.

Le seul motif de la sécurité a été cité 25 fois, soit 14,4% des réponses avec représentation

plutôt égalitaire entre les professions. La demande du médecin comme seule raison a été citée 30 fois

soit 17,3% des réponses. Cette fois ci, la disparité est importante puisqu’aucun infirmier n’a déclaré la

demande du médecin comme seul motif contre 17% des ergothérapeutes et 12% des aides-soignants.

Les deux motifs de la sécurité et de la demande du médecin sont les réponses les plus

courantes données. Elles représentent 68,7% des réponses des infirmiers, 35% pour les aides-

soignants et 25% pour les ergothérapeutes. Au total, cette association représente 32% des réponses.

Le manque de temps et le manque de personnel sont les réponses les moins données, étant

citées respectivement 2,3 et 13,8%. Ces deux réponses n’ont jamais été données seules. Le manque

de temps étant toujours accompagné du manque de personnel. Le manque de professionnel dans le

service est également associé à la sécurité (4 fois) ou à la demande du médecin (5 fois), ou dans la

majorité des cas (13 fois), associé à la sécurité et la demande du médecin.

On remarque également que la famille a parfois un rôle favorisant la mise en place de la

contention dans certaines situations. 29 fois citée comme motif de mise en place de la contention, elle

représente donc 16,7% des réponses, avec une représentation quasi égale chez les ergothérapeutes

et les aides-soignants mais non présente chez les infirmiers. Toutefois, elle n’a jamais été présentée

comme le seul motif de contention étant la plupart du temps associée à la demande du médecin (27

fois).

Quelques soignants ont laissé des commentaires à cette question. Chez les ergothérapeutes,

certains (4 au total) ont spécifié que la contention n’est utilisée seulement après non-efficacité des

alternatives, d’autres (5) ont indiqué également que la décision est pluriprofessionnelle et une

personne y a ajouté que le bénéfice/risque est évalué. Un ergothérapeute a précisé que la contention

Page 42: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

34

est passagère en attendant de trouver une meilleure solution. Toujours chez les ergothérapeutes, une

personne a indiqué que la contention peut être mise en place pour reposer un résident qui

déambulerait beaucoup et serait en situation d’épuisement.

Un infirmier et un ergothérapeute ont cité un motif supplémentaire pour poser une contention

qui est la demande émanant du résident.

IV. Les risques de la contention

La quatrième question du questionnaire est la suivante : A quelles complications pensez-vous

exposer la personne âgée lorsque vous lui mettez une contention physique ? (Plusieurs réponses

possibles). 14 complications étaient citées. On constate que beaucoup de risques (présents dans les

recommandations de l’HAS) sont mal connus des professionnels de santé. Par ailleurs, les risques de

décès (asphyxie, strangulation) n’ont été cités que par 32,4% des soignants (20,8% pour l’asphyxie,

44% pour la strangulation). Les inégalités entres les professions sont très marquées. Si l’on additionne

toutes les réponses des répondants par profession et que l’on fait une moyenne des réponses, on

obtient une connaissance de :

- 63,8% des 14 risques cités pour les ergothérapeutes

- 47,7% pour les infirmiers

- 36,9% pour les aides-soignants

48

,5

70

,4

10

0

16

,5

9,3

6,2

5

2,9

0

6,2

5

71

,8 77

,8 87

,5

13

,6

13

0

E R G O T H É R A P E U T E S A I D E S - S O I G N A N T S I N F I R M I E R S

LES RAISONS DE LA MISE EN PLACE D'UNE CONTENTION (en %)

par sécurité par manque de professionnel

par manque de temps à la demande du médecin

à la demande la famille

La pose d’une contention est donc le résultat de plusieurs facteurs. On observe un

consensus autour de certaines raisons qui permet de dresser succinctement la vision qu’ont les

professionnels de la contention : un acte médical d’où la demande du médecin qui procure de la

sécurité.

Tableau 2-Graphique des raisons de mise en place d'une contention

Page 43: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

35

Dans une partie permettant aux professionnels d’ajouter eux-mêmes des conséquences,

beaucoup ont cité des effets sur le comportement et la psychologie, notamment l’impact sur l’estime

de soi et l’agitation.

Sur auto-évaluation de leurs connaissances, 21% des ergothérapeutes (22 sur 103) estiment

connaître tous les risques présentés, contre 5,5% chez les aides-soignants (3 sur 54) et aucun infirmier.

De manière globale, on observe une inégalité sur le niveau de connaissance que les professionnels

estiment avoir. Une majorité d’ergothérapeutes rapporte connaître tous ou la plupart des risques que

comporte la mise en place d’une contention alors que, chez les aides-soignants, ils sont plus nombreux

à penser n’avoir aucune ou peu de connaissances des risques.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

anxiété troubles de lacontinence

atrophiemusculaire

Escarre Confusion Strangulation Infectionnosocomiale

RISQUES DE LA CONTENTION (en %)

Ergothérapeutes Aides-soignants Infirmiers

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Asphyxie Dépression Perte del'appétit

Troubles del'équilibre

Perted'autonomie

Augmentationdu risque de

chute

Ostéoporose

Tableau 3-Graphique des risques de la contention physique

Page 44: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

36

Les inégalités des connaissances se poursuivent sur la formation autour de la contention. En

moyenne, 53,3% des professionnels ont appris les risques de la contention pendant leurs études, mais

ce chiffre fluctue d’une profession à une autre. En effet, seulement 38,9% des aides-soignants ont

bénéficié pendant leur formation initiale d’une information autour des risques de la contention, ce

chiffre s’élève à 52,4% chez les ergothérapeutes et à 75% chez les infirmiers.

Très peu de professionnels ont bénéficié d’une formation sur la contention pendant leur carrière.

Toutes professions confondues, ils représentent 10,4% de l’ensemble des soignants interrogés.

La formation auprès des pairs varie également d’une profession à l’autre. Les ergothérapeutes sont un

peu moins de 20% à avoir appris les risques par d’autres professionnels contre la moitié chez les

infirmiers.

L’auto-formation sur les risques de la contention par la lecture d’articles et de documents est citée par

52% des professionnels, mais toujours avec des disparités, avec un peu plus de 61% des

ergothérapeutes, 50% des infirmiers et 31,5% des aides-soignants. A de nombreuses reprises, les

soignants de toutes professions ont ajouté que l’expérience, l’observation et la pratique sont

également des vecteurs de connaissance sur les risques. Une ergothérapeute a expliqué qu’elle a

acquis ses connaissances lors de la préparation d’une formation sur les risques de la contention qu’elle

devait faire auprès de ses collègues.

Ergothérapeutes

Oui, tous

De la plupart

De quelques uns

Non, aucun

Aides-soignants

Oui, tous

De la plupart

De quelques uns

Non, aucun

Infirmiers

Oui, tous

De la plupart

De quelques uns

Non, aucun

Tableau 4-Taux de connaissance des risques

Page 45: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

37

Tableau 5-Graphique des apprentissages des risques

La question suivante porte sur un possible changement de pratique après une prise de

connaissance de tous les risques qu’engage la contention physique. 20,8% des participants au

questionnaire ont répondu « Oui, certainement » à la question « si vous êtes confronté(e) à une

nouvelle situation avec un résident/patient à risque de chute, est-ce que ce questionnaire pourrait vous

amener à modifier votre pratique ? » 41,6% y ont répondu « Peut-être » et 37,6% ont répondu « Non ».

Ainsi, 62,2% des professionnels ont alors insinué que ce questionnaire a eu un impact sur leur manière

de considérer leur pratique.

Pour les professionnels ayant répondu « non », plusieurs explications sont avancées. Principalement

chez les infirmiers, ceux-ci expliquent que la contention est posée sous prescription médicale et que

0

20

40

60

80

100

Formation initiale Formation sur la contention Par des collègues Articles, documentation

APPRENTISSAGE DES RISQUES (en %)Ergothérapeutes Aide-soignants Infirmiers

En général, les ergothérapeutes semblent mieux connaitre les risques de la contention.

Cela pourrait être une explication au fait qu’il sont moins nombreux à la considérer comme une

mesure de sécurité. Les ergothérapeutes ne considèrent pas ou peu que la contention est une

mesure de sécurité au vu des risques qu’elle fait encourir aux personnes qui y sont soumises.

Les formations des professionnels semblent différentes tant sur le fait d’aborder la

contention que sur son approche. En effet, les infirmiers semblent être les professionnels qui ont

le plus étudié la contention (75%) mais connaissent moins bien les risques qu’elles comportent.

Les professionnels ne semblent pas retenir le même discours sur la contention. Les

infirmiers étaient unanimes sur le fait que la contention était mise par sécurité contre une petite

moitié d’ergothérapeutes seulement. Doit-on encore y voir une sensibilité différente entre les

corps de métiers ?

Page 46: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

38

les conséquences d’une chute seraient plus graves que ce qu’une contention physique, utilisée en

dernier recours le plus souvent, pourrait provoquer.

Chez les ergothérapeutes, ce non s’explique par le fait que la contention est une prise de décision du

médecin qui doit se faire après une concertation pluriprofessionnelle avec évaluation du

bénéfice/risque. Dans certains établissements, des protocoles sont déjà élaborés pour permettre une

diminution des contentions. La politique du « zéro contention » est revenue plusieurs fois. La

contention est également proposée comme un dernier recours après un essai des différentes

alternatives. A deux reprises, des ergothérapeutes ont impliqué la famille des résidents : crainte de

leur réaction et volonté de la famille suivie par le médecin. Dans le même commentaire qui exprime la

crainte de la famille, la personne a également mentionné une crainte des « équipes ». Une seconde

personne explique être dans la contradiction avec ses collègues qui pensent agir dans l’intérêt du

patient lorsqu’ils mettent en place une contention afin de le sécuriser.

Concernant les aides-soignants, les arguments donnés reprennent ceux déjà cités en amont, à savoir :

une évaluation du bénéfice/risque, une utilisation en dernier recours et des conséquences de chute

pouvant être très importants. Des arguments supplémentaires sont aussi donnés comme un manque

de personnel et ce questionnaire ne suffit pas si il n’est pas suivi « d’un fait d’action ».

V. Des alternatives à la contention

La septième question propose certaines alternatives à la contention physique indiquées dans

le rapport de l’HAS. Les participants pouvaient alors choisir les alternatives qu’ils pourraient mettre en

place.

A l’exception d’une seule proposition, les ergothérapeutes ont toujours été majoritaires dans

les réponses. La modification de l’environnement étant la proposition récoltant le plus de réponses de

la part des ergothérapeutes (87,1%) et également de l’ensemble des professionnels (79,9%).

Les informations transmises à travers le questionnaire semblent avoir eu un impact auprès

de plusieurs répondants. Un changement de pratique est donc envisageable pour une majorité de

professionnels ; toutefois, ils sont nombreux à exprimer des conditions pour qu’une évolution soit

possible.

Page 47: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

39

Tableau 6-Graphisme des alternatives

Dans tous les exemples d’alternatives cités précédemment, 35,1% des professionnels

indiquent connaître tous ces moyens. Mais, là encore, des disparités entre les professions sont

retrouvées. Les ergothérapeutes sont 44% à répondre qu’ils connaissent tous ces moyens, contre 24%

chez les aides-soignants et 12,5% chez les infirmiers. La plupart des professionnels ont répondu en

connaître certains : 81% chez les infirmiers, 61% chez les aides-soignants et 52,4% chez les

ergothérapeutes. Rares sont les professionnels à n’en connaître aucun. Ils sont 2,% chez les

ergothérapeutes (soit 3 personnes sur 103) et 14% chez les aides-soignants (soit 8 sur 54).

Pour permettre de répondre à la première hypothèse sur la sensibilisation des professionnels

à l’intérêt de la marche quotidienne afin de prévenir de l’utilisation de la contention, une dernière

question porte spécifiquement sur cette alternative. Ainsi, à la question de savoir s’il est envisageable

d’installer un temps d’accompagnement quotidien à la marche pour les personnes à risque de chute,

57,5% des professionnels ont répondu oui ; 28,7% sont indécis et 13,8% sont plus catégoriques avec

un non.

Les professionnels qui ont répondu « non » ou « peut-être » ne remettent pas en cause cette

méthode mais les contraintes qui pèsent sur leur activité. En effet, ils ont invoqué un manque de temps

rendant impossible ce genre de prise en charge individualisé. Parfois, le manque de professionnel est

également cité en complément du manque de temps

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Promenade quotidienne

Soulager les douleurs

Activité physique adaptée

Mise à disposition d'aide technique à la marche

Modification de l'environnement

inciter à une plus grande autonomie du résident

Etablir un programme de mise aux toilettes

ALTERNATIVES A LA CONTENTION (en %)

infirmiers aides-soignants ergothérapeutes

Page 48: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

40

Tableau 7-Taux de possibilité d'instauration d'un accompagnement à la marche

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Oui Peut-être Non

INSTAURER UN ACCOMPAGNEMENT QUOTIDIEN À LA MARCHE (en %)

Ergothérapeutes Aides-soignants Infirmiers

Finalement, aucune proposition ne suscite vraiment un réel consensus pour les

professionnels de santé interrogés. Cette différence de réponses entre professionnels peut

émaner des principes de chaque profession. En effet, l’incitation à une plus grande autonomie du

résident a été davantage sélectionnée par les ergothérapeutes que par les autres professionnels.

La promotion de l’autonomie étant l’objectif de l’ergothérapie.

D’autres paramètres rentrent également en compte ; des professionnels voient avant tout

dans la mise en pratique de ces alternatives une réorganisation de leur travail qui paraît

inenvisageable au vu des contraintes qu’ils rencontrent déjà. Ce sont d’ailleurs les raisons qui sont

données par les professionnels qui ne pensent pas qu’un temps d’accompagnement à la marche

soit possible dans leurs établissements. Les aides-soignants sont les plus nombreux à être indécis

par cette proposition. En effet, la réduction de contention serait pour eux un moyen de gagner du

temps dans les soins qu’ils prodiguent mais est-ce que ce temps gagné serait suffisant pour ce

temps d’accompagnement à la marche ?

L’organisation du travail apparaît également dans les raisons de mise en place de la

contention. Un changement de pratique ne passera donc pas seulement par une prise d’initiation

individuelle.

Finalement, aucune proposition ne suscite vraiment un réel consensus pour les

professionnels de santé interrogés. Cette différence de réponses entre professionnels peut

émaner des principes de chaque profession. En effet, l’incitation à une plus grande autonomie du

résident a été davantage sélectionnée par les ergothérapeutes que par les autres professionnels.

La promotion de l’autonomie étant l’objectif de l’ergothérapie.

Page 49: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

41

Partie Discussion

Le questionnement de départ s’intéresse aux alternatives à la contention physique chez les

résidents d’EHPAD à risque de chute que peut proposer un ergothérapeute à l’équipe

pluriprofessionnelle. Le recueil de données ajouté à la partie théorique précédemment développée

permettent alors de faire apparaître des éléments de réponses aux hypothèses exposées en fin de

problématique qui sont :

- En sensibilisant les professionnels sur l’intérêt de maintenir la marche quotidienne,

l’ergothérapeute peut limiter la mise en place de contention physique chez les résidents à

risque de chute.

- L’information sur les risques et conséquences néfastes d’une contention physique peut

amener les équipes soignantes à changer leurs pratiques.

I. Représentation de la contention physique

Au vu des réponses recueillies par le questionnaire, la contention physique a bien pour

connotation la sécurité pour de nombreux professionnels de santé. En effet, il est vrai que le but

premier de la contention étant d’immobiliser une personne au fauteuil, le risque qu’elle tombe paraît

donc éliminé. Pourtant, comme le rappelle le Dr. PUISIEUX (2016) cette idée est fausse. Les études

montrent l’inverse avec même des conséquences plus dramatiques. Et au vu des effets secondaires

attribués à la contention physique, la protection qu’elle procure reste mince comparée à ses risques.

Alors, des professionnels ont justifié le choix de la contention physique indiquant que les

conséquences d’une chute seraient plus importantes que les effets de la contention. Pourtant, les

risques de la contention sont bien mal connus des professionnels. Leur prise de décision n’est alors pas

optimale dans ce contexte. De plus, si l’on se réfère aux données de l’HAS, moins de 20% des chutes

entraînent des blessures physiques qui ne sont pas systématiquement graves. Ce serait donc une peur

« infondée » des professionnels de santé qui les guiderait dans ce choix de la contention physique.

C’est du moins la vision d’un ergothérapeute indiquant que « malheureusement, les soignants

préfèrent de mettre une contention pour se rassurer car crainte de la chute ».

Une question éthique se pose donc : priver un individu de sa liberté d’aller et venir pour

garantir sa sécurité par peur qu’il ne chute, est-ce acceptable ? La liberté s’opposerait à la sécurité ?

Si le choix de la contention physique est présenté comme le choix de la sécurité, il n’en reste

pas moins qu’elle est remise en cause car ses promesses de sécurité ne sont pas à sa hauteur. Par

Page 50: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

42

ailleurs, les participants au questionnaire admettent que la contention est placée par échec des autres

moyens. Ils espèrent donc qu’elle est un moyen à court terme, « en attendant de trouver une meilleure

solution ». C’est donc que beaucoup de professionnels ont conscience du manque d’efficacité de la

contention, la considérant même comme le dernier recours, le dernier choix. Mais dans ce cas, lorsque

toutes les autres alternatives ont été essayées, le choix de la contention est-il vraiment le meilleur ?

Le Dr. Regnier pose alors cette question : « pourquoi est-il demandé aux soignants et aux médecins de

réduire à néant le risque de chute – « le » risque des vieux ? Ceux-ci se trouvant ainsi mis « sous cloche

» afin de ne plus courir le risque… de vivre, avec prescriptions médicales de contention à l’appui ? »

(Regnier, Chantal, 2011).

Le consentement et surtout le choix émis par la personne concernée par ces risques peuvent

être une réponse à cette problématique. Que veut-elle pour elle-même ? se savoir en sécurité ou

pouvoir faire ce qu’elle veut ? Effectivement, quelques professionnels soulignent dans le questionnaire

que le choix de la contention physique est une demande de la personne âgée elle-même. Je pense que

la question de l’éthique sur l’importance que l’on accorde à la sécurité et à la liberté pourrait faire

l’objet d’une recherche approfondie.

Toutefois, des programmes visant à réduire les chutes tout en respectant la liberté des

individus existent comme le programme « Pare à Chute » de l’ARS Ile-de-France. Basé sur

« l’amélioration du dépistage, l’adaptation de la prévention et le partage d’expérience sur les chutes

graves », il bannit l’utilisation de la contention physique. (ARS Ile-de-France, 2018).

Ce type de démarche ne se fait pas au niveau individuel mais bien institutionnel. La politique

de l’établissement est donc primordiale pour ces initiatives.

II. La place de l’institution

A. La contention physique

Les habitudes ont parfois la vie dure, en tous cas c’est ce que défend un ergothérapeute qui

explique ne pas pouvoir diminuer l’utilisation de la contention car cela relève d’une « Politique

d'établissement. Habitudes difficiles à changer ». La direction d’un établissement occupe une place

centrale dans l’utilisation de la contention par les professionnels de santé. Par différents vecteurs, elle

influence volontairement ou non le recours à la contention.

Page 51: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

43

Au détour du questionnaire, de nombreux professionnels ont précisé travailler dans des

établissements pratiquant le « zéro contention » ou ayant entamé un programme de réduction de la

contention physique. C’est aussi ce que m’a expliqué l’ergothérapeute contactée lors de mon entretien

exploratoire, indiquant que plus aucune contention physique n’est utilisée depuis que l’établissement

s’est inscrit dans une pratique de l’Humanitude. En conséquence, les équipes de soins ont été formés

aux alternatives de la contention. La démarche de cet établissement est confortée par l’étude de

Capezuti (1998), qui démontre que les établissements qui réduisent l’utilisation de la contention

physique enregistrent une baisse du nombre de chutes.

La direction d’un établissement a donc le moyen d’impulser des projets comme ceux-ci.

Emanant de cette démarche, l’organisation de la prise en charge autour des personnes à risque de

chute évolue. Les répondants au questionnaire, particulièrement les ergothérapeutes, décrivent la

mise en place d’un protocole autour de la contention. La décision se fait maintenant en équipe

pluriprofessionnelle sur un temps qui est parfois dédié à cette problématique. Comme préconisée par

l’HAS, une balance des bénéfices/risques est réalisée après une évaluation exhaustive des facteurs de

risques. Une partie de la réflexion pluriprofessionnelle porte sur l’aspect éthique.

Si l’institution a la possibilité de faire diminuer l’utilisation des contentions, elle a également

la responsabilité de son utilisation exagérée. En première partie de questionnaire, les personnels

soignants sont invités à décrire les motifs d’utilisation de la contention. Finalement, même si peu cités

par les professionnels, le manque de temps ou/et le manque de personnel font partie des motifs de

mise en place de la contention. Jamais cités seuls, on peut penser que ce sont des éléments favorisant

sa pratique. Une aide-soignante témoigne que c’est « le système qui nous "oblige" à ce système par

manque de personnel », elle poursuit son témoignage en expliquant être parfois seule dans une UVA

avec 18 résidents. Elle se trouve donc dans l’impossibilité de faire autrement. Elle doit mettre une

contention à un résident qui « se met en danger » selon ses termes, le temps de prodiguer un soin à

un autre résident.

B. Les alternatives

Si le manque de temps et de personnel sont peu cités pour les motifs de mise en place de la

contention, ils sont les principaux obstacles à la mise en place d’une alternative à la contention

comprenant un accompagnement individualisé à la marche pour les résidents à risque de chute.

Présenté dans les recommandations de l’HAS et également utilisé dans une USLD ou Quentin Bernard

(2013) témoigne :

Les personnes ne sont pas contenues, on les fait marcher chaque jour, même à petits pas, même

sur la pointe des pieds. Il y a davantage de chutes qu’ailleurs, mais elles sont moins graves. Il y a

Page 52: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

44

moins de fractures, ce qui signifie moins d’hospitalisations et moins de mortalité. (Quentin,

Bertrand, 2013, p.117)

57,5% des professionnels interrogés estiment que cet accompagnement est possible dans leur

établissement. Ces résultats sont donc en faveur de ma première hypothèse qui porte sur la

sensibilisation des professionnels au maintien de la marche quotidienne chez les résidents à risque de

chute. Cependant, 13,8% sont catégoriques sur l’impossibilité de mettre en place un tel programme

compte tenu de contraintes organisationnelles. La question à quel professionnel revient cet

accompagnement s’est aussi posée par une ergothérapeute. Elle insinue que cette prise en charge

revient aux aides-soignants et termine son message en disant que « c’est aux établissements et

directeurs de donner les moyens nécessaires pour cela ». Car oui, les aides-soignants ne remettent pas

en cause cette méthode, ils déplorent ne pas avoir de temps pour une telle prise en charge.

Toutefois, si le temps n’est pas suffisant pour les professionnels de santé dans le service, il est

envisageable de solliciter la famille. Cela peut se faire en proposant d’effectuer une petite marche dans

le couloir avec leur proche en expliquant les bienfaits. Un professionnel de santé est éventuellement

présent la première fois. Par la suite les allées et venues du personnel dans le service est une présence

rassurante pour les familles. L’information auprès des familles est donc essentielle.

C. La formation

Toutes les professions interrogées dans ce questionnaire nécessitent un diplôme d’état. Or,

comme développé dans la partie théorique, il n’est pas évident de savoir si les risques de la contention

sont toujours enseignés aux étudiants. Le questionnaire confirme que la formation n’est pas

équivalente chez tous les professionnels. Ils sont un peu plus de la moitié à avoir abordé les risques de

la contention durant leurs études, avec une grande disparité entre les professions. Certains

professionnels se rendent compte que cette différence de niveau est un frein pour une évolution des

pratiques, une ergothérapeute témoigne : « Il faut changer et augmenter les connaissances des autres

professionnels »

Ce manque de connaissances n’est pas rattrapé dans les formations proposées par les

établissements. Les aides-soignants sont un peu plus nombreux à disposer de ces formations (ils sont

également plus nombreux dans les EHPAD que leurs collègues ergothérapeutes et infirmiers) mais cela

ne permet pas de combler les écarts.

Pourtant, la formation du personnel est primordiale. C’est du moins ce que préconise l’ARS Ile-

de-France dans son programme « Pare à Chute ». En effet, s’il est demandé aux établissements une

« mise en œuvre d’une politique de gestion du risque de chute », la direction se doit aussi de fournir

Page 53: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

45

un « effort particulier fait sur la formation des professionnels ». Ce programme est très apprécié des

professionnels. L’ARS cite une dernière amélioration des pratiques professionnelles : une « plus grande

importance accordée à la communication entre professionnels et vis-à-vis des patients et de leur

entourage. » (ARS Ile-de-France, 2018).

D. Le travail d’équipe

Décrit comme essentiel pour assurer une prise en soins efficace pour les résidents, il semble

que ce concept ne soit pas appliqué partout. Un ergothérapeute répondant au questionnaire explique

avoir « Peur […] des équipes ». La vision de la situation peut être différente au sein des équipes comme

le précise un autre ergothérapeute : « mais la pression de l'équipe soignante (IDE,AS) est plus forte et

le médecin finit par prescrire la contention ». La question de la contention met des membres d’équipe

en désaccord.

Il est difficile de mettre toute une équipe d’accord. Certains professionnels témoignent ne pas

être toujours d’accord avec la pose de la contention mais ne pas avoir le choix car la prescription est

posée. Une aide-soignante explique ne pas pouvoir remettre en question la décision du médecin.

Cependant, de nombreuses personnes font état de « décision, de réflexion pluriprofessionnelle » ou de

« vision complète de l’équipe ». Alors, même si cette méthode ne garantit pas une démocratie parfaite,

elle permet au moins de lancer les débats et d’échanger autour des solutions. Ainsi, même si après ses

échanges sur les risques et les bénéfices, ils ne trouvent pas un terrain d’entente, c’est au médecin

d’arbitrer. Toutes les parties ne sont pas satisfaites mais doivent s’en tenir à la décision.

Pour aller plus loin, il serait intéressant d’interroger les praticiens en EHPAD afin de savoir

comment ils se positionnent face à la contention physique et aux questions éthiques qu’elle fait

émerger. Un questionnaire supplémentaire pourrait alors permettre de déterminer si la prescription

du médecin répond à une situation qu’il évalue lui-même comme dangereuse ou si son jugement est

orienté par la demande des équipes de soins.

La collaboration entre les professionnels permet donc de statuer sur la mise en place de la

contention. En amont d’une situation problématique, cette collaboration permet également à des

professionnels d’établir une ligne de conduite ou de rédiger un protocole propre à l’établissement.

C’est ce que décrivent plusieurs professionnels qui travaillent en commun pour écrire une procédure

adaptée aux situations qu’ils rencontrent.

Page 54: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

46

III. La famille et les proches

Dans deux réponses au questionnaire, la famille a été associée à la décision de mettre une

contention ou non. L’inclusion de la famille est ambiguë. Représente-t-elle vraiment la voix de la

personne âgée concernée, dans ce cas-là elle permet de mieux faire entendre la volonté de l’individu,

ou va-t-elle surprotéger son aîné, ne prenant pas en compte sa volonté mais seulement sa santé. Dicté

par ses sentiments, l’avis de la famille ne paraît pas toujours objectif.

La famille exercer parfois une pression sur les équipes de soins, un ergothérapeute explique

avoir « Peur de la famille […] », un autre surenchérit « […] malgré l'exposition de toutes ses

complications, si la famille veut la contention et que le médecin suit la décision de la famille, alors nous

sommes dans l'obligation de la mettre ».

Le Dr. Regnier met en garde contre les conflits familiaux. Ils doivent être repérés et le secret

médical doit être protégé « dans tout ce qui n’est pas indispensable à la compréhension et à

l’argumentaire du moment ». Le résident peut faire l’objet d’une position vengeresse de la part de ses

proches. Le personnel doit alors faire attention de ne pas prendre parti et à toujours garantir le droit

de son patient d’exprimer sa volonté et choisir pour lui. (Regnier, Chantal, 2011).

IV. Place de l’ergothérapeute

Pour répondre à ma seconde hypothèse sur la possibilité de faire diminuer l’utilisation de la

contention en sensibilisant les professionnels à ses effets secondaires, je peux dire que les résultats de

cette recherche se montrent favorables. En effet, le questionnaire comprend une partie sur

l’information du risque sous forme de question. Ainsi, certains professionnels ont pu se rendre compte

qu’ils n’ont pas conscience de tous les risques. Ils sont alors 62,2% à indiquer que cette prise de

conscience de risque modifie leur comportement vis-à-vis de la contention. Nous sommes alors sur un

simple questionnaire. Je pense donc qu’une action plus spécifique, avec un temps d’échange et de

partage de pratiques, accompagnée d’une réflexion en équipe sur la manière de faire autrement

pourrait donc avoir un réel impact dans leur pratique.

Cette conviction m’est renforcée par le commentaire d’une aide-soignante : « hélas, un

questionnaire reste un questionnaire, il faut que cela soit suivi de fait d'action ».

Cet action plus spécifique pourrait alors être faite par l’ergothérapeute. En effet, le conseil et

la transmission d’informations auprès des autres professionnels font partie des compétences de

Page 55: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

47

l’ergothérapeute. Les ergothérapeutes sont les professionnels qui semblent le mieux connaître les

risques de la contention. Ils sont également les plus au fait des alternatives à la contention physique.

Une ergothérapeute répondant au questionnaire explique que l’établissement l’a sollicitée

pour former ses collègues sur les risques de la contention physique. Agissant dans l’intérêt de

l’indépendance et de l’autonomie des résidents, l’ergothérapeute paraît donc légitime pour défendre

la non-utilisation de la contention auprès de ses collègues.

En outre, l’ergothérapeute dispose également d’une compétence de conseil auprès des

familles. Comme vu précédemment, les familles influencent sur le choix de la contention physique.

L’ergothérapeute pourrait également informer les familles sur les risques de la contention physique et

les sensibiliser aux besoins d’autonomie et d’indépendance de leur proches.

Pour revenir sur la réflexion des familles qui accompagnent leur proches à la marche,

l’ergothérapeute pourrait alors intervenir dans ce processus d’implication des familles.

Il y a bien d’autres aspects sur lesquels l’ergothérapeute peut intervenir dans un contexte de

risque de chute pour éviter la mise en place de contention : modifications de l’environnement, prise

en charge autour des habitudes de vie, préconisation d’aide technique à la marche, mise en place

d’atelier d’entraînement à la marche ou de gym douce, … . Tous ces moyens de lutter contre le risque

de chute sont abordables pour un ergothérapeute mais s’éloignent des hypothèses de départ et

demanderaient une recherche à part entière.

Page 56: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

48

Conclusion

Ce mémoire d’initiation à la recherche m’a permis de mieux appréhender la complexité des

questions éthiques auxquelles sont confrontés les soignants. La sécurité est une préoccupation du

corps médical mais la liberté est un droit fondamental pour tous.

L’utilisation de la contention physique engage des préjudices physiques et psychologiques

pour les personnes âgées. Malgré des recommandations de l’HAS visant à limiter son utilisation, celle-

ci est toujours en vigueur dans de nombreux EHPAD. L’objectif de ce travail de recherche est donc de

démontrer que la réduction de l’utilisation de la contention est possible dans les EHPAD. Dans ce

contexte, l’ergothérapeute est en mesure de proposer une sensibilisation à ses collègues sur les risques

de la contention physique. Au vu de ses connaissances et de sa compétence d’information et de

formation, il peut faire prendre conscience que d’autres pratiques sont possibles. Il peut alors proposer

des alternatives comme la mise en place d’un accompagnement à une marche quotidienne pour les

résidents à risque de chute qui est à l’origine de la mise en place de la contention. Certains

établissements sont déjà dans cette perspective. Même si ce changement de pratiques n’est pas

évident pour tous, beaucoup de personnels sont volontaires pour de nouvelles démarches. Pour

parvenir à changer la culture des établissements, une implication de tous les acteurs est nécessaire.

Aucune alternative n’est véritablement infaillible. Les risques ou du moins un risque est

toujours présent, peu importe la solution choisie. Une acceptation du risque est donc nécessaire par

tous les autres acteurs. Et quitte à accepter le risque, autant que ce soit celui qui profite à nos aînés.

Une nouvelle problématique émane : comment informer correctement le résident et recueillir son

consentement ?

Page 57: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

49

Bibliographie

ACKERMANN, M. (2008) Les alternatives à la contention au fauteuil en institution. Dans : Ergothérapie. Ergothérapie en gériatrie : approches cliniques. Marseille : Solal, p. 233‑242.

Agnès Ligios (2012) L’impact de l’alitement chez la personne âgée démente. Soins Gérontologie, 17(95), p. 22‑25.

ANAES (2000) Limiter les risque de la contention physique de la personne âgée. Evaluation des pratiques professionnelles dans les établissement de santé.

ARS Ile-de-France (2018) Pare à chute, maîtriser le risque de chute. La santé avance en Île-de-France. Disponible sur : http://www.iledefrance.ars.sante.fr/pare-chute-maitriser-le-risque-de-chute [Consulté le 20/04/20].

Bagaragaza, Emmanuel, Vedel, Isabelle et Cassou, Bernard (2006) Les obstacles à l’adoption des recommandations concernant la contention physique passive. Gerontologie et societe, 29 / n° 116(1), p. 161‑170.

Bloch F. and al. (2009) Can metabolic abnormalities after a fall predict short term mortality in elderly patients? Eur J Epidemiol, (24), p. 357‑362.

Büchele, Gisela et al. (2014) Predictors of serious consequences of falls in residential aged care: analysis of more than 70,000 falls from residents of Bavarian nursing homes. Journal of the American Medical Directors Association, 15(8), p. 559‑563.

Capezuti, E. et al. (1998) The relationship between physical restraint removal and falls and injuries among nursing home residents. The Journals of Gerontology. Series A, Biological Sciences and Medical Sciences, 53(1), p. M47-52.

CNSA (2017) La situation des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) en 2016. CNSA. Disponible sur : https://www.cnsa.fr/actualites-agenda/actualites/la-situation-des-etablissements-dhebergement-pour-personnes-agees-dependantes-ehpad-en-2016 [Consulté le 21/02/20].

Cumming, R.G. et al. (2000) Prospective study of the impact of fear of falling on activities of daily living, SF-36 scores, and nursing home admission. The Journals of Gerontology. Series A, Biological Sciences and Medical Sciences, 55(5), p. M299-305.

Département de la qualité et de la performance - direction de la qualité et de la gestion des risques - CHU Hopitaux de Bordeaux (2013).

DICOM Jocelyne.M (2020) Personnes âgées : les chiffres clés. Ministère des Solidarités et de la Santé. Disponible sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/archives/loi-relative-a-l-adaptation-de-la-societe-au-vieillissement/article/personnes-agees-les-chiffres-cles [Consulté le 23/01/20].

Ejaz, F.K., Jones, J.A. et Rose, M.S. (1994) Falls among nursing home residents: an examination of incident reports before and after restraint reduction programs. Journal of the American Geriatrics Society, 42(9), p. 960‑964.

Page 58: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

50

Fondation de France (2016) Guide éthique. « Quand sécurité et liberté d’aller et venir s’opposent en EHPAD ».

Fondation Médéric Alzheimer (2018) Une exploitation de l’enquête nationale sur les dispositifs de prise en charge et d’accompagnement de la maladie d’Alzheimer. (49‑50).

Fougeyrollas, Patrick, Cloutier, René et Bergeron, Hélène (1998) Classification québécoise : processus de production du handicap. Canada : Réseau International sur le Processus de Production du Handicap.

GEORGE, Delphine (2013) La chute d’origine mécanique existe-t-elle chez la personne âgée ? Lille : Faculté de Medecine Henri Warembourg.

HAS (2003) Dossier du patient : Réglementation et recommandations. Disponible sur : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2009-08/dossier_du_patient_-_fascicule_1_reglementation_et_recommandations_-_2003.pdf.

HAS (2004) Liberté d’aller et venir dans les établissements sanitaires et médico-sociaux, et obligation de soins et de sécurité. Disponible sur : https://www.has-sante.fr/jcms/c_272394/fr/liberte-d-aller-et-venir-dans-les-etablissements-sanitaires-et-medico-sociaux-et-obligation-de-soins-et-de-securite [Consulté le 11/11/19].

HAS (2005) Préventions des chutes accidentelles chez la personne agée. Disponible sur : https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/Prevention_chutes_recos.pdf [Consulté le 29/03/19].

HAS et Société Française de Gériatrie et Gérontologie (2009) Evaluation et prise en charge des personnes âgées faisant des chutes répétées. Disponible sur : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2009-06/chutes_repetees_personnes_agees_-_argumentaire.pdf [Consulté le 03/02/20].

Humanitude. (2020) Disponible sur : http://www.humanitude.fr/ [Consulté le 12/12/19].

INSEE (2018) Tableaux de l’économie française - Personnes âgées dépendantes. Insee. Disponible sur : https://www.insee.fr/fr/statistiques/3303484?sommaire=3353488 [Consulté le 02/05/20].

Inserm (2014) Définitions, épidémiologie et conséquences des chutes. Dans : Activité physique et prévention des chutes chez les personnes âgées. Les éditions Inserme. Paris.

Inserm (2015) Chutes chez les personnes âgées. Dans : Activité physique et prévention des chutes chez les personnes âgées.

Inserm (2017) Arthrose - La maladie articulaire la plus répandue. Inserm - La science pour la santé. Disponible sur : https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/arthrose [Consulté le 01/03/20].

Institut National de Veille Sanitaire (InVS) (2009) L’état de santé de la population en France-Suivi des objectifs annexés à la loi de santé publique -Objectif 99 : Problèmes de santé spécifiques à des groupes de population. Chutes des personnes âgées.

Jean-Christophe Corvol (2015) Parkinson (maladie de). Inserm - La science pour la santé. Disponible sur : https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/parkinson-maladie [Consulté le 23/01/20].

Page 59: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

51

John W. Rowe, Robert L. Kahn (1987) Human Aging : Usual and Successful. Science, 237(4811), p. 143‑149.

JORF n°0156, Arrêté du 5 juillet 2010 relatif au diplôme d’Etat d’ergothérapeute. Disponible sur : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000022447668&categorieLien=id [Consulté le 27/03/20].

JORF n°0181, Arrêté du 31 juillet 2009 relatif au diplôme d’Etat d’infirmier. Disponible sur : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020961044&categorieLien=id [Consulté le 27/03/20].

JORF n°264, Arrêté du 22 octobre 2005 relatif au diplôme professionnel d’aide-soignant. Arreté du 22 octobre 2005 relatif au diplome professionnel d’aide-soignant. Disponible sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/fichiers/bo/2006/06-01/a0010052.htm [Consulté le 14/03/20].

Larousse (2010) Larousse, Le Petit Larousse Illustré. Larousse. Paris.

Marianne Muller (DREES) (2017) 728 000 résidents en établissements d’hébergement pour personnes âgées en 2015. Paris : Ministère des Solidarités et de la Santé.

MARQUIER Remy et et al. (2016) Des conditions de travail en EHPAD vécus comme difficiles par des personnels très engagés. DREES.

Ministère des solidarités et de la santé (2019) Les EHPAD | Pour les personnes âgées. Portail national d’information pour l’autonomie des personnes âgées et l’accompagnement de leurs proches. Disponible sur : https://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/choisir-un-hebergement/vivre-dans-un-etablissement-medicalise/les-ehpad#a-qui-s-adressent-les-ehpad-nbsp- [Consulté le 08/10/19].

MOUCHET, Marie-Claude (2003) La contention : pourquoi faire et surtout ne pas faire ? Soins gérontologie, (41), p. 41‑45.

Murphy, J. et Isaacs, B. (1982) The post-fall syndrome. A study of 36 elderly patients. Gerontology, 28(4), p. 265‑270.

ONU (2015) Universal Declaration of Human Rights. Nations Unies. Disponible sur : https://www.un.org/fr/universal-declaration-human-rights/ [Consulté le 11/02/20].

Palazzolo Jérôme (2004) Contention et perspectives thérapeutiques. Santé mentale, (86), p. 40.

PUISIEUX, François (2016) Contention : risque et alternative. Pare à Chute | ARS. Disponible sur : https://www.iledefrance.ars.sante.fr/system/files/agence_r_gionale_de_sant_ile_de_france/Texte_chute5_18.pdf [Consulté le 20/04/20].

Quentin, Bertrand (2013) La contention ? Mais on ne peut pas faire autrement ! Gerontologie et societe, 36 / n° 144(1), p. 111‑119.

Regnier, Chantal (2011) Recevoir le consentement en gériatrie. Laennec, Tome 59(4), p. 38‑48.

Réseau francophone de prévention des traumatismes et de promotion de la sécurité et al. (2005) Prévention des chutes chez les personnes âgées à domicile: référentiel de bonnes pratiques. Saint Denis, France : Éditions Inpes.

Page 60: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

52

RIPPH (2020) Réseau international sur le Processus de production du handicap. Disponible sur : https://ripph.qc.ca/ [Consulté le 15/03/20].

Rubenstein, Laurence Z. et Josephson, Karen R. (2002) The epidemiology of falls and syncope. Clinics in Geriatric Medicine, 18(2), p. 141‑158.

Rubenstein, L.Z. et al. (1988) Falls and instability in the elderly. Journal of the American Geriatrics Society, 36(3), p. 266‑278.

SARAGONI, A. et MALAPEL-EMPIS, H. (2013) Regard des ergothérapeutes sur la contention physique. Dans : Rencontre en réadaptation. Expériences en ergothérapie. Montpellier : Sauramns médical, p. 118‑127.

Schoenenburg, Sylvie et al. (2015) Les dimensions psychologiques de la chute. Soins Gérontologie, 20-n°112, p. 39‑42.

Sylliaas H. and al. (2009) Does mortality of the aged increase with the number of falls? Results from a nine-year follow-up study. Eur J Epidemiol, (24), p. 351‑355.

Thélot Bertrand et al. (2017) La surveillance épidémiologique épidémiologique des chutes chez les personnes âgée en France. Santé publique France, p. 328‑335.

TUIL Karen, GIROU Martine (1999) Le chevauchement entre équipes du matin et d’après-midi à l’hôpital : un temps à restituer au patient. Paris : Assistance Publique-Hôpitaux de Paris. (A.P.H.P.). Institut de Formation des Cadres de Santé.

VERGER, Philippe (2013) La politique du médicament en EHPAD. Disponible sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_Politiquedu_medicament_en_EHPAD_final.pdf.

Page 61: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

I

Annexe

Annexe 1. - Réseau francophone de prévention des traumatismes et de promotion de la sécurité ...... I

Annexe 2 - HAS : Facteurs intrinsèques de risque de chute chez les personnes âgées (adapté de

Dargent-Molina) ...................................................................................................................................... II

Annexe 3 – Algorithme décisionnel ........................................................................................................ III

Annexe 4 – référentiel de pratique pour la contention ......................................................................... IV

Annexe 5 – HAS : alternative à la contention .......................................................................................... V

Annexe 5 – Questionnaire ...................................................................................................................... VI

Annexe 6 – Réponses rédigées du questionnaire (questions 6.2 et 9.2) ............................................... VI

Annexe 1. - Réseau francophone de prévention des traumatismes et de promotion de la sécurité

Page 62: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

II

Annexe 2 - HAS : Facteurs intrinsèques de risque de chute chez les personnes âgées (adapté de

Dargent-Molina)

Page 63: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

III

Annexe 3 – Algorithme décisionnel

Page 64: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

IV

Annexe 4 – référentiel de pratique pour la contention

Page 65: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

V

Annexe 5 – HAS : alternative à la contention

Page 66: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

VI

Annexe 5 – Questionnaire

1/Quel poste occupez-vous dans votre établissement ? *

Ergothérapeute Infirmier(ère) Aide-soignant(e)

2/Avez-vous déjà mis en place une contention physique pour éviter qu’un patient/résident ne chute

? *

Non, jamais Oui Je ne m’en souviens plus

3/Si vous deviez mettre en place une contention physique, pour quelle(s) raison(s) le feriez-vous ?

(Plusieurs réponses possibles) *

□par sécurité

□par manque de professionnels dans le service

□par manque de temps

□à la demande du médecin

□à la demande de la famille

□Autre :

4/A quelles complications pensez-vous exposer la personne âgée lorsque vous lui mettez une

contention physique ? (Plusieurs réponses possibles)

□Anxiété

□Troubles de la continence

□Atrophie musculaire

□Escarre

□Confusion

□Strangulation

□Infection nosocomiale

□Asphyxie

□Dépression

□Perte d'appétit

□Troubles de l'équilibre

□Perte d'autonomie

□Augmentation du risque de chute

□Ostéoporose

□Autre : _______________________________

5/Aviez-vous connaissance de tous ces risques présents dans les recommandations de l’HAS (Haute

Autorité de Santé) sur l’utilisation de la contention physique ? *

Oui, tous De la plupart De quelques-uns Non, aucun

5.2/Si oui, de la plupart ou de quelques-uns, à quel(s) moment(s) les aviez-vous appris ?

□pendant votre formation initiale

□lors d’une formation sur la contention

□à la lecture d’articles, de documents

□par d’autres collègues

Page 67: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

VII

□Autre : _______________________________

6/si vous êtes confronté(e) à une nouvelle situation avec un résident/patient à risque de chute, est-ce

que ce questionnaire pourrait vous amener à modifier votre pratique ? *

Oui, certainement Peut-être Non

6.2/Si non, pour quelles raisons ?

_______________________________

7/Que pourriez-vous mettre en place comme alternative à la contention ? (Plusieurs réponses

possibles) *

□ promenade quotidienne

□ soulager les douleurs

□ activité physique adaptée

□ mise à disposition d’aides techniques à la marche

□ modification de l’environnement

□ inciter à une plus grande autonomie du résident

□ établir un programme de mise aux toilettes

8/Tous les exemples cités précédemment sont présentés par l’HAS comme des alternatives à la

contention qui ont été testées avec succès en maison de retraite. Les connaissiez-vous ? *

Oui, tous

Certains

Aucun

9/Un temps quotidien d'accompagnement à la marche est présenté comme un moyen de réduire les

chutes ou du moins leur gravité. Il peut être une alternative à la contention physique. Pourriez-vous

envisager de mettre en place ce temps d’accompagnement à la marche avec des résidents considérés

comme à risque de chute ? *

Oui

Peut-être

Non

9.2/Si non, pour quelle(s) raison(s) ?

_______________________________

Page 68: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

VI

Annexe 6 – Réponses rédigées du questionnaire (questions 6.2 et 9.2)

Profession 6.2/Si non, pour quelles raisons ? 9.2/Si non, pour quel(s) raison(s) ?

Question précédente : 6/si vous êtes confronté(e) à une nouvelle situation

avec un résident/patient à risque de chute, est-ce que ce questionnaire pourrait vous amener à modifier votre pratique ?

Question précédente : 9/Un temps quotidien d'accompagnement à la marche est présenté comme un moyen de réduire les chutes ou du moins leur gravité. Il peut être une alternative à la contention physique. Pourriez-vous envisager de mettre en place ce temps d’accompagnement à la marche avec des résidents considérés comme à risque de chute ?

Infirmier L'utilisation de la contention se fait vraiment en dernier recours et on essaye déja de la limiter au max.

Infirmier Toujours bénéfice risque évalué en équipe Les as n'ont pas assez le temps, les kinés ou l'ergo le font, mais c'est trop court pour enlever une contention ...

Infirmier Manque de temps et personnels

Infirmier Par manque de temps, de personnels.. Faut-il un soignant par personne accompagnée ? Combien de temps de marche ? Malheureusement on ne peut pas, ou peut-être une fois par semaine durant le weekend, 30min. Puis les résidents à risque de chute ne sont pas tous contenus. On envisage la contention qu'en dernier recours. Par définition la marche est un déséquilibre, on est tous à risque de chute. Les résidents qui marchent avec une aide ou même sans sont bien souvent accompagnés, après dans la maison ils ne font pas énormément de marche. Ils tourneraient vite en rond.

Infirmier Manque de personnel donc pas assez de temps individuel avec le résident.

Infirmier Le risque de chute est un risque grave, la priorité est de l'éliminer

Infirmier car les conséquences d'une chute peuvent être plus dramatiques (fractures, et leurs conséquences) que les risques encourus lors d'une contention ponctuelle ou plus ou moins à long terme

Infirmier Il faut du temps et du personnel

Infirmier Je le fais uniquement sur PM ou pour sécuriser un résident le temps d'avoir la PM et parce qu'il y a un risque imminent.

Ergothérapeute Protocole élaboré avec le médecin co mis en place dans mon EHPAD

Ergothérapeute Plus ou moins possible en fonction de l’effectif soignant

Ergothérapeute Avec un résident à risque de chute, les risques liés à la contention physique sont déjà pris en compte

Ergothérapeute Les réflexions concernant les contentions sont réalisées systématiquement en équipe interdisciplinaire afin de les éviter un maximum et des plans de compensation sont systématiquement mis en place.

Ergothérapeute La décision de mise en place d'une contention doit être le résultat d'une réflexion éthique pluridisciplinaire, en dernier recours après avoir essayé

Page 69: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

VII

d'autres alternatives. Mais la décision finale reste au médecin (prescription), même si individuellement, en tant qu'ergo, je ne suis pas d'accord.

Ergothérapeute Des alternatives sont déjà essayés, la contention n'a lieu qu'en dernier recours et toujours avec mise en place d'alternatives en plus de la contention (temps d'accompagnement à la marche, mise aux toilettes, prise en charge de la douleurs....)

Ergothérapeute nous essayons déjà de limiter au maximum le nombre de contention mais dans certaines situations, difficiles de trouver des alternatives (présence soignante trop juste pour mettre en place un certain nombre d'alternatives) nous avons des patients qui chutent à répétition mais non contentionnés (vu avec le médecin et famille car risques hémorragiques, ostéo etc limités) et d'autres qui chutent moi mais contentionnés car risques ostéo très important

par quels soignants ??? présence ergo pas à temps plein, kiné pas tous les jours (et difficile d'intercaler les 2 interventions pour que cela fasse une intervention par jour). Les soignants favorisent les temps de verticalisation (installation sur une chaise en salle à manger, toilette debout dans la mesure du possible), accompagnement à la marche quand c'est possible mais présence soignant trop limitée pour généraliser..... Théorie//pratique

Ergothérapeute On ne met les contentions que sur PM lorsqu'il y a un risque de chute et en réfléchissant au bénéfices/risques. On essaie au maximum de les éviter car bien conscients des risques encourus. Elles sont mises si aucune surveillance n'est possible: si pas assez de personnel. La dérive en effet est qu'elles soient mises systématiquement sans réflexion ou réajustement.

manque de personnel/temps

Ergothérapeute Je pratique déjà le zéro contention et l'argumente constamment auprès des équipes et médecins au besoin. Je ne l'ai appliqué et soutenue que dans 2 situations très spécifiques et sur des temps bien distincts et très limités. Sinon, il s'agissait de ceinture de positionnement avec vérification auprès de la personne de sa capacité à s'en défaire ou dans une autre situation spécifique après échec de l'apprentissage du retrait du maintien par la personne accord de celle-ci pour que les professionnels placent la contention uniquement sur les temps de repas dans un but de réduction des mouvements involontaires provoquant des fausses routes importantes.

A la condition que le programme d'accompagnement soit respecté par les équipes soignantes car présence sur la structure une fois par semaine seulement

Ergothérapeute Car la politique de l'établissement est 0 contention, donc si on en met une place c'est que toutes les autres alternatives ont été essayées

Ergothérapeute bénéfices/risques toujours étudié avant avec l'équipe, la famille (et résident mais dans la quasi totalité des situations, troubles cognitifs très évolués), avec alternatives à la contention essayé avant

mais une des raisons principales à la mise de contention est l'incapacité à se mettre debout/marcher et que la personne n'en a pas conscience (oubli à mesure), avec antécédent de conséquences physiques et psychiques suite à une chute. Et donc, ces personnes sont dans l'incapacité à marcher même avec aide

Ergothérapeute car déjà j'informe en lien avec la connaissance de la législation, nous avons un groupe de travail pour la mise en place d'un protocole avec l'information des alternatives à la contention.

car ce n'ai pas moi qui est la main sur l'organisation de l'accompagnement dans les villages par les aides soignantes. Je ne peux que proposer et informé.

Ergothérapeute

Ergothérapeute Il faut changer et augmenter les connaissances des autres professionnels

Page 70: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

VIII

Ergothérapeute Manque de temps et pour être efficace il faudrait que tous les soignants le fassent dès que cela est possible... Difficultés à mettre en place avec certains résidents qui ont beaucoup de troubles cognitifs

Ergothérapeute

Ergothérapeute Peur de la famille et des équipes Manque de temps, refus de la personne contentionnée (avec tbl cognitif: refuse de marcher qd on est là par peur/manque d'entrain/fatigue, mais se lève qd il n'y a plus personne )

Ergothérapeute Nous n'utilisons plus de contention physique (à part 2 barrières au lit) depuis un moment. Tout le monde est satisfait et les équipes suivent bien.

Ergothérapeute Manque de personnel et de temps

Ergothérapeute Vision de l'équipe complète sur le risque de chute et la mise en place de la contention.

Ergothérapeute Je suis contre la contention physique et je ne la met pas en place sauf dans de rare cas ou le médecin a absolument souhaité qu'elle soit mise en place ( patient désorienté et violent avec les autres. Ceinture mise en place qd les soignants sont occupés a la toilette avec d'autres résidents ) Ce questionnaire me conforte dans ma pratique.

Je suis présente seulement a 20% dans l'établissement donc je ne peux le mettre moi même en place. J'essai de le faire ponctuellement dans l'ehpad classique. En revanche les équipes le font quotidiennement dans l'unité fermée Alzheimer.

Ergothérapeute Parce que sur la structure on évite d'en mettre au maximum et que lorsqu'on en met c'est qu'on a pas trouvé d'autres solutions pour sa sécurité et son bien être

Oui et c'est déjà mis en place sur la structure sur laquelle je travaille ! De plus nous avons la chance d'avoir un kiné a 100% une psychotricienne a 40% et moi même l'ergothérapeute a 70% ce qui aide a ce qu'il n'y ai que peu de contention

Ergothérapeute Malheureusement même lorsque l'on est contre la contention pour un résident, malgré l'exposition de toutes ces complications, si la famille veut la contention et que le médecin suit la décision de la famille alors nous sommes dans l'obligation de la mettre.

Ergothérapeute Je suis plutot contre les contentions physiques pour tous les risques cités plus haut. Si je met une contention en place c'est en dernier recours car toutes les autres solutions auront été un échec.

C'est une idée que je trouve très intéressante. Malheureusement le temps de travail réduit en structure ainsi que le manque de personnel ne permettent que très rarement ce type de mise en place.

Ergothérapeute J ai créé un arbre décisionnel à la mise en place des contentions

Ergothérapeute Dans l'EHPAD où je travaille, beaucoup de résidents doivent subir la prescription médicale de leur médecin et possèdent donc une contention physique. Ce questionnaire ne changera pas ma pratique puisque je connais les risques de la mise en place d'une contention et les explique régulièrement aux médecins prescripteurs et à mes collègues qui, eux, pensent toujours agir dans l'intérêt du résident "en le sécurisant". J'espère que les choses pourront un jour évoluer ;) Bonne recherche à vous

Manque de temps et de personnel (malheureusement)

Ergothérapeute Au répondu par mes propres connaissances. Dans mon établissement seulement une contention sur 70 résidents

Page 71: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

IX

Ergothérapeute Très peu mis en place les conventions car contre, mis uniquement à la demande du médecin ou lorsque le danger est important. Utilisation d'alternative comme le système santinell de idolys

Difficile avec des résidents déments qui déambule déjà

Ergothérapeute Déjà un protocole de réflexion pluri en place Pas le temps, pas assez d'agents, manque de moyen humain ...

Ergothérapeute Je connais déjà les risques et essaye de limiter la contention physique Manque de personnel

Ergothérapeute Si le médecin a décidé qu'une contention doit etre installée et qu'apres négociation, il ne changera pas d'avis, je n'ai pas le choix.

Compliqué en terme de temps. Il faudrait que ces accompagnements soient inscrits dans le plan de soin des résidents pour que les soignants ait le temps dédié a cela. Il faut aussi que les soignants soient formés.

Ergothérapeute Car, toute contention est soumis à prescription médicale. Cela ne m'empêche pas d'en discuter en équipe et d'évaluer si d'autres alternatives sont possibles.

Par manque de temps principalement

Ergothérapeute Balance bénéfice/risque

Ergothérapeute Pas sûr qu'un questionnaire change la donne. Puis une contention adaptéesm est mieux que contentionner tous les patients

Ergothérapeute Nous mettons tout avant de mettre une contention. Discussion pluri disciplinaire avec un très bon médecin co

C’est déjà mis en place

Ergothérapeute Sur le principe oui, sur la pratique non. Contention abusive des soignants qui ne respectaient pas le protocole car manque de temps et de formation pour prendre en charge un patient chuteur et anxieux

Manque de temps et parfois le resident ne veut pas

Ergothérapeute Sur le principe oui, sur la pratique non. Contention abusive des soignants qui ne respectaient pas le protocole car manque de temps et de formation pour prendre en charge un patient chuteur et anxieux

Manque de temps et parfois le resident ne veut pas

Ergothérapeute Prescription par le médecin principalement transitoire (dujarrier avec résidents ayant déjà des troubles de l équilibre, fracture avec appui interdit)

Ergothérapeute mais saisi impossible en haut du questionnaire

Ergothérapeute Je pense déjà suffisamment faire la balance bénéfice / risque avant toute mise en place de contention physique. Même si prescription d’un médecin, il arrive que je l’appelle pour en rediscuter avec lui. La contention ne doit pas être une solution de facilité.

Ergothérapeute Parfois les alternatives ne fonctionnent pas

Ergothérapeute Il n'est pas assez précis. Quid de cause des chutes, du nombre de chutes, des alternatives déjà mises en place, des circonstances (du lit, du fauteuil, ...), du type de contention et de la durée, ...?

Question mal formulée. Et si c'est déjà mis en place?

Ergothérapeute Je pense être une professionnel qui remet en cause la contention pelvienne / barrière au sein de la résidence. Je suis justement celle qui argumente le plus pour la mise en place d'outil annexe afin d'éviter la contention physique

Ergothérapeute Je me suis déjà beaucoup questionnée sur les contentions physiques durant mes études. J'essaie de sensibiliser mes collègues à cette problématique depuis quelques temps déjà.

Page 72: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

X

Ergothérapeute Non concernée car je ne mets pas de contention et que j'exerce dans un établissement suivant une politique du 0 contention

Selon moi l'accompagnement à la marche n'est pas propre à l' ergotherapeute. C'est aux soignants de proposer ce temps d'accompagnement et donc aux établissements et directeurs de donner les moyens nécessaires pour cela

Ergothérapeute Je travaille dans un établissement zéroà contention !

Ergothérapeute Nous avons déjà beaucoup travaillé sur ce sujet et même s'il nous reste encore du travail, notement concernant toutes les contentions déguisées, nous en avons conscience. Oui j'espère encore améliorer notre approche de la contention, mais cétait déjà le cas avant ce questionnaire.

Le manque de personnel.

Ergothérapeute je suis déjà dans une démarche de diminution des contentions physiques.

Ergothérapeute Politique d'établissement. Habitudes difficiles a changer.

Ergothérapeute La décision se fait de façon pluridisciplinaire

Ergothérapeute Le questionnement se fait régulièrement en équipe, sa mise en place et son évaluation sont bien suivis

Ergothérapeute nous avons déjà une politique de réduction de contention dans notre ehpad.

Ergothérapeute Je connaissais déjà tous ces risques, et je travaille avec les équipes à mettre en place des alternatives et comment bien penser une contention lorsque c'est prescrit. .r

Ergothérapeute nous n’utilisons la contention que très rarement et après une discussion d’équipe interdisciplinaire. De plus la contention n’est pas portée au long court... levée de contention très régulière

Ergothérapeute N'ayant pas d'espace "remarques" j'écris ici ;) Il existe différentes causes pour mettre une contention. Dans l'EHPAD où je travaille, certains résidents ont une contention car ils essaient de se lever de leur fauteuil mais n'ont pas la capacité de marcher, d'autres car ils oublient qu'ils n'ont pas le droit à l'appui (cas d'une fracture non opérée), ou d'autres encore qui déambulent toute la journée mais chutent à cause de la fatigue. La contention est donc mise 1h par jour pour les "inciter" à se reposer, partager un moment avec les autres résidents etc... je me permets cette remarque car ce sont des points qui ne sont pas abordés dans votre questionnaire, mais peut-être que jai mal cerné votre sujet.

Ergothérapeute Certains résidents chuteurs n’ont Plus de capacitès de marche. D’autres marchent, font APA, Kine , groupe équilibré et tombent malgré tout. Difficultés dans mon établissement à mettre en place de façon quotidienne les jours où je suis absente.

Ergothérapeute les questions actuels ne change pas mes connaiscances ni ma vision sur le sujet. A savoir que bien que des contentions ont deja été mises en place, elles ne doivent normalement survenir qu'en derniere intention

je me permet de preciser ici : ce n'est pas parce que l'on souhaite le mettre en place que nous avons le personnel pour le faire

Ergothérapeute Nous utilisons très peu de contentions dans l'Ehpad où j'interviens. Nous mettons en place un maximum d'alternatives.

Page 73: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

XI

Ergothérapeute Malheureusement, les soignants préfèrent de mettre une contention pour se rassurer car crainte de la chute +++

Ergothérapeute je suis au fait des bonnes pratiques et c'est la première chose que j'interroge lors de la mise en place d'une contention, enfin la seconde la première étant y a il une prescription médicale

malheureusement par manque de personnel... pas d'APA, séances de Kiné libéral courtes, manque de temps des soignants...

Ergothérapeute Réflexion d équipe déjà riche Nécessite organisation rigoureuse pour avoir le temps !

Ergothérapeute Si une contention est envisage cest que nous avons déjà essayé toutes les alternatives.

Ergothérapeute Dans ma pratique je fais déjà tout pour éviter la mise en place d'une contention (lit Alzheimer, comprendre pourquoi il chute, concertation avec les équipes, réévaluation de l'utilité d'une contention quand il y en a une)

Les personnes qui ont une contention au fauteuil sont des personnes qui ne peuvent pas marcher ou qui font quelques pas pour les transferts mais ne se déplacent pas de manière fonctionnelle et sécuritaire. Elles sont de manière permanente au fauteuil. Les personnes qui ont une contention sont celles qui essayent de se lever de leur fauteuil mais qui oublient qu'elles ne sont pas en capacité de tenir debout et se mettent en danger. Sinon pour les personnes qui marchent et à risque de chute elles n'ont jamais de contention chez nous.

Ergothérapeute Car la contention n'est, à mon avis, à n'utiliser qu'en dernier recours, donc il y aurait dans tous les cas une réflexion en amont avec l'équipe sur les pour et contre. Par contre, savoir que des recommandations existent pourraient permettre d'argumenter contre la mise en place de contention si une alternative existe.

Ergothérapeute Je lutte contre les contentions physiques, mais la pression de l'équipe soignante (IDE,AS) est plus forte et le médecin fini par prescrire la contention

pas dans le cadre de mon poste, mais cette possibilité est souvent évoquée et encouragée

Aide-soignant Nous manquons vraiment de temps pour cette activité. Nous ne le faisons que lors des soins et sur de petites distances

Aide-soignant Je suis contre la contention....c le système qui nous "oblige" a ce système par manque de personnel ...qd on est seule pour 18 déambulant ds 1 uva ...parfois par manque de surveillance du au manque de personnel on met 1 contention à 1 résidente car se met e danger seulement durant le temps d 1 coucher ou mise aux wc d 1 autre résident puis on la retire

Aide-soignant Manque de temps et de personnel

Aide-soignant Manque de personnel, manque de temps

Aide-soignant Les conséquences de la contention sont évidemment triste, mais la plupart du temps nous réfléchissons aux bénéfices risques en équipe et au vu des conditions de travail actuelles et du manque de personnels nous ne pouvons pas retirer les contentions.

Car en tant qu'aide soignante nous avons que très peu de temps à accorder aux résidents hors du cadre "soins" nous avons une fiche de poste qui ne laisse pas de temps pour mettre en place ce genre d'activité ce qui est bien dommage.

Aide-soignant J'ai déjà mon opinion sur les contentions physiques.

Page 74: Risque de chute chez les résidents d’EHPAD

XII

Aide-soignant Les contentions doivent être très limitée en durée Moments précis et max par 24h... il faut que ça dure

Aide-soignant Demande du médecin que l’on ne peux pas remettre en question

Aide-soignant

Aide-soignant Manque de personnel ou de temps ou de moyens

Aide-soignant HÉLAS UN QUESTIONNAIRE RESTE UN QUESTIONNAIRE IL FAUT QUE CELA SOIT SUIVI DE FAIT D'ACTION

Aide-soignant Manque d'effectif

Aide-soignant Manque de temps

Aide-soignant Manque de personnelle

Aide-soignant Je ne suis pas pour la contention.

Aide-soignant Manque de temps et de moyens

Aide-soignant la contention bien utilisée,autorisée et non abusive n'entraîne aucun risque

Aide-soignant la contention est vraiment le dernier recours donc les très rares fois utilisée c'est vraiment une reflexion d'équipe

si dans l'idéal ce serait parfait pour tous que ce soient les soignants ou les résidents les uns seraient plus fièrs de leur travail et les autres garderaient leur autonomie, moins stressés, bref plus heureux

Aide-soignant Manque de temps

Aide-soignant Manque de temps et de personnel