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IFPEK Rennes
Institut de Formation en Ergothérapie
En vue de l’obtention du diplôme d’État d’ergothérapeute
UE 6.5 S6 : Évaluation de la pratique professionnelle et recherche
GUERIN Karine
2020
Risque de chute chez les résidents
d’EHPAD :
alternatives à la contention physique pour
les équipes de soins
IFPEK Rennes
Institut de Formation en Ergothérapie
En vue de l’obtention du diplôme d’État d’ergothérapeute
UE 6.5 S6 : Évaluation de la pratique professionnelle et recherche
Sous la direction de Madame GARÇON Delphine
GUERIN Karine
2020
Risque de chute chez les résidents
d’EHPAD :
alternatives à la contention physique pour
les équipes de soins
PRÉFET DE LA RÉGION BRETAGNE
DIRECTION REGIONALE
DE LA JEUNESSE, DES SPORTS
ET DE LA COHÉSION SOCIALE
Pôle formation-certification-métier
ATTESTATION SUR L’HONNEUR, FRAUDES ET PLAGIAT, CODE DE LA PROPRIETE INTELLECTUELLE
Diplôme d’Etat d’Ergothérapeute Travaux de fin d’études :
Risque de chute chez les résidents d’EHPAD : alternatives à la contention physique pour les équipes
de soins
Page à insérer par l’étudiant après la 1ère page de couverture de son travail de fin d’études
Conformément à l’article L 122-4 du code de la propriété intellectuelle du 3 juillet 1992 : « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l’adaptation ou la transformation, l’arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque ».
J’atteste sur l’honneur que la rédaction des travaux de fin d’études, réalisée en vue de l’obtention du diplôme d’Etat d’Ergothérapeute est uniquement la transcription de mes réflexions et de mon travail personnel. Et, si pour mon argumentation, je copie, j’emprunte un extrait, une partie ou la totalité de pages d’un texte, je certifie avoir précisé les sources bibliographiques. Le 20/05/2020 Signature de l’étudiant :
Fraudes aux examens : CODE PENAL, TITRE IV DES ATTEINTES A LA CONFIANCE PUBLIQUE CHAPITRE PREMIER : DES FAUX Art. 441-1 : Constitue un faux toute altération frauduleuse de la vérité, de nature à causer un préjudice et accomplie par quelque moyen que ce soit, dans un écrit ou tout autre support d’expression de la pensée qui a pour objet ou qui peut avoir pour effet d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait ayant des conséquences juridiques. Le faux et l’usage de faux sont punis de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende. Loi du 23 décembre 1901, réprimant les fraudes dans les examens et concours publics. Art. 1er : Toute fraude commise dans les examens et les concours publics qui ont pour objet l’entrée dans une administration publique ou l’acquisition d’un diplôme délivré par l’Etat constitue un délit.
Résumé
Abstract
Le risque de chute des personnes âgées en EHPAD est une source de questionnement pour les professionnels, notamment quand l’utilisation de contentions physiques est envisagée. Ce mémoire s’intéresse donc à la possibilité de réduire l’utilisation des contentions physiques
par une équipe de soins. Pour cela, deux hypothèses sont étudiées : la sensibilisation au
risque de la contention et l’instauration d’une marche quotidienne.
Pour y répondre, les concepts clés sont développés, puis complétés par une enquête
quantitative. La recherche s’appuie alors sur la distribution d’un questionnaire auprès d’aides-
soignants, d’infirmiers et d’ergothérapeutes travaillant en EHPAD.
Les résultats démontrent alors que de nombreux facteurs influencent les professionnels dans
leur choix face à l’utilisation d’une contention. Parmi ces facteurs, il y a la connaissance sur les
risques de la contention qui est très inégale d’une profession à l’autre.
Des alternatives à la contention sont possibles mais leurs mises en place demandent une
volonté aussi bien de la direction que du personnel soignant.
Mots clés : Contention physique – risque de chute – personne âgée – EHPAD – ergothérapie.
For professionals, managing the risk of old people falling in nursing homes is problematic when
considering the use of physical contraints. This dissertation is about the possibilityofreducing
the use of physical restraints by a healthcare team. Two hypotheses are studied: raising
awareness of the risk of restraint and establishing a daily walk routine.
To test them, the key concepts are developed, then supplemented by a quantitative survey.
The research is then based on a questionnaire to nursing assistants, nurses and occupational
therapists working in nursing homes.
The results show that many factors influence professionals in their choice when using restraint.
Among these factors, there is the very unevenknowledge of the risks of restraint from one
professional to another.
Alternatives to restraint are possible but their implementation requires good management as
well as nursing staff.
Keywords : physical restraints – risk of falling – elderly – nursing home – occupational
therpist.
Je tiens à remercier
Mme GARÇON Delphine, ma directrice de mémoire, pour ses conseils et son
accompagnement tout au long de la rédaction de ce mémoire,
tous les professionnels qui m’ont donné de leur temps pour ce travail de recherche,
mes amis et collègues de promotion pour leur soutien,
et ma famille pour ses encouragements tout au long de ma formation.
Table des matières
Introduction............................................................................................................................................. 1
Partie Problématique .............................................................................................................................. 2
I. Situation d’appel ..................................................................................................................... 2
II. Question de départ ................................................................................................................. 3
III. Recherche documentaire ........................................................................................................ 3
IV. Entretien exploratoire ............................................................................................................. 8
V. Question de recherche ............................................................................................................ 9
Partie Cadre Théorique ......................................................................................................................... 11
I. La personne âgée .................................................................................................................. 11
II. La chute ................................................................................................................................. 12
III. Contentions physiques .......................................................................................................... 17
IV. La liberté d’aller et venir ....................................................................................................... 21
V. Equipe pluriprofessionnelle ................................................................................................... 22
VI. Conceptualisation .................................................................................................................. 26
Partie Méthodologie ............................................................................................................................. 28
I. Rappel de la problématique .................................................................................................. 28
II. Choix de l’outil ....................................................................................................................... 28
III. Diffusions ............................................................................................................................... 30
IV. Limites ................................................................................................................................... 30
Partie Analyse ........................................................................................................................................ 32
I. Les participants ...................................................................................................................... 32
II. La confrontation à la contention ........................................................................................... 32
III. La justification d’une contention ........................................................................................... 33
IV. Les risques de la contention .................................................................................................. 34
V. Des alternatives à la contention ............................................................................................ 38
Partie Discussion ................................................................................................................................... 41
I. Représentation de la contention physique ........................................................................... 41
II. La place de l’institution ......................................................................................................... 42
III. La famille et les proches ........................................................................................................ 46
IV. Place de l’ergothérapeute ..................................................................................................... 46
Conclusion ............................................................................................................................................. 48
Bibliographie ......................................................................................................................................... 49
Annexe ...................................................................................................................................................... I
Table des abréviations
ANAES : Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé (rattachée à l’HAS en 2004)
AS : Aide-Soignant
ARS : Agence Régionale de Santé
CHU : Centre Hospitalier Universitaire
DREES : Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques
EHPAD : Etablissement Hospitalier Pour Personnes Agées Dépendantes
EPAC : Enquête Permanente sur les Accidents de la Vie Courante
ETP : Equivalent Temps Plein
HAS : Haute Autorité de Santé
IDE : Infirmier Diplômé d'Etat
INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
INSERM : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale
INVS : Institut National de Veille Sanitaire (remplacé en 2016 par l’Agence Nationale de Santé Publique)
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
USLD : Unité de Soins Longue Durée
UVA : Unités de Vie Alzheimer
1
Introduction
Les professionnels de santé exerçant dans les établissements accueillant des personnes âgées
sont régulièrement confrontés à des dilemmes comme celui de garantir la sécurité de ses résidents en
utilisant des moyens controversés tels que la contention physique.
Dans les institutions accueillant nos aînés, les chutes sont des accidents récurrents. Leurs
conséquences inquiètent grandement les équipes de soins. La contention physique, simple
d’utilisation et rapide à mettre en place, paraît alors comme une solution idéale, garantissant aux
soignants la sécurité de leurs résidents. Toutefois, son efficacité présumée est remise en cause. De
plus, l’aspect subi de ce matériel est mal vécu tant par les résidents qui y sont soumis que par des
professionnels qui les soumettent. Des questions se posent alors : l’utilisation de la contention
physique est-elle indispensable ? Peut-on agir en amont de ce risque ? Bien sûr, d’autres moyens que
la contention existent. Mais le changement de culture au sein des établissements n’est pas toujours
évident.
Les ergothérapeutes qui travaillent en maison de retraite sont alors confrontés à de nouvelles
problématiques. Comment privilégier le confort de vie des résidents en tenant compte de leur
sécurité ? C’est ce que j’ai pu observer pendant l’un de mes stages.
Dans une première partie, je développerai ma situation problématique pour faire émerger une
question de recherche et mes hypothèses. Ensuite, les concepts clés de ma question seront étayés
dans une partie théorique. Après avoir exposé la méthodologie, j’analyserai les résultats de mon
enquête. Puis viendra une partie discussion dans laquelle je confronterai mes hypothèses aux résultats
de mon enquête, je compléterai cette partie par des perspectives professionnelles.
2
Partie Problématique
I. Situation d’appel
Lors de mon premier stage effectué en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes
Agées Dépendantes), il m’est arrivé de constater que des personnes étaient entravées dans leurs
déplacements de manière délibérée. Dans certains cas, les résidents étaient maintenus dans leur
fauteuil roulant par une sangle et, dans d’autres cas, du mobilier était placé devant eux lorsqu’ils
étaient assis dans un fauteuil afin de limiter leurs possibilités de se lever. Par la suite, j’ai appris que
ces dispositifs, appelés contention physique, étaient placés par les soignants pour éviter que les
résidents ne chutent.
Dans cet établissement, la direction avait sollicité l’ergothérapeute pour un travail conjoint
avec le médecin coordinateur afin de limiter les risques de chutes ainsi que la mise en place de
contention. Telles étaient les deux missions principales de l’ergothérapeute.
J’ai pris conscience de ces deux problématiques, utilisation de contention et risque de chute,
lorsque l’ergothérapeute a été interpellée en passant dans les couloirs face à la situation d’une des
résidentes, Mme H, installée dans son fauteuil avec son adaptable positionné devant elle. Mme H, qui
présente une cyphose importante, avait une posture du buste penché en avant reposant sur
l’adaptable. Un soignant présent dans le couloir explique que l’adaptable a été placé pour éviter que
Mme H ne se lève. Lorsque l’ergothérapeute demande si elle est encore capable de marcher, le
soignant prend un air dubitatif. Il est vrai que, ces derniers temps, la marche de Mme H s’était
détériorée. L’ergothérapeute décide de laisser faire Mme et de l’accompagner jusqu’à la salle des
repas, l’heure du déjeuner approchant.
Une fois levée, Mme H s’agrippe au bras de l’ergothérapeute et cherche, de son autre main,
de quoi se tenir. Elle sort de la chambre en s’appuyant sur son lit, la table, la poignée de la salle de bain
et parvient finalement à attraper une main courante du couloir. Elle longe le couloir, toujours en tenant
la main courante et le bras de l’ergothérapeute. Mme H marche lentement, en faisant de petits pas,
ses pieds effleurent le sol. Après avoir parcouru la petite distance qui séparait sa chambre de la salle à
manger, Mme H se laisse guider par l’ergothérapeute pour s’asseoir.
Les aides-soignants présents dans la salle semblent surpris mais aussi ravis de voir Mme H
marcher. Pendant l’échange, ils expriment avoir pris l’habitude de l’accompagner en fauteuil pour se
rendre au repas en salle à manger. L’ergothérapeute laisse alors entendre qu’il serait préférable de
l’accompagner tous les midis à la salle à manger en marchant. C’est à ce moment que l’équipe de soins
répond ne pas avoir le temps, avoir trop de résidents dans le même « état ».
3
Sachant qu’il serait difficile de convaincre l’équipe soignante d’envisager une autre alternative
à la contention comme réponse au risque de chute, l’ergothérapeute a préféré s’abstenir. Finalement,
à la fin de la discussion, l’adaptable sera laissé comme moyen temporaire de « protection ». Mme H
ne sera pas plus sollicitée à la marche.
Difficile de savoir ce que pense Mme H de cette situation car elle ne semble pas communiquer
avec le personnel. Pourtant, il aurait été intéressant de savoir ce qu’elle pense du risque de chute et
des moyens mis en place pour éviter cette potentielle chute.
Par la suite, l’ergothérapeute me confie que ces situations sont souvent sources de conflits au sein
des équipes de soins.
Au fur et à mesure de mes avancées en stages, la contention est une problématique que j’ai
pu observer à plusieurs reprises dans le milieu gériatrique. Je me suis alors demandé si, en tant
qu’ergothérapeute, j’étais confrontée à la mise en place d’une contention, comment je me
positionnerais ? Est-ce que je l’empêcherais ? De plus, je pense que cette problématique soulève de
nombreuses questions éthiques concernant le respect, la liberté et la responsabilité des soignants
entre autres.
II. Question de départ
Quelles alternatives à la contention physique peut proposer un ergothérapeute dans un
contexte de risque de chute pour les personnes âgées résidentes en EHPAD ?
III. Recherche documentaire
A. Quels cadres règlementaires pour la contention physique ?
Mon premier questionnement sur ce thème s’est porté sur la réglementation dans l’utilisation
de la contention physique. Lors d’une simple recherche sur internet à propos de l’utilisation de la
contention physique, la première des réponses données par le moteur de recherche est le document
de l’ANAES (Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé dont les missions ont été
reprises depuis 2004 par l’HAS) intitulé « Limiter les risques de la contention chez la personne âgée »
(2000). Ainsi, j’ai pris connaissance du protocole idéal, dressé par l’ANAES, de mise en place de la
contention physique. Il est alors décrit que la décision de la mise en place d’une contention physique
ne peut être prise qu’après une évaluation non exhaustive des risques encourus par la personne. Il est
également indispensable d’informer la personne âgée ainsi que ses proches sur la nécessité de la
contention, les raisons, les risques, le matériel utilisé afin qu’il puisse participer à la prise de décision
4
avec un consentement éclairé. Evidemment, la mise en place d’une contention physique est un acte
médical qui doit être validé par une prescription médicale. Cette prescription doit être écrite, et définir
les raisons de ce geste, la durée potentielle, les risques et la surveillance à mettre en place. Il est
recommandé qu’une prescription de contention physique soit limitée à 24h et réévaluée. L’ANAES
rappelle que la contention physique ne doit être que provisoire et utilisée en dernier recours.
Lors de mes stages dans des structures où la contention physique était utilisée, je n’ai pas
l’impression que ces recommandations étaient toutes mises en pratique. D’ailleurs, les
ergothérapeutes que j’ai suivis constataient eux-mêmes que certains critères, sans directement
préciser qu’ils faisaient partie des recommandations de l’HAS, n’étaient, à leur grand désarroi, pas
appliqués.
Lorsque l’on lit les recommandations présentées par l’ANAES, on remarque que ces
recommandations ont plutôt pour objectif de faire diminuer l’utilisation de contention. Pour justifier
son positionnement sur la nécessité de diminuer l’utilisation de la contention physique chez les
personnes âgées, l’ANAES met en évidence les risques qu’elle représente. Elle cite notamment les
risques de perte d’autonomie, de syndrome d’immobilisation, d’agitation. Dans les cas les plus graves,
les complications peuvent aller jusqu’au décès. Les risques de chute étant décrits comme l’un des
motifs principaux de mise en place de la contention suivis des troubles du comportement, l’ANAES
rappelle que des études ont démontré son inefficacité. L’ANAES s’appuie sur l’étude de Schleenbaker,
qui décrit que dans un service de rééducation, les patients sous contention physique chutaient plus
que les patients sans contention (25% contre 10,1%). Les recherches de Lofgren Richard P, ont mis en
évidence que la contention est un facteur de risque de survenue d’une chute grave, c’est-à-dire, une
chute ayant pour conséquences une fracture, le besoin de la prise en charge par un médecin ou
donnant lieu à un alitement d’au moins 2 jours.
A la suite des nombreuses études citées, L’ANAES (2000) argumente sa position en concluant
« qu’il est possible de réduire les contentions physiques au sein des établissements accueillant des
personnes âgées, sans pour autant augmenter la fréquence des chutes graves ou la prescription des
psychotropes » (ANAES, 2000, p.20).
Après avoir lu les recommandations de l’ANAES qui s’adressent à l’ensemble des
professionnels de santé, j’ai voulu prendre connaissance de la position des ergothérapeutes face à
cette problématique de la contention physique chez la personne âgée. J’ai alors consulté un article
paru dans Ergothérapie en gériatrie : approche clinique, dans lequel ACKERMANN fait un bref rappel
historique de l’évolution des politiques de réduction de la contention. En France, les caractères
5
néfastes de la contention ont été abordés dans les années 1975. Cependant, il faut attendre les
recommandations de l’ANAES parues en 2000 pour que les institutions de santé s’engagent dans la
prise de dispositions améliorant l’utilisation de la contention. Les États-Unis on,t dès les années 90,
commencé le développement d’un programme de réduction des contentions physiques. Ce
développement a été notamment initié par des textes de lois existantes depuis 1887 aux États-Unis et
1998 au Québec. En France, l’utilisation de la contention n’est pas régie par un texte de loi, les
établissements sont tenus de se référer aux recommandations émises par l’ANAES.
Dans ce succinct rappel chronologique, on constate que nos voisins outre-Atlantique ont agit
plus rapidement pour limiter l’utilisation de la contention.
Si des recommandations par la Haute autorité de Santé existent bien sur l’utilisation de la
contention physique, une question demeure sur leur application dans les structures hospitalières qui
reçoivent une population âgée.
B. Sur le terrain, comment la contention physique est-elle utilisée ?
Après ces premières recherches, je me suis demandé si les recommandations de l’ANAES
étaient appliquées ? Dans son rapport sur l’utilisation de la contention physique chez les personnes
âgées, l’ANAES établit une prévalence pouvant aller de 19% et atteindre 84,6 % chez les personnes
d’au moins 65 ans séjournant dans les structures de long séjour comme une maison de retraite. Le
motif principal de la mise en place d’une contention chez les personnes âgées est le risque d’une
chute ; viennent ensuite les troubles du comportement.
Je me suis donc demandé pourquoi existe-il une telle variabilité dans la prévalence de la
contention. Quels sont les facteurs qui influencent la mise en place de la contention ?
Une étude réalisée par Bagaragaza (2006) dans un hôpital parisien et publié dans Gérontologie
et Société a tenté d’apporter des éléments de réponse. Dans un premier temps, cette étude s’est
intéressée à la perception qu’avaient les soignants de la contention. Une majorité estime qu’elle est
porteuse de sécurité. La chute étant le principal motif d’insécurité. Une des premières raisons
potentielles soulevée justifiant le nombre important de mises en place de contentions dans cette
étude, est qu’aucun moyen d’évaluation objectif sur les risques de chute n’est avancé pour justifier
une immobilisation de la sorte. L’appréhension et la subjectivité des soignants sont les seules mesures
pour une décision de contention. Dans l’étude, les soignants interrogés expliquent manquer de
personnel et travailler dans des services avec une architecture qui ne leur permet pas de visualiser
6
l’ensemble des couloirs. Face à ces problèmes auxquels ils sont confrontés, la contention apparaît
comme un moyen pouvant limiter les risques.
On imagine alors que les professionnels ressentent de la culpabilité. Cette enquête souligne
également le manque de formation sur la contention. Seuls, 2 soignants sur 27 interrogés ont, pendant
leur formation, pu évoquer la contention. Il en résulte que peu de soignants connaissent les risques
psychologiques ou même physiques.
Un autre point étudié et pouvant expliquer l’utilisation important de la contention concerne
le manque de collaboration sur ce sujet entre soignants et médecins. La prescription médicale,
indispensable à la mise en place d’une contention, émane trop souvent des soignants vers le médecin.
Aucune réflexion sur la contention n’est alors faite en équipe. La prescription n’aurait pour rôle que
de formaliser la contention et de déresponsabiliser les soignants (Bagaragaza, 2006).
La lecture de l’article de Bagaragaza m’a alors amenée à me demander quels sont les facteurs
qui pèsent sur les équipes soignantes pour en venir à vouloir garantir une sécurité au détriment des
recommandations des instances de santé ?
ACKERMANN (2008) dans « Les alternatives à la contention au fauteuil en institution », indique
que dans un premier temps, les établissements de santé redoutent de plus en plus les poursuites
médico-légales. En cas de chute, les responsabilités seront recherchées, notamment du côté des
médecins et des équipes de soins, ce qui explique la pose parfois habituelle de la contention, qui, on
l’imagine, procure un sentiment de protection chez les professionnels. Evidemment, les soignants sont
conscients que les chutes sont souvent sans gravité, par ailleurs les causes d’une chute sont difficiles
à déterminer à posteriori. Les familles, quant à elles, ressentent de la culpabilité, cependant elles
voient aussi dans la contention un moyen de sécurité. Dans un questionnaire proposé par Koopmans
aux familles, dans une majorité des cas, la sécurité est préférée à la liberté. Ainsi, les institutions
comme les familles exercent plus ou moins de pression sur les équipes de soins dans le processus
décisionnel de la contention (ACKERMANN, M., 2008).
On constate alors que l’application des recommandations peut être difficile dans un contexte
donné à être respecté. Avec son champ d’actions, l’ergothérapeute pourrait apporter des moyens pour
accompagner les équipes soignantes dans leur changement de pratiques.
7
C. Quelle place pour les ergothérapeutes dans la mise en place de la contention physique ?
Il est clairement établi par l’HAS que les professionnels de santé, dont les ergothérapeutes,
sont concernés par la favorisation de la liberté d’aller et venir, concept que je développerai dans la
suite de mon travail. Mais elle admet aussi que tous les professionnels de santé ne sont pas formés
équitablement. (HAS, 2004)
Comment les ergothérapeutes sont-ils alors concernés par la mise en place des contentions
dites physiques ?
Que ce soit pendant les cours ou sur mes lieux de stage, l’autonomie et l’indépendance sont
toujours les objectifs recherchés, même si les moyens mis en œuvre pour atteindre ces objectifs
varient selon les structures, la population concernée, le contexte d’intervention, etc., selon l’arrêté du
5 juillet 2010 relatif au diplôme d'Etat d'ergothérapeute :
L’objectif de l’ergothérapie est de maintenir, de restaurer et de permettre les activités
humaines de manière sécurisée, autonome et efficace, et, ainsi, de prévenir, réduire ou
supprimer les situations de handicap pour les personnes, en tenant compte de leurs habitudes
de vie et de leur environnement. (JORF, 2015)
Dans le contexte des personnes âgées vivant en institution, les habitudes de vie peuvent être
lourdement impactées après une chute. Un ergothérapeute semble alors avoir matière à exercer ses
compétences si l’on reprend le descriptif des objectifs de sa profession ci-dessus. D’abord, c’est quoi
une habitude de vie ? Pour le PPH (Processus de Production du Handicap), « une habitude de vie est
une activité courante ou un rôle valorisé par la personne ou son contexte socioculturel selon ses
caractéristiques » (Fougeyrollas, Patrick, Cloutier, René et Bergeron, Hélène, 1998). En suivant cette
définition, on peut alors dire que les habitudes de vie évoluent avec le temps. Une personne âgée,
vivant en institution, a dû voir ces habitudes de vie changer. Après une chute, quelles peuvent être les
changements dans son quotidien. Schoenenburg (2015), dans une recherche sur l’aspect
psychologique de la chute, a procédé à un recueil des sentiments des personnes âgées. La perte de
confiance en soi, un changement de perception de soi, l’absence d’initiative, une démotivation voire
même une dépression, sont autant d’éléments recueillis qui affectent le rôle que se donne chacun.
Que dire alors de la pose d’une contention ? L'ANAES (1998) reconnaît que la perte d’autonomie est
l’une des conséquences de la contention, tout comme l’incapacité de réaliser certaines de ces activités.
En effet, la personne se retrouve alors dépendante d’une tierce personne pour se rendre jusqu’aux
activités proposées dans les espaces communs des établissements, ou bien pour aller à la rencontre
des autres résidents.
8
Par ailleurs, l’ergothérapeute porte un regard différent au sein d’une équipe
pluriprofessionnelle. Par les concepts d’autonomie et d’activité qui lui sont chers dans la pratique de
sa profession, l’ergothérapeute a un point de vue qui diffère de celui des infirmiers. Les
ergothérapeutes ont pour vocation de favoriser l’autonomie et l’indépendance des individus dans leur
environnement alors que les infirmiers sont dans une approche de maintenir et de restaurer la santé.
SARAGONI et MALAPEL-EMPIS (2013) mettent en évidence les connaissances des ergothérapeutes sur
les alternatives à la contention. Tous les ergothérapeutes interrogés étaient capables de donner 4 à 5
alternatives en moyenne que ce soient par des modifications de l’environnement, une rééducation,
des activités dérivatives ou par une approche psycho-sociologique. En comparaison 65% des infirmiers
sont incapables d’en citer une et très peu (18.6%) pensent que des alternatives efficaces existent.
Néanmoins, l’ergothérapeute reste très peu intégré lors de la prise de décision de placer une personne
âgée sous contention. (SARAGONI, A. et MALAPEL-EMPIS, H., 2013)
IV. Entretien exploratoire
Afin de réaliser mon entretien exploratoire, j’ai pris contact avec l’ergothérapeute de ma
situation de départ qui travaille dans un EHPAD. Avec la recherche documentaire faite en amont, j’ai
voulu orienter mes questions sur comment voyait-elle son rôle d’ergothérapeute dans la mise en place
de la contention mais également sa place au sein d’une équipe pluriprofessionnelle.
Depuis que j’ai fait mon stage dans cet établissement, le nombre de contentions physiques
actives a été drastiquement baissé. Aujourd’hui, il n’en compte plus que trois sur un total de 186
résidents et qui ne sont pas permanents. En effet, la direction a décidé que son établissement
s’inscrirait dans une pratique de l’Humanitude. L’ensemble des soignants ont été formés à la Méthode
Humanitude. L’ergothérapeute m’explique alors que cette formation a changé la dynamique des
soignants. Les aides-soignants et infirmiers qui ont participé à la formation ont pu apprendre
différentes alternatives à la contention.
Au fil de la discussion, l’ergothérapeute me fait part d’un autre aspect qui a changé dans
l’établissement : « le délai de prise en charge ». Auparavant, lorsqu’une personne était placée sous
contention après une chute, l’intervention d’un professionnel paramédical pour une rééducation ou
une réadaptation n’était pas systématique ou le temps pour qu’elle se mette en place pouvait être
long. Trop long. Maintenant la réactivité des équipes soignantes est tout autre. Après un placement
sous contention physique, les paramédicaux de l’établissement (ergothérapeute, kinésithérapeute,
psychomotricienne) sont sollicités afin d’évaluer les potentiels facteurs précipitants et ainsi proposer
9
une rééducation, une réadaptation ou un aménagement adapté. La contention peut être levée plus
rapidement et les effets néfastes de la contention diminués.
A la suite de mon entretien j’ai voulu me renseigner sur cette fameuse méthode qu’est
l’Humanitude. Développée par Rosette Marescotti et Yves Gineste dans les années 80, elle
« s’intéresse aux liens qui permettent aux humains de se rencontrer quel que soit leur état, leur
statut. Le maintien de ces liens s’appuie sur trois piliers relationnels, le regard, la parole, le toucher et
un pilier identitaire, la verticalité ». (Humanitude., 2020) Quelques recherches ont démontré un impact
positif de cette méthode. Toutefois, la formation à cette méthode est payante et le prix est
éventuellement un frein pour de nombreux établissements. Pendant l’entretien, l’ergothérapeute
parlait souvent de la « verticalisation ». Enseignée pendant la formation humanitude, la
« verticalisation », qui consiste à mettre les gens debout régulièrement même quand ils sont sous
contention, aurait un impact non négligeable dans la reprise de la marche après une chute. Agnès
Ligios (2012), dresse dans Soins en Gérontologie « L’impact de l’alitement chez la personne âgée
démente ». La verticalité précoce permet, dans un premier temps, d’éviter le syndrome
d’immobilisation dont les conséquences comme la dépendance peuvent être irréversibles. Or, la
verticalisation apporte une revalorisation narcissique et la reprise des activités de vie quotidienne.
V. Question de recherche
Tous ces éléments m’ont permis de formuler la question de recherche suivante :
L’ensemble de mes recherches m’amène à partir du postulat suivant :
On peut donc penser qu’un accompagnement à la marche proposé aux personnes à risque de
chute ou aux personnes sous contention par le personnel d’un établissement pourrait participer à une
baisse de l’utilisation des contentions physiques. D’ailleurs, l’ANAES (1998) présente la « promenade
quotidienne » comme une alternative à la contention avec succès. Des établissements proposent des
ateliers centrés sur la marche. Prescris aux personnes ayant déjà chuté ou avec une suspicion de
facteur pouvant conduire à une chute, ces ateliers proposent sous forme ludique, des exercices
d’équilibration, de renforcement musculaire. Pendant l’un de mes stages, j’ai observé que ces ateliers
de 45 minutes peuvent redonner confiance aux personnes. L’exemple le plus parlant est celui d’une
Quelles alternatives à la contention physique chez les personnes âgées, à risque de chute en
EHPAD, un ergothérapeute travaillant au sein d’une équipe pluri professionnelle, peut-il
proposer ?
10
dame qui venait à l’atelier en fauteuil et qui, pour repartir, n’utilisait que le bras de l’accompagnant
pour se déplacer.
Ainsi, les hypothèses que j’ai retenues et que je vais tenter de démontrer sont celles-ci :
• Hypothèse 1 : Une sensibilisation aux professionnels sur l’intérêt de maintenir la marche
quotidienne, l’ergothérapeute peut limiter la mise en place de contention physique chez les
résidents à risque de chute.
• Hypothèse 2 : Délivrer une information sur les risques et conséquences néfastes d’une
contention physique peut amener les équipes soignantes à changer leurs pratiques.
Afin de répondre à ce questionnement et établir ma démonstration concernant les hypothèses
que j’ai émises, je développerai dans une partie « cadre théorique » les termes clés de ma
problématique. Je commencerai par définir la population concernée par mon questionnement. Par la
suite, je détaillerai les causes et les conséquences des chutes. Je définirai ensuite le terme de
contention physique. Pour commenter l’une des principales raisons d’opposition à la contention, je
développerai une partie sur « la liberté d’aller et venir » et je finirai ce « cadre théorique » par une
présentation de l’équipe pluriprofessionnelle.
Par la suite, j’effectuerai une enquête au moyen d’un questionnaire auprès des professionnels
de santé travaillant dans les EHPAD afin de déterminer s’ils seraient prêts à instaurer dans leur pratique
un temps d’accompagnement à la marche.
Puis, toujours auprès des professionnels de santé exerçant en EHPAD, je chercherai à savoir
quelles connaissances ils ont des risques liés à la mise en place d’une contention physique chez une
personne âgée et si, informés de ce risques, ils changeraient leur façon d’utiliser les contentions
physiques.
11
Partie Cadre Théorique
I. La personne âgée
Selon l’OMS, un individu est considéré comme une personne âgée lorsqu’il a au moins 60 ans.
C’est aussi l’âge minimum requis pour être admis en EPHAD en France (Ministère des solidarités et de
la santé, 2019).
Le nombre de personnes âgées en France est estimé à 15 millions. L’INSEE prévoit une
augmentation de ce nombre grâce à l’allongement de l’espérance de vie (INSEE, 2018). En 2015, une
enquête de la DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques) pour
le ministère de la santé, a comptabilisé 728 000 résidents vivant dans un établissement pour personnes
âgées, dont 585 560 en hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), soit 3.9% des plus
de 65 ans (Marianne Muller (DREES), 2017) (DICOM Jocelyne.M, 2020).
La notion de personne âgée fait généralement écho à celui de vieillissement. Même si le
vieillissement n’est pas une pathologie, il n’en reste pas moins un processus physiologique inévitable
et irréversible qui accompagne l’avancée en âge. Rowe et Khan (1987) avaient décrit trois types de
vieillissement. Le premier, dit le vieillissement réussi, n’entraîne pas ou très peu de perte de capacité
fonctionnelle et cognitive. Le second, appelé le vieillissement usuel ou habituel, se distingue par une
réduction de certaines capacités sans être liées à une pathologie quelconque. Le troisième est le
vieillissement avec morbidité. Dans ce cas, l’âge ne représente qu’un facteur de risque. Les morbidités
concernent les dimensions affectives, cognitives, locomotrices, sensorielles ou cardio-vasculaires. Elles
sont généralement à l’origine d’incapacités fonctionnelles majeures (John W. Rowe, Robert L. Kahn,
1987).
L’HAS considère comme particulièrement à risque les personnes âgées fragiles. Elle se base sur
les observations de Hamerman qui note un développement progressif de différentes invalidités,
interagissant entre elles, contribuant alors à une apparition d’une fragilité. Attention, ici la notion de
fragilité ne se limite pas strictement au médical mais également à des dimensions psychologiques et
sociales. Ainsi, la personne âgée dite fragile voit diminuer ses capacités d’adaptation réduisant alors
ses possibilités de faire face à des perturbations externes mineures. Il est alors conclu que la personne
âgée fragile est plus vulnérable face aux conséquences de la chute. En effet, le risque d’une perte
d’autonomie et de désinsertion sociale est majorée, augmentant la probabilité des
institutionnalisations. (HAS, 2005)
12
Autre notion qui s’ajouter à celle de la personne âgée fragile, c’est la personne âgée
dépendante. En effet, vivant souvent en institution, les chutes sont fréquentes avec une gravité plus
importante, conséquence de l’affaiblissement général selon l’HAS. (HAS, SFDRMG, 2005)
II. La chute
La chute est définie dans le dictionnaire comme : « Action de tomber, de perdre l'équilibre,
d'être entraîné vers le sol »(Larousse, 2010, p.200) .Pour être davantage précise, L’HAS parle de chute
accidentelle, elle la définit alors comme « le fait de tomber au sol de manière inopinée, non contrôlée
par la volonté » (HAS, 2005, p.4). Dans cette définition est exclue toute chute liée à une perte de
connaissance ou un AVC.
Le nombre de chutes est estimé à environ 3 millions par an selon les chiffres de l’HAS. Il est
décompté 1,5 chutes par lit et par an en institution, soit une fréquence de 1.600 chutes pour 1000
personnes vivant en institution. Le risque est deux fois plus élevé lorsqu’une personne est atteinte de
démence. (HAS, 2005). Au sein des institutions, une étude a démontré que les résidents chutaient le
plus souvent pendant leur transfert (à 42%) et pendant la marche (à 35%). (Büchele, Gisela et al., 2014)
Les chutes sont donc nombreuses chez les personnes âgées vivant en institution. La suite
logique est donc de se demander ce qui précipite ces chutes chez la personne âgée.
A. Les causes de la chute
Tous les auteurs s’accordent pour dire qu’une chute se produit sous l’impulsion de plusieurs
facteurs complexes et indépendants. Le Réseau Francophone de Prévention des Traumatismes et de
Promotion de la Sécurité (2005) classe les facteurs dans 3 catégories distinctes mais interagissant entre
elles. Ainsi, la chute serait l’effet de facteurs liés à la personne (qui reprend les troubles et pathologies),
aux comportements (prise de médicaments, habitudes de vie) et à l’environnement. A un moment
donné, la combinaison de ces facteurs peut aboutir à la chute.
Il existe d’autres schématisations décrivant les causes de la chute chez la personne âgée. Ainsi,
l’HAS classe les éléments prédictifs d’une chute en facteurs intrinsèques et extrinsèques. Les facteurs
intrinsèques sont propres à chaque individu. En s’appuyant sur les travaux de Dargent-Molina, l’HAS
dresse un tableau des différents facteurs intrinsèques et de leur preuves épidémiologiques (annexe 2).
L’HAS retient la maladie de Parkinson, les troubles cognitifs, le diabète, les troubles de la continence
et la prise de médicaments comme étant les facteurs les plus significatifs d’une potentielle chute.
13
Alors qu’en est-il dans les EHPAD ? La maladie de Parkinson touche plus de 100 000 personnes
en France ce qui en fait la 2ème maladie neurodégénérative la plus fréquente se déclarant en moyenne
vers 70 ans (Jean-Christophe Corvol, 2015). Aucune statistique n’existe sur sa prévalence dans les
EHPAD. L’enquête publiée dans le numéro 49-50 de La Lettre de l’Observatoire rend compte d’un
pourcentage de 57% de personnes avec des troubles cognitifs modérés à sévères résidant en EHPAD
(Fondation Médéric Alzheimer, 2018). Le risque est d’autant plus accru chez les sujets
polypathologiques qui représentent une population importante chez les plus de 65 ans. Les effets de
ces pathologies viennent interférer dans le système de maintien de la posture et sur l’irrigation du
cerveau pouvant avoir comme effets secondaires des troubles de l’équilibre allant jusqu’à provoquer
des chutes (Réseau francophone de prévention des traumatismes et de promotion de la sécurité et al.,
2005).
La prise en charge de ces pathologies se fait souvent par l’introduction de médicament qui est
également un facteur de chute. Un rapport de VERGER (2013) sur la consommation de médicaments
en EHPAD a établi que les résidents consomment en moyenne 7 molécules différentes par jour (en
2012). Les principales classes thérapeutiques administrées sont : les anti-dépresseurs (32%), les
anxiolytiques (27%), les hypnotiques (22%), les neuroleptiques (15%) et les régulateurs de l’humeur
(3%). Dans ce même rapport sur la consommation de médicaments, il est fait allusion à des troubles
de la continence dont souffriraient 37% des résidents (VERGER, Philippe, 2013).
L’arthrose qui touche 65% des plus de 65 ans selon les chiffres de l’Inserm (2017) a été
identifiée par Kenny, Rubenstein et al.(2002) comme un facteur de risque de chute. En effet, elle
provoque des diminutions de la mobilité articulaire, une perte musculaire et des douleurs. La
déformation qui augmente l’instabilité posturale est retrouvée dans une étude de (Rubenstein, L.Z. et
al., 1988) comme étant associée à un risque plus élevé de chute (1988).
Une étude épidémiologique réalisée par Thélot Bertrand publiée en 2017, démontre que la
prévalence des chutes est plus élevée chez les femmes de plus de 65 ans que chez les hommes. Chez
les hommes, le risque de chute augmente avec la consommation d’alcool, tandis que chez la femme,
il augmente en présence de maladie chronique et du surpoids. (Thélot Bertrand et al., 2017)
L’ostéoporose est présentée comme un facteur de gravité dans la chute car elle augmente le
risque de conséquences graves comme les fractures demandant alors une prise en charge médicale.
14
Les causes de chutes sont nombreuses et s’imbriquent de manière unique chez chaque
personne âgée. Si les chutes sont nombreuses, qu’en est-il de leurs conséquences sur la personne ?
B. Les conséquences de la chute
Les conséquences des chutes peuvent se retrouver à différents niveaux, avec des
répercussions plus ou moins longues, qui peuvent être définitives et entraîner une situation de
handicap pour la personne.
1) Des conséquences physiques
Pour rappel, le nombre de chutes est estimé à 3 millions par an selon les chiffres de l’HAS.
Cette comptabilisation est difficile du fait que certaines personnes âgées oublient leurs chutes. Si ce
nombre est important, seules 10 à 20% des chutes entraînent des conséquences physiques (GEORGE,
Delphine, 2013).
Il est dénombré alors 500 000 blessures à la suite d’une chute. Majoritairement, les lésions
constatées sont des contusions et des commotions (dans 30% des cas) ou des plaies (19%) selon les
données de l’EPAC. La tête est le principal centre des plaies, elles sont constatées dans 58% des cas où
la tête est atteinte (dans 25% des chutes). (Institut National de Veille Sanitaire (InVS), 2009).
Les fractures représentent 41% des lésions et seraient alors retrouvées dans 2 à 6% des chutes,
voire 5 à 10% selon les sources. Dans un tiers des cas, il s’agit d’une fracture supérieure du fémur
(GEORGE, Delphine, 2013).
Les équipes de recherches de Tinetti ME et de Nevitt MC avaient défini les lésions importantes
telles que fracture de hanche, autre fracture, hématome sous-dural, autres lésions des tissus mous,
blessure du segment céphalique. Elles étaient ainsi retrouvées dans 1 chute sur 10. (GEORGE, Delphine,
2013).
Certaines de ces conséquences traumatiques peuvent entraîiner des décès. Selon l’HAS, on
décompte 9 000 décès annuels ayant pour origine la chute.
D’après les données de l’Inserm (2015), la mortalité post-fracture du col du fémur représente
l’une des principales causes de mortalité chez les plus de 65 ans. En effet, la mortalité est de 10 à 20%
plus élevée dans l’année qui suit après une fracture du col du fémur pour une personne de même âge
et de même sexe. Les complications post opératoires et les comorbidités ne font qu’élever le risque.
Les fractures ne sont pas le seul facteur de mortalité. (Inserm, 2015) Dans une étude réalisée à Oslo
suivant des sujets âgés chuteurs pendant 9 ans, les chutes répétées, le grand âge et un état de santé
moyen étaient des facteurs associés à la mortalité (Sylliaas H. and al., 2009).
15
La station prolongée au sol de plus d’une heure est également un facteur de mauvais pronostic.
En effet, les troubles métaboliques résultant d’un maintien au sol prolongé sont significativement
associés à la mortalité dans les 6 mois qui suivent la chute (Bloch F. and al., 2009).
2) Des conséquences psychologiques
Les chutes peuvent être vécues comme un évènement marquant. Schoenenburg (2015) a
étudié le ressenti des personnes âgées ayant chuté. Elle en retire alors qu’il est possible de retrouver
chez la personne âgée une peur de rechuter. Elle se retrouve alors inhibée par ce sentiment
d’insécurité qui la mène à des conduites de retrait social. Les personnes âgées elles-mêmes décrivent
une perte de confiance en soi. Elles se sentent en rupture face à un deuil. Un deuil d’une marche
agréable, de l’activité, un deuil de liberté et d’insouciance. Les repères identitaires se retrouvent
bouleversés avec une perte du rôle social, une surprotection de l’entourage. Un sentiment
d’incompréhension, de vulnérabilité et d’impuissance peuvent alors s’opérer. Cet évènement brutal
se traduit parfois comme une prise de conscience du vieillissement. Il est observé chez certaines
personnes des stratégies d’évitement qui se traduisent par des absences d’initiatives. D’autres
personnes ont fait état d’une démotivation voire d’une perte de goût de vivre pouvant conduire à une
dépression. (Schoenenburg, 2015).
9 000 décès
125 000 hospitalisations
500 000 blesures nécéssitant un recours
médical
3 millions de personnes âgées chuteuses occasionnellement ou
à répétition (soit 30% des PA)
0,9% des PA (Personnes-Agées)
1,25% des PA
5% des PA
30% des PA
Figure 1-conséquences des chutes annuelles en fonction de leur gravité, Schéma crée à partir de l’Argumentaire, Prévention des chutes accidentelles chez la personne âgée, HAS, 2005
16
3) Le syndrome post-chute
Le syndrome post-chute (« post fall syndrome ») a été initialement décrit par Murphy et al.
(1982). A la suite d’une chute, il est observé une désadaptation posturale se traduisant notamment
par une rétropulsion importante associée à une peur intense de la station debout. Le syndrome post-
chute renommé désadaptation psychomotrice (SDPM) constitue alors une complication fonctionnelle
aigüe qui peut entraîner une incapacité motrice ou cognitive partielle voire totale (HAS et Société
Française de Gériatrie et Gérontologie, 2009). Il s’agit donc d’une urgence gériatrique au risque de
devenir irréversible et entraîner une situation de handicap important à la personne âgée. (Murphy, J.
et Isaacs, B., 1982).
4) Des conséquences dans la vie quotidienne
Toutes les conséquences évoquées précédemment ont également un retentissement
important sur la vie quotidienne de la personne. Il est observé une diminution de l’autonomie,
notamment lorsque la chute provoque une fracture. Cette perte de l’autonomie est un facteur de
dépression. (Inserm, 2014).
La qualité de vie est affectée par les chutes, qu’elle cause un traumatisme ou non. Cumming
et al., (2000) ont démontré que les personnes ayant peur de chuter perdent confiance en leur capacité
à accomplir des actes de la vie quotidienne. Ainsi, une restriction des activités sociales est observée
chez de nombreuses personnes âgées (Cumming, R.G. et al., 2000).
L’étude épidémiologique de Thélot Bertrand (2017), mesurée par le Baromètre Santé 2010,
indique que les scores sur la qualité de vie étaient moins satisfaisants lorsqu’il est fait état d’une chute
au cours des 12 mois précédents avec l’association d’au moins une incapacité et la présence d’une
tierce personne pour l’aider. (Thélot Bertrand et al., 2017).
Chute
Peur de tomberRestriction volontaire d'activité
déconditionnement des capacités
physiques
Figure 2-Syndrome poste chute (Schéma personnel)
17
III. Contentions physiques
A. Définition
L’ANAES publie en 2000 une évaluation des pratiques professionnelles portées sur la limitation
des risques de la contention physique. Ainsi, elle définit 3 catégories de contentions :
• La contention dite « posturale » : installée avec pour objectif de corriger une attitude.
• La contention dite « active » : réalisée par un kinésithérapeute pour préparer à une
verticalisation après un alitement prolongé.
Ces deux premières contentions sont utilisées dans le cadre de la rééducation.
• La contention physique, dite « passive » est « caractérisée par l'utilisation de tous moyens,
méthodes, matériels ou vêtements qui empêchent ou limitent les capacités de mobilisation
volontaire de tout ou d'une partie du corps dans le seul but d'obtenir de la sécurité pour une
personne âgée qui présente un comportement estimé dangereux ou mal adapté. » (ANAES,
2000, p.10)
Par la suite, l’ANAES précise une distinction entre les contentions physiques qui sont
« spécifiques » et les moyens de contention « non spécifiques ». Les moyens spécifiques sont tous les
dispositifs prévus à cet effet comme : les gilets, les sangles, les ceintures, les barrières de lit, les sièges
gériatriques ou avec un adaptable fixé … Les moyens non spécifiques sont tous les matériels détournés
de leur usage premier pour restreindre volontairement les personnes dans leurs déplacements.
Pour ce travail de recherche, mon enquête se portera exclusivement sur les contentions
physiques spécifiques. Effectivement, ce sont les contentions les plus évidentes à relever pour les
soignants et donc par conséquence le questionnement autour de la contention physique spécifique
porte moins à confusion.
B. Conséquences
Même si la pose d’une contention a pour vocation la sécurité de la personne âgée, les risques
qu’elle engage sont importants. En effet, les complications liées à la contention sont variées et peuvent
être très graves, pouvant aller jusqu’au décès. La contention serait responsable d’un décès sur mille
en institution selon le rapport de l’ANAES datant de 1998. En outre, cela revient à plus de décès par
contention physique (mise en place pour diverses raisons) que par chute en institution. (ANAES, 1998).
18
Le CHU de Bordeaux (2013) a fait un recueil de ses risques qu’il a classé dans 3 catégories
différentes :
- Les risques somatiques : notamment caractérisés par l’apparition d’un syndrome
d’immobilisation qui provoque de nombreux troubles parmi lesquels : une diminution des
amplitudes articulaires, des rétractations musculo-tendineuses, une diminution de la force, de
l’ostéoporose, des troubles trophiques avec des apparitions d’escarres, des infections
nosocomiales, des troubles de la continence, une perte d’appétit et des troubles de l’équilibre.
- Les risques traumatiques : qui entraînent des blessures graves comme des lacérations
cutanées, des contusions, des hématomes mais qui peuvent aussi causer des décès par
strangulation à l’occasion d’un glissement.
- Les risques psychiques : quasiment systématiques, la contention place les personnes dans de
grandes souffrances morales provoquant un sentiment d’humiliation, de la colère mais
également de l’angoisse et du désespoir pouvant conduire à des états d’agitation, de confusion
et de dépression.
A tous ces risques s’accumulent les lésions secondaires aux efforts produits par une personne
qui voudrait s’extirper de sa contention. Palazzolo (2004), explique alors que ce débat pourrait causer
la survenue de troubles du rythme cardiaque, d’une déshydratation ou d’une inhalation bronchique.
En plus de ces risques, la pose d’une contention entraîne indéniablement chez la personne
âgée une perte d’autonomie et d’indépendance.
Les conséquences de la contention ne se limitent pas au moment de son application. Une
étude de Ejaz FK (1994) attribue une augmentation significative des chutes sans conséquence grave
après le retrait de la contention. Après 25 semaines de contention, le nombre de chutes des personnes
âgées du groupe expérimental est devenu quasiment identique au groupe témoin (qui n’a pas eu de
contention pendant les 25 semaines précédentes). Ainsi, l’auteur conclut sur le fait que les
établissements sont confrontés au choix éthique entre attacher une personne âgée et fragile ou
l’exposer aux risques de liberté dans leur vieillissement.
Une répercussion indirecte de la contention sur la personne qui y est soumise vient de la
famille. MOUCHET Marie-Claude indique, dans « La contention : pourquoi faire et surtout ne pas faire
? » (2003), que la contention physique est une source de colère et d’incompréhension chez les proches.
Les relations entre les membres de la famille en sont modifiées. Des problèmes de communication
sont susceptibles d’apparaître et provoquer une mise à l’écart de la personne âgée.
19
Les professionnels sont aussi soumis à des risques moins évidents. En effet, dans son document
sur l’évaluation des bonnes pratiques professionnelles, l’ANAES dédie un paragraphe aux
conséquences sur les professionnels qui y sont confrontés. Il y est alors fait rapport d’un sentiment de
culpabilité, de frustration et d’anxiété chez les infirmiers. De plus, l’utilisation de la contention
physique ne procure pas de sentiment de sécurité chez les soignants. D’autres auteurs soulèvent des
questions de remise en cause de l’idéal soignant (ANAES, 2000). En effet, comme le décrit MOUCHET
Marie-Claude (2003), le sens donné aux soins face à une situation comme telle peut faire naître un
questionnement de sa pratique. La barrière avec la maltraitance étant mince, le soignant responsable
de la qualité de vie du résident ou patient se trouve face à des problèmes éthiques (MOUCHET, Marie-
Claude, 2003).
C. Recommandations des instances sur sa mise en place
La pose d’une contention est un acte médical qui engage de potentiels risques pour la
personne âgée. Dans un souci d’uniformiser les pratiques de la mise en place de la contention, l’ANAES
a, dès l’an 2000, proposé les recommandations de bonne pratique.
1) La décision
Afin d’aider les professionnels de santé à statuer sur la pertinence d’une pose de contention
physique et éclairer leur prise de décision, un algorithme décisionnel a été établi (annexe 3). Avant
d’en venir à une mise sous contention physique, toutes les alternatives possibles doivent être essayées
et mises en échec. Comme le rappelle l’ANAES dans ses recommandations, le manque d’effectifs ne
constitue pas un motif de mise en place de la contention. La décision de la mise en place d’une
contention se fait après une évaluation des risques de chute, de déambulation ou d’agitation.
L’évaluation porte aussi sur les facteurs précipitants, c’est-à-dire qu’elle s’intéresse aux causes de ces
risques de chute, qu’ils soient intrinsèques ou extrinsèques. Les facteurs identifiés devront faire l’objet
d’une prise en charge adaptée et corrigée dans la mesure du possible. Pour que cette évaluation soit
la plus pertinente, toute l’équipe doit être consultée. A la suite de cette évaluation du rapport
bénéfice/risque pour le résident, les motifs et le programme de surveillance doivent être clairement
établis et inscrits dans le dossier du résident (ANAES, 2000).
20
2) Informer la personne et ses proches
Le corps médical est dans l’obligation d’informer la personne âgée sous contention mais aussi
ses proches sur les raisons qui ont poussé l’équipe à mettre en place la contention. Ils doivent être
tenus informés de la durée prévisible, du matériel utilisé et de la surveillance mise en place. Les
soignants doivent s’assurer que les proches et la personne âgée dans la mesure du possible aient
compris afin de susciter une adhésion. Si nécessaire, les soignants réitèrent leurs explications autant
que besoins. Lorsque la personne âgée ne peut être consultée par faute de capacité cognitive
suffisante, c’est la personne de confiance ou son représentant légal qui doit être informé. Toutefois,
L’ANAES recommande de toujours persévérer dans la consultation de la personnes âgée et de répéter
autant que nécessaire les informations. (ANAES, 2000).
3) La prescription médicale
Une prescription médicale écrite, horodatée et signée doit être rédigée en gardant le principe
de collaboration entre médecin et équipe soignante. Le médecin doit y indiquer le motif, la durée, le
matériel, le programme de surveillance et les risques. Plusieurs auteurs s’accordent pour dire que les
prescriptions ne devraient pas dépasser les 24 heures. Au-delà, une évaluation s’impose pour vérifier
l’efficacité de la contention et la santé du sujet âgé. (ANAES, 2000).
4) La mise en œuvre de la contention
Le matériel utilisé n’est pas systématique. Le choix résulte d’un réflexion faite au cas par cas.
La contention doit être adaptée à la personne et lui permettre un maximum de mouvements.
En fonction des risques liés à la pose de la contention, une surveillance adaptée est instaurée.
Cette surveillance n’est pas seulement centrée sur les risques physiques et environnementaux mais
aussi sur le vécu de la personne.
Une évaluation journalière du bénéfice/risque est à envisager pour déterminer si la contention
physique est toujours nécessaire. Si l’arrêt de la contention paraît la mesure la plus adaptée, il doit
être expliqué à la personnes âgée et à ses proches.
Pour résumer toutes ces précautions de mise en place d’une contention physique, l’ANAES a
publié un référentiel de bonne pratique sous forme de critères (annexe 4) (ANAES, 2000).
21
5) D’autres moyens que la contention
Si l’HAS ne conseille pas l’utilisation de la contention physique dans la prévention des chutes,
elle ne laisse pas les professionnels sans outils face aux chutes des personnes âgées. Disponible en
annexe 5, l’HAS dresse un tableau de toutes les alternatives possibles ainsi que leur taux d’efficacité
observé. quatre catégories se distinguent :
- approche médicale et infirmière
- modification de l'environnement
- approche occupationnelle
- approche socio psychologique
Le choix des moyens utilisés doit se faire après une évaluation des risques, des besoins et de
l’environnement de la personne âgée. (ANAES, 2000).
IV. La liberté d’aller et venir
Dans de nombreux articles sur la contention, il est utilisé le terme de « liberté d’aller et venir ».
Lorsque l’HAS emploie ce terme dans « Liberté d’aller et venir dans les établissements sanitaires et
médico-sociaux, et obligation de soins et de sécurité » (2004), elle le décrit comme « un droit
inaliénable de la personne humaine ». Elle insiste sur le fait que les établissements médico-sociaux ont
pour devoir de tout mettre en œuvre pour favoriser l’exercice de ce droit. La notion de liberté d’aller
et venir ne représente pas seulement la liberté de se déplacer mais également le droit de prendre des
décisions pour soi-même. La liberté d’aller et venir s’inscrit également dans la possibilité de participer
aux activités souhaitées, d’entretenir les relations sociales et, par conséquence, de maintenir la qualité
de vie.
Ce droit de liberté d’aller et venir est un droit fondamental pour l’être humain puisqu’il figure
dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (ONU, 2015). Effectivement, le paragraphe 1 de
l’article 13 indique que « toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à
l'intérieur d'un Etat ». En d’autres termes il n’est pas légal d’empêcher une personne de se déplacer
comme elle le voudrait.
L’HAS développe alors un point spécialement sur la contention qu’elle considère donc comme
un élément entravant cette liberté d’aller et venir. Elle bannit l’utilisation systématique de la
contention. Elle vient donc à recommander de suivre les alternatives proposées dans les
recommandations de l’ANAES. (HAS, 2004)
22
Il est clairement établi par l’HAS que les professionnels de santé, dont les ergothérapeutes,
sont concernés par la favorisation de la liberté d’aller et venir. Mais elle admet aussi que tous les
professionnels de santé ne sont pas formés équitablement.
Si la liberté d’aller et venir est un droit que les établissements doivent respecter, la sécurité
est aussi une obligation. L’HAS définit alors certaines conditions pour lesquelles, le droit peut être
devancé par une obligation de protection de la personne contre elle-même (comportement à risque)
pour des raisons médicales. Toutefois, ces raisons ne peuvent constituer un motif pour passer outre
toutes les recommandations présentées précédemment.
La Fondation de France s’est alors posé la question de la sécurité et de la liberté et en a produit
un Guide Ethique. Il met en évidence que les établissements ont l’obligation de promouvoir la mobilité
et les déplacements des résidents. Il propose différents moyens pour tenir de tels engagements. Ainsi,
le guide suggère un aménagement de l’intérieur adapté, d’informer les soignants sur l’importance de
la mobilité, de proposer des dispositifs d’aide aux déplacements et de proposer des ateliers d’aide à la
marche. Des mesures de restriction ne doivent se faire que si elles sont strictement nécessaires et ne
doivent pas être disproportionnées par rapport aux risques encourus comme le rappelle l’article L311-
41. Il en va également que l’établissement doit respecter un protocole se rapprochant de celui de
l’HAS. (Fondation de France, 2016).
V. Equipe pluriprofessionnelle
A. Répartition des professionnelles dans les EPHAD
Pour commencer ce paragraphe destiné aux professionnels de santé, il convient de donner
une définition de ce terme. La DREES, dans son dossier sur « Des conditions de travail en EHPAD vécues
comme difficiles par des personnels très engagés » de 2016, définit le terme de « profession »
(synonyme du mot « métier ») comme faisant « l’objet de définitions règlementaires précises,
proposant notamment la liste des actes autorisés par catégories de métiers ». (MARQUIER Remy et et
al., 2016) La notion de poste, correspond à « l’ensemble des caractéristiques relatives à l’exercice
d’une activité dans le cadre d’une organisation donnée » (p. 4) toujours selon la DREES.
En 2016, selon un rapport du CNSA, il y a en moyenne 62,8 équivalent temps plein (ETP) pour
100 résidents. Les métiers les plus représentés en EHPAD sont les aides-soignants, les aides médico-
psychologiques et les assistants de soins en gérontologie avec 43% des ETP. Ensuite, 30% du personnel
sont des agents de service hospitalier. Les infirmiers représentent 10% des ETP. Le personnel des
services administratifs et des services généraux représente respectivement 5% et 7% des ETP. Avec
23
une représentation de 1% chacun, viennent les médecins et les paramédicaux. La part du personnel
extérieur représente 2 % des ETP des EHPAD. (CNSA, 2017).
B. Le rôle des professionnels par rapport à la contention physique
Le code de la santé publique prévoit que l’infirmier peut accomplir des actes « visant à
identifier les risques de façon à assurer le confort et la sécurité de la personne et de son
environnement ». Seul le point 27 de l’article Art R4311-5 aborde la contention mais uniquement sur
le plan des complications. L’infirmier a alors pour rôle la « Recherche des signes de complications
pouvant survenir chez un patient porteur d’un dispositif d’immobilisation ou de contention ». L’Art
R4311-9 6° explique que l’infirmier est autorisé à la « Pose de dispositifs d’immobilisation », mais « à
condition qu’un médecin puisse intervenir à tout moment ».
Concernant l’aide-soignant, il exerce sa profession sous la responsabilité de l’infirmier pouvant
alors être amené à manipuler la contention pour prodiguer des soins (JORF n°264, Arrêté du 22 octobre
2005 relatif au diplôme professionnel d’aide-soignant., s. d.).
Les infirmiers et aides-soignants sont donc des professionnels très exposés à la mise en place
de la contention. Les sensibiliser en priorité paraît donc essentiel.
Les ergothérapeutes agissent quant à eux dans un objectif de promouvoir les habitudes de vie,
l’indépendance et l’autonomie de la personne en garantissant également sa sécurité comme il est
décrit dans le référentiel de compétence des ergothérapeutes. Alors, au vu des conséquences de la
contention (diminution de l’autonomie et de l’indépendance), l’ergothérapeute peut être sollicité pour
donner son avis sur la contention ou proposer des moyens de garantir l’autonomie et l’indépendance
de la personne.
Le référentiel d’activité de l’ergothérapeute indique que celui-ci peut être amené à informer
et former ses collègues. Il est possible que la promotion de l’autonomie et de l’indépendance soit un
sujet d’information. de la promotion de l’autonomie. Durant un temps de formation auprès de ses
collègues, l’ergothérapeute est en posture de sensibiliser et d’alerter sur la contention physique et ses
conséquences.
24
C. Formations
Si une responsabilité des professionnels de santé est bien trouvée dans la mise en place d’une
contention physique, il reste à déterminer si leur formation initiale leur en offre la possibilité.
Il est écrit dans l’Arrêté du 22 octobre 2005 relatif au diplôme professionnel d’aide-soignant
que dans la formation, au module 4 qui concerne l’ergonomie, une partie théorique est dédiée à la
« Législation et déontologie concernant l’isolement, la contention, la limitation des mouvements et les
droits des patients ». Cette partie théorique s’inscrit dans la compétence « Utiliser les techniques
préventives de manutention et les règles de sécurité pour l’installation et la mobilisation des
personnes ». Ainsi, en collaboration et sous la responsabilité de l’infirmier, l’aide-soignant doit
notamment être capable d’appliquer des règles de prévention des risques liés aux pathologies et au
matériel médical et d’installer une personne en tenant compte de ses besoins.
Pour les infirmiers, le référentiel d’activité de l’Arrêté du 31 juillet 2009 relatif au diplôme
d’Etat d’infirmier indique dans la rubrique Surveillance de l’évolution de l’état de santé des personnes,
la « surveillance de personnes immobiles ou porteuses de dispositif de contention ». Dans la rubrique
suivante soins et activités à visée préventive, diagnostique, thérapeutique, il fait état de réalisation de
soins de plaie, de réparation cutanée, d’application de topique, d’immobilisation ou de contention. S’il
est bien écrit dans le référentiel d’activité du diplôme d’état des infirmiers que ceux-ci sont concernés
dans la mise en place de contention et sa surveillance, il n’est pas fait mention dans les compétences
nécessaires pour la validation du diplôme d’Etat de la contention et des techniques d’immobilisation.
Toutefois, la compétence 1 qui s’intitule : « évaluer une situation clinique et établir un diagnostic dans
le domaine infirmier » reprend plusieurs capacités permettant à l’infirmier d’établir une surveillance
et une évaluation efficaces de la personne sous contention.
L’Arrêté du 5 juillet 2010 relatif au diplôme d’Etat d’ergothérapeute ne fait pas mention de
contention physique et ou d’immobilisation d’une personne. Cependant, durant sa formation
d’ergothérapeute, l’étudiant est sensibilisé dans les compétences 2 et 4 au maintien de la « chaîne de
déplacement » par des modifications de l’environnement, l’apport d’aide technique et d’adaptation.
Pendant ses études, l’étudiant en ergothérapie aborde des sujets comme la gériatrie dans lesquels la
contention physique est potentiellement abordée.
Toutefois, les formations des soignants varient en fonction des instituts de formation et des
choix faits par les enseignants. Ainsi, l’approche aux problématiques est sans doute différente et
certains éléments ne sont pas toujours approfondis. Déjà cité dans la problématique, l’article de
Bagaragaza et al. (2016) sur « Les obstacles à l’adoption des recommandations concernant la
25
contention physique passive » fait état du ressenti des professionnels sur leurs connaissances à propos
de la contention physique. Sur 27 soignants interrogés (aides-soignants et infirmiers) seuls deux ont
abordé le thème de la contention physique pendant leur études (Bagaragaza, Emmanuel, Vedel,
Isabelle et Cassou, Bernard, 2006). L’Avant-Propos des recommandations de l’ANAES « Limiter les
risques de la contention », fait déjà état en 2000 d’une faible présence dans les programmes de
formation des professionnels de santé des enjeux de la contention physique. (ANAES, 2000).
D. Communication au sein des équipes
Un point crucial pour les équipes est la communication entre ses membres. Avec la surveillance
que demande une personne à risque de chute ou une personne mise sous contention, la
communication au sein des équipes paraît un point essentiel pour la réussite de la prise en charge.
Pour respecter les recommandations, il faudrait qu’une contention soit réévaluée toutes les
24h. Par conséquent, cela implique dans un premier temps que l’heure de la pose de la contention
physique et ses raisons puissent être communiquées aux équipes suivantes. Cela relève donc de la
continuité des soins. TUIL et GIROU (1999) rappellent alors que la continuité des soins exige donc aux
équipes de se relayer. Cependant pour qu’il y ait continuité des soins il faut que les observations
essentielles soient restituées aux équipes prenant le relai lors de temps de transmission orale. (TUIL
Karen, GIROU Martine, 1999).
Cette nécessité de communication entre les équipes est également présente dans le cadre
d’essais d’alternatives à la contention. L’essai d’une alternative demande du temps et de l’observation.
Pour le suivi des informations, le personnel utilise les transmissions laissées dans le dossier du
patient. Ainsi, L’HAS définit ce dossier comme étant « le lieu de recueil et de conservation des
informations administratives, médicales et paramédicales, formalisées et actualisées, enregistrées
pour tout patient accueilli, à quelque titre que ce soit, dans un établissement de santé ». (HAS, 2003).
Cependant l’organisation de la communication et de l’échange d’informations des soignants
varie d’un établissement à un autre et même parfois d’un service à un autre. Certains établissements
privilégient la transmission par l’oral, d’autres par l’écrit, certains créent même des registres de
contention.
L’échange d’information au sein des équipes est un des maillons de l’accompagnement d’un
résident à risque de chute. Il rejoint une chaîne de facteurs qui vont influencer l’adversité de la
situation. Afin de déterminer l’ensemble de ces facteurs, il convient d’utiliser un modèle. Cela permet
d’éclaircir le contexte de ces risques.
26
VI. Conceptualisation
Un modèle comme le Modèle de Développement Humain – Processus de Production du
Handicap (MDH—PPH2) permet de schématiser les concepts étudiés auparavant.
Le MDH-PPH2 est un modèle conceptuel qui a pour objectif d’expliquer les causes et conséquences
d’une pathologie ou d’un traumatisme sur la vie quotidienne d’un individu. Ce modèle propose une
classification de nomenclatures et des échelles de mesures pour les domaines conceptuels
interagissant entre eux tels que les habitudes de vie, les facteurs environnementaux et personnels sur
une période définie. (RIPPH, 2020).
Trois domaines conceptuels organisent ce modèle : les facteurs personnels, les facteurs
environnementaux et les habitudes de vie. Ces trois domaines sont en interaction ; ensemble ils
dressent alors un tableau de tous les risques à un moment donné. Ce modèle peut alors servir d’outils
pour évaluer le risque d’une potentielle chute et aiguiller les équipes sur un accompagnement adapté.
Les facteurs personnels se mesurent avec 2 échelles qui apprécient le système organique et les
aptitudes. S’y ajoute une liste de facteurs identitaires :
Figure 3-Processus de production du handicap, la version de 2010 (MDH-PPH2) de Réseau international sur le Processus de production du handicap (2020), riphh.qc.ca. Disponible sur : <https://ripph.qc.ca/modele-mdh-pph/le-modele/>
27
- Systèmes organiques : il reprend les fonctions corporelles et peuvent tendre vers l’intégrité ou
la déficience. Dans cette catégorie, peuvent être placés les troubles et les pathologies vus en
deuxième partie du cadre théorique.
- Les aptitudes : ce sont les capacités à la réalisation d’une activité, elles se mesurent donc sur
une échelle allant de la capacité à l’incapacité. Les capacités de marche et de maintien de
l’équilibre sont des éléments importants dans la mesure du risque de chute.
- Les facteurs identitaires : sont des éléments culturels propres à un individu pouvant être
obstacles ou facilitateurs.
Les facteurs environnementaux se mesurent sur une échelle de l’élément allant de facilitateur à
obstacle dans la réalisation des habitudes de vie :
- Le facteur MACRO Sociétal : correspond à la politique de l’institut et de la représentation
juridique de la contention physique.
- Le facteur MESO Communautaire : Dans ce sujet, il fait référence aux connaissances et
pratiques des soignants, mais également aux positionnements de la famille.
- Le facteur MICRO Personnel : il représente l’aménagement de l’espace de la personne.
Les facteurs précédemment décrits influencent alors les habitudes de vie de la personne qui
comprend ses activités courantes et ses rôles sociaux. La personne se trouve alors soit dans un
situation de participation sociale soit en situation de handicap du fait qu’elle soit limitée.
Au vu de l’analyse de tous les facteurs cités précédemment, il est possible de les placer en
facteurs de risque et facteurs de protection. L’utilisation d’un modèle comme celui-ci prend alors tout
son sens quand-il s’agit de peser la balance des risques et bénéfices en faveur ou non de la mise en
place d’une contention.
Au terme de cette partie théorique, les concepts de la question de recherche ont été définis.
Ainsi, les EHPAD ont pour devoir de garantir la liberté d’aller et venir de leur résidents. Toutefois, le
personnel et la direction des établissements sont également préoccupés par le risque de la chute de
certains de leurs résidents qui présentent des facteurs de risques. Dans certains cas, il est décidé de
poser une contention physique pour éviter qu’ils ne chutent. Comme décrit précédemment, ce moyen
n’est pas infaillible et son utilisation soulève de nombreux points éthiques. Pour compléter cette
recherche documentaire, j’ai réalisé une enquête dont la méthodologie et les résultats sont présentés
ci-après.
28
Partie Méthodologie
I. Rappel de la problématique
La question de recherche et les hypothèses issues de la problématique sont les suivantes :
Quelles alternatives à la contention physique chez les personnes âgées à risque de chute en EHPAD
un ergothérapeute, travaillant au sein d’une équipe pluri professionnelle, peut-il proposer ?
• Hypothèse 1 : Une sensibilisation aux professionnels sur l’intérêt de maintenir la marche
quotidienne, l’ergothérapeute peut limiter la mise en place de contention physique chez les
résidents à risque de chute.
• Hypothèse 2 : Délivrer une information sur les risques et conséquences néfastes d’une
contention physique peut amener les équipes soignantes à changer leurs pratiques.
II. Choix de l’outil
A. Outil
Pour recueillir l’avis d’un ensemble de professionnels, conséquence sur la faisabilité des
hypothèses précédemment citées, j’ai choisi d’utiliser un questionnaire pour effectuer une enquête
quantitative. En utilisant ce type d’outil, j’ai espoir de recueillir une quantité de réponses suffisantes
chez les différentes professions ciblées pour dégager une tendance. Outre l’avantage de pouvoir être
diffusé à un grand nombre de personnes, l’utilisation d’un questionnaire me permet également de ne
pas porter de jugement de valeur. En effet, avec ce questionnaire, j’interroge des professionnels sur
leur manière de considérer leur pratique et leur éthique. De plus, je questionne également les
professionnels sur leurs connaissances ; en entretien, il me serait difficile d’aborder les connaissances
sans mettre mal à l’aise un interlocuteur. Un questionnaire est, dans ce cas-là, un meilleur moyen de
garantir l’authenticité des réponses.
B. Population ciblée
Ce questionnaire s’adresse aux professionnels de santé travaillant en EHPAD et qui sont sujets
à la pose de contention physique chez les personnes âgées considérées comme à risque de chute. Afin
de pouvoir trier les réponses par professions, j’ai retenu trois catégories professionnelles. Dans un
premier temps, j’ai choisi les professions d’infirmiers car ce sont les professionnels qui peuvent poser
une contention avec l’accord du médecin, et d’aides-soignants car ils travaillent sous la responsabilité
des infirmiers ; ce sont également les professions les plus représentées dans les EHPAD. Dans un
29
second temps, j’ai adressé ce questionnaire aux ergothérapeutes car, comme vu précédemment, ils
font partie des professions qui peuvent apporter une réflexion différente.
C. Construction du questionnaire
Le questionnaire présenté en Annexe 5 comporte 9 questions qui abordent les thèmes suivants :
- La participation à la mise en place d’une contention
- La connaissance sur les complications
- Les alternatives à la contention
La première partie de mon questionnaire est une entrée en matière. Je m’informe du poste
des répondants dans leur établissement (ergothérapeute, infirmier ou aide-soignant). Ensuite, je me
renseigne pour savoir s’ils ont déjà participé à la mise en place de contention pour éviter qu’un résident
ne chute. Puis je conclus cette partie avec une question sur les raisons qui les ont poussés à mettre en
place une contention dans une question à choix multiple avec la possibilité d’ajouter un commentaire.
Pour les réponses proposées, j’ai sélectionné des motifs qui ont été énoncés dans la problématique ou
le cadre théorique. Ainsi, les participants ont le choix entre cinq réponses possibles : par sécurité, par
manque de temps, par manque de personnel, à la demande de la famille ou à la demande du médecin.
J’ai volontairement fait le choix de parler de demande du médecin et non de prescription du médecin
pour voir si ce point allait être souligné dans l’espace commentaire.
Afin de répondre à ma seconde hypothèse sur l’intérêt de la sensibilisation, il fallait également
que je sache quelles étaient les connaissances des différentes catégories professionnelles sur les
risques de la contention (question 4). Pour cette question à réponse multiple, j’ai sélectionné 14
risques indiqués par l’HAS. Ces risques que j’ai sélectionnés me paraissent représenter un panel assez
important de risques, des plus évidents au moins évidents et qui concernent différents aspects d’un
individu (physique, psychique, de vie quotidienne). La question suivante a un rôle d’information pour
les participants. En effet, en reprenant la question précédente, j’informe que tous les risques présentés
existent et qu’ils sont inscrits dans les recommandations de l’HAS. Ainsi, je leur demande s’ils ont
connaissance de tous ces risques (question 5). Pour terminer cette partie, je leur demande si le fait de
prendre connaissance de tous ces risques pourrait leur faire modifier leur pratique en lien avec la
contention (question 6). Si leur réponse est négative, un espace commentaire est prévu pour recueillir
leurs arguments (question 6.2). Il m’a paru également intéressant de demander où les professionnels
de santé ont été informés de ces risques (formation initiale, formation spécifique, documentation, …)
(question 5.2). Un espace commentaire est disponible pour compléter les réponses déjà proposées.
30
La dernière partie de mon questionnaire porte sur les alternatives. La question 7 s’intéresse à
la possibilité de mettre en place des alternatives dans leur établissement. Ainsi, je propose 7
alternatives présentées dans l’annexe 5 qui sont issues des recommandations de l’HAS, la réponse est
à choix multiple. Pour terminer, je questionne sur la possibilité de mettre en place un temps
d’accompagnement à la marche pour faire diminuer le nombre de contentions. Cette question porte
donc sur ma première hypothèse. Elle est suivie d’un espace commentaire qui permet au professionnel
d’exprimer pourquoi une telle action ne serait pas possible.
Dans ce questionnaire, un encadré permettant aux professionnels d’expliquer leurs choix et
points de vue sur différentes questions m’est apparu indispensable pour donner du sens aux réponses
et éviter ainsi des suppositions.
III. Diffusion
Ce questionnaire a été publié sur un Google Forms pour la simplicité de sa réalisation et la
possibilité de paramétrages (réponses multiples, réponses uniques). De plus, le format Google Forms
permet de récupérer les réponses sous forme de tableaux. Le lien d’accès au questionnaire a été
envoyé dans un premier temps par mail à cinquante-trois ergothérapeutes exerçant en EHPAD. Par la
suite, le questionnaire a été transmis par mail à vingt EHPAD mais cette tentative est restée sans
réponse. J’ai alors décidé de prendre contact avec une ergothérapeute qui est également
administratrice d’un groupe social spécialisé pour les ergothérapeutes travaillant en EHPAD sur un
réseau social. Ce groupe comptabilise à ce jour plus de deux mille adhérents. Ainsi, le questionnaire a
pu être relayé aux ergothérapeutes abonnés au groupe.
Pour que cette enquête atteigne les autres professions ciblées, j’ai accompagné le
questionnaire d’un message incitant les répondants (ergothérapeutes dans un premier temps) à le
transmettre à leurs collègues, en priorité aides-soignants et infirmiers.
IV. Limites
Dans la diffusion de ce questionnaire, j’ai rencontré des difficultés pour toucher les professions
d’aide-soignant et surtout d’infirmier. Mon échantillon d’infirmier est donc restreint. Seize infirmiers
ont répondu au questionnaire. Pour respecter la méthodologie, un échantillon de 30 infirmiers aurait
été nécessaire. Avec la crise sanitaire qu’a connu le pays (Covid-19), ces professionnels étaient moins
disponibles. Le recueil de données s’est donc arrêté au début de la crise.
31
Le questionnaire a pour objectif de sensibiliser ; toutefois, la sensibilisation reste faible par le
seul biais d’un questionnaire.
L’authenticité des réponses n’est pas absolue. En effet, il est probable que certains participants
aient modifié leurs réponses après avoir avancé dans le questionnaire. Je n’ai pas moyen de le savoir.
Dans la troisième question, le terme « demande du médecin » peut porter à confusion. En
effet, pour moi il s’agit d’une demande qui émane du médecin, avec ou sans prescription. Cependant,
il est possible que quelques personnes l’aient interprétée comme une demande faite au médecin par
le personnel.
32
Partie Analyse
I. Les participants
Le nombre total de réponses s’élève à 173. Les ergothérapeutes sont les professionnels de
santé les plus représentés avec un total de 103 réponses (soit 59,6%). Ensuite, viennent les aides-
soignants avec 54 réponses (31,21%) puis les infirmiers avec 16 réponses (9,25%).
II. La confrontation à la contention
Dans leur grande majorité, les professionnels de santé ont été confrontés au moins une fois
dans leur carrière à la mise en place d’une contention.
A la question : Avez-vous déjà mis en place une contention physique pour éviter qu’un
patient/résident ne chute ? 90,3% des ergothérapeutes ont répondu oui soit (93 sur 103 répondants),
8,7% indiquent ne jamais en avoir mis en place (9) et 1 ne se souvenait plus.
Les aides-soignants sont 92,6% à avoir déjà mis en place une contention (soit 50 sur 54). Ils
sont 7,4% à déclarer ne jamais l’avoir réalisé.
Les infirmiers sont au total 93,7% à déclarer avoir déjà mis en place une contention (soit 15
réponses sur 16). 6.3% ne disent avoir jamais mis en place de contention.
90
,3
92
,6 99
,8
91
,3
8,7
7,4
6,3 8,1
1 0 0 0,6
E R G O T H É R A P E U T E S A I D E S - S O I G N A N T S I N F I R M I E R S T O T A L
MISE EN PLACE D'UNE CONTENTION ( en %)
oui non je ne sais plus
Au total, 91,3% des répondants ont déjà mis en place une contention et 8,1% n’ont jamais
dû mettre en place de contention pour éviter à un patient qu’il ne chute. Ces chiffres montrent
une récurrence dans l’expérience des professionnels sur le terrain.
Tableau 1-Taux de soignants à avoir mis en place une contention physique
33
III. La justification d’une contention
A la question : Si vous deviez mettre en place une contention physique, pour quelle(s) raison(s)
le feriez-vous ? (Plusieurs réponses possibles), on observe que deux raisons ressortent dans le
questionnaire. En effet, la sécurité et la demande du médecin ressortent plus que les autres raisons
quelques soient les professions questionnées. Au total, 60% des répondants ont estimé que la
contention est mise par sécurité et 75% qu’elle l’est à la demande du médecin. Toutefois, des disparités
ressortent entre les professions. Seuls 48,5% des ergothérapeutes pensent que la contention est mise
par sécurité alors qu’ils sont 100% chez infirmiers.
Le seul motif de la sécurité a été cité 25 fois, soit 14,4% des réponses avec représentation
plutôt égalitaire entre les professions. La demande du médecin comme seule raison a été citée 30 fois
soit 17,3% des réponses. Cette fois ci, la disparité est importante puisqu’aucun infirmier n’a déclaré la
demande du médecin comme seul motif contre 17% des ergothérapeutes et 12% des aides-soignants.
Les deux motifs de la sécurité et de la demande du médecin sont les réponses les plus
courantes données. Elles représentent 68,7% des réponses des infirmiers, 35% pour les aides-
soignants et 25% pour les ergothérapeutes. Au total, cette association représente 32% des réponses.
Le manque de temps et le manque de personnel sont les réponses les moins données, étant
citées respectivement 2,3 et 13,8%. Ces deux réponses n’ont jamais été données seules. Le manque
de temps étant toujours accompagné du manque de personnel. Le manque de professionnel dans le
service est également associé à la sécurité (4 fois) ou à la demande du médecin (5 fois), ou dans la
majorité des cas (13 fois), associé à la sécurité et la demande du médecin.
On remarque également que la famille a parfois un rôle favorisant la mise en place de la
contention dans certaines situations. 29 fois citée comme motif de mise en place de la contention, elle
représente donc 16,7% des réponses, avec une représentation quasi égale chez les ergothérapeutes
et les aides-soignants mais non présente chez les infirmiers. Toutefois, elle n’a jamais été présentée
comme le seul motif de contention étant la plupart du temps associée à la demande du médecin (27
fois).
Quelques soignants ont laissé des commentaires à cette question. Chez les ergothérapeutes,
certains (4 au total) ont spécifié que la contention n’est utilisée seulement après non-efficacité des
alternatives, d’autres (5) ont indiqué également que la décision est pluriprofessionnelle et une
personne y a ajouté que le bénéfice/risque est évalué. Un ergothérapeute a précisé que la contention
34
est passagère en attendant de trouver une meilleure solution. Toujours chez les ergothérapeutes, une
personne a indiqué que la contention peut être mise en place pour reposer un résident qui
déambulerait beaucoup et serait en situation d’épuisement.
Un infirmier et un ergothérapeute ont cité un motif supplémentaire pour poser une contention
qui est la demande émanant du résident.
IV. Les risques de la contention
La quatrième question du questionnaire est la suivante : A quelles complications pensez-vous
exposer la personne âgée lorsque vous lui mettez une contention physique ? (Plusieurs réponses
possibles). 14 complications étaient citées. On constate que beaucoup de risques (présents dans les
recommandations de l’HAS) sont mal connus des professionnels de santé. Par ailleurs, les risques de
décès (asphyxie, strangulation) n’ont été cités que par 32,4% des soignants (20,8% pour l’asphyxie,
44% pour la strangulation). Les inégalités entres les professions sont très marquées. Si l’on additionne
toutes les réponses des répondants par profession et que l’on fait une moyenne des réponses, on
obtient une connaissance de :
- 63,8% des 14 risques cités pour les ergothérapeutes
- 47,7% pour les infirmiers
- 36,9% pour les aides-soignants
48
,5
70
,4
10
0
16
,5
9,3
6,2
5
2,9
0
6,2
5
71
,8 77
,8 87
,5
13
,6
13
0
E R G O T H É R A P E U T E S A I D E S - S O I G N A N T S I N F I R M I E R S
LES RAISONS DE LA MISE EN PLACE D'UNE CONTENTION (en %)
par sécurité par manque de professionnel
par manque de temps à la demande du médecin
à la demande la famille
La pose d’une contention est donc le résultat de plusieurs facteurs. On observe un
consensus autour de certaines raisons qui permet de dresser succinctement la vision qu’ont les
professionnels de la contention : un acte médical d’où la demande du médecin qui procure de la
sécurité.
Tableau 2-Graphique des raisons de mise en place d'une contention
35
Dans une partie permettant aux professionnels d’ajouter eux-mêmes des conséquences,
beaucoup ont cité des effets sur le comportement et la psychologie, notamment l’impact sur l’estime
de soi et l’agitation.
Sur auto-évaluation de leurs connaissances, 21% des ergothérapeutes (22 sur 103) estiment
connaître tous les risques présentés, contre 5,5% chez les aides-soignants (3 sur 54) et aucun infirmier.
De manière globale, on observe une inégalité sur le niveau de connaissance que les professionnels
estiment avoir. Une majorité d’ergothérapeutes rapporte connaître tous ou la plupart des risques que
comporte la mise en place d’une contention alors que, chez les aides-soignants, ils sont plus nombreux
à penser n’avoir aucune ou peu de connaissances des risques.
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
anxiété troubles de lacontinence
atrophiemusculaire
Escarre Confusion Strangulation Infectionnosocomiale
RISQUES DE LA CONTENTION (en %)
Ergothérapeutes Aides-soignants Infirmiers
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Asphyxie Dépression Perte del'appétit
Troubles del'équilibre
Perted'autonomie
Augmentationdu risque de
chute
Ostéoporose
Tableau 3-Graphique des risques de la contention physique
36
Les inégalités des connaissances se poursuivent sur la formation autour de la contention. En
moyenne, 53,3% des professionnels ont appris les risques de la contention pendant leurs études, mais
ce chiffre fluctue d’une profession à une autre. En effet, seulement 38,9% des aides-soignants ont
bénéficié pendant leur formation initiale d’une information autour des risques de la contention, ce
chiffre s’élève à 52,4% chez les ergothérapeutes et à 75% chez les infirmiers.
Très peu de professionnels ont bénéficié d’une formation sur la contention pendant leur carrière.
Toutes professions confondues, ils représentent 10,4% de l’ensemble des soignants interrogés.
La formation auprès des pairs varie également d’une profession à l’autre. Les ergothérapeutes sont un
peu moins de 20% à avoir appris les risques par d’autres professionnels contre la moitié chez les
infirmiers.
L’auto-formation sur les risques de la contention par la lecture d’articles et de documents est citée par
52% des professionnels, mais toujours avec des disparités, avec un peu plus de 61% des
ergothérapeutes, 50% des infirmiers et 31,5% des aides-soignants. A de nombreuses reprises, les
soignants de toutes professions ont ajouté que l’expérience, l’observation et la pratique sont
également des vecteurs de connaissance sur les risques. Une ergothérapeute a expliqué qu’elle a
acquis ses connaissances lors de la préparation d’une formation sur les risques de la contention qu’elle
devait faire auprès de ses collègues.
Ergothérapeutes
Oui, tous
De la plupart
De quelques uns
Non, aucun
Aides-soignants
Oui, tous
De la plupart
De quelques uns
Non, aucun
Infirmiers
Oui, tous
De la plupart
De quelques uns
Non, aucun
Tableau 4-Taux de connaissance des risques
37
Tableau 5-Graphique des apprentissages des risques
La question suivante porte sur un possible changement de pratique après une prise de
connaissance de tous les risques qu’engage la contention physique. 20,8% des participants au
questionnaire ont répondu « Oui, certainement » à la question « si vous êtes confronté(e) à une
nouvelle situation avec un résident/patient à risque de chute, est-ce que ce questionnaire pourrait vous
amener à modifier votre pratique ? » 41,6% y ont répondu « Peut-être » et 37,6% ont répondu « Non ».
Ainsi, 62,2% des professionnels ont alors insinué que ce questionnaire a eu un impact sur leur manière
de considérer leur pratique.
Pour les professionnels ayant répondu « non », plusieurs explications sont avancées. Principalement
chez les infirmiers, ceux-ci expliquent que la contention est posée sous prescription médicale et que
0
20
40
60
80
100
Formation initiale Formation sur la contention Par des collègues Articles, documentation
APPRENTISSAGE DES RISQUES (en %)Ergothérapeutes Aide-soignants Infirmiers
En général, les ergothérapeutes semblent mieux connaitre les risques de la contention.
Cela pourrait être une explication au fait qu’il sont moins nombreux à la considérer comme une
mesure de sécurité. Les ergothérapeutes ne considèrent pas ou peu que la contention est une
mesure de sécurité au vu des risques qu’elle fait encourir aux personnes qui y sont soumises.
Les formations des professionnels semblent différentes tant sur le fait d’aborder la
contention que sur son approche. En effet, les infirmiers semblent être les professionnels qui ont
le plus étudié la contention (75%) mais connaissent moins bien les risques qu’elles comportent.
Les professionnels ne semblent pas retenir le même discours sur la contention. Les
infirmiers étaient unanimes sur le fait que la contention était mise par sécurité contre une petite
moitié d’ergothérapeutes seulement. Doit-on encore y voir une sensibilité différente entre les
corps de métiers ?
38
les conséquences d’une chute seraient plus graves que ce qu’une contention physique, utilisée en
dernier recours le plus souvent, pourrait provoquer.
Chez les ergothérapeutes, ce non s’explique par le fait que la contention est une prise de décision du
médecin qui doit se faire après une concertation pluriprofessionnelle avec évaluation du
bénéfice/risque. Dans certains établissements, des protocoles sont déjà élaborés pour permettre une
diminution des contentions. La politique du « zéro contention » est revenue plusieurs fois. La
contention est également proposée comme un dernier recours après un essai des différentes
alternatives. A deux reprises, des ergothérapeutes ont impliqué la famille des résidents : crainte de
leur réaction et volonté de la famille suivie par le médecin. Dans le même commentaire qui exprime la
crainte de la famille, la personne a également mentionné une crainte des « équipes ». Une seconde
personne explique être dans la contradiction avec ses collègues qui pensent agir dans l’intérêt du
patient lorsqu’ils mettent en place une contention afin de le sécuriser.
Concernant les aides-soignants, les arguments donnés reprennent ceux déjà cités en amont, à savoir :
une évaluation du bénéfice/risque, une utilisation en dernier recours et des conséquences de chute
pouvant être très importants. Des arguments supplémentaires sont aussi donnés comme un manque
de personnel et ce questionnaire ne suffit pas si il n’est pas suivi « d’un fait d’action ».
V. Des alternatives à la contention
La septième question propose certaines alternatives à la contention physique indiquées dans
le rapport de l’HAS. Les participants pouvaient alors choisir les alternatives qu’ils pourraient mettre en
place.
A l’exception d’une seule proposition, les ergothérapeutes ont toujours été majoritaires dans
les réponses. La modification de l’environnement étant la proposition récoltant le plus de réponses de
la part des ergothérapeutes (87,1%) et également de l’ensemble des professionnels (79,9%).
Les informations transmises à travers le questionnaire semblent avoir eu un impact auprès
de plusieurs répondants. Un changement de pratique est donc envisageable pour une majorité de
professionnels ; toutefois, ils sont nombreux à exprimer des conditions pour qu’une évolution soit
possible.
39
Tableau 6-Graphisme des alternatives
Dans tous les exemples d’alternatives cités précédemment, 35,1% des professionnels
indiquent connaître tous ces moyens. Mais, là encore, des disparités entre les professions sont
retrouvées. Les ergothérapeutes sont 44% à répondre qu’ils connaissent tous ces moyens, contre 24%
chez les aides-soignants et 12,5% chez les infirmiers. La plupart des professionnels ont répondu en
connaître certains : 81% chez les infirmiers, 61% chez les aides-soignants et 52,4% chez les
ergothérapeutes. Rares sont les professionnels à n’en connaître aucun. Ils sont 2,% chez les
ergothérapeutes (soit 3 personnes sur 103) et 14% chez les aides-soignants (soit 8 sur 54).
Pour permettre de répondre à la première hypothèse sur la sensibilisation des professionnels
à l’intérêt de la marche quotidienne afin de prévenir de l’utilisation de la contention, une dernière
question porte spécifiquement sur cette alternative. Ainsi, à la question de savoir s’il est envisageable
d’installer un temps d’accompagnement quotidien à la marche pour les personnes à risque de chute,
57,5% des professionnels ont répondu oui ; 28,7% sont indécis et 13,8% sont plus catégoriques avec
un non.
Les professionnels qui ont répondu « non » ou « peut-être » ne remettent pas en cause cette
méthode mais les contraintes qui pèsent sur leur activité. En effet, ils ont invoqué un manque de temps
rendant impossible ce genre de prise en charge individualisé. Parfois, le manque de professionnel est
également cité en complément du manque de temps
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Promenade quotidienne
Soulager les douleurs
Activité physique adaptée
Mise à disposition d'aide technique à la marche
Modification de l'environnement
inciter à une plus grande autonomie du résident
Etablir un programme de mise aux toilettes
ALTERNATIVES A LA CONTENTION (en %)
infirmiers aides-soignants ergothérapeutes
40
Tableau 7-Taux de possibilité d'instauration d'un accompagnement à la marche
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Oui Peut-être Non
INSTAURER UN ACCOMPAGNEMENT QUOTIDIEN À LA MARCHE (en %)
Ergothérapeutes Aides-soignants Infirmiers
Finalement, aucune proposition ne suscite vraiment un réel consensus pour les
professionnels de santé interrogés. Cette différence de réponses entre professionnels peut
émaner des principes de chaque profession. En effet, l’incitation à une plus grande autonomie du
résident a été davantage sélectionnée par les ergothérapeutes que par les autres professionnels.
La promotion de l’autonomie étant l’objectif de l’ergothérapie.
D’autres paramètres rentrent également en compte ; des professionnels voient avant tout
dans la mise en pratique de ces alternatives une réorganisation de leur travail qui paraît
inenvisageable au vu des contraintes qu’ils rencontrent déjà. Ce sont d’ailleurs les raisons qui sont
données par les professionnels qui ne pensent pas qu’un temps d’accompagnement à la marche
soit possible dans leurs établissements. Les aides-soignants sont les plus nombreux à être indécis
par cette proposition. En effet, la réduction de contention serait pour eux un moyen de gagner du
temps dans les soins qu’ils prodiguent mais est-ce que ce temps gagné serait suffisant pour ce
temps d’accompagnement à la marche ?
L’organisation du travail apparaît également dans les raisons de mise en place de la
contention. Un changement de pratique ne passera donc pas seulement par une prise d’initiation
individuelle.
Finalement, aucune proposition ne suscite vraiment un réel consensus pour les
professionnels de santé interrogés. Cette différence de réponses entre professionnels peut
émaner des principes de chaque profession. En effet, l’incitation à une plus grande autonomie du
résident a été davantage sélectionnée par les ergothérapeutes que par les autres professionnels.
La promotion de l’autonomie étant l’objectif de l’ergothérapie.
41
Partie Discussion
Le questionnement de départ s’intéresse aux alternatives à la contention physique chez les
résidents d’EHPAD à risque de chute que peut proposer un ergothérapeute à l’équipe
pluriprofessionnelle. Le recueil de données ajouté à la partie théorique précédemment développée
permettent alors de faire apparaître des éléments de réponses aux hypothèses exposées en fin de
problématique qui sont :
- En sensibilisant les professionnels sur l’intérêt de maintenir la marche quotidienne,
l’ergothérapeute peut limiter la mise en place de contention physique chez les résidents à
risque de chute.
- L’information sur les risques et conséquences néfastes d’une contention physique peut
amener les équipes soignantes à changer leurs pratiques.
I. Représentation de la contention physique
Au vu des réponses recueillies par le questionnaire, la contention physique a bien pour
connotation la sécurité pour de nombreux professionnels de santé. En effet, il est vrai que le but
premier de la contention étant d’immobiliser une personne au fauteuil, le risque qu’elle tombe paraît
donc éliminé. Pourtant, comme le rappelle le Dr. PUISIEUX (2016) cette idée est fausse. Les études
montrent l’inverse avec même des conséquences plus dramatiques. Et au vu des effets secondaires
attribués à la contention physique, la protection qu’elle procure reste mince comparée à ses risques.
Alors, des professionnels ont justifié le choix de la contention physique indiquant que les
conséquences d’une chute seraient plus importantes que les effets de la contention. Pourtant, les
risques de la contention sont bien mal connus des professionnels. Leur prise de décision n’est alors pas
optimale dans ce contexte. De plus, si l’on se réfère aux données de l’HAS, moins de 20% des chutes
entraînent des blessures physiques qui ne sont pas systématiquement graves. Ce serait donc une peur
« infondée » des professionnels de santé qui les guiderait dans ce choix de la contention physique.
C’est du moins la vision d’un ergothérapeute indiquant que « malheureusement, les soignants
préfèrent de mettre une contention pour se rassurer car crainte de la chute ».
Une question éthique se pose donc : priver un individu de sa liberté d’aller et venir pour
garantir sa sécurité par peur qu’il ne chute, est-ce acceptable ? La liberté s’opposerait à la sécurité ?
Si le choix de la contention physique est présenté comme le choix de la sécurité, il n’en reste
pas moins qu’elle est remise en cause car ses promesses de sécurité ne sont pas à sa hauteur. Par
42
ailleurs, les participants au questionnaire admettent que la contention est placée par échec des autres
moyens. Ils espèrent donc qu’elle est un moyen à court terme, « en attendant de trouver une meilleure
solution ». C’est donc que beaucoup de professionnels ont conscience du manque d’efficacité de la
contention, la considérant même comme le dernier recours, le dernier choix. Mais dans ce cas, lorsque
toutes les autres alternatives ont été essayées, le choix de la contention est-il vraiment le meilleur ?
Le Dr. Regnier pose alors cette question : « pourquoi est-il demandé aux soignants et aux médecins de
réduire à néant le risque de chute – « le » risque des vieux ? Ceux-ci se trouvant ainsi mis « sous cloche
» afin de ne plus courir le risque… de vivre, avec prescriptions médicales de contention à l’appui ? »
(Regnier, Chantal, 2011).
Le consentement et surtout le choix émis par la personne concernée par ces risques peuvent
être une réponse à cette problématique. Que veut-elle pour elle-même ? se savoir en sécurité ou
pouvoir faire ce qu’elle veut ? Effectivement, quelques professionnels soulignent dans le questionnaire
que le choix de la contention physique est une demande de la personne âgée elle-même. Je pense que
la question de l’éthique sur l’importance que l’on accorde à la sécurité et à la liberté pourrait faire
l’objet d’une recherche approfondie.
Toutefois, des programmes visant à réduire les chutes tout en respectant la liberté des
individus existent comme le programme « Pare à Chute » de l’ARS Ile-de-France. Basé sur
« l’amélioration du dépistage, l’adaptation de la prévention et le partage d’expérience sur les chutes
graves », il bannit l’utilisation de la contention physique. (ARS Ile-de-France, 2018).
Ce type de démarche ne se fait pas au niveau individuel mais bien institutionnel. La politique
de l’établissement est donc primordiale pour ces initiatives.
II. La place de l’institution
A. La contention physique
Les habitudes ont parfois la vie dure, en tous cas c’est ce que défend un ergothérapeute qui
explique ne pas pouvoir diminuer l’utilisation de la contention car cela relève d’une « Politique
d'établissement. Habitudes difficiles à changer ». La direction d’un établissement occupe une place
centrale dans l’utilisation de la contention par les professionnels de santé. Par différents vecteurs, elle
influence volontairement ou non le recours à la contention.
43
Au détour du questionnaire, de nombreux professionnels ont précisé travailler dans des
établissements pratiquant le « zéro contention » ou ayant entamé un programme de réduction de la
contention physique. C’est aussi ce que m’a expliqué l’ergothérapeute contactée lors de mon entretien
exploratoire, indiquant que plus aucune contention physique n’est utilisée depuis que l’établissement
s’est inscrit dans une pratique de l’Humanitude. En conséquence, les équipes de soins ont été formés
aux alternatives de la contention. La démarche de cet établissement est confortée par l’étude de
Capezuti (1998), qui démontre que les établissements qui réduisent l’utilisation de la contention
physique enregistrent une baisse du nombre de chutes.
La direction d’un établissement a donc le moyen d’impulser des projets comme ceux-ci.
Emanant de cette démarche, l’organisation de la prise en charge autour des personnes à risque de
chute évolue. Les répondants au questionnaire, particulièrement les ergothérapeutes, décrivent la
mise en place d’un protocole autour de la contention. La décision se fait maintenant en équipe
pluriprofessionnelle sur un temps qui est parfois dédié à cette problématique. Comme préconisée par
l’HAS, une balance des bénéfices/risques est réalisée après une évaluation exhaustive des facteurs de
risques. Une partie de la réflexion pluriprofessionnelle porte sur l’aspect éthique.
Si l’institution a la possibilité de faire diminuer l’utilisation des contentions, elle a également
la responsabilité de son utilisation exagérée. En première partie de questionnaire, les personnels
soignants sont invités à décrire les motifs d’utilisation de la contention. Finalement, même si peu cités
par les professionnels, le manque de temps ou/et le manque de personnel font partie des motifs de
mise en place de la contention. Jamais cités seuls, on peut penser que ce sont des éléments favorisant
sa pratique. Une aide-soignante témoigne que c’est « le système qui nous "oblige" à ce système par
manque de personnel », elle poursuit son témoignage en expliquant être parfois seule dans une UVA
avec 18 résidents. Elle se trouve donc dans l’impossibilité de faire autrement. Elle doit mettre une
contention à un résident qui « se met en danger » selon ses termes, le temps de prodiguer un soin à
un autre résident.
B. Les alternatives
Si le manque de temps et de personnel sont peu cités pour les motifs de mise en place de la
contention, ils sont les principaux obstacles à la mise en place d’une alternative à la contention
comprenant un accompagnement individualisé à la marche pour les résidents à risque de chute.
Présenté dans les recommandations de l’HAS et également utilisé dans une USLD ou Quentin Bernard
(2013) témoigne :
Les personnes ne sont pas contenues, on les fait marcher chaque jour, même à petits pas, même
sur la pointe des pieds. Il y a davantage de chutes qu’ailleurs, mais elles sont moins graves. Il y a
44
moins de fractures, ce qui signifie moins d’hospitalisations et moins de mortalité. (Quentin,
Bertrand, 2013, p.117)
57,5% des professionnels interrogés estiment que cet accompagnement est possible dans leur
établissement. Ces résultats sont donc en faveur de ma première hypothèse qui porte sur la
sensibilisation des professionnels au maintien de la marche quotidienne chez les résidents à risque de
chute. Cependant, 13,8% sont catégoriques sur l’impossibilité de mettre en place un tel programme
compte tenu de contraintes organisationnelles. La question à quel professionnel revient cet
accompagnement s’est aussi posée par une ergothérapeute. Elle insinue que cette prise en charge
revient aux aides-soignants et termine son message en disant que « c’est aux établissements et
directeurs de donner les moyens nécessaires pour cela ». Car oui, les aides-soignants ne remettent pas
en cause cette méthode, ils déplorent ne pas avoir de temps pour une telle prise en charge.
Toutefois, si le temps n’est pas suffisant pour les professionnels de santé dans le service, il est
envisageable de solliciter la famille. Cela peut se faire en proposant d’effectuer une petite marche dans
le couloir avec leur proche en expliquant les bienfaits. Un professionnel de santé est éventuellement
présent la première fois. Par la suite les allées et venues du personnel dans le service est une présence
rassurante pour les familles. L’information auprès des familles est donc essentielle.
C. La formation
Toutes les professions interrogées dans ce questionnaire nécessitent un diplôme d’état. Or,
comme développé dans la partie théorique, il n’est pas évident de savoir si les risques de la contention
sont toujours enseignés aux étudiants. Le questionnaire confirme que la formation n’est pas
équivalente chez tous les professionnels. Ils sont un peu plus de la moitié à avoir abordé les risques de
la contention durant leurs études, avec une grande disparité entre les professions. Certains
professionnels se rendent compte que cette différence de niveau est un frein pour une évolution des
pratiques, une ergothérapeute témoigne : « Il faut changer et augmenter les connaissances des autres
professionnels »
Ce manque de connaissances n’est pas rattrapé dans les formations proposées par les
établissements. Les aides-soignants sont un peu plus nombreux à disposer de ces formations (ils sont
également plus nombreux dans les EHPAD que leurs collègues ergothérapeutes et infirmiers) mais cela
ne permet pas de combler les écarts.
Pourtant, la formation du personnel est primordiale. C’est du moins ce que préconise l’ARS Ile-
de-France dans son programme « Pare à Chute ». En effet, s’il est demandé aux établissements une
« mise en œuvre d’une politique de gestion du risque de chute », la direction se doit aussi de fournir
45
un « effort particulier fait sur la formation des professionnels ». Ce programme est très apprécié des
professionnels. L’ARS cite une dernière amélioration des pratiques professionnelles : une « plus grande
importance accordée à la communication entre professionnels et vis-à-vis des patients et de leur
entourage. » (ARS Ile-de-France, 2018).
D. Le travail d’équipe
Décrit comme essentiel pour assurer une prise en soins efficace pour les résidents, il semble
que ce concept ne soit pas appliqué partout. Un ergothérapeute répondant au questionnaire explique
avoir « Peur […] des équipes ». La vision de la situation peut être différente au sein des équipes comme
le précise un autre ergothérapeute : « mais la pression de l'équipe soignante (IDE,AS) est plus forte et
le médecin finit par prescrire la contention ». La question de la contention met des membres d’équipe
en désaccord.
Il est difficile de mettre toute une équipe d’accord. Certains professionnels témoignent ne pas
être toujours d’accord avec la pose de la contention mais ne pas avoir le choix car la prescription est
posée. Une aide-soignante explique ne pas pouvoir remettre en question la décision du médecin.
Cependant, de nombreuses personnes font état de « décision, de réflexion pluriprofessionnelle » ou de
« vision complète de l’équipe ». Alors, même si cette méthode ne garantit pas une démocratie parfaite,
elle permet au moins de lancer les débats et d’échanger autour des solutions. Ainsi, même si après ses
échanges sur les risques et les bénéfices, ils ne trouvent pas un terrain d’entente, c’est au médecin
d’arbitrer. Toutes les parties ne sont pas satisfaites mais doivent s’en tenir à la décision.
Pour aller plus loin, il serait intéressant d’interroger les praticiens en EHPAD afin de savoir
comment ils se positionnent face à la contention physique et aux questions éthiques qu’elle fait
émerger. Un questionnaire supplémentaire pourrait alors permettre de déterminer si la prescription
du médecin répond à une situation qu’il évalue lui-même comme dangereuse ou si son jugement est
orienté par la demande des équipes de soins.
La collaboration entre les professionnels permet donc de statuer sur la mise en place de la
contention. En amont d’une situation problématique, cette collaboration permet également à des
professionnels d’établir une ligne de conduite ou de rédiger un protocole propre à l’établissement.
C’est ce que décrivent plusieurs professionnels qui travaillent en commun pour écrire une procédure
adaptée aux situations qu’ils rencontrent.
46
III. La famille et les proches
Dans deux réponses au questionnaire, la famille a été associée à la décision de mettre une
contention ou non. L’inclusion de la famille est ambiguë. Représente-t-elle vraiment la voix de la
personne âgée concernée, dans ce cas-là elle permet de mieux faire entendre la volonté de l’individu,
ou va-t-elle surprotéger son aîné, ne prenant pas en compte sa volonté mais seulement sa santé. Dicté
par ses sentiments, l’avis de la famille ne paraît pas toujours objectif.
La famille exercer parfois une pression sur les équipes de soins, un ergothérapeute explique
avoir « Peur de la famille […] », un autre surenchérit « […] malgré l'exposition de toutes ses
complications, si la famille veut la contention et que le médecin suit la décision de la famille, alors nous
sommes dans l'obligation de la mettre ».
Le Dr. Regnier met en garde contre les conflits familiaux. Ils doivent être repérés et le secret
médical doit être protégé « dans tout ce qui n’est pas indispensable à la compréhension et à
l’argumentaire du moment ». Le résident peut faire l’objet d’une position vengeresse de la part de ses
proches. Le personnel doit alors faire attention de ne pas prendre parti et à toujours garantir le droit
de son patient d’exprimer sa volonté et choisir pour lui. (Regnier, Chantal, 2011).
IV. Place de l’ergothérapeute
Pour répondre à ma seconde hypothèse sur la possibilité de faire diminuer l’utilisation de la
contention en sensibilisant les professionnels à ses effets secondaires, je peux dire que les résultats de
cette recherche se montrent favorables. En effet, le questionnaire comprend une partie sur
l’information du risque sous forme de question. Ainsi, certains professionnels ont pu se rendre compte
qu’ils n’ont pas conscience de tous les risques. Ils sont alors 62,2% à indiquer que cette prise de
conscience de risque modifie leur comportement vis-à-vis de la contention. Nous sommes alors sur un
simple questionnaire. Je pense donc qu’une action plus spécifique, avec un temps d’échange et de
partage de pratiques, accompagnée d’une réflexion en équipe sur la manière de faire autrement
pourrait donc avoir un réel impact dans leur pratique.
Cette conviction m’est renforcée par le commentaire d’une aide-soignante : « hélas, un
questionnaire reste un questionnaire, il faut que cela soit suivi de fait d'action ».
Cet action plus spécifique pourrait alors être faite par l’ergothérapeute. En effet, le conseil et
la transmission d’informations auprès des autres professionnels font partie des compétences de
47
l’ergothérapeute. Les ergothérapeutes sont les professionnels qui semblent le mieux connaître les
risques de la contention. Ils sont également les plus au fait des alternatives à la contention physique.
Une ergothérapeute répondant au questionnaire explique que l’établissement l’a sollicitée
pour former ses collègues sur les risques de la contention physique. Agissant dans l’intérêt de
l’indépendance et de l’autonomie des résidents, l’ergothérapeute paraît donc légitime pour défendre
la non-utilisation de la contention auprès de ses collègues.
En outre, l’ergothérapeute dispose également d’une compétence de conseil auprès des
familles. Comme vu précédemment, les familles influencent sur le choix de la contention physique.
L’ergothérapeute pourrait également informer les familles sur les risques de la contention physique et
les sensibiliser aux besoins d’autonomie et d’indépendance de leur proches.
Pour revenir sur la réflexion des familles qui accompagnent leur proches à la marche,
l’ergothérapeute pourrait alors intervenir dans ce processus d’implication des familles.
Il y a bien d’autres aspects sur lesquels l’ergothérapeute peut intervenir dans un contexte de
risque de chute pour éviter la mise en place de contention : modifications de l’environnement, prise
en charge autour des habitudes de vie, préconisation d’aide technique à la marche, mise en place
d’atelier d’entraînement à la marche ou de gym douce, … . Tous ces moyens de lutter contre le risque
de chute sont abordables pour un ergothérapeute mais s’éloignent des hypothèses de départ et
demanderaient une recherche à part entière.
48
Conclusion
Ce mémoire d’initiation à la recherche m’a permis de mieux appréhender la complexité des
questions éthiques auxquelles sont confrontés les soignants. La sécurité est une préoccupation du
corps médical mais la liberté est un droit fondamental pour tous.
L’utilisation de la contention physique engage des préjudices physiques et psychologiques
pour les personnes âgées. Malgré des recommandations de l’HAS visant à limiter son utilisation, celle-
ci est toujours en vigueur dans de nombreux EHPAD. L’objectif de ce travail de recherche est donc de
démontrer que la réduction de l’utilisation de la contention est possible dans les EHPAD. Dans ce
contexte, l’ergothérapeute est en mesure de proposer une sensibilisation à ses collègues sur les risques
de la contention physique. Au vu de ses connaissances et de sa compétence d’information et de
formation, il peut faire prendre conscience que d’autres pratiques sont possibles. Il peut alors proposer
des alternatives comme la mise en place d’un accompagnement à une marche quotidienne pour les
résidents à risque de chute qui est à l’origine de la mise en place de la contention. Certains
établissements sont déjà dans cette perspective. Même si ce changement de pratiques n’est pas
évident pour tous, beaucoup de personnels sont volontaires pour de nouvelles démarches. Pour
parvenir à changer la culture des établissements, une implication de tous les acteurs est nécessaire.
Aucune alternative n’est véritablement infaillible. Les risques ou du moins un risque est
toujours présent, peu importe la solution choisie. Une acceptation du risque est donc nécessaire par
tous les autres acteurs. Et quitte à accepter le risque, autant que ce soit celui qui profite à nos aînés.
Une nouvelle problématique émane : comment informer correctement le résident et recueillir son
consentement ?
49
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52
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I
Annexe
Annexe 1. - Réseau francophone de prévention des traumatismes et de promotion de la sécurité ...... I
Annexe 2 - HAS : Facteurs intrinsèques de risque de chute chez les personnes âgées (adapté de
Dargent-Molina) ...................................................................................................................................... II
Annexe 3 – Algorithme décisionnel ........................................................................................................ III
Annexe 4 – référentiel de pratique pour la contention ......................................................................... IV
Annexe 5 – HAS : alternative à la contention .......................................................................................... V
Annexe 5 – Questionnaire ...................................................................................................................... VI
Annexe 6 – Réponses rédigées du questionnaire (questions 6.2 et 9.2) ............................................... VI
Annexe 1. - Réseau francophone de prévention des traumatismes et de promotion de la sécurité
II
Annexe 2 - HAS : Facteurs intrinsèques de risque de chute chez les personnes âgées (adapté de
Dargent-Molina)
III
Annexe 3 – Algorithme décisionnel
IV
Annexe 4 – référentiel de pratique pour la contention
V
Annexe 5 – HAS : alternative à la contention
VI
Annexe 5 – Questionnaire
1/Quel poste occupez-vous dans votre établissement ? *
Ergothérapeute Infirmier(ère) Aide-soignant(e)
2/Avez-vous déjà mis en place une contention physique pour éviter qu’un patient/résident ne chute
? *
Non, jamais Oui Je ne m’en souviens plus
3/Si vous deviez mettre en place une contention physique, pour quelle(s) raison(s) le feriez-vous ?
(Plusieurs réponses possibles) *
□par sécurité
□par manque de professionnels dans le service
□par manque de temps
□à la demande du médecin
□à la demande de la famille
□Autre :
4/A quelles complications pensez-vous exposer la personne âgée lorsque vous lui mettez une
contention physique ? (Plusieurs réponses possibles)
□Anxiété
□Troubles de la continence
□Atrophie musculaire
□Escarre
□Confusion
□Strangulation
□Infection nosocomiale
□Asphyxie
□Dépression
□Perte d'appétit
□Troubles de l'équilibre
□Perte d'autonomie
□Augmentation du risque de chute
□Ostéoporose
□Autre : _______________________________
5/Aviez-vous connaissance de tous ces risques présents dans les recommandations de l’HAS (Haute
Autorité de Santé) sur l’utilisation de la contention physique ? *
Oui, tous De la plupart De quelques-uns Non, aucun
5.2/Si oui, de la plupart ou de quelques-uns, à quel(s) moment(s) les aviez-vous appris ?
□pendant votre formation initiale
□lors d’une formation sur la contention
□à la lecture d’articles, de documents
□par d’autres collègues
VII
□Autre : _______________________________
6/si vous êtes confronté(e) à une nouvelle situation avec un résident/patient à risque de chute, est-ce
que ce questionnaire pourrait vous amener à modifier votre pratique ? *
Oui, certainement Peut-être Non
6.2/Si non, pour quelles raisons ?
_______________________________
7/Que pourriez-vous mettre en place comme alternative à la contention ? (Plusieurs réponses
possibles) *
□ promenade quotidienne
□ soulager les douleurs
□ activité physique adaptée
□ mise à disposition d’aides techniques à la marche
□ modification de l’environnement
□ inciter à une plus grande autonomie du résident
□ établir un programme de mise aux toilettes
8/Tous les exemples cités précédemment sont présentés par l’HAS comme des alternatives à la
contention qui ont été testées avec succès en maison de retraite. Les connaissiez-vous ? *
Oui, tous
Certains
Aucun
9/Un temps quotidien d'accompagnement à la marche est présenté comme un moyen de réduire les
chutes ou du moins leur gravité. Il peut être une alternative à la contention physique. Pourriez-vous
envisager de mettre en place ce temps d’accompagnement à la marche avec des résidents considérés
comme à risque de chute ? *
Oui
Peut-être
Non
9.2/Si non, pour quelle(s) raison(s) ?
_______________________________
VI
Annexe 6 – Réponses rédigées du questionnaire (questions 6.2 et 9.2)
Profession 6.2/Si non, pour quelles raisons ? 9.2/Si non, pour quel(s) raison(s) ?
Question précédente : 6/si vous êtes confronté(e) à une nouvelle situation
avec un résident/patient à risque de chute, est-ce que ce questionnaire pourrait vous amener à modifier votre pratique ?
Question précédente : 9/Un temps quotidien d'accompagnement à la marche est présenté comme un moyen de réduire les chutes ou du moins leur gravité. Il peut être une alternative à la contention physique. Pourriez-vous envisager de mettre en place ce temps d’accompagnement à la marche avec des résidents considérés comme à risque de chute ?
Infirmier L'utilisation de la contention se fait vraiment en dernier recours et on essaye déja de la limiter au max.
Infirmier Toujours bénéfice risque évalué en équipe Les as n'ont pas assez le temps, les kinés ou l'ergo le font, mais c'est trop court pour enlever une contention ...
Infirmier Manque de temps et personnels
Infirmier Par manque de temps, de personnels.. Faut-il un soignant par personne accompagnée ? Combien de temps de marche ? Malheureusement on ne peut pas, ou peut-être une fois par semaine durant le weekend, 30min. Puis les résidents à risque de chute ne sont pas tous contenus. On envisage la contention qu'en dernier recours. Par définition la marche est un déséquilibre, on est tous à risque de chute. Les résidents qui marchent avec une aide ou même sans sont bien souvent accompagnés, après dans la maison ils ne font pas énormément de marche. Ils tourneraient vite en rond.
Infirmier Manque de personnel donc pas assez de temps individuel avec le résident.
Infirmier Le risque de chute est un risque grave, la priorité est de l'éliminer
Infirmier car les conséquences d'une chute peuvent être plus dramatiques (fractures, et leurs conséquences) que les risques encourus lors d'une contention ponctuelle ou plus ou moins à long terme
Infirmier Il faut du temps et du personnel
Infirmier Je le fais uniquement sur PM ou pour sécuriser un résident le temps d'avoir la PM et parce qu'il y a un risque imminent.
Ergothérapeute Protocole élaboré avec le médecin co mis en place dans mon EHPAD
Ergothérapeute Plus ou moins possible en fonction de l’effectif soignant
Ergothérapeute Avec un résident à risque de chute, les risques liés à la contention physique sont déjà pris en compte
Ergothérapeute Les réflexions concernant les contentions sont réalisées systématiquement en équipe interdisciplinaire afin de les éviter un maximum et des plans de compensation sont systématiquement mis en place.
Ergothérapeute La décision de mise en place d'une contention doit être le résultat d'une réflexion éthique pluridisciplinaire, en dernier recours après avoir essayé
VII
d'autres alternatives. Mais la décision finale reste au médecin (prescription), même si individuellement, en tant qu'ergo, je ne suis pas d'accord.
Ergothérapeute Des alternatives sont déjà essayés, la contention n'a lieu qu'en dernier recours et toujours avec mise en place d'alternatives en plus de la contention (temps d'accompagnement à la marche, mise aux toilettes, prise en charge de la douleurs....)
Ergothérapeute nous essayons déjà de limiter au maximum le nombre de contention mais dans certaines situations, difficiles de trouver des alternatives (présence soignante trop juste pour mettre en place un certain nombre d'alternatives) nous avons des patients qui chutent à répétition mais non contentionnés (vu avec le médecin et famille car risques hémorragiques, ostéo etc limités) et d'autres qui chutent moi mais contentionnés car risques ostéo très important
par quels soignants ??? présence ergo pas à temps plein, kiné pas tous les jours (et difficile d'intercaler les 2 interventions pour que cela fasse une intervention par jour). Les soignants favorisent les temps de verticalisation (installation sur une chaise en salle à manger, toilette debout dans la mesure du possible), accompagnement à la marche quand c'est possible mais présence soignant trop limitée pour généraliser..... Théorie//pratique
Ergothérapeute On ne met les contentions que sur PM lorsqu'il y a un risque de chute et en réfléchissant au bénéfices/risques. On essaie au maximum de les éviter car bien conscients des risques encourus. Elles sont mises si aucune surveillance n'est possible: si pas assez de personnel. La dérive en effet est qu'elles soient mises systématiquement sans réflexion ou réajustement.
manque de personnel/temps
Ergothérapeute Je pratique déjà le zéro contention et l'argumente constamment auprès des équipes et médecins au besoin. Je ne l'ai appliqué et soutenue que dans 2 situations très spécifiques et sur des temps bien distincts et très limités. Sinon, il s'agissait de ceinture de positionnement avec vérification auprès de la personne de sa capacité à s'en défaire ou dans une autre situation spécifique après échec de l'apprentissage du retrait du maintien par la personne accord de celle-ci pour que les professionnels placent la contention uniquement sur les temps de repas dans un but de réduction des mouvements involontaires provoquant des fausses routes importantes.
A la condition que le programme d'accompagnement soit respecté par les équipes soignantes car présence sur la structure une fois par semaine seulement
Ergothérapeute Car la politique de l'établissement est 0 contention, donc si on en met une place c'est que toutes les autres alternatives ont été essayées
Ergothérapeute bénéfices/risques toujours étudié avant avec l'équipe, la famille (et résident mais dans la quasi totalité des situations, troubles cognitifs très évolués), avec alternatives à la contention essayé avant
mais une des raisons principales à la mise de contention est l'incapacité à se mettre debout/marcher et que la personne n'en a pas conscience (oubli à mesure), avec antécédent de conséquences physiques et psychiques suite à une chute. Et donc, ces personnes sont dans l'incapacité à marcher même avec aide
Ergothérapeute car déjà j'informe en lien avec la connaissance de la législation, nous avons un groupe de travail pour la mise en place d'un protocole avec l'information des alternatives à la contention.
car ce n'ai pas moi qui est la main sur l'organisation de l'accompagnement dans les villages par les aides soignantes. Je ne peux que proposer et informé.
Ergothérapeute
Ergothérapeute Il faut changer et augmenter les connaissances des autres professionnels
VIII
Ergothérapeute Manque de temps et pour être efficace il faudrait que tous les soignants le fassent dès que cela est possible... Difficultés à mettre en place avec certains résidents qui ont beaucoup de troubles cognitifs
Ergothérapeute
Ergothérapeute Peur de la famille et des équipes Manque de temps, refus de la personne contentionnée (avec tbl cognitif: refuse de marcher qd on est là par peur/manque d'entrain/fatigue, mais se lève qd il n'y a plus personne )
Ergothérapeute Nous n'utilisons plus de contention physique (à part 2 barrières au lit) depuis un moment. Tout le monde est satisfait et les équipes suivent bien.
Ergothérapeute Manque de personnel et de temps
Ergothérapeute Vision de l'équipe complète sur le risque de chute et la mise en place de la contention.
Ergothérapeute Je suis contre la contention physique et je ne la met pas en place sauf dans de rare cas ou le médecin a absolument souhaité qu'elle soit mise en place ( patient désorienté et violent avec les autres. Ceinture mise en place qd les soignants sont occupés a la toilette avec d'autres résidents ) Ce questionnaire me conforte dans ma pratique.
Je suis présente seulement a 20% dans l'établissement donc je ne peux le mettre moi même en place. J'essai de le faire ponctuellement dans l'ehpad classique. En revanche les équipes le font quotidiennement dans l'unité fermée Alzheimer.
Ergothérapeute Parce que sur la structure on évite d'en mettre au maximum et que lorsqu'on en met c'est qu'on a pas trouvé d'autres solutions pour sa sécurité et son bien être
Oui et c'est déjà mis en place sur la structure sur laquelle je travaille ! De plus nous avons la chance d'avoir un kiné a 100% une psychotricienne a 40% et moi même l'ergothérapeute a 70% ce qui aide a ce qu'il n'y ai que peu de contention
Ergothérapeute Malheureusement même lorsque l'on est contre la contention pour un résident, malgré l'exposition de toutes ces complications, si la famille veut la contention et que le médecin suit la décision de la famille alors nous sommes dans l'obligation de la mettre.
Ergothérapeute Je suis plutot contre les contentions physiques pour tous les risques cités plus haut. Si je met une contention en place c'est en dernier recours car toutes les autres solutions auront été un échec.
C'est une idée que je trouve très intéressante. Malheureusement le temps de travail réduit en structure ainsi que le manque de personnel ne permettent que très rarement ce type de mise en place.
Ergothérapeute J ai créé un arbre décisionnel à la mise en place des contentions
Ergothérapeute Dans l'EHPAD où je travaille, beaucoup de résidents doivent subir la prescription médicale de leur médecin et possèdent donc une contention physique. Ce questionnaire ne changera pas ma pratique puisque je connais les risques de la mise en place d'une contention et les explique régulièrement aux médecins prescripteurs et à mes collègues qui, eux, pensent toujours agir dans l'intérêt du résident "en le sécurisant". J'espère que les choses pourront un jour évoluer ;) Bonne recherche à vous
Manque de temps et de personnel (malheureusement)
Ergothérapeute Au répondu par mes propres connaissances. Dans mon établissement seulement une contention sur 70 résidents
IX
Ergothérapeute Très peu mis en place les conventions car contre, mis uniquement à la demande du médecin ou lorsque le danger est important. Utilisation d'alternative comme le système santinell de idolys
Difficile avec des résidents déments qui déambule déjà
Ergothérapeute Déjà un protocole de réflexion pluri en place Pas le temps, pas assez d'agents, manque de moyen humain ...
Ergothérapeute Je connais déjà les risques et essaye de limiter la contention physique Manque de personnel
Ergothérapeute Si le médecin a décidé qu'une contention doit etre installée et qu'apres négociation, il ne changera pas d'avis, je n'ai pas le choix.
Compliqué en terme de temps. Il faudrait que ces accompagnements soient inscrits dans le plan de soin des résidents pour que les soignants ait le temps dédié a cela. Il faut aussi que les soignants soient formés.
Ergothérapeute Car, toute contention est soumis à prescription médicale. Cela ne m'empêche pas d'en discuter en équipe et d'évaluer si d'autres alternatives sont possibles.
Par manque de temps principalement
Ergothérapeute Balance bénéfice/risque
Ergothérapeute Pas sûr qu'un questionnaire change la donne. Puis une contention adaptéesm est mieux que contentionner tous les patients
Ergothérapeute Nous mettons tout avant de mettre une contention. Discussion pluri disciplinaire avec un très bon médecin co
C’est déjà mis en place
Ergothérapeute Sur le principe oui, sur la pratique non. Contention abusive des soignants qui ne respectaient pas le protocole car manque de temps et de formation pour prendre en charge un patient chuteur et anxieux
Manque de temps et parfois le resident ne veut pas
Ergothérapeute Sur le principe oui, sur la pratique non. Contention abusive des soignants qui ne respectaient pas le protocole car manque de temps et de formation pour prendre en charge un patient chuteur et anxieux
Manque de temps et parfois le resident ne veut pas
Ergothérapeute Prescription par le médecin principalement transitoire (dujarrier avec résidents ayant déjà des troubles de l équilibre, fracture avec appui interdit)
Ergothérapeute mais saisi impossible en haut du questionnaire
Ergothérapeute Je pense déjà suffisamment faire la balance bénéfice / risque avant toute mise en place de contention physique. Même si prescription d’un médecin, il arrive que je l’appelle pour en rediscuter avec lui. La contention ne doit pas être une solution de facilité.
Ergothérapeute Parfois les alternatives ne fonctionnent pas
Ergothérapeute Il n'est pas assez précis. Quid de cause des chutes, du nombre de chutes, des alternatives déjà mises en place, des circonstances (du lit, du fauteuil, ...), du type de contention et de la durée, ...?
Question mal formulée. Et si c'est déjà mis en place?
Ergothérapeute Je pense être une professionnel qui remet en cause la contention pelvienne / barrière au sein de la résidence. Je suis justement celle qui argumente le plus pour la mise en place d'outil annexe afin d'éviter la contention physique
Ergothérapeute Je me suis déjà beaucoup questionnée sur les contentions physiques durant mes études. J'essaie de sensibiliser mes collègues à cette problématique depuis quelques temps déjà.
X
Ergothérapeute Non concernée car je ne mets pas de contention et que j'exerce dans un établissement suivant une politique du 0 contention
Selon moi l'accompagnement à la marche n'est pas propre à l' ergotherapeute. C'est aux soignants de proposer ce temps d'accompagnement et donc aux établissements et directeurs de donner les moyens nécessaires pour cela
Ergothérapeute Je travaille dans un établissement zéroà contention !
Ergothérapeute Nous avons déjà beaucoup travaillé sur ce sujet et même s'il nous reste encore du travail, notement concernant toutes les contentions déguisées, nous en avons conscience. Oui j'espère encore améliorer notre approche de la contention, mais cétait déjà le cas avant ce questionnaire.
Le manque de personnel.
Ergothérapeute je suis déjà dans une démarche de diminution des contentions physiques.
Ergothérapeute Politique d'établissement. Habitudes difficiles a changer.
Ergothérapeute La décision se fait de façon pluridisciplinaire
Ergothérapeute Le questionnement se fait régulièrement en équipe, sa mise en place et son évaluation sont bien suivis
Ergothérapeute nous avons déjà une politique de réduction de contention dans notre ehpad.
Ergothérapeute Je connaissais déjà tous ces risques, et je travaille avec les équipes à mettre en place des alternatives et comment bien penser une contention lorsque c'est prescrit. .r
Ergothérapeute nous n’utilisons la contention que très rarement et après une discussion d’équipe interdisciplinaire. De plus la contention n’est pas portée au long court... levée de contention très régulière
Ergothérapeute N'ayant pas d'espace "remarques" j'écris ici ;) Il existe différentes causes pour mettre une contention. Dans l'EHPAD où je travaille, certains résidents ont une contention car ils essaient de se lever de leur fauteuil mais n'ont pas la capacité de marcher, d'autres car ils oublient qu'ils n'ont pas le droit à l'appui (cas d'une fracture non opérée), ou d'autres encore qui déambulent toute la journée mais chutent à cause de la fatigue. La contention est donc mise 1h par jour pour les "inciter" à se reposer, partager un moment avec les autres résidents etc... je me permets cette remarque car ce sont des points qui ne sont pas abordés dans votre questionnaire, mais peut-être que jai mal cerné votre sujet.
Ergothérapeute Certains résidents chuteurs n’ont Plus de capacitès de marche. D’autres marchent, font APA, Kine , groupe équilibré et tombent malgré tout. Difficultés dans mon établissement à mettre en place de façon quotidienne les jours où je suis absente.
Ergothérapeute les questions actuels ne change pas mes connaiscances ni ma vision sur le sujet. A savoir que bien que des contentions ont deja été mises en place, elles ne doivent normalement survenir qu'en derniere intention
je me permet de preciser ici : ce n'est pas parce que l'on souhaite le mettre en place que nous avons le personnel pour le faire
Ergothérapeute Nous utilisons très peu de contentions dans l'Ehpad où j'interviens. Nous mettons en place un maximum d'alternatives.
XI
Ergothérapeute Malheureusement, les soignants préfèrent de mettre une contention pour se rassurer car crainte de la chute +++
Ergothérapeute je suis au fait des bonnes pratiques et c'est la première chose que j'interroge lors de la mise en place d'une contention, enfin la seconde la première étant y a il une prescription médicale
malheureusement par manque de personnel... pas d'APA, séances de Kiné libéral courtes, manque de temps des soignants...
Ergothérapeute Réflexion d équipe déjà riche Nécessite organisation rigoureuse pour avoir le temps !
Ergothérapeute Si une contention est envisage cest que nous avons déjà essayé toutes les alternatives.
Ergothérapeute Dans ma pratique je fais déjà tout pour éviter la mise en place d'une contention (lit Alzheimer, comprendre pourquoi il chute, concertation avec les équipes, réévaluation de l'utilité d'une contention quand il y en a une)
Les personnes qui ont une contention au fauteuil sont des personnes qui ne peuvent pas marcher ou qui font quelques pas pour les transferts mais ne se déplacent pas de manière fonctionnelle et sécuritaire. Elles sont de manière permanente au fauteuil. Les personnes qui ont une contention sont celles qui essayent de se lever de leur fauteuil mais qui oublient qu'elles ne sont pas en capacité de tenir debout et se mettent en danger. Sinon pour les personnes qui marchent et à risque de chute elles n'ont jamais de contention chez nous.
Ergothérapeute Car la contention n'est, à mon avis, à n'utiliser qu'en dernier recours, donc il y aurait dans tous les cas une réflexion en amont avec l'équipe sur les pour et contre. Par contre, savoir que des recommandations existent pourraient permettre d'argumenter contre la mise en place de contention si une alternative existe.
Ergothérapeute Je lutte contre les contentions physiques, mais la pression de l'équipe soignante (IDE,AS) est plus forte et le médecin fini par prescrire la contention
pas dans le cadre de mon poste, mais cette possibilité est souvent évoquée et encouragée
Aide-soignant Nous manquons vraiment de temps pour cette activité. Nous ne le faisons que lors des soins et sur de petites distances
Aide-soignant Je suis contre la contention....c le système qui nous "oblige" a ce système par manque de personnel ...qd on est seule pour 18 déambulant ds 1 uva ...parfois par manque de surveillance du au manque de personnel on met 1 contention à 1 résidente car se met e danger seulement durant le temps d 1 coucher ou mise aux wc d 1 autre résident puis on la retire
Aide-soignant Manque de temps et de personnel
Aide-soignant Manque de personnel, manque de temps
Aide-soignant Les conséquences de la contention sont évidemment triste, mais la plupart du temps nous réfléchissons aux bénéfices risques en équipe et au vu des conditions de travail actuelles et du manque de personnels nous ne pouvons pas retirer les contentions.
Car en tant qu'aide soignante nous avons que très peu de temps à accorder aux résidents hors du cadre "soins" nous avons une fiche de poste qui ne laisse pas de temps pour mettre en place ce genre d'activité ce qui est bien dommage.
Aide-soignant J'ai déjà mon opinion sur les contentions physiques.
XII
Aide-soignant Les contentions doivent être très limitée en durée Moments précis et max par 24h... il faut que ça dure
Aide-soignant Demande du médecin que l’on ne peux pas remettre en question
Aide-soignant
Aide-soignant Manque de personnel ou de temps ou de moyens
Aide-soignant HÉLAS UN QUESTIONNAIRE RESTE UN QUESTIONNAIRE IL FAUT QUE CELA SOIT SUIVI DE FAIT D'ACTION
Aide-soignant Manque d'effectif
Aide-soignant Manque de temps
Aide-soignant Manque de personnelle
Aide-soignant Je ne suis pas pour la contention.
Aide-soignant Manque de temps et de moyens
Aide-soignant la contention bien utilisée,autorisée et non abusive n'entraîne aucun risque
Aide-soignant la contention est vraiment le dernier recours donc les très rares fois utilisée c'est vraiment une reflexion d'équipe
si dans l'idéal ce serait parfait pour tous que ce soient les soignants ou les résidents les uns seraient plus fièrs de leur travail et les autres garderaient leur autonomie, moins stressés, bref plus heureux
Aide-soignant Manque de temps
Aide-soignant Manque de temps et de personnel