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RÉCITS BARIOLÉS Boréal COLLECTION PAPIERS COLLÉS Robert Lévesque Extrait de la publication

Robert Lévesque COLLECTION PAPIERS COLLÉS… · (Collection Papiers collés) ISBN 2-7646-0443-2 1. Littérature — Histoire et critique. 2. Critique d’art. 3. Vie intellectuelle

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Récits bariolés, c’est-à-dire aussi colorés que variés, débordants de personnages et de scènes inoubliables, tantôt drôles, tantôt émouvants, toujours inattendus, les textes que Robert Lévesque a réunis ici se lisent comme autant de petites conversations amicales, dans lesquelles un lecteur passionné, pour qui l’art et la littérature sont la nourriture et le décor privilégié de sa vie et de sa pensée,

rapporte ses découvertes et exprime ses ravissements comme ses déconvenues, ses sympathies comme ses antipathies. Qu’elles proviennent du xviie siècle ou du présent le plus proche, d’Europe ou du Québec, ces découvertes donnent lieu chaque fois à un récit vif, enlevé, porté par une prose souple et chatoyante

où fusent les bons mots, les formules heureuses, les traits qui font mouche et les idées surprenantes. Du potin à l’analyse, de l’anec-dote à la réflexion, de Molière à Michael Moore, de Stendhal à Pierre Bourgault, Robert Lévesque, accom pa gné de ses chats amis, se promène dans l’histoire artistique et intel lectuelle comme dans un jardin familier, qu’il fréquente depuis toujours mais où chaque sortie, chaque lecture lui fait trouver du nouveau, de l’inédit, du merveilleux.

Publiées d’abord dans le journal montréalais Ici, cette soixantaine de chroniques, quel qu’en soit le sujet ou le prétexte, portent toujours la même marque, celle d’un esprit auquel sa culture apporte une liberté et une aisance parfaites.

25,95 $19,50 e

Critique dramatique et chroniqueur

littéraire, Robert Lévesque a déjà

publié dans la collection «Papiers

collés », La Liberté de blâmer, Un

siècle en pièces et L’Allié de per­

sonne. Il a reçu en 2002 le prix

Jules-Fournier du Conseil supé rieur

de la langue française.

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Les Éditions du Boréal4447, rue Saint-Denis

Montréal (Québec) H2J 2L2www.editionsboreal.qc.ca

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Récits bariolés

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DU MÊME AUTEUR

L’Allié de personne, carnets, Boréal, coll. «Papiers collés», 2003.

Près du centre, loin du bruit, Lux, coll. «Lettres libres», 2003.

Un siècle en pièces, carnets, Boréal, coll. «Papiers collés», 2000.

La Liberté de blâmer, carnets et dialogues sur le théâtre, Boréal,

coll. «Papiers collés», 1997.

Les Entretiens du Devoir, arts et littérature, Presses de l’Université du

Québec, 1995.

Entretiens avec Jean-Pierre Ronfard, Liber, 1993.

«Un effet de pluie», dans Un été, un enfant, Québec Amérique, 1990.

Le Curé Labelle (en collaboration avec Robert Migner), La Presse, 1979.

Camillien et les années vingt (en collaboration avec Robert Migner),

Éditions des Brûlés, 1978.

Réjeanne Padovani, dossier et découpage, Éditions de l’Aurore, 1975.

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Robert Lévesque

Récits bariolés

BoréalCOLLECTION PAPIERS COLLÉS

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Les Éditions du Boréal reconnaissent l’aide fi nancière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour ses activités d’édition et remercient le Conseil des Arts du Canada pour son soutien financier.

Les Éditions du Boréal sont inscrites au Programme d’aide aux entreprises du livre et de l’édition spécialisée de la SODEC et bénéficient du Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres du gouvernement du Québec.

Illustration de la couverture: Carlito Dalceggio, Dialogue avec la muse, 1 à 60 (détail), 2004, photo de Stephane Cocke.

© Les Éditions du Boréal

Dépôt légal: er trimestre

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Diffusion au Canada: DimediaDiffusion et distribution en Europe: Volumen

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Lévesque, Robert, 1944-

Récits bariolés(Collection Papiers collés)ISBN 2-7646-0443-2

1. Littérature — Histoire et critique. 2. Critique d’art. 3. Vie intellectuelle.

I. Titre. II. Collection.

pn513.l48 2006 809 c2006-940286-8

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Le voyage à Narbonne(Molière)

On a parfois de jolies surprises à la lecture des étiquettessur les bouteilles de vin. Ce fut le cas avec celle-ci, lue l’autrejour sur celle d’un rosé, l’été étant enfin venu…: «Situé surles contreforts sud-ouest du Massif central, dans la mêmefamille depuis sa construction en 1620 par Bernard de Pen-nautier, le château de Pennautier reçut Louis XIII et Molière.»

Je suis un lecteur d’étiquettes dilettante mais je fréquentecette prose viticole (qui est une littérature d’appellation) plu-tôt quotidiennement, toujours vers les dix-huit heuresvenues, au moment du choix qui engage la soirée, lorsqu’ilfaut décider de la prise (le wine of the night) avant de passerchez le poissonnier ou le boucher pour le reste…

Alors, ce jour-là, j’étais bien étonné en constatant, carc’était une première pour moi, qu’un vigneron du centre dela France utilisait le nom du cher Molière pour présenter sacuvée, trois cent trente-deux ans après la mort de l’auteur duMisanthrope. Et surtout, me suis-je dit aussitôt, pourquoiassocier ainsi l’acteur-auteur qui, sa vie durant, a fait rire laFrance d’en-haut et la France d’en-bas avec le dernier roi quele peuple de France a pleuré?

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Et puis d’abord, y ont-ils été ensemble, au château de Ber-nard de Pennautier? C’est ce qu’on est en droit de se deman-der en lisant ça. Et qui est cet accueillant Pennautier? Monsang d’investigateur n’a fait qu’un tour et voilà: je ne trouvenulle part la trace de ce monsieur, dans aucun livre d’histoireni dans le volumineux Dictionnaire du Grand Siècle de Fran-çois Bluche édité chez Fayard. De même qu’on ne peut passavoir si Louis le Juste et notre Molière ont bu en compagniece vin-là, le Château de Pennautier, une appellation Cabardèscontrôlée qui, de nos jours, offre un excellent rapport qualité-prix (quatorze dollars, et on n’oubliera pas sa légère touchede réglisse).

En 1620, quand on termine la construction du château dePennautier sur les contreforts sud-ouest du Massif central,Louis XIII a dix-neuf ans et ça fait déjà dix ans qu’il est sur letrône, et cinq ans qu’il est marié… Molière, lui, n’est pasencore né, mais on ne s’en fait pas, ça va venir deux ans plustard, en 1622. Comme Louis XIII meurt en 1643, leur ren-contre chez ce Pennautier ne peut s’être faite, si tant est qu’elleeut lieu, que lorsque Molière avait moins de vingt et un ans.

Pour en avoir le cœur net, j’ai fait des recherches dans mabibliothèque et oui, palsambleu, ça devenait tout à fait pos-sible qu’ils aient bu, côte à côte, mon rosé de l’autre soir, cesdeux-là! Comment? Pourquoi? Le voyage à Narbonne,pardi! D’avril à juillet 1642, Louis XIII, Richelieu et la Courallèrent à Narbonne pour régler une affaire politique (la«Conspiration de Cinq-Mars» fomentée par Gaston d’Or-léans). Et Jean-Baptiste Poquelin, à vingt ans, était du voyage,du moins si l’on en croit Grimarest, son premier biographe,qui écrivit son ouvrage une trentaine d’années après la mortde Molière, mais il n’y a pas de raison de ne pas le croire.

Grimarest raconte ça ainsi dans sa Vie de Monsieur deMolière: «Quand Molière eut achevé ses études, il fut obligé,à cause du grand âge de son père, d’exercer sa Charge pen-dant quelque temps; et même il fit le voyage à Narbonne à

MOLIÈRE

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la suite de Louis XIII.» Pour les moliéristes, ce voyage à Narbonne est l’un des plus beaux mystères de la vie de Jean-Baptiste Poquelin, car on n’en sait pas grand-chose, à peuprès rien, mais plusieurs croient ou pensent que, avec uneidée précise derrière la tête, le jeune Poquelin demanda à sonpère, qui avait quarante-sept ans, ce qui n’était pas un «grandâge», de le remplacer dans la suite du roi.

Pourquoi? C’est là que ça devient piquant. À vingt ans, lefils Poquelin, pour qui la charge paternelle de tapissier du roiétait sans intérêt en regard des joies entrevues de la vie descomédiens, était tombé amoureux de Madeleine Béjart et ilsavait qu’une troupe de théâtre, dans laquelle Madeleineserait, allait accompagner le roi à Narbonne. Il se faufila là-dedans pour rejoindre l’élue de son cœur. Résultat: neufmois après ce fameux voyage, c’est-à-dire en février 1643,Madeleine accouchait de la petite Menou, fille de Molière,cette Armande Béjart qui deviendra sa femme vingt ans plustard, mais ça, c’est une autre histoire…

Pour aller de Paris à Narbonne, si l’on descend sans tropde détours, il faut presque nécessairement passer par leLimousin et l’Auvergne, les deux grandes régions du Massifcentral. On peut dès lors très bien imaginer qu’en route lasuite du roi, parmi ses nombreuses escales, ait pu en faire unedans le Cabardès, à l’aller ou au retour, et pourquoi pas auchâteau de ce monsieur Bernard de Pennautier, qui, si j’encrois le dessin reproduit sur l’étiquette, avait les dimensionspour accueillir une armée.

En tout état de cause, une fois la bouteille éclusée, et aprèsavoir vérifié mon hypothèse avec plusieurs autres bouteilles deChâteau de Pennautier, j’en ai maintenant, quant à moi, acquisla certitude. Le bon roi qui allait bientôt mourir et le chaudlapin qui deviendrait le roi de la comédie ont bu de mon roséensemble… Et depuis, je lève mes verres de Pennautier et, sur-tout, je les vide, en pensant mélancoliquement à l’ambiancedes escales de ce voyage à Narbonne de l’été 1642…

LE VOYAGE À NARBONNE

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La planque dans le Languedoc

Manque de pot, cependant, et me voilà obligé de faireamende honorable sur un point après avoir été, non pasrabroué, mais informé, ce qui est pire, par mon rédacteur enchef qui, par le plus grand des hasards, avait lui aussi remar-qué cette étiquette-là, tiqué sur le nom de Molière, bu la bouteille et entrepris des recherches. Sauf que son enquête,contrairement à la mienne, il l’a faite sur Internet. C’est lafable du rat de bibliothèque et du corbeau sur le fil.

Moi, en rongeant mes livres, je n’avais rien trouvé sur cePennautier qui fit construire en 1620 le château où LouisXIIIet Molière auraient été reçus, et j’en concluais qu’on ne trou-verait nulle part la trace de ce monsieur, mais lui, voletant surla Toile, il a fait mouche et a trouvé des choses et plus…

Dans mes bouquins, j’avais pris la route du théâtre; mon rédac’chef, lui, sur son clavier, a pris la route du vin etc’est ainsi qu’il est arrivé chez les Pennautier père et fils, Ber-nard et Pierre-Louis, de fameux mécènes si l’on en croit la littérature rangée sur le site des Vignobles Lorgeril. Lorge-ril, tout était là! C’était sur l’étiquette mais je n’avais pas te-nu compte de ce comte Nicolas de Lorgeril, propriétaire.

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Lui, il a cliqué Lorgeril. Dans des situations comme celle-là, je me sens plus proche de Molière que de mes contempo-rains.

Non seulement le père Pennautier, qui était le trésorierdes États du Languedoc, aurait été un protecteur de Molièreet de sa troupe durant sept ans, de 1647 à 1654, soit la pé-riode la plus floue de la vie de Molière, mais c’est aussi quel-qu’un qui finança la construction du canal du Midi pourfaire voguer ses caisses de vin. Le fils Pennautier, lui, quiconfia à Le Nôtre l’agencement des jardins du château, vaêtre un jour Receveur général du clergé de France. Va poureux.

Ce qui m’a intéressé dans les trente-six pages de notesque m’a refilées mon si curieux rédac’chef, c’est autre chose.Dans son filet, il a aussi ramassé le texte d’une conférenceprononcée le 14 mai 1999 par un certain professeur Caldicottlors d’un colloque Molière tenu à… Narbonne. Tiens donc. Ily a là-dedans de l’inédit. De l’à peine croyable.

On savait que Molière, endetté, avait fui Paris en dé-cembre 1645 après l’échec de l’Illustre-Théâtre (l’aventuredura de septembre 1643 à août 1645) et que Madeleine Béjartl’avait rejoint dans le Midi en janvier 1646, mais ensuite, etpour plusieurs années, c’est le trou noir pour les moliéristes.«Il entre dans l’anonymat des comédiens de campagne»,écrit Alfred Simon dans son indispensable Molière, une vie(La Manufacture, 1987). Durant treize ans, de 1645 à 1658,l’année de son retour à Paris, Molière déjoue toutes les tenta-tives de précision biographique. C’est un poisson dans l’eaudu temps.

Or ce professeur Caldicott, un Dublinois, apporte unéclairage sur cette période la plus secrète de la vie de Molière.Il aurait été, dès juillet 1647, à la solde de l’administration desÉtats du Languedoc de façon continue et… grassement payé.D’après le professeur, c’est le comte d’Aubignoux (mais ilécrit «Aubijoux», ce qui agace) qui aurait invité la troupe de

LA PLANQUE DANS LE LANGUEDOC

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Molière, laquelle était alors la troupe de Dufresne, à célébrerson entrée dans Toulouse en tant que lieutenant-gouverneurde la province du Languedoc.

Chez Alfred Simon, la seule fois qu’apparaît d’Aubi-gnoux, c’est, au contraire, pour relater un fiasco. La troupe de Dufresne, selon lui, est arrivée à Albi «au beau milieud’une visite officielle du comte». «Les comédiens se voientallouer cinq cents livres pour s’être dérangés inutilement avecleurs hardes et leurs meubles», écrit-il, ajoutant: «la troupeest remontée vers la Loire et Dufresne a loué le jeu de paumede Fontenay-le-Comte pour vingt et un jours à compter du15 juin 1648».

Si l’on en croit ce Caldicott, Molière et les siens auraientbel et bien participé à l’entrée d’Aubignoux dans Toulouse etdans Albi où «la fête dura quinze jours», à la suite de quoi lescomédiens furent dûment engagés pour divertir l’ensembledes députés qui, à Carcassonne, allaient tenir annuellement,sur des durées allant jusqu’à six mois par an, les assises festivesdes États du Languedoc.

«La présence de la troupe aux séances annuelles des Étatsdu Languedoc, écrit Caldicott, constituait une source derevenu considérable pour les comédiens car, entraînés sansdoute par l’exemple et l’influence des lieutenants-générauxqui représentaient le gouverneur, les députés des trois Étatssiégeaient des mois durant, malgré les articles de l’Édit deBéziers dressés par Richelieu en 1632 qui limitaient à 15 joursces séances.» Mais on s’en foutait, c’était la Fronde, Richelieuétait six pieds sous terre. Et Molière n’était pas regardant…

Que faire maintenant avec nos images de charretteerrante et de nuits sur la paille venues du Roman comique etde Capitaine Fracasse, je vous le demande…

MOLIÈRE

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L’ultime abricot(Diderot)

Diderot, par exemple, puisque la Pléiade lui consacre sonAlbum 2004, on aurait bien voulu qu’il soit lui aussi au Pan-théon des grands hommes, pas seulement parce qu’il a été unprécurseur de Marx, mais parce que c’est la plus belle tête duXVIIIe. L’homme le plus allumé du Siècle des Lumières, c’estlui, mais sa panthéonisation est impossible car toute trace desa sépulture a disparu, il n’y aurait pas de cendres authen-tiques à mettre dans l’urne. Ah ça, on achevait bien les philo-sophes à l’époque…

Dans le cas de Voltaire, son célébrissime aîné, remar-quons que, si on a pu le faire entrer au Panthéon (mais aprèsune violation de sépulture en 1814, trente-six ans après samort, ça devait être du joli…), c’est qu’un neveu y avait vu.L’oncle raide mort fin mai 1778, ce jeune homme emportasecrètement le corps du vieillard, de nuit, pour aller le faireinhumer en attente dans une abbaye de Champagne.Demeuré à Paris, le corps de Voltaire n’aurait eu droit qu’à lafosse commune, et on voit d’ici les complications pour démê-ler ses os de ceux des autres macchabées d’époque…

La fosse commune, où finissaient entre autres les

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comédiens, Adrienne Lecouvreur, par exemple, qu’on arrosagénéreusement de chaux vive au fond d’un trou à découvertle long de la Seine en 1730, c’est le sort qu’évita de justesse Jeanle Rond d’Alembert, autre philosophe, autre énergumène, qui, refusant les sacrements religieux comme il se doit quandon est le moindrement un penseur, n’aura eu droit à sa petitetombe que parce qu’on s’est rappelé qu’il était tout de mêmele secrétaire perpétuel de l’Académie française; perpétuel…

Alors Diderot, le cher Denis Diderot, qui va mourir aprèsVoltaire et d’Alembert, il devait sans doute développer desulcères sévères en pensant à ce qui arriverait à sa propredépouille, lui qui disait ouvertement à qui voulait l’entendreque le premier pas vers la philosophie était l’incrédulité… Ildevait craindre la comédie macabre, d’autant plus qu’il avaitpeut-être pu lire (allez savoir) ce que Louis Petit de Bachau-mont avait écrit dans ses Mémoires secrets en apprenant sonmauvais état de santé, ce qui n’était pas de bon augure…

Bachaumont, un salonnard de la pire espèce, avait écritceci de très gentil: «On attend actuellement avec impatiencela mort de M. Diderot, qui est condamné par la Faculté.Comme cet athée, telle est du moins la qualification que lesprêtres et les dévots lui donnent, n’est d’aucune académie, ne tient à aucune famille, n’a nulle consistance par lui-même,n’a point d’entours et d’amis puissants, le clergé se proposede se venger sur lui et de faire éprouver à son cadavre toutesles avanies religieuses.» Qu’est-ce que c’était donc que lesavanies religieuses? On en frémit rétrospectivement…

Dire que Diderot n’avait point «d’entours et d’amis puis-sants», c’était oublier quelqu’un qui n’était pas n’importe quidans ce siècle-là, et ce Bachaumont de mes deux ne pouvaitpas ne pas savoir, lui qui courait les salons, que la grandeCatherine II (1729-1796), l’impératrice de toutes les Russies,le grand despote éclairé, tous les dictionnaires nous le disentet nous les croyons, était l’amie de notre Denis, comme deVoltaire et de d’Alembert, nos chers morts…

DIDEROT

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Elle était très chic, la grande Catherine, et efficace. Àpreuve, lorsqu’elle apprit du baron Melchior de Grimm queDiderot, pour donner une éducation et assurer une dot à sonseul enfant, sa petite Marie-Angélique, s’apprêtait à vendre sabibliothèque (la bibliothèque de Diderot, ce n’était pas rien,croyez-m’en), elle lui proposa de l’acheter tout en lui en lais-sant l’usage, lui assurant des appointements en tant quebibliothécaire de Sa Majesté et, comme si ce n’était pas assez,elle fit de Diderot son conseiller artistique.

Et pas lâcheuse, à part ça, la grande tsarine, car, lorsquel’auteur de Jacques le fataliste tomba malade à l’hiver 1783 etque l’on se mit à craindre pour sa vie (pendant que ce lascarde Bachaumont attendait «avec impatience» sa mort, en vuedes «avanies religieuses»…), l’impératrice lui loua un belappartement en rez-de-chaussée dans la rue Richelieu pourqu’il quitte l’inconfort de son foyer et c’est là, bien logé, qu’ilallait mourir le 30 juillet 1784.

Michel Delon, qui signe le texte bien fouillé de l’AlbumDiderot de la Pléiade, nous décrit la mort de cet homme encitant en italique ce qu’en raconta sa fille Marie-Angélique:«Il se lève le samedi 30 juillet, cause toute la matinée avec songendre et son médecin. À table, il mange une soupe, du mou-ton bouilli. Il prit un abricot; ma mère voulut l’empêcher demanger ce fruit.Diderot lui demande quel mal cela peut-il luifaire? Il le mangea, appuya son coude sur la table pour mangerquelques cerises en compote, toussa légèrement. Ma mère lui fitune question; comme il gardait le silence, elle leva la tête, leregarda, il n’était plus.»

Il avait tout de même eu, ultime plaisir avant que soncadavre affronte les avanies religieuses réclamées par Bachau-mont, avanies qui expliquent sans doute la disparition detoute trace de sa sépulture et donc son interdit de fait au Pan-théon, il avait eu, oui, un abricot en bouche: l’auteur desBijoux indiscrets savourait là son dernier fruit défendu.

L’ULTIME ABRICOT

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Les poires pourries(Schiller)

Le lundi 9 mai 2005, c’était aussi, en Allemagne, où l’onsemblait ne s’en soucier guère car il y avait d’autres événe-ments plus récents à commémorer en rafale (la chute duTroisième Reich, le suicide d’Hitler, la fin de la SecondeGuerre mondiale), le bicentenaire de la mort d’un grandpoète du Siècle des Lumières, Johann Friedrich von Schil-ler…

Y a-t-il en Allemagne plus de statues de Schiller (à peuprès une dans chaque ville en bordure du Rhin et de l’Elbe)qu’il y en a de Johann Wolfgang von Goethe? Je ne sais pas, jen’ai pas compté, mais ce doit être assez kif-kif et c’est unebonne chose car ces deux-là furent les meilleurs amis dumonde, comme Montaigne et La Boétie en France, mais desamitiés légendaires comme celles-là, où le culte des senti-ments élevés domine, y en a-t-il encore ou faut-il remonter àl’Antiquité pour en trouver?

Amitié d’importance dans l’histoire des lettres alle-mandes et universelles mais amitié qui fut assez courtepuisque, malgré quelques tentatives de tiers pour les lier (tousles deux étaient des génies précoces et tôt célébrés), ce n’est

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qu’en 1794, année où Schiller a trente-cinq ans et Goethequarante-cinq, que l’étincelle va jaillir un soir à Iéna, ce quinous a donné une correspondance d’exception, mais Schiller,tuberculeux et ayant mené une vie de débauche, va mourirdix ans plus tard, à quarante-cinq ans, le 9 mai 1805…

Ce soir-là, à Iéna, ils assistaient, assis dans la salle, à uneconférence sur un sujet d’histoire naturelle (Buffon étaitmort depuis six ans à peine) et, à la sortie, on va les voir separler, échanger des idées philosophiques. Ceux qui étaient làdevaient tendre bigrement l’oreille. Imaginez! Le plus âgé,avec ses Souffrances du jeune Werther publiées vingt ans aupa-ravant, avait provoqué dans le pays une vague de suicides dejeunes idéalistes déçus par la société, et le plus jeune, avec sapièce Les Brigands créée treize ans plus tôt, était crédité d’unerecrudescence des bandes assoiffées de justice…

Schiller et Goethe, Goethe et Schiller, même combat, etles générations qui vont se relayer dans la suite du monde(qui, au mieux, sera du surplace, au pire une régression) lesaduleront à leur manière et dans leurs intérêts car, avec de tels génies alliant l’intelligence, l’idéalisme, la révolte contreles contraintes, la lutte pour la liberté individuelle, tous trou-veront à étancher leur soif, les romantiques, les libéraux, lesanarchistes, les socialistes, les communistes, sauf les capita-listes qui, à la fin, remportent la mise, voyez le monde d’au-jourd’hui…

L’Allemagne n’a pas que des monstres dans ses placards,elle a ces poètes gigantesques que l’on ne peut oublier, quiétaient des hommes de vaste culture affrontant le féodalismede leur société avec une grandeur d’âme exceptionnelle etmille petits défauts dont le moindre, chez Goethe, ne fut pascelui de devenir ministre, ce qui lui fit perdre bien du temps;et il y aurait eu des féministes à cette époque qu’elles auraientlancé des campagnes contre lui et contre Schiller qui sédui-saient et abandonnaient les femmes de la façon la plus natu-relle qui soit, qui sautaient la muse comme le ruisseau…

LES POIRES POURRIES

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Schiller, lui, était un séducteur intempestif, un très belhomme (blond aux yeux bleus, si l’on se fie au portrait brossépar F. G. von Kugelgen et reproduit dans le Petit Robert desnoms propres) et je me demande si sa superbe physique autantque l’ardeur militante de ses drames (des Brigands à Don Car-los) ne joua pas dans le fait qu’à Paris l’Assemblée législative luiaccorda en 1792 le titre de citoyen français, ce qu’il acceptamalgré que leur fichue guillotine le tourneboulât…

Un chaud lapin comme lui n’allait pas s’assagir facilementet si, dans la trentaine, il mit fin à sa vie de débauche, c’est endéclarant son amour à deux sœurs dans la même lettre! Lesélues soupirèrent et il eut le loisir de choisir la plus jeune…

À ce moment-là, marié, rangé, salarié par l’université, il selança dans une carrière d’historien, haut boulot grâce auquelil put se préparer à l’écriture de ses dernières pièces, dont ceGuillaume Tell que l’on n’a jamais joué au Québec, mêmedans les ferventes années nationalistes d’avant le premierréférendum, alors qu’on trouve là une exaltation généreuse etenfiévrée de l’idée d’indépendance nationale… et, commel’écrivit Goethe, «cette glorification de la liberté qui fut le res-sort principal de tout ce que Schiller a écrit».

Et Schiller, alors? Les commémorations de la SecondeGuerre mondiale terminées, l’Allemagne n’est pas en reste,une nouvelle biographie, des expositions, des festivals, untéléfilm et même une bande dessinée, car cet allumé desLumières, comme le cher Diderot, est le jeune ancêtre d’unegrande et fragile conquête, celle dite de la Légalité à sonépoque et que l’on nomme aujourd’hui l’État de droit; il alaissé derrière lui un parfum de jeunesse et d’enthousiasme…

Un parfum… Il me revient une anecdote, lue dans LesMots étrangers de Vassilis Alexakis. Il s’agit d’une de cesmanies d’écrivain dont il serait difficile de retracer et la pro-venance et le sens: Schiller aimait l’odeur des poires pourrieset, quand il écrivait, il en conservait plusieurs dans un tiroirde son bureau…

SCHILLER

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J’ai essayé le coup des poires en putréfaction dans le tiroirmais il n’y a rien à faire, je ne serai pas un grand poète et meschats se demandent encore ce qui a bien pu me prendre…

LES POIRES POURRIES

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Table

Le voyage à Narbonne (Molière) 7La planque dans le Languedoc 10L’ultime abricot (Diderot) 13Les poires pourries (Schiller) 16L’écriture sans préméditation (Stendhal) 20Le squelette du béotien (Berlioz) 24Sans courbettes (Courbet) 27À voile et à vapeur (Jules Verne) 31Le fol abbé (L’abbé Mugnier) 35L’illaudable (Rimbaud) 39Cou-cou-cou-ha-ha-ha! (Tchékhov) 42Le parfait voyageur 46Cela s’appelle la grâce 49En rentrant de la messe (Claudel) 52Un râle très doux (Gide) 5646 ans, rentier (Proust) 60«Vieille horreur» 64Ton vieil amoureux (Colette) 67Où est Mitsou? (Rilke) 70La poupée berlinoise (Kafka) 73Des galets, des oiseaux (Chagall) 76

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Snobs et cafardeux (Drieu la Rochelle) 80L’angoisse de la page remplie (Dorothy Parker) 84La condition humaine (Pierre Béarn) 88Adolf n’était pas son type (Leni Riefenstahl) 92Le Renaudot à la gazée (Irène Némirovsky) 95L’enfer, c’est lui (Sartre) 99Play it again, Sam (Beckett) 102Une fois que c’est écrit (Varlam Chalamov) 106La solitude essentielle (Blanchot) 109Une libellule inquiète (Cartier-Bresson) 113Le passé est dans l’omelette (Ionesco) 117Je l’aime bien (Robert Levesque) 121Le futur, qu’est-ce que c’était? (Jean Meckert) 125Les combats perdus (Camus) 128Les diamants sous l’oreiller (Arthur Miller) 132«Enfin des cadavres apolitiques» (Kazimierz Brandys) 134Samuel et Robert (Pinget) 138Le mouroir qui revient (Robbe-Grillet) 141L’oiseau et le libraire (Guy Mauffette, Henri Tranquille) 145Sa famille, le cinéma (Janine Bazin) 149Ceux de l’Outremontmartre… (Les Casoars) 153Je crache en l’air (Brando) 157Si l’ONU était l’ONU (Garry Davis) 161De Buchenwald au Lutetia (Claude Lanzmann) 165L’incorruptible épouvantail (Claude Ryan) 168Il disait «Fidel»… (Castro) 172Pied-noir, pied-rouge (Jean Sénac) 175Le cœur dans le caniveau (Hubert Selby Jr) 179Ta vieille crapule (Jean-Pierre Ronfard) 183Du coquelet à l’ananas (Bernard Frank) 187L’albinos de la Grande Noirceur (Pierre Bourgault) 191Bonheur, impair et trépasse… (Françoise Sagan) 195La mer lave tous les crimes (Simon Leys) 199Vu de dos (J. M. Coetzee) 203Nous n’aurons pas parlé de Tchékhov (André Major) 207Portrait de l’artiste en chow-chow (Modiano) 211Son excellence Hermé (Herménégilde Chiasson) 215

RÉCITS BARIOLÉS

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Nobel explosif (Elfriede Jelinek) 219Du côté de chez Mao (Olivier Rolin) 223La pleureuse de Flint (Michael Moore) 227

Bibliographie 231

TABLE

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ACHEVÉ D’IMPRIMER EN MARS 2006SUR LES PRESSES DE L’IMPRIMERIE GAUVIN

À GATINEAU (QUÉBEC).

Ce livre a été imprimé sur du papier 100% recyclé.

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Récits bariolés, c’est-à-dire aussi colorés que variés, débordants de personnages et de scènes inoubliables, tantôt drôles, tantôt émouvants, toujours inattendus, les textes que Robert Lévesque a réunis ici se lisent comme autant de petites conversations amicales, dans lesquelles un lecteur passionné, pour qui l’art et la littérature sont la nourriture et le décor privilégié de sa vie et de sa pensée,

rapporte ses découvertes et exprime ses ravissements comme ses déconvenues, ses sympathies comme ses antipathies. Qu’elles proviennent du xviie siècle ou du présent le plus proche, d’Europe ou du Québec, ces découvertes donnent lieu chaque fois à un récit vif, enlevé, porté par une prose souple et chatoyante

où fusent les bons mots, les formules heureuses, les traits qui font mouche et les idées surprenantes. Du potin à l’analyse, de l’anec-dote à la réflexion, de Molière à Michael Moore, de Stendhal à Pierre Bourgault, Robert Lévesque, accom pa gné de ses chats amis, se promène dans l’histoire artistique et intel lectuelle comme dans un jardin familier, qu’il fréquente depuis toujours mais où chaque sortie, chaque lecture lui fait trouver du nouveau, de l’inédit, du merveilleux.

Publiées d’abord dans le journal montréalais Ici, cette soixantaine de chroniques, quel qu’en soit le sujet ou le prétexte, portent toujours la même marque, celle d’un esprit auquel sa culture apporte une liberté et une aisance parfaites.

25,95 $19,50 e

Critique dramatique et chroniqueur

littéraire, Robert Lévesque a déjà

publié dans la collection «Papiers

collés », La Liberté de blâmer, Un

siècle en pièces et L’Allié de per­

sonne. Il a reçu en 2002 le prix

Jules-Fournier du Conseil supé rieur

de la langue française.

RÉCITSBARIOLÉS

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