RoseDarcy

Accordsimparfaits

Roman

©2013

ÉditionsArtalys

504ruedeTourcoing–59420Mouvaux

http://editions-artalys.com

Photographie:@WelczenbachTamás/123RF

Maquettedecouverture:AbigailDream

http://abigaildream.deviantart.com/

ISBN979-10-91549-15-8

PRÉSENTATION

Unemaison.

Huitcolocataires.

Quatreannéesdeviecommune.

Etàlafin,iln’enrestaplusquedeux…

Derrick

Âge:24ans

Signeduzodiaque:Bélier

Groupesanguin:O

Couleurpréférée:lebleu.

Aime:lepop-cornaucaramel,jouerdelaguitare,lesfilmsd’horreur,lescomics,lesWhoppers,lesfish&chips,saPlayStation…

N’aimepas:fairelescoursesoutoutetâcheménagère,lescomédiesromantiques,échouer.

Caractère:indépendant,volontaire,intuitif,joueur,guerrier,explosif!

Laura

Âge:22ans

Signeduzodiaque:Gémeaux

Groupesanguin:B+

Couleurpréférée:lerose.

Aime:chanter,danser,rire,cuisiner,lire,voyager,lescomédiesromantiquesetmusicales,leNutella,lesanimaux,lesspaghetticarbonara…

N’aimepas:repasser,renoncer,êtretriste,voirlesautressouffrir.

Caractère:enthousiaste,créative,passionnée,facétieuse,forte,sensible,lumineuse!

Queva-t-illeurarriver?

Découvrez-leentournantcettepage…

Chapitre1

Nosétoilescontraires

*Derrick*

«Qu’est-cequec’est?demandaDerrick.

—Ça,c’estunmotdetavoisinedechambre.Tuverras,elleencollepartoutetnousrefaitladécodelamaisonàcoupsdeboutsdepapierfluo»,luiexpliquaLucas.

Lejeunehommedécollalepost-itvertdesaporteetlefixacommes’ilétaitradioactif.

Chezmoi…

Benvoyons!pensa-t-il.

«Tupeuxm’expliquer?demanda-t-ilàsonamienserrantlanotedanssonpoing.

—C’estSmiley!réponditLucasensouriant.

—Smiley?

—LesurnomdeLaura,laplusjeunedugroupe.Tularencontrerastoutàl’heure.Tuvasl’adorer!»

Rienqueça!

«Jetetrouvebiensûrdetoisurcedernierpoint.Tumeconnaispourtant»,lâcha-t-il,légèrementamer.

Derricknevoulaitplusadorerniaimerpersonne.

Apparemment,c’estpasgagné!

Ilsouhaitaitjustequ’onluifoutelapaix.Partisandepuislamortdesamèredel’expositionminimale,iln’avaitquepeud’amis,dontLucasfaisaitpartie.C’estpourçaqu’ilétaitvenuici,vivredanslamaisonquesonamiavaithéritédesagrand-mère.CetteoptionavaitsembléidéaleàDerrick,avecunloyermodique,ilpourraitsubveniràsesbesoinsentrouvantunjobd’appointletempsdeterminersesétudesetd’entamersaformation.Uncompromisqu’ilétaitprêtàfaire,luiquineressentaitpaslebesoindes’intégreràungroupe,d’apparteniràquelquechoseouàquelqu’un.Lasolitudeluiconvenaitparfaitement,luioffrantlalibertédontilavaittantbesoin.Pasd’attaches,pasdecomplications,pasdesouffrances.Derricks’étaitretranché.

Etceluiquimedélogeradelàn’estpasencorené!

«Ohoui,jeteconnais!repritLuc’.Maissurtout,jelaconnais,elle.

—Développe,intimaDerrick.

—Plustardpeut-être»,rétorquaLucassurunclind’œil.

Derrickenfonçalepost-itécritparLauradanslapochedesonjean,sansplusyprêterattention.Alorsqu’ilpoursuivaitlavisitedesanouvellemaison,uneaffirmationdelajeunefemmesemitàtournerenboucledanssonesprit.

Chezmoi.

Unepartdeluineputs’empêcherdesavourercesdeuxpetitsmotsquiavaientperdutoutleursensàsesyeuxquelquesannéesauparavant.

Chezmoi.

Siseulement…

Aprèsavoirfaitletourdesétages,LucasconduisitDerrickausous-sol.Ilsétaientàmi-chemindanslecouloirmenantàlabuanderiequandilsdiscernèrentdesvoixprovenantdelapiècedontlaporteétaitouverte.Comprenantqu’onyparlaitdeDerrick,Lucasfitsigneàcedernierdecontinueràavancerensilence.Lejeunehommetenditmalgréluil’oreilleetdéceladeuxvoixféminines.IlreconnutcelledeJuliette,lacopinedeLucasqu’ilavaitdéjàrencontrée.Quantàlaseconde,elleneluiétaitpasfamilière,nonplusquel’électricitéquiparcourutsacolonnevertébralelorsqu’ilentenditsonprénomprononcéparelle.

«Non,tumefaismarcher!s’exclamaLaura.

—Jetejurequenon,sedéfenditJuliette.

—Nan,jenetecroispas.

—C’estlastrictevérité.

—Ettupensesqu’ilvasepointeravecseslunettesàdoublefoyeretsoncostumeauxcouleurspasséesquisentlanaphtaline?

—Ilestloinderessembleràsoncélèbrehomologue,tupeuxmecroire.Jediraismêmequ’ilestplutôtcanon,situveuxmonavis.

—Ouais…m’enfin,avouequandmêmequ’ilestdifficiledecroirequedesparentsaientpuappelerleurenfant,deleurproprevolonté,Derrick.Pasaprèsavoirsubilasérieôcombiensoporifique!Çamedépasse!

—Etpourtant,ilsl’ontfait»,coupaDerrick,glacial,dansledosdeLaura.

Ilentradanslapièceetinstantanément,unerougeurd’embarrasdignedelaplusbelledestomatescoloralesjouesdelajeunefemmelorsqu’ellesetournaverslui.

«Je…euh…je…balbutia-t-elleavecuneaisancedigned’unorateurgrec.

—Derrick,tuconnaisdéjàJuliette»,intervintLucas,hilare.

Lejeunehommeadressaunsalutdelatêteendirectiondecelle-ci.

«Etvoicinotre,commetul’asdéjàremarqué,adorableLaura»,lançaLucasendonnantuncoupdecoudecompliceàDerrick.

CedernierobservalonguementLauraenplissantdesyeux,uneétincelledecolèremêléedesurprisedansleregard.

Waouh,futsapremièreréaction.

Instinctdeconservationpunaise!Reprendslecontrôle!ladeuxième.

Lemoinsqu’onpuissedire,c’estquelajeunefemmerenduemuetteparsonarrivéenelelaissaitpasindifférent.Maisalors,pasdutout.

Pasbonça.

Jenetelefaispasdire.

Changementdetactique.

Derrickétaitbiendécidéànepasselaisserdéstabiliserparlachaleurl’envahissantalorsqu’ilmatait–iln’yavaitpasd’autresmots–Lauradelatêteauxpieds.

Jerêve.Qu’est-cequimeprend?

Lacolèrequ’ilavaitressentielorsqu’elleavaitdédaignésonprénomvenaitdesevoirnoyéesous

unevagued’unetouteautrenature.Unevaguequ’ildevaitàtoutprixoublier,etvite!

Onditsouventquelameilleuredéfense,c’estl’attaque.Unprincipequ’ilcomptaitbienappliquericietmaintenant,avantqu’ilnesoittroptard.

«Laura…aurais-jeaffaireàunedescendantedeLauraIngalls?»

Derrickfitquelquespasetsepostadevantlajeunefemmeavantdecontinuersursalancée.

Tropprès,tuestropprès!

Illesavait,maislejeunehommenepouvaitpass’enempêcher.IldevaitserapprocherducorpsdeLaura,aimantéqu’ilétaitparcelui-ci.

«Jepensenepasmetromper.Difficiledefaireautrementavectesnattesettarobeàfleurs.»

Ilpenchalatêtesurlecôtéavantdeporterlecoupdegrâce,unsouriremoqueursurleslèvres.

«Rouquineettachesderousseuràcequejevois,hum…»

Ilmimaunepausemélodramatique,letempsdereprendresesesprits.Parcequelà,toutcequ’ilvoulait,c’étaitembrasserchacunedesfameusestachesderousseurparsemantlevisagedeLaura,luidéfairelestressesetempoignersescheveuxàpleinesmainsavantde...

Merde!

Çan’estpascequ’onveut,tutesouviens?

Jesais,arrêtedemesermonnertoi.

Fautbienquequelqu’uns’ycolle…

«Toutleportraitdetonaïeule,reprit-ilententantd’ignorerlasueurperlantlelongdesesreins.Enchanté,mademoiselleIngalls»,railla-t-ilencore.

Lauradardaunregardnoirsurlui.Lenezplissé,lessourcilsfroncésetlamouedédaigneuseenprime,Derrickpouvaitsentirqu’elleseretenaitdelefrapper.

Susceptible…

J’aimeça!

Ellefinitparsaisirfermementsonpanieràlingeavantdeluifaireànouveauface.

«Situveuxbienm’excuser,inspecteur,siffla-t-elle,j’aiautrechoseàfairequed’écoutertescommentairesidiots.

—Commequoi?Tuvastraireunevache?Faucherleblédansleschamps?Repriserdes

chaussettes?»

Fulminant,Lauraledépassaàtoutevitesseafinderejoindrelaporte.Derrickfutplusrapideetluibloqualepassage,plaçantunbrasentraversdelasortiejustedevantelle.

Pourquoituluicoursaprès?

Qu’est-cequej’ensais?

«Attends,Laura.

—Quoi?»

Derrickcherchasesmotssansrientrouveràdire.S’excuser?Ilnepouvaitselepermettre,ellel’avaitcherchéaprèstout.Ilétaittropfierpouradmettrequel’entendrecritiquersonprénomluiavaitfaitmal.Unprénomquesamèreavaitchoisi…Alors,quoi?

«Non,rien»,souffla-t-il.

Lauralevalatêteverslui,fière,encolèrecertes,maisfière,avantdepassersoussonbrasetdes’éloignersansunregardenarrière.

«Der ’,tunedevraispast’enprendreàelle.Lauraestcommenotrepetitesœur.

—C’estaussinotrerayondesoleil,renchéritJuliette.

—Paspourrienqu’onlasurnommeSmiley,ajoutaencoreLucas.

—SoissympaavecLaura,ellelemérite.Ok?

—Ok,lâchaDerrick,pasfranchementconvaincud’yarriver.Maispourmadéfense,c’estellequiacommencé!»

JulietteetLuc’nepurentseretenird’éclaterderire.

«Deuxgamins,gloussaJuliette.

—Tuterappellesquandjetetiraislescheveuxenmaternelle?luidemandaLucas.

—Ohqueoui!dit-elleenl’entourantdesesbras.

—Celadit,repritLucasàl’attentiondeDerrick,necharriepastropLaura,çapourraitseretournercontretoi.

—Queveux-tudire?

—Qu’elleestgentillemaisqu’ellesaitsedéfendre.

—Monpetit,tunesaispasencoredansquoituviensdemettrelespieds.Turisquesd’êtresurpris,c’estsûr,enchaînaJuliette.Onn’enrencontrepasdeuxcommeLaura.»

Ça,jeveuxbienlecroire.

LecouplesortitdelabuanderieetLucasl’invitaàlessuivre.Derrickselaissadistancer,perdudanssespensées.S’ilavaitainsilevésesmécanismesd’auto-défenseetprislerisqued’entrerdansladanseavecLaura,c’estparcequ’elleavaiteusurluiuneffetquelejeunehommeauraitpréféréignorer.Ilavaitdûsereprendrerapidementpourcacherauregardperçantdelajeunefemmelalueurquis’étaitalluméedanslesienlorsqu’elles’étaittournée,rougissante,verslui.

«Impossible,murmura-t-il.Ressaisis-toi!»

RevoirenbouclelevisagedeLauraseteintantdecolère,d’exaspération,nelarendaitqu’encoreplusattiranteauxyeuxdeDerrick.Elleledétestait,exactementcequ’ilavaitcherchéàprovoquer,jusqu’àcequesonbrasvienneentraversonéchappée.Ilallaitentameravecelleunjeudangereux,sansvraimentsavoircommentilpourraits’ensortirnimêmes’ilenauraitunjourl’envie.Derricksavaitd’instinctqu’ilnepourraitpasfaireautrement.

Ellenonplusd’ailleurs,pensa-t-ilenseremémorantl’airdedéfideLaura.

Lejeunehommenesavaitpasoùilmettaitlespieds,Julietteavaitraisonsurcepoint.

Cependant,ilavaitdéjàcomprisqueLauraavaitprisl’avantage.Derrickétaittombédanslepiègequ’elleavaittendusansmêmeenavoirconscience.Ilavaitblessésonorgueilcommeelleavaitblessélesien.Unpointpartout.Etcombiendepréjugésencoreàsurmonter?

«Ehbenalors,tuteperdsdéjà?l’apostrophaLucasenrevenantsursespas.

—Non,non,j’arrive!»

Derricklesrejoignitendeuxenjambées,toujourssoucieuxmaisdéterminéàfairefidespulsationsdesoncœurquinevoulaientpassecalmer.

C’estfranchementpaslemomentdeteréveiller,toi!

Quelquesheuresplustard…

Derricksortitdesachambreafinderejoindresesnouveauxcolocatairespourlerepas.Cefaisant,ilentraencollisionavecLaurasurlepalier.

«Çava?»luidemanda-t-ilenattrapantsescoudes.

Purréflexe,sejustifia-t-ilcecontact.

«Pourquoiçan’iraitpas?

—Jeviensdetebousculer,poursuivit-ilensouriant.

—Jesurvivrai.

—Tuesénervée,constata-t-il.

—Moi?Non!balayaLaurad’ungestedelamain.Monsieurl’Irrésistible.»

J’aibienentendulà?

«Sic’estàproposdetoutàl’heure…

—N’enparlonsplus,lecoupa-t-elle.

—Commetuveux.»

Derrickserésignaetrelâchasonétreinte.Cettefilleétaitvraimentbizarre.Finalement,illuiseraitpeut-êtremoinsdifficilequeprévudegardersesdistancesavecelle.Quoique…

«Excuse-moi.Tuesnouveauici,jenedevraispast’envouloir,c’estque…lesblaguessurLauraIngalls,j’enaitellementsoupéalors,tucomprends…»dit-elleensemordillantlalèvreinférieureetsetortillantlégèrementsurplace.

Sexy,cetruc.

Non,non,non,passexydutout.Non,non,non.Reprends-toi,playboy!

«Commemoiavecl’inspecteurDerrick.»

Elleleregarda,concentrée,semblantprendreunedécision.Soudainsonvisages’éclairad’unsourireimmensequiréussit,letempsd’uneseconde,àpercerlacarapacedeDerrick.

«Alors,onoublie.Çateva?demanda-t-elleenluitendantlamain.

—Çameva»,acquiesça-t-ilenlaluiserrantmaladroitement.

Sansunmotdeplus,elleseretournadanslecouloir,lelaissantenplan,incapabledepercuter.Avantdedescendrel’escalierellepivotasursestalons.

«Cequineveutpasdirequ’iln’yaurapasdereprésailles,tiens-toilepourdit,conclut-elleavantdedisparaîtreàsavue.»

Ellemedéfie?

Cettefilleavaitdécidémentducran.Souriantcommeunbenêtdanslecouloir,Derrickn’avaitplusqu’unehâte,voircequ’allaitdonnercesfameusesripostesetluienconcocterenretour.Entreeuxil

n’yauraitpasd’amitié,pasd’amour,pasd’affection.Ilserefusaitàtouscessentiments.Non,entreLauraetlui,ceseraitlaguerre,pureetsimple.Etilétaitdéjàpresséd’entamerleshostilités!

Honneurauxdames,voyons.

Tuasraison.Laissons-lafairelepremierpas.

Finalement,sonnouveau«chezlui»s’annonçaitbienplusintrigantetamusantqu’initialementprévu.Pourunefois,ilselaisseraitpeut-êtreletempsd’oublierd’êtresérieuxdeuxminutes,d’oublierlapesanteurdesonexistence,pourjuste…

Quoi?

Rire…çafaitsilongtemps.

C’estd’unpaspluslégeretnettementplussereinqueDerrickdévalalesmarchesverslesalon…etledébutdesanouvellevie.

Chapitre2

Toicontremoi

*Laura*

Round1

Lemêmerituelchaquedimanchematindepuissixmois.Pasderisquepourelledeseplanter,dececôté-là,Derrickétaitunmétronome.ÀonzeheurespileilrejoignaitlabuanderiepourlancerSAmachinedeblanc.Môssieurn’étaitpaspartageur.Aujourd’huiLauraavaitdécidéqueçaluijoueraituntour.Ellel’entenditpasserdevantsachambreetentrouvritdiscrètementlaportepourlevoirtraverserlepalieravecsonpanieràlinge.

Bien,bien.

Lauraattenditpatiemment,l’oreilletendue,qu’ilremontelesescalierscinqminutesplustard.Nouveaucoupd’œil.Lavoieétaitlibre.

Aussisilencieusementquepossible,gaffeauxmarchesquigrincent!Laurarallialabuanderieàsontour,munied’unearmededestructionmassivecachéedanslapochearrièredesonjean.

«Ànousdeux,Derrick.»

Malicieuse,ellestoppalamachineduditDerricketintroduisitl’objetdudélitdansletambouravantdelarelancer.Lauraposasesdeuxmainssurlehublot,hypnotiséeparcettebellecouleurrougesediluantdanslesbullesd’eausoussesyeux…avantdevenircolorerderoselesvêtementssiblancsdeMonsieurl’Arrogant.

«Dieubénisselespetitesculottesrouges!»dit-elleenjoignantlesmainsdevantlamachineàlaver.Amen.

Souriante,Lauraremontaenquatrièmevitesselesescalierspoursemettreàl’abridanssachambrependantlesprochainesquarante-cinqminutes.Ellepritunbouquinets’installaconfortablementsursonlit.Etenfinellel’entendit,lehurlementdefureurqu’ellesavaitavoirconsciemmentprovoqué.Doucemusiqueàsesoreilles.

L’ogreencolèreremontalesmarchesencourant,quatreàquatre,aussisubtilqu’untroupeaud’éléphants.Ellevisualisaitdéjàlafuméequiluisortaitdesoreilles.Charmanttableau.

Cinq,quatre,trois,deux,un…quelespectaclecommence!

«Pourquituteprends?»grondaDerrickenouvrantlaportedesachambresansmêmeprendreletempsd’yfrapper.

Cethommen’estcertespasungentleman.

Ohquenon!Lapolitesseetlui,çafaitdeux!

«BonjouràtoiaussiDerrick,réponditcalmementLaura.

—Pourquoituasfaitça?

—Faitquoi?

—Ça!éructa-t-ilenbrandissantdanssonpoinglapetiteculottedeLaura.

—Oh!Tul’astrouvée!minauda-t-elle.

—Oui.Enpleinmilieudemonlinge!»

Derrickfitquelquespasverslajeunefemmeetreprit,plusénervéquejamais.

«Blanc,lelinge.

—Oops!lançaLauraenposantl’indexsursalèvreinférieure.

—Oops?explosaDerrick.Tutemoquesdemoilà?Jetejurequetuvasmelepayerchercecoup-là,Smiley.»

Cettedernièreéclataderire,incapabledeseretenirpluslongtempsfaceàlaminedéconfitedesoncolocataire.

«J’aimeraisbienvoirça,ajouta-t-elleencoreafindeleprovoquer.

—Oh!Tuverras,susurraDerrickenserapprochantencoreplusprèsd’elle.Jepeuxtel’assurer!»

Lalueurétincelantaufonddesyeuxdujeunehommelafitfrissonneràlafoisdepeuret…d’excitation.

«Lejeunefaitquecommencer»,acheva-t-ilenrelâchantleboutdetissurougesurlelit.

DerricktoisaLauraquelquessecondesencore,alourdissantl’airautourd’euxparsasimpleprésence,rendantlapiècesoudaintroppetite,tropétouffante,avantdesedétourneretdeclaquerlaporte.

Smiley–1,Derrick–0.

Round2

«Ha!»hurlaLauraàenfairetremblerlesmurs.

Lajeunefemmecontemplaitlemassacre,deboutdevantlemiroir.Ausortirdeladouche,elleavaitenrouléuneserviettedebainautourdesescheveuxletempsdesesécher.Ellevenaitjustedel’ôteretn’avaitpuretenirlecrivenantd’éclatercontrelesparoisdelapièce.

L’horreur!

Lauratirasurunemèchedesescheveux,incrédule.

«Verts,murmura-t-elle.Ilssontverts!»

Etpasn’importequelvert!

Pasunverttirantsurlenoir,cequiauraitencorepuêtreportable.Non.Sescheveuxétaientvert…fluo!

«J’ycroispas!J’ailescheveuxStabilo!»

Passantetrepassantlesdoigtsentresesmèches,Lauraavaitleslarmesauxyeux.Satristesses’effaçacependantrapidementfaceàlacolèrequand,inspectantlabouteilledeshampoing,ellecompritquiétaitderrièretoutça.

«Derrick»,souffla-t-elle.

1partout.

«Argh!Derrick!»cria-t-elleensortantdelasalledebainstelleunefurie.

Lauranefitpasunpasavantdepercuterletorsedelapersonnesusnommée.Ildevaitprobablementavoirfaitlepieddegruesurlepasdelaporte,attendantdepouvoircontemplersonœuvre.Lajeunefemmerelevalentementlatêteetseretrouvanezànezaveclesouriretriomphaldesoncolocataire.

C’estlediableenpersonne!

Quisecachederrièreunvisaged’ange…tropcraquant!

Ouhlà,tudérailles,reprends-toimavieille!

J’enétaisoùdéjà?Ah…oui!

«Der ’,lâchaLaura,glaciale.

—Lau’,rétorqua-t-ilsurlemêmeton.

—Peux-tum’expliquerceci?demanda-t-elleenrelevantsescheveux.

—Hum,jenesuispasunexpertmaisjediraiquetuaslescheveuxverts.

—Danslemille,Émile!Etpeux-tumedirepourquoij’aieudroitàuneteinture?

—Laisse-moiréfléchir…Quelleétaitcetteexpressiondéjà?…Oops?

—Grrr!Tum’énerves!

—Jeteretournelecompliment,petitfarfadet.Ilmesemblequenoussommesquittesàprésent,non?

—Si»,soupiraLauraàcontrecœur.

Derrickavaitl’airréjouietelle,lamineboudeuse.

«Commentj’enlèveça?

—C’estlàqueçadevientamusant,majolieleprechaune.»

Alerteguimauve!Lavaguerosebonbonvadébarquer,tousauxabris!

Lauraavaitdûmalentendre,ellenevoyaitpasd’autresexplications.Derricklatrouvaitjolie?

Nan,nan,impossible.

Mais,ill’adit,pasvrai?Ill’adit!

Etc’esttoutcequeturetiens?Legarsvientdetecompareràuneleprechaunequandmême!

Oui,maisàunejolieleprechaune!

Tuesunecauseperdue.

«Jenevoispasoùsesituel’humourpourlemoment,dessine-moiunplan!

—Ehbien,cettecouleur»,commençaDerrickenattrapantunemèchedecheveux–toujoursaussiverts–pourl’enroulerautourdesonindexavantdelafaireglissersursapeau,«tuvasdevoirla

garderunpetitmoment.

—Précise»,s’agaçaLaura.

Elleessayaittantbienquemaldenepaslaisserretombersacolère.Difficileàfairealorsquelajeunefemmerepoussaitlesfourmillementsl’envahissantaucontactdeDerrick.

Ilfautqu’ilarrêtedecaressermescheveuxcommeçaoùjevaisfondresurplace.

Tuescenséelehaïr,jeterappelle.Concentre-toi.

Jesais,jesais.J’essaye,figure-toi.

Pasassezapparemment…

J’aimeraisbient’yvoir!

«Unmoisminimum.

—Quoi?

—Enfin,c’estcequej’aicrucomprendrequandonmel’aexpliqué…àmoinsquecenesoitdeuxmois»,ajouta-t-ilensegrattantlementon.

C’estlagoutted’eauquifaitdéborderleflacon!

Ohnon!Humourpourri!Laissetomberlesblagues,c’estvraimentpastontruc.

«Jevaistetuer!»grondaLauraententantdefrapperDerrickdesespoings.

Lejeunehommeeuttôtfaitd’entourersespoignetsetdelamaintenirtranquille.

Iloublieundétail…

AlorsqueDerricksouriait,sûrdesavictoire,Lauraluidécochauncoupdepieddansletibiaquiledéstabilisa.Celaluilaissaletempsdes’extirperdesonemprise.Passantderrièrelui,elles’enfuitencourant.Maispasavantdeluiavoirtirélalangue.

J’auraimavengeance.

Aprèstout,lecoupdescheveuxvertsvalaitbienlesvêtementsrosesetunpetitbonus,non?

Round3

Untaureauenragéauraitétéplusdiscretqueceluiquidébouladanslesaloncesoir-là.Lauran’eut

pasmêmebesoindeseretournerverslesescalierspoursavoirquivenaitdelesrejoindreencourant.Lestêtesdesesamisainsiqueleursriresétouffésétaientsuffisammentéloquents.

«QuellookDer ’!lançaBrice.J’adoretonstyle.

—Tumedonneraslenumérodetoncoiffeur»,gloussaBastien.

LesblaguesetinsinuationsentousgenresfusèrentplusieursminutesavantqueDerrick,calmé,n’ymetteunterme.

«Ah,ah,ah.C’estbon,z’avezfini?coupa-t-il.

—Non,réponditLucas,maispourcesoir,ceseratout…Schtroumpfy!»

Tousdanslapièceéclatèrentderireenchœur.Tous,saufLaura.Derrickignorasuperbementsescolocatairesetsedirigead’autoritéverslecanapéoùilpritplaceauxcôtésdelajeunefemme.

«Lau’…

—Der ’.

—Alors,heureuse?

—Ohqueoui,souritLaura.

—FranchementSmiley,bleu?interrogeaDerrickenluimontrantsescheveux.

—J’aicoordonnéavectesyeux,turemarqueras.

—J’aivuça,admit-il,unlégersourireencoinauborddeslèvres.Tusaisquejevaisêtrelariséedelafacpendantunmois?

—Jesais.Cen’enestqueplusdrôle.

—Parlepourtoi.Ilsnevontpasmelâcher.

—Pauvrechou!»gloussa-t-elle.

Laurapassal’unedesesjambessousl’autre,semettantainsifaceàDerricksurlecanapé.

«Bon,onenterrelahachedeguerrepourcettefois?»proposa-t-elleenluitendantlamain.

Derricklaconsidéraquelquessecondesavantdesaisirsamaindanslasienne.

«OK.Detoutefaçon,mescheveuxn’auraientpassurvécuàuneautreattaquecapillaire.

—Lesmiensnonplus»,avoua-t-elle.

Ilsrirenttouslesdeux,plusdétendus.Ilssavaient,sansavoirbesoindel’exprimer,queces

échangestumultueuxseraientloind’êtrelesderniers.Quelquechoseeneuxfaisaitqu’ilsentraientconstammentenfriction.L’uncontrel’autre.

«Allezlesamoureux,onvafaireunepetitephoto,leurlançaJuliette,sonportablebraquédansleurdirection.

—C’estànousqu’elles’adresse?demandaDerrick,lessourcilsrelevésdefaçoncomique,cequifitpoufferderireLaura.

—Jecroisbien,affirma-t-elle.

—Àquid’autrevoulez-vousquejem’adresse,hein?interrogeaJuliette.

—Ilyaunproblèmedanstoninterjection,avançaDerrick.

—Ahbon,etlaquelle?

—Onn’estpasamoureux.Onadéjàdumalàs’entendre.

—Jeconfirme,appuyaLaura.

—Pasencore,lançaLucas.Vousn’êtespasencoreamoureux.Çavavenir.»

DerricketLaurasefigèrent.Quelquessecondes,letempsquel’imageatteigneleurscerveauxrespectifs.Quelquessecondesdeplusencore,luilaissant,àleurplusgrandétonnement,unechance,avantdehausserlesépaulesdansunbelensemble.

«Impossible,conclutDerrick.

—Mêmepasenrêve»,confirmaLaura.

Maiscequeleursamisnevirentpas,cefutleclind’œildeDerrickàLaura.Malgréleursengueuladesetleursprisesdetête,ilsarrivaientàcréerunecertainecomplicité,aussiéphémèrefut-elle.Lejeunehommeselevaducanapé,surjouantlacorvéeensoupirant,suiviparLaura,amusée.Juliettelesplaçacôteàcôtecontrelemurblancdusalonavantdeleurfaireprendredespausesaussicomiqueslesunesquelesautres.Finalement,lesdeuxjeunesgensseplièrentaujeuavecbonnehumeuretlesfousriress’enchaînèrenttoutnaturellement.

Àlafindelasoirée,LauraetJulietteseretrouvèrentseulesàcontemplerlesclichés.

«C’estmapréférée»,ditLauraenpointantunephotoduboutdudoigt.

Àl’image,elleétaitsurledosdeDerrick,lesmainsdecedernierbloquantsesgenoux.LatêtedeLauraétaitnichéedanslecoudujeunehomme,sesbrasl’encerclant.Ilsavaientl’airàlafoisheureuxetridicules,souriantàl’objectif.

«Vousêtestropmignonsensemble!

—Ouais,pendantgenredeuxsecondesetaprès,c’estlaguerre.

—Çapassera,vousdevezjustetrouvervosmarques,touslesdeux.

—Tuasplusd’espoirquemoi.Nousnesommespasfaitspournousentendre.Quoiqu’onfasse,ceseratoujourstenduentrenous.Onnes’octroiequedecourtesaccalmies.

—Commecesoir?

—Commecesoir»,confirmaLaura.

LesdeuxjeunesfemmesseséparèrentetLaurarejoignitsachambre,laphotoentrelesmainsqu’elleobservaunmomentavantdes’endormir.

Siseulementçapouvaitêtrevrai…

Chapitre3

Attirance

*Derrick*

«Allezlesamis,enroute!»lançaLucasengrimpantdanslavoiture.

Leshuitcolocatairesavaientdécidédepasserunejournéeensembleenborddemer,histoiredes’aérerunpeulesneuronesaprèsleurduresemainederévisionsetdepartielsquimarquaitlafindel’annéescolairepoureux.Àcontrecœur,Derrickavaitsuivilemouvement.Ilauraitpréféréresterseulàlamaison,luiquiavaitmoinsl’espritdegroupequelesautresmais,sousl’insistancedeJulietteetdeLucas,ilavaitfiniparcéder.Cesdeux-làfaisaientfiguredeparentspourlegroupe,pasquestiondeleurrefuserquoiquecesoit.

Commesij’avaiseulechoix,ronchonna-t-ilintérieurementenmontantdanslesecondvéhicule,conduitparBastien.

J’ycroispas!ajouta-t-ilens’asseyantsurlesiègearrière.

«‘lut!lança-t-ilàsavoisinederoute.

—Salut,toi!»luirépondit-elleavecsonéternelsourire.

Laura.Ilsl’avaientplacéàcôtédeLaura!

Ilsontuneidéederrièrelatêteouquoi?

Depuisquelquessemainesmaintenant,voireplus,Derrickavaitl’impressionqueJulietteetLucasavaientunplanlesconcernant,Lauraetlui.Ilauraitpariéjusqu’àsoncaleçonporte-bonheur(celuiàl’effigiedeSuperman)qu’ilsavaientdécidédelecaseraveclajeunefemme.

C’estpasprèsd’arriver!

Derrickavaitplutôttendanceàs’emporterfacilementavecLauradanslesparages,commes’ilétaitenpermanencesoustension.Comment,danscecas,arriveràformeruncoupleavecelle?Detoutefaçon,l’idéen’étaitmêmepasenvisageablepourlui.

Alorspourquoitucontinuesd’ypenser,là,maintenant?

Ont’apassonné!

Ilsétaientincompatibles,incapablesdecommuniquersansenarriverauxcrislestroisquartsdutemps.Illeurétaitimpossibledepartagerquoiquecesoitsansfinirparsechamaillercommedeuxgamins.Non,Lauraetluin’avaientriend’uncouple,pasmêmelepotentielleurpermettantd’endevenirun.Rien.Maisalors,riendutout.

Tuessaiesdepersuaderquilà,exactement?

«Prêtsderrière?interrogeaBrice,installésurlesiègepassager.

—Prête!»lançajoyeusementLaura.

Commentfait-ellepourêtretoujoursdebonnehumeur?

M’énerve!

«Derrick?relançaBastien.

—Ouais,c’estbon,bougonna-t-il.

—Quelenthousiasme,monpote,çafaitplaisiràvoir»,leraillaBrice.

Derricknedaignapasrépondreettournalatêteducôtédelavitre.Commeuneenviedechangerdepaysageetdedétournersonattentiondelademoiselleassiseàquelquescentimètresàpeinedelui.

Tuvois,tupensesencoreàelle…

N’importequoi!s’insurgea-t-ilcontrecettepetitevoixs’ingéniantàluitenirlieudeconscience.Tudivagues.

C’estcelaoui,c’estcela…,luirépondit-elle,malicieuse.

Àcerythme,Derrickallaitfinirparchoperunemigraine.Ilsemassalefront,lecoudeenappuisurlecarreau.Dieuquecetrajetallaitêtrelong!

«Etsionmettaitlaradio?proposaBastien.

—Non!»s’écrièrentLauraetDerricksimultanément.

Ilséchangèrentunregarddiscret,undemi-sourirecomplicesurleslèvres.

«Situtouchesàunseulboutondecetautoradio,jejurequejetecasselebras,lemenaçaDerrick.

—Pourquoitantdehaine?interrogeaBastienenlevantlesmainsaucieldansungesteonnepeutplusthéâtral.

—Tudemandes,vraiment?gloussaLaura.M’enfinBastien,tesgoûtsmusicauxsont…commentdire?dit-elleensetapotantlementonencadence.

—Pouraves,complétaDerrickenluifaisantunclind’œil.

—Jecroisquetuastrouvélemotjustemoncher,rétorquaLauraenluisouriant.

—Laisse-nouschoisirlamusique,nousnenousenporteronsquemieux,tranchalejeunehomme.

—Ok,ok,jecapitule,lâchaBastienenleurtendantunehoussecontenantplusieursCD.Àvousdejouer,lestourtereaux.»

Derricks’emparadel’étuisansmêmereleverl’allusion,trophabituéqu’ilétaitcesdernierstempsàl’entendre,etpeuenclinàessayeruneénièmefoisdeleurfairecomprendrequ’ellen’avaitpaslieud’être.Cequinel’empêchapasderemarquerlarougeurs’étantemparéedesjouesdeLauraaumomentoùcemotavaitfusé.Derrickdécidadenepastenterd’analyserl’effetquecerosissementavaitsurluietseconcentrasurlahoussequ’ilplaçaentreeuxdeux.

Lamusique,leurpassioncommune.Lapremièrefoisoùilpensaits’êtreretrouvéseulàlamaison,Derrickavaitsortisaguitarepourjouerquelquesairs,cequ’iln’avaitpasfaitdepuislongtempsmaisqu’ilappréciaitplusquetout.Laissersesdoigtscourirsurlescordesetfairenaîtredessonsquiracontentdeshistoires,iln’aimaitriendeplusquecesmoments-là.Cedimanche-là,ilavaitentenduauboutdequelquesnotesunevoixsemêleràlamélodiequ’ilproduisait.Ilavaitjouéunpremiermorceau,puisdeux,puistrois,toujourscettevoixétaitvenues’imprimersurlamusiquequesoninstrumentfaisaitnaître.Intriguémaispaspourautantcurieux,Derrickn’avaitpascherchéàsavoirquichantaitaveclui.Ilavaitreposésaguitare,s’étaitallongésursonlitquelquesminutesplustardetavaitlaissélesémotionsdecetéchangel’envahir.Plusieurssemainesétaientpasséessansqu’ilaitl’occasionderejouer.

Quandilavaitpuànouveaulefaire,lephénomènes’étaitreproduit.EtDerrickavaittoutdesuitecomprisquiétaitlachanteuse.Laura.Unmurseulséparaitleurschambresrespectives,voisinesl’unedel’autre.C’étaitLauraquichantaitpourlui.Lejeunehommeétaitforcéd’admettrequ’ellelefaisaitplutôtbienetqu’ilprenaitplaisiràjoueravecelle,pourelle.Jamaisilsn’avaientdévoilécesecret.JamaisDerrickn’avaitfranchileseuildelachambredeLaurapourladémasquer,non,celaauraitrompulecharmeténulesreliant.Voilàdesmoismaintenantqu’ilscommuniquaientainsi,parchansonsinterposées,enayantconsciencedel’autrederrièrelemur.Àforce,ilsenétaientvenus,dansleurviequotidienne,àéchangersurleursgroupesetleurschansonsfavorites,l’undesraresdomainesdanslequelilss’accordaientàlaperfection.Leseulthèmedeconversationn’étantpassujetàladisputeentreeux.Leurgagedepaix.

C’estdonctoutnaturellementqu’ilsexaminèrentensemblelecontenudesCDdeBastien.Etleconstatnesefitpasattendre.

«Pasfameux,soufflaLaura.

—Onestd’accord.»

Unsouriremalicieuxsurleslèvres,DerricksortitsonIpoddelapochedesonjean.

«Bastien,onn’aqu’uneheurederoute,onpeutpeut-êtresepasserdemusiquepourcettefois,tunecroispas?ditDerrickentendantlahousseàBrice.

—Ouais,onpeuttoujoursdiscuter.

—Voilà,onn’aqu’àfaireça,confirmaDerrick.

—Alors,c’estparti!lançaBastienendémarrantlavoiture.

—Vienslà»,chuchotaDerrickàLauratoutentapotantlesiègesursagauche.

Celle-cidéfitsaceintureets’installaàcôtédeDerrick.Unairinterrogateurvintreleversessourcilsaupassage.

Mignon,ça.

Turecommences.

Ok,j’arrête!

«Tiens,prendsça,ajouta-t-ilenluitendantl’unedesoreillettesdesonIpod.

—Merci.»

LejeunehommeattenditqueLaurasoitinstalléepuisillançalapistedelecture.Ilnefallutpaslongtempspourqueleurstêtesserapprochentl’unedel’autre.

Lefildesoreillettesesttropcourtpourêtretenduàsonmaximumentrenousdeux.

Àquitucherchesàfairecroireça,monvieux?

Derrickavaitbeaulenier,ilappréciaitsentirlapressionducorpsdeLauracontresonflanc,sonparfumenvahissantsesnarines…

Hum,caramel.

…sesdoigtsposéssursongenoutapantlamesure,siprochesdesamainàlui;seslèvresquiremuaientpourchanterensilencelesparolesdeschansonsdéfilantdansleursoreilles…

Putain,ceslèvres.

Regardeailleurs,mec,regardeailleurs.

ImpossiblepourDerrickdesedétacherdelavisionqueLauraluioffrait.Ilenprofitaitd’autantplusquelajeunefemmeavaitlesyeuxfermés.

Rappelle-toiqu’ellet’énerve,tutesouviens?

Ouais,jesais,maislà…

Là,ellenel’énervaitpas,aucontraire.LauradevenaituneinvitationpourquelquechosedeplusauxyeuxdeDerrick.Uneinvitationqu’ilavaitbienl’intentionderefuser.Tomberamoureuxn’étaitpasdanssesplans,encoremoinss’ils’agissaitdesonhorripilantecolocataire.Ilsoupiraetseconcentrasurlamusique,rienquelamusique.

Maisquandest-cequ’onarrive?

Heureusementpoursesnerfstendusaumaximum,Derrickn’eutpaslongtempsàattendreavantqu’ilsn’atteignentleurdestination.Uneheureaprès,ilsfoulaientlesablechaudets’installaientsurlaplage.D’instinct,illaissalesautresétendreleursserviettesavantd’enfaireautant,aussiloinquepossibledeLaura.L’épisodedelavoitureavaitétéagréable,certes,maisDerricksavaitqueleursmauvaiseshabitudespouvaientrefairesurfaceàtoutmoment.

Autantnepastenterlediable.

«Onvasebaigner?»proposaMargotquelquesminutesplustard.

«Yes!»s’enthousiasmaClaire,commençantàavancerendirectiondesvagues.

BriceetBastienleuremboîtèrentlepas.Rapidement,JulietteetLucasenfirentautant.NonsansavoiressayéaupréalabledeconvaincreDerrickdesuivrelemouvement.

«Toutàl’heurepeut-être,avait-ilrétorquédansundemi-sourire.

—Faiscommetuveux.Maisrappelle-toiqu’onestlàpours’amuser,paspourgamberger,luiditLucas.

—Jesais.Jefaisjusteunepauseetjevousrejoins,promis.

—Ok,acquiesçaJulietteavantd’enlacersesdoigtsavecceuxdesonpetitami.Allons-yLuc’.»

Tousdeuxs’enallèrentetlaissèrentDerrickseul.Seul?Pastoutàfait.Lejeunehommeentenditrapidementquelqu’unseleverpourseplanterdevantlui.

Non.Ellevapasmefairececoup-là…

«Tumecacheslesoleil,lançaDerrickàLauraquisetenaitàprésentdevantlui.

—Arrêtederonchonneretvienstebaigner.

—Non.»

Têtue,lajeunefemmeluitenditunemain.

«AllezDer ’,faisuneffort.

—Lâche-moilesbaskets.

—Jeterappellequetuportesdestongs,luinotifiaLaura.

—Ah,ah,ah,mortderire.T’enasd’autresdescommeça?

—Àvraidire,oui.Maiscen’estpaslemomentdet’éblouiravecmonincroyablesensdel’humour,n’est-ilpas?

—Tutecroisdrôle?

—Àtoidemeledire,ledéfia-t-elle.

—Tusaiscequiseraitdrôle,là,toutdesuite?

—Hum,laisse-moiréfléchir…Qu’uncrabesurgisse,tepinceunorteilettefassehurlercommeunefillealorsquetugigotessurlesablebrûlant?ajouta-t-elleencroisantlesbras.

—Nope.Cequiseraitamusant,c’estqu’ontebalanceàlamer.Commeça,tumeficheraisunpeulapaix.

—Ah,Der ’,quelnaïftufais.Tusaisbienquejen’arrêteraijamaisdet’embêter.Ettun’enignorespaslaraison,n’est-cepas?

—Si,maisjesensquetuvasmeladire…grommela-t-il.

—Parcequesijetelaissaistoutseuldanstoncoin,tut’ennuierais.

—N’importequoi,s’entêta-t-il.

—Vraiment?Tumeparaisbiensûrdetoi,MisterGrognon.Faisuneffort,justeaujourd’hui,déride-toietprofite.

—Argh,tuneveuxpasjusteallertenoyerlà-basetmelaissertranquille,pasvrai?

—Non.Enplus,j’aidesgènesdesirène,impossibledemenoyer.

—Sérieusement?

—Hum,hum.

—Voilàundéfiquejeseraisprêtàrelever,histoired’avoirlapaix.

—Lequel?»interrogeaLaura.

Avantqu’ellenepuisseajouterunmotdeplus,Derrickselevaetlasoulevadanslesairs.Ilcalaensuitelajeunefemmesursonépaule,latêtedecettedernièredanssondosàlui.IlnefallutpasdeuxsecondesàLaurapourréagiretcommenceràlemartelerdecoups.

«Lâche-moi.

—Non.

—Der ’!»

Ilcontinuaàfairelasourdeoreille,unemainplaquéesurlachutedereinsdeLaura,l’autrebloquantsesgenoux.Lesourireauxlèvres,Derricklaconduisitjusqu’auborddel’eau.Ils’immobilisauninstant,laissantlesvaguesvenirléchersespieds.

«AlorsAriel,prêteàrejoindretonhabitatnaturel?

—Nefaispasça,Der ’.

—Fairequoi?»minauda-t-ilinnocemment.

Ilprogressarapidementdansl’eautandisqueLauracontinuaitdesedébattre,tentantdesedéfairedesonemprise.

Mabelle,cessed’essayer,tunem’échapperaspas,pensaDerrick.

Et,laseconded’après,ilfaisaitbasculerLauradanslecreuxdesesbras.Alorsqu’ilplongeaitsonregarddansceluidelajeunefemme,ilsemitàsourirefranchement.Àcemomentprécis,ils’amusaitavecelle.Uninstantfugacedebonheurvolé.LeregardfuribondqueluijetaitLauranefaisaitqu’amplifiersonbien-être.Derrickdevaitbiens’avouerqu’iladoraitjoueravecelle.Dansuneimpulsion,illuiembrassaleboutdunezavantdelajeteràl’eau.

Chapitre4

Avouequetum’aimes

*Laura*

Ill’afait!Cetabrutil’afait!

Latêtesousl’eau,Lauran’enrevenaitpasdel’attitudeprovocatricedeDerrick.

Ilm’abalancéedanslaflotte!pesta-t-elleintérieurement.

Àpeinesespiedsavaient-ilstouchélesablequeLauras’yappuyait,sepropulsantainsiàlasurface.Elleremontaendehorsdesflots,entouréed’unegerbedegouttesd’eau,balançantd’unmouvementamplesescheveuxversl’arrière.Puis,lajeunefemmevintplantersonregard,noir,dansceluideDerrick.

«Ça,tuvasmelepayer,Grincheux.

—Jedemandeàvoir»,lanargua-t-il,unelueurdemalicedanslesyeux.

SesbrascroiséssursontorseluirappelantunpeutroplaposturedeM.Propre,Lauraneputgardersonsérieuxetsemitàrireauxéclats.Derrick,interdit,lajaugeaitcommesielleétaitdevenuefolle.

«L’eausaléeapénétrétroploindanstacervellejecrois,tuferaismieuxdel’essorer.

—Ah,ah,ah,jesuispliéederirelà»,luirétorqualajeunefemme.

Retrouvantinstantanémentsonsang-froidetsadétermination,ellen’hésitapasuneseulesecondeavantdeplongersesdeuxbrasdansl’eau.Ellelesenfitsurgir,créantdesarcsdecerclequivinrentpercuterDerrickdansunbelensemble.Cedernier,surpris,nefitcependantqueclignerdesyeuxavantdetoiserLauradespiedsàlatête.

Neregardepaslesgouttesd’eausaléequiruissellentsursontorse.Neregardepas…

Mercredi!J’airegardé!

Non,moi,c’estVendredi.

«Unebatailled’eau?Nonmaist’asquelâge?»

Lajeunefemmeluiréponditparuntiragedelanguedesplusexplicitesavantdereproduiresamanœuvre.Lesgerbesd’eauvinrentànouveauéclabousserDerrickqui,cettefois,semità…

Grogner?

«Alors,troppoulemouilléepourrépliquer?letaquinaLaura.

—Smiley,arrêteçatoutdesuite.

—Sinonquoi?»

Etlà,sansmêmequelajeunefemmes’yattende,Derrickfitgiclerdesmontagnesd’eaudemersurelle.Toussant,sefrottantlesyeux,Laurachancelalégèrementsursesappuisavantdereprendrepied.

Jenem’avoueraipasvaincue.

«C’esttoutcequet’asenstock?

—Lau’,tun’asaucunechancedemebattreàcejeu-là.

—Quetucrois!»

Elleplongeasousl’eau,aussirapidequ’Ariellapetitesirène,pourvenirsepositionnerjustederrièreDerrick.Lauraconnaissaitsonpointfaible.Sesmollets.Môssieurétaitchatouilleux.

Nemedemandepascommentj’aidécouvertça!

Jepréfèrenepasimaginerlascène,merci.

Aussis’employa-t-elleàgrandsrenfortsd’onglesàlefairegigoter.Etcequidevaitarriverarriva.Quandildécollal’undesespiedsdusable,Laurasaisitsachevilleetluifitperdrel’équilibre.Derricks’étaladetoutsonlongalorsmêmequ’ellerefaisaitsurface,unsourireimmensebarrantseslèvres.

MonsieurMuscless’estviandéenbeauté.

Lajeunefemmeneputrirelongtemps.Deuxmainsluienserrèrentlatailleetlafirentplongerànouveau.Sousl’eau,LaurafaisaitfaceàDerrick.Lesyeuxouverts,ilssesouriaient.Ilss’ébrouèrentainsidelonguesminutes,tantôtriant,tantôtfaisantmined’êtreencolère.Ilss’égayaientensemble,ayantcrééleurproprebulle,oublieuxdetoutautourd’eux.

Quiauraitcruça?sedemandaLauraalorsqu’ellefaisaitpasserlatêtedeDerricksousleniveaudel’eau.

Lasensationqu’ellesentitensuitesursoncorpsluiprocuraunfrissoncapabledefairebouillirl’eaul’entourantrienqueparlatempératurecorporellequ’ilinduisaitenelle.Derrickremontaitàlasurface,sesmainsglissantlelongducorpsdeLaura.Ellesvinrentseposerjusteauniveaudeseshanchesquandlejeunehommeémergeadeseaux,unsourireénigmatiqueplaquésurseslèvres.Illatenaittoutcontrelui.Beaucoupplusprèsquecequ’ilss’étaientpermisjusqu’ici.

Alerterouge!

«Lesenfants!criaJuliettepourattirerleurattention.Vousvenez?

—Onarrive!»luiréponditDerricksanspourautantsedétacherdeLaura.

Laplupartdutemps,lejeunehommeluitapaitsurlesnerfs.Ilsseprenaientlatêtepourunouioupourunnon.Lesmoispassant,ilsenétaientarrivésmalgrétoutàcréeruncertainéquilibre.Iln’yavaitpasd’amitiéentreeux,pasd’amournonplus,maisilyavaitquelquechose.Mêmes’ilsneseconnaissaientpasplusqueçaenapparence,unlienlesunissait.

Maisdequelnature?

Àcemomentprécis,letempssefigeapourLaura.Ellesentaitlesgouttesd’eaus’échappantdescheveuxdeDerrickdévalersursoncorpsàelle.Lesouffledujeunehommeluicaressaitlevisage.Ils’étaitpenchéverselle,raffermissantsaprise.

Qu’est-cequ’ilfait?

Laurasesentaitcommeunepoupéedechiffon,dansl’expectative.Lajeunefemmenebougeaitplus,elleattendait.Lespapillonsdanssonventres’agitèrentcommejamaisquandDerricksepenchapourluiglisseràl’oreille…

«Merci,Smiley.»

…avantdel’embrassersurlajoueetdel’abandonnersurplace.

«Qu’est-cequ’ilvientdesepasserlà,aujuste?»soufflaLaura,emboîtantaussitôtlepasàDerrick.

Sapeaulabrûlaitlàoùlejeunehommeavaitposésesmains,seslèvres.Ellesesentitrougirrienqu’àserepasserlefilmdanssatête.

Jeperdslaboule,conclut-elle.

C’estDerrick!

Oui,Derrick.Sonarrogant,prétentieux,jamaiscontent,colocataire.Derrick.Sonseulprénomluifaisaitdresserlespoilsdesesbras.Là,illefaisaitencore,maispourunetouteautreraison.

Derrick?

Non!

Secouantlatête,ellerejoignitlegroupedesesamis,àquelquesmètresdelà.Ladistanceàfranchirneluiparutquetropcourte.Ellequiavaittantdepenséesàclarifierauplusviteauraitvouluavoirencoredeskilomètresàparcouriravantdelerattraper.

Derrick?

Ok,jecroisqu’onl’aperdue.

«Quediriez-vousd’unpetittournoi?demandaLucas.Onsemetencouples,lesfillessurlesépaulesdesgarçonsetc’estparti?»

DerrickseretournaversLaura,lesourireencoin.

Ilmijotequelquechose.

«Smileyetmoi,onfaitéquipe!»déclara-t-ilsansmêmelaisserletempsàlajeunefemmededirenon.

Leursamisparurentstupéfaits.QuantàLaura,elleregardaDerrick,lesyeuxrondscommedesballons,laboucheàgoberlesmouchesenprimeetarticulaensilence:

«Qu’est-cequiteprend?»

Alorsquelesautressemettaientaussienéquipes,Derrickl’attiraunpeuàl’écart.

«Tuvoulaisquejem’amuse,non?

—Oui.

—Benc’estcequejevaisfaire.Avectoi.

—Maispourquoi?Onnes’entendpastoietmoi,aucasoùtul’auraisoublié.

—Pasfaux.Maislaquestionquetudoisteposer,c’est:pourquoipas?»conclut-ilsurunclind’œil,ravageur.

Ilestfou!futlaseuleexplicationqueLauraputtrouveraucomportementsoudainchangeantdeDerrick.

Incapabledecomprendrecequipassaitàcetinstantparl’esprittordudesoncolocataire,lajeunefemmedécidadejouerlejeu.Aprèstout,c’estellequil’avaitamorcé.

J’auraismieuxfaitdemetaire,bougonna-t-elle.

«Enpiste!lançaJuliette.

—Onestlesmeilleurs,s’exclamaDerrick.

—Situledis…»soupira-t-elle.

J’aiatterridanslaquatrièmedimensionouquoi?

DerrickfitsigneàLauradeseplacerdevantluietd’écarterlesjambessousl’eau.Puisilplongeapourseplacerentreelles,avantdepositionnersesmainssurlescuissesdelajeunefemmeetdelasouleversursesépaules.LauraposasesmainssurlatêtedeDerrickpoursestabiliser.Leurspeauxsetouchaientenbeaucouptropd’endroitsàcemomentprécispourqu’ellepuisseémettreuneseulepenséecohérente.Laseulequisefrayaitunchemindanssonespritetquicommençaitàtournerenboucleétaitlasuivante:

Jesuiscramée.

Etlesoleilquitapaitcetaprès-midi-làn’yétaitstrictementpourrien.Non.CetterecrudescencededegrésCelsiusneprovenaitqued’uneseuleetuniquesourcedechaleur,l’hommesurlequelelleétaitactuellementperchée.

Impossible!

Derrickrelevalégèrementlatêteverselle,leregardconcentréetétrangementlumineux.

«Prête,Smiley?

—Prête!

—Massacrons-les!»ajouta-t-il.

LasituationétaittellementsurréalistequeLauraauraitpucroireêtreentraindefaireunrêveétrange.Pourenavoirlecœurnetetmêmesicelapouvaitparaîtreridicule,ellesepinçalebras.SapremièreréactionfutAïe!ladeuxièmeMince!Jen’hallucinepas.ElleperçutqueDerrickavançait,alorsLauraassurasapriseenenfonçantlégèrementsesdoigtsdanslacheveluredujeunehomme.Cecontactdéclenchal’incendiemenaçantdes’allumerenelledepuisquelquesminutesmaintenant.Ellesesentitcommehappéeaucœurd’unfeudeforêt.Ilfallaitqu’ellesortedelàauplusvite!

Jamaisd’extincteurdanslecoinquandonenabesoin!

Sonvœufutexaucéquandellereçutunevagued’eauenpleinefiguredeuxsecondesplustard.

«Àl’attaque!»criaLucasfaceàelle.

Instinctivement,Lauraréagitencontre-attaquant.Ainsidébutalabatailledusiècle.Derricketelleensortirentvainqueurs,fiersd’avoirmistousleursadversairesendéroute.Lajeunefemmes’octroyamêmeleluxed’unhighfiveavecsonpartenaire.Ilsémergèrentdel’eaucôteàcôte,silencieux,alorsqu’undouxsourireflottaitsurleurslèvres.Chacunsesécha,serhabillaetvitevint

l’heureduretouràlamaison.Laconfigurationfutlamêmequ’àl’alleretLauraseretrouvaassiseprèsdeDerrick.Unécouteurdansl’oreille,lajeunefemmelaissaglisserenelleleflotdesmélodiesquisesuccédaient.Ellesoupirad’aiseenlaissantsatêtevenirreposersurl’épauledeDerrick,quinefitrienpourladéloger.

Arrivéschezeux,Laurasentitlatensionrevenirdèsqu’ellemitunpiedhorsdelavoitureaprèslui.Ellenefutpaslongueàcomprendrepourquoilorsquesonregardcroisaceluid’unepotichesurleperron.

«Salutbeaugosse,minaudacelle-ciàl’approchedeDerrick.

—Salut.Qu’est-cequetufaislà?l’interrogea-t-ilfroidement.

—J’aitrèsenviedesortiravectoicesoir,ajouta-t-elleensecollantàsontorse.

—Ok.Attends-moi,j’arrivedanscinqminutes.»

Ellefitbattreoutrageusementsesblondscils,luicollaunebisesurlajoue,avantderetourneràsavoiture.

LauraetDerrickmontèrentensemblelesescaliersmenantàleurschambresrespectivesetlajeunefemmeneputs’empêcherdeposerlaquestion.Pourquoi?Ellen’auraitpassuledire,maiselleavaitsoudaincommeungoûtamerdanslabouchelaforçantàdemander.

«TucomptesvraimentsortiraveccettepoupéeBarbie?

—Oui.

—Pourquoi?Elleal’airsi…

—Quoi?

—Laissetomber.

—Tunepeuxpascomprendre.

—Apparemmentnon,admitLaura.Merde,Derrick,tuvauxmieuxqueça!

—Qu’est-cequetuensais?s’énerva-t-ilenenserrantlecoudedeLaura.

—Jeteconnais,plusquetunelecrois.

—Vraiment?éclata-t-ilderire.Toietmoi,onneparlepas,jamais.Onnefaitques’engueulerlaplupartdutemps.Commentcrois-tumeconnaître?

—Là,c’esttoiquinepeuxpascomprendre.

—Detoutefaçon,qu’est-cequeçapeutbientefaire,hein?

—Rien,mentit-elleendétournantleregard.

—C’estbiencequejepensais»,conclutDerrickenrelâchantsonétreinte.

Ilsepassaunemaindanslescheveux.SonairnerveuxetencolèreinquiétaLaura.

«Der ’,arrêtedejouer.»

Ilsepenchaverselle,effleuralajouedelajeunefemmedudosdesamain,soupirapuissedétourna,commerésigné.LaurasuivitdesyeuxlasilhouettedeDerrickquidisparaissaitderrièrelaportedesachambreetrestasurplace,figéedevantlascènequ’ellefaisaitànouveaudéfilersoussespaupièrescloses.

Avoue.

Quoi?

Quetul’aimes…

Non,çanepouvaitpasêtreça.Pourtant,là,Laurasentaitunefissurepoindreensoncœur.Elleavaitmal.Lasimpleidéequ’ilsorteaveccetteBimboenplastiqueaprèslajournéequ’ilsvenaientdepasserluifaisaitl’effetd’unuppercutquil’auraitmiseK.O.

Findelapartie.

Chapitre5

Cequinouslie

*Derrick*

Notedel’auteur:lascènesuivantesepassedanslesalonpuislasalledebains.L’auteurpréciseàseslecteurscurieuxquelabaignoireicimiseenscèneestvide.Benoui,despersonnagestrempés,çalefaitmoyennementquandmême!Enfin,l’auteurlaisseauxsoinsdelalectriceavisée(oudulecteur)d’imaginerdel’eauruisselantsurletorsenudeDerrick…*soupirs*.

Samedisoir.

Derrickétaitdanslesalonaveclesautres,attendantl’heuredesonrendez-vouspourfilerpasserlerestedelanuitavecMoïra.

«Alors,Der ’,quelquechosedeprévucesoir?luidemandaBrice.

—Pasgrand-chose.Resto,ciné,boîte.Basiquequoi.

—Etquiestl’heureuseélue?

—Moïra.

—Jelaconnais?

—C’estlafillequ’onarencontréauParadiseleweek-enddernier.Tusais,lablondeaveclesmèchesdecheveuxrose.

—Jevois.Mignonne.

—Ouais.

—Mec,t’esenthousiasteàfairepeur,lançaBastien.

—Jesaispas,elleestsympamais…

—Maisquoi?interrogeaJuliette.

—C’estpaslegenreavecquij’aienviedemefixerunmoment.

—Ettoilegrandséducteur,tuasenviedeça?questionnaBrice.

—P’têt’bien.

—Envoilàduscoop!gloussaJuliette.

—Lecharriepas,femme,tranchaLucasenprenantsafiancéedanssesbras.Lepetitessaiededevenirgrand.

—Tut’assagismonvieux,constataBrice.

—Possible.

—Moijetrouveçatrèsbienquetuveuillestelancerdansquelquechosedesérieuxetquetuarrêteslachasseauxfillessansintérêt,ditJuliette.

—Ons’enlassevite,confirmaLucas.Regarde-moi,j’enaitrouvéunequejenesuispasprêtdelâcheretjenepeuxquet’encourageràenfaireautant.

—Oui,unvraipotdecollecelui-là,raillaBastien.

—Oui,maismonpotdecolleàmoi»,gloussaJulietteenembrassantsonfiancé.

Ilspartirenttousdansunéclatderireetl’affairefutoubliée.Derrickenprofitapoursefaufilerverslecouloiretserendreàlasalledebains,histoiredefairequelquesretouchesdedernièreminuteavantdepartir.Surlechemin,ilenvoyauntextoàMoïra.

«Jepasseteprendredansdixminutes.À+»

Derrickreplaçasonportabledanslapochearrièredesonjeanetentrepritd’accéderàlasalledebains.

«Encorebloquée!»

Leloquetdevaitêtretombé.Ànouveau!

Ilseraitpeut-êtretempsdechangercettefichueporte,pensa-t-ilendonnantunlégercoupd’épaulesurlechambranle,cequidéclenchal’ouverture.

Pasunbruitdanslapièce.Ilrefermaleverrou,sedirigeaverslelavabopuisplantasonregarddanslemiroirluifaisantface.Unreniflements’élevadanssondos,suiviparun…

Couinement?

«Yaquelqu’un?»

Pasderéponse.Derrickreportaitsonattentionsursonrefletlorsqu’ilentenditlespetitsbruitsserépéter.

«Quiestlà?

—Personne»,luirépondit-on.

Derricks’avançaverslabaignoireetposaunemainsurlerideaul’occultantàsavue.

«Nefaispasça!

—Pourquoi?

—Parceque!

—C’esttrèsmatureçacommeréaction,Smiley.»

Unsoupir.Derricklaissaretombersamainpourmieuxlaposersurlereborddelabaignoireavantdesauterd’unbondagileàl’intérieurdecelle-ci.Ilatterrit,assis,enfacedeLaura.

«Qu’est-cequetufichesici?

—Çanesevoitpas?luilança-t-elle,cachéederrièresesmains.

—Tupleures.

—Jesuisaucourant,Einstein.

—Pourquoitut’énerves?

—Qu’est-cequeçapeuttefaire?

—Çapeutmefairequetupleuresetquej’aimeraissavoirpourquoi!

—Tumedétestesdetoutefaçon,alorsçanedevraitpastedéranger.

—Qu’est-cequeturacontes?Jenetedétestepas.

—Peuimporte.»

Derricksepassaunemaindanslescheveux,lesdécoiffantencoreunpeuplusqu’àl’ordinaire.Samanièreàluidegérersanervosité.Ilfautdirequeconsolerlesfilles,c’étaitpasvraimentsontruc.

«Smiley…soupira-t-il.

—Quoi?

—Regarde-moi.

—Non.

—Faisuneffort.»

Laurabaissalentementlesmainsdevantsonvisage,passantunemanchesoussesnarinesetl’autresoussesyeuxpourenessuyerleslarmescoulantes.Derrickneputseretenirdelatrouverbelledanscettefragilitéqu’elleluilaissaitvoir,etsoncôtéprotecteurfitmonterunesourderageenlui.Ilvoulaitcasserlafiguredeceluioucellequilafaisaitpleurer.

Tevoilàbienchevaleresque,toutàcoup,pensa-t-ilaussitôt.

Qu’est-cequiluiprenaitaujuste?Derricksecoualégèrementlatêtepourenchassersesdrôlesdepenséesetrepritlaparole.

«Dis-moi.

—Àquoibon?Tunepourrasrienychangerdetoutefaçon.

—Peut-êtrepas,maissitunemedisrien,tunelesauraspas.Jen’enparleraipasauxautressic’estcequit’inquiète.Cequisepassedanscettesalledebainsrestedanscettesalledebains.

—Ok.»

Elleinspiraprofondémentpuisplantasesyeux,deuxlacsd’émeraudescintillants,dansceuxdeDerrick.Àcetinstantprécis,ilauraitpusefondreeneux.

Imbécile,c’esttacoloc’,riendeplus!sesermonna-t-il.

«Tusaisqueljouronest?

—Le2mai.Pourquoi?

—Aujourd’hui,çafaitcinqansquemonpèreestmort.

—Smiley...commença-t-il.

—Ilsn’auraientpaspucomprendre,lecoupa-t-elle.

—Maismoisi.»

Ilavaitperdusamèretrèsjeune.Ilsavaitladouleur,l’absence,levide.

«Pourquoitun’espasvenuemevoir?»

Sincère,ill’étaitàcemoment-là.Enaurait-ilétéautrementsielleétaitvenuelerejoindrepourluiparler?Sansdouten’aurait-ilpasréagidelamêmemanière…

Pauvrenaze!

«Noussommescolocataires,paslesmeilleursamisdumonde,c’estàpeinesionseparle,toietmoi…

—Jesais.»

Pasdereproches,unesimpleconstatation.Oui,ilsn’étaientpaslesplusprochesdelabande,touslesdeux.Derrickn’étaitcertespasleplussensibleouleplusattentionnéd’entreeux,néanmoinsilauraitpu…quoi?

Sécherseslarmes…

«Jesuislàmaintenantetjet’écoute.

—C’estjusteque…aujourd’hui,c’étaittropdur.J’avaisbesoind’êtreunpeuseule,defairelevide.Tuvois?

—Oui.»

Plusunmot.Cesilenceentreeuxdevintsoudaintroplourdpourlejeunehomme.DerrickpritlesmainsdeLauradanslessiennesetl’attiraàlui.

«Allez,viens-là,Smiley.

—Qu’est-cequetufais,Der ’?

—Tuverrasbien.»

Ill’installadoscontresontorse,sesjambesentrelessiennesetl’entouradesesbras.LatêtedeDerrickvintnaturellementreposersurlehautducrânedeLauraalorsqu’ellesedétendaitcontrelui.

«C’estmieux»,dit-ilendéposantunlégerbaisersursescheveux.

Pourquoisoncœursemettait-ild’uncoupàbattreplusvite?

Saletraître!

«Parle,prendsletempsdonttuasbesoin.Detoutefaçon,jen’avaisriendemieuxàfairecesoir,plaisanta-t-il.

—Sansrire?Pasdeblondeplatinedanslesparagesàsepâmerd’amourpourtesbeauxyeux?

—Nan,pascettefois!

—J’enaidelachance!gloussaLaura.

—Jenetelefaispasdire.Derrickpourtoitouteseuleunsamedisoir,tuasgagnéàlaloterie,mabelle.»

Ellerit.EtlecœurdeDerrickmanquaunbattement.Ilnes’étaitjamaisrenduvraimentcompteavantcesoiràquelpointilaimaitentendreceson.

Sonportablevibradanslapochearrièredesonjean.Ilglissaunemaindanscelle-cipouréteindreletéléphone.Pasderencardcesoir.

Tantpis.

Derrickn’eutpasderegretslorsqu’ilpritsadécision.Ilsavait,sansmêmeleformuler,queLauraseraittoujoursplusimportanteàsesyeuxquetouteslesMoïraqu’ilpourraitcroiser.Bienqueleurrelationsoitcompliquée,DerricknesecroyaitpascapabledejamaislaissertomberLaurasielleavaitbesoindelui.C’étaitlecasaujourd’hui.Etqu’importes’ilétaitmaladroitouincapabledetrouverlesmots,Derrickétaitlà.

«J’aiunepetitequestion.

—Laquelle?demandaLaura.

—Pourquoilabaignoire?

—Quandj’étaispetiteetquejefaisaisdescauchemars,jedormaisdanslabaignoire.C’étaitleseulendroitdelamaisonquimerassuraitetfaisaitfuirlesmonstrescachéssousmonlit.

—Parcequ’ilsétaienthydrophobes?gloussa-t-il.

—Idiot!rétorquaLauraenluidonnantunlégercoupdecoude.Non,parceque,etnetemoquepas,labaignoiremedonnaitl’impressiond’êtredansunœuf,uncoconquimeprotégeait.»

Derricksetut.Cetteenviedeprotection,ilnelaconnaissaitquetropbien.Lesseulesfoisoùils’étaitsentichezlui,ensécurité,c’étaitquandsamèreleprenaitdanssesbras.

«Jecomprends.C’estvraiquec’estplutôtconfortable.Tupeuxt’ycacherent’allongeantcommeilfaut.Nonvraiment,unbonchoixstratégiquederepli.Tuesvenuet’isolericipourfairefuirtescauchemars?»

Lauraacquiesçaensilence.Derricksentitlessanglotss’amoncelerenelleànouveau.Ilpritsesmainsdanslessiennesetlesserra,fort.Elleselaissafaire.

«Situveuxpleurer,vas-y.Situveuxcrier,fais-le.Jenetelâchepas.»

Lajeunefemmesetournalégèrementverslui,lesyeuxbrillantsdeslarmesqu’elles’efforçaitdenepluslaissercouleretluisourit.

«MerciDer ’.»

IlneréponditpasmaisresserrasonétreinteautourducorpsdeLaura.Derrickresteraitavecellejusqu’àcequesonchagrinsesoitestompé.Peuimportelescourbaturesdulendemain,lesheuresdesommeilenmoins,seulecomptaitàprésentlafemmequ’iltenaitdanssesbras.Elledevenait,letempsd’unenuit,sonhorizon.

Qu’est-cequim’arrive?

DerricksesentaittristedevoirLauramalheureuse,ilavaitmalpourelle,ilvoulaitluiôtercettedouleurquienserraitsoncœurpourenprendreunepartie.LorsqueLaurasemitàtremblerlégèrementdanssesbrasetquesontee-shirtcommençaàabsorberleslarmesdelajeunefemme,Derricksutd’instinctcequ’ildevaitfaire.Commepromis,ilnelalâchapasuneseulesecondecettenuit-làetnecessadeluimurmurerdesmotsderéconfortaucreuxdel’oreille.D’oùtenait-ilcetteenvieviscéraledeglissersondoigtsurlesjouesdeLaurapoureneffacerlessillonssalésvenuss’ydessiner?Ilnelesavaitpas.Maisilsuivaitcequeluidictaitsoncœur.Cesoir,Derrickfaisaittomberunmurentreeux.L’instaurationfragiled’unenouvellefacettedeleurrelation.Ilsn’étaientpasvraimentamis,n’étaientpasennemisnonplus.Qu’étaient-ilsexactementl’unpourl’autre?C’étaitindéfinissable.LesautresconsidéraientLauracommeleurpetitesœur.QuandDerricksesurprenaitàl’observer,ilétaitincapabledelavoircommetelle.Leproblèmevenaitpeut-êtredelà…àsesyeux,Lauraavaittoujoursétéunefemme.

Chapitre6

Lebonheuren5lettres

*Derrick*

«Résultatsdemain10heures!!!»pouvait-onliresurlaportedeDerrickdeuxjoursplustôt.Laveille,Lauraavaitcolléunpost-iten-dessousdel’annotationindiquant«Jet’accompagne!».Ilnepouvaitpasluidirenon,impensable.Celadit,Derrickespéraitqued’autresmembresdugangseraientprésents.S’iln’étaitpasreçu,ils’effondrerait.EtDerricknevoulaitpasque…

Non!Restepositif!Tuvasl’avoir!!!

LejourJ,ildescenditd’unpaslourdlesescaliers.Lorsqu’ilrejoignitlacuisine,DerrickyretrouvaLauraentraindepréparerlepetit-déjeuner.

«‘lut,lança-t-il.

—BonjourDer ’,luirépondit-elle,souriante,enpivotantlégèrementverslui.

—Oùsontlesautres?

—Partis.BriceetBastienaidentClaireetMargotàdéménagercematin.Lesfilleslesaiderontàs’installeràleurtourdimancheprochain.

—JulietteetLucas?

—Partisfairedesvisitespourtrouverleurfuturemaison.

—Ah…,secontenta-t-ild’émettreens’asseyantsuruntabouretdevantl’îlotcentraldelapièce.

—Hum,jesensunepointededéceptiondanstavoix,moncher.»

LaurasetrouvaitàprésentfaceàDerricketdéposaitdesœufsbrouillésetdubacondanssonassiette.

«Quelletristesse!Tudevrastecontenterdemoi,reprit-t-elle,mutine,enpointantlaspatulequ’elletenaitdanssamaindevantlenezdeDerrick.

—Quelqu’unm’enveut,c’estclair!lâcha-t-il.

—Jenetelefaispasdire!»conclutLauraensedirigeantverslefrigo.

Profitantqu’elleaitledostourné,Derricksepermitd’esquisserunlégersourire.Jamaisilneluilaisseraitvoirqu’ill’appréciait,neserait-cequ’unpeu.Pasaprèslafaçondontill’avaittraitéeaudébut…Touslesdeuxselançaientdespiquesetsecherchaientsansarrêt,ilsnepourraientpasavoirunerelationamicalecommecellequ’ilsentretenaientaveclesautres.Entreeux,çanepouvaitpascoller.

Pasdecettefaçon-là.

«Stressé?demandaLauraenvenants’asseoirfaceàlui.

—Carrément!

—Tunedevraispas.Ettusaispourquoi?

—Non,maisjesupposequemademoiselle“Je-sais-tout”vameledire!»bougonna-t-il.

Unfroncementdenezetunregardquitueplustard,Derrickeutsaréponse.

«Jenesaispastoutmaisjeteconnais,toi.Jet’aivubossercommeunmalade,t’entraînerdeuxfoisplusdurquelesautres.Jesaisquetuaurastonconcours,c’estuneévidence.Tut’esinvestiplusquejenet’aijamaisvufaire.Alors,restezen.Aprèstout,c’estbientoiquinousarabâchépendantdesannéesquetuétaislemeilleur,non?Monsieur“C’est-moi-le-plus-fort”,hum?

—Ouais…

—Ondit“Oui,mademoiselleJe-sais-tout!”,plaisantaLaura.

—Danstesrêves»,rétorquaDerrickenavalantunebouchéed’œufsbrouillés.

Intérieurement,Derrickdutreconnaîtrequ’enquelquesphrases,ellel’avaitdétendu.Ilnepensaitplusàl’échecprobable,seulementàlapotentielleréussite.

Dixheures,danslacourdelacaserne…

LauraetDerricksetenaientcôteàcôtedevantlesportes.Àl’heurepile,ellesfurentouvertes.Ilspénétrèrenttousdeuxdansl’enceintedelacaserneetauboutdequelquespas,Derricksefigeaaumilieudelafoule.

«Der ’?»demandadoucementLaura.

Pasderéponse.Derrickavaitleregardperdudanslevide.Lajeunefemmeencerclasonavant-bras.

«Derrick,nerestepaslà.

—Jenepeuxpas…souffla-t-il.

—Biensûrquesi,tupeux!

—Non.»

Ilseretournamaisellelerattrapaetluifitface,lesdeuxmainsposéessursesépaules.

«Tuvasyaller,Derrick,mêmesijedoistepousserjusquelà-bas.

—Tun’yarriveraspas!

—Sansdoute,maisj’essaierai.Deplus,ilyaicidecharmantsjeuneshommesquiseraientravisdemedonneruncoupdemain,tunecroispas?

—Kmpf,grommelaDerrick.

—Tupeuxrépéter?

—T’asgagné!J’yvais.

—Bien.

—Dansdeuxminutes.

—Maintenant,Derrick!

—Non.

—Ok,tunemelaissespaslechoixmaisrappelle-toiquetum’asforcéeàenarriverlà.

—Dequoituparles?»

Sansunmotdeplus,LauramitsamaindanscelledeDerricketletraînaderrièreellejusquedevantlespanneauxd’affichageoùs’inscrivaientlesnomsdesadmisetdesautres.

Enchemin,DerrickavaitnaturellemententrelacésesdoigtsavecceuxdeLaura.Pourquoi?Iln’auraitsul’expliquersionleluiavaitdemandé.Iln’yavaitpasderaisonpourça,nipourlefaitque

sapaumeétaitsoudaindevenuemoite.Derrickn’auraitpassudired’oùprovenaientcesétincellesquisemblaientélectrisersoncorpsàcemoment-là.Iln’auraitpaspu…cariln’avaitjamaisconnuçaauparavant.Ileutunepointederegret,amère,quandLauraôtasamaindelasienne.Déchirure…

J’aifroid.

«Bon,ilyadeuxpanneaux,jeproposequ’onsesépare.Tuprendsceluidegaucheetmoiceluidedroite,ok?»

Lejeunehommehochalatêtesansenthousiasmeetilsallèrentchacundesoncôté.

Plusgrandd’unetêtequesescamarades,Derrickseplantatoutsimplementaumilieudesautresetobservalepanneaudeloinpouryrepérersonnom.Iljetauncoupd’œilsursadroiteetvitlamaréehumaineagglutinéedevantl’autretableausescinderendeux.Destêtessetournèrentetsebaissèrent,simultanément,avantdelaisserpassage…àLaura!Ellelesregardait,souriante,etlesremerciaitdelalaisserpasserdevanteux.Pluspetited’aumoinsvingtbonscentimètresqueceuxquil’entouraient,elleavaitréussiàsefrayeruncheminpouratteindresonobjectifavecpourseulearmesonsourire.

Adorable.

L’adjectifquiavaittoujourscolléàlapeaudeLaurarefitsurfaceàcetinstantprécisdansl’espritdeDerrick.Oui,elleétaitadorableetadoréedetous.Alorspourquoin’arrivait-ilpasàagiravecellecommeavectouslesautres?

Illavitsemettresurlapointedespiedsetcommenceràpointersondoigtsousleslignes,lessuivantuneàune,consciencieusement.Pourmieuxseconcentrer,elletiraitlalangue.

Craquante.

Àpeineavait-ilpensécelaqueDerricktournavivementlatêtepoursefocaliserànouveausurlesnomsquis’alignaientdevantsesyeux.

Stop!Toutdesuite!

Ildevaitfairelevide.Devantluis’étalaientdeslignesdelettresetdechiffres.Etaubout,sonavenir.Dessymboles,justedessignes,quiallaientdécidersiouiounonilréaliseraitsonrêve.Troisansetdemiàtravaillercommeunforcenépourenarriverlà,àchercherdésespérémentsonnomauboutd’uneligne…Lanervositél’envahitàmesurequ’ilentendaitlessoupirsdesdéçusetlesriresjoyeuxdesautres.

Lafoulecommençaàseclairsemerautourdeluiettoujoursrien.Puisilvitsursadroiteunemainselever.

«Der ’!Jet’aitrouvé!»l’appelaLaura,ledoigtfermementancréprèsdesonnom.

Elleneleregardaitpas,fixantlepanneau.

Mauvaissigne,ça.

Derricklarejoignitenquelquesenjambéeset,souslesexclamationsoffusquéesdecertains,seplantaderrièreelle.Penchantsatêtepar-dessuscelledeLaura,ilsuivitdesyeuxladirectiondesonindex.

DerrickR.

Etaprèsunelitaniederésultatspurementarithmétiques…

Admis

SonindexseposasurceluideLauraetDerrickrelutdeuxfoislemotpourêtresûr.Admis,ilétaitadmis!

Quandildétachasonregarddelaliste,lejeunehommerepritconsciencedel’endroitoùilsetrouvait.IlpritlamaindeLauradanslasienneetluiditsimplement:

«Viens.»

Iléloignalajeunefemmedequelquespas,jusqu’àcequ’ilssoientisolésdansunrecoindelacour.Letrajetjusque-làsefitdansleplusgranddessilences.Derrickn’arrivaittoutsimplementpasàdébrouillertouslessentimentsquil’assaillaientàcemoment-là.Lorsqu’ilss’arrêtèrent,ilsentitpesersurluileregardinquietdeLaura.

«Der ’,çava?»

Encoresonné,illuiretournaunsourireéblouissant,presquetropgrandpourlui.QuandDerrickvitLauraluirépondredelamêmemanière,ilneputrésister.Illasoulevadanssesbrasetlafittournoyerquelquesinstants.Leriredelajeunefemmesedéployadanslesairsautourd’eux.Là,toutdesuite,ilétaitheureux,toutsimplement.DerrickreposaLauraàterre…

«Tuescinglé!gloussalajeunefemme.Félicitations,MonsieurlePompier!»

…etsansplusréfléchir,ilsepenchaverselleetl’embrassa.

Waouh!

Lorsqueleurslèvresseséparèrent,DerrickperçutlesprunellesdeLauratentantdedéchiffrerlessiennesetnesutpluscommentréagir.

«Je…jenesaispascequim’apris.Excuse-moi.»

Lajeunefemmeneluiréponditpas,lefixantcommesiellelevoyaitpourlapremièrefois.

«Jevaisallerénoncermesvœuxd’affectation.Jeteretrouvedansquelquesminutesici,ok?»

Lauraacquiesça.Ils’enfuyait,voilàcequ’ilfaisait.Incapabledeposerdesmotssurcequ’ilavait

ressentienl’embrassant,parcequec’étaittotalementàl’opposécequ’ilavaitvoulucroirejusqu’ici.

Cequ’ils’étaitrefuséàcroire…

MaisimpossiblepourDerrickd’effacerdesamémoireleslèvresrougesdeLaura,sesyeuxbrillants,sonpoulsqu’ilavaitsentis’accélérerlorsqu’ill’avaitembrassée…

Arrêted’ypenser!s’admonesta-t-il.

Peineperdue.Carl’idéequiluivenaitjusteaprèsçaétaitencoreplusfolle.

J’aienviederecommencer.

Derrickdécidademettresoncomportementpassablementétrangesurlecomptedel’euphorie.

Oui,voilà,onvadireça.

C’était,d’uncertainpointdevue,plusrassurantpourlui.

C’estl’espritégaréqu’ilsedirigeaverslesbureauxdelacasernepourlistersesvœux.Audébut,ilavaitvoulupartir,loin.EtpuisDerricks’étaitaperçuque,danscettemaisonqu’ilpartageaitavecLauraetlesautres,ilavaittrouvéunfoyer.Horsdequestionpourluidelequitter.Surtoutpasmaintenant.

Ilressortitquelquesminutesplustardetseraiditinstantanément.Danslacour,toutungroupedemâlesentouraitLauraettentaitdelacharmeràcoupsdesouriresultrabright.LesangdeDerricknefitqu’untour.Ilsedirigeatelleunefurieverscesimbéciles.Iln’essayapasdecomprendrepourquoiilétaitsiencolèreaprèseux–cen’étaitpaslapremièrefoisqueLaurasefaisaitdraguerdevantlui!–nipourquoiilréagissaitdelasortealorsque,jusque-là,iln’avaitjamaisrienfaitquandunhommelacourtisait.Non,toutcesurquoiDerricksefocalisait,c’étaitsurlebrasdecesombreidiotposéautourdesépaulesdeLaura.Iln’avaitplusqu’uneenvie,l’ôterdelàauplusvite,etavecunmaximumdesouffrancepoursonpropriétaireaupassage.Depuisquandsesentait-ilpossessifàl’égarddelajeunefemme?

Tumarquestonterritoire?

Unpeuprésomptueuxdesapart,maissoudainement,l’idéedeLauraavecunautreque…

Quequi,tupeuxmeledireàmoi?

Unautrequemoi…pensa-t-il.Non,non,non.Impossible.Jeneseraispas…?

Jecroisbienquesi,monvieux!

Jaloux,Derrick?Ilnel’avaitjamaisétéavecsesex.Pourquoileserait-ilavecunefillequ’iln’aimaitmêmepas?

Oui,pourquoi?Réponds,çam’intéresse.

Aucuneidée…

Quelquechosenetournaitpasrond.

Maisquoi?

Derricksavaitques’ilnesortaitpasLauradecettecourd’icitrentesecondes,ilrisquaitdepéteruncâble.Ils’approcharapidementdugroupe,seplaçad’autoritéprèsd’elle,luipritlamainetl’embarquaàsasuiteaprèsunsimple«Onyva.»laconique.Lajeunefemmelesuivitsansriendire,aprèsunsouriretimideauxbellâtresquilaregardèrentpartir,l’airdéfait.Lejeunehommenesoufflaqu’unefoisqu’ilsfurenttouslesdeuxdanslavoiture.

«Tupeuxm’expliquer?demandaLaura.

—Non»,réponditDerrickenmettantlecontact.

Commentluiexpliqueruneréactionquelui-mêmen’arrivaitpasàcomprendre?Oupeut-êtrelacomprenait-iltropbienjustement?

Ellem’aretournélecerveau,pensa-t-ilenjetantuncoupd’œilàLaura,installéesurlesiègepassager.

Etj’aiaiméça.

Grillé.

Chapitre7

Lesnuitsmélangées

*Laura*

Desmoisquesamèrel’avaittannéepartéléphonesinterposés.LeurdernièreconversationavaitpousséLauradanssesretranchements.

«Etquandest-cequ’onlerencontre,tonfameuxDerrick?

—‘man,cen’estpasMONDerrick!Ettun’aspasbesoindefairesaconnaissance!

—Ohquesi,mafille!Tuvasbientôtvivreseuleavecuninconnu.Jeveuxêtresûrequec’estungentilgarçon.

—Onveutjustes’assurerquetuesensécurité,mapuce»,avaitencoreajoutésonbeau-père,Charles.

Viveleshaut-parleurs!Essayeunpeud’avoirunecommunicationprivéeavecça!avaitronchonnéintérieurementLaura.

Elleadoraitsonbeau-pèrequilaconsidéraitcommesafille,maissoncôtésurprotecteuravaittendanceàl’irriter.D’oùlanondivulgationdesasituationactuelleàsesparents…jusqu’ici.MaispourquoiKrisleuravait-ellevendulamèche?N’eûtétécettevisitedesdeuxamiestroismoisplustôt,lesparentsdeLauran’auraientjamaisapprisqu’ilsn’allaientbientôtplusêtrequedeuxdanslamaisonetlajeunefemmeneseraitpasobligéedebatailleravecsamèrepourluifairecomprendrequ’elleétaitassezgrandepourprendresoind’elle.

«Riendeplus»,avait-ilensuiteajouté.

Riendeplus,hein?Onpeuttoujoursrêver!

«Tunenousauraispascachéquelquechoseàproposdevousdeux?avaitencoredemandésamère.

—Commeunerelationamoureuse,parexemple,avaitenchaînésonbeau-père.

—Maisnon!»avaitexploséLaura.

MerciKris!Vraiment!

«Alors,quandest-cequetunousleprésentes?l’avaitharceléesamère.

—Argh!Jevaisvoircequejepeuxfaire…»avaitcapituléLaura,fatiguéededevoirtrouverdesexcusespourreculerl’échéancedecequiparaissaitinévitable.

LajeunefemmeavaitdûserésigneretdemanderàDerrickdel’accompagnerpourunweek-endlà-bas.MêmesiLauraavaitsentilacatastrophe,aussisûrequ’unetornadeauKansas,arrivéeàvitessegrandV,elleavaittrouvélemoyendeleconvaincre.Ilavaitétésurprismaisavaitcédédevantsonairsuppliant.

LesyeuxéplorésduCocker,pourfairecraquerunhomme,yaqueçadevrai!

C’estcequilesavaitconduitsàseretrouvertouslesdeuxici.Depuisleurarrivée,Lauraavaitl’impressiond’avoirdébarquédansununiversparallèle.Derricks’étaittransformé,àpeineavait-ilmisunpiedhorsdelavoiture.Ilétaitdevenuquelqu’und’autre,jouantlacomédieàsesparentstoutl’après-midi,àcoupsdesourires,d’anecdotes,dedévoilements.Lauranelereconnaissaitplus.Laconversationquisedéroulaitencemomentmême,toutaussimielleusequelesprécédentes,luisortaitparlesyeux.Toutsepassaitbien.

Tropbien…

«Maisbiensûr,Violaine»,réponditDerrickàlamèredeLaura.

Cettedernièren’encroyaitpassesoreilles,àtelpointqu’elledutintervenir.

«Laisse,‘man,Derricketmoi,nousallonsnousenoccuper.»

Lauraletiraparlamanchepourl’inciteràseleveretàlasuivredanslacuisine.Elleattenditqu’ilssoientdanslapiècepourfermerlaporteetlancerl’offensive.

«Quiêtes-vousetqu’avez-vousfaitdemoninsupportablecolocataire?

—Pardon?

—Oh,nejouepaslesinnocentsavecmoi.Qu’as-tufaitduvraiDerrick?s’emportaLaurafaceàlamineréjouiedujeunehomme.

—Jenevoisabsolumentpasdequoituparles,ajouta-t-il,moqueur.

—Vraiment?Nemeprendspaspouruneimbécile,Der ’.

—DéveloppelesujetSmiley,jenetesuispas.»

Derricksecampaalorsdansuneposturenonchalante,brascroiséssurlapoitrine,surlerebordduplandetravaildelacuisine.Unposted’observationidéalpoursuivredesyeuxlesmouvementsdeLauras’activantauprèsdeluiafind’apporterledessertàtable.

«Tutecroisdrôle,peut-être?Maisils’agitdemesparents,nejouepasaveceux.

—Jenejouepas.

—Àd’autres!Tuleursorslacomédiedugendreidéal.

—Lesparentsm’aimentbien,c’estunfaitreconnu,lança-t-il.Demandeàmesex!

—Argh!Tum’énerves!Nousnesommespasensembleettulesaistrèsbien.Onvitensemble,saisistoutelanuance.Tunepeuxpasleurfairecroireautrechoseoùilsnemelâcherontjamais.

—Jeneleurfaisriencroire,s’insurgea-t-il.TUm’asfaitvenirici,TUm’asdemandéd’êtresympa,continuaDerrickenpointantLauradudoigt.TUm’asforcélamainafinquejelesrassuresurlefaitquenousnesommesplusquedeuxàlamaison.Jefaisuneffortettum’engueulesenplus?Sansrire,pourquituteprends?

—Qu’est-cequetuveuxdire?

—Rien,laissetomber.

—Tuesgentil,attentionné,aimable,serviable…c’estsuspect.Dis-moijustepourquoitudevienssoudainementquelqu’und’autre?

—Quiteditquecetautrecen’estpasmoi?interrogeaDerrickavantdesesaisirduplatàdessert.Justemoi»,ajouta-t-illeregardtriste,avantdequitterlapièce.

Dèsqu’ileûtledostourné,Laurasentittoutesacolèreretomberetellerelâchalapression.Lesmainsappuyéessurlereborddel’évier,ellepritletempsdesouffleravantdesuivrelespasdeDerricketdelesrejoindre,luietsesparents,surlaterrasse.S’était-elleàcepointtrompéeàsonsujet?Pouvait-elletoutignorerdel’hommeavecquiellevivaitdepuisdesannées?

Plustarddanslasoirée…

Fautedeplacedanslapetitemaisondesesparents,LaurasevoyaitobligéedepartagersachambreavecDerrick.Unesituationpourlemoinsembarrassanteaprèsladisputequ’ilsavaienteuequelquesheuresplustôt.Ilétaitallongédansunsacdecouchageaupieddulitoùelleallaitpasserlanuit.Sa

proximitéavaitquelquechosederassurantetd’inconfortableàlafois.Derrickn’auraitpasdûêtrelàavecelle,çan’avaitpasdesens.Pourquoiseretrouvait-ildanssachambredepetitefille?

«Der ’?hasardaLaura.

—Hum…

—Tudors?

—Àtonavis?»

Laural’entenditseretourner.Puis,lesilence.

«Tuestoujoursfâchéaprèsmoi?

—Non,répondit-il.

—Menteur.»

C’étaitplusfortqu’elle,Lauran’arrivaitpasàs’enempêcher.ToutescesannéesàbatailleravecDerrickavaientlaissédestraces.Ellenepouvaittoutsimplementpasimagineravoirunediscussionposéeaveclui.Pourtant,ilsavaientdéjàréussicetexploit…

«Arrête.

—Pardon,murmura-t-elle.

—Tumedoisdesexcuses,Smiley.

—Peut-être,souffla-t-elle.

—Lau’…

—Ouais,c’estvrai,jetedoisdesexcuses.Ok,jesuisdésoléepourcequejet’aidittoutàl’heure,jenelepensaispas.

—Ohquesitulepensais!

—Surlecoup.Après,j’airéfléchi,avoua-t-elle.

—Etquellessonttesbrillantesconclusions,MissPerfection?

—Que…j’avaispeut-êtretort,toussota-t-elle.

—Jen’aipasentendu.Répèteunpeuplusfort,s’ilteplaît.

—Quej’avaispeut-êtretort,reprit-elle.

—Miracle!Sij’avaiscruentendreçaunjour!

—Ohn’exagèrepasnonplus,Der ’.»

Pasderéponse.

«J’aiéténullesurcecoup-là.

—Ça,tupeuxledire!

—Oneffaceetonrecommence?

—Essayer,nouspouvons.

—VoilàquetuteprendspourYoda.Der ’toncasnes’arrangevraimentpas»,gloussa-t-elle.

Derrickriaitluiaussiàprésent.L’atmosphèresedétendaitprogressivementdanslachambrebercéeparlalumièrelunairefiltrantàtraverslaverrière.Lauraentenditletissudusacdecouchageraclerleparquet,ànouveau.

«Der ’,çavaenbas?

—Ouais,disonsquec’estpasvraimenthyperconfort.

—Hum.Désolée.

—T’inquiète,c’estquepourunenuit.»

Tun’ypensespas!

Etpourquoipas?C’estpaslegrandméchantloupnonplus!

Quoique…

«Écoute,lelitestgrandalors…

—Serait-ceuneinvitation?plaisanta-t-il.

—Nevapast’imaginerquoiquecesoit.

—Loindemoicetteidée»,continuaDerricksurlemêmeton.

Jetel’avaisditdenepasluiproposer!

«Bon,tuveuxdormirdansunlitourestersurlesol?

—Choixdélicat.Leproblèmeétantquesij’acceptedeterejoindre,jecrainspourmapudeur.

—Qu’est-cequeturacontes?

—Moncorpsestréputétrèsattractifenvuedesnormesactuelles.J’aibienpeurquependantton

sommeil,tunesuccombesàlatentationetveuillesattenteràmavertu.

—N’importequoi!Qu’est-cequ’ilnefautpasentendre!ditLauraenlançantunoreilleràlafiguredeDerrick.

—Jeprendsmesprécautions,moi,madame.

—Jevoisça,souffla-t-elle.Onnevapasypasserlanuit!Sijemetsletraversinentrenousdeux,est-cequemôssieurserasatisfaitdel’arrangement?

—Hum,çameparaîtconvenable.

—Alorsramène-toiavantquejenechanged’avis!»tranchaLaura.

Aussitôtdit,Derrickselevaetvintsecoucherprèsd’elledanslelit.

Iln’avaitpastort!

TouteslesalarmescérébralesdeLaurasemirentàsonnerenmêmetemps.Neportantqu’unbasdejoggingpourpyjama,Derrickétait,impossibledelenier,trèsappétissantdanscettetenue.Canonmême,avecsescheveuxenbatailleetsabarbedetroisjours.

Tunevienspasdepensercequejecroisquetuviensdepenser?

Bensi…

Elleétaitmal,trèsmal.

«Ilyaunproblème,commençaDerrickaprèss’êtrerelevésuruncoudepourluifaireface.

—Quoiencore?»demanda-t-elle,légèrementrougissante.

Heureusement,ilfaitnuitetilnepeutpasvoirtesjouesrosies.

Onpeuttoujoursrêver…

«D’habitude,jedorsnu.

—Arrêtetonchar.

—Jesuistoutàfaitsérieux,déclamaDerrick,solennel,avantdecommenceràbaissersonpantalon.

—Stop!criapresqueLaura.Nonmaistuvaspasbien?

—Jeplaisante,jeplaisante.Jeuneviergeeffarouchée»,dit-ilenserhabillant.

Ouf!J’aieuchaud!

Avouequet’auraisbienvoulu…

Non,non,non!Tais-toi,toi!

«Ah,nerecommencepasavectesblaguesvaseusesoùjeterenvoiedirectsurleparquet!»

Derricklevalesmainsensignederedditionavantdereportersonattentionsurlajeunefemme.

«Ilyaunautreproblème.

—T’esvraimentimpossiblecommemec!Qu’est-cequit’arriveencore?

—Letraversin…

—Ehbenquoi?

—C’estunebarrièreinefficace,dit-ilenlesaisissantpourl’envoyervalsersurlesoldelachambre.

—Qu’est-cequetufais?»demandaLaura.

Derrickserapprochad’elle.Lesouffledelajeunefemmesefitplussaccadé,soncœurbattitplusvite.Lapanique?Non,quelquechosed’autre.Uneréactionqu’ellenevoulaitpasnommer…

«Tuapprendras,mapetiteSmiley,quejamaisjenedorsavecunefemmesansqu’ellenepassesanuitdansmesbras.

—Quoi?

—Tuasparfaitemententendu.Allez…

—Non!

—Non?

—Non!

—Têtue,tues.»

Sansluilaisserlechoix,illapritdanssesbrasetLauraseretrouvadoscontresontorse,encerclée.LatêtedeDerrickavaittrouvélecheminducoudelajeunefemmeetsonsoufflechaudluichatouillaitagréablementlanuque.Elleétait…bien,ainsi.Unétrangesentimentdepaix,desécurité,s’insinuaenelle.

«Jeneteferairien,Smiley.

—Jesais.

—Bien.Alors,dorsmaintenant.»

Commentenétait-ellearrivéelà?ÀdormiravecDerrick?!?C’étaitlemondeàl’envers!Lepiredanstoutça,c’étaitqueLauraappréciaitlasensationquitraversaitsoncorpsàcetinstantprécis,lebaumecicatrisantsonâme.Alorsqu’ellel’avaitmalmené,illuioffraitréconfortettendresse,parsasimpleprésenceprèsd’elle,parcettenuitqu’ilspartageraient.Lauraétaitperdue.Lesévènementsseprécipitaientetellenesavaitplusquoipenserdetoutça,maissurtoutdeDerrick.Quiétait-ilvraiment?Qui?

«Arrêtederéfléchiretlaisse-toialler»,luidit-ilencore.

Plusfacileàdirequ’àfaire,pensaLaura,torturéepartouscessentimentscontradictoiresauxquelselletentaitdefaireface.

Lajeunefemmedécidaque,pourcettenuit,elledevaitlâcherprise,nepastenterdetoutanalyserouellerisquaitdedevenirfolle.Lauraauraitbienletempsdemaind’essayerdecomprendre.

C’estça,demain.

«Bonnenuit,souffla-t-elleenseblottissantsouslacouette.

—Bonnenuit»,réponditDerrickaprèsavoirdéposéunlégerbaiserdanssescheveux.

Commeill’avaitfaitcejour-là,danslabaignoire…Laural’avaitdéjàlaissél’approcher,unefois.Cesoir,elleouvraitencoreunpeupluslaportemais,qu’allait-elletrouverderrière?

Chapitre8

Àfleurdepeaux

*Derrick*

Qu’est-cequim’apris?

Ens’endormantcesoir-là,Laurablottieentresesbras,Derricksedemandaitàquelmomentilavaitdécidédeperdrelatête.

Avantouaprèsledessert?

Quandilss’étaientdisputésdanslacuisinecetaprès-midi-là,DerrickenavaitbeaucoupvouluàLauradesonattitude.Aprèstout,c’étaitellequil’avaittraînéici.Ilessayaitjusted’êtreaimableavecsafamille.Luiquin’enavaitplusdepuissilongtempsavaitappréciédeseretrouverdansuneambiancesidouceenarrivantlematin.Ils’étaitsentibien,acceptéparlesparentsdeLaura.Derrickn’auraitjamaiscruquelajeunefemmepuissemalleprendre.

Jel’aifaitpourelle…

Àprésent,illaregardaitdormirpaisiblement…aveclui.Derrickluiavaitmenticesoir,justepourpouvoirsentirsoncorpscontrelesien.Ilavaitbesoindececontactpoureffacerlafrustrationdeleurquerelle.D’habitude,ils’arrangeaitpourallerpasserlanuitchezsesconquêtes,cequiluipermettaitdes’enallerdiscrètementaprès...Iln’aimaitpasdormiravecquelqu’un.Pourtantcettenuit,DerrickavaitressenticebesoinirrationneldetenirLauraentresesbras,del’encerclerdesachaleuretdenepluslalaisserpartir.Cebaiseravaittoutchangéentreeux.Àprésentlejeunehommeserendaitcomptedecequ’ilavaitoccultétoutescesannées,delafemmequ’ilavaitvouluoublier.

Onn’oubliepasLauracommeça.

Ilcomprenait.Derricknel’avaitpaslaissées’approcher,hissantentreeuxdesmursinfranchissablesdèsledépart,parcequ’ilavaitperçudanssontoutpremierregardqu’ellepourrait

êtrecellequiluiferaitoubliertouteslesautres.

«Der ’?entendit-ilLauramurmurer.

—Oui?répondit-ilsurlemêmeton.

—Nemelaissepas…»souffla-t-elle.

Ellerêvait.MaiscesderniersmotstrouvèrentunéchoprofonddanslecœurdeDerrick.

Jenetelaisseraipas,jamais.

Lejeunehommetrouvalesommeilplusfacilementqu’ilnel’auraitcru,bercéparlarespirationtranquilledeLaura.Pourcettenuit,ilavaittrouvésaplace.

Lelendemainmatin…

Derrickfutréveilléparlesrayonsdusoleilsursonvisage.Ils’étiradanslelit,étonnédenepassentirLauraàsescôtés.Aussitôt,ilouvritlesyeux.Unpost-itl’attendaitsurl’oreiller.

«Partiepréparerlepetit-déj’,jereviens.Nebougepas.»

DerrickselevapourserendredanslasalledebainsparlaportecommunicanteaveclachambredeLaura.Unebonnedoucheallaitluiéclaircirlesidées.Ilavaitrelâchésoncontrôlelanuitdernière,ouvrantunebrècheentreLauraetlui.

Unebrècheàcolmaterd’urgence,pensa-t-il.

Enavait-ilvraimentenvie?

L’eauruisselantesursoncorpsluipermettraitsansdouted’effacercetimbrogliosentimentals’étantemparédesoncerveaulaveille…

MevoilàdevenuunEdward,plusguimauvequeçatumeurs!soupira-t-il,abattu.

Unefoissadoucheterminée,Derrickenfilauneservietteautourdeseshanchesetretournadanslachambre.Aumomentoùilouvritlaporte,ilvitLauraprèsdulit,uniquementvêtued’unechemisedenuitlégèreluiremontantsurlescuisses.

Oh,putain!

Iln’avaitpasfaitattention,hiersoirenlarejoignant,auxvêtementsqu’elleportaitmaislà,Derricknepouvaitfaireautrementquefixer,bouchebée,cequ’ilavaitsouslesyeux.

Sexy!

Lescheveuxquicascadaientdanssondos,lehautdesanuisetteretombantnégligemmentsurl’unedesesépaules,etsapeau,qu’ilavaitsentiesidoucecontrelasiennecettenuit.

Merde,merde,merde!

Derrickétaitenfeu.Lecomblepourunpompier!Pourtant,ilavaitdéjàvuLaurahabilléeenpyjamaHelloKittyavecchaussonsassortis…

Mignonne…

…enmodebricolageàlamaison,basdejoggingdifformeettee-shirtXXLtoutdroitsortidesaffairesd’unegroupiedesannées70…

Jolie…

…vidantlespaquetsdemouchoirsàs’enrougirlesyeuxcommepaspermislorsqu’elleétaitmalade,enbouledansdesplaidsstylepatchwork,lescheveuxdéfaits,sansmaquillage…

Craquante…

Cepetitdéfilémental,quiauraitdûavoirsurluil’effetd’unebonnedouchefroide,nel’aidaitpas,maisalors,pasdutout!Pourêtrehonnête,entoutescirconstances,elleétaitbellepourlui.Seulementjamais,augrandjamais,ilnes’étaitautoriséàlatrouverréellementattirantedepuisleurpremièrerencontre,niàtestercetteforced’attraction.Là,Derrickn’avaitplusqu’uneenvie,s’avancerversLaura,l’enlaceretnichersatêtedanslecreuxdesoncou,tendre,qu’ilavaitsquattélaveilleausoirjusqu’àcequ’ils’endormeavantde…

Penseàquelquechosed’autre.

Hum,oui,maisquoi?

ImpossiblededétachersonregarddesmainsdeLauraqui,àprésent,beurraitunecracotte.EtDerrickd’imaginersesmainscaressantsoncorpsenfusion…

Arrêtederéfléchir!

Facileàdire…

Ok,Médordoitrentreràlanicheettoutdesuite!

Euh…

Àcourtd’idées,Derrickselançadansunelitaniementaled’unautregenrequelaprécédente,espérantfairebaissersatension…

MargaretThatcher,lareined’Angleterre,BernadetteChirac,MireilleMathieu,…Droopy?

Droopy?Sérieux?

Riendetelpourvouscoupertouteenvieinavouable.Aprèsavoirreprissesesprits,Derricksedirigeacommesiderienn’étaitversLaura.

Droopy,Droopy,Droopy…

«‘lut,Smiley.

—BonjourDerrick,réponditlajeunefemmetoutencontinuantàs’affairer.

—Biendormi?luidemanda-t-ilensouriant.

—Hum,hum…»marmonna-t-elle.

Lauranelevaitpaslatêteverslui.Étrange.D’autantquevoilàcinqbonnesminutesqu’ellebeurraitlamêmecracotte.

«Lau’?

—Oui?

—Pourquoitunemeregardespas?

—Jeteregarde…

—Ohquenon!Tufixescettecracottecommesielleallaitteparlerdanslaseconde.Cequimeparaîthautementimprobable.»

DerrickentenditalorsLaurasoupireravantquecelle-cinelèvelatêteverslui.Quandsonregardcroisaceluidelajeunefemmeilsut,sansl’ombred’undoute,qu’ilétaitcramé.

Droopy,Droopy,Droopy…

Ellel’avaitvuetmêmebienvu!Lauraledévoraitdesyeuxetelleavaitcettepetitemoueàlaquelleilnerésistaitpas,mordillantsalèvreinférieure.

Elleaussi!

Soudain,lachaleurdanslachambregrimpaencored’uncran.Derricksentaitlespulsationsdesoncœurs’accéléreretsespaumesdevenirmoites.

Elleaussi!

Cequ’illisaitdanslesprunellesdeLauraétaitl’exactrefletdecequedisaientlessiennes…

Elleaussi!

Onavaitcompris,changededisque.

Ils’étaitattenduàtoutsaufàça.Cependant,ilsavaitaussiqu’ilnedevaitrienfaire,surtoutpas.

Gardelesmainsdanstespochesvieux!

J’aipasdepoches,débile,jeneportequ’uneserviettedebain!

Galère…

IlfallaitqueLauraarrêtedeleregardercommeça,sinonDerricknerépondraitplusderien.Laseuleidéequiluivenaitàl’espritquandilaccrochaitlesyeuxdelajeunefemmeétaitlavisiondecettedernière,allongéesurlelitetluiau-dessusd’elle,couvrantsoncorpsdebaisers…

Droopy,Droopy,Droopy…

Ilsétaientamis,riendeplus.Ilsnedevaientpasêtrequelquechosedeplus!

Techniquementparlant,vousnel’êtespasvraiment.Amis,jeveuxdire…

Ah,necommencepastoi!Droopy,Droopy,Droopy!

LedésirestéphémèreetLauran’étaitpaslafemmed’unsoir…oud’unmatinenl’occurrence.Elleétaitlafemmedetouteunevie.Ilnepouvaitpascéderàuneimpulsionsortiedenullepart,surtoutavecelle.Secomportercommeunconnard,ilpouvaitselepermettreaveclesautres,maispasavecLaura.

Elleméritemieux.

DerrickseraclalagorgeetLaurafinitpardétournerleregardpourrevenirversleplateaudupetit-déjeunerdevantelle,nonsansquelejeunehommeneremarqueaupréalablelesrougeursvenuescolorersesjoues.

«Assieds-toi»,dit-elleàDerrick.

Cedernierfitletourdulit,encoretroubléparlavaguelesayantsubmergésl’instantd’avant,ets’assit.Lauraenfitautantàl’autreboutdulit,plaçantleplateauentreeuxdeux.

«Tiens,luidit-elletoutenluitendantuneassiettegarnie.

—Merci.»

Ilsrestèrentquelquesinstantssilencieux.Derricksentaitsamaindroiteledémanger.CelledeLauraétaitposéesurlelit,justeàcôtédelasienne.Unpetitmouvementetellesseraientl’unecontrel’autre…

Poursedistraire,ildécidadel’occuperenallantrécupérerlepotdeconfituresurleplateau.Mauvaiseidée!Lauraenfitdemêmeetleursdoigtsseretrouvèrentencontact.

TuvasnouslajouerspaghettiversionLaBelleetleClochard?

«Vas-y»,soufflaDerrickenretirantvivementsamain.

Ilfallaitqu’ilmetteuntermetoutdesuiteàsonattitudedecollégiensoushormones,c’endevenaitgênant.

«Jevaism’habiller»,grommela-t-ilenembarquantsesvêtementsrestéssurunechaiseprèsdulitavantdesediriger,ànouveau,verslasalledebains.

ÀpeineDerrickfinissait-ild’enfilersonpullqu’ilentenditfrapperàlaporte.

«Oui?

—Der ’,c’estmoi.Ouvres’ilteplaît.»

DerrièrelaportesetenaitLaura,habilléed’unerobesimple,élégante.Elleavaitrelevésescheveuxenunchignonlâcheetpasséunetouchedeglosssurseslèvres.Elleluisouriait.

«Est-cequetupeuxmefaireunepromesse?demanda-t-elle.

—Laquelle?réponditDerrickenfronçantlessourcils.

—Garderlesecret.

—Àproposdequoi?

—Deça…»dit-elle,s’avançantversluietl’encerclantdesesbras.

Derrickn’eutpasbesoindeparlementeraveclui-mêmeconcernantlaréactionàavoir,ilenfitdemêmeaussitôt.

«Sionmeledemande,jelenierai,mais…

—Mais…?insista-t-il.

—Finalement,tun’espassimalcommemec.

—Passimal!C’esttout?Tum’achèves,Smiley.»

LaurasemitàrireetDerrickl’imita.Ilss’écartèrentl’undel’autreetellerepritlaparole.

«Amis?»demandaencorelajeunefemme.

Amis?

LaquestionrésonnaitdanslatêtedeDerrick.Amis…oui,ilsseraientamis.

«Amis»,confirmaDerrick.

Unsimplemotetl’étincelledanssesyeuxdisparut.D’unaccordtacite,ilsn’évoqueraientpluscettenuit,nientreeux,niavecpersonne.Àcetteconstatation,Derricksentitunepetitecicatricesupplémentairevenirs’ajouteràcellesmeurtrissantdéjàsoncœur.

«Allez,onrentreàlamaison»,conclutLauraenseretournantpoursortirdelachambre.

Lamaison.Leurmaison.Lefoyerqu’ilsconstruisaientensembleunpeupluschaquejour.Bientôt,chacundevraitpartirdesoncôté,LucasvoulantmettrelamaisonenventeaprèssonmariageavecJuliette,etlaisserl’autredanssasolitude.Derricknedoutaitpasd’êtreceluiquiresteraitsurlatouche.Commetoujours…

Letempsd’unweek-end,ilavaitpufairesemblant,sefondredansunmoulequ’onluirefusaitobstinémentdepuislamortdesamère.Unrépit.Uninterlude.Cependant,ilfallaits’enretourneràunquotidienquiluidevenaitàlafoisdeplusenplusdouloureuxàsupporteretdeplusenplusbeauàadmirer.Derrickjouaitlacomédie,sansmêmeenavoirconscience.Toutpournepasperdresalumière.

Commentfaisais-jeavantdelaconnaître?sedemandait-ilencorealorsqu’ilsfranchissaientleseuildelamaisondesparentsdeLaura.

Unretourenarrièreluisemblaitmaintenanttotalementimpossible.Derrickluiavaitfaituneplacedanssavie,ill’avaitlaisséeentrerbienplusloinquen’importequid’autre.Arriverait-ilàlalaisserpartirlemomentvenu?

Tumemanquesdéjà…

Chapitre9

J’aifaillitedirejet’aime

*Derrick*

«J’enpeuxplus,onéteint?

—Hum,réponditLaura,ensommeillée.

—Smiley…

—Hum.

—Allez,onbouge.

—Encorecinqminutes,Der ’.»

Illaregardait.Lauras’étaitblottiecontreluiverslamoitiédufilmsansmêmes’enrendrecompte.Satêtes’étaitnichéesursonépaule,sescheveuxeffleurantlecoudeDerrick.

Ànousvoircommeça,onpourraitcroirequ’onestensemble,pensa-t-il.

Leproblème,ilsn’étaientPASuncouple.Inenvisageable.

«Ok,jevois.»

Auxgrandsmauxlesgrandsremèdes.DerrickcaressadoucementlajouedeLaurapouressayerdelatirerdesonsommeil.

«Cendrillon,c’estl’heured’alleraulit.

—Laisse-moidormir,bougonna-t-elleens’agrippantencoreplusfortàsonbras.

—Tunemelaissespaslechoix»,murmura-t-il.

Derricks’extirpatantbienquemaldel’étreintedeLauraetl’étenditsurlecanapé.Hum,non,ilnepouvaitpaslalaisserdormirici.Uneseulesolutions’offraitàlui.

N’ypensemêmepas!Qu’est-cequiteprends?

Pourtant,ilétaitbiensurlepointde…

Arrêteçatoutdesuite,c’estpastongenre!

Oui,çaneluiressemblaitpas.Celadit,enprésencedeLaura,ilseressemblaitrarement.Dumoins,ilnecollaitplusàl’imagequ’ildonnaitàvoirauxautres.Cesdernierstemps,elles’étaitencoreunpeuplusfissurée…

«Quandfautyaller»,s’encouragea-t-il.

DerrickplaçadélicatementsesmainssouslecorpsdeLauraavantdelasouleverdanssesbras.D’instinct,lajeunefemmeentourasoncoudesesmains,seplaquantcontresontorse.

Ellesentlecaramel…

Sonparfumpréféré.Ilétaitmalbarré.Soudainl’étagedudessusluiparutêtreàdeskilomètres.

Illaportajusquedanssonlit,l’allongeasouslescouverturesets’apprêtaitàrepartirlorsqu’ilsentitunepetitemainseglisserdanslasienne.

«Der ’?

—Oui.

—Merci.»

Laurasouriaitdanssonsommeil.Mêmelanuit,ellenepouvaits’enempêcher.Etcesourire,Derricksavait,sanssel’avouer,qu’illuiétaitdevenuprécieux.

«Bonnenuit…»

…princesse.

Lejeunehommes’imaginaitque,s’ils’étaitattendri,c’étaitàcausedecequ’elleluiavaitditunpeuplustôtdanslasoirée…dumoins,essayait-ildes’enpersuader.

Ilsavaientétéassistouslesdeuxsurlecanapé,chacunàuneextrémitédusofa,commeàleurhabitude.PlongésdanslesilenceuniquemententrecoupédesvibrationsduesauxSMSqu’ilsavaientreçusdeleursamis.Quandétaitarrivélemomentdelapublicité–finalement,ilsavaientoptépour

unesérietélé,pasquestionpourDerrickderegarder«LejournaldeBridgetJones»…encore!–,alorsqu’ilallaitselever,Lauras’étaitretournéeversluietluiavaitdemandéderester.

«Der’,toietmoi,ilfautqu’onparle.

—Ouhla,çasentlarupturealorsqu’onn’estmêmepasensemble»,avait-ilraillé.

Derrickn’avaitobtenuqu’unpâlesouriredefaçadedelapartdeLaura,alorsqued’habitudeilarrivait,lorsqu’iltentaitdedétendrel’atmosphèreainsi,àluidécrocherunpetitrireaumoins.Unmoyencommeunautrepourluidedésamorcerlessituationstenduesquiavaientpourrileurquotidienaudébut.Ilsavaientdépassécestade,s’entendantdemieuxenmieux.Aujourd’hui,mêmes’ilssetaquinaienttoujoursetnes’épargnaientrien,ilpouvaitlaconsidérercommesonamie.

Çasentmauvais…

Jenetelefaispasdire,tuasencoredûgaffer…

Oui,maisquand?

«Ok,j’arrête,avaitcapituléDerrick,levantlesmainsenl’air.Jet’écoute.»

LeregarddeLauraavaiteul’airhanté.Ellen’allaitpasbien.D’unseulcoup,Derricks’étaitsentimalluiaussietsonenviederireluiétaitpasséequandilavaitplongésesyeuxdansceuxdeLaura.Lalueurdeslarmesqu’ilyavaitperçuenel’avaitpasrassuré.

«Jenet’aijamaisracontécommentmonpèreétaitmort.

—Non.

—Papaétaitpolicieretenétaitfier.Quandj’étaispetite,ilmeracontaittoujoursque,dèssonplusjeuneâge,ilavaitsuqu’ilvoulaitledevenir.Ilm’encourageaitàsuivremesrêves…»

Lauraavaitlégèrementreniflé.Derrickavaiteul’impressiondelavoirtrembler.Ilauraitvoulutenter,peut-être,ungestepourlaréconforter,maisilavaitsuqu’ilnedevaitrienfaire…

Pourlemoment.

Aussiétait-ilrestésilencieux,àattendrelasuitedel’histoirequ’elleavaitvoululuidévoiler.Maisdéjàsoncœurs’étaitmisàsaigneràl’unissondusien.

«Bref.Unenuit,alorsquejerentraistardaprèsavoirétédînéchezuneamie,j’aitrouvémamèreenpleurs,àgenouxdansl’entrée,lecombinédutéléphonedanslamain.Surlecoup,jen’aipascompriscequisepassait.J’aibalancémesaffairesparterreetj’aicourulaprendredansmesbras.Ellemeregardaitcommesi…»

Lauraavaitsecouélatêtedegaucheàdroite.Remontertouscessouvenirsàlasurfaceluiavaitfaittropmal.Cettedouleur,Derricknepouvaitquelacomprendreet,sansmêmequ’elleensacherien,lapartageravecelle.

«Quandsonregards’estposésurmoi,j’aisu.Cejour-là,papaétaitpostéavecuncollègueàproximitéd’unrond-point,àcontrôlerlesvéhiculesquidépassaientlalimitationdevitesse.Ilafaitsigneàunevoituredes’arrêteret,lorsqu’ils’estpenchéverslavitreouverteduconducteur,cedernierluiatirédessus.Ilestmortsurlecoup.»

N’ytenantplus,DerrickavaitposésamainsurcelledeLaura.Aumoinsluimontrerqu’ilétaitlà.Toujours.Lauran’avaitpasretirélasiennecommeils’yétaitattendu.Peut-êtrenel’avait-elle-mêmepasremarqué,perduedanssespensées…Derrickn’étaitpasunhommesensible,unromantiqueouquoiquecesoitdustyle,non,pasunelarmeverséedepuislamortdesamère,desannéesauparavant.Ils’étaitendurci,pournepluss’ouvrir,neplussouffrir.Cesoir,ilavaitprisunrisqueavecLaura,ànouveau.Aufonddelui,unelégèrechaleuravaitgrandietluiavaitdonnél’impressionquececontact,aussiinfimefut-il,étaitnaturel.

«Jesaisqueçavasansdouteteparaîtrestupideoutotalementdisproportionnémaisj’aibesoinquetumepromettesdeuxchoses,ok?»

Derrickn’avaitpashésitéuneseulesecondeavantderépondre.Tout,poureffacerlatristessedeLaura.

«Ok.

—Lapremière,maintenantquetuvasintégrerlacasernelasemaineprochaineetêtreunpompieràpartentière,promets-moidetoujoursfaireattentionàtoi.Mêmesitum’agacesprodigieusementlaplupartdutemps,jeneveuxpasteperdre…»

Éberluéparlarévélationqu’ellevenaitdeluifaire,Derrickn’avaitpastoutdesuiterépondu.Lauraavaitdûmalinterprétersaréactioncarelleavaitaussitôtreprislefildeladiscussion.

«…benoui,pourleloyer,tucomprends.»

Ç’avaitétéàsontouràelledefairetomberlapressionquiétaitmontéeentreeux.Tropd’émotionspartagées,aprèstantdedistancesinstauréesetdemursdressés.

«Jetelepromets.»

Elleavaithochélatête,l’airvisiblementsoulagée.Ainsi,Lauras’inquiétaitréellementpourlui.Derrickn’enétaitpasrevenu!Leschosesavaientévoluéesentreeux,bienplusqu’ilnelepensait.

«Ladeuxième…avaitcommencéLaura,soudainmalàl’aise.Jesaisquejen’airienàtedemanderdelasortemaisje…

—Distoujours,onverra,avaitencouragéDerrick.

—Tuvassansdoutedevoirtravaillerouêtreappelépourdesinterventionsd’urgencelanuit,cegenredechoses,non?

—Oui.

—J’aimeraisquandceseralecas,quetumepréviennes,s’ilteplaît.Àchaquefois.Quetum’envoiesunSMSparcequejenesuispaslàouquetuviennesmeréveillerdansmachambreavantdet’enaller,jeveuxsavoirlorsquetuparslanuitetquandtureviens.

—Tunem’asjamaisdemandéçaquandjedécouchaisavant.Pourquoimaintenant?

—Parcequ’avectesconquêtes,tun’étaispasendanger.Là,c’estdifférent.Jesaisdéjàque,aussidinguequeçapuisseteparaître,j’auraipeurpourtoitouslesjours.Cequejesaisaussi,c’estquelanuit,ceserapirepourmoi.Etsitun’espaslà…»

LauraavaitrelevésonvisageversceluideDerrick.Cequ’ilavaitperçualorsdanssesyeuxsepassaitdemots.

«Écoute,jen’aipaspudireaurevoiràmonpèreavantdeleperdre.J’aibesoindesavoirque,s’ilt’arrivequelquechose…»

ElleavaitenserrélamaindeDerrickdanslasienne,entremêlantleursdoigts.Lauraétaitrestéeuninstant,mutique,àcontemplerleursmainsjointes.

«Jepréfèrenepasypenser.Jeveuxjustesavoirquej’auraisputedireaurevoir,aucasoù.Tucomprends?»

Derrickavaitétéincapablederépondreautrementqu’enhochantlatête.Impossibledeformulerunephrasecohérente.Ilavaitarrêtédepenser,deréfléchir,dèsqu’ilavaitentenduLauraluiavouerqu’elleauraitpeurpourluitouslesjours.Aprèslamortdesamère,pluspersonnenes’étaitsouciédelui.Personne,jusqu’àelle.

«C’estsansdouteexcessifcommeréaction,çadoittesemblerbizarre,excuse-moi.

—Non,net’excusepas.Pasdesouci,onferacommetuveux.Siçapeutterassurer.

—Merci»,avait-ellesoufflé.

Ilavaitdûfairequelquechosepourqu’elleretrouvelesourire.Lavoircommeça,sivulnérable,l’avaitrendufurieux.

«Sijecomprendsbien,cequetum’offresc’estunaccèslibreettotalàtachambrelanuit?Hum,intéressant.

—N’exagéronspasnonplus!avaitlâchéLauraens’emparantd’undesoreillersposéssurlecanapépourenfrapperDerrick.

—Benquoi,çamesemblaitplutôtlimpidepourtant,avait-ilraillé.J’aiclairemententendu“obligationdevenirlanuitdansmachambre”.Çac’estuneinvitationoujenem’appelleplusDerrick!

—Neprendspastesrêvespourdesréalités,avaitrétorquéLauraenriant.

—Mesrêves?Allonsmabelle,pourenarriveràm’ouvrirlesportesdetachambre,c’esttoiquiasdûpasserdesnuitsentièresàfantasmersurmapersonne.

—Cen’estpaslamodestiequit’étouffeondirait?

—Àquoibonêtremodestequandonincarnelaperfection?s’étaitenquisDerrick,lesourireauxlèvres.

—Rienqueça?Ehbien,j’auraisdécidémenttoutentenduvenantdetoi,avaitglousséLaura.

—Jesuisundieu,prosterne-toi,avaitplaisantéDerrick.

—Certainementpas!Tuasdûmeconfondreavecl’unedetesconquêtesàlablondecrinière.»

Aucunrisqueàcesujet,avaitpenséDerrick.

«Quelledéception!Tum’envoiscruellementblessé.

—Tut’enremettras,j’ensuissûre.

—Jetetiendraiaucourantdel’étatdemonegoquetuviensdepiétiner,soisencertaine.

—Çanousprometdelonguesetpassionnantesdiscussions.Lesujetestintarissable,avaitpoufféLaura.

—Tuapprendras,femmedepeudefoi,quejesuisunhommedontonneselassepasdeparler.

—Vraiment?Envoilàunenouvelle.Ya-t-ilunfanclubquelquepartdontjepuissedevenirmembre?

—Maistoutàfait!Donne-moiuneminute,jevaisteretrouverl’adresseduforumsurlequeltudoist’inscrire,avaitditDerrickenattrapantsonportefeuilleetfaisantsemblantd’ychercherunecartedevisite.

—Ceneserapasnécessaire.Aprèstout,jesuisauxpremièreslogestouslesjourspourobserverlesujet,n’est-cepas?

—Exact!Unprivilègedonttudoist’estimerfière»,avaitajoutéDerrickd’untonguilleret.

LauraneluiavaitpasrépondutoutdesuiteetDerricks’étaitsoudainsentimisànusousleregardqu’elleavaitposésurlui.Qu’yavait-ellevu?

«Merci,avait-ellesouffléensepenchantafindel’embrassersurlajoue.Pourtout.»

PuiselleluiavaitsourietDerrickavaitacquiescésansunmotavantdeseleverducanapé,lalaissantseuledevantl’écrandetélévision.Ils’étaitarrêtéuninstantdanslecouloirets’étaitplacédosaumur.Fermantlesyeux,lejeunehommeavaitinspirélentementàplusieursreprises,letempsdecalmerlespalpitationsdesoncœurquin’avaientcessédecroître.

Qu’est-cequim’arrive?

Devine...avaitsembléluimurmurerunevoix,douce,mélodieuse,danssatête.

Devine.

Chapitre10

Irrésistiblealchimie

*Laura*

L’heuretardiveavaitvularésistancedesderniersinvitéss’évaporeret,l’unaprèsl’autre,ilsavaientquittélasalledebal.Seulsdemeuraientsurlapistelesmariés.Tendrementenlacés,ilsdansaientsurdelamusiquedouce,desétoilespleinlesyeux.Contreunmur,Derrickobservaitlascèneenfaisantsemblantd’êtreplongédansuneactivitéaussipassionnantequefrénétiqueavecsonportable.Àl’unedestables,Lauraregardait,lesourireauxlèvres,sesamisquivivaientleplusbeaujourdeleurvie.Derricketelleétaientleurstémoins,ilsavaientpassélajournéeprèsdeJulietteetLucas,lesrassurant,lesaidant.SibienquequandLaurajetauncoupd’œilàladérobéeversDerrick,ellenefutpasétonnéedelevoirapparemmentaussiépuiséqu’elle.Lajeunefemmeétaitsurlepointdeseleveretdelerejoindrepourluiproposerd’allersecouchertandisqu’elleresteraitaveclecouple,lorsquelamusiquecessasoudainement.Surprise,LaurasetournaversDerrickquihaussalessourcilsd’unairinterrogatif.

«Lesenfants,appelaJuliette,c’estl’heuredeladernièredanse,venezlà!»

DerricketLauraobjectèrentaumêmemoment,tantetsibienqueleflotdeleursexcusesparutinintelligible.

«Ah,cesgosses,raillaLucasavantd’embrassersafemmesurlajoue.

—Pourmefaireplaisir»,ajoutaJulietteavecunepetitemouesuppliante.

L’argumentdechoc.Laurasavaitqu’ellenepouvaitrienluirefuser,surtoutaujourd’hui.Onneditjamaisnonàlamariéelejourdesonmariage!

Aussiseleva-t-ellepourserendreprèsducouple.EllevitDerricksedécollerdumuretenfaire

autant.Ilregardaitseschaussures,évitantsonregard.

Pourquoi?

Ilssetenaientàprésentl’unàcôtédel’autre.Nilui,nielle,n’esquissaitlemoindregeste.

«Vousdeux,ditJulietteendésignantDerricketLaura,jeveuxvousvoirdanserensembleaumoinsunefois.»

Derrickseraiditinstantanémentàcesparoles,Lauranecomprenaitpassaréaction.Ilnes’agissaitqued’unedanseaprèstout,ilspouvaientbienfaireunefforttouslesdeux,non?

Qu’est-cequicloche?

Lauranepouvaitpassedouterdecequ’enduraitDerrickdepuisledébutdelajournée.Commentaurait-ellepu?Ilneluiavaitriendit.

«Commetuveux»,cédaDerrickenseplaçantdevantLaura.

LucasfitsigneauDJderelancerlamusiqueetc’estsurunairdeJamesArthur,«Impossible»,quelesmariésreprirentleurdanse.Quelquessecondesplustard,DerricktendaitsesmainsàLaura.Lajeunefemmeplaçalessiennesautourdesoncoualorsquecellesdujeunehommevenaientselogersursachutedereins.Doucement,ilssemirentàsuivrelamélodie.L’absencedemotsentreeuxnedérangeaitpasLaura,elleétaithabituéeàcecalmequ’elleavaitapprisàapprécierchezDerrick.Celadit,elleauraitvouluqu’illuiparle,den’importequoi,maisqu’illuiparle.Inconsciemment,Laurasavaitqu’elleavaitjustebesoind’entendresavoix,desavoirqueçaallait.Lajeunefemmesentitdesfourmisluiremonterlelongdesbras,ellelessecouadonclégèrementpourendélogerlespetitesbêtesyayantéludomicile.

«Tuasmalauxbras?interrogeaDerrick.

—Unpeu,riendegrave!Ilsdoiventjusteêtrefatiguésdeleurjournéeàporterlesbouquetsdefleurs,lespaquetscadeauxetlereste»,répliqua-t-elleensourianttimidement.

Sansunmot,Derrickarrêtadedanser,posasesmainssurcellesdeLaura,lessaisitetlesreplaçaautourdesatailleavantderemettrelessiennesaubasdudosdelajeunefemme.Cefaisant,ilrapprochalecorpsdeLauradusien.LajeunefemmefinitparposersatêtesurletorsedeDerricketellesentitqu’ilaccentuaitlégèrementlapressiondesesbrasautourd’elle.

Ondiraituncocon.

Ici,ellesesentaitbien,toutsimplement.LachaleurducorpsdeDerrickeffaçaitlafatiguedelajournée.Laurasavaitqu’ellepouvait,letempsd’unedanse,sereposersurlui.

«C’estmieux?»demanda-t-il.

Situsavais…pensa-t-elle.

«Oui,merci.»

Ilhochalatêteetilsreprirentleurdanse.Lauraregardadansladirectiondesmariésetneputs’empêcherdesoupirer.

«Ilssontvraimentmignonstouslesdeux,tunetrouvespas?

—Oui,réponditDerrick.

—Tucroisque,toietmoi,ontrouveraunjourquelqu’unpournousaimercommeilss’aiment?»

Jenevienspasdeluidemanderça?

Ehsi!

Jesuisvraimentcrevéesij’enviensàvouloirparlerd’amouravecDerrick.

Jenetelefaispasdire!

«J’espère»,murmura-t-ilenretour.

Ilsseturentensuitetouslesdeux,perdusdansleurspensées.

Àquelquespasdelà,JuliettediscutaitavecsonépouxdeDerricketLaura…

«Quandest-cequ’ilsvonts’enrendrecompte,tucrois?

—Dequoi?demandaLucas.

—Qu’ilssontfaitspourêtreensemble!rétorquaJuliette.

—Ahça,aveccesdeux-là,têtuscommeilssont,jeneparieraipassurunedatefixe.

—Argh!!!Ilfautqu’ilsouvrentlesyeux!Regarde-les,nemedispasqu’ilsn’arriventpasàlevoir,quandmême.

—Cen’estpasparcequepournousçaaétéuneévidencequeçal’estpourtoutlemonde.

—JelesaisbienLuc’,maislà,c’estdugâchis.

—Onestd’accord.Laisse-leurletemps,mapuce.

—Tusaisquejenesuispaspatiente,lançaJulietteenluitirantlalangue.

—Ohqueoui,jelesais!gloussaLucas.Écoute,DerricketLaurasontgrands,ilsfinirontparcomprendrequ’ilssevoilentlafacedepuisledébut.

—Quatreans,bébé!

—Devraiestortues,c’estclair.Maiscesoirtuleurasdonnéuncoupdepouce,voyonsoùçavalesmener.

—Sorstonportableetprends-lesenphoto,moncœur,ilssonttropchouxlà.Jeveuxceclichédansnotrealbumsouvenirs.Onlemontreraàleursenfantsplustard.

—Àvosordres!»

EtLucass’exécuta,fixantsursonportablel’imagedesdeuxtémoinsenlacés.Ilssouriaient,lesyeuxfermés,serrésl’uncontrel’autreàs’enconfondre.Ilssemouvaientàl’unissonaurythmedelamusiqueemplissantlasalle.Ilsavaientl’airsereinettranquilledesamoureux.Quiauraitpudevinerqu’ilsn’étaientpasensemble?

Lauraétaitcommeanesthésiée.Ellen’auraitjamaiscrupossibledetrouvertantdepaixdanslesbrasdeDerrick.

Jepourraisypasserdesheures…

«Lau’?

—Oui?

—Tuchantes,là.

—Pardon,m’enétaispasrenducompte.

—J’aivuça.

—Désolée.

—Pasgrave.J’aimetavoix.»

Alerte!

UncomplimentdelapartdeDerrick?Voilàquiétaitplusqu’inhabituel.Ildevaitvraimentêtrefatiguépourbaisserlagardeàcepoint-là.

«Merci»,soufflaLaura.

Ilscontinuèrentàdanser,jusqu’àenoublierlelieuoùilssetrouvaientetlesminutesdéfilantsansqu’ilss’enaperçoivent.Sibien…

Puis,lamusiquesetutànouveau.Ilsouvrirentlesyeuxetcherchèrentleursamisduregard.Envolés.

«Lesmariéssontpartisilyauneheureenviron,déclaraleDJ.Ilsm’ontditderesterencoreunpeumaisjedoism’enallermaintenant.Désolé.»

LauraetDerrickneleretinrentpas.Ilsavaientinstinctivementagranditladistanceentreeuxàpeineladernièrenotejouée.Derricksegrattaitàprésentlanuque,malàl’aise,etLauradécidadesortirdesabullepourrevenirdanslemonderéel.Unmondesanslui.

«Bon,etsionallaitsecoucher?

—Bonneidée!»admitDerrick.

Ilssedirigèrentensembleverslasortie.Unefoisleseuildelasallefranchi,Lauraenfilauneétoleautourdesesépaules.L’airfraisdupetitmatincouvritsesbrasdechairdepouleinstantanément.Aucœurdelanuitfinissante,Derricketelleempruntèrentunchemindeterreserpentantentreleschaletsdeboisrépartissurlapropriété,touslouéspourquelesprochesdesmariésrestentsurplacejusqu’aulendemain.Arrivésaucroisementdeleursroutesrespectives,ilss’arrêtèrentuninstant.Leurssoufflesdevenaientbuéealorsquelaroséecommençaitàperlersurlesfeuillesdesarbresalentour.LaurasehissasurlapointedespiedsetembrassaDerricksurlajoueavantdeluisouhaiterunebonnenuit.Ensuite,elles’enretournaverssonchaletsansunregardenarrière.

Cettefindesoiréel’avaittroublée.Pourêtrehonnête,celaavaitcommencédèssonentréedanslachapelleaubrasdeDerrickcematin-là.Lauraavaittraversécettejournéeavecunsentimentd’irréalitéquinel’avaitpasquitté.

Qu’est-cequis’estpasséexactementaujourd’hui?

Latêtedanssespensées,lajeunefemmefaillitnepasvoirlanoteaccrochéeàlaporteduchaletqu’ellepartageaitavecKristel,sameilleureamie.

«Smiley,

Nem’enveuxpasmaisj’airencontréquelqu’unaumariage.

Nouspassonslanuitensemble.

Jesquattelechalet.

Jeterevaudraiça!»

«Lapoisse!»soufflaLauraenarrachantlanote.

Oùest-cequejevaisdormir,moi?

Tousleschaletsétaientoccupéspardescouples,impossiblepourelledelesrejoindresanstroublerleurintimité.AvecKris,ellesétaientlesseulescélibatairesàenprofiter.

C’estlàoùtufaiserreur,mapetite.

Ohnon!

Jecrainsbienquesi…

Ilrestaituncélibatairequiavaitleluxedeprofiterd’unechambrepourluitoutseul…

«Der ’!»murmuraLaura.

Lecœurbattant,ellefitdemi-touretsedirigeaverslechaletdeDerrick.Passerlanuitaveclejeunehommen’étaitpasvraimentl’optionlaplusoptimalemaisc’étaitlaseulequiluirestaitàl’heureactuelle.Ça,oudormiràmêmelesoldanslasalledebal…oudehors.

Krisvamelepayertrès,trèschercecoup-là!

Lauraresserral’étoleautourdesesépaules,tremblantedefroidàprésent.Lajeunefemmemarcharapidemententrelesarbresetarrivabientôtàdestination.Ellemontasurleperronetseplaçadevantl’entrée.

Tupeuxlefaire,tupeuxlefaire!s’encouragea-t-elle.

Laurapritunegrandeinspirationetfrappa.Elleentenditaussitôtdesbruitsdepasàl’intérieur,suivisd’unjuron.Derrickouvritlaporteetsepostadevantelle.

J’hallucine!

Ilavaiteuletempsd’enleversoncostumeetneportaitplusàprésentqu’unjean,plutôtlâcheauniveaudeshanches.SescheveuxenbatailleluidonnaientunairsexycommepaspermisetLauran’avaitplusqu’uneenvie,passersesmainsdansceux-cipourlessentirsoussesdoigts.Ellesemordillalalèvreinférieureettentadefreinerlarougeurcommençantàcolorersesjoues.

Reprends-toi!s’admonesta-t-elle.

«Smiley,qu’est-cequisepasse?

—Heu…désoléedetedéranger,maisj’aiunpetitproblème.»

Derricksecalacontrelechambranledelaporteetplantasonregardscrutateurdansceluidelajeunefemme.

«Explique.

—DisonsqueKrism’agentimentmiseàlaporteparmotinterposé.»

Elleluitenditleboutdepapier.LesyeuxdeDerricksevoilèrentàmesurequ’illelisait.LejeunehommerelevalentementlatêteversLauraetcettedernièrenesutcommentinterpréterleregardqu’illuilançaàcemoment-là.

«Écoute,tuesleseulquipuissem’hébergercettenuit,s’ilteplaît.Jedormiraiparterre…

—Nesoispasridicule.Entre.»

DerricklaissaLaurapasseràcôtédeluietpénétreràl’intérieur.

«Tuavaissortitaguitare?demanda-t-elleenapercevantl’instrumentsursonlit.

—Ouais.Àvraidire,jenepensaispaspouvoirtrouverlesommeiltoutdesuiteetjecomptaisallerjouerunpeudehors.

—Oh!Moinonplus,jenesuispassûred’arriveràm’endormirdesitôt.»

Derrickparutréfléchiruninstant.PuisilhochalatêteetfitsigneàLaura.

«Metsundemespulls.Onvafaireuntour.

—Oùça?

—Tuverras!»lançaDerrick,énigmatique.

Décidément,cettesoiréeétaittoutsaufordinaire…PourtantLauran’hésitapasunesecondeavantdesedécider.

Oùtuiras,j’irai!

Chapitre11

Regarde-moi

*Derrick*

Derricktenditl’undesespullsàLauraavantd’enenfilerunluiaussi.Ilneputs’empêcherdelacontemplerunefoisqu’elleenfuthabilléeetaussitôt,ill’imaginaneportantquel’unedeseschemises,ouverte,auréveilaprès…

Tudébloques,pervers!

Derrickavaitcruqu’ils’étaittrompécematinmais,apparemment,l’idéepersistaitdanssonesprit.C’estpourçaqu’ilavaittentéd’éviterlajeunefemmejusqu’àcequ’ilnepûtfaireautrement.QuandDerrickavaitvuLauradébarquerdevantlachapelle,vêtuedesarobededemoiselled’honneur,certainsdesesneuronesavaientrendul’âmesousl’effetquecettevisionluiprocurait.

Sublime.C’estleseulmotqu’ilavaittrouvépourladécrire,celuiqu’ilavaitsouffléenl’apercevant.

«C’estunemariéesublimeeneffet»,luiavaitréponduunedameâgéeàsescôtés.

Derrickavaitsouri,n’osantluiavouerqu’iln’avaitpasencorejetéunseulregardsurlamariée,trophypnotiséqu’ilétaitparcellel’accompagnant.

Àquoitujoues?sedemandait-ilalors.

C’étaitlaquestionàunmilliond’euros.Derricknepouvaittoutsimplementpasnourrircegenred’attirancepourLaura,c’étaitàproscrire.Ilnepouvaitsepermettredelaregardercommeça,sinonelleliraitenluicommedansunlivreouvertetalors…

Ressaisis-toi!

Ils’étaitavancéverslesdeuxfemmes.

«Mesdames,avait-ilditenfaisantunsimulacrederévérence.

—Monsieur,avaient-ellesréponduenfaisantdemême.

—TuesmagnifiqueJuliette,Lucasnevapass’enremettre,avait-iltaquinélamariée.

—J’espèrebien!»avait-ellelancé,souriante.

DerrickavaitregardéLaura,enmodefurtif.Deprès,elleétaitencoreplussaisissante.

T’esdanslepétrin,monvieux!

Etc’étaituneuphémisme.Ilallaitdevoirpasserlajournéeprèsd’elle.Commentallait-ilgérerlespenséesbizarresluitraversantl’espritàchaquefoisqu’ilposaitlesyeuxsurelle?Pourquoiavait-ilfalluqueLauraportecetterobeécruequiluicollaitaucorpscommeunesecondepeauetmettaitsesformesenvaleur?Etpourquoiavait-ilfalluqu’ellesesoitcoifféedecettefaçon«négligéchic»qu’iltrouvaitsisexy?

Elleveutmamort!avait-ilpensé.

«Lau’,l’avait-ilsaluée.

—Der ’,avait-ellerépondusurlemêmeton,neutre.

—Jevaisfairesigneauprêtrequ’onestprêtàcommencer»,avait-ilcontinué.

Lesdeuxfemmesavaienthochélatêteetils’enétaitretournéversl’entréedelachapelle.

Lajournéevaêtrelongue.

Trèslongue,eneffet.

Laprocessionversl’autelavaitcommencé.Lesenfantsavaienttraversélanefenjetantdespétalesdefleursausol.Puisçaavaitétéletourdesamisprochesdesmariésqui,parcouples,enavaientfaitdemême.Etavantlepassagedelamariée,DerricketLauras’étaientapprêtésàenfaireautant.LajeunefemmeétaitvenueseplacersursagaucheaprèsunedernièreembrassadeavecJuliette.ElleavaitglissésamainsouslebrasqueluiavaitprésentéDerricketilss’étaientmisenmouvement.

Aprèsquelquespasdansl’église,DerrickavaitsentiLaurasecontracter.Ils’étaitretournéverselleetavaitvuunelarmeperlersursajoue.

«Smiley,tupleures.

—Oh,s’était-elleexclaméeenessuyantdiscrètementlatraîtressequis’étaitéchappéedesonœil.

—Qu’est-cequetuas?

—C’estrien.Net’inquiètepas.

—Lau’»,avait-ilinsisté.

Lauraavaitraffermisaprisesurl’avant-brasdeDerricketavaitinspiréunegrandeboufféed’airavantdeselancer.

«Jepenseàmonpère.Jesuistristeàl’idéequ’ilnepourrapasmeconduireàl’autelquandmontourviendra.»

DerrickavaitposésamaindroitesurcelledeLaura,lacaressantdistraitementdesonpouce.

«Etjeneverraipasmamèrepleureraupremierrangparcequ’ellemariesonbébé»,avait-ilsoupiré.

Lauraavaitenserrésamaindanslasienne.

«Çaneveutpasdirequ’ilsneserontpasavecnous,àleurfaçon,avait-ilajouté.

—Tuasraison»,avait-elleréponduensouriant.

Iln’aimaitpaslavoirpleurer.Depuisl’épisodedelabaignoire,DerricknesupportaitplusdevoirLauradanscetétat.Arrivésauboutdelanef,ilss’étaientséparéspourseplacerdechaquecôtédel’autel.Derrickavaitsoudaineufroiddanscettegrandeéglise.Alorsquelamarchenuptialeavaitrésonnésouslesvoûtesgothiquesetquelamariées’étaitavancéeverssonfuturépoux,quetouteslestêtess’étaienttournéesverselle,Derrick,lui,n’avaitpudétachersonregarddeLaura.Sibelle…

Ilavaitpassécettejournéeàempêcherlescontacts,lepluspossible.Àplusieursreprises,ilavaitsentilesyeuxdeLaurachercherlessiens,essayantdecomprendrecequisepassait.Derrickavaitdétournélatêteàchaquefois.

Lâche.

Lejeunehommen’admettaitpasque,depuisqu’ilsavaientdormiensemblechezsesparents,ilressentaitunvidelanuit.Ilrefusaitd’accepterl’idéequ’ilavaitappréciélecontactducorpsdeLauracontrelesien,quelemoindreeffleurementàprésent,provoquaitdessensationsviolentesenlui.S’ilrendaitlesarmesfaceàsesémotions,celachambouleraittoutetilrisquaitgros.Derrickn’avaitpasledroitdepenseràellecommeça.Alors,pourquoinepouvait-ilfaireautrement?

Cesoir,iln’avaitpaspuévitercequ’ilavaitcherchéàfuir.Juliettel’avaitpoussédanssesbras…

Etj’yauraispassédesheures…

Ilattrapasaguitare,unplaidetfitsigneàLauradelesuivredehors.Derrickrefermalaporteduchaletetsedirigeaverslechemindeterrereliantlapropriétéauborddemer,lajeunefemmesurlestalons.Nil’unnil’autreneparlait,profitantducalmedelanuitclaire.Aprèsquelquesminutesde

marche,ilsémergèrentd’entrelesarbresdansunepetitecriqueisolée.

«Magnifique!»s’exclamaLaura.

Derrickhochalatête.Ilavaitdécouvertcetendroitparhasardlorsqu’ilsétaientvenusenrepérageaveclesmariéssixmoisplustôt.Lavuedégagéesurl’horizon,lesvaguesvenantlécherlesableblanc,lalunepleinequileséclairait,donnaientàcetendroitunaspectirréel,romantique.IlposalacouverturesurlesoletfitsigneàLaurades’yasseoiravantd’enfaireautant.

«Pastropfroid?luidemanda-t-il.

—Non,çava.Tusaiscequej’aimelanuit?

—Non,quoi?

—Regarderlesétoiles»,déclaraLaura.

Etsansunmotdeplus,elles’allongeasurleplaidafind’observerlavoûtecéleste.Derricksemitàjouerlesmorceauxquiluipassaientparlatête,s’imprégnantdesnotesnaissantdespincementsdesesdoigtssurlescordesdelaguitareetdelavoixdeLaurasejoignantàsamusiquedetempsàautre,commeunmurmure.Combiendetempsrestèrent-ilsainsienselaissantporterparlesbruitsdel’instrumentetdesvagues?

«Oh!s’exclamaLaura.Lesoleilselève,regarde!»

Ellesereleva,sedrapadanssonétoleetserapprochadeDerrick.IlposasaguitareetobservaavecLauralanaissancedujour.Unmomentmagique.

«C’estbeau»,lâcha-t-elle.

Pasautantquetoi.

LaurasetournaversDerricketluisourit.Dieu,cesourire…Ilavaitenviedel’embrasser,là,toutdesuite.Aprèstout,l’endroitetlemoments’yprêtaient.Toutefois,iln’enfitrien.Lejeunehommeluttaittoujourscontrelui-mêmelorsqueLaurarepritlaparole.

«Merci,luidit-elle.

—Dequoi?interrogea-t-il,surpris.

—Pourladanseetpourcettenuit.

—Àtonservice.»

Etvoilàqu’ilétaitmalàl’aise!Lui,legrandséducteur,nesavaitplusquoifaire,quoidire.Parcequ’avecLaura,ilétaittoujoursperdu.Lajeunefemmebailla.

«Fatiguée?

—Unpeu.Maisjen’aipasenvied’allermecouchermaintenant.

—Moinonplus.»

Lauraserallongea,fixantsesyeuxvertssurlecielbleuencorecaché,parendroits,derrièrecesnuagesrosesetvioletsqu’elleaimaittant.Derricks’allongeaàcôtéd’elle,lebrasdroitrepliéderrièrelatête,legauchelelongdesoncorpsentreeuxdeux.

«Der ’?

—Oui?

—Pourquoim’as-tuévitéetoutelajournéehier?»

Non!Pascettequestion-làSmiley,pascettequestion-là.

«Jenet’aipasévitée.»

Menteur!

«Nemeprendspaspourunecruchenonplus,Der ’.

—Je…bafouilla-t-il.Cen’étaitpastoi,jet’assure.

—Alorsquoi?

—Jen’aimepasspécialementlesmariages,c’esttout,tenta-t-ilsansgrandeconviction.

—Hum.Donc,toutvabienentrenous?Parcequesituasunproblèmeavecmoi,jepréfèrequetumeledises.»

Cen’estpascequetupenses.

«Oui,toutvabien.

—Tantmieux.»

Àcourtdemots,Derrickseperditdanssespenséestumultueuses.IlsentitlamaindeLauraseglisserdanslasienneetentrelaçasesdoigtsauxsiens.Derrickgardaitsonregardfixéverslefirmament.Auboutdequelquesinstants,ilfermalesyeux.

Lejeunehommefutréveilléparunbruitdemoteur.Quands’était-ilendormi?Impossibledeselerappeler.IlouvritlesyeuxettrouvaLaura,blottiecontrelui.

Nebougeplus!

Instinctivement,ilavaitencerclélajeunefemmedesesbras.Derricknevoulaitpaslaréveiller,pasencore.Profitantdel’instant,iltentadedémêlerlesnœudsdesessentimentsàl’égarddeLaura.Il

avaitenvied’elle,clairement,Derricknepouvaitpluslenier.Mais,gâchait-onuneamitiépourcetteraison?Étaient-ilsseulementamis?Impossiblededéfinirclairementlarelationquilesunissait,plusdepuisquelquessemainesmaintenant.Ilss’étaientrapprochéscesdernierstemps,consolidantcettenotiond’amitiéquileuravaitfaitdéfautautrefois,construisantl’embryondequelquechosedeplus.Qu’était-ceexactement?Leflouartistique!LauraréveillaitchezDerrickdesémotionsqu’ilcroyaitenfouiesdepuislongtemps.Desémotionsqu’aucuneautren’avaitéveilléesenluiavantelle.SeuleLauraluifaisaitceteffet-là,luidonnaitcedésirderedevenirlui-mêmeetd’arrêterdejouer.

«Quelleheureilest?entendit-ilLaurademanderenremuantentresesbras.

—Presquedixheures,répondit-ilenregardantsamontre.

—Hum…»

Laurasereleva,s’étiraetseretournaverslui.

«J’aibesoind’unebonnedouchechaude.Onrentreauxchalets?

—Yep.»

Derrickselevaàsontour,empoignaplaidetguitarepuis,ilssemirentenmarche.Denouveau,cesilenceentreeux.Unsilencequineledérangeaitpas.Lejeunehommeavaitsouventl’impressionqu’ilsn’avaientpasbesoindemotspoursecomprendre.

Arrivésàl’embranchement,ilsentendirentunevoixlesinterpellerdeloin.

«Eh,lesamoureuxtransis,vousétiezpassésoù?»

Prisenflag’.

«DisdoncKris,rétorquaLaura,jeterappellequec’esttoiquim’asmiseàlaportehiersoir!»

Tiens,ellenerelèvepasle“amoureuxtransis”?

Netefaispasd’idée,monvieux.

«Ahoui,c’estvrai,avouacettedernière.Désoléemapuce.

—Pasgrave.Derrickagentimentacceptédem’héberger!Aumoins,j’aidormiauchaud.

—Tropaimableàlui,raillaKris.

—N’est-cepas?réponditLauraenlançantunclind’œilàDerrick.

—Pourmefairepardonner,jetepréparelepetit-déj’mabelle.Ramène-toi.

—J’arrive!»luicriaLaura.

ElleattenditqueKrisnesoitplusenvuepoursetournerverslejeunehomme.Celui-cilaregardait,lessourcilsarqués,étonnédesaréaction.

«Laviereprendsesdroitssurlerêve.Jedoislarejoindre.

—Oui,jesais»,s’entendit-ilrépondre.

Commeplustôtdanslanuit,Laurasehissasurlapointedespiedsetplantaunbaiser,douxcommeunecaresse,sursajoue.

«Tajoueestfroide»,ajouta-t-elleenpassantsamainsurcelle-ci.

Derrickneréponditpas,perdudanslesyeuxdeLaura.

«Àtoutàl’heure»,dit-elleencoreavantdes’enallerencourantverslechaletqu’ellepartageaitavecKris.

Labulleaéclaté.Etmaintenant?

Chapitre12

Prends-moidanstesbras

*Derrick*

Cettenuit,ilavaitvulamortenface.Uneinterventionl’avaitconduitavecsescollèguesdansunemaisond’unquartierrésidentieldelaville.Quandilsétaientarrivéssurplace,l’incendieavaitdéjàravagélepremierétageetlafuméesedégageaitdetouteslesfenêtres.

«Ilyaquelqu’unàl’intérieur!»leuravait-oncrié.

AussitôtDerricketdeuxdesescoéquipiersavaientpénétrédanslademeure.Ilsavaientrapidementrepérélevieilhomme,allongésurlesolbrûlantdelacuisine.Aprèsquesescollègueseurentsécurisél’endroitautantquepossibleenmaîtrisantlefeupourluiouvrirlavoie,Derricks’étaitavancéverslevieillard,toujoursconscient.Sesyeuxs’étaientancrésdanslessiens.Ilyavaitvuunelueur,faible,d’espoir.L’hommeavaiteul’airépuisé,àboutdeforces.Derrickavaitprogresséaussivitequeleluiavaitpermislafragilitédusolcommençantàfaiblirparendroits.Soudain,alorsqu’iln’avaitplusétéqu’àunmètreduvieilhomme,ilavaitentenduuncraquementsinistreetavaitvul’unedespoutresduplafondsedétacherpouratterrirsurlevieillard.Derrickavaitretenuunhurlementdedétresseetdefrustrationlorsqu’ilavaitvulecorpss’enflammerinstantanément.Sescoéquipiersluiavaientfaitsignedesortirdelamaison,ilsn’avaientplusrienpufairepourl’hommequiavaitsuccombésousleursyeux.

Etc’estsonregard…sonregard,éperdu,quis’étaitgravésursesrétinesetdontDerrickn’arrivaitpasàsedéfaire.Impossibled’effacercetteimage,d’oubliersonimpuissance,sarage.Ilavaitéchouéàsauverlaviedecethomme.Sapremièreperte.

Derrickrevintàlamaison,hagard,inconsolable.Ilmontadanslasalledebainspoursedoucher,vite,faireglisserdesoncorpslasuie,lasueur,gommerl’odeurdesrelentsdefuméedontilétaitimprégné.Lejeunehommenevoulaitpasgarderdetracesdecettenuit.Aucunenesubsisteraitsice

n’estcelle,indélébile,desyeuxhantésduvieilhomme.

Derrickenfilaunbasdejoggingetselonsonhabitudelorsqu’ilintervenaitdenuit,rejoignitlachambredeLaurapourlaprévenirdesonretour,larassurer.Ilouvritlaporteets’avançajusqu’aulit.Agenouilléfaceàelle,ilcontemplaunmomentsonvisagesicalme.Uncontrastesaisissantaveclatempêterégnantsursoncœuràcemoment-là.Étrangement,laregarderl’apaisait.

«Lau’,murmura-t-ilenposantunemainsurl’épauledelajeunefemme.

—Hum,grommela-t-elle.

—Jesuisrentré.

—Merci.»

D’ordinaire,ils’enallaitaprèscesquelquesmots,toujours.Là,pourtant,samains’immobilisaitsurl’épauledeLaurasansqu’ilpuisses’expliquerpourquoi.

Secoue-toi,nerestepaslà!s’admonesta-t-il.

DerrickserelevatelunautomateettournaledosàLaura.

«Der ’?

—Oui?

—Qu’est-cequisepasse?»demanda-t-elleenfixantsesprunellesdanslessiennes.

Ilnepouvaitpasluimentir,ellelesaurait.Lauraavaitunesortedesixièmesenspourça,undétecteurdemensongesintégré.

«Rien.»

Nemedemandepasdeteledire,jen’yarriveraipas…

Silencedanslachambre.DerrickfitencoreunpasavantdesefigerlorsqueLaurarepritlaparole.

«Vienslà»,dit-elleensoulevantsacouette,l’invitantàlarejoindre.

Devait-illefaire?Sansdoutepas.Pourtant,àcetinstantprécis,lachaleurducorpsdeLauracontrelesienluiparaissaitlemeilleurdesremèdesàsadouleur.Conscientdefairequelquechosequ’ilregretteraitaupetitmatin,Derricks’allongeadanslelitprèsdelajeunefemme.Ellelerecouvritdesonédredon.Immobile,ilrestaitsilencieuxetfixaitleplafond.Lauravintposerunbrasentraversdesontorseetnichersatêtesursonépaule.

«Tuneveuxpasparler,jenetedemanderairien.Tumeledirasquandtuserasprêt,etsitulesouhaites.Enattendant,tunedorspasseulcesoir,jeresteavectoi.Jesuislà,Derrick.

—Jesais.

—Bien.Alorsserre-moifort.»

Cequ’ilfitaussitôt.L’entourantdesesbras,DerrickplongeasonnezdanslescheveuxdeLaurapourensentircetteodeurqu’ilaimaittant,lecaramel…Là,ilsesentitmieux,unpeu,auchaud,ensécurité.Là,lasouffrancelelaissaitenpaix,unpeu.Commentavait-ellesuquec’étaittoutcedontilavaitbesoincesoir?Leréconfortdesaprésence.L’entendementquisepassedemots.Ellelecomprenaitsibienqu’ilenavaitparfoispeur.

Lauraréponditàsonétreinte.Muettesparolesluirappelantqu’iln’étaitpasseulfaceàsonchagrin,qu’elleenassumaitunepartiepourl’ensoulager.Leursjambess’entremêlèrent.Torsecontrepoitrine,ilspercevaientmutuellementleursbattementsdecœur.Siproches…

Cettequiétuderetrouvée,Derricklasavoura,laissantlibrecoursàdessentimentsqu’ilrefusaitd’exprimer.Deslarmescoulèrentdesesyeuxetvinrentseperdre,silencieuses,entrelesmèchesroussesdeLaura.Sansleréaliser,ilsemitàsangloteretlamaindelajeunefemmevintcaressersajoue,eneffaçantlesstigmatesd’eausalée.Puisellepritpossessiondesanuqueavantderemonterdanssachevelure.Cessimplescontactslecalmèrent,leraccrochèrentàlaréalité.Sescauchemars,ildevaitleslaisserdecôtécettenuit.

«Merci»,murmura-t-il.

Lauraneréponditpas.Ellel’embrassatendrement,justeauniveaudesoncœur.Cegestelebouleversabienplusqu’iln’auraitvoulul’admettre.DerricknepouvaitplusnierqueLauraavaitprispossessiond’unepartiedesonâme…Ilselaissabercerparlarespirationdelajeunefemme,cesoufflechaudquivenaitcaressersonépaule.Ilfrissonnaitsouscettelégèrecaresse,légèrecommeuneplume.Lorsquesesyeuxs’asséchèrent,lejeunehommerepritlaparole.Cesoir,ilavaitbesoind’exorcisersesdémons.Quelquepartaufonddelui,Derricksavaitqu’iltrouvaitauprèsdeLauralebaumequiguériraittoutessesblessures.

«Tudors?luidemanda-t-ilquelquesminutesplustard.

—Non.»

Lejeunehomme,inconsciemment,semitàcaresserlebrasdeLaura,toujourssursontorse.Ladoucelangueurquis’emparaitdeluiprèsdelajeunefemmeluiétaitsalvatrice.Ilétaitenconfianceaussidécida-t-ildes’ouvrir,encoreunpeuplus…

«Jet’aidéjàracontépourquoij’aivouludevenirpompier?

—Non.Justequetul’asfaitcontrel’avisdetonpèreenabandonnanttesétudesdemédecinepourvenirici,obtenirtonBTSCriatpavantdetelancerdanslaformationdesapeur-pompieretpassertonconcours.

—Iln’ajamaiscompris»,lâchaDerrick,amer.

Lauradutsentirlapointededéceptiondanssavoix,carellesereculalégèrementpourplongersonregarddanslesien.

«Tuastrouvétavoie,c’esttoutcequicompte.Ilcomprendraunjour,entevoyantdevenirl’hommequeturêvaisd’être.Laisse-luiletemps.»

Derrickacquiesça.

«C’estmamèrequi,petit,m’encourageaitàfairetoutcedontj’avaisenvie,àtentertouteslesexpériencesquitteàmecasserlafigure.

—Ellet’aimait.

—Oui,soupiraDerrick.Mamère,c’estellequim’adonnélaforcededevenirpompier.»

Etcetteforce,àprésent,illapuisaitdanslesyeuxdeLaura.Sanselle,ilauraitcraquécesoir,auraittournécommeunlionencagedanslamaisonjusqu’àfinirparouvrirunebouteilled’alcoolfortetlaboirejusqu’àladernièregoutte.Occulter.Oublier.Soulagementéphémèrequinel’auraitquedégoûtéunpeuplusdelui-même.Lauraletenaitécartédesténèbresjusteenétantlà,justeenétant…elle.

«J’aiperdumamèrequandj’avaisdouzeans.Accidentdevoiture.»

LamaindeLauraseposasurlajouedeDerrick,lacaressantdoucementavantdes’immobiliser.Cequelejeunehommepouvaitliredanssonregardl’ébranlait,plusqu’ilnepouvaitlelaisserparaître.Compassion,tendresseetcetteétincellequ’ilessayaittantbienquemalderefoulerlui-même.

«Cequejen’aijamaisditàpersonne,commença-t-ilenposantsamainsurcelledeLaura,laserrantlégèrementdanslasienne,c’estquej’étaisavecelledanslavoiture.

—Oh,Der ’…,s’exclamalajeunefemme,dessanglotsdanslavoix.

—Uncamionnousapercutésàuncarrefour.Lechocaétébrutaletlavoitureafaitplusieurstonneauxavantdes’arrêtersurlebas-côté,renversée.Lepare-briseavaitvoléenéclatsetdelafuméesortaitdesouslecapot.J’aidûm’évanouirparceque,quandj’aireprisconnaissance,matêtemelançaitetjesaignaisàdiversendroits.J’avaismalmaismapremièrepenséeaétépourmemère.J’aitournémonvisageverselleet…»

Cettevision,encoresifraîchedanssonesprit,luifaisaitmal,tellementmal…Iln’enavaitparléqu’àsonpèreetaupsychologuequ’ilavaitconsultépeuaprèsl’accident.L’évocationdecesouvenirluiétaittoujoursaussidouloureuse.Samère,cellequ’ilaimaitplusquetout,ill’avaitperduecejour-là.

«Jel’aiappelée,Lau’,ellen’apasrépondu.J’aitendumamainverselle,essayantdelatoucher,delaréveiller…Quandmesdoigtssesontposéssursonfront,ilétaitfroid.Mamèresaignait,plusencorequemoi.L’avantdelavoitureavaitétéprojetéversl’arrière,jenevoyaisplussesjambesquiétaientencastréessousletableaudebord.Elleétaitbloquée.»

Ils’étaitsentisiimpuissant!Seuldanscettevoiture,incapabledebouger,devenirausecoursdesamère.Lecauchemar.

«J’airéussiaprèsplusieurseffortsetunbrascassé,àôtermaceinture.J’aiensuiterejointmamère,jeluiaicaressélajoue,jeluiaiparlé,maiselleneréagissaitpas.J’aiplacémonoreillecontresabouche,ellerespiraitencore,faiblement,maisellerespirait.Autraversdemeslarmes,c’estcequej’airetenu,mamanétaittoujourslà,avecmoi.Peuaprès,j’aientenduleshurlementsdessirènessedirigeantversnous.C’estlàquej’aivudébarquerlespompiers.Ilsontdébouléprèsdelavoitureencourant,l’und’entreeuxaouvertlaportièrecôtépassagerpoursefaufilerprèsdemoiàl’intérieur,meréconfortant,metranquillisant,m’exhortantàlâcherlamaindemamèreafinqu’ilspuissentlasortirdelà.Jemesuisaccrochéàsavestecommeunenfantàlamaindesonpère.Ilnem’apasabandonnéuneseulesecondedurantl’opérationconsistantàdésincarcérermamère.Ilm’aparlé,m’aexpliquétoutcequisepassait.Etmoijel’écoutais,laissantcoulerdeslarmesd’angoissesurmesjouestandisquejeregardaissescollèguestenterdesauvermamère.C’estcejour-làquej’aidécouvertmavocation.Quandilsontsortimamandelavoitureenmiettes,j’aisuqu’unjourjeseraispompiermoiaussi.Jevoulaissauverdesgenscommeilsvenaientdelasauver.Ilsnenousontpaslaissésavantd’arriverl’hôpitalet,mêmelà,celuiquim’avaitprisdanssesbrasestrestéavecmoijusqu’àcequemonpèredébarque.Quelquesheuresplustard,mamèresuccombaitàsesblessures.»

LecœurdeDerrickseserraausouvenirdecebruitdemort,glacial,émisparlamachinereliéeàsamèreaprèsqu’elleeutexpirésonderniersouffle.Riendeplusclinique,deplusinhumain,quecesonquiseprolongedanslevided’unepièceblanche,aseptisée.Justeàcetinstant,ilsentitlesbrasdeLauras’enroulerautourdelui.Elleleserraitcontreelle,unpeuplusfort.Etcetteétreinteemportasursonpassageladouleurdecetteréminiscence.

Maman,j’auraistantbesoinquetumedisesquoifaire…pensaDerrick.

Laissetoncœurteguider,luiaurait-ellerépondu.

Soncœur…iln’étaitpasleseuldansl’équation.C’estlaraisonquiprenaitledessusdepuislongtempsdanslaviedeDerrick.Laseulefoisoùlejeunehommeavaitlaissésoncœurs’exprimer,ilavaitcoupélespontsavecsonpèrepourdevenirpompier.Cedernierluiavaittournéledossansremords,déçuparleschoixdesonfilsaîné.Derricknesupporteraitpasd’êtreabandonnéparLaurasi,…Cettefois,ilenfermeraitsoncœuràdoubletouretnelelaisseraitpass’envolerdesacage.

Changeonsdesujet.

C’estplussûreneffet.

«TutesouviensdeThomas?interrogea-t-illajeunefemme.

—Tonamipompier?Celuiquiestvenutevoiraprèsl’obtentiondetondiplôme?

—Oui.

—C’estluilepompierquitetenaitdanssesbrascejour-là,c’estça?

—Oui,c’étaitlui.Ilestdevenuunami,unmentor.Ilestcommeunpèrepourmoi.

—Jesais.J’aivucommentvousvouscomportiezensemble.

—C’estgrâceàluisij’ensuislàaujourd’hui,sijesuisicietpasàParis.

—Alorsilfaudraquejepenseàleremercier!

—Pourquoi?interrogeaDerrick.

—VoyonsWatson,mêmepasuneidée?

—NonSherlock,j’avoue.Éclairez-moidevosbrillantesconclusions,ritDerrick.

—Maisenfin,situn’avaispassuivisonexemple,tuneseraispasvenujusqu’icipoursuivretaformationetnousnousneserionsjamaisrencontrés,ditlajeunefemme.CQFD!»

Ledestin.Lauraavaitraison,sanscetaccidentquiavaitmarquélejourleplusdurdesonexistence,iln’auraitjamaisconnulajeunefemmequ’iltenaitàprésentdanssesbras.Savieauraitétédifférente,sidifférente.Àl’heureactuelle,ilseraiteninternatdansungrandhôpitalparisien,suivantlestracesd’unpèrehaï.Derrickn’auraitétéquel’ombredelui-même,unefaçade.Ici,ilvivait,vraiment.Ilapprenaitàêtrelui,etpersonned’autre.

«Ettunet’enseraispasremise,pasvrai?taquina-t-ilLaura.

—Situsavais!J’auraispleurétoutesleslarmesdemoncorps,j’ensuiscertaine,gloussa-t-elle.

—J’imaginebien.Toi,t’épanchantsurl’undetesoreillersHelloKitty,telanguissantdemaprésenceàtescôtésaumilieudetessoupirslarmoyants…

—Jenetesavaispassimélodramatique,moncher.

—J’aieuunebonneprofenlamatière»,lâcha-t-il,lesourireauxlèvres,fixantlajeunefemmequiluitiralalangueenfronçantlenez.

J’adorequandellefaitça!

«Méchant!Jenet’aifaitregarder“OrgueiletPréjugés”quedeuxfois,c’estraisonnable!»dit-elleencoreavantd’éclaterderire.

Etvoilà,sonrire,justeça,l’étincellequ’ildéclenchaitenDerrick,ettoutleresten’avaitplusd’importance.Sescauchemarsétaientloinderrièrelui,ilnepensaitplusqu’àunechose:entendreencoreleriredeLaura.Ellel’avaitconsolédelaplusbelledesmanières.

S’ilsnes’étaientjamaisrencontrés,lajeunefemmen’auraitpaspulesauver,pascommeellevenaitdelefairecesoir.Alors,ilseseraitperdului-même.Grâceàuncapricedudestin,ellel’avaittrouvé.

Merci,maman.

Chapitre13

Làoùj’irai

*Laura*

Lasoiréetéléduvendredi,unrituelauquelniDerrickniellen’avaitvoulurenoncer.Leurmomentàeux.Quandilsétaientencoreavecleursamis,çatournaitviteauxdiscussionssansfin,auxfousriresetLauraadoraitplusquetouscesinstantspartagés.Aumilieudestirsdevannesentoutgenre,ilsparlaient,serapprochaient.DepuisledépartdeJulietteetLucassixmoisplustôt,rienn’étaitpluspareil…

Lapremièrefoisqu’ilss’étaientretrouvésseulstouslesdeuxdevantlagrandetélévisiondusalon,Lauras’étaitsentielégèrementmalàl’aise.IlfautdirequesarelationavecDerrickétaitdifférentedecellequ’elleentretenaitavecleurscolocataires.Etpuis…

Ilsavaientpassélasoiréeàenvoyerdestextosàleursamisquiregardaientlemêmeprogramme,penchéssurleportabledeDerrick,épaulecontreépaule,desairsdeconspirateurssurlevisage.Siproches...C’estàcemoment-làqueleschosesavaientchangées.

Oupeut-êtreavant?

«Lau’,qu’est-cequetufabriques?Çavacommencer.

—Pop-corn!»répliqua-t-elleassezfortafinqueDerrickpuissel’entendredusalon.

Laurasehâtadesortirlesgrainsdemaïssoufflésencorechaudsdufouretdelesmettredansungrandsaladier.Puisellelesnappadecaramelavantdeseprécipiterencourantverslesalon.Pasquestiondelouperledébutdufilm!

Elles’écroulasurlecanapéprèsdeDerrick,s’assitentailleur,lerécipiententrelesjambes.Laurasentitunregardinquisiteurvenirsebraquersurelleàpeinedeuxsecondesplustard.

«Quoi?demanda-t-elletoutensaisissantunepoignéedepop-corn.

—Rien.»

Générique.Nouveauregarddanssadirection.

«Der ’!

—Quoi?

—Qu’est-cequetuveux?

—Rien.»

LesnomsdesacteursdéfilaientalorsqueLauraprenaitànouveaudupop-corn.LemanègedeDerrickserépéta.

«OK,arrête,çadevientflippant,luidit-elleenseretournantpourplantersonregarddanslesien.Qu’est-cequit’arrive?

—Tucomptesmangertoutlesaladieràtoitouteseule?»demanda-t-ilgentiment.

Ilaffichaitcettemouetotalementcraquanteàlaquellepersonnenerésiste.Limites’ilneluisortaitpaslegrandjeudesyeux«ChatPotté»deShrek.Audébut,elleenavaitétécommevaccinée,aucuneffet,nada.Etpuis,Lauraavaitdûoublierdefairesapiqûrederappelparceque,depuisquelquesmois,elleavaitperdulemoded’emploidelarésistance.Quandillaregardaitcommeça,elleoubliaittout…oupresque!

«Idiot»,lâcha-t-elleenluipassantlerécipient,souriante.

S’ilsavait!pensa-t-elle.

Lepop-cornaucaramel,sonpréféré…àlui.Lauralepréparaitdecettemanièreparcequ’ellesavaitpertinemmentqueDerrickl’aimaitainsi.

«Commesij’allaistelaissermourirdefaim!ajouta-t-elle.

—Hum…caramel.MerciSmiley.»

Elleréponditensecouantlatête,saqueuedechevalsebalançantaurythmedesmouvementsinflués.Depuisquandfondait-elledevantlecharmedeDerrick?Etmême,depuisquandletrouvait-ellecharmant?

Tuasperdulatête,mabelle.

Peut-êtrebien.Maisilavaittoutfaitpour!Leursderniersrapprochementsluiavaienttourneboulél’espritetlessens.Lauraavaitperdutoussesrepèress’agissantdeDerrick.Ils’étaitamuséàchangerlesrèglesenunclind’œil.Depuis,lajeunefemmeavaitl’impressionderedécouvrirsoncolocataire.

Oudeledécouvrirvraiment…

Lauraaimaitcetterelationqu’ilsavaientréussiàétablirensemble,elles’ysentaitbien,malgréleursdisputesencorerécurrentes.Depuislongtempsdéjà,elles’étaitcachéeauxregardsdesautres.AvecDerrick,elleavaitretrouvél’enviedesemettreànu,des’ouvrir.Par-dessustout,l’envied’arrêterdejouerunrôleetd’êtreelle,toutsimplement.Ilsétaientcensésnepasêtrecapablesdecohabiterenpaix,n’êtrevouésqu’às’entre-déchirer,etpourtant,ilsavaientprouvéàtousleursamisqu’ilspouvaients’entendre,plusmêmequecesderniersnelesauraientjamais.Oui,ilss’accordaientplutôtbientouslesdeux.

Etalorsqu’ilsavaienttrouvéleursmarquesl’unavecl’autre,qu’ilssefaisaientconfiance,Lauraallaittoutbalayercesoir.

Jepars.

Commenttrouverlesmotspourluiannoncersondépart?Rienqued’ypenser,lesouriredeLauras’affaiblitjusqu’àpresques’éteindre.Feindre,encoreunpeu.Alorsqu’àl’intérieur,soncœurselacérait.ElledevaitpartirmaislajeunefemmeavaitdéjàmalàlasimpleidéedequitterDerrick.

Cen’estquepourdeuxmois,quandtureviendras,toutseracommeavant.

Elleendoutait.Leuréquilibreétaitencoresifragile.Etsurtout,Lauran’arrivaitpasàmettredesmotssurlesémotionsqueDerrickfaisaientnaîtreenelle.Ilfallaitqu’elleenaitlecœurnetavantdeplierbagages.

Auboutdequelquesminutes,LaurainterpellaDerrick.

Lemomentdevérité.

«Der ’?

—Ouais?»réponditcedernierdistraitement,leregardrivésurl’écran.

C’estalorsqu’ilplongeasamaindanslesaladierdepop-corn,effleurantcelledeLauraaupassage.Lajeunefemmeeneutlachairdepoule.Cesimplecontactl’avaitdéstabilisée.Derrickluifaisaitbeaucoupplusd’effetqu’ellenel’admettraitjamaisdevantlui.Àpeinedeuxsecondesetdéjàsoncœurbattaitlachamadedanssapoitrine.

Jesuismordue,constata-t-ellepourelle-même.

Etpasqu’unpeu!

VoilàquicompliquaitleschosespourLaura.Quitterunami,ellepouvaitlefaire,quitterl’hommedontelleétaittombéeamoureuseluiparaissaitnettementplushasardeux,surtoutquandcederniernelaissaitrientransparaîtredesessentimentsàsonégard.

Amoureuse?Tunevaspasunpeuvitelà?

Jenesaisplusàquelleallurejevais,pourêtrehonnête…

Lauraretiravivementsamain.Celle-ciétaitencoretremblantedelabrûlurequevenaitdeluiinfligerDerrick.

«J’aireçuunelettrecematin.

—Ah,commentasobrementDerrick.

—Ausujetdemonstagedefind’étude.

—Celuiquidoitdurerdeuxmois?interrogealejeunehomme.

—Oui.

—Et?demanda-t-ilenseretournantverselle.Verdict?»

Derrickavaitchangédepositionsurlecanapépourluifaireface,leursgenouxsefrôlaientàprésent.Lamaindujeunehommes’étaitnégligemmentposéesurledossierdusofaàquelquescentimètresduvisagedeLaura.Cetteproximitélarendaitfolleautantqu’ellelacomblait.Ilsétaientprèsl’undel’autremaisc’étaitlacruelleabsencedeDerrickquifaisaitleplussouffrirLaura.Depuisquelquetempsmaintenant,elleressentaitcebesoinirrépressibledelui.Lesheuresquis’écoulaientloindeluiparaissaientdurerdeséternités.Lejeunehommeluiétaitdevenuaussiessentielquel’airqu’ellerespirait.SansDerrick,quedeviendrait-elle?Uneâmeàladérive…

«Jesuisprise,déclaraLaura.

—FélicitationsSmiley!clamaDerrick,sincèrementheureuxpourelle.

—Merci.

—Tun’aspasl’airtrèsenthousiaste,constataDerrick,unepointed’inquiétudedanslavoix.Qu’est-cequisepasse?»

C’estlà,c’estmaintenantquejevaismebriserlecœur.

«Jevaisquitterlepays,Der ’.

—Commentça?

—Cestage,jedoislefaireauCanada.»

Lastupeurqu’ellelutàcemoment-làdanslesyeuxdeDerrick,etcettepointededouleurquisemblaits’ymêler,eutraisondesesdernièresdéfenses.

Çafaittropmal…

Leregarderencaissersansriendire,mesurercequecettesimplephraseimpliquaitpoureux,alors

qu’ilsn’avaientencorerienavoué...LesilencedeplombquilesenveloppasuffoquabientôtLaura.ElleposasamainsurcelledeDerrick,laserradanslasienne.

«Disquelquechose»,lesupplia-t-elle.

Justeunmot,s’ilteplaît,nemelaissepascommeça.

Glacial,Derrickretirasamaindel’étreintedelajeunefemmeetlatoisa.

«Tuparsquand?

—Danssixsemaines.

—Ok»,conclutDerrick.

Sonmasquedefaçade,lisse,dénuéd’émotions,blessaprofondémentLaura.Cetteapparentefroideurcontrastaittellementaveclefeuqu’ellelisaitdanssesyeux.Cesoirencore,ilreculaitetnelalaissaitpasl’entrevoir.Cesoirencore,illuirefusaitl’accèsàsoncœur.

Unsoirdetrop…

«C’esttoutcequetutrouvesàdire?s’emporta-t-elle.Ok?

—Queveux-tuquejetedise?renchéritDerrick.

—Je…jenesaispas!sifflaLaura.

—Tut’envas,iln’yarienàdire»,s’entêtalejeunehomme.

Surcesparolescoupantes,Derrickselevaducanapésansplusrienajouter.IlrestaquelquessecondesdeboutfaceàLaura.Elledevinait,danssespoingsserrésetlatensiondesamâchoire,lacolèrequil’habitait.Lajeunefemmetenditsamainversluipourleretenirmaisill’esquivaets’enfuit.Sespasdanslecouloirpuis,laportequiclaque.CesonrésonnadanslamaisonvidecommeunegifleauxoreillesdeLaura.Aprèsuntempsd’abattement,c’estl’énervementquipritledessuschezelle.

Pourquiseprend-t-il?

LauraselevaàsontourafinderejoindrelachambredeDerrick.

Pasquestiond’enresterlà!

«Pascettefois»,souffla-t-elle.

Arrivéedevantlaportedujeunehomme,Laurafrappa,fort.

«Derrick,ouvre-moi!»

Pasderéponse.Ellemartelaànouveaulaporte.

«Borné»,murmuralajeunefemmeentresesdents.

Silence.

«Ouvre!insista-t-elleencore.

—Va-t’en,luiintimaDerrick.

—Pasquestion!Jenepartiraipasd’icitantquenousn’auronspasdiscuté,toietmoi.»

Lauraentenditrâlerderrièrelaporteavantquecelle-cines’ouvresurunDerrickpourlemoinsmécontent.Quandelleplongeasonregarddanslesien,toutessesrésolutionsd’endécoudres’envolèrent,terrasséesparlatristessequiavaitenvahielesprunellesbleueslafixantavecuneintensitéfiévreuse.

«Merde,Der ’,lâcha-t-elle.

—Jesais,putain!renchérit-ilenfrappantlechambranledelaporte.Jesais!»

Ilssetenaientàquelquescentimètresàpeinel’undel’autre,pourtant,aucund’euxn’esquissaitlemoindregestepourallerversl’autre.

«Ilnousrestesixsemaines,jeneveuxpaslesperdreàmedisputeravectoi,ditLauraenréduisant,unpeu,ladistanceentreeux.

—Moinonplus,soufflaDerrickenfaisantégalementunpasverselle.

—Alors?interrogea-t-elleenpénétrantdanslachambre.

—Viens»,ditDerrickenluiprenantlamain.

Ilfermalaportederrièreeuxetlesconduisitverssonlit.

«Derrick»,l’interpella-t-elle.

Lejeunehommel’allongeasurlematelasavantdel’yrejoindre.

«Chut»,murmura-t-il,undoigtentraversdeslèvresdeLaura.

Iléteignitlalumière,s’allongeasurlecôtéfaceàelleetrabattitlacouettesureux.Lajeunefemmedemeuraitsilencieuse,sesyeuxtoujoursrivéssurceuxdeDerrickquis’exprimaientenunlangagemuetqu’elletentaitdedéchiffrer.Leurssoufflesentreeuxs’entremêlaient,leurscorpsseréchauffaientaucontactdel’autre,etleursmainsfinirentparserejoindresouscouvertdudrap.LadoucecaressedesdoigtsdeDerricksurlessiensfitdéfaillirLaura.

Pourquois’obstine-t-ilàm’offrirdetelsmomentspourensuitejouerl’indifférence?

Ilsrestèrentlongtempsainsi,àseregarder,àsedévorerdesyeux,sansqu’unmotnesoitéchangéentreeux.Rienquelesilence,brut,alorsquel’âmedeLauraétaittourmentéeparunetempêteémotionnellequilafaisaitcrierintérieurement.ElleavaitbesoindeDerrickàenavoirmal,àensouffrir.Laurasavaitqu’ellenerenonceraitpasàlui,jamais.Lecœurdujeunehommequibattaitfort,répondantenunéchojumeauausien,étaitàsesoreilleslaplusdoucedesmélodies.

Luiaussi,s’entêtaitàluirépétersonesprit.

Luiaussi…

Cefutellequibaissasespaupièresenpremier,incapabledesoutenirencoreceregardquilatransperçait,ladéshabillait,lamettaitànue.Ilvoyaittoutd’elleparcequeLauranesecachaitplusdeDerrick.Maislui,quandenferait-ilautant?Quandarrêterait-ildesemurerderrièresonobstination?Dequoiavait-ilpeur?Tropdequestionspoursipeuderéponses…

Laurafinitpars’endormir,bercéeparlasimpleprésencedujeunehommeàsescôtés.Unavant-goûtduParadisdontons’acharnaitàluirefuserl’entrée.

Chapitre14

Raisonetsentiments

*Laura*

«Enginsdemalheur!bougonnaKristel.Quequelqu’unmelibèredecetenfer!»

Laura,suruntapisdecourseàcôtédeceluideKris,neputs’empêcherderireenentendantsonamiepesteravecemphasecontrelematérielsportifdontelleusaitdepuisdixminutesàpeine.

«Kris,tuexagères.Onaàpeinecommencé,là.

—C’estdéjàtroppourmoi!rétorquacettedernière.Etpuis,rappelle-moil’intérêtdecourirenfaisantdusurplace?

—Brûlerdescalories.

—Hum…marmonnaKristel,dubitative.C’estbienjolimaisçafaitunmaldechien,tontruc!J’ail’impressiond’avoirdeuxblocsdebétonàlaplacedesmollets.

—Tunecroispasquetuenfaisunpetitpeutroppourseulementdixminutesdecourse?

—Non!D’ailleurs,jevaisl’arrêter,cetinstrumentdetorture!Etpasplustardquemaintenant!»

Etlà,cefutledrame.Kristelsedébattitaveclesboutonsdeprogrammationdel’appareiletseretrouvaforcéed’accélérerl’allure.Puisvintladébandade.Laura,mortederire,éteignitsonpropretapisdecourseavantd’allersecourirsonamiequiprenaitdesairsdefurie,comiques.C’est,prudente,queKristeldescenditdutapissousleregardamusédeLaura.

«Allonsboireunverredejusd’orangeaubar,ok?demandaKris.

—Ok»,acquiesçaLaura.

Krisn’oubliapasdedonneruncoupdepiedbiensentiautapisdecourseavantdesetourner,fière,verslasortiedelasalle.Lesdeuxjeunesfemmesallèrentd’abordauvestiairesechangeravantderallierlejuicebarsesituantaupremierétage.Unlieuuniquedanslavilleréservéauxmembresduclubdesport.Unendroitquelesdeuxamiesaimaientfréquenterlorsdeleursvisites,unefoisparsemaine,l’occasionpourellesdepapoterentrefilles.

«Qu’est-cequetucomptesfaire?luidemandaKristelens’installantsuruntabouret.

—Àproposdequoi?interrogeaLauraenprenantplaceautourdelahautetableenzincqu’ellesoccupaientàprésent.

—DeDerrick,biensûr!

—Jenevoispasdequoituparles,assuraLaura.

—Tun’espaspossible!

—Maisquoi?

—Tuesamoureusedelui,Laura.

—Pasdutout,serenfrogna-t-elle.

—Tueslapirementeusequejeconnaisse.

—Qu’est-cequitefaitpenserça?insistaLaura.

—Tuveuxvraimentquejetefasseundessin?

—Non,soupira-t-elle.

—Quandmême!Alors?

—Alors…?

—Ilfautquetuluiparlesavanttondépart.

—Etpourluidirequoiaujuste?“AufaitDer ’,j’aimeraisqu’onsoitplusquedesamistoietmoi.Jeparsdeuxmois,attends-moietonenreparleàmonretour?”.Ridicule!

—Mapuce,touslesdeux,vousnepouvezpascontinuercommeça.

—Jesais.

—Commentçasepasseencemomentaveclui?

—Bien.Tropbienmême.Ona…»

Laurastoppasaphraseenpleinvol,serendantcomptedecequ’elleallaitrévéleràsameilleureamieetqu’elleavaitcachéàtoutlemondejusqu’ici.

«Oui?

—Non,rien.

—Smiley,tuenastropditpourt’arrêtermaintenant.Allez,dis-moi.S’ilteplaît,s’ilteplaît,s’ilteplaît.»

MonDieu,Krisluisortaitlegrandjeu,lesyeuxsuppliantsetlapetitemoueenprime.

T’esdanslapanade!Tuauraismieuxfaitdetetaire…

Troptard.

«Ok,jeteracontetoutmais,s’ilteplaît,pasunmot.Compris?»

Krismimaunefermeturesurseslèvresavantd’acquiesceravecvigueur.Laurasoupira.Paroùcommencer?

«Tumeprometsdemelaisserallerjusqu’auboutavantdedirequoiquecesoit?»demanda-t-elleàKristel,sûrequecettedernièrenemanqueraitpasd’agrémentersesrévélationsdemoultsoupirsetcrisdesurprise.

Krisneréponditrienmaishochavigoureusementlatête.

«Ok,entamaLauraaprèsavoirprisunegrandeinspiration.Déjà,tudoissavoirqueDerrickm’aembrassée.

—Quoi?»sursautaKristelavantdesetairesousleregardnoirdeLaura.

Cettedernièreeutdumalàretenirsonrirefaceauxyeuxexorbitésetàlabouchestyle«jegobelesmouches»desonamie.Elleattenditquelespersonnesdanslebarsesoientretournéesversleursverres,aulieudelesfixer,avantdereprendre.

«Oui.Bon,c’étaitjusteunpetitsmackprolongémais…

—Mais…?insistaKristelquieuttôtfaitd’oubliersonpieuvœudesilence.

—Ilaréussiàmefairebasculerducôtéobscurdelaforce,mabelle.

—Jevois.Papillonsdansleventreetétoilesdanslesyeux?diagnostiquasonamie.

—Carrément!

—Ensuite?»

Laurasecoualatêtededroiteàgauche.Celafaisaitbienlongtempsqu’ellen’étaitpluslecentredeleurspotinsamoureux.Elleavaitl’impressiondeseretrouveraulycée,souslesgradinspendantlecoursdesport,àdiscuterdesgarçonsavecKristel.Cettepenséelafitsourire.Krisallaitsacrémentluimanquer!

«Ensuite…onadormiensemble…»

Kristelsefigeasurplace,estomaquéedevantlarévélationdesonamie.

«…àplusieursreprisesd’ailleurs.

—Non!

—Ehsi,confirmaLaura.

—Waouh,alorslà,çadépassemonimagination.

—Etlamienne.

—Ah,lepetitDerrickettoi,vousavezbiencachévotrejeu.»

Lauraneréponditpasdesuiteàsonamie,elles’étaitperduedanssespensées,aucœurdesbrasdeDerrick.

«Lau’,revienssurTerre!Houston,jecroisquenousavonsunproblème.

—Excuse-moi.

—Dis-moi,jenetesavaispasatteinteàcepoint-là.

—Qu’est-cequetuveuxdire?

—Ilyadeuxsecondeslà,tupensaisàlui?

—Peut-êtrebien,éludaLaura.

—Mapuce,tonvisages’estilluminécommeunsapindeNoël.T’esaccro.»

Laurasoupira,decegenredesoupiràvousfendrel’âme,avantdereprendrelefildeladiscussion.

«Kris,qu’est-cequejevaisfaire?

—Tuvascommencerparmeraconterendétailcequis’estpasséentrevousetsansdiscuter.JeveuxTOUTsavoir,insista-t-elleavecdesairsdeconspiratrice.»

Laurasavaitqu’ellen’avaitaucunechancedefairechangerd’idéeàsonamie.ElleluirelatadonclesderniersévènementssurvenusentreelleetDerrick,sanspourautanttoutluidévoiler.

«Ilestmorgandetoi,c’estclair,décrétaKrisàlafindumonologuedeLaura.

—Tudélires!

—Écoute-moibien,mapuce,cemect’adanslapeau,sonproblème,c’estqu’ilesttropaveuglepours’enapercevoiroutropfroussardpourl’admettre.

—Cequinenousavanceàriendutout.

—Provoque-le,proposaKris.

—Non,notrerelations’amélioredepuisquelquesmois,jeneveuxpastoutgâchersuruneimpulsionquirisquedemefairetoutperdre.

—Lau’…

—Non,Kris.Madécisionestprise.Derrickcommenceàs’ouvriràmoi,àmelaisserentrer.Sijelebrusque,ilvaserefermersurlui-mêmeetmelaisser,seule,del’autrecôtédelaporte.Jeneveuxpas,tucomprends?Jeneveuxpas!»répétaLauraendéchirantunboutdelaservietteenpapierqu’elleserraitdanssesmains.

Lajeunefemmesentitsafrustrationremonteràlasurface.Ellel’avaitlaisséeprendreledessussursesémotions.QuandelleétaitavecDerrick,ellenecontrôlaitplusrien.L’autrefois,lorsqu’ill’avaitfaitentrerdanssachambre,qu’ilsavaientpassélanuitensemble,Lauraavaitcruque…Puis,lematinétaitvenuetl’avaittrouvéeseuledanssonlit.Ilétaitpartisansunmot,sansuneexplication,etavaitensuitefaitcommesiriennes’étaitpassé,qu’ilsn’avaientrienpartagé.Cetteattitudel’avaitmeurtrie,plusprofondémentqu’ellenel’avaitlaisséparaître.

«Alors,tuvastecontenterdesmiettes?

—C’estmieuxqueriendutout.

—Lau’…

—Écoute,jenem’imagineplussansluidansmavie.Sipourqu’iln’ensortepasdéfinitivement,jedoismecontenterdesonamitiéalors,jeleferais.

—Mapuce,tuvasensouffrir.

—Jesouffredéjà,figure-toi,touslesjours.Quandnoussommestouslesdeuxàlamaison,etque…»

Laurasecouadenouveaulatête,commepourenchasserlesidéesyfaisantsurface.ElleaimaittantcespetitsmatinsoùDerrickpassaitparlaportedelacuisineetvenaitl’embrassersurlehautdufrontpourluidirebonjour,cessoiréesqu’ilspassaienttouslesdeuxdevantlatéléàrirecommedeuxadosdestextosqu’ilsenvoyaientàleursamis,cesregardséchangéssansqu’ilsaientbesoindeparlerpoursecomprendre.Lauraaimaitcespetitsriensqu’ilspartageaientensembleetquidevenaientsontout.

Ellenes’imaginaitpluspasserunejournéesansvoirlesouriredeDerrick.

Deuxmois!Jenetiendraijamais…

«J’aimal,parcequejemefaissouffrirmoi-mêmeenimaginantquel’onpuisseêtreautrechosequecequenoussommesactuellement.Pourtant,depuisqu’ons’estrapprochéstouslesdeux,jen’aijamaisétéaussiheureuse.Jesuisunparadoxevivant!Ilfautjustequej’arrêtedepenseraux“si”pourmeconcentrersurleprésentetriend’autre.CestageauCanadamepermettradefairelepoint.

—Tucroisvraiment?

—Oui.ÊtreséparéedeDerrickpendantdeuxmoismerendrapeut-êtrelavue.

—Jen’ycroispasuneseconde.Tun’aspasbesoind’êtreguérie.Onsavaittousquevousalliezfinirensembleàunmomentdonné.

—Commentça?

—Lau’,l’alchimieentrevousdeuxsauteauxyeux.Vosdisputes,vosjeuxduchatetdelasouris,cettetensionquevouslaissieztransparaître,personnen’étaitdupe.C’étaitleseulmoyenquevousavieztrouvépourexprimervotreattirancemutuellesansfranchirlecap.»

ToutescesfoisoùLauras’étaitretrouvéefrustréeaprèsuneénièmeconfrontation,oùelleavaiteuenviedeluiarracherlesyeux,çanepouvaitpasêtre…

Dudésir!

Leurrelationavaitétéexplosiveaudébutensuite,avecletemps,ilsavaienttrouvéunrythmedecroisièresansjamaiscesserdesecherchermutuellement.Jusqu’àcequ’iln’yaitplusqu’euxdanscettegrandemaison,alors,ladonneavaitchangée,eteuxaussi.

«Ettucroisqu’ilesttempsdelefranchircecap?

—Ohqueoui!Vousaveztropattendutouslesdeux.Situparssansriendire…commençaKris.

—…jeleperdsaussi,c’estça?»achevaLaura.

Kristelhochalatêteensilence.

«C’estinextricable,conclut-elle.

—Vousn’avezjamaischoisilasolutiondefacilitéaussi,fautdire.

—Pasfaux.

—Mabelle,ditKrisenprenantlamaindesonamiedanslasienne,luiettoi,jenevousimaginepasautrementqu’ensemble.

—Maispeut-êtrequelui,si,soufflaLaura.CenesontpaslesprétendantesautitrequimanquentautourdeDerrick.

—Cesblondassessanscervellenet’arriventpasàlacheville,tulesaisetillesait.D’ailleurs,çafaitunmomentqueDerricknesortavecpersonneilmesemble.Depuisquandexactement?»

Justeàcetinstant,lalumièresefitdansl’espritdeLaura.Ungrandsourirevints’épanouirsurseslèvres.Elleavaitcompris.

«Depuisqu’ilm’aembrassée»,lâcha-t-elle,lecœurbattantlachamade.

C’estcemoment-làquesonportablechoisitpoursonner.LachansondeJamesArthursurlaquelleilsavaientdanséaumariageemplitlapièce…Derrick.

«Viensderentrerdelacaserne.Jeprépareledîner.Jet’attends;)»

Laurasavaitcequ’illuirestaitàfaire.Laquestionétaitdesavoirsielleauraitlaforcedetoutrisquer.

«J’arrive»,luirépondit-elle.

Attends-moi…

Chapitre15

Cœurrebelle

*Derrick*

Notedel’auteur:cettescènesedérouledanslesvestiairesdelacaserne...aprèsladouche.Devons-nouspréciserque,pourmoitié,lesprotagonistesneportentqu’uneserviettedebaintombantsurleshanches,dévoilantleurstablettesdechocolat,etque,pourl’autremoitié,ilsnesontvêtusqued’unjeanoud’unpantalondejogging?Non,nouspensonsquel’imaginationdelalectrice(oudulecteur)jouerad’elle-mêmedanscecas.

«Der ’tunousaccompagnescesoir?demandaMatt.

—Ouais,viensmonvieux.OnvaauParadise,renchéritJB.

—Nonmercilesgars.

—T’asd’autresprojets?interrogeaBenji.

—Sionveut.

—Commentça“sionveut”?Mec,tunepeuxpasdirenonàunesoiréeauParadisesansexcusevalable.

—JBaraison.Cesoir,entréegratuitepourlesfilles,tusaiscequeçasignifie»,ajoutaMatt.

Ohqueoui,illesavait!Pouravoirparcourulesboîtestouslesweek-endspendantsesétudes,Derricksavaitquecesoir,ceseraitbuffetàvolontépourunhommecommelui.Cru,maisvrai.

«Jesais,reconnut-il.

—Alors,oùestleproblème?T’escélibataireett’espompiermonvieux.Pompier!Lefantasmeultimedecesdemoisellesenjupettes.Tutedoutesbienquetunerentreraspasseulsitunous

accompagnes.Qu’est-cequiteretient?»continuaMatt.

Bonnequestion!Surlepapier,ilpouvaittoutàfaitlesaccompagner,n’étantpasd’astreintelelendemain.Surlepapier,ilétaitcélibataireetpouvaitdoncprofiterdesavantagesqu’unetellesoiréereprésentaitpourluietsesamis.Surlepapier…Enréalité,quelquechoseleretenaitd’agirdelasorte.Quelquechosequ’iln’arrivaitpasànommer.

Unriredebébévintcouperlaconversation.

«Qu’est-cequec’est?demandaJB.

—Monportable.J’aiuntexto»,réponditDerrickenplongeantlamaindanslapochearrièredesonjeanposéprèsdeluisurlebanc.

Laura.Allezsavoirpourquoi,leriredecebébé,sijoyeux,luifaisaitimmanquablementpenseràelle.Iln’avaitpashésitéuneseulesecondeenluiattribuantcettesonnerie.

«Impossibledemedécider,c’esttropdur!“IronMan”,“IronMan2”ou“IronMan3”?Crueldilemme!Jet’attendspourtrancher:PBiz.»

Unsourirevintseglissersurleslèvresdujeunehommequandilluirépondit.

«Onpeuttoujoursregarderlestroisàlasuite;)»

Derricksecoualégèrementlatêtepuisremitsonportableenplace.Ilcroisaalorsleregarddesescollèguesquilejaugeaient.

«Quoi?demanda-t-il.

—T’essûrquetun’espasencouple?demandaMatt.

—Évidemmentquej’ensuissûr!Pourquoi?

—Parcequejusteàl’instant,enlisanttontexto,tuavaisl’airquej’aiquandjemeregardedanslaglacelematinenpensantàmafemme,lançaBart’.

—Etill’aimesafemme!ajoutaJB.

—Plusquetout,confirmaBart’.

—Vousdélirez,lesgars.

—Jenecroispasnon,tranchaMatt’.Allez,dis-nousquic’était.

—Non.

—Non?s’étonnaJB.

—T’asbienentendu.Jenevoispasl’intérêtdevousrépondre.

—Ah,tunouslajouescommeça,commençaMatt’.

—Intervention,lesmecs!»criaBenji.

Aussitôt,deuxpairesdebrasl’immobilisèrentsursonbancpendantquelesdeuxautresallaientrécupérersontéléphoneaufonddesapoche.Ilessayabiendes’extirperdeleurétreintemaisceshommesétaienttoutaussientraînésquelui,autantdiremissionimpossible!

«Ah,voilàl’objetdudélit!s’exclamaJBenbrandissantletrophéearrachéàDerrick.

—Alors,alors,voyonsunpeucetexto…enchaînaBenji.

—Hum,hum.Derrick,peux-tunousendireunpeuplussurcetteLaura?»demandaJB.

Dépité,Derrickhochalatête.Sestortionnaireslerelâchèrenttoutenrestantàproximité.

«C’estmacoloc’.

—Vousvousenvoyezbeaucoupdetextos,touslesdeux,constataJBenfaisantdéfilerl’historiquedesSMSdeDerrick.

—Ouais,çacachequelquechose,ajoutaBenji.

—Quedalle!Onestcoloc’,c’esttout.

—Ah,ledéni,c’estlaphase1,lançaMatt’.

—Dequoituparles?

—Desphasesd’acceptation,expliquaMatt’.

—D’acceptationdequoi?Jepigerienàcequetumeracontes.

—Derrick,c’estclair,tuesamoureuxd’elle»,tranchaBart’.

Tousacquiescèrentàcetteaffirmation.Tous,saufDerrick.

«N’importequoi!

—Ahnon?Etpeux-tunousdirecequetufaiscesoirdanscecas?questionnaBenji.

—C’estvendredi…

—Et…?insistaJB.

—Onadécidédeperpétuerlatraditionqu’onavaitaveclesautrescolocs.Levendredi,c’estsoiréetélé.

—Touslesdeux?demandaMatt’.

—Oui,justenousdeux.

—T’escramé!»lâchaJB.

Encoreunefois,tousapprouvèrent.Tous,saufDerrick.

«C’estdébile!C’estjusteque…soupira-t-il.

—Quequoi?interrogeaBart’.

—Çaluiauraitbrisélecœurqu’onarrête.Alors…»

Bart’vintseplaceràsescôtésetposaunemainsursonépaule.

«Der ’,depuisquandn’es-tupassortiavecunefille?luidemanda-t-il.

—Jesaisplus…sept,huitmois,peut-être.»

Envérité,Derricksavaitprécisémentdepuisquandilavaitrenoncéàsesconquêteséphémères.Ilyavaitprécisémenthuitmois.Quandensortantdanslacourdelacaserneaprèsavoirdéposésesvœuxd’affectation,ilavaittrouvéLauraentouréed’unenuéed’hommesluisouriant,luifaisantdesavances.Cejour-là,ilétaitsortidubrouillard.

«Tun’asplusenvie?continuaBart’.

—Pasvraiment…

—Elleestaucourant?intervintJB.

—Dequoi?

—Quet’esraidedingued’elle!lançaMatt’.

—Non.

—Pourquoi?T’aspeurqu’elletejette?repritBenji.

—C’estpasleproblème…enfin,peut-êtrequesi.Jenesaispas.C’estcompliquénousdeux.»

Derricksepritlatêtedanslesmains.Lui,amoureux?Unsentimentqu’iln’avaitjamaiséprouvéauparavant.Commentaurait-ilpulereconnaître?

«Der ’,c’estsimple,commençaBart’.Quandtutelèveslematin,lapremièrechoseàlaquelletupenses?»

Laura.

«Quandturentresàlamaisonlesoir,lapremièrechosequetufais?»

Allerlavoir.

«Quandtuparsenintervention,àquidis-tuaurevoir?»

ÀLaura.

«Quandtuesmalheureux,versquitetournes-tupourêtreconsolé?»

Verselle.

«Quandtuesheureux,avecquipartages-tutajoie?»

AvecLaura.

«Tuvois,mêmepasbesoindenousledire,çasevoitsurtonvisage.Elleestinscritesurtestraits.Tul’asdanslapeau,déclaraBart’.

—Merde!lâchaDerrick.

—Commetudis!T’esdanslepétrinjusqu’aucou»,ajoutaJB.

Derrickpassasesmainsdanssescheveuxencoremouillés,tendu.Ilexpiraprofondémentavantd’avouer.

«Ok,admettonsquejesoisamoureuxd’elle.

—Tul’es!affirmaBenji,sousl’approbationgénérale.

—Quandbienmême.Ellepartdansunmois.Qu’est-cequeçachangeraitdeluidire?Rien!Nousdeuxensemble,çanepeutpasmarcher.Jelesaisetellelesait.

—Jenetesavaispassipeucombatif,monami,lâchaBart’.

—Queveux-tudire?

—Quesitul’aimes,tudoistebattrepourelle.Siellepartsanssavoir,tudécidespourelle.Siellepartensachantcequetuéprouves,tulalaissesterépondre.Maistunepeuxpasluidireaurevoirsansrienluiavouer.Sinon,tuleregretteras.

—Bart’araison,repritMatt.Situlalaissespartirsansmêmeavoiressayé,tut’enmordraslesdoigts.Tuesaccro,çasevoit.Tentetachance.

—Vousavezpeut-êtreraison,soupiraDerrick.

—Biensûrqu’onaraison,Der ’,confirmaJB.Rappelle-t’en,çapeutt’êtreutileàl’avenir.»

Touspartirentdansunéclatderiresalvateuravantdereprendreleursactivités.Bart’restaavecDerrickaprèsquetouslesautressoientpartis.

«Çava?demanda-t-ilaujeunehomme.

—Oui.

—Bien.

—Bart’,j’aipeur.

—Dequoi?

—Delaperdre.

—Tunelaperdraspas.

—Commentpeux-tuenêtresûr?

—Parcequejeteconnais.Tuasrenoncéàbeaucoupdechosesdanstavie.Maisilyenauneàlaquelletun’asjamaisrenoncé…

—Laura.

—Laura,confirmaBart’.

—Jel’aime,tusais.

—Jesais.

—Jesuisledernierdescrétins,pasvrai?

—Tun’esqueledernierinscritsurlaliste,réponditBart’ensouriant.J’yaiapposémonnombienavantletienetbeaucoupviendrontaprès.Ah,cesfemmes.Impossibledevivresanselles!»

Commentallait-ilsupporterdelasavoirloindeluipendantdeuxlongsmois?Euxquin’avaientjamaisétéséparésplusd’unesemainedepuisqu’ilsseconnaissaient?Derrickavaitrefuséd’admettreàquelpointLauraluimanquerait.Ilavaitfermélesyeuxsurcesémotionsquicognaientàlaportedesoncœurdepuissilongtemps.Lavoirpartir,c’étaitsouffrirànouveau.OrDerricknevoulaitplusjamaisperdrequiquecesoit.C’étaitaussipourçaqu’ilétaitdevenupompier,pourpréserverlesautresdeladouleurqu’ilavaitressentiennepouvantsauversamèreàl’époque…

Unnouveauriredebébésefitentendreentrelesdeuxhommes.DerricksesaisitdesontéléphoneetaffichalemessagedeLaura.

«Tuesenretard,Cendrillon.Gaffeàlacitrouille!Maist’inquiète,jemetssurpauseent’attendant.Parcontre,jeneprometsrienpourlepop-corn.Justepourteprévenir;)»

«Elleadel’humour.

—Oui,acquiesçaDerrickensouriant.Maisjet’interdisdeluirépéterquejel’aireconnu!

—Croixdebois,croixdefer»,gloussaBart’.

DerrickfermalafenêtredutextodeLauraet,justeavantqu’ilnepuisserangersonportable,Bart’lestoppadanssonélan.

«C’estvousdeux,là?»

Sonfondd’écran.Depuisquelquessemainesdéjà.Elleetlui.Derrickavaitretrouvécettephoto,prisependantleurséjourchezlesparentsdelajeunefemme,parhasard.Ilétaitrestéplusieursminutes,seuldanssachambreàlacontempler,avantdedéciderd’enfairelefonddesapaged’accueil.Lapremièreimagequis’imprimaitsursarétinelematin.Onlesvoyaitsourireàl’objectif,l’unàcôtédel’autre.PourfaireplaisiràlamèredeLaura,Derrickavaitpassésonbrasautourdesesépaulesetellelesienautourdeseshanches.Siprochesl’undel’autre…

«Oui.

—Vousêtesfaitspourêtreensemble.Çasevoit!

—Espéronsqu’ellesoitdumêmeavisquetoi»,soupiraDerrick.

Sinon…

Sinontouts’écroulerait…

Chapitre16

Enragedetoi

*Laura*

Samedisoir.

IlsavaientprévudetousseretrouverauNeptune,unedernièresoiréeentreamisavantsondépartpourleCanadalelendemainsoir.Ilsvoulaientfairelafête,seviderlatêteetprofiterd’êtreensemble.S’amuserétaitleseulobjectif!

«Der ’,t’esprêt?appelaLauradubasdesescaliers.

—Ouais,j’arrive.»

Elleentenditlesmarchesgrincersouslespiedsdujeunehommealorsqu’illarejoignait.

«Jeconduis,lâcha-t-ilaprèsl’avoirobservéuncourtinstant.

—Jepeuxtrèsbienlefaire!objectaLaura.

—Certainementpasavecdestalonsdecettetaille-là»,trancha-t-ilavantd’attrapersavesteetdefoncerverslaported’entrée.

C’estavecunemoueboudeuseclairementaffichéesurlevisagequeLauralesuivitaudehors.

Imbécile!luilança-t-elleenpenséetandisqu’ellemontaitdanslavoiture.

«Macho,lâcha-t-elleens’asseyantsurlesiègepassager.

—Prudentmesembleêtreletermeexact,répliquaDerrick.

—Pfff,marmonnalajeunefemme.

—Tucomptesboudertoutelasoiréeparcequejeneveuxpasquetuconduises?

—P’têt’bien,admitLaura.

—Ah,cesféministes»,raillaDerrickenallumantlemoteur.

Lasoiréecommençaitbien!Lauradutfairesemblantd’êtrecaptivéeparlepaysagederrièrelavitreafindecacheràDerricklesourirequieffleuraitseslèvres.Mêmequandelleletrouvaitodieuxouarrogant,ilarrivait,laseconded’après,àsefairepardonnersonattitudepardesremarquescommecelle-ci.Etelletombaitàchaquefois.

Ilsarrivèrentquelquesminutesplustardsurleparkingdelaboîtedenuit.DerricketLaurapénétrèrententrelesmursduclubaudécorvintagequioffrait,letempsd’unesoirée,unécrinirréel.Lelieuparfaitpourtoutoublierpendantquelquesheures.Exactementcedontelleavaitbesoinencemoment.

Ilsrepérèrentrapidementleurgrouped’amis,assisdansuncoindelasalle,etlesrejoignirent.Ilsseséparèrentetentamèrentladiscussionchacundesoncôté.

«Hey,mabelle!

—SalutKris.

—Çava?Tuasunepetitetête.

—Çava,justeunpeuclaquée.

—Jepariequec’estencoreMonsieurBougoniciprésentquit’enfaitvoirdetouteslescouleurs.

—Non.

—Lau’,insistaKris.

—Maisnon,jet’assure,toutvabienentrenous.»

Àpartquejenesaisplusoùenj’ensuis…

«Situledis.»

Lauratournalatêtepoursaluerdeuxdeleursamiescommunesquivenaientdes’installeràsescôtés,coupantcourtàl’interrogatoiredeKristel.Cequinel’empêchaitpasdesentirleregardinterrogateurdecelle-cifixésursanuque.Laurafitcommesiderienn’étaitetselançadansuneconversationavecManonetCéline,àlaquelleKrisfinitparsemêlerauboutdequelquesminutes.Trèsvitel’atmosphèresedétendit,lesjeunesfemmessemirentàrireetàéchangerlesdernierspotinsavantderallierlapistededanse.

Touteslesquatreseperdirentaumilieudescorpsquisetrémoussaient,avecplusoumoinsdesuccès,surlerythmeentêtantd’unechansondeMacklemore,«ThriftShop».C’étaitcemoment-làqueLaurapréféraitquandellesortaitenboîte,cetinstantoùellesesentaitlibrecommel’air,ondulantsurlapiste.Danserétaitunvéritableplaisirpourelle.Ellesemouvaitsurlamélodiequediffusaientlesenceintesetmurmuraitlesparolesdesestitrespréférés,lesyeuxfermés,seuleaumonde.

PlusieurschansonsdéfilèrentainsisansqueLauras’enaperçoiveetlorsqu’ellerefitsurface,unhommel’invitaàdanseraveclui.Sesamiesluifirentsignedelesuivre.Lajeunefemmehésitait.Elleétaitvenuepours’amuseravecsescopines,paspourdraguer.Maislesmimiquessuggestivesdesesamiesluifirentvitecomprendrequ’àsaplace,ellesn’auraientpashésitéuneseuleseconde.Lauradutavouerquel’hommequis’étaitprésentéàellesouslenomdeMorganétaitplutôtcraquant.Elleseretrouvadoncbientôtàentamerunedanseaveclui.Entreprenant,ilglissasanspréambulesamainaucreuxdesreinsdelajeunefemmeetrapprochaleursdeuxcorps.Ellen’yprêtapasattention,seconcentrantsurlamusique.QuandlamaindeMorganglissasurlehautdesesfesses,Laurayposalasienneetlaremontaàunehauteurdécentedansunsourire.C’estàcetinstantprécisqu’ellecroisaleregardnoir,insondable,deDerrick.Ilétaitassisàleurtableetlesfixaitavecunedrôled’intensité,Morganetelle.Siellen’avaitpasfermélesyeuxunpeuplustôtsurlapiste,Lauraauraitvuque,depuisqu’elleavaitquittésonsiège,Derrickn’avaitpascessédeladévorerduregard.

Morganluisouritenretour,paslemoinsdumondedéfait.IlsenchaînèrentunesecondedanseetLaurafutvictimed’unenouvelletentativedemainbaladeuse.Ellelaremitenplacemaiscettefois,Morgannes’arrêtapaslà.Ilbaissasonvisageprèsdusienetvoulutl’embrasser.Lauralerepoussagentiment,luifaisantcomprendrequ’ellen’étaitpasintéressée.Morganluibalançaun«allumeuse»biensentiavantdes’écarterd’ellepourfondresurunenouvelleproie.Lajeunefemmefitsigneàsesamies,interdites,qu’ellequittaitlapistepourallerauxtoilettes.LorsqueKrisfitminedevouloirlasuivre,Lauralastoppadanssonélan,luiindiquantqu’ellerevenaitdansdeuxminutes.Elles’extirpaduflothumainagglutinéautourd’elleetaperçutrapidementsonobjectif.Desperlesdesueurglissantsursanuque,Laurapénétradanslapremièrecabinelibrequ’ellerepéradanslestoilettespourdames.Ellerepritsesespritsetressortitquelquesinstantsplustardavantdesedirigerverslelavabo.Unpetitpeud’eaupourserafraîchiretellesesentitd’attaqueàretournerauprèsdesesamies.

Laurapoussalesportesbattantesdestoilettesetémergeadanslecouloir,sombre,quimenaitàlasalle.Ellefitquelquespasavantd’apercevoirunesilhouettefamilièreadosséecontrelemuràsadroite.Lauraserapprochadoucement.Auboutduchemin,c’estfaceàDerrickqu’elleseretrouva.

«Der ’?Maisqu’est-ceque…?»

Ellen’eutpasletempsdefinirsaphrasequeDerrickl’attrapaitparlebraspourlaconduirederrièreuneportedérobée.Lelocaltechnique.

Charmant!

«Qu’est-cequiteprend?demanda-t-ellelorsqu’illarelâcha.

—Putain!»futlaseuleréponsequ’elleobtint.

Jamaisellen’avaitvusoncolocatairedanscetétat-là.LesflammesqueLauraavaitperçuesdanssesyeuxtoutàl’heureétaienttoujourslà.QuandDerrickplantasonregarddanslesien,ellesentitunfrissondepeurlatraverserdepartenpart.

«Der ’,retenta-t-elle,déstresse.Dis-moicequinevapas.

—Jenepeuxpas»,grinça-t-il.

Sesyeuxnelalâchaientpas.Ilslatroublaientplusqu’ellen’auraitsouhaitél’avouer,cequ’elleyvoyait…

Waouh!

«Pourquoitum’asamenéeicialors?Parle!

—Je…bafouilla-t-il.Cetypesurlapistededanse,qu’est-cequ’ilt’adittoutàl’heure?»

Alors,c’étaitça!

«Riend’important.

—Dis-le-moi,Smiley.

—Jem’ensuisoccupée,paslapeinedet’enmêler.

—Jeveuxsavoir,Laura.»

Dieu,sesyeux!Ilsemprisonnaientlajeunefemmedansleursfilets,impossiblepourelledes’ensoustraire,deleurmentir.

«Ilm’atraitéd’allumeuse.

—Bouffon!Ilvamorfler,menaçalejeunehomme,lespoingsserrés.

—Net’approchepasdeluiDerrick!Iln’envautpaslapeine.

—Maisilt’a…»

Lauraposasesmainssursontorsepourlecalmeretlefairetaireparlamêmeoccasion.

«Jeteremerciedevouloirmedéfendremaisjesuisencoreassezgrandepourmedébrouillertouteseule.Net’enfaispaspourmoi.»

LaurapercevaitledébatintérieurquifaisaitrageenDerrick.Depuisquandétait-ildevenusiprotecteuràsonégard?

«Ok,finit-ilparlâcherensemassantlanuque.

—Bien,dit-elleensehissantsurlapointedespiedsafindel’embrassersurlajoue.Merci.Maintenant,retournonsaveclesautres.

—Non.»

AvantqueLauraaitpurétorquerquoiquecesoitàDerrick,cedernierencerclasonvisagedesesmains…

«Resteavecmoi.Ici,maintenant»

…sepenchaverselleetposaseslèvressurlessiennes.Surprise,lajeunefemmeselaissacependantrapidementalleretentrouvritseslèvrespourpermettreàDerrickd’approfondirleurbaiser.Celui-cin’avaitriendetendre,dedoux.Non,ilétaitpossessif,enfiévré.Ilsonnaitcommeuneurgence,unefaiminsatiable.EtLaurayrépondaitavecautantd’ardeurqueDerrick.Ellenecherchapasàessayerdecomprendrepourquoielleseretrouvaitentraind’embrasseravecpassionunhommequ’elleétaitcenséedétester,dansunobscurlocaldeboîtedenuit,nipourquoielleaimaitça.Lauraavaitjustedécidé,aumomentoùelleavaitcroiséleregarddeDerrickjusteavantqu’ilneprennepossessiondesabouche,deneplusréfléchir.Cesoir,ellevoulaitjustelesentir,legoûter,lui.Avantqu’ilnesoittroptard…

Derricklaplaquacontrelemuretseslèvresquittèrentcellesdelajeunefemmepourallerexplorersoncou,saclavicule.Laurasoupiraitsouslescaressesdesalangue.Elleavaitglissésesmainsdanssescheveux.Letempss’étaitarrêté.Dansceréduit,elleavaitrendulesarmes,cessédesebattrecontrelessentimentsqu’elleéprouvaitpourlui.

«Caramel»l’entendit-ellemurmurertoutcontresonoreilleavantqu’iln’enmordillelelobe.

Tonparfumpréféré.

Laurasourit.EtDerrick,relevantlatête,luirenditsonsourireavantd’emprisonnerseslèvresànouveau.

Ilembrassecommeundieu,futladernièrepenséecohérentequitraversal’espritdeLauraavantqu’ellenes’abandonnecomplètementàl’étreintedeDerrick.Elledevinaitlescaressesdesesmainssursoncorps,lesbattementsdesoncœurrépondantauxsiens.Lachaleurquigrandissaitentreeuxlarendaitpantelante.LedésiravaittracéunsillondefeuenelleetLauranevoulaitpasquetoutcelas’arrête.Lajeunefemmesentitlepointderupture,justeavantqu’ilneseproduise,celuioùilspourraientchoisirdefairetombertoutesleursbarrièresetd’allerplusloinencore.C’estcemoment-làquechoisitlaportepours’ouvrir…

«Jecroisqu’ondérange,mapuce.Leslieuxsontdéjàoccupés,gloussaunjeunehomme.‘Xcusez»,lança-t-ilenrefermantderrièrelui.

Lamagiedel’instantétaitrompue.ImpossiblepourDerricketLauraderevenirenarrière.Ilss’écartèrentl’undel’autre,haletants,leslèvresgonflées,lesyeuxbrillants,etrestèrentlà,àseregarder.Commentposerdesmotssurcequivenaitdesepasserentreeux?Machinalement,DerricketLaurarajustèrentleurscoiffuresetlissèrentleursvêtements.Lesilences’alourditdanslapièceetla

jeunefemmesesentitdésemparée.

«Jenesaispascequim’apris.Pardon»,murmuraDerrick.

Non!Non!Nemedispasça,n’effacepascequ’onvientdepartager,jet’enprie…imploraLauraenpensées.

«C’étaituneerreur,jen’auraispasdû.Désolé.»

Lajeunefemmesentitleslarmesluimonterauxyeux.Elledutprendresurellepourlesretenir.C’étaittoutsaufuneerreur,Lauralesavait,sansmêmeavoirbesoindeleformuler.Commentpouvait-ilréduirecemomentàça?

Salaud…

Ellesetut,passadevantDerricketlelaissaenplandanslelocalavantderejoindreleursamis.Pasquestionderentreraveclui,pasaprèscequ’ilvenaitdedire…

Ouplutôtdenepasdire…

LaurainterpellaKrissurlapiste,luifaisantsignedelarejoindre.Cettedernièrelefitenuntempsrecord.Aprèsundernieraurevoiràtoussesamis,lajeunefemmequittalaboîtedenuit,amèreetprofondémentdéçue.

«Tuveuxenparler?luidemandaKris.

—Non,affirmaLauratandisqu’ellelaissaitleflotdeseslarmesdévorersonvisage.

—Mapuce,qu’est-cequis’estpasséauNeptune?

—Uneerreur,lâcha-t-elle,apparemment.

—Morgan?

—Non.

—Merde!Nemedispasque…?Derrick?»

Laurahochalatêtesansriendire.Prononcersonprénomluifaisaittropmal.

«Onapenséqu’ilétaitsorti,pasqu’ilétaitpartiterejoindre.Lau’,qu’est-cequ’ilt’afait?

—Ilm’aembrassée,sanglotaLaura,avantdeclairementmesignifierqu’ilnelevoulaitpas.

—L’enfoiré!Ilvamelepayerça,jetelejure!»

Lauraneputs’empêcherdesourirefaceàlaréactionindignéedesonamiequi,depuisplusieurssemaines,essayaitdelaconvaincredeselanceravecDerrick.

Quandonvoitlerésultat…

«Tuveuxdormirchezmoicesoir?

—Non,çavaaller,net’inquiètepas.

—Sûre?

—Oui,sûre.Mercidem’avoirraccompagnée.

—Derienmabelle.Appellesituasbesoindequoiquecesoit.Jepasseraitedireaurevoiravanttondépart.»

LaurasourittimidementàKristeletsedirigeaverslaportedelamaisonqu’ellepartageaitavecDerrick.Lecœurenvrac,elleralliasachambredanslenoirets’effondrasursonlitpourpleurer.

«Pourquoi?murmurait-elleauxmursquil’entouraient.Pourquoi?»

Chapitre17

Sijet’aime,prendsgardeàtoi

*Derrick*

Derrickregardaitlaprojectiondel’écranduréveilsursonplafond:«2.00».Ilruminaitetn’arrivaitpasàtrouverlesommeil,pasaprèscequivenaitdesepasser.Toutavaitdérapéenunclind’œil.

Ilavaitétébougontoutelajournée.Lorsqu’ilétaitrentréàlamaisonlesoir,Derrickavaitdéjàlesnerfsàvif.Surlecoup,aveugléparsadouleuràl’idéedelavoirpartir,iln’avaitpasmesurél’intensitédesonressentiment.QuandilsétaientarrivésauNeptuneetqueceminableavaitaccostéLaura,Derrickn’avaitpasréussiàgarderlecontrôle.Lafrustrationetlacolèreavaientprisledessus.Oui,Derrickétaitencolère.Caràpeinelevécejour-là,ilavaitréalisé.

Deuxmois.Deuxmoissanslavoir,sanslatoucher,sanslasentir.Soixante-et-unjours,seul,sanselle.Millequatrecentsoixante-quatreheures,àpenseràelle,loindelui.

Ç’auraitdûêtreunebellesoirée.Leurderniersoirensembleavantqu’ellenequittelepaysetilavaittoutgâché.C’étaitbienladernièrechosequeDerrickauraitvoulu.

«Imbécile!»s’invectiva-t-ilenfrappantlematelasdesonpoing.

Lavoirpartirencourantdulocalleslarmesauxyeuxl’avaitanéanti.Derrickavaitététroploinetillesavait.Lejeunehommeavaitmal,seulement,ilnepouvaitl’avouer.Ilavaitcomprismaiss’étaittu.Peurdetoutfairefoirerentreeux,delaperdre.

Elleesttropbienpourtoi.

Derricknepouvaitpaslaretenir,iln’enavaitpasledroit.Pourtant,ilauraittellementvoulu…Non,iln’étaitrienpourelle,rien!Néanmoins,DerrickétaittorturéparlesdernièresimagesdeLauraqu’ilgardaitenmémoire,sesyeuxquisechargeaientdelarmesqu’ellerefusaitdelaisser

coulerdevantlui.Ilavaitéténuld’agirdelasorteetdansleslargeurs.Ils’enmordaitlesdoigtsàprésent.Par-dessustout,Derricknevoulaitpaslalaissers’enallersurcesultimessouvenirsdelui…

Cequ’ilsavaientpartagécesoirétaitloind’êtreuneerreur.

Toutcetempsàsevoilerlaface,àgardersesdistancespournepasplonger.Ilavaitfeintauxyeuxdesautres,maissurtoutauxsiens.Derrickavaitressentilapalpitationannonciatrice,d’abordquandilavaitlulepremierpost-itqueLauraluiavaitadressé,accrochésursaportelejourdesonemménagement:

«Bienvenuedanslegang,belinconnu!

Tuesicicheztoi:D

PS:jesuistavoisinedechambrée.

Frappeaumursituasbesoindequoiquecesoit^^»

Chezmoi…

Ensuite,quandill’avaitentendue,puisvue,elle,unpeuplustarddanslabuanderie.

Lauraavaitcouvertsaportedepost-itaufildesanset,tous,Derricklesavaitconservés.Letoutpremier,ill’avaitarraché,froissé,avantdelelancerenbouleendirectiondelapoubelle,énervéaprèsleurpremieréchange.Leboutdepapieravaitatterrisurlesoljusteàcôtédesonobjectif.Ilétaitrestélàjusqu’aulendemain.LorsqueDerrickl’avaitreprisenmain,ilavaittentéànouveaudes’endébarrassermais,aprèsl’avoirrelu,s’étaitravisé.Lejeunehommeavaitfinalementglissélepost-itdansletiroirdesatabledechevetoùlesyavaientrejointtouslesautres.

Romantiqueinvétéré.

Derrickn’avaitpascherchéàdéterminerlanaturedecettepulsionquilepoussaitàagirainsi,àtouslesconserverprèsdeluicommeuntrésor…Ill’avaitplanquée,elleaussi,aufonddutiroir.

Ils’assitsurlereborddulit,ouvritsacachetteetrestaquelquesinstantssilencieux,àcontemplertouscespetitsmots,detoutesformesetdetoutescouleurs,quis’étalaientsoussesyeux.Avecprécaution,ilensortitunepoignéedumeubleetsemitàleslire.

«Grincheux,

N’oubliepasquec’esttontourdesortirlespoubellesdemain.

Signé:BlancheNeige:P»

«BarbeBleue,

Justepourinfo…

Tudevraischangerdemarquederasoir.

Mesjambesontsouffertàcausedetoi:P

PS:vengeancepersopourmabrosseàdents!»

«Cendrillon,

C’esttontourdefairelescourses!

Prendslalistesurlefrigoetreviensavantminuit;)

Jecomptesurtoipournepasteperdreenchemin.

Aupire,prendsleGPSpourterepérerdanslesallées^^»

«T’asdebeauxyeuxtusais…

Teslunettesdesoleilétaientsouslecanapé!

Penseauxdoublesfoyers.

Çapeutservir:P»

«Elleestfièredetoi…

Ellet’aimeett’aimeratoujours…

Ellet’accompagne,partoutoùtuvas…

Situveuxparler,jesuislà…toujours.»

Cedernierpost-itportaitencorelestracesdeslarmesqueDerrickavaitverséesdessus.Laura

l’avaitglissésoussaportelejourdel’anniversairedelamortdesamèrel’annéepassée.Unmomentdouloureuxqu’elleavaitétélaseuleàréussiràapaiser,parcessimplesmots.

ÀmesurequeDerrickseremémoraitlessouvenirsgreffésàchacundecesboutsdepapier,sonsourires’élargit.Mêmelorsqu’ilsétaientfâchés,Lauratrouvaitlemoyendeluilaisserunmotsursaporte,ungagedepaix.

«MisterRonchon,

Situarrêtesdebouder,

Jetepréparetongâteaupréféré.

Marchéconclu?:D»

Derrickpercutaàcemoment-là.Toutescesannéesoùilsn’avaientfaitquejouerauchatetàlasouris,Lauraetluis’étaientcherchéssansjamaissetrouver.Cesoir,ilenseraitautrement.

Ilselevadesonlit,tenduàl’extrêmemaisdéterminé.

Etqu’est-cequetuvasluidire,hein?

«Désolé»,souffla-t-il.

IlsortitsurlepalieretsedirigeaverslachambredeLaura.Derrickétaitdeboutdevantsaportedepuisaumoinscinqbonnesminutes,àréfléchir…

Qu’est-cequetuficheslà?Tut’attendsàquoi?

…quandcelle-cis’ouvritdevantlui.

«Der ’,qu’est-ce…?»demandaLaura.

LafindesaphrasemourutsurseslèvreslorsqueDerrickyapposalessiennes.

«Pardonne-moi»,murmura-t-ilcontrelabouchedeLauraavantdelaposséderànouveau.

LejeunehommesentitlesmainsdeLauraseposersursontorsejusteavantqu’ellenelerepousse.

«Non,Derrick,lâcha-t-elle,essoufflée.

—Lau’…

—J’aiditnon!Tucroisqu’iltesuffitdedébarquercommeçaetde…»

Lauran’eutpasletempsdefinirsaphrasequeDerrickavaitcombléladistancequ’elleavaitinstauréeentreeux,encerclantsonvisageentresesmains.Ilsepenchaverselleetl’embrassaencore.LejeunehommesentitlarésistancedeLaurafaibliralorsqu’unlégergémissementluiéchappait.Laseconded’après,elleluimordaitlalèvreinférieure,leforçantàreculer.

«Aïe!grinça-t-ilenpassantundoigtsursalèvre.

—Çat’apprendra,nigaud!

—Smiley,tenta-t-ilentendantunemainversLaura.

—Non,Derrick!dit-elleenreculantdequelquespas.Est-cequetuterendsseulementcomptedecequetum’asfaitcesoir?Tum’asfaitmal!

—Jesais»,avoua-t-il,penaud.

IlsepassaunemainsurlanuquetandisqueLaurasoupiraitfaceàlui.

«Pourquoim’as-tuembrassée?»

LejeunehommeplongeasonregarddansceluideLaura,muet.Ilnepouvaitriendire,paslaveilledesondépart.Àquoiçalesmènerait?

Àrien.

«Réponds-moi!insistaLaura.

—Parceque…bégayaDerrick,parcequej’enavaisenvie,parcequej’enavaisbesoin.Tut’envasdemainetje…jen’aipassupportédetevoirdanseraveccetteespècedechimpanzésurpattes.Jevoulais…,souffla-t-ilenserrantlespoings.

—Quoi,Der ’?Quoi?

—Jevoulaisquecesoir,cesoitjustetoietmoi,murmura-t-il.Juste…nous.

—Der ’…ditLauraens’approchantavantdeposersamainsurlajouedujeunehomme.Pourquoitunem’asriendit?

Derricksecoualatête,impuissantfaceàlafadeurdesseulsmotsqu’ilauraitputrouverpourparleràLaura.

—Onparlera,demain.Cettenuit,laisse-moijuste…»

T’aimer…

Sesmotsmoururentsurseslèvres.IlenlaçaLauraetl’embrassaànouveau.

Elleseblottitcontrelui,nerésistantplus,etpressasoncorpscontrelesien.Instantanément,

Derricksedétenditetsemitàcaresserledosdelajeunefemme.Cettedernièreposasesmainssursanuque,lesnichantprogressivementdanssachevelure.Qu’ilaimaitsentircettecaresse…

Jenem’enlasseraijamais…songea-t-ilalorsqu’illaissaitsesmainsdériversurlehautdesfessesdeLauraavantdelesdescendresursescuissespoursouleverlajeunefemme.Docile,elleencerclasesjambesautourdesatailleetilsapprofondirentdeconcertleurbaiserquisefitplusexigeant,plusimpatient,leurslanguess’enroulantl’uneautourdel’autreavecgourmandise.

DerricklesemmenatousdeuxverslelitetyallongeaLaura,sansjamaislaisserleurslèvresseséparer.Ilavaittellementfaimd’ellequ’ilenavaitmal.

Jedoisrêver.

Sonsoufflechaud,sucré,qu’elleexhalaitaucœurmêmedesaboucheàmesurequesessoupirsdeplaisirs’amplifiaient,lerendaitfou.LorsqueDerricksepositionnaau-dessusdeLaura,iltrouvanaturellementsaplaceaucontactducorpsdelajeunefemmequisemblaitvouloirsefondredanslesien.Sescourbess’attardaientsurcellesdujeunehommedansunedélicieusefriction,uniquemententravéeparleursvêtements.Lauraportaituntee-shirtXXL,rose,pourtoutechemisedenuit.Ilnefallutpaslongtempsaujeunehommepourleluiôter,cequinemanquapasdeluicouperlesoufflequandilseretrouvafaceàlapoitrinenue,rebondie,deLaura.C’est,fiévreux,queDerricks’emparaànouveaudeslèvresrougesdelajeunefemme.

Délicieux…

D’unemain,ilfrôlaitlahanchedeLaurajusqu’àredescendresursacuisse;del’autre,ilcaressaitsonsein,entitillantletéton,petitbourgeondechairtenduverslui.Lajeunefemmequantàelle,traçaitduboutdesesdoigtsdeslignesimaginairessurletorsedeDerrick,danssondos,passantetrepassantsesmainssurchaqueparcelledesoncorpsdur,letendantencoreplusdedésir.Puisilsentitcesmêmesmainsdescendreplusbasencore,jusqu’àsouleverl’élastiquedesonpantalondejogging,passerendessousets’établirsursesfesses,fermesetmusclées.LesonglesdeLauras’yfichèrent,accroissantencoreunpeupluslesentimentdevoluptéquis’étaitemparédelui.

SabouchequittacelledeLaurapourallerbutinersapeau,soncou,toutd’abord,puis,suivantlalignedesondécolleté,sesseins,sonventre,sonnombril…Derricksavaitqu’iln’auraitjamaisassezd’unenuitpourgoûtertoutecettepeau,sidouce,sitendre,qu’elleexposaitàsesyeux.Ungrondementsourds’échappadesagorgealorsqu’ilôtaitlapetiteculottenoiredelajeunefemme,lafaisantglisseraveclenteurlelongdesesjambes.Lorsqu’ilrelevalatête,elleétaitlà,offerte,sibelledanssanudité.

Magnifique.

Ill’embrassaencore,tendrement,prenantsontempspoursavourercegoûtdebonbonsucréquil’excitait.Puis,ancrantsonregarddansceluidelajeunefemme,ilplaçasesmainssoussescuisses,lesécartaetentrepritdelamenerverslajouissance.Frissonnantdeplaisir,DerrickglissasesmainssurlesnymphesdeLaura,luisoutirantdesgémissementsquilefirentfrémiràsontour.

Lentement,Derrickintroduisitsesdoigtsenelle,leurimpulsantdesmouvementsdevaetvient

auxquelsLauraréponditencambrantunpeupluslesreins.Alorsquedesonpouceilcaressaitleboutonaucœurdesesplaisirs,deseslèvres,ilexploraitsapeautoutautour,lisse,suave,ets’imprégnaitdel’odeurdesondésirpourlui.Enfin,Lauraatteignitl’orgasmedansuncrilibérateurquilalaissaalanguie.

Derrickremontalelongducorpstremblantdelajeunefemme,couvertdesueur,léchant,suçant,cettepeaudepêchequ’ilauraitaimécontempler,effleurer,pendantdesheures,jusqu’àtrouverlabouchedeLaura.Sonbaisersefitdoux,langoureux,tandisqu’ilappréciaitladoucemusiquedesbattementsdecœurdeLauracontresapoitrine.Derrickfrôladudosdesamainlajouedelajeunefemmeavantdesereculerpourplongersesyeuxdanslessiens.

Chapitre18

Net’envapas

*Laura*

Sesyeux…

Lauras’yplongeaitsansréserve,capturantchacunedesétincellesquis’yallumaient.

Unpurmomentdebonheur.

Ellesavaitqu’ilspouvaientsepasserdemotstouslesdeux.Cesderniersétaientsuperflus.Leurhistoiren’avaitpasbesoinqu’onluicolleuneétiquette.Pourtant,LaurasouhaitaitplusquetoutentendreDerrickluimurmurercesparoles…«Jet’aime».

Sespenséess’envolèrentlorsqu’ellesentitlapulpedupoucedujeunehommeeffleurerseslèvres.Cesimplefrôlementétaitd’unérotismeàcouperlesouffle.ElledemeuraimmobilesouslepoidsdeDerrick,uninstant,profitantdelasensationqu’illuifaisaitdécouvrir.Puis,alorsqueseslèvressemblaients’embraser,ellelesentrouvritlégèrement.Etsalangue,joueuseetdélicate,s’enroulalangoureusementautourdudoigtdeDerrick.Ilenprofitapourserapprocherd’elle,plusprèsencore,jusqu’àcequ’ilsoitimpossiblededissocierleurscorps.Doucement,DerrickinterrompitleurjeupourembrasserLaura.Tendre,cebaiserétaituneaccalmieentrelesflammesquilesconsumaienttouslesdeux.LajeunefemmeseperditdanslesbrasdeDerrick,enfonçantplusprofondémentencoresesmainsdanslescheveuxdujeunehomme,l’exhortantànejamaisromprelecontactentreeux.Illuioffraitcettenuittoutcequ’elleavaitimaginé…oupresque.

Leursbouchesseséparèrent,leslaissanthaletant,lesyeuxbrillantsdedésir,leslèvresgonfléesdeplaisir.Derrickdardaunregard,grave,brûlant,surelle.

Lepointdenon-retour.

Illuilaissaitlapossibilitédereculer,dedirestop.MaisLauraavaitrêvédecetinstanttropsouvent

poursedéfiler.ElleposasamainsurlajouedeDerricketfitcourirsesdoigts,légers,sursamâchoire,avantdehocherlatête.Lauralevoulait,lui.

Derrickdéposaunbaisersursonfront,puissatêtevintsenicheraucreuxducoudelajeunefemme,qu’ilneputs’empêcherdemordrelégèrementlorsqu’ilfonditenelle.IlétouffaitainsisonlongrâletandisqueLauralaissaitsesgémissementsenvahirlapièce.Leursdeuxcorpsfusionnèrent,couvertsdesueur,s’entrelaçantendesmouvementsaudacieuxquilesmenèrentrapidementsurlescimesd’unplaisirpartagéetlongtempsconvoité.Quandilsexhalèrentdeconcertleursdernierssoupirs,comblés,Derrickroulasurlecôté,entraînantLauraaveclui.Lajeunefemmevintseblottirsursontorseavantqu’ilnelesrecouvredelacouverture.Ilssescrutèrentl’unl’autredanslapénombre,cherchantdansleursregardsrespectifslesparolesqu’ilsn’avaientpaséchangées.Puisilsfinirentpars’endormir,tendrementenlacés.

Lauras’étaitéveilléequelquesheuresplustard.Derricklatenaittoujoursentresesbras,unemainpossessivesurseshanchesetunairsereinsurlevisage.Lajeunefemmeneputs’empêcherdel’admirerensouriant.Elleeffleuraduboutdesdoigtssesmèchesrebelles,sespommettes,samâchoire…Lauraselaissagagnerparlesfrissonsqueluiprocuraientcessimplescontactsinnocentsetpassasonindexsurleslèvresdujeunehommedontellesentaitencorel’empreintesursoncorps.Absorbéeparlessensationsquiseréveillaientenelle,LauranevitpaslesyeuxbleusdeDerricklafixersousleurspaupières.Ellefrémitlorsqu’ellelescroisaetsentitl’étreintedujeunehommesefaireplusprononcée,l’amenantencoreplusprèsdeluitandisquesonsoufflechaudseperdaitdanssescheveux.

«Bébé,tudevraisdormir,tonvol…

—Non,lecoupa-t-elle.Jeveuxprofiterdecettenuitetdecequ’ellenousoffre.Laisse-moiêtreavectoi,c’esttoutcequejetedemande.

—Smiley»,murmuraDerrick,approchantsonvisagedeceluideLauraavantdel’embrasser.

Ilsrepoussèrentainsil’échéancetoutelanuitetunebonnepartiedujour,refusantdeseséparer.Cetinterludeseraittoujourstropcourtpourconsumerlapassionquilesanimaitdepuissilongtempsetqu’ilslaissaientenfins’exprimer,maisilscomptaientenprofiter.Avantqu’ilnesoittroptard…

Laurafutréveilléeensursautparlasonnerieduréveilquiretentitaumilieudel’après-midi.Elleseredressaetsentittoutdesuitequequelquechosen’allaitpas.LesdrapstièdesluiindiquèrentqueDerrickn’étaitplusàsescôtés.

Laurasortitdulitàtâtons,s’habillad’unpeignoiretdescenditaurez-de-chaussée.Lamaisonsemblaitaffreusementcalme.Lesilencequil’entouraitétaitdeplomb.Personnedanslesalon.Personnedanslacuisine.Lajeunefemmecommençaitàsentirlapressiondunœudseformantaufonddesagorgeàmesurequel’idéequeDerrickaitpupartirsansluidireaurevoirgermaitdanssonesprit.

«Tuesridicule»,s’admonesta-t-elle.

LaurasavaitqueDerrickn’auraitpasagidelasorte.

«Pasavecmoi!»

Ellefitdoncmarchearrièreetrejoignitlepremierétage.Lauras’arrêtadevantlachambredeDerrick.Soucieuse,elletentaitdecomprendrepourquoiiln’étaitpasrestéauprèsd’elle,pourquoiill’avaitprivéedel’étreintedesesbras.

Tunelesauraspassituneleluidemandespas!

Laurainspira,passarapidementlesmainsdanssescheveuxboucléspourlesrecoiffer,avantdefrapperàlaporte.

Ouvre-moi...

Aucuneréponse.Pourtant,elleétaitsûred’avoirentendudubruitprovenantdel’intérieur.Elleréitérasescoups.

«Derrick,ouvre,s’ilteplaît.»

Lauraperçutlegrincementcaractéristiqueduplancher.Ilétaitlà,plusaucundoutelà-dessus.

Alorspourquoinemelaisse-t-ilpasentrer?

Impuissante,elleposasamainàplatcontreleboisdelaporte,s’attendantpeut-êtreàressentirlachaleurd’unepaumesesuperposantàlasiennedel’autrecôté...

«Commetuveux»,soupira-t-elle,l’âmeenpeine,avantdefairelesquelquespaslaséparantdelachambrevoisine,sachambre.

Tandisqu’ellerefermaitlaportedesonantrederrièreelle,LauranevitpascelledeDerricks’ouvrir...

Quelquesheuresplustard…

Lauraavaitpleurésourdementl’incompréhensionetlasolitudequilatenaillaient,tropinsoutenablespouréchapperàceslarmesamères.Lesheuresquisuivirent,ellelespassacommeunautomate,enferméedanssachambre.Laurapréparasavalise,vérifiaàmaintesreprisesqu’ellen’avaitrienoubliépuis,unefoisprête,s’assitsurleborddesonlit.Illuirestaitunobjetàempaqueterpourledépartetqu’elleavaittoutparticulièrementtenuàemporteravecelle.Unsouvenirquelajeunefemmeavaitdissimulésoussonmatelas,àl’abridesregardsindiscrets.Chaquesoirdepuisplusdemoisqu’ellenepouvaitencompter,Lauralesortaitdesacachettepourlecontempleruninstantavantdes’endormir.Sonrituel.

«Pathétique»,souffla-t-elleàsonencontreenprenantl’objetdudélitentresesmains.

Malgréladouleurdelefixerainsi,unlégersourireflottainstantanémentsurseslèvres.Lauran’arrivaitpasàs’enempêcher.Impossiblederaisonnersoncœurquinebattaitplusquepourcethommedontl’imagesouriantesetenaitàcôtéd’ellesurlepapierglacéducadrephotoinstalléaucreuxdesespaumes.LaurapassaleboutdesonindexsurlasilhouettedeDerricketsentitunelarmerebellevenirs’écrasersurleverre.Ellequin’avaitpasenvisagéuneseulesecondeauparavantdequitterlepayssanscettephotod’euxdeuxpriseparJuliette,sansceseullien«physique»aveclui!Ellecontemplaitleursreflets,luietsescheveuxbleus,elleetsescheveuxverts,l’undesesplusbeauxsouvenirs.Àprésent,Lauranesavaitplusvraimentsielledevaitl’emporteroulelaisserderrièreelle.Derrickl’avaitblessée,ànouveau,ets’étaitmurédansunsilenceetuneabsencequiluifaisaientmal.

Simal…

Aprèsunlongsoupir,Lauraserésignaetremitlecadreenplace.

«Adieu»,murmura-t-elleunedernièrefoisenlaissantsamainfrôlerlesourirequeluirenvoyaitDerrick.

Unsourirequ’elledoutaitdejamaisrevoiràprésent.

«Qu’est-cequiapudéraperàsonréveilcematinpourqu’ilagisseainsi?»

Lauran’eutpasletempsdetergiverserplusavantcarellefutinterrompueparlasonnettedel’entrée.Laportes’ouvritetelleentenditlavoixdeKrisrésonner.

«Lau’,criacettedernière,ramènetafraiseiciquejepuissemouchermeslarmesdedésespoirsurtontee-shirt!

—J’arrive!»réponditaussitôtLaurasurlemêmeton.

Ellecourutjusqu’aurez-de-chausséeetsejetadanslesbrasdesameilleureamie,nichantsonvisageaucreuxdesoncou.Ainsi,ellelaissalibrecoursàsessanglots.

«Hey,mabelle,calme-toi,luienjoignitKrisencaressantsondos.Tuneparsquedeuxmois,j’ysurvivrai.»

Maismoi?sedemandaLaura.

Justeàcetinstant,Derrick,l’airsombre,entradanslapièce.Leursregardssescellèrentinstantanément.Celuidujeunehommeétaitnoir,intense,implacable,alorsqueceluideLaura,perdue,l’implorait.

Etmoi?Survivrai-jedeuxmoissanslui?

Deuxheuresplustard…

Toussesamisétaientvenusluidireunultimeaurevoiravantsondépart.Lauraétaitsurleperron,embrassantKris.

«Mapuce,prendssoindetoietprofitedetonvoyage.Etappelle-moitouslesjours,ok?

—Ok.Merci.

—Derien,réponditKrisenl’étreignantunedernièrefois.Allez,onsevoitdansdeuxmois!»

Derricklesinterrompitrudement.

«C’estl’heure.Onyva,Smiley.»

Lajeunefemmeacquiesça,tendueàl’idéededevoirpasserlesprochainesquarante-cinqminutesdanslamêmevoiturequecethommesemblants’êtretransforméenMrHyde.

«Qu’est-cequiluiprend?demandaKrisalorsquelejeunehommeleurtournaitledos.

—Ça,j’aimeraisbienlesavoir,soupiraLaura.Jenelecomprendsplus.

—Ils’estpasséquelquechose?

—Àpartlefaitqu’onafaitl’amourcettenuitetquemaintenantilm’ignore?Rien»,lâchaLauraenhaussantlesépaules.

Krisneréponditpas.SonvisagepassaitdeDerrickàLaura,lasurpriseetlechocancréssursestraits.

«LaTerreappelleKris.

—Merde,sij’avaiscruqueçaarriveraitunjour…

—Etpourtant,c’estarrivé.

—L’enfoiré!Jevaisluibotterlesfessesdecepas,tupeuxmecroire.

—Non,Kris.S’ilveutfairecommes’ilnes’étaitrienpassé,laisse-le.Aprèstout,c’estsonchoix.

—Mais,ettoiLau’?s’inquiéta-t-elle.

—Moi?commençaLauraendétournantleregardverslavoitureoùl’attendaitDerrick.Jeferaicommelui,jetournerailapage.Mêmesiçametue.

—Jesuistellementdésolée.

—Nelesoispas.J’avaispeut-êtrebesoindeçapourouvrirlesyeux.Iln’estpeut-êtrepasfaitpourmoifinalement»,conclutLaura.

AprèsunedernièreembrassadeavecKrisetquelquesmotsderéconfort,ellerejoignitDerrick.Lesilenceétaitdeplombdansl’habitacle.Etnil’unnil’autrenesemblaitvouloirlebriser,préférantlaisserlesmouchesvolerentreeuxetsechargerdufondsonore.Lauraétaitblesséeparl’attitudesoudaindistantedeDerrickmaisellesavaitqu’ilsebraqueraitsielletentaitquoiquecesoit.Lajeunefemmeserésolutdoncàressasserdanssoncoinsesmornespenséesenattendantdequitterlepays.Furtivement,elleobservaDerrick.Ilavaitl’airfatigué,sestraitstirésetsescheveuxenbatailleconfirmaientsonintuition.Ilétaitcrispé,sesjointuresdevenuespresqueblanchessurlevolantentémoignaient.

Ilseretient.

Lauraavaitl’impressiond’êtrefaceàunebombesurlepointd’exploser.Derrickvoulaitdireoufairequelquechosemaisluttaitcontre.Pourquoi?Lecœurmeurtripartantd’indifférence,lajeunefemmedécidaqu’ilétaittempspourelledebaisserlesbras.Elleavaitessayéets’étaitbrûlélesailes…

L’arrivéeàl’aéroportsefitavectoutautantdefroideur.DerricketLauran’échangèrentpasunseulmotalorsqu’ilsavançaientcôteàcôtedanslesentraillesdubâtiment.Abattue,lajeunefemmesefermaitdeplusenplusàmesurequel’heuredesondépartapprochait.Leplusdurpourellefutlemomentoùsonbagagefutenregistréetqu’ellen’eutplusqu’àserendredanslasalled’embarquement.Letempsdesadieux.

Plantésl’unfaceàl’autre,touslesdeuxseregardaientsansriendire.Nesachantpluscommentagir,LauradécidadevoleràDerrickunedernièreétreinte.Sielledevaitvraimentl’oublieraprèsça,ellevoulaitlesentirunedernièrefoiscontreelle.Elleneluilaissapasletempsderéagiravantdesejeterdanssesbrasetd’encerclersataille.Derrickluirenditsonétreintesanspourautantromprelaglacequis’étaitdresséeentreeux.Sentantleslarmesluimonterauxyeux,Lauradécidaqu’ilétaittempsdemettrefinàsonsupplice.

Prenantsurelle,lajeunefemmesedétachadeDerricketluidédiacesderniersmots:

«Aurevoir,Derrick.»

Làencore,ilrestasilencieux.Cetaurevoiravaitungoûtd’adieupourLaura.Maisellen’arrivaitpasàimaginerqu’illalaissepartircommeça,sansréagir.Cetteécorchurelafaisaitsouffrir.Là,aumilieudecettefouleanonyme,ellesesentaitplusseulequejamais.L’impressionqu’onvenaitdeluiarracherlecœuràmainsnues.ElleregardaDerrickseretournerets’enaller,tirantuntraitsureux.

Pourquoisuis-jetombéeamoureusedelui?

Parcequec’estlui,justement.

Oui,çaavaittoujoursétélui.Jusqu’àaujourd’hui…

Chapitre19

Onseretrouvera

*Derrick*

Ils’étaitdétournéd’elle,rapidement,marchantcommeunautomatejusqu’àlasortiedel’aéroport.Là,surleparvis,Derrickreprenaitsonsouffle,lagorgeserrée.

Tut’esenfui.

Underniercontactet,mutique,ils’étaitécartédeLaura,laseulefemmequ’ilauraitvoulugarderdanssesbrasindéfiniment.Encoreunefois,Derrickavaitreculédevantl’évidence,semurantderrièreunmurdefauxsemblantsquinetrompaitplusquelui.

Tripleidiot!setança-t-il.

Illalaissaits’échapper,àdesmilliersdekilomètresdelui,aprèslanuitqu’ilsavaientpasséeensemble.Figéaucœurduflottumultueuxdesvoyageurspassantetrepassantàsescôtés,Derrickavaitleregardperdudanslevague,seremémorantcettenuit.Unsoupirrésignés’échappadeseslèvres,elleseraitune,ellenesereproduiraitplusjamais.Rienqu’àcetteidée,soncœursepétrifia.Ilsentitsapoitrineenserréedansunétaudouloureuxquicomprimaitsonorganevital.

Plusjamais…

Cetteconstatationl’affligea.Lamorsuredelaréalitéqu’elleimpliquaits’imprimaitdanssonesprit,commemarquéeauferrouge.

Jerefuse!

Relevantsoudainlatête,Derricksedécida.Iln’étaitpastroptard,ilpouvaitencorelarattraperet

luidiretoutcequ’iln’avaitpaspuavouercettenuit.IlfallaitqueLaurasacheavantdemettreunpieddanscetaviondemalheurquiallaitlaséparerdelui.Tantpispourlesconséquences.Cesserdesecacher,affrontercettepeurviscéralequinelequittaitplusdepuislamortdesamère,celledesouffrirencore.Derricknelesupporteraitpas.

C’estcourantaumilieudesterminauxquelejeunehommetentaderejoindrelaported’embarquementdeLaura.

Plusvite,s’encourageait-il.

S’ilarrivaittroptardetqu’elleétaitdéjàmontéedanscetavion,alors…Non,ilnedevaitpasypenser,pasencore.Accélérantsafoulée,Derrickdépassalesfilesdepassagersattendantd’êtreenregistrés,vitdéfilerderrièrelesvitreslesavionsserendantlentementsurletarmacavantdes’arrêterdevantlespanneauxindiquantlesvolsenpartance.IlneluifallutquequelquessecondespourrepérerlalignecorrespondantàceluideLauraetsedirigerdanslabonnedirection.Plusilforçaitl’allure,plussoncœurbattaitfortdanssapoitrine.Étrangement,alorsqu’iltraversaitcetaéroportencourant,sansunregardpourceuxquiledévisageaientàsonpassage,Derrickperçutunlentsourireétirerseslèvres.Ilétaitprêtàselancer,àsejeterdanslesflammessanschercheràleséteindrepourunefois.Serein,ilsesentitd’uncoupplusléger,commesileventl’aidaitàatteindresonbutencoreplusrapidement.Etsoudain,Lauraétaitlà,prèsduportiquedesécuritéqu’elles’apprêtaitàfranchir.Derrickpoussasursesjambes,stoppaàquelquesmètresdelàetcria,lespoumonsenfeu.

«Smiley!»

Siellepasseleportique,c’estmort.

Lajeunefemmesefigea,pensantsansdouteêtrevictimed’unehallucination.Malgréladistance,Derrickvitsessourcilssefroncerlorsqu’elleleremarquaetqu’elletournalatêteverslui.L’agentdesécurités’adressaàellemaisLauraneluiréponditpas,sonregardancrédansceluideDerrick.Cedernierdemeuraitplantéaumilieudelasalled’embarquement,commestatufié.Ilattendaitquelajeunefemmefasselepremierpas,incapabled’allerplusloin.SesyeuxnequittèrentpasuninstantceuxdeLauraquicommença,lentement,àremonterlafiledespassagersattendantderrièreelleafindelerejoindre.Arrivéeauboutdecelle-ci,àseulementdeuxmètresdeDerrick,elles’immobilisa,elleaussi.Ilsrestèrentainsi,delonguessecondes,interrogeantl’autreduregard.LejeunehommevoyaitlaperplexitééclairerlesprunellesdeLaura.Alors,doucement,illaissaunsourires’installersurseslèvres,àsonuniqueattention.IlperçutlesépaulesdeLauraserelâcher,satensions’envoleret,enunefractiondeseconde,elleréponditàsontouràsonsourire.

Lumineuse.

Derrickouvritsesbras,l’invitantd’unmouvementdetêteàvenirs’ynicher.Lauran’hésitapasetc’estencourantàsontourqu’elles’yjeta.Illasoulevadeterre,lajeunefemmevenantenroulersesjambesautourdesataille.ElleencerclasonvisagedesesdeuxmainstandisquecellesdeDerrickentouraientsondosavecforceettendresse.SeplongerdansleregarddeLaura,c’étaitbaignerdansunemerd’étoiles.Ilenétaittroubléàchaquefois,encoreplus,icietmaintenant.ParcequeDerrick

savaitquecesétoilesluiétaientdestinéesàlui,etàluiseul.

Maintenantoujamais.

«J’aioubliédetedirequelquechose,commença-t-ilenposantsonfrontsurceluideLaura.

—Quoi?interrogealajeunefemme.

—Jet’aime»,souffla-t-ilavantdel’embrasser.

Ilneluilaissapasletempsderépondre,s’emparantdeseslèvres,angoisséàl’idéequ’ellepuisselerepousser.DerricksavouraitlegoûtdeLaurasursalangue,s’enhardissantàmesurequelajeunefemmesedétendaittoutcontrelui.Sonbaiser,impérieuxetexigeant,marquaitsonterritoire.

Lorsqueleursbouchessedescellèrent,DerrickfutéblouiparlesouriredeLaura.Ilpassasonpoucesurlajouedelajeunefemmeoùglissaitunelarmeorpheline.

«Jet’aime.»

Ilauraitpus’effondrersurplacetantl’ondedebonheurquiletraversaenentendantcesmotsétaitintense.Lauranelelaissapasrepartirdanssespensées,prenantpossessionàsontourdeslèvresdeDerrick.Sonbaisersefitdoux,affectueux,délicieusementlent.Ellelecaressait,telleuneplumesoyeuse,butinaitseslèvresourlées,sidouces.Laurasavouraitcetinstantqu’ellevoulaitgraverdanssamémoire.Elleprenaitsontempspourexplorerlabouchedesoncompagnon,refusantdedélierleurslèvres,leurslangues,quis’entremêlaientavecunetendresseinfinie.

«Etmaintenant?demandalajeunefemmeunefoisqu’ilseurentrompuleurbaiser.

—Tupars.

—Ettoi?

—Jet’attends»,déclaraDerrick.

Illafitglisserlentementlelongdesoncorpsafinqu’elleposepiedàterre,prolongeantainsicecontactquil’électrisaitjusquedanssachair,avantdeluiprendrelamainetd’entrelacerleursdoigts.Cefutlebruitdeshaut-parleursannonçantleprochaindépartduvoldeLauraquimituntermeàlamagiedumomentetlesfitprendreconsciencedel’imminencedelaséparation.Derrickl’accompagnaetnelaquittapasavantlatoutedernièreseconde.Ill’embrassauneultimefoisavantdelalaisserdisparaîtredel’autrecôtédesbarrières.Lejeunehommelasuivitduregardjusqu’àcequ’iln’arriveplusàdistinguersasilhouettederrièrelesvitres.Ils’enretournaverslasortiedel’aéroport,lecœuràlafoislourddesesentirsivideaprèsledépartdeLauraetléger,desavoirqu’ilavaitenfinputrouverlecouragedeluiavouersessentiments.

Aumilieudelafoule,lerired’unbébés’élevaetDerricksentitsonportablevibrerdanslapochedesonjean.Ill’enextirpaenquatrièmevitesseafindelirelemessagedeLaura.

Tumemanquesdéjà.

«Toiaussi»,luirépondit-ilaussitôt.

Oui,ilsvenaientàpeinedesetrouverqu’ilsdevaientdéjàsedireaurevoir,maisDerrickétaitrassérénécarcen’étaitquetemporaire.Dansdeuxmois,Laurareviendraitàsescôtésetalorscommenceraitleurvie…àdeux.

Tandisqu’ilrejoignaitleparkingoùétaitgaréesavoiture,Derrickenvoyaplusieurstextosàsesamisetcollègues,leurdonnantrendez-vousàlamaisonlesoirmême.Uneidéeavaitgermédanssonespritsurlechemin.Uneidéequiallaittoutchanger…

QuandDerrickarrivachezlui,plusieursd’entreeuxétaientdéjàlà.Illesfitentreravantdes’éclipserquelquesinstantsdanssachambre.Lejeunehommeredescenditensuiteausalonoùsesamiss’étaientinstallésenl’attendant.

«Lesgars,commença-t-ilavantd’êtreinterrompuparJuliettequiseraclaitlagorge.

—Hum,hum,sefit-elleentendre.

—Etlafille,repritDerrickenluisouriant.

—C’estmieuxmonpetit,c’estmieux!rit-elle.

—J’aibesoindevotreaide.

—Pourquoifaire?demandèrent-ilsenchœur.

—Pourça!affirmathéâtralementDerrickendéposantaucentredelapièceuncarton.

—Qu’est-cequec’est?interrogeasoncollègue,Benji.

—Regarde»,invitaDerrick.

Tousselevèrentpourexaminerlecontenudelaboîte.

«Oh,s’exclamaJulietteenrelevantleregardversDerrick,unimmensesourireilluminantsonvisage.

—Tuluiasdit,c’estça?questionnaLucas.

—Oui»,réponditDerrick.

Etlà,cefutledrame.Derrickétaitsûrd’avoirperduquelquesdécibelstantlecrideJuliettequisuivitsaréponsefutstrident.Ilétaitmêmequasicertaind’avoirvulesvitrestrembleralorsquesesamisplaquaientleursmainssurleursoreilles.Luin’eutpasl’occasiond’enfaireautantpuisquelajeunefemmesejetadanssesbrasavantdel’embrassersurlajoue.

«Ilétaittemps,luisouffla-t-elleaucreuxdel’oreilleavantdelelibérerdesonétreintepourseglisserdanscelledesonmari.

—Mec,çanemedittoujourspascequec’est,s’exclamaBenji.

—Despost-it,luiindiquaJB.

—Ouais,ça,j’aivu,merci!Maisjepigepaspourquoionestgenre,huit,àlesmatercommeça.

—Ilssontspéciaux,réponditJulietteenluisouriant.T’aspasidée.

—Hein?

—Benji,cespost-it,cesontceuxqueLauraadéposéssurmaportecesquatredernièresannées.

—Waouh!lâchaBenji.Bart’mentaitpasquandilnousaditquet’étaistotalementaccro.

—Iladitça?s’enquitDerrick,amusé.

—Ouais,confirmaJB.Enmêmetemps,avoue,çasevoyaitcommelenezaumilieudelafigure.Onavaitmêmeprisdesparissurlemomentoùtutedécideraisenfinàluiavouertessentiments.

—Vraiment?lançaDerrick,joueur,alorsqueBenjidonnaitdescoupsdecoudeàJBquines’étaittoujourspasrenducomptedecequ’ilvenaitdesortir.

—Ouais…j’aiperdujecrois.

—Dommage,raillaDerrick,résistantdifficilementaufourirequis’installaitdanssagorge.

—Pasgrave.Onvapariersurladatedetademandeenmariagemaintenant,pasvraiBenji’?insistaJBtandisquesoncollèguesecouaitfrénétiquementlatêtepourlefairetaire.

—Onn’aqu’àfaireça,confirmaDerrickenrianttandisqueBenji’sepinçaitl’arêtedunezd’unairabattu.

—C’estpasdemainlaveille!»lançaLucas,hilare.

Derrickrestasilencieux,observantsesamis,leursamis,rirentautourdelui.Cesoir,ilétaitheureux,toutsimplement.Ilsut,àcemoment-là,qu’ilavaitprislabonnedécision.

Deuxmoisplustard…

«C’estpasaujourd’huiqueLaurarevient?luidemandaMatt’.

—Si.

—Impatient?interrogeaBart’.

—Carrément!

—Tuvaslachercheràl’aéroport?s’enquitBenji.

—Non,c’estKrisquiyva.Jel’attendsàlamaison.

—Stressé?

—Ouais.»

Derrickfixasamontre,trouvantd’unseulcoupqueletempsnetournaitpasassezviteàsongoût.

Encoreuneheureàattendre.

Lapatiencen’avaitjamaisétésonfortmais,cesdeuxderniersmois,elleavaitétémiseàl’épreuvedefaçonexponentielle.Lestextos,lesmailsetlesconversationsparwebcaminterposéestouslesjoursl’avaientaidéàtenir.Impossiblepourluides’endormirsansavoirreçuunmessagedeLaura.

Pathétique.

Non,toutsimplementamoureux.CettesensationdemanquequeledépartdeLauraavaitcrééenluiavaitétécommeunélectrochocpourDerrick.Elles’amplifiaitunpeupluschaquejour.Malgréleurséchanges,leursdiscussionsinterminables,ilsentaitlevidequelajeunefemmeavaitlaisséenpartantprendreunpeuplusdeplaceenluiàchaquenouveausouffle,àchaquenouveaubattementdecœur.Derrickressentaitàmêmesapeaucetétatdecarence.Ilavaitfroid,mêmeaucœurdesflammes.

«Tusais,vieux,c’estpasparcequetularegardescommeçaquetamontrevafaireavancerl’heureplusvite,badinaJB.

—Jesais,consentitDerrick,c’estjusteque…

—…çafaitdeuxmoisquetun’aspasvutafemme»,conclutBart’.

Mafemme…serépétaDerrick.Çasonnebien,constata-t-il.Trèsbienmême!

«Allez,décampe,ordonnaMatt’enpoussantDerrickverslasortie.

—Tadulcinéedoitêtreimpatientedetevoirelleaussi,renchéritJB.

—Onsedemandebienpourquoi»,gloussaBenji’alorsqueDerrickquittaitlesvestiaires,souriantenentendantleséclatsderiredesescollègues.

Lejeunehommequittalacaserne,montadanssavoitureetsedirigeaverslamaison.Àlafoisexcitéetanxieux,iln’avaitplusqu’uneenvieàprésent,revoirlafemmequ’ilaimaitetlatenirdans

sesbras.

Toujours.

Chapitre20

PS:Iloveyou

*Laura*

«C’estpasvrai!»fulminaLaura.

Elleavaitpresquecouruendescendantdel’appareilpourrejoindrelepointderetraitdesbagages.Etvoilàmaintenantqu’onluiannonçaitsurl’écranencoreaumoinsdixminutesd’attente.Inhumain!

«J’enpeuxplus»,souffla-t-elle.

Deuxmoiss’étaientécoulés,deuxmoispendantlesquelsellen’avaitpluspenséqu’àuneseuleetuniquechose,revoirDerrick.Lajeunefemmescrutalesvisagesdeceuxquis’étaientagglutinésderrièrelesvitrestransparentesdelasalleoùellesetrouvait.Ellecherchait,envain,àyretrouverceluidel’hommeluiayantditdanscemêmeaéroportqu’ill’attendrait.Anxieuse,Lauraobservalescouplesautourd’ellesefairedessignesdeconnivence,lesfamillesseretrouver,tandisqu’elledemeuraitseuleaumilieudelafoule.

ElleallumasonportableetconsultasesSMS.

Oùes-tu,Der’?

Pasdenouvellesdelui.Laurarelevalatêteetvitletapissemettreenmarche.Impatiente,elleseplaçaprèsdel’ouvertured’arrivéedesvalisespouryrepérerlasienneaussivitequepossible.Deuxminutesplustard,elles’engouffraitsousleportiquedesortiepourrejoindrelehalldel’aéroportoùelleespéraitapercevoirDerrick.Àpeineavait-ellefaitquelquesmètresqu’elleentenditunevoixfamilièrel’appeler.

«Laura!»

ElleseretournaetaperçuKristel,souriante,luifaisantdegrandssignesdesbrasl’invitantàlarejoindre.Lauraneputfeindresasurprise,pasplusquesadéception,devoirsonamieiciàlaplacedeceluiquiluiavaittantmanquépendantcesdeuxmois.

«Kris?

—Benalors,c’estcommeçaquetudisbonjouràtameilleureamie?»luiréponditcettedernièreenlaprenantdanssesbras.

Lauraétaitperdue.Maissurtoutangoissée.Était-ilarrivéquelquechoseàDerrickpourqueKrisvienneàsarencontre?Enyréfléchissantbien,ellen’avaitpaseudenouvellesdeluidepuisqu’elleavaitembarquée…

«OùestDerrick?lança-t-elle,undébutdepaniquedanslavoixqu’elleneputparveniràcacheràsonamie.

—Ducalmemapuce,ilvabien.Ilaétéappeléenurgencepouruneintervention.Ilm’ademandédeprendrelerelaisetdeteconduirechezvousletempsqu’ilt’yrejoigne.Rassure-toi.

—Jen’aimepasquandilestd’interventionlanuit.

—Jesais.Net’inquiètepas,jeluiaifaitpromettredeterevenirenentiercesoiravantderaccrocher.Ok?

—Ok,soufflaLaura.

—Allez,jeveuxvoirunsouriresurtonvisage,alorsjevaistedévoilerunsecret.TonDerrickétaittrèsénervédenepaspouvoirvenirtecherchercesoir.Iln’apascessédelancerdesjuronsbiensalésàl’intentiondel’incendiairequil’empêchaitdevenirteretrouverici,autéléphone.Ettusaisquoi?Cesdeuxderniersmois,iln’afaitqueparlerdetoi.Ilavaithâtedet’accueilliràtadescentedel’avion.Crois-moi,ilestraidedinguedetoi.Riend’autrequesontravailn’auraitpuledétournerdevosretrouvailles.

—Merci,murmuraLauraàsonamieavantdeluiprendrelebras.

—Derien!Allez,sortonsd’ici,jeteramèneàlamaison.»

Surlecheminduretour,LauraracontasonvoyageàKristeldanslesmoindresdétails.Arrivéesàdestination,lesdeuxjeunesfemmesavaientbeaucouprietLaurasesentaitunpeuplusdétendue.

«Tuveuxquejeresteavectoijusqu’àcequ’ilrentre?demandaKristel.

—Non,çavaaller.Jevaisenprofiterpourprendreunbonbainavantsonretour.

—Çaroule!Maisn’hésitepasàm’appeler.

—Promis.

—Bonnenuit,mabelle.

—Àtoiaussietmercidem’avoirraccompagnée.

—Àtonservice!»réponditKrisavantdepartir.

Lauraremontal’alléelamenantàlamaison.Aprèsavoirhissésavaliseenhautdesmarches,elledemeurauninstantenarrêtdevantlaported’entrée.Unpost-itétaitcollédessus.

«Bébé,

Bienvenueàlamaison.

Ouvrelaporteetsuitlespost-it…

Derrick.

PS:jet’aime.»

Surprise,Lauraouvritlaporteetentradanslevestibule.Elledéposasavalisedansuncoinetallumalalumière.Ausol,s’étendaitsoussespiedsunelignedepost-itqu’elles’empressadesuivre,lesourireauxlèvres.

Ilestfou!pensa-t-elleenserendantcomptequeDerrickavaitcollésurleparquetdescentainesdeboutsdepapier,detouteslescouleurs,surlesquelsétaitécrit«Jet’aime»endifférenteslangues.

Quanda-t-iltrouvéletempsdefaireça?

Lapremièresérielafits’arrêterdanslacuisine.Elledécouvritsurleplandetravailuncartonsurlequelétaitaccrochéunnouveaupost-itqu’elles’empressadelire.

«LaboîtedePandore?Non.

Celledemesplusbeauxsouvenirs?Oui.

Ouvre-la.»

Lauraenôtalecouvercleeteutlesoufflecoupélorsqu’elledécouvritàl’intérieurd’autrespost-it,couvertsdesonécriture.

«Illesagardés!»s’exclama-t-elleenempoignantcertainsdespetitspapiersgisantdanslecarton.«Mespost-it…toutcetemps!»

Unelarmeglissasursajoue.JamaisLauran’auraitpuimaginerçadelapartdeDerrick.Non,elleauraitplutôtpenséqu’illesavaittousjetés.Celaendisaitlongsurlui…

Elledécouvritaumilieudespost-ituneenveloppeportantsonprénom.Àl’intérieur,unelettre…

«Jelestousaigardés.Audébut,jenesavaismêmepaspourquoietpuis,j’aicompris.

Jet’aiaiméeavantmêmedetevoir,avecletoutpremiermessagequetum’aslaissé.

Tut’ensouviens?

PS:jet’aime,nem’enveuxpasd’avoirétélongàladétente;)»

«Oui,jem’ensouviens,belinconnu…»sourit-elle.

Ilétaitluiaussidansl’enveloppe,ellelerelutavecémotionavantdecontinueràsuivrelecheminqueDerrickavaitbaliséàsonintention.Aprèsquelquespassupplémentaires,Lauraarrivadanslesalon.Celui-ciavaitététotalementdémeublé,ilnerestaitriend’autrequelesmursnus.Elleallumalalumièreetsefigeadansl’entrée.

«Non!»souffla-t-elle.

Lauraétaitébahie,immobiledevantcequisedévoilaitàsesyeux.

«Iln’apasfaitça!»

Jecroisbienquesi!

Elles’approchadumurdufond,recouvertdecesmêmespost-itqu’ellevenaitdetrouverdanslecarton,disposéssurtoutelasurfacedisponible,autourd’unénormecœurrouge,faitdumêmematériau.Lauraeffleuralemuretconstataqu’ils’agissaitd’unpapierpeint,reproduisantàl’identiquelespetitsmotsqu’elleavaitécritsàDerrick.

«Jerêve.»

Lajeunefemmerelutcertainsdesmotsquis’étalaientdevantelle,lamainrivéeaumur,contenantavecpeineleslarmesquivoulaients’échapperdesesyeux.Jamaisellen’auraitcruDerrickcapabled’avoueraussiouvertementsessentimentsàsonégard.Cettedéclarationmuettevalaittouslesmotsqu’iln’avaitpassuluidireavant.Tous.

«Jet’aimeaussi»,chuchota-t-elle.

Lauraavisauneenveloppesurlesolets’enempara.Unnouveaupetitmots’ytrouvait.

«J’espèrequetuaimeslanouvelledéco:P

Cesontcespost-itquim’ontconduitunpeupluschaquejouràvouloirêtreavectoi.

Aujourd’hui,laisse-lesteguiderversmoi.

Suislechemin…jet’attends.»

«Saufquetun’espaslà,Derrick,soufflaLaura.Reviens-moivite.»

Lajeunefemmesuivitnéanmoinslaroutetracéeparlespost-it.Tousces«Jet’aime»lacomblaientenmêmetempsqu’ilsl’attristaient.ElleauraittellementvouluavoirlacertitudeàcetinstantprécisqueDerrickétaitensécurité,qu’ilnerisquaitrienetqu’elleallaitleretrouver,vite.C’estlecœurincertainqu’ellemontalesescaliersjusqu’aupremierétage.Surlaportedesachambre,unnouveaupetitpapierl’attendait.

«Bébé,

Netefâchepas.

Entonabsence,j’aiprisquelqueslibertéspourréaménagernoschambres.

Jemesuisditqu’àtonretour,nouspourrionsprofiterdenotrenid,rienqu’ànous.

Ouvrelaporte.

PS:j’aiachetélamaisonjusteaprèslemariagedeJulietteetLucas.Jenepouvaispaslalaisseràd’autres.C’estnotremaison.Çal’atoujoursété…»

Notremaison.

Non!Iln’apasfaitça!

Si,jecroisbienqu’ill’afait!

Ilestvraimentfou…

Lauraouvritlaporte,allumalalumièreetpénétradanslapièce.

Notrenid.

Derrickavaitabattulacloisonentreleursdeuxchambrespourneplusenfairequ’une.Surunmur,labibliothèquedesesrêvess’étendait,couvertedelivres.Àl’autreboutdelapièce,undressingimmenseluifaisaitface.Aumilieu,unlitàbaldaquin,commeelleenavaittoujoursvouluun.Derrickavaittoutaménagéavecgoût,mélangeantleursdeuxuniversdansuneharmoniequ’elleauraitcruimpossiblequelquesmoisencoreauparavant.

«Cheznous…»murmuraLauraenlaissantcourirsesdoigtssurlesdrapsdulit.

Lestonsdecouleurs,lestextures,lesmeubles,lesphotosaumur,Derrickavaitpenséaumoindredétailpourqu’ellesesentebiendanscettechambre.

C’estparfait,pensa-t-elleenenlevantseschaussurespourlaisserlaplantedesespiedssentirlamoquettequirecouvraitàprésentlesol.Lauraaperçutl’enveloppesurlacoiffeuseets’ensaisittandisqu’elles’asseyaitfaceaumiroir.

«J’espèrequeçateplaît.

J’aidéjàhâtedepartagercelitavectoietdemeréveilleràtescôtéstouslesjours.

Jet’aime…»

Underniercoupd’œilémerveilléàlapièceetLauraenressortitpourcontinueràsuivrelalignedepost-itquilamenacettefoissurletoit.C’est,souriante,qu’elleouvritlaportemenantàlaterrasseextérieure.

«Waouh!s’exclama-t-elleenvoyantàquelpointlelieuavaitététransformé.C’estmagnifique!»

Lauraavisaleslampions,bougiesetautresluminairesrépartissurtoutelasurfacedulieu,l’illuminantcommemilleétoiles.Elleentenditleurchanson,«Impossible»deJamesArthur,diffuséeparlesenceintesaccrochéesauxpoteauxsoutenantlesdécorationslumineusesautourdutoit.Lajeunefemmesemitàfredonnerlesparolesdelamélodietandisqu’elleavançaitverslecentredelaterrasse,avisantunplaidétalésurlesol,laguitaredeDerrickplacéesurcelui-ci.Àcôtédel’instrument,setrouvaitunenouvelleenveloppe…etunpost-itàl’intérieur.

«Ladernièreétapeduvoyage.

Jevoulaisjustetedire…»

«Quoi?interrogea-t-elledanslevide.Quevoulais-tumedire,Derrick?

—Jet’aime,l’entendit-ellemurmureràsonoreillealorsqu’ill’entouraitdesesbras.Tum’astellementmanqué.

—Toiaussi,tum’asmanqué»,soufflaLauraenserelâchantcontresontorse.

Ilsrestèrentainsiquelquesinstants,puisLauraseretournapourfairefaceàDerrick.Elleluisourit,semitsurlapointedespiedsetl’embrassa.

«Jet’aime»,chuchota-t-ellecontreseslèvres.

Longtemps,ilsprolongèrentleurétreinte,serassasiantdelaprésencedel’autreaprèscettelongueabsence.

«Laura,ditDerrickenplongeantsonregarddansceluidelajeunefemme,jeneveuxplusquenoussoyonsséparés,jamais.

—Der ’,commençaLaura.

—Viens,lacoupa-t-ilenluiprenantlamain.Danseavecmoi.»

Derrickcommençaàsemouvoirsurlapisteimproviséeetcontemplalajeunefemmeblottieentresesbras.Toutcequ’ellepouvaitliredanssonregardlachamboulait.Elleylisaitlapaixetl’angoisse,lasérénitéetlapeur,l’amouretledoute.Leproprerefletdesonâme.

«Tutesouviensdeladernièrefoisoùnousavonsdansésurcettemusique,toietmoi?

—AumariagedeJulietteetLucas.

—Hum…,murmuraDerrick.Cesoir-làdéjà,tuétaisdansmesbrasetjen’avaisplusenviedetelâcher,j’auraisvouluquenousdansionsdesheures...

—Der ’…

—Lau’,jeneveuxplustesavoirloindemoi,çamerendfou.Jemesuisrenducomptecesdeuxderniersmoisàquelpointj’avaisbesoindetoi,àquelpointc’étaitdursanstoi.Jet’aime,conclut-ilenplaçantsesmainsdepartetd’autreduvisagedelajeunefemme.Tulesais,n’est-cepas?

—Oui,réponditLaura.

—J’aienviedeplusqueça.Iln’yaquetoietiln’yaurajamaisquetoi.Pourêtrehonnête,çaatoujoursététoi.Tuescelledontj’aitoujoursrêvé,cellequifaitbattremoncœurcommepersonne,déclaraDerrick,s’agenouillantfaceàLauraetprenantsamaindanslasienne.Laura,jet’aime.Jeveuxquetudeviennesmafemme,ajouta-t-ilensortantunebaguedesapoche.Épouse-moi.»

FIN

Bonux

*Derrick*

Ellenerépondpas!

Pourquoinerépond-ellepas?

L’attenteétaitinsoutenablepourDerrick.IlfallaitqueLauralafassecesserouilallaitdevenirdingue.

«Oui.»

Lejeunehommeseliquéfiasurplaceenentendantsaréponse.Enfin!

Elleaditoui!hurla-t-ildejoieintérieurement.

Unsourireétincelantauxlèvres,ilserelevapourpasserlabagueaudoigtdeLaura.Ensuite,illafittournoyerdanssesbras.Bercéparleséclatsderiredelajeunefemme,Derricksesentitpourlapremièrefoisdepuistrèslongtempsléger,heureux,toutsimplement.Commesitoutelapeine,toutelatristesse,qu’ilavaitcôtoyéescesdernièresannéess’évaporaientaucontactdel’amourdeLaura.Illevalatêteverslecieletvituneétoilefilantetranspercerl’écrannoirdelavoûtecéleste.Unsigne.

Mercimaman…

DerrickreposaLauraàterre.Pelotonnéecontresontorse,ellesemblaitrayonner.

Mafemme.

Quelquesmoisplustôt,ilauraitsansdouteriaunezdetoutepersonnequiluiauraitpréditça.Aujourd’hui,iln’auraitpaspuimagineruneautrefinàleurhistoirequecelle-ci.Lauraetlui,c’étaituneévidence.Lesdeuxmoitiésd’untout.Ilnepouvaittoutsimplementplusvivresanselle.

«Quandas-tutrouvéletempsdefairetoutça?

—Tum’aslaissétoutseulpendantdeuxmois,jeterappelle.

—Pasfaux.

—Ilfallaitquejem’occupel’esprit,tumemanquaistrop.

—Toiaussi.Tum’asfaitleplusbeaudescadeauxcesoir,ajoutaLauraenadmirantsabague.

—Non,c’esttoi.

—Jen’airienfait.

—Tuasditoui.

—Ilnemeseraitjamaisvenuàl’idéededirenon,affirmaLaura.

—Vraiment?lataquinaDerrick.

—Hum,hum.

—Etpourquoiça?

—Parcequejet’aimedepuistroplongtempsdéjàpourtelaisserm’échapper.»

L’aimer,voilàlevraicadeauqueLauraluiavaitoffert.Derrickcaressatendrementlajouedelajeunefemmeavantdeprendrepossessiondeseslèvres.Cesoir,ilvoulaitcélébrercettenouvellehistoirequ’ilsallaientécrireensemble.Cesoir,ilvoulaitchérirsafemme.

«Jenem’échapperaipas,murmuraDerrick.

—J’ycomptebien,tuestoutàmoi.

—Ettuesmienneaussi.

—Nousvoilàdansdebeauxdraps,gloussaLaura.

—Jenetelefaispasdire!s’esclaffaDerrick.

—Maisl’idéed’êtretafemmemeplaît.

—Tantmieux.Lasituationasesavantages,dit-ilenresserrantsonétreinteautourd’elle.

—Tiensdonc.Etlesquels,monsieurmonmari?

—J’avaispréparéunepetiteliste,aucasoùj’auraisdûtefairechangerd’avis,rétorquaDerrickavecunclind’œil.

—Jesuiscurieusedelalire.

—Jelaréservepourplustard.Là,toutdesuite,j’aid’autresprojets,commença-t-ilennichantsatêteaucreuxducoudeLaura.

—Jecroisquej’aimetonprogramme.

—Moiaussi.»

Jesuisl’hommelepluschanceuxdelaTerre,pensaDerrickalorsqu’ilembrassaitLaura.

Luiquis’étaitferméàtouteslesémotionsavaitlaissécetteétincelleprendrepossessiondelui,jusqu’àl’habitertoutentieretluidonnerenviedevivreànouveau.Aujourd’hui,Derricksavouraitunbonheuràl’étatpur,leplusbeauquisoit.

«Jet’aime,mademoiselleIngalls,souffla-t-iltoutbas.

—Jet’aime,inspecteurDerrick»,murmuraLauraàsontour.

Etilsvécurentheureuxjusqu’àlafindestemps?

Àvousdeledécider…

«Alors?

—Alors,quoi?

—Ladamet’aposéunequestion.

—Quiça?

—L’auteur,pardi!

—Han…jevois!Et,c’étaitquoilaquestiondéjà?

—Rah,tupeuxpasécouterquandonteparle,toi?

—J’étaisdistrait.

—Etonpeutsavoirparquoi?

—Parcesdeux-là,ilssonttropchoux.Tunetrouvespas?

—Si,carrément!D’ailleurs,c’étaitl’objetdelaquestion!

—Ahbon?

—Oui.Est-cequetucroisqu’ilsvontvivreheureuxjusqu’àlafindestemps?

—Non.

—Commentça,non?Tuviensdedirequ’ilsétaientchoux.

—Ilslesont,làn’estpaslesouci.

—Ilestoùalors?

—Lafindestempsn’existepas,c’estunefabledecontedefées.

—Commecelleduprincecharmant?

—Toutàfait.

—Pourtant,ilestcharmantcepetitDerrick.

—Onestd’accord.

—Elleenadelachance,Laura.

—Dequoibaverd’envie.

—Çafaitrêver…

—Tum’étonnes!J’aimeraistropêtreàsaplace.Etquellefin!

—Oui,c’étaitunebellefinjetrouve.

—Jenel’auraispasimaginéeautrement.

—Moinonplus.

—Ilsvontmemanquer,cesdeux-là.

—Ceneserapluspareilsanseux.

—Non.

—Quiva-t-onembêtermaintenant,hein?

—Tusaisquoi?

—Non,quoi?

—J’aientendudirequeDerrickavaitunpetitfrère…»

ÀSUIVRE…

Remerciements

Àmesdeuxétoilesquim’ontquittéebeaucouptroptôt,méméetMyiuki.Ellesm’ontdonnélaforcedemelanceretdepersévérer.Ellesseronttoujourslà,enmoi,mesguidesverslalumière…Etàmonétoileaufirmament,Kyo,monpetitbout,celuiquim’aredonnélajoiedevivreetl’enviederêver.

Àmafamillepoursonsoutien,ettoutparticulièrementàmesnièces.Laura,monrayondesoleil,quim’ainspirélepersonnageprincipaldeceroman,etEstelle,maprincesseenherbe,pourleursencouragementsconstantsetleurconfianceinébranlableenmoi.

Àmonéditeur,legrandhommequiadécidédemedonnermachance.Poursaconfiance,sagentillesse,sonécoute,sapatience,sesréponsesàmesnombreusesquestions…merci,pourtout!

Àmescollègues,pourleurssourires,leursdéliresetleurbonnehumeur,quimedonnentlaforcedemelevertouslesmatinsetd’essayerderetirerlemeilleurdechaquejournée.Mercid’illuminermaviecommevouslefaites.

Àmonkiné,pournosdiscussionsaniméesdulundiquimedonnenttoujourslesourire!Merci,poursasalled’attente,sapiscineetsatabledemassages,hautslieuxd’inspirationquim’ontaidéeàtisserlesfilsdecettehistoire…etd’autresencore.

Àmespetitsscarabéesetmesformidablescopinautesquejen’oubliepas,toutescespersonnesquimesuiventsurmonblogoumapageFacebook.Cellesetceuxquiontaccompagnémespremierspasd’auteurenherbeetm’ontsoutenuetoutaulongduprocessusdecréationetmêmeaprès.Merci,pourvossourires(mêmesijenelesvoispasetquejenepeuxquelesdeviner),pourvoscommentaires,pournosdéliresencommun,pournosdiscussionsinterminables,noséchangesetpourtoutelajoiequevousapportezdansmavie.Vospetitscœursmefontfondredèsqu’ilsapparaissentsurmonmur…vousêteslesmeilleurs!

Àtousceuxquiontcruunjourenmoi,quiontcroisémarouteetl’ontpavéedeleuramitié,deleursourire,quiontlaisséunetraceindélébiledansmavie,merci!

Etpourfinir,merciàtoiôlecteur,d’avoirdécidédelirecelivre,cepetitboutdemoi,danslequelj’aimistoutmoncœur.J’espèrequetuaurasappréciélevoyage…

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PRÉSENTATIONNosétoilescontrairesToicontremoiAttiranceAvouequetum’aimesCequinouslieLebonheuren5lettresLesnuitsmélangéesÀfleurdepeauxJ’aifaillitedirejet’aimeIrrésistiblealchimieRegarde-moiPrends-moidanstesbrasLàoùj’iraiRaisonetsentimentsCœurrebelleEnragedetoiSijet’aime,prendsgardeàtoiNet’envapasOnseretrouveraPS:IloveyouRemerciements