Rupert Sheldrake - Une Nouvelle Science de La Vie (Biologie.psychologie.darwin.evolution.meditation.zen)

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    upert heldrake

    Une nouvelle sciencede la vie

    ITIONS U 'RO HER

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    UNE NOUVELLE SCIENCE DE L VIE

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    UMME UTEURCHEZ LE MME DITEUR

    L me de la nature.Ces chiens qui attendent leur matre t autres pouvoirs inexpliqusdes animaux.La Mmoire de l univers.Sept expriences qui peuvent changer le monde.

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    RUPERT SHELDR KE

    UNE NOUVELLE SCIENCEDEL VIE

    L Hypothse de la causalit formativeTraduit de l anglais p r Paul Couturiau,

    Christel Rollinat et Christian Supera

    DITIONS URO HERJean Paul Bertrand

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    Tous droits de traduction, de reproduction et d adaptation rservs pour tous pays 1981 y Rupert She1drake. ditions du Rocher, 985; 2003.ISBN 2 268 04805 5

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    om Bede Griffiths

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    SOMM IRE

    PRFACE . . . . . . . . . 13INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

    1 LES PROBLMES IRRSOLUS DE LA BIOLOGIE. . . . . . 211 1 Le cadre du succs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211.2 Les problmes de la morphogense. . . . . . . . . . . . . . . . . . 231.3 Le comportement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 271.4 L volution. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 281 5 L origine de la vie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291.6 Les limitations de l explication physique. . . . . . . . . . . . . 301 7 La psychologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 311.8 La parapsychologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 331.9 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

    2. TROIS THORIES DE LA MORPHOGENSE. . . . . . . . . . 372.1 Recherche descriptive et exprimentale. . . . . . . . . . . . . . . 372.2 Le mcanisme.. . . . . . . . . 392.3 Le vitalisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 472.4 L organicisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

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    10 UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIE3. LES CAUSES DE LA FORME... . . . . . . . . 61

    3.1 Le problme de la forme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 613. 2 Forme et nergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 663.3 La prvision des structures chimiques. . . . . . . . . . . . . . . . 713.4 La causalit formative. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 784. LES CHAMPS MORPHOGNTIQUES. . .. . . . 83

    4.1 Les germes morphogntiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 834.2 La morphogense chimique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 864.3 Les champs morphogntiques en tant que structuresde probabilit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 904.4 Les processus probabilistes en morphogense biologique 924.5 Les germes morphogntiques dans les systmes biolo-g i qu e s . . . . . . . . 965 LES INFLUENCES DES FORMES PASSES . . . . 101

    5. 1 La constance et la rptition des formes. . . . . . . . . . . . . . 1015.2 La possibilit gnrale des connexions trans-temporelles causales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1035.3 La rsonance morphique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1045.4 L influence du pass . . . . . . 1055.5 Les implications d une rsonance morphique attnue . . 1115.6 Un test exprimental possible . . . . . . . . 113

    6. CAUSALIT FORMATIVE ET MORPHOGENSE . . . . . . 1196.1 Les morphogenses squentielles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1196.2 La polarit des champs morphogntiques . . . 1206.3 La taille des champs morphogntiques . . . . . 1216.4 La spcificit croissante de la rsonance morphiquedurant la morphogense. . .. . . . . . . . 1226.5 La prservation et la stabilit des formes . . . . . . . . . . . . . 1246.6 Quelques propos sur le dualisme physique. . . . . . . . . 1256.7 Un rsum de l hypothse de la causalit formative . 126

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    l

    7. L HRITAGE DES FORMES . . . 1317.1 Gntique et hrdit. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1317.2 Les germes morphogntiques modifis. . . . . . . . . . . . . . 1337.3 La voie modifie de la morphogense . . . . 1377.4 La dominance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1387.5 Les ressemblances familiales . . . . . . . . . . . 1417.6 Les effets environnementaux et la rsonance mo rphique 1427.7 L hritage des caractristiques acquises . . . . . . . 144

    8. L VOLUTION DES FORMES BIOLOGIQUES . . . . . . . . . 1498.1 La thorie no-darwinienne de l volution . 1498.2 Les mutations . . . . . . . . . . 1528.3 La divergence des chrodes . . . . . . . . . . . 1538.4 La suppression des chrodes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1568. 5 La rptition des chrodes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1588.6 L influence des autres espces . . . . . . . . 1608.7 L origine des formes nouvelles . . . . . . 162

    9. LES MOUVEMENTS ET LES CHAMPS MOTEURS.. . . . . 1659.1 Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1659.2 Les mouvements des vgtaux . . . . . . . 1669.3 Le mouvement amibien . . . . . . . . . . 1699.4 La morphogense rptitive des structures spcialises. . 1709. 5 Les systmes nerveux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1719.6 Champs morphogntiques et champs moteurs. . . . . . . . 1759.7 Les champs moteurs et les sens . . . 1799. 8 Rgulation et rgnration. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181

    10 L INSTINCT ET L APPRENTISSAGE . . . . . . 18510.1 L influence des actions passes . . . . . . 18510.2 L instinct . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18810 .3 Les stimuli par signes . . . . . . . . . .. 18910.4 L apprentissage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192

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    12 UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIE10.5 Les tendances innes apprendre . . . . 196

    11 L HRITAGE ET L VOLUTION DU COMPORTE-MENT . . 19911.1 L hritage du comportement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19911.2 Rsonance et comportement : une exprience . . . 20111.3 L volution du comportement. . . . . . . . . 20811.4 Comportement humain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211

    12 QUATRE CONCLUSIONS POSSIBLES . . .. . . 21512 .1 L hypothse de la causalit formative . . . . . . . . . . 21512.2 Le matrialisme modifi . 21612.3 Le Soi conscient . . . . . . 21812.4 L univers cratif. . . . . . . . . . 22212.5 La ralit transcendante . 223

    RFRENCES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225

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    PRF CE

    La majorit des biologistes considrent que les organismes vivantsne sont rien de plus que des machines complexes, gouvernes par lesseules lois connues de la physique et de la chimie. J ai longtemps partag leur conception. J en suis toutefois arriv, au il du temps, considrer qu il tait difficile de justifier une telle vision des choses.Il subsiste encore tellement d inconnues que nous devons au moinsaccepter l ventualit que certains phnomnes de la vie soient gouverns par des lois ou par des facteurs mconnus des sciencesphysiques.Plus je m interrogeais sur les problmes irrsolus de la biologie,plus je m imprgnais de la conviction que l approche conventionnelleest inutilement restrictive. Je me suis donc efforc d imaginer les lments possibles d une nouvelle science - plus vaste - de la vie.C est au cours de cette rflexion que l hypothse expose dans cetouvrage a progressivement pris forme. Comme toute hypothse nouvelle, elle est essentiellement spculative et devra encore tre testeexprimentalement avant que sa valeur intrinsque ne puisse trevalue.Mon intrt pour ce genre de problmes s est dvelopp au coursde ma collaboration (qui remonte 1966) avec des scientifiques et desphilosophes engags dans l exploration de rgions se situantentre la science, la philosophie et la religion . Ce groupe, connu sousle nom de Philosophes de l Epiphanie, organisait de nombreux sminaires et rencontres informelles Cambridge ainsi que sur la cte duNorfolk. Je tiens exprimer ma gratitude plusieurs de ses membres : le professeur Richard Braithwaite, Melle Margaret Masterman, le rvrend Geoggrey et Mme Gladys Keable, Melle Joan Miller, le r Ted Bastin, le r Christopher Clarke et le professeur

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    14 UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIEDorothy Emmet qui est galement l diteur de Theoria o Theory larevue trimestrielle du groupe.Pendant les quatre annes que j ai passes en Inde d e 1974 1978 - au International Crops Research Institute or the Semi-AridTropics j ai eu de trs enrichissantes discussions avec mes amis etcollgues de Hyderabad ; j ai galement eu la chance d avoir accs la prcieuse bibliothque de la regrette Mme J .B.S. Haldane.La premire version de ce livre a t crite au cours de mon sjourd un an et demi l Ashram Shantivanam, Tiruchirapalli, Tamilnd. Je remercie les membres de cette communaut qui ont rendumon sjour si agrable et plus particulirement Dom Bede Griffiths, qui je ddie cet ouvrage, Melle Dina Nanavathy de la Bibliothquedu Consulat Britannique de Bombay qui a aimablement mis madisposition les ouvrages ncessaires mon travail.A mon retour en Angleterre, de nombreux amis m ont aid mettre au point la seconde version de ce livre ; je les remercie pour leursconseils et leurs encouragements. Je tiens galement remercier lesquelque cinquante personnes qui ont relu mon manuscrit et m ontfait bnficier de leurs critiques et de leurs commentaires. Je mentionnerai en particulier : M. Anthony Appiah, le Dr John Belof, leprofesseur Richard Braithwaite, le or Keith Campbell, Mme JenniferChambers, le or Christopher Clarke, la Marquise de Dufferin etAva, le professeur Dorothy Emmet, le Dr Roger Freedman, le DrAlan Gauld, le or Brian Goodwin, le Dr John Green, M. David Hart,le professeur Marry Hesse, Mme Gladys Keable, le or RichardLePage, Melle Margaret Masterman, le professeur Michael Morgan,M. Frank O Meara, M. Jeremy Prynne, l honorable Anthony Ramsay, Mme Jillian Robertson, le Dr Tsui Sachs, le professeur W.H.Thorpe, F.R.S.*, le or lan Thompson, Mme R. Tickell (Rene Haynes), Fr E. Ugarte, S.J. **, et le or Norman Williams.Je remercie le or Keith Roberts qui a ralis les dessins et les diagrammes qui illustrent ce livre . Le Dr Peter Lawrence m a trs aimablement fourni les drosophiles qui ont servi de modles aux dessinsde la Figure 17 et M. Brian Snoad, les feuilles de pois de la figure 18.Je remercie enfin M. Mohammed Ibrahim, Mme Pat Thoburn etMme Eithne Thompson qui ont dactylographi les premiers jets de cemanuscrit et M. Philip Kestelman et Mme Jenny Reed qui m ont aid relire les preuves.

    F.R.S. : Membre de la Socit Royale..S.J. : Membre de la Societas Jesu .HyderabadMars 1981

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    INTRODUCTIONL approche orthodoxe de la biologie nous est aujourd hui dictepar la thorie mcaniste de la vie : les organismes vivants sont considrs comme des machines physico-chimiques, et les phnomnes dela vie comme explicables, en principe, en termes de physique et dechimie. (1)*Ce paradigme mcaniste (2) n est nullement nouveau ; l domineen fait notre culture depuis plus d un sicle. Si la plupart des biologistes y adhrent toujours, c est qu il donne des rsultats : il fournitun cadre de pense au sein duquel l est possible de poser des questions sur les mcanismes physico-chimiques des processus de vie - etd y rpondre.Cette approche a connu des succs spectaculaires, tels que ledchiffrage du code gntique, ce qui constitue un argument important en sa faveur. Certains esprits critiques ont cependant avanc debonnes raisons pour douter du fait que tous les phnomnes de la vie,

    y compris chez l homme, puissent tre expliqus de manire entirement mcaniste. 3) Force nous est pourtant d admettre que mme sil approche mcaniste est srieusement limite, en pratique comme enprincipe, nous ne pouvons l abandonner purement et simplement ;elle est l heure actuelle la seule approche disponible pour la biologieexprimentale et elle persistera tant que nous ne lui aurons pas trouvune alternative positive.Toute thorie nouvelle capable d largir ou de transcender la thorie mcaniste ne pourra se contenter d affirmer que la vie implique

    des qualits ou des facteurs actuellement inconnus des sciences physiques : elle devra prciser en quoi consiste ces qualits ou ces facteurs,Les chiffres entre parenthses renvoient aux notes en fin de chapitre. N. d. T.

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    6 UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIEcomment ils fonctionnent et quelles sont leurs relations avec les processus physico-chimiques connus.La manire la plus simple de modifier la thorie mcaniste reviendrait supposer que les phnomnes de la vie dpendent d un nouveau type de facteur causatif, inconnu des sciences physiques, quiinteragit avec les processus physico-chimiques dans les organismesvivants. Diverses versions de cette thorie vitaliste ont t proposesau cours de ce sicle (4), mais aucune n a russi avancer des prdictions susceptibles d tre testes pas plus qu suggrer de nouvellesformes d expriences. Si, ainsi que le dit Karl Popper, le critre dela reconnaissance scientifique d une thorie est sa capacit tre falsifie, rfute ou teste, (5) le vitalisme n a pas encore gagn seslettres de noblesse.

    La philosophie organiciste ou holiste fournit un cadre pourune rvision ventuellement encore plus radicale de la thorie mcaniste. Cette philosophie conteste que toute chose dans l univers soitexplicable par rapport aux proprits d atomes, ou par rapport n importe quelle hypothtique particule ultime de matire. Ellereconnat plutt l existence de systmes organiss de manire hirarchique qui, chaque niveau de complexit, possdent des propritsqui ne peuvent tre pleinement comprises en fonction des propritsde chacun de leurs composants envisag individuellement ; chaqueniveau le tout est suprieur la somme de ses parties. Ces touts peuvent tre envisags comme tant des org nismes - ce terme est utilis dlibrment dans un sens large afin d inclure non seulement desanimaux, des plantes, des organes, des tissus et des cellules maisencore des cristaux, des molcules, des atomes et des particules lmentaires. Cette philosophie propose donc un changement de paradigme dans les sciences biologiques t physiques : de la machine l organisme. Ainsi que l affirma A.N. Whitehead : La biologie estl tude des grands organismes, alors que la physique est l tude despetits organismes. (6)De nombreux auteurs, parmi lesquels des biologistes, ont prsentdiverses versions de cette philosophie organiciste au cours des cinquante dernires annes. (7) Il nous faut toutefois admettre que sil organicisme dsire exercer une influence autre que superficielle surles sciences naturelles, il doit pouvoir prsenter des prdictions vrifiables. Ce qui n est pas le cas e jour. (8)Les raisons de cet chec paraissent particulirement videntes dansles secteurs de la biologie o la philosophie organiciste s est montre

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    INTRODUCTION 7la plus influente, savoir l embryologie et la biologie du dveloppement. Le concept organiciste le plus important avanc ce jour estcelui des champs morphogntiques (9) Ces champs sont censsexpliquer ou dcrire la formation des formes caractristiques desembryons et des autres systmes en dveloppement. L ennui est quece concept est utilis de manire ambigu. Le terme lui-mme sembleimpliquer l existence d un nouveau type de champ physique jouantun rle dans le dveloppement des formes. Certains thoriciens organicistes nient cependant suggrer l existence de tout nouveau type dechamp, d entit ou de facteur actuellement mconnus de la physique ; (10) ils ne recourent cette terminologie organiciste que pourfournir une nouvelle manire de parler des systmes physicochimiques complexes. (11) Cette approche ne devrait pas mener bienloin. Le concept des champs morphogntiques ne peut avoir devaleur scientifique pratique que s il dbouche sur des prdictionsvrifiables qui diffrent de celles de la thorie mcaniste conventionnelle. Or, de telles prdictions ne sont possibles que si l on considreque les champs morphogntiques ont des effets mesurables.

    L hypothse avance dans cet ouvrage se fonde sur l ide que leschamps morphogntiques ont bel et bien des effets physiques mesurables. Elle suggre que les champs morphogntiques spcifiquessont responsables de la forme et de l organisation spcifique dessystmes tous les niveaux de complexit, non seulement dans le secteur de la biologie mais encore dans ceux de la chimie et de la physique. Ces champs ordonnent les systmes avec lesquels ils sont associs en influant sur des vnements qui, d un point de vue nergtique, paraissent indtermins ou probabilistes ; ils imposent des restrictions ordonnes aux consquences nergtiquement possibles desprocessus physiques.

    Si les champs morphogntiques sont responsables de l organisation et de la forme des systmes matriels, ils doivent eux-mmesavoir des structures caractristiques. Quelle est donc l origine desstructures de ces champs ? La rponse que je propose ici est qu ellessont drives des champs morphogntiques de systmes similairesprcdents : les champs morphogntiques de tout systme passdeviennent prsents pour tout systme similaire ultrieur ; les structures des systmes passs affectent les systmes similaires ultrieurspar une influence cumulative agissant la fois travers l espace t ltempsSelon cette hypothse, des systmes sont organiss d une manire

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    18 UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIEprcise parce que des systmes semblables taient organiss de lamme manire par le pass. Ainsi, les molcules d une substance chimique organique complexe se cristallisent selon une forme gomtrique dfinie parce que cette mme substance s est cristallise de cettemanire par le pass ; un vgtal adopte la forme caractristique deson espce parce que les membres passs de cette espce l ont adopteavant lui ; et un animal agit instinctivement d une manire spcifiqueparce que des animaux similaires se sont comports ainsi auparavant.

    Cette hypothse s attache la rptition des formes et des modlesd organisation ; la question de l origine de ces formes et de cesmodles sort donc de son cadre. Il est nanmoins possible d y rpondre de diverses faons, toutes paraissant galement compatibles avecle mode suggr de la rptition. (12)

    Il est possible de dduire de cette hypothse un certain nombre deprdictions vrifiables qui diffrent fortement de celles de la thoriemcaniste conventionnelle. Je n en veux qu un seul exemple : si unanimal, un rat par exemple, apprend un nouveau type de comportement, les rats similaires suivants (c est--dire de mme race et ayantt levs dans des conditions identiques, etc.) apprendront plus facilement ce mme type de comportement. Plus le nombre de ratsapprenant cette tche est grand, plus les rats similaires suivantsl apprendront facilement. Ainsi, si des milliers de rats taient entrans raliser une nouvelle tche dans un laboratoire de Londres, desrats similaires devraient apprendre raliser cette mme tche beaucoup plus rapidement, et ce dans n importe quel autre laboratoire. Ilsuffit pour s en convaincre de noter la vitesse d apprentissage de ratsdans un autre laboratoire, New York par exemple, avant et aprsl entranement des rats du laboratoire de Londres : on remarqueraque dans le second cas les rats ont appris beaucoup plus rapidementque dans le premier. Cette exprience doit tre ralise sans qu il y aitla moindre relation ou communication physique connue entre lesdeux laboratoires.

    Une telle prdiction parat tellement improbable qu on peut lajuger absurde. Or, des tudes de rats en laboratoire en ont djdmontr la ralit. 13)Cette hypothse, nomme hypothse de la causalit formative ,conduit une interprtation de beaucoup de phnomnes physiqueset biologiques radicalement diffrente de celle des thories existanteset permet de considrer divers problmes bien connus sous un autre

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    INTRODUCTION 19clairage. Je prsenterai dans ce livre cette hypothse sous une formeprliminaire, je discuterai certaines de ses implications et je proposerai plusieurs moyens pour en tester l exactitude.

    NOTES

    1) Pour une discussion particulirement lucide de ce point, cf Monod (1970).2) Dans le sens de Kuhn (1962).3) P . ex : Russel (1945); Elsasser (1958); Polanyi (1958) ; Beloff (1962) ; Kstler (1967) ;Lenartowicz (1975); Popper et Eccles (1977) ; Thorpe (1978) .4) P. ex: Bergson (1896 et 1907) ; Driesch (1908). Pour une discussion de l approche vita-liste, f Sheldrake (1980 b).5) Popper (1965), p. 37.6) Whitehead (1928).7) P. ex. : Woodger (1929); von Bertalanffy (1933); Whyte (1949); Elsasser (1966),Kstler (1967) ; Leclerc (1972).8) Au cours d une rcente confrence sur les Problmes du Rductionnisme en biologie , l incapacit de l approche organiciste se dmarquer de manire significative de larecherche biologique a t ilustre par l accord gnral entre les mcanistes et les organicistes .. en pratique Ceci amena l un des participants remarquer que : la polmique entrerductionnistes en antirductionnistes parmi les biologistes risque d avoir auss i peu d importance et d impact sur l volution de la biologie que la polmique identique conduite sur unplan plus abstrait par les philosophes >> (Ayala et Dobzhansky, 1972, p. 85).9) On trouvera un exemple classique chez Weiss (1939).10) P . ex. : Elsasser (1966, 1975) ; von Bertalanffy (1971) .(11) Cf, par exemple, la discussion entre C.H . Waddington et R. Thom in Waddington(1969), p. 242.12) Je reviendrai sur ce point dans le dernier chapitre.13) Je reviendrai sur ce point dans la section 11 .2.

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    CHAPITRE PREMIERLES PROBLMES IRRSOLUS DE LA BIOLOGIE

    1.1. Le cadre du succs

    L objectif de la recherche biologique mcaniste a t clairementexprim il y a plus d un sicle par T.H. Huxley qui en donnait la dfinition suivante : La physiologie zoologique est la doctrine des fonctions ou desactions des animaux. Elle considre les corps animaux commedes machines animes par diverses forces et produisant une certaine masse de travail exprimable par rapport aux forces ordinaires de la nature. L objectif final de la physiologie est dedduire les faits de la morphologie d une part, et ceux de l cologie de l autre partir des lois des forces molculaires de lamatire. 1)

    Des ides prfigurent les dveloppements ultrieurs de la physiologie, de la biochimie, de la biophysique, de la gntique et de la biologie molculaire. Ces sciences ont, bien des gards, remport de brillants succs - et tout particulirement la biologie molculaire. Ladcouverte de la structure de l ADN, le dchiffrage du code gntique et l lucidation du mcanisme de synthse des protines semblenttre des confirmations clatantes de la validit de l approchemcaniste.Les dfenseurs modernes les plus acharns et les plus influents de

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    UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIEla thorie mcaniste sont les biologistes molculaires. Leurs expossthoriques commencent bien souvent par un rejet des thories vitalistes et organicistes. Elles sont prsentes comme des vestiges decroyances primitives appeles s teindre au il de la progressionde la biologie. Voici comment se poursuit leur expos : (2)

    La nature chimique du matriau gntique, l ADN, est dsormaisconnue ainsi que le code gntique par lequel il encode la squenced acides amins dans les protines. On a compris le mcanisme de lasynthse des protines. On a dcouvert la structure de nombreusesprotines. Toutes les enzymes sont des protines, et elles catalysentles chanes et les cycles complexes des ractions biochimiques quiconstituent le mtabolisme d un organisme. Le mtabolisme est contrl par un feedback biochimique et on connat plusieurs mcanismes permettant de rgulariser l activit enzymique. Les protines etles acides nucliques s assemblent spontanment pour former desstructures telles que les virus et les ribosomes. Compte tenu de lagamme de proprits des protines et des proprits des autres systmes physico-chimiques tels que les membranes lipidiques, i l est possible, en principe, d expliquer entirement les proprits des cellulesvivantes.

    La cl des problmes poss par la diffrenciation et le dveloppement - sur lesquels nous avons peu de connaissances - est la comprhension du contrle de la synthse des protines. Nous possdonsune excellente comprhension de la manire selon laquelle est exercle contrle de la synthse de certaines enzymes et protines dans lecas de la bactrie Escherischia coli Le contrle de la synthse protique se droule toutefois selon des mcanismes plus compliqus dansles organismes suprieurs ; mais nous ne devrions pas tarder l lucider. Par consquent, la diffrenciation et le dveloppement devraienttre explicables en fonction d une srie d interrupteurs manuvrs chimiquement, qui branchent ou dbranchentdes gnes, ou des groupes de gnes.Le processus d adaptation des parties des organismes vivants auxfonctions de l ensemble, et le dterminisme apparent de la structureet du comportement des organismes vivants, peuvent tre expliquspar rapport des mutations gntiques au hasard suivies par uneslection naturelle visant retenir les gnes qui favorisent la capacitde l organisme survivre et se reproduire, les mutations dfavorables tant quant elles limines. Ainsi, la thorie no-darwiniennede l volution peut-elle justifier le dterminisme ; il est totalement

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    LES PROBLMES IRRSOLUS DE LA BIOLOGIE 23inutile de supposer l'intervention de quelques mystrieux facteursvitaux .Nous connaissons malle fonctionnement du systme nerveux central, mais en dfinitive les progrs de la biochimie, de la biophysiqueet de l'lectro-physiologie devraient nous permettre de prsenter ceque nous appelons l'esprit en termes de mcanismes physicochimiques se droulant dans le cerveau. Il est donc possible, en principe, d'expliquer les organismes vivants uniquement en termes dephysique et de chimie. Notre ignorance actuelle face aux mcanismesdu dveloppement et au systme nerveux central n'est imputable qu l'norme complexit des problmes ; mais dsormais grce aux nouveaux concepts puissants de la biologie molculaire et aux programmes informatiques, nous pourrons aborder ces sujets mieux armsque jamais.

    A la lumire des succs passs, cette conviction que tous les problmes de la biologie pourront en dfinitive tre rsolus de maniremcanique est parfaitement comprhensible. Nous ne pouvons toutefois mettre une opinion sur les perspectives de la conception mcaniste en nous fondant uniquement sur une extrapolation historique ;nous devons aussi tudier soigneusement les problmes non rsoluspar la biologie et les moyens dont nous disposons pour les rsoudre.1 2 Les problmes de la morphogense

    La morphogense biologique peut tre dfinie comme la naissance des formes caractristiques et spcifiques chez les organismesvivants. (3) La forme nat voil le premier problme. Ledveloppement est pigntique : de nouvelles structures apparaissent qui ne peuvent tre expliques en fonction du dveloppement oude la croissance de structures prsentes dans l uf ds l'origine.Beaucoup de systmes en dveloppement sont capables de rgula-tion voil le deuxime problme ; en d'autres termes, si l on enlve(ou si l on ajoute) une partie un systme en dveloppement, cesystme continue se dvelopper de manire produire une structureplus ou moins normale. La dmonstration classique de ce phnomne a t ralise dans les annes 189 par H. Driesch qui a employpour ce faire des embryons d'oursins. Lorsqu'on tuait l'une des cellules d un trs jeune embryon au stade 2 blastomres (deux cellu-

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    24 UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIEles) , la cellule restante ne donnait pas naissance un demi-oursin,mais un oursin complet quoique plus petit. De mme, des organismes plus petits mais complets se dveloppaient aprs la destructiond une, deux ou trois cellules de l embryon au stade 4 blastomres(quatre cellules) . La fusion de deux jeunes embryons d oursinsengendrait inversement la production d un oursin gant. 4)

    On a dmontr le fait de la rgulation dans de nombreux systmesen dveloppement. Cette capacit se perd toutefois souvent lors desphases ultrieures du dveloppement lorsque la destine des diffrentes rgions est dj dtermine. Il n en est pas moins vrai que lessystmes o la dtermination se produit un stade prcoce - parexemple dans les embryons d insectes - on assiste une rgulationaprs que l uf a t endommag. (Fig. 1)

    FIGUR No : Exemple de rgulation. A gauche un embryon normal de libellulePlatycnemis pennipes A droite un embryon plus petit mais complet ; il s est dvelopp partir de la moiti postrieure d un uf ligatur en son milieu immdiatement aprs la ponte (d aprs Weiss, 1939).

    Des rsultats de ce genre montrent que les systmes en dveloppement progressent en fonction d un objectif morphologique et qu ilspossdent des proprits qui dterminent cet objectif et leur permettent de l atteindre mme si des parties du systme sont dtruites et sile cours normal du dveloppement est perturb.

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    LES PROBLMES IRRSOLUS DE LA BIOLOGIE 25Le troisime problme est celui de la rgnration, processus parlequel des organismes sont capables de remplacer ou de restaurer desstructures endommages. Les vgtaux montrent une gamme ton-nante de capacits rgnratrices de mme que de nombreux animauxinfrieurs. Par exemple, si on coupe un ver en plusieurs morceaux,chaque morceau peut regnrer un ver complet. Beaucoup de vert-brs possdent aussi des pouvoirs de rgnration surprenants ;ainsi, si l on prlve au moyen d une intervention chirurgicale, lecristallin d un triton, on remarquera qu un nouveau cristallin se

    forme partir du bord de l iris (Fig. 2) ; lors du dveloppementembryonnaire normal, le cristallin se forme d une tout autremanire, partir de la peau. Ce type de rgnration fut dcouvertpar G. Wolff qui a dlibrment choisi une forme de mutilation quin aurait pu se produire accidentellement dans la nature ; il ne pou-vait donc exister de slection naturelle pour ce processus rgnrateurparticulier. 5)

    0 12 20 25 30ombre de ours aprs le prlvement chirurgical du cristallin

    FIGUR N :Rgnration d un cristallin partir du bord de l iris chez un triton dont le cristallinoriginal a t prlev au moyen d une intervention chirurgicale. cf Needham,1942).

    Le quatrime problme est pos par le simple fait de la reproduc-tion : une partie dtache des parents devient un nouvel orga-nisme ; une partie devient un tout.Ces phnomnes ne peuvent tre compris qu en termes d entits

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    26 UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIEcausales qui sont en quelque sorte plus que la somme des parties dessystmes en dveloppement, et qui dterminent les objectifs des processus de dveloppement.Les vitalistes attribuent ces proprits aux facteurs vitaux lesorganicistes aux champs morphogntiques et les mcanistes auxprogrammes gntiques.Le concept des programmes gntiques se fonde sur une analogieavec les programmes qui dirigent les activits des ordinateurs. Ilimplique que l uf fertilis renferme un programme prform quidtermine en quelque sorte les objectifs morphogntiques de l organisme et coordonne et contrle son dveloppement vers la ralisationde ces objectifs. Le programme gntique doit pourtant faire intervenir quelque chose de plus que la seule structure chimique del ADN, parce que des copies identiques d ADN sont transmises danstoutes les cellules ; si toutes les cellules taient programmes demanire identique, elles ne pourraient se dvelopper diffremment.Alors, qu en est-il exactement ? On ne peut, pour rpondre cettequestion, que se perdre en de vagues suggestions quant des interactions physico-chimiques structures d une certaine manire dans letemps et dans l espace ; on n a fait, en ralit, que reformuler leproblme. (6)Il est une autre difficult srieuse. Un programme est introduitdans un ordinateur par un tre intelligent et conscient : le programmeur. Il est conu et ralis dans l ide de remplir une tche informatique prcise. Dans la mesure o nous assimilons le programme gntique un programme informatique, nous impliquons l existenced une entit directrice qui jouerait le rle du programmeur. i nousobjectons maintenant que les programmes gntiques ne sont pasanalogues aux programmes informatiques ordinaires mais ceuxd ordinateurs auto-reproducteurs et auto-organisateurs, nous nousheurtons un problme de taille : de tels ordinateurs n existent pas.Et mme s ils existaient, ils auraient d l origine tre programmsde la manire la plus sophistique qui soit par leurs inventeurs. Leseul moyen de se sortir de ce dilemme est d affirmer que le programme gntique a t construit en cours d volution par une combinaison de mutations au hasard et par slection naturelle. Ds cemoment toute similitude avec un programme informatique disparatet l analogie perd tout son sens.

    Les mcanistes orthodoxes rejettent l ide d un dveloppement,d une rgulation ou d une regnration apparemment tlodirigs

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    LES PROBLMES IRRSOLUS DE LA BIOLOGIE 27chez les organismes, suggrant ainsi qu ils sont sous le contrle d unfacteur vital. Mais tant que les explications mcanistes dpendront deconcepts tlologiques tels que les programmes ou les instructionsgntiques, on ne pourra expliquer le dterminisme des organismesqu en admettant que leurs objectifs leur ont dj t dicts .En ralit, les proprits attribues aux programmes gntiques sontremarquablement similaires celles attribues par les vitalistes leurshypothtiques facteurs vitaux ; le programme gntique semble, ironiquement, n tre qu un facteur vital sous une enveloppe mcaniste.

    Il va de soi que si la morphogense organique ne peut tre explique d une manire mcaniste rigoureuse ce jour, il ne faut pas endduire htivement qu il en sera toujours ainsi. J envisagerai dans leprochain chapitre les espoirs d arriver une telle explication, maispour l instant il est impossible d avancer une rponse satisfaisante.1 3 Le comportement

    Si les problmes poss par la morphogense sont d une grandecomplexit, ceux poss par le comportement le sont plus encore. Il ya tout d abord l instinct. Demandons-nous, par exemple, commentdes araignes parviennent tisser des toiles sans jamais l avoir apprisd autres araignes. (8) Ou considrons le comportement des coucous. Les jeunes sont couvs et levs par des oiseaux d autres espces et ne voient jamais leurs parents. Vers la fin de l t, les coucousadultes migrent vers leur habitat d hiver en Afrique du Sud. Environun mois plus tard, les jeunes coucous se rassemblent et s envolent leur tour vers cette rgion lointaine d Afrique o ils se joindront leurs ans. (9) Ils savent instinctivement qu ils doivent migrer etquand il convient de le faire ; ils reconnaissent instinctivement lesautres jeunes coucous avec lesquels ils s assemblent ; et tout aussiinstinctivement ils savent quelle direction prendre et quelle destination atteindre.Il y a ensuite le problme pos par les cas de rgulation comportementale ; savoir que si 1 on modifie certaines parties des systmescomportementaux on n en obtient pas moins un rsultat peu prsnormal. Ainsi, un chien amput d une jambe rgularise son activitmotrice de faon pouvoir marcher sur trois pattes. Un autre chienauquel on a prlev une partie d un hmisphre crbral ne tarderapas retrouver la plupart de ses aptitudes prcdentes. Un troisimechien quant lui se jouera d obstacles placs arbitrairement sur son

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    8 UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIEchemin. Les trois chiens de nos exemples sont capables de se rendrel o ils le dsirent malgr des perturbations de leurs organesmoteurs, de leur systme nerveux central ou de leur environnement.Il y a troisimement le problme de l apprentissage et du comportement intelligent ; de nouveaux modes de comportement apparaissent qui ne peuvent apparemment tre expliqus uniquement en termes de causes antrieures.Un norme foss d ignorance spare ces phnomnes des faits tablis de la biologie molculaire, de la biochimie, de la gntique et dela neurophysiologie. Ainsi, comment expliquer le comportementmigrateur des jeunes coucous en termes d ADN et de synthse protique ? Il est vident qu une explication satisfaisante demanderait plusqu une simple dmonstration du fait que des gnes appropris contenant des squences des bases dans l ADN appropries sont ncess i-res ce comportement, ou que celui-ci dpend d impulsions lectriques dans les nerfs. Il faudrait en outre comprendre les relations exis-tant entre les squences spcifiques de base dans l ADN, le systmenerveux des oiseaux et le comportement migrateur. A l heureactuelle, cette relation ne peut tre attribue qu aux mmes entitsintangibles qui expliquent les phnomnes de la morphogense :les facteurs vitaux, les champs morphogntiques ou les programmesgntiques.

    En outre, une comprhension du comportement prsuppose unecomprhension de la morphogense. Par exemple, mme si l on comprenait entirement le comportement d un animal infrieur relativement simple, tel un nmatode, et qu on puisse l expliquer en termesde branchement et par rapport la physiologie de son systmenerveux, on n aura toujours pas rpondu la question : comment lesystme nerveux avec son modle caractristique de branchementa-t-il t produit au cours du dveloppement de l animal ?1.4. L volution

    Bien avant la gntique mendlienne, de nombreuses varits etespces distinctes d animaux domestiques et de vgtaux ont tslectionnes par levage et par culture. Il n y a aucune raison dedouter du fait qu un dveloppement comparable des races et desespces se produise dans la Nature sous l influence d une slectionnaturelle plutt qu artificielle. Les no-darwiniens prtendent expliquer ce type d volution en faisant rfrence des mutations au

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    LES PROBLMES IRRSOLUS DE LA BIOLOGIE 9hasard, la gntique mendlienne et la slection naturelle. Il fauttoutefois reconnatre que mme les partisans de la vision mcanisten acceptent pas tous l ide que ce type de micro-volution au seind une espce explique l origine des espces elles-mmes, ou des genres, ou des familles ou encore des divisions taxonomiques suprieures. Une cole de pense affirme que toute macro-volution s explique par des processus longtemps rpts de micro-volution ; 10)l autre cole nie cette conception et prtend que des sauts importantsse produisent brusquement en cours d volution. (11) Si les opinionsdes biologistes mcanistes diffrent quant l importance relative desmutations petite chelle (ou micro-volution) ou de quelques unes plus grande chelle au niveau de la macro-volution, ils s accordentgnralement pour affirmer que ces mutations sont le fait du hasardet que l volution est explicable par une combinaison de mutation auhasard et de slection naturelle.Cette thorie ne pourra toutefois jamais tre que spculative. Lapreuve de l volution, fournie tout d abord par les fossiles, resteratoujours ouverte une varit d interprtations. Ainsi, les opposants la thorie mcaniste peuvent-ils prtendre que les innovations volutives ne sont pas entirement explicables en termes d vnementsau hasard mais sont dues l activit d un principe crateur mconnude la science mcaniste. Qui plus est, les pressions de la slection quidcoulent du comportement et des proprits des organismes vivantseux-mmes peuvent tre considres comme dpendantes d un facteur organisateur interne, essentiellement non mcaniste.Le problme de l volution ne peut donc tre rsolu d une manireprobante. Les thories vitalistes et organicistes impliquent forcmentune extrapolation des ides vitalistes et organicistes, tout comme lathorie no-darwinienne implique une extrapolation des ides mcanistes. Voil qui est invitable. L volution devra toujours tre interprte par rapport des ides qui ont t forges sur d autres bases.1.5. L origine de la vie

    Ce problme est tout aussi insoluble que celui de l volution, etceci pour les mmes raisons. Tout d abord, il est impossible de savoiravec certitude ce qu il s est produit dans un pass lointain ; l y auratoujours plthore de spculations quant aux circonstances de l origine de la vie sur terre. Parmi celles en vigueur l heure actuelle,notons l origine terrestre de la vie dans une soupe primitive ;

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    30 UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIEl infection de la terre par des micro-organismes envoys de l espacepar des tres intelligents venus d une plante appartenant un autresystme solaire ; (12) et l volution de la vie sur des comtes contenant des matriaux organiques drivs de poussireinterstellaire. (13

    En outre, mme si nous connaissions les conditions dans lesquellesla vie a vu le jour, cette information ne nous clairerait en rien sur lanature de la vie. En supposant qu il soit possible de dmontrer, parexemple, que les premiers organismes vivants sont issus d agrgatschimiques non vivants ou d hypercycles de processus chimiques (14), dans une soupe primitive , ceci ne prouverait pas qu ilstaient entirement mcanistes. Les organicistes pourraient toujoursprtendre que de nouvelles proprits organicistes sont apparues, etles vitalistes que le facteur vital est entr dans le premier systmevivant au moment prcis o il a vu le jour. Les mmes argumentsseraient valables si jamais les organismes vivants taient synthtissartificiellement, partir de substances chimiques, dans uneprouvette.1.6. Les limites de l explication physique

    La thorie mcaniste considre que tous les phnomnes de la vie,y compris chez l homme, peuvent tre expliqus, en principe, en termes de physique. En dehors des problmes susceptibles de surgir desthories particulires de la physique moderne, ou des conflits lesopposants entre elles, ce postulat est problmatique pour - aumoins - deux raisons fondamentales.Tout d abord, la thorie mcaniste ne serait valable que si lemonde physique taient causalement ferm. En ce qui concernel homme, ce serait le cas si les tats mentaux n avaient pas la moindreralit, ou s ils taient d une certaine manire identiques aux tatsphysiques du corps, ou s ils leur taient parallles ou encore s ils n entaient que des piphnomnes. En revanche, si l esprit n tait pasphysique et nanmoins causalement efficace, capable donc d intera-gir avec le corps, le fonctionnement chez l homme ne pourrait tre

    entirement expliqu en termes physiques. La possibilit que l espritet le corps interagissent n est nullement carte par les preuves disponibles : (15) pour l instant, on ne peut prendre aucune dcision dfinitive, s appuyant sur des fondements empiriques en faveur soit de lathorie mcaniste, soit de la thorie interactionniste ; d un point de

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    LES PROBLMES IRRSOLUS DE LA BIOLOGIE 3vue scientifique, la question demeure ouverte. Par consquent, l estpossible que le comportement humain, tout au moins, ne soit pasexplicable entirement en termes physiques, ft-ce en principe.Ensuite, les efforts visant expliquer l activit mentale par rapport la science physique dbouchent sur un cercle vicieux apparemmentinvitable, du fait que la science elle-mme dpend d une activitmentale. (16) Ce problme est devenu particulirement vident enphysique moderne lorsque a t tabli le rle de l observateur dansles processus de mesure physique ; les principes de la physique nepeuvent tre formuls sans faire rfrence (bien que dans certainesversions celle-ci ne soit qu implicite) aux impressions - et donc l esprit - des observateurs (B. d Espagnat). (17) En consquence,la physique prsupposant l esprit des observateurs, cet esprit et sesproprits ne peuvent tre expliqus en termes de physique. (18)1.7. La psychologie

    En psychologie, la science de l espri t, le problme de la relationentre l esprit et le corps peut tre vit en ignorant l existence du mental . C est en fait la dmarche de l cole behavioriste qui restreint son attention au seul comportement objectivement observable. 19) Le behaviorisme n en est pas pour autant une hypothsescientifique vrifiable ; c est une mthodologie. En tant qu approcherestrictive de la psychologie, son exactitude n est nullementvidente. (20)

    D autres coles de psychologie ont adopt la dmarche plus directeconsistant accepter l exprience subjective comme donne primaire. Il n est pas ncessaire, dans le cadre de notre discussion,d envisager les diffrents systmes et coles. Un exemple suffira montrer les difficults biologiques souleves par une hypothsepsychologique dveloppe dans l ide d expliquer les observationsempiriques. Les coles psychanalytiques considrent que de nombreux aspects u comportement et de l exprience subjective dpendent de l esprit subconscient ou inconscient. Afin d expliquer lesfaits de l exprience veille et des rves, l esprit inconscient doit possder des proprits totalement diffrentes de celles de n importequel systme mcanique ou physique connu. C.G. Jung ne limite pasce concept l esprit individuel, il suggre un substrat commun partag par tous les esprits humains, l inconscient collectif :

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    32 UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIE Outre notre conscience immdiate, qui est de nature toutfait personnelle et dont nous pensons qu elle est la seule psychempirique (mme si nous y annexons accessoirement l inconscient personnel), l existe un second systme psychique denature collective, universelle et impersonnelle, lequel est identique chez tous les hommes. Cet inconscient collectif ne se dveloppe pas de manire individuelle, l est hrit. Il consiste en desformes prexistantes, les archtypes, qui ne peuvent devenirconscientes que secondairement et qui confrent des formesdfinies certains contenus psychiques. (21)

    Jung essaya d expliquer l hrdit de l inconscient collectif en termes physiques, en suggrant que les formes archtypes taient prsentes dans le plasma germinatif. (22) Il parat toutefois douteuxque quoi que ce soit prsentant les proprits des formes archtypes puisse tre hrit chimiquement de la structure de 1 ADN, ou detoute autre structure physique ou chimique des cellules du sperme oude l ovule. En fait, l ide de l inconscient collectif n a gure de senspar rapport la biologie mcaniste actuelle et ce quels que puissenttre ses mrites en tant que thorie psychologique.Il n y a a priori pas de raison pour que les thories psychologiquesse confinent dans le cadre mcaniste ; elles risquent de mieux sintgrer dans un cadre interactionniste. Les phnomnes mentaux nedpendent pas ncessairement de lois physiques ; ils suivent pluttdes lois qui leur sont propres.

    Pour illustrer la diffrence entre les dmarches mcanistes et interactionnistes, intressons-nous au problme de la mmoire Selon lathorie mcaniste, les souvenirs doivent tre stocks dans le cerveau.La thorie interactionniste considre que les proprits de l espritpeuvent tre telles que les tats mentaux passs sont capablesd influencer directement les tats prsents, et ceci d une manire quine ncessite pas le stockage de traces physiques des souvenirs. (23) Sitel tait le cas, une recherche de traces physiques de souvenirs dans lecerveau serait invitablement vaine. Bien que diffrentes hypothsesmcanistes aient t avances - par exemple en termes de circuitsrflchissant l activit nerveuse, ou de modifications dans les jonctions synaptiques entre les nerfs, ou encore de molcules spcifiquesd ARN -aucune ne fournit une explication convaincante du mcanisme de la mmoire. (24)

    Si les souvenirs ne sont pas stocks physiquement dans le cerveau,

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    LES PROBLMES IRRSOLUS DE LA BIOLOGIE 33certains types de souvenirs ne doivent pas ncessairement tre confins aux esprits individuels. La notion jungienne d inconscient collectif hrditaire contenant des formes archtypes pourrait donc treinterprte comme une sorte de souvenir collectif.De telles spculations, dfendables dans le contexte de l interactionnisme, paraissent vides de sens d un point de vue mcaniste.Nous ne pouvons toutefois considrer la thorie mcaniste comme unfait admis ; aujourd hui, l ide que tous les phnomnes de lapsychologie sont en principe explicables en termes de physique n estelle-mme que pure spculation.1 8 La parapsychologie

    Dans toutes les socits traditionnelles ainsi que dans les religions,l est question d hommes et de femmes dous de pouvoirs apparemment miraculeux. Dans de nombreuses rgions du monde, diversesaptitudes paranormales sont cultives dlibrment au sein de systmes sotriques tels que le chamanisme, la sorcellerie, le yoga tantri

    que et le spiritualisme. Mme dans la socit occidentale moderne,on a connaissance de phnomnes apparemment inexplicables : tlpathie, clairvoyance, prcognition, souvenirs de vies passes, maisons hantes, poltergeists, psychocynse, etc.Il est vident qu il s agit l d un secteur o la superstition, lafraude et la crdulit sont reines. Il n est toutefois pas permis de rejeter d office la possibilit que de tels phnomnes existent ; nousdevons au moins prendre le temps d examiner les indices en notrepossession.L tude scientifique des phnomnes dits paranormaux date main

    tenant de prs d un sicle. Bien que la recherche psychique ait faitressortir que plusieurs cas taient des fraudes manifestes et qued autres avaient en ralit une cause normale, l en demeure encorebeaucoup qui dfient toute explication en termes de principes physiques connus. (25) En outre, des expriences conues pour tester lavalidit des phnomnes de perception extra-sensorielle ou depsychocynse ont produits des rsultats positifs. (26)

    Dans la mesure o ces phnomnes ne peuvent tre expliqus parles lois connues de la physique et de la chimie, ils ne peuvent existerd un point de vue mcaniste. (27) Mais ils existent pourtant et l semble y avoir deux types possibles de dmarche thorique. La premireconsiste supposer qu ils dpendent de lois de physique encore

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    34 UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIEinconnues ; la seconde supposer qu ils dpendent de facteurs causals non-physiques ou de principes de liaison. 28) La plupart deshypothses du second type avances ce jour se sont intgres uncadre interactionniste. D autres, plus rcentes, se fondent sur desformulations propres la thorie quantique et font intervenir desvariables caches ou des univers branchs ; elles postulent enoutre que le mental joue un rle dans la dtermination des rsultats des processus probabilistes de changement physique. (29)

    Tant l imprcision de ces hypothses thoriques que la natureinsaisissable de ces phnomnes entravent les progrs raliss par larecherche en parapsychologie. Ce qui son tour renforce la tendancede nombreux biologistes mcanistes ignorer, voire nier, les indicesprouvant que ces phnomnes se produisent bel et bien.

    1 9 ConclusionsCe bref survol des problmes en suspens de la biologie ne nous

    encourage pas penser qu ils pourront tous tre rsolus par uneapproche exclusivement mcaniste. Dans le cas de la morphogenseet du comportement animal, la question peut tre considre commeouverte ; mais les problmes de l volution et de l origine de la viesont insolubles p r s et ne nous permettent pas de choisir entre lathorie mcaniste et les autres thories de la vie. La thorie mcanistese heurte de srieuses difficults philosophiques lies aux limites del explication physique. En psychologie elle n a pas l avantage sur lathorie interactionniste et lorsqu il est question des phnomnesparapsychologiques, elle est en contradiction avec les preuves manifestes de leur ralit.Par ailleurs, si l approche interactionniste parat tre une alternative sduisante dans les domaines de la psychologie et de la parapsychologie, elle prsente le grave inconvnient de creuser un foss entrela psychologie et la physique. Qui plus est, ses implications biologi

    ques plus vastes ne sont pas trs claires. En effet, si l interaction del esprit avec le corps affecte le comportement humain, qu en est-il ducomportement des autres animaux ? Et si un facteur causal nonphysique intervient dans le contrle du comportement des animaux,ne pourrait-il galement jouer un rle dans le contrle de la morphogense ? En ce cas, doit-il tre considr comme un facteur du typepropos dans les thories vitalistes de la morphogense ? Si tel est le

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    LES PROBLMES IRRSOLUS DE LA BIOLOGIE 35cas, en quoi un facteur vital contrlant le dveloppement embryonnaire ressemblerait-il l esprit humain ?Par consquent, la thorie interactionniste, resitue dans le contexte biologique gnral, semble crer plus de problmes thoriquesqu elle n en rsout et ne parat pas dboucher sur des prdictions spcifiques vritables- en dehors du fait qu elle permet de justifier lesphnomnes parapsychologiques.L approche organiciste prsente, au stade actuel, le mme inconv-nient : elle ne suggre aucune nouvelle ligne de recherche empirique ;elle n a rien d autre offrir la biologie exprimentale qu une terminologie ambigu.Face une telle pnurie d alternatives, la recherche en biologiedevra continuer suivre l approche mcaniste en dpit de ses limites.De cette manire au moins, on dcouvrira toujours quelque chosemme si les problmes majeurs de la biologie demeurent irrsolus. Sinous n avons d autre choix court terme, il semble toutefois raisonnable en nous tournant vers l avenir de nous demander s il n est paspossible de dvelopper une alternative cohrente, spcifique et susceptible de produire des rsultats vrifiables. Si une telle thorie doittre formule, le problme de la morphogense me parat tre le problme idal auquel s attaquer pour commencer.Je discuterai au chapitre suivant le potentiel des versions amliores des thories mcanistes, vitalistes et organicistes de lamorphogense.

    NOTES(1) Huxley (1867), p. 74 .(2) Cf , par exemple, Crick 1967) et Monod 1970). Ces deux auteurs prtendent , probablement avec raison, que leurs visions sont reprsentatives de celles de la majorit de leurs collgues. En ralit, la version de Crick, moins sophistique que celle de Monod, est probable-ment plus proche de la pense de la plupart des biologistes molculaires . Monod n en proposepas moins 1expos le plus clair et le plus explicite de la position mcaniste de ces derniresannes.3) Needham (1942), p. 686.4) Driesch (1908).5) Wolff (1902).6) Un autre concept remplissant le mme rle explicatif que le programme gntique es t legnotype Bien que ce terme soit moins videmment tlologique, il est souvent employ dansle mme que le programme gntique. Lenartowicz 1 975 ) a montr dans une analyse

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    36 UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIEdtaille que si le gnotype tait simplement identifi l ADN, sa valeur apparemment explicative disparatrait.7) Pour une discussion plus dtaille, cf Sheldrake (1980 a).8) On trouvera de nombreux exemples chez von Frisch (1975).(9) Ricard (1969).(10) P. ex. : Rensch (1959; Mayr (1963); Stebbins (1974).(Il) P. ex.: Goldschmidt (1940); Willis (1940).12) Crick et Orge (1973).13) Hoyle et Wickramasinghe (1978).14) Eigen et Schuster (1979).15) Cf, par exemple, les discussions de Beloff (1962) et de Popper et Eccles (1977).16) Ce problme fut mis en vidence de manire particulirement claire par Schopenhauer(1883).(17) D Espagnat (1976), p. 286.

    (18) Wigner (1961, 1969).(19) P. ex. : Watson (1924); Skinner (1938); Broadbent (1961).(20) Pour des discussions critiques, cf Beloff (1962) ; Kstler (1967) ; Popper et Eccles(1977).21) Jung (1959), p. 43.22) Ibid., p. 75.(23) Henri Bergson a dvelopp une hypothse originale et intressante dans son ouvrageatire et moire (1896). Nanmoins, d'autres types d'hypothses interactionnistes sontpossibles ; par exemple, Beloff (1980) a suggr que l'esprit interagit avec le cerveau dans le

    rtablissement de souvenirs, mais que les souvenirs eux-mmes sont stocks sous forme de traces physiques.(24) Un rcent article sur ce sujet commenait comme suit : O et comment le cerveaustocke-t-il ses souvenirs ? Tel est le grand mystre.' Cette citation extraite de l'ouvrage classique de Boring ( 1950) sur 1 histoire de la psychologie exprimentale, est toujours valable de nosjours, bien qu un quart de sicle de recherches intensives se soient passes. (Buchtel et Berlucchi, in Duncan and Weston-Smith, 1977). Non seulement il n 'existe aucune vidence de ceque des traces de souvenirs soient stockes dans le cerveau, mais encore il y a des raisons decroire qu aucune explication mcaniste cohrente de la mmoire en termes de traces physiquesne soit possible, mme en principe (Bursen, 1978).(25) Ashby (1972) propose une bibliographie critique couvrant presque tous les aspects dela recherche psychique : on trouvera des comptes rendus dtaills de la littrature chez Wolman (1977).(26) Pour un expos introducteur, cf Thouless (1972).(27) Taylor et Balanovski (1979).28) Pour un aperu de la littrature thorique, cf Rao 1 977).29) P. ex. : Walker (1975) ; Whiteman (1977); Hasted (1978).

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    CHAPITRE

    TROIS THORIES DE L MORPHOGENSE2 1 La recherche descriptive et la recherche exprimentale

    Il est possible de dcrire l dveloppement de diverses manires :on peut dessiner, photographier ou filmer la forme externe de lanimal ou du vgtal - ce qui nous renseigne sur les modifications de samorphologie ; on peut dcrire sa structure interne, y compris sonanatomie microscopique, des stades de dveloppement successifs(cf. Fig. 3) ; on peut mesurer les variations des grandeurs physiquestelles que le poids, le volume et le taux de consommation d oxygne ;on peut galement analyser les modifications de la composition chimique de l organisme dans son ensemble ou de certaines de ses parties . L amlioration progressive des techniques a permis de raliserde telles descriptions de manire toujours plus dtaille . Ainsi, grceau microscope lectronique, on a tudi l ultrastructure cellulaireavec une rsolution de loin suprieure celle atteinte l aide dumicroscope optique : on a donc dcouvert un nombre considrablede structures nouvelles. Les mthodes analytiques de la biochimiemoderne ont permis de mesurer dans de minuscules chantillons detissus les modifications de concentration de molcules spcifiques tell s que : les protines et les acides nucliques. Les radio-isotopes permettent de suivre et de localiser des structures chimiques au fur et mesure du dveloppement de l organisme. Les techniques d induction de modifications gnriques au sein de certaines cellules del embryon permettent d identifier leurs descendants marqus gntiquement et de dresser la carte de leur destine.

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    38 UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIE

    H

    j 'P' ' Radicule CotyldonsFIGURE N 3 : Phases du dvelopppement de l'embryon de la bourse--pasteur ,Capsella bursa pastoris (d aprs Maheshwari, 1950).

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    TROIS THORIES DE LA MORPHOGNSE 39La plupart des recherches en embryologie et en gntique visent fournir des descriptions factuelles au moyen de telles techniques. Cesdescriptions sont ensuite classifies et compares afin de dcouvrir dequelle manire diverses modifications sont lies au sein d un organisme et en quoi divers organismes se ressemblent. Ces rsultatspurement descriptifs n expliquent pas, perse les causes du dveloppement mais suggrent certaines hypothses (1). Ces dernires peuvent alors tre tudies en provoquant des perturbations exprimentales du processus de dveloppement : on modifiera ainsi l environ

    nement ; on appliquera des stimuli physiques ou chimiques en certains points spcifiques de l organisme et on tudiera indpendamment leur dveloppement ; on observera paralllement la maniredont l organisme ragit au prlvement ; on tudiera les effets obtenus en combinant diverses parties au moyen de greffes ou detransplantations.Les problmes majeurs soulevs par ce type de recherche ont trsums dans la section 1.2. : le dveloppement biologique est pigntique- c est--dire qu il implique un accroissement de complexitde la forme et de l organisation inexplicable en fonction du dveloppement ou de la dcomposition d une structure prforme mais invisible ; nombre d organismes en dveloppement sont capables dergulation - c est--dire de produire une structure plus ou moinsnormale si une partie de organisme est dtruite ou prleve unstade du dveloppement suffisamment prcoce ; de nombreux organismes sont capables de rgnrer ou de remplacer des parties manquantes ; et, dans la multiplication vgtative ou dans la reproduction sexuelle, de nouveaux organismes sont forms partir d lments provenant des organismes parentaux. Il convient en outre denoter que dans les systmes en dveloppement, la destine des celluleset des tissus est dtermine par la position qu ils occupent au sein de1 organisme.Les thories mcanistes, vitalistes et organicistes se fondent, toutestrois, sur cet ensemble de faits et de rsultats qu aucune ne remet enquestion. Elles divergent en revanche radicalement dans leursinterprtations.2 2 Le mcanisme

    La thorie mcaniste moderne de la morphogense attribue un rleprimordial l ADN pour quatre raisons.

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    40 UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIE1o - On a dcouvert que de nombreuses diffrences hrditaires

    entre des animaux ou des vgtaux d une mme espce dpendent degnes, dont on peut actuellement dresser la cartographie et localisssur des sites prcis de chromosome particulier.2 - On sait que la base chimique des gnes est l ADN et que leurspcificit dpend de la squence des bases puriques et pyrimidiquesdans l ADN. On sait comment l ADN agit en tant que base chimique del hrdit : d une part, il est capable d effectuer sa propre rplication

    du fait de la spcificit de l appariement des bases sur ses deux brinscomplmentaires ; d autre part, il sert de modle pour la squencedes acides amins dans les protines. Il ne remplit pas e dernier rlede manire directe ; un de ses brins (un montant de la double hlice)est d abord transcrit sous forme d une molcule d ARN messager constitu par une chane polynuclotidique unique - aucours du processus de synthse des protines - la squence des basesest lue raison de trois bases la fois. Diffrents triplets de basesspcifient diffrents acides amins ; ainsi, le code gntique est-il traduit en une squence d acides amins, lis ensemble pour donner des chanes polypeptidiques caractristiques, qui s enroulentensuite pour former les protines.4o - Les caractristiques d une cellule dpendent de ses protines : son mtabolisme, sa capacit de synthse des enzymes, certainesde ses structures dues aux protines de structure, et les proprits desa surface membranaires qui la rend reconnaissable par d autres cellules dotes de protines spciales leur surface.

    Dans le cadre de la pense mcaniste, le problme central du dveloppement de la morphogense est celui du contrle de la synthsedes protines. Chez les bactries, des substances chimiques spcifiques appeles inducteurs peuvent provoquer des transcriptionsde rgions spcifiques de l ADN en ARN messager, qui sert ensuitede modles des protines spcifiques. L exemple classique estl induction de l enzyme - galactosidase partir du lactose chezEscherischia coli Le branchement du gne est le sige d unsystme complexe, comprenant une protine rpresseur qui bloque latranscription en se combinant la rgion spcifique de 1ADN. Cettetendance est fortement rduite en prsence de l inducteur chimique.Les rpresseurs chimiques spcifiques dbranchent parfois lesgnes par un processus analogue. Chez les animaux et chez les vg-taux, le systme qui branche ou qui dbranche les gnes est

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    TROIS THORIES DE LA MORPHOGNSE 4plus compliqu et n est pas encore compris. De nouvelles complications rsultent d une dcouverte rcente : l ARN messager peut treform d lments transcrits partir de diffrentes rgions de l ADNest subsquemment assembles d une manire spcifique. Qui plusest, la synthse des protines est galement contrle au niveau detraduction ; la synthse des protines peut tre branche ou dbranche par une srie de facteurs, mme en prsence del ARN messager appropri .Les diffrentes protines produites par diffrents types de cellulesdpendent de la manire dont est contrle la synthse des protines.La seule faon de comprendre cela dans un cadre mcaniste consiste envisager des influences physico-chimiques sur les cellules ; lesmodes de diffrenciation dpendent donc des modes physicochimiques au sein du tissu. On ne connat pas la nature de cesinfluences, mais on n en a pas moins avanc diverses possibilits :gradients de concentration d agents chimiques spcifiques ; systmes diffusion-raction avec rtroaction chimique ; gradients lectriques ; oscillations lectriques ou chimiques ; contacts mcaniquesentre les cellules ; ou divers autres facteurs ou combinaisons de diffrents facteurs. Les cellules sont alors contraintes de ragir ces diffrences selon des manires caractristiques. Une faon couranted envisager ce problme est de considrer que ces facteurs physiquesou chimiques fournissent l information positionnelle que les cellules interprtent ensuite en fonction de leur programme gntique en branchant la synthse des protines particulires. 2)Ces divers aspects du problme central du contrle de la synthsedes protines sont prsent l objet d investigations actives. Nombrede biologistes mcanistes esprent que la solution de ce problmefournira - ou tout au moins mnera vers - une explication de lamorphogense en termes purement mcanistes.Afin d tablir si une telle explication mcaniste est probable oumme possible un certain nombre de difficults doivent tre considres une une :

    1) Le rle explicatif imput l ADN et la synthse des protinesspcifiques est srieusement restreint dans son champ d action dufait que l ADN comme les protines de diffrentes espces sont parfois trs semblables. Par exemple, dans une comparaison dtailleentre des protines humaines et celles d un chimpanz, on a dcouvert qu un nombre considrable d entre elles taient identiques et quedautres ne diffraient que lgrement :

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    42 UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIE La squence des acides amins, les mthodes immunologiques et lectrophortiques prsentent des valuations concordantes quant la ressemblance gntique. Toutes ces approchesindiquent que le polypeptide humain moyen est plus de 99identique sa contrepartie chez le chimpanz. 3) Les comparaisons des parties considres comme importantes sur le plangntique des squences d'ADN montrent que la diffrence globale entre les squences ADN des humains et des chimpanzsn'est que de 1,1 . Des comparaisons semblables entre diffrentes espces de souris ou de mouches du vinaigre rosophilaont rvl des diffrences plus importantes entre ces espces trsproches qu'entre les tres humains et les chimpanzs et mnent la conclusion que les contrastes entre l'volution des organismes et celui des molcules indiquent que les deux processussont dans une large mesure indpendants l'un de l'autre. 4)

    Cependant, prsumons pour le propos de l'argument que les diffrences hrditaires entre des espces aussi diffrentes que les treshumains et les chimpanzs puissent tre vraiment expliques en termes de trs petits changements dans la structure molculaire, ou depetits nombres de protines diffrentes, ou de changements gntiques qui affectent le contrle de la synthse protique (dpendantpeut-tre dans une certaine mesure des diffrences de l'ADN au seindes chromosomes) ou des combinaisons de ces facteurs.2) Au sein du mme organisme, diffrents modles de dveloppement interviennent alors que l'ADN demeure le mme. Considrons

    ce propos le bras et la jambe d'un homme :tous deux contiennentdes types de cellules identiques (cellules des muscles, cellules du tissuconjonctif, etc) ainsi que des protines et un ADN identiques. Lesdiffrences existant entre le bras et la jambe ne peuvent donc treattribues l'ADN p rs ; elles sont imputables aux facteurs dterminant les formes qui agissent diffremment dans le dveloppementdu bras et de la jambe. La prcision de l'organisation des tissus- par exemple, la runion des tendons sur la partie droite desos -montre que ces facteurs dterminatifs jouissent d'une grandeprcision. La thorie mcaniste de la vie signifie que ces facteurs doivent tre considrs comme tant de nature physico-chimique. Orleur nature est l'heure actuelle inconnue.3) Mme si les facteurs physiques ou chimiques dterminant unmodle de diffrenciation sont identifiables, il subsiste encore le pro-

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    TROIS THORIES DE LA MORPHOGNSE 43blme de la manire dont ces facteurs se modlent eux-mmes en premier lieu. Ce problme peut tre illustr en considrant deux des trsrares cas dans lesquels des morphognes chimiques ont vraimentt isols.Premirement dans les myxomyctes cellulaires, des cellules amibodes vivant libres s assemblent sous certaines conditions pour former un pseudoplasmode l aspect de limace, qui aprs s tre dplacpendant un certain temps s lve dans l air et se diffrencie en unpdicelle porteur d une masse de spores. (Fig. 4) On a montr quel agrgat de ces cellules dpendait d un agent chimique relativementsimple, l AMP cyclique (adnosine 3 -5 - monophosphate). Maisdans l organisme compos, bien que la distribution de l AMP cyclique soit en relation avec le mode de diffrenciation, l est difficilede dire si le mode de l AMP cyclique est une cause ou une consquence de la diffrenciation des pdicelles et des pr-spores . Enoutre, mme s il joue un rle causal dans la diffrenciation, ln explique pas en soi le mode dans lequel il est distribu, ni le fait quece modle varie d une espce une autre : certains autres facteurssont certainement responsables de sa distribution-type. 5)Deuximement, chez les vgtaux suprieurs, l hormone auxine(acide indolyl-actique) est connue pour jouer un rle dans le contrle de la diffrenciation vasculaire. Mais qu est-ce qui contrledonc la production et la distribution d auxine ? Il semble que larponse soit : la diffrenciation vasculaire elle-mme. L auxine estprobablement libre par des cellules vasculaires diffrencies en tantque sous-produits de la rupture protique, qui advient lorsque les cellules mrissent. Le systme est donc circulaire : l contribue maintenir les modles de diffrenciation, mais il n explique pas commentils sont tablis en premier lieu. 6)Supposons cependant qu il soit possible d identifier quels facteursconfrent un modle aux influences physiques ou chimiques qui,leur tour, dterminent le modle de diffrenciation ; supposons galement que les moyens par lesquels ces facteurs de contrle sont euxmmes contrls puissent tre identifis, etc. Nous nous trouvonsalors confronts au problme de rgulation : si on supprime une partie du systme, ces sries labores de modles physico-chimiquesseront bouleverses. Mais d une faon quelconque les parties restantes du systme modifient le cours habituel de leur dveloppement etproduisent un rsultat final plus ou moins normal.

    On considre en gnral que ce problme est des plus complexes et

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    44 UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIEil est loin d tre compris, ne serait-ce que dans les grandes lignes. Lesdfenseurs de la thorie mcaniste esprent qu il sera rsolu grce maints efforts acharns ; leurs adversaires nient qu il puisse tre ainsirsolu, y compris dans le principe. Supposons encore une fois cependant qu on parviendra une solution mcaniste.(4) Vient ensuite le problme de la faon dont cette informationpositionnelle produit ses effets. L explication la plus simple seraitque l information positionnelle est dtermine par des gradientsde concentration d agent chimique spcifique et es cellules exposes plus d une certaine concentration synthtisent tel ensemble de protines tandis que des cellules exposes des concentrations infrieures ce seuil synthtisent tel autre ensemble de protines. Supposonsencore que ce mcanisme ou d autres permettant d interprterl information positionnelle soi(en)t identifiable(s). (7) A la fin decette chane de suppositions des plus optimistes, nous obtenons unesituation dans laquelle diffrentes cellules s organisent selon unmodle adapt pour fabriquer diffrentes protines.Il y a eu jusqu prsent un ensemble de relations interindividuelles : un stimulus spcifique branch un gne ; l ADN est transcrit en ARN ; et l ARN est traduit en une squence particulire d acides amins, une chane polypeptidique. Cette squence causale simple touche maintenant sa fin. Comment les chanes polypeptidiquess enroulent-elles dans les structures tridimensionnelles caractristiques des protines ? Comment les protines confrent-elles aux cellules leurs structures caractristiques ? Comment les cellules s assemblent-elles pour former des tissus possdant des structures caractristiques ? Etc. Tels sont les problmes de la morphogense : lasynthse des chanes polypeptidiques spcifiques fournit la base pourle mcanisme mtabolique et les matriaux structurels desquelsdpend la morphogense. Les chanes polypeptidiques et les protines dans lesquelles elles s enroulent sont sans aucun doute ncessaires la morphogense ; mais qu est-ce qui dtermine vraiment lesmodles et les structures dans lesquels les protines, les cellules et lestissus se combinent ? L hypothse mcaniste veut que ceci soit explicable en termes d interaction physique et se droule spontanment endonnant les bonnes protines aux bonnes places, aux bons momentset dans la bonne squence. La biologie mcaniste abdique effectivement ce stade crucial et le problme de la morphogense est abandonn sans autre forme de procs la physique.Il est vrai que les chanes polypeptidiques s enroulent spontan-

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    TROIS THORIES DE LA MORPHOGNSE

    Dyctyostelium mucorodes

    Polysphondilium pallidum

    Masse de spores sore).............._Pdicelle

    45

    FIGURE N 4 - Stades de migration et de culmination de deux espces de myxomyctes cellulaires. Sur la gauche se trouvent les organismes composs, rcemmentdvelopps et forms par l agrgat de nombreuses cellules amibodes. Ceux-ci sedplacent comme des limaces, puis croissent en hauteur en se diffrenciant en despdicelles porteurs de spores (d aprs Bonner, 1958).

    ment en de bonnes conditions en protines ayant une structure tridimensionnelle caractristique. On parvient mme les faire se drouler, puis en changeant les conditions, s enrouler nouveau dans destubes essai. Ce processus ne dpend donc pas d une quelconqueproprit mystrieuse des cellules vivantes. Des sous-units protiques s assemblent en outre dans des conditions de laboratoire pourformer des structures qui sont normalement produites l intrieurdes cellules vivantes : par exemple, des sous-units nommes tubulines s assemblent en des structures ressemblant de longs btonnetsnommes microtubules. Des structures encore plus complexes, telsque des ribosomes peuvent tre formes par l agrgation spontanede protines diverses et de composants de l ARN . D autres classes desubstances, par exemple les lipides des membranes cellulaires peuvent aussi s assembler spontanment dans un tube essai.

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    46 UNE NOUVELLE SCIENCE DE LA VIECes structures ressemblent des cristaux puisqu au stade actuel

    elles subissent un auto-assemblage spontan ; nombre d entre ellespeuvent vraiment tre considres comme cristallines ou quasicritallines. Elles ne posent donc en principe ni plus ni moins problme qu une cristallisation normale ; on prsume que des processusphysiques de mme type sont mis en uvre.Nanmoins, on ne peut en aucun cas considrer tous les processusmorphogntiques comme des types de cristallisation. Ils doiventimpliquer un certain nombre d autres facteurs physiques ; par exemple les formes prises par des membranes doivent tre influences parles forces de tension en surface, et les structures des gels et des solutions par les proprits collodales de leurs constituants. Certains desmodles manent donc parfois de variations dues au hasard sur leplan statistique. Des exemples simples de la manifestation d ordretravers les fluctuations sont actuellement l tude selon le point devue de la thermodynamique irrversible ou non quilibre dans lessystmes inorganiques, et il est possible que des processus comparables uvrent dans les cellules et les tissus. 9)

    La thorie mcaniste ne suggre cependant pas simplement que cesprocessus physiques, et d autres encore, participent la morphogense ; elle affirme que la morphogense est explicable en termes dephysique. Qu est-ce que cela signifie ? Si toute chose observable estdfinie comme tant en principe explicable physiquement du simplefait qu elle advienne, elle est donc par dfinition. Ceci ne signifietoutefois pas qu elle soit explicable en termes de lois physiques con-nues Une telle explication pourrait tre valablement formule propos de la morphogense biologique si un biologiste, disposant de lasquence entire des bases dans l ADN d un organisme et d une description dtaille de l tat physico-chimique de l uf fertilis et del environnement dans lequel il s est dvelopp, pouvait prdire selonles lois fondamentales de la physique (par la thorie des quantas , lesquations de l lectromagntisme, le deuxime principe de la thermodynamique, etc) :premirement, la structure tridimensionnelle detoutes les protines que l organisme produira ; deuximement, lesproprits enzymatiques et autres de ces protines ; troisimement, lemtabolisme entier de l organisme ; quatrimement, la nature et lesconsquences de tous les types d information positionnelle qui semanifesteront durant son dveloppement ; cinquimement, la structure de ces cellules, tissus et organes et la forme de l organisme entant que tout ; et finalement dans le cas d un animal, son comporte-

  • 8/14/2019 Rupert Sheldrake - Une Nouvelle Science de La Vie (Biologie.psychologie.darwin.evolution.meditation.zen)

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    TROIS THORIES DE LA MORPHOGNSE 47ment instinctif. i toutes ces prvisions taient confirmes et si enoutre le droulement du processus de rgulation et de rgnrationpouvait galement tre prvu a priori il s agirait vraiment d unedmonstration concluante du fait que les organismes vivants sonttotalement explicables en termes de lois physiques connues. Mais ilest vident que ceci est impossible en l tat actuel de nos connaisances. Il n existe donc aucun moyen de dmontrer la validit d une telleexplication. Et il n en existera peut-tre jamais.Ainsi si la thorie mcaniste prtend que tous les phnomnes de lamorphogense sont en principe explicables selon les lois connues dela physique, il se pourrait que cela soit faux : nous comprenons sipeu de choses prsent qu il semble qu il n existe aucun fondementpour tayer la croyance en la capacit des lois conn