16
« Tout ce qui est national est nôtre » La dictature de la "vertu" Rien n'a changé Rien n'a changé dans les banlieues... dans les banlieues... Les c Les c hif hif fr fr es cac es cac hés hés de l'insécurité de l'insécurité PAGE 5 FRANCE FRANCE LE SECOND EMPIRE : LE SECOND EMPIRE : ENTRETIEN ENTRETIEN AVEC PHILIPPE PICHO VEC PHILIPPE PICHOT-BRA -BRAVARD ARD p. 16 16 3:HIKLKJ=XUXUUU:?m@h@h@s@a; M 01093 - 2778 - F: 3,00 E V ers une implosion ers une implosion politique politique ? Le Liban ota Le Liban otag e e des a des aya tollahs tollahs PAGE 9 MONDE MONDE La Contre-Révolution La Contre-Révolution pour hérit pour hérit age age : Char Char les Maur les Maurr as as et Louis de Bonald et Louis de Bonald PAGE 12 IDÉES IDÉES 3 s N° 2778 63 e année Du 17 au 30 septembre 2009 Paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois www.actionfrancaise.net 2 0 0 0 PAGE 3 GE 3 MÉGALO ? « L'histoire du Rafale [...] est un scandale d'État », proclame Serge July, qui pré- tend déverser sa bile sur un gouffre financier. « Coût de ce programme pour le contri- buable : à peu près 40 mil- liards d'euros. À titre de com- paraison, l'impôt sur le revenu a rapporté, en 2007, 54 mil- liards. » (RTL, 08/09/2009) Un avion de combat, cela coûte cher, très cher. Sans doute un tel investissement apparaît-il inacceptable aux yeux d'un vieux soixante-huitard... À titre de comparaison, nous rappellerons surtout qu'un Eu- rofighter a coûté 50 % de plus qu'un Rafale aux contribuables allemands, britanniques, espa- gnols, italiens. « Le choix de jouer en franco-français [...] apparaît aujourd'hui comme le plus rationnel, tant sur le plan des finances publiques que sur celui des besoins militaires », observe Jean-Dominique Mer- chet (Défense européenne, la grande illusion, éd. Larousse). Les faits sont têtus. M. July s'obstine pourtant à les igno- rer, obnubilé par son entre- prise de dénigrement national : « Il faut espérer que Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière. » Nous l'avons vu, l'exemple est mal choisi pour stigmatiser une surestimation de nos capacités. Cela dit, l'ar- rogance française n'est pas un mythe : « Entre l'excès de pré- tention et l'excès de sous-esti- mation de soi, nous sommes passés par des extrêmes qui nous handicapent », déplore Hubert Védrine (Rapport sur la France et la mondialisation). « Il est temps de trouver notre équilibre. » Le "partenariat stratégique" mis en œuvre avec le Brésil pourrait nous y aider. G.D. Q uelle mouche a donc pi- qué Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, pour qu'il se rende ce dimanche 12 septembre à la Fête de L'Hu- manité ? Il n'avait pas prévu qu'il pourrait ne pas y être le bien- venu. Résultat : dès son arrivée à La Courneuve une trentaine de militants se sont mis à crier : « Dehors la droite , « À bas le gouvernement ! » Il a même eu droit à « Casse-toi, pauvre con » - ces manifestants n'ayant pas la mémoire courte... Quelques mi- nutes plus tard le même sort atteignait M. Éric Woerth, mi- nistre du Budget et de la Fonc- tion publique. Bien sûr ce manque d'éduca- tion est choquant, mais, de- manderons-nous, où est l'indé- cence : du côté des jeunes tru- blions au crâne bourré de slogans ? Ou du côté de ces deux ministres du gouvernement, qui osent aller de leur propre gré s'acoquiner quelques heures avec le dernier carré des "collabos" du Parti communiste, qui ne se sont jamais vraiment désolidarisés des exterminations voulues pendant quatre-vingts ans par les diri- geants soviétiques au nom du l'idéologie marxiste-léniniste ? Les cent millions de morts que portent sur la conscience les hé- ritiers de Staline ne semblent en rien toucher la conscience de MM. Woerth et Mitterrand neveu. Les hommes et femmes forma- tés par Nicolas Sarkozy sont au- dessus de ces considérations. "Ouverture" Venus de tous les horizons, persuadés que donc l'avenir est dans "l'ouverture", ils vivent sur une planète où tout le monde se congratule en abandonnant ses convictions, tandis que, sûrs d'avoir abasourdi le bon peuple de France avec la peur du car- bone et de la grippe, ils se croient permises toutes les ex- hibitions. Ils viennent d'ap- prendre à leurs dépens que la politique du baiser Lamourette n'a qu'un temps... M. Miterrand, pour justifier sa présence dans la galère de La Courneuve a dit qu'en tant que ministre de la Culture il se sen- tait solidaire de L'Huma comme de tout autre journal. S'invitera- t-il alors un jour à une réunion organisée par L'Action Fran- çaise 2000 ? M.F. FÊTE DE L'HUMA Une exhibition chahutée Quand les fils de Staline chahutent Mitterrand neveu... La grossièreté des contestataires répond à la provocation des ministres d'"ouverture". Des petits malheurs d'Hortefeux aux "grandes peurs" programmées L’ACTION FRANÇAISE

s e année La dictature de la vertu...Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière.» Nous

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: s e année La dictature de la vertu...Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière.» Nous

« To u t c e q u i e s t n a t i o n a l e s t n ô t re »

La dictature de la "vertu"

Rien n 'a changé Rien n 'a changé dans les banl ieues. . .dans les banl ieues. . .

Les cLes chifhiffrfres caces cachéshés

de l'insécuritéde l'insécuritéPA G E 5

■■ F R A N C EF R A N C E

LE SECOND EMPIRE :LE SECOND EMPIRE : ENTRETIEN ENTRETIEN AAVEC PHILIPPE PICHOVEC PHILIPPE PICHOTT-BRA-BRAVVARD ARD pp.. 1616

3:HIKLKJ=XUXUUU:?m@h@h@s@a;

M 0

1093

- 27

78 -

F: 3

,00

E VVers une implos ion ers une implos ion po l i t iquepol i t ique ??

Le Liban otaLe Liban otagge e

des ades ayyaatollahstollahsPA G E 9

■■ M O N D EM O N D E

La Contre-Révolut ion La Contre-Révolut ion pour hér i tpour hér i t ageage ::

CharCharles Maurles Maurrras as

et Louis de Bonaldet Louis de BonaldPA G E 1 2

■■ I D É E SI D É E S

3 s ❙ N° 2778 ❙ 63e année ❙ Du 17 au 30 septembre 2009 ❙ Paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois ❙ www.actionfrancaise.net

2000

PPAAGE 3GE 3

MÉGALO ?

« L'histoire du Rafale [...]est un scandale d'État »,proclame Serge July, qui pré-tend déverser sa bile sur ungouffre financier. « Coût dece programme pour le contri-buable : à peu près 40 mil-liards d'euros. À titre de com-paraison, l'impôt sur le revenua rapporté, en 2007, 54 mil-liards. » (RTL, 08/09/2009) Unavion de combat, cela coûtecher, très cher. Sans doute untel investissement apparaît-ilinacceptable aux yeux d'unvieux soixante-huitard...À titre de comparaison, nousrappellerons surtout qu'un Eu-rofighter a coûté 50 % de plusqu'un Rafale aux contribuablesallemands, britanniques, espa-gnols, italiens. « Le choix dejouer en franco-français [...]apparaît aujourd'hui comme leplus rationnel, tant sur le plandes finances publiques que surcelui des besoins militaires »,observe Jean-Dominique Mer-chet (Défense européenne, lagrande illusion, éd. Larousse).Les faits sont têtus. M. Julys'obstine pourtant à les igno-rer, obnubilé par son entre-prise de dénigrementnational : « Il faut espérer queNicolas Sarkozy, en soldant leRafale [aux Brésiliens], a aussisoldé, par la même occasion,la mégalomanie française enla matière. » Nous l'avons vu,l'exemple est mal choisi pourstigmatiser une surestimationde nos capacités. Cela dit, l'ar-rogance française n'est pas unmythe : « Entre l'excès de pré-tention et l'excès de sous-esti-mation de soi, nous sommespassés par des extrêmes quinous handicapent », déploreHubert Védrine (Rapport sur laFrance et la mondialisation).« Il est temps de trouver notreéquilibre. » Le "partenariatstratégique" mis en œuvreavec le Brésil pourrait nousy aider.

G.D.

Quelle mouche a donc pi-qué Frédéric Mitterrand,ministre de la Culture,

pour qu'il se rende ce dimanche12 septembre à la Fête de L'Hu-manité ? Il n'avait pas prévu qu'ilpourrait ne pas y être le bien-venu. Résultat : dès son arrivéeà La Courneuve une trentaine demilitants se sont mis à crier :« Dehors la droite ! », « À bas legouvernement ! » Il a même eudroit à « Casse-toi, pauvre con »- ces manifestants n'ayant pas lamémoire courte... Quelques mi-nutes plus tard le même sort atteignait M. Éric Woerth, mi-nistre du Budget et de la Fonc-tion publique.

Bien sûr ce manque d'éduca-tion est choquant, mais, de-manderons-nous, où est l'indé-cence : du côté des jeunes tru-blions au crâne bourré deslogans ? Ou du côté de ces deuxministres du gouvernement, quiosent aller de leur propre grés'acoquiner quelques heures avecle dernier carré des "collabos" duParti communiste, qui ne se sontjamais vraiment désolidarisés desexterminations voulues pendantquatre-vingts ans par les diri-geants soviétiques au nom dul'idéologie marxiste-léniniste ?Les cent millions de morts queportent sur la conscience les hé-ritiers de Staline ne semblent en

rien toucher la conscience deMM. Woerth et Mitterrand neveu.Les hommes et femmes forma-tés par Nicolas Sarkozy sont au-dessus de ces considérations.

"Ouverture"

Venus de tous les horizons,persuadés que donc l'avenir estdans "l'ouverture", ils vivent surune planète où tout le monde secongratule en abandonnant sesconvictions, tandis que, sûrsd'avoir abasourdi le bon peuplede France avec la peur du car-bone et de la grippe, ils secroient permises toutes les ex-hibitions. Ils viennent d'ap-

prendre à leurs dépens que lapolitique du baiser Lamouretten'a qu'un temps...

M. Miterrand, pour justifiersa présence dans la galère de LaCourneuve a dit qu'en tant queministre de la Culture il se sen-tait solidaire de L'Huma commede tout autre journal. S'invitera-t-il alors un jour à une réunionorganisée par L'Action Fran-çaise 2000 ?

M.F.

❏ FÊTE DE L'HUMA

Une exhibition chahutéeQuand les fils de Staline chahutent Mitterrand neveu... La grossièreté

des contestataires répond à la provocation des ministres d'"ouverture".

Des petits malheurs d'Hortefeux aux "grandes peurs"

programmées

L’ACTION FRANÇAISE

Page 2: s e année La dictature de la vertu...Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière.» Nous

❚ ÉCONOMIE & MÉDIAS

❚ 2 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2778 – du 17 au 30 septembre 2009

Directeur de 1965 à 2007 : Pierre Pujo (✟)Directeur de la publication : M.G. PujoRédacteur en chef : Michel FromentouxRédacteur graphiste : Grégoire DubostPolitique : Guillaume Chatizel, Jean-Philippe Chauvin,Michel Fromentoux, Nicolas Hainaut,Stéphane PiolencÉtranger : Charles-Henri Brignac, Guy C. Menusier, Pascal NariÉconomie : Henri LetigreEnseignement, famille, société : Stéphane Blanchonnet, Jean-Pierre Dickès, Michel Fromentoux, Aristide Leucate, Frédéric WinclerCulture : Monique Beaumont, Anne Bernet, Renaud Dourges, Gaël Fons,Norbert Multeau, Jean d’Omiac,François Roberday, Alain WaelkensHistoire : Yves Lenormand, Laure Margaillan, René Pillorget, Francis VenantArt de vivre : Pierre ChaumeilChroniques : François Leger, Jean-Baptiste MorvanAbonnements, publicité, promotion : Monique Lainé

10 rue Croix-des-Petit10 rue Croix-des-Petits-Champs-Champs s 75001 Paris75001 Paris

Tél. : 01 40 39 92 06 - Fax : 01 40 26 31 63

wwwwww.actionfrancaise.net.actionfrancaise.netredaction@[email protected]

[email protected] 1166-3286

» EMBAUCHES

L'UMP recrute : l'équipe or-chestrant sa présence sur laToile devrait passer de deux àvingt personnes.Selon SophieLandrin et PierreJaxel-Truer,entre autres ob-jectifs, le parti présidentielsouhaiterait « entretenir enpermanence un lien directavec ses sympathisants, mêmehors période électorale. SelonM. Giacometti, "il s'agit depromouvoir le parti commeayant une utilité sociale, passeulement comme une struc-ture destinée à préparer descarrières ou des élections." »(Le Monde @, 03/09/2009)

» SUSPICION

La réforme de l'audiovisuelpublic doit compter, elle aussi,avec le droit communautaire.Le 1er septembre, Bruxelles adonné son feuvert au verse-ment à FranceTélévisions d'unesubvention de450 millions d'euros, censéepalier la perte de revenus pu-blicitaires. Le commissaire encharge de la concurrence,Mme Neelie Kroes, se montrebienveillant, rappelant le sou-tien de l'Union européenne à« la politique de pluralité desmédias ». Le 16 juillet 2008, laCommission avait déjà ap-prouvé, sans condition, une in-jection de 150 millions d'eurosau capital de l'entreprise pu-blique. Elle ouvre néanmoinsune enquête « sur l'éventuelleaffectation des taxes intro-duites par la réforme ainsi quesur une éventuelle surcompen-sation des coûts du service pu-blic à l'horizon 2011-2012 ».

» PORNO CHIC

L'Autorité de régulation pro-fessionnelle de la publicitéprétend évaluer l'« image dela personne humaine » véhicu-lée par les annonceurs ; cela« sans tomber dans les piègesdu politiquement correct oude la pudibonderie ». S'ap-puyant sur l'étude de 90 000visuels, son "bilan 2008" fus-tige certes les cas « d'atteinteà la dignité de personnages enraison de leur physique (dis-gracieux, surpoids) ou de leurâge ». Mais il tranche avec lesrecommandations délirantesde la Halde. L'ARPP salue laquasi-disparition du "pornochic" : « Peu ou pas de vio-lence-soumission, ni de réfé-rents aux codes pornogra-phiques. » Elle dénonce, enrevanche, un « retour aux ba-siques » : « gros plans agui-cheurs sur des postérieurs oudécolletés féminins dénudéssans relation avec le pro-duit... » Sont pointés dudoigt, plus particulièrement,les secteurs des accessoiresautomobile et de la moto,ainsi que les services (assu-rance, finance, distribution).

TRENTE-SIX RAFALEAU BRÉSILLe Rafale va-t-il enfin décoller àl'exportation ? Le Brésil devraitacquérir trente-six appareils. Lechef de l'État s'est accordé avecle président Lula sur un « choixde principe ».

Les négociations se poursuivrontpendant quelques mois ; ellesporteront notamment sur l'am-pleur des "transferts de technolo-gies" : « Ce qui est important »,affirme le président Lula, c'est« que l'on puisse produire cetavion au Brésil ». Cela « ne nous

fait pas peur » répond son homo-logue français. « Nous avons inté-rêt à travailler avec vous » :« Pour la technologie de demain,quel pays peut dire que seul, il yarrivera ? » Le président de laRépublique poursuit ainsi la miseen œuvre d'un "partenariat straté-gique", dont participe l'engage-ment de la France d'« aider leBrésil à acquérir les instrumentsde souveraineté d'une grandepuissance de demain », selon lesexplications du Quai d'Orsay.Après neuf mois de discussions,un contrat portant sur la vente decinq sous-marins vient d'ailleursd'être signé le 5 septembre.

PARTENARIAT STRATÉGIQUE

Plus généralement, « le Brésil serapproche de nos positions surl'environnement [...] et continueà soutenir l'association de notrepays à l'Organisation du traité decoopération sur l'Amazonie(OTCA). La France soutient, poursa part, l'ambition brésilienned'accéder à un siège permanentau Conseil de sécurité » des Na-tions Unies. Les échanges com-merciaux entre les deux pays au-raient doublé depuis 2003. Rappe-

lons en outre qu'ils partagent700 kilomètres de frontière, laFrance s'étendant via la Guyanejusqu'en Amérique latine !Outre la "délocalisation" d'un sa-voir-faire industriel, un "renvoid'ascenseur" soulève des interro-gations : l'acquisition par laFrance de transporteurs brésiliensdéveloppés avec la collaborationde Dassault. « Cela n'a rien à voiravec le dossier de l'A400M » pré-vient le président de la Répu-blique ; ces appareils ne seraientque des « brouettes volantes »selon le ministre de la DéfenseHervé Morin, interrogé par Jean-Michel Aphatie (RTL,10/09/2009). Mais la polyvalenceexceptionnelle de l'avion promispar Airbus n'était-elle pas censéeréduire l'hétérogénéité de laflotte militaire française, afind'optimiser formation et mainte-nance ? Les considérations indus-trielles et sociales l'auront em-porté... Selon le directeur géné-ral international de Dassault, ÉricTrappier, « ce contrat représente6 000 emplois en France, pas seu-lement chez Dassault, mais égale-ment chez Safran, Thalès et dansles PME » (Secret Défense @,06/09/2009). ■

Le 30 septembre arrive àéchéance le contrat liantl'Icann au gouvernement

américain. Créée en 1998 à l'is-sue de négociations menées parle vice-président Al Gore, l'Inter-net Corporation for assignednames and numbers est un orga-nisme privé à but non lucratif,régi par le droit californien. Ellejoue un rôle crucial dans la "gou-vernance" d'Internet, supervisant,d'une part, l'attribution desadresses IP (Internet protocol) –des séries de chiffres identifiantchaque point d'accès au réseaumondial –, et, d'autre part, la ges-tion des noms de domaine – cesadresses intelligibles grâce aux-quelles les internautes se repè-rent dans les méandres de la Toile.

Délégations

En collaboration avec l'Icann,de multiples acteurs assurent unegestion décentralisée du réseau.Un gage de fiabilité et d'effica-cité. Sur le Vieux Continent, uneorganisation néerlandaise, le RIPE-NCC, distribue les adresses IP se-lon la plage qui lui a été allouée.Une association française, l'Afnic,administre les domaines de pre-mier niveau créés pour la Francemétropolitaine, la Réunion et lesTerres australes et antarctiquesfrançaises (.fr, .re et .tf).

« La stabilité du système desnoms de domaine a été préser-vée » : « l'Icann et le gouverne-

ment américain peuvent se pré-valoir d'avoir atteint cet objectifclé », reconnaît-on à Bruxelles.La Commission européenne ap-pelle à « maintenir le rôle cen-tral du secteur privé dans la ges-tion quotidienne de l'Internet »,tout en réclamant qu'il rende descomptes « vis-à-vis de la commu-nauté internationale ». L'Icann estmanifestement plus ouverte qu'àl'origine ; elle a permis « la créa-tion d'une large instance réunis-sant de multiples parties pre-nantes, favorisant ainsi un pro-cessus de prise de décision

participatif » ; elle a été prési-dée par un Australien, Paul Twon-ney, auquel a succédé en juilletdernier Rod Beckstrom, le premierdirecteur du National Cyber Se-curity Center.

Suspensions

Cela dit, les pays en dévelop-pement demeurent insuffisam-ment impliqués. En outre, « bienque l'Icann soit un organisme privédont le conseil d'administrationcompte des membres de plusieurspays, c'est à Washington [qu'elle]

doit rendre des comptes en défi-nitive ». Nicolas Arpagian esquisseune comparaison avec la Grande-Bretagne, « dont la suprématiesur les voies maritimes a assuréla domination au cours duXIXe siècle » : « Les Britanniquesmaîtrisaient ces voies de com-munication indispensables aucommerce et aux échanges in-tercontinentaux. Ainsi, l'Icann adécidé par le passé de suspendrel'enregistrement des sites Inter-net en. iq (pour l'Irak) et en. af(pour l'Afghanistan). » (Les Échos,20/08/09) À la demande du gou-vernement américain, influencépar les lobbies puritains, elle re-nonça également à ouvrir le do-maine .xxx, censé faciliter l'iden-tification des sites pornogra-phiques.

Une responsabilitémultilatérale ?

« Les dispositions actuellesqui prévoient un contrôle unila-téral [...] doivent céder la placeà un autre mécanisme qui per-mettrait de garantir qu'une res-ponsabilité multilatérale s'ap-plique à l'Icann », proclame-t-onà Bruxelles. « Il conviendra [...]de s'assurer que le fait que l'Icanna été constituée en société en Ca-lifornie n'empêche pas qu'il soittenu compte des demandes gou-vernementales... » Manifestantquelque velléités d'indépendance,l'Icann s'était d'emblée heurtéeau Congrès. En dépit de ses in-cantations, la Commission euro-péenne ne se fait pas d'illusionquant aux allégeances futures du« shérif du cyberespace » : « Legouvernement américain n'a ja-mais cessé de dire qu'il garderaitle contrôle effectif de la coordi-nation des fonctions essentiellesen matière de noms et d'adressesau niveau mondial. »

G.D.

❏ INTERNET

Mainmise américaineAu cœur du réseau mondial se trouve l'Icann, un organisme de droit californien

lié au gouvernement américain. Un "shérif du cyberespace" sur lequel Bruxelles

appelle à un contrôle accru de la "communauté internationale".

L'Icann supervise l'attribution des adresses IPet la gestion des noms de domaine.

Page 3: s e année La dictature de la vertu...Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière.» Nous

POLITIQUE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2778 – du 17 au 30 septembre 2009 3 ❚

❚ NOTRE SOUSCRIPTION POUR L'AF

Avec les ministres que M. Sar-kozy se choisit selon ses hu-meurs, il faut s'attendre à

tout. L'improvisation, souventmaladroite, semble être la règle.Un jour l'un d'eux parle trop tôt,un autre jour il contredit l'un deses collègues, une autre fois il sefait prendre en train de dire n'im-porte quoi... Nous parlons parailleurs (page 1) d'Éric Woerth etFrédéric Mitterrand qui ont crudevoir aller se faire voir chez lescommunistes... mais l'homme quia occupé le plus les médias cesderniers jours est bien M. BriceHortefeux, ministre de l'Intérieur.

Le MRAP a toujours raison...

Son cas est assez comique car,non seulement il a commis unebourde tout à fait vénielle, maisles fureurs médiatiques qu'il su-bit maintenant sont exactementcelles qu'il avait lui-même dé-clenchées à l'encontre du préfetPaul Girod de Langlade.

Rappelons les faits : ce com-mis de la République, jusqu'alorsau-dessus de tout reproche, n'aque le tort d'avoir un parler unpeu bourru. Rentrant fin juilletde La Réunion où il avait été man-daté par le gouvernement pourassister aux états généraux del'Outre-Mer, il avait eu une alter-cation avec un agent de sécuritéqui faisait traîner les formalitésà l'aéroport d'Orly. Ses propos rap-portés et amplifiés par les mé-dias sont alors devenus : « On secroirait en Afrique » et « Il n'y aque des noirs ici » ! Du coup lagrande ligue de vertu crypto-com-muniste connue sous le nom deMRAP (Mouvement contre le ra-cisme et pour l'amitié entre lespeuples) s'en est mêlée, etM. Hortefeux, ne pouvant rien re-fuser à une telle instance "mo-rale" s'est empressé d'annoncer lasuspension immédiate du préfet.Celui-ci, qui entend se défendrejusqu'au bout, déclare qu'il estvictime d'un montage médiatiquede la part de ceux qui n'avaientdéjà pas apprécié ses propos plusanciens quelque peu méfiants àl'égard des gens "du voyage", pro-pos pour lesquels il avait pour-tant été relaxé en justice !

Il faut donc le savoir : désor-mais en France on peut êtrecondamné pour de simples pro-pos tenus à l'emporte-pièce, etquand cette condamnation portesur des mots considérés comme

"racistes", on est mis au ban del'infamie. Le ministre de l'Inté-rieur aurait dû savoir que nous vi-vons sous le terrorisme de la"vertu" (Robespierre, reviens ! Ilssont devenus fous.. ) Voilà qu'ils'est lui-même fait piéger le di-manche 5 septembre à l'univer-sité d'été de l'UMP à Seignosse.

Se laissant photographier avecun jeune militant d'origine arabe,dans une ambiance, a-t-on dit,de "potache", il a alors lancé, sansque l'on puisse dire s'il parlait despersonnes voulant être photogra-phiées avec lui ou des arabes, oumême des Auvergnats (ce qu'il estlui-même) : « Il en faut toujoursun. Quand il y en a un, ça va.C'est quand il y en a beaucoupqu'il y a des problèmes. » La vi-deo montrant le scène et tournéepar on ne sait qui, a aussitôt fait,à partir du site du Monde, le tourde tous les blogs "bien-pensants",chacun y allant de sa dénoncia-tion du « racisme » du ministre.Le Parti socialiste a joint sa voixpour demander la démission ducelui-ci, les Verts ont parlé de« racisme bête et méchant ».Voilà M. Hortefeux devenu unsimple Girod de Langlade...

Beaucoup de bruit pour uneboutade ! Une boutade qui, detoute façon, s'il s'agit bien des

arabes, dit sur un ton léger unechose très juste et dont il n'au-rait pas à se justifier, à savoir queles immigrés ne peuvent être ac-cueillis dignement qu'à dose ho-méopathique !

Les contre-feuxd'Hortefeux

Depuis que les ministresjouent à être à tu et à toi avecle premier venu, tout peut leurarriver. Nous ne nous associeronspas à ceux qui vocifèrent contrenotre arroseur arrosé, nous nechercherons pas non plus à le dé-fendre, car l'homme ne risque pasgrand'chose, puisqu'il joue surdeux tableaux. Après avoir mon-tré, en limogeant le préfet Girodde Langlade, aux organisations"antiracistes" qu'il ne pouvait rienleur refuser, le ministre a reçu leseptembre une délégation duConseil représentatif des institu-tions juives de France (CRIF) et,ce lundi 14, il a condamné l'isla-mophobie en rompant le rama-dan avec le Conseil français duculte musulman (CFCM). Ce poli-ticien est très habile pour, d'unepart, faire croire à la fermeté dupouvoir contre la délinquancedans les banlieues et contre uneimmigration excessive, et pour,

d'autre part, rappeler que, mi-nistre de l'Immigration jusqu'enjuin dernier, il a accordé 200 000titres de séjour aux étrangers...Il sera donc très vite reblanchi,bien que M. Éric Besson, nouveauministre de l'Immigration, par unecoïncidence peut-être pas inno-cente, se désolidarise au mêmemoment de son prédécesseur endisant vouloir renoncer aux testsADN pour les immigrés candidatsau regroupement familial...

Des commissairespolitiques

Le drame dans cette affaire,est que de plus en plus les blogsjouent un rôle de journalisme dedélation. Et cela peut frapper cha-cun de nous. M. Patrick Deved-jan, ministre de la Relance, l'a ditce dimanche 13 septembre : « Leshommes politiques sont devenusdes cibles, la frontière entre lavie publique et la vie privée s'ef-face de plus en plus [et] l'oncherche à isoler leurs propos,trouver les moyens de les accu-ser. [...] On peut de moins enmoins se permettre de faire desblagues ou des plaisanteries dansla société fournie de commissairespolitiques abondants que nousconnaissons de plus en plus. » Cene sont pourtant pas les amis de M. Devedjan qui sont le plus exposés...

On risque maintenant de voirles hommes du président Sarkozytenter d'imposer leur police de lapensée aux braves gens du peuplequi utilisent Internet. M. Jean-François Copé ce lundi 14 surFrance 2 s'est vanté d'être deceux qui sont « si attachés à ré-guler tant de choses, à essayerde tout organiser pour que lesuns et les autres puissent vivredans une démocratie où chacunest entendu et respecté ». Beau-coup devinent déjà l'intention sar-kozienne de contrôler, pour leur"bien"..., même les internautes !On étudierait déjà le moyen, parle biais de "logiciels de sécurisa-

tion" de verrouiller, en mêmetemps que des sites réellementpourris, ceux qui sont un peu troplibres pour se réclamer de la sa-cro-sainte démocratie... L'ordre"moral" devra régner !

Décadence

Nous vivons réellement uneépoque de décadence. Quand lamorale n'est plus celle qui découlede la religion et n'est plus liéeaux finalités surnaturelles des in-dividus et des sociétés, elle tendà devenir purement juridique, àse durcir en impératif catégo-rique. Nous allons bientôt, si nousne réagissons pas, nous voir im-poser comme devoir moral, avecsanction humiliante en cas de re-fus, la foi démocratique, l'accep-tation sans discuter de la fameusetaxe carbone, la croyance écolo-giste en la responsabilité del'homme dans le réchauffementde la planète, la vaccinationcontre une grippe anodine, voirele port du masque ou le refus deserrer la main de nos relationspour ne pas être contaminés,voire aussi peut-être l'interdictionde se rendre à la messe si troisparoissiens sont grippés... L'in-terventionnisme de l'État et l'as-

sistanat s'accroîtront en jouantsur des peurs et des psychosesimaginaires, et cela évitera deposer les vrais problèmes, ceuxde l'immigration, du communau-tarisme, de la montée de l'islam,du recul du christianisme, ceuxaussi de la démographie, de laviolence, de l'éducation, ensomme ceux qui doivent se réglerà l'aide de la vraie morale, et nond'une morale virtuelle. Il esttemps de revenir au réel en chas-sant les nuées démocratiques.

MICHEL FROMENTOUX

❏ HORTEFEUX

La dictature de la "vertu"Depuis que les ministres jouent à être à tu et à toi avec le premier venu, tout

peut leur arriver. En témoigne la mésaventure du ministre de l'Intérieur...

Beaucoup de bruit pour une boutade !

■ Merci à nos amis qui ont ré-pondu cette quinzaine à notreappel pressant de début sep-tembre, nous permettant ainside régler les échéances lesplus urgentes. Hélas, les baisses de recettesdes mois d'été ne sont pas en-core compensées, ce qui rendce mois de septembre encoretrès difficile pour les financesdu journal.

C'est pourquoi nous conti-nuons à vous solliciter : unesouscription, même d'un europar jour, c'est à la portée debeaucoup. Nous ne le répéterons jamaisassez: nous n'aurions pas cessoucis si tous nos amis d'AFétaient abonnés.Et vous, êtes-vous abonné ? Si-non pensez à régulariser votresituation dès maintenant. C'est

urgent. Si vous ne pouvez ré-gler en une fois, adoptez leprélèvement mensuel survotre compte bancaire. Mercide l'aide de tout ce que vouspourrez faire.

MARIELLE PUJO

* Prière d’adresser vos dons àMme Geneviève Castelluccio, L'Ac-tion Française 2000, 10 rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris.

LISTE N° 11

Virements réguliers : Jean-Mi-chel de Love, 7,62 ; Raymond Sul-tan, 17,78 ; Mme Françoise le Gro-gnec, 15,24 ; Mme Bellegarde, 20 ;Mme Marie-Magdeleine Godefroy,22,87 ; Mme Marie-Christiane Le-clercq-Bourin, 28 ; Mme Tatiana dePrittwitz, 45,73.

Christian Desjonquères, 50 ; An-dré de Cézac, 50 ; Jacques Lamo-nerie, 100 ; Mme Marcelle Arnaud,150 ; Fernand Estève, 200 ; Ame-déo Ciscar Penella, 200.

Total de cette liste : 907,29 s

Listes précédentes : 8 687,10 s

Total : 9 594,39 s

Un mois difficile

Vers une société totalitaire ?

Brice Hortefeux, pris à son propre piège

Page 4: s e année La dictature de la vertu...Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière.» Nous

❚ ASPECTS DE LA FRANCE

❚ 4 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2778 – du 17 au 30 septembre 2009

Pas de tête qui dépasse !On serait tenté de croire à unebanale histoire belge. Latélévision publique RTBF arévélé que lors de la visite duprésident français à l'usineFaurecia, dans l'Orne, uncasting avait permis d'éliminerde l'estrade officielle toutes lestêtes dépassant celle deNicolas Sarkozy. Personne nedevait mesurer plus de 1 m 70.Cette information cocasse qui afait le tour des télévisions unpeu partout dans le monde aété totalement ignorée deschaînes françaises...

UN FIGURANT...

Bien sûr l'Élysée trouve cesallégations « ridicules etgrotesques », l'entreprise,quant à elle, dément en disantqu'elle avait eu « la maîtrised'œuvre de l'organisation de lavisite »... Toutefois, le déléguésyndical CFDT de Faurecia adéclaré : « Tout a étéextrêmement cadré et défini,y compris la taille despersonnes devant figurerderrière le président. » Etd'ajouter non sans humour :« Un ego si fort,franchement... » D'autresmembres du personnel disentque même un car spécial aamené des figurants pastrop grands.Évidemment, tous les hommesde la Ve République ne peuventressembler à son très hautfondateur, Charles De Gaulle, àcôté duquel M. Sarkozy a lui-même l'air d'un figurant.Une question nous vient quandmême à l'esprit : que pense lasourcilleuse HALDE de cettefaçon de discriminer despersonnes selon un caractèrephysique ?Ajoutons que si la monarchieétait bientôt rétablie, ce genrede souci cesserait vite detourmenter les organisateursdes visites officielles : ledauphin, Jean de France, ducde Vendôme, mesure plus de1 m 80...

M.F.

Rome-Écône :enfin les discussions sur le fond

Selon le cardinal ChristophSchönborn, archevêque deVienne, le dialogue Vatican-tra-ditionalistes s'ouvrira « dans lesprochains jours », car le pape

Benoît XVI considère comme deson devoir de « s'engager pourl'unité de l'Église ».Selon l'agence de presse catho-lique autrichienne Kathpress, leVatican a formé un groupe d'ex-perts chargé de dialoguer avec lestraditionalistes. Ce groupe estprésidé par le secrétaire de lacommission vaticane Ecclesia Dei,le prélat italien Guido Pozzo, etcomprend notamment le domini-cain suisse Charles Morerod, lejésuite allemand Karl Josef Bec-ker et le vicaire général de l'OpusDei, le prélat espagnol Fernando

Ocariz Brana, tous troisconseillers de la congrégation va-ticane pour la Doctrine de la foi.Côté Fraternité Saint-Pie X, Mgr

Alfonso de Galaretta est notam-ment en charge de la discussion.En dépit des réticences des épis-copats allemand et français,cette ouverture de discussionsentre autres sur le concile Vati-can II, sur la liberté religieuse,sur la liturgie, qui surviennentbien trop tardivement sont un es-poir pour tous les catholiques fi-dèles à l'Église de toujours.

M.F.

On semblait exulter ce lundi14 septembre au Journalde 20 heures de TF1 : la

France serait la championne eu-ropéenne des naissances, justeaprès l'Irlande ! Avec plus de800 000 bébés nés en 2008, onapproche de 2,07 enfants parfemme, non loin du taux de 2,1,celui à partir duquel les généra-tions se reproduisent.

Le Monde du même jour pré-cise qu'« en 2008, 796 000 enfantssont nés en France métropolitaineet 32 400 dans les départementsd'outre-mer, soit un total de828 400, en augmentation de

1,2 % par rapport à 2007. En jan-vier, l'Institut national de la sta-tistique avait annoncé un totalde 834 000 naissances. Le nombrede naissances se situe quasimentau niveau du pic de 2006, annéeoù il avait atteint un niveau ja-mais observé depuis 1981. »

Immigration

Bonne nouvelle assurément !On se prend alors à penser que sil'avortement ne tuait pas plus de225 000 enfants par an, mêmecompte tenu de ceux qui n'arri-veraient pas à l'âge adulte, la

France comblerait bien vite sondéficit démographique. On saitaussi que 52 % de ces enfants sontnés hors mariage (10 % de plusqu'il y a dix ans), ce qui témoigned'une mentalité assez peu portéeà respecter les valeurs de la fa-mille et laisse craindre que cescouples instables ne restent paslongtemps féconds.

Il faut aussi savoir que la partdes enfants nés de couples mixtes,ou "métis", est passée en dix ansde 8 % à 12,7 %. Ajoutons à celala politique de naturalisations mas-sives pratiquée par nos gouver-nements successifs et l'on com-

prend pourquoi Le Figaro du 2 sep-tembre constate que le vieillisse-ment de la population continuede s'accélérer dans les régions oùl'immigration est peu importante,alors que les régions les plus« jeunes » sont celles où la pré-sence d'habitants d'origine étran-gère est la plus forte. De quoi faireréfléchir... Il appartient aux Fran-çais eux-mêmes d'en finir avec unementalité abortive et malthu-sienne s'ils veulent repeupler eux-mêmes la France.

M.F.

ADIEU, LE DIMANCHE !

Les communes de l'unité urbaine de Paris, quicouvre Paris et une partie de l'Île-de-France,vont pouvoir procéder à l'ouverture domini-cale, selon la nouvelle loi, a annoncé ce lundi14 septembre la préfecture de Paris. Le préfetDaniel Canépa a signé l'arrêté établissant lepérimètre et la liste des communes de l'unitéurbaine de Paris (plus d'un million d'habitants)qui peuvent déroger au repos dominical.

Citons Le Figaro : « Il s'agit de Paris (75), del'ensemble des 36 communes des Hauts-de-Seine (92), des 40 communes de la Seine-Saint-Denis (93), et des 47 communes du Val-de-Marne (94). Sont aussi concernées 50 com-munes de Seine-et-Marne (77), 87 communesdes Yvelines (78), 79 communes de l'Essonne(91) et 68 communes du Val d'Oise (95).Des communes comme Mantes-la-Jolie, LesMureaux ou Versailles (78) , Boulogne-Billan-court, Neuilly-sur-Seine, Issy-les-Moulineaux

ou Montrouge (92) ou encore Aubervilliers, LaCourneuve, Pantin (93), Créteil, Saint-Mandéou Vincennes (94) ainsi que Gonesse ou Sar-celles (95) pourront aussi pratiquer l'ouver-ture dominicale. »On le voit, le reniement des habitudes ances-trales et chrétiennes est en route, au méprisdes convictions et des devoirs familiaux des travailleurs. Une nouvelle forme d'esclavage...

M.F.

TARIF DES ABONNEMENTS(paraît les 1er et 3e jeudis de chaque mois)

1. Premier abonnementFrance (un an) . . . . . . . . . . . . . . . 76 s

2. Premier abonnementÉtranger (un an) . . . . . . . . . . . . . . 85 s

3. Abonnement ordinaire (un an) . 125 s4. Abonnement de six mois . . . . . . . 70 s

5. Abonnement de soutien(un an). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 s

6. Étudiants, ecclésiastiques,chômeurs (un an) . . . . . . . . . . . . . 65 s

7. Outre-mer (un an). . . . . . . . . . . . 135 s8. Étranger (un an) . . . . . . . . . . . . . 150 s

BULLETIN D’ABONNEMENTNom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tél. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Courriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Entourez le numéro correspondant à votre abonnementBulletin à retourner à L’Action Française 2000

10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – C.C.P. Paris 1 248 85 A

JEAN-BAPTISTE BIAGGI

« Fugit irreparabile tempus » disait déjàHorace. Il avait raison car cette fuite dutemps entraîne avec elle la perte d'amischers et d'hommes de qualité par nature ir-réparable. Ainsi s'en est allé Jean-BaptisteBiaggi après une vie pleine de combats, desvrais et des politiques.

Son courage, son intelligence, sa passion pa-triotique ont émaillé sa vie d'exploits et deluttes qu'il menait avec foi et ardeur. Déjà, audébut de la guerre, jeune officier, il estblessé dans la forêt de Warnat et décoré de laLégion d'honneur... à titre posthume car on lecroit mort, mais il en réchappe et continue àse battre d'abord dans la Résistance avec leréseau Orion où il épaula Alain Griotteray,ensuite aux commandos de France où il est denouveau blessé. Il fut l'un des rares résistantsà s'évader en 1943 du train qui l'emmenait endéportation, à partir du camp de Compiègnetristement connu. L'évasion fut préparée par

le réseau pour la fabrication des outils et leurintroduction dans le camp. Cinq évasions detrain furent ainsi réussies par l'équipe Biaggidont la sienne à Coole dans la Marne. Plustard, au commando de France, il gagne lacroix de Guerre avec palme.Revenu à la vie civile, il prête serment d'avo-cat en 1947, il sera un brillant praticien dudroit mais son virus patriotique l'amènera à lapolitique et il rejoint alors le RPF dont il de-vient orateur national jusqu'en 1951, puis, enAlgérie, animateur du premier comité de Salutpublic lors de la venue de Guy Mollet. Il créealors le Parti patriote révolutionnaire et joueun rôle important le 13 mai 1958 dans le re-tour du général De Gaulle mais, défenseur del'Algérie française, il rompt avec l'UNR dont ilfut député de 1958 à 1962.Il rejoint alors le CNI (Centre national des in-dépendants) puis les comités Tixier-Vignan-cour au nom duquel il fut élu maire de Ca-gnano (Corse) où il obtint la majoritéabsolue ! Il rejoint ensuite le Front nationaloù il militera activement jusqu'à ce que sa

santé ne le lui permette plus. En cette qualitéil fut notamment candidat aux législatives de1986 où Jean-Marie Le Pen et Frédéric-Dupontfurent élus, Jean-Baptiste Biaggi échouant dejustesse à obtenir le troisième siège.En 1991, candidat au Sénat pour la successionde Raymond Bourgine, sa notoriété lui valutcent quatorze voix, alors que le FN ne dispo-sait que de quatre électeurs.Il est à noter que les rares organes de la"grande" presse qui relatèrent sa disparition sesont montrés étrangement discrets sur cettelongue activité politique nationale. Il étaitaussi un ami de l'Action française aux ban-quets de laquelle il figura et où il retrouvanombre de patriotes que l'idée royale ras-semble naturellement.Ses obsèques ont eu lieu le 1er août à Cagnanooù sa famille et ses amis entouraient ce com-battant, ce Français, cet homme de convic-tion qui fut un héros modeste mais brillantauquel l'AF adresse un adieu ému.

ANDRÉ PERTUZIO

❏ DÉMOGRAPHIE

Le rebond de la natalité Lla France serait la championne européenne des naissances. Un bonne

nouvelle, assurément, qui ne doit pas masquer le péril démographique

auquel nous restons confrontés.

Page 5: s e année La dictature de la vertu...Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière.» Nous

ASPECTS DE LA FRANCE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2778 – du 17 au 30 septembre 2009 5 ❚

LE MARIAGE DU COMTE DE PARIS

Ce samedi 26 septembre, Mgr lecomte de Paris, duc de France,chef de la Mai-son royale deFrance, de jureHenri VII,épousera reli-gieusement enl'église Saint-Jean-Baptiste d'Uhabia-Ar-cangues, Mme Micaela CousinoQuinones de Leon, princesse deJoinville, qu'il a épousée civile-ment le 31 octobre 1984.Après trente-quatre années d'at-tente, la rote romaine a finale-ment reconnu et prononcé la nul-lité de son mariage avec la prin-cesse Marie-Thérèse deWurtemberg (5 juillet 1957).Cette nouvelle union, bénie parl'Église, apportera au prince ungrand réconfort et à toute la fa-

mille royale un précieux apaise-ment. Nous nous en réjouissons,tout en gardant un profond res-pect et une grande admirationpour la mère des Enfants deFrance, créée en 1984 duchessede Montpensier par le comte deParis d'alors (de jure Henri VI).

LE VILLAGE D'ARCANGUES

La bénédiction nuptiale sera don-née par le curé de la paroisse,l'abbé François de Mesmaye et parle père Dominique Dye, chapelainde l'Ordre de Malte. Les témoinsdu prince seront la duchesse deSégorbe, le duc d'Uzès, et lecomte Paul de la Panouse, ceuxde son épouse, le marquis d'Ar-cangues, la duchesse de Magentaet la comtesse de Bourbon Busset.Un timbre commémoratif a étédessiné pour l'occasion.Ajoutons qu'outre le fait d'abriterla tombe du chanteur célèbre

Luis Mariano, le joli village d'Ar-cangues, au cœur de PaysBasque, fut un haut lieu de résis-tance lors de la Séparation de l'É-glise et de l'État. Nos amis LesManants du Roi rappellent surleur site que le 6 mars 1906, alorsque les soldats cernaient l'église,Michel marquis d'Arcangues, ceintde son écharpe de maire, refu-sant d'ouvrir les portes, s'écria« À bas la république, vive leroi » ! Emmené menottes auxpoignets, il fut inculpé de proposséditieux et relevé de ses fonc-tions de maire...Le lieu se prêtera donc magnifi-quement à un événement royal, àl'occasion duquel nous présentonsà Mgr le comte de Paris, duc deFrance, et à Mme Micaela nosvœux de grand bonheur, avecl'expression de notre inébranlablefidélité à la Famille de France.

M.F.

Quatre ans après les émeutesdans les banlieues fran-çaises qui avaient démarré

fin octobre 2005 à Clichy-sous-Bois, deux ans après la flambéede violences urbaines qui avaitpris naissance en novembre 2007à Villiers-le-Bel, peut-on redou-ter que se reproduisent desémeutes dans les banlieues desvilles de France ?

Climat survolté

Cet été, l'étincelle a failli seproduire à Bagnolet ou le di-manche 9 août, un jeune majeurde dix-huit ans est mort en per-cutant une barrière métallique auguidon d'une moto de cross, alorsqu'il tentait d'échapper à uncontrôle de police. Comme en2008, plusieurs journaux améri-cains parlent d'émeutes urbaines,publiant des photos de véhiculesincendiées dans de nombreusesvilles de France. Dans les médiasfrançais, on préfère parler d'apai-sement. Une « situation relati-vement apaisée » indiquait la pré-fecture de Seine-Saint-Denis deuxjours après le décès du jeunehomme, tout en faisant état dehuit voitures et un autocar de tou-risme incendiés.

Il faut dire que l'incident deBagnolet est survenu dans un cli-mat déjà survolté. Dans la nuit du13 au 14 juillet, « quelque cinqcents véhicules » auraient été in-cendiés dans toute la France, soitpresque le double du bilan de l'andernier (297). Et on ne saura ja-mais combien de véhicules ontbrûlé la nuit suivante, au soir du14 juillet. Brice Hortefeux, mi-nistre de l'Intérieur, a adressé desconsignes strictes à toutes les pré-fectures. « Vous êtes priés de ne

pas communiquer sur les incidentsdu 14 juillet. » Il faut dire quedepuis quelques années, les mé-dias ne faisaient plus confianceaux chiffres officiels du ministèrede l'Intérieur et recoupaient l'in-formation par le biais des pré-fectures. Lors de la Saint-Sylvestre2006, la direction générale de laPolice nationale présentait un bi-lan faisant état de 397 voituresincendiées. Mais en additionnantles chiffres des préfectures, Eu-rope 1 en avait comptabilisé 683...

Des nuits chaudes

L'an dernier, la nuit suivant le14 juillet avait été aussi "chaude"que la précédente. On peut doncimaginer que ce fut à nouveau lecas cette année. Et pas seulementdans les "cités" habituellementmontrées du doigt pour des pro-blèmes de violences urbaines. ÀToulouse, à Rennes, à Châtelle-rault, à Châlons-en-Champagne,à Saint-Étienne, à Arras, à Alès...

La liste est longue des villes, pe-tites ou grandes, dans lesquellesla presse locale a rendu compted'incendies de véhicules, le14 juillet, mais également toutau long de l'été.

Black-outsur les chiffres

Le black-out de l'informationà ce sujet, imposé par le minis-tère de l'Intérieur, n'est pas unhasard tant les incendies de voi-tures aggravent le sentiment d'in-sécurité et peuvent même êtreperçus comme un défi personnelau chef de l'État : au cours de laseule nuit qui a suivi l'élection deNicolas Sarkozy, la France a en-registré le triste record de730 voitures incendiées.

Si Nicolas Sarkozy, alors mi-nistre de l'Intérieur, avait promisen 2005 de « nettoyer les citésau karcher » pour les débarras-ser de la « racaille », force estde constater que la situation des

banlieues ne s'est guère amélio-rée ces dernières années. Pau-vreté, chômage, discriminationraciale... sont toujours le terreaufertile à des flambées de violence.Et peut-être, si l'on en croit lesmédias américains, le mal-êtreidentitaire a-t-il pu être encorerenforcé par l'interrogation sur leport de la burqa, qui peut êtreperçue comme une stigmatisationde l'islam.

Zones de non-droit

Appelant au calme, Brice Hor-tefeux, le ministre de l'Intérieur,s'est contenté d'organiser fin aoûtune réunion sur les relations entrejeunes et police. Si l'intention estlouable, on n'affiche plus l'ambi-tion de résoudre les problèmes,et notamment les problèmesd'emploi et de précarité, dans lesbanlieues. La situation est pour-tant explosive, comme l'explique,dans un ouvrage à paraître pro-chainement 1, Yves Patrick Dela-chaux, un policier suisse qui apassé plusieurs mois dans un com-missariat du "9.3". Le policier hel-vète décrit des agents n'ayant au-cun contact avec la population etagissant comme une armée d'oc-cupation, avec un manque évidentde moyens, d'organisation et deformation. Si le "karcher" n'a pasété passé, on n'a plus non plus depolice de proximité et la politiquedu chiffre, moyenné à l'échellenationale, n'a rien amélioré dansles banlieues françaises qui de-meurent des zones de non-droit.

Mais M. Sarkozy sait qu'il restedans l'esprit des Français le "su-per-flic" de France, et qu'il jouerasa réélection en 2012 sur sa ca-pacité à faire croire à une amé-lioration de la sécurité. À la pro-messe du "karcher" succède doncplus modestement une politiquede black-out de l'information, decontrôle des statistiques qui, àdéfaut de régler le problème,pourra en réduire l'écho...

GUILLAUME CHATIZEL

1 - Yves Patrick Delachaux : Grave Pa-nique ; éditions Zoé, Genève.

❏ BANLIEUES

Insécurité : rien n'a changéMis en cause pour son "dérapage", Brice Hortefeux est avant tout

le grand manipulateur, chargé de faire croire à une embellie sur le front

de l'insécurité. Quitte à imposer le silence aux préfectures...

» LAIT

Pendant la campagne des Euro-péennes, les candidats de tousbords avaient multiplié lespromesses vis-à-vis des éleveurslaitiers confron-tés à la crise.Une fois les suffrages rassem-blés, la crise a continué...dans l'indifférence générale. Etpendant que se meurent noséleveurs laitiers, les industrielscontinuent à installer horsd'Europe des fermes-usines ras-semblant plusieurs dizaines demilliers de vaches.

» BRÉSIL

Chantre de l'ultralibéralisme etde la non-intervention de l'Étatdans l'économie, Serge Das-sault n'est pasmécontent queNicolas Sarkozysoit allé jouerles VRP au Brésil pour vendreses avions Rafale. Mais ça n'estpas l'intervention de l'Étatdans l'économie. C'est juste unservice entre amis dont saurase souvenir le propriétaire duFigaro...

» COMPLEXE

« Obligera-t-on par décrettout le monde, à l'Élysée, à setraîner sur les genoux ? » sedemande le quotidien britan-nique The Independant ? Lejournal s'amuse d'une révéla-tion de la télévision belge quia indiqué que lors de la visitedu président dans une usinenormande, des consignesavaient été données pour queles salariés entourant le chefde l'État soient tous de petitetaille... Information démentiepar l'Éysée. Mais une fois deplus, toute la presse étrangèrese rit de notre chef d'État.

» SPÉCULATION

On peut, sans risque de setromper, prédire que lesmêmes causes produiront im-manquablement les mêmes ef-fets : si l'économie va mal, lesbourses sont déjà en train derecréer une bulle spéculative.Ainsi, depuis le début de l'an-née, le CAC 40 a progressé de13,50 % alors que le chiffred'affaires des entreprises quicomposent l'indice boursier adiminué de 10,90 %. Les beauxdiscours sur la « moralisationde la finance mondiale » au-ront été sans effet...

» TINTIN

Le Conseil représentatif des as-sociations noires de France de-mande que l'album d'Hergé,Tintin au Congo, soit accompa-gné d'un avertissement : « Cetalbum est à lire avec la dis-tance nécessaire à toute cari-cature. » On peut même se de-mander s'il ne faudrait pas toutsimplement interdire la carica-ture dans la bande-dessinée !

G.C.

MARMARCHE CHE POUR LA POUR LA VIEVIE

contrcontre la culture la culture e de morde mortt

Samedi 3 octobrSamedi 3 octobre e

17 h 30

Rendez-vous devant labasilique Notre-Dame desVictoires, place des Petits-

Pères, Paris 2e.

20 heures

Fin de la marche. Salut duSaint Sacrement au Sacré-

Cœur de Montmartre

Venez en familleet avec vos amis,

pour cette marche de prièreet de témoignage public !

Les incendies de voitures aggravent le sentiment d'insécurité et peuvent être perçus comme un défi au chef de l'État

Page 6: s e année La dictature de la vertu...Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière.» Nous

❚ ASPECTS DU MONDE

❚ 6 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2778 – du 17 au 30 septembre 2009

» INFLUENCE

L'influence des Français dimi-nuerait au sein de la Commis-sion européenne. Selon les ob-servations de Jean Quatremer,« ils sont réduits à la portioncongrue au niveau des plushauts postes administratifs (di-recteurs généraux et direc-teurs généraux adjoints), no-tamment au profit des Alle-mands, des Britanniques ouencore des... Irlandais. » Parmiles chefs de cabinet des com-missaires, « c'est la Bérézina :on ne compte que deux Fran-çais occupant ces postes pres-tigieux contre six Allemands etsix Britanniques... » (Coulissesde Bruxelles @, 06/09/2009)

» COUP DE GUEULE

Agacé par des critiques plus oumoins voilées formulées à l'en-contre de sa politique d'immi-gration, Silvio Berlusconi s'estenflammé contre l'UE le1er septembre : « Nous ne vo-terons plus, bloquant de ma-nière effective le fonctionne-ment du Conseil, à moins qu'ilsoit convenu qu'aucun commis-saire ou porte-parole d'uncommissaire ne puisse publi-quement peser sur un sujetquelconque. » (Reuters viaEuractiv @, 02/09/2009) LeCavaliere aurait l'intentiond'exposer ses exigences lors duprochain sommet européen.Sans doute l'aura-t-il oubliéd'ici là.

» SOLIDARITÉ

La Belgique pourrait faire lesfrais de la restructurationd'Opel, orchestrée par l'Alle-magne. 2 600 emplois sont enjeu. Le chef du gouvernementde la région néerlandophonede Flandre, Kris Peeters, enappelle au gendarme européende la concurrence : « Sur descritères économiques, je suisconvaincu qu'Anvers estmeilleure qu'un certainnombre de sites enAllemagne », a-t-il déclaré le14 septembre, après avoir ren-contré le commissaire encharge de l'Industrie, l'Alle-mand Günter Verheugen (citépar Sophie Estienne, AFP). Af-faire à suivre.

» ATALANTA

Un premier pirate a été tuédans le cadre de l'opérationAtalanta, qui coordonne desbâtiments européens au largede la Somalie. Cela après lestirs de semonce du Branden-burg. « C'est un peu une sérienoire pour les forces arméesallemandes engagées dans desopérations internationales »,remarque Nicolas Gros-Ve-rheyde (Bruxelles 2 @,07/09/2009). En effet, cet in-cident (au demeurant inhérentaux activités militaires) inter-vient après l'attaque contro-versée ordonnée contre deuxcamions citerne en Afghanis-tan, à l'origine d'une cinquan-taine de morts.

EN ATTENDANT LISBONNE...

Depuis le 10 septembre, Jose Manuel Bar-roso pouvait dormir tranquille. Ce jour-là,les présidents de groupe du Parlement euro-péen avaient choisi la date du vote censé lereconduire à la tête de la Commission. Le PPE(où siège l'UMP) avait plébiscité ce calendrier,soutenu par les Conservateurs et Réformisteseuropéens (eurosceptiques) et l'Europe de laliberté et de la démocratie (groupe auquelappartient Philippe de Villiers). « Sauf inter-vention divine » implorée par Daniel Cohn-Bendit, l'investiture sera donc intervenue à

Strasbourg le 16 septembre – au lendemain denotre bouclage. L'ancien Premier ministre por-tugais s'est pourtant attiré moult quolibets.Commentant ses orientations politiques, Co-rinne Lepage (Modem-ADLE) a fustigé « un en-filage de perles ». « Et je reste polie », a-t-elle ajouté. L'Europe « a besoin de quelqu'unqui dirige et pas de quelqu'un qui téléphone àla France et l'Allemagne pour savoir quoifaire », clamait quant à lui le Danois Poul Ny-rup Rasmussen, président du Parti socialisteeuropéen.

IMBROGLIO

La ratification laborieuse du traité de Lis-bonne aura profité à Jose Manuel Barroso.Sous l'égide du traité de Nice, en effet, la ma-jorité des suffrages exprimés lui suffisait, tan-dis que le traité modificatif introduit une« élection » du président de la Commission àla majorité absolue des députés. Laquellen'était pas assurée... C'est dire l'imbroglio au-

quel pourraient être confrontés à l'avenir leschefs d'État et de gouvernement : ils devronts'accorder sur un candidat, mais aussi compteravec l'humeur instable des parlementaires.Cela afin de combler le "déficit démocratique"accablant l'Union européenne...Pour l'heure, le Conseil européen s'empresseravraisemblablement de désigner le collège descommissaires, où tous les États ne seront pasreprésentés. Le retour à vingt-sept commis-saires sera suspendu, lui aussi, à l'entrée envigueur du traité de Lisbonne. Tout dépendra de l'issue du référendum orga-nisé en Irlande le 2 octobre. Dans un pays trèsaffecté par la crise, le "oui" est apparu enperte de vitesse dans un sondage publié le3 septembre par le Irish Times ; avant d'êtredonné gagnant à la faveur de 62 % des voixpar une enquête réalisée pour le Sunday Busi-ness Post du 13 septembre. Rien n'est joué. ■

* Les citations sont tirées des Coulisses de Bruxelles,le blog de Jean Quatremer.

Une "grève du lait" a été lan-cée par l'Organisation desproducteurs de lait (OPL) et

l'Association des producteurs delait indépendants (APLI), qui re-vendiquent le maintien des quo-tas européens – dont l'augmenta-tion progressive doit aboutir à leursurpression en 2015 –, ainsi qu'unlait à 400 euros la tonne ; depuisle 10 septembre, mus par la co-lère ou le désespoir, certains éle-veurs ont cessé les livraisons. Uneinitiative récusée par la Fédéra-tion nationale des producteurs delait (FNPL, émanation de la FN-SEA) : « Qui peut croire à la chi-mère des 400 euros pour les 1 000litres ? Cette action qui consisteà jeter le fruit de son travail peutdiviser et choquer, y compris nosconcitoyens qui sont eux-mêmeséprouvés durement par la crise. »

Des prix instables

« Quand le lait est tiré, il fautle vendre », observe Nicolas-JeanBrehon. « Alors qu'un fabricantpeut toujours être incité à sefournir ailleurs. Certains n'at-tendent même que cela. » (Ques-tions d'Europe, Fondation RobertSchuman @, 27/07/2009) D'autantqu'en France, la moitié des achatssont réalisés par des industriels.« Jusqu'au début des années2000 », poursuit-il, « le secteurlaitier fut le secteur agricole leplus régulé ». Mais « les produc-teurs ayant une quasi-garantied'écouler les productions à desprix rémunérateurs et les Étatsn'ayant jamais eu le courage po-litique de fixer les quotas à desniveaux suffisamment rigoureux,le système s'est emballé ». Celajustifia une évolution radicale,entraînant une dépendance vis-à-vis des prix pratiqués en dehorsde l'UE, ainsi que des variationsde grande ampleur : à la haussemoyenne de 43 % en 2007-2008

succéda une chute de 32 % l'an-née suivante. « Il est certainqu'aux niveaux actuels, les prixpayés aux producteurs ne per-mettent pas d'assurer l'équilibredes exploitations laitières. »

Quotas en débat

En juillet dernier, la Franceavait réclamé le gel des quotaslaitiers en 2010. Malgré le soutiende l'Allemagne, elle s'était heur-tée à l'intransigeance de la Com-mission européenne – paraventd'une majorité d'États membres :« Quelques pays sont hostiles aux régulations par principe(Royaume-Uni, Suède). D'autrespays sont partisans d'une levéedes quotas ou d'une augmentationsensible, afin de faire jouer lesavantages comparatifs dont ils es-timent pouvoir bénéficier (Pays-Bas, Danemark Pologne). Enfin,certains pays ont été pénaliséspar des quotas trop faibles, infé-rieurs aux consommations natio-

nales (Italie, Espagne). Chaqueannée, plusieurs pays payent despénalités pour dépassement dequotas (912 millions d'euros entrois ans). Il n'est pas raisonnablede penser que ces pays accepte-ront de payer encore... »

En 2007-2008, cependant,seuls huit États avaient dépasséleurs quotas ; les autres se trou-vaient en "sous-réalisation", par-fois importante. Le danger re-présenté par une augmentationdes quotas s'en trouve contesté.Quoi qu'il en soit, une réponse àla crise apparaît indispensable,pour des motifs sociaux mais aussipolitiques : la sécurité alimen-taire ne sera pas garantie sansque soit assuré aux agriculteursun revenu décent.

Entre autres mesures, la Com-mission a soutenu le stockageprivé, pratiqué des "achats d'in-tervention", réactivé les restitu-tions (subventions) à l'exporta-tion, promu la consommation desproduits laitiers... « Nous sommes

au fond de la piscine » reconnaîtle commissaire en charge de l'Agri-culture, Mme Mariann Fischer Boel.Son action n'en est pas moins ju-gée bien trop timide. Le 7 sep-tembre, seize États membres,dont la France et l'Allemagne, ontformulé ces propositions résuméespar Euractiv : « Le texte suggèred'augmenter temporairement lesprix d'intervention européens, quel'UE définit pour acheter aux agri-culteurs leurs surplus. Il proposeaussi que les gouvernements na-tionaux puissent aider davantageles producteurs sans demander àBruxelles son feu vert. Allant plusloin, les seize États suggèrent demettre sur pied un prix minimumdu lait, défini dans chaque paysentre les producteurs et les in-dustriels. »

Contractualisation

La "contractualisation" seraitainsi la « voie à suivre » selon leministre de l'Agriculture, BrunoLe Maire. « Cette solution [...]doit être analysée avec lucidité »,avertit Nicolas-Jean Brehon, quisouligne « les différences de poidsentre les parties – 100 000 éle-veurs et quelques dizaines de fa-bricants ». Pour l'OPL, « cette so-lution risque surtout de rendreles producteurs de lait encoreplus vulnérables face aux mar-chés ». Et de stigmatiser un pro-jet « d'inspiration "nationaliste" »,la contractualisation étant « duressort de notre droit national et[non] commune aux vingt-sixautres pays ».

Cette posture "européiste"s'expliquerait-elle par la craintedu dumping ? À bien des égards,celui-ci est déjà à l'œuvre... Nenégligeons pas, en outre, la va-riété des contextes nationaux :par exemple, en quoi nos parte-naires sont-ils concernés parl'usage de nos quotas laitiers àdes fins d'aménagement du terri-toire ? Cela dit, le cadre euro-péen, voire international, ne sau-rait nous indifférer. La Francecompte des transformateurs in-dustriels de taille mondiale,comme Danone et Lactalis ; le laitreprésente 16 % des exportationsagricoles nationales, à l'origined'un solde commercial positif de3,5 milliards euros.

G.D.

❏ CRISE LAITIÈRE

L'Europe désinvolteEntamée jeudi dernier, la "grève du lait" suscite des controverses parmi

les producteurs. Sans ébranler la technocratie européenne, au moins aura-t-elle

révélé à l'opinion publique la situation dramatique des éleveurs.

L'augmentation des quotas laitiers ne suffit pas à expliquer la crise,consécutive à un effondrement de la demande.

Page 7: s e année La dictature de la vertu...Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière.» Nous

ASPECTS DU MONDE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2778 – du 17 au 30 septembre 2009 7 ❚

NOUVELLES DE SERBIE

La situation est toujours confuseen Serbie. Le gouvernement estpris dans une contradiction ma-jeure : bénéficier de la généro-sité intéressée de l'Occident enparaissant ouvert à ses "va-leurs", et conserver en mêmetemps les avantages acquis ducommunisme de Tito, Milose-vitch et consorts. Après avoir accordé un crédit de780 millions de dollars le 30 juin2009, le FMI a envoyé une délé-gation à Belgrade pour évaluerles progrès de la Serbie. Le soldeserait renvoyé à l'année 2010, carà ce jour le gouvernement serben'a pas l'intention de se sou-mettre aux conditions requises. Acontrario, le 31 août, l'Assembléenationale a approuvé une projetde loi du gouvernement, qui res-treint considérablement la liberté

de la presse et est assortie d'unesérie de menaces, financières,pénales et morales. Le mêmejour, dans la précipitation, leprésident de la République Tardica donné son aval.

HYPOTHÈQUES

Une seconde loi a été promulguéedans les mêmes conditions pour li-vrer le sol des usines et des habi-tations aux détenteurs desconstructions, pour quatre-vingtquatorze ans. Cela pour satisfaireen premier lieu l'État et les muni-cipalités bénéficiaires des confis-cations de 1945-1948, en secondlieu des organisations criminelles,et enfin, en apparence, desbanques et organismes financiersoccidentaux qui, pour exercerleurs activités, avouent un besoinimpérieux de pouvoir hypothéquerles sols. C'est dire que le gouver-nement actuel, composé de com-munistes, qui ne dispose que depeu de possibilités de chantage oude négociations, compte plus quejamais sur la lassitude et la fai-blesse des gouvernements occi-dentaux.

GÉRALD BEIGBEDER

La rentré politique en Bel-gique est occupée par unchansonnier flamand et des

gladiateurs wallons. Le chanson-nier s'appelle Clouseau (son nomde scène). Deux millions d'albumsvendus sur le seul territoire fla-mand. Sa dernière chanson – bi-lingue –, Leve België ("Vive la Bel-gique") fait flamber les passions.Les réactions sont contrastéeset... attendues.

Un texte dépassé

La plupart des francophonesexultent « une vision différentede la Flandre », se réjouit RudyDemotte, ministre-président dela région wallonne et de la Com-munauté française. Des voix fla-mandes le rejoignent avec celledu vice-premier ministre, le li-béral flamand Guy Vanhengel :« Clouseau donne la voix à uneopinion flamande qu'on entendpeu parce que ce sont souvent lesradicaux qui crient le plus fort. »Ils le font. « Texte complètementdépassé à des années-lumière dela réalité politique, rimes siru-peuses, lourdes bottines [appar-tenant] au passé... » Voilà le flo-rilège des amabilités émanant dumonde nationaliste flamand.

La vérité oblige à dire que letexte ne mérite pas de figurerdans une anthologie et qu'effec-tivement la réalité politique n'estpas vraiment avenante. Témoin leGordel (la Ceinture) nom donné àla randonnée cycliste qui parcourt

une centaine de kilomètres mar-quant les limites de la Flandre en-serrant Bruxelles. Toute la Flandrepolitique, Premier ministre com-pris, enfourche une bicyclette. Ily avait cette année 68 000 vélo-cipédistes pédalant sous les cou-leurs du drapeau flamand et deson lion rugissant.Un anti-Gordelorganisé par des francophones,baptisé La Bretelle a réuni... centcinquante participants.

Demeuraient les arènes wal-lonnes et ses gladiateurs. Ils ontnom Didier Reynders, présidentdu Mouvement réformateur (li-béral), vice-Premier ministre et

ministre des Finances, et Elio DiRupo président du PS. Aux élec-tions régionales de juin Reyndersperdit son pari : faire de son partile premier de Wallonie et voirsombrer le Parti socialiste. Le PSa subi un recul sévère mais a évitéla débâcle. Il demeure numéro unen Wallonie.

Accents victorieux

Il n'en fallait pas plus pour quecette défaite ordinaire prennedes allures de victoire. Et c'estbien des accents de victoirequ'Elio Di Rupo fit entendre aux

militants rassemblés au parc d'at-traction Paradisio au milieu d'unefaune exotique de perroquetsmulticolores, de toucans au longbec et d'éléphants qui trompenténormément. Les libéraux, eux,se sont retrouvés à l'Euro SpaceCenter à Redu. Nombreux étaientceux qui auraient installé leurprésident, Didier Reynders, dansla fusée Ariane exposée à Redu,et l'auraient mis sur orbite. Sansretour... Trop sûr de lui, Reyn-ders avait vendu la peau de l'ourssocialiste avant de l 'avoir tué.C'est lui qui menace de l'être. LeMouvement réformateur ne figuredans aucune majorité régionaleet son avenir fédéral paraît in-certain. Aussi, beaucoup de mi-litants, dont certains à visage dé-couvert, pressent Didier Reyn-ders : « Il faut choisir. Ministredes Finances ou Président. Pasles deux ! »

Patience des libéraux

Quasiment unanimement, lesprotestataires veulent le vider desa présidence et le conserver auxFinances. Dans un discours écrit,médité, Reynders a donné sa ré-ponse. En substance, il proclame :« S'il faut choisir je resterai pré-sident. Et jusqu'à un prochaincongrès fixé au printemps 2010,je ne quitterai pas les Finances. »Tout est donc remis aux "calendeslibérales". Dans un réflexe d'auto-défense devant des adversairessocialistes revitaminés, les mili-tants libéraux se sont – provisoi-rement – regroupés autour duvice-Premier ministre, ministredes Finances et président du parti.En méditant peut-être la haranguecicéronienne : « Usque tantamabutere patientia nostra... ? »("Jusqu'où abuseras-tu de notrepatience ?")

CHARLES-HENRI BRIGNAC

❏ BELGIQUE

Rentrée en trompe-l'œilUn chansonnier défraye la chronique en Belgique. Nouvelle illustration

des tensions qui minent le pays... Dans les arènes wallonnes, le président

du Mouvement réformateur, Didier Reynders, se voit contesté par les militants.

UNE HISTOIRE DE FLANDREC'est un ouvrage inusité qui

est arrivé sur ma table de

lecture. Une Histoire deFlandre écrite par un "flamin-

gant" de France, éditée par

un Breton 1.

Ce Breton, Yoram Embanner,n'en est pas à son coup d'essai.Ce dernier ouvrage dû à ÉricVanneufville figure dans unecollection où la Bretagne, laCorse et l'Alsace sont à l'hon-neur. C'est le même éditeurqui réexhume De Leew VanVlaanderen (Le Lion deFlandre), le roman populaired'Henri Conscience qui, auXIXe siècle, « apprit à lire àson peuple ». Paradoxe de voirun Français d'origine offrir sa"bible", avec Conscience, aumouvement flamand.

CITOYEN FRANÇAIS

Cette fois, avec Éric Vanneuf-ville, c'est à un citoyen fran-çais à qui nous avons affaire,mais originaire de la Flandrefrançaise, terre de naissancede Marguerite Yourcenar. Il ap-porte, comme on le soulignesur la couverture, « le pointde vue flamand ». En dépitdes réserves suscitées, l'inté-rêt est de voir l'auteur évo-quer « toute la Flandre » frag-mentée, séparée au fil dessiècles. Elle englobe laFlandre française, les Flandrebelges et les Pays-Bas.De l'évangélisation au MoyenÂge jusqu'au XIXe siècle, l'ana-lyse est fouillée et le récitbien conduit. L'époquecontemporaine, à partir dusiècle du romantisme jusqu'àl'actualité la plus récente, faitl'objet d'une étude plus préci-pitée et, à mes yeux, enta-chée d'une vue partisane. Nonque la thèse doive être reje-tée sans examen, mais ellemérite d'être exposée avec da-vantage de nuance et de dis-cernement. En tout état decause, l'étude de Vanneufvilleest à verser à ce dossiercontroversé qu'est le destinde la Flandre.

C.-H. B.

1 - Éric Vanneufville : Histoire de

Flandre - Le point de vue flamand ;

éditions Yoran Embanner, 451 p.,

10 euros.

LE "CATHOLIQUE"TED KENNEDY

Le président Barack Obama vientde perdre un de ses plus solidesappuis avec la disparition cemardi 25 août, à soixante-dix-sept ans, d'Edward Kennedy, ditTed, le bouillant et indéracinablesénateur du Massachusetts, le-quel a rejoint ce samedi au ci-metière d'Arlington ses deuxillustres frères John FitzgeraldKennedy, président des États-Unis, assassiné en 1961, et Ro-bert Kennedy, dit Bob, assassinésept ans plus tard.Ni les vibrants hommages des au-torités politiques et morales, niles funérailles nationales célé-

brées dans la basilique Notre-Dame du Perpétuel Secours deBoston selon le rite catholique ro-main, ne peuvent faire oublier àbon nombre d'Américains que le"Lion du Sénat", après avoir étéun jeune homme fervent catho-lique, se fit le plus fougueux pro-moteur de toutes les campagnesdu planning familial en faveur del'avortement, votant et faisantvoter les lois les plus extrêmes enmatière d'autorisation et de fi-nancement public du meurtre desenfants à naître.

MISÉRICORDE

Partisan du procédé ignoble del'avortement par "naissance par-tielle" (au-delà de douze se-maines, par dilatation et extrac-tion des jambes puis aspiration dela boîte crânienne...), il s'était enoutre prononcé pour le mariagehomosexuel et contre une poli-tique de chèques-éducation assu-rant la liberté scolaire. Pourbeaucoup de ses compatriotes cethomme a besoin aujourd'hui, plu-tôt que de grands discours, de lamiséricorde divine...

M.F.

« Clouseau donne la voix à une opinion flamande qu'on entend peu parce que ce sont souvent les radicaux

qui crient le plus fort. »

Page 8: s e année La dictature de la vertu...Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière.» Nous

Le déficit budgétaire de laFrance a doublé en un an ;pour la première fois depuis

1945, il a franchi cet été la barredes 100 milliards d'euros. C'estBercy qui vient d'annoncer cetteinquiétante évolution. Dès lors, iln'est pas étonnant que le ministredu Budget Éric Woerth perde lesens de la mesure, en surpassantles ex-chevaliers blancs de lagauche, Montebourg et Peillon,qui du temps de Jospin tentèrentde faire rendre gorge aux évadésfiscaux et autres détenteurs decomptes bancaires en Suisse.

Un mystèrefiscal

Les sommes en jeu, un nombreindéterminé de milliards, ne per-mettraient sans doute pas de ren-flouer les caisses de l'État, maisce serait toujours bon à prendre.Et puis, en regard de la morositésociale, l'activisme gouverne-mental fait opportunément di-version. Ainsi donc, Éric Woerthaffirme détenir une liste de troismille contribuables français dé-tenteurs de comptes en Suisse etsuspectés d'évasion fiscale. Invitéà Bercy, le président socialiste dela commission des finances de l'As-semblée nationale, Didier Migaud,a confirmé l'existence d'une telleliste : « Ce que j'ai vu me paraîttrès sérieux, a-t-il dit, il y a desnoms qui peuvent attirer le re-gard. » À ces contribuables cen-sément en infraction, le ministredu Budget accorde un délai jus-qu'au 31 décembre pour régula-riser leur situation ; après quoiils seraient passibles de pour-suites. Ce qui ressemble fort àune promesse d'amnistie fiscale.

Encore faudrait-il lever lemystère entourant la fameuseliste. Si elle existe vraiment,comment les services de Bercy sela sont-ils procurée ? Alors queles Américains ont dû négocieravec le Conseil fédéral et entre-prendre une procédure d'entraideadministrative, afin d'obtenir lesnoms de 4 450 détenteurs decomptes à l'UBS (sur les 52 000réclamés initialement), ÉricWoerth prétend sortir tout de goune liste de son chapeau. Unechose est sûre, le gouvernementfrançais n'a pu utiliser que desmoyens détournés, les résultatsétant plus ou moins fiables. Carselon les experts suisses, il estpratiquement impossible de dres-ser une liste de fraudeurs sanspasser par l'entraide administra-tive. Seul le laxisme d'un éta-blissement peut amener un em-ployé, un cadre corrompu, à en

constituer une, comme ce fut lecas il y a quelques mois au Liech-tenstein. Une mésaventure dontn'ont pas manqué de tirer la le-çon les banquiers helvétiques.

Intimidations ?

Pour autant, il est possible queles vingt-cinq inspecteurs des im-pôts mobilisés à cet effet par ÉricWoerth aient recueilli des infor-mations partielles en utilisant lesfichiers disponibles en France, parexemple le fichier des virementsà l'étranger fourni par les éta-blissements à la Banque de France.En outre, on ne peut exclure quecertaines filiales de banquessuisses établies en France, et sou-mises au droit français, aient fi-nalement cédé à des intimida-tions. En tout cas, le ministère duBudget ne relâche pas sa pres-sion : il y a quelques jours, Éric

Woerth a demandé aux dirigeantsde grandes banques, y compris lesresponsables de filiales suisses ins-tallées en France, de coopérerplus étroitement avec l'adminis-tration fiscale.

Le Rafale dans la balance

Quant aux responsables d'ins-titutions de droit suisse, on lesimagine mal dévoiler les noms deleurs clients français sans y êtrecontraints par une procédure ad-ministrative. Le feraient-ils qu'ilscontreviendraient à la législationhelvétique ; ce qui est d'ailleursvalable pour les filiales françaises(Société Générale, BNP-Paribas,Crédit Agricole, CIC, etc.) opérantsur le territoire de la Confédéra-tion et soumises au droit suisse.

Quelle que soit la part de bluffdans le harcèlement pratiqué parBercy, l'objectif à court terme estde plonger les évadés fiscaux dansun climat d'insécurité et, en mêmetemps, de répandre le doute surl'efficacité du secret bancaire.Mais, comme toujours, l'inquié-tude ne devrait pas trop effleu-rer les plus malins ou les plus puis-sants qui, déjà, ont mis leurs biensà l'abri dans des structures off-shore échappant aux critères del'OCDE, très loin de l'Europe.

Cette guérilla fiscale risquede peser sur les relations franco-suisses, habituellement sereines.On a pu en voir un signe dans ladécision du Conseil fédéral de sur-seoir au choix d'un nouvel avionde combat. Trois types d'appareilsont été évalués : le Rafale de Das-sault, l'Eurofighter Typhoon et leGripen de Saab. Le choix devaitêtre annoncé en juillet dernier ;

il est reporté à janvier 2010. Leprésident de la ConfédérationHans-Rudolf Merz a certes tenu àpréciser qu'il ne s'agissait pasd'« échanger le secret bancairecontre un avion de combat », iln'empêche que le report de la dé-cision prend un sens particulierdans les circonstances actuelles.

La méfiance des autorités hel-vétiques est d'autant plus pré-gnante qu'elles observent non sansamertume l'absence de solidaritéinternationale, et d'abord euro-péenne, dans le différend qui op-pose Berne et Tripoli (cf L'ActionFrançaise 2000 du 3 septembre).Or, non seulement les deuxhommes d'affaires suisses retenusen Libye depuis plus d'un an n'ontpas été autorisés à regagner leurpays au 31 août, comme avait crule comprendre le président Merz,mais le régime Kadhafi a encoreusé de la provocation. Ainsi, laLibye a demandé devant l'ONU le« démantèlement » de la Suisse,les trois régions linguistiques de-vant revenir à l'Allemagne, laFrance et l'Italie.

Folle requête

Bien sûr, cette folle requête,contraire aux principes de lacharte onusienne, a été rejetée.Elle s'inscrit toutefois dans unelogique propre au clan Kadhafi :« ce sera œil pour œil, dent pourdent », avait promis en juillet2008 l'épouse d'Hannibal Kadhafi,fils du colonel, avant de quitterGenève au terme de vingt-quatreheures de garde à vue ; celle-cirésultait de la plainte de domes-tiques se disant victimes de mau-vais traitements. On le voit, la di-plomatie traditionnelle est de peude secours pour panser les bles-sures d'orgueil.

Après l'élection d'un nouveauconseiller fédéral en remplace-ment de Pascal Couchepin, dé-missionnaire, le gouvernementsuisse tiendra cet automne uneséance spéciale consacrée à lapolitique étrangère de la Confé-dération. Il y aura ample matièreà discussions.

GUY C. MENUSIER

❚ ASPECTS DU MONDE

❚ 8 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2778 – du 17 au 30 septembre 2009

❏ DE PARIS À TRIPOLI

Comptes et mécomptes helvétiquesTandis que la guérilla fiscale risque de peser sur les relations franco-suisses, habituellement sereines,

la Confédération helvétique ne semble même plus pouvoir compter sur la solidarité internationale

dans le différend qui l'oppose à la Libye.

VIRAGE À GAUCHEAU JAPON ?

Après cinquante ans de règnequasi ininterrompu, les "libé-raux", artisans du redressementéconomique spectaculaire du Ja-pon après sa défaite, viennent desubir un échec humiliant lors desélections législatives. Révolution,tremblement de terre, tsunami,écrit la presse locale.Termes peut-être excessifs. Lechef des "démocrates" vainqueurs,le futur Premier ministre, est ungrand aristocrate, disons éclairé.Yukio Hatoyama promet aux Japo-

nais ce qu'ils souhaitent entendreaprès la monotonie du discours deses prédécesseurs.La politique japonaise connaîtrade légères corrections : gratuitéde l'enseignement secondaire,instauration d'un système d'alloca-tions familiales afin de redresserla natalité, amélioration des re-traites. Les relations privilégiéesavec les États-Unis pourraientêtre recentrées par un rapproche-ment avec la Chine.Tout cela ne ressemble pas à unerévolution, mais donne aux Japo-nais l'impression d'un changementqu'ils attendaient. Il ne s'agitpoint d'un "virage à gauche" à lafrançaise comme l'écrivent cer-tains journaux. À peine un recen-trage raisonnable au prix d'un dé-ficit budgétaire ou d'une augmen-tation de la pression fiscale. Unévénement salué par une haussespectaculaire à la Bourse de To-kyo. C'est tout dire.

P.N.

LES GABONAIS ONT CHOISI LA CONTINUITÉ Finalement, après quatre jours où trois candidatscriaient victoire en même temps, Ali Bongo, filsdu président défunt, a été déclaré président de laRépublique gabonaise, avec 42 %des voix, alors que son principaladversaire Mba Obame n'en a ob-tenu que 25,88 % et l'opposantPierre Mamboundou 25,22 %. Cetteaccession au pouvoir a été aussitôtsuivie de quelques violences, no-tamment à Port Gentil, deuxième ville du pays etcité pétrolière, où l'ambassade de France a été atta-quée. Il ne faut toutefois pas exagérer l'importancede ces remous contestataires qui semblent, deux se-maines après, pratiquement terminés.Ali Bongo, en dépit des rumeurs que certains fontcourir sur ses origines, voire sur sa nationalité,prend déjà place parmi les grands chefs d'État afri-cains. Le Libyen Mouammar Kaddafi, le CamerounaisPaul Biya, le Tchadien Idriss Deby Itno etMohamed VI, roi du Maroc, ont été les premiers à luiadresser des messages de félicitations.Il est intéressant de lire sur le site marocain Le Ma-tin.ma que l'élection d'Ali Bongo « a surtout démon-

tré l'attachement du peuple gabonais à la stabilité,tout en exprimant le changement. Elle illustre, eneffet, une volonté de transformation dans unecontinuité historique et institutionnelle. » Ali Bongoa, « quarante ans durant, vécu la réalité du pouvoirauprès d'un père qui incarnait la politique vision-naire et la sagesse dans son principe même.Ali Bongo a appris l'exercice du pouvoir au quoti-dien, il est aujourd'hui le porte-parole des attentesde son peuple qu'il connaît bien, sinon mieux que les autres. »

LES DEUX PILIERS DE L'AFRIQUE ?

Rappelant la grande amitié qui lie le roi du Maroc etle nouveau président du Gabon, l'éditorialiste exaltela volonté de celui-ci d'accomplir « son devoir derassembleur et de fédérateur » pour être « le prési-dent de tous les Gabonais, au service de tous »même de ceux qui n'ont pas voté pour lui. Cestermes ne sont pas creux sous la plume d'un journa-liste vivant dans une monarchie... Gabon et Marocont-il vocation à être « les deux piliers del'Afrique » et leur parternariat « un exemple vivantpour tout le continent » ? Rien n'est simple enAfrique... L'avenir le dira...

M.F.

Le président de la Confédération Hans-Rudolf Merz a tenu à préciser

qu'il ne s'agissait pasd'« échanger le secret

bancaire contre un avionde combat »...

Page 9: s e année La dictature de la vertu...Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière.» Nous

ASPECTS DU MONDE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2778 – du 17 au 30 septembre 2009 9 ❚

Après deux mois et demi d'ef-forts pour former un gou-vernement d'union natio-

nale, comme le lui demandait l'im-mense majorité des Libanais etla communauté internationale.Saad Hariri, Premier ministre sun-nite désigné, vient de renoncer àcette mission. À cause de l'oppo-sition, ou plutôt de l'obstructiondu Hezbollah chiite et de ses al-liés totalement inféodés au ré-gime de Téhéran.

Implosion

Le Liban se trouve, une foisde plus, sans gouvernement etmenacé d'implosion politique. Pa-rallèlement à ce début de criseinstitutionnelle, voici que des tirsde roquettes sur la Galilée ont re-pris à partir du territoire contrôlépar le même Hezbollah ; l'arméeisraélienne a dû riposter, quoiqueavec modération, les dirigeantsde l'État hébreu ne souhaitant pascréer actuellement un nouveaufoyer de tension et envenimer da-vantage leurs rapports difficilesavec l'administration Obama.

Il faut noter au passage queles forces onusiennes d'interposi-tion installées au Liban étaientsupposées empêcher le réarme-

ment des milices chiites et les at-taques contre le territoire israé-lien. Dès le début de leur mis-sion, pour ne pas indisposer Da-mas et surtout Téhéran, elles ontfermé les yeux sur le trafic

d'armes au Liban. Voilà donc lesconséquences attendues.

Cette crise, qui pourrait s'ag-graver au cours des jours et dessemaines à venir, est, de touteévidence, sans rapport direct avec

la situation intérieure du pays.Les Libanais n'aspirent qu'à unevie politique apaisée permettantle développement et la recons-truction. C'est Téhéran qui tientles ficelles. Le Hezbollah est en-tièrement contrôlé et financé parle régime iranien. Ses milices sontencadrées par les "gardiens de larévolution" – ces Pasdaran de si-nistre réputation.

Un atout contre l'Occident

Téhéran provoque ces inci-dents, politiques ou frontaliers,afin de posséder un nouvel atoutdans le jeu qu'il mène avec l'Oc-cident. Demain, en Irak, en So-malie ou même en Europe, desincidents de ce genre pourraientsurvenir. Autant de "messages"adressés aux Occidentaux et, sur-tout, à l'administration améri-caine. On "négociera" des otagesde toutes sortes contre l'indul-gence de la communauté inter-nationale dans l'affaire des armesnucléaires dont le régime est entrain de se doter, afin de se "sanc-tuariser", selon l'expression dé-sormais consacrée.

En privé, tous les dirigeantset "experts" officiels en convien-

nent. Publiquement, on pratiquela politique de l'autruche : on faitsemblant d'ignorer les vraies rai-sons des crises qui éclatent, ouéclateront, ici ou là. Tel ressor-tissant d'un pays occidental –priorité aux Français, Britanniquesou Allemands ; pour le momenton ne tient pas à mettre les Amé-ricains en position difficile –pourrait être arrêté demain enIran pour un délit imaginaire. Desattentats pourraient être perpé-trés. Une seule signification pos-sible : « Laissez-nous fabriquernotre bombe, on vous laissera enpaix » ; mais une fois qu'ils au-ront leur bombe, leur assurance-survie au Liban comme ailleurs,ils recommenceront avec le sen-timent d'être à l'abri. Cela s'ap-pelle du chantage. La clef de lacrise libanaise est à Téhéran..

PASCAL NARI

* Dans l'article de notre précédent nu-méro consacré à l'Afghanistan, il étaitévidemment question des « chefs cou-tumiers pierres blanches », et non« blanchis »...

Malgré des fraudes avéréesdans les régions Pachtounset l'annulation des résul-

tats de vote de nombreux bu-reaux, on s'achemine, au momentoù nous écrivons, vers la procla-mation de la victoire électoralede M. Hamid Karzaï, et sa ré-élection avec 54 % des voix dèsle premier tour. Tel était le sou-hait de Washington et de Londresau début. Puis les hésitations sesont manifestées de plus en plus,au point que Washington a prisl'initiative de faire imprimer desbulletins de vote du second toursans même que soient connus lesrésultats du premier !

Guérilla

On s'oriente vers des tensions,entre le pouvoir afghan et les Oc-cidentaux – Américains et Bri-tanniques surtout – mais aussi àl'intérieur du pays, dans le campantitaliban, entre pro et anti-Kar-zaï. Sur le plan militaire, la stra-tégie américaine ne semble pas

connaître, pour le moment, lesrésultats escomptés. La guérillase développe et touche de nou-velles régions du pays. Un gou-vernement solide et respecté àKaboul aurait été un facteurconsidérable, sinon déterminant,

de stabilisation, facilitant unevictoire militaire sur les isla-mistes ; on s'en éloigne.

Il resterait une issue possible :que la communauté internatio-nale amène les différentes fac-tions à se parler et à s'entendre ;

qu'elle favorise en quelque sorteun gouvernement de véritableunion nationale à Kaboul. Or, dé-sormais, toutes les parties enga-gées dans le bras de fer politiqueafghan se méfient des Américainset des Britanniques. En revanche,le crédit de Berlin et surtout deParis reste intact. La diplomatiefrançaise pourrait donc, et de-vrait selon nous, jouer un rôle im-portant en Afghanistan. Cela de-vrait même faciliter la tâche desAméricains qui commencent à ins-pirer une circonspection unanimeen Afghanistan.

Un gaspillageélectoral

La "communauté internatio-nale", c'est-à-dire les contribuablesoccidentaux, vient de dépenserdeux cents millions de dollars pourl'organisation de ce scrutin con-testé et partiellement contes-table. Au lieu de s'engager dansune autre opération qui provo-quera d'autres contestations, il se-rait préférable de recourir à destentatives d'arbitrage, à l'afghane.L'histoire complexe de ce pays,exemple type de "l'Orient com-pliqué", montre que cela est pos-sible, quoique difficile. Ce ne serapas M. Richard Holbrooke, qui adéjà réussi à faire l'unanimité desAfghans contre lui – toutes ten-dances confondues –, qui pourratenter une telle opération.

P.N.

❏ UN PAYS EN CRISE

Le Liban, otage des ayatollahsPrivé de gouvernement, en dépit des efforts de Saad Hariri qui vient de jeter l'éponge, le Liban s'enfonce

dans une crise institutionnelle. Le Hezbollah l'a poussé dans ce piège, encouragé par Téhéran :

ses milices sont encadrées par les "gardiens de la révolution" – ces Pasdaran de sinistre réputation....

❏ AFGHANISTAN

L'impasse démocratiqueContesté, voire contestable, le scrutin afghan reconduit Hamid Karzaï au

pouvoir. Les relations avec l'Occident s'annoncent tendues. L'Amérique est

déconsidérée, mais Berlin et Paris ont une carte à jouer.

L'Afghanistan s'oriente

vers des tensions au sein même

du camp antitaliban,

entre pro et anti-Karzaï.

Saad Hariri n'est pas parvenu à former un gouvernement

d'union nationale.

Les habitants de Beyrouth n'aspirent qu'à une vie politique apaisée

permettant le développement et la reconstruction du pays.

NOTRE JOURNAL VOUS INTÉRESSE ?

Pour lui permettre de vivre,

abonnez-vous,faites des abonnés !

BULLETIN D'ABONNEMENT

EN PAGE 4

Page 10: s e année La dictature de la vertu...Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière.» Nous

Cette année-là, la vingtièmede son règne, Philippe II Au-guste, trente-cinq ans, si-

gnait le 22 mai le traité du Gou-let qui le mettait en position deforce face au roi d'Angleterre etdont la clause principale était lemariage du prince royal Louis,treize ans, avec Blanche de Cas-tille. douze ans, fille du roi Al-phonse VIII de Castille.

La petite-filled'Aliénor

Il importe de rappeler ici quecelle qui allait donner à la cou-ronne de France neuf enfants,dont le grand saint Louis, étaitpar sa mère Aliénor d'Angleterre,la petite-fille de la trop belle Alié-nor d'Aquitaine que nous avonsvue dans nos précédents articlespasser avec son colossal héritage– presque la moitié de la France -du lit de Louis VII, roi de France,à qui elle n'avait pas donné d'en-fant mâle, à celui d'Henri Plan-tagenêt juste avant que celui-cijoignît à ses titres de comte d'An-jou et de duc de Normandie ce-lui de roi d'Angleterre... Agissantainsi cette femme légère avaitsuscité entre les deux royaumesune zizanie qui devait marquerpour de longs siècles l'histoire del'Europe. C'est dire l'importancede cette union de 1200. La vieilleAliénor, alors soixante-dix-huitans, tint à aller elle-même,comme pour se repentir, cherchersa petite-fille outre-Pyrénées pourla conduire auprès du petit-filsde son premier mari...

Philippe-Auguste, que nousavons laissé dans notre derniernuméro tout jeune et déjà veufd'Isabelle de Hainaut, s'adonnaitalors à réguler les mouvements

féodaux, à châtier les bandes er-rantes de pillards désœuvrés, àveiller à la bonne administrationdu royaume, à embellir Paris...Mais il ne cessait de se préparerà chasser les Plantagenêt duroyaume de France. ContreHenri II d'abord, puis contre lesdeux fils qu'Aliénor avait donnésà ce rustre, le presque estimableet même légendaire Richard ditCœur de Lion, et le morbide JeanSans Terre, Philippe allait sebattre en vrai capétien, avec,écrit Bainville, « réalisme, pa-tience, esprit d'opportunité ».

Parti en croisade en 1190 avecRichard, il avait, avec l'accord dupape, quitté Saint-Jean d'Acre aubout de quelques mois pour desraisons de santé mais surtout pourprofiter de l'absence, puis de lacaptivité de Richard tombé auxmains de l'empereur germanique.Utilisant habilement les failles dusystème successoral anglais, il

avait soutenu Jean contre Ri-chard, puis, après la mort de ce-lui-ci dans des conditions indignesd'un preux, il avait embrassé lacause du tout jeune Arthur de Bre-tagne, fils de Geoffroy, frère aînéde Richard et de Jean. Pendantce temps, Jean avait déjà mis lamain sur les possessions françaisesdes Plantagenêt, dont la Nor-mandie, mais ce fourbe désiraitalors une accalmie...

Renonciations

C'est ainsi qu'en 1200, Philippele prit au mot et le reçut à Parispuis lui imposa dans l'île du Gou-let, près de Vernon, le traité dumême nom, par lequel Jean, d'unepart, renonçait à soutenir les pré-tentions d'Othon de Brunswick àl'Empire contre le candidat fran-çais, d'autre part, rendait hom-mage au roi de France son suze-rain pour toutes ses possessions

françaises. Il abandonnait en outrele comté d'Evreux et ses fiefs ber-richons au jeune prince Louis pourconstituer la dot de Blanche deCastille. De son côté Philippe re-nonçait à faire valoir ses droitssur la Bretagne.

La Normandieredevient française

Traité d'équilibre, occasiond'un répit, mais cela ne faisaitillusion à personne. En fait il res-tait à Philippe à saisir l'occasionde prendre Jean en faute. Choseaisée, puisque celui-ci n'accom-plissait pas ses devoirs envers sesvassaux, qu'il persécutait mêmeparfois ! Ceux-ci l'attaquèrent enjustice en 1202. Les pairs duroyaume prononcèrent la confis-cation de ses biens français, àcharge pour Philippe d'exécuterla sentence. Ainsi la Normandieredevint-elle française : après laprise de la forteresse de Château-Gaillard, Philippe put entrer dansRouen. Le Maine, l'Anjou, la Tou-raine et le Poitou suivirent le mou-vement, mais l'Aquitaine restaitencore pour le moment entre lesmains du Plantagenêt. En mêmetemps, la mort du malheureux Ar-thur de Bretagne permit au roi defaire passer la Bretagne dans l'or-bite capétienne, en donnant enmariage Alix, la sœur d'Arthur, àun descendant de Louis VI le Gros.

Pendant qu'en Angleterre lamonarchie fonctionnait si mal queles populations se révoltaient(c'était le temps de Robin des Bois)et que les seigneurs s'apprêtaientà imposer à leur roi pour le ligo-ter la fameuse Grande Charte (15avril 1215), la monarchie fran-çaise, créatrice d'un État fort etrassembleur, constituait un mo-dèle de continuité sans heurts etde sage gouvernement. C'est pour-quoi Philippe-Auguste pouvait dèslors tenir tête à l'Angleterre et àl'Empire réunis contre nous. En1214, à Bouvines, on allait voir semanifester la force du sentimentnational, comme nous l'avons déjàraconté dans L'AF 2000 du 20 no-vembre 2008.

MICHEL FROMENTOUX

❚ HISTOIRE

❚ 10 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2778 – du 17 au 30 septembre 2009

❏ CETTE ANNÉE-LÀ

1200 : Capétien et PlantagenêtSoucieux de chasser les Plantagenêt du royaume de France, Philippe-Auguste

se battit en vrai capétien, avec « réalisme, patience, esprit d'opportunité ».

Le traité du Goulet fut l'occasion d'un répit, sans faire illusion...

La désinformationautour des guerres de Vendée

La Vendée, jusqu'à une périoderécente, était réduite à unesimple guerre civile, franco-française. En 1985, un jeunechercheur, Reynald Secher, sou-tient devant un jury de septmembres (Jean Meyer, PierreChaunu, Jean Tulard, André Cor-visier, Jean-Pierre Bardet, Louis-Bernard Mer et le recteur YvesDurand), à Paris IV-Sorbonne, unethèse intitulée Contribution àl'étude du génocide franco-fran-çais : la Vendée-Vengé. Docu-ments à l'appui, il démontraitque la répression de la Vendée

par la Convention était un géno-cide de type proto-industriel lé-gal en vue de l'exterminationd'une partie du peuple de Francenon pas en raison de ce qu'il fai-sait, mais de ce qu'il était. Cette thèse, publiée en pleinepréparation du bicentenaire de laRévolution française, suscita unevive émotion qui valut à son au-teur bon nombre de problèmes etlui coûta, entre autres, sa car-rière universitaire.

TÉMOIGNAGE

Avec son nouveau livre, intituléLa Désinformation autour desguerres de Vendée et du génocidevendéen, Reynald Secher a choiside témoigner. Il rappelle que pourle pape Benoit XVI : « La mé-moire, dit-on à juste titre, estmemoria futuri, un avertissementqui nous est adressé pour l'aveniret un appel à rechercher active-ment la réconciliation. Se rappe-

ler signifie faire tout ce qui esten notre pouvoir afin d'empêchertoute répétition d'une telle ca-tastrophe au sein de la famillehumaine en édifiant des pontsd'amitié durable. »

LA JUSTICE ET L'AVENIR

Pour Secher : « Ce qui est vraipour la Shoah l'est aussi pour[...] la Vendée et [...] tous lesgénocides au nom de la vérité,de la justice et de l'avenir del'humanité. »Ce récit met en évidence qu'enFrance la liberté en matière derecherche historique n'existe pas.

XAVIER CHENESEAU

* Reynald Secher : La Désinformationautour des guerres de Vendée et dugénocide vendéen ; Atelier Folfer, col-lection L'Étoile du berger ; BP 20047,28260 Anet, tél : 06 74 68 24 40,www.atelier-folfer.com ; 16 euros.

Philippe II Auguste en difficulté au cours de la bataille de Bouvinespar Paul Lehugeur, XIXe siècle

COLLOQUE

Sur la levée de la condamnationde l'Action française par le pape Pie XII

Organisé par

"Les Amis de Jehanne"

SAMEDI 19 SEPTEMBRESAMEDI 19 SEPTEMBRE

Maison de la DRAC,8 bis, rue Vavin,75006 Paris

De 9 à 17 heuresDe 9 à 17 heures

Prendront la parole :

le professeur Franck BOUSCAU(au regard du droit canon),l'abbé Guillaume de TANOÜARN(le Père Laberthonnière),Christophe DICKÈS (JacquesBainville et la religion),Philippe PRÉVOST (lepèlerinage à Rome de Robertde Boisfleury en 1937),le professeur Olivier DARD(l'impact international),le professeur François BALACE(l'AF et la Belgique).

La participation aux frais de20 euros par personne,comprend : l'inscription(indispensable) ; les pausescafé ; la pause buffet ; lesactes du colloque, à lademande.

Accès à la Maison de la DRACpar : métro ligne 4, stationVavin ; métro ligne 12, stationNotre-Dame des Champs ;Autobus n° 82, arrêtGuynemer-Vavin.

L'inscription est indispensable(nombre de places limité).

Pour toute informationcomplémentaire, joindre : LesAmis de Jehanne, 17 rueDuméril, 75013 Paris, tél. 01 44 23 80 01 (laisser unmessage en cas d'absence).

RENDEZ-VOUSCHEZ MAURRASLes samedi 19 et dimanche20 septembre se déroulent les Journées du Patrimoine.

À cette occasion, la mairieMartigues convie le public à unepromenade dans les jardins dela Bastide du chemin deParadis. Un bâtiment duXVIIe siècle caractéristique del'architecture de la bastideprovençale, familier de noslecteurs puisqu'il s'agit del'ancienne demeure de CharlesMaurras, qui en a conçu lejardin avec l'architecteHenri Mazet.

Les visiteurs profiteront desexplications de Mlle NadègeMolière, spécialiste des jardinshistoriques.

* Samedi 19 et dimanche 20 sep-tembre à 14 heures ; chemin deParadis, quartier de Ferrières, Mar-tigues. Visites traduites en languedes signes française. Renseigne-ments : ville de Martigues, direc-tion culturelle, 04 42 44 31 51 ;www.mairie-martigues.fr/

Page 11: s e année La dictature de la vertu...Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière.» Nous

Le Roman de la Bretagne, deGilles Martin-Chauffier, estune bonne illustration d'un

état d'esprit propre à révulser qui-conque n'est pas lié par le sangau duché. De grandes passions etde saintes colères y côtoient desjugements à l'emporte-pièce quieussent mérité réflexion, des re-grets déchirants, des nostalgiesstériles, des analyses politiquesfumeuses et des aspirations à l'in-dépendance sur fond européendont un peu de bon sens suffit àdémontrer la dangereuse inanité.Le tout n'est pas sans charme, etpeut exercer sur le lecteur uneespèce de fascination, pourvu qu'ilsoit lui-même assez breton pourse laisser séduire, serait-ce briè-vement.

Beaux parleurshéroïques et bornés

Au vrai, quiconque possède unpeu de cette hérédité celtiqueavouera avoir, un jour ou l'autre,dans un moment de rage ou dedécouragement, cru à ces nuées.La raison revenue suffit d'ordi-naire à les dissiper. Martin-Chauf-fier, lui, les cultive, non sans ta-lent, et son histoire, sélective,subjective, tour à tour féroce etattendrie de la Bretagne, puiséeaux meilleures sources, est unevéhémente dénonciation, moinsde la volonté française d'attacherl'Armorique au royaume, que dela propension des Bretons à selaisser faire, en dépit de leurssoulèvements endémiques.

Des combattants vénètes à lachouannerie, des ducs aux Mes-sieurs du Parlement, il ne voit quebeaux parleurs, capables d'hé-roïsme, mais bornés au point den'avoir pas compris que le destinbreton aurait dû égaler celui duPortugal. Ses aïeux, et les miens,n'auraient pas su mettre assez desang, de sueur, de larmes et desouffrance dans la balance pourmériter de rester un État indé-pendant et auraient préféré auxnobles contraintes de la libertéla paix et le confort...

C'est perdre de vue que, desGaulois à Cadoudal, limite de lapériode racontée, l'écrasante ma-jorité des hommes évoqués dansces pages, s'ils avaient fortementle sentiment d'appartenir à la na-tion bretonne et celui de leursdevoirs envers elle, étaient toutaussi fortement conscients d'ap-

partenir à un ensemble nationalsupérieur, hors duquel ils savaientla survie de la Bretagne mena-cée. Quant à attendre que « laFrance crève avant nous » et queBruxelles, trop occupée de futi-lités, laisse le duché renaître etprospérer, c'est pari périlleux, etmême perdu d'avance. Voilà pour-quoi vous n'offrirez pas ce livre,en dépit de ses qualités, aux plusjeunes, trop prompts à s'exalterpour sonder la sottise de certainsemballements.

De l'"injustechouannerie"...

La Bretagne, des origines ànos jours, de Bernard Merdrignac,ne présente pas les mêmesrisques. Il s'agit d'un album illus-tré avec une incontestable origi-nalité, mais si pressé d'aller à l'es-sentiel en quelques traits, dates,noms, chiffres, que l'humain enest quasi exclu. Cette approcheuniversitaire irréprochable, pri-vilégiant le politique et l'écono-mique, pèche par excès de sé-

cheresse, de sérieux et de dé-pouillement. Elle est davantageun complément utile à d'autresétudes qu'une introduction à l'his-toire bretonne.

Peu d'ouvrages dépassionnésont été consacrés à Clément Chry-sogone de Guer de Pontcallec, dé-capité à Nantes en 1720 pours'être lancé dans ce que le cherJean-François Chiappe appelaitjustement « une injuste chouan-nerie ». En publiant Le Marquiset le Régent, Joël Cornette éclairegrâce aux archives l'un des épi-sodes les plus représentatifs desrapports compliqués entre la Bre-tagne et la France.

Descendant d'une très puis-sante famille du Broérec, Pont-callec eut le malheur d'hériterd'un grand nom, et d'une fortunegrevée. Entré jeune au service duRoi, il ne sut pas s'intégrer dansl'armée moderne que Louis XIVmettait en place, ni user des le-viers d'avancement, quitta le ré-giment mal noté sans avoir ren-contré le grand destin auquel ils'estimait promis et qui eût re-

levé ses finances. À l'approche dela quarantaine, c'est un hommedéçu, bourré de rancœur, qui re-tourne en Bretagne où, pour vivre,il s'adonne à la contrebande.Amer, agressif, violent, Pontcal-lec ne tarde pas à se faire dé-tester autant de ses nobles voi-sins, qui l'évitent, que de ses gens,qui le craignent car il les mal-traite. Pourtant, cet impopulairese muera en héros et en symbole,au prix, il est vrai, de retouchesapportées après sa mort tragique,à sa personnalité. Dans l'inter-valle, profitant des querelles quiopposent les États de Bretagne àun pouvoir royal estimé empié-tant sur les libertés du duché, etde la fragilité supposée des posi-tions de Philippe d'Orléans, Pont-callec aura crée une Associationbretonne destinée à obtenir desgaranties plus solides des privi-lèges bretons mais qui, par safaute, deviendra conspiration mal-adroite contre le Régent, avec ap-pel, en pleine guerre, à l'Espagne.

... au mythe national

Il y a beaucoup à dire sur cetteaffaire, lamentable car Philippe V,en fait, n'enverra qu'un vaisseauet trois cents soldats, qui ne dé-barqueront pas, tandis que la plu-part des affidés, dépassés par latournure des événements et con-damnant les choix de Pontcallec,se refuseront à le soutenir dansune insurrection contre la Franceet le Roi. Dénoncé, traqué, Pont-callec se rend, persuadé d'avoirla vie sauve, mais le duc d'Or-léans, qui a pris le péril au sé-rieux, sera, contre ses habitudesde clémence, impitoyable.

Joël Cornette analyse les te-nants et les aboutissants de cetteconjuration dérisoire, sa signifi-cation dans le contexte politiquebreton et français. Hormis l'appelà l'ennemi, unanimement con-damné, la réaction de l'Associa-tion bretonne est archétypale et

perdurera jusqu'en 1789, tel unmodèle nobiliaire armoricain, desrécits du "martyre" de Pontcalleccirculant sous le manteau dans lesmanoirs de l'Ouest et ancrant lesesprits dans ce qu'ils estimaientêtre une résistance héroïque auxviolations du traité d'Union de1532. Il est saisissant de retrou-ver, à l'origine du mouvement ab-surde de 1719, comme à la créa-tion de la seconde Association bre-tonne, celle de La Rouërie en1790, à trois générations d'écart,les mêmes noms, les mêmes chefs,presque les mêmes buts, à ce dé-tail près que les fondateurs de lachouannerie avaient enfin com-pris, après quelques mois de Ré-volution, combien les destins dela Bretagne et de la monarchiefrançaise étaient étroitement liés.Trop tard...

Une remarquable étude de lamétamorphose du marquis en hé-ros d'un mythe national complètele livre, s'appuyant sur la mémoireorale et chantée qui transformaun tyranneau local vieillissant enun beau jeune homme défenseurdes pauvres gens... Un CD jointau livre propose des enregistre-ments des différentes gwerzioucomposées autour du drame, pourcertaines encore très populaires,à juste titre d'ailleurs tant ellessont poignantes. Ici, définitive-ment, la légende a pris le pas surla vérité. N'était-elle pas cent foisplus belle ?

ANNE BERNET

* Gilles Martin-Chauffier : Le Romande la Bretagne ; Le Rocher, 220 p.,19,90 euros.* Bernard Merdrignac : La Bretagne,des origines à nos jours ; Ouest-France, 126 p., 15,90 euros.* Joël Cornette : Le Marquis et le Ré-gent ; Tallandier, 480 p., 25 euros ;CD joint.

HISTOIRE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2778 – du 17 au 30 septembre 2009 11 ❚

❏ LIVRES

Songes bretonsLe particularisme breton, dont certains nient parfois l'existence, y voyant une

invention de littérateurs, constitue cependant, hier comme aujourd'hui, une clef

pour comprendre les rêves, ou les folies, de la péninsule et de ses habitants.

Le château des ducs de Bretagne

DANIÈLE VAUDREY

Les grandes affaires criminelles des Côtes d'ArmorÉditions de Borée - 315 p. - 24 euros.

Aborder l'histoire d'une région et de sesmentalités à travers le fait divers san-glant peut relever du voyeurisme le plusdouteux, ou de l'étude de mœurs véri-table. C'est heureusement ce second pointde vue qui prévaut ici. Sur une période dedeux cents ans, du milieu du XVIIIe siècleaux années 1960, vingt-six affaires repré-sentatives ont été choisies, racontées, ex-pliquées, avec fougue et intelligence. S'yrencontrent deux héroïnes, la belle Marie-Ursule Taupin, guillotinée à Tréguier de-vant ses cinq enfants en 1794, officielle-

ment pour avoir caché deux prêtres ré-fractaires, en vérité pour avoir refusé lesavances du procureur syndic du départe-ment ; et Victoire de Lambilly, "premièreavocate de France", qui plaida devant untribunal militaire lacause de son mari,émigré rentré, pas-sible de la peine demort, et le sauva. Cesdeux royalistes exem-plaires sont hélas malentourées... Si la plu-part des crimes rela-tés sont de sordideshistoires familiales, ou des querellesd'ivrognes qui dégénèrent, quelques autressont atroces et rappellent la dangerositéd'un monde où l'on vivait souvent isolé dubourg, dans l'impossibilité d'appeler àl'aide. Pour endiguer la criminalité, les tri-

bunaux recouraient sans cas de conscienceà la peine capitale. C'est à cela que semesure le mieux l'évolution de la justiceet de l'opinion publique.

FRANÇOIS-MARIE LUZEL

Fantômes et dames blanchesOuest-France - 380 p. - 15 euros

Trente ans avant Le Braz dont il fut lemaître, Luzel, grand ethnographe etfolkloriste bretonnant, consacra une par-tie de sa collecte aux récits d'intersigneset de revenants, dans un esprit rationa-liste, voire un peu ricanant assez éloi-gné de la démarche de l'auteur de LaLégende de la mort. Françoise Morvan arassemblé ces textes, dispersés à traversl'œuvre, en un volume thématique. Il est

possible de le lire comme un recueil decontes d'épouvante. Comme un témoi-gnage consacré aux croyances populaires.Comme un recueil defaits tantôt explicablestantôt étonnants. Etmême, n'en déplaise àla préfacière qui y voitune volonté raisonnéede l'Église de terrifierles humbles par le biaisd'une religion répressive vouant le pé-cheur aux châtiments de l'au-delà, commeune remarquable interprétation desdogmes catholiques des fins dernières, cartout, dans ces histoires, est conforme à ladroite doctrine chrétienne. Cela, leshumbles, voilà cent cinquante ans, le sa-vaient. En quoi ils étaient plus sages queles érudits d'aujourd'hui...

A.B.

Page 12: s e année La dictature de la vertu...Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière.» Nous

❚ HISTOIRE

❚ 12 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2778 – du 17 au 30 septembre 2009

Être civilisé c'est se recon-naître héritier. Maurras le sa-vait plus que quiconque, lui

qui, au contraire de Jean-JacquesRousseau, n'aurait jamais repenséle monde en disant « Écartons lesfaits... », mais nous avons là deuxmondes irréconciliables, l'amné-sie sauvage d'un côté, l'enracine-ment créateur de l'autre. D'où l'in-térêt de l'ouvrage du jeune his-toriographe Tony Kunter, CharlesMaurras, la Contre-Révolutionpour héritage, qui inscrit notremaître dans une lignée sans pourautant réduire son apport per-sonnel à la science politique.

Une généalogieintellectuelle

Qualifier Maurras de contre-révolutionnaire n'est certes pasoriginal, chacun sait qu'il a réa-lisé une synthèse critique de tousles écrits dénonçant au cours duXIXe siècle l'individualisme desprincipes de 1789 et leurs néfastesconséquences. Mais aucun cher-cheur ne s'était encore attelé àl'étude de cette grande généalo-gie intellectuelle qui, au fil detant de découvertes et de réin-terprétations, relie le traditiona-lisme "théocratique" de Louis deBonald et de Joseph de Maistre àla doctrine du nationalisme inté-gral. Tony Kunter a accompli cetravail colossal en fouillant dansle fonds Maurras aux Archives na-tionales, en dressant un inven-taire de la bibliothèque de Mar-tigues, en consultant aussi le fondsdu château de Monna, résidencede la famille de Bonald. dans leRouergue.

La photographie du maître del'Action française devant le tom-beau de Bonald qui orne la cou-verture du livre est certes le sym-bole d'une filiation. Et le faitqu'elle date de 1941 montre com-

bien Maurras, en ces annéesd'épreuves pour la France, tenaità fonder la légitimité de ses prin-cipes de salut public sur une ré-férence traditionaliste.

Cette familiarité intergéné-rationnelle avait pourtant connudiverses phases, et Tony Kunterinvite son lecteur à revivre l'iti-néraire qui a mené le jeune Pro-vençal de la simple critique lit-téraire des pensés du Rouergat(on découvre au passage un sur-prenant schéma assez bonaldiende constitution, resté au fond despapiers Maurras depuis 1893...)jusqu'à la « récupération », voire« l'instrumentalisation » quelquesannées plus tard des idées de ce-lui-ci. Au passage, quelques dif-ficultés avec le descendant deBonald, puis quelques années dereconnaissance seulement impli-cite du lien suivies dans la dé-cennie quarante d'une réaffir-mation très claire. Entre-temps,l'image de Bonald, et parallèle-ment celle de Maistre, s'étaientquelque peu modifiées en fonc-

tion des circonstances politiqueset surtout de l'influence d'unemultitude d'autres grands pen-seurs, ennemis aussi de l'indivi-dualisme : Balzac, Berryer, Mal-let du Pan, Blanc de Saint-Bon-net, Taine, Le Play, Fustel deCoulanges..., et surtout AugusteComte.

Creuset comtiste

Tony Kunter, au terme de cettepassionnante évolution, écrit :« D'idéaliste à l'herméneutiquerévolutionnaire, l'image queMaurras veut donner de Bonalddevient celle d'un positiviste. Lamanœuvre, si tant est qu'elle soitconsciente, permet au chef del'Action française d'achever le re-formatage du vicomte en parfaitmaurrassien. » En quelque sorte,Maurras aurait rajeuni et com-plété Bonald en le faisant passerdans le creuset comtiste, où sesidées fondées sur le droit divinauraient reçu la vérification del'expérience positive.

Ce besoin de toujours montrerque ce que les croyants saventémaner d'une Providence trouvesa parfaite adéquation dans l'ob-servation et l'expérience des faitsa toujours conduit Maurras, touten soulignant du fait même l'ex-cellence des préceptes catho-liques, à réunir les Français, se-lon la règle de l'empirisme orga-nisateur, sur le terrain de ladéfense de ce qui leur est com-mun, la nation. Ce qui permet àKunter de parler d'une « refon-dation », ou d'une « recréationcontre-révolutionnaire » : « Pro-fondément ancré sur la terreferme, expression matérielle desracines, Maurras n'en regardaitpas moins avec envie les Bonaldet Maistre tournés vers les cieuxet qui avaient transcendé lachaîne des générations par lemythe de la révélation primitiveou du providentialisme. »

« Recalibrage »

Ici, comme l'écrit dans sa pré-face le professeur Olivier Dard,l'ouvrage enrichit l'histoire desidées politiques, prouvant une foisde plus que Maurras aura « donnéà la contre-Révolution françaiseson expression le plus aboutie etla plus parfaite » en érigeant lamonarchie plus qu'au simple ni-veau d'une fidélité, à celui du na-tionalisme intégral, donc d'unenécessité irremplaçable pour lacontinuité de la nation.

Toute construction intellec-tuelle a ses failles. Kunter déplorecelles qui ont trop souvent conduitles successeurs de Maurras à desdésaccords qui fragmentent en-core le mouvement. Puisque toutetradition est critique, il appelle-rait volontiers les actuels maur-rassiens à reprendre aujourd'hui,en s'impliquant à fond, le travailde « recalibrage », de « récupé-

ration » et d'« instrumentalisa-tion » d'idées traditionnelles etnouvelles. Nous serions donc en1899, au temps où Maurras étren-nait sa prodigieuse méthode del'empirisme organisateur, et nousaurions à repenser, nous appuyantsur cette même méthode, à notretour les principes de notre actiondans un monde qui a changé maisqui reste en proie à la Révolutiontoujours plus lancinante à défautd'être sanglante.

La vérité politique

Pour nous, ce travail pourraitefficacement s'accomplir au seinmême de l'Action française etdans l'unité si ceux qui s'y lancentn'avaient pas trop tendance à seprendre pour de nouveaux Maur-ras et à repenser notre maître se-lon eux-mêmes, oubliant que ce-lui-ci, jusqu'à son dernier souffle,s'est voulu – et Tony Kunter dansce livre remarquable n'insiste pasassez sur ce fait - un serviteur dela vérité politique - cette véritéqui n'est pas de même nature quela Vérité tout court qui vient deDieu, mais qui peut y conduire, -cette vérité en tout cas que l'ex-périence politique révèle à qui-conque fait preuve d'un peu d'hu-milité. Nous en concluons que plusque jamais, pour que la penséemaurrassienne puisse s'ouvrir, serénover et absorber le meilleurdes courants d'idées sans se re-nier, il est nécessaire qu'une Ac-tion française subsiste et gardel'héritage.

MICHEL FROMENTOUX

* Nouvelles Éditions Latines, 216 p.,18 euros.

❏ L'ENQUÊTE DE TONY KUNTER

La Contre-Révolution pour héritage Aucun chercheur ne s'était encore attelé à l'étude de cette grande généalogie intellectuelle qui,

au fil de tant de découvertes et de réinterprétations, relie le traditionalisme "théocratique"

de Louis de Bonald et de Joseph de Maistre à la doctrine du nationalisme intégral.

LA CONDAMNATIONHORS DES MYTHESLa bibliographie concernant la condam-nation de l'Action française est fournie :il pouvait sembler difficile de la renou-veler. C'est pourtant ce qu'a réussi Phi-lippe Prévost dans son dernier livre. Iléclaircit ici de façon décisive, à partir deses récentes recherches dans les archivesdu pontificat de Pie XI, la nature et por-tée d'une « crise politico-religieuse » quiébranla l'AF.Acte juridique tout autant que politique,abus de droit sans égal dans l'histoire del'Église, il fallait remonter aux causes quil'expliquent. Contrairement à ce que pré-tendent certains (comme Jacques Prévô-tat), la cause de la condamnation fut ex-clusivement politique, et non religieuse.L'auteur rappelle les manœuvres du Sillonpour obtenir un jugement qui fasse ou-blier celui de 1910 frappant leur mouve-

ment. D'où la tentative de 1914, précédéed'un procès régulier à la congrégation del'Index, mais dont les conclusions furentrejetées par saint Pie X et Benoît XV.

CONFUSION DÉLIBÉRÉE

À partir de la confusion, volontairemententretenue par les démo-chrétiens franco-belges, entre les idées personnelles deMaurras et ses idées politiques, le papeRatti, relayé par son secrétaire d'État Pie-tro Gasparri et son nonce BonaventuraCerretti, chercha à frapper le mouvementpolitique qui faisait le plus d'ombre à l'Ac-tion catholique. La cause immédiatesemble avoir été l'influence de l'AF sur lescatholiques après la guerre et son dyna-misme dans le combat contre le laïcisme.La responsabilité propre du cardinal An-drieu, de Bordeaux, ressort atténuée parle fait qu'il a agi sur ordre, sa principaleerreur ayant été d'étendre à tous les diri-

geants du mouvement l'opprobre jusque-làjetée sur les idées du seul Maurras. Siavant-guerre, le rôle de l'AF était irrem-plaçable, le Vatican crut ensuite pouvoirla remplacer par la fédération Castelnau.Non seulement Prévost établit formelle-ment qu'il y eut condamnation, mais sesrecherches lui ont permis d'opérer un cer-tain nombre de découvertes importantesnotamment au sujet des « deux-camelots-du-Roi » ou du « nonce-espion ».

LA RÉCONCILIATION

La thèse des origines religieuses de lacondamnation ne tient donc pas, la véritéapparaissant plus simple. Elle se trouveavoir une cause de politique intérieure(terminer le Ralliement) et extérieure (lesoutien à la politique pro-germanique deBriand). La variation incessante descharges contre l'AF sous Pie XI fut telleque le cardinal Pacelli, comme secrétaire

d'État puis pape, éclairé par la venue deRobert de Boisfleury à Rome en 1937,trouva une voie de réconciliation et se ré-solut à lever les sanctions, sans qu'aucunerétractation n'ait été demandée.À la différence de certaines polémiquesautour de ses conclusions, ce livre ne sebase pas sur des témoignages de secondemain mais sur une étude attentive et im-partiale des faits historiques, sans apriori. Œuvre de haute synthèse, ce tra-vail est un ouvrage fourmillant de faits,tous référencés, et dont le style, ennemidu charabia, montre qu'on peut être à lafois véridique et clair. Il a d'ailleurs étésalué comme tel lors du récent colloqueMaurras et la culture.

VINCENT GAILLÈRE

* Philippe Prévost : La Condamnation de l'Ac-tion française, 1926-1939 ; Librairie canadienne,600 p., 20 euros ; disponible à nos bureaux.

Page 13: s e année La dictature de la vertu...Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière.» Nous

Àpropos de son œuvre, Cha-teaubriand écrit, très sim-plement : « En moi com-

mençait, avec l'école dite ro-mantique, une révolution dans lalittérature française... » 1 C'estprécisément ce que Charles Maur-ras et d'autres devaient lui re-procher, au nom de leur fidélitéau classicisme, de leur goût pas-sionné du naturel et de la vérité,enfin de leur refus de ce qu'ils es-timaient relever de la pose et del'affectation 2.

Princede l'anarchie

Cependant, on pourrait trou-ver dans l'œuvre de Chateau-briand, nous dit Kléber Haedens,« toute la théorie d'un contre-ro-mantisme savamment dirigé » 3.René n'est, aux yeux de son au-teur que le simple exposé d'uneinfirmité propre au siècle. « Unemaladie de l'âme », dit-il, « n'estpas un état permanent et natu-rel ». La mélancolie elle-mêmelui semble suspecte. Il en dénonce« l'étrange abus ». Quant à sonrôle politique, le même KléberHaedens lui dénie tout caractèresérieux. Il voit même en lui « unprince de l'anarchie », sans dis-tinguer les différentes périodesde sa vie.

En 1789, Chateaubriand est unjeune gentilhomme breton, élevédans les concepts de loyauté, fi-délité, tradition. Après ses annéesde collège, il a été nommé sous-lieutenant du régiment de Na-varre. Il en porte l'uniforme bleuet blanc. Le 14 juillet, il est à Pa-ris. Il voit passer deux têtes, dontcelle de l'intendant de Paris, auxextrémités de deux piques, ac-compagnées d'une foule hurlante.« Si j'avais eu un fusil, j'auraistiré sur ces misérables comme surdes loups. » C'est là sa premièreprise de position politique. Dé-goûté, il profite d'une occasionde mission en Amérique du Nord,au cours de laquelle il commenceà écrire. Mais, après qu'il eut ap-pris l'événement de Varennes, safidélité au Roi le fait rentrer enEurope. Puis, il rejoint l'arméedes princes émigrés. Après ladésorganisation de celle-ci, il vità Londres, en réfugié politique.

Tout en gagnant de quoi vivreavec des « traductions du latinet de l'anglais », il réussit à y pu-blier, en français, un Essai sur lesrévolutions dans lequel il s'inter-roge, honnêtement, sur les évé-nements qu'il a vécus : « un livrede doute et de douleur ». « L'Es-sai fit du bruit dans le milieu del'émigration : il était en contra-diction avec les sentiments demes compagnons d'infortune »,écrit Chateaubriand. Mais il futvite oublié : « Une ombre subiteengloutit le premier rayon de magloire. » Du temps du Consulat,après sa radiation de la liste des

émigrés, il fait paraître son Gé-nie du christianisme, ouvrage pré-cédé d'une « épître dédicatrice »adressée au « citoyen premierConsul » d'une parfaite platitude.En tout cas, le succès du livre, quicontribue à l'acceptation duconcordat par les catholiques, estimmense. La critique est dithy-rambique : l'auteur est mêmecomparé à Homère. Seuls mur-murent les membres de l'Institutrécemment créé, imbus pour laplupart de la philosophie des "Lu-mières". De cette réussite, Cha-teaubriand conçoit un tel orgueilqu'il se voit devenu, avec Bona-parte, l'un des deux « sous-lieu-tenants ignorés » soudain promuspar la gloire, le poète et le sol-dat du siècle.

Diplomatie

Le Premier Consul fait entrerChateaubriand dans la diploma-tie. Il le nomme secrétaire d'am-bassade à Rome, puis ministre deFrance dans le Valais, canton ca-tholique. Mais, le 21 mars 1804,Bonaparte fait enlever et fusillerle duc d'Enghien. Chateaubrianddémissionne. Il ne vivra désormaisque de ses droits d'auteur, et deses émoluments de directeur duMercure de France. Plus d'une fois,les deux hommes s'affrontent.Après la difficile victoire d'Eylau,en février 1807, Chateaubriandpublie un article évoquant un ty-ran, Néron, Tacite, etc. Autantd'allusions qui déclenchent l'ireimpériale : « Croit-il que je soisun imbécile, que je ne comprendspas ? Je le ferai sabrer sur lesmarches de mon palais ! »

Chateaubriand doit quitter ladirection du Mercure. Malgré tout,Napoléon admire l'écrivain. En1811, il conseille, c'est-à-dire or-

donne à l'Académie de l'élire. Ul-time tentative pour le rallier. Lesacadémiciens, en majorité hos-tiles à l'Église, voire compromisavec la Révolution, surmontentleurs réticences. L'élu prépare undiscours de réception avec unecharge contre la "philosophie desLumières". En dépit des coups decrayon de l'Empereur, auquel letexte (selon l'usage) a été sou-mis, Chateaubriand refuse d'enatténuer les termes. Il demeureraun cas unique : Académicien "élu"mais non reçu.

Un bon à rien

Napoléon dit de lui : « Il y ades hommes qui se croient aptesà tout parce qu'ils ont une qua-lité ou un talent. Au nombre deces hommes se trouve Chateau-briand, qui fait de l'oppositionparce que je ne veux pas l'em-ployer » (affirmation, sur ce pointprécis, fausse et injuste). « S'ilvoulait user de son talent dans laligne qu'on lui désignerait, il pour-rait être très utile, mais il ne s'yprêterait pas, et il n'est dès lorsbon à rien. Il faut savoir seconduire soi-même ou se sou-mettre à des ordres ; il ne saitfaire ni l'un ni l'autre. »

Alors que la chute de Napo-léon approche, que les Françaisne savent pas trop à quel régimese rallier, en mars 1814, Cha-teaubriand publie une brochureau retentissement considérable :De Bonaparte et des Bourbons.Louis XVIII dira qu'elle l'a aidé da-vantage qu'une armée à prendrele pouvoir. Cependant, ce princeformule, au sujet de son auteur,une opinion plus que circonspecte.« Gardez-vous », dit-il un jour àl'un de ses familiers, « d'admettreun poète dans nos affaires. Ces

gens-là ne sont bons à rien... »,jugement qui n'apparaît pas trèséloigné de celui qu'avait, en sontemps, formulé "l'usurpateur".

En 1815, ministre sans porte-feuille, Chateaubriand critique vi-vement le gouvernement dont ilfait partie. Ce qui le contraint àdémissionner. En 1819, il colla-bore au Conservateur, journalsemi-périodique qui tend à dé-montrer que les écrivains de va-leur ne relèvent pas tous du "côtégauche". C'est alors qu'il reçoit deVillèle de belles ambassades :Berlin, Londres. Puis de janvier1823 à juin 1924,durant dix-huitmois, il est ministre des Affairesétrangères. Fonction dans laquelle(Kléber Haedens semble l'avoiroublié) il joue un rôle au niveaueuropéen, avec succès.

Guerre d'Espagne

Le roi d'Espagne Ferdinand VIIavait dû accepter une constitu-tion dont les élites, le clergé etla majorité du peuple ne voulaientpas. Il se trouvait prisonnier des"libéraux". Chateaubriand, à lasuite du congrès de Vérone (1822)dont il a raconté l'histoire, faitdonner à la France un mandat d'in-tervention. Une expédition, celledes "Fils de Saint-Louis", emportela victoire du Trocadéro et res-taure Ferdinand VII dans la plé-nitude de ses pouvoirs. L'infante-rie française défile dans Madrid,où ses musiques font retentir unemarche célèbre : Vive Henri IV !Mieux, les Français protègent gé-néreusement les "libéraux" de lacolère de leurs adversaires.

Chateaubriand en est fier : ila réussi là où Napoléon avaitéchoué. Dans ses Mémoires, ilévoque souvent sa « guerre d'Es-pagne ». Il estime avoir donné à

la Restauration la gloire militairequi lui faisait défaut. Sans doute,lerépète-t-il un peu trop souvent.Si bien qu'il reçoit, en juin 1824,un billet de Louis XVIII lu faisantsavoir qu'il n'est plus ministre. Ils'en trouve profondément blessé.« On me met à la porte comme sij'avais volé la montre du Roi surla cheminée... » Emporté par sapassion contre Villèle et Polignac,il entre dans l'opposition et porte,de ce fait, une part de responsa-bilité dans le mouvement d'opi-nion qui contribuera au déclen-chement de la révolution de 1830.C'est seulement au cours de cesquelques mois que se trouve jus-tifié le jugement de Kléber Hae-dens sur Chateaubriand. Au fond,son cas démontre combien il estdifficile, en régime parlementaire,d'utiliser le talent et les compé-tences d'un grand écrivain, ayantconscience de sa valeur. Car il ad-met difficilement la contradiction.Et s'il est congédié, il peut êtretenté de fournir à l'opposition descritiques ou des thèmes de pro-pagande appuyés sur son prestige.

L'honneur

Peu après la révolution de1830, Chateaubriand prononce àla Chambre de Paris un discoursqui n'est qu'une justification deson action : « Inutile Cassandre,j'ai assez fatigué le Trône et laPatrie de mes avertissements dé-daignés, il ne me reste qu'à m'as-seoir sur les débris d'un naufrageque j'ai tant de fois prédit. Je re-connais au malheur toutes lessortes de puissance, exceptéecelle de me délier de mes ser-ments de fidélité. Je dois aussirendre ma vie uniforme : aprèstout ce que j'ai fait, dit et écritpour les Bourbons, je serais ledernier des misérables si je lesreniais au moment où pour la troi-sième et dernière fois, ils s'ache-minent vers l'exil. »

Rendre sa vie uniforme : enfait, elle n'avait ni fléchi, ni dé-vié : elle avait été marquée parde grands refus, alors que les car-rières de nombre de ses contem-porains avaient été marquées parune série de ralliements plus oumoins profitables... Ayant appar-tenu à l'opposition sous Charles X,Chateaubriand aurait pu faire unehonorable carrière ministériellesous Louis-Philippe. Mais s'il estmonarchiste, c'est comme pourdémontrer que, conformément àla définition de Montesquieu, lamonarchie est fondée sur l'hon-neur. En 1873, le comte de Cham-bord n'est pas devenu le roiHenri V parce qu'il a estimé quel'honneur ne lui permettait pas derepousser le drapeau blanc fleur-delisé. Et la lettre aux Françaisdans laquelle il a annoncé sa dé-cision évoque, à tous ceux qui lalisent, le style et la pensée deChateaubriand.

RENÉ PILLORGET

1 - Chateaubriand : Mémoires d'outre-tombe ; précédés de Mémoires de mavie ; édition critique, par Jean-ClaudeBerchet ; éditions de Pochothèque,classiques Garnier, 1989-1998.2 - L'Action Française ; 5 août 1912,article signé Criton.3 - Kléber Haedens : Une histoire dela littérature française ; édition RenéJulliard, Sequana, 473 pages.

HISTOIRE ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2778 – du 17 au 30 septembre 2009 13 ❚

❏ PORTRAIT

Soyons justes envers ChateaubriandFustigé par les tenants du classicisme, Chateaubriand nous livrerait pourtant « toute la théorie d'un contre-

romantisme savamment dirigé ». Serviteur de Bonaparte puis des Bourbons, ambassadeur et ministre,

il jouait volontiers le rôle de "poète du siècle". Retour sur un itinéraires jalonné de multiples refus.

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND1768-1848

En 1789, Chateaubriand est un jeunegentilhomme breton, élevé dans les conceptsde loyauté, fidélité, tradition.

Page 14: s e année La dictature de la vertu...Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière.» Nous

❚ COMBAT DES IDÉES

❚ 14 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2778 – du 17 au 30 septembre 2009

Après avoir médité sur lesgrandes lois de l'histoire àpropos du passé de la

France, Histoire écrite, Maurrasen vient à son époque, Histoirevive. C'est la seconde partie dulivre que nous présentons. Expo-sant le nombre sans cesse gran-dissant des étrangers en France,et leur importance dans la vie pu-blique, il pose brutalement laquestion : « Est-ce que nous se-rons, à la lettre, colonisés ? »"Xénophobie", dirons les adver-saires du nationalisme, et ils ajou-teront avec mépris : "populisme".Ils seront une fois de plus dansl'erreur. Après avoir expliqué queles métèques sont ceux qui habi-tent avec nous sans être tout àfait des nôtres, Maurras suggèreen souriant qu'il fut lui-même unesorte de métèque lorsqu'il arrivaà Paris en décembre 1885. Il s'ysentit comme étranger, mais leProvençal était un bon Françaisqui parlait au bout de quelquesjours de son vieux Paris.

L'hospitalité, l'assimilationd'éléments étrangers positifs sontdes vertus de nations civilisées :

« Le juste orgueil d'être nés Fran-çais ne nous empêchera pointd'imiter, quand il le faudra, nospères romains, que Montesquieuloua très justement d'avoirchangé d'épée "quand ils connu-rent l'épée espagnole", qui "n'ou-blièrent rien pour avoir des che-vaux numides, des archers cré-tois, des frondeurs baléares etdes archers rhodiens". La bonneinternationale est celle qui estmise au service de la nation. Mais

la nation commence par exami-ner si l'on n'a pas mieux, ou toutaussi bien, sur le territoire de lapatrie : c'est ainsi qu'on accueilleMazarin ou les Broglie, c'est ainsique l'on se délivre de Concini. »Maurras consacre un chapitre auMétèque Moréas, « l'Athénienhonneur des Gaules » qui, loind'être un parasite de la France,a participé à la renaissance del'esprit classique, le pur espritfrançais.

Mais la République, qui ignorela mesure et le discernement,laisse s'installer chez elle n'im-porte qui dans n'importe quellecondition : « Assez ridiculement,on demande si la France veut re-noncer aux traditions hospita-lières d'un grand peuple civilisé.Avant d'hospitaliser, il faut être.Avant de rendre hommage aux su-périorités littéraires ou scienti-fiques étrangères, il faut avoirgardé la qualité de nation fran-çaise. Or, il est parfaitement clairque nous n'existerons bientôt plussi nous continuons de ce train. »

Or la France, plus que toutautre pays, est attachée à son ca-ractère national : « Chez nous,et chez nous seulement (c'est unprivilège que notre patrie ne par-tage qu'avec la Serbie) la dynas-tie est de sang national. UnSouabe régnait en Prusse, un Ger-mano-Danois en Russie, un Fran-çais en Espagne, un Français enAutriche, un Français en Italie,en Suède, en Hollande, un Alle-mand en Roumanie, en Angleterreet même en Belgique. Mais enFrance, de mâle en mâle, régnait

un roi français. » Mais aujourd'hui« l'hérédité française, synonyme,après tout, de nationalité fran-çaise, n'est plus guère qu'un faitdiffus, exprimé par des senti-ments qui vacillent : il est dé-muni d'organes et donc d'expres-sion permanente. La patrie aperdu son magistrat, son fac-tionnaire. »

Comme « la forme du mondemoderne place l'Économique aupremier rang du service du Poli-tique », que sous l'agitation despoliticiens se cache une action definanciers dirigée contre les in-térêts de notre pays, à qui ap-partiendra la France quand les fi-nanciers du monde entier serontmaîtres de notre sol par l'inter-médiaire de leurs banques ?

« On peut universaliser ledroit de cité : Rome le fit. Maisquand elle y tendit, elle tenditaussi à la monarchie : elle fitl'Empire. On l'a vu : tant que legouvernement légal et constitu-tionnel demeure, même parsimple fiction, entre les mainsd'une multitude qui est électriceet éligible, il faut se demandercomment sera protégé le génienational et défendu l'intérêt na-tional, si le natif, si l'indigèneperdent tout statut privilégié ? »Restaurons la monarchie et lesproblèmes du statut des étran-gers qu'il est impossible de trai-ter de manière satisfaisante sousla loi du Nombre, s'accommode-ront naturellement.

GÉRARD BAUDIN

❏ LIVRE POLITIQUE

Existerons-nous encore longtemps ?Suite de l'étude du livre de Charles Maurras, Sur les cendres de nos foyers.

Où l'on voit que la République, ignorant la mesure et le discernement, laisse s'installer

chez elle n'importe qui dans n'importe quelle condition...

Barroso trébucheSUR LA SUBSIDIARITÉQuand José Manuel Barroso affirme dansses Orientations politiques pour la pro-chaine commission que, selon lui, « lasubsidiarité est la traduction d'un prin-cipe démocratique », il commet detoute évidence un sérieux contresens.Il est en effet établi que le principe desubsidiarité tire son origine de la doctrinesociale de l'Église et plus précisément dece passage de l'encyclique Quadragesimoanno du pape Pie XI (1931) :« Que l'autorité publique abandonne doncaux groupements de rang inférieur le soindes affaires de moindre importance où sedisperserait à l'excès son effort ; ellepourra dès lors assurer plus librement,plus puissamment, plus efficacement lesfonctions qui n'appartiennent qu'à elle,

parce qu'elle seule peut les remplir ; diri-ger, surveiller, stimuler, contenir, selonque le comportent les circonstances oul'exige la nécessité. Que les gouverne-ments en soient donc persuadés : plusparfaitement sera réalisé l'ordre hiérar-chique des divers groupements, selon ceprincipe de la fonction supplétive detoute collectivité, plus grandes serontl'autorité et la puissance sociale, plusheureux et plus prospère l'état des af-faires publiques. » La traduction alle-mande, « Subsidiaritätsprinzip » de l'ex-pression originale latine « subsidiarii officiprincipio » (« ce principe de la fonctionsupplétive » dans la version française) està l'origine de l'introduction récente dusubstantif « subsidiarité » dans la languefrançaise, qui ne comportait jusque-là quel'adjectif « subsidiaire ». Cette introduc-tion, on peut très précisément la dater

puisqu'elle correspond à la signature dutraité de Maastricht en 1992, qui consacrele principe de subsidiarité comme un pi-lier du droit européen.

CORPS INTERMÉDIAIRES

Or quelle est la source d'inspiration duprincipe de subsidiarité dans Quadrage-simo anno ? Nos lecteurs, familiers del'œuvre de Maurras et de celles descontre-révolutionnaires du XIXe siècle (Bo-nald, Le Play, La Tour du Pin), l'ont déjàreconnue dans le mouvement d'idées hos-tile au contractualisme rousseauiste, au li-béralisme politique et à l'individualismedémocratique. Pour la doctrine sociale de l'Église, commepour la contre-révolution, la société estun fait de nature, comparable à un orga-nisme vivant avec ses parties nettement

différenciées et hiérarchisées, toutes or-données au Bien commun. Elle ne reposeen aucun cas sur un contrat passé entreindividus supposés égaux et indépendantsqui se donneraient corps et âme à un Étatdont le fondement se trouverait justementdans la volonté de contracter des ci-toyens. Le principe de subsidiarité a donc,chez Pie XI comme chez Léon XIII, pourprincipale fonction de protéger les corpsintermédiaires (familles, corporations,provinces... et bien sûr l'Église !) que lejacobinisme de l'État démocratique mo-derne met en péril. Ajoutons pour êtrecomplet que, chez Pie XI, ce souci sedouble très certainement d'une réactionaux empiètements de l'État mussoliniensur les prérogatives de l'Église, notam-ment en matière d'éducation.

STÉPHANE BLANCHONNET

RÉORGANISERLE SYSTÈME ÉLECTORALUn syndicat lycéen fait campagne encette rentrée sur l'abaissement du droitde vote à seize ans. L'idée en elle-mêmen'est pas particulièrement choquante, nirévolutionnaire, mais beaucoup plus dé-magogique et manipulatrice au regard dequi avance cette proposition...L'éternel débat sur la maturité des jeunesn'apporte pas, en définitive, grand-chose àla question du vote et de la démocratie :des élèves, par exemple, âgés de quatorzeà dix-sept ans, révèlent de grandes diffé-rences de caractère, d'éveil intellectuel etde maîtrise de la réflexion, et certains, àquinze ans, sont capables de soutenir unvrai débat politique quand d'autres, à laveille de leurs dix-huit ans, restent plus ti-

morés sur le même type de sujet. Quantaux adultes... Si l'on devait décerner un"certificat de maturité" pour autoriser levote des plus de dix-huit ans, peu, sansdoute, l'obtiendraient ! C'est d'ailleurs à lafois la force et la faiblesse du suffrageuniversel.

LA COMPÉTENCE DU SUFFRAGE...

Mais à quoi bon élargir le droit de vote auxplus jeunes quand, dans le même temps etde toute façon, les institutions et lesgrandes forces financières et économiques,les élites et les bureaucraties (les « bu-reautechnocraties », selon l'expression dusociologue royaliste Pierre Debray, termequi s'applique bien aux personnels de laCommission européenne), ne tiennent pascompte ou contournent des votes qui les

dérangent ? Doit-on rappeler, encore ettoujours, "l'affaire" du référendum françaissur le traité constitutionnel européen, enmai 2005, qui, en désavouant fortement ceprojet européen, a provoqué la colère deces institutions et "élites européennes" ? Lasolution alors adoptée fut donc de contour-ner le vote des Français (mais aussi desHollandais). Nous ne sommes pas forcé-ment favorables à tout référendum mais ilfaut signaler l'hypocrisie d'un système poli-tique qui viole ses propres principes sansaucun scrupule, sans doute en applicationde la méthode célèbre de « la fin qui jus-tifie les moyens »...En fait, et cela renvoie à la question ini-tiale de l'âge des votants, ce n'est pas lesuffrage qui pose une difficulté en tantque tel ni même son extension, et lesroyalistes, aussi étonnant que cela puisse

paraître au regard des préjugés qui cou-rent sur eux, sont même plutôt favorablesà son usage plus fréquent, en particulierdans les métiers et les communes, les pro-vinces. Le problème réside plutôt dans safonction et dans son cadre d'application.Comme le résumait Charles Maurras : « Ilne faut pas toucher au suffrage universel :il faut en changer la compétence. Au lieude diriger la nation, le suffrage doittendre à la représenter. La plus heureuseet la plus tranquille révolution peut sortirsans délai d'un simple échange de fonction.Quant à la République, il faut l'abolir oùelle est (au sommet de l'État) et l'établiroù elle n'est pas (dans les états profession-nels, municipaux et régionaux). »

JEAN-PHILIPPE CHAUVIN

jpchauvin.typepad.fr

Lorsqu'il arriva à Paris, Maurras s'y sentit comme étranger...

Page 15: s e année La dictature de la vertu...Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière.» Nous

Ventes à la criée

L'AF EN MOUVEMENT ❚

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2778 – du 17 au 30 septembre 2009 15 ❚

Conseil national

LA TÉLÉ INTERNET100% ROYALISTE

wwwwww.sacr.sacr.fr.fr

❚ MESSE

Une messe sera célébrée le mardi 6 octobre 2009 à 10 heures,

en l'église Saint-Germain de l'Auxerrois, Paris 1er, à l'intention

de Nicolas Kayanakis, rappelé à Dieu il y a un an.

❚ INFORMATIONS

❏ SOS-Tout-Petits - Samedi 10 septembre à 14 h 30, place

Saint-Michel, Paris 5e - Prière de réparation, d'intercession et

de conversion pour les victimes du crime d'avortement.

❏ Le Comité international contre le terrorisme d'État

(ICAST), seule association en France habilitée à ester en

justice en matière antiterroriste, fondée par Chahpour Sadler,

convie tous les royalistes français à participer à la

commémoration en souvenir des victimes du terrorisme

(Vendée, Drakkar, Paris, New York, Moscou, Madrid, Londres,

Casablanca, etc.) le samedi 19 septembre de 16 heures à 17

h 30 au Mémorial des Invalides, Jardin de l'Intendant (Hôtel

national des Invalides, place Vauban, Paris 7e).

Renseignements : 01 77 11 61 59 ; [email protected] ;

www.terror1979.org

❚ AQUITAINE

Nous avisons nos amis que lescours de base, présentant lesgrandes lignes de la pensée del'Action française, reprennent, àcompter du mois d'octobre. Ils sont ouverts à toute personne,et plus particulièrement auxlycéens et étudiants qui désirentacquérir une formation politiquecontre-révolutionnaire sérieuse. Sauf avis contraire, les cours ont

lieu, pendant l'année scolaire,hors période de vacances : - à Biarritz le premier samedi dechaque mois, à 15 heures ; - à Bordeaux un jeudi sur deux, à18 heures. Pour connaître le lieu de chaque cours, prière d'appeler le 06 33 92 22 78.

Pour tous renseignements complémentaires : af-aquitaine.over-blog.com/

ADHÉSIONS

Vous aimez le mouvement d'AF ?Vous le soutenez ? Alors : pensez àvotre adhésion ! Il n'est jamais troptard pour le faire, l'adhésion est de32 euros pour un an, dont la moitiéest reversée à la section locale devotre choix. Les petits fleuves fai-sant les grandes rivières, c'est cetteressource indispensable qui nouspermet de monter nos projets. Alorsadhérez et faites adhérer !

CRAF, 10 rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 PARIS.Chèques à l'ordre du CRAF.

Rentrée étudiante

Le Conseil national du CRAFse réunira le 3 octobre 2009.Son président, Olivier Per-

ceval, y exposera le bilan des ac-tions menées au cours de l'année2008-2009 ; il présentera aussi sanouvelle équipe et ses choix pourl'année qui commence. Le Conseilnational aura pour tâche de le re-conduire dans ses fonctions, devalider ses choix stratégiques, etd'arrêter de grandes orientationspour cette nouvelle année. Nousne manquerons pas de vous tenirinformés du déroulement de cetteassemblée. ■

Vous pouvez dès à présentnoter que la rentrée étu-diante aura lieu le 9 octobre

à 18 h 30 (au 10 rue Croix-des-Petits-Champs, Paris 1er) en pré-sence d'Olivier Perceval, le se-crétaire général du mouvementd'AF, et de Romain Hellouin, sonadjoint. Olivier présentera auxétudiants les conclusions duConseil national du 3 octobre etexposera les grandes lignes poli-tiques de l'année étudiante. Ro-main présentera en détail l'orga-nisation pratique des divers pro-jets prévus pour l'année. Nemanquez pas ce rendez-vous in-contournable, à la fois convivialet motivant, qui marquera le lan-cement d'une année militante qui

s'annonce déjà riche en action.N'hésitez pas à faire venir vos amis

et votre entourage : il va y avoirde quoi faire ! ■

Les ventes à la criée redé-marrent et les équipes devendeurs se réorganisent

après la pause estivale. La venteà la criée est et restera l'activitéprincipale des camelots du Roi ;aussi n'hésitez pas à rejoindre noséquipes : contactez Jean-Baptistede l'Aviath au 06 81 55 36 78. ■

Phot

o G

DPh

oto

GD

BOUTIQUE ROYALISTEDes cravates en soie fleurdeliséessont disponibles au prix de 60 eurosl'unité.

Commandes à adresser au CRAF, 10 rue Croix-des-Petits-Champs,75001 PARIS.

Chèques à l'ordre du CRAF

AUTOCOLLANTSLes nouveaux autocollants sont arrivés et sont à disposition aux locaux, n'hésitez pas à enréclamer !

1,40 euros pour dix autocollants

Page 16: s e année La dictature de la vertu...Nicolas Sarkozy, en soldant le Rafale [aux Brésiliens], a aussi soldé, par la même occasion, la mégalomanie française en la matière.» Nous

Édité par PRIEP S.A. au capital de 59 880 euros – 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Imprimerie RPN – 93150 Le Blanc-MesnilNuméro de commission paritaire 0410I86761 – Directeur de la publication : M.-G. Pujo

❚ HISTOIRE

Très jeune, Philippe Pichot-Bravard s'est fait connaîtreen publiant une Épopée de

la Vendée (éditions du Choletais)aussi brillante que documentée,dans laquelle cet Angevin, quiavait rédigé un mémoire sous ladirection du professeur XavierMartin, ne dissimulait pas seschoix et ses préférences. Quelquesannées ont passé, transformantun adolescent prometteur en his-torien de grande valeur, alliant àla rigueur de la recherche la qua-lité du style et la constance dansl'idéal, vertu peu fréquente.

Aveuglement

Après deux romans historiquesoriginaux, Le Duel ou les rebellesde l'An II, puis Le Vol de l'Aigle,dont les intrigues se déroulaiententre 1793 et 1815, Philippe Pi-chot-Bravard publie Le Pape oul'Empereur, inspiré d'un mémoirede science politique soutenu àl'université de Paris II (Panthéon-Assas), étude remarquable sur l'at-titude des catholiques sous le Se-cond Empire, qui obligera désor-mais les spécialistes du règne deNapoléon III à nuancer quelquesjugements. Et passionnera tousceux qui s'intéressent à l'histoiredes idées politiques tant les an-nées 1852-1870 se révèlent un la-boratoire dont les expériencesnous affectent encore. (Tempora,200 p, 19 euros.)

L'ACTION FRANÇAISE 2000 -Vous mettez en évidence autemps du Second Empire l'aveu-glement ou l'opportunisme po-litique de quelques championsdu catholicisme, leurs préoccu-pations à courte vue. Pourtant,la droite compte de sincères dé-fenseurs de la foi. Quelques motspeut-être sur le rôle et la per-sonnalité de Falloux, Berryer ousurtout de Veuillot ? PHILIPPE PICHOT-BRAVARD -L'unité du monde catholique avolé en éclats au moment de larévolution de 1830, après que lepape Pie VIII, en reconnaissant lenouveau régime, eut encouragéimplicitement le clergé et les fi-dèles à dissocier foi religieuse etfidélité dynastique. Après 1830-1832, nous pouvons relever chezles catholiques quatre attitudespolitiques différentes.

Quatre attitudes

Il y a une solide proportion decatholiques contre-révolution-naires qui, pour l'immense majo-rité d'entre eux, restent attachésà Charles X puis à son petit-filsHenri V. Il y a un légitimisme po-pulaire, qui rallie la paysanneriede Bretagne et le monde ouvrierdes villes du Midi, avec à sa têteLa Rochejacquelein et l'abbé deGenoude, et un légitimisme libé-ral et parlementaire, représenté

par Falloux et Berryer. Parmi cescatholiques contre-révolution-naires, Louis Veuillot fait excep-tion. Il est catholique avant toutet ultramontain. La question dy-nastique est, à ses yeux, acces-soire, ce qui explique la facilitéavec laquelle il se rallie à Louis-Napoléon Bonaparte en 1851.Veuillot ne deviendra légitimistequ'après 1870. Il y a aussi une pro-portion non moins importante decatholiques conservateurs qui sou-tiennent l'ordre établi, dès lorsque cet ordre n'est pas agressi-vement anticlérical.

Visionsincompatibles

Il y a encore une petite pro-portion de libéraux catholiques,lecteurs de Montalembert, de La-cordaire, d'Albert de Broglie etd'Augustin Cochin (le grand-pèrede l'historien des sociétés de pen-sée), qui se montre soucieuse deréconcilier l'Église et la liberté,une liberté définie de manièremoderne. Sous l'influence de La-cordaire, ils en viennent petit àpetit à vouloir réconcilier l'Égliseet le monde moderne, c'est-à-dire avec les valeurs de 1789, nevoyant pas que l'hostilité des hé-ritiers de 89 à l'Église rend illu-soire un effort de réconciliationentre deux visions du monde com-plètement incompatibles. Toutleur système de pensée reposesur une erreur d'analyse. Ils sontpersuadés que la flambée d'anti-cléricalisme des années 1830-1832est due au fait que l'Église étaitsous la Restauration trop prochede la monarchie ; alors qu'en réa-lité, les discours et les écrits deslibéraux de 1830 montrent bienque Charles X a été renverséparce qu'il était trop favorable à

l'Église. Comme les doctrinairesde la Restauration (le parti du ca-napé), ils se distinguent davan-tage par la qualité que par laquantité. Dans les années 1850,Le Correspondant compte deuxmille abonnés alors que L'Universen aligne onze mille. Falloux estau carrefour du légitimisme et dulibéralisme catholique.

Les premierscatholiques sociaux

Il y a enfin quelques indivi-dualités qui plaident pour une ré-conciliation entre l'Église et lemonde révolutionnaire. Ils plai-dent pour une démocratie chré-tienne laïque, parfois socialisante.En 1848, Arnaud de l'Ariège et Bu-chez en sont les principaux re-présentants, faisant "pont etplanche" entre l'abbé Grégoire etMarc Sangnier.

Entre 1830 et 1880, une par-tie importante du monde catho-lique cesse d'être légitimiste,cesse d'être contre-révolutionnaireet finalement se rallie, malgré lesmises en garde du Syllabus, auxvaleurs du monde moderne. Cer-tains d'entre eux ont anticipé leRalliement de 1891. Sans l'appointde ces catholiques ralliés, il estprobable que le camp républicainne l'aurait pas emporté lors desélections décisives de 1876 et de1877. Songez qu'alors la Mayenne,l'Ille-et-Vilaine, le Finistère, unepartie du Massif central et de laBasse-Normandie choisissentd'élire des républicains conserva-teurs, ne revenant vers les mo-narchistes qu'en 1885, aprèsl'adoption des lois Ferry.

L'AF 2000 - À côté d'hommesprêts à des concessions aventu-rées dont ils ne semblent pas

toujours avoir mesuré les consé-quences, existe une autre droitecatholique, légitimiste, qui re-fuse d'entrer dans ce jeu. Nes'exclut-elle pas de la vie poli-tique et ne se prive-t-elle detoute influence ? Ph. P.-B. - Les notables légiti-mistes continuent souvent à exer-cer une influence locale, écono-mique et politique, par l'exercicede mandats locaux. Le monde lé-gitimiste joue également un rôleimportant dans la renaissance spi-rituelle du XIXe siècle, renaissancedont la Restauration avait donnél'impulsion : œuvres mission-naires, scolaires et surtout so-ciales. Souvenons-nous que les lé-gitimistes sont les premiers, dansles années 1830, à attirer l'at-tention du public sur l'effroyablemisère matérielle et spirituelledu monde ouvrier et sur les ré-formes concrètes qu'ils convien-draient d'effectuer.

Zouaves pontificaux

L'AF 2000 - Des rangs des légi-timistes sortirent les zouavespontificaux. Pourriez-vous nousdire s'ils trouvèrent ainsi uneoccasion honorable de reprendreun peu d'influence ? Ph. P.B. - Lorsque la politique desnationalités, encouragée par Na-poléon III, menace l'existence desÉtats pontificaux, ils volent au se-cours du pape. Ainsi, entre 1860et 1870, deux mille neuf soixante-quatre Français rallient les ban-nières pontificales ; ils sont issus,pour la plupart, de familles del'Ouest où les jeunes gens rêventde montrer qu'ils sont animés dumême courage que leurs pères,oncles et grands-pères combat-tants de la Vendée ou de laChouannerie. Écartés du servicedu pays par leur fidélité dynas-tique, les légitimistes ont trouvélà une occasion de renouer avecle service des armes.

Face à l'Hommerévolutionnaire

Il est vrai que la conceptionqu'ils nourrissent de la patrie n'estpas la même que la conceptionqu'incarne l'Empire. Pour l'Empire,comme pour la République, êtrepatriote implique une adhésionau contrat social, aux valeurs durégime, valeurs que rejettent lescatholiques légitimistes demeu-rés attachés à la France de Clo-vis, de Saint Louis et de Jeanned'Arc. Dès lors, leur engagementtraduit un patriotisme de substi-tution, expression supplémentaired'un rejet de l'Empire. Encouragépar les dons des fidèles, leur en-gagement est nourri d'un espritde sacrifice et de gratuité d'unerare noblesse, comme en té-moigne l'émouvante histoire dujeune Quatrebarbes.

L'AF 2000 - Vous mettez en évi-dence un point souvent occultépar les spécialistes d'histoire re-ligieuse comme par les histo-riens des idées politiques : lesvéritables intentions de Pie IXlors de la promulgation en 1854du dogme de l'Immaculée Con-ception, prologue à la publica-tion du Syllabus, et qui dépassele strict champ de la foi pourproposer un contre-modèle desociété et d'humanité à la phi-losophie rousseauiste. Quelquesprécisions sur ce sujet ? Ph. P.B. - Le dogme de l'Imma-culée Conception est proclamépar Pie IX le 8 décembre 1854. Saproclamation répond d'une part àun souci spirituel, d'autre part àun souci philosophique et poli-tique. Dans le domaine spirituel,Pie IX entreprend de reconquérirles âmes au jansénisme en en-courageant la piété mariale demanière spectaculaire.

Péché originel

Dans le domaine temporel, laproclamation du dogme de l'Im-maculée Conception permet aupape de récuser la vision del'homme propagée par la penséede Jean-Jacques Rousseau. Alorsque Rousseau affirmait quel'homme est naturellement bonet que la société le pervertit, l'É-glise rappelle que l'homme a étéblessé par le péché originel avantd'être racheté par le sang duChrist, fils de Dieu né d'une viergeconçue sans péché afin d'être letemple charnel du Sauveur. Ho-norer la Vierge Marie sous le vo-cable d'Immaculée Conceptionsouligne implicitement la naturepécheresse de l'homme. L'excep-tion confirme la règle. Il y a là,de la part du pape, un appel àrompre avec la philosophie révo-lutionnaire. Ce n'est pas dans lasociété, ou chez autrui, quel'homme doit chercher la causede ses misères, mais en lui. Cen'est pas en s'attaquant à l'ordresocial que l'homme mettra fin àses souffrances mais en luttantcontre lui-même pour s'élever jus-qu'à la sainteté dont la mère duChrist offre un exemple achevé.À la révolte de l'homme révolu-tionnaire qui exalte ses droits etrejette Dieu, le pape oppose lemodèle de "l'humble servante"qui accepte que lui soit fait se-lon la volonté de Dieu.

Propos recueillis

par Anne Bernet

❏ PHILIPPE PICHOT-BRAVARD

Les années charnière du Second EmpireLe monde catholique se divisa après la révolution de 1830. Sa fidélité à Charles X puis à son petit-fils

Henri V se relâcha peu à peu, jusqu'à ce qu'il cesse d'être légitimiste, et même contre-révolutionnaire.

Retour sur une anticipation du Ralliement de 1891.

Philippe Pichot-Bravard

L'unité du monde catholique a volé en éclats au moment de la révolution de 1830,

après que Pie VIII eut encouragé implicitement le clergé et les fidèles à dissocier foi religieuse et fidélité dynastique.

Combat devant l'Hôtel de ville

le 28 juillet 1830 par Jean-Victor Schnetz