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MENSUEL BELGIQUE 255 FB MAROC 30 DH CANADA 5,95 $ SUISSE 12 FS ISSN 01822411 SAIGON AU TEMPS DES FRANÇAIS LA REINE MARGOT M 1842-177 - 35 OO F li l lllllllll I

SAIGON AU TEMPS DES FRANÇAIS LA REINE … - alors que les aviateurs ne tai sent jamais leurs succès - n'a fait part d'un combat aérien avec un appareil du type de celui de Saint-Exupéry

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MENSUEL BELGIQUE 255 FB MAROC 30 DH CANADA 5,95 $ SUISSE 12 FS ISSN 01822411

SAIGON AU TEMPS DES FRANÇAIS

LA REINE MARGOT

M 1842-177 - 35 OO F •

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SAINT-EXUPERY: HÉROS

OU IMPOSTEUR? par Emmanuel Chadeau

Le 31juillet1944) Antoine de Saint-Exupéry disparaissait mystérieusement à bord d'un avion de reconnaissance. Cinquante ans plus tard, son

image orne les nouveaux billets de banque français. C'est qu'en un demi-siècle) s'est tissée autour de /'écrivain-aviateur une légende à laquelle les intérêts

politiques et éditoriaux n'étaient pas étrangers. Voici bientôt cin-quante ans, le 31 juillet 1944, aux commandes d'un avion de reconnais­sance des Forces aé­riennes françaises, Antoine de Saint­Exupéry disparais­sait en mer, entre Provence et Corse. Radio-Paris annon­çait la mort d'un aviateur« dissi -

-----dent », les émissions françaises de la BB celle d'un écrivain rallié à la cause de la France combattante. Au lende­main de la Libération, et pour long­temps, la vente de ses œuvres, publiées chez allimard, allait connaître des scores imprcssi nnants - Le Petit Prince n tamment, tiré à plusieurs mil­lion d'exemplaires. Tout se passait comme i l'apr s- 1u rre français avait accouché d'un génie hors-normes, au­quel des milliers d 'a rticlt;s t d'ouvrages d'exégèse allaient êlr' consacrés par deux générations d' , sayistes t de cri­' tiques.

Au-delà de l'auteur de légende, on a aussi vu en Saint-Exupéry un exemple des vertus civiques, familiale et chre­tiennes. Et ceci aussi bien en France que

dans les nombreux pays où son œuvre était traduite ou expressément recom­mandée par !'Alliance française et les missions culturelles. L'hommage était peu à peu complété par nombre de rues, d'avenues, d'établissements scolaires, d'installations sportives, et d'associa­tions culturelles qui, en France, se pla­çaient sous son nom. En 1967, André Malraux, alors ministre de la Culture et naguère le rival littéraire de Saint-Exu­péry chez Gallimard, émit même l'idée de réserver à cefüi-ci une place au Pan­théon, si sa dépouille mortelle était re­trouvée. En lançant à l'automne 1993 un billet de banque à l'effigie de Saint-Exu­péry et en 'apprêtant à célébrer en 1994 le ci nqu an tenaire de sa mort, la France intcgre pleinement dans son patrimoine

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l'homme autant que le mythe. Parallèle­ment, aux États­Unis, où il vécut de janvier 1941 à mai 1943 et où il publia, en anglais, Terre des hommes, Pilote de guerre et Le Petit Prince avant même leur sortie en France, de nom­breux livres et expo-sitions sont consa- ·

cré à !'écrivain, considéré outre-Atlan­tique comme un auteur américain au­tant que français.

La tradition saint-exupérienne a été formée simultanément par les militaires et les hommes de lettres. Chez les pre­miers, elle repose sur le mystère de la disparition du pilote et de son appareil. Depuis cinquante ans, le suspense règne. Où son avion est-il tombé? Et pour quelle raison : panne, combat aé­rien, dégoût de la vie ? Ce ne sont pas les découvertes périodiques de plongeurs qui pourront nous éclairer : entre le Rhône et la Riviera italienne, plusieurs centaines d'épaves d'avions alliés sont, depuis le débarquement de Provence du 15 août 1944, les linceuls muets de pi­lotes aux corps depuis longtemps désa-

Le commandant Saint-Exupéry, au printemps 1944. Page de gauche, le premier Caudron-Simoun de l'écrivain­aviateur, en 1935 (cl.« L'lllustratio11 »/ Sygma et Archive photos).

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Saint-Exupéry: héros ou imposteur ?

Professeur d'histoire contemporaine à l'univer­sité Charles-de-Gaulle-Lille-Ill, Emmanuel Chadeau est membre de l'Institut universitaire de France. Il est notamment l'auteur de L 'Éco­nomie du risque, les entrepreneurs, 1850-1980 (Olivier Orban, 1988), et vient de publier, Saint-Exupéry (Pion, 1994).

grégés. En outre, aucun équipage alle­mand - alors que les aviateurs ne tai­sent jamais leurs succès - n'a fait part d'un combat aérien avec un appareil du type de celui de Saint-Exupéry - un Lightning à double queue - le jour et à l'heure de sa mort, dans cette zone de la Méditerranée. L'aviation militaire fran­çaise a néanmoins toujours espéré trou-

ver la clé de cette disparition, car Saint­Exupéry, grand combattant de 1944, permet de réaffirmer l'unité de l'armée par-delà la déchirure de la guerre civile franco-française de 1940-1944.

Le parcours de Saint-Exupéry durant la Seconde Guerre mondiale peut en ef­fet apparaître comme exemplaire. Pilote réserviste en 1939-1940, il avait de­mandé d'être affecté à une escadre de reconnaissance près de Saint-Dizier. Après la défaite de la France en juin 1940, et tandis que ses pairs se divisaient entre Londres et Vichy, il s'était volon-

tairement exilé aux États-Unis. En mai 1943 cependant, après le succès de l'opération Torch menée par les Améri­cains en Afrique du Nord, il avait rejoint l'armée commandée par le général Gi­raud et les Américains, et dont jusque­là, depuis New York, il faisait la propa­gande à la radio et dans le New York Times.

Ce sans-faute occultait toutefois quelques détails. Par deux fois, en avril et en septembre 1941, Saint-Exupéry avait rejeté avec hauteur les offres de services que lui avaient faites, au nom de De Gaulle - qui avait même délivré des

mandats écrits en ce sens - , René Ple­ven et !'écrivain Jules Romains parce que, pour lui, Vichy était un moindre mal qui protégeait des Allemands les en­fants français. En fait, !'écrivain-avia­teur était résolument antigaulliste. Le 8 juin 1943, il écrira à Curtice Hitchcock, son éditeur américain : «le n 'aime pas plus aujourd'hui le général de Gaulle. C'est ça la menace de dictature. C'est ça le national-socialisme. Je n'aime pas la dic­tature, la haine politique, le credo du parti unique. Quand le national-socialisme meurt ailleurs, ce n 'est pas vraiment rai-

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sonnable de le réinventer pour la France. Je suis très impressionné par cette bande de fous. Leur appétit de massacre entre Français. »

Et puis, lorsque, en mai 1943, il s'était enfin engagé aux côtés de Giraud, il avait vite embarrassé le commandement américain : le pilote était trop vieux - il avait alors quarante-trois ans - et souf­frait de vertiges ; dès juillet, il avait fallu l'interdire de vol à la suite d'un accident ayant gravement endommagé un P38 américain. Si, en mai 1944, les Améri­cains avaient pourtant laissé Saint-Exu­péry partir en mission en Sardaigne,

Pour le jeune Antoine de Saint­Exupéry, amateur de sensations fortes, l'aviation n'était qu'un exercice sportif et dangereux. Mais à la fin des années 1920, celui qui voulait devenir poète ou graveur se fit pilote professionnel en Afrique, puis directeur d'une filiale de /'Aéropostale en Argentine, où il rencontra son épouse, Consuelo Suncin de Sandoval (page de droite) . Le goût du risque ne l'avait pas quitté et il sut monnayer à la presse le récit de ses grands « raids » (ci-contre à gauche, en 1935, posant avec son coéquipier, le mécano Prévot, devant son Caudron-Simoun) (cl. Archives­Phot.o ) .

c'est parce que, en échange, il avait pro­mis àLife un article où il démontrait que seule l'Amérique pouvait, les armes à la main, restaurer la démocratie en France.

Après la légende militaire, la légende littéraire: Gaston Gallimard a tout par­ticulièrement contribué à son élabora­tion, à l'occasion notamment de la pu­blication de Pilote de guerre. Ce récit d'un épisode de la campagne de mai­juin 1940 (une mission de reconnais­sance que Saint-Exupéry avait menée sur Arras en flammes au mois de mai

1940), conçu la même année pour une parution simultanée en France et aux États-Unis, avait, en 1942, reçu le visa de la censure allemande et de celle de Vi­chy. Bien qu'accueilli très favorable­ment par la presse de la zone libre, il avait cependant été interdit en février 1943. Le Pilori et Je suis partout, feuilles pronazies parisiennes, avaient en effet trouvé bien timides les remarques du livre sur l'échec de la république, et re­levé un passage du texte dans lequel un combattant nommé Israël était un héros plein de courage. Le livre était alors de­venu un symbole pour les résistants des

I t'/lres françaises nouvelles, des militants d1 gauche et du parti communiste-, qui 1 ,1vaient republié dès le printemps 1943. < lu comprend que le récit, auréolé de la 111.,parition de son auteur, soit devenu un 111 -.t-seller en 1945 : on y voyait des 1 • 1nçais pleins de mordant, malgré la p.1 •;ti lle de l'arrière, ce qui, au lende-111 1111 des dures campagnes de 1944-111 l'i, ajoutait à l'honneur du drapeau.

cc succès éditorial s'en ajouta vite 1111 second. Saint-Exupéry avait laissé 1 I 1 ricre lui un énorme brouillon de neuf 1 111 vingt-cinq feuillets. Sous le titre

tard venu de Citadelle, c'était un long poème en prose, oriental et mystique, parfumé d'effluves de sagesse berbère. L'auteur, par la bouche de vieux cheikhs ou de conducteurs de caravanes, y res­suscitait l'atmosphère rencontrée dans le Sahara espagnol en 1927-1928, quand il était chef d'aéroplace del' Aéropostale à Cap Juby. Le flair de Gaston Galli­mard, l'appui d'une nouvelle génération d'écrivains (Roger Caillois, Max-Pol Fouchet, Jean Amrouche, Luc Estang, par exemple) en quête de pères spiri­tuels plus ardents que les gloires d'avant­guerre - comme André Gide ou Jean

Giraudoux - et moin compromi que leurs aînés immédials - Pierre Dri u La Rochelle ou Henry de Monlhcrlant - érigèrent Citadelle, publié en 1948, en œuvre prophétique, dont les formules dépassaient les idéologies antagonistes de l'époque et ouvraient la voie à un spi­ritualisme humaniste rafraîchi.

Par un même jeu de miroirs, Le Petit Prince, un conte pour enfants, voyait ses personnages revêtus d'une profondeur et d'une sagesse morale que sublimaient les moyens simples et efficaces que son auteur y avait déployés. Du coup, la bio-

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graphie littéraire de Saint-Exupéry, pourtant longue et précoce (il avait pu­blié sa première nouvelle« L'Aviateur »

dans une petite revue, Le Navire d'ar­gent, en 1926, et Vol de Nuit, son deuxième roman, avait, grâce au prix Femina en 1931, été vendu à plus de deux cent cinquante mille exemplaires et traduit en seize langues), se voyait ré­écrite sous le signe de sa disparition tra­gique et de l'œuvre inachevée léguée -à son corps défendant - à la postérité.

Ce baptême d'un espoir de la littéra­ture des années 1925-1930 par les écri­vains des années 1945-1948 avait d'autres avantages. Il passait sous si­lence le fait que, après Vol de nuit, Saint­Exupéry n'avait pas tenu ses promesses dans le champ du roman d'aventure à thèse. Ou encore le fait qu'il n'avait pas adopté des positions très héroïques lorsque, entre 1935 et 1939, il était grand reporter pour Paris-Soir et L 'Intransi­geant. Depuis Moscou, il avait béni le pacte franco-soviétique de 1935; puis il avait ramené d'Espagne, en 1936 et 1937, un témoignage de la guerre civile qui, en dénonçant les ravages des com­bats, justifiait la position ambiguë du gouvernement français face au drame espagnol ; au lendemain des accords de Munich de septembre 1938 enfin, il écri­vait : «Nous avons choisi de sauver la paix. Mais en sauvant la paix, nous avons mutilé des amis [les Tchécoslovaques]. Et sans doute, beaucoup parmi nous étaient disposés à risquer leur vie pour les devoirs de l'amitié. Ceux-là connaissent une sorte de honte. Mais s'ils avaient sa­crifié la paix, ils connaîtraient la même honte. Car ils auraient alors sacrifié l'homme1. »

CHEVALIEH SANS PEUR ET SANS ltEPROCHES

Ultime avatar: la postérité a aussi tra­vesti Saint-Exupéry en une sorte de boy­scout, d'après l'image que lui-même avait pu donner, de son vivant, de ses ex­périences du désert et des grands hori­zons connus au Maroc et au Sahara es­pagnol, entre 1926 et 1928, comme pilote pour la Compagnie générale d'en­treprises aéronautiquesz, puis en Argen­tine, comme directeur d'une filiale de !'Aéropostale. N'avait-t-il pas monnayé à la grande presse les récits de deux grands « raids » manqués : un Paris-Sai­gon qui, au Nouvel An 1936, s'était ter-

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miné, après un a tt e rrissage forcé, par trois jours d'errance et de soif dans le désert de Li­bye, et un New York -Terre ­de-Feu,enjan­vier 1938, du-

ANTOI NE DE SAINT-EXUPÉRY cès littéraire lui vint, éter­nel panier­percé jusque­là, il fut donc lui-même un personnage de roman.

~1.wt1~ rant lequel il avait aussi manqué de pé­rir à Guate­mala City ? N'a-t -il pas ,

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Formé dès son plus jeune âge aux disci­plines mon­daines , cha­meur excep­tionnel dans l'enveloppe d'un grand gaillard dé ­gingandé et faussement pataud, bon vivant, ami des femmes - qui le lui

GALLIMARD re n d ir e nt )'

1920 et 1930 tels Jean Mer­moz ou Henri Guillaumet ,

Couverture de l'édition de 1946 du Petit Prince, publié chez Gallimard en 1943 (cl. J .-L . Charmet).

bien -,époux tourmenté de Consuelo Suncin de

ses camarades élevés par sa plume au rang d'aventuriers mythiques? De tous ces épisodes pouvait naître le mythe d'un Saint-Exupéry chevalier moderne sans peur et sans reproches ...

Ici encore, la réalité est plus passion­nante que la légende. Documents et té­moignages indiquent clairement que Saint-Exupéry était aussi le digne repré­sentant de son époque et de son milieu. Orphelin à quatre ans d'un père descen­dant de croisé, il avait été élevé par une mère toujours inquiète du destin de ses enfants, très protectrice.

Après des études dans des institutions privées de province ou en Suisse, il avait, dès l'âge de dix-huit ans, été introduit dans le mythique faubourg Saint-Ger­main par ses camarades de « prépa » du collège Bossuet où il préparait le concours de Navale - Bertrand de Saussine, les frères Vilmorin, Honoré d'Estienne d'Orves - , tous ses cousins plus ou moins éloignés et rejetons,de fa­milles qui cultivaient le Conseil d'Etat et Polytechnique, où l'on avait reçu Marcel Proust et Robert de Montesquiou. Fau­ché un jour, les poches pleines le lende­main, Antoine, comte de Saint-Exupéry, jouait au grand seigneur désinvolte. Grand amateur de Bugatti quand le suc-

Sandoval, une volcanique sud-américaine ramenée d'Argentine en 1931, environné, grâce à sa gloire littéraire, d'égéries passionnées dans l'Ancien comme dans le Nouveau Monde, Saint-Exupéry a brûlé la chan­delle par les deux bouts. Il s'est très jeune adonné aux plaisirs nocturnes im­portés en France par la Grande Guerre - tango, boîtes à jazz, whisky - et aux délices qui les accompagnaient. Doué et roué aux échecs, mystificateur de salon - il étonnait par ses tours de cartes - , il appartenait beaucoup plus à l'univers de Lipp, des Deux-Magots, de la Close­rie des Lilas, au monde du Bœuf-sur-le­Toit et des restaurants montmartrois, à l'élégance des palaces et de la première classe des paquebots, qu'à l'intelligent­sia besogneuse des normaliens agrégés - du genre Sartre ou Beauvoir.

Au départ, l'aviation avait été pour Saint-Exupéry un exercice sportif - lui qui en pratiquait si peu - et dangereux où l'audace de ses vingt ans rivalisait avec celle de ses amis Henri Ségogne ou Charles Saliès, gentlemen-alpinistes de réputation internationale, ou celle d'Honoré d'Estienne d'Orves - le futur pionnier de la Résistance -, régatier de première force. A vingt ans, il vou­lait être poète ou graveur. Arraché à sa

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province par la pauvreté et par le pres­tige de son nom, jeté sur les routes loin­taines par le hasard d'une jeunesse tour­mentée, il s'est réalisé par le roman et l'essai.

Et ainsi, il a accompli un destin riche et passionné pour lequel, très jeune, il n'avait conçu aucune issue « bour­geoise». Dès sa première nouvelle pu­bliée en avril 1926, dès son premier ro­man, Courrier sud, publié en 1929 sous la prestigieuse couvertur~ blanche de la NRF chez Gallimard, il avait annoncé la forme possible de sa fin : chez lui, les aviateurs, plus ou moins poètes dans l'âme, étreignaient les impalpables nuées et courtisaient les vents, dans une aventure à sens unique où, toujours, la chute et la mort venaient en conclusion. Déprimé et usé, rescapé de plusieurs ac­cidents d'avion - au Bourget en 1923, à Fréjus en 1933, en Libye en 1935 et à Guatemala City en 1938 - , marqué de quatorze fractures et d'innombrables traumatismes, le Saint-Exupéry qu'on hissa une dernière fois dans son Lighth­ning surpuissant au matin du 31 juillet 1944 pour une mission photo sur Cham­béry et Lyon allait, au retour de son périple à huit cents à l'heure, trouver en solitaire l'issue qui hantait ses rêves depuis tant d'années. La légende pou­vait naître. •

Notes 1. Paris-Soir, octobre 1938.

2. La Compagnie générale d 'entreprises aéronautiques (CGEA), appelée la Latécoère, du nom de son fondateur au lende main de la Première Guerre mondiale, Pierre Latécoè re, regroupa it les lignes aériennes reliant la France à ses colonies d'Afrique, puis, à partir de 1925, à l'Amé rique du Sud. E n avril 1927, la Compagnie est ven­due à Marce l Bou illoux-Lafont et devie nt la Compagnie générale aéroposta le . Cf. Emmanue l Chadeau, Laté­coère, Paris, O. Orban , 1990.

Pour en savoir p_lus Œuvres de Saint-Exupéry:

• Œuvres, Paris, Gallimard, 1959. • Écrits de guerre (1939-1944), Paris, Galli­mard, 1981.

Ouvrages généraux : • E. Chadeau, Saint-Exupéry, Paris, Pion, 1994. • P. Chevrier, Saint-Exupéry, Paris, Galli­mard, 1958. ·

• É. Deschodt, Antoine de Saint-Exupéry, Paris, J.-Cl. Lattès, 1980. • R. Tavernier, Saint-Exupéry en procès, Pa­ris, 1967. • P. Webster, Saint-Exupéry, vie et mort du Petit Prince, Paris, Le Félin, 1994.

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' MISSION DE LAURE ADLER ET PATRICK ROTMAN

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#1. IJ EN COLLABORATION AVEC

TOUS LES MARDIS SOIR A 22 H 30 SUR FRANCE 3 AU PROGRAMME DU MOIS DE MAI :

(sous réserve de modifications de dernière minute)

e LE 3 NEHRU, avec Jacques Pouchepadass, réalisation Pierre Desfons

Il y a trente ans, le père de l'Inde moderne, Nehru, dont la relation amoureuse avec lady Mountbatten, la femme du vice-roi des Indes, vient d'être révélée, disparaissait. Si l'Inde est aujourd'hui un grand pays, c 'est à lui qu'elle le doit.

e LE 10 LE JOUR OÙ DE GAULLE A DISPARU ••• , avec Jean Lacouture, réalisation Michel Arowns

Le 29 mai 1968, en pleine tourmente, de Gaulle quitte l'Élysée et se rend secrètement à Baden Baden sans même avertir son Premier ministre, Georges Pompidou. Est-ce une manœuvre politique destinée à mieux se rétablir auprès des Français, ou le signe d'un profond désarroi ?

e LE 17 L'ITALIE FASCISTE DE MUSSOLINI, avec Pierre Mlhi:a, réalisation Patrick Le Gall

Depuis les dernières élections législatives, le fascisme a de nouveau droit de cité en Italie . L'occasion de revenir sur le régime mussolinien, que certains historiens n'hésitent pas à réhabiliter.

e LE 24 WATERGATE: LA CHUTE DE RICHARD NIXON, avec Claude Moisy, réalisation Robert Mugnerot

Ou comment un cambriolage dans les locaux du parti démocrate, révélé par les médias, aboutit, en 1974, à la destitution d'un président républicain.

e LE 31 LES SECRETS DU JOUR J, avec Gilles Perrault, réalisation Christophe Muel

Tout ce qu'il faut savoir sur la préparation du jour), avant le 6 juin 1944 ...