15
Sainte BERNADETTE Supplément à AVE m

Sainte BERNADETTE

  • Upload
    others

  • View
    8

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Sainte BERNADETTE

Sainte B E R N A D E T T E

Supplément à AVE m

Page 2: Sainte BERNADETTE

Maison natale

emadetfe /\oubitous Grande joie au moulin de Boly ! Les François Soubirous, meuniers

à Lourdes, — Basses-Pyrénées, — viennent d'avoir leur premier enfant. Si la jeune maman, — elle a dix-neuf ans, — pouvait se douter de l'avenir qui attend sa fille ! Messagère de la Sainte Vierge, Sainte canonisée, entraîneuse de la multitude des foules qui viendront à Lourdes...

Née le dimanche 7 janvier 1844, au lendemain de l'Epiphanie, le bébé est baptisé le mardi. M. l'abbé Forgues, curé de Lourdes, lave son âme toute neuve, de la souillure originelle, et tante Bernarde. la marraine, rapporte à la maison, une petite Marie-Bernarde, — on dira plus genti­ment, Bernadette, — à l'âme aussi blanche que la neige. C'est joli qu'elle ait été mise sous la protection du grand saint Bernard, ce moine blanc qui chanta si bien Notre Dame.

Ne nous attardons pas à la petite enfance de Bernadette, cherchons plutôt à savoir, ou à nous rappeler, ce que Marie est venue nous dire et nous demander, car c'est là l'essentiel.

1

Page 3: Sainte BERNADETTE

A treize ans, l'aînée des Soubirous, — ceux-ci ont eu huit enfants, — est placée à Bartrès chez les Aravant. Asthmatique depuis l'âge de six ans, souffreteuse, elle sera mieux à la campagne qu'à la ville, rue des Petits-Fossés.

A la suite de mauvaises affaires, ses parents ont dû changer de moulin, puis, de logis en logis, ils ont fini par échouer au « cachot », pièce étroite et humide, qui a servi de prison.

Toinette. la cadette, est maintenant assez grande pour garder les plus jeunes ; Bernadette surveillera, à Bartrès. les enfants de sa nourrice. Ce sera une bouche de moins à nourrir pour François Soubirous qui ne gagne pas beaucoup comme garçon d'écurie, chez un roulier.

E n fait, la fillette gardera moins les petits Aravant que le troupeau. Arrivée en juin, avec le beau temps, elle part de bon matin et ne s'ennuie pas au pacage avec ses blancs compagnons, malgré les vilains tours que lui jouent ses agneaux qui. d'un coup de tête, s'amusent à renverser les autels qu'elle construit.

Son meilleur compagnon est encore son chapelet qui ne la quitte pas. Elle ne se lasse pas des plus belles prières de l'Eglise : Notre Père, Je vous salue Marie, Je crois en Dieu... Son catéchisme ? elle l'ignore, mais n'est-il pas tout en raccourci dans ces prières qu'elle dit si bien et aime si fort ! E t les heures de solitude et de silence sont douces à la petite bergère.

A la maison, elle rend mille services, et « sa patronne » de dire : « El le se montrait gracieuse et rieuse, ne se plaignant de rien ni de personne, obéissait à tous et ne faisait aucune mauvaise réponse ; elle prenait ce qu'on lui donnait et se montrait contente ».

A treize ans. elle en porte dix ; elle est « petite, rondelette, avec de grands yeux noirs très vifs et des cheveux plus noirs encore, cachés sous le fichu ou sous le capulet ».

Cette grande fille soupire après son instruction religieuse et sa première connnunion. Comment ses parents, pleins de foi, fidèles à la messe du dimanche, n'ont-ils pas envoyé leur aînée à l'école et au catéchisme ? Très prise au moulin par les clients, puis, rue des Petits-Fossés, par ses journées. Maman Soubirous avait trop besoin de l'aide de Bernadette, et... un peu de négligence sans doute s'y est mêlée, car la vie matérielle à a.ssurer passe avant tout. I l faut dire aussi qu'à cette époque, bien avant le décret de Pie X . la première communion se faisait tard, vers treize, quatorze ans seulement.

A Bartrès, la pastourelle suit autant que possible les leçons de

2

Page 4: Sainte BERNADETTE

Monsieur l'Abbé, mais allez donc lui faire apprendre par cœur le mot à mot ! Notre petite Lourdaise n'a jamais exercé sa mémoire ; à la veillée, Marie Aravant essaie bien de l'aider, lui fait répéter huit, dix fois la même ligne ; peine perdue ! Alors impatientée, Marie s'écrie : « T u ne seras jamais qu'une sotte et une ignorante ! » Une sotte ? certainement pas ! Les réparties de Bernadette sont pleines d'esprit et de sagesse.

Enfin, sur ses instances, ses parents la rappellent à Lourdes fin janvier, l'envoient au catéchisme paroissial et à l'école des Sœurs. Elle est bien contente de retrouver sa famille, après sept mois d'absence. Et toute dévouée aux siens, elle sait encore trt)uver le temps de jouer avec ses frères et sœurs et sa petite voisine Jeanne Abadie.

L a Dame

Quinze jours à peine, après sa rentrée de Bartrès, le 11 février 1858, Bernadette. Toinette et Jeanne, profitent de leur jeudi pour aller ramasser du bois mort. 11 n'y a plus rien à la maison pour faire le feu et cuire la soupe.

Quand nous allons à la pêche, nous savons les bons endroits, le creux plein de crevettes ; de même les trois fillettes ont-elles repéré une grotte sauvage au bord du Gave. Le torrent y dépose le bois qu'il charrie. Toinette et Jeanne ont pris de l'avance et pieds nus, traversé lestement le cours d'eau.

L'asthmatique arrive bonne dernière, et. pour elle, il serait dangereux de se mouiller les pieds. Elle appelle ses compagnes pour qu'elles jettent des pierres qui lui permettront de passer à gué, mais les gamines se sou­cient bien de leur aînée ! Qu'elle se débrouille !

Sans se fâcher, Bernadette commence à se déchausser quand, soudain, elle entend comme une rafale de vent. Elle s'étonne, car le temps est calme ; elle regarde, et voit des branches s'agiter au-dessous de l'ouverture de la grotte supérieure. L a roche, en effet, est creusée de deux grottes, l'une de plein pied, basse et spacieuse ; l'autre plus haut à droite, étroite, et à peu près de la taille d'une personne.

11 février 1858 Soudain y apparaît une jeune fille d'une quinzaine d'années, ceinturée de bleue autour de sa robe blanche... si lumineuse ! Deux roses d'or s'épanouissent sur ses pieds ; elle tient un chapelet à grains blancs et chaîne d'or. Saisie. Bernadette, est incapable de faire son signe de croix. Pourtant elle a pris son chapelet. L'apparition fait le

3

Page 5: Sainte BERNADETTE

Première apparition

signe de la croix. Enhardie, l'enfant l'imite, et, le chapelet terminé, la jeune fille salue et disparaît.

Bernadette aimerait savoir si Toinette et Jeanne ont, elles aussi, vu quelque chose. Non, elles n'ont rien vu, et curieuses, elles questionnent. Bernadette leur confie son secret, et Toinette n'a rien de plus pressé que de tout redire à sa mère. Ainsi fera la petite Jacinta de Fatima. Une maman peut tout savoir. Toutefois Bernadette n'avait pas tort de vouloir en parler d'abord à son confesseur, ce qu'elle fit d'ailleurs dès le samedi soir.

Le lendemain, sur les instances des petites compagnes de sa fille. Maman Soubirous, d'abord très opposée, permet à celle-ci de retourner à Massabielle : « T u ne verras rien et cela te guérira de tes folles imaginations ! »

Dimanche 14 février Après la grand-messe, la bande des fillettes part donc pour la grotte, où la Dame se montre encore à sa privilégiée, mais à elle seule : « C'est peut-être le diable déguisé ? » pensent les enfants, aussi ont-elles pris la précaution de remplir un flacon au grand bénitier

4

Page 6: Sainte BERNADETTE

de l'église. Bernadette jette de l'eau bénite vers la dame, qui, loin de se sauver, approuve de la tête et sourit.

Aux enfants de Fatima, Marie dira : « Je suis du ciel. »

Jeudi 18 février Le jeudi suivant, à la prière de M"" Millet et de M"' Peyret, Bernadette est de nouveau autorisée à se rendre à la grotte ; toutes trois partent de bon matin. M"° Peyret emporte du papier et de l'encre, bien inutilement.

« Ce que j ' a i à vous dire, il n'est pas nécessaire que je le mette par écrit : Voulez-vous nie faire la grâce de venir ici pendant quinze jours ? »

L'enfant acquiesce de tout son cœur.

— « Et moi, reprend la Dame, je vous promets de vous rendre heureuse, non en ce monde, mais dans l'autre. »

Vendredi 19 février Dès le lendemain, Bernadette est à son poste. L'ap­parition dure une demi-heure, en présence de sept ou huit femmes, dont la mère et la marraine de la petite Soubirous. Toutes ces personnes ne voient rien, mais i l est évident que Bernadette, elle, voit quelqu'un de très beau et de très bon qui la captive tout entière.

Samedi 20 février Une centaine de personnes sont rassemblées au bord du Gave. L a petite Soubirous vient s'agenouiller sur une pierre que tout le monde respecte : « C'est, dit-on, la place de Bernadette ! »

Alors l'enfant se transfigure ; elle ne bouge plus pendant trois quarts d'heure, elle fixe la vision si belle. Plus patiente que la fermière de Bartrès, Marie lui apprend mot à mol une prière pour elle seule.

Premier dimanche de carême 21 février Notre jeune amie arrive à la grotte où le D' Dozous l'a devancée. Incroyant, il se fait fort de démoUr les faits de Lourdes. I l est cependant si clair que Bernadette a tout son bon sens et ne joue pas la comédie que, de ce jour au contraire, commence la conversion du docteur.

Alors s'en mêlent le Procureur impérial, le chef d'escadron de la gendar­merie de Tarbes. le commissaire de police et le garde champêtre de Lourdes ; M . le Curé, très prudent, se tient à l'écart et ne vient jamais à la grotte.

5

Page 7: Sainte BERNADETTE

Epreuves et contradictions

E n ce premier dimanche de carême, Bernadette comparaît donc devant M . Dutour, procureur impérial, entre messe et vêpres. Après vêpres, elle est interrogée par M . Jacomet, commissaire de police. Où cela va-t-il la mener ? L e père Soubirous est fort ennuyé ; sa fille reste calme, sûre de la vérité.

Lundi 22 février Dans l'après-midi, Bernadette va à la grotte entre deux gendarmes... et la Dame ne se montre pas. L e Maréchal des logis s'est planté juste devant la fillette comme pour lui cacher la grotte ; puis, se retournant : « Si tu n'étais pas une petite sotte, tu saurais que la Vierge, si c'est elle, n'a pas peur des gendarmes, puisqu'elle est sans re­proche. Est-ce que, par hasard, tu te sentirais coupable d'un mensonge ? »

L a mère de Bernadette dit pourtant à qui veut l'entendre : « L a petite n'est pas menteuse, et je la crois incapable de nous tromper ! »

Les incroyants rient et se moquent ; les meilleurs eux-mêmes sont déçus : « C'en est bien fini des apparitions ! »

Interrogatoire de Bernadette.

6

Page 8: Sainte BERNADETTE

E t pourquoi ? Si la Dame a demandé à Bernadette de venir quinze jours elle n'a jamais promis qu'elle se montrerait chaque fois ! Son absence, qui peut être motivée par l'incorrection du gendarme, n'est qu'une preuve de plus des apparitions. Si Bernadette n'avait pas été franche, pour n'être pas publiquement humiliée, elle aurait dit avoir vu la Dame comme les autres fois.

Mardi 23 février Après l'épreuve de la veille, quelle joie pour l'enfant, en ce lundi après-midi, de revoir sa céleste Dame ! C'est la septième apparition.

Les yeux de la petite bergère s'illuminent, un angélique sourire embellit son visage. I l est évident qu'elle écoute quelqu'un qui lui parle et la ravit : « T u m'as dit que la dame est aussi belle que M'"" X », avait remarqué M . Jacomet, le jour de l'interrogatoire. E t Bernadette avait aussitôt pro­testé : « Non, j ' a i dit : Bien plus belle ! »

Plus tard, elle dira : « Quand on l'a vue une fois, on voudrait mourir pour la revoir. »

E n ce 23 février, la Sainte Vierge confie à Bernadette, et pour elle seule, des secrets qu'elle saura garder.

Mercredi 24 février Pourquoi, le lendemain, Bernadette, si radieuse, devient-elle soudain si triste ? triste jusqu'à pleurer ? Devant les cinq cents personnes présentes elle gravit à genoux la pente qui, à cette époque, précé­dait la grotte, baisant la terre à chaque avancée et répétant, évidemment après la Dame :

« Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! »

Jeudi 25 février L e jour suivant, — neuvième apparition, — i l ne s'agit plus de se traîner sur les genoux, mais : « d'aller boire à la fontaine et s'y laver».

L a fontaine ? I l n'y en a pas ! Bernadette pense qu'il s'agit du Gave et se dirige de ce côté, mais, d'un signe, la Dame lui désigne le côté gauche de la grotte. Docile, l'enfant gratte la terre, l'eau surgit et elle boit ! ! !

Ce même jour, à la stupéfaction des témoins, Bernadette, par obéis­sance, mange, non sans peine, quelques brins d'herbe, « dure et mauvaise ». Non pas sottise et geste ridicule, mais geste d'humilité, de renoncement à l'amour-propre ; acte de pénitence pour les pécheurs.

Des carriers qui travaillaient aux environs creusèrent un bassin pour retenir l'eau miraculeuse dont le filet grossissant ne tarira plus et par

7

Page 9: Sainte BERNADETTE

Bernadette... fait couler la source.

laquelle d'innombrables malades seront guéris et fortifiés dans les siècles à venir.

Vendredi 26 février Plus encore que des corps malades, notre Mère du ciel a pitié des âmes malades... Malades ou mortes par le péché, à la vie de la grâce.

C'est pour les pécheurs que la Sainte Vierge a dit à Lourdes : « Péni­tence ! Pénitence ! Pénitence ! » et encore : « Baisez la terre pour les pécheurs. » E t c'est peut-être pour donner à Bernadette l'occasion d'un très beau sacrifice, qu'elle ne se montre pas, le 26 février. L'enfant avait dit son chapelet si pieusement et avec tant de recueillement que tous en avaient été édifiés et émus et que beaucoup s'étaient unis à sa prière.

Pendant que la foule était massée autour de la grotte, une pauvre femme arrive portant dans son tablier son petit enfant livide, les yeux fermés, la tête ballante — on préparait déjà chez elle ce qu'il fallait pour l'ensevelir. — Stupeur de la foule — que va-t-elle faire? Avec une foi digne de celle que Jésus louait chez le centurion, elle plonge le petit moribond dans l'eau glaciale de la source : « L a Sainte Vierge me le guérira », répond-elle aux murmures de la foule, et elle refait coucher

8

Page 10: Sainte BERNADETTE

l'enfant dans son lit. Le lendemain après une longue nuit paisible, le petit Justin se réveille ; lui qui n'a encore jamais marché appelle : « Maman, plus dodo, lever » « Non, mon petit, reste encore au lit, tu étais si malade ! Rendors-toi ! » et elle sort de la chambre. Alors écartant le rideau, le petit Justin sort de son lit et court en poussant des cris de joie. Sa mère rentre vite : « Prends garde tu vas tomber ! » mais Justin est déjà dans ses bras : « Maman, maman, Justin bien content. » Les voisines attirées par le bruit insolite, se joignent à la mère pour remercier Dieu.

Samedi 27 février Dédommagement, après le sacrifice de la veille ! L a joie du revoir se prolonge plus que d'habitude. E t puis, la Dame paraît se recueillir et méditer, et s'adressant à Bernadette : « Allez dire au prêtre qu'il doit se bâtir ici une chapelle. »

Une chapelle ! Encore faudra-t-il qu'on y vienne ! Le mardi 2 mars, la Dame réitère sa demande et ajoute : « Je veux

qu'on vienne ici en procession. » Ne dirait-on pas que cette procession est commencée ? Voyez ces files

de gens sur le chemin : particulièrement les jours de marché ; mais on vient aussi de beaucoup plus loin, de Nantes, de Paris et d'ailleurs.

« Vous me ferez la grâce de venir ici pendant quinze jours », avait dit la Dame. Bien des fois Bernadette a compté les jours sur ses doigts... Quinze jours, comme les quinze mystères du Rosaire, chiffre facile à retenir ! E t la quinzaine s'achève ; le jeudi 15 mars en est le dernier jour. Quatre mille personnes sont réunies à Massabielle, dans l'espoir que l'Inconnue dira son nom... Est-il bien nécessaire ?... son nom ? il est dans tous les cœurs, sur toutes lèvres et soudain éclate le Magnificat, premier Magnificat chanté à la grotte par la foule.

Depuis quelques jours déjà, un, puis deux, puis trois cierges brûlent dans l'excavation ; des femmes, des enfants, des ouvriers, des paysans, s'attardent, chapelet en main... Ce 15 mars, à huit heures du soir, devant six cents Lourdais à genoux, on installe dans la grotte supérieure une statue de la Vierge, dans une niche garnie de mousse et de fleurs. Oui, ils ont deviné, Marie n'a plus qu'à ratifier.

Jeudi 25 mars E t voici la fête de l'Annonciation. Vers cinq heures du soir, Bernadette se rend à la grotte avec sa tante Lucile. L a lumière brille déjà au-dessus de l'églantier, et la Dame attend Bernadette : « Elle était là, raconte celle-ci, paisible, souriante, et regardant la foule, comme une mère affectueuse regarde ses enfants. Quand je fus à genoux devant elle, je lui demandai pardon d'être arrivée en retard. Toujours bonne pour moi. Elle me fit signe de la tête que je n'avais pas besoin de m'excuser, alors je lui exprimai toute mon affection, tous mes respects et le bonheur que

9

Page 11: Sainte BERNADETTE

j'avais de la revoir. Après l'avoir entretenue de tout ce qui me vint dans le cœur, je pris mon chapelet. »

Pour que la « Dame Blanche » ait sa chapelle, ses processions. M. le Curé a exigé qu'Elle dise son nom. C'est pourquoi, par deux fois, Berna­dette lui demande : « Madame, ayez la bonté de me dire qui vous êtes. »

Silence. L'enfant insiste : « Madame, faites-moi la grâce de me dire qui vous

êtes, et quel est votre nom. » Alors, charmée par tant de simplicité, d'obéissance et de confiance, la

Dame qui, jusque-là, gardait les mains jointes, ouvre les bras, les incline, comme sur la médaille miraculeuse, — Noire-Dame aux hras ouverts — puis elle joint de nouveau les mains, — ainsi que nous voyons toujours représentée Notre-Dame de Lourdes, — lève les yeux au ciel, et dit :

« J E SUIS L ' I M M A C U L E E CONCEPTION»

Après quoi elle sourit à nouveau et disparaît.

Bernadette n'a rien compris à ce nom étrange. De peur de l'oublier, elle se rend vite à la cure, répétant les mots tout le long du chemin.

M. le Curé, lui, comprend du premier coup : l 'Immaculée Conception : c'est la Vierge très pure. Immaculée, qui n'a jamais été souillée de la tache du péché originel, ni du péché actuel ; et cela par les mérites de Jésus-Christ, parce qu'Elle devait être la mère de l'homme-Dieu.

Jésus est Dieu.

Marie est mère de Dieu. Que c'est grand !

Quatre ans plus tôt, le pape Pie I X , en proclamant dogme de foi l 'Immaculée Conception de la Vierge, avait proclamé la pureté magnifique de Marie. C'était certainement vrai, puisque le Pape est infaillible.

Toutefois, dans son immense bonté, et dans sa gratitude, la Sainte Vierge est venue en personne ratifier la parole du Pape ; et cela, en France, par l'intermédiaire d'un enfant de chez nous. Les petit Français et les petites Françaises ont donc, comme actuellement les Portugais (Fatima est en Portugal), un devoir très spécial de donner l'exemple de la fidélité au chapelet..., au moins à la dizaine... et non seulement au chapelet, mais à tous les désirs de la Très Sainte Vierge.

Après avoir dit son nom, la Dame est revenue faire ses adieux et sourire une dernière fois sur cette terre, à Bernadette, le 16 juillet, fête de Notre-Dame du Mont-Carmel.

10

Page 12: Sainte BERNADETTE

Ecoutez-en le joli récit (1).

Dans la matinée du 16 juillet 1858. il y eut dans les rues de Lourdes, une animation inaccoutumée.

C'est la fête annuelle de « la confrérie des ardoisiers ». Ils viennent assis­ter à la messe, groupés derrière leur bannière sur laquelle rayonne l'image de leur patronne, Notre-Dame du Mont-Carmel. Sous ce vocable, la Vierge a. depuis deux cents ans, sa chapelle et son autel en l'église Saint-Pierre de Lourdes. Une foule nombreuse escorte ces braves carriers, et com­munie après eux.

Par dévotion pour Notre-Dame du Mont-Carmel dont elle porte le sca-pulaire depuis sa première communion, Bernadette s'est approchée, elle aussi, de la sainte Table.

Dans la soirée, la petite Soubirous se retrouva à l'église : de sa com­munion du matin, elle voulait remercier encore. Or. pendant sa prière, après trois mois et plus de silence, la voix de Marie se fit entendre à son cœur. El le se lève et va chez Louise Casterot. la plus jeune de ses tantes. Vite ! vite ! I l faut qu'elle se rende à la grotte ; elle y est attendue. Quel­ques voisines les suivent.

... Voici le petit groupe dans la prairie de la Ribère, face à Massa­bielle... I l est environ huit heures du soir ; le jour décline. D'où elles sont, Bernadette et ses compagnes découvrent, au-delà du torrent, la voûte de la grotte dont le reste est caché par la clôture de planches... Quelques femmes qui priaient là, se sont rapprochées des nouvelles venues. Berna­dette tire son chapelet, s'agenouille, on l'imite.

Quelques Ave, et l'enfant, dans un geste de surprise heureuse, desserre ses mains qui se tendent vers la vision merveilleuse : « Oui, oui, la voilà ! » s'écril-elle ; « elle nous salue et nous sourit par-dessus les barrières ». E t Bernadette déclarera : « Jamais je ne l'avais vue si belle ! »

Après environ un quart d'heure. Notre-Dame de Lourdes cessa de se montrer. « Mais, demanda à l'enfant une de ses grandes amies, com­ment pouvais-tu l'apercevoir, le Gave est si large à cet endroit et les planches de barrière montent si haut ?

— Je ne voyais à ce moment, répondra-t-elle, ni le Gave, ni les plan­ches. I l me semblait qu'il n'y avait pas entre la dame et moi, plus de distance que les autres fois. Je ne voyais qu'elle. »

( I ) Extrait de Bcrncidcllc Soubirous, par Mgr J . Trochu.

11

Page 13: Sainte BERNADETTE

Bernadette sur son lit de mort revoit la Sainte Vierge.

Ce fut la dix-huitième et dernière apparition. L'Immaculée avait attendu sa fête de Notre-Dame du Mont-Carmel pour dire adieu à Berna­dette et lui sourire, ainsi qu'à nous tous, au-delà du temps et de l'espace.

Puis un jour, Bernadette est venue à son tour, dire adieu à la grotte bénie. Quel sacrifice ! El le est entrée chez les Sœurs de Nevers. Très chari­table pour les malades, souvent malade elle-même, elle a souffert beau­coup pour les pécheurs. Enfin, le 13 avril 1879, elle partit voir éternelle­ment, Celle dont elle avait dit, le jour même, aux Sœurs qui l'entouraient :

« Je l'ai vue ! Je l'ai vue ! Oh ! qu'elle était belle et que j'ai hâte d'aller la revoir ! »

Conclusion

Les guérisons miraculeuses se succèdent sans interruption à Lourdes, depuis cent ans. L'eau de la source opère souvent des merveilles bien loin même d'où elle a jailli. Marie toujours infiniment bonne, exauce les prières de ses enfants : miracles d'ordre naturel et miracles d'ordre spirituel.

12

Page 14: Sainte BERNADETTE

Combien de conversions s'opèrent à chaque instant à la grotte ; et qui n'est revenu plus vaillant, après sa visite à Marie ? Le moindre des mira­cles n'est pas celui de la foule des malades qui défilent plein de foi et d'espérance aux pieds de la Vierge, et dont un certain nombre sont guéris, mais il est dans le fait, que tous, même s'ils ne sont pas exaucés, gardent au cœur leur invincible amour et trouvent une force nouvelle pour s'aban­donner à la Divine Volonté, même crucifiante ; ils poussent souvent l'héroïsme jusqu'à demander à Dieu la guérison d'un malade voisin, et non la leur.

Le 13 août 1913, saint Pie X introduisit la cause de béatification de Ber­nadette : elle fut béatifiée en 1925 par S.S. Pie X I , puis canonisée par lui le 18 décembre 1933. Sainte Bernadette, priez pour nous.

Agnès GoLDiE.

Imprimatur

Verdun, le 6 décembre 1957. L . CHOPPIN, Vie. géii.

Page 15: Sainte BERNADETTE

Diffusé par: A V E

5, rue de l'Université 75007 P A R I S

Demandez notre tarif catalogue gratuit

" F O I - AMOUR - BONHEUR "