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LE JOURNAL D'OCTOBRE : CHANGEMENT DE SAISON Samedi 1 er octobre : les pluies mettent du temps à nous dire au revoir Quelle saison ! Les gens sont décimés par le palu. Une femme du quartier est morte hier et elle a eu une cérémonie à l'église. Jusqu'à 4 heures du matin cette nuit, les tams-tams ont joué et les pleureuses ont pleuré. On ne se rend pas toujours compte des nuisances liées à la proximité d'une église… Heureusement, le dimanche approche, et si Mayeul continue de travailler d'arrache pied sur la deuxième tranche du collège, moi, j'ai une matinée assez pépère. Il y a juste quelques détails à régler, comme la question du nettoyage du centre maintenant qu'Issibey est parti à Bologo pour son CM2 et que Cali travaille le samedi matin maintenant qu'il est au CEGT. Je vais faire un saut aussi chez Gabriel pour lui donner les vieilles gouaches et il me désarme en me donnant en échange une silhouette sculptée en bois rouge… Quand je reste à la maison une matinée comme ça, je me rends compte du défilé que doit assumer Mayeul quand il est là, ça n'arrête pas. En ce moment, le plus pénible est Tap, complètement désœuvré et qui tue le temps en passant chez nous plusieurs fois par jour, se posant dans un fauteuil et n'ayant rien à dire. Nous concevons que cela ne doit pas être facile, mais quand même, c'est un gars costaud, il devrait trouver un petit boulot quelque part. Mais il ne se bouge absolument pas, attend que tout lui tombe du ciel. Il m'a demandé hier si je pouvais faire en sorte que son groupe passe au Fest'Africa… c'est bien le problème des gars d'ici : dés qu'ils savent faire quelque chose, comme il n'y a pas d'experts ici, ils se croient les meilleurs, n'ayant plus rien à apprendre. Et ça me met mal à l'aise, parce que selon moi, je n'ai que des amateurs en face de moi… Les cas de décès continuent. C'est au tour de Bernard qui doit aller à la place mortuaire de la fille de son voisin et qui souhaite que je le remplace cet après-midi. L'orage menace à nouveau et je vais ouvrir avant l'heure pour ne pas me faire tremper comme hier. En conséquence, l'après-midi est calme, juste les indélogeables joueurs de dames et de scrabble, quelques têtes connues qui ont raté le bac aussi et qui reviennent à Kélo à l'approche de la rentrée scolaire. Je suis très surprise de revoir Bertin, un des plus brillants. Il est un peu désabusé, sait qu'il a

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LE JOURNAL D'OCTOBRE : CHANGEMENT DE SAISON

Samedi 1er octobre : les pluies mettent du temps à nous dire au revoir

Quelle saison !Les gens sont décimés par le palu. Une femme du quartier est morte hier et elle a eu une cérémonie à l'église. Jusqu'à 4 heures du matin cette nuit, les tams-tams ont joué et les pleureuses ont pleuré.On ne se rend pas toujours compte des nuisances liées à la proximité d'une église…

Heureusement, le dimanche approche, et si Mayeul continue de travailler d'arrache pied sur la deuxième tranche du collège, moi, j'ai une matinée assez pépère. Il y a juste quelques détails à régler, comme la question du nettoyage du centre maintenant qu'Issibey est parti à Bologo pour son CM2 et que Cali travaille le samedi matin maintenant qu'il est au CEGT.Je vais faire un saut aussi chez Gabriel pour lui donner les vieilles gouaches et il me désarme en me donnant en échange une silhouette sculptée en bois rouge…Quand je reste à la maison une matinée comme ça, je me rends compte du défilé que doit assumer Mayeul quand il est là, ça n'arrête pas. En ce moment, le plus pénible est Tap, complètement désœuvré et qui tue le temps en passant chez nous plusieurs fois par jour, se posant dans un fauteuil et n'ayant rien à dire. Nous concevons que cela ne doit pas être facile, mais quand même, c'est un gars costaud, il devrait trouver un petit boulot quelque part. Mais il ne se bouge absolument pas, attend que tout lui tombe du ciel. Il m'a demandé hier si je pouvais faire en sorte que son groupe passe au Fest'Africa… c'est bien le problème des gars d'ici : dés qu'ils savent faire quelque chose, comme il n'y a pas d'experts ici, ils se croient les meilleurs, n'ayant plus rien à apprendre. Et ça me met mal à l'aise, parce que selon moi, je n'ai que des amateurs en face de moi…

Les cas de décès continuent. C'est au tour de Bernard qui doit aller à la place mortuaire de la fille de son voisin et qui souhaite que je le remplace cet après-midi.L'orage menace à nouveau et je vais ouvrir avant l'heure pour ne pas me faire tremper comme hier. En conséquence, l'après-midi est calme, juste les indélogeables joueurs de dames et de scrabble, quelques têtes connues qui ont raté le bac aussi et qui reviennent à Kélo à l'approche de la rentrée scolaire. Je suis très surprise de revoir Bertin, un des plus brillants. Il est un peu désabusé, sait qu'il a réussi les épreuves mais n'a pas eu le bac. Des rumeurs commencent à circuler sur la manière dont Kélo a été notée…Mayeul, lui, passe son après-midi entre Jacques et Saint Cyrille, où les sœurs ont rapporté du Congo une sculpture en bois du Christ et entreprennent sur les conseils de l'archi de l'installer dans leur chapelle ; puis avec Mathieu pour la suite du quantitatif et du chiffrage.

Jean-Baptiste est tout content : son fils Séraphin revient du village des parents avec des bonnes nouvelles des champs de sésame qui poussent bien. La récolte de novembre s'annonce bonne. Profitant du bon mois de septembre, JB se lance dans les finitions de sa nouvelle maison et attend pour demain le charpentier qui posera les fenêtres (enfin, les cadres et les volets, pas de vitre bien sûr).

Et il pleut à nouveau ce soir, ça n'en finit plus !

Dimanche 02 octobre : le désœuvrement, la plaie de Kélo

Waouh, il faut être bien patient ce matin, et attendre stoïquement sous le soleil que les trois heures de messe se terminent. Procession de fête avec les petites danseuses, procession du service d'ordre, pour une fois tout sourire, avec des melons portés sur la tête ou des arachides, en cadeau pour le nouveau curé, rentrée pour les mouvements d'enfants qui viennent chanter…

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L'assistance n'est pas très très concentrée. Une femme se met à pousser des cris stridents qui génèrent un début de mouvement de reflux. Le calme revient au bout de plusieurs minutes.Dés qu'il y a une petite distraction, toutes les têtes se tournent dans cette direction. Il faut dire que le sermon en français traduit en lélé et en ngambaye avec des traducteurs bavards, c'est un peu dur.Bref, salutations d'usage à la sortie et retour à la maison.Après les petites activités d'un dimanche tranquille, comme la lessive par exemple, direction Saint Cyrille où nous sommes invités à déjeuner.Trajet à pied dans l'idée de rencontrer des connaissances sur le passage. Personne ce matin, que des gamins qui mettent un point d'honneur à hurler nazara, ou encore pire, à chanter "Nazare calqué amina saleté" (le fameux "les blancs croient que je suis noir parce que je suis sale"). Arlette et Patricia attendent devant les patates douces frites et le canard…Grande discussion qui fait suite au voyage de " mois de Patricia au Congo sur l'église là-bas: prêtres polygames qui vivent avec leurs femmes dans le presbytère, religieuses avec enfants, et tout ce beau monde qui profite allègrement des voitures, téléphones, voyages. Y aurait-il quelque chose de pourri ? En tous cas, Patricia ne cache pas son dégoût.Sur le chemin du retour, c'est le comble, quelqu'un nous interpelle "hé, les intégristes !"… Est ce parce que nous sommes deux et à pied, comme les témoins de Jéhovah?

De retour à la maison, je joue les garde malades avec Kaïma, trouvé sur le chemin et à qui il faut changer son pansement,. Nouvelle sortie pour aller voir la boîte postale, parce que le moment serait bienvenu pour lire tranquillement les nouvelles du monde. Par chance, le courrier est là, en abondance après les vaches maigres de la semaine dernière.Il y a une horde d'enfants dans la cour de la gendarmerie, qui tout à coup s'égaille en criant à tue-tête et qui encadre un militaire à mitraillette escortant un grand gamin.J'imagine qu'il s'agit de l'enfant qui a tué son camarade de jeu hier soir. C'est Mathieu qui nous a tenu au courant car l'enfant de 9 ans décédé est le fils d'un ouvrier du chantier. Les deux enfants se bagarraient et l'un a frappé l'autre sur le haut du torse. Il y a eu une hémorragie et le petit est vite décédé. Mathieu, à l'hôpital à ce moment-là pour ses enfants, a vite emmené l'autre enfant et le père de celui-ci à la brigade afin de les protéger d'une foule qui aurait pu devenir agressive.Quelle histoire…Mais ce qui me frappe malgré moi, c'est cette inactivité qui fait de tous les kélois des commères et des voyeurs, des colporteurs de rumeurs à l'occasion.

Nous passons une soirée calme, entre Le Monde et Jeune Afrique, plongés dans les bagarres politiques à la française et le pétrole africain…

Lundi 03 octobre : Il faut gérer ce matin l'imprévu avec Bonheur qui arrive à vélo pour me porter un message de Mississipi me disant qu'il ne peut plus venir travailler au centre culturel et qu'il viendra m'expliquer. Mystère… Bonheur n'en sait pas plus long. Mais il me faut aller faire la permanence de Mississipi à la bibliothèque ce matin.Au moins, ça me permet d'être là pour accueillir plusieurs jeunes qui reviennent de congés passés à Ndjamena et qui viennent se préparer pour la rentrée des classes. Certains m'ont aperçus au grand marché de la capitale, mais ne sont pas venus me saluer parce que "vous faisiez comme chez vous là-bas, vous marchiez trop vite"… Pourtant avec un pagne qui entrave la marche, j'avais l'impression d'avoir ralenti mon pas ici !Eux sont un peu déçus car redoublent leur terminale, moi je suis plutôt contente de revoir des têtes connues et sympas.J'ai aussi une longue visite du coach qui voudrait un emprunt pour déménager et inscrire sa femme à l'école. 17 ans, elle a laissé l'école au niveau du CM2…

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Après la permanence, je file chez le proviseur pour donner à sa fille la convocation pour le comité de direction du centre culturel qui se réunit mercredi. J'aime bien l'ambiance qui règne dans sa concession. Sa femme confectionne des vêtements avec sa machine à coudre, la femme du censeur lui tient compagnie, tous les enfants sont mélangés : les filles se tressent, Lina découpent des melons, beaucoup regardent.Mathieu passe pendant le déjeuner. Je fais la gaffe de lui proposer à manger. Je n'ai pas encore intégré le fait qu'aujourd'hui soit le premier jour du ramadan. Et en plus, j'ai toujours du mal à me souvenir que Mathieu est musulman…Après la courte sieste, je fais un saut au théâtre, et redistribue les rôles pour la cinquième fois au moins. Encore une nouvelle actrice ce soir, et parallèlement, deux ou trois absents. Ça devient un peu fatigant, d'autant que le ton monte entre les "sérieux" et les "laxistes"…Je prends ensuite la 504 pour me rendre chez Ngueto au quartier Pagré : notre président de la Ligue de basket a encore chez lui les ballons et anneaux donnés par la Fédération. Tout ce matériel a plus sa place au centre culturel.Retour au théâtre pour une fin de répétition un peu tendue, j'espère que nous arriverons à quelque chose. Certains comédiens lisent très mal, mais se sentent comme libérés une fois le texte connu par cœur… alors j'attends de voir.

Mardi 04 octobre : convoc' chez le nouveau chef

Ce matin, rendez-vous avec Henri, le nouveau curé de la paroisse, qui convoque tour à tour tous les mouvements, dont le centre culturel, même s'il est un peu à part.Je voulais y aller avec Bernard, mais comme la date a changé, ce dernier n'est pas au courant et j'y vais seule.Présentation des activités, points forts et points faibles, suggestions pour l'année prochaine. Il s'engage sur le fait de régulariser la situation foncière du côté des terrains de sport. Personne ne sait trop à qui appartient ce secteur. C'était avant un cimetière, donc de fait appartenant à l'église par la coutume. Reste à obtenir le papier officiel.

L'après-midi, après avoir trouvé mes arbitres pour le tournoi de scrabble, je pars au quartier Pagré chez Monique. J'ai en effet pas mal de points à régler avec elle : me renseigner sur la rentrée à la crèche, savoir si nos prochains visiteurs pourraient y faire des animations ; lui apporter le courrier de Charlotte et Sébastien arrivé via Jérôme ; faire un point sur la jeune femme qui va partir à Ndjamena pour être formée comme puéricultrice aux frais de l'association Ici Kélo ; la mettre au courant des dépenses du centre culturel pour Cali et Issibey (cahiers, argent pour la tenue scolaire) afin que leur frère ne refasse pas le même coup deux fois à demander de l'argent à plusieurs personnes pour la même affaire…L'ambiance est excellente chez Monique… son petit Bonheur pleure tout le temps et est de mauvaise humeur, mais à part ça, Grâce et Liliane s'affairent à la cuisine en papotant, et une voisine vient discuter.Je ne la connais pas, mais elle parle très bien le français et nous entamons une grande discussion sur le nombre d'enfants, l'espacement idéal, etc. bien sûr, je dénote un peu ! Monique, après 8 grossesses, annonce maintenant préparer sa retraite…Elles se mettent toutes deux à préparer un remède en conversant : elles prennent des feuilles d'aloes (aloe vera), les écrasent jusqu'à obtenir une bouillie assez liquide qu'elles versent dans du miel et laisseront macérer plusieurs jours. Très efficace paraît-il contre pleins de choses…C'est l'heure de la boule de maïs. Comme je sors de table, je décline l'invitation et retourne au centre culturel. Devant le bar Echo d'Afrique, je croise Marie, la femme de Wangbeye, qui vend des cigarettes et autres petits sachets de sucre. Je suis contente de la trouver là et d'aller saluer une tête connue. C'est un carrefour avec plein de monde et des cabarets à tous les coins. Je ne suis jamais très naturelle et aller discuter avec Marie me donne une contenance… En plus, bonne nouvelle, elle a été admise à son BEPC.

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`Samedi 08 octobre : retour à la vie normale

Allez, on reprend nos activités…Je m'attelle à mon programme d'actions pour le PNLS et demande à Sam de venir afin de lui demander des devis.Heureusement que Mayeul est là, j'aurais été incapable d'y arriver seule.Sam étant un autodidacte, il ne peut faire des devis que si on lui donne exactement les mesures et les caractéristiques de ce qu'on veut lui faire faire. Ce n'est pas possible d'avoir un ordre de grandeur de prix pour une armoire type, ou un banc type…Il faut donc être en mesure de pouvoir répondre à ses questions sur le type de tubulure que l'on souhaite, si on veut des cornières X ou du bois Y. Et ça, ça me dépasse !C'est donc parti pour un devis de 35 bancs en métal pour équiper la grande salle pour des spectacles et des projections, ainsi que d'une armoire pour ranger le matériel et d'une porte pleine pour protéger nos nouvelles acquisitions de matériel… si le PNLS accepte.

Après Sam, c'est Monique Teimta qui arrive. Je lui avais donné rendez-vous avant notre départ pour que nous rédigions ensemble le contrat qui va lier l'association Lam Lam Tenkor et la jeune femme qui est pressentie pour aller suivre une formation de deux ans à Ndjamena comme puéricultrice.C'est l'association Ici Kélo ici le Tchad qui va financer sa formation. En échange, elle devra revenir à Kélo et travailler à la crèche avenir… pour une durée de 10 ans. J'aurais plutôt mis 3 ou 5 ans, mais Monique a raison. Qui au Tchad est prêt à te payer une formation ??Et nous en venons logiquement à parler du pays et à commenter la dernière apparition télévisuelle du président. Il paraît qu'il est très amaigri et semble bien malade.Il intervenait sur la question des "écoles coraniques" qui commencent à faire scandale à Ndjamena. Certaines n'ont d'école que le nom, elles sont dirigées par des gens sans scrupules qui laissent les enfants livrés à eux mêmes et les envoient à la rue mendier et devenir des délinquants.Quand on sait qu'en plus ces enfants sont comptés comme scolarisés dans les indicateurs de l'ONU, on se dit que le Tchad est sûrement plus bas encore dans le classement IDH où il est le cinquième avant la fin.

Après Monique, c'est le tour du frère Pierre, le directeur du nouveau collège. Il vient prendre des nouvelles de la santé de son prof de dessin.Et il nous raconte la journée du 5 octobre, journée internationale des enseignants à Kélo. Tous les profs avaient préparé des discours, des revendications, sur fond de grogne et de menace de grève qui pèse sur la rentrée scolaire.Ils ont attendu le préfet, puis le sous-préfet, le délégué à l'enseignement… personne n'est venu !Pour sauver la face, une "autorité" a dû faire le déplacement, c'était… le juge de paix !!Celui-ci a écouté les discours en hochant la tête, puis a pris la parole en disant qu'il avait bien tout entendu et qu'il allait transmettre aux autorités compétentes. Pour calmer le jeu et faire en sorte que la rentrée scolaire se passe bien, il n'y a pas mieux. Ils ont vraiment le sens de la politique ceux-là.

Avec tout ça, je n'ai pas beaucoup avancé, mais Mayeul s'est reposé, c'est déjà ça.En rentrant dans la maison, je comprends que j'ai du retard : JB m'a préparé tous les ingrédients pour faire les gâteaux aux arachides sur la table. Nous avions parlé hier de les faire aujourd'hui.Le charbon se consomme, le four est chaud, il faut vite que je me mette au travail !

Notre déjeuner est perturbé par l'intrusion du "fou" chez nous. Il s'agit de l'ancien catéchiste, tombé d'un arbre sur la tête. Depuis, il est soi-disant dans son monde, n'en fait qu'a sa tête,

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et passe ses journées à grimper dans les arbres de la mission pour récupérer le bois mort ou à mettre le feu aux arbres pour les faire mourir.Mais aujourd'hui, il est tranquillement dans notre jardin à s'occuper de ses petites affaires. Je suis sûre qu'il n'est pas si fou que ça, c'est juste un emmerdeur. Parce que quand nous sommes sortis, nous avons eu le droit à des injures et des phrases agressives en ngambaye puis en français. Nos voisins les pré-séminaristes qui ont fait leur rentrée étaient tous sur le mur à regarder le spectacle…Il a quand même fini par sauter par-dessus le mur et là, ce sont les enfants qui ont pris le relais pour le faire sortir de chez eux.

L'après-midi, Mayeul se remet doucement au travail et moi je file au centre, m'occuper du tournoi de scrabble de la semaine prochaine, régler la somme convenue aux musiciens qui travaillent sur un hymne à la paix pour le Comité Justice et Paix. Comme ils n'ont plus de chef, ils sont paralysés, et c'est à moi d'avancer l'argent pour tenir leurs engagements !Parce que c'est quand même compliqué en cette période de promettre de l'argent à des jeunes qui ont le ventre vide et après de leur dire qu'il faut encore attendre.Je rentre à la maison avec Kaïma, qui m'attend depuis le début de l'après-midi. Il est tout sourire quand on se croise…J'enlève son vieux pansement avec appréhension car avec notre voyage imprévu à Ndjamena, je n'ai pas pu changer les compresses avant de partir. La plaie est maintenant toute petite, heureusement qu'il s'agit d'une peau d'enfant qui cicatrise bien.Et à la fin, il demande encore 25F. JB lui explique qu'ici il est soigné et il a de l'eau, mais pas d'argent. Les fibres paternelles de JB sont outrées de savoir que nous avons fait au moins 7 pansements à Kaïma sans qu'aucun membre de sa famille ne vienne nous voir pour nous remercier. C'est vrai que si je voyais un gamin de ma maison arriver avec un pansement neuf plusieurs fois par semaine, je me renseignerai…JB veut mener son enquête, savoir où l'enfant habite, avec qui. Moi ce qui m'étonne, c'est qu'il change assez souvent d'habits.Il y a beaucoup de petits qui vivent dans la concession du deuxième mari de leur mère, veuve remariée, parfois avec le frère de son premier mari. Souvent les parâtres ne s'occupent pas du tout des enfants du premier lit, ne les inscrivant même pas à l'école. c'est peut-être le cas de Kaïma puisqu'il vit chez un oncle, d'après ce que nous comprenons.

Ouf… la journée a été bien remplie pour une reprise !

Dimanche 09 octobre : journée d'anniversaire

On rêve encore de ces grasses matinées interdites du dimanche matin…Mais non, il faut aller dans le groupe francophone, puis sous le soleil implacable.Au moment des annonces de la semaine, je vois rouge : la troupe de théâtre du centre culturel annonce les inscriptions gratuites à partir de lundi, sans m'en avoir dit un mot. Ce ne sera pas lundi, et ce n'est pas gratuit puisqu'il faut la carte d'abonnement 2005-2006 du centre, qui n'est pas encore imprimée…Après la messe, première réunion du comité des jeunes. Afin de lancer l'année, nous travaillons sur une assemblée des jeunes où chaque mouvement présenterait son bilan, sa programmation. A la fin, le nouveau bureau du comité des jeunes serait élu.Sachant que cette assemblée durerait toute une journée, c'est reparti pour une heure sur le thème "qu'est ce qu'on va manger ?"…Pour couper court à la discussion sur le choix du cabri, je propose des sandwichs à l'omelette et je suis surprise de voir que ça passe. Au moins 45 minutes de gagnées !

A la maison, Mayeul est en grande discussion avec Nadoum Matho qui est en train d'organiser un colloque sur l'échec scolaire. Je les laisse pour répondre au téléphone d'anniversaire…

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Quand je reviens, Mathieu s'est joint à la discussion, et ça y va sur tous les maux du Tchad…Les idées de Mathieu sont assez progressistes, notamment sur la famille. Par exemple, il réagit vivement face aux parents qui chassent leur fille enceinte de la maison. Pour lui, il y va de la responsabilité de parents d'éduquer la fille. Tous deux reconnaissent que beaucoup de parents n'assument pas leurs devoirs et laissent un peu trop les enfants se débrouiller par eux-mêmes.Nous sommes interrompus par un petit bonhomme qui claque dans ses mains pour s'annoncer, puis qui explique qu'il est venu chez les blancs pour demander à manger.Mayeul et moi, nous le voyons tout maigre. Matho et Mathieu, eux, voient un enfant en bonne santé, bien peigné, et pensent qu'il est plutôt venu par curiosité pour nous voir…Quel pays où nous ne comprenons pas grand-chose…

Pour le déjeuner, nous nous faisons un régal maison avec les premières tomates du jardin. Comme elles proviennent de plants récupérés au quartier (aux endroits où les femmes jettent les détritus après avoir préparé les sauces, y compris avec de la tomate), il y en a de toutes les sortes, mais toutes sont des variétés de petite taille. Elles sont parfumées et sucrées, c'est un délice.`Notre potager n'est pas une réussite phénoménale, mais nous aurons quelques tomates, puis quelques poivrons et des patates douces. Peut-être un peu de piments aussi.

Cet après-midi, nous n'avions pas tellement de plans, peut-être visiter Iyé et Inès ou Emile. Mais pas le temps de dire ouf, ce sont les visites qui viennent à nous avec Tap, puis Patricia, puis l'évêque. Il apporte des nouvelles fraîches pour Mayeul : l'argent des bailleurs de fonds pour le deuxième bâtiment du collège vient d'arriver, contrairement à celui du logement des frères et de l'administration qui devait être là et qui ne l'est pas.Franchement, il faut avoir de la patience… jusque-là, l'ordre des priorités était inversé et Mayeul a bossé d'arrache pieds pour lancer la tranche du logement et de l'administration.Maintenant, cela doit attendre et par contre le deuxième bâtiment devient urgent…C'est bien, c'est un vrai dimanche de repos comme ça.Et en plus, j'ai un coup de fil de la Réunion, un de Paris, un de Rueil pour mon anniversaire. Si je ne suis pas gâtée avec ça !

Lundi 10 octobre : opération de la dernière chance à Moundou

Allons bon, Jean-Baptiste pousse la porte de la concession à 6 heures. Pas le courage de se lever… A 6h45, il faut quand même y aller, les passagers du trajet Kélo-Moundou, et de tous les autres trajets d'ailleurs, ont la fâcheuse habitude d'arriver en avance le matin.A 8 heures nous partons avec JB, Tog (neveu de Mathieu) et un ami, fils de Martin, le chef de chantier. JB vient pour essayer une fois de plus de percevoir ses allocations familiales (2004 !) suite à nos démarches à Ndjamena ; Tog, lui, vient déposer un dossier dans un institut de gestion.Nous roulons bien sur le goudron. Leur pub qui justifie les péages, "quel plaisir, quel confort" me revient à l'esprit. Comme d'habitude sur cet axe, beaucoup de gens qui marchent sur le bas-côté, les hommes poussant des porte-tout, les femmes avec leurs bassines sur la tête, remplies de bananes ou d'arachides. La bassine, c'est vraiment le sac à dos local.En approchant de Moundou, le trafic piétonnier devient plus dense.

Premier arrêt à la quincaillerie pour Mayeul. Il va récupérer les prix des marchandises demandées lors de notre dernier passage, et j'en profite pour m'équiper en pinceau et ardoisine pour redonner un peu de noir à mes tableaux.Deuxième arrêt devant la boutique d'informatique. Mayeul y rentre avec notre ordinateur portable qui ne veut plus s'allumer depuis presque 3 mois. Mathieu lui a donné le contact de

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Norbert, un informaticien free-lance très compétent, et qui a ses habitudes dans la boutique en question. On l'appelle sur son portable, et il annonce son arrivée imminente.Tog et son ami partent à l'hôpital pour un certificat médical, puis, le document en poche, iront s'inscrire à l'école.Dans les plans, je devais prendre le volant et aller avec JB à la CNPS puis au PRODEL, ce nouveau bailleur de fonds chez qui je voulais me faire connaître et me renseigner.J'ai bien pris le volant, mais la 504 n'a pas voulu démarrer…Avec l'aide de deux gars (celui qui m'a reconnu et qui s'est présenté comme étant celui qui m'avait proposé des ballons de basket à notre dernier passage…), on a poussé la voiture, mais sans résultat. Nous avons décidé d'inverser notre programme et d'aller faire autre chose en attendant qu'elle refroidisse.Mayeul est retourné attendre Norbert à la boutique, JB est parti visiter son beau-frère au marché, et moi je vais faire un tour à la librairie, acheter Amina, Planètes Jeunes et Afrique Magazine. Tant pis pour Mme Odile, la libraire de Kélo, mais j'en ai marre d'aller 15 fois chez elle et qu'elle n'ait rien.Je continue chez Chachati, la soi-disant librairie européenne de Moundou. Même pas de levure de boulanger, ni de tablette de chocolat (j'ai en tête une pizza et un gâteau pour l'anniversaire de Mayeul). Je trouve quand même une bouteille de rhum qui permettra un ti-punch le 12 octobre…

JB n'étant pas encore revenu, je vais retrouver Mayeul et Norbert, arrivé entre temps. Il a l'air bien compétent et très sympa. Nous croisons les doigts pour qu'il arrive à nous sauver l'ordinateur sans avoir à effacer tous nos fichiers, dont nous n'avons aucune sauvegarde. Il a l'air confiant, ça nous rassure, mais admet qu'avec l'informatique, tout est possible.Bon, nouvel essai, la voiture ne démarre toujours pas. Ca sent l'essence et on dirait bien que nous l'avons noyée…L'heure avance, JB part en clando voir la CNPS. Il a peur qu'avec le ramadan les bureaux ferment à midi.Je pars à pied vers la procure de Moundou et son garage. Le chef est bourru mais vraiment serviable. Il râle mais il prend une des voitures du garage pour aller voir notre 504 plantée au marché. Il la triture un peu, arrive à la faire redémarrer, mais doit régler le carburateur : il faut donc l'emmener à l'atelier.Je vais prévenir les informaticiens. L'opération est en cours. D'après Norbert, le dialogue avec la machine a été plutôt bon. Reste à savoir si elle ne va pas mentir…Direction le garage donc. Je laisse les gars travailler, vais récupérer le courrier pour Kélo, vais voir à la radio Didji lokar à la recherche de Sylvaine, la nouvelle volontaire DCC arrivée il y a un mois. Comme elle est en réunion, je repasserai.J'attends donc que la voiture se refasse une n-ième jeunesse. Assise devant la porte de la procure, je fais connaissance avec tout le petit monde du diocèse, que je ne connais pas. Je découvre les sœurs de Krim-Krim, deux burkinabées et deux françaises, très chaleureuses.Voilà Mayeul qui arrive aussi au garage, le sourire aux lèvres : l'opération a réussi, l'ordinateur est sauvé et tous nos fichiers avec. Promis-juré, ce soir on fait une sauvegarde…Le plus beau, c'est que Norbert est un gars vraiment sympa, qui n'a rien demandé. Son plaisir, dit-il, est d'avoir réussi. Il préfère ne rien demander mais continuer à travailler avec Mayeul, échanger des programmes. Béninois d'origine, mais né au Tchad, il élabore des petits programmes de gestion pour des ONG, adaptés à leurs besoins et à leur fonctionnement. Il a déposé un brevet pour un isoloir parlant où le votant viendrait enregistrer à la voix le nom de son candidat. Il demande l'aide de Mayeul pour construire un prototype en bois. Une nouvelle aventure commencerait-elle ?

Attendant toujours la voiture, nous retournons à la radio tous les 2 pour faire connaissance avec Sylvaine. Cool, elle nous invite à déjeuner, ça nous permettra de mieux papoter.13 heures, le garage va fermer mais la voiture est prête. On se fait juste engueuler car on roule sans huile (on en remet tout le temps, mais comme nous n'avons plus de jauge, ce

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n'est pas évident de savoir combien en mettre) et sans liquide de frein, et qu'en plus, la 50' mériterait une vidange d'urgence. On fait ce qu'on peut, M'sieur…Sylvaine a sa maison toute proche, mais nous faisons un tour au marché voir si JB est déjà au rendez-vous. Personne, il doit encore être avec son beau-frère.Allez, déjeuner entre DCC. On se trouve nez-à-nez avec la grosse tortue, tellement myope qu'elle se prend tous les obstacles dans la figure.Heureuse coïncidence, Sylvaine reçoit la visite d'une sœur, celle qui vend les fromages de Dounia. Hop, d'une pierre deux coups, je vais chez elle et en rapporte deux petits fromages bien odorants : le frigo ne marche plus, Moundou souffre de nombreuses coupures d'électricité en ce moment.Pendant le déjeuner, coup de fil de Tog, tous nos passagers nous attendent au rond-point Chachati. Ok, une petite banane, salutations à Sylvaine et on va les rejoindre.

Nous revoilà au complet, juste une halte à la station Tamoil pour prendre une bouteille de gaz pour Patricia, à la boulangerie pour rapporter les bonnes baguettes de Moundou, puis à la pompe à essence… en route !Nos passagers arrière ont de la chance, nous voyons au loin les nuages noirs et les ondées, mais nous passons au travers des gouttes.

Et voilà Kélo, tout le monde est redéposé, la bouteille de gaz rendue à ses commanditaires (ce qui me permet de leur emprunter du chocolat de Kinshasa, car à Moundou, c'est zéro).Mayeul se lance dans la réorganisation du bureau qui a un peu souffert pendant son opération informatique. Moi je vais au centre prendre des nouvelles et les résultats du tournoi de scrabble. J'avais oublié, mais il y a aussi la répétition du théâtre. Les garçons sont maintenant réguliers, mais alors les filles… ça devient assez pénible ! Théophile, mon "jeune dramaturge tchadien" a pris les rênes de la mise en scène, mais met une ambiance "militaire" qui a le mérite de mettre un semblant de discipline mais qui ne me plaît pas toujours…

Deuxième bonne nouvelle technologique : Marek est revenu du Cameroun et me rapporte ma pièce TV manquante, en deux exemplaires même. Serais-je fin prête pour la rentrée? Ce serait tellement beau…

Troisième bonne nouvelle, qui pleuvent ce soir, et toujours dans le même domaine : avec le chargeur acheté à Moundou, le petit Nokia envoyé de France marche, il a été débloqué par ceux qui nous l'ont envoyé. Ca nous vraiment bien parce que le nôtre fatiguait, avec une autonomie de moins d'une journée…

Il ne nous reste plus qu'à faire réparer la voiture de Baktchoro pour aller chercher nos visiteurs à Ndjamena et à faire réviser la batterie de la maison, qui ne nous donne plus aucune énergie. C'est presque le paradis, juste deux choses qui ne marchent pas…

Mardi 11 octobre : avec les bons outils, le rythme s'accélère

C'est parti comme au bon vieux temps où tout marchait bien…Sauf que dés le réveil, nous avons la visite de Sam, qui attend des papiers de la part de Mayeul avant d'aller à Laï, et de Marek, qui revient de son tour du Cameroun, bien crevé.

Ensuite, c'est chacun devant son ordinateur… Le petit iBook de chez Mac me rend quand même bien service !Mayeul s'attelle à tous les plans en retard. La nouvelle priorité du jour (mais ça change tout le temp…) c'est de dessiner un logement pour des médecins à Dono Manga. Mais le deuxième bâtiment du collège est urgent aussi, Mathieu ne reste sur Kélo rien que pour ça, alors…

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De mon côté, j'attaque le plan d'actions des activités que je voudrais faire financer par le Programme Nationale de Lutte contre le Sida. Contexte, justification, objectifs et activités, avec le matériel et le budget nécessaire. C'est cette dernière partie la plus dure. Je ne peux pas demander des devis pour tout, donc l'estimation est un peu rude.Discrètement, j'organise avec Jean-Baptiste le menu d'anniversaire de demain. On va se tenter une pizza en achetant de la levure de boulanger à la boulangerie Hanana, avec salade et gâteau au chocolat. Ca, ça sera pour le midi, et le soir, il y aura les ti-punchs. Pas mal non?Ensuite je vais voir le directeur du CEG voir si mon coco voleur de livres est venu récupérer son bulletin de notes, conditionné au retour du livre. Mais j'abandonne mon projet : les inscriptions ont commencé et le bureau du directeur est pris d'assaut.

Mini-sieste et Mayeul reprend son ordinateur. On apprécie son grand retour parmi nous…Au centre culturel, c'est tournoi de scrabble, mise au point du redémarrage du Journal Avenir, répétition pour la pièce de théâtre.A la sortie, ce sont le coach et Tap qui m'attendent. Le premier pour me dire qu'il a parlé des projets du basket aux américains, Aaron et Emily, et que ceux-ci lui proposent de monter un dossier pour le 07 novembre, date à laquelle ils vont à Ndjamena et à laquelle ils pourraient confier le projet à leur chef des Corps de la Paix. Et comme le coach n'a jamais fait ça, écrire un projet, c'est pour ma pomme. Je veux d'abord les rencontrer pour savoir à quels bailleurs de fond ils pensent. Si c'est ceux que j'ai déjà tenté, ça ne vaut pas le coup de se presser…Le deuxième, lui, veut le reliquat de son argent promis par le comité Justice et Paix pour l'écriture d'un hymne à la paix. Toujours à moi d'avancer…

Nous profitons de la visite de Tap pour lui parler de notre proposition, élaborée avec Marek ce matin. Tap galère trop, sans formation, il n'a aucun avenir. Au lieu de l'aider par ci par là, nous voudrions l'aider pour une formation.Et ça tombe bien, le CTAP, qui fonctionne par cycle, lance sa formation en mécanique auto en juin prochain. C'est ce qui brancherait le plus Tap et c'est ce qui correspond à son niveau (pour l'électricité, il faut un niveau 3ème et Tap s'est arrêté en 5ème).S'il nous montre sa motivation, on pourra fonctionner comme ça. Mayeul en a parlé à Mathieu ce matin et lui aussi trouve que c'est une bonne idée. Il pourrait aussi l'aider en le pistonnant pour devenir dans un garage de Ndjamena.Il faudra reparler sérieusement de tout ça, à tête reposée, tous les 3 ou 4, car cela n'est pas sans conséquence, il faut aller à Ndjamena pour 3 ans, et se débrouiller là-vas pour vivre.Et Amazone et les deux petits bouts dans tout ça ??Elle n'a pas l'air très patiente en tous cas, n'aide pas beaucoup Tap et parle déjà de retourner chez ses parents à Moundou…

Mercredi 12 octobre : happy birthday bis

Grâce à notre belle machine qui s'est refaite une santé, les plans du deuxième bâtiment du collège sont prêts et Mayeul passe la matinée avec Mathieu sur les quantitatifs, une fois de plus.Je gère entre la maison et le centre culturel. D'un côté, les pizzas, de l'autre un hypothétique groupe de maths, fonction de l'hypothétique emploi du temps du lycée.La levure de boulanger fait son effet, la pâte lève et nous donne de quoi faire deux pizzas aux olives et sardines, plus un pain rond qui embaume la cuisine.Comme Mayeul bosse dans le jardin, tout passe inaperçu.Patricia et Arlette arrivent, les filles prennent l'apéro en attendant la fin du boulot de ces messieurs. Mathieu n'est pas convié à déjeuner pour cause de ramadan…

Ca y est, l'intéressé comprend que tout le monde est là pour lui, d'autant que Patricia lui a rapporté un masque de Kinshasa.

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Et après, on se régale et on mange plus que de coutume. Les pizzas avec la vraie pâte à pain son bien réussies et le gâteau au chocolat est un pur bonheur de gourmand.C'est un bel anniversaire avec les moyens du bord !

Le temps du repos est symbolique. Ce soir, c'est mon fameux comité de direction de la jeune association du Centre Culturel Notre Dame. Il faut que je leur fasse valider toutes mes propositions pour la rentrée et pour l'année scolaire.S'il font beaucoup de remarques, ça peut durer longtemps…J'arrive en avance et prépare la salle, inscrit l'ordre du jour au tableau. J'essaie de faire ça bien.Christophe le SG et Mississipi le trésorier adjoint sont excusés. Le deuxième travaille toujours comme pointeur sur le chantier de la route : c'est son oncle l'ingénieur…En fait, c'est l'entreprise chinoise qui a gagné le marché du pont de Laï qui travaille pour améliorer cette route et faire en sorte que ses gros porteurs puissent passer avec des bennes de gravier.Les gens sont contents, mais à tort… car ils ne font que racler la surface. Une fois que tous leurs gros camions seront passés, on sera revenu au point de départ.

Bref, deux excusés.Ngueto le trésorier arrive, Lina, la secrétaire adjointe est là.Il ne nous manque plus que le directeur (le curé) et le conseiller (le directeur du CEGT).16h35, être en retard n'est pas dans leurs habitudes, je vais donc au presbytère me renseigner. Je tombe sur Henri qui n'était pas au courant du report de la réunion (merci Pierre…) et en revanche Pierre est absent.OK, c'est encourageant, nous ferons la réunion à trois.Au moins, ça ira plus vite !

Etat des lieux de la procédure pour avoir l'autorisation de fonctionner du Préfet, préparation de la rentrée, validation du passage à deux cartes d'abonnement, une pour la culture, une pour le sport, nouveaux tarifs et photo ; projets 2005-2006 ; proposition d'embauche d'un nouveau bibliothécaire.Nous nous donnons encore un mois pour trouver des partenaires qui nous aident pour le terrain de basket (on cherche Celtel et le Rotary). Si nous faisons chou blanc, tout l'argent de l'association Ici Kélo ici le Tchad ira au basket, et le projet de panneaux solaires sera reporté à un autre jour.Présentation de l'ébauche de plan d'actions avec le PNLS.Présentation du bilan financier…Ouf, tout est passé et j'ai la gorge sèche !J'arrive éreintée le soir à la maison, mais bien contente, car l'action se rapproche, nous serons bientôt fixés avec le PNLS, et comme les objectifs, notamment en matière d'équipement (bancs, sono, instruments de musique, etc.), sont ambitieux, c'est assez exaltant.Mayeul est en discussion avec le jeune Théophile du centre, et un monsieur plus âgé. Il s'agit de son père, venu de Pala. Ils essayent là-bas au village de monter une radio communautaire et aimeraient soumettre les plans à Mayeul. Théophile s'affole de notre départ "proche"…

Et pour clore la journée en beauté, ce ne sont pas les ti-punch prévus parce que JB a oublié de rapporter des citrons verts de chez lui… mais il y aura quand même pleins de coups de fil français !

Jeudi 13 octobre : des épisodes pas passionnants a priori, mais instructifs

Après la permanence de bibliothèque en remplacement de Mississipi, où j'ai commencé à afficher les détails concernant la rentrée et l'embauche d'un nouveau bibliothécaire, je rentre débaucher Mayeul.

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Le papa de Théophile est en effet venu à Kélo pour un cas de décès. La femme du tuteur de Théophile, chez qui il logeait à Kélo, est décédée brutalement alors qu'elle était en voyage à Koumra.Les causes sont toujours un peu mystérieuses.Une place mortuaire a donc été installée chez eux et c'est presque un devoir pour nous d'y aller, nous savons que c'est très apprécié.Nous nous rendons donc sous un soleil qui devient de plus en plus de plomb au quartier Dombao. Le tuteur de Théophile est presque le voisin immédiat de JB.Tous les hommes sont réunis sous l'arbre devant la concession.Aïe, pas de Théophile et pas de tête connue?Ouf, le voici qui arrive et qui vient nous installer. Je ne veux pas faire tâche et demande à aller avec les femmes. Il me conduit à l'intérieur de la concession où un abri en bâche a été installé. Les femmes sont là, sur des nattes, allongées, assises, en silence ou en bavardant. Les jeunes de la maison s'activent, à préparer un thé ou un repas, je ne sais pas.Théophile et son ami Marcellin me laissent là.Bon, je salue toutes les femmes, beaucoup viennent à moi. Je suis l'attraction 5 minutes, elles me parlent en ngambaye et se marrent de mes réponses. Je suis à côté des vieilles, dont la grand-mère de Théophile.J'ai peur de mal répondre car je ne connais même pas le nom de la défunte… mais une jeune fille vient à mon secours en disant que je viens pour Théophile (enfin, je pense qu'elle a dit ça !).Deux autres femmes arrivent, saluent tout le monde, puis s'asseoient sans un mot.J'avoue que je n'ai pas bien compris le pourquoi du comment d'une place mortuaire. Tout le monde doit y aller, mais on y fait rien, on peut même y dormir…J'espère que Mayeul aura l'idée de venir me chercher parce que je ne me vois pas me lever de là.Les voilà, avec Théophile. Nous saluons les hommes, dont le papa et Emmanuel, un maçon que connaît Mayeul, puis nous les quittons.Nous croisons Juliette, la femme de Jean-Baptiste, qui revient avec du charbon.Ce qui est sympa et nouveau, c'est que nous sommes sur le goudron au moment de la sortie des classes, et nous croisons tous les petits élèves de Mayeul, avec leurs tenues beiges toutes neuves qui le saluent, l'interpellent et lui font des grands sourires. Les plus téméraires et qui ne me connaissent pas, arrêtent leur vélo pour demander qui je suis…

Comme il est tard, nous n'allons finalement pas au marché où Blouze et sa famille attendent une occasion pour aller au village.Le contrat de cuisinier à Laï de Blouze s'est donc achevé et il cherche à retourner au village. Il était chez JB depuis quelques jours.Jean-Baptiste est assez pessimiste sur l'avenir de son compagnon de voyage…D'après lui, quand Blouze était en poste à Laï et gagnait de l'argent, il n'a jamais envoyé un savon ou un petit quelque chose au village. Ceux de là-bas ne vont donc pas faire beaucoup d'efforts pour lui maintenant. La famille peut être dure…C'est vrai que Blouze semble avoir assez mal géré son coup. JB lui avait proposé de récupérer ses économies et de lui acheter un terrain à Kélo, ce qu'il n'a jamais fait. Son histoire d'adultère qui s'est terminé en deuxième mariage a dû aussi lui coûter beaucoup.Le plus grave, ce sont surtout Hélène et les enfants, qui ne méritent pas ça… Blouze parle maintenant d'aller chercher un emploi à Ndjamena, espérons qu'il trouve.

Après un bon poisson (un cousin du capitaine paraît-il), nous enchaînons.Je me mets à une activité hautement intellectuelle qui est le tri et le démêlage des colliers et bijoux ex-Kazana. L'opération séduction est lancée pour attirer les filles au centre culturel, et je me prête à leur jeu en proposant un bic aux 75 premiers garçons abonnés et un bijou aux 50 premières filles. Plus sexiste que ça, tu meurs !Pendant ce temps, Mayeul reçoit Mathieu qui vient avec son devis pour le deuxième bâtiment.

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Ca chauffe ! Mathieu a explosé les prix par rapport à son premier bâtiment, essayant sûrement de se refaire une santé. Mais pratiquer les prix de Ndjamena ne peut pas passer ici, et ce n'est pas crédible de faire payer plus cher le ciment et son acheminement à Kélo qu'à Dono Manga, en brousse, au bout de 3 heures de mauvaise piste…Si Case-Vie ne peut être dans les prix, un appel d'offres devra être lancé.

Une pause s'impose et heureusement Mayeul doit partir à son cours de dessin.Improvisation… une heure sur les dégradés. Avec juste un bic et une feuille à carreaux, il faut être inventif.Le prof repère un petit doué qui dessine des scènes de chasse parce que les dégradés, bon, il a fini depuis longtemps…Pendant ce temps, je fais un saut au centre pour encadrer la phase des éliminatoires du tournoi de scrabble. Allons bon, les non-joueurs me demandent un tournoi de dames maintenant…Puis je file à la maison car Mayeul part demain à Laï où internet fonctionne. Il faut que je lui passe des messages pour l'association ici Kélo, pour le PNLS, pour l'AAD qui me demande un article pour leur journal, pour un ami tchadien d'amie française qui pourrait nous pistonner pour le rotary, etc.Il faut aussi finaliser et imprimer la maquette des cartes d'abonnement car le service impression est aussi à Laï. Petit accrochage avec JB, qui me fait des phrases à rallonge et qui s'embrouille. Je pourrais avoir l'âge de sa fille et je ne peux pas lui faire la morale, mais… qu'il fasse ce qu'il veut avec la cauchette tant qu'il se maîtrise. Là, il n'a plus le contrôle de lui-même à 100%. Pour preuve, il me claironne que non il n'a pas trop bu puisque parfois il boit plus… Raisonnement de bourré typique !Il retourne un peu penaud à son fer à repasser. Ce n'est quand même pas dans ses habitudes, mais ça met un froid entre lui et moi.

Visite éclair de l'équipe de Baktchoro. Maria Luisa a besoin du nom complet de Jacques, le maçon que Mayeul fait bosser. En effet, l'équipe des chirurgiens mobiles envoyés par l'Europe arrive au centre handicapés de Moundou dans un mois, et si Jacques veut se faire opérer son bec de lièvre, il faut confirmer son inscription d'urgence.

Mayeul revient de son cours avec Mathieu et ils reprennent ensemble le devis, poste par poste, arrivant au compromis souhaitable.18 heures, Mathieu s'absente. Depuis le ramadan, il crache régulièrement. Est-ce pour lutter contre la soif ?En tous cas, j'ai pitié de lui… et comme l'heure a sonné, ils interrompent le travail pour une pause casse croûte. Ce serait quand même cruel de rompre le jeûne en retard !

Sitôt qu'ils ont fini le boulot, j'occupe l'imprimante. Voilà, tout est prêt pour demain.Il est 20 heures et pas le temps de dîner maintenant, puisque ce soir, attention, nous avons réunion avec les pères, frères et sœurs, pour parler du fonctionnement du groupe électrogène de la mission.Un grand moment irracontable…Presque deux heures d'atermoiements. Certaines ne veulent pas payer, essayant presque de nous faire pleurer sur leur pauvreté ; personne ne voulant se charger du groupe.Bien sûr, nous sommes pressentis pour prendre ces responsabilités, mais nous refusons fermement. Je pense sincèrement que nous sommes les deux les plus occupés, alors passer encore le soir voir s'il y a essence d'essence, vidanger l'huile ou aller demander les sommes dues, non merci…

Vendredi 14 octobre : 15 km à l'heure de moyenne

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Départ de Mayeul à Laï. Heureusement, le coup de vent d'hier n'a pas donné d'eau. Ca aurait été un comble.

Pas de cours au lycée depuis hier 10h et jusqu'à lundi, pour cause de participation du lycée à la journée mondiale… de l'alimentation.Le FAO est là et prend la place des élèves.C'est quoi le rapport ? pourquoi cette interruption de 2 jours à peine la rentrée commencée ?Cette souplesse dans la notion de cours et de programme me laisse rêveuse.En tous cas, je récupère mes nouveaux terminales et nous continuons le programme de maths.La troupe Etoile aussi est réquisitionnée pour jouer là-bas et vient se grimer et se costumer au Centre.

Visite surprise d'Antoinette, une des comédiennes de Kadja Kossi, de Ndjamena. Elle vient en éclaireur avant la troupe des comédiens qui va entamer sa tournée de la pièce "Tout bas si bas" de Koulsy Lamko.N'ayant pas eu de nouvelles, je pensais que ce projet serait abandonné, mais non, j'apprends qu'ils jouent au centre le 27 octobre…Décidément, ces manières de travailler me perturbent aujourd'hui !Et si le centre avait eu une autre activité ce jour-là ?L'autre élément qui m'interpelle, c'est ce qui figure dans la lettre d'accompagnement, signée par Mariam : elle explique qu'un déplacement dans les provinces et difficiles et demande de l'aide pour le carburant, la restauration ou l'hébergement…Finalement, l'ambassade de France n'a payé que les cachets des artistes, pas le reste. Mais je trouve quand même cette façon de vous mettre devant le fait accompli un peu bizarre.Du côté du Centre, aucun argent n'est disponible, mais on peut essayer l'hébergement au centre d'accueil de la paroisse.Maintenant Antoinette se rend chez le Maire, puis chez le Préfet, sans rendez-vous. Mon esprit cartésien et franchouillard se rebelle…

En attendant, je finis les maths et vais chez le curé. Je voudrais qu'il signe les papiers de l'association, pour les donner ensuite à Ngueto et qu'on ait enfin l'autorisation de fonctionner.Mais avec Henri, ce n'est pas comme avec Poryé…Qu'il prenne connaissance de tout, d'accord, puisque ces papiers détaillent aussi son rôle.Qu'il me sorte les décrets et lois régissant les associations, OK, mais nous avons pris comme modèles des textes d'associations existantes et reconnues.Mais qu'il veuille changer des choses, ça c'est compliqué, tout a été approuvé par les membres en juillet… je lui fais sentir que la transition entre Porye, qui s'est désengagé trop tôt, et lui a été beaucoup trop longue et qu'il faut aller vite.Je crois que le message est passé, mais je devrais faire preuve de plus de patience les prochaines fois. Mais quand on est dans l'urgence, la marche arrière est mal perçue !

Je lui parle aussi du problème de la tournée des comédiens, et j'arrive juste à obtenir 50% de réduction. Nul n'est prophète en son pays et c'est toujours au sein du diocèse ou de la paroisse que j'ai le plus de mal à trouver de la compréhension et de l'aide pour les activités du Centre !!

Zut, je reviens avec un estomac tout vide, et je me rends compte trop tard que JB a cru que Mayeul ne mangerait pas là à midi. Ca sera un peu juste !Mayeul ne revient qu'à 15h13 exactement et prend juste le temps de retirer ses vêtements boueux, se transforme en prof de dessin respectable et part au collège. Pas de chance, il s'est pressé pour rien car les cours sont annulés à cause de la préparation de la messe de rentrée de demain. S'il avait su, il se serait moins pressé à Laï.Parce que la route, même s'il ne pleut plus depuis 10 jours, est encore une horreur !

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Partis à 7h30, ils sont arrivés à 11h au bord du fleuve. Il ne reste plus beaucoup de flaques, mais elles sont traîtres, très boueuses et très profondes. Ils se sont embourbés deux fois.une première gentiment, et une deuxième en beauté, la roue avant étant tombée dans un trou. La voiture s'est complètement penchée, l'eau s'est engouffrée dedans… Marie-Thérèse est sortie par la fenêtre !Ils ont croisé Nodjadoum qui s'était embourbé au même endroit la veille…Après, la traversée dans ce sens prend 45 minutes. Tout ça pour 58 km.En plus, les bruits courent que des hippopotames ont renversé deux pirogues.Alors une fois arrivés, pour Mayeul et Mathieu, ça a été la course. Enfin, ils ont quand même réussi à voir Marco et à régler les histoires financières du chantier, pour la deuxième tranche. Marco râle car entre le lancement de deux phases de Dono Manga et d'une au collège, il a du mal à assurer les avances au démarrage…

Côté Kélo, l'après-midi a été bien calme car le centre culturel était déserté au profit du lycée. La journée de l'alimentation bat son plein. Le ministre de l'agriculture est là, Laurent ça Tourne assure la musique et attire ses fans, une foire, exposition-vente est installée.Wangbeye m'a plantée donc je le remplace et je vois défiler des familles, des jeunes ou des enfants, dans les deux sens, en direction ou en provenance du lycée.Ca donne une petite ambiance "Porte de Versailles" pour le salon de l'agriculture…La troupe Etoile est très sollicitée et se produit sur le podium ou chez le préfet.

J'ai le passage d'un candidat au poste de bibliothécaire. Il me prend un peu de court, je ne me suis pas bien préparée à faire passer un entretien.Du coup, c'est assez informel…Il s'agit d'un homme, niveau 1ère mais avec des formations en aide-comptable, bibliothécaire au CLAC depuis 5 ans, mais qui en marre de ses …10 mois d'arriérés de salaires.J'irais voir son directeur, d'une part pour qu'il ne m'accuse pas de débaucher ses employés, et d'autre part pour lui demander son avis sur le gars en question.C'est difficile d'évaluer quelqu'un en quelques minutes. Mais il faut quand même être vigilant, il ne s'agit pas que tous les livres disparaissent ou que les abonnés fuient.

A la fermeture, Mayeul passe me prendre et nous allons à la foire, mais nous arrivons trop tard. Les stand dans les sékos ont fermé, un orchestre anime un peu en attendant le retour des autorités parties se remplir le ventre. La troupe Etoile attend son tour…

Samedi 15 octobre : fêtes en tous genres

Ce matin, c'est l'inauguration du collège Saint Joseph. Théoriquement, ce n'est pas une grande fête car l'évêque ne veut pas faire une fiesta à la livraison de chacun des bâtiments.Appareil photo en bandouillière, nous prenons le chemin du CEGT. Il y a foule, des dizaines de vélos sont appuyés contre le mur. Ils ont installé des bâches pour nous protéger du soleil et ont sorti les tables-bancs des classes. Tous les élèves sont là, dans leur uniforme beige. Les pantalons et jupes sont souvent trop grands… ça fera plusieurs années comme ça !De nombreux parents aussi sont venus, quelle que soit leur religion.La cérémonie consiste en une messe célébrée par l'évêque, animée par la nouvelle chorale du collège, sous la coupe d'Aubin, le prof de français.Les discours sont remarquables : Miguel, F.Pierre le directeur ou Henri, le curé, tous, sans se concerter, ont insisté sur leur philosophie d'ouverture et de tolérance. Collège catholique, œuvre sociale de l'Eglise, ouvert à tous… ceux qui acceptent l'identité religieuse du collège.Dans cette ambiance de guéguerre entre les religions, j'espère que le message passe.Il y a d'ailleurs plus de protestants que de catholiques, et il y a quelques musulmans.Pendant la cérémonie, la bénédiction du bâtiment. Un geste un peu "superstitieux" pour nous. Il faut bénir le terrain, comme ça, ça "vaudra" pour les prochains bâtiments…Et après, c'est la fête !

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Pour les grands, sucreries et arachides à l'étage. C'est la ruée, tout le monde se bouscule.Avec Patricia et Viviane, la jeune femme chargée de l'entretien du collège, nous descendons proposer aux enfants des plateaux de bonbons et d'arachides, parce qu'après tout c'est leur fête, et c'est bien que l'équipe dirigeante ait pensé à eux.Ce n'est pas la ruée des adultes car ils sont toujours assis sur leurs bancs… mais je ne pensais qu'on pouvait mettre autant d'arachides dans deux petites mains.Viviane me donne la règle d'or, mais trop tard, mon plateau est vide : il faut imposer que l'enfant ne se serve qu'avec une seule main…Ce collège est vraiment une réussite, Pierre et Pascal mettent une bonne ambiance et ont un très bon contact avec les enfants. L'équipe des profs a l'air bien aussi.On retrouve Amos et le surveillant général de l'hôpital qui ont inscrit un et deux de leurs enfants, et pas mal de parents ou d'enfants connus aussi.

Nous posons la voiture à la maison et Mayeul court chez un menuisier récupérer un devis. Après, nous partons au lycée découvrir cette fameuse foire de la Journée Mondiale de l'Alimentation, orchestrée par le FAO.Je suis vraiment surprise, c'est bien organisé, avec des petits détails rares. Plusieurs stands ont été montés, délimités par des sékos. Des groupements ou des associations présentent leurs produits, avec souvent un effort de décoration que je vois pour la première fois ici.Certains ont présenté leurs fruits, légumes, etc. sur des charettes, d'autres ont décoré avec des épis de mil. La ferme de Bayaka est là et vend ses confitures ou ses jus de tamarin. On leur prend des confitures de patate douce, de melon et de mangue, plus une confiture de tomates à un groupement féminin.Là encore, il y a beaucoup de gens connus, dans les stands et dans la foule. On retrouve les jeunes, ceux de la troupe aussi, mais également le grand-père de Tap, en uniforme, chargé de la surveillance, ou le directeur du CLAC, Gabriel avec sont stand "groupement des artistes de Kélo" (il est seul et il vient de Moundou… !), et même Althos, un basketteur, sur la scène, au micro, en train de chanter…J'essaye de récupérer une belle affiche "l'agriculture au service des cultures", mais trop tard. Je me débrouille mal car pleins de gens se promènent avec des casquettes ou des tee-shirts. Mais à ce jeu-là, je pars perdante !

Et à la maison, pour fêter cette journée de l'alimentation, une tourte au chou et aux épinards.

L'après-midi est nettement moins folichonne.Mayeul apprend par l'évêque qu'il y a encore une nouvelle "nouvelle priorité" et bien sûr urgente. Mais avec les réunions qui s'enchaînent, pas le temps de bosser dessus. Cool, ça sera pour demain dimanche bien sûr…Moi je cours. La matinée ayant été festive, je n'ai pas pu assumer mon trou de "salubrité", alors je case ça en début d'après-midi, avant la finale du tournoi de scrabble.Remise des prix… je ne suis jamais très à l'aise, je sais qu'ils attendent toujours beaucoup plus que ce qu'ils reçoivent !C'est toujours difficile à évaluer : il y a des commentaires "on dirait un ouvrier de la mairie" à propos de casquettes jaunes reçues, mais d'un autre côté, ils les ont sur la tête et il y a une ambiance de rire.Je crois que la moquerie fait partie du jeu, et le gagnant avec son jeu de cartes, c'est quand même bien, non ? Enfin, je crois… !

Au menu de la fin de l'après-midi, réunion de l'"équipe apostolique" (bis) sur demande et en présence de Miguel. Ordre du jour, se répartir les différentes tâches. Ca nous prend le reste de la journée…

Dimanche 16 octobre : on rattrape le temps perdu

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Enfin, pas le matin, puisqu'il faut encore subir une messe unique trilingue avec fête de mouvements d'adultes qui en rajoutent sur les chants, les danses et les processions.Les annonces en trois langues de la semaine ne sont pas mal non plus, mais là, je ne critique pas, le Centre Culturel en a passé au moins 4 pour informer de la rentrée, de la présentation des activités du journal, de la pièce de théâtre, du recrutement d'un bibliothécaire…

Bonne surprise au retour, un colis nous attend, en provenance de Garches, avec un saucisson d'anniversaire. Elle est belle la vie !Et en apéro, comme à Paris, une planche de saucisson et de fromage de Dounia…Mayeul se met à bosser sur la nouvelle urgence depuis hier, la maison du médecin de Dono Manga. C'est pour demain. Ca limite un peu la créativité et l'inventivité.Objectif du jour pour moi, transmettre à Ngueto les documents pour qu'il aille en préfecture demain et que nous obtenions l'autorisation de fonctionner en association.Je lui tape une lettre de demande pour le Préfet, puis vais chez Lina pour avoir sa signature sur le PV.En attendant que le curé finisse de potasser les documents, je continue ma balade au quartier en allant chez Aaron et Emily, leur demander des précisions suite à l'entretien qu'ils ont eu avec le coach.C'est une bonne chose que j'aille les voir, le coach n'avait même pas dit qu'il travaillait avec moi et les américains se demandaient bien de quel terrain de basket il voulait parler.Les enfants, après coup, sont venus les voir pour leur dire qu'on leur avait demandé de payer 250F, mais que l'argent avait été bouffé, et maintenant, le coach qui vient demander de l'argent…Ouh la, ne pas trop entendre ce genre de choses qui découragent.Expliquer la réalité à Aaron et Emily, qui comprennent très bien la réalité, et le décalage entre les 250F de participation et le coût des ballons, de l'entraîneur, des réparations des panneaux…Le jour où tout le monde n'accusera pas l'autre de détournement de fonds mais regardera la réalité économique en face, ça ira mieux, et on arrêtera de décourager les bonnes volontés !Les 250F ont été bouffés. Et les ballons et un terrain en état, toute l'année, ça se paye avec quoi ? les 250F n'y suffisent pas, et de loin, alors…Ca pourrait être une bonne chose, mais pas dans l'urgence.En fait, les corps de la paix ne financent pas de projets, mais mettent en ligne sur internet des propositions d'aides, souvent relayées par les peace corps qui sont sur le terrain. Les donateurs choisissent le projet qu'ils veulent aider et envoient l'argent au Corps de la Paix. On pourrait effectivement monter un projet avec eux, mais pas en complément sur le terrain de basket, car ça, il faut pour l'assoc Ici Kélo, que ce soit fait avant la fin 2005.Pour eux deux, la rentrée au lycée a repris, mais avec peu d'élèves encore. Ils assurent comme l'année dernière l'anglais en 2nde et en 1ère.Retour à la maison et déjeuner hors normes pour un dimanche midi, puisque nous testons les plantains que Marie-Thérèse a données à Mayeul, et qui lui ont été rapportées du Cameroun.Après la sieste, Mayeul planche encore sur sa maison, et moi je me lance dans la bataille de récupération des statuts, règlement et PV signés.Je savais que ça m'occuperait tout mon dimanche… j'y retourne trois fois, mais je finis par tout avoir.Je complète avec les 12 500F a priori demandés (illégalement?) par la préfecture, et je pars au quartier Pagré remettre tout ça à Ngueto.Je pars même sous la pluie… une petite pluie fine sous un ciel noir, enfin la dernière ?Devant Echo d'Afrique, je vois Cali qui vend ses biscuits. Moins agréable, l'handicapé voleur et menteur qui nous doit encore du fric est là lui aussi.Dans sa concession, Ngueto est absent, mais je fais connaissance avec sa cousine Lise, récemment arrivée de Laï car affectée à Kélo, et accompagnée de son fiston au nom imprononçable… Elle transmettra le paquet.

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Et voilà, déjà le soir. Un bon coup de fil amical de France et une tranche de saucisson avec des plantains, et ça repart !

Lundi 17 octobre : fausse rentrée

Non, ce n'est pas possible de s'inscrire aujourd'hui. Les cartes sont à Laï et nous attendons la première occasion pour les faire venir.Oui, c'est bien ça, 500F cette année.Tout à fait, le sport et la bibliothèque sont séparés…J'aurais aimé un magnétophone ce matin, mais les jeunes n'y sont pour rien, l'annonce de la rentrée était faite pour aujourd'hui.Au moins, cela me permet de me rendre compte que pas mal de jeunes sont rentrés.

Autre occupation de la matinée : recevoir les candidats au poste de bibliothécaire. Les gens reçus sont bien différents mais presque tous avec un profil intéressant. Le choix ne sera pas évident.Et dernière occupation de la matinée pendant que Mayeul travaille sur Dono Manga avec Tossi, le directeur financier d'ETCGR : la récupération des biens partis dans la nature.Je commence par aller chez les bouchers derrière chez nous, ceux qui vendent la viande de porc grillée. C'est là que je trouve Chiconga et que je l'informe que ses cadets du foot ne respectent pas leurs engagements et ne rapportent pas le matériel.Les gens sont durs ici… Moi je disais "si ça continue, le partenariat va stopper". Et Chiconga de dire qu'il faut stopper de suite si ça ne fonctionne pas bien.Ensuite, c'est au collège, où je cherche le surveillant chargé de me pister mon voleur de livre qui était en 3ème l'année dernière. Mais le surveillant est rentré chez lui…Difficile de se faire à la souplesse des heures de travail !

En rentrant à la maison, je passe chez Lina, car j'ai reçu un coup de fil de son Basile à Ndjamena, qui voudrait lui donner ce soir un rendez-vous téléphonique…

Miam, tout pour se requinquer avec des champignons. Mais pas de sieste, car elle est interrompue avant d'avoir pu commencer par Mariam, de la troupe Kadja Kossi. J'avoue ne pas très bien comprendre pourquoi elle me fait déplacer puisqu'elle est motorisée, mais bon !Je les retrouve sur la route de Moundou où leur mini-bus loué fait une pause. Elle est accompagnée des comédiens de la tournée de "Tout bas si bas".Elle me remet le programme de la tournée et des affiches, toutes choses déjà eus par Antoinette qui les précède de 2 jours. Je n'ai pas bien saisi leur organisation !Bref, cela me permet de saluer BBJ et Déborah, et de récupérer de la part d'un autre membre la fiche de participation à la RENETAR.Ca, c'est vraiment chouette que ce festival des jeunes talents ait retenu mes comédiens.

En revanche, il va falloir qu'ils se bougent parce qu'une fois de plus, il n'y a personne alors que nous avions prévu de faire les ré-inscriptions de la troupe Etoile. A eux de voir !

Après-midi consacrée au journal Avenir. Les anciens membres font une présentation de leurs activités dans la cour.Une fois de plus, je suis étonnée par les questions, toujours négatives."les journalistes se servent du journal pour courtiser les filles" (j'imagine qu'interviewer une fille est forcément de la drague ?)"pourquoi ne traitez-vous pas tel sujet, cela ne vous intéresse pas ?" (ils n'ont sorti que 3 numéros…)"j'ai entendu parler de détournement de fonds"…J'avais oublié que plus tu t'exposes, plus tu es critiqué, mais à force, on se blinde et ça fait même rire, du moment que l'équipe de base est sur la même longueur d'onde.

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Au service construction, Mayeul se débat avec ses problèmes insurmontables. Les devis sur lesquels se sont basés les bailleurs de fonds pour les financements sont totalement erronés. Il se retrouve maintenant à devoir construire des bâtiments avec un budget d'environ 50% inférieur à ce qui se fait normalement.Alors non seulement c'est un exercice délicat, mais ça ne permet pas une fois de plus de penser un peu plus en profondeur à l'architecture avec un A.

Jean-Baptiste est parti tôt. Il a envoyé son petit Christian se faite soigner au village, à l'arrière du vélo de Séraphin. Ils devaient revenir samedi mais ne sont toujours pas là. Comme demain est le jour du marché de Bao, il y a beaucoup d'occasions et il va chercher quelqu'un qui pourrait aller se renseigner là-bas et faire en sorte que les deux frères reviennent.

Vraiment, les communications sont difficiles et il faut avoir la patience d'attendre les occasions qui se présentent.Pour mes cartes d'abonnement, j'avais appris que les gars du garage venaient ce soir, et je leur avais envoyé un message radio.Ils ont fait le nécessaire, mais le gars du service impression n'avait toujours pas fini son boulot !Pincez-moi ou je rêve, ici, perdre son calme ne résout strictement rien…

Mardi 18 octobre : où l'on reparle da la poule

Toujours pas d'occasion en vue pour me rapporter mes cartes d'abonnement, ça décourage de faire des plans bien au point, bien organisés pour être à l'heure. De toutes manières, il y aura des imprévus qui vont tout remettre en cause !

Bon, autant profiter de ce répit pour retourner à la recherche de mon élève de 3ème voleur de livre. Cela me donne l'occasion d'aller découvrir les bâtiments du collège qui se trouvent dans l'enceinte du lycée.Bain de foule… Tous les lycéens sont de retour et sont là, en train de discuter ou de se rendre en cours. Pour aller tout au fond vers les bâtiments réservés au collège, il faut traverser une esplanade sous tous les regards.Heureusement, comme d'habitude, je suis sauvée par la rencontre de gens connus, dont le proviseur et certains profs. Repérer des visages amicaux me rend plus naturelle.Voilà, le surveillant mène l'enquête, et j'apprends que mon zozo est exclu. Cela signifie qu'il ne reviendra pas au collège, ni au lycée, et qu'il y a de fortes chances que sa trace soit perdue à jamais. Le surveillant me promet de se renseigner auprès de ses anciens camarades de classe, mais j'ai peu d'espoir.Pendant ce temps, Mayeul est chez Mathieu pour organiser le démarrage de la phase 2 du chantier du collège. Tout sera fin prêt la semaine prochaine, les implantations sont prévues jeudi et Mathieu part à Ndjamena d'ici là pour régler ses affaires. Tous ses enfants sont maintenant à Kélo et inscrits à l'école. Il ne reste plus que Khadija, enceinte, et qui attends d'accoucher à Ndjamena avant de venir ici avec ses deux derniers.

Voilà Sam qui vient me trouver avec les devis qu'il a établi concernant la fabrication de bancs et armoire. J'en ai besoin pour intégrer cela à l'activité "projection de films" finançable par le PNLS.Mayeul m'avait prévenu, mais je réalise combien la construction et l'équipement sont chers par rapport au coût de la vie.20 000F le banc, soit 30 euros, cela n'a rien de faramineux, mais pour 35 bancs, cela fait un budget de 700 000F, soit près du tiers de l'enveloppe que pourrait le donner le Programme de Lutte contre Le Sida. Et ça ne fera peut-être pas très crédible de mettre tout ça dans des bancs…

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Mayeul retourne à ses quantitatifs et à ses budgets pendant que je reçois des candidats au poste de bibliothécaire.Quand je relis mes notes, je ne me souviens même plus des visages et de qui est qui. Ca craint, je ferais une très mauvaise DRH !

Visite aussi du petit Lokoye, qui nous rappelle que notre poule est toujours chez eux et qu'elle a maintenant 4 petits poussins. Oups, nous l'avions complètement oublié celle-là…Il voudrait que nous les récupérions car si ils s'échappent, ils seront mangés par les voisins !

Après la sieste, nous prenons donc la 504 et tentons d'aller vers le dispensaire Pagré au travers des dernières flaques qui restent malgré le soleil.Toute la famille est réunie et nous faisons connaissance de Félicien, le papa, absent pendant l'année car en formation pour 2 ans à Ndjamena. Amina est là, au repos après sa matinée de soins, et les fistons aussi, dont le grand Kévain qui revient pour recommencer sa terminale.Nos poussins sont tout mignons… mais comme ils ne peuvent pas partager notre abri avec la cane qui couve, nous convenons de laisser encore tout ce petit monde chez nos amis. Cette famille est décidément bien sympa.

Ruth nous attend devant la porte, une bassine énorme remplie de goyaves sur la tête. Elle patientait jusqu'à notre arrivée pour nous proposer sa marchandise. Domaine réservé à Jean-Baptiste… il faut attendre jusqu'à 16 heures pour avoir l'avis du chef.Bassine négociée à 700F, avec lui, ça ne rigole pas, et nous aurons des confitures pour quelques mois.

Après-midi phase 2 du CEGT et répétition de théâtre. La routine…Et on se prépare pour le voyage de demain, en essayant de préparer un mail avec des photos pour recommencer à donner de nos nouvelles après 3 mois de silence radio.

Mercredi 19 octobre : en route par nos propres moyens

C'est la première fois que nous ne prenons pas l'occasion du marché et que nous partons seuls.Enfin "seuls"… nous emmenons avec nous Elodie, qui va aller étudier la puériculture à Ndjamena pour le compte de la crèche Avenir, accompagnée de ses deux enfants et de la "gardienne", la petite fille qui les gardera. Mais nous sommes les conducteurs avec la voiture que les sœurs de Saint Cyrille ont bien voulu nous prêter. Parce que faire un trajet Kélo-Ndjam en 504, c'est un doux rêve…Nous voilà donc partis pour un voyage dans la 4x4 de Barbie. La route n'est pas si bonne, les enfants sont secoués mais ne disent rien. Elodie allaite dans les trous et les bosses.A Bongor, nous nous arrêtons pour voir Joseph. Nous prenons un verre avec lui tout en l'interviewant sur le matériel sono qu'il vient d'acheter pour son bar. Il a trouvé un bon rapport qualité-prix, mais au Cameroun. Je ne sais pas si je pourrais faire ça.Nous continuons sur Ndjamena en n'ayant qu'une crainte : les contrôles de la police qui paraît-il ont bien commencé. Nous sommes en règle, mais allez savoir.Mais tout se passe bien, nous déposons Elodie à l'entrée de la ville et continuons à Moursal sans problème.Les filles ne sont pas là, mais nous sommes accueillis à bras ouverts par Charles qui nous prépare même un déjeuner. Que demander de plus…Les filles arrivent au fur et à mesure, chacune nous donnant de ses nouvelles. La grande affaire en ce moment au Tchad, et dont bien sûr nous n'avons pas entendu parler, ce sont les conséquences du reportage diffusé sur Envoyé Spécial et réalisé par un journaliste tchadien sur les abus de certaines écoles coraniques qui exploitent complètement les jeunes et en font des délinquants.

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Suite au passage sur France 2, Idriss Déby qui était en France, avait été interviewé et avit minimiser le phénomène. La TV n'ayant pas pris de précaution, le journaliste a reçu plusieurs menaces de mort et a été évacué d'urgence en France. Mais sa femme et son fils sont toujours là…Après avoir profité de la connexion internet à domicile pour faire passer de nouveau quelques nouvelles, nous filons au marché.17h30, tout ferme à cause du ramadan. C'est vrai que l'heure de rompre le jeûne approche et qu'il faut se préparer. J'imagine bien qu'on n'a pas envie de perdre 1/4 d'heure après 18 heures. En revanche, les commerçants reviennent vers 20h30 et jusqu'à minuit. Dans quinze jours, à l'approche de la fête de fin du ramadan, ce sera jusqu'à 3 ou 4 heures du matin.Bref, nous faisons un tour rapide, surtout pour montrer les lieux à la copine de Julie venue en visite, mais repartons assez vite, surtout que l'ambiance est assez agressive. Fin de journée ou attente du repas ?

Le soir, c'est grande sortie culturelle de l'année (enfin pour nous…) : théâtre au Centre Culturel Français. Une pièce, "Affaires étrangères" qui a le soutien du théâtre Paris Villette et qui est en tournée en Afrique Centrale.Je sui bluffée par le caractère osé de la programmation… il s'agit d'une pièce jouée par des africains et des européens, résolument contemporaine dans tout ce qu'il peut y avoir d'expérimentations et de difficilement accessible.J'ai bien aimé les réactions logiques du public… quand un acteur commence un monologue sans lien avec ce qui a précédé, en parlant de "il", on entend dans le public "c'est qui il?", soit la question qu'on se pose mais qu'on n'ose pas poser !Globalement, je n'ai rien compris. Ca parle d'être étranger, des blancs et des noirs, mais de manière assez complexe. Le public a été attentif, mais j'aimerai avoir des commentaires.C'est curieux comme ce genre de spectacle, dont nous étions familier à Paris, me semble décalé ici (et tellement plus à Kélo !) où c'est le sens premier et le quotidien qui nous entourent.Mais c'est une bonne chose aussi de faire tourner ce genre de spectacles.

La petite bande poursuit dans Ndjamena sur le boulevard de Gaulle pour manger de la viande grillée chez Omo, avec un bon jus de banane. C'est la meilleure viande et la plus tendre que j'ai jamais mangé ici.Ouf, encore une journée trépidante à la capitale…

Jeudi 20 octobre : nos nouveaux visiteurs !

Pour une fois que nous sommes motorisés, nous ne sommes pas obligés de suivre Julie qui part travailler tôt le matin. Nous prenons donc tout notre temps pour petit déjeuner, puis partons avec l'amie de Julie. Ce n'est pas que nous avons un programme très touristique, mais ici, aller acheter une vis au marché est intéressant, en tous cas, différent de ce qu'on connaît.Première étape : de Gaulle et son magasin de photo car Wangbeye m'a demandé ce service. Le boulevard est très animé car c'était hier l'ouverture de Tigo, le deuxième opérateur de téléphonie et concurrent de Celtel. Concurrence sauvage, ils ont installé leurs bureaux juste en face de ceux de Celtel. Chacun de son côté de la rue, ils ont leurs vendeurs qui proposent les cartes SIM et les abonnements. Le mieux, ce sont les vendeurs avec le gilet rouge de Celtel qui vendent les cartes Tigo…Deuxième arrêt : le magasin Seter, recommandé par Marek et le CTAP. Je ne connaissais pas encore ce type de magasin ici. Nous sommes rentrés dans la boutique et avons demandé Mr Simon. Nous avons été conduit dans son bureau, sortant sur la rue, prenant le trottoir, rentrant par les "coulisses" techniques et atterrissant dans un bureau en mezzanine et climatisé. Finalement, c'est une autre personne, un belge, qui sera appelé pour répondre à ma demande.

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Je cherche à faire établir un devis pour équiper le centre culturel avec une bonne sono, et cette boutique s'approvisionne en France chez Philips.Je précise un peu ma commande et répond aux questions techniques. Paraît-il que tout le budget PNLS de l'année pourrait être englouti dans ce matériel… Si je ne suis pas pressée, le fret maritime est moins cher que l'aérien. Et surtout, il faut que je sache si je suis HT ou TTC, parce qu'il y a la TVA mais aussi toutes les taxes de douane, ce qui fait une différence de 30 à 40%…Troisième arrêt : le CTAP, où je pensais récupérer mon magnétoscope réparé. Après moultes péripéties et informations contradictoires, et après avoir passé beaucoup de temps, je repars bredouille : il manque une pièce. Cette histoire me dit quelque chose…

La suite du tour de Ndjamena consiste à laisser la voiture au centre d'accueil, à profiter de cette visite pour récupérer les clés de nos chambres pour ce soir. Nous avons eu de la chance de réserver il y a 10 jours car tout est sensé être complet à cause d'un séminaire. Mais comme nous avions réservé, elles vont essayer de nous trouver de la place.Après les traditionnels beignets aux haricots, le non moins traditionnel saut à la librairie, puis marché central, plus animé qu'hier.Nous faisons nos courses, du coton pour des chemises (à Kélo, on ne trouve que les pagnes), Tang et autres PQ moins chers ici, puis nous promenons pour montrer les différents endroits à Anne Hélène, dont le prêt à porter femme que Mayeul ne connaissait pas encore. Avec le ramadan, tout est plus cher.Il fait tellement chaud que nous rêvons d'un jus. Manque de chance, avec le ramadan toujours, le resto Oasis est fermé. Nous n'arriverons pas jusqu'au centre d'accueil sans boire un verre de jus d'oseille assez frais sur le bord de la route…

Du coup, nous rentrons desséchés et tard à Moursal. Sonia a déjà déjeuné et est presque prête à repartir travailler. Eglantine et Julie arrivent ensuite.C'est vrai que dans ces cas là, l'après-midi est bien raccourcie, avec la nuit qui tombe à 17h45 et les pannes d'électricité.Les filles partent chez Kouki et Zara, invitées pour rompre le jeûne. Mayeul me dépose au CCF, puis continue pour récupérer les photos et les clés des chambres de ce soir.Au CCF, concert de Goskad en plein air. Je rejoins Yann dans son bureau pour lui montrer les photos de la salle et de ma scène extérieure. C'est génial, il serait prêt à nous envoyer un spectacle de marionnettes, dont la tournée est financée par le CCF. Et on pourrait avoir un ou deux spectacles pendant la semaine de la francophonie. Cool…Arrivé depuis un mois, il est passionné par son boulot. Avant, il était administrateur de compagnie. En plus, il est question que Ndjamena soit le coordinateur des tournées en Afrique Centrale pour une année. Ce serait à eux d'organiser la tournée de spectacles comme celui d'hier par exemple.

Rentrés à la maison, message de Julie pour nous dire que nous sommes invités à bras ouverts chez Kouki, si nous avons le temps.Alors, changement de plans. Au lieu d'attendre ici l'heure d'aller à l'aéroport, nous irons là-bas.Nous sommes vraiment bien reçus par les trois générations de femmes : la grand-mère, Kouki la mère et Zara la fille.Sur le tapis et les nattes, de nombreux plats : aubergines frites, beignets de ramadan, boule de mil et sauce gombos, plus une salade de chou et du jus de citron.Les femmes, elles, mangeront plus tard : elles boivent trop d'eau à 18h pour avoir faim. Elles mangeront vers 21 ou 22 heures. Cette famille est décidément très chaleureuse, et à force, nous les connaissons bien maintenant.Elles se voilent pour sortir et aller prier à la mosquée du quartier, puis reviennent.

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Julie et Anne Hélène rentrent à Moursal pour se préparer (elles prennent l'occasion demain pour Kélo, première étape d'une virée à Goré). Avec Mayeul, nous restons là encore une bonne heure, bien installés sur les coussins.Puis nous prenons congé car l'heure de l'avion approche.

Aéroport avec un monde fou. Comme d'habitude, il faut attendre longuement que les passagers récupèrent leurs bagages en chassant toutes les bêtes. Nous retrouvons Aimée, de Bologo, venue récupérer Rita.Ca y est, les voilà, tout blancs et l'air un peu fatigué !L'arrivée n'est pas très sympa, puisqu'un porteur de l'aéroport a pris leurs bagages en main, que nous les récupérons dans le hall et qu'il veut se faire payer, alors qu'il l'est par l'aéroport…Bref, dehors c'est plus calme et nous pouvons nous retrouver après presque un an d'absence. Finalement, avec les lettres et le téléphone, c'est comme si nous nous étions vus hier.Le hic : tous les sacs ne tiennent pas dans la voiture… J'essaie de voir avec Aimée, mais elle aussi est pleine. Après plusieurs tentatives, nous trouverons une solution, mais pas pour Kélo. Comme Aimée aura un pick-up demain pour Bologo, nous lui laisserons des sacs.Nous voilà donc sur le chemin du centre d'accueil, mais avec une deuxième étape mois sympa : le contrôle de police au rond-point. Ils font descendre les passagers pour une fouille corporelle, a priori à la recherche d'armes. Comme je suis au volant, j'ai bon espoir, ils ne fouilleront pas une femme. Et nous passons sans perdre de temps.Au CAK, pas d'électricité, nous avons oublié de prendre une lampe, et impossible de remettre la main sur la torche de maman dans sa valise !Avec un beau clair de lune, ça passe…Nous discutons un peu au coin d'une lampe-tempête, mais avec les bestioles et la fatigue, nous ne tardons pas. Mine de rien, il est minuit, c'est bien tard pour nous… et pour les voyageurs, il faut se reposer du "choc" !

Vendredi 21 octobre : chemin des écoliers pour Kélo

Nous sommes réveillés par Maman qui a peur que nous rations l'heure du petit-déjeuner… mais qui a oublié qu'il y a une heure de décalage entre la France et le Tchad !Mais au CAK, c'est difficile de se reposer puisqu'il y a des arrivées toute la nuit, que les gens sont bruyants, que RFI est allumé à fond à 5h30 et que le clocher de l'église et le muezzin se font concurrence…Au réfectoire, le pain et la confiture sont bons, mais il faut être d'attaque pour discuter avec tout le monde. Nos deux visiteurs ont beaucoup de succès.Nous nous mettons tranquillement en route vers 8h30, après avoir laissé les valises trop grandes à Aimée.La crainte à nouveau est un OK de la police, mais là aussi, nous passons sans nous faire contrôler, y compris à la douane de Koundoul.C'est donc parti pour les 350 km de première découverte du Tchad, et même de l'Afrique.Nous, nous nous rendons un peu moins compte de ce qui peut paraître étonnant, mais c'est vrai que les cases, les routes en latérite, les femmes qui portent sur la tête, les pirogues, les animaux, le gombo qui sèche sur la route, etc… tout cela est un spectacle nouveau pour qui vient de France.

Pause obligatoire à Koundoul pour acheter du fromage tressé. En discutant avec le fromager, maman se rend compte qu'il connaît la France, puisqu'il y est parti avec un groupement des fromagers, qu'il est allé dans le Pas-de-Calais et qu'il a appris à faire du Maroilles !!A la fois pour se reposer et aussi pour saluer et présenter tout le petit monde de la mission, nous nous arrêtons à Bongor, et nous partons avec Vincent pour déjeuner dans un petit

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resto. La pub pour un jus de goyaves ou de bananes fonctionne à plein étant donnée la chaleur lourde.Toujours le problème de "carême"… le meilleur resto est fermé.Il y a toujours les marchands de viande grillée et nous nous installons dans l'un deux.Chèvre grillée, nachif, jus de goyaves ou d'ananas feront notre premier repas. Maman et Nicolas semblent plus souffrir de la chaleur que nous. Nous sommes peut-être habitués, mais surtout nous n'avons pas eu ce décalage de température.Vincent nous raconte quelques-unes de ses histoires ici, d'un apéro où il a été récemment invité, chez des baptistes, où la discussion a porté sur le fait de battre sa femme et surtout de comment bien la battre…Nous dévions sur la polygamie. Dans Amina, ils interviewaient une fille qui disait que c'était normal car le ratio homme/femme dans le monde était de 1/8… et le journal ne faisait aucun commentaire !Comment voulez-vous que nous progressions si des journalistes éduqués laissent passer des énormités pareilles ?

Deuxième pause à Baktchoro, "juste pour prendre un verre d'eau fraîche", parce que nous sommes dessechés. Bien sûr, comme d'habitude, le verre se transforme en beaucoup plus, et nous passons un bon temps avec l'équipe au complet de Baktchoro.Et dernier arrêt à St Cyrille, pour faire l'échange de voitures, leur rendre la leur et récupérer la nôtre. On sent la différence… j'avais oublié qu'il fallait appuyer comme un dingue sur les pédale et puis ce doux bruit du moteur.

Avec tout ça, nous arrivons à Kélo à 17 heures, nous avons mis presque aussi longtemps qu'une occasion du marché !Et Jean-Baptiste est là, saluant "la maman" et le grand frère, très chaleureusement.Déballer toutes les affaires a pris le reste de la soirée, entre les affaires pour le centre culturel, le centre social, la crèche Avenir, ou… nous. Avec les bonbons, saucissons, fromages, vin rouge, lettres et cadeaux d'anniversaire, nous sommes au comble du bonheur!

Tout le monde est bien claqué, mais c'est soirée DCC…Anne So arrive de Pala avec Barbara, la stagiaire; puis c'est au tour de Julie et Anne-Hélène qui arrivent en occasion du marché à 20h30.L'apéro avec gâteaux apéro français et pois de terre tchadien, puis avec saucisson et rhum-jus de citron est un régal pour DCC en manque.La soirée est bien animée, chacun raconte à nouveau à nos visiteurs ses impressions du Tchad. Globalement ce soir, tout le monde est pessimiste, mais défend bec et ongles les tchadiens et est heureux de cette expérience.Allez, il est tard après les fatigues de la journée. Nous installons tout le monde dans ses appartements, les filles en brochette sur la terrasse et sous moustiquaires…

Samedi 22 octobre : Touristic'tour

Les quatre filles partent aux aurores pour continuer leur WE sur Goré.Nous, nous prenons notre temps, il y a des vacanciers parmi nous… Et le petit-déjeuner dure d'autant plus qu'il est entrecoupé d'une tonne de visites. Si on veut manger tranquille, il faut avoir fini pour 7h30 maxi, sinon, c'est ça la conséquence.Mayeul doit se replonger dans ses dossiers, moi, je m'étais organisée pour être assez disponible.Nous partons donc à trois pour un premier tour de la ville. Nous voulions commencer par la brigade de surveillance du territoire pour enregistrer nos "immigrés", et répondre pour moi à l'enquête de moralité nécessaire pour avoir l'autorisation de fonctionnement de l'association, mais le samedi matin, c'est fermé.

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Même le marché est relativement calme. Il y a bien sûr le coin du bois et du charbon, des œufs, des vanneries et des nattes, du mil et des légumes, des produits de beauté et du lait, mais de nombreux coins sont vides.Maman et Nicolas découvrent tout cela… et sont présentés à beaucoup de monde. Nous tombons même à la fois sur Victorin et Jean-Baptiste, chacun en pleines courses.En fin de matinée, retour à la maison et visite du centre culturel qui est vide le samedi. Je récupère l'argent des inscriptions qui ont enfin pu commencer le jeudi après-midi. C'est finalement Lina Béatrice qui a eu le n°1, et pas tous ces gars qui voulaient que je le leur réserve… En un jour et demi, il y a déjà 60 inscriptions. Beaucoup de garçons, et quelques filles que je reconnais dans la rue à leur bijou offert en cadeau pour l'abonnement !Visite ensuite de Cali et d'issibey, de retour de Bologo pour quelques jours. Ils viennent chercher la suite de leur salaire, les bics pour l'école.

Première sieste kéloise. On absorbe tellement d'images, de différences et de degrés qu'il faut bien se reposer. Emerger est un peu dur aujourd'hui…Mayeul continue à préparer un dossier d'électrification pour l'hôpital de Dono Manga.Le trio restant part à la découverte du quartier Pagré, en passant par le centre, avec ce coup-ci des jeunes. Je crois que la visite de la famille fait plaisir à notre entourage, en particulier 'la maman' qui a beaucoup de succès !Monique est absente, rentrée de Ndjamena mais repartie pour Moundou, toujours pour les actions de son groupement en direction des orphelins.Nous sommes accueillis par Liliane et discutons avec elle, puis jouons avec son bébé Amstrong, qui a deux billes a la place des yeux pour nous regarder…Finalement, Monique arrive, toute pimpante. Nous restons donc un bon moment avec elle à faire connaissance puis à l'écouter parler de son travail. J'avais oublié qu'elle était spécialement sensible à la situation des orphelins, car elle-même orpheline à 13 ans, et ayant perdu son premier mari à 17 ans avec une fille d'un an, Liliane.Tout ce qu'elle fait est impressionnant, dont une bonne partie la nuit, à la lampe à pétrole. Rendez-vous est pris pour jeudi et vendredi matin à la crèche, pour inaugurer les jeux offerts par la ludothèque de Garches.Retour à la maison en saluant les personnes connues de Pagré. Les présentations durent et le chemin du retour est plus long que d'habitude !Nous finissons par le presbytère, pour ne pas refaire la même erreur qu'avec Anne Laure et Marie cet été, que nous n'avions pas pris le temps de présenter…Là, c'est indispensable !L'équipes ets là au complet, Henri, Pierre et Pascal.Nicolas est vite embauché pour demain matin, et pour beaucoup plus si je n'avais pas arrêté Henri…Nicolas était partant, mais quand il a appris que c'était à 6h du matin…Douche, dîner et au lit, personne ne demande son reste. Il a fait encore bien chaud aujourd'hui, et pas mal de fatigue dans les jambes…

Dimanche 23 octobre : touristic'tour, le retour

Messe unique, chouette, le trilinguisme va encore nous bouffer la matinée.Effectivement, ça dure. Maman et Nicolas sont présentés à l'assemblée, et un murmure d'approbation se fait entendre. C'est normal, chacun aime savoir qui sont les étrangers, et encore une fois, la maman a du succès.A la fin de la messe, nous sommes assaillis de mains tendues qui viennent souhaiter la bienvenue et saluer, c'est vraiment chaleureux.Jean-Baptiste s'est proposé pour une deuxième visite du marché avec Nicolas et Maman ce matin. C'est vrai que c'est le jour du grand marché, que nous n'avons pas vu tous les coins hier, et que lui, contrairement à moi, saura répondre à toutes les questions !!Mayeul reste avec Tap venu lui rendre visite, et ils commencent à parler de la formation en mécanique au CTAP de Ndjamena.

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Nous en avons parlé avec Marek, nous en avons discuté entre nous, et au lieu d'aider Tap ponctuellement par des coups de main ou des petits boulots, on va lui payer une formation de mécanicien. Mathieu peut le pistonner pour son stage préalable dans un garage et nous revenons de Ndjam avec les modalités d'inscription.Nous avons de la chance que cette formation commence en juin, car ils fonctionnent par cycle. En ce moment, c'est électricien, mais là, il faut au moins le niveau 3ème.Et de mon côté, c'est l'assemblée des jeunes, à laquelle je ne peux pas trop échapper. Tous les mouvements de jeunes sont représentés, y compris la troupe Etoile et le journal Avenir, et de manière moins logique le Centre culturel en tant que tel.Ce matin, c'est la présentation des évaluations et programmations de chacun des mouvements. J'essaye de parler doucement, mais le naturel revient, et au final, je ne suis pas sûre que tous m'aient comprise. Je n'ai jamais de questions à la fin de mes exposés…En revanche, tous sont très inspirés par le journal avenir, avec des "il n'y a qu'à" ou des "il faut que" qui sont hors sujet et qui m'énervent un peu…

Je laisse les jeunes pendant la pause déjeuner pour retrouver ma famille, quand même !Mais pas de sieste pour aujourd'hui, c'est la reprise des activités.Programmation des activités du Comité des Jeunes. J'ai la surprise d'entendre que le championnat de basket est revendiqué comme une activité. Je n'avais pas pourtant pas remarqué qu'ils avaient travaillé là-dessus et n'ai pas vu grand-monde aux réunions…Ca m'énerve cette récupération !Bref, le ton monte un peu avec Anne Marie, ce qui me vaudra un boycott pour les élections qui suivent…Le bureau est élu. Personne n'est candidat, les noms sont proposés puis un est élu, sans parfois le consentement du candidat ou de l'élu, c'est formidable, ça marchera bien.Et au moment du vote des conseillers, deux noms fusent dans la salle : sœur Anne-Marie et Madame Odile. AM est inscrite, puis elle prend la parole pour dire qu'il faut un adulte en plus que le curé nommera. Et on passe au point suivant.Bien joué AM. C'est fou comme cette fillette capricieuse est rancunière.A la limite, ça m'arrange, ça me permettra de ne pas être présente aux activités du comité qui ne m'intéressent pas. Mais franchement, quelle sale sœur !

Je finis par une mini-réunion avec les 2 représentants de la troupe Etoile, pour mettre au point leur rentrée.Tous les 4, nous nous retrouvons ensemble à la maison. Mayeul a emmené Maman et Nicolas chez Emile. Ils ont presque pu y aller jusqu'au bout en voiture, mais le petit chemin entre les hautes herbes a beaucoup impressionné nos parisiens…Emile a été très très accueillant, très touché de la visite. Il leur a fait une visite de ses champs et de ses bêtes. Il a à nouveau eu des vols d'animaux et en parle une fois de plus avec des larmes qui lui viennent aux yeux.C'est vraiment un comble que des gens s'en prennent à lui…Ce n'est pas par voyeurisme, mais je trouve ça bon que tous voient dans quelles conditions un homme peut vivre encore aujourd'hui. Emile, son boulot au quotidien, c'est la survie alimentaire… et ça prend plus qu'un plein temps !

Visite de Wangbeye le soir, qui vient récupérer ses photos. Je suis vraiment gênée, car c'est beaucoup plus cher que ce qu'il m'avait annoncé. Il va essayer de les revendre plus cher.Il vient m'annoncer qu'il est encore en deuil. Marie a à nouveau accouché prématurément à 6 mois jeudi soir. Elle avait déjà perdu un bébé en janvier au même moment.Jeudi soir, elle a eu des contractions et s'est rendue au centre de santé Pagré. Un petit garçons est né, tout petit. Mais il y avait une fille ensuite… il n'y a que le bras qui est sorti, après, elle était mal positionnée.

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Du coup, Marie a été transféré à l'hôpital central. Transférée, cela veut dire qu'ils ont loué un porte-tout et qu'elle a été mise dans cette charrette… Ce sont vraiment des conditions atroces.La petite fille est morte née et le garçon n'a pas vécu 24 heures.Comme ils n'ont toujours pas d'enfants, l'inquiétude est là. Marie a peut-être trop travaillé aux champs. C'est vrai que toutes les femmes ici travaillent jusqu'au jour J, mais pour celles qui ont des soucis à garder leurs bébés, c'est sûrement plus risqué.La vie est difficile pour certains sur terre quand même…

Bref, en différents groupes, la journée a été remplie de découvertes, sur les différentes façettes de l'homme…

Lundi 24 octobre : après la ville, la brousse

Nous accompagnons tous Mayeul dans sa virée à Laï et Dono Manga, histoire de voir du pays.Mais avant de partir, nous allons à la brigade de surveillance du territoire. Nous y retrouvons Christophe, le SG de l'association du centre, venu aussi pour l'enquête de moralité.Les fonctionnaires sont en retard. 7h, personne, juste la secrétaire de la préfecture que je connais depuis la Senafet.Arrivée à 7h45…Maman et Nicolas sont inscrits dans le registre. Nous avons compris le coup avec Anne-Laure et réclamons le coup de tampon. "Ah bon? Parce que certaines personnes refusent qu'on surcharge leur passeport"…Puis l'enquête de moralité commence, avec Christophe en premier, heureusement, ça me permet de réviser.En quelle année le CP? Le concours d'entrée en 6ème ? après? Dans quel établissement ? est-ce que c'était une école officielle ? sport préféré au CEG ? quelle hauteur vous sautiez ? …Les trois questions auxquelles je m'attendais vu l'intitulé de l'enquête étaient de savoir si on appartient à un parti politique ou à un syndicat, si on a eu des soucis judiciaires.Christophe a du faire l'inventaire de ses biens, de son salaire, de ses champs, donner le loyer de la chambre qu'il loue.Moi je suis passée avec un autre gars arrivé plus tard, plus sympa.J'ai eu du mal à donner ma coutume (mon ethnie…). Il a inscrit sur la feuille : "la précitée est de nationalité française, de coutume française"…Toute ma scolarité a été notée, ma venue ici aussi. Quand j'ai déclaré mes 144000 Fcfa d'indemnités, il m'a demandé si c'était vraiment tout ou si je recevais autre chose…Et il n'a pas voulu me croire quand j'ai dit que je ne possédais rien, aucun bien immobilier.Il avait l'air très étonné. Si seulement il pouvait faire circuler l'information que nous ne croulons pas sous les millions et que nous ne sommes pas ici pour nous faire construire des villas en Europe…Christophe par exemple gagne plus que moi, et c'est normal.

Bon, tout ça nous a mis bien en retard… et nous ne prenons la route de Laï qu'à 9 heures bien sonnées, avec à l'arrière, en plus de Nicolas, Elysée le soudeur, un entrepreneur spécialiste en solaire et hydraulique, et des passager pour Laï.La route est pratiquement sèche, il ne reste plus que 2 ou 3 flaques. Mais qu'est ce qu'elle a souffert… Quand on voit les trous et les bosses, les ornières et les gouffres, et qu'on se rappelle que la latérite a été raclée en avril…Il faut maintenant près de 2 heures pour faire les 58 km et arriver au bord du fleuve. Le bac de Tchoua est dans un état lamentable, et nous n'arrivons pas à rester zen quand il faut payer pour ça et pour un bac de Laï en panne, quand ils ne sont même pas foutus de réparer avec des planches et qu'en plus il faut transporter leurs cousins ou autres jusqu'à Béré…

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Comme le bac de Laï est définitivement en panne, tout s'est organisé autour des pirogues, et on se fait un peu sauter dessus quand on se gare.Nous nous retrouvons tous dans une grande pirogue peu stable, qui verse un peu de chaque côté. Il est près de midi, et nous fondons pendant les 3/4 d'heure que dure la traversée…Mais le paysage est quand même très beau !Nous arrivons à l'évêché pile pour le déjeuner. Il y a un monde fou car le BELACD (l'équivalent secours catholique) du diocèse est en pleine inspection par une équipe du Minstère du Plan.Il était convenu que 6 personnes viennent pendant 14 jours, à charge du diocèse avec 15 000F par personne de per diem… Comme une mission d'inspection, c'est comme une tomate du marché, ça se négocie, et ils ne restent que 6 jours !! Mais ces per diem, c'est vraiment de l'abus.Il y a aussi des gens du centre handicapé de Moundou qui viennent pour des consultations de ce côté du fleuve. Ils partent à Dono Manga demain, qui est décidément une destination très courue…

Après le déjeuner, nous filons après avoir laissé notre ordinateur à Jérôme pour qu'il nous réinstalle Outlook. Nous avons 110 messages sur Yahoo…Nous partons pour Guidari avec le pick-up du garage, conduit par Olivier.Nous sommes secoués comme des pruniers, et en plus, nous ne prenons pas la route directe qui comporte encore 3 passages insurmontables, ou en tous cas, qui nécessitent une voiture avec plus de pêche que celle-ci.2h30 de tape-cul, nous avons le postérieur en compote à l'arrivée le soir. Nous sommes comme d'habitude royalement reçus par des sœurs aux petits soins, ravies de l'arrivée de Nicolas, vite embauché.Elles nous requinquent avec les haricots du jardin, une soupe de melon et une tarte à la goyave. Et après le dîner, infos sur TV5. Ca faisait longtemps que nous n'avions pas vu le Sarko-show et la première fois que nous voyions Villepin en action.Mine de rien, nous sommes un peu décalés…

Mardi 25 octobre : de la piste et encore de la piste

Après avoir descendu le pain fait maison des sœurs, nous prenons tôt la route pour Dono Manga. Il faut quand même que Mayeul ait suffisamment de temps là-bas pour travailler.Ce tronçon de route a été bien endommagé avec les pluies et le passage des gros porteurs, mais est malgré tout assez "confortable".Nous descendons à la mission, et Mayeul part sur les chantiers. Avec son palu, ça fait un mois qu'il n'est pas venu, alors il y a du boulot en quantité. Il est un peu dégoûté car il découvre que des choses ont été faites sans son accord, n'importe comment, n'importe àù et de mauvaise qualité.

Du côté de nous autres les touristes… nous sommes pris en charge par Armando qui nous conduit au village à ma demande.Sauf que je n'avais pas imaginé qu'il s'agirait de faire encore beaucoup de kilomètres… et qu'en plus, comme beaucoup sont aux champs pour les récoltes, les villages appartiennent aux enfants.Les chemins sont minuscules et la voiture fauche les herbes sur son passage… A la première halte, nous descendons, attendons que des gens viennent intrigués par le bruit du moteur, demandons quelqu'un qu'on envoie chercher, mais qui est absent. Nous repartons…Deuxième halte dans un autre village, chez le chef. Armando demande poulet et tomates. Comme le chef bouffe les gens, il faut bouffer le chef. Nicolas découvre et critique…Nous sommes vraiment dans un village paumé. Les femmes sont seins nus, et se promènent parfois sur des ânes.Nous sommes bien loin de la mondialisation !

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Bon, tout ça est toujours instructif, le comportement de chacun, les paysages, la manière d'être accueillis. C'est vrai que les règles de l'accueil ne sont pas les mêmes que chez nous et que cela peut surprendre, comme par exemple le fait d'être assis devant, que tout le monde se mette derrière et que personne ne te parle.

Retour à Dono Manga qui nous paraît alors le summum de la civilisation…Mayeul revient de l'hôpital et enchaîne sur le chantier de l'école, accompagné par Maman et moi.Nous le laissons en réunion et en visite avec l'entrepreneur et les ouvriers, et bientôt, nous sommes happés par une grappe d'enfants, car c'est pile la sortie des classes. Nous serrons la main à toute cette ribambelle qui nous regarde. Les petits sont étonnés par les herbes ramassées par Maman pour son atelier collage de Kélo, puis chacun se met à lui ramasser des herbes et à lui remettre !C'est difficile parfois de se rendre compte du contexte d'ici, qui sort de nos habitudes. Maman leur lance un "papa et maman doivent vous attendre pour manger" qui ne doit pas être très proche de la réalité. Les petits nous accompagnent sur le chemin du retour, nous montrant leur cahier où ils viennent de dessiner une marmite sur le feu ou de faire une addition.

Ouf, quelle chaleur !Tout le monde se retrouve pour le déjeuner, puis nous allons chez Martha, la mexicaine, pour le café. Les gens de la mission handicapés sont déjà au boulot. La foule commence à s'allonger devant le centre de santé. Les vieilles personnes aussi viennent au cas où…Nous sommes bien sûr en retard et ne prenons la route que vers 14h30.Nous faisons une brève halte sur le chantier de l'hôpital pour que Mayeul montre un peu les travaux, puis nous reprenons la route.C'est moins confortable…D'une part nos fesses ont encore en mémoire les trous d'hier, nos mains ont des ampoules à force de s'accrocher quelque part pour se rattraper, et l'arrière du pick-up est bourré de cornières, tôles et autres planches. On s'asseoit comme on peut, et en plus, on réupère deux personnes en route, dont une à Guidari : un aveugle qui squatte chez un parent depuis 45 jours… le parent cherchait désespérément une occasion pour le renvoyer chez lui !A Guidari, nous récupérons des haricots verts, des citrons de la maison, et un cadeau de la sœur Irye pour le voyage, des bonbons japonais à la "plune" (prune en franco-japonais…).Il reste le pire du trajet, et ça n'en finit plus. Olivier n'allait pas assez vite entre les trous, Mayeul lui a demandé d'accélérer. Alors, maintenant, à l'arrière, nous sommes une bande de crêpes.Mais c'est long, nous bouffons des insectes qui viennent s'écraser sur le visage… et nous arrivons de nuit, après 4h de route secouante. Tout le monde est ravi de voir les panneaux "bienvenue à Laï".Colette nous installe au centre d'accueil, Mayeul raccompagne en ville ceux qui y dorment, puis une bonne douche est au programme.

Nous ne sommes pas bien frais, mais en mesure d'aller manger avec Ambroise, Féli et Jérôme. Ils nous ont réservé des poulets dans le bar de Delphine, la tante de Féli.Et nous sommes bien là, avec une lampe à pétrole, sous un beau ciel étoilé…

La nuit sera moins bonne. Nous nous rendrons compte dans la nuit qu'il y a des piquets pour installer la moustiquaire, cachés dans un placard… et puis avec ces lits à lattes espacées de 50 cm…

Mercredi 26 octobre : à la maison

La mission d'inspection du BELACD, hébergée au centre d'accueil, a décidé que tout le monde serait réveillé par son bruit à 6 heures…

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Après le petit-déjeuner, Mayeul va enchaîner réunion sur réunion, dans toutes les configurations possibles : avec l'évêque seul, évêque et entrepreneurs, procureur…Il y a beaucoup de nouveaux projets pour Kélo, en particulier dans le cadre de la lutte contre le sida. Le seul problème, c'est qu'avec les projets en cours, Mayeul est déjà pris à plus que 100%…Avec Nicolas et Maman, nous allons à la radio où je dépose une pub pour la pièce de théârte de demain, et où Jean se fait un devoir et un plaisir de leur faire visiter les locaux, qui impressionnent toujours autant.Nous poursuivons à la procure pour changer les euros et autres transferts de compte.Nicolas et Maman sont ensuite "pris en charge" par les sœurs du foyer qui les emmènent visiter leur territoire pendant que je m'acharne sur internet pour envoyer des mails à des bailleurs de fonds…En fin de matinée, ballade à trois sur les bords du Logone, au milieu des piroguiers, des blanchisseuses, des enfants qui se lavent. Un fleuve, c'est toute une animation paisible…Finalement, comme Mayeul a besoin de plus de temps que prévu, nous mangeons au centre d'accueil. Ca nous évite de traverser en pirogue sous le cagnard et le ventre vide. Accessoirement, ça me permet de parler à l'évêque autrement qu'entre deux portes et de reparler de la réunion du réseau des centres culturels que j'ai prévue pour le 18 novembre.

Finalement, nous partons vers 14h30. La traversée du fleuve dans ce sens est de 20 minutes. Elysée le soudeur a passé la matinée dans des aller et retours en pirogue pour faire traverser tout son matériel : groupe électrogène, câbles, poutrelles métalliques, etc.Et nous partons chargés comme des mulets transgéniques… il y a même une moto à l'arrière du pick-up, et Maldou, l'entrepreneur es solaire, voyage assis à califourchon dessus !Maman et Nicolas sont à l'avant, moi je m'installe à l'arrière avec les gars, assise sur la cabine. L'ambiance derrière est extra. Les 3 gars parlent en français, et Maldou est bavard. Il est originaire d'un village près de Guidari et est donc maintenant entrepreneur à Ndjamena. Il veut préparer sa retraite pour aller au village faire de grandes choses. Il soutient déjà l'école communautaire à 80%… 2 classes par niveau, 50 ou 60 élèves par classe, avec des hangars et des livres.Ils me font marrer avec leurs commentaires sur les autres voitures, entre celles en panne ou celles dont les chauffeurs conduisent comme des tarés.Tout va bien, nous passons la grande flaque à la sortie de Béré, mais quelques centaines de mètres après, c'est la panne, et ce n'est pas juste à cause de l'eau.Mr Maldou entre en action et nous montre l'étendue de ses connaissances. On ne s'attend pas à ça de la part d'un chef d'entreprise en costume et chaussures en cuir. C'est oublier que les tchadiens sont polyvalents !Les mains dans le moteur, il tente la réparation sans outil. Mais ça n'avance pas beaucoup et Mayeul part à pied chez les sœurs de Béré pour chercher une voiture.Mais au bout d'un bon moment sous le soleil, Maldou y arrive, et nous faisons 1/2 tour pour chercher Mayeul.Il faut donc repasser la grosse flaque, et ce coup-ci, c'est moi au volant. Maldou, encore lui, descend, jauge la situation, puis m'indique la voie à prendre. Je dérape à fond, mais ça passe, et nous récupérons Mayeul, qui avait presque atteint son but…Flaque, troisième !On passe en arrosant, mais on recale. Mais là, c'est juste à cause de l'eau. Nous sommes coincés à la sortie de la flaque et nous gênons les véhicules suivants. L'occasion du marché bourrée à craquer s'arrête pour nous aider, et ses chauffeurs commencent à triturer le moteur. Mayeul a un mal fou à les arrêter, sûr de lui. Il faut juste attendre que ça sèche.Et nous repartons…Sans problème jusqu'au bac de Tchoua, qui tombe de plus en plus en morceaux. Nous sommes 3 voitures et les gars ont du mal à le tirer.Nous retrouvons l'abbé Henri qui rentre à Kélo avec des ordinateurs. C'est Maman Monique qui porte l'unité centrale sur sa tête…

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Fin du voyage de nuit. Je profite de l'arrière du pick-up pour faire une réunion de travail avec Maldou et estimer le coût de l'installation de panneaux solaires au centre culturel; puis je prends le volant, car Mayeul n'a toujours pas ses lunettes, mais uniquement ses lunettes de soleil. Et de nuit…

Jean-Baptiste est à la maison, nous attendant depuis 13 heures…Je me préoccupe des comédiens de Kadja Kossi, qui doivent jouer au centre demain et arriver ce soir, mais pas de nouvelles d'eux.Il faut que je les appelle moi-même pour savoir. Vu le bruit de fonc, ils sont en route, mais impossible de comprendre ce qu'ils disent. Tant pis pour eux, nous, on dort… Le gardien du centre d'accueil est prévenu au cas où.

Jeudi 27 octobre : jonglage

Aujourd'hui, il faut vraiment que nous jonglions entre toutes les tâches. Régler les affaires urgentes mais garder du temps pour nos visiteurs…Visite de Marek qui nous apporte des colis de Ndjamena : deux colis "humanitaires" remplis de bonnes choses. En ce moment, c'est Byzance chez nous !Mayeul passe sa matinée entre ses visites professionnelles, le garage et Bernard pour essayer une fois de plus de redonner vie à la 504 (plus de freins… l'intérieur de la jante a été attaquée par la plaquette des freins sortie de son emplacement…).De mon côté, j'avais oublié que le jeudi matin était le jour de Mississipi qui ne vient plus depuis qu'il a un nouveau job. Je cours donc installer Maman et Nicolas à la crèche, leur présenter les puéricultrices.C'est un peu le bazar car elles sont en pleine inscription, y compris des orphelins. Mais bon, nos deux français pourront jouer avec petits et plus grands au ballon ou avec la canne à pêche et les jouets à lacer.Comme ça, je peux faire la permanence : les jeunes reviennent, 75 par jour, et s'inscrivent. J'essaie d'être stricte pour faire appliquer les nouvelles règles, en particulier le fait de présenter sa carte à l'entrée.Je ne sais pas si c'est parce que cela revient à ma deuxième "rentrée" ou si c'est le début des activités qui me "dynamise", mais je suis bien contente d'être là et moins speed qu'en fin d'année dernière…Ensuite je file au lycée prévenir le premier censeur de la défection des comédiens de Kadja Kossi. BBJ au téléphone m'a annoncé qu'ils étaient à Sahr, coincés par un problème de voiture. Les spectacles du centre et du lycée sont donc décalés de 24 heures.Coups de fils pour venir aux nouvelles : nous n'avons toujours pas l'autorisation de fonctionner de l'association car Mississipi n'est pas allé faire son enquête de moralité. Zut !

Dur, dur, de faire une sieste aujourd'hui entre les loustics du pré-séminaire qui étaient en pleine forme, le petit gamin habituel qui vient demander à manger en tapant sur le portail avec une barre en fer, la chauve-souris coincée dans la maison depuis hier soir et qui fait tomber des affaires en se cognant dedans…

Cours de dessin pour Mayeul, séance écriture pour les voyageurs, saut au centre pour moi car j'ai rendez-vous avec Kévain le relieur. Les jeunes affluent de plus en plus nombreux, mais Bernard gère. Je reçois un nouveau candidat au poste de bibliothécaire, je ne sais vraiment plus comment choisir.Ensuite, avec Maman et Nicolas, nous partons à pied vers le parc de stationnement. Nous sommes invités à dîner par Patricia et Arlette. Le chemin est un peu long, mais c'est en fin d'après-midi, et cela nous fait passer par des quartiers que nous n'avons pas encore montrés à nos visiteurs. Cela leur donne l'occasion d'entendre le fameux "Nazara calqué amina saleté"…Pendant ce temps, Mayeul est donc en cours de dessin avec les 6ème 1, les plus vifs. Ca y est, la glace est brisée et Mr le prof n'intimide plus grand monde. Dés que les enfants

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entendent de sa bouche "Alors…", tous lèvent la main dans l'espoir de passer au tableau, sans attendre la fin de la phrase. Première leçon sur la perspective. Les enfants sont fans de ce cours où on sort de la classe pour monter à l'étage voir la ligne d'horizon et où compare les arbres qui sont loin avec les arbres qui sont près…La classe a la visite d'un groupe, dont un français, qui vient de se découvrir sourcier. Il explique à Mayeul que tel alignement de tel type d'arbres signifie qu'il y a une nappe phréatique en dessous.Lui se promène avec deux tiges métalliques qui pointe vers le sol quand il y a de l'eau. Il paraît que certains tiennent une tige sur laquelle est soudée perpendiculairement une autre tige sui se met à tourner quand il y a de l'eau. En fonction de la vitesse du tour, on peut dire à quelle profondeur est l'eau…

Nous passons à Saint-Cyrille une excellente soirée, à savourer des croquettes de bananes plantain et poisson préparés par Arlette la congolaise.

Retour mouvementé à la maison. Toujours pas de nouvelles des comédiens qui avaient promis de me tenir informée, et plus de téléphone portable en vue.Je file au presbytère utiliser un autre appareil pour faire sonner le nôtre, qui se révèle être sous le siège de la voiture…Bon, appeler les comédiens, qui n'ont même pas laissé un seul message, c'est à tomber par terre.Et j'apprends qu'ils ont encore des problèmes, ne seront toujours pas là demain, et voudraient jouer le spectacle samedi soir. Il va falloir décaler l'invitation de Monique, j'en ai un peu assez. Ils auraient pu me prévenir quand même.Pour des professionnels, ça laisse à désirer, mais bon !

Vendredi 28 octobre : invités chez Jean-Baptiste

Pas de Jean-Baptiste ce matin qui prépare chez lui notre venue tout à l'heure.Mayeul et moi papillonnons à droite à gauche entre tous les trucs à faire… les réparations des fauteuils et l'ardoisine à mettre sur mes tableaux, que nous demandons à Tap de faire, en échange de son loyer ; la voiture à réparer, les inscriptions du centre, Maman à la crèche avec les petits, avec les comptines et les danses, Nicolas à la poste, etc…Je passe à la BST pour donner une enveloppe pour avoir mon autorisation de fonctionner. Le montant a été négocié entre le curé et le commissaire… 50% de réduction, soit 15000F.Je passe voir le secrétaire particulier du préfet pour essayer d'avoir mon papier avant de partir à Ndjamena. Ah, l'administration…Nicolas a la poste apprend que le guichetier n'a plus beaucoup de timbres et n'est pas habilité à aller en chercher dans le bureau du receveur. Il n'est pas non plus habilité à donner les colis… en revanche, il est habilité à faire sa lessive dans la cour arrière !Au retour, nous croisons Baba Etienne, qui se lance dans une grande conversation avec son "frère Nicolas". Dommage que nous n'ayons plus le temps de passer chez lui.Et pour finir la matinée, passage au centre social avec Maman pour donner les biberons récupérés en France. "La maman" est présentée à toute l'équipe, ravie de voir Kélo transformé en centre touristique…

Déjeuner chez Jean-Baptiste. Toute la famille s'est mise sur son 31 pour nous accueillir et au grand complet. La table est mise dans la nouvelle maison, les arachides et les photos souvenirs sont préparées. On passe un bout de temps à les regarder, avec les commentaires de JB. Quand ça arrive à mon niveau, c'est Séraphin qui me refait les explications.Juliette est de très bonne humeur, et nous regrettons une fois de plus le problème de la langue. Les filles ont leur belle robe, le petit Sébastien tient sur ses deux jambes.

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Jean-Baptiste est en grande forme, donne une leçon de boules aux deux nouveaux. C'est tellement chaud que ce n'est pas facile de prendre un gros bout à pleine main et de le malaxer. D'autant qu'il faut malaxer, mais pas trop, qu'il reste des aspérités pour que la sauce adhère…Boule de maïs et sauce cabri pour la découverte des plats tchadiens. Séraphin et Juliette mangent avec nous, les petits sont dehors. Après le repas, Séraphin est prié de laisser les grands à leur causerie !Surprise de Juliette, elle nous sert du Baron de Madrid… même Jean-Baptiste ne s'attendait pas à ça et nous dégustons en commun "le meilleur moût d'Espagne" !Après la rigolade, les histoires de JB, ce sont les photos souvenirs, pour augmenter la collection de l'album.Il faut que nous quittions la famille car Mayeul a cours de dessin à 15 heures. Nous allons tous au collège en voiture pour montrer le bâtiment à Maman et Nicolas. En chemin, nous faisons le ramassage scolaire des écoliers sur la route de leur collège. La classe, de monter avec le prof…Visite des classes, puis nous laissons Mayeul puisque Jacques Madingar, le préfet des études a donné le coup de sifflet de reprise des cours.

Cet après-midi, Maman est au centre culturel pour faire de la peinture, du dessin ou du collage sur des cartes. Elle a 9 jeunes et ça marche bien.Nicolas reste tranquille, puis discute avec Patricia venue nous visiter sur la position de l'Eglise en Afrique. Ils ont tous deux les mêmes angoisses et les mêmes questions, quand on voit des vocations motivées par le statut social, la voiture, ou la nourriture garantie…Moi je profite de l'ordinateur pour préparer les photos de notre blog… pas très sérieux tout ça!Tap, quant à lui, bosse sur nos fauteuils de jardin pour les passer au papier de verre.Les comédiens sont toujours à Sahr. Leur voiture est en panne, le garagiste ne veut pas bosser car il est en carême ! Peut-être que la représentation théâtrale sera pour demain ?

Mayeul rentre tard, il a été happé par Benjamin, un fournisseur, et devant une sucrerie, ils discutent de tous les préjugés qu'il a sur la France : que les sénagalais sont mieux reçus, que les autres sont des esclaves, qu'il n'y a plus de sida en France, que nous avons des vaccins contre le Sida et le palu, que les capotes africaines sont de moins bonne qualité, que les pilules africaines rendent les femmes stériles, etc, etc…

Après, on continue la fête : rhum et jus de citron maison, gâteaux apéro de France.

Samedi 29 octobre : on enchaîne, on enchaîne

On improvise le programme en fonction de ces messieurs dames de la Compagnie Kadja Kossi, qui communique toujours aussi mal malgré les promesses qu'ils me font à chaque fois que je les appelle…La matinée passe à toute allure entre mille activités qui se bousculent. Tap arrive pour s'occuper de poncer les tableaux noirs de la cour du centre, puis de le redonner une nouvelle vie en leur passant de l'ardoisine.Une fois que cela est lancé, réunion avec le bureau du Comité des jeunes pour préparer la semaine de lutte contre le Sida. Etant donnée que je n'appartiens pas au bureau puisque j'ai été boycotté par la charmante Sœur Anne-Marie, je ne me gêne pas pour les laisser tomber quand je trouve que la réunion s'éternise. Budgétiser des achats de lots pour des concours de tir à la corde et de courses en sac, je ne vois pas trop le rapport !Je fonce ensuite au marché pour récupérer mes chemises chez Babou. Mais avec toutes les commandes qu'il a pour les musulmans qui préparent la fin du ramadan, mes petits hauts sont passés à la trappe…

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Pas le temps d'aller à l'hôpital pour faire signer a posteriori des feuilles de remboursement pour la CFE. Et puis, ça me gêne de les déranger pour ça, il faudra qu'on y pense au bon moment les prochaines fois.Tiens, coup de chance, Mr Sani, du PNLS, est à Kélo. Nous nous trouvons un créneau pour travailler lundi matin, avant notre départ pour Ndjamena où je comptais aller le voir dans son bureau…Décidément, il y a souvent des heureuses coïncidences ici !

Voilà tous les DCC qui débarquent un par un, sur le chemin de Pala où ils se retrouvent pour le WE de la Toussaint, à l'initiative d'Anne-So.C'est d'abord Jérôme de Laï, accompagné de Jean, qui se met à réparer la TV de centre. Bien sûr, la malédiction opère toujours puisqu'il n'y arrive pas et repart à Laï avec la carte télé pour approfondir.Nous les laissons avec Maman pour aller à la crèche Avenir. Maman veut proposer à Monique un partenariat pour monter un projet avec les 6ème de Garches. Au vu du budget potentiel, Monique opte pour surélever le mur et sécuriser la crèche. En les attendant, je pouponne un bébé de 3 mois que la maman lycéenne a oublié de venir allaiter… puis je prends quelques photos pour illustrer l'action auprès des jeunes.

Pendant ce temps, la maison se remplit. Jean-Baptiste est en nage, il n'a été prévenu que ce matin, et pour cause, que nous serions 15 à déjeuner.Voilà la voiture des gens du sud, Ingrid de Goré, Patrick de Doba et Sylvaine de Moundou.C'est ensuite le tour des gens du nord, avec Julie, Eglantine, Sonia et Julie de Ndjamena, et de Vincent et Matthieu de Bongor.D'un coup, ça met l'ambiance… Tap est un peu perdu dans tout ce monde blanc, qui se régale de jambon fumé, de saucisson et de gâteaux apéro venus de chez eux…

Le déjeuner est animé avec les 15 loustics de la DCC. Ca fait une bonne équipe. Finalement, de ceux prévus pour le WE, il ne reste plus que les organisateurs, Anne-So et Grégoire.Comme nous n'irons pas les voir, ça nous fait un bon aperçu, et c'est la démonstration par A+B que Kélo est le carrefour du pays !

A 15 heures, tout le monde continue sa route, et moi je téléphone aux comédiens qui ne savent pas décrocher le leur. Ca y est, leur véhicule est réparé, ils me promettent une arrivée dans la nuit et un spectacle demain dimanche. J'essaye de leur expliquer que je préfèrerai ne pas être dérangée en pleine nuit, ce serait quand même un comble après toute leur histoire…Du coup, après avoir passé le message aux jeunes qui se sont déplacés pour eux, je vais chercher Maman et Nicolas pour caser les visites prévues plutôt demain.Nous partons d'abord chez Monique Dani, mais celle-ci n'est pas là.Nous faisons connaissance avec sa grande fille, la maman du petit Magloire. Monique avait préparé des patates douces pour offrir à "la maman"…Nous poursuivons chez Victorin, qui avait demandé à Adeline de nous préparer la boule pour demain soir. Ah ces comédiens perturbateurs !Toute la petite famille est là, ses enfants, Valentine et Olivier, habillés avec le même pagne, la petite Karine qui est moins intimidée qu'avant et le bébé Nicole.Victorin est vraiment accueillant est sympa, et refait sa démonstration d'alcool local pour la maman et mon père Nicolas. Kal, Bili, cauchette. Avec le bili non consommé dans la journée, on peut le distiller et en faire de l'argui.A la nuit tombante, nous reprenons le chemin de la maison, après un vrai moment sympathique.Là-bas, nous apprenons que nous sommes invités au presbytère, alors nous enchaînons…Et passons la soirée en face, donnant du boulot à Victorin, avec Pierre et Henri.Maintenant, c'est la dégustation des bières Chari, Castel et Gala.

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C'est le jour de l'alcool…

Dimanche 30 octobre : pas le temps de souffler

Pas de comédiens en vue… j'ai surveillé le téléphone toute la nuit, j'ai été au centre d'accueil à 6 heures du matin…Aujourd'hui, c'est Baktchoro, et tant pis pour Henri qui voulait embaucher Nicolas pour le groupe des francophones…Le paysage sur les 20 km devient de plus en plus jaune. Mais la saison fraîche commence, je mettrais presque un petit pull ce matin.

A Baktchoro, nous allons à la messe, toute en marba. Beaucoup de femmes, dont les vieilles avec leur pièce d'argent dans la lèvre. Il paraît que c'était pour les défigurer pour qu'elles ne soient pas vendues comme esclaves.Nous faisons connaissance avec Sarah, une "Peace Corps" venant enseigner l'anglais au lycée du village.Maman et Nicolas sont bien sûr présentés et tout le monde vient très chaleureusement les saluer à la fin. Nous restons un bon bout de temps à serrer des mains !Ensuite, c'est la traditionnelle visite de l'école de Carmen. Mais c'est vrai qu'elle vaut le coup d'œil. C'est la seule école que je connaisse avec des décorations au mur, des posters d'enfants du monde, des peluches dans les classes de pré-CP.Carmen essaye de faire passer un projet éducatif auprès des enseignants et du directeur. Comme cela, si un enseignant refuse le projet, il est renvoyé à la délégation de l'enseignement qui doit en proposer un autre à l'école.Dans les ECA, c'est toujours le diocèse qui est responsable du bâtiment et du matériel, l'association des parents d'indemniser les maîtres communautaires, non qualifiés mais moins payés, et l'Etat qui doit fournir des maîtres titulaires et les payer.Le verger de l'école commence à bien donner aussi. Les pamplemoussiers sont tout petits, mais donnent des fruits disproportionnés…

Le déjeuner avec Nicolas, Carmen et Maria-Luisa est toujours instructif. On parle de beaucoup de choses, des coutumes.On en revient toujours au mariage forcé, et Nicolas raconte comment le rapt est toujours de coutume. Il a récemment aidé une fille qui venait de se faire enlever, et qui menaçait de se suicider.Et de la cinquième femme du président, qui a 14 ans…

Retour à Kélo, au cas où … les comédiens seraient arrivés. Pas de chance, en plus, le réseau des portables est en panne.J'ai beau faire le tour du CLAC, du lycée, du centre d'accueil, personne. Le proviseur chez qui je vais aux nouvelles ne sait rien de plus.A part les jeunes que je dois calmer… ça m'arrange un peu d'avoir une après-midi tranquille pour préparer les courriers et envois pour la France.

Enfin, ce n'est jamais vraiment tranquille, puisqu'il y a la visite de Tap, d'Elysée (qui aide Mayeul à réparer la 504 moribonde à nouveau), de Jacques qui vient bosser avec Mayeul, de Mathieu qui arrive de Ndjamena, de Séraphin et d'une de mes homos Odile qui viennent apporter des arachides à la maman, du coach, de Victorin qui vient apporter la boule faite par Adeline, des sœurs de Bologo qui déposent du courrier pour la Belgique !

Ouf…Enfin tranquilles pour le dîner !Maman et Nicolas goûtent la boule de riz et la sauce gombos. Il ne leur reste presque rien à goûter encore.

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Lundi 31 octobre : 3ème fois du mois à Ndjamena…

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