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2 0 0 0 L’ACTION FRANÇAISE 2726 61 e année du 7 au 20 juin 2007 Prix : 3 s (20 F) paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Téléphone : 01-40-39-92-06 – Fax : 01-40-26-31-63 – Site Internet : www.actionfrancaise.net 3:HIKLKJ=XUXUUU:?c@h@m@g@k; M 01093 - 2726 - F: 3,00 E L'ESSENTIEL Pages 2 et 11 POLITIQUE FRANÇAISE – Qui est vraiment Rachida Dati ? par Aristide LEUCATE – Guadeloupe : la droite la plus bête d’Outre-mer par Renaud DOURGES Pages 11 et 12 POLITIQUE ÉTRANGÈRE – France-Iran : il faut tourner la page de Neauphle-le-Château par Houchang NAHAVANDI – La nouvelle crise libanaise par Pascal NARI – Comment sortir le Liban du chaos ? par Philippe ALEYRAC Page 13 SOUVERAINISME – Quelle politique étrangère pour la France ? par Pierre PUJO ARTS & LETTRES – Max Gallo élu à l’Académie française par Pierre LAFARGE – Hergé aurait cent ans par Philippe ALEYRAC Pages 14 HISTOIRE ET RELIGION – Fantasmagorique histoire romaine par Anne BERNET Henri LETIGRE Suite page 2 SARKOZY aux prises avec l’Europe L’éditorial de Pierre PUJO (page 3) À l’heure où les éditions de Fallois publient la première biographie française de Margaret Thatcher, le nouveau pré- sident de la République engage la bataille du service minimum dans la fonction publique. Cette vieille promesse de la droite française re- vient lors de chaque cirque élec- toral mais n’a jamais fait l’objet de la moindre application, laissant nos fonctionnaires dans une forme d’exception française très préju- diciable à l’efficacité de notre ac- tivité économique. Ce concept, qui obligerait les administrations ap- partenant à l’État à travailler de façon continue, est le symbole des nombreuses contradictions d’un régime qui ne peut pas dépasser les impasses dans lesquelles ses principes l’ont entraîné. Première contradiction : l’Union européenne a refusé de reconnaître dans son projet de constitution l’existence de “services publics”. Le traité de remplacement, que pré- pare Nicolas Sarkozy, prolonge cette orientation idéologique en confor- mité avec la pensée supranationale qui considère que les États, repré- sentants des nations, doivent s’ef- facer devant les instances bruxel- loises. Nous avons donc, d’un côté, un président qui cherche à définir un concept de service public pour donner un cadre à sa prochaine loi sur le service minimum et, de l’autre, ce même président qui re- lance une constitution (rejetée par le peuple français) niant l’existence d’un tel concept. Deuxième contradiction : pour conquérir l’Élysée, Nicolas Sarkozy s’est notamment réclamé de la doc- trine libérale qui préconise le moins d’État, comme l’illustre son idée de ne remplacer qu’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Mais si nous prolongeons indéfiniment ce principe, à qui s’appliquera à très long terme cette nouvelle règle du service minimum ? Dans la pra- tique, la loi sur le service minimum cherche à assurer la continuité de l’État en période de grève et à le renforcer indirectement ! Que choi- sir entre la logique de disparition et la logique de continuité de l’État ? Sacro-sainte concurrence... Troisième contradiction : depuis que Bruxelles a pris les commandes de notre économie, lors de la si- gnature de l’Acte unique en 1986, les États adhérents sont fortement incités à privatiser. Les instances européennes, au nom de la sacro- sainte concurrence, obligent ainsi les pays récalcitrants à s’engager dans cette voie, en particulier dans le secteur des transports et des plis postaux. Les Pays-Bas et l’Alle- magne ont déjà engagé ce proces- sus. La France a suivi avec la pri- vatisation de France-Télécom. EDF et GDF ne sont plus aujourd’hui des entreprises nationales, mais des sociétés anonymes, au À État minimum, service minimum ! N° spécial N° spécial 60 60 ans ans NOTRE DOSSIER NOTRE DOSSIER PAR AR Pierre CARVIN Pierre CHAUMEIL Grégoire DUBOST Michel FROMENTOUX Pierre LAFARGE Éric LETTY Aristide LEUCATE Paul MOUGENOT Antoine MURAT Florentin NORMAND Thibaud PIERRE Pierre PUJO NO NO TRE JOURN TRE JOURN AL AL A 60 A 60 ANS ANS Tout ce qui est national est nôtre

SARKOZY N° spécial aux prises avec l’Europe

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2000

L’ACTIONFRANÇAISE

N° 272661e année

du 7

au 20 juin 2007

Prix : 3s (20 F)

paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Téléphone: 01-40-39-92-06 – Fax : 01-40-26-31-63 – Site Internet : www.actionfrancaise.net

3:HIKLKJ=XUXUUU:?c@h@m@g@k;M 01093 - 2726 - F: 3,00 E

L'ESSENTIELPages 2 et 11

POLITIQUE FRANÇAISE

– Qui est vraiment Rachida Dati ?

par Aristide LEUCATE

– Guadeloupe : la droite la plus bête d’Outre-mer

par Renaud DOURGES

Pages 11 et 12

POLITIQUE ÉTRANGÈRE

– France-Iran : il faut tourner la page de Neauphle-le-Château

par Houchang NAHAVANDI

– La nouvelle crise libanaise

par Pascal NARI

– Comment sortir le Liban du chaos ?

par Philippe ALEYRAC

Page 13

SOUVERAINISME

– Quelle politique étrangèrepour la France ?

par Pierre PUJO

ARTS & LETTRES

– Max Gallo élu à l’Académie française

par Pierre LAFARGE

– Hergé aurait cent ans

par Philippe ALEYRAC

Pages 14

HISTOIRE ET RELIGION

– Fantasmagorique histoire romaine

par Anne BERNET

Henri LETIGRESuite page 2

SARKOZYaux prises avec l’Europe

L’éditorial de Pierre PUJO (page 3)

À l’heure où les éditions deFallois publient la premièrebiographie française de

Margaret Thatcher, le nouveau pré-sident de la République engage labataille du service minimum dansla fonction publique. Cette vieillepromesse de la droite française re-vient lors de chaque cirque élec-toral mais n’a jamais fait l’objetde la moindre application, laissantnos fonctionnaires dans une formed’exception française très préju-diciable à l’efficacité de notre ac-tivité économique. Ce concept, quiobligerait les administrations ap-partenant à l’État à travailler defaçon continue, est le symbole des

nombreuses contradictions d’unrégime qui ne peut pas dépasserles impasses dans lesquelles sesprincipes l’ont entraîné.

Première contradiction : l’Unioneuropéenne a refusé de reconnaîtredans son projet de constitutionl’existence de “services publics”.Le traité de remplacement, que pré-pare Nicolas Sarkozy, prolonge cetteorientation idéologique en confor-mité avec la pensée supranationalequi considère que les États, repré-

sentants des nations, doivent s’ef-facer devant les instances bruxel-loises. Nous avons donc, d’un côté,un président qui cherche à définirun concept de service public pourdonner un cadre à sa prochaine loisur le service minimum et, del’autre, ce même président qui re-lance une constitution (rejetée parle peuple français) niant l’existenced’un tel concept.

Deuxième contradiction : pourconquérir l’Élysée, Nicolas Sarkozy

s’est notamment réclamé de la doc-trine libérale qui préconise le moinsd’État, comme l’illustre son idée dene remplacer qu’un fonctionnairesur deux partant à la retraite. Maissi nous prolongeons indéfinimentce principe, à qui s’appliquera à trèslong terme cette nouvelle règle duservice minimum ? Dans la pra-tique, la loi sur le service minimumcherche à assurer la continuité del’État en période de grève et à lerenforcer indirectement ! Que choi-sir entre la logique de disparition etla logique de continuité de l’État ?

Sacro-sainteconcurrence...

Troisième contradiction : depuisque Bruxelles a pris les commandesde notre économie, lors de la si-gnature de l’Acte unique en 1986,les États adhérents sont fortementincités à privatiser. Les instanceseuropéennes, au nom de la sacro-sainte concurrence, obligent ainsiles pays récalcitrants à s’engagerdans cette voie, en particulier dansle secteur des transports et des plispostaux. Les Pays-Bas et l’Alle-magne ont déjà engagé ce proces-sus. La France a suivi avec la pri-vatisation de France-Télécom. EDFet GDF ne sont plus aujourd’hui desentreprises nationales, maisdes sociétés anonymes, au

À État minimum,service minimum !

N° spécialN° spécial

6060 ansans

NOTRE DOSSIER NOTRE DOSSIER

PPARAR

Pierre CARVIN

Pierre CHAUMEIL

Grégoire DUBOST

Michel FROMENTOUX

Pierre LAFARGE

Éric LETTY

Aristide LEUCATE

Paul MOUGENOT

Antoine MURAT

Florentin NORMAND

Thibaud PIERRE

Pierre PUJO

NONOTRE JOURNTRE JOURNAL AL A 60 A 60 ANSANS

Tout ce qui est national est nôtre

2 L’Action Française 2000 n° 2726 – du 7 au 20 juin 2007

Suite de la page 1

10, rue Croix-des-Petits-Champs,75001 Paris

Tél. : 01-40-39-92-06 • Fax : 01-40-26-31-63I.S.S.N. 1166-3286

• Directeur : Pierre Pujo• Secrétaire de rédaction :

Michel Fromentoux• Politique : Georges Ferrière,

Yves Lenormand• Politique étrangère : Pascal Nari• Économie : Henri Letigre,

Serge Marceau.• Enseignement, famille :

Michel Fromentoux, chef de rubrique• Sciences et société :

Guillaume Chatizel, • Outre-mer : Pierre Pujo• Médecine : Jean-Pierre Dickès• Livres : René Pillorget, Anne Bernet,

Pierre Lafarge, Philippe Aleyrac,Romaric d’Amico

• Arts-lettres-spectacles : Renaud Dourges, Monique Beaumont

• Cinéma : Alain Waelkens• Combat des idées : Pierre Carvin,

Jean-Philippe Chauvin• Art de vivre : Pierre Chaumeil• Chroniques : Jean-Baptiste Morvan,

François Leger• Rédacteur graphiste : Grégoire Dubost• Photos : François Tabary

Abonnement s, publicité, promotion :Monique Lainé

même titre que la SNCF,même si la majorité de leur

capital appartient encore à l’État. Àqui le gouvernement destinera-t-ildonc à long terme sa loi : à l’ar-mée? à la gendarmerie ? ou à desentreprises privées qui en généraln’ont plus de problème de grève ?

Quatrième contradiction : le li-béralisme considère que c’est auxacteurs de la vie économique d’éla-borer les contrats qui régissent leursrelations. C’est le triomphe de l’in-dividualisme et de la société contrac-tuelle. Alors pourquoi commencerun quinquennat en utilisant l’Étatet en menaçant les partenaires so-ciaux de légiférer si les conventionscollectives qui forment la loi desreprésentants du monde profes-sionnel ne répondent pas à l’impé-ratif de service minimum ?

La Républiqueface

aux privilègesCinquième contradiction : le ré-

gime actuel (cinquième du nom) estconstruit sur “l’égalité”. La mise enplace de cette loi sur le service mi-nimum est devenue nécessairelorsque les observateurs les plus ob-jectifs ont mis en évidence que lesmonopoles institués par la Répu-blique donnaient à la fonction pu-blique des privilèges très inégali-taires : droit de grève sans aucunrisque économique pour l’entrepriseconcernée, si ce n’est celui de de-voir payer les grévistes, dépendancedes usagers victimes d’une absenced’alternative, garantie d’emploi àvie pour les fonctionnaires sans obli-gation de résultats ou de continuitépour le service auquel ils appar-tiennent, etc. La République pourrat-elle vraiment mettre fin aux pri-vilèges qu’elle a institués au profitde ses serviteurs sans mettre en dan-ger l’unité nationale ?

Enfin, suprême contradiction denotre système dit démocratique, lesoppositions syndicales et de gaucheà la majorité porteuse du projet deservice minimum s’accrochent à desavantages “corporatistes” au lieu dedéfendre les intérêts des usagers dela SNCF, de la Poste ou de l’Édu-cation nationale. Qui a le plus be-soin d’un État efficace ? Des pro-létaires qui n’ont pas les moyensd’acheter une voiture, d’utiliser lesservices d’une messagerie ou d’ins-crire leurs enfants dans une écoleprivée ? Ou des bourgeois bohèmes(pléonasme ?) qui se déplacent en4x4, ont un contrat de livraison avecUPS et leurs enfants dans un éta-blissement privé ?

Dans un royaume en déclin,Margaret Thatcher avait su dépas-ser les contradictions qui minaientson pays. Au-dessus des contin-gences politiciennes, une institutiontranscendait les oppositions. EnFrance, un président (de parti poli-tique ou de la République ?) quiparticipe directement aux électionslégislatives peut-il espérer dépas-ser les clivages de classe, les cor-poratismes et autres divisions idéo-logiques qui minent la nation ?

Henri LETIGRE

Sa présence au sein

du gouvernement est indéniablement

un signe fort en direction des cerclesd’influence

auxquels,elle et le président

de la Républiqueappartiennent.

Qui est vraiment

Rachida Dati ?Ce petit bout de femme frêle

et timide, non moins élé-gante, que les médias aux

ordres nous présentent comme l’ar-chétype de la réussite brillanted’une Française d’origine immigrée,est-elle seulement celle que l’ondécrit ?

plaires qui ont for-cément plus souf-fert que les Fran-çais dits “de souche”.

De stage en stage, cette femmequi possède assurément de l’en-tregent, sait user intelligemment deson charme en l’équilibrant d’unebonne dose de culot a eu commePygmalion un certain Jean-Luc La-gardère et comme puissants men-tors, Simone Veil, Jacques Attali et,the last but not the least, NicolasSarkozy, soi-même. Celle que LeNouvel Economiste nous vend sansrire comme « l’icône de l’inté -gration réussie, devenue la ma -gistrate du dialogue social » estdonc une sarkozyste de la premièreheure, dévouée corps et âme au futur candidat à l’élection pré-sidentielle.

Est-elle une femme de convic-tion ? À vrai dire, on s’interroge-rait longtemps si l’on n’avait déjàla réponse. Mme Dati est, en effet,membre du très influent club LeSiècle. Ceci expliquant cela, commeon va le voir. D’ailleurs, elle ne s’encache guère et le Who’s Who s’enfait même l’écho.

Coteriesapatrides

Pour ceux de nos lecteurs quiignoreraient ce qu’est fondamen-talement ce « think tank » assezméconnu du grand public, nous ledéfinirions comme un cercle de ré-flexion regroupant un réseau co-opté de membres très puissants dela finance, de l’industrie, de lapresse, de la politique, qui se ré-unissent régulièrement et arrêtent,de manière informelle, les grandesstratégies politiques, diplomatiqueset économiques qui seront appli-

En définitive, peu nous impor-tent ses origines ethniques, les-quelles, louées à cor et à cri et bran-dies comme l’oriflamme de la“France-métissée-et-multiculturelle”,ne nous émeuvent guère. Qu’elleaime sincèrement la France et laserve avec abnégation et désinté-ressement à la fonction de ministrede la Justice et de Garde desSceaux qu’elle occupe désormaisdans le premier gouvernement duprésident Nicolas Sarkozy, c’est ceque l’intérêt général commande,c’est ce que la nation lui demande.

Un parcoursbanal mais aidé

Parcours, somme toute assezclassique, que celui de Mme Dati,titulaire d’une maîtrise de droit pu-blic et devenue magistrate aprèsun passage obligé à l’École natio-nale de la magistrature à Bordeaux.Le reste de son itinéraire estquelque peu gonflé, il convient dele reconnaître sans tabou, par desmédias complaisants devant ces“z’issus de l’immigration” exem-

quées et re-layées par lesgrandes entre-

prises et les institutions publiquesou privées, en France et dans lemonde. Ce groupe de pression pa-tenté accueille en son sein des per-sonnalités provenant de divers ho-rizons, comme Bernard Kouchner(actuel ministre des Affaires étran-gères), Ernest-Antoine Seillière(président des patrons européens),Louis Schweitzer (président de laHaute autorité de lutte contre lesdiscriminations, dite HALDE) ou en-core Jean-Claude Trichet (prési-dent de la Banque Centrale Euro-péenne) ou Jean-Marie Colombani(ci-devant directeur du journal LeMonde) ou… Nicolas Sarkozy. Maisle plus grave n’est pas là.

Gravitent autour de cette ma-çonnerie d’un type particulier,d’autres groupes tout aussi in-fluents, sinon davantage, dont lebut affiché (en tout cas pour leursmembres) n’est rien moins que degouverner le monde en dehors et,si besoin, contre les peuples ! Plusprécisément, l’apparemment inof-fensif club Le Siècle est un desnombreux satellites du Groupe deBilderberg dont les décisions pè-sent de façon significative et du-rable sur les gouvernements desÉtats et les sommets et institutionsinternationaux (le G8, l’Union eu-ropéenne ou l’Organisation mon-diale du commerce [OMC], pour neciter que quelques exemples). Onne s’étonnera guère d’y voir se cô-toyer, entre autres, Fritz Bolkestein(commissaire européen, tristementcélèbre pour sa directive éponyme),Jose-Manuel Barroso (président dela Commission européenne), Pas-cal Lamy (président de l’OMC) ouPaul Wolfowitz (président démis-sionnaire de la Banque mondiale).

À État minimum,service minimum !

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5. Abonnement de soutien(un an) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 s6. Étudiants, ecclésiastiques,

chômeurs (un an) . . . . . . . . . . . . . 45 s7. Outre-mer (un an). . . . . . . . . . . . 135 s8. Étranger (un an) . . . . . . . . . . . . . 150 s

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10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – C.C.P. Paris 1 248 85 A

À noter, pour “l’anecdote” que Do-minique de Villepin et Jean-Fran-çois Copé en font également par-tie ainsi que certains grands diri-geants d’entreprises françaises.

Soumiseet obéissante

Opportuniste, Mme Dati ? Cer-tainement, d’autant que lesmembres de ces confréries se-crètes sont voués à de belles etgrandes carrières. Comme membrede l’Institut Montaigne (groupe deréflexion spécialisé dans les ques-tions touchant à la réforme de l’É-tat et aux stratégies économiques),dont le président n’est autre queClaude Bébéar (président d’AXA,lui-même appartenant au… club LeSiècle !), la place que Rachida Datioccupe dorénavant au sein de l’É-tat n’est pas due au hasard mais àune double nécessité.

D’une part, sa présence au seindu gouvernement est indéniable-ment un signe fort en direction descercles d’influence auxquels, elleet le président de la République ap-partiennent. À cet égard, l’on com-prend mieux l’activisme européistedu président Sarkozy ainsi que sonvrai-faux gouvernement d’union na-tionale, qui ne servent, au fond,qu’un dessein : asservir la Franceaux intérêts de la gouvernancemondiale et pulvériser définitive-ment les rares vestiges de souve-raineté qui nous restent.

D’autre part, outre le fait queMme Dati exécutera, perinde ac ca-daver, les directives de l’Élysée, onpeut prédire, sans trop d’erreur, quecertaines affaires judiciaires visantpar trop des industriels et des po-litiques seront, sinon directementétouffées, à tout le moins étroite-ment surveillées. Il est évident quel’indépendance statutaire de cer-tains juges en charge de dossierssensibles en souffrira.

[email protected]

U.M.P.PAS DE RIVAL

l NICOLAS SARKOZY a dé-missionné le 14 mai de la pré-sidence de l’U.M.P., mais n’apas été remplacé. Le partiaura désormais à sa tête unedirection collégiale. MATINPLUS du 15 mai 2007 endonne la raison : « Le nou -veau chef de l’État verraitd’un mauvais œil qu’unautre président soit élu parles militants pour sa suc -cession ».

Une préoccupation légi-time. En prenant la tête del’U.M.P., Sarkozy a trouvé untremplin pour sa candidatureà la présidence de la Répu-blique. Il a détourné le partichiraquien à son profit et em-pêché ainsi Jacques Chiracde se présenter à nouveau oude présenter un candidat se-lon son cœur. Sarkozy ne veutpas qu’un émule s’empare duparti majoritaire pour s’oppo-ser à lui et le pousser un jourvers la sortie.

J.C.

parAristide LEUCATE

POLITIQUE FRANÇAISE

L’Action Française 2000 n° 2726 – du 7 au 20 juin 2007 3

É D I T O R I A L

Pour constituer son premier gouverne-ment, Nicolas Sarkozy a pratiqué cequ’il est convenu d’appeler “l’ouver-

ture” tant en direction des femmes que de lagauche, du centre et autres écologistes, maisil a méprisé les souverainistes (hommes oufemmes). Sans doute, ceux-là portaient-ilsleur drapeau tricolore d’une façon tropvoyante. Il nous semblait pourtant que, du-rant sa campagne, le nouveau président avaitexalté la patrie, en soulignant sa valeur ir-remplaçable. Les combines politiciennes l’ontemporté sur les considérations nationales. Ilcherchait, à l’évidence, à récupérer, le tempsde deux scrutins, les suffrages qui s’étaientprononcés pour le “non” à la Constitution eu-ropéenne lors du référendum de 2005!

Les souverainistesméprisés

Cela ne doit pas étonner. Voici des moisque M. Sarkozy a déclaré qu’il souhaitait rem-placer par un “traité simplifié” le traité consti-tutionnel défunt, un traité qui reprendrait lapremière partie du texte ancien, c’est-à-direla plus grave du point de vue institutionnel:la supériorité des directives européennes surles lois nationales, l’application de la majo-rité qualifiée dans les conseils européens, unprésident nommé pour cinq ans, un ministredes Affaires étrangères. Les Allemands hési-tent à accepter cette proposition car ils ne sontpas sûrs que la Cour constitutionnelle deKarlslrue ratifierait ce projet cette fois-ci.L’opinion allemande est devenue elle-mêmetrès critique à l’égard de la Constitution eu-ropéenne. Il faudra de toutes façons un ac-cord général des vingt-sept membres del’Union pour avaliser de nouvelles règles defonctionnement des institutions. Elles avaientété laborieusement mises au point au Som-met de Nice en décembre 2000.

D’autres pays sont hostiles à toute consti-tution européenne: la Grande-Bretagne, laRépublique Tchèque, la Pologne. Le prési-

dent polonais Lech Kaczymski déclarait dansle Monde du 10 mai 2007 : « Le temps n’estpas encore venu de créerun État européen.L’Union européenne devrait rester uneUnion d’États. Une union très étroite, maisune union d’États indépendants.» Voilàla limite que M. Sarkozy devrait s’interdirede franchir dans ses négociations euro-péennes! Un État, surtout la France, doit pou-voir invoquer ses intérêts essentiels pour im-poser son veto à certaines décisions du Conseileuropéen. On ne saurait trop surveiller le dé-roulement du sommet du 20-21 juin dont onnous annonce qu’il débloquera les institutionsde l’Union européenne paralysées depuis lesommet de Nice... par suite du double “non”français et hollandais en 2005. Quelles conces-sions ne sera-t-il pas tenté de faire à des par-tenaires exigeants sur la défense de leurs in-térêts nationauxpour parvenir à un accord?L’intérêt supposé de “l’Europe” ne coïncidepas nécessairement avec l’intérêt français.

Calculs politiciens

Dans son désir d’”ouverture” à gauche,M. Sarkozy pouvait choisir Hubert Védrinepour s’occuper des relations extérieures dela France. Celui-ci a laissé dans le gouver-

nement Jospin un souvenir honorable et ila publié cet hiver un petit ouvrage très denseintitulé Continuons l’Histoire (Éd Fayard)dont nous avons rendu compte dans ce jour-nal. Il y rappelle que la France n’a pas à re-chercher des rapports de domination dansle monde mais tendre à entretenir des rap-ports d’équilibre entre les peuples et entreles civilisations. Avant tout reconnaître quele monde est multipolaire et qu’il faut re-connaître la particularité et la liberté dechaque peuple.

M. Sarkozy a préféré le docteur Kouch-ner réputé pour son engagement toujoursspectaculaire au service des causes humani-taires. Il peut éventuellement servir la répu-tation de la France sur ce plan-là... Il faut sesouvenir aussi qu’il est un idéologue euro-péiste et qu’il s’est engagé avec passion en2005 pour le “oui” au référendum sur laConstitution. Lui et Jean-Pierre Jouyet, se-crétaire d’État aux Affaires européennes, ilfaudra les surveiller. Mais Nicolas Sarkozyn’a-t-il nommé ces deux-là que pour pou-voir les diriger puisque dans d’autres do-maines, il se propose d’être ministre à laplace du ministre. Les services de l’Élyséevont s’accroître sensiblement sous l’effet dela boulimie du Président. Un Élysée où dé-sormais flotteront côte à côte le drapeau fran-çais et le fanion européen, lorsque le Prési-dent s’adressera aux Français. Symbole desoumission de la France à une entité poli-tique supranationale? Ou ambition du nou-veau président de dominer l’Europe?

Il est à remarquer que M. Sarkozy, quiavait été discret sur ses projets européensdurant la campagne, ne s’est mis à en par-ler que le soir de son élection, le 6 mai, pourdire qu’il était « profondément européen»et que les peuples demandaient à « être pro-tégés » face aux dangers du mondialisme.Des propos qui ne sont pas dépourvus d’am-biguïtés et dont on attend, non sans inquié-tude, la suite que le nouveau président leurdonnera.

n

SARKOZY AUX PRISES AVEC L'EUROPE

SIGNESDES TEMPS

PARPIERRE PUJO

Amnistie

La république n’avait gardé dela monarchie que l’un des pires as-pects : les “lettres de cachet” par les-quelles le président de la Républiquepouvait amnistier, faisant fi des règlesde l’État de droit. Nicolas Sarkozy aeu le courage d’abandonner cettevieille pratique. Il n’amnistiera pas lesPV, et les contrevenants devrontgarder leurs écrouelles. Si l’on peutcontester l’obsession de sécurité rou-tière qui transforme l’automobilisteen vache à lait, il faut en revanchese féliciter que le Président renonceà bafouer l’égalité devant la loi.

Tr ou noir

Face à Nicolas Sarkozy dont lacote de popularité n’a cessé de grim-per depuis son élection, le PS ne res-semble plus qu’à un immense trounoir. Seules idées émises pour ten-ter de mobiliser l’électorat, FrançoisHollande martèle qu’il faut des“contre-pouvoirs” et DominiqueStrauss-Kahn estime que la refon-dation du PS nécessite qu’il subisseune « défaite p as trop cuisante ».On avouera que pour captiver lesfoules, il faudrait trouver mieux.

Commis

Où sont les De Gaulle, les De-bré (le père pas les fils !) ou mêmeles Villepin qui, quelques critiques lé-gitimes qu’on puisse avoir à leuradresser, avaient au moins la notiondu sacrifice et du service de l’État.Nicolas Sarkozy n’a pas ce genre descrupules. Après le dîner au Fou-quet’s le soir de la présidentielle, l’es-capade sur un yacht (cher mais demauvais goût) au large de Malte, etson week-end au fort de Brégançon,il fait connaître son intention de faireconstruire une piscine à Brégançon.Le candidat qui a promis de “faire cequ’il a dit” avait-il inscrit ce projet dansson programme ?

Capitalisme

Il y a trente ans, les patrons amé-ricains gagnaient 42 fois le salairede leurs salariés de base. Ce quisemble confortable. Aujourd’hui, ilsgagnent 431 fois plus que le dernierde leurs ouvriers. Et si aucun freinn’est mis au capitalisme, ils gagne-ront demain 4 000 fois plus. Quandcomprendra-t-on enfin que le capi-talisme sans frein, s’il est moins di-rectement menaçant que le commu-nisme, est tout aussi dangereux ?

Bac

À partir du 11 juin, quelques600 000 candidats plancheront surles épreuves du baccalauréat, 80 %d’entre eux obtiendront le diplômeconvoité et beaucoup iront s’inscrireen fac. Un sur cinq sortira de la fac,quelques années plus tard, sans au-cun diplôme en poche. Pire encore,on laisse entrer à l’université desélèves issus des bacs technolo-giques. Non pas les meilleurs. Maisceux qui ont été refusés dans lesBTS et les IUT. 5 ans plus tard, 40 %seulement des étudiants issus de bactechnologique seront parvenus à dé-crocher un diplôme Bac + 2. Maistout le monde s’en fout...

Guillaume CHA TIZEL

LISTE N° 7

Virement s réguliers : M.Derville, 7,62 ; Vincent Claret-Tournier, 15 ; Mme Yvonne Peyrerol,15,24 ; Mme Bellegarde, 15,24 ; Mlle

Annie Paul, 15,24 ; Gal le Groignec,15,24 ; Pierre Bonnefont, 22,87 ;Mme Françoise Bedel-Giroud,30,49 ; Henri Morfin, 32 ; Mme

Tatiana de Pritttwitz, 45,73 ; LouisPetit, 30,49 ; M. Deltenre, 50 .

Pour les 60 bougies : AlainHouisse, 60 ; Philippe Adam, 60 ;Mme Geneviève Castelluccio, 60 ;Georges Delva, 60 ; Alain Giraud,60 ; Mme Françoise Bedel-Giroud,60 ; Vincent Claret-Tournier, 60 ;Rolland Ottello, 60 ; Pierre Renard,60 ; Patrick Amiard, 60 ; Mme

Marcelle Arnaud, 120 ; JacquesLamonerie, 100 ; Robert Thomas,60 ; Charles Massal, 60 ; JacquesDalibert, 60 ;Jean Foyard, 60 ; ÉricLa Mache, 60 ; Gal Jacques leGroignec, 60 ; “un ancien étudiant etancien de la 27e des Camelots”Jacques Villebrun, 60 ; Jean-LucAugustin, 60 ; Cte Alexandre

d’Elbée, 100, Fernand Beck, 60 ;Laurent Bazin de Bessey, 60 ; Lt Col

Jean-Pierre Lambert, 60 ; Gérardde Ligny, 60 ; Mme MichelineMoureaux, 60 ; P.A., 60 ; Jean-Pierre Duchiron, 60 ; “une amie deBourgogne,” 60 ; Xavier Soleil, 60 ;Guy Menusier, 60 ; François-MarieAlgoud, 60 ; François Baranger,

60 ; Marc Chaunier, 60 ; Jean-Charles Clerget-Gurnaud, 60 ; Mlle

Maire-Louise Cœugnet, 60 ; Mme

Marie-Thérèse Garçon, 60 ; DanielRenoud-Martin, 60 ; M.Touchagues, 60 ; Pierre Ailhaud,60 ; Yves Demas, 60 ; Me SimoneFournier, 60 ; M. Gruau, 60 ;Raymond Cola, 60 ; Jean-Marc

Joubert, 60 ; Guy de Masquard deLaval, 60 ; Robert Pelloye, 60 ;Mme Huguette Pérol, 60.

Total de cette liste : 3 415,16 sListes précédentes : 4 634,68 s

Total : 8 049,84 s

Total en francs : 52 803,49 F

Pour le soixantième anniversaire de la créationd’Aspects de la France, redoublez votre effort

pour l’Action française, en rejoignant le cercle de nos amis

versant chacun 60 euros

Un eurUn euro par année o par année au serau service de la Fvice de la Frranceance !!

Hâtez-vous si vous voulez recevoir le document-souvenir de l’Action française.

Nous vous en remercions d’avance chaleureusement.

La rédaction de L’Action Française 2000

* Prière d’adresser les versements à Mme Geneviève Castelluccio, L’AF 2000, 10 rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris.

PO U R L E S 60 B O U G I E S

D U J O U R N A L D E L ’AC T I O N F R A N Ç A I S E

SOIXANTE SOIXANTE ANSANS

D’AD’AVENTUREVENTURE

RROOYYALISTE !ALISTE !

Pour fêter

cet anniversaire,

nous invitons

nos lecteurs

et sympathisants

à un buf fet dînatoire

le jeudi 7 juin 2007.

VOIR PAGE 10

4 L’Action Française 2000 n° 2726 – du 7 au 20 juin 2007

parPierre PUJO

D O S S I E R60 ANS D’AVENTURE ROYALISTE

Le journal,pilier central de l'A.F.Au printemps 1947, voilà

presque trois ans que l’Ac-tion française est privée d’un

journal : le dernier numéro de sonquotidien, daté du 23 août 1944, aété empêché de paraître par lescommunistes qui se sont emparésdu pouvoir à Lyon à la faveur de lalibération du territoire. Il racontaitl’enlèvement du maréchal Pétainpar les Allemands après que la portede son appartement à l’Hôtel duParc, à Vichy, eut été fracturée.

faire en épingle. Le Midi Libre (du24/3/47) raconte : « Les re -cherches s’avèrent fructueuseset de nombreux document s prou -vant que le complot avait denombreuses ramifications, no -tamment à Nîmes, et mett ant encause de nombreux ex-collabo -rateurs furent saisis, ainsi qu’unegrille de code secret. » Plusieursde nos amis de Béziers furent per-quisitionnés. Le lieutenant-colonelde Portalon et le frère de notre amiGaston Reboul furent longuementemprisonnés.

Cet activisme judiciaire et mé-diatique donne une idée du “terro-risme intellectuel” qui régnait alorsen France. Cependant à certains

égards, le procureur de Béziersavait raison : l’Action française n’a-t-elle pas toujours revendiqué d’êtreun « complot à ciel ouvert »contre la République ?

Les efforts de Georges Calzantet l’aide de nos amis vont malgrétout aboutir à la sortie, le mardi 10juin 1947, d’un journal intitulé As-pects de la France et du monde,portant en sous-titre « Transfor -mation et modernisation desVeillées des campagnes et desvilles, publication d’avant-guerre ». Le titre est anodin, maison y retrouve les initiales de l’A.F.Il a fallu ruser pour le racheter encachant qu’on voulait en faire unjournal politique !

Les anciens rédacteurs de L’Ac-tion Française collaborent au nou-veau journal, d’abord bimensuelpuis hebdomadaire à partir du 25novembre 1948. Il a le format ta-bloïd qu’il retrouvera en 1963 aprèsune période de plusieurs annéesdurant lesquelles il a adopté legrand format des quotidiens.

“Dernier carré ?”

Très rapidement, les lecteurss’aperçoivent que si le titre du jour-nal est neutre, les articles qu’il pu-blie sont très engagés politique-ment. Le 5 novembre 1947, Le Po-pulaire, quotidien du Parti socialiste,a indiqué en première page : « Or-gane du dernier carré, Aspectsde la France copie conforme deL’Action Française , ose publierchaque semaine des articles à lagloire du traître Pét ain. » Une ac-cusation flatteuse...

Le journal survit à cette dé-nonciation, mais par une circulaire

des Camelots du Roi, assure la co-ordination entre tous les groupesd’amis. Reprenant un titre qui acessé après la crise de l’Index deL’Action Française en 1927, il pu-blie chaque mois les DocumentsNationaux, imprimés et diffusésclandestinement. Ceux-ci comptentdouze numéros ronéotypés puis dix-sept numéros imprimés. Ils chan-gent plusieurs fois de titre pour dé-jouer les enquêtes policières.

Le gouvernement a annoncéqu’à compter du 21 février 1947 ilne serait plus nécessaire de de-mander une autorisation adminis-

trative pour éditer un journal.Georges Calzant compte profiterde cette liberté de la presse re-trouvée (Tous les journaux ayantparu sous l’Occupation ont été in-terdits par des ordonnances de1944 et 1945 , seuls Le Figaro etLa Croix ont échappé à cette me-sure.) pour tenter de lancer un jour-nal. Il écrit dans une lettre circu-laire datée du 7 février 1947 : « De-vant ce fait, notre devoir deprop agandiste des idées de sa -lut national nous impose de faireparaître, dans les délais les plusbrefs, à défaut d’un quotidien –hélas encore impossible à mettresur pied dans les circonst ancesactuelles – un hebdomadaire dedoctrine et de combat que tousles amis fidèles de l’A.F . et beau -coup de nos comp atriotes, sou -haitent de voir p araître : un heb -domadaire Seule France ! En untemp s où règne sans concur -rence une presse de p arti. »

Le texte de cette lettre-circu-laire est repris en province par lesresponsables de l’A.F. Ainsi à Bé-ziers, le colonel de Portalon diffuseun appel de fonds en vue de lan-cer un journal qui poursuivrait augrand jour le combat de l’Actionfrançaise.

Complotà ciel ouvert

Il n’en faut pas plus pour inci-ter le procureur de Béziers,M. Roure, à déclencher une en-quête sous le chef d’« atteinte àla sûreté intérieure de l’Ét at, com -plot contre la République et re -constitution de ligue dissoute ».La presse quotidienne monte l’af-

du 24 mai 1948, Jules Moch, mi-nistre de l’Intérieur, interdit l’expo-sition du journal au regard du pu-blic en vertu de la législation quirégit les publications pornogra-phiques ! Il faudra plusieurs annéesde procédure devant les tribunauxadministratifs pour obtenir l’annu-lation de cette circulaire, ainsi quedes arrêtés préfectoraux pris dansle même sens. Si la vente empê-chée dans les kiosques est ainsirestaurée, les vendeurs volontairesredoublent d’ardeur pour diffuserle journal sur les marchés et de-vant les églises.

Maurice Pujo est libéré en oc-tobre 1947 et assure désormais ladirection politique du journal avecGeorges Calzant. Charles Maur-ras, toujours emprisonné à Clair-vaux, suit attentivement l’essord’Aspects de la France et du mondeet envoie ses directives. Il a tou-jours considéré que le journal étaitla locomotive qui entraînait lesautres activités de l’A.F. Il apporterégulièrement sa collaboration, leplus souvent sous la signature deOctave Martin. Quand il sera libéréle 21 mars 1952, il donnera chaquesemaine un grand article, et celajusqu’à sa disparition le 16 no-vembre de la même année. Il estmort la plume à la main...

Le miraclepermanent

À partir du 23 avril 1954, As-pects de la France a commencé àporter soit en surtitre, soit en sous-titre Hebdomadaire d’Action fran-çaise. Le 22 janvier 1992, le sous-titre devient le titre sous la formede L’Action Française Hebdo. Àpartir de mai 1999 le titre est trans-formé en L’Action Française 2000.Le journal paraît désormais deuxfois par mois, comme à ses débuts.Sous un titre ou un autre il n’a ja-mais cessé d’être l’organe de l’Ac-tion française et d’être fidèle à saligne de pensée.

“MAINTENIRC’EST CRÉER”

n Faut-il croire l’af firma-tion d’une chansonnette

de Tino Rossi des annéessoixante-dix : la vie com -

mence à soixante ans ?Toujours est-il qu’à cet

âge le journal de l’Actionfrançaise n’a rien perdu de

son ardeur de vivre.

Les pages qui suivent vousrappelleront quelques-unes

des étapes les plus mar -quantes de cette aventure

inouïe qui commença le10 juin 1947. V ous com -

prendrez aisément que si,après être passés par tantd’épreuves, avoir toujours

manqué d’argent, avoir tou -jours été snobés par les

médias, avoir pleuré tant dejournalistes irremplaçables,

nous tenons encore lecoup, c’est non pas que

nous sommes increvables,mais que la pensée que

nous transmettons d’âgeen âge ne vieillit point.

En font preuve les nom -breux jeunes gens dont

certains s’expriment dansce numéro et qui trouvent,

en réponse à leur soif desavoir et de se donner , un

aliment revigorant dans cejournal assurant digne -ment la succession du

quotidien L’ActionFrançaise (né il va y avoir

cent ans l’an prochain).Nous n’avons jamais

cessé d’envoyer leursquatre vérités à la face des

politiciens de tout poil etde montrer que la répu -

blique, régime de l’éphé -mère, de la foire d’em -

poigne et de l’abêtisse -ment égalitaire, conduit laFrance si magnifiquementfaçonnée par nos rois aux

pires abîmes.

Si nous n’avons pas encorerétabli la monarchie, au

moins avons-nous mainte -nu la flamme qui continue

de tout rendre possible.Comme disait Maurras,« maintenir c’est créer ».

Une France où n’existeraitplus le journal de l’Actionfrançaise est impensable,

vous le savez tous. Puissela lecture de ces sept

pages vous pousser à vousmontrer plus généreux quejamais à son égard. V ous ledevez à toute une jeunesse

française qui n’entendpoint renoncer . ■

parMichel FROMENTOUX

Depuis cette date, l’A.F. estdans la clandestinité tandis que sepoursuit dans le pays une sanglante“épuration” à laquelle les gaullistesprêtent la main, ainsi que tous lesrevenants de la IIIe République ré-installés au pouvoir dans le sillagedu chef de la France libre. Ces po-liticiens ingrats élimineront DeGaulle en janvier 1946 après avoirété remis en selle par lui...

Quand on considère le nombrede journaux qui sont nés et qui ontdisparu depuis soixante ans, on nepeut qu’être frappé par la longévitéde L’Action Française 2000. Mal-gré bien des épreuves, malgré lespersécutions du régime qui ne nousa pas ménagés, malgré les atten-tats, malgré le lancinant problèmefinancier qui rend précaire son exis-tence, le journal de l’A.F. a tenubon et n’a pas cessé de défendretoutes les causes nationales ens’engageant à fond chaque fois quele sort de la France était en jeu.Qu’il soit encore vivant, et bien vi-vant, tient du miracle.

Maurice Pujo1872-1955

Charles Maurras1868-1952

10 juin 1947 : premier numéro

Charles Maurras et MauricePujo, codirecteur de L’Action Fran-çaise, sont arrêtés au début de sep-tembre 1944. Ils sont emprisonnéset traduits devant la cour de Jus-tice du Rhône, tribunal d’exception.Charles Maurras et Maurice Pujosont condamnés respectivement àla réclusion perpétuelle et à cinqans d’emprisonnement pour leur fi-délité au maréchal Pétain sous l’Oc-cupation. Ils sont emprisonnés à laMaison centrale de Riom puis àClairvaux dans l’ancien monastèrede saint Bernard.

Vie souterraine

Pendant ce temps, l’Action fran-çaise mène une vie souterraine.Des cercles s’organisent, ici et là,sous diverses appellations. GeorgesCalzant, ancien secrétaire général

Georges Calzant1897-1962

L’Action Française 2000 n° 2726 – du 7 au 20 juin 2007 5

60 ANS D’AVENTURE ROYALISTE

parMichel FROMENTOUX

Au cœur de l'Action française

Quand sortit le premier nu-méro d’Aspects, j’avaisquatre ans et un jour.

Dans ma bonne ville ancestraled’Annonay, je n’allais pas tarderà apprendre de mes parents etdes Frères des Écoles chré-tiennes à aimer par-dessus toutle bon Dieu, la Vierge Marie et laFrance. Et aussi l’Histoire deFrance, tant et si bien qu’à l’âgede douze ans la passion des gé-néalogies royales (qui ne devaitjamais me quitter) m’avait déjàrendu royaliste, car je ne pouvaisconcevoir un pays qui ne fût pasincarné d’âge en âge dans unelignée de chair et de sang et jetrouvais que la France était bienaffligée... Or, je n’avais encoreentendu parler ni de Maurras, nid’Aspects...

Lacune bien vite combléepuisque dès quinze ans, j’ache-tai chaque jeudi à la Maison dela Presse l’hebdomadaire qui de-vait marquer ma vie à jamais.C’était le temps du grand format,les grandes colonnes pratique-ment sans photos étaient un peuaustères mais en ce temps-là leslecteurs, pas encore ramollis parla télévision, ne rechignaient pasdevant l’effort... Le jeune hommeà peu près sage que j’étais alorsse délectait du billet de JacquesPerret et du dessin de Ben avantde s’acharner avec un crayon àremettre en place les lignes par-fois égarées par les typographesdu long et puissant article deGeorges Calzant...

Royalisteen Ardèche

C’était le temps de tous lesrisques au service de l’Algériefrançaise ! Bien sûr, je savouraisparticulièrement le grand bon sensde Xavier Vallat, d’autant qu’il étaitl’un de mes voisins ! L’ancien dé-puté de l’Ardèche, libéré desgeôles gaulliennes où il avait liéamitié avec Maurras, allait bien-tôt partager ses semaines entreParis où il régnait sur les locauxde la rue Croix-des-Petits-Champs et Annonay où il habitaiten face de chez mes parents. Ilm’honora d’une amitié qui devait

déliter – je sais qu’il a fallu alorsjouer d’acrobaties périlleuses pourparaître malgré la “chienlit”...

En trente-cinq années, j’aivécu bien des batailles sur lesfronts les plus divers. En cestemps stupides et sans idéal desannées Giscard (le “Foutriquet”fustigé par Pierre Boutang...) dontl’euphorie libertaire ne pouvait queconduire aux dévastations desannées Mitterrand, lesquelles sesont prolongées dans l’abêtisse-ment hédoniste général des an-nées Chirac, notre journal fut tou-jours le plus ardent à dénoncerles démissions et à exalter laFrance, notre souverain bien.

Bien sûr la question euro-péenne a été au premier plan denos soucis : contre les accords deSchengen, contre le traité deMaëstricht, contre celui de Nice,contre la Charte des droits fonda-mentaux, contre l’euro, contre leprojet de constitution européenne...Ce n’est pas là une manie d’êtrecontre tout, et nul n’est plus quenous favorable à des accordsétroits entre les États européens,mais à chaque fois que la répu-blique discute à ce sujet c’est entermes de démission nationale,d’abandons de souveraineté, deconcessions à des forces mer-cantiles et apatrides. Jamais l’Ac-tion française ne tolérera que l’onattente à la nation, notre commu-nauté historique de destin où nouspuisons le meilleur de ce qui nousfait être ce que nous sommes etqui nous élève à l’universel.

Ce qu’il nousreste à faire

Nos combats ne sont pasvains : les Français, intoxiquéspar les médias, sont nombreux àdécouvrir dans l’inlassable argu-mentation des éditoriaux de PierrePujo comme une délivrance. Etnous ne sommes point les sol-dats de causes perdues : Maës-tricht n’a été voté en référendumqu’à une minuscule majorité, etle projet de constitution euro-péenne a été bel et bien refusépar les Français. Victoire réelle,mais déjà menacée par l’agité quivient d’entrer à l’Élysée et quenous aurons toujours à l’œil !

Encore un combat, et celui-ci gagné par l’AF toute seule,plus précisément par Pierre Pujolui-même : celui qui permit en1975 de sauver l’île de Mayotteen la gardant française, alorsque le président Giscardd’Estaing et toute l’intelli-

miers pas de secrétaire de ré-daction, ni Alain Sanders au sigrand cœur, ni Anne Bernet dontj’ai vu d’année en année écloreet s’affirmer les multiples talents,ni les jeunes qu’à mon tour j’ai“formés” : Éric Letty, ChristianBrosio, Jean Cochet, Alain Wael-kens, Élie Hatem... Je ne puistous les citer, qu’ils me le par-donnent ! Les nécessités de lavie les ont quelque peu disper-sés, mais tous, je le sais, parlentencore de la “vieille maison” avecémotion.

Je vois maintenant chaque an-née arriver quelques “jeunesloups” talentueux et convaincus.Ils apportent dans nos colonnescomme dans nos bureaux unenouvelle vitalité. Leurs noms com-mencent à être bien connus, jen’en cite que quelques uns :Pierre Lafarge, Jean-PhilippeChauvin, Guillaume Chatizel, Sté-phane Blanchonnet (encore unAnnonéen !) et son épouse Sa-rah, Aristide Leucate, Henri Le-tigre, Pierre Carvin, Alain Raison,Philippe Aleyrac, Thibaud Pierre,et le “petit dernier” de la rédac-tion mais qui n’est pas le moindre,Grégoire Dubost, qui supplée am-plement, et avec une patienceque je lui envie, à mes insuffi-sances en informatique.

Nos combats

Les photos de quelques“Unes” rappellent qu’Aspects, puisl’AF 2000 ont toujours été sur lefront en première ligne. Je n’aiévidemment pas participé auxcombats grandioses menés dansles années 50-60 : pour que jus-tice soient rendue à Maurras etau Maréchal, donc pour restau-rer la paix civile ; pour faire échecà la Communauté européenne dedéfense (CED) - le premier va-gissement de l’Europe fourre-tout- ; pour la défense de l’Algériefrançaise – ce qui valut au jour-nal d’être parfois saisi et à maintsrédacteurs de connaître lescamps de rétention de M. DeGaulle (comme on l’appelait alorsdans Aspects) ; pour poser en1968 les vraies questions de na-ture à empêcher la France de se

de louanges ni un bon salaire...,que de se vouer à une politiquequi ne soit pas politicienne, maisselon la définition de saint Tho-mas d’Aquin la forme la plushaute de la charité. Alors si, se-lon le mot de Maurras, les na-tions sont des « amitiés »,quelle magnifique pierre apportel’AF à l’édifice national ! Pour quedes tempéraments si tranchés,

des caractères parfois bons etmais plus souvent mauvais, desâges et des milieux si divers “co-habitent” dans une véritable har-monie, il faut que chacun sentequ’au-dessus de tous commandele service de la France.

Que d’images d’amis dispa-rus me reviennent à l’esprit en cetanniversaire ! Je pense notam-ment à Mme Maurice Pujo, un belexemple de vaillance et d’infiniebonté, mais aussi à tant de jour-nalistes remarquables qui m’im-pressionnaient lors de mes pre-miers conseils de rédaction :Pierre Masteau, André Nicolas,Henri Courmont, Robert Guillo-tel, Jean Houssaye, et biend’autres encore. Je pense aussiau bouillant Pierre Debray, à l’his-torien Jean-François Chiappedont les entretiens (sur Louis XVIou la Contre-Révolution entreautres) qu’il m’accordait toujoursspontanément mêlaient le savoirà l’élégance et à la ferveur, à l’éru-dit René Rancœur, la mémoirevivante de l’Action française, àl’inénarrable Bayard, notre fulgu-rant dessinateur avec ses coupsde colère, ses coups de rouge etses coups de génie...

De toutesgénérations

Heureusement la Providencenous garde François Leger, PierreChaumeil, Jean-Baptiste Morvan,Pascal Nari, et, toujours à l’affût,notre maître à tous Pierre Pujo.Je ne pourrai jamais oublier Nor-bert Multeau qui guida mes pre-

ne tinrent pas très longtemps enconstatant la pétaudière qu’étaiten train de devenir l’Éducation,même privée sous contrat. De-puis 1969, j’envoyais au journalquelques articles de temps àautre, puis j’entamai en 1971 unecollaboration régulière, avantqu’un beau jour de 1972 PierrePujo me fît des propositions quime parurent honnêtes en vue deme placer auprès de lui commesecrétaire de rédaction. Je n’eusqu’à m’en féliciter.

C’était encore le temps du“plomb”, des vieilles machinescrachant les lignes l’une aprèsl’autre, des lourdes formes d’aciersur les longues tables de fontequ’on appelait le “marbre”, desgrosses rotatives... J’allais aucours des années assister àd’étourdissants progrès en la ma-tière... Lorsque j’évoque ce tempsj’ai l’impression de passer pourMathusalem.

L’amitié d’Actionfrançaise

À “Aspects”, comme beaucoupdisent encore, j’ai senti dès monarrivée que j’entrais au pays descertitudes ; certes le “joug” dePierre Pujo est rigoureux, maisn’est-ce pas la rigueur des né-cessités françaises, cette rigueurà laquelle doivent toujours se sou-mettre – non pour s’anéantir, maispour être épurés – tous les en-thousiasmes et toutes les pas-sions ? Fils de paysans vivarois,formé dans le respect de la sa-gesse séculaire, je fus très vite fierde vivre dans la bonne vieille tra-dition française où savoir bien pen-ser ne va jamais sans savoir bienrire, bien manger et bien boire...

L’amitié d’Action française estune chose extraordinaire, lapreuve évidente que chez debons et solides maurrassiens, sila raison domine, elle n’étouffejamais le cœur, car c’est déjà unacte d’amour que d’entrer à l’Ac-tion française, que de sacrifierpour elle ses ambitions et ses loi-sirs, que de trimer sans attendre

me marquer pour toujours et ex-prima le vœu de me voir écriredans Aspects...

À ce moment-là, toutefois,bien qu’ayant participé en 1964au camp Maxime Real del Sartequi me permit, encore un peu ti-mide, de rencontrer pour la pre-mière fois les grands Pierre(s)(Juhel, Pujo, Chaumeil...) et biend’autres rédacteurs du journalque j’enviais quelque peu de loin,je me croyais encore une voca-tion d’enseignant. Mes illusions

Xavier Vallat1891-1972

Dessin de Ben publié le 1 1 juillet 1958

L'échec cuisant de la Commu-nauté européenne de Défense esten grande partie due à la cam-pagne vigoureuse et incessanted'Aspects de la France contre ceprojet, premier pas vers le fédéra-

lisme européen. Le Comte de Pa-ris, le maréchal Juin, le généralWeygand s'y opposèrent aussi etles députés furent ainsi poussés àrefuser de ratifier le traité, le 30août 1954

CONTRE LA C.E.D.A s p e c t s d u 5 f é v r i e r 1 9 5 4

6 L’Action Française 2000 n° 2726 – du 7 au 20 juin 2007

D O S S I E R60 ANS D’AVENTURE ROYALISTE

gentsia politique voulaientla pousser à se soumettre

aux Comores voisines, qui firentsécession et qui aujourd’hui leregrettent amèrement. PierrePujo mena aussi dans les an-nées 80 un combat sans relâchepour empêcher le largage de laNouvelle-Calédonie. Prochaine-ment la question va resurgir :restons vigilants.

Bien d’autres combats pour-raient encore être évoqués. Pourm’en tenir à ceux dans lesquelsje me suis le plus investi, je mesouviens de l’ignoble situation deguerre scolaire dans laquelle nousplongea la gauche dans les an-nées 1983-84. Aspects se devaitde s’opposer à la mainmise surla formation des esprits de l’Étatjacobin qui, dans ses propresécoles, avec son idéologie éga-litariste, ne forme plus que descancres ne sachant pas toujourslire et écrire ; j’ai brandi chaquesemaine le drapeau de la libertéde l’enseignement, et je dois àcette campagne d’avoir lié amitiéavec Michel de Saint Pierre, letonitruant et enthousiaste défen-seur de toutes les causes fran-çaises, que Dieu rappelait à luien juin 1987, il y a déjà vingt ans.

Et puis que de lignes j’eus àécrire plus souvent dans leslarmes que dans la joie devantles “faits de société” ! Désertiondes églises et des séminaires,démission du clergé, vent de sub-version dans les mouvements re-ligieux, dévergondage moral, loissacrilèges permettant de tuer l’en-fant à naître pour le confort desgens installés dans la vie, reven-dications contre-nature, promo-tion de l’homosexualité, manipu-lations génétiques, et j’en passe...Il faut désigner la source du mal :l’idéologie des Droits de l’Hommeimposée comme un substitut dela religion en est aujourd’hui àvouloir refaire, non seulement lasociété, mais l’homme lui-même !

Aux sourcesdu mal

Que de combats encore à me-ner pour freiner cette vertigineusedescente vers la barbarie !L’AF 2000 seule ose remonter auxcauses du mal et donner, non pasdes solutions miracles à tous lesproblèmes, mais au moins lesmoyens de poser ces problèmesen dehors de toute idéologie, dansle respect du catholicisme quireste l’âme de la France et pour,au temporel, le seul bien de notrenation qui devra bien un jour s’in-carner à nouveau dans une fa-mille d’âge en âge.

Combattre pour le roi, c’estcombattre pour la continuité doncpour la vie. C’est pourquoi notrejournal ne peut pas, ne doit pasmourir. À vous, chers lecteurs, de redoubler de générosité pournous aider.

Michel FROMENTOUX

Secretsde fabrication

En dehors de l’impression,toute la fabrication du jour-nal se déroule dans les bu-

reaux que nous partageons avecle Centre royaliste d’Action fran-çaise. La plupart de nos collabo-rateurs sont d’ailleurs des mili-tants, disposés à travailler dansdes conditions pas toujoursidéales : privé d’un administra-teur à demeure, le réseau infor-

matique manque de fiabilité ; lasonnerie stridente du téléphoneperturbe les efforts de concen-tration ; le chauffage s’avère tropjuste en cas d’hiver rigoureux...Heureusement, il n’est plus ques-tion de manier les plombs : au-jourd’hui, tout se fait sur des or-dinateurs comparables à ceux quiéquipent nos foyers, quoique pro-bablement davantage obsolètes.

Ambiance...

L’Action Française 2000compte quatre salariés, dontdeux à temps plein : la secré-taire et le secrétaire de rédac-tion ; un coursier et un maquet-tiste travaillent à temps partiel.Le journal s’appuie en outre surde précieuses contributions bé-névoles, au premier rang des-quelles figure celle de son di-

recteur. Cette équipe travaille gé-néralement dans une bonne am-biance, à peine perturbée par lesplaintes du secrétaire de rédac-tion, dont l’angoisse va croissantà l’approche du bouclage. Lecalme du maquettiste n’en estque rarement affecté ; quant audirecteur, il réagit avec une cer-taine désinvolture, convaincu queses collaborateurs s’en sortirontcomme à chaque fois...

Un conseil de rédaction se ré-unit au lendemain de chaque bou-clage. Il dresse la critique du nu-méro achevé la veille et esquisse

un plan pour le suivant. Le “che-min de fer” se précise peu à peuen fonction de l’actualité et despropositions des rédacteurs.

Parmi eux, certains nousadressent encore des manuscrits,plus ou moins faciles à déchiffrer.Pierre Pujo est d’ailleurs un dignehéritier de Charles Maurras, sil’on en juge par la peine qu’il in-flige aux responsables de la com-

position ! À cet exercice, Mme Da-libert est de loin la plus talen-tueuse ; on ne la remerciera ja-mais assez pour son dévouementpermanent.

Traquer les fautes

Le secrétariat de rédaction estun passage obligé pour chaquearticle : l’essentiel de la tâche estassuré par Michel Fromentoux,assisté de temps en temps parvotre serviteur. Inlassablement, iltraque les fautes d’orthographe,corrige la syntaxe, redresse lestyle et veille au respect des

règles typographiques ; il ajoutedes intertitres, coiffe les textesd’un chapeau, enrichit leur miseen forme puis les transmet aumaquettiste. Le journal com-mence alors à prendre une formeconcrète.

Au fur et à mesure de leur dis-ponibilité, les articles sont inté-grés aux seize pages que compteL’AF 2000. Bien souvent, le mon-

parGrégoire DUBOST

tage de l’une ne peut pas se fairesans celui d’une autre, d’où lesdifficultés causées par le retardd’un seul article. Les petites pé-riodes de “chômage technique”sont d’autant plus frustrantesqu’elles ne font que reporter letravail au soir, à la nuit ou au len-demain. Comme “tout se tient”,les modifications intervenantaprès le bouclage d’une page sontparticulièrement pénibles :quelques caractères de plus oude moins suffisent parfois à toutdécaler. Les mises en page pa-pier sont soumises à descontraintes méconnues des blo-gueurs ! Par leur faute, uneavance de quelques pages parrapport à la “normale” ne consti-tue jamais une assurance contreun bouclage tardif le mardi soir.

Dans la rue

Une fois le numéro achevé, ilest converti en PDF et envoyépar Internet à l’imprimeur, auquelnous aurons précisé au préalablel’ampleur du tirage. La distribu-tion est confiée à un routeur etaux NMPP, mais le travail ne s’ar-rête pas là. Le secrétariat assureau quotidien le suivi des abon-nements, avec le concours d’unprogrammeur bénévole qui opti-mise peu à peu notre outil infor-matique : une mission capitalepour le développement de nosventes et l’accroissement de notreproductivité.

Chaque parution s’accom-pagne de la mise en ligne de l’édi-torial, vitrine du journal sur la toile,qui constitue bien sûr un vivierd’abonnés potentiels. La promo-tion du journal par les militantsd’AF est également assurée dansla rue, où les tracts distribués pro-posent généralement la sous-cription d’un abonnement d’es-sai. Enfin, les camelots du Roipoursuivent les ventes à la criée.En définitive, la diffusion, la pro-motion et même la fabrication deL’AF 2000 se confondent dansune large mesure avec les cam-pagnes du CRAF, dont le journaldemeure le fer de lance.

Par trois fois – en 1968, 1976 et 1984 – des attentats ont été perpétrés contre les locaux d' Aspect s de la France

et de la Restauration nationale.Ci-dessus : une vue de nos bureaux après l'attentat du 20 mars 1976.

TOUS LES RISQUES POUR L'ALGÉRIE FRANÇAISE

Au temps du plomb...

Pierre Pujo et Michel Fromentouxà l’imprimerie

d’Aspects de la France, en 1976

Dès le 18 septembre 1959,Aspects de la France dénonçaitsans ambages la politique d'aban-don de l'Algérie que mettait enplace le général De Gaulle. Cenuméro fut saisi, mais l'ardeur au

combat pour l'honneur de laFrance n'en fut pas réduite pourautant. Les années suivantes,plusieurs membres de la rédac-tion connaîtront les prisons du régime...

L’AF CIBLE DES TERRORISTES

Vente à la criée de L’AF 2000

L’Action Française 2000 n° 2726 – du 7 au 20 juin 2007 7

Romanciers et critiques

Depuis soixante ans,notre journal

n’a pas délaisséla littérature,

comme en témoignent

les prestigieusessignatures qui lui

ont apporté leur collaboration.

D O S S I E R60 ANS D’AVENTURE ROYALISTE

Dès la relance d’un véritablehebdomadaire d’Actionfrançaise, Aspects de la

France et du Monde, en 1947,Pierre Boutang, flanqué de son amiMichel Vivier, s’attacha à le doterd’une page littéraire digne de cenom. On se rappelle qu’avant-guer-re, les articles critiques de LéonDaudet, Robert Brasillach ouThierry Maulnier dans L’Action

Française quotidienne disposaientd’une audience dépassant large-ment le public monarchiste. Ils’agissait donc de reconstruire undes piliers de l’édifice.

Les Hussardsdans Aspects

Courant les salons et les barslittéraires, Pierre Boutang fait,dans ces années 1947-1948, laconnaissance de Paul Léautaud,André Fraigneau et Marcel Aymé.À côté de ses propres articles cri-tiques hebdomadaires – il enregroupera l’essentiel dans LesAbeilles de Delphes – Boutang atti-

re au nouvel organe de combatroyaliste la plus grande partie dela bande que l’on nommera lesHussards. Ces jeunes gens reje-taient le conformisme intellectuelde la France d’après-guerre et pré-féraient de loin la leçon de classi-cisme de Maurras à la littératureengagée prônée par Jean-PaulSartre et l’existentialisme. Toutnationalistes qu’ils fussent, ils

la France. Michel Déon avait étésecrétaire de rédaction de L’ActionFrançaise à Lyon, durantl’Occupation. Le futur académicienpubliera dans Aspects des critiquesdramatiques et des reportagesglanés à l’étranger.

Autre romancier de talent,Kléber Haedens assurait pour sapart à Lyon la chronique sportivepour le quotidien royaliste. Il feraun temps office de critique théâtraldans notre hebdomadaire.

Les chroniquesde Jacques

PerretDans le même temps, en 1949,

Marcel Aymé accepte de chroni-quer pour Aspects le premierroman de Blondin, L’Europe buis-sonnière. Un salut amical qui ferabeaucoup pour la renommée deBlondin. Esthète barrésien, ami deJean Cocteau, André Fraigneauapporte également sa collabora-tion.

Dès les années 1950, c’estJacques Perret, l’auteur du Caporalépinglé, qui signe des chroniquesincendiaires. Il s’illustrera notam-ment pendant la guerre d’Algérieoù le journal sera saisi suite à cer-tains de ses articles. Rassemblanten 1964 ses papiers de cettetrouble période dans Le Vilaintemps, Perret peut écrire qu’àAspects, la France « est aimée,servie, veillée sans répit, etqu’on s’y montre attentif auxmerveilles de son hérit age plusqu’aux bonheurs de ses lende -mains mirobolant s ». Michel deSaint Pierre sera également, aprèsla tourmente de 1968, un soutiende poids d’Aspects.

Et plus récemment, nous dira-t-on ? Ces dernières années les

regrettés Vladimir Volkoff et ADGont donné des textes à L’A.F., toutcomme Jean Dutourd, PolVandromme et François Sentein.Ernst Jünger et Michel Mohrt ont

parPierre LAFARGE

Le 23 janvier 1992, Aspects dela France reprenait enfin le titrehistorique de notre journal, le sous-titre devenant le titre : L'Action Fran-çaise, auquel nous ajoutionsHebdo. Quatre ans plus tard despoursuites furent engagées contrele journal à l'instigation du députécommuniste Jean-Claude Gayssot

pour utilisation d'un titre réputé in-terdit depuis les ordonnances dela Libération... En 1999, nous avonsdonc du adopter un nouveau titreL'Action Française 2000 quimarque une différence formelleavec le journal dirigé par CharlesMaurras. Mais rien n'a changé dansle fond !

L'ACTION FRANÇAISERETROUVÉE

Dès l'arrivée de la gauche aupouvoir en 1981, Aspects de laFrance fut en première ligne dansle combat contre le projet socialo-communiste, dit projet Savary,d'un grand service unique d'en-seignement qui bafouait l'une des

libertés essentielles et qui eûtmarqué la mort de l'enseigne-ment catholique. Dans chaquenuméro, Michel Fromentoux fus-tigeait le "ministre de la guerrescolaire", et c'est dans nos co-lonnes que l'écrivain catholique

et royaliste Michel de Saint Pierrelança un appel à un soulèvementnational, le 21 juin 1984, à laveille de la grande manifestationdu 24 suivant qui vit deux mil-lions de personnes dans les ruesde Paris.

POUR LA LIBERTÉ DE L'ENSEIGNEMENT

BIBLIOGRAPHIE

* Antoine Blondin : Mes petit s

papiers , La Table Ronde, 2006.

* Vincent Bothmer : Les cœurs

sombres , Réaction, 1993.

* Pierre Boutang : Les Abeilles

de Delphes , La Table Ronde,

1952. Rééd. Les Syrtes, 1999.

* Roger Nimier : L’Elève

d’Aristote, Gallimard, 1981.

* Roger Nimier : J ournées de

lecture II , Gallimard, 1995.

* Jacques Perret : Le Vilain

temps, éd. du Fuseau, 1964.

étaient ouverts à la littératureétrangère. Leur ami Boutang faisaitd’ailleurs découvrir WilliamFaulkner et George Santayana àses lecteurs.

Au sein de cette petite bande,il nous faut tout d’abord évoquer lafigure de Roger Nimier, le benja-min de la bande, militant royalisteà la sortie de la guerre, qui signe-ra avec son brio et son aisancehabituelle des articles sur Stendhal,Roger Vailland ou encore sur lestyle de Jacques Chardonne. Celuiqui rêvait de réconcilier Maurras etBernanos, ayant eu la chance derencontrer ses deux maîtres,méprisait moins la politique qu’ona voulu le faire croire.

Antoine Blondin, son complice,n’était pas loin, rencontré parBoutang à la rédaction de ParolesFrançaises, où ils sévissaient aucôté de François Brigneau. L’auteurd’Un singe en hiver donnera deschroniques musclées à Aspects de

accordé des entretiens marquants.Les jeunes plumes acérées for-mées dans les colonnes du jour-nal se sont illustrées dans desrevues aussi littéraires que poli-tiques : Réaction, Immédiatement,Les Épées. Le temps n’est pasencore venu de les nommer, saufà saluer la mémoire d’un d’entreeux, bien trop tôt disparu, VincentBothmer, dont Guy Dupré devaitdresser un élogieux tombeau.

Pierre Boutang1916-1998

Jacques Perret1901-1992

Michel DéonNé en 1919

Vladimir V olkof f1932-2005

8 L’Action Française 2000 n° 2726 – du 7 au 20 juin 2007

D O S S I E R60 ANS D’AVENTURE ROYALISTE

Quelques vieux souvenirs pour un grand hommage

parPierre CHAUMEIL

Président d'honneurde l'Association professionnelle

de la Presse monarchique et catholique

J’étais depuis 1958 rédacteuren chef de L’Auvergnat deParis, lorsque, libéré des

geôles gaullistes en juillet 1962, jedus abandonner mes fonctions àla suite de différends techniquesfin mars 1963.

Le 1er avril, j’entrais, à la de-mande de Xavier Vallat, le direc-teur d’Aspects de la France et deBernard Mallet, président des Co-mités directeurs de l’A.F., dans cetadmirable hebdomadaire royalistede combat.

J’y connaissais déjà Vallat,Louis-François Auphan et HenriCourmont, les « deux piliers dujournal » comme disait son di-recteur. J’y rencontrais ensuite lesdivers collaborateurs au cours descomités de rédaction ainsi que l’in-comparable Jacques Perret, tousdécouverts par moi dans diffé-rentes manifestations ou à l’Insti-tut de politique nationale, redevenudepuis lors l’Institut d’Action fran-

la meilleure veine possible de res-pect et de loyauté envers la Mai-son royale de France, dont le chefincontestable, après la disparitionde Mgr le Comte de Paris, setrouve être Mgr le Comte de Pa-ris, duc de France, auquel suc-cédera le fils de celui-ci Mgr Jeand’Orléans, duc de Vendôme,d’une excellente instruction etd’une grande éducation, qui sefait connaître dans les différentesprovinces de France.

Puisse-t-il être appelé un joursur le trône de ses ancêtres avantque la France n’ait disparu dansle répugnant et envahissantcloaque européen ! Hommageau 60e anniversaire de L’A.F. 2000et Vive le Roi !

P.S. Les mêmes jours, auxmêmes heures, se réunissaientau rez-de-chaussée du même bis -trot, les principaux collaborateursdu Canard Enchaîné , alors toutproche. Sortant souvent le der -nier du “Parti”, j’y prenais un,parfois deux verres avec ungrand dessinateur de cet hebdo,le fameux Moisan, souvent la per -ruque de travers, qui consacraitun dessin admirable d’une demi-page chaque semaine, à l’actua -lité politique. Aussi antigaullistestous les deux, nous étions de -venus très bons copains, ce quine manquait pas de me fournirsouvent quelques secrets sup -plémentaires.

Presse et à L’Aurore, nous tenaitau courant de l’actualité judiciaireet politique, Auphan des ren-contres entre les “sous-marinspolitiques” qui se retrouvaient àla Brasserie Lipp où il était fidèleet apprécié avec son grand amiSaint-Exupéry. Courmont disser-tait agréablement sur les fro-mages dont il était grand ama-teur et sur la politique quotidienne,Perret, brièvement, entre deuxpipes, faisait le point sur ses ré-flexions ; André Maynier, titi pa-risien perspicace et observateur,nous tenait au courant de l’étatd’esprit des clients du bistrot deson père, tout proche de l’Hôtelde Ville.

De là, nous, de la rédaction,nous évitions des erreurs ou despetites fautes dans l’élaborationde nos articles et vivions de plainpied dans la réalité des différentsmilieux sociaux de la capitale, toutcela dans la cordialité et lameilleure ambiance.

Aspects de la France a dis-paru, heureusement remplacé,grâce à Pierre Pujo par L’ActionFrançaise 2000, et n’a rien perdude la ligne de conduite ancienne.Les éditos de Pujo sont tous dans

çaise et dirigé aujourd’hui par ledévoué et multiactif Michel Fro-mentoux.

Un secret jamais dévoilé

Mais je voudrais dévoiler unsecret jamais découvert, jamaisencore raconté. C’est l’histoiremaintenant terminée, du “Parti”,ainsi baptisé par ses propresmembres et inconnu de tous.

Le “Parti” se réunissait tous leslundis à partir de 19 heures et lesvendredis soir au premier étaged’un petit bistrot maintenant dis-paru de la rue d’Aboukir.

Y siégeaient en permanenceLouis-François-Auphan, secrétairegénéral de la rédaction, à la mé-moire éléphantesque, Henri Cour-mont, chroniqueur littéraire – lemeilleur de Paris, affirmait KléberHaedens –, Robert Cario, chroni-queur judiciaire tragiquement dis-paru, Jacques Bourgeat, autodi-dacte total et omniscient des pe-tits secrets et détails de l’histoirehumaine, Jacques Perret, naviga-teur à la voile et son marin lepeintre graveur Collot, et moi-

même. Xavier Vallat, membre du“Parti”, venait nous rejoindre à l’im-proviste quand sa jambe de boisne le faisait pas trop souffrir.

Au cœur desréalités sociales

Là, bavardant aux bouteillesde Sancerre, nous apprenionstout : Cario qui écrivait à Paris-

Je fais partie de la plumitiveconfrérie des journalistes quiont publié leur premier article

dans Aspects de la France. À cetteépoque jolie, c’est-à-dire à l’oréedes années quatre-vingt, l’Unionsoviétique existait encore, l’Europeétait encore coupée en deux, leParti communiste avait encorequatre ministres au gouvernement,mais Pierre Pujo dirigeait déjà lejournal. Tout n’a donc pas été com-plètement bouleversé depuis.

Pierre m’avait proposé deprendre la succession, à la revuede presse de l’hebdomadaire, dePierre Gagemont, qui, je crois, étaitappelé sous les drapeaux – le ser-vice militaire existait encore. Phi-lippe Viet quittait la rédaction et lesérénissime Alain Waelkens y ar-rivait. Michel Fromentoux était déjàsous pression permanente, tirailléentre la mise en forme des articlesdes autres, l’écriture des siens, lespique-niques des Ardéchois de Pa-ris et les programmes de l’Institutd’Action française.

Sur le zinc

On croisait dans les locaux desanciens hauts en couleurs et richesd’histoires, comme l’ami PierreChaumeil, qui se cherchait en vainun successeur à la présidence dela Presse monarchique et catho-lique, ou encore Pierre Masteau,qui cumulait talentueusement, sousdes pseudonymes divers, les ru-briques agricole, artistique et lesarticles consacrés aux pays del’Est. À l’Engadine, autour d’un

verre pris sur lezinc, Chaumeilracontait la ten-tative d’évasion des internés deSaint-Maurice l’Ardoise, aux tempsmaudits de la Grande Zorah, Mas-teau parlait de Céline, de Parrazou de Marcel Aymé, qu’il avaitconnus, tandis que deux étagesplus haut, au 10 rue Croix-des-Pe-tits-Champs, Pierre Pujo pestaitcontre l’humeur fugueuse de sescollaborateurs. Le lundi se poin-tait Bayard, nez au vent et mècherimbaldienne, qui selon son hu-meur rendait, pour la une, un des-sin génial ou un affreux crobar.

Je me souviens aussi d’une vi-site aux locaux de Jean-FrançoisChiappe. Il m’arrivait alors de m’oc-cuper épisodiquement et vaille quevaille du supplément “jeunes”d’Aspects, consacré cette se-maine-là à la presse, et j’avaisformé le projet d’interviouver lebiographe de Cadoudal et deLouis XVI. Je pensais seulementlui demander un rendez-vous ; ilm’entraîna dans le local étudiantet m’y tint, au pied levé, une confé-rence de plus d’une heure sur l’his-toire de la presse en France, avecun talent qui n’appartenait qu’à lui.

Monarchie etporte-jarretelle

Autres figures familières d’As-pects, Nicole Dalibert s’occupaitdéjà de l’administration, et PierreMartinand de la comptabilité. Ilutilisait, pour ce faire, un boulier !Mais après tout, c’est de cet ins-

trument que seservaient lessages comp-

tables de Guillaume le Conqué-rant. Les comptes d’Aspects dela France en 1985 étaient-ilsbeaucoup plus complexes queceux du duché de Normandievers l’an 1066 ?

Lorsqu’ils souhaitaient aussimiliter, ce qui était mon cas, lesjournalistes d’Aspects de la Franceavaient sur leurs confrères le pri-vilège de vendre eux-mêmes leurprose, dans la rue, à des lecteursoccasionnels. Je vendais réguliè-rement avec Jean-Charles, hybridedu titi parisien grand style et ducamelot du Roi de bonne souche,qui avait gagné auprès des com-merçants du marché Maubert leglorieux surnom de “Bébert deMaubert”. Il proclamait à pleinevoix et à tous les carrefours lessupériorités du rock sur le disco,du porte-jarretelle sur le pantalon

et de la monarchie sur la répu-blique. Un spectacle. Je me sou-viens avoir vu, à Saint-Lazare, lecomédien Klaus Kinski s’asseoirsur une borne ou une barrière,pour écouter et regarder. Les ache-teurs devaient, par la suite, êtreun peu surpris à la lecture de l’édi-torial de Pierre Pujo, qui compa-rait assez rarement la monarchieet le porte-jarretelle.

La mort de près

Avec le temps, les souvenirsqui se ramassent à la pelle pas-sent à la poubelle. Ils reviennentpourtant, nombreux et sans forcer,souvent cocasses. À cette époque,la polémique sur les événementsde Nouvelle-Calédonie faisait rageet le journal était en premier lignedu combat pour la conservationde l’île à la France. Nous étionsune vingtaine, un soir, rue Croix-des-Petits-Champs. Une bombevenait d’exploser, posée par ungroupuscule d’extrême-gauche etl’arrière des locaux flambait. Il au-rait dû y avoir des morts – si laProvidence n’avait voulu que,quelques instants plus tôt, toutnotre monde se fût réuni de l’autrecôté des locaux pour une séancede diapos. Sous l’effet du souffle,le mur de la rédaction s’étaitécroulé. Les uns criaient : “C’estle gaz, ouvrez les fenêtres !” ; etd’autres : “Ça fait appel d’air, fer-mez-les !” Mais il n’y avait, detoute façon, plus aucun carreauaux fenêtres !

parÉric LETTY

L’ESPRITD’AF

CONTINUERAS’engager à l’Action fran -

çaise a permis, permet et per -mettra de se former à la poli -tique, au journalisme maisaussi et aujourd’hui plus en -core à la communication et auxnouveaux médias. Combiend’anciens camelots ont réussigrâce à l’apprentissage de lapréparation d’un tract, l’orga -nisation d’un meeting ou d’unemanifestation à trouver un em -ploi dans des agences de pu -blicité ou de communication ?

Mais l’AF , c’est surtout uncombat pour la France. Cer -tains se réclament de lagauche ou de la droite, d’autresencore se réclament de la vraiegauche ou de la vraie droite...Nous sommes maurrassiensparce que nous nous récla -mons de la vraie France, de laFrance éternelle. Celle qu’ontfait nos rois et qu’ils sauve -ront du marasme politique, eu -ropéiste et mondialiste.

« Nous aurons depuis long-temps quitté cette terre, Maur-ras, Bainville, Pujo et moi, quel’esprit d’AF continuera à se ma-nifester et à agir » disait Dau -det. J’y crois sincèrement. De -puis bientôt un siècle l’Actionfrançaise se dresse seule faceaux boutiquiers de la Répu -blique et contre ceux qui vou -draient ef facer le passé etl’existence même de la France.

Notre génération saura re -lever le flambeau de l’aventure,de la résistance et du combat,qui permettra à la France dese restaurer par son Roi.

Paul MOUGENOT (18 ans)

Jean-François Chiappe1931-2001

L'époque jolie des années 80

Lorsque je suis entré à l’Action française, j’aidécouvert ce que je souhaite à chacun dedécouvrir : la force d’un engagement animé

par une volonté de charité politique. C’est dansun premier lieu la découverte de Bainville et Maur -ras qui m’ont donné la force d’espérer et de toutmettre en œuvre pour que les solutions que nousproposons à l’Action française soient connueset reconnues de tous.

C’est p ar la vente à la criée du journal et le mi -lit antisme quotidien que j’ai fait mes premièresarmes, aiguisant mes argument s, et découvrantalors la nécessité de la formation politique. Peu àpeu, de cercles d’études en conférences, en col -laborant au bulletin étudiant Insurrection , puis àL’AF 2000 , j’ai plongé de tout mon être dans ce quim’app araît avec une clarté éclat ante comme la der -nière solution pouvant p ar le haut sortir la Francede la crise du non-politique qu’elle traverse. L’Ac -tion Française 2000 a un rôle de premier ordre dansle combat pour la reconstruction de la France p arla monarchie.

C’est à une jeunesse abandonnée, déracinée,rejet ant toute autorité, que nous avons à nous

adresser depuis quelques années. Malgré cesdifficultés, l’Action française étudiante a suconquérir de nouveaux territoires, former descadres adaptés à la diffusion de la pensée roya -liste d’AF , qui formeront dans les années à ve -nir la nouvelle élite royaliste. La création de cetteélite est notre combat permanent, car tous (et jedis bien tous) les autres mouvement s ou p artispolitiques ont abandonné jusqu’au concept demilit antisme pour la jeunesse, ce qui nous ouvreune occasion dans l’avenir d’être les seuls, avecquelques élément s disp arates, à pouvoir propo -ser des cadres politiques, essentiels au bon fonc -tionnement de la société.

Nous avons déjà gagné des bat ailles avec le“Non” à la Constitution européenne, nous risquonsd’en perdre d’autres avec le traité simplifié de Ni -colas Sarkozy , mais il y a une chose qui ne nouséchappera jamais, et que personne ne pourra ja -mais nous retirer , c’est l’amour de la France et sadéfense inconditionnelle jusqu’à la victoire.

Thibaud PIERRE (22 ans)secrét aire général des Étudiant s d’AF

L’Action Française 2000 n° 2726 – du 7 au 20 juin 2007 9

parMe Antoine MURAT

D O S S I E R60 ANS D’AVENTURE ROYALISTE

Renaissancede l'Action française

L’histoire de la Libération estextrêmement difficile. Elle sup-pose connus des faits dont le

nombre, la complexité, la nature,sont infinis. Leur appréciation exigeune intelligence, rare, des réalitéspolitiques. Les mensonges foison-nent. Dans tous les domaines, desfautes, des injustices, des crimes,des horreurs, ont été commis, dontles coupables ont eu la perversitéde dissimuler la vérité. La joie dela victoire remportée sur de formi-dables puissances de mort, nonplus que les magnifiques héroïsmesqui la permirent, ne doivent cacherce qui fut. La grandeur du bien nesaurait servir à excuser le mal.

Les apparences trompeuses, et,suivant les circonstances, chan-geantes, ne doivent pas altérer lesens véritable d’actions passées.

La France seule

Au mois d’août 1944, dès l’ar-restation de Maurras et de Pujo, leshommes d’Action française entiè-rement dévoués à la France ont étéconfrontés aux plus difficiles pro-blèmes d’action. Que devaient-ilsfaire ? Pendant les années de l’oc-cupation allemande ils avaient agi

de concentration, le chaos, le désar-roi. Un esprit révolutionnaire ani-mait d’importants groupes armés.Il n’y avait plus rien d’assuré. Leprovisoire créait l’incertitude et lacrainte. Mais l’ardente volonté d’agirpour le bien de la France n’étaitpas anéantie au pays de Jeanned’Arc. Spontanément l’ami, le ca-marade, le proche, se cherchaient,se retrouvaient. En dehors des ras-semblements massifs de partis or-ganisés – communistes, résistants,démocrates-chrétiens, M.R.P., so-cialistes, libéraux –, de multiplespetits groupes se constituaient.

Dès l’automne 1944 l’A.F. sereforma, d’elle-même, clandesti-nement. Des feuilles imprimées,des bulletins apparurent, ici, là, àParis, en province. Des inconnusse montrèrent, audacieusement.Une force venait de naître. Ou, plu-tôt, de renaître. Il est un peu vainde tenter l’énumération de cettefoule d’écrits courageux dont ungrand nombre fut éphémère. Leurexistence a été un signe manifeste.Parmi eux les Documents Natio-naux firent entrevoir une imagenouvelle de l’Action française. Unepresse nationale émergeait : Ri-varol, Minute allaient paraître. En1947, il y a soixante ans GeorgesCalzant réussissait à fonder As-pects de la France. Les initiales dutitre – A.F. – présentaient au pu-blic une signature ; elles étaient uncri de ralliement.

Calzant mérite d’être pris enexemple. Sa personnalité était bienconnue des hommes politiques etdes étudiants de sa génération. Ilcomptait des ennemis déclarés,mais il bénéficiait de la confianced’un grand nombre de ceux quiétaient témoins et de son courageet de sa clairvoyance. Ancien com-battant de 14-18, avocat à la courde Paris, il avait acquis une telleautorité au Quartier latin qu’il avaitpu y vaincre la gauche dans l’af-faire du professeur Scelle. Toujoursprêt à la lutte, il rassemblait les cou-rages par une audace sans peur,mais que sa raison maîtrisait. Il avaitune âme de soldat. Autour de luise groupèrent les survivants desmaîtres de l’Action française.

De nouveauxgroupes

Car la guerre de 39-45 fut desplus meurtrière. L’A.F. y a perdubeaucoup d’hommes, et de valeur !En juin 40, près de Noyon, l’an-cien président de la Ligue, M. deLassus, se sacrifia en choisissantun poste périlleux, à l’arrière-gardepour assurer au mieux la retraitedu régiment d’artillerie, dont il étaitle colonel. Combien de camaradesai-je perdus ? Et l’hécatombe s’estpoursuivie tout le temps de l’Oc-cupation, jusqu’à la fin. Ainsi fu-rent tués par les Allemands un És-tienne d’Orves, un Renouvin... Lemartyrologe est bouleversant.

Calzant recruta. Il réunit prèsde lui un nombre de plus en plusgrand. Il eut, pour l’assister, l’an-

cien président du cercle Fustel deCoulanges, le professeur de phi-losophie Henri Boegner ; il eutHenri Massis qui devait être élu

çaise, celui dont Maurras appré-ciait la sagesse et la droite raison,Maurice Pujo..

Je ne saurais, par délicatesse,continuer à exprimer ma penséesur les actuels rédacteurs deL’A.F. 2000 – sur Michel Fro-

pects et L’A.F. 2000 ont tenu lamême ligne de conduite.

Avec efficacité, les hommesd’A.F. ont travaillé contre la C.E.D.(Communauté européenne de Dé-fense), contre le traité de Maës-tricht, contre l’euro, contre le traitéde Constitution pour l’Europe.

L’Action française s’est battuepour maintenir l’empire colonialfrançais : guerre d’Indochine,guerre d’Algérie, Nouvelle-Calé-donie. Elle est venue au secoursde l’Algérie française, elle s’estefforcée d’apaiser les luttes fra-tricides. Professionnellement, j’aieu à connaître des dossiers quime permettent de juger du bien-fondé de la politique d’A.F. J’aiparticipé au procès des piastres,

de leur mieux. L’A.F. et ses chefsleur avaient fourni renseignementset conseils, d’une manière ou d’uneautre. Le journal quotidien, repliéen zone libre, à Lyon, était un lienvital. L’expression de la pensée de-vait, plus ou moins, ruser avec lacensure. Chaque jour la manchettede l’organe du nationalisme inté-gral rappelait, en gros caractères,le mot d’ordre : « La France, ...laFrance seule. »

Oui, le principe suprême de lapolitique s’imposait : seulement leBien de la France devait inspirernos vies. Le bien commun est na-tional, en priorité.

Malgré de lourdes menaces –Maurice Pujo et Georges Calzant fu-rent emprisonnés par les Allemandsà la prison du fort Montluc – l’Ac-tion française tint la ligne politiquequ’elle s’était fixée : la ligne de crête,la seule France. Lisez ou relisez lesarticles d’alors signés Maurras, Mau-rice Pujo, Thierry Maulnier, Calzant,Auphan... Pour la sauvegarde de lasouveraineté française, l’A.F. est ve-nue en aide au chef providentiel, lé-gitime, unanimement et internatio-nalement reconnu, auquel les auto-rités légales françaises avaient confiéle gouvernement.

Le cride ralliement

À présent, fin 1944, que faire ?Et la guerre ne finissait pas. Lesruines, les massacres, les camps

quelques années plus tard à l’Aca-démie, l’économiste et sociologuechevronné Firmin Bacconnier, quiavait dirigé la Production françaiseet l’Union des corporations ; il eutle magnifique soldat des deuxguerres, de 14-18 et de 39-45,l’écrivain Georges Gaudy, prési-dent de l’association Marius Pla-teau, le philosophe Pierre Bou-tang... Il y eut, surtout, un hommeremarquable par son courage, sonsens politique, son esprit d’orga-nisation, Pierre Juhel.

Puis, à mesure qu’ils obte-naient la libération de leur geôle,se joignirent à ce premier groupeceux que la prison avait exilés dela Cité. Tel le journaliste à la mé-moire prodigieuse, Louis-FrançoisAuphan ; tel Xavier Vallat. Etl’homme le plus proche de Maur-ras, celui qui fut l’un des tout pre-miers fondateurs de l’Action fran-

mentoux particulièrement. SurPierre Pujo, digne continuateurde son père, et qui, depuis desdizaines d’années est à la tête del’Action française. J’admire.

L’Histoire est là

Dans sa cellule de condamnéMaurras ne cessait pas d’écrire. Ildemeura jusqu’au bout le maîtrequi analyse l’actualité, qui l’éclaireet montre la voie.

La collection d’Aspects de laFrance et de L’Action Française2000 est d’une richesse incom-parable. Le plus sûr est de re-prendre chacun de leurs numé-ros. L’histoire est là. L’Action fran-çaise a toujours agi poursauvegarder la nationalité fran-çaise, pour sa souveraineté. Deleur naissance à aujourd’hui As-

Pierre Juhel1915-1980

par exemple. Dans un litige as-sez proche j’ai entendu FrédéricDupont déclarer au tribunal qu’ils’était utilement servi de la cam-pagne d’Aspects dans les négo-ciations qu’il avait menées avecles Vietnamiens sur des tracés defrontières.

Avec Mayotte, Pierre Pujo illus-tra la valeur d’une action conçueet exécutée suivant l’empirismeorganisateur. Il a réussi à faire en-tendre la volonté d’un peuple quiveut être français. Dieu veuille quece soit le présage de la destinéede l’Action française.

Louis-François Auphan1902-1975

Dessin publié le 1er aôut 1985

Lionel Jospincaricaturé par Bayard

Se former pour combattre

D ’ A S P E C T S D E L A F R A N C E À L ’ A F 2 0 0 0

Soixante ans d’aSoixante ans d’avventurenture re rooyyalistealiste !!Le 10 juin 1947, paraissait le premier numéro

d’Aspects de la France, qui allait prendre le relais de L’Action Françaisejusqu’en 1991 où le journal put renouer avec

son titre prestigieux.

PPour fêter cet anniour fêter cet annivverersairsairee,,nous innous invitons nos lecteurvitons nos lecteurs et sympas et sympathisants thisants

à un à un BBUFFET DÎNUFFET DÎNAATTOIREOIREà 20 h 30 dans les locaux du Centre Saint-Paul 12, rue St-Joseph, 75002 Paris

Participation aux frais : 15 euros - Étudiants et chômeurs : 10 euros

Réservations : 01 40 39 92 06

10 L’Action Française 2000 n° 2726 – du 7 au 20 juin 2007

D O S S I E R60 ANS D’AVENTURE ROYALISTE

Une éducation française

Je dois à l’Ac-tion fran-çaise, tant le

mouvement que le journal, une édu-cation intellectuelle, morale et poli-tique incomparable à celles profes-sées par les autres mouvements po-litiques nationaux. Elle a offert aujeune nationaliste que j’étais, et queje suis encore, les outils indispen-sables pour comprendre le monde,aimer la France, et penser rationnel-lement la politique.

La communauté d’idées qui lieCharles Maurras, Jacques Bainville,Léon Daudet, celle du nationalisme in-tégral, est avant tout une remarquableméthode guidée par l’intérêt national,celle de l’empirisme organisateur, etune théorie critique, qui situe la racinede l’abaissement du pays dans le maldémocratique et républicain.

Contrairement à la légende noirecolportée par nos ennemis, ces deuxcaractéristiques font de la pensée d’Ac-tion française une forme de nationa-lisme pragmatique, ouverte et plura-liste, capable d’intégrer les nouveauxenjeux politiques sans changer surl’essentiel. Le rétablissement de la mo-narchie n’y est pas une fantaisie pas-sagère : il est l’aboutissement d’unraisonnement sur le meilleur moyende protéger l’héritage national, sans

entrer en contra-diction avec sonhistoire.

Mais l’Action française ne se ré-sume pas pour moi à des idées, elleest aussi une véritable communautéhumaine, avec ses militants zélés,ses cadres et journalistes dévoués,ses traditions et ses faits d’armes. Mi-liter au sein du mouvement m’a laissédes souvenirs mémorables et desamitiés solides. Je m’honore d’écriredans L’Action Française 2000, del’amitié de Pierre Pujo et Michel Fro-mentoux, qui ont la gentillesse de pu-blier mes articles, même les plus abs-cons, en me faisant une confianceabsolue. Ce n’est pas rien, car celaprouve que l’AF est devenue l’un desderniers sanctuaires de la liberté etde l’intelligence française.

« Comme le disait le vieux maître » : cinq mots sur -pris au détour d’un cours d’histoire, une petite phrasequi allait déclencher un an plus tard une formidabletrouvaille. Découvrir Maurras par l’intermédiaire d’unprofesseur d’histoire est assez peu banal en cetteépoque où ceux-ci déblatèrent plus souvent un mau -vais brouet gauchiste qu’ils n’enseignent leur belle ma -tière. Mais cela ne prouve-t-il pas à l’évidence que desîlots de résistance subsistent toujours ?

Durant les mois qui suivirent, le nom rugueux duvieil homme roula en mon esprit et je finis par acheterun de ses livres. La clarté du raisonnement me sédui -sit d’emblée et la solution monarchique ne tarda guèreà s’imposer . Elle germa avec d’autant plus de facilitéqu’un certain esprit critique m’avait rendu méfiant etrétif vis-à-vis de cette république dont on me deman -

dait d’endosser les oripeaux sans protester ; en bref :“Sois démocrate et tais-toi”.

Les roquets boutonneux des manifestations anti-CPE, jappant leurs haines apprises, m’incitèrent à ache -ter le journal. J’y trouvai une pensée claire, une chro -nique toujours intéressante, où il ne manquait qu’unhumble successeur de Daudet pour fesser les impé -trants républicains et autres incontinents de la virgule.Le reste suivit logiquement : camp d’été, création d’unesection lilloise, premiers articles....

Quel journal peut prétendre ouvrir ses colonnes àde jeunes collaborateurs comme l’a toujours fait L’Ac -tion Française ? Bien peu assurément ! Les “rebelles”ne sont pas où on le croit...

Florentin NORMAND( 20 ans)

parAristide LEUCATE

Aspects de la Franceet de son Histoire

Entre mémoire et Histoire, lefer de lance du royalismefrançais qu’est l’Action fran-

çaise n’a jamais sacrifié l’une aubénéfice indu de l’autre. « Fairemémoire », selon la formule dePaul Ricœur, ne peut consister àélever des martyrologues pour ali-menter à peu de frais des lamen-tations compassionnelles et lacry-

jours aux avant-postes pour la dé-fense des intérêts supérieurs dela nation, notre journal a été detous les combats. Ainsi, parexemple, qui ne se souvient de lajuste colère poussée par MichelFromentoux, lorsqu’il cria, au cœur

heurs du p assé en vue de l’ave -nir que tout esprit bien né sou -haite à son p ays ».

Tout cequi est national

est nôtreComme l’écrivait encore

Charles Maurras, « notre maî -tresse en politique, c’est l’ex -périence ». Les numéros spé-ciaux d’Aspects de la France – re-devenu en 1992, L’ActionFrançaise – traduisent cette fidé-lité intransigeante à cette ligne deconduite. Ainsi, que ce soit pourrappeler, « pour Dieu, pour leroi », le génocide vendéen (AF du18 mars 1993), l’assassinat duLouis XVI qui vit « la France dé -capitée » (AF du 21 janvier 1993)ou pour demander « justice pourla reine » Marie-Antoinette (AFdu 14 octobre 1993) ou la réhabi-litation de Charles Maurras, « 50ans après la condamnation duplus Français des Français »(AF du 26 janvier 1995), notre heb-

plumes prestigieuses (Jean-Fran-çois Chiappe, Jean Raspail, Vla-dimir Volkoff, Georges Bordonove,etc.). En répondant présent, toutce beau monde avait consciencede l’utilité de l’Action française etde son journal car les faits, depuisplus de « 100 ans nous donnentraison » (AF, hors-série spécial“centenaire de l’Action française”,printemps 1999).

Politique d’abord

La monarchie est certes in-existante dans les institutions ré-publicaines actuelles (La préten-due « monarchie républicaine »que d’aucuns persistent encore àvilipender depuis Maurice Duver-ger, est un mythe ou un mirage!), mais son esprit est vivace dansle cœur de ceux qui œuvrent quo-tidiennement et patiemment à sarestauration. Notre journal « n’estpas un musée où l’on conser -verait la pensée de CharlesMaurras à l’abri de la pous -sière » soulignait Pierre Pujo. Tou-

domadaire s’est toujours voulu lereflet de « l’âme de la France »,d’après l’heureuse expression del’historien Max Gallo. L’histoire na-tionale française est un patrimoineinaliénable, imprescriptible et fortancien, donc très enraciné. En té-moigne le numéro spécial consa-cré aux 1 500 ans du baptême deClovis, événement fondateur quivit converger en une étroite com-munion, « Dieu, la France et leroi » (AF du 21 mars 1996). « Onpeut dire que la France com -mence à ce moment-là » affir-mait Jacques Bainville. Mais,« 987, l’année où une familles’est donnée à la France »,confortant et parachevant l’édificemonarchique, ne fut pas oubliéepar la rédaction d’AF qui publia unhors-série historique pour com-mémorer le millénaire capétien (été1987).

Tous ces numéros mis en pagepar l’équipe des journalistes d’AFfurent également enrichis par des

parPierre CARVIN

COMMENT J’AI RENCONTRÉ MAURRAS

L’AF 2000 fut à la pointe ducombat contre la constitution

européenne dès juillet 2004.

J E U D I 7 J U I N 2 0 0 7

males, très en vogue actuellement,notamment en France. Force estde constater que la mémoire estaujourd’hui devenue une ipséitéd’un passé reconstruit artificielle-ment, indistancié et systémati-quement apprécié et évalué àl’aune d’une axiologie anachro-nique. Le maniement du matériauhistorique ne pose aucun problèmeà l’Action française qui lui a tou-jours assigné comme but princi-pal, « la mise à profit des bon -

de l’année 1984, via un numérospécial (« L’École libre vivra »),que la défense de l’école libre était« la plus fondament ale des li -bertés » ou lorsque nous hur-lâmes dans un autre buméro spé-cial en en 1988, que « Cinq ré -publiques, ça suffit ! »

Il y a dix ans, nous avons fêtéles cinquante ans de notre jour-nal « au service de la France »(AF du 12 juin 1997). Dix ans plustard, celui-ci est toujours là, fier etdroit, bien que ne paraissant plusque deux fois par mois. La Répu-blique ne s’est toujours pas ef-fondrée, hélas ! Et la France, est-elle encore debout ? Il faudrait unnuméro spécial portant sur la dé-fense de la souveraineté d’icellepour clamer, urbi et orbi, sousforme de manifeste, que nousnous battrons jusqu’au dernierpour conserver son identité autantque son intégrité.

[email protected]

L’Action Française 2000 n° 2726 – du 7 au 20 juin 2007 11

POLITIQUE FRANÇAISE

Si la politique dans les départements d’outre-merrelève, bien plus souvent qu’en métropole, duclientélisme, les législatives prochaines en Gua-

deloupe reflètent une pitrerie à droite.Lucette Michaux-Chevry, ex- ministre de l’ère Chi-

rac et sénatrice, ne désarme pas à soixante-dix-huitans. Se considérant comme la “présidente” de Gua-deloupe, bien qu’ayant perdu la tête du Conseil ré-gional au profit d’un socialiste pur jus, elle estime êtrela seule à décider qui est ou n’est pas candidat dedroite dans l’archipel. Aussi a t-elle créé il y a quelquesannées son propre parti, Objectif Guadeloupe, dontles membres sont obligatoirement à sa botte, sinonc’est la porte.

Pour les présidentielles, elle a appelé à voter Sar-kozy qui s’est fendu avant les élections d’un voyageéclair en Guadeloupe. Ironie du sort, lors de ce mee-ting, Sarko était assis entre Mmes Lucette Michaux-Chevry et Gabrielle-Louis Carabin, député encarté

UMP et ennemie intime de l’ex-dame de fer de Gua-deloupe. Deux partis soutenant le même candidat, çapeut paraître étrange mais, après tout, pourquoi pas ?Ce qui est maintenant farce, c’est de voir que les deuxmouvements se déchirent à belles dents dans deuxdes quatre circonscriptions guadeloupéennes.

Mme Michaux Chevry ne supporte pas que sa ri-vale à la tête de la droite départementale reste dé-puté. Aussi a t-elle mis un candidat Objectif Guade-loupe dans ses jambes. Mais le plus drôle est que lesuppléant de Mme Louis-Carabin n’est autre que M.Bernier, ancien président d’Objectif Guadeloupe deMme Michaux-Chevry.

Tout cela peut paraître compliqué mais est bien lereflet de la démocrassouille version antillaise. Aprèstout, nombre de départements de métropole ne don-nent pas une meilleure image d’eux-mêmes.

Renaud DOURGES

La CFTC vient de gagner unprocès contre la toute-puis-sante société Europe Assis-

tance qui refusait de mettre au ser-vice de ses salariés une version fran-çaise de plusieurs de ses logiciels.L’événement est de taille et, pourquIconque a le souci de l’avenir dela langue française, il importe deconnaître ce jugement qui fera, es-pérons-le, jurisprudence.

L’affaire a été jugée par le tri-bunal de grande instance de Nan-terre. Le jugement est daté du 27avril 2007. On lit dans l’exposé desmotifs :

« Attendu qu’en applicationde l’article L. 122-39-1 du Codedu Travail, tout document com -port ant des obligations pour lesalarié ou des dispositions dontla connaissance est nécessaire àcelui-ci pour l’exécution de sontravail doit être rédigé en fran -çais ; qu’il peut être accomp agnéde traductions en une ou plu -sieurs langes étrangères ; queces dispositions ne sont p as ap-plicables aux document s reçusde l’étranger ou destinés à desétrangers ;

Attendu que l’objectif du lé -gislateur a été d’imposer l’usageobligatoire mais non exclusif dela langue française dans des do -maines déterminés dont celui dutravail de salariés français au sein

d’une entreprise inst allée enFrance ; que l’article sus énoncévise tout document dont laconnaissance est nécessaire ausalarié pour la bonne excution deson travail, laissant à l’employeurle soin de déterminer quels do -cument s doivent être traduit s enfrançais sans méconnaître la spé -cificité de l’activité de l’entrepriseni son intégration dans un groupeinternational ; qu’ainsi le texten’interdit p as l’usage simult anéd’une langue étrangère mais pres -crit l’usage ou la traduction enlangue française dès lors qu’unsalarié fra,çais se trouve concernépar l’utilisation du documentémanant du site français exceptés’il s’agit d’un document reçu del’étranger ou destiné à des étran -gers ;

Attendu qu’en l’espèce le lo -giciel intitulé “Everest Intra-Group” et le logiciel “CommercialDatabase” sont des document simmatériels destinés à être utili -sés par des salariés français ausein d’une entreprise inst allée enFrance, la société Europe Assis -tance France ; qu’en outre, il estconst ant que la société Europ As-sist ance Holding, à l’origine dudéveloppement et de l’implant a-tion des logiciels litigieux danscette entreprise française a sonsiège social en France ; qu’ainsi

lesdit s logiciels litigieux ne sau -raient être considérés comme pro -venant de l’étranger ni être des -tinés à des étrangers ; que dèslors, l’exception énoncée ne sau -rait être invoquée à bon droit [...]

PAR CES MOTIFS,Le tribunal, st atuant publi -

quement, p ar jugement contra -dictoire et en premier ressort,

ORDONNE à la société EuropAssist ance France de mettre àdisposition de ses salariés uneversion française du logiciel “Eve -rest Intragroup” ainsi que de labase de données “CommercialDatabase” sous astreinte de 5 000euros p ar document et p ar jour de ret ard p assé le délai detrois mois à compter de la signi -fication du jugement à intervenir[...]

CONDAMNE la société Eu -rope Assist ance France à réglerau syndicat SN2A-CFTC unesomme de 3 000 euros en appli -cation de l’article 700 du nouveauCode de procédure civile ;

CONDAMNE la société EuropeAssist ance France aux entiers dé -pens [...]

Voilà qui fera réfléchir, espérons-nous, ceux qui cherchent à enterrerla langue française. On peut se dé-fendre contre eux, la CFTC vientd’en donner l’exemple.

Un scandale sur la Croi-zette n’émeut plus lesmédias. La Palme d’Or

de ce dimanche 27 mai a cou-ronné un film qui n’est rien moinsqu’un long métrage de propa-gande pour l’avortement. Comblede l’ignominie : ce même film areçu le Prix de l’Éducation na-tionale, donc il est destiné à êtrediffusé, analysé, discuté dans lesétablissements scolaires !

L’œuvre s’intitule 4 mois, 3semaines et 2 jours. C’est l’âgeprénatal d’un bébé mis à mort,avec gros plans sans pudeur surle petit corps écartelé. Derrièretout cela, une thèse qui semblera“généreuse” à des esprits ra-mollis : la scène se passe enRoumanie au temps de Ceau-cescu où l’avortement était in-terdit à toute femme ayant moins

de quatre enfants ; cela obligeaitles mères à s’y livrer dans la clan-destinité, à user de complicitéssordides, à vivre dans la peur... ;donc la législation anti-abortiveétait barbare, donc le commu-nisme était barbare et ce film duRoumain Christian Mengiu estun film anticommuniste et bien-pensant...

C’est évidemment oublier quesi Ceaucescu faisait preuve d’untel “moralisme” c’était avant tout,chez cet homme voulant ravir àMoscou la domination du mondesoviétique, pour des considéra-tions démographiques et pointdu tout morales. Car l’on sait quele communisme a au contraireencouragé dans maints pays l’as-sassinat pré-natal. C’était selonles circonstances : était “moral”ce qui servait le parti !

Mengiu aurait dit, selonJeanne Smits dans Présent du30 mai, qu’il pensait que, main-tenant libérées de la crainte d’êtreprises, les femmes pouvaientmieux se préoccuper des consé-quences de leurs actes. Ce se-rait pour cela qu’il aurait filmédes images aussi crues de lamise à mort. Nous voulons bienle croire, mais à quoi sert d’évo-quer le sens des responsabilitésen l’absence de toute référencemorale et au seul nom du “droit”des femmes ?

Il reste donc que le film, s’ilest projeté devant des lycéens,sera cause de graves troublespsychiques et moraux. D’ores etdéjà, il faut se préparer à s’y op-poser fermement.

Michel FROMENT OUX

ÉTRANGER

FRANCE – IRAN

Il faut tourner la page de Neauphle-le-Château

L'objectif actuel de l'Iran

est de sanctuariserle régime,

de disposer d'un instrument

de chantage et de menace

pour poursuivre la politique de terreur

et de subversion.

Les rela-tions entrela France

et l’Iran, “le pro-blème iranien”plus précisé-ment, vont sans doute constituerun des dossiers majeurs de ladiplomatie française au cours desprochains mois. Le président Sar-kozy en a convenu à plusieursreprises dans des déclarationspubliques.

On fait parfois remonter le dé-but de ces relations à l’époque deFrançois 1er ou de Henri IV. Enfait, c’est sous Richelieu, en 1626,qu’elles prirent un tournant déci-sif. La France ne quittera désor-mais plus la scène iranienne.L’Iran sera de plus en plus connuen France. Le grand homme d’É-tat français conseillé par le pèreJoseph, avait envisagé un parte-nariat stratégique avec l’Empireperse alors à l’apogée de sa puis-sance et de son rayonnement.Shah Abbas, que l’on appelaitdéjà, et à juste titre, “le grand”,empereur d’Iran depuis 1587, avaitaccueilli l’initiative française avecenthousiasme.

jourd’hui.Tout changea

malheureuse-ment avec l’épi-sode deN e a u p h l e - l e -

Château et l’accueil qui fut orga-nisé de concert avec d’autres paysil est vrai, et surtout avec les États-Unis de Carter, au personnage quel’on connaît.

« Il est difficile de com -prendre pourquoi le présidentGiscard d’Est aing accorda t antde bienveillance et de moyensà ce faux prophète (Khomeyni),écrivait il y a quelques annéesMaurice Druon (Le Figaro12/12/2004). L’essor de l’isla -misme radical date de là ». “On”croyait que l’Iran allait enfinconnaître la stabilité, mais aussila démocratie, le progrès et l’au-thenticité. Il est vite devenu un desprincipaux foyers de trouble dansle monde où sévit un régime tota-litaire particulièrement malfaisantet rétrograde. Il est heureux quele nouveau président français l’aitreconnu clairement dès le premiersoir de son élection.

La communauté internationaledoit y faire face à présent. On asemé le vent, on récolte la tempête.

Crisedu nucléaire

La maîtrise de la technologienucléaire est un droit inaliénablede la nation iranienne. Elle n’estpas négociable et ne pourra l’êtrepar aucun régime. L’Iran doit pou-voir produire de l’énergie nucléairepour couvrir ses besoins, malgréles réserves de pétrole et de gaz,par définition non renouvelables,dont il dispose. Ce processus avaitdéjà commencé et était largementavancé avant la révolution. Lesdeux centrales nucléaires de Bou-chehr, sur le golfe Persique, étaientachevées à 80 % et celles d’Ah-waz, dans le Khouzistan à 20 %.La révolution en a interrompul’avancement et entrepris la des-truction pour recommencer dix ansplus tard.

Cela se faisait alors dans lecadre du traité international sur lanon prolifération dont la diploma-tie iranienne, alors dirigée par lacharismatique Ardéchir Lahédi,avait été un des principaux arti-sans. Par la suite, c’est un diplo-mate iranien qui présida pendantquelque temps le Conseil des gou-verneurs de l’agence de Vienne.

Tout laisse à penser que l’am-bition actuelle du régime de Té-héran va bien au delà du nucléairecivil et que le processus de fabri-cation des armes atomiques estbien avancé.

L’Iran, en tant que nation in-dépendante et État souverain, ena -t-il le droit? Pourquoi pas, di-sent certains. Beaucoup de paysen disposent, dont certains dansla région comme l’Inde, le Pakis-tan et Israël.

L’Iran, en a-t-il besoin?Certes pas. Il n’est menacé

parHouchang NAHAVANDI

ancien recteur de l'Université de Téhéran,

ancien ministre

Les salariés français ont le droit de parler français

G U A D E L O U P E

La droite la plus bête d’outre-mer

La mort du “grand roi”, en 1629,fit échouer le rêve des deux vi-sionnaires. Mais les deux pays nese quittèrent plus. Avec des hautset des bas. Depuis la fin du XIXe

siècle, la France n’a cessé de jouerun rôle déterminant dans la mo-dernisation de l’Iran.

Au cours des années d’avantla révolution islamiste, le partena-riat économique entre les deuxpays était particulièrement fruc-tueux. La langue française retrou-vait peu à peu la place privilégiéequi avait été la sienne pendant desdécennies. De nombreux établis-sements culturels et l’universitéfranco-iranienne Avicenne à Ha-madan en étaient de remarquablesillustrations. Ils n’existent plus au-

Les relations entre la France et l’Iran prirent un tournant décisif

sous Richelieu, en 1626...

Cannes récompense l’avortement

12 L’Action Française 2000 n° 2726 – du 7 au 20 juin 2007

POLITIQUE ÉTRANGÈRE

par aucun pays depuis la chute del’empire soviétique et l’élimination de

l’Irak en tant que pays organisé et puis-sance régionale.

Si le régime actuel s’est lancé dans cettepérilleuse aventure, ce n’est guère, mesemble-t-il, pour attaquer Israël bien quequelques énergumènes au sommet du pou-voir à Téhéran puissent y penser.

L’objectif est de sanctuariser le régime,de faire peur, de disposer d’un instrumentde chantage et de menace pour poursuivre,à l’abri, la politique de terreur à l’intérieuret de subversion à l’extérieur. Comme laCorée du Nord dont le précédent devraitfaire réfléchir.

Voilà le danger. Il est beaucoup plusgrand que l’utilisation directe, totalement in-imaginable de l’arme nucléaire. Regardonsce qui se passe en Irak, au Liban, en Pa-lestine, en Afghanistan, pour constater lepouvoir de nuisance des dirigeants de Té-héran. La république islamique, n’en dé-plaise à M. Douste-Blazy, qui l’avait impru-demment déclaré lorsqu’il était au Quai d’Or-say, ne joue pas dans la région « un rôlede stabilisation ». Bien au contraire.

Il faut empêcher ce régime de possé-der l’arme nucléaire. Non, certes par uneintervention militaire, heureusement écar-tée. L’enfer irakien semble alors en com-paraison un paradis aux envahisseurs. Heu-reusement la France y est opposée.

Des “frappes chirurgicales”, hypothèsequi n’est pas écartée, n’auront d’autre ef-fet que la consolidation du régime. Je crois

fermement, et je ne suis pas le seul, quepar leurs provocations et leur aventurisme,certains dirigeants de Téhéran cherchentcette issue. Qu’importe pour eux les dé-vastations et les morts. Cela leur permet-tra de perdurer. Les régimes révolution-naires et totalitaires ont souvent cherchéles aventures extrêmes pour masquer leurfaillite et leurs difficultés.

La solution est politique.

Les provocationsanti-sémites

Les déclarations officielles des dirigeantsdu régime dans ce sens ne font que répé-ter ce que Rouhollah Khomeyni disait hautet fort dès Neauphle-le-Château et mêmeavant. On ne voulait pas alors entendre. Lepersonnage n’était-il pas alors l’idole desbiens-pensants occidentaux ?

L’anti-sémitisme et l’anti-sionisme sontdes sentiments et des attitudes totalementétrangers aux traditions et à la culture ira-niennes. Depuis des millénaires, Persanset Juifs ont vécu ensemble et sans heurt.L’empire perse avant l’islam a toujours pro-tégé le peuple juif. Cyrus-le-Grand en avaitété le libérateur après la conquête de Ba-bylone. Dès la création de l’État d’Israël, ila été reconnu de facto par l’Iran. Les rela-tions entre les deux pays ont été excellentesjusqu’à la révolution.

Le discours nazislamiste de quelquesdirigeants de Téhéran, et le négationisme

ridicule affiché par le régime, n’ont d’autreobjectif que de subvertir une partie de l’opi-nion arabe que la république islamique croitpouvoir ainsi attirer dans son giron, bienque l’Iran ne soit pas un pays arabe. Cen’est pas un discours iranien. L’Iran, qui atoujours soutenu les droits légitimes dupeuple palestinien, n’a aucun contentieuxavec l’État d’Israël, encore moins avec lepeuple juif.

Quel rôlepour la France ?

Tant que le régime actuel ne connaîtrapas une véritable évolution-abandon de lathéocratie, dissolution des milices et destribunaux révolutionnaires, abrogation detoutes les ségrégations, respect des droitsfondamentaux, retour des millions d’exilés...- ou ne changera pas, rien ne sera réglé.Le danger subsistera.

La France officielle a malheureusementdonné l’impression ces dernières annéesd’une “compréhension” excessive à l’égarddu régime de Téhéran. Sentiment anti-amé-ricain répandu dans certains milieux ? In-fluence d’une certaine gauche intellectuellequi avait soutenu l’islamisme radical et quin’a pas le courage et l’honnêteté de se dé-juger ? Intérêts de quelques grandes so-ciétés? Un peu de tout cela probablement.

Que l’on souhaite “sauvegarder des partsde marché”, faire “des affaires”, rien de pluslégitime. Que cela se transforme en unique

moteur de la politique de l’État, ou en donnel’impression, n’est pas digne de la France.

Le régime de Téhéran affiche et pra-tique une idéologie en retard d’au moinscinq siècles sur l’Histoire. Il dispose, hélas,de la technologie et des moyens du XXIesiècle pour la mettre en œuvre. Dans samarche vers nulle part, voilà la terrifiantemenace.

Mieux que tout autre pays, la France,sans même sacrifier ses intérêts mercan-tiles immédiats, pourrait aider les Iraniensà faire évoluer, voire changer, le régime ac-tuel et mobiliser également la communautéinternationale dans ce sens.

L’Iran redevenu libre n’aura nul besoind’armes de destruction massive. L’Iran pa-cifique, prospère, laïc, devenu un État dedroit fondé sur la souveraineté nationale,sera un partenaire autrement plus fiableque le régime actuel probablement le pluscorrompu et le plus répressif du monde.

Pour sortir de la crise actuelle, il fau-drait avant tout faire confiance aux Iraniensde l’extérieur comme de l’intérieur, rega-gner leur amitié, les aider politiquement.Cela est possible, cela est faisable, je di-rais même que cela est facile.

L’épisode Neauphle-le-Château a été lepoint de départ de l’islamisme radical. Lemonde entier n’en souffre que trop. Il estgrand temps de tourner la page, de fermercette parenthèse dans l’histoire des rela-tions entre la France et l’Iran.

Houchang NAHAVANDI

La nouvelle crise libanaise

Depuis desjours, lenord du

Liban est de nouveau à feu et àsang. Du fait d’un groupe islamisteradical agité, armé et financé parla Syrie sans doute avec la bé-nédiction de l’Iran son principalallié dans la région.

Que cherche la Syrie? Empê-cher la création d’un “tribunal à ca-ractère international” pour instruireet juger l’assassinat, il y a deuxans, de Rafiq Hariri dans lequelcertains de ses dirigeants pour-raient être impliqués. En rallumant l’animosité entre Li-banais et Palestiniens vivant dansce pays.

Damas cherche à déstabiliserle Liban et se doter d’un atoutdans le marchandage compliquéactuel avec l’Occident, les États-Unis et la France surtout.

Au moment où nous écrivons,ce lundi matin, la bataille conti-nue à faire rage entre l’armée li-banaise et les islamistes barrica-dés à Nahr-el-Bared, ce camp pa-lestinien vidé, heureusement, dela quasi-totalité de ses habitants.Il y aurait officiellement plus decent morts et des centaines deblessés. En fait bien plus.

Sur la frontière libano-israé-lienne, le feu couve également.Les armes livrées par Téhéran auHezbollah transitent de Syrie, oùelles sont acheminées par voieaérienne, vers le Liban. Le gou-vernement de Beyrouth est im-puissant à y faire obstacle. Lesforces de l’O.N.U. ferment les yeuxpour “acheter”une paix précaire.

Qui est vraiment le généralAoun ? Ses partisans,nombreux en France, le

considèrent comme le sauveur duLiban, alors que ses détracteursl’accusent d’être avide de pouvoiret d’être prêt à toutes les com-promissions jusqu’ à s’être alliéavec la Syrie.

Le personnage ne peut laisserindifférent, tant son parcours estsurprenant : officier supérieur del’Armée libanaise, Premier ministreet chef d’État effectif du Liban en1988-1990, puis leader depuis laFrance de l’opposition anti-syriennejusqu’en 2005, avant de retournerau Liban et de participer à l’oppo-sition au gouvernement, en pre-nant parfois des positions parais-sant en rupture avec ses combatsantérieurs.

Alors que combats et attentatscontinuent à endeuiller le Liban, ilest plus que jamais important des’interroger sur les raisons qui mè-nent régulièrement ce pays, alliéde la France depuis saint Louis, àsombrer dans le chaos, et com-ment l’en sortir. Michel Aoun y ré-fléchit dans son dernier ouvrage,et dans cette suite d’entretiens ac-cordés au journaliste français Fré-déric Domont, appelle à une re-fondation du Liban.

La guerre “incivile”

Le Liban est un État commu-nautariste par excellence, puisquechaque citoyen vote à l’intérieurde sa communauté, pour élire des

Comment sortir le Liban du chaos ?

Le général Aoun lors d’une réunion

au palais des Congrès à Paris

représentants dont la répartitionest strictement organisée selonleur origine religieuse. Ce système,qui régit le Liban depuis son in-dépendance, est, selon le généralAoun, une des raisons du ma-

guerre contre Israël en juillet der-nier. Une union du Liban lui per-mettrait alors de cesser d’être un“État tampon”, amortissant à sesdépens les conflits régionaux duProche-Orient.

Cette vision est évidemmentloin de faire l’unanimité au Liban,d’autant plus que le systèmeconfessionnel favorise une classepolitico-affairiste (une alliance deféodaux et de marchands), direc-tement issue des milices de laguerre incivile des années 1970-80, qui profite d’une corruption en-démique. De plus on pourraitcraindre que l’influence de la com-munauté chrétienne sur la politiquene baisse, car celle-ci semble êtresurévaluée par rapport à son poidsdémographique réel. En outre, leHezbollah fait peur, à cause deses rapports avec la Syrie et l’Iran.De mystérieux attentats, systé-matiquement imputés à la Syrie,viennent régulièrement rappeleraux populations que les hostilitésne sont pas totalement finies.

Les entretiens ne se limitentpas à ces questions, puisque ilsabordent également les projetséconomiques. Bien que l’auteurs’en défende, il s’agit effectivemententre autres d’un “livre programme”en vue des élections présidentiellesqui doivent se dérouler en sep-tembre prochain.

Philippe ALEYRAC

* Général Aoun : Une certaine vi -sion du Liban. Entretiens avec Fré -déric Domont. Éd. Fayard, 252pages, 18 euros.

rasme actuel. Ce dernier voudraitfaire sortir son pays du confes-sionnalisme. Il récuse la théoriede Huntington du “choc des civili-sations”, au profit d’une tentativede faire coexister les différentescommunautés, dans un État réel-lement laïc. C’est pour sortir de lalogique de guerre incivile, et en-trer dans une logique d’union na-tionale, qu’il dit avoir signé un do-cument d’entente avec le Hezbol-lah, et que, dans un but d’uniténationale, il l’a soutenu lors de la

Photo Philippe Aleyrac

Quand les in-térêts iraniens etsyriens l’exige-

ront, les milices du Hezbollah, ànouveau surarmées, rallumerontle feu. Le moment pourrait êtreproche. La crise du nucléaire ira-nien d’un côté, l’élection prési-dentielle au Liban de l’autre.

Le moment est venu de réagirvigoureusement. En mettant Da-mas devant ses responsabilités.En mettant obstacles aux ingé-rences de Téhéran dans la région.Le Liban est devenu otage de cesdeux puissances. Il faut le libérer.La France et les États-Unis, lesdeux grandes puissances impli-quées au Liban, qui agissent heu-reusement en harmonie dans cepays, ont fort à faire.

Il s’agit du sort du Liban et del’équilibre de la région.

parPascal NARI

La mosquée Rafic Haririà Beyrouth

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L’Action Française 2000 n° 2726 – du 7 au 20 juin 2007 13

HERGÉ AURAITCENT ANS

On aurait fêté les cent ansde Georges Rémi (dit Hergé)le 22 mai dernier, si ce dernierne nous avait pas quittés en1983. Au cours de sa carrière,le dessinateur belge aura pu-blié vingt-quatre aventures deTintin, vendues à 147 millionsd’exemplaires, et traduitesdans cinquante-trois langues.

Hergé avait commencé sacarrière dans Le boy scoutbelge, avant de créer le sup-plément jeunesse du quotidienconservateur catholique LeXXe siècle à la fin des années20. Ses dessins pour le jour-nal collaborationniste Le soir,et son amitié de jeunesse pourLéon Degrelle, le fondateur deRex, lui ont valu quelques en-nuis à la Libération. Cepen-dant, son grand talent et sapopularité devaient lui per-mettre de continuer à publieraprès guerre, et de fonder Lejournal de Tintin. Sans jamaisrenier ses amitiés, et en refu-sant de s’impliquer dans la po-litique, il continuera alorsd’écrire des bandes dessinées,même si des problèmes desanté ralentissent son travail.

Les aventures de Tintinforment un portrait vivant dumonde au milieu du XXe

siècle. On y croise Henry deMonfreid, des services secretssoviétiques, des guérillerossud-américains, et surtout unebien sympathique monarchieimaginaire, la Syldavie, syn-thèse de différents pays bal-kaniques, que Tintin ne man-quera pas de secourir, lorsd’une tentative ratée d’An-schluss. Une lecture monar-chiste et maurrassienne del’œuvre d’Hergé est d’ailleurspossible (cf AF 2000 n° 2629du 15 mai 2003)

Bien que, fait rare dans labande dessinée, Hergé ait in-terdit la reprise de son per-sonnage, l’engouement pource jeune globe-trotteur re-dresseur de torts ne cessepas. La fondation Hergé, di-rigée par la veuve du dessi-nateur, garde jalousement letemple, mais travaille aussiactivement à la promotion del’œuvre. Ainsi, une adaptationcinématographique en trilogiedevrait voir le jour, sous la di-rection de Steven Spielberget de Peter Jackson. Ce pro-jet aboutit alors que la pre-mière prise de contact entrele cinéaste et Hergé avait eulieu en 1982, et que les der-nières adaptations des aven-tures de Tintin au cinéma re-montaient aux années 60. Lescinéastes promettent que latechnique d’animation utiliséepour ces films serait du ja-mais vu, ce qui ne peutqu’éveiller la curiosité des tin-tinophiles.

Parallèlement, la premièrepierre du futur musée Hergévient d’être posée à Louvainla neuve, à trente kilomètresde Bruxelles. Le bâtiment, trèsavant-gardiste, devrait abritercollections et expositions tem-poraires, et ouvrir en 2009.

Philippe ALEYRAC

Une politique étrangèrepour la France

Par delà les agitations élec-torales, le Forum pour laFrance poursuit ses tra-

vaux avec pour objectif d’élabo-rer une doctrine nationale axéesur la sauvegarde de la souve-raineté de la France, fondementde nos libertés.

Le Forum pour la France

poursuitsa réflexion

sur la définitiond'une politique

nationale.

L’écrivain Max Gallo a étéélu le jeudi 31 mai dernierau fauteuil de Jean-Fran-

çois Revel par 15 voix contre 5au journaliste Claude Imbert. Ro-mancier prolifique, né à Niced’une famille d’origine italienne,Max Gallo, aujourd’hui âgé desoixante-quinze ans, aura menéde front ses travaux d’écriture etune vie politique.

D’abord républicain intransi-geant et défenseur du robes-pierrisme, il fut député socialistedes Alpes-Maritimes et secrétaired’État de François Mitterrand.Chantre de Napoléon, VictorHugo et Charles De Gaulle, il estdevenu au fil du temps, à la fa-çon d’un Charles Péguy ou d’unMarc Bloch, un adepte de la conti-nuité de l’histoire de France, de

Clovis à nos jours. Comme ill’écrivait en 1996 dans LeMonde : « Je ne veux p as ad-mettre la fin de l’histoire na -tionale. Je lis et célèbre Dante,Shakespeare et Goethe, maisje suis du côté de Chrétien deTroyes, de Corneille et de Di -derot. Je ne veux p as d’une fi -guration virtuelle du p assé na -tional : je suis du côté de Sé -nanque et de V ersailles, ducôté de Jeanne et de Louis XIV,de Robespierre et de Napoléon,de Moulin et de De Gaulle. Etj’assume Thiers, Céline et Bra -sillach. Je ne souhaite p as quemon fils cherche du travail enmobil-home dans une Europedont l’euro serait la seule iden -tité. » Son retour récent à la foicatholique l’a également fait de-venir un défenseur de l’héritagecivilisationnel chrétien. Le titre deson dernier essai est éloquent :Fier d’être français (Fayard).

Engagé auprès de Jean-Pierre Chevènement en 2002, ila affiché une certaine sympathiepour les élans patriotiques de Ni-colas Sarkozy lors des récentesélections présidentielles. L’Ac-tion française salue, en la per-sonne de Max Gallo, l’électiond’un patriote sincère, d’une rareindépendance d’esprit et d’ungrand défenseur de la langue etde la nation françaises.

Pierre LAF ARGE

Les pèlerinages de Pente-côte, les 26, 27 et 28 mai,ont comme chaque année,

et sous une pluie quasi inces-sante, rassemblé sur les routesde l’Île-de-France d’immensesfoules de tous âges et animéesd’un bel enthousiasme. Le tradi-tionnel chapitre Sainte Jehannede France regroupait les jeunesd’Action française dans le pèleri-nage Notre-Dame de Chrétienté,de Notre-Dame de Paris à Notre-Dame de Chartres, sous le thèmeLes marcheurs de Dieu. D’autresde nos amis ont marché avec lePèlerinage de Tradition entreNotre-Dame de Chartres et la ba-silique du Sacré-Cœur de Mont-martre sur le thème Des prêtrespour l’Église.

Il est maintenant nécessaire,pour ceux qui ont marché ou sesont unis aux marcheurs d’inten-tion, de prolonger cette ambianceexaltante et si peu commune dansle monde matérialiste actuel. Pource faire, rien n’est plus indiquéque d’écouter le dernier CD duChœur Montjoie Saint-DenisChants de pèlerinage à NotreDame. Toutes les prières, invo-cations, supplications montéesvers le Ciel pendant ces trois jourss’y retrouvent, chantées, commedit le chef du groupe Jacques Ar-nould, « de tout cœur et àpleine voix » dans le seul butde plaire à Notre Dame, d’aider

Max Gallo élu à l’Académie française

En ouvrant la séance du 16mai, à l’Assemblée nationale, lesecrétaire général Henri Fou -quereau a donné la parole àJacques Myard pour faire le pointaprès l’élection de Nicolas Sarkozyà la présidence de la République.Le député des Yvelines, qui ne re-nie rien de ses convictions sou-verainistes, a tenu des propos re-lativement optimistes. « Noussommes en train de gagner labataille » a-t-il souligné, s’ap-puyant sur trois arguments : 1) leretour des valeurs qui ont fait laFrance, 2) le retour de l’État (échecaux ultra-libéraux), 3) le retour dela nation, à tel point que JacquesChirac lui-même, dans son dis-cours d’adieu aux Français lui afait une large place, ce qui n’étaitpas le cas depuis longtemps dansses propos publics.

Cependant, a soulignéJacques Myard, « l’essai n’estpas encore transformé » . Il a in-cité Nicolas Sarkozy à présenteraux Français un « projet natio -nal » . Il estime que l’Union euro-péenne, conçue dans les années1950, doit être refondue surd’autres bases. Il n’y a rien à sau-ver du traité constitutionnel.Jacques Myard compte bienmaintenir sa vigilance dans la pro-chaine assemblée pour que Ni-colas Sarkozy reste fidèle aux orientations nationales qu’ila indiquées dans sa campagneélectorale.

Les critèresfondamentaux

L’ambassadeur PierreMaillard, qui présidait la séance,a rappelé ensuite dans une so-lide communication les basesd’une politique extérieure fran-çaise. Les critères fondamentaux,selon lui, sont :

1) Le concept d’indépen -dance , qui n’exclut pas la re-connaissance de certaines inter-dépendances,

2) La notion d’intérêt s : il ya des intérêts communs à plu-sieurs pays, mais aussi des in-térêts spécifiques à tel ou tel pays,

3) l’exclusion des idéolo -gies : elles ne doivent pas in-tervenir dans la définition d’unepolitique extérieure ; l’ingérencepour défendre les “valeurs dé-mocratiques” n’est pas justifiéeet peut cacher d’autres objectifs.

4) Il convient de prendre encompte les menaces pesant surles différents pays : non seule-ment les menaces militaires, maisaussi les menaces économiques,les menaces démographiques(auxquelles, dans une interven-tion, l’ambassadeur Albert Sa -lon a ajouté les menaces cultu-relles, par exemple sur la fran-cophonie). L’ambassadeurMaillard a souligné l’impérialismedu capitalisme international quitend à se substituer aux capita-lismes nationaux.

5) La vocation mondiale dela France doit être, elle aussi, undes éléments d’une politique ex-térieure de la France qui doit pré-server ses zones d’influence.L’outre-mer français est un fac-teur important dans ce rayonne-ment mondial de notre pays.

6) Le vaste domaine cultu -rel de la France doit être pré-servé ; il n’a pas de limites.

En conclusion, Pierre Maillarda déploré l’excessive timidité dela diplomatie française et sou-haité une vision intelligente d’uneaction fondée sur la nation.

Le Forum pour la France aencore entendu des communi-cations de Pierre Hillard (sur lesprojets d’intégration des États duSud de l’Union européenne) etd’Henri Fouquereau (sur la po-litique de défense).

Pierre-Marie Gallois a traitépour sa part de la proliférationnucléaire qu’il a liée à la quêtegénérale d’énergie dans lemonde en raison de la diminu-tion des ressources fossiles. « Àla fin du siècle, la p art du nu -cléaire dans le bilan énergé -tique pourrait atteindre 52 % ».

Quant au nucléaire militaire,la prolifération, selon un opti-misme raisonné, pourrait être « unfacteur de st abilité plus qued’inquiétude ». En revanche,« la dissémination du savoir etsurtout des matériaux fissilesest dangereuse dans la me -sure où pourrait en tirer p arti,sinon un individu du moins unpays ou un réseau de terro -ristes. Le terrorisme est à lafois p artout et nulle p art, et ilne poursuit p as d’objectifs oùle neutraliser présentement,alors que les Ét ats, facteurs destabilité, sont de faciles ciblespour les représailles. » Le gé-néral Gallois souhaite une en-tente à l’échelle mondiale pourneutraliser ce terrorisme.

Pierre PUJO

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à mieux l’aimer et à la servir. Etle souci de la France, notre paysdont elle est la Reine, n’est ja-mais absent de ces cantiques ve-nus pour certains du fond desâges.

Ajoutons que le livret présen-tant ces trente-six cantiques po-pulaires, conçu et coordonné parnotre ami Jean-Baptiste Chau-meil, est fort joliment illustré dephotos de pèlerins, d’images delieux saints, de statues et de ta-bleaux qui reflètent la ferveur ma-riale de notre pays.

À se procurer sans tarder etoffrir généreusement !

M.F.

* Chœur Montjoie Saint-Denis :Chants de pèlerinage à Notre Dame .CMSD, Chez Valérie, 21 rue Cam -pagne Première, 75014 Paris. LeCD : 18 euros.Renseignements : www.choeur-montjoie.com

Chants de pèlerinage à Notre Dame

ARTS & LETTRESSOUVERAINISME

l Emma Locatelli : LE SCANDALEUX HÉLIOGABALE

Le sous-titre de ce roman historique, bien fait audemeurant et bien documenté, « empereur , prêtreet pornocrate », résume à la perfection ce que fu-rent la vie et le règne de ce souverain syrien ado-lescent imposé à Rome par sa grand-mère, la re-doutable Julia Maesa, belle-sœur de Septime Sé-vère qui, à la mort de Caracalla, amena sadescendance à la pourpre en la faisant passer pourhéritière légitime de la dynastie sévérienne ; il ré-sume aussi le contenu du livre.

Tout cela correspond à une réalité sulfureuse, sitant est que l’on puisse se fier à l’auteur de l’HistoireAuguste, qui plongea les Romains dans une stupeurhorrifiée, mais le lire implique six cents pages de dé-viances sexuelles et de perversions diverses com-plaisamment décrites. Il s’agit donc d’un roman ré-servé à un public très averti, qui se lassera peut-êtreen route, car rien n’est plus répétitif que ce type delittérature. * Nouveau Monde, 600 p., 22 euros (144,31 F).

l Régis F. Martin : LES DOUZE CÉSARSSuétone, Tacite, et les modernes après eux, qui

oubliaient que leurs grands prédécesseurs latinsétaient aussi de dévoués propagandistes des Anto-nins, ont voulu faire des Julio-Claudiens et des Fla-viens, sans oublier Galba, Othon et Vitellius, une

étonnante galerie de malades mentaux, de tarés etde pervers victimes tantôt de troubles héréditaires,tantôt de l’ubris, cette démesure du pouvoir absoluqui rendrait fou. Qu’y a-t-il de vrai dans cette légendenoire, née souvent d’une incompréhension totale decomportements à l’époque jugés normaux ? Telle estla bonne question que se posa Régis Martin danscette étude parue aux Belles Lettres en 1991 et de-venue un classique aujourd’hui réédité en édition depoche qui analyse, cas par cas, thème par thème,la personnalité et les pathologies d’hommes beau-coup moins déments que l’on se plait à l’imaginer. * Perrin-Tempus, 480 p., 10,50 euros (68,87 F).

l Sénèque : LETTRES À LUCILIUS , livres III et IVSans doute Lucius Annaeus Seneca ne fut-il pas

toujours, dans sa vie quotidienne et son œuvre po-litique au côté de Néron, aussi grand qu’on le vou-drait. Son œuvre philosophique demeure pourtantl’une des plus nobles expressions du stoïcisme, dontles Pères de l’Église ont pu dire : « elle est si sou -vent nôtre ». Texte des dernières années, ces lettresà Lucilius, dont deux livres sont ici offerts en éditionbilingue, sont admirables et devraient, à l’instar duDe Providentia, présenté d’ailleurs dans la mêmeprécieuse collection de poche, appartenir à toute bi-bliothèque digne de ce nom.* Classiques en poche, les Belles Lettres, 120 p., 8 euros (52,47 F).

14 L’Action Française 2000 n° 2726 – du 7 au 20 juin 2007

AN

pondaient plus aux nécessités del’Empire ? Sans doute, et il en mou-rut car les héritiers de l’ordre an-cien, le prenant pour la cause dela crise quand il n’en était que leproduit, crurent tout restaurer enle supprimant. C’est le propre dugénie d’appréhender la réalitémieux et plus vite, mais, si cela faitde Caius Julius l’un des person-nages les plus fascinants de l’his-toire, cela ne le rend pas toujourssympathique.

Rien d’étonnant, donc, à ceque sa bibliographie soit l’une desplus impressionnantes et des plusfournies. Mais, par la force deschoses, les biographes modernesne peuvent que recopier à l’infinides sources antiques, en les agré-mentant d’interprétations et decommentaires de leur cru, qui seressentent des idéologies de leurtemps. Bien connus des spécia-listes qui s’y réfèrent constamment,ces textes fondamentaux le sontmoins du grand public, rebuté parla difficulté de se les procurer, oul’aridité qu’il leur soupçonne. JeanMalye a eu l’heureuse idée de ré-unir l’essentiel de ces auteurs ori-ginaux, exception faite de Nicolasde Damas, pourtant proche desévénements, et de présenter leurstémoignages de manière chrono-logique ou thématique.

La véritable histoire de JulesCésar offre en réalité une visionde ce que les Romains connais-saient du grand homme à traversleurs historiens. La démarche estérudite et précieuse, mais onconservera deux détails à l’esprit: une partie des textes antiques nenous est pas parvenue, peut-êtrejustement celle qui aurait, tels lesmémoires de Marcus Bibulus,beau-fils de Brutus, ou ceux deMessala, apporté à l’histoire unéclairage très différent de la ver-sion officielle ; quant aux textes ennotre possession, qu’il s’agisse ducorpus césarien ou des historiensantiques, ils sont soupçonnables,autant que les modernes, de par-tis pris et de propagande. L’his-toire est définitivement une sciencetrop humaine pour se prétendrehonnête et véridique en tout.

Feuilleton

Cela, Alexandre Dumas, au-quel nous devons l’une desmeilleures biographies de César,le savait. En publiant, en 1860, enfeuilleton des Mémoires d’Horace,dont il n’écrivit jamais, hélas, la se-conde partie, il choisissait d’éclai-rer ces heures troublées de l’ago-nie de la République à travers unepersonnalité libre, et qui, idéalistecomme on l’est à vingt ans, avaitjustement choisi le camp des ty-rannicides avant, au lendemain dePhilippes, de rallier celui d’Octaveet de devenir plus tard, grâce àMécène, son protecteur, l’un deschantres de ce Principat qu’il ré-prouvait en sa prime jeunesse.

Au vrai, Quintus Horatius Flac-cus sert ici d’abord de commodeprête-nom et Dumas l’oublie sou-

Longtemps à la base de touteculture, l’histoire romaine aété victime, au fil des siècles,

des relectures qu’en faisaient lesgénérations successives, de sortequ’il est difficile, sous le flot desinterprétations orientées, de re-trouver une vérité insaisissable.Cependant, ce que nous croyonssavoir des Romains peut s’avérerrévélateur, non de leurs façons depenser, mais des nôtres.

Vertus rigides

Caton l’Ancien n’est pas, tants’en faut, la figure la plus attrayantedans la galerie des hommesillustres. Notre époque, il est vrai,n’aime pas les vertus trop rigideset le Censeur offre précisémentl’un de ces exemples, admirablesmais par trop austères, qui rebu-tent le commun. Il est pourtant, etpar essence, représentatif de ceque fut Rome en ses débuts, avantque les conquêtes et leur affluxde richesses et d’esclaves, fus-sent venus corrompre les mœursantiques et bouleverser en pro-fondeur le tissu social ainsi queles mentalités. Le vieux Catonl’avait compris, d’ailleurs, qui necessa de mettre ses contempo-rains en garde contre la tentationdu luxe et de la facilité qui les me-naçait. Est-il, précisément, en cela,un homme d’aujourd’hui apte ànous parler des problèmes denotre temps ?

Eugenio Corti en est persuadépuisqu’il propose de Marcus Por-tius Cato une biographie roman-cée sous la forme, justement, laplus moderne possible, à savoirun scénario cinématographique.Parti pris littéraire un peu déran-geant, qui fractionne l’intrigue entableaux, remplace les descriptionspar des jeux de scène et des in-dications destinées aux caméras,et oblige à recourir constammentau dialogue. Ce que l’on voit avecplaisir ne se lit pas fatalement avecagrément.

Si toutefois vous parvenez àentrer dans le choix de l’écrivainitalien, qui ponctue son script deparenthèses érudites concernanttel ou tel personnage, tel ou tel dé-tail historique, reste une fresquesuperbe, et remarquablement do-cumentée sur cet instant crucialdes guerres puniques, où Hanni-bal commet l’erreur de s’aban-donner aux délices de Capoue etassure sans le comprendre la vic-toire de Rome sur Carthage. Vic-toire paradoxale comme le perçoitCaton, incarnation d’un monde ru-ral et guerrier, ami du travail et en-nemi de l’argent, qui ne survivrapas à son triomphe et en surgirasi profondément modifié qu’il ensera méconnaissable. Tout le pro-blème étant de savoir si le destinde Rome était de demeurer uneville du Latium pétrie de vertus an-tiques, ou de devenir la caputmundi et d’en payer le prix…

Textes antiques

Le drame de César, cent ansplus tard, fut-il d’avoir été le seulà tirer toutes les conclusions poli-tiques et sociales des boulever-sements survenus au cours dusiècle écoulé et admis que les ins-titutions républicaines ne corres-

vent en chemin, emporté qu’il estpar les événements historiques re-latés. Il y revient à l’occasion pourle faire disserter sur la poésie etla littérature, longuement car il nefaut pas oublier que le cherAlexandre était payé à la ligne…Ce ne sont pas les meilleurs mor-ceaux de l’œuvre. On aurait tortcependant de bouder son plaisircar on trouve aussi dans ces pagesde merveilleuses descriptions duquotidien, une découverte deRome par le jeune provincial quidevrait figurer dans les antholo-gies, et un hymne à la latinitécomme seul Dumas pouvait enécrire. Et ce texte étonnant étaitdemeuré inédit depuis presquecent cinquante ans !

Roman-fleuve

Max Gallo, lui aussi auteur deromans-fleuves, vient de publier,dans une veine très dumasienne,et en cinq tomes, une suite intitu-lée Les Romains qui, de 73 avantnotre ère à 363, c’est-à-dire de laguerre servile à la mort de Julienl’Apostat, retrace ce profond re-tournement des consciences queDaniel-Rops appela justement « larévolution de la Croix ». MaxGallo s’est converti, et son œuvreavec lui ; le romancier n’en a passouffert, tout au contraire, car seslivres y ont gagné une profondeurnouvelle, sans le priver de ses ca-pacités critiques. Mieux encore,ses doutes ou ses ricanementsd’autrefois lui ont servi ici à péné-trer, comme un autre n’aurait pule faire, les mentalités de ses per-sonnages, eux-mêmes confrontésau pari de la foi.

Voici Gaius Fuscus Salinator,jeune officier prisonnier de Spar-tacus qui se voit promettre la viesauve et la liberté s’il accorde saprotection à l’épouse du généraldes esclaves et promet d’écrire,sous sa dictée, la véritable histoiredu Thrace ; l’effroyable massacredes révoltés, les six mille croix queCrassus plantera le long de la ViaAppia afin de rappeler que l’on nedéfie pas Rome, ouvriront dansl’âme de ce premier personnagedes gouffres d’interrogation qu’ilsaura transmettre à sa descen-dance.

Puis Serenus Salinator, le pe-tit-fils, contemporain de Caligula,de Claude et de Néron, témoin deplus en plus effaré des agisse-ments des Julio-Claudiens, ami de

Sénèque dont il ne parvient plusà partager les vues politiques etla justification complaisante ducrime. Tout cela prétexte à un trèsflamboyant, et très juste, portraitde Néron, nuancé et douloureux.C’est ce même Serenus que l’onretrouve affronté aux horreurs dela guerre de Judée, perpétrées parle doux Titus, “les délices du genrehumain”…

Encore un siècle, et paraît unnouveau descendant, Julius Pris-cus, proche de Marc Aurèle, quin’oubliera jamais, sans parvenir àse l’expliquer, le supplice de Blan-dine et des martyrs de Lyon, nicette « folle obstination » deschrétiens, comme disait l’empe-reur stoïcien. Paradoxalement,Marcus Salinator, ultime héritier deces hommes qui, tous, ont appro-ché la vérité du Christ, choisira,lui, de s’en détourner pour revenirau vieux culte solaire, tandis queConstantin fait triompher ce signede la Croix qui obséda ses aïeux.

Car, et c’est la grande habiletéde Gallo, il ne verse pas dans leroman apologétique et, pour seconvertir ou s’en approcher, seshéros n’en demeurent pas moinsdes hommes, et des hommes deleur temps, capables du pire bienplus souvent que du meilleur. Enquoi ils apparaîtront proches, ac-cessibles et compréhensibles auxlecteurs modernes.

* Eugenio Corti : Caton l’Ancien .Fallois-L ’âge d’homme, 390 p., 22euros (144,31 F).* Jean Malye : La vérit able histoirede Jules César . Les Belles Lettres,450 p., 25 euros (163,98 F).* Alexandre Dumas : Mémoires d’Ho -race . Les Belles Lettres, 355 p., 25euros (163,98 F).* Max Gallo : Les Romains . I Spar-tacus et la révolte des esclaves ; IINéron, le règne de l’Antéchrist ; IIITitus, le martyre des Juifs ; IV MarcAurèle, le martyre des chrétiens ; VConst antin, l’empire du Christ .Fayard, chaque tome entre 350 et480 p., chaque tome 20 euros(131,19 F).

Donc, sur quatre siècles, deshommes d’une même famille, lesFusci Salinatores, vont se retrou-ver face aux drames de leurépoque, à la terrible brutalité quiparaissait être à jamais l’uniqueréponse de l’ordre romain devantses opposants, à la peur qui ré-gissait cet univers impitoyable ; etsoudain à l’autre voie offerte parles chrétiens. Des chrétiens, audemeurant, pas toujours à la hau-teur du message dont ils se trou-vaient les fragiles dépositaires.

Fantasmagorique

histoire romaine

HISTOIRE

parAnne BERNET

LUS AUSSI

MARIAGE

● Nous annonçons avec joie leprochain mariage d’ÉdouardCHAMPION, fils de nos amis Phi-lippe et Christine Champion, confé-renciers des camps Maxime Realdel Sarte, avec Mlle Anne ClaireJOULIE, ancienne des cerclesd’AF du lycée Henri IV et de laSorbonne.

Nous présentons nos vœux degrand bonheur aux futurs épouxet nos bien vives félicitations aux parents.

● Nous apprenons avec joie le ma-riage d’Éloîse MICHEL , fille denotre ami Michel Michel, confé-rencier d’Action française, et deson épouse Françoise, avec M.Vincent JALOUX.

La messe de mariage sera cé-lébrée le samedi 23 juin 2007 à16 h 30 en la collégiale SaintOurs de Loches (Indre-et-Loire).Le consentement des époux serareçu par l’abbé Guillaume Seguin.

Nous présentons tous nosvœux de bonheur aux futurs épouxet nos amicales félicitations auxparents, nos amis M.et Mme Mi-chel Michel.

MESSE

● Une messe sera dite le samedi9 juin 2007 à 11 heures en l’égliseSaint-Thomas d’Aquin, place Saint-Thomas d’Aquin, pour le repos del’âme du général Raoul SALAN(1899-1984) et de tous ceux qui,étant sous ses ordres, sont tom-bés pour la France.

● S.O.S. TOUT PETITS. Samedi9 juin 2007 , à 14 h 30, Place Saint-Michel, Paris 5e et 6e (métro Saint-

Michel), prière de réparation, d’in-tercession et de conversion.* Renseignements : SOS Tout-Pe-tits, 11 rue Tronchet, 75008 Paris ; www.sos-tout-petits.org

● Deux CONFÉRENCES, organi-sées par Parthénon-Événementset l’association Lys de France, au-ront lieu le jeudi 14 juin 2007 à19 h 45, salle des Sœurs de l’En-fant-Jésus, 3, rue Antoine Bour-delle, 75015 Paris (Métro : Mont-parnasse) :

- Jean FOYER , ancien gardedes Sceaux, membre de l’Institut :La législation royale et le droit ca-nonique ;

- Pierre COSME , professeurà l’université du Panthéon Sor-bonne : Les transformations de l’É-tat romain de Marc Aurèle àConstantin.* Participation aux frais : 6 euros.Renseignements : 06 66 61 25 17www.parthenonfrance.com

● PRÉSENCE DE LA VARENDE.Jeudi 30 juin, Journée La Va-rende. Rendez-vous à Tillières-sur-Avre (11 km de Verneuil, surla place de l’église).- À 10 h 45, visite de l’église(chœur remarquable).- À 11 heures, visite du châteaude Montuel, à Montigny-sur-Avre(Eure-et-Loir).- À 12 h 15, déjeuner à Verneuilau motel Saint-Martin RN 12 (0232 32 19 88).- À 15 h 15, visite de l’église et duchâteau de Montigny-sur-Avre.* Prix du déjeuner + visites : 30euros par personne. S’inscrireavant le 15 juin à Présence de LaVarende, 14250 Tilly-sur-Seulles. Tél : 02 31 80 84 [email protected]

L’Action Française 2000 n° 2726 – du 7 au 20 juin 2007 15

L’ACTION FRANÇAISE EN MOUVEMENT

CENTRE ROYALISTE D’ACTION FRANÇAISE

10, rue Croix-des-Petits-Champs,75001 Paris

TÉL : 01-40-13-14-10 – FAX : 01-40-13-14-11Dans la ligne du mouvement fondé

par Pierre JUHEL

PRÉSIDENT : Pierre PUJOVICE-PRÉSIDENT :

Stéphane BLANCHONNET

CHARGÉS DE MISSIONFORMATION : Pierre LAFARGE

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES ÉTUDIANTS :Thibaud PIERREADMINISTRATION :

Mlle de BENQUE d’AGUT

COTISATION ANNUELLE :MEMBRES ACTIFS (32 L),

ÉTUDIANTS, LYCÉENS, CHÔMEURS (16 L),BIENFAITEURS (150 L)

C.R.A.F.a s s o c i a t i o n d é c l a ra s s o c i a t i o n d é c l a r é eé e

■ Ces trois jours de Pentecôte, lechapitre Sainte Jehanne deFrance, emmené par Hugues deMalval, fêtait ses vingt-cinq ansen même temps que le pèlerinageParis-Chartres organisé par Notre-Dame de Chrétienté. Amis, an-ciens et jeunes militants de l’Ac-tion française ont marché en union

de prière avec l’ordre des Annon-ciades, fondé par sainte Jehanne de France, et porté lesintentions du mouvement et deleurs membres. L’ambiance ex-cellente et la marche difficile parun temps froid et humide laissentprésager une pluie de grâces.

P.A.

CAMP MAXIME REAL DEL SARTE 2007

UNIVERSITÉ D'ÉTÉUNIVERSITÉ D'ÉTÉD'AD'ACTION FRANÇAISECTION FRANÇAISE

RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONSCamp Maxime Real Del Sarte

c/o PRIEP10 rue Croix-des-Petit s-Champ s 75001 Paris

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06 80 56 37 29

Chèques à l’ordre du CMRDS

LE MONDEET LA VILLE

25 ans sous la bannièrede sainte Jehanne de France

Prix : 140 euros jusqu'au 30juin ; 160 euros après. Dix jours, nourriture ethébergement compris.

Pour les intermittents ducamp le tarif est de

20 euros par jour . Tarif spécial pour les

groupes, à partir de troisinscriptions : 120 euros par

personne au lieu de 140.

Au château de Lignières (Cher)

Du vendredi 17 août au dimanche 26 aoûtLe CMRDS est ouvert à tous les jeunes entre 15 et 35 ans, désireux de se former à la politique nationaliste et royaliste.

Le château de Lignières (Cher)

Édité par PRIEPS.A. au capital de 59 880euros – 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Imprimerie RPN – 93150 Le Blanc-MesnilNuméro de commission paritaire 0407K86761 – Directeurde la publication : Pierre Pujo

POLITIQUE ÉTRANGÈRE

I T A L I E

Turbulences institutionnelles

Romano Prodi, dont le gou-vernement de centre gauchevient de franchir le cap des

douze mois d’existence, aurait purêver d’un plus agréable cadeaud’anniversaire. Or, non seulementles sondages d’opinion sont cala-

Prodi a quitté les lieux en affirmantque le président du patronat s’étaitlivré à un exercice « purement per -sonnel » .

Pas sûr. Le marquis de Monte-zemolo est aujourd’hui l’homme leplus populaire du pays, après Sil-vio Berlusconi. Le leader de ForzaItalia, auquel le président de la

Confindustria avait dans le passéreproché un manque de rigueurbudgétaire, a flairé le danger : « Quiveut prétendre guider le p ays doitd’abord solliciter les suffragesdu peuple » , a lancé Berlusconi,en admettant toutefois que le pa-tronat avait « repris plus de 50 %de nos propositions » .

Prurit sarkoziste

Le contre-pied de Montezemoloa d’autant plus perturbé la droiteparlementaire que celle-ci se trou-vait alors sous l’emprise d’un effetSarkozy. C’est à qui, de Berlusconiou de Fini, s’attribuerait la filiationla plus authentique avec le sarko-zisme. À tel point que la fédérationromaine de l’Alliance nationale asalué l’élection du nouveau chef del’État français en placardant des af-fiches à son effigie.

Prenant de la distance par rap-port au jeu des partis, Luca di Mon-tezemolo a précisé qu’il n’avait pasl’intention d’entrer en politique. Di-sons qu’il se tient en réserve. L’Ita-lie entre dans une nouvelle périodede turbulences.

gente, toutes les grandes villes del’île, à commencer par Palerme, ontnettement opté pour les partis dedroite et du centre fédérés sous labannière du Pôle des libertés.

Curiosité de ce scrutin, la Liguedu Nord, habituellement peu tendrepour le Mezzogiorno, a réalisé unepercée inattendue à Lampedusa,île la plus méridionale d’Italie et quidépend administrativement de laSicile. Une élue du parti d’UmbertoBossi est même devenue le pre-mier adjoint au maire. Sa priorité :la lutte contre l’immigration clan-destine car, a-t-elle dit, « nous vou -lons être maîtres chez nous ».C’est en effet sur les rivages deLampedusa que, depuis des an-nées, vient s’échouer à bord d’em-barcations improbables toute la mi-sère du monde. La Ligue du Norda sans doute trouvé là sa nouvellefrontière.

En Calabre et dans les Pouilles,la droite a également remporté dessuccès significatifs, souvent grâceà la bonne implantation régionalede l’Alliance nationale, le parti deGianfranco Fini.

Dissidenceseptentrionale

Mais c’est dans le Nord indus-trieux que la coalition de centre droita enregistré ses succès les pluséclatants. Si elle n’a pu déloger lagauche de la mairie de Gênes, ellea fait mieux que regagner le terrainperdu en 2002. De la Lombardie àla Vénétie, les candidats soutenuspar Silvio Berlusconi ont récupérédès le premier tour cinq chefs-lieuxde province tenus jusque-là par lagauche, notamment Vérone où s’estimposée avec 60 % des voix la liste

conduite par un jeune militant de laLigue du Nord.

En raison du caractère partielde ces élections, le président duconseil Romano Prodi refuse d’y

voir un désaveu national de sa po-litique. Il n’empêche, des inquié-tudes se font jour parmi ses alliés,en particulier du fait de la défiancequi vient de s’exprimer dans la par-tie la plus dynamique du pays.

La participation électorale a étérelativement faible, nombre de dé-çus de la gauche s’étant abstenus.Aussi s’interroge-t-on chez les Dé-mocrates de gauche (ex-PCI) surla pertinence du projet de Parti dé-mocrate qui, à l’initiative de Prodi,doit rassembler dans une formationunique les anciens communistes etles catholiques de centre gauche.

Tiraillé entre les partisans d’uneplus large redistribution et les te-

nants de la rigueur budgétaire, entrela gauche exigeant une libéralisa-tion des mœurs et des catholiquesencore attachés aux valeurs fami-liales, Romano Prodi semble vouéà l’illusionnisme, alors que des pro-blèmes cruciaux (fiscalité, réformedes retraites) appellent des ré-ponses rapides et concrètes. D’oùune avalanche de critiques qui, dé-sormais, touchent au fonctionne-ment des institutions.

Charge patronale

Les attaques les plus vivescontre le régime ne viennent pasde groupuscules radicaux. Non,elles ont été lancées, en pleinecampagne électorale, par l’un deshommes les plus écoutés d’Italie,Luca Cordero di Montezemolo, pré-sident de la Confindustria (équiva-lent italien du Medef), patron deFiat et de Ferrari. Devant l’assem-blée annuelle de cette organisa-tion, à Rome, Montezemolo a pro-noncé une diatribe contre la classepolitique, gauche et droite confon-dues, qui se montre incapable debaisser les impôts et les chargessur les entreprises. Après avoir sou-ligné que le mérite de l’actuelle re-prise économique, « encore fra -gile » , revient « aux seules en -treprises », Montezemolo aréclamé une réforme en profondeurde l’État, avec changement deconstitution et réforme de la loi élec-torale « pour permettre auxmeilleurs de gouverner ».

Inutile de dire que les quatorzeministres, dont le président duconseil, qui garnissaient le premierrang des invités de la Confindus-tria, ont reçu ces propos commeune douche froide. Blême, Romano

parGuy C. MENUSIER

Romano Prodisemble voué

à l'illusionnisme,alors que

des problèmescruciaux appellent

des réponsesrapides

et concrètes.

miteux pour le camp gouverne-mental, mais la pratique des urnesne vaut guère mieux, comme l’at-testent les élections locales par-tielles (municipales et provinciales)qui ont commencé à la mi-mai enSicile, se sont poursuivies les 27 et28 mai dans sept provinces et 862communes de la péninsule, et dontles derniers scrutins de ballottagesont fixés aux 10 et 11 juin. Maisl’essentiel est acquis.

La Ligue du Norddébarque

à LampedusaLa tonalité de ces élections a

été donnée en Sicile, où les partisde centre gauche ont essuyé uncinglant revers. À l’exception d’Agri-

L’Alliance nationale a célébré la victoire électorale de Nicolas Sarkozy

en apposant cette af fiche sur les murs de Rome

Luca di Montezemolo, patron des patrons italiens

Romano Prodi

Le mauvais coup que prépare Sarkozy

l PAUL-MARIE COÛTEAUX annonce dansune tribune du FIGARO (19/5/07) les élé-ments du compromis qui interviendra lorsdu sommet européen des 21 et 22 juin pro-chains à la réunion du Conseil européen :« Certes, on prendra la précaution dedébarrasser le texte [de la Constitutioneuropéenne] des symboles plus voyantsde la supranationalité, “le ministre desAffaires étrangères”, de la constitutionGiscard sera “secrétaire aux Af fairesétrangères”, l’article sur les symbolesde l’U.E., hymne et drapeau, disparaîtracomme déjà superflu ; certes, le textesera court ne comportant que les dis -positions essentielles d’un ensemble fé -déral, soit le principe des décisionsprises à la majorité qualifiée et la supé -riorité du droit bruxellois sur toute normenationale ; certes, le titre II (dit “Chartedes droits fondamentaux”) ne sera qu’op -tionnel pour certains de ses articles, etquant au titre III sur les politiques éco -nomiques et sociales, il sera ensuite fa -

cile à adopter par les mécanismes su -pranationaux ainsi mis en place. »

En tant que parlementaire européen, P.-M. Coûteaux est bien placé pour être in-formé de ce qui se prépare. Le compromisainsi mis au point serait ensuite ratifié enFrance par la voie parlementaire. Ainsi le“non” du référendum à la Constitution eu-ropéenne serait effacé.

Heureusement, selon Coûteaux, les “no-nistes” ont des chances d’avoir le derniermot. L’idée de nation a été remise à l’hon-neur à l’occasion de l’élection présidentielle.Elle connaîtra des développements. Sarkozyne pourra pas s’en débarrasser facilement.

La ploutocratie derrière Sarkozy

l JEAN-PAUL BLED , président du Ras-semblement pour l’indépendance et la sou-veraineté de la France, livre dans le journalsuisse HORIZONS ET DÉBATS (Zurich) du14/5/07, ses « motifs d’inquiétude » aprèsl’élection de Nicolas Sarkozy à la présidencede la République : « Le système Sarkozy

fait peser une menace sur la démocratiefrançaise. Le déroulement de la cam -pagne a clairement mis en évidence lesliens très étroits entre Nicolas Sarkozyet les présidents de grands groupes in -dustriels et médiatiques. T.F.1, L.C.I., Eu-rope I, R.T.L., Le FIGARO, l’EXPRESS, LEPOINT, PARIS MATCH, pour ne citer quequelques exemples, n’ont cessé de sefaire les porte-voix du candidat Sarkozy ,tandis que tout leur était bon pour tenter de dénigrer Ségolène Royal. Aussitôt après l’élection, l’af faire duvoyage à Malte et de la croisière sur unyacht de luxe appartenant à V incent Bol -loré, un des grands patrons du secteurmédiatique, est emblématique de cettecollusion. »

Ce n’est pas la première fois que l’onconstate la collusion entre le monde de la fi-nance et un candidat à des élections poli-tiques. Il y a longtemps que Maurras a dé-montré que démocratie égale ploutocratie.Reconnaissons quand même que le lien estparticulièrement voyant dans le cas de Sar-kozy d’autant que la finance tient maintenantles grands médias.

L’ami des États-Uniset d’Israël

l LE PRÉSIDENT DU R.I.F. note aussiavec quelle satisfaction l’élection de Sar-kozy a été saluée aux États-Unis : « Onse souvient comment, en octobre 2006le candidat Sarkozy fustigea à New Yorkl’”arrogance” de la politique françaiseen Irak. Dans le même registre, les liensde Nicolas Sarkozy avec Israël sontconnus. Ils font craindre une influencede la politique française au Proche-Orient. Il est à redouter que la politiquearabe de la France ne soit mise à mal. »

À cela s’ajoute l’intention du nouveauPrésident « de faire ratifier par la voieparlementaire un mini-traité, au méprisdu rejet massif de traité constitutionnelpar les Français lors du référendum du29 mai 2005. »

J.-P. Bled se permet cependant de « rêver » en espérant que la fonction chan-gera l’homme. Mais sous cette réserve, « desjours sombres s’annoncent ».

Jacques CEPOY

L E C R É N E A U