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Dimanche 25 mars - 15h, Maison communale de Plainpalais - Grande salle Festival des musiques d’aujourd’hui, Genève 23 mars - 1 er avril 2007 Au centre du son Scelsi: les trois âges de l'homme

Scelsi Les Trois Âges de l'Homme

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Dimanche 25 mars - 15h, Maison communale de Plainpalais - Grande salle

Festival des musiques d’aujourd’hui, Genève23 mars - 1er avril 2007

Au centre du son

Scelsi: les trois âges de l'homme

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Archipel - programme du 25 mars 2007 - 15h

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Dimanche 25 mars 2007 - 15hMaison Communale de Plainpalais - Grande salle1h sans entracte

Giacinto Scelsi(Italie, 1905-1988)

Triphon (1956) [12']Jeunesse-Énergie-Drame

Dithome (1957) [13']Maturité-Énergie-Pensée

Ygghur (1965) [14']Vieillesse-Souvenirs-Catharsis-Libération

Arne Deforce : violoncelle

Concert enregistré par la RadioSuisse Romande Espace 2La date de diffusion sera donnée surles sites d'Espace 2 et d'Archipel

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frisson soudainà une brise intérieure qui se lève

compagnons de musiques intérieuresou encore à venir

Henri Michaux: Jours de silence, Fata Morgana

Giacinto ScelsiI tre stadi dell'uomo (1957-1965)

Voyage au centre du son, l’immobile en mouvement.

Voyez-vous, mon bon monsieur,ne pensez pas, laissez penser

ceux qui ont besoin de penser.

Giacinto Scelsi, L’homme aux chapeaux

’évader, fuir, se retirer et pénétrer dans un autre monde est, selon Giacinto Scelsi,le but suprême de l’artiste-créateur – écarter la pensée et s’abandonner à la forcecréatrice du son. Ni composer dans le sens habituel de combiner, assembler, mais

improviser, créer à l’aide de « lignes de fuite » – concept de la déterritorialisation de lapensée de Gilles Deleuze, qui pourrait exemplifier les motifs de l’imagination créatricedu compositeur : « En art comme en musique l’essentiel n’est plus dans les formes etles matières, ni dans les thèmes, mais dans les forces, les densités, les intensités »[Giacinto Scelsi, Son et Musique]. Improviser pour fuir dans l’anti-mémoire où lamusique apparaît dans la fuite de sa disparition. Effectuer le passage du concept-noteau concept-son et exploiter et déployer cette énergie incessante de la matière sonoreelle-même. Scelsi nous le rappelle en effet volontiers : « la musique classiqueoccidentale a consacré pratiquement toute son attention au cadre musical, à ce qu’onappelle la forme musicale. Elle a oublié d’étudier les lois de l’Énergie Sonore, de penserla musique en termes d’énergie » avant d’ajouter qu’elle « a produit des milliers decadres magnifiques, mais souvent assez vides, car ils n’étaient que le résultat d’uneimagination constructrice, ce qui est très différent de l’imagination créatrice. »[Giacinto Scelsi, La puissance cosmique du son]

Improviser des heures, des jours entiers, pour évoquer dans la pensée une forcenomade qui se dissocie de ses inhibitions ; une force qui se manifeste uniquement pardes devenirs continuels générés par l’exploration au centre du son, afin de libérerl’énergie infinie qui réside en lui. Improviser comme l’écriture nomade en vitesseabsolue. Improviser à l’intérieur du son avec une rapidité qui permet de tout percevoir,la lenteur ainsi que l’immobilité. Le son non pas comme la note statique – un point –mais le son comme une sphère dynamique qui se déploie dans la totalité de sonspectre harmonique. Non pas le développement musical de la forme consistante – leplan d’organisation transcendantal de l’Occident – mais le plan d’immanence etd’univocité : une suite de blocs de création réalisée par « l’écriture automatique », letravail sur le spectre harmonique et l’articulation sans fin d’une seule et unique hauteur– ce que Scelsi définit comme la profondeur du son, sa troisième dimension – de sauts

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dans les abîmes des intervalles, de tensions entre les processus des sons stationnaires etles processus de l’accumulation d’articulations rythmiques. Une musique engendrée àpartir d’un seul son, où l’ensemble des hauteurs, des intervalles, des tempi, des timbreset des intensités sera perçu en un processus simultané de devenir. La musique en tantque manifestation d’une transformation parallèle du devenir-son dans le temps et dudevenir-temps dans le son. L’immanence du son face à la transcendance de la forme.Tel est l’enjeu. Son et temps : métaphore pour le principe génératif d’un concept deforme musicale, qui se fuit sans cesse. Forme – « anti-structure » – en dehors duterritoire de la pensée compositrice, où le son, en suivant les traces de sa progression,dessine sa propre dynamique. Le son étant puissance créatrice d’où tout jaillit et oùtout aboutit, la vie au rythme des marées qui vibre dans le regard du temps.

OEt voici le pictogramme du cercle et de la ligne. Ce symbole Zen, le portrait de Scelsi,l’image de l’être créateur. Deux représentations de l’infini. Le vide et le multiple. Enlangage Zen : la mer et la vague. Le cercle symbole du son cosmique, la ligne symboledu temps ; l’être et le devenir arrêtés en plein mouvement. Le pictogramme Zen pourdéfinir le son, source de toute vie, que Scelsi formulait ainsi : « Le Son est le premiermouvement de l’immobile et ça, c’est le début de la Création » [Giacinto Scelsi,Poésies Isolées, dans L’homme du son] Le « O » symbolise la représentation spirituelledu vide créateur, l’indescriptible au delà de notre imagination, le principe des différentscycles de la vie, le rythme de la naissance à la mort, la créativité, la force créatricedans le monde physique où tout est constamment mouvement circulaire. Le cri primaldans les vibrations de la matière. Du vide « O » naquit le « I », le monde. Toujoursreprésenté par un trait horizontal dans la calligraphie Zen « __ », image visualisantl’écoulement du temps, le chemin qui commence et prend fin. « I » commel’incarnation poétique de la vague, qui peut prendre n’importe quelle forme, afin de sedissoudre dans le néant, « O » le vide. La vie elle-même qui vibre à travers les diversstades d’initiation dans le cercle devenant ligne du son. D’où le titre. I tre stadidell’uomo, autobiographie en musique qui évoque les trois âges de l’homme : jeunesse,maturité, vieillesse. Voyage à l’intérieur du déferlement du son.

Giacinto Scelsi : Triphon – Jeunesse-Energie-Drame (1956)

riphon – triade – évoque la première phase de la vie de l’autobiographiemusicale de Scelsi. Témoignage musical des forces viriles et indomptées qui sontpropres à la jeunesse en éclosion. Jeunesse comme métaphore de la force rebelle,provocatrice du non-possible : l’enivrement dionysiaque et le désir de violence

impossible à endiguer. Energie qui mène à l’épanouissement. Se détacher de l’histoire,de tout savoir et déterritorialiser tout territoire. Se séparer de tout ce qui existe.

Drame donc comme catharsis. Frémir et vibrer à l’intérieur du son, et être engouffré parla puissance du déferlement. Eclater le son, le fracturer, le découper et le diviser dansses moindres particules pour le reconstituer, le réinventer et le redéfinir en tant que

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force sauvage et libérée. À la fois destruction et construction. Triphon, c’est cela, ladéconstruction, la reterritorialisation. La vocation de la jeunesse, par excellence.

Dès le départ de Triphon, un son unique et une virtuosité de tension surhumaine sedégagent. Dans le premier et le troisième mouvements de Triphon – Jeunesse &Drame – le son du violoncelle est divisé par une sourdine métallique spécialementconçue à cet effet, placée sur les cordes de Do et de Sol – créant ainsi dans lesmoments d’intensité un « bruissement », un son roulant et métallique de crécelles etdes battements de microtons. Tout comme le piano préparé de John Cage où lessourdines amènent une résonance de crécelles et de grelots que Scelsi compare ici auxgrondements et aux grommellements que l’on entend dans les chants harmoniques desmoines tibétains. Il en résulte un son filtré, modulé, rauque et raclé et particulièrementriches en sons intermédiaires. L’auditeur qui repère le son unique découvre uncontrepoint complexe entre le son joué sur l’instrument (à trois différents vibratos) et les« bruissements » vers le haut et le bas de la sourdine métallique par lequel il entend un« différend » qui occasionne les sons intermédiaires. Le voyage à travers I tre stadidell’uomo projette l’auditeur d’emblée dans le monde du corporel et du gestuel oùdésirs, pulsions et passions sont les forces motrices d’une virtuosité turbulente etmusculaire.

Dans la première partie – Jeunesse – s’établit un flux exubérant et violent, plein derythmes complexes et de bruits raclants et forts, d’une laideur envoûtante etspectaculaire. Une danse initiatrice et conjurante nous conduit vers un autre monde.Dans la partie du milieu – Energie – jouée sans sourdine, surgit une marche héroïqueaux rythmes violents répétitifs en staccato, entre lesquels sont exécutés des motifscapricieux de sonneries à une vitesse extrême. Une fois encore, on perçoit dans cesfigurations frénétiques des réminiscences des hautbois de la musique orientalechamanique ou des chants de méditation, de transe et d’extase. La troisième partie– Drame – à nouveau jouée avec la sourdine, expose le dénouement dramatique ; toutle registre et toute la puissance du violoncelle y sont incorporés. Les intervalles et latessiture se posent comme des abîmes et des cratères géants, béants au plus large, qui,après s’être soumis à une force polaire sonore (Fa-Do), ramènent le son vers lui-même,la fin du commencement, début sans fin. L’Immobile en mouvement. Triphon setermine avec force, brusquement en Do, son fondamental du violoncelle.

l’homme du sonun peu d’ombre

occupe toute la valléeson chant n’aura

point de fin

Giacinto Scelsi, Poésies Isolées, dans L’homme du son

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Giacinto Scelsi : Dithome – Maturité-Energie-Pensée (1956-57)

ithome – dichotomie / division en deux – en un seul mouvement est conçu, àl’exception du début et de la fin, comme un palindrome longuement étiré ;deux arcs de tension se reflètent face à face. Dithome représente l’homme dansson ascension vers l’âge adulte ; dès que la maturité est atteinte, celle-ci

s’accompagne de la pensée, du souvenir et du regard en arrière. Un concept tripartitequi se divise en deux à partir d’une forme simple : Maturité/Energie, le développementde la première période musicale et – Pensée – son image récurrente. Ici, l’intensevirtuosité déployée au coeur du son nous conduit graduellement à « la profondeur et laréelle dimension sphérique du son. » [Giacinto Scelsi, Poésies Isolées, dans L’hommedu son] Le violoncelle chante, résonne et vibre comme il ne l’a encore jamais fait.Sobre au départ, lent et maîtrisé, il se déploie à partir d’un motif central en une palettetourbillonnante de sons et de timbres volubiles. Les sonorités bruitées de Triphon sedéveloppent progressivement en une texture riche, mouvementée et polyphonique.

Dans la première partie – Maturité/Energie – s’installent, après une lente introductionmelodique, des couches de pulsions rythmiques à une vitesse fugitive. Au pointculminant (à la limite du jouable), le son se transforme, par des quarts de ton et unepolyphonie d’articulation très différenciée, en une texture fluide et conjurante. Lesforces de la vie arrivent, dans un tourbillon d’énergie indomptable, à pleine maturitépour évoluer vers une prise de conscience, une remise en question, un apaisement. Aucoeur de l’oeuvre, la phrase est reprise en commençant par la fin, vaste regard enarrière. Pensée – l’homme réfléchissant remonte le temps, à la recherche de son passé.La coda écourtée réexpose une nouvelle fois le matériel de l’introduction légèrementmodifié. « Oublieuse-mémoire », la musique nous démontre que rien n’est plus commeavant.

se déréaliserc’est-à-dire prendre

une autre réalité

Giacinto Scelsi, Cercle

Giacinto Scelsi : Ygghur – Vieillesse-Souvenirs-Catharsis/Libération (1965)

gghur – catharsis/libération – est le point magistral par excellence et sans aucundoute l’objectif le plus important du voyage entamé dans Triphon et Dithome ;l’homme à la recherche d’un état transcendantal. Ygghur comme image de

l’expérience de l’immatériel, transfiguration stylistique et spirituelle, « cri » du silence àl’intérieur du son. La déréalisation du jeu sonore musculaire et gestuel se mue en laréalisation d’une alchimie de sons. Une mystique contemplative, comme si les sons nenaissaient plus dans les sons fondamentaux de l’instrument, mais dans l’air

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environnant : le silence de l’état d’être.

Ygghur appartient au groupe de compositions centrées sur une seule et unique hauteur.Le ton est travaillé comme une sphère de timbres aux intensités changeantes. Pour faireressortir cette dimension du son, Scelsi nous prescrit la scordatura – l’accordage descordes La Ré Sol Do en Si bémol Ré bémol Si bémol et Ré bémol [en raison del'extrême tension sur l'instrument du fait de la scordatura prescrite, j'ai pris l'option, enprenant l'exemple de la violoncelliste Frances-Marie Uitti, d'accorder l'instrument undemi-ton plus bas : Sol dièse, Si, Sol dièse, Si] – c’est pourquoi la partition est diviséeen quatre portées, une pour chaque corde. Ainsi se libèrent de nouvelles positions pourla main gauche qui ramifient le son sur les quatre cordes vers un cluster infra-chromatique, d’où une manipulation unique et polyphonique du son engendrant uneénergie sonore infinie. Énergie non seulement au sens physique, mais que Scelsiconçoit également comme force créatrice et spirituelle. « Vous n’avez pas idée de cequ’il y a dans un seul ton ! Il y a même des contrepoints si on veut, des décalages detimbres différents. Il y a même des harmoniques qui donnent des effet tout a faitdifférents, qui ne sortent pas seulement du son, mais qui entrent au centre du son. Il y ades mouvements concentriques et divergents dans un seul son. Ce son-là devient trèsgrand. Cela devient une partie du cosmos, aussi minime qu’elle soit. Il y a toutdedans. » [Giacinto Scelsi, Conversations avec G. Scelsi, dans Les anges sont ailleurs]

La première partie de Ygghur – Vieillesse – nous fait entendre le son tournoyer sur lui-même, s’enrouler en un tissu d’arpèges rotatifs. Pratiquement tout le matériel musicalconsiste en des quarts de ton et des harmoniques. De minuscules glissandi, des vibratosrapides et amples, des tremoli, des pizzicati et diverses articulations de timbre et dedynamique entourent la trace du son d’une activité fourmillante. Ici, la musique perdson orientation harmonique habituelle. Au moment où la dynamique diminue et où lessons harmoniques prennent plus d’importance, une sorte de dématérialisation semanifeste. De cette activité subliminale jaillissent des spectres infra-chromatiques etnébuleux, sorte d’évocation d’un silence méditatif. Le son coule comme s’il était unlarge « flux de conscience », qui s’apaise dans l’espace du spectre harmonique pour s’ydissoudre. Dans la seconde partie – Souvenirs – le matériel sonore est ramené à unemélodie construite sur un seul son. Autour de ce son unique, se développe un jeu depizzicato fragile et articulé de la main gauche, qui n’est pas sans rappeler lesbattements des sons éthérés de la tampura indienne et les inflexions rythmiques dutabla. Souvenirs n’évoque pas la mémoire-pensée comme c’est le cas dans Dithome ;mais bien la mémoire comme souvenir disparaissant, autrement dit l’oublieuse-mémoire. « Cette grande mémoire impersonnelle qui est le souvenir sans souvenirs del’origine », comme le disait Maurice Blanchot qui décrit le souvenir comme le lointain,la mémoire comme abîme. La mémoire comme confusion, « cette puissanced’altération qui s’installe en nous dans une proximité surprenante, l’énigme d’unchangement indéfini » [Maurice Blanchot, Oublieuse Mémoire, dans L’Entretien Infini,Gallimard].

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La troisième partie – Catharsis/Libération – est le véhicule qui mène vers l’extaselibératrice. Le son comme « le premier mouvement de l’immobile » s’apaise dans unson sphérique d’immatérialisation. Transfiguration. Ici le voyage prend fin. Un son pourainsi dire dématérialisé se produit dans la tessiture la plus haute de l’instrument. Lamémoire est devenue elle-même vibration, le chant de la conscience illuminéedisparaît dans le grand vide de l’esprit – O.

Arne Deforce

le point fixeengendré

par la rotationest au centrede la sphèrede manière

à formerpar extrême intensité

l’extaselibératrice

Giacinto Scelsi, Cercles, dans L’homme du son

Et maintenant écoutez,tant que vous pourrez l’entendre,

la résonance des harmoniques de cette note profonde.

Giacinto Scelsi, Art et Connaissance, dans Les anges sont ailleurs

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Biographies

Giacinto Scelsi (Italie, 1905-1988)composition

é à La Spezia, de descendance noble, Giacinto Scelsi révèle déjà enfantd'extraordinaires dons musicaux en improvisant librement au piano. Il étudieensuite la composition à Rome avec Giacinto Sallustio tout en gardant sonindépendance face au milieu musical de son époque. Pendant l'entre-deux-

guerres et jusqu'au début des années 1950, il effectue de nombreux voyages en Afriqueet en Orient ; il séjourne longuement à l'étranger, principalement en France et enSuisse. Il travaille à Genève avec Egon Koehler qui l'initie au système compositionnelde Scriabine et étudie le dodécaphonisme à Vienne en 1935-1936 avec Walter Klein,élève de Schoenberg.

Scelsi traverse au cours des années 1940 une grave et longue crise personnelle etspirituelle de laquelle il sort, au début des années 1950, animé d'une conceptionrenouvelée de la vie et de la musique. Dès lors, le « son » occupera le centre de sapensée et, quant à lui, il refusera le nom de compositeur pour se considéreruniquement comme une sorte de médium par lequel passent des messages enprovenance d'une réalité transcendantale. Rentré à Rome en 1951-1952, il mène unevie solitaire dévolue à une recherche ascétique sur le son. Il s'intègre parallèlement augroupe romain Nuova Consonanza qui rassemble des compositeurs d'avant-gardecomme Franco Evangelisti. Avec les Quattro Pezzi su una nota sola (1959, pourorchestre de chambre) s'achèvent dix ans d'intense expérimentation sur le son ;désormais ses oeuvres de la maturité accomplissent une sorte de repli à l'intérieur, versla profondeur du son qui se trouvera désormais démultiplié, décomposé en ses pluspetites composantes.

Suivent encore plus de vingt-cinq ans d'activité créatrice au cours desquelles lamusique de Scelsi n'est que rarement jouée : il faut attendre le mouvement de curiosité(et d'admiration) à son égard de la part de jeunes compositeurs français (Tristan Murail,Gérard Grisey et Michaël Lévinas) au cours des années 1970 les Ferienkurse für NeueMusik de Darmstadt en 1982, et Voix Nouvelles à Royaumont en 1987, puis lapremière exécution de ses oeuvres orchestrale en Allemagne un an avant sa mort, pourvoir son oeuvre reconnue au grand jour.

Auteur d'essais d'esthétique, de poèmes (dont quatre volumes en français), GiacintoScelsi est mort le 9 août 1988. De vives polémiques ont éclaté en Italie peu après sadisparition à propos de l'authenticité de son activité de compositeur. La plupart de sesoeuvres sont publiées chez Salabert.

Harry Halbreich

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Arne Deforcevioloncelle

rne Deforce, né à Ostende en 1962, a fait ses études de violoncelle et demusique de chambre aux conservatoires de Gand et de Bruxelles et s'estspécialisé dans la musique contemporaine.

Sa culture musicale comprend surtout l'avant-garde historique du XXe siècle. Sonintérêt pour la musique contemporaine et expérimentale dépasse de loin l’exécutionacadémique conventionelle et inclut les adaptations de live-electronics en duo avec,entre autres, les compositeurs et interprètes Richard Barrett, Karlheinz Essl et aussi descollaborations avec le Centre de Recherches Formation Musique Wallonie (Liège), ainsique des improvisations expérimentales avec des applications multimédia et vidéo.

Membre de l'ensemble Champ d'Action, il se consacre aujourd'hui au répertoire soloet à la musique de chambre (œuvres de Scelsi, Xenakis, Ferneyhough, Rihm, ...) avecune prédilection pour les œuvres dites « impossibles à exécuter » - qu'il interprète dansles grandes festivals européens (Ars Musica, Musica Strasbourg, HuddersfieldContemporary Music Festival et Wien Modern...).

De 2002 à 2004, Arne Deforce était artiste en résidence au Concertgebouw de Bruges.En 2005, il a débuté avec la BBC Scottish Symphony Orchestra, dans le concerto pourvioloncelle de Jonathan Harvey, dont il a créé, en octobre, au Singel, avec deFilharmonie, une nouvelle version, spécialement conçue pour lui.

Au mois de juin, il a présenté au Holland Festival, avec Peter Eötvös, le Notturno pourvioloncelle et orchestre de Helmut Lachenmann. Son premier CD réalisé encollaboration avec Jonathan Harvey est sortie en 2005. La parution d’autresenregistrements figure au programme du violoncelliste, avec des oeuvres de MortonFeldman (oeuvres complètes pour violoncelle et piano), Iannis Xenakis et GiacintoScelsi.

Arne Deforce enseigne la musique contemporaine, l’histoire de la musique et lamusique de chambre au Conservatoire de Bruges. Il prépare une thèse de doctorat surla « Nouvelle Complexité », à l’université de Leiden et à l’Institut Orpheus de Gand.Depuis novembre 2005, il assure le direction artistique du Centre de Recherches et deFormation Musicales de Wallonie (CRFMW).

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Prochains événements

Concerts :

Dimanche 25 mars / 17hMaison communale de Plainpalais52 rue de Carouge, GenèveConcert - Scelsi : l’oeuvre choraleNew London Chamber Choir. direction : JamesWood.

Mercredi 28 mars / 22h30Théâtre Pitoëff52 rue de Carouge, GenèveSpectacle - Parler/ToucherAlexandre Babel, Damien Darioli, RaulEsmerode percussions. Programme : AlexandreBabel, Vinko Globokar, Georges Aperghis.

Dimanche 1er avril / 16hMaison communale de Plainpalais52 rue de Carouge, GenèveConcert - Naissance de l'orchestre à percussionsEnsemble à Percussions du Conservatoire.Direction : William Blank.Programme : Giacinto Scelsi, Amadeo Roldan,Edgar Varèse, John Cage.

Exposition et conférences :

Maison communale de Plainpalais52 rue de Carouge, GenèveExposition Giacinto Scelsi « O SOM SEM OSOM ».Entrée libre - jusqu’au 1er avril

Billetterie :Abonnement général à CHF. 100 /75 (tarifréduit)Billets en vente sur place une heure avant ledébut du concertPar téléphone au 022 329 24 22Ou au Service culture Migros Genève7 rue du Prince, Genève

Festival Archipel8 rue de la Coulouvrenière1204 GenèveT. 022 329 42 42 / [email protected]