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Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Évaluation environnementale État initial de l’environnement et perspectives d’évolution V2 Janvier 2013 VEV CONSULTING

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en

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Page 1: Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Évaluation environnementale

État initial de l’environnement et perspectives d’évolution

V2

Janvier 2013

VEV CONSULTING

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Egis Eau Informations qualité

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 2 V2

Informations qualité

Titre du projet Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer – Évaluation environnementale

Titre du document État initial de l’environnement et perspectives d’évolution

Date 05/12/2012

Auteur(s) Elodie GARIDOU

N° SCORE ANT21892E

Contrôle qualité

Version Date Rédigé par Visé par :

V1 21/12/2012 Elodie GARIDOU

V2 16/01/2013 Elodie GARIDOU Matthieu GROSJEAN

Destinataires

Envoyé à :

Nom Organisme Envoyé le :

Xavier SERALINE CED Martinique 16/01/2013

Victor VAUGIRARD VEV Consulting 16/01/2013

Copie à :

Nom Organisme Envoyé le :

Page 3: Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en

Egis Eau Sommaire

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 3 V2

Sommaire

Chapitre 1 - Une île volcanique aux ressources abondantes et inégalement exploitées .......................................................... 5

1 Une géomorphologie particulièrement structurante pour l’organisation du territoire ................................................................... 5

2 Une occupation du sol qui évolue au détriment des espaces naturels ................................................................................................. 6

3 350 km de littoral, une interface terre-mer riche et fragile ................. 8 4 Un climat tropical dont les évolutions accroissent la vulnérabilité

des populations et des milieux............................................................ 9 5 Des ressources naturelles « sous pression » et une production

d’énergie à améliorer ..........................................................................10 5.1 Les terres arables, une ressource dont l’exploitation en baisse, est en

pleine mutation ............................................................................................. 10 5.2 Le bois, une ressource faiblement exploitée ............................................... 12 5.3 L’eau, une ressource abondante inégalement répartie et inégalement

sollicitée ....................................................................................................... 12 5.4 L’énergie, une transition nécessaire pour réduire la dépendance

martiniquaise ................................................................................................ 13 6 Un territoire à de nombreux aléas naturels et aux risques

technologiques ....................................................................................15

Chapitre 2 - Une biodiversité d’importance mondiale ............................ 17

1 Des milieux terrestres soumis à une pression d’artificialisation .....18 2 Des zones humides variées et menacées ..........................................19 3 Des milieux marins soumis aux pollutions terrestres ......................20 4 Un réseau d’espaces protégés important à terre en construction

en mer ..................................................................................................23 5 Une trame verte et bleue et bleue marine à instaurer .......................26

Chapitre 3 - Des efforts à poursuivre pour améliorer la qualité du milieu ..................................................................................... 27

1 La plupart des masses d’eau n’atteindront probablement pas le bon état en 2015 ..................................................................................27

2 La qualité de l’air altérée par l’augmentation du trafic automobile et les industries ...................................................................................29

3 Une qualité des sols qui reflète les activités humaines....................30 4 Une amélioration de la gestion des déchets qui doit se

poursuivre ............................................................................................30

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Egis Eau

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 4 V2

Acronymes et abréviations

DOM Département d’Outre-Mer

ONF Office National des Forêts

SAR Schéma d’Aménagement Régional

SDAGE Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux

SRCAE Schéma Régional Climat Air Énergie

SMVM Schéma de Mise en Valeur de la Mer

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Egis Eau Une île volcanique aux ressources abondantes et inégalement exploitées

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 5 V2

Chapitre 1 - Une île volcanique aux ressources abondantes et inégalement exploitées

1 Une géomorphologie particulièrement structurante pour l’organisation du territoire

L’île de la Martinique bordée à

l’Ouest par la mer des Caraïbes et à

l’Est par l’Océan Atlantique, est

située à 7000 km de la Métropole, à

2000 km de la Floride et à 1000 km

du Venezuela. La Martinique occupe

une position centrale de l’Arc

antillais qui compte plus d'une

centaine d’îles (les Grandes Antilles

au Nord et les Petites Antilles au

Sud). Située entre la Dominique au

Nord et Sainte-Lucie au Sud, la Martinique s’étend sur 1 100 km². Les dimensions de l’île

sont telles, qu'aucun point n'est éloigné de plus de 12 km de la mer à vol d’oiseau.

L'arc des Petites Antilles est le résultat d'une activité volcanique ancienne sur sa face externe

(environ - 50 millions d'années) et récente sur sa face interne (10 millions d’années) : la plaque

Atlantique s´enfonce sous la plaque Caraïbe et entretient une intense activité géologique. La

Martinique a la particularité d’être l’unique île témoin du point de rencontre de ces deux

activités volcaniques1. Il en résulte deux principales formations géologiques :

Les formations calcaires de l’arc externe ancien présentes au Sud-Est de la Martinique

avec les presqu'îles de Sainte-Anne et de la Caravelle ainsi que les calcaires récifaux de

Macabou. Elles forment des paysages érodés aux reliefs doux, dont les sols affleurant

mêlent calcaires et roches volcaniques. Le relief présente une alternance de plaines et

de mornes arrondis excédant rarement plus de 500 mètres d’altitude. Seule, la Montagne

du Vauclin se dégage de cet ensemble (504 m).

Les formations volcaniques de l’arc interne récent, à fort relief avec le Nord de la

Martinique caractérisé par la présence d’un relief montagneux développé avec les plus

hauts massifs d’où s’écoulent les principales rivières : la Montagne Pelée culminant à 1

395 m, les Pitons du Carbet, l’édifice du Morne Jacob et le Mont Conil.

1 En Guadeloupe, les deux arcs se côtoient, donnant les deux îles voisines aux visages si différents que sont Grande

Terre et Basse Terre (Parc Naturel Régional de Martinique).

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Egis Eau Une île volcanique aux ressources abondantes et inégalement exploitées

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 6 V2

Ainsi, la diversité géomorphologique de la Martinique héritée des volcanismes est

particulièrement remarquable et explique en grande partie la nature du climat et l’occupation du

sol.

Illustration 1 : Atlas paysager de la Martinique (Parc Naturel Régional de la Martinique)

2 Une occupation du sol qui évolue au détriment des espaces naturels

Les départements d’outre-mer (DOM) abritent des espaces naturels dont le taux de boisement

est supérieur à celui de la métropole. Toutefois, la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion ont

un taux d’artificialisation supérieur à celui de la métropole (11 % en 2006), du fait d’une forte

densité de population. Les 34 communes de la Martinique accueillent 396 402 habitants (2009),

soit 0,61 % de la population française, et une densité moyenne élevée, de 351 hab./km². La

population se concentre au centre de l’île où le relief est le moins marqué : les communes de

Fort de France et du Lamentin abritent 1/3 des habitants, tandis que le Nord demeure le moins

peuplé et montre une tendance à l’exode.

Les espaces naturels des DOM supportent en grande partie l’extension des surfaces

artificialisées, alors qu’en métropole la progression se fait surtout aux dépens des terres

agricoles. Les espaces naturels reculent aussi au profit de surfaces agricoles.

Le taux d’artificialisation de la Martinique dépasse 11 %, les terres agricoles occupant 42 % de

la surface et les milieux naturels 46 %. Les espaces artificialisés sont plus importants près du

littoral et les milieux naturels sur les reliefs autour de la Montagne Pelée.

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Egis Eau Une île volcanique aux ressources abondantes et inégalement exploitées

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Illustration 2 : Occupation du sol en Martinique (UE-SOeS, CORINE Land Cover, 2006).

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Egis Eau Une île volcanique aux ressources abondantes et inégalement exploitées

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L’analyse statistique effectuée par le Commissariat général au développement durable en

20112, montre que les changements intervenus entre 2000 et 2006 ont affecté des surfaces de

367 ha avec pour les plus importants changements (167 ha) :

72 ha au profit des bananeraies (au détriment systèmes culturaux et parcellaires

complexes) et 24 ha au profit de la canne à sucre (au détriment des praires) ce qui reflète

une exploitation intensive des terres agricoles ;

48 ha au profit des prairies et au détriment de la végétation sclérophylle ;

23 ha au profit de tissu urbain discontinu et au détriment de la forêt et la végétation

arbustive en mutation.

3 350 km de littoral, une interface terre-mer riche et fragile

Les 350 km de linéaires côtiers de la Martinique alternent une multitude de faciès

géomorphologiques dont les atouts permettent d’une part l’installation d’écosystèmes

exceptionnels et d’autre part des activités variées. Cette interface terre-mer est fragile et

exposée à une forte pression anthropique. Tout l’enjeu est de valoriser ses atouts en préservant

ses fonctionnalités écologiques.

Les côtes très découpées de la moitié Sud, abritent de nombreuses plages avec une

végétation adaptée au sable et aux embruns, qui s’organise en bandes parallèles aux rivages :

une frange pionnière de plantes rampantes (patate bord de mer), une frange arbustive

normalement protégée de la submersion (olivier bord de mer, oseille bord de mer, tiraille,

romarin, haricot bâtard, bois-lait, cocotiers) et une forêt littorale qui occupe la zone la plus

élevée de la plage (raisinier bord de mer, mancenillier, amandier-pays, filao, bois-nivré, bois-

cannelle, mapou rouge, tamarin). Ces plages constituent un attrait touristique indéniable. La

trentaine de plages de sables de la moitié Sud sont particulièrement prisées et notamment

celles des Anses d’Arlet, de Sainte-Luce et de Sainte-Anne. C’est là que se situent les

principaux complexes hôteliers et ports de l’île, parfois au détriment des équilibres écologiques :

l’altération de la végétation impacte la biodiversité et les paysages tout en accroissant l’érosion

du trait de côte, la multiplication des rejets liés à l’urbanisation et à l’imperméabilisation des sols

altèrent les eaux douces et marines. La forte pression de fréquentation (piétinement,

stationnement, macro déchets) se concentre sur une fine bande littorale, particulièrement

mobile et fragile.

Les grandes baies et les plaines peu étendues et fragmentées du centre de l’île font l’objet

de nombreux aménagements et infrastructures du fait de leur faible relief. La plaine la plus

importante (75 km²) accueille l’aéroport international Aimé Césaire, une urbanisation dense et

les principales zones d’activités et de commerce. Les secteurs d’eau calme des fonds de baies

où se déposent les vases abritent des mangroves : celle de la baie de Fort-de-France

(Lamentin, Génipa) est la plus vaste, constituant un véritable front littoral boisé de palétuviers

rouges, gris et blancs. À noter également celles des baies du Marin, des Anglais, du Robert, du

Trésor, etc. Si le nombre d’espèces végétales est faible, la mangrove abrite en revanche de

nombreuses espèces animales, joue un rôle de filtre et protège les côtes. L’arrière-mangrove

prend le plus souvent l’aspect de prairies, héritées de déboisements de mangrove pour faire

2 L’occupation des sols dans les départements d’outre-mer, n°89 - Juin 2011.

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Egis Eau Une île volcanique aux ressources abondantes et inégalement exploitées

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 9 V2

place à des pâturages. La forêt marécageuse menacée de disparition, demeure limitée à deux

stations sur la commune de La Trinité (massif du Galion et de la Vierge des Marins).

Les côtes Nord peu découpées, se présentent sous forme de morne et parfois de falaises

abruptes à l’'aspect sauvage. Les plages très exposées aux houles et aux vents de la côte sont

très peu fréquentées. Des petites plages de sable noir sont également présentes et de plus en

plus réputées : anse Couleuvre, anse Céron, Carbet. Les communautés de pêcheurs (Grand

Rivière, Le Prêcheur, Bellefontaine) et d’agriculteurs (Lorrain, Marigot) y sont particulièrement

présentes.

Les 48 îlets entourant la Martinique, principalement au large de la côte Atlantique, constituent

des habitats naturels ou des refuges pour de nombreuses espèces faunistiques et floristiques :

essences rares (Mûrier pays sur l'îlet Petit Boisseau et l'îlet Madame du Robert ; Grand

cosmaya sur l'îlet Frégate au François) et avifaune marine (Martin-pêcheur à ventre roux sur

l'îlet Petit Vincent au Robert, Frégate sur le Rocher de la Caravelle à Trinité). Quinze îlets font

l’objet d’un arrêté de protection du biotope.

4 Un climat tropical dont les évolutions accroissent la vulnérabilité des populations et des milieux

Le climat est de type tropical maritime, caractérisé par des températures chaudes et peu

variables (températures minimales moyennes variant entre 17°C et 32 °C), une humidité quasi

permanente, une forte insolation ainsi qu’une bonne ventilation due à l’insularité. Les conditions

climatiques sont directement commandées par les positions respectives de l’anticyclone des

Açores et de la zone de convergence intertropicale qui marquent deux grandes saisons. De juin

à novembre, l’anticyclone des Açores remonte vers l’atlantique Nord et les alizés diminuent, la

zone de convergence intertropicale remonte vers 10° de latitude Nord et la Martinique est

soumise à des pluies fréquentes. De janvier à mai, l’anticyclone des Açores s’abaisse ainsi que

la zone de convergence intertropicale et les alizés Nord / Nord-Est sont soutenus et réguliers

(30 à 50 km/h), le climat est sec et moins chaud. Schématiquement, trois zones pluviométriques

se distinguent sur l’île : une zone pluvieuse > 4 000 mm/an sur les massifs du Nord de l’île

(montagne Pelée, Pitons du Carbet, plateau du Morne Rouge) ; une zone sèche < 2 000 mm/an

sur la côte Sud située sous le vent ; une zone intermédiaire entre 2 000 - 3 500 mm/an sur les

régions centrales de l’île et la portion Nord-Atlantique de la côte au vent. En conséquence, le

couvert végétal présente un gradient croissant de densité et d’hygrométrie du Sud vers le Nord

(cf. chapitre 2).

Du fait de sa configuration et de la concentration des populations et des activités sur les

plaines, La Martinique fait partie des zones parmi les plus vulnérables aux différents impacts

des changements climatiques.3 Le quatrième rapport d'évaluation du Groupe d'experts

intergouvernemental sur l'évolution du climat (IPCC 2007) mentionne, pour la période qui va de

1980-1999 à 2090-2099, une élévation globale du niveau de la mer de 18 à 59 cm4. Des

travaux basés sur des modèles statistiques ont revu à la hausse ces estimations, mais leurs

3 Le SRCAE a identifié comme prioritaire l’a réalisation d’une Étude de la vulnérabilité de la Martinique au changement

climatique

4 Les dernières analyses montrent une augmentation du niveau de la mer sur la période 1993-2011 de l’ordre de 0 à 3

mm/an en Martinique.

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Egis Eau Une île volcanique aux ressources abondantes et inégalement exploitées

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 10 V2

résultats font débat au sein de la communauté scientifique. Cette montée du niveau de la mer

présentera d’importantes disparités régionales, dues à l’évolution locale de plusieurs variables :

la température la salinité de l’océan et les courants marins. Elle sera accentuée par les

changements de l’apport d’eaux continentales ou encore de la déformation des plateaux

continentaux. Les principaux impacts potentiels du changement climatique résident dans les

phénomènes suivants :

Érosion accrue des côtes avec des conséquences locales difficilement prévisible

Aggravation de l’aléa de submersion marine, notamment dans les zones basses (qui sont

les plus peuplées) avec un risque de submersions accru et/ou des coûts d’entretien des

défenses côtières plus importants. A ce titre, les ouvrages portuaires et de défense

contre la mer vont subir des augmentations de contraintes non négligeables.

Accentuation de l’extension des intrusions salines dans les aquifères côtiers.

Altération de certains habitats et espèces tropicaux déjà fragilisés avec notamment

l’accélération du phénomène de blanchissement des coraux pouvant accroître leur

mortalité, la recrudescence de blooms de microalgues toxiques, etc.

De plus, Météofrance a mis en évidence un accroissement des précipitations et un risque

d’augmentation de la fréquence des phénomènes extrêmes.

Le défi climatique réside ainsi dans la capacité à anticiper les effets du changement

climatique par une stratégie d’adaptation pour réduire la vulnérabilité des populations et

des milieux ainsi qu’à la financer. Le Schéma Régional Climat Air Énergie Martinique

(SRCAE) adopté en 2012 y contribue (cf. chapitre relatif à l’énergie).

5 Des ressources naturelles « sous pression » et une production d’énergie à améliorer

5.1 Les terres arables, une ressource dont l’exploitation en baisse, est en pleine mutation

Les sols de la Martinique présentent des qualités agronomiques certaines au regard de leur

origine volcanique. C’est pourquoi ils ont été exploités depuis tout temps.

En 2010, l’agriculture martiniquaise compte 3 307 exploitations pour une Surface Agricole

Utilisée de 24 975 ha, dont 42 % destinés aux productions bananières et cannières et 35 %

dédiés aux productions herbagères. Cela représente encore 8 842 personnes actives

permanentes dont plus des 2/5 sont des salariés du secteur de la banane.

La banane est le premier produit d’exportation de l’agriculture martiniquaise et représente une

production de 199 690 t en 2010 dont 157 637 t à l’exportation. La canne à sucre arrive en

deuxième position, avec une production de 83 085 HAP5 de rhum dont 64 415 HAP à

l’exportation. Les légumes et les fruits (dont ananas notamment) sont cultivés sur un grand

nombre d’exploitations. Les principaux cheptels concernent les bovins (18 477 têtes), ovins et

caprins (17 248 têtes) et porcins (11 093 têtes).

5 HAP : Hectolitre d’Alcool Pur

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Egis Eau Une île volcanique aux ressources abondantes et inégalement exploitées

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 11 V2

Illustration 3 : Principales orientations agricoles des communes (source Agreste 2010)

Depuis 10 ans, une forte décroissance du nombre d'exploitations, de la SAU (-22 %) et du

nombre d’exploitations (-58 %). Plus des 3/4 des exploitations ayant des productions animales

ont disparu en dix ans. Ces tendances devraient connaître assez rapidement un fléchissement

compte tenu du nombre relativement modeste d'exploitations restantes en activité et de

l'évolution croissante de leurs tailles moyennes (7,6 ha en 2010 contre 2,3 ha en 1981).

L’activité agricole poursuit sa professionnalisation et se diversifie avec plusieurs tendances :

Les cultures de canne à sucre, plantes aromatiques, à parfum, médicinales et

condimentaires, les agrumes et autres fruits, progressent ;

Les cultures de légumes, de bananes et d’ananas ainsi que les surfaces en herbe sont

en baisse. La crise de la banane liée à une concurrence avec les pays d’Amérique

centrale et les nouvelles règles imposées par l’OMS, ont conduit à profondément

modifier les pratiques de ce secteur.

Les jachères augmentent nettement.

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Egis Eau Une île volcanique aux ressources abondantes et inégalement exploitées

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 12 V2

L’utilisation des produits phytosanitaires dans l’agriculture constitue une problématique centrale

en Martinique, malgré les efforts engagés depuis plusieurs années pour raisonner l’utilisation d

substances actives nuisibles pour la santé et l’environnement.

Le chlordécone est un exemple emblématique de ces problèmes de contamination. Cet

insecticide organochloré de la même famille que le DDT et le lindane, a été utilisé jusqu’en

1993 pour lutter contre le charançon du bananier. Peu soluble dans l’eau, peu volatile, et

thermiquement stable le chlordécone s’associe à la matière organique des sols et des

sédiments, pour contaminer les eaux et l’atmosphère durablement. Il a ainsi contaminé une

grande partie des terres de production de la banane ainsi que les eaux et des sédiments en

contact avec la molécule. Son accumulation dans la chaîne trophique pose également des

problèmes sanitaires quant à l’élevage et à la ressource halieutique.

Il est important de noter que l'utilisation des produits phytosanitaires a été divisée par trois entre

1996 et 2006. Le plan Ecophyto 2018 initié à la suite du Grenelle Environnement, vise à réduire

progressivement l’usage des pesticides de 50 % d’ici à 2018. Il met en place les outils

permettant de réduire la dépendance des exploitations agricoles aux produits

phytopharmaceutiques, tout en maintenant la performance économique de l’agriculture. L’effort

d’amélioration des pratiques engagé, reste à poursuivre pour atteindre les objectifs fixés

et en mesurer les conséquences sur les milieux.

5.2 Le bois, une ressource faiblement exploitée

Sur les 15 500 ha de forêts publiques gérées par l'ONF en Martinique, seuls 1 200 ha ont été

aménagés pour la production de bois. Ces forêts de production représentent donc 10 % des

forêts publiques, et 1,5 % de la surface de l'île. Ces plantations sont susceptibles de fournir

annuellement environ 5 500 m3 de bois, dont 50% de bois moyens et gros bois et 50% de petit

bois (éclaircies). Loin des peuplements mono spécifiques des débuts, les plantations actuelles

s’appuient sur des mélanges de deux à quatre espèces, dont le Mahogany. Ces nouvelles

méthodes sylvicoles font aussi une place importante à la végétation naturelle, alliant une forte

production de bois précieux à la conservation de la biodiversité. La gestion des forêts de

production permet de préserver et valoriser les essences locales. Dans les zones plus sèches

du littoral, le poirier pays bénéficie d'un programme d'amélioration génétique.

L’exploitation qui subsiste actuellement en forêt privée porte sur quelques plantations de

Mahogany et quelques essences indigènes (poirier), et la fabrication de charbon de bois.

5.3 L’eau, une ressource abondante inégalement répartie et inégalement sollicitée

Les ressources en eau de la Martinique sont abondantes du fait de la forte pluviométrie mais

leur répartition est fonction de l’espace (entre le Nord et le Sud) et de la période de l’année

(entre l’hivernage et le carême). Ainsi, bien qu’il tombe 2 milliards de m3 d'eau chaque année,

cette pluie est surtout concentrée pendant l'hivernage et au Nord de l’île.

Le réseau hydrographique de la Martinique est marqué par un nombre important de cours d’eau

et bassins versants indépendants. Le plus important d’entre eux est celui de la Lézarde, mais la

majorité des bassins ne couvrent que quelques km². Ce constat explique que la majeure partie

de la ressource (90 %) soit concentrée sur quelques bassins du Nord : Capot, Galion, Blanche,

Lorrain, Monsieur etc. Les cours d’eau du Nord de type rivière de montagne présentent un

écoulement relativement rectiligne, une pente et un dénivelée fort, génèrent un écoulement de

type torrentiel. Les augmentations subites de flux en transit génèrent des perturbations d’ordre

hydraulique, hydrologique et biologique considérables pour le milieu. Les cours d’eau du Sud,

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Egis Eau Une île volcanique aux ressources abondantes et inégalement exploitées

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 13 V2

de type rivière de plaine, présentent des pentes faibles voire nulles et peuvent présenter des

étiages très faibles compte tenu de pluviométrie. Certains cours d’eau sont asséchés plusieurs

mois de l’année.

L’exploitation de la ressource en eau est par conséquent quasi exclusivement effectuée dans

les rivières du Nord drainant les bassins versants montagneux. Le débit nominal total de

prélèvement pour la consommation humaine en Martinique est d’environ 174 000 m3/jour, dont

94% proviennent de prises d’eau en rivière. La Rivière Blanche (production de 38 000 m3/j) et la

Rivière Capot (35 000 m3/j), représentent les deux premières ressources en eau de la

Martinique. Seulement 6 % de l’eau utilisée pour les usages domestiques est d’origine

souterraine.

Il en résulte un certain nombre de problématiques :

L’inégalité de l’accès à la ressource se répercute sur les usages de l’eau en période

sèche : des besoins demeurent non assouvis pour l’usage domestique ou agricole.

La longueur des réseaux de distribution des points de captage jusqu’aux points de

desserte les plus éloignés, pose la question de leur rendement et de leur coût d’entretien

notamment.

La multiplication des ouvrages individuels pour l’irrigation de surface agricoles proches

des cours d’eau fragilise la ressource aussi bien quantitativement que qualitativement.

Elle fragilise également la ressource piscicole des cours d’eau et tout particulièrement les

larves et juvéniles de poissons et crustacés (mortalités par entrainement dans les prises

d’eau).

5.4 L’énergie, une transition nécessaire pour réduire la dépendance martiniquaise

La Martinique est particulièrement vulnérable à la dépendance à l’énergie fossile, principale

source d’énergie qui représente plus de 98% de la consommation d’énergie primaire de l’île,

tous secteurs confondus.

La consommation en énergie finale en 2005 de la Martinique a été estimée à 4 365 GWh dont

une part prépondérante allouée au secteur des transports (hors aérien et maritime

transatlantique) soit 64 % de la consommation énergétique finale ; une part secondaire de

dédiée à l’habitat et du tertiaire (26 %) ; une part plus faible au secteur des entreprises (8 %) et

une part marginale au secteur agricole (2%). L’électricité représente en 2005, 30% de la

consommation en énergie finale, avec un total de 1300 GWh. La consommation électrique est

dominée par le secteur résidentiel et le secteur tertiaire. Les énergies renouvelables restent

marginales dans le bilan des consommations d’énergie primaire en 2005 : la bagasse

consommée dans les distilleries et sucreries représente 2 % (134 GWh), l’incinération des

déchets et celle d’énergie thermique à partir de la ressource solaire (usage chauffe-eau)

représente moins de 1% du bilan global (respectivement 134 GWh et 23 GWh).

En 2010, le parc de production électrique martiniquais est composé à 97% de moyens de

production thermique, soit 1573 GWh (sur 1639 GWh au total). Les centrales de production

thermique sont situées sur les communes de Bellefontaine et de Fort-de-France. Des groupes

alimentés en fioul lourd assurent en continu la production de base, qui est complétée lors des

pointes de consommation par des turbines à combustion. La production en énergie

renouvelable livrée au réseau électrique est de 3 %, auquel s’ajoute la production électrique

autoconsommée, issue notamment de la valorisation de la bagasse. L’unique parc éolien de

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Egis Eau Une île volcanique aux ressources abondantes et inégalement exploitées

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 14 V2

l’île est celui de Morne Carrière au Vauclin, constitué de 4 aérogénérateurs d’une puissance

totale de 1,1 MW. L’éolien correspond à seulement 0,1% de l’énergie livrée sur le réseau (1,3

GWh). La filière biomasse (incinérateurs) représente une production de 46 GWh. La filière

solaire thermique représente 19 GWh en 2008.

Il n’existe à ce jour aucune centrale hydroélectrique, installation de géothermie, ni d’utilisation

d’énergie marine n’existe en Martinique mais des projets ou études sont en cours.

Les études menées en parallèle du SDAGE ont montré que le potentiel hydroélectrique était

faible et présentait de forts risques d’impact sur les milieux aquatiques. Il existe néanmoins un

projet sur la rivière Case Navire à Schœlcher. Sur la partie marine, un projet d’énergie

thermique des mers (ETM) existe au large de la commune de Case Pilote, les études en sont

au stade de la faisabilité. Par ailleurs, l’ADEME Martinique a engagé avec le BRGM une

réflexion sur le potentiel de développement de deux sites géothermiques sur les flancs de la

montagne Pelé et aux Anses d’Arlet.

Illustration 4 : Mix énergétique de la Martinique en 2010 (SRCAE, 2010)

Les ambitions affichées par le SRCAE sont l’atteinte de l’autonomie énergétique en 2030

en agissant sur un développement soutenu des énergies renouvelables, mais également

sur la maîtrise de la demande énergétique. Cette transition énergétique constitue une

véritable opportunité de projets innovants, créateurs d’emplois et exportables dans les

autres DOM.

Page 15: Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en

Egis Eau Une île volcanique aux ressources abondantes et inégalement exploitées

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 15 V2

6 Un territoire à de nombreux aléas naturels et aux risques technologiques

En raison de sa situation géographique et géologique, l'île de la Martinique est soumise à une

large gamme de phénomènes naturels dangereux. En effet, sa position en zone tropicale

l'expose au passage des ouragans, tempêtes et dépressions, responsables de dégâts liés au

vent mais aussi à l'eau : inondations, marées de tempête, houles cycloniques.

Les fortes précipitations peuvent de plus générer ou déclencher des mouvements de terrain :

glissements, éboulements, embâcles, coulées boueuses. Ceux-ci sont favorisés par un relief

escarpé ainsi que par la nature volcanique et l'altération souvent importante des roches.

Illustration 5 : Carte régionale du plan de prévention des risques multi-aléas

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Egis Eau Une île volcanique aux ressources abondantes et inégalement exploitées

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 16 V2

L’aléa inondation est localisé dans les fonds de vallée, notamment dans la partie aval des cours

d’eau et ravines. Ce phénomène est renforcé par les pluies diluviennes en temps de cyclone.

La submersion marine correspond à l’inondation des terres par la mer. C’est un effet indirect

des surcotes et de la houle cyclonique. Ces aléas sont donc très liés.

L’érosion marine est un événement qui peut être progressif et linéaire dû aux effets

hydrodynamiques habituels, ou ponctuel et brutal par des pluies importantes ou des cyclones

s’abattant sur les côtes.

Les phénomènes cycloniques se déroulent durant une période allant du mois de juillet au mois

de novembre. Les tempêtes et cyclones atteignent généralement la Martinique par l’Est. Les

vents peuvent alors dépasser les 150 km/h, avec des déluges qui peuvent atteindre les 1000

mm d’eau par jour.

La Montagne Pelée est un volcan actif en sommeil. L’aléa volcanique reste donc une menace,

en témoignent les 4 éruptions recensées : 2 éruptions phréatiques en 1792 et 1851, et 2

éruptions magmatiques en 1902 et 1929.

Des séismes de forte intensité, mais heureusement peu fréquents, sont susceptibles de se

produire. Ils se traduisent par un ébranlement violent du sol et par des mouvements de terrain

induits. L'ensemble du territoire pouvant être affecté, la Martinique est soumise à un aléa

sismique fort.

La forte pression de l'urbanisme de ces dernières années est à l'origine de l'augmentation de la

vulnérabilité face aux phénomènes naturels. Inondations, phénomènes littoraux, mouvements

de terrain, séismes, volcanisme, cyclones peuvent avoir des conséquences catastrophiques

pour la population et le développement de l'île. C’est pourquoi, depuis 2004, l’ensemble des

communes de la Martinique dispose d’un Plan de Prévention des Risques Naturels (PPRN). Ce

plan a été révisé et devrait entrer en vigueur d’ici début 2014.

Page 17: Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en

Egis Eau Une biodiversité d’importance mondiale

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 17 V2

Chapitre 2 - Une biodiversité d’importance mondiale

La Martinique comme toutes les collectivités françaises d’outremer, concentre une biodiversité

remarquable qui résulte des facteurs suivants :

L’appartenance à la zone biogéographique tropicale ;

Le caractère insulaire est à l’origine d’un fort endémisme ;

La variété des faciès géologiques, des conditions hydroclimatiques sur une faible

superficie de l’île.

Certaines espèces sont particulièrement menacées, c’est pourquoi la Martinique s’est dotée

s’une stratégie locale pour la biodiversité en 2005, calquée sur la stratégie nationale pour la

biodiversité.

Illustration 6 : Typologie des milieux naturels de la Martinique

Page 18: Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en

Egis Eau Une biodiversité d’importance mondiale

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 18 V2

1 Des milieux terrestres soumis à une pression d’artificialisation

La Martinique offre une diversité floristique exceptionnelle, 2 960 espèces de plantes à fleurs et

à graines (phanérogames) auxquelles s’ajoutent 323 espèces de fougères (ptéridophytes), soit

un total de 3 283 espèces végétales vasculaires.

Plus des deux tiers de ces forêts sont privées. La forêt publique bénéficiant du régime forestier,

est gérée par l’Office National des Forêts, soit 13 901 ha. Parmi les terrains publics recouverts

d’une végétation forestière ou pré-forestière et dont la gestion n’a pas été confiée à l’ONF, il

convient de citer les autres terrains du Conservatoire de l’Espace Littoral pour une surface

d’environ 1 000 ha.

Les forêts humides ou hygrophiles recouvrent les hauts reliefs de l’île. On y trouve un nombre

considérable d’espèces, tant dans le domaine végétal (une centaine d’espèces arborées et

autant de fougères et plantes alliées, de nombreuses orchidées, mousses et champignons) que

dans le monde animal (oiseaux, insectes, papillons). En dehors des facteurs naturels de

perturbation (cyclones et glissements de terrains), ces espaces sont en général préservés.

Les forêts moyennement humides ou mésophiles sont bien représentées dans la moitié Nord

de l’île et seulement sur quelques mornes du Sud de l’île. Elles se caractérisent par une grande

richesse en espèces (un quart des espèces arborées et 50 % de l’avifaune de l’île). Elles sont

un véritable réservoir génétique par la présence de nombreuses espèces arborées rares en

Martinique et sont souvent peu représentées dans le reste des petites Antilles. Elles constituent

un patrimoine biologique exceptionnel, à préserver en priorité au Sud de l’île.

Les deux types de forêts sèches présentes au Sud (poirier/bois rouge sur sol volcanique et

poirier/gommier rouge sur sol calcaire, plus rare) sont très dégradés par l’élevage et le

déboisement. Ils ne se rencontrent plus que rarement à l’état originel sur quelques mornes

escarpés. Ces forêts ne sont le plus souvent représentées que par des stades dégradés

arbustifs ou de savanes.

SI certains massifs de la partie Nord de l’île n’ont été que fort peu anthropisés de par leur

difficulté d’accès et constituent des réservoirs de biodiversité, en zone sud de l’île, certains

petits massifs forestiers sont menacés et présentent encore une richesse spécifique justifiant

une protection forte.

Concernant la faune, un certain nombre d’espèces emblématiques de la Caraïbe ou sont

présentes : l’oiseau « le carouge », le serpent « le trigonocéphale », la chauve-souris « le murin

de la Martinique », la mygale « la matoutou falaise », « l’iguane des Petites Antilles », « le

colibri à tête bleue » qui ne vit qu’à la Martinique et à la Dominique ou encore l’oiseau « la

gorge blanche ». La richesse aviaire est particulièrement intéressante. Plus de 200 espèces

d’oiseaux ont été observées dont 65 espèces s’y reproduisent et plus de 110 espèces

effectuent des migrations.

Les 70 cours d’eau permanents de la Martinique présentent des régimes hydrauliques très

variés dans l’espace et le temps. Certains abritent une faune de crustacés (3 familles) et de

poissons (12 familles) d’une grande importance écologique puisqu’ils contrôlent la structure des

communautés aquatiques et la décomposition du matériel végétal. La quasi-totalité des

espèces effectuent leur cycle de vie entre eau douce et eau salée (espèce diadrome). La

préservation de ce patrimoine aquatique passe par l’amélioration et la préservation de la

continuité écologique des cours d’eau et notamment : l’acquisition des connaissances sur les

espèces et leur capacité migratoire et l’expérimentation de passes à poissons et à crustacés

adaptées.

Page 19: Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en

Egis Eau Une biodiversité d’importance mondiale

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 19 V2

L’exiguïté du territoire au regard de la population croissante conduit à une urbanisation forte et

souvent diffuse qui affecte fortement les habitats et les espèces. L’altération des habitats liée à

l’emprise des activités humaines constitue ainsi la principale menace de la biodiversité

martiniquaise. L’enquête Teruti-Lucas réalisée par le Ministère de l’Agriculture fait état d’une

augmentation de 0,8 % de la part des zones artificialisées entre 2003 et 2010. Elles

représentent en 2010, environ 18 134 ha, soit un peu plus de 16 % du territoire martiniquais.

Les introductions d’espèces animales ou végétales invasives de même que les prélèvements

d’espèces constituent également des menaces importantes. L’équilibre des communautés

végétales et animales peut être renversé par l’introduction d’espèces qui créent des rapports de

compétition et prédation nouveaux. A noter l’exemple de la mangouste introduite pour lutter

contre les serpents venimeux et qui exerce une prédation néfaste sur les reptiles. Certaines

espèces végétales sont devenues envahissantes et parfois dominantes, comme le bambou

originaire d’Asie ou l’acacia Saint-Domingue originaire d’Afrique.

Enfin, le prélèvement massif d’espèces protégées notamment, constitue une menace localisée.

2 Des zones humides variées et menacées

Les zones humides littorales de Martinique couvrent environ 2500 ha, la majeure partie d'entre

elles étant représentées par les mangroves (84 %). La plupart des mangroves de la Martinique

sont localisées dans la baie de Fort-de-France et dans une cinquantaine d'anses et de baies le

long de la côte depuis la Caravelle jusqu'à la Pointe Vatable (Trois-Ilets), en passant par

l'extrême Sud. Il subsiste également des reliques de forêts marécageuses aux environs de

Trinité (environ 20 ha). Au centre de l’île, le vaste lac de la Manzo est artificiel, formé par une

retenue et destiné à l’alimentation du sud en eau potable et d’irrigation. À l’extrême Sud,

l’étendue d’eau des Salines dessine un paysage épuré, mis en valeur par le cheminement en

platelage et les observatoires qui permettent sa découverte.

Les mangroves occupaient autrefois des surfaces largement plus importantes, notamment la

forêt marécageuse qui recouvraient une bonne partie de la plaine du Lamentin, avant que ne

commence une intense déforestation dès les débuts de la colonisation. Leur régression s’est

accentuée ces dernières années par des assèchements successifs plus agressifs liés à

l'industrialisation et l'urbanisation croissante de la plaine. La mangrove de la baie de Génipa (de

Rivière Salée à Fort de France) couvraient 1832 ha en 1972. Aujourd'hui, cette surface a

régressé à environ 1400 ha. Les mangroves situées à proximité de la zone urbaine de Fort-de-

France sont peu valorisées et font l'objet de fortes pressions dues à une industrialisation

importante (aménagements routiers, aéroports, décharges, ...) mais aussi à une activité

agricole très présente. Pourtant, elles renferment un potentiel touristique et économique

important qui est largement sous-exploité. Leur fonctionnement est globalement menacé.

La forêt marécageuse en Martinique constitue un milieu relativement rare et reste confinée à la

région de Trinité, avec le massif du Galion et la Vierge des Marins. Le premier est un massif

forestier qui occupe une surface significative et bénéficie d’un Arrêté de protection de Biotope

qui la préserve des pressions foncières qui sont fortes dans la région. Il n'en est pas de même

pour le second qui est nettement plus dégradé.

Les mares et les étangs représentent 8 % en surface des zones humides. Ils sont constitués à

plus de 80% de mares de moins 10 ares, et à peine 17 étangs de plus de 1 ha, parmi lesquels

la Manzo de 81 ha., La majorité des étangs et mares (à l’exception des grands étangs, à

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Egis Eau Une biodiversité d’importance mondiale

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 20 V2

répartition plus homogène) se situent au Sud. Trois communes concentrent à elles seules 50%

des mares et des étangs de Martinique : Sainte-Anne (25 %), Le Marin (15 %) et le Vauclin (11

%). L’agriculture représente une menace courante pour les mares et les étangs, notamment en

raison des pollutions phytosanitaires et de l’érosion qu’elle peut occasionner.

L’absence d’entretien est une menace constante pour tous les milieux créés par l’homme et qui

nécessitent d’être régulièrement entretenus par l’homme pour ne pas évoluer vers des milieux

plus secs. Cette menace concerne essentiellement les bassins aquacoles et d’épuration et

dans une moindre mesure les mares et étangs. Ces derniers ont en effet perdu aujourd’hui une

grande part de leur utilité (sources d’eau domestique et agricole) qui leur vaut d’être dans

certains cas abandonnés ou faiblement entretenus.

La typologie des zones humides réalisées par le PNR de Martinique a permis de hiérarchiser

les 10 zones humides les plus menacées.

Inventaires des zones humides (PNR, 2007)

L’enjeu réside ainsi dans la capacité à restaurer et valoriser les zones humides les plus

menacées. Le Parc Naturel Régional a mis en évidence dans son travail sur l’atlas,

l’importance des espaces de fonctionnalités qui sont les aires d’influence immédiates

des zones humide, pour la préservation et la restauration des zones humides.

3 Des milieux marins soumis aux pollutions terrestres

Le plateau insulaire qui borde la Martinique est inégal. Bien développé à l’Est où il s’étend

jusqu’à 25 km des côtes vers Trinité, il borde la façade Caraïbe à quelques centaines de mètres

des côtes. Le relief sous-marin lié aux variations de niveau marin et l’histoire volcanique de l’île

explique en grande partie la géomorphologie récifale actuelle et la répartition des habitats

récifaux les fonds durs (communautés coralliennes algales), fonds meubles (nus et herbiers de

phanérogames). A ces habitats récifaux des petits fonds (0-50 m environ) vient s’ajouter la

mangrove côtière. Les habitats plus profonds sont encore très méconnus.

La Martinique présente environ 2 330 ha de zones humides salées ou 2 100 ha de mangroves

soit plus de 91 %. A elles seules, les mangroves et milieux connexes de la baie de Fort-de-

France représentent plus de 40% des zones humides de Martinique.

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Egis Eau Une biodiversité d’importance mondiale

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 21 V2

Illustration 7 : Synthèse du patrimoine (Analyse stratégique régionale - Agence des Aires

marines Protégées, 2010)

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Egis Eau Une biodiversité d’importance mondiale

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 22 V2

La Martinique compte 5 612 ha de communauté corallienne, avec deux grands types de constructions

coralliennes : celles qui construisent un édifice calcaire (récif) et celles qui n’en construisent pas,

indépendamment de leur richesse en espèces de coraux. Les principales communautés coralliennes sont

localisées au droit de la baie de Fort de France, au droit du secteur Sainte-Luce – Le Marin ainsi que la

façade atlantique Est.

Environ 4 975 ha d’herbiers ont été comptabilisés en 2009 dont 94 % entre 0 et -7 m de

profondeur. Ils sont principalement localisés dans le secteur Saint-Luce Le Marin ; et sur la

façade Est atlantique et sont particulièrement morcelés au Nord. Six secteurs d’herbiers

présentent un intérêt prioritaire pour le rôle de corridor écologique, et de connexion avec les

communautés récifales : l’herbier du Vauclin, les petits herbiers entre la pointe des Nègres et

Bellefontaine et l’Anse noire et les Anses d’Arlet, Grande Anse du Diamant, les herbiers

d’arrière récifs entre Trois Rivières et la pointe Borgnèse, les herbiers d’arrière récifs de la baie

du Robert.

Les habitats remarquables s’égrènent sur presque tout le littoral Martiniquais (du Prêcheur à la

Caravelle). Néanmoins quelques secteurs concentrent un fort potentiel en raison du nombre

d’habitats qu’ils regroupent ou de leur surface. C’est le cas de la Baie du Robert, des secteurs

du Vauclin et de Sainte Luce et du Diamant, des Anses d’Arlet, de la baie de Génipa et de Case

Pilote.

À noter également de nombreuses espèces faunistiques et floristiques marines remarquables :

Les oiseaux marins (réserve des îles de Sainte-Anne) et les limicoles (mangroves,

étangs salins, littoraux)

Les tortues entre autre Imbriquées et Luthe qui pondent en Martinique (cf. plan d’actions

pour les tortues marines en Martinique 2008-2012). Le secteur Perle-Prêcheur et Anses

d’Arlet présentent fréquemment des observations de tortues.

Les mammifères marins : 21 espèces recensées dont le cachalot, baleine, dauphins

Les poissons pélagiques : thons, bonites, dorades coryphènes, thazards

Les principales pressions sur les habitats et les espèces marines résident dans les rejets

d’eaux usées traitées ou non dans les petits fonds côtiers. L’ensemble de ces eaux usées sont

en partie responsables de l’enrichissement des eaux côtières en nitrates et phosphates et se

traduisent par des phénomènes d’eutrophisation favorisant la multiplication des algues au

détriment des coraux et des herbiers de de phanérogames marines. Les conditions climatiques

sont favorables au ruissellement des effluents agricoles de culture ou d’élevage.

Les baies de Fort de France, du Marin, du Robert et du Galion, sont les réceptacles des

pollutions terrigènes. Caractérisés par un faible renouvellement des eaux, ce sont les milieux

les plus pollués de l’île. Les quatre baies présentent des profils écologiques similaires : un fort

risque éco-toxicologique lié aux apports de l’industrie et de l’agriculture (métaux lourds,

pesticides, hydrocarbures..), une forte sédimentation des fonds de baie avec un engraissement

au niveau des mangroves (baie de Fort de France, baie du Marin), et une forte eutrophisation.

L’essentiel de la pression de pêche en Martinique s’exerce sur les écosystèmes récifaux et les

herbiers de phanérogames marines. La plupart des stocks pêchés (poissons, lambis,

langoustes et oursins) ne suffisent pas à satisfaire la demande. Ainsi, la pression exercée sur le

plateau insulaire martiniquais, du fait de la demande locale élevée et des moyens mis en œuvre

par les pêcheurs, est devenue intense. Dès lors la mise en place des Dispositifs de

Concentration des Poissons a contribué à redéployer la pression de pêche vers les ressources

du large. L’utilisation de certains engins de pêche comme les casiers et les filets reste

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Egis Eau Une biodiversité d’importance mondiale

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 23 V2

problématique car parfois trop sélective (baisse de la population d’herbivores), non

réglementaire (taille limite de capture non respectée), abandon des casiers qui continuent à

pêcher.

Les écosystèmes marins sont également menacés par des espèces exotiques envahissantes.

Cependant, les invasions marines restent encore mal connues et l’amélioration des

connaissances dans ce domaine est indispensable pour mesurer l’ampleur du phénomène et

de ses impacts. La forte expansion du poisson-lion, une espèce connue pour son fort potentiel

invasif pourrait ainsi représenter une nouvelle menace pour la biodiversité

4 Un réseau d’espaces protégés important à terre en construction en mer

Les protections mise en œuvre en Martinique sont les suivantes :

2 deux réserves naturelles : la Réserve Naturelle de la Caravelle d’une superficie de

387 ha et la Réserve Naturelle des Îlets de Sainte-Anne d’une superficie de 5,8 ha.

3 sites classés : 7 359 ha

12 sites inscrits : 4 522 ha

17 Arrêtés de Protection de Biotope soit 177 ha

1 réserve biologique domaniale (ONF) : Montagne Pelée de 2 302 ha

Acquisitions du Conservatoire du Littoral : 2 200 ha (programme de 3300 ha)

Acquisitions du Département de la Martinique : 1 314 ha

8 cantonnements de pêche, soit 4184 ha

Les aires marines protégées d’outre-mer couvrent seulement 1,15 % des eaux françaises de

l’outre-mer. Des efforts restent donc à poursuivre afin d’atteindre une meilleure représentativité

des zones biogéographiques concernée et des bassins maritimes.

Le Parc Naturel Régional de Martinique couvre environ une superficie de 63 500 ha, soit plus

de la moitié de l’île. Le classement d’une collectivité en Parc Naturel Régional est basé sur sa

volonté d’adhérer aux objectifs du Parc, décrits dans la charte 2010 – 2022 :

Axe 1 : Préserver et valoriser ensemble la nature en Martinique

Axe 2 : Encourager les martiniquais à être acteurs de leur territoire

Axe 3 : Faire vivre la culture Martiniquaise dans les projets du Parc

Axe 4 : Renforcer la performance de l’outil Parc

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Egis Eau Une biodiversité d’importance mondiale

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 24 V2

Illustration 8 : Espaces protégés de la

Martinique

Force est de constater que le niveau de

protection ne semble pas suffisant pour

préserver le patrimoine naturel exceptionnel

présent en Martinique. De même les moyens

alloués à la gestion des milieux semblent encore

aujourd’hui faire défaut. Toutefois, les ambitions

affichées pour préserver la biodiversité

pourraient prochainement se concrétiser dans

les prochaines années, notamment en mer.

Page 25: Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en

Egis Eau Une biodiversité d’importance mondiale

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 25 V2

La stratégie nationale pour la création et la gestion des aires marines protégées établie en

2012, présente 5 orientations pour les eaux ultra-marines :

Étendre les surfaces protégées avec la création de nouvelles aires marines protégées ;

Améliorer les connaissances avec la poursuite des inventaires de caractérisation de la

biodiversité marine, élaboration des ZNIEFF-mer, observatoire de la mangrove,

constitution de base de données « SINP-mer » ;

Mettre en œuvre des actions particulières pour les espèces et habitats : plan de lutte

contre les espèces exotiques envahissantes, plan de restauration des espèces ou

habitats menacés ;

Renforcer les capacités des gestionnaires et associations ultramarines ;

Créer des réserves halieutiques.

L’analyse stratégique régionale Martinique propose pour le milieu marin, plusieurs axes

d’extension des aires marines protégées :

Étudier la création d’un Parc Naturel Marin sur le Sud de la Martinique entre la sortie de

la baie de Fort de France et le Nord de la baie du Robert et d’étendre éventuellement ce

secteur d’étude à la baie de Fort de France (et au secteur de Case Pilote)

Poursuivre les projets en cours avec la création de la réserve naturelle du Prêcheur, de la

réserve naturelle de la mangrove de la Baie de Fort de France (Génipa), et de procéder à

l’extension marine de la réserve naturelle de la Caravelle.

Illustration 9 : Proposition de stratégie pour la mise en place des aires marines protégées

(source AAMP)

Page 26: Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en

Egis Eau Une biodiversité d’importance mondiale

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 26 V2

5 Une trame verte et bleue et bleue marine à instaurer

La trame verte (végétation) et bleue (cours d’eau et zone humide) instaurée par le Grenelle de

l’Environnement et intégrée au code de l’Environnement, a pour objectif d’enrayer la perte de

biodiversité liée à la fragmentation des habitats et de leurs fonctionnalités. Elle concerne aussi

bien les espèces remarquables que les espèces ordinaires. Son instauration doit assurer le

maintien des fonctionnalités écologiques d’un territoire grâce à l’a délimitation de corridors

écologiques permettant la circulation des espèces. Elle contribue à :

1- Diminuer la fragmentation et la vulnérabilité des habitats naturels et habitats d'espèces

et prendre en compte leur déplacement dans le contexte du changement climatique ;

2- Identifier, préserver et relier les espaces importants pour la préservation de la

biodiversité par des corridors écologiques ;

3- Préserver les zones humides, prévenir la détérioration et assurer la protection et

l’amélioration de l’état des eaux et milieux aquatiques

4- Prendre en compte la biologie des espèces sauvages ;

5- Faciliter les échanges génétiques nécessaires à la survie des espèces de la faune et de

la flore sauvages ;

6- Améliorer la qualité et la diversité des paysages.

La trame bleue marine issue des propositions du Livre bleu du Grenelle de la Mer prévoit que la

trame verte et bleue sera complétée en mer, par une trame bleue marine, composante maritime

de la trame bleue.

Si la Martinique n’a pas encore fait l’objet de Schéma Régional de Cohérence Écologique

document de référence à l’échelle régionale, la DREAL a toutefois défini 8 zones à enjeux pour

la biodiversité. Il s’agit de secteurs sur lesquels sont présent des milieux remarquables, à

grande valeur écologique et qui doivent être préservés :

La forêt mésophile et hygrophile de la Montagne Pelée ;

La forêt hygrophile des Pitons du Carbet ;

La mangrove de Génipa ;

La forêt xérophile et mésophile des Mornes des Anses d’Arlet et du Diamant ;

Les récifs coralliens de la Grande Caye à Sainte Luce ;

La forêt xérophile du Marin – Sainte-Anne – Rivière Pilote ;

Les îlets du François avec la forêt xérophile du François – Vauclin ;

La forêt xérophile de la Caravelle.

Cette cartographie a servi de base à une première approche de pré-identification de la trame

bleue et verte dans le cadre de l’élaboration des trois SCOT de la Martinique.

Ce travail devra être affiné et élargie à l’ensemble de la Martinique et constituera ainsi une

occasion inédite d’analyser les connectivités entre milieux et espèces à l’échelle d’un territoire

insulaire pour les préserver. L’interface terre/mer sera particulièrement étudiée, en raison de sa

grande richesse et de de l’intensité des menaces qui pèsent sur ces milieux.

Page 27: Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en

Egis Eau Des efforts à poursuivre pour améliorer la qualité du milieu

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 27 V2

Chapitre 3 - Des efforts à poursuivre pour améliorer la qualité du milieu

1 La plupart des masses d’eau n’atteindront probablement pas le bon état en 2015

Par deux fois, à six ans d’intervalle, l’état des lieux du Schéma Directeur d’Aménagement et de

Gestion des Eaux (SDAGE) 2010-2015 a confirmé une ressource en eau en péril du fait d’une

pollution agricole, sans précédent sur le territoire français (pesticides), des réseaux en mauvais

état (pertes entre 30 et 40 %), d’un assainissement globalement insuffisant et défaillant et des

périmètres de protection de la ressource en eau à mettre en place.

Ainsi, la plupart des masses d’eau n’atteindront probablement pas les objectifs de la directive

Cadre sur l’Eau. Un doute persiste toutefois sur de nombreuses unités en raison du manque de

données ou des difficultés d’évaluation des pressions.

Les principales altérations responsables de l’écart aux objectifs environnementaux sont les

suivants :

Les pesticides : la pression polluante des produits phytosanitaires devrait diminuer au

cours des prochaines années du fait d’une utilisation plus raisonnée de ces produits. En

revanche, la rémanence de certaines molécules utilisées antérieurement ne permettra

pas de respecter les normes en vigueur. L’exemple du chlordécone encore présente

dans les sols et dans les milieux aquatiques après 10 ans d’interdiction est flagrant.

L’arrêté n° 103275 du 10 octobre 2010 interdit la pêche et la mise sur le marché des

espèces de faune marine dans 5 zones maritimes en lien avec mes bassins versant

contaminés par le chloredécone. Il s’agit des principales baies (Galion, François-Simon),

la côte Nord Atlantique, la bande côtière délimitée par la ligne de sonde des 30 mètres

comprise entre la Pointe Caracoli et la Passe du Vauclin, la côte Est Atlantique.

Les matières organiques : les apports en matières organiques vers les milieux

aquatiques sont essentiellement d’origine industrielle (distilleries en particuliers) et liés

aux rejets des stations d’épuration. La pression polluante est potentiellement la plus forte

Page 28: Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en

Egis Eau Des efforts à poursuivre pour améliorer la qualité du milieu

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 28 V2

dans les cours d’eau du secteur Sud où les débits sont faibles. Malgré une nette

amélioration des traitements des rejets de distilleries, l’incidence de cette activité reste

élevée.

Les autres macropolluants : les nitrates contenus dans les fertilisants et les matières

phosphorées des rejets d’origine urbaine altèrent aujourd’hui significativement les

masses d’eau localisées dans les zones agricoles intensives (Nord-Est) et

l’agglomération de Fort-de-France. Si les pratiques agricoles devraient s’améliorer,

l’application des programmes d’assainissement (y compris du pluvial) conditionnera

l’atteinte des objectifs environnementaux.

L’hypersédimentation : l’érosion des sols et les transports solides vers le milieu marin, les

mauvaises pratiques culturales, l’urbanisation mal maîtrisée, les carrières de granulats,

les nombreux travaux de terrassement sur les côtes, la destruction massive des

mangroves (zones de décantation et de filtration entre la terre et la mer), sont à l’origine

d’une dégradation générale de la limpidité des eaux côtières. Les apports chroniques

sont relativement faibles en Martinique. Cependant, lors d’épisodes pluvieux intenses, les

crues charrient l’essentiel des apports solides au littoral. Cela se traduit par un

envasement progressif des principales baies (baie de Fort-de-France, baie du Marin, baie

du Robert, baie du Trésor).

La discontinuité écologique des cours d’eau : les obstacles au déplacement de la faune

aquatique au niveau des prises d’eau superficielles sont susceptibles de perturber le

cycle biologique des peuplements piscicoles des cours d’eau.

Les pollutions générées par les micro-stations d’épuration. Au total, 32 stations de

capacité supérieure à 2 000 EH (capacité nominale de 307 700 équivalents habitants) et

68 stations de capacité inférieure à 2 000 EH (capacité épuratoire nominale de 28 320

EH répertoriées sur le territoire (SCE, 2007).

La pollution diffuse mais généralisée due à l’assainissement individuel, très largement

dysfonctionnant.

Les pollutions d’origine industrielle générées par les établissements qui ne sont pas

soumis à une auto surveillance des rejets imposée par un arrêté d’autorisation.

Ce constat ne doit pas faire oublier les progrès notables engagés lors des cinq dernières

années. Aussi, dans les domaines cités précédemment, il faut noter l’amélioration de

l’assainissent (station d’épuration du Marin par exemple), la mise en place de SPANC,

l’élaboration de programmes d’assainissement, d’élimination des boues et matières de

vidanges, l’acquisition de connaissance sur les biocénoses, les peuplements piscicoles

(inventaire des zones humides), étude préalable au schéma de vocation piscicole, nombreux

programmes sur le milieu marin, étude de prospection et de vulnérabilité des eaux souterraines.

La mise en place des réseaux de surveillance (RNO, DCE) concoure à ces efforts.

Un certain nombre de démarches ont également été engagées : la démarche de Gestion

Intégrée de la Zone Côtière de la Baie du Robert, les contrats de Baie de Fort de France et du

Marin / Sainte-Anne, le contrat de rivière du Galion. Ces démarches globales permettent de

planifier et mettre en œuvre des actions d’amélioration de la qualité des eaux et des milieux.

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Egis Eau Des efforts à poursuivre pour améliorer la qualité du milieu

Schéma d’Aménagement Régional valant Schéma de Mise en Valeur de la Mer Page 29 V2

2 La qualité de l’air altérée par l’augmentation du trafic automobile et les industries

Le trafic automobile est la cause récurrente et première de la pollution atmosphérique sur le

territoire martiniquais avec une saturation croissante des axes et la concentration des activités

sur la zone-centre de l’île. En l’état actuel des connaissances, trois polluants ont été identifiés

comme étant en situation de dépassement des normes européennes ou d’objectifs de qualité :

Le dioxyde d’azote (NO2) à proximité des zones trafics sur les communes de Case Pilote,

Schœlcher, Fort de France, Le Lamentin, Le Robert, Saint Joseph, Ducos et Rivière

Salée ;

Le benzène à proximité des zones trafics ;

Les particules fines PM10 et PM2.5 sur l’ensemble du territoire.

Par ailleurs, la présence de nombreuses industries de transformation d’énergie sur un petit

territoire et d’autant plus concentrée dans la région centre, est une source non négligeable

d’émission de pollution atmosphérique. Les deux centrales thermiques de Fort de France et

Bellefontaine font partie des plus gros émetteurs européens, notamment pour les métaux lourds

et HAP (7ème

rang français). Les carrières minérales constituent également une source

importante d’émissions directes et indirectes de particules fines.

Enfin, les alizés tropicaux participent à la dispersion des polluants. Toutefois, durant la période

de Carême où ils sont plus importants, ils favorisent l’augmentation des concentrations

atmosphériques de particules fines. Les alizés véhiculent les brumes de sables du Sahara

jusqu’à la Martinique. Ces aérosols désertiques, principalement des particules solides d’origine

minérale et organiques, sont de taille moyenne comprise entre 2 et 6μm. Ils constituent un

apport supplémentaire et forment des pics particulaires.

L’association Madininair a finalisé en 2011, une étude de définition des zones sensibles qui a

permis d’identifier 28 mailles sensibles et 7 communes contenant au moins deux mailles

sensibles :

Les risques de surémissions de Nox (>17t/km²) à proximité des zones urbaines telles que

Fort-de-France, le Lamentin, Ducos, Rivière Salée. Depuis 2004, les émissions de Nox

de Schœlcher et du Robert ont augmenté, les rendant vulnérables à un probable

dépassement de la valeur limite en NO2.

Les risques en zone protégée telles que parc naturel régional, les arrêtés de protection

de biotope, la réserve naturelle nationale.

Les risques de dépassement des valeurs limitent de PM10 d’origine autre que celle du

trafic tel qu’à Saint-Pierre, par exemple.

Les conséquences sont particulièrement dommageables sur la santé se manifestent par des

pathologies respiratoires et ou/et cardio-vasculaires.

La ville de Fort-de-France fait partie des premières villes d’Outremer à intégrer prochainement

le Programme de Surveillance Air et Santé.

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Egis Eau Des efforts à poursuivre pour améliorer la qualité du milieu

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3 Une qualité des sols qui reflète les activités humaines

Les sols de la Martinique sont exposés à plusieurs sources de pollution.

En 2006, 700 sites industriels ont été recensés. Environ 55 % d’entre eux sont des distilleries et

des sucreries dont plus de 90 % ne sont plus en service actuellement ; 20 % sont des stations-

services essence ; 6 % concernent les stockages de déchets et assainissement et 5 % les

stockages de produits chimiques, dépôts de liquide inflammable.

Les lixiviats issus des décharges encore en exploitation qui résultent de l’infiltration des eaux de

pluies au travers de la masse de déchets peuvent polluer le milieu environnant par infiltration

dans les sols peu perméables, voire directement dans le milieu marin lorsque celui est proche

du lieu de stockage.

Les pollutions diffuses d’origine agricole constituent un enjeu fort de la Martinique y compris

pour les sols. Il reste un effort important pour encourager les pratiques raisonnées. Les

dernières mesures de sols potentiellement contaminés par le chloredécone ont conduit à

l’élaboration d’une carte de risques qui fait apparaitre la zone Nord comme particulièrement

concernée (culture de bananes).

Ces pollutions des sols constituent une contrainte forte quant au potentiel de l’usage ou

de l’occupation future de ces terrains qui doit être prise en compte dans les documents

d’urbanisme et de planification.

4 Une amélioration de la gestion des déchets qui doit se poursuivre

La production de déchets a fortement augmenté en Martinique au cours des dernières années.

En 2005, tous types de déchets confondus, elle représentait 385 247 t, soit près d’1 t/hab/an,

dont 421 kg/hab/an en Martinique contre 353 kg/hab/an pour la moyenne française. Il demeure

actuellement un bon service de collecte, des équipements adéquats pour la collecte sélective.

La réhabilitation des décharges fermées et la mise en conformité et extension des centres

d’enfouissement technique en activité ont été réalisés. Le Plan Départemental d’Élimination des

Déchets Ménagers et Assimilés 2007-2013 a permis de mettre en œuvre ces nouveaux

équipements.

Il demeure toutefois, une sous-utilisation des équipements en place : faibles taux de la collecte

sélective (seulement 1 % des déchets sont recyclés) des emballages et biodéchets pour le

fonctionnement du centre de tri et du Centre de Valorisation Organique du Robert. Des

équipements restent à conforter et notamment les déchèteries (4 seulement) et les plateformes

de déchets verts. Enfin des retards interviennent pour les filières spécifiques telles que les

pneus, DTQD, déchets inertes, déchets verts, valorisation des boues de station d’épuration,

déchets d’équipements électriques et électroniques, encombrants, Véhicules Hors d’Usages.

Le dépôt en décharge des boues d’épuration est la seule voie d’élimination présente en

Martinique. La décharge de La Trompeuse à Fort-de- France accueille actuellement l’essentiel

de la production de boues et de matières de vidange de la Martinique. La décharge du Poteau à

Basse-Pointe accueille les boues produites par certaines stations d’épuration des communes

d’Ajoupa Bouillon, Basse-Pointe et Sainte-Marie. La valorisation agricole (pourtant existante en

Guadeloupe et à la Réunion) n’est pas encore utilisée localement.

Les rejets issus des produits dangereux proviennent du dépôt de certains produits type

batteries, piles, huiles, usagées souvent laissé en l’état dans la nature et qui en se dégradant

laissent échapper leurs composants toxiques (plomb, cadmium…). Des filières existent

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notamment pour les piles et les batteries. Elles ne sont pas toujours hélas encore bien connues

malgré les campagnes d’information et de sensibilisation.