SÉMINAIRE DE DIDACTIQUE

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SÉMINAIRE DE DIDACTIQUE DE LA LITTÉRATUREMASTER MESUNIVERSITÉ STENDHAL2012-2013

Nathalie.Rannou@u-grenoble3.fr

Objectifs de ce séminaire

� Développer un rapport personnel et curieux à la littérature pour former des élèves actifs dans leurs apprentissages du français

• Connaître quelques jalons d’histoire de l’enseignement de la littérature

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de la littérature

• Connaître les notions-clé de la didactique

• Eprouver la polysémie littéraire

• Consolider ses connaissances en analyse littéraire

• Cultiver son esprit critique

• S’exercer à la réflexivité

Cours n°13

Que faut-il appeler « didactique de la littérature » ? Quels sont les objectifs et les méthodes propres à cette discipline? Pourquoi cultiver une posture « réflexive » ?« réflexive » ?

I. A quoi s’intéresse la didactique?

II. Qu’observe-t-on en didactique?

III. Quels savoir littéraires enseigner?

IV. Le texte littéraire comme objet didactique

Le triangle didactique d’après Jean Houssaye (2000)

savoir

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élèveenseignant

Les grandes familles de la didactique5

¤ Didactique comparée

¤ Théorie des pratiques et des modèles de l’action didactique

¤ Didactique historique¤ Didactique historique

¤ Théorie du sujet lecteur-scripteur

Distinguer objectifs, tâches, choix didactique

1. Demander à l’élève qui a raté sa récitation la veille de venir au tableau pour recommencer.

2. Demander à un élève de venir devant la classe réciter le poème qu’il devait apprendre par cœur pour le jour de l’évaluation.

3. Demander à la classe si un élève volontaire est capable de dire le poème appris la veille.

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veille.

4. Demander aux élèves de prendre une feuille pour y réciter par écrit le poème étudié.

5. Demander aux élèves de comparer des versions réécrites affichées au tableau du poème étudié dans la semaine, de façon à retrouver le texte authentique de l’auteur.

6. Demander aux élèves de se mettre en groupes de 3 pour s’exercer à dire le poème qui a été lu plusieurs fois pendant la semaine.

7. Demander aux élèves de choisir une activité pour prolonger la découverte du poème : illustration graphique, diction théâtrale, calligraphie, enregistrement audio.

Qu’enseigne-t-on en classe de littérature, du cycle 1 au collège ?

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� Des savoirs littéraires :

� Des savoir-faire en littérature :

� Des compétences transversales :

� Des gains difficilement mesurables :

Aimé Césaireextrait de L’Agenda du (presque) poète, Bernard FRIOT, ill. H. TULLET, de la Martinière Jeunesse, 2007

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TAM-TAM II

à petits pas de pluie de chenilles

à petits pas de gorgée de lait

à petit pas de roulements à billesà petit pas de roulements à billes

à petits pas de secousse sismique

les ignames dans le sol marchent à grands pas de

trouées d’étoiles

de trouées de nuits, de trouées de fruits sauvages […]

L’HISTOIRE DE L’ENSEIGNEMENT DE LA LITTÉRATURE EN FRANCE À TRAVERS LES CORPUS PRESCRITS : QUE LIT-ON À L’ÉCOLE DEPUIS LE XIXÈME SIÈCLE?

I. Que lit-on, que fait-on lire, que doit-on lire à l’école?

II. Les corpus scolaires

SÉANCE 2 DIDACTIQUE DE LA LITTÉRATURE M1

II. Les corpus scolaires

III. L’évolution des prescriptions de lecture: quelques jalons dans l’histoire de l’enseignement du français

IV. Les souvenirs de lecture scolaire: l’éveil d’une bibliothèque intérieure

Les corpus prescrits en primaire

Dans les listes officielles, les œuvres sont présentées en 3 catégories :

• Patrimoniales :-> « Les habits neufs de l’empereur » de Hans-Christian Anderson-> « La forêt des lilas » de la Comtesse de SégurClassiques : • Classiques :

-> « Michka » de Marie Colmont-> « Histoire de Babar: le petit éléphant » de Jean De Brunhoff-> « Dans Paris » de Paul Eluard• Récentes :-> « La belle au bois dormant », Tahar ben Jelloun-> « Rêves amers » de Maryse Condé

La littérature en maternelle11

� « Une attention particulière est portée à la compréhension de récits de plus en plus complexes. » « L'école maternelle propose une première sensibilisation artistique. Le dessin et les compositions plastiques (fabrication d'objets) d'une compositions plastiques (fabrication d'objets) d'une part, la voix et l'écoute d'autre part, accroissent les possibilités sensorielles de l'enfant. »

� http://www.education.gouv.fr/cid33/la-presentation-des-programmes-a-l-ecole-maternelle.html

Du CE2 au CM212

� « Les élèves travaillent sur des œuvres littéraires complètes. C'est par exemple le cas avec la lecture conseillée du livre pour l’été, offerts à tous les enfants de CM1 avant les vacances d’été. En 2011, "les Contes de Perrault" ont été remis aux élèves » "les Contes de Perrault" ont été remis aux élèves » de CM1 pour une lecture d’été.

� http://www.education.gouv.fr/cid200/la-maitrise-de-la-lecture-a-l-ecole.html#%C3%80_l%27%C3%A9cole%20%C3%A9l%C3%A9mentaire%20:%20apprendre%20%C3%A0%20lire%20%C3%A0%20tous%20et%20d%C3%A9velopper%20les%20comp%C3%A9tences%20des%20%C3%A9l%C3%A8ves

Les corpus prescrits au collège6ème 5ème 4ème 3ème

Textes de l’Antiquité (La Bible,l’odyssée…)

Moyen âge et renaissance (Chrétiende Troye, le Roman de Renart…)

La lettre (Mme de Sévigné, Diderot, Voltaire..)

Contes et récits merveilleux (Les Mille

Récits d’aventure (Robinson Crusoé, Le

Le récit au XIXè(Zola, Mérimée,

Le récit aux XX et XXIè (Colette, Gary, merveilleux (Les Mille

et une nuits, Le Petit

Prince…)

(Robinson Crusoé, LeLion, Croc Blanc…)

(Zola, Mérimée, Pouchkine…)

XXIè (Colette, Gary, Calvino, Camara laye…)

Initiation à la poésie (Calligrammes, haïku, fables…)

Poésie: jeux de langage (Marot, La fontaine, Hugo, Roubaud…)

Poésie: le lyrisme (Villon, Baudelaire, Schéhadé…)

La poésie engagée, la poésie contemporaine (Ponge, Glissant)

Initiation au théâtre (une pièce ce Molière, une pièce courte du XXè, Tardieu…)

Une comédie de Molière et une comédie de Feydeau, JulesRenard…

Théâtre; faire rire, émouvoir, faire pleurer (Molière, Corneille, Musset…)

Théâtre, la tragédie (Shakespeare, Racine, Camus…)

Le cas du lycée général

� Pas d’œuvres prescrites dans le programme présenté par « objets d’études »:

-> seconde : le roman et la nouvelle réalistes au XIXè, la tragédie et la comédie au XVIIè, la poésie du Romantisme au Surréalisme, l’argumentation aux XVII et XVIIIèau Surréalisme, l’argumentation aux XVII et XVIIIè

-> première : le personnage de roman du XVIIè à nos jours, le théâtre texte et représentation du XVIIè à nos jours, la question de l’homme dans les genres de l’argumentation du XVIè à nos jours [ en plus, en 1èL : Renaissance et Humanisme, les réécritures ]

� 2 œuvres imposées renouvelées tous les 2 ans en Term L.

La constitution d’un canon littéraire d’après une enquête de M.-F. Bishop

Les auteurs au programme à l’école entre 1880 et 1947

Les auteurs au programme au lycée entre 1880 et 1947

La FontaineHugoMolièreCorneilleRacine

La FontaineLa BruyèreBossuetBoileauFénélonRacine

VoltaireLa BruyèreLamartineBoileauBossuetChateaubriand

FénélonPascalVoltaireMontesqieuRacineCorneilleMolière

Les auteurs proposés dans les manuels de primaire

Entre 1923 et 1938 Entre 1945 et 1959 1959 et 1972

HugoLa FontaineLamartineFranceDaudetMichelet

HugoFranceDaudetLa FontaineColetteGenevoix

HugoLa FontaineRenardColetteDuhamelFranceMichelet

Rousseau MolièreSandChateaubriandRenardRichepin

GenevoixDuhamelLamartineMolièrePergaudVerhaerenVildrac

FranceGenevoixPagnolMolièreArèneDaudetGide

Suite…

1972-1985 1985-1995

DaudetSaint ExupéryPagnolPergaudRomainTroyat

RoyDaudetGamaraHugoCarêmeCharpentreauTroyat

KesselHugoCarêmeRenardBarjavelBosco

CharpentreauDahlKästnerPagnolSwiftAyméBeaumont ( Nadia)

Suite…

1972-1985 1985-1995

DaudetSaint ExupéryPagnolPergaudRomainTroyat

RoyDaudetGamaraHugoCarêmeCharpentreauTroyat

KesselHugoCarêmeRenardBarjavelBosco

CharpentreauDahlKästnerPagnolSwiftAyméBeaumont ( Nadia)

Quelques lois déterminantes pour l’école� La loi Guizot du 28 juin 1833 organise l’instruction primaire au

profit des classes populaires :-> obligation des communes de plus de 500 habitants d’entretenir une

école primaire de garçons-> obligation des départements d’assurer la formation d’instituteurs

dans des Ecoles Normalesdans des Ecoles Normales-> toute personne de plus de 18 ans titulaire d’un brevet de capacité

a le droit de devenir instituteur-> création d’un corps d’inspection� La loi Falloux, 1850 : obligation de créer une école de filles dans

les communes de plus de 800 habitants , mise en place de délégués académiques, liberté laissée à l’enseignement « libre »

� Les Lois Ferry 1881-1882 : l’instruction primaire est obligatoire et gratuite, elle est dispensée en français

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La langue française parlée en France d’après André Chervel, Histoire de l’enseignement du français du XVII au XXème siècle

En 1794:- 6 millions de Français ne connaissent pas le français- 6 millions sont incapables d’avoir une conversation soutenue en français

- 3 millions de Français parlent la langue française mais - 3 millions de Français parlent la langue française mais sans nécessairement l’écrire

En 1863:- Sur 37510 communes, 20% de la population ne parle pas français

- Sur 4 millions d’écoliers, 11% n’ont aucune pratique du français, 52 % savent la parler et l’écrire

Premier canon scolaire au XVIè

Classiques latins choisis par les jésuites et par l’Université de Paris:

� Cicéron, César, Salluste, Tite-Live, Quinte-Curce� Virgile, Horace, Ovide

Première littérature scolaire : sagesse, morale, religion. Elle décline au cours du XVII.

Seconde vague : les lectures de piété à faire lire aux élèves et aux maîtres (du XVII au XVIII), ouvrages d’instruction et poésie chrétienne.

Les Français servent aux Latins

� Les Satires de Boileau servent à enseigner Les Satires d’Horace

� La Fontaine sert Esope

� Les Oraisons funèbres de Bossuet introduisent le Pro � Les Oraisons funèbres de Bossuet introduisent le Pro Archia de Cicéron

� Les lettres de Mme de Sévigné correspondent aux Lettres de Pline Le Jeune

� La Henriade de Voltaire sert l’Enéïde de Virgile…

L’ouverture des programmes à l’histoire littéraire

� Années 1870 : auteurs du moyen âge et de la Renaissance

� Les difficultés à intégrer les auteurs du XVIIIè dans les programmes : Voltaire, Rousseau (1890), les programmes : Voltaire, Rousseau (1890), Montesquieu, Diderot

� 1880 :Jules Ferry accorde des « Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des XVI, XVII, XVIII et XIXe siècles », les maîtres sont autorisés à lire à voix haute les contemporains en classe.

L’entrée difficile des auteurs du XIX dans les programmes

• En 1880, les élèves qui lisaient Hugo ou Musset en cachette étaient punis.

• Hugo est intégré dans les morceaux choisis en 1866.1866.

• Lamartine en 1902, Chateaubriand en 1920, Vigny en 1925, Balzac en 1941

• Baudelaire entre au programme en 1940, en même temps que Les Confessions de Rousseau.

=> Les morceaux choisis doivent être « parfaits »!

Discours de Jules Ferry

� « Ce que nous vous demandons à tous, c’est de nous faire des hommes avant de nous faire des grammairiens. Développez donc de préférence chez nos élèves la donc de préférence chez nos élèves la culture générale […] »

Conférences pédagogiques de Paris,

1880.

Témoignages autobiographiques de poètesRANNOU Nathalie, « Des lycéens et des poètes d’aujourd’hui lecteurs de poésie », dans DUFAYS Jean-Louis (ed.), Enseigner et apprendre la littérature aujourd’hui, pour quoi faire ? Sens, utilité, évaluation, Louvain-la-Neuve, grifed, UCL, Presses Universitaires de Louvain, 2007, p. 369-377.

� Jean-Claude Schneider, poète et traducteur, né à Paris en 1936. Professeur d’allemand, secrétaire de rédaction de la revue Argile.A traduit de l’allemand Kleist, Hölderlin, Hofmannsthal, Trakl, Walser, etc, et du russe, Mandelstam.Il a publié plus d’une quinzaine d’ouvrages, recueils de poésie et textes sur la peinture contemporaine (Bazaine, Nicolas de Staël, Giacometti, Sima) et sur le désert.

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Giacometti, Sima) et sur le désert.�

Le papier, la distance, Fata Morgana, 1969A travers la durée , Fata Morgana, 1975Lamento, Flammarion, 1987Ce qui bruit d'entre les mots, La lettre volée, 1998Entretien sur Celan , Apogée, 2002Si je t’oublie, la terre, La Lettre volée, 2005Leçons de lumière, Atelier de la Feugraie, 2006

Jean-Claude Schneider, poète

� « mes lectures ? (…) mon premier souvenir ? Non je ne sais pas… Mais je crois, en quatrième ou peut-être en troisième, il y a eu tiens un professeur, qui nous a demandé d’écrire un sonnet. Et c’est vrai que j’ai écrit un sonnet, je ne sais plus sur quoi, peut-être sur Tristan et Iseult, je ne sais pas pourquoi mais ça devait être sur Tristan et Iseult (…) et puis je suis tombé sur Gérard de Nerval et notamment sur les sonnets des Chimères auxquels je ne comprenais rien et c’est vrai que (…) le fait de n’y rien comprendre me fascinait quand même, et j’avais l’impression d’en tirer quelque chose.

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comprenais rien et c’est vrai que (…) le fait de n’y rien comprendre me fascinait quand même, et j’avais l’impression d’en tirer quelque chose. Bien que je n’aie pas compris, il me semblait que ça me parlait quand même, je me récitais ça et je me le lisais. Et oui en classe de troisième et j’ai beaucoup lu, j’ai beaucoup lu Gérard de Nerval. Ses textes en prose mais aussi bien ses poèmes.

[…] Je me souviens par exemple […] j’ai été très frappé par un poème d’Apollinaire qui se termine par « soleil cou coupé » que je trouvais très étonnant. Et jusqu’au jour où j’ai vu l’image du soleil tout rouge comme ça et j’ai dit « ha bah oui c’est ça ! », mais j’avais été séduit par l’image avant de la comprendre […] »

Jacques Josse, poète

� Jacques Josse, né en 1953 à Lanvollon (Côtes d'Armor), vit à Rennes, retraité des postes. Anime depuis 1991, les éditions Wigwam, consacrées à la poésie et à la peinture.A publié plus d’une vingtaine de livres de poésie et de récits.

Fissures, Amérianes, 1979Tachée de rue Blessure, Le Castor Astral, 1979

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Tachée de rue Blessure, Le Castor Astral, 1979Fabrique, Le Dé bleu, 1981Talc couleur océan, La Table rase / Les Ecrits des forges, 1987Le Veilleur de brumes , Le Castor Astral / La Rivière échappée, 1995Un Habitué des courants d’air, Cadex, 1999Café Rousseau , La Digitale, 2000Lettre à Hrabal , éditions Jacques Brémond, 2002Vision claire d’un semblant d’absence au monde, Apogée, collection La Rivière échappée, 1998, 2003

« […] rentrer dans la lecture, c’est rentrer plus… par l’oreille. En entendant quelqu’un lire, un prof, et après entendre ce rythme, […] Et ça n’a rien à voir avec ma propre lecture au départ, d’où à mon avis la nécessité très souvent de dire, de lire la poésie : à haute voix.[…] le professeur, qui faisait un peu de cinéma sur l’estrade, qui avait les poings vraiment dans ses poches pour imiter Rimbaud qui marchait, c’était la « Bohème ». […] Probablement, c’était depuis le début de

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c’était la « Bohème ». […] Probablement, c’était depuis le début de l’année qu’il essayait, et ça n’avait pas marché avec moi jusque là, et ça a marché ce jour-la. Après je suis allé lire le poème, en ayant dans la tête ce prof qui faisait un peu de théâtre en même temps, qui en fait faisait une petite performance sur l’estrade. Il m’a paru d’ailleurs très sympathique et quand j’ai lu Rimbaud après, souvent j’ai pensé à lui. […] il allait bien loin parce que non seulement il y avait les mots, mais il y avait ce corps qui était en mouvement avec le poème, ça l’habitait complètement. Et il réussissait non seulement, lui, à transcrire avec sa voix et avec son corps mais il réussissait aussi à le transmettre aux autres. […]»