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, NOTES sur notre PARENTE (Côté paternel) par le Comte René de CHERISEY Ministre Plénipotentiaire de France Commandeur de la Légion d'Honneur (Rédigé pendant la guerre 1940-1945) numérisé par OCR par Jean Loup de Chérisey (les N°s de pagination sont ceux de la brochure donnée par Oncle René) L'on me dit qu'il faudrait laisser quelques notes sur nos origines et les divers membres de notre famille existant aujourd'hui. La nouvelle génération est peu au courant de cette situation. Madame de BERNIS - la tante Céline - disait assez plaisamment, au moment des fiançailles de Yolande: "Guillaume sait qu'il a un père, qu'il a un grand-père... Passé quoi, il ne sait plus rien." Je ne sais si j'aurai le temps de terminer ce travail que, faute de mes papiers restés à JONCY (1), je dois faire entièrement de mémoire. Essayons toujours ... Nous appartenons à une famille de la chevalerie lorraine qui, depuis les Croisades, s'est constamment illustrée par les armes. Constitué sur les marches du pays de Metz, le fief de CHERISEY a été en butte à toutes les guerres entre France et Allemagne. Pillé et ruiné 7 fois, (la septième fois en 1940),incendié 2 ou 3 fois, le château a toujours été rétabli et conservé par les Seigneurs du nom, sans patronyme ni aucune substitution. C'est un cas presque unique dans

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NOTES sur notre PARENTE (Côté paternel)

par le Comte René de CHERISEY

Ministre Plénipotentiaire de FranceCommandeur de la Légion d'Honneur

(Rédigé pendant la guerre 1940-1945)

numérisé par OCR par Jean Loup de Chérisey(les N°s de pagination sont ceux de labrochure donnée par Oncle René)

L'on me dit qu'il faudrait laisser quelques notes sur nos origines et les divers membres de notre famille existant aujourd'hui. La nouvelle génération est peu au courant de cette situation. Madame de BERNIS - la tante Céline - disait assez plaisamment, au moment des fiançailles de Yolande: "Guillaume sait qu'il a un père, qu'il a un grand-père... Passé quoi, il ne sait plus rien."

Je ne sais si j'aurai le temps de terminer ce travail que, faute de mes papiers restés à JONCY (1), je dois faire entièrement

de mémoire. Essayons toujours ...

Nous appartenons à une famille de la chevalerie lorraine qui, depuis les Croisades, s'est constamment illustrée par les armes. Constitué sur les marches du pays de Metz, le fief de CHERISEY a été en butte à toutes les guerres entre France et Allemagne. Pillé et ruiné 7 fois, (la septième fois en 1940),incendié 2 ou 3 fois, le château a toujours été rétabli et conservé par les Seigneurs du nom, sans patronyme ni aucune substitution. C'est un cas presque unique dans

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l'histoire de la Lorraine.Qu'entend-on par maisons de chevalerie lorraine? Ce

sont les maisons nobles d'origine, c'est-à-dire remontant au moins au XIIIème siècle, n'ayant jamais été anoblies par

(1) René de CHERISEY a passé les derniers temps de sa .vie chez sa fille, la Baronne de ROUJOUX, au Château de la Tour de l'Ange, à CHARNAY-les-MACON.

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personne et occupant un fief de franc alleu, fief que l'on ne pouvait tenir que de Dieu et de son épée.

Cette dignité de chevalerie conférait des privilèges importants: (haute, basse et moyenne justice), etc..., etc..., dont le principal était de siéger aux assises qui conservaient la direction suprême du pays. Je crois que cela subsista efficacement jusqu'au règne de Stanislas, ancien roi de Pologne et beau-père de Louis XV.

Il y eut environ 250 familles de cet ordre. Je crois qu'il en reste aujourd'hui 35 disséminées un peu partout. Quant à la division en "Grands Chevaux" et autres, elle est purement arbitraire. Il est certain que l'on reconnaissait à quatre familles une origine plus ancienne ou du moins plus certaine, en ce qu'elles se rattachaient aux Mérovingiens. Ce sont: HARAUCOURT, du CHATELET, LIGNIVILLE, et LENONCOURT.

Seuls, les LIGNIVILLE subsistent encore aujourd'hui.

Plus tard, un héraldiste fantaisiste (je crois que ce fut sous Stanislas) inventa les "Petits Chevaux". Il en trouva 20 ou 25; mais cette classification ne repose sur absolument rien de sérieux et il n'y a pas plus de raison d'attribuer une préséance aux BASSOMPIERRE, aux d'ASPREMONT ou aux LAMBERTYE plutôt qu'aux d'AUTEL, aux CHERISEY ou aux POUILLY. Le vrai principe est celui de la table ronde: Tous gentilshommes et tous égaux. (Voir la petite brochure à couverture rouge dans la salle aux Archives. Soc. de

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la Chevalerie Lorraine).

Le plus grand homme de guerre de notre maison fut Louis, Marquis de CHERISEY, Lieutenant-général des Armées du Roi, Lieutenant de ses gardes du corps, gouverneur du fort St-Jean de Marseille, Grand Croix de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis. Sa charge l'obligea à aller à Versailles. Jusque là, on était resté strictement lorrain et je me demande si ce n'est pas par esprit d'opposition que l'on adhéra pendant deux ou trois générations à la religion protestante.

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Fût-ce le père de ce Louis Ier, c'est-à-dire Charles de CHERISEY, capitaine des gardes du Duc de Lorraine, marié à une ERNECOURT (grande alliance) ou fût-ce ledit Louis Ier quirentra dans le sein de l'Eglise ? Depuis lors, en tout cas, il n'y eut plus d'hérésie dans la maison et l'on fit sa cour au Roi de France - mais beaucoup plus en militaire après ou avant les campagnes, qu'en courtisan habitué de Versailles.

Si Louis Ier eut été courtisan, il fut arrivé, je pense, au rang de Maréchal de France, car il exerça de grands emplois. Il eut la délicate mission de reconduire la petite infante en Espagne, quand Louis XV renonça à l'épouser. Plus tard, en 1758, à Dittingen, il se couvrit de gloire en commandant la maison du Roi. Il y fut blessé et perdit sa perruque, comblé d'éloges. Il avait 72 ans. La charge de commandant de la maison du Roi n'était habituellement donnée qu'à un Maréchal de France, comme aussi celle de Gouverneur du fort St-Jean de Marseille. (Nous l'avons toujours appelé "La Perruque", portrait de la salle à manger de JONCY).

Il eut deux fils: Louis II, qui viendra tout à l'heure, et Charles, Comte de NOUROY (vieux nom de la branche cadette), chef d'Escadres, qui bourlingua pendant 60 ans sur toutes les mers et fit la campagne d'Amérique pour finir sans enfants. C'est ce dernier que je représentais à la Société des Cincinnati de France, aux lieu et place du Marquis actuel. (Ce rôle revient maintenant à François

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de CHERISEY). Il eut aussi deux filles: belles alliances sans postérité aujourd'hui.

Son fils, Frédéric Louis II Chevalier, Marquis de CHERISEY, aide de camp du précédent à la bataille de DITTINGEN, devint aussi Lieutenant-général des Armées du Roi, Lieutenant de ses gardes du Corps, Grand Croix de l'Ordre Royal et Militaire de St-Louis. Il mourut âgé, après avoir été président de la noblesse des Trois Evêchés et du Clermontois aux Etats Généraux de 1789. Si je ne me trompe, l'une de ses filles avait épousé le Marquis du Lau d'Allemans. Il y eut aussi vers cette époque une alliance Chamisso.

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C'est son fils, Louis III, Chevalier, Seigneur et Marquis de CHERISEY, Lieutenant général des Armées du Roi, Lieutenant de ses gardes du Corps, Grand Croix de l'Ordre Royal et Militaire de St-Louis (1751 à l827) qui fut l'auteur des deux branches actuelles des CHERISEY. Il émigra et combattit dans l'armée des Princes. Pendant ce temps, sa femme (née Le SENECHAL), séjournait à Deux-Ponts où elle tenait un magasin de "Frivolités". Le soir, on allait dans le monde où l'on rencontrait beaucoup d'émigrés parmi lesquels le Chevalier de LAMARTINIERE qui faisait et vendait des chaussures. Mes arrières grands parents, partis de France sans rien, réussirent à vivre de leur petit commerce et rapportèrent 90.000 francs environ de bénéfice, dus au travail et à l'épargne. Le second fils, mon grand-père, naquit en émigration à LUXEMBOURG, en 1793. Les deux fils furent élevés en Allemagne. Mon grand père passa à l'Ecole des Cadets de Prusse (son portrait en uniforme bleu dans le salon de JONCY).

La plupart des émigrés rentrèrent de bonne heure à partir de 1798. Bonaparte les attirait déjà alors. J'ignore pourquoi les arrières grands parents ne rentrèrent que tard à METZ et à CHERISEY, vers 1813.

Madame de CHERISEY était née Le SENECHAL: son père, fermier

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des Aides ou de je ne sais quel impôt, avait un salon fort agréable, dont parlent LACRETELLE le jeune et le Baron de FRENILLY dans les souvenirs de l'époque de la Révolution. Leur fille aînée épousa le Marquis d'AUDIFFRET (avec son mari, elle fut emprisonnée sous la Terreur) ainsi que la troisième fille dont il y a un très beau portrait de GERARD resté chez les d'AUDIFFRET}.

Cette dernière était aimée de LACRETELLE le jeune, mais

elle dut l'écarter parce qu'elle était fiancée avant la Révolution au Chevalier de FLORIAN, l'auteur des Fables.

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FLORIAN ne fut pas brillant: par peur d'être compromis, dit-on, par cette famille suspecte, il abandonna sa fiancée. Celle-ci épousa plus tard son médecin qui put la tirer de prison; elle mourut peu après.

Si je suis entré dans tous ces détails, c'est pour parler des d'AUDIFFRET et pour marquer la parenté qui subsiste de ce côté. Il y eut entre CHERISEY et d'AUDIFFRET une très grande intimité, pendant quatre générations. Le d'AUDIFFRET de la Révolution eut deux fils, hommes fort distingués: l'un devint Président de la Cour des Comptes. L'aîné, qui épousa Melle PORTAL, eut un fils et deux filles: Mesdames du MAISNIEL et de CORAL. Du c6té d'AUDIFFRET, il reste des garçons: Henri, Daniel, etc... et des enfants de deux filles: Lesguern et Henry de VILLENEUVE en Bretagne. Les CORAL, avec qui nous étions surtout liés, ont conservé une terre en Poitou, où vivra, je pense, l'aîné de la famille. Nous perdons un peu de vue la jeunesse actuelle. De ma génération, il ne reste plus que Pierre (sans enfants), Paul qui deviendra l'aîné et Jacques, mon contemporain et ami de toujours. Jacques a épousé Melle DAGUILHON-PUJOL que nous aimons beaucoup, depuis que nous avons fait sa connaissance au Maroc, en 1905. Ils ont une belle demeure, le château de LIGNY, dans l'Ariège. Un seul fils, de l'âge de notre Philippe, marié à Melle de REMUSAT, charmante femme, morte tout récemment.

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Il reste aussi une fille de René, le 3ème des 5 CORAL génération (marié à une veuve, Princesse CHIKA, Roumaine), cette fille a épousé un Baron DECAZES {Poitou}.

La seconde branche des d'AUDIFFRET a pris le nom de PASQUIER, parce qu'elle a été adoptée par le Chancelier PASQUIER, frère de la Comtesse d'AUDIFFRET. Un seul fils laissa de la descendance: le Duc d'AUDIFFRET-PASQUIER, de l'Académie française, président de la Chambre des Députés en 1871, l'un des trois ducs qui voulurent mais ne surent pas rétablir la monarchie en France. (Les deux autres ducs étaient BROGLIE, Président du Conseil, et DECAZES, Ministre des Affaires Etrangères).

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La mère du Duc d'AUDIFFRET-PASQUIER, grand orateur, était la tante Zoé, née PASQUIER, qui venait souvent à Crécy. Nous ne l'aimions pas parce qu'elle prisait, comme encore beaucoup de vieilles dames, dans mon enfance. Elle voulait toujours nous embrasser et nous la trouvions malpropre, le tabac se répandant partout. Le Duc PASQUIER (d'AUDIFFRET) laissa trois enfants:

1°) Denis, qui fut, je crois, le premier de nos relations, tué dans un accident d'automobile. Marié à Melle de l'ARGENTAYE, il laissa quatre enfants: le Duc qui a épousé une SAINT-GENYS, le Comte - une MONTGOMERY, Madame de LOUVENCOURT, et l'intelligente Anne, mariée à Charles de LIEDEKERKE, l'aîné des LIEDEKERKE

2°) La comtesse d'IMECOURT, mère de Jean d'IMECOURT, de Madame de CONTADES et de Madame de FERRIERE-SAUVEBOEUF, celle-ci notre charmante voisine dans le quartier du Gros-Caillou!

3°) La comtesse de NEVERLEE, qui eut deux fils dont l'un tué à la guerre de 1914, et une fille, Jacqueline, mariée successivement à deux d'URSEL (Belgique).

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J'en ai fini avec les d'AUDIFFRET.

Mais je dois remonter à l'époque de cette alliance pour retrouver celle qui nous attache aux d'HUNOLSTEIN et aux BRYAS. Chose curieuse, nous ne sommes pas parents des HUNOLSTEIN, bien que nous tenions par les HUNOLSTEIN à tous les BRYAS,etc... Voici comment: Louis III, Marquis de CHERISEY, marié à Aglaé LE SENECHAL, avait une soeur qui épousa le Comte ou le Baron d'HUNOLSTEIN (Chevalerie lorraine) et n'en eut pas de fils, mais ce dernier avait eu un fils d'un premier mariage et c'est de ce premier mariage que descendent les d' HUNOLSTEIN. Ils ne sont donc pas nos parents, mais élevés avec les n6tres, ils se sont trouvés liés à nous et cette amitié s'est resserrée du fait

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qu'ils habitaient souvent l'été le très beau Château de SAINT--CYRGUES, tout proche de LAVAURE, en Auvergne. Nous aimions surtout Hervé d'HUNOLSTEIN, mort célibataire, il y a peu d'années, et l'excellente Thérèse de BOUILLE, morte en 1944, laissant deux fils, BOUILLE. Donc, le second mariage HUNOLSTEIN (fin XVIIIème siècle) ne laissa de descendance que par deux filles: la Comtesse de BRYAS et la Comtesse d'HINNISDAL.Celle-ci eut une fille, Marguerite de LEVIS, morte sans postérité, et un fils, le Comte d'HINNISDAL, élégant parisien, propriétaire du très beau château de TILLOBOIS, détruit en grande partie par la guerre 1914-18, mon parrain au Cercle de l'Union, époux d'une BETHUNE-SULLY, père de Madame de LUBERSAC (deux filles) et de Melle d'HINNISDAL.

De la Comtesse de BRYAS, il y eut un fils, marié à Ursule de VOGUE, et une fille, la Comtesse d'OULTREMONT de PRESLES, en Belgique. Le fils des BRYAS épousa Ida de GRAMONT-LESPARRE (d'où deux fils BRYAS et trois filles), Mme de MERE, Gabrielle de BRYAS, mortes toutes deux, et Madame NIEL, et une fille, soeur de Jacques, Thérèse, Vicomtesse de CHEZELLES, mère des trois fils CHEZELLES et de Madame

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Jean des COURTILS. Tous ont des enfants bien mariés. Je crois préférable de ne pas pousser trop loin l'énumération, afin d'éviter l'embrouillage. Mes enfants connaissent plus facilement la nouvelle génération.

J'en ai fini avec les parentés remontant au XVIIIème siècle, c'est-à-dire se rattachant à Louis III de CHERISEY.Un mot des CHERISEY-NOUROY qui ont constitué pendant plusieurs siècles la branche cadette de notre maison. Ils occupaient le Château de PORT-sur-SEILLE, à 20 kilomètres environ de CHERISEY, faisant partie du Duché de BAR, si je ne me trompe. Ce Château conserve de beaux restes, comme silhouette tout au moins. Reproduction dans la bibliothèque de JONCY. Là aussi, la reproduction d'une partie des pierres tombales gravées (avec les alliances de 1511 à 1595). Les pierres tombales sont conservées

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dans la nouvelle église de PORT-sur-SEILLE, malheureusement très endommagées, moins par l'usure du temps que par les bombardements de la guerre 1914-18. C'est encore un très beau souvenir.

Avant de quitter le 18ème siècle, j'aurais voulu parler de l'émigration qui a été si différemment et souvent si mal jugée depuis 150 ans, mais c'est un peu un hors d'oeuvre. Il vaut d'être traité sur un papier à part. (Je l'ai fait).

J'en arrive donc à la descendance de Louis III de CHERISEY (page 4), d'où sont sorties les deux branches actuelles. Marié à Aglaé LE SENECHAL, Louis III, rentré en France, repritsa place à la Cour de Louis XVIII, puis de Charles X. Il mourut en 1827, laissant deux fils:

l - BRANCHE AINEE

Louis, Charles Prosper, Marquis de CHERISEY, Maréchal des Camps et Armées du Roi, Sous-Lieutenant de ses gardes du corps, Commandant de l'Ordre Royal et Militaire de la Légion d'Honneur, Chevalier de St-Louis (1786-1838), aide de camp du Duc d'Angoulême

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dans la guerre d'Espagne, accompagna le Roi et les Princes jusqu'à Cherbourg ,en 1830, puis quitta l'Armée et se retira à CHERISEY (2ème Emigration) .

Marié, de l'agrément du Roi Louis XVIII, à Caroline Le ROY de LIZA, il fut le père de : 1°) - René, Marquis de CHERISEY, zouave pontifical à CASTELFIDARDO, mon parrain, mort à 51 ans, père de Catherine de LAPEYRERE, Nicole NITOT, mal mariée, eut 7 enfants que nous ne voyons plus. Quant à Louise O'GORMAN, je l'aimais bien et elle était restée très famille. Elle fut l'une des premières infirmières de la Croix Rouge, victime, en 1914, de son dévouement aux blessés (morte à la suite d'une piqûre anatomique dans un hôpital de Pau). c'était ma contemporaine. Elle avait eu l'intention de me laisser tout ce qu'elle possédait à CHERISEY (c'est-à-dire une partie de la

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chapelle castrale et une partie de l'ancienne école devenue maison de garde, plus les tableaux de famille, etc...), mais son mari, Gaëtan O'GORMAN, excellent homme, mais très embrouil-lé en affaires, qui, cependant à chaque occasion, me répétait verbalement ces intentions en ma faveur, négligea de les rati-fier par écrit. Il mourut en 1939 et je n'eus rien, sauf quel-ques tableaux qu'il avait eu le souci de m'envoyer peu après lamort de sa femme ; ce sont ceux de la galerie de JONCY. Je fus très vexé de cet oubli que les NITOT, conscients ou non, se gardèrent bien de réparer. Il restait encore plusieurs assez bons portraits de famille dont j'ai la liste.

1°) René de CHERISEY - Zouave pontifical, dont jeviens d'énumérer la descendance, avait deux soeurs et un frère;

2°) Aqlaé de CHERISEY - Très originale, morte célibataire, avait créé une maison de religieuses

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garde-malades à NANCY;

3°) Lucie de CHERISEY - Mariée au Comte François van der STRATEN PONTHOZ en Belgique. Ils eurent un fils, Robert, mort à 20 ans, presque en même temps que sa mère. François van der STRATEN, qui avait passé 20 ans dans notre famille, à METZ et à CHERISEY, repartit pour la Belgique où il se remaria plus tard à une TRAZEGNIES, amie de sa première femme. Ce ménage, devenu un vieux ménage sans enfants, m'accueillit comme son fils à BRUXELLES et contribua beaucoup à m'y faire une excellente situation et à m'y marier. Madame van der STRATEN, née TRAZIGNIES, était la parente des LIEDEKERKE. Van der STRATEN était en Belgique un homme du monde très répandu et aimé de tous, de plus héraldiste et archéologue réputé.

Au cours de son séjour en France, il avait récolté des quantités de documents et souvenirs sur les CHERISEY. Ils sont actuellement classés à JONCY, et je lui dois de m'avoir laissé ces très importantes archives.

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C'est lui qui fit porter - un peu arbitrairement, je crois-à CHERISEY, la belle pierre tombale CHERISEY-FLIN (reproduction dans la bibliothèque et dans ma chambre à JONCY)qui était dans l'Eglise de FLIN. C'est lui qui obtint des Chanoines de la Cathédrale de NAMUR le petit flacon de cristal de roche ayant contenu quelques gouttes du saint Sang (relique bien précieuse) rapporté de Terre Sainte pour Philippe de NAMUR, père de Beaudoin de FLANDRE, Roi de JERUSALEM et Empereur d'orient, sacré par Nivelon de CHERISEY, évêque de SOISSONS, (en l205,sije ne me trompe). Ce qu'il y a de curieux, c'est que cette relique ne fut pas cédée à François van der STRATEN en souvenir de Nivelon, mais bien en raison de son mariage avec une TRAZEGNIES, famille issue, je crois, de Philippe de NAMUR par les NASSAU. J'ai d'ailleurs une idée assez vague de cette parenté.

Heureux temps de mon séjour à Bruxelles, où je débutai dans

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la diplomatie en janvier 1891. J'y pris tout de suite un goût très vif de mon métier et m'y créai, grâce à de précieux appuis, une bonne situation sociale et mondaine. Je plaisais assez aux jeunes filles sérieuses et plus encore aux mères de famille, à cause de ma bonne conduite et des garanties d'avenir que j'offrais ainsi. J'avais en outre beaucoup de bonhomie et de simplicité pour entrer dans les coutumes et les goûts des autres, un caractère enjoué et sans brusquerie. J'aurais beaucoup à raconter sur cette époque 1891 à 99, mais je n'écris pas mes mémoires... Seulement des notes forcément longues et détaillées puisqu'elles portent sur notre très nombreuse parenté. En avril 1896, après une attente de 2 années, je fus enfin fiancé et marié deux mois après, le 16 juin 1896. Ce fut un grand bonheur: après avoir envisagé plusieurs postes, manqué, malgré mon désir, celui de Rome-Vatican, je fus nommé au Maroc où commença assez vite pour moi un rôle des plus intéressants et qui,en 1905, devint important du fait d'un hasard heureux, qui me procura très jeune la gérance de la Légation de Tanger et la

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charge de recevoir l'empereur d'Allemagne, Guillaume II. Nous parttmes pour le Maroc, en mars 1899, et ne le quittâmes offi-

ciellement qu'après la Conférence d'Algésiras, soit en avril 1906.Cette digression m'a éloigné de la branche aînée

CHERISEY. J'y reviens ; outre René de CHERISEY, Aglaé de CHERISEY et Lucie van der STRATEN, ci-dessus nommés, Prosper, Marquis de CHERISEY, avait un deuxième fils:

4°) Louis Frédéric François Victor (1824 à 1898) .

Il devint Marquis à la mort de son frère René en 1874, puis reprit de sa belle-soeur (née BOSCARY de ROMAINE) le Château de CHERISEY pour le laisser à sa descendance mâle. La chapelle castrale et l'ancienne maison d'école restèrent à la Marquise René, puis à ses filles, j'en parlerai ailleurs. Peu à peu, les terres furent vendues. Frédéric était un panier percé.Il se trouva acculé (en 1878 ou 79, si je me souviens bien),à vendre

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par force tout ce qui lui restait. Heureusement, mon père fut prévenu. D'accord avec son frère Gérard, ils décidèrent de racheter, indivis, le château (et le parc). Ils l'obtinrent aux enchères, au prix global de 32.000 francs (valeur or à l'époque). Mon père, qui était parti pour METZ, sans perdre un jour en apprenant la vente par une affiche du notaire, avait passé, en s'y rendant, par ISEURE, où mon frère et moi étions au collège. Je n'ai jamais oublié l'impression que je ressentis en apprenant cet événement qui faillit dépouiller notre famille (j'avais une dizaine d'années) et ma satisfaction quand j'appris que mon père avait réussi dans son entreprise de rachat. Mon oncle Gérard comme officier, puis ancien officier, aurait eu des difficultés pour se rendre en pays annexé. Ce fut mon père qui se chargea de l'administration de CHERISEY. Il fit si bien qu'il parvint par la suite à assurer l'entretien sommaire du château sans bourse délier, c'est-à-dire qu'il suffit pour y pourvoir du petit revenu des foins du parc et des

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légumes et fruits, tout en comprenant un modeste traitement pour le brave CHAUSSET, ancien soldat d'ordonnance du Marquis René, qui fut institué gardien et le demeura jusqu'à sa mort avec un attachement sans égal. Sa nièce, Marie POTIER, que j'avais vue les premières fois avec lui à CHERISEY, lui succéda. Elle est morte dernièrement, de saisissement, m'a-t-on dit, quand elle vit tous les meubles vendus par les Allemands, le château confisqué, etc...

Dès 1881, pendant les vacances, mon père nous emmena, mon frère et moi, à CHERISEY ; j'y éprouvai de vives émotions qui renforcèrent les goûts des souvenirs et de la tradition auxquels j'étais déjà si porté par nature.

Nous en étions donc à Frédéric, Marquis de CHERISEY, mort en 1898, homme séduisant, Officier de la Légion d'Honneur,

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il s'était distingué précédemment par sa bravoure chevaleresque sous les guerres du Second Empire. Il avait épousé Berthe LE ROUX du CHASTELET dont il eut 4 enfants:Gérard, Marie, Lucie et Simone.

La soeur de sa femme, mariée au Général Comte de VAUBAN, descendant du Maréchal, a laissé à ses neveux et nièces sa fortune et de très beaux souvenirs. Il y a entre autres deux portraits du Maréchal de VAUBAN, dont l'un par RIGAUD (à Paris, chez François). Mais cette famille subit, du fait des trois dernières guerres, des malheurs sans fin. Le château de REUX, près d'Arras, qu'occupait Madame de VAUBAN, fut brûlé par les mobiles français en 1870. On s'installa dans la maison du jardinier entourée du beau parc et ce fut encore convenable. Mais, au cours de la guerre 1914-18, la région fut tellement dévastée par les obus que mon cousin Gérard crut impos-sible de rebâtir quoi que ce soit et de refaire les terres.De fait, je vis, peu après la guerre, l'état de ruine complète de ce qui avait été le château, la maison du jardinier et le

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parc, c'est-à-dire qu'il ne restait ni un mur ni un arbre. Quelques tas de pierres seulement indiquaient où avaient pu être les constructions. Enfin, en 1940, le pauvre Gérard a perdu tout ce qui lui restait. Installé à Douai, dans une assez bonne maison, celle-ci fut détruite par un bombardement. Forcé de s'enfuir avec tous les siens, l'on emporta tout ce que l'on put empiler sur un camion, mais celui-ci fut perdu ou détruit en route avec tous les objets un peu précieux, les tableaux de famille, les archives. La détresse de cette famille fut terrible. Gérard que je rencontrai alors put me dire sans nulle exagération, et je me rappelle avec quel marasme "ah! cette fois, je n'ai plus rien!" Il a trouvé asile avec sa femme dans une ferme appartenant à son deuxième fils, Louis, marié et établi dans la région.

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Gérard, Sébastien, Etienne, René, Marquis de CHERISEY, dont je viens de conter les malheurs, est donc le seul fils du Marquis Frédéric. C'est un bon et fidèle parent et ami.Il est mon aîné de 4 ou 5 ans et reste le chef de nom et d'armes de CHERISEY.

Marié à Marguerite du PEYRAT, il a trois fils : François, Louis et René Louis et trois filles dont deux mariées aux deux frères du BOSC de PERAN et la dernière à M. de TOURTIER. Des petits enfants de tous les côtés.

J'en ai fini avec la branche aînée.

II - BRANCHE CADETTE

J'ai dit que Louis III, Marquis de CHERISEY, avait deux fils (voir page 4) ~ Prosper et Victor.

Le second, Victor Louis François, Vicomte puis Comte de CHERISEY (Château de Crécy - Oise), officier d'Etat Major sous la Restauration, Officier de la Légion d'Honneur (1793 à 1878) fut mon grand père. Il naquit, comme je l'ai dit, à

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Luxembourg et fut élevé en Allemagne. Marié à Clara COTTIN de JONCY, héritière de la baronne de JONCY en Charollais. Ardemment dévoués à la monarchie des Bourbons, ils quittèrent la Cour et Paris en 1830 et se retirèrent à CRECY. Les longues années qu'ils passèrent dans cette région, les services qu'ils y rendirent leur créèrent une grande situation de province. Mon grand père était maire de St-SULPICE et Conseiller général de l'Oise. Il prenait en souci les intérêts politiques et sociaux du pays et laissait,

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disait-on, en grande partie l'administration de la terre de CRECY à sa femme. Celle-ci, quand je la connus, était, en raison de son grand âge, mais aussi de ses très belles qualités de coeur et d'intelligence, respectée, vénérée, aimée de tous, châteaux et chaumières. Elle est morte en 1898, très près de ses 99 ans. Elle avait aux yeux de toute sa famille un prestige énorme, en plus de notre très grande affection. Chez elle, la fermeté s'alliait à la bonté et à la bonne grâce. Elle savait commander et en tout jouait le rôle de chef de famille à qui tous se soumettaient, petits et grands.

Mon oncle Gérard, son fils aîné qui lui succéda à CRECY, ancien colonel, habitué à commander et dont la personnalité et la voix paraissaient pleines d'autorité, redevenait petit garçon quand il était à CRECY. Il n'eut la direction de CRECY et des affaires qu'à l'âge de 63 ans environ, quand ma grand'mère, âgée alors de près de 94 ans, décida de se décharger sur lui. Il vint alors se fixer définitivement à CRECY, dont il prit la direction.

Jusqu'à ce moment, j'allais souvent à CRECY, interrom-pant mes longs séjours à Paris où je continuais mes études. J'aimais cette atmosphère de CRECY, empreinte de tant de souve-nirs. L'austérité forcée du grand âge laissait place aux grâces du coeur et de l'esprit que n'a pas su toujours conserver la jeunesse d'aujourd'hui. Bien qu'elle n'eût jamais habité la Bourgogne, ma grand'mère semblait avoir conservé quelque chose

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du Parlement de Dijon. Elle nous écrivait de charmantes lettres que le Président de Brosses n'aurait pas désavouées. Fort instruite, elle savait le latin; mais aucune pédanterie. Je crois qu'elle devait son instruction à M. DESPRES, Membre de l'Institut, ancien Secrétaire des commandements de la Reine Hortense en Hollande. Je ne sais par suite de quelles circonstances il avait épousé Madame de JONCY, mère de ma grand'mère, restée veuve fort jeune puisque son mari était mort

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en 1789, quelques mois avant la naissance de ma grand'mère. M. DESPRES avait apporté à CRECY une importante bibliothèque et de très beaux tableaux. Ma grand'mère, persuadée qu'ils resteraient toujours à CRECY et que cette vieille terre serait conservée dans la famille, donna le tout à Renaud, qui ne manqua pas de tout ou presque tout revendre. De la vente des tableaux, il tira une grosse somme. Il y avait des van der MEULEN, des Carl DUJARDIN, etc... et je crois un REMBRANDT, un très beau pastel de DUCREUX, un autre de HONOTTE, ressemblant tout à fait à son maître NATTIER, et qui aurait si bien fait à JONCY, parce qu'il représente Madame de BLANCEY (Renaud a conservé ce dernier et quelques autres), un LEPICIE, un DANLOU, etc...

En plus du rôle de mari et d'homme d'affaires, M. DESPRES, "le meilleur et le plus aimable des hommes", disait ma grand'mère, s'occupait de l'éducation des enfants. Il attirait à CRECY des hommes de talent, des Membres de l'Académie Française. L'on s'y est toujours piqué de culture et de beau langage.

Est-ce lui, ou sont-ce ses prédécesseurs ou encore mon grand-père de CHERISEY, qui transforma le parc de CRECY, comme il était de mode à la fin du XVIIIème siècle? Une grande terrasse en façade aboutissant à un saut de loup et bordant un spacieux étang fut remplacée par une pelouse à l'anglaise et des allées sinueuses. Heureusement, le saut de loup avec

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un petit pont furent conservés, ainsi que l'étang (ce dernier avec des bords un peu contournés renfermait une île naturellement). De très beaux arbres bordaient les allées qui conduisaient à une pyramide lointaine faisant perspective du château et qui, elle, était bien française. Le château, très peu surélevé, présentait deux façades tout à fait Louis XIII avec deux tours rondes d'un côté, deux tours carrées de l'autre, le tout de justes proportions, simple et harmonieux. Heureusement aussi, avait subsisté une grande partie de jardin français, avec de larges charmilles très ombreuses, fontaines,

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statues et inscriptions latines. Un potager y faisait suite, non pas entouré de murs, mais de charmilles taillées, de plus d'un hectare, bien découpé et rempli de fleurs. Ce qu'il ne rendait pas en utilité comme fruits et légumes était compensé par un espalier le joignant, de plus d'un hectare aussi et lui-même entouré de hauts murs. Tout cela accotant le grand parc, entouré de grands bois, belles pâtures, etc..., formait un ensemble fort attrayant. L'on comprend que ce séjour fût préféré à celui de JONCY, bien qu'à JONCY les vues extérieures fussent plus aimables et le climat moins pluvieux. CRECY était fort humide. Il est temps que je parle de l'origine de cette belle terre. Le père de ma trisaïeule, la dernière Baronne de JONCY, était un Conseiller au Parlement de Paris, M. CHOART, vieille famille parisienne, CHOART de BUZANVAL. Je ne sais pas s'il avait acquis CRECY des MORET ou MOURET d'ANNEVILLE, ou s'il l'avait eu d'eux par héritage. Toujours est-il qu'il le destinait à son fils qui allait être fait Marquis de CRECY quand il mourut fort jeune encore. CRECY passa donc à la fille unique CHOART, qui épousa le Baron de JONCY et, plus tard, M. DESPRES. Elle était plus fière du premier nom et, toute sa vie, elle se fit appeler Madame de JONCY-DESPRES, comme il est inscrit, me semble-t-il, sur sa tombe, au cimetière de St-SULPICE (Oise). Je ne me rappelle pas combien elle eut d'enfants de l'un ou l'autre de ses deux maris, mais enfin il ne reste que deux filles JONCY dont je parlerai tout à l'heure.

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Voilà donc M. de JONCY, mon trisaïeul, qui avait déjà la grande Baronnie de JONCY et celle de CHANTEAU, dans le Morvan, devenu Seigneur de CRECY. c'était un vrai Seigneur, à une époque où la noblesse de robe se rapprochait de plus en plus de la noblesse d'épée, sinon à la Cour, du moins dans les salons de Paris. Il y faisait bonne figure, était l'ami du Marquis de FONTENAY, premier mari de Madame TALLIEN, et du Baron de BEZENVAL (prononcez Beuzeval), lui-même général des Suisses, du cercle intime de Marie-Antoinette.

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Les COTTIN de la BARRE, devenus Barons de JONCY, Seigneurs de BURZY, SAINT-CLEMENT sur GUYE et COLLONGES en Charollais, étaient de père en fils Conseillers au Parlement de Dijon, y tenant une place très honorée, dit la chronique du temps.Ils avaient un bel hôtel à Dijon, rue Saint-Jean, je crois.De grandes cartouches de marbre représentant les quatre saisons, oeuvre d'un sculpteur bourguignon célèbre dont j'oublie le nom, le décoraient. Ils sont aujourd'hui dans le grand escalier du Musée de Dijon. La mère du dernier Baron de JONCY, mon trisaïeul, était née Bernard de BLANCEY, de cette famille des BERNARD dont l'abbé COURTEPEE dit qu'elle "était l'honneur de toute la région de Mâcon".

Ces BERNARD se divisèrent en BERNARD de LAVERNETTE, depuis Saint-Maurice, Bernard de CHAINTRE, Bernard de BLANCEY, etc... Une grande partie des lettres du Président de BROSSESsont adressées à "mon gros BLANCEY", Bernard de BLANCEY, Con-seiller aussi au Parlement de BOURGOGNE, devint Baron de CHANTEAU, terre à 4 clochers comme JONCY, située dans le Morvan, près de SAULIEU. J'ai dit qu'il ne laissa qu'une fille, Madame de JONCY.

Que reste-t-il des parentés du c8té JONCY ? - Personne. Au XVIIIème siècle, sans doute, cousinait-on avec beaucoup des familles du Parlement de Bourgogne; les BRETAIGNE, les BURTEUR,

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les BERNARD, les LOISY, je crois ; ma grand'mère SAINTIGNON et mon père avaient le souvenir d'une alliance avec les SAINT-SEINE. Entre parenthèses, je trouve une parenté du côté de ma grand'mère dont je n'ai pas parlé et que nous conservons encore ; mais je ne sais plus si elle se rattache aux JONCY ou aux CHOART. C'est celle de la famille de La CELLE dont étaient la Maréchale de MAC-MAHON et aussi la toute charmante Berthe de CROZE que nous connaissions jadis en Auvergne. Cette dernière a laissé trois filles: la femme du Général

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de MONTMARIN, une Mademoiselle de LABOULAYE, j'oublie la troisième. Nous les avons perdues de vue en quittant Paris.

Une autre parenté amusante est celle de la Maison d'Autriche, qui s'établit très facilement par un petit tableau généalogique que j'ai à JONCY. Au XVIème siècle, Pierre de MORVILLIERS, Chancelier de France, eut deux filles dont la descendance directe et sans lacune aboutit d'un côté à Catherine CHOART, mère de la dernière Baronne de JONCY, et l'autre à une Princesse de SALM, aïeule de l'Empereur François Joseph d'Autriche-Hongrie. Je n'ai jamais eu l'occasion ni le désir de m'en prévaloir auprès des HABSBOURG.

Sur JONCY, il n'y a plus à dire que ceci: le dernier Baron de JONCY laissa deux filles ~ Madame de LATANE de PUYFOUCAULD (Périgord) et ma grand'mère CHERISEY. Je reviendrai à ma grand'mère en terminant la généalogie de notre branche cadette.

Madame de LATANE eut deux filles: la Comtesse de BOISJOURDAN (croisades) qui eut CHANTEAU et Madame de la MAISONNEUVE: JONCY. 0 Chez les BOISJOURDAN, il ne resta qu'une fille, Mathilde, Religieuse des Dames du Sacré-Coeur, Assistante de cette congrégation à Rome, Fondatrice et Supérieure des Couvents du Sacré-Coeur de Venise et de Florence. C'est là que nous la vîmes, à l'occasion de l'un de nos voyages en Italie.

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Mon père l'aimait beaucoup. Elle laissa CHANTEAU à Jacques de FONTANGES; le château disparut entièrement dans un incendie.

A moi, elle laissa ce qu'elle avait recueilli de l'héritagede sa cousine de BEZE à JONCY : le pré du Vigny et la petite Garenne.

Quant à Madame de la Maisonneuve, elle habita peu JONCY qui avait tant souffert de la Révolution. Sa fille unique, Madame Théodore de BEZE ne l'habita jamais. J'ai expliqué ailleurs par

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quel concours de circonstances ma grand'mère ayant hérité à 94 ans d'un quart de la terre restant de JONCY, me demanda de le reprendre. Avec la très petite part de la Religieuse BOISJOURDAN et les prés des Perches rachetés par moi, j'ai actuellement un peu plus du tiers de ce que la Révolution a laissé. Mais tous les grands et beaux bois sont restés au Département ou à la Commune, plusieurs terres ou prés vendus n'ont pu être repris, etc... Ce n'est plus la grande et opu-lente Baronnie. Mais tel qu'est encore notre JONCY, je crois en avoir tiré le parti le meilleur. C'est une petite terre, bien placée et rassemblée sur les deux côtés de la rivière de Guye, d'un bon rapport, facile à entretenir et à habiter.Nous nous y sommes beaucoup attachés.

Pour terminer la lignée paternelle, je n'ai plus qu'à

énumérer la descendance sortie de CRECY, c'est-à-dire la branche

cadette des CHERISEY.

II - BRANCHE CADETTE (Suite)

Mes grands parents eurent six enfants:1°) Gérard, Comte de CHERISEY, Colonel d'Infanterie,

Commandeur de la Légion d'Honneur, marié à Claire d'HESPEL, Gouverneur de la place de LANDRECIES, mort à CRECY, à l'âge de 87 ans, père de Renaud et de Jean, de Marthe, Anne-Marie

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et Germaine. - Renaud eut de Geneviève de FAYET, Henri de CHERISEY, lui-même marié à Renée de BARTILLAT, d'où un fils Hervé, et une fille Geneviève. Henri est le propriétaire actuel de CHERISEY. Jean épousa Antoinette de LANNOY (Belgique), pas d'enfants. Marthe eut d'Alphonse des FRANCS, une fille qui habite un petit château près d'Orléans et qu'aucun de nous n'a vue ni entendue depuis la mort de ses parents.

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Anne-Marie épousa un MONLIVAULT : pas d'enfants.

Germaine, ma contemporaine, Religieuse du Sacré-Coeur, morte récemment. De toute cette famille, avec laquelle nous avons été si liés, il ne reste pour nous que les Henry et leurs enfants, Hervé et Geneviève, ci-dessus nommés. Je ne pense pas que nos enfants rencontrent jamais la fille des FRANCS.

Deuxième fils de mes grands parents : Henri de CHERISEY, officier d'avenir, disait-on, mort tristement du choléra à la guerre de Crimée, enterré à CONSTANZA (Roumanie). Il fut toujours regretté de sa famille. Longtemps après sa perte, ma grand'mère n'en parlait qu'avec la plus vive émotion.

3°) Louis (1830-1918), mon père qui reviendra tout à l'heure, et trois filles: Anne, Marie et Gabrielle. Cette dernière, restée jusqu'à 80 ans petite fille et ingénue, jouait naturellement un grand rôle auprès des enfants. Elle ne quittait jamais CRECY, son canapé et sa tapisserie.

4°) Anne épousa le Vicomte de FONTANGES (Croisades), Inspecteur Général des Finances. Nous trouvions cet oncle un peu sévère. Il jouissait du plus grand crédit à CRECY et ma grand'mère le consultait sur tout: cela nous agaçait. La tante de FONTANGES était la bonté même. Elle nous aimait comme ses enfants et nous l'aimions tous. Nous l'avons toujours vue beaucoup, tant à CRECY où elle passait tout l'été, qu'à

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PARIS où elle nous recevait fréquemment. Ses fils Hugues et Jacques étaient largement nos aînés. Elle perdit une fille, Marguerite, mariée tard au Marquis d'HANTECOURT et morte peu après. Très douée et pleine de charmes, nous l'admirions tous et l'aimions. Hugues épousa Odette d'HAUTESERVE dont il ne reste que deux fils: Géraud, Polytechnicien, ancien Directeur du Service Géographique de l'Armée, fait général en 1939 et prisonnier en Allemagne de 1940 à 1945, pas d'enfants ; Guy, qui habite Versailles et a 3 enfants, dont un, père

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Eudiste, et une, religieuse.

La tante de FONTANGES mourut vers 1918, âgée de 94 ans. Le second fils de la tante de FONTANGES, Jacques, épousa Marguerite de GERES (Bordelais). Deux fils: Henri, marié à Anne de GAALON (Bordelais), une fille, et Jean, marié à Christine de ROSTANG, 5 fils. Ils habitent l'Anjou. C'est avec ce rameau que nous restons le plus liés.

5°) Marie épousa le Marquis de GRASSE (Croisades) des Princes d'ANTIBES, Colonel de Cavalerie, mort en activité à Rambouillet, je crois. Elle avait été très belle et très brillante. Les officiers, parmi lesquels était le futur Maréchal LYAUTEY, l'appelaient "Marie pleine de grâces". Quand je l'ai connue, elle portait encore très haut et parlait avec une grande autorité, comme s'il lui appartenait de mener le régiment. Soit avant, soit après son veuvage, elle passait de longs mois à CRECY et y apportait beaucoup d'entrain et de verve spirituelle. Au demeurant, brillante musicienne. Elle s'installa à Versailles pour finir et y mourut à 80 ans, "étonnée, me dit-elle, peu de jours avant sa mort, de ne pas aller plus longtemps". Elle eut une fille, morte jeune du choléra, et deux fils: Foulques et Guillaume.

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Foulques, capitaine d'infanterie de marine, fit toutes les colonies françaises, puis se maria assez tard avec Consuelo FOULD-STIRBEY, adoptée par un Prince Roumain STIRBEY. Nous étions mécontents de cette alliance et ma tante en avait bien souffert.

Guillaume, Marquis de GRASSE des Princes d'ANTIBES, après son frère Foulques, très choyé par sa mère et par tout le monde à CRECY, grand chasseur courant les bois, épousa Lucie LAGRENE, voisine de campagne. Il a laissé un fils, Rambaud, et une fille, Guillemette de BEAUVILLE, qui a deux enfants. Je ne vais pas plus loin; les jeunes de la famille peuvent aisément connaître ceux de leur génération.

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Reste donc mon père, auteur du 2ème rameau de la branche cadette; c'est le troisième fils de mes grands parents:Louis. - Et voilà LAVAURE qui surgit... . LAVAURE, le paradisde notre enfance et de notre jeunesse qui, pour nous, surpassait tout en beauté et en agrément.

Mon père épousa Thérèse de ROMEUF, fille unique, beau parti et héritière de LAVAURE. Je vais arriver bientôt aux ROMEUF et à la ligne féminine de notre famille.

Mes parents eurent 5 enfants: 1°) Henriette, mariée au vicomte d'AMONVILLE des NOTS, Colonel de Cavalerie, Officier de la Légion d'Honneur, décédé en Juin 1940, au moment de l'invasion allemande. Ils eurent eux-mêmes trois enfants ~a) Jacques, époux de Anne-Marie CASENAVE, aujourd'hui général de cavalerie et prisonnier de 1940 à 1945 en Allemagne. Il a eu douze enfants, il en reste onze.b) Jean, marié à Antonia de LA VILLEON (2 garçons); mort en 1942. Antonia s'est remariée à un Américain.c) Louis, Lieutenant d'Artillerie, tué en 1916. d) Madeleine, mariée à Albert de JABRUN, décédée en 1943. Trois enfants, dont un fils Enseigne de Vaisseau, paraissant plein d'avenir, tué à Casablanca en 1940.

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e) Simone, célibataire.f) Marie-Anne, célibataire.g) Elisabeth, morte en 1942, Religieuse de St-Vincent de Paulh) Sabine, morte jeune en 1915.

Ne restent donc que les Jacques, Simone, Marie-Anne, Jabrun, avec deux enfants, et les deux fils de Jean.

2°) Jeanne, la bonne tante Jeanne, célibataire.

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3°) Guillaume, toujours appelé Guy, Officier de Cavalerie très brillant, Chevalier de la Légion d'Honneur, sportman dans sa jeunesse, devenu propriétaire de LAVAURE, mais vivant très retiré aujourd'hui au Verger, en Anjou. Il a perdu sa femme, Jeanne de REVERONY, en 1941.

Deux enfants:a) Bertrand, Capitaine - pilote d'aviation, Chevalier de la Légion d'Honneur, époux de Françoise DAUM (5 enfants), installé maintenant à LAVAURE ;b) Hélène, mariée à Robert de MEURVILLE, décédé en 1946, Capitaine de Corvette, Officier de la Légion d'Honneur et mère de Bertrand de MEURVILLE, déporté comme résistant à Buchenwald par les Allemands (agent de liaison du Général Koenig) .

4°) René, moi-même, marié à Elisabeth, Madeleine, Ghislaine van de WOESTYNE ou de la WOESTYNE. L'on doit dire: van de WOESTYNE en Flandre, de la WOESTYNE en France. La particule étrangère se traduit en général. En France, l'on dit:Le Prince de Bismark, le Prince de Bulow, le Duc de Wellington et non pas: Furst von Bismark, von Bulow, Duc of Wellington; l'on dit de Zuylen, de Nievelt et non pas van zuylen, van Nievelt, etc...

La branche aînée a été représentée en France depuis Louis XIV, par le général Marquis de la WOESTYNE, venu probablement au moment des guerres de Flandre. Elle s'est éteinte dans un autre

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général Marquis de la WOESTYNE, sous Napoléon III. Il fut, je crois, un moment Ambassadeur auprès du Vatican.

Je crois me souvenir que ce Marquis de la WOESTYNE avait épousé une fille de Madame de GENLIS.

Avant d'en venir à moi, je dois placer ici ma troisième

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soeur, c'est-à-dire le 5ème enfant de mes parents.

5°) Marie-Thérèse, plus jeune que moi de 7 ans, plus jeune qu'Henriette d'AMONVILLE de 11 ans, la chère et si animée Marie-Thérèse, l'enfant gâtée de la famille, morte prématurément en 1942. Je crois bien que c'était ma soeur de prédilection. Mariée au Baron de BONNAFOS (Lorraine-Cantal), elle devint veuve en 1916 ou 17. Elle habitait le beau et inconfortable château de VIESCAMP, où est son fils aîné, Henri, vivant seul la plupart du temps, ou avec la bonne tante Jeanne. Il avait épousé Huguette BAGUENAULT de VIEVILLE qui l'a quitté sans grand motif, un mois après la naissance d'une fille. Capitaine de réserve et prisonnier de guerre, il est tristement rentré d'Allemagne peu après la mort de sa mère. Son frère Joseph n'est pas marié jusqu'ici.

J'en reviens donc à moi-même pour parler un peu de la

famille de ma femme.

La branche belge de celle-ci fut moins brillante que la branche française, l'aînée. J'ai entendu dire que si le fils de ma belle-mère avait vécu, on eut demandé au Roi des Belges de le rattacher à cet aîné, en lui accordant la succession au titre de Marquis de la WOESTYNE. Mais ce fils Victor mourut encore enfant, cette perte fut pour mes beaux-parents une très dure épreuve. Puis ma belle-mère perdit son mari et sa fille aînée, première femme du Comte de Villers, d'où le terrible Charley de VILLERS. Ce dernier a eu d'Alice du MONCEAU un fils tué en avion vers 1920, et quatre filles: il a abandonné femme et enfants.

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La branche belge des de la WOESTYNE, ai-je dit, resta dans sa province, où elle se contenta d'occuper une place distinguée dans l'Echevinage de la ville de Gand. Quelques bonnes alliances; la

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meilleure est celle des LIEDEKERKE (grande chevalerie flamande d'origine, anciennement Princes de GAVRE)(van GAVERE), famille très nombreuse et grands propriétaires terriens aujourd'hui.

Le Baron van de WOESTYNE, mon beau-père, que je n'ai pas connu (mort en 1878), dernier du nom, marié à Marie Frédé-rique de LIEDEKERKE (1834 à 1909), fut attaché ou secrétaire d'Ambassade en France, puis maire d'Herzèle et Sénateur du Royaume de Belgique.

La Baronne van de WOESTYNE était une femme d'une grande intelligence et de beaucoup d'autorité. Ses filles et aussi ses gendres l'admiraient et la vénéraient. Sans les avoir trop gâtées dans leur jeunesse, elle restait attentive à tous leurs besoins et se dévouait sans réserve à les aider. J'ai eu grandement à me louer de sa bonté et de sa sollicitude pournous tous. Veuve, encore jeune, sollicitée, disait-on, de contracter une brillante alliance, elle avait refusé de se remarier. Dame d'Honneur de la Reine Marie Henriette, elle fut désignée par le Roi Léopold II pour organiser la maison de l'Impératrice Charlotte du Mexique, devenue complètement folle. Cette malheureuse Princesse, soeur de Léopold II et du Comte de Flandre, était installée au Château de BOUTCHOUT, près de LAEKEN. Pendant une dizaine d'années, ma belle-mère dut y aller fréquemment. Seule, elle avait pris beaucoup d'ascendant sur la malade. Celle-ci refusait parfois de manger par crainte d'être empoisonnée. L'on avait alors recours à ma belle-mère qui obtenait à grand peine de lui faire prendre quelque nourriture.

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De mes beaux-parents, il resta quatre filles:1°) Marianne, qui a épousé son beau-frère, le Comte de

VILLIERS. Ils ont perdu un fils, Ferdinand, mort jeune, un autre fils Freddie, tué en 1918, peu de temps avant la fin de la guerre. Il reste: Jean, propriétaire de Conjoux dans le Condroz, marié à Louise CORNET d'ELZIUS (fille d'une LIEDEKERKE) et Madeleine, mariée au Vicomte de

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SOUSBERGHE. On connaît les petits enfants.2°) Louise, décédée en 1937, avait épousé le Baron de TRAUX

de WARDIN (Château de JODOIGNE - Brabant), Wallon, mort en 1919 ou 1920. Ils n'ont eu qu'un fils, Henri, Baron de TRAUX de WARDIN, Ministre Plénipotentiaire de Belgique, marié à une cousine flamande, Gertrude della Faille: deux enfants et des petits enfants.

3°) Marie-Thérèse, mariée au vicomte Gustave du Parc de LOCMARIA (Breton, devenu Flamand) ; c'est eux qui habitent la demeure familiale, le cher HERZELE en Flandre, qu'ils ont restauré et embelli. Ils ont perdu leur fils aîné, Raphaël, tué sur le front en 1917. Il leur reste: Guillaume, marié à Jacqueline de LANNOY, François à Emmanuelle SIMONIS, Elisabeth au Marquis de LAMBERTYE (Cons la Grand ville, Lorraine), et Marie-Antoinette, célibataire. Dans les trois rameaux, il y a des enfants.

4°) Elisabeth, ma femme, à qui j'ai dû de longues années de bonheur.Nos enfants sont : Philippe

Louis René Nivelon Ghislain marié à

Béatrice de VILLERMONT (famille originaire de Champagne, établie en Belgique par mariages) ;

Guillaume Marie Ghislain, marié à Yolande de MURARD de SAINT-ROMAIN (Dauphiné et Bourgogne) ; ils sont installés au Maroc, où Guillaume a réussi comme colon: 5 enfants.

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Marie-Jeanne Ghislaine, etc... mariée à Guillaume de BUXEUIL, Baron de ROUJOUX (Château de la Tour de l'Ange, près de Mâcon). De Lorraine, la famille aurait passé en Ecosse,puis en Bretagne, enfin en Bourgogne.

Nous avons perdu notre second fils Pierre, Marie, Ghislain en 1916, à l'âge de 18 ans, charmant enfant qui offrait à notre avenir les plus belles promesses. Ce fut une grande et longue douleur.

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Je n'en dirai pas davantage sur la famille de Belgique. Gustave du PARC a fait à ce sujet un travail sérieux qu'il sera facile de consulter.

J'ai, au cours de ces 27 pages, énuméré les parentés du c8té paternel; je l'ai fait un peu longuement, peut-être pas très clairement. Il est difficile de ne pas se laisser aller ici et là à des souvenirs personnels et heureux. J'en reviens au côté maternel de ma famille.

II COTE MATERNEL

L'on a vu que mon hérédité paternelle, d'origine chevaleresque, est restée en grande partie surtout militaire. D'où mes goûts pour les choses de l'armée; pendant tout un temps, je regrettai de ne pas être entré à Saint-Cyr, comme mon frère. Bientôt, cependant, une fois engagé dans la carrière, je compris que j'étais certainement plus propre au service diplomatique. Mes retours vers l'ancienne chevalerie faisaient dire en riant au Prince Sixte de BOURBON: "CHERISEY, c'est un féodal..."

.

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Du côté maternel, si l'illustration s'est faite par les armes chez les généraux de ROMEUF et de VILLERET, l'origine était beaucoup plus modeste, et l'on peut dire toute provinciale. Il est vrai que presque toutes les familles ont une origine provinciale ; c'est le labeur, ce sont les vertus obscures et sans éclat de la province qui ont fait la vraie France.L'on prête, à ce sujet, un joli mot à Louis XV qui se piquait d'être un parfait gentilhomme et savait bien tout ce qu'il devait à la noblesse de province sur les champs de bataille et ailleurs. Louis

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XV voyant arriver à Versailles un inconnu demande à un de ses courtisans: "Qui est ce seigneur ?"- Le courtisan, avec un certain mépris, répond: "Oh, Sire, c'est quelqu'un de la province"... - "Ah ! reprend Louis XV... .00 et vous, Monsieur, n'êtes-vous pas venu de la province? Seriez vous, par hasard, né dans mon antichambre?..." 11

Comme pour les CHERISEY et les JONCY, je dois établir les parentés à partir de mes bisaïeux.

Les ROMEUF et les BRUN de VILLERET sont originaires du GEVAUDAN. Sortis, je pense de la judicature locale, ils se trouvaient, vers la fin du XVIIIème siècle, possesseurs d'une bonne situation territoriale, placés de l'un et de l'autre c8té de la Margeride, quand s'établirent leurs alliances à la géné-ration de mes grands parents.

ROMEUF

Claude,Baron de ROMEUF, père de mon grand-père (de la VOULTE - aujourd'hui LAVOUTE CHIBHAC) était appelé le Roi de la Montagne, en raison de l'importance de ses propriétés.

Il épousa Flore de FAUVEAU (miniature à JONCY sur une bonbonnière) qui, elle, était bien, je crois, d'origine parisienne. Elle était la cousine germaine du Baron de FREMILLY, auteur d'amusants mémoires qui se trouvent dans la bibliothèque

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de JONCY. FREMILLY dit: "Ma chère Flore, que j'aimais commeune soeur !". Il faisait partie de la jeunesse dorée au moment de la Révolution. Rapprochement curieux, il fréquentait le salon de Madame LE SENECHAL, dont je parle plus haut, mère de la Marquise de CHERISEY et de la Marquise d'AUDIFFRET. Il n'eut qu'une fille: la Marquise de PIMODAN, d'où descendent tous les PIMODAN actuels

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(chevalerie lorraine). Ceux-ci sont donc nos parents; ils l'étaient beaucoup plus anciennement par une alliance avec les CHERISEY -je n’en sais plus la date.

Claude de ROMEUF eut deux frères, dont deux généraux du Premier Empire. L'un fut tué à la MOSKOVA 1 son nom est inscrit sous l'Arc de Triomphe à Paris et sert de frontispice à une des casernes du Puy. L'autre général de ROMEUF eut un fils, du nom d'Alexandre, je crois, marié à Melle de MESMES ; assez changeant et peu économe, il fut quelque temps propriétaire du Château de Champignolles, où sont aujourd'hui les CHARMASSE (Autunois) et conseiller général de Saône & Loire. Il se serait ruiné enexpériences agricoles et fut obligé de vendre. Il était le père de la Comtesse de JOUFFROY d'ABBANS (celle-ci dame d'honneur de la Princesse Blanche d'Orléans), de la Comtesse de JESSE-CHARLEVAL dont le mari fut longtemps maire de Marseille et de John de ROMEUF, cousin que nous appréciions beaucoup, en raison de sa gaîté, de sa verve et de son originalité. De toute cette famille, il ne reste personne, sauf les enfants d'un second mariage de M. de JESSE qui sont parents assez proches et bien vus des ROUJOUX.

J'arrive à la descendance de Claude de ROMEUF, père de mon grand-père et restant seul de son nom.

Il eut de Flore de FAUVEAU : 4 fils et 2 filles.

Pour la commodité du tableau, je placerai mon grand père

le dernier, bien qu'il ne fût pas le plus jeune, me semble-t-il.

30.

1°) Jules, Baron de ROMEUF, resté fidèle à son coin de pays, habitait le Château de la Vallette, aujourd'hui aux BAUDIN, dans un site très pittoresque, bien plus élevé que La Voûte, qui est sur une boucle de l'Allier.

Il eut quatre enfants : Albert et Jules de ROMEUF, jeunes gens élégants de Paris, faisant partie de la bande de

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GRAMONT CADEROUSSE, GALLIFET, etc..., morts célibataires, l'un des deux tué dans un accident de chevaux emballés; et deux filles: Madame BAUDIN et la Baronne de BAUMEFORT.

Madame BAUDIN fut mère de François et de Jean; l'un et l'autre ont eu fils et filles. Elle habitait La Valette et le fils de François est aujourd'hui BAUDIN de la VALETTE. Lui même, marié à Mademoiselle de VEYRAC, a des enfants.

La Baronne de BAUMEFORT habite le vieux château de Soulages, très haut perché dans les montagnes de la Loire, qu'elle avait hérité d'une soeur de son père et de mon grand-père (voir ci-dessous). Elle n'eut que deux filles, mortes récemment : Gilberte, célibataire, et la toute charmante Jeanne, mariée à M. de LIMAIRAC (de Nîmes, je crois).

Jeanne de LIMAIRAC eut quatre enfants : une fille, décédée célibataire, une fille mariée au Baron de BELINAY, parent des BONNAFOS (pas d'enfants) et deux fils : Joseph de LIMAIRAC, qui est resté à Soulages et à Nîmes, et Pierre de LIMAIRAC, officier de marine démissionnaire, habitant Lyon et le château ancien de BAUMEFORT, venant d'un grand oncle, frère de son grand-père. Nous conservons de bons rapports de famille avec eux tous.

2°) La Baronne de SOULAGES, morte sans enfants, et qui a laissé sa fortune, ou tout au moins sa terre, aux BAUMEFORT, puis

aux LIMAIRAC.

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3°) La Baronne BRUN de VILLERET, mariée au frère aîné de ma grand'mère

de ROMEUF. Il y a ici double alliance. Elle fut la mère de Louis de

VILLERET et la grand'mère de Madeleine de FELIGONDE. J'y reviendrai

en parlant des VILLERET.

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4°) Barthélémy, Baron de ROMEUF, fut longtemps questeur du Corps

Législatif sous Napoléon III. Bien allié, bien posé à Paris, il avait

épousé Henriette de SOYE, fille d'une SAULTY. J'ai vu souvent cette

tante et c'est avec cette branche des ROMEUF que nous sommes toujours

restés le plus liés. C'est Barthélémy ou Thelmy qui construisit le

petit château de Saint-Maurice où sont maintenant les d'ANTHOUARD.

Il n'y eut qu'un fils: Maurice, Baron de ROMEUF, marié à Eugénie AZEVEDO (origine inconnue). Nous aimions beaucoup leurs enfants :

a) Guy de ROMEUF, marié à Edwige de SUSBIELLE (Bordelais), mort assez jeune en laissant une fille, Solange, qui a épousé un M. MAZOT, d'où deux ou trois filles que je ne connais pas ;

b) Hélène, Comtesse de VASSAL-MONTVIEIL, Château de MONTBADON(Gironde), cousine que j'aime beaucoup. Elle a perdu prématurément son mari, brillant officier de cavalerie, et sa fille unique. Celle-ci, mariée à Mr de MONTFORT, aviateur de la guerre 1914-18, a laissé un fils et deux filles que je n'ai vus que tout enfants (Bordelais);

c) Geneviève, mariée au Baron d'ANTHOUARD de WASSERVAS, Ministre Plénipotentiaire de France, décédé en 1944 au Château de Saint-Maurice, où il s'était tout à fait fixé. Geneviève, grande amie de ma soeur BONNAFOS, est morte vers 1920. Ils ont laissé 4 fils et 1 fille ; tous, sauf Bertrand, le deuxième, sont mariés aujourd'hui. Trois fils sont bien mariés.

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5°) Louis de ROMEUF, qui fut procureur général ou premier président de la Cour à Pau, marié deux fois. Du premier lit, il a eu :

a) Gaston, Château de SAINT-ALYRE (Puy-de-Dôme), d'où deux fils que j'ai bien connus, un peu plus jeunes que moi, au Collège des Maristes de Riom et bien perdus de vue depuis. C'étaient Jacques et Jean, le premier a laissé plusieurs fils, dont l'aîné est aujourd’hui le Baron de ROMEUF ;

b) Paul, de ROMEUF, Château de CONDERT (Haute-Loire), intelligent et très original, a laissé une fille, la Baronne de VULLIOD, veuve d'un propriétaire d'importants vignobles dans l'Hérault. Un fils de Paul, mort jeune, avait une fille mariée récemment et un fils tué dans un accident d'automobile ;

6°) Reste mon grand-père, Amédée de ROMEUF, fils de Claude de ROMEUF et de Flore de FAUVEAU. Il épousa Cornélie BRUN de VILLERET, fille du Lieutenant Général Baron de VILLERET et de Melle de CABOT de la FARE (Julie, si je ne me trompe). Il termina sa carrière comme Trésorier-Général du Puy-de-Dôme; c'est pourquoi nous habitions Clermont-Ferrand, où je suis moi-m~me né, le 15 février 1868.

Ma mère, Thérèse de ROMEUF, était fille unique et ce que l'on appelait un beau parti. C'est dire qu'elle fut choyée et adulée. Je ne crois pourtant pas qu'elle fat gâtée par ses parents, car je lui ai toujours connu l'esprit de sacrifice et un dévouement complet pour tous. Elle nous a élevés sévèrement, ce dont je lui ai toujours conservé la plus vive reconnaissance. Ma grand'mère ne nous gâtait pas non plus. Mon grand-père peut-être, mais il mourut en 1875, j'avais 7 ans.

Mes grands-parents avaient acheté LAVAURE où l'on passait tout l'été. Nous allions seulement à CRECY pendant un mois, au cours des vacances. A nos yeux, LAVAURE primait tout.

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Là, était le plus beau Château, rempli du plus beau mobilier,le plus merveilleux pays avec le plus agréable climat, les gens les plus aimables, les voisins préférés, les meilleurs fruits, la cuisine la plus exquise. Nous aimions bien CRECY, mais pour un temps, comme un voyage distrayant, mais ni la grande et belle terre avec ses vastes bois, les promenades, les jeux avec les cousins et cousines, la compagnie de notre chère grand'mèreles conversations intéressantes, etc..., ne nous auraientretenus et le retour à LAVAURE était la plus grande joie. Heureu-ses vues de l'enfance qui nous attachent à nos premières amours et nous procurent, pour l'avenir, toute une réserve des plus doux souvenirs.

Ce qui est très certain, c'est que mes grands parents avaient un goût très sûr à une époque où il y en avait si peu, et où tant de beaux châteaux ont été déplorablement abîmés par leurs restaurateurs. Je dis toujours que les habitations qui ont eu le malheur d'appartenir à des gens riches au milieu du XIXème siècle ont été détériorées sous le prétexte d'embellissements, tandis que celles où l'on n'a fait que très peu de réparations, faute d'argent,offrent encore aujourd'hui de magnifiques restes. combien d'exemples des uns et des autres je pourrais citer dans notre Bourgogne et parmi nos proches voisins.

Mes grands parents avaient donc acheté LAVAURE à très bon compte et presque entièrement garni de ce superbe mobilier qui en fait une chose unique. Ils y avaient fait quelques restaurations sans anachronisme et apporté encore un petit nombrede très beaux meubles, la plupart, comme les boiseries peintes de la salle à manger, provenant du Château d'EFFIAT. Presque tout le mobilier ainsi était de style ancien et d'époque. A l'extérieur, l'architecture datant, je crois, de 1695, bien qu'un peu lourde, et du côté jardin, monotone, avait grand air. Des allées bien

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tracées, même celles parcourant les vignes sur

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une hauteur et les vergers le long de la rivière agrandissaient le parc un peu exigu et faisaient but de promenades. c'était en somme une fort belle résidence, dans un pays où le terrain a trop de valeur pour ne pas être ménagé et où il n'y a pas de bois. Il y manquait la chasse ; elle manquait surtout à mon père qui avait été élevé à CRECY. Mais il avait un si charmant caractère, qu'il s'était attaché à LAVAURE sans chasse. Il disait : "Quand on n'a pas ce que l'on aime, il faut s'attacher à ce qu'on a".

Mon cher père, - après avoir été secrétaire de l'Im-pératrice Eugénie, fit une carrière administrative comme SousPréfet d'Issoire et Secrétaire général de la Sous Préfecture de Dijon, - puis il s'attacha pendant plusieurs années, comme maire, à l'administration de la Commune de NESCHERS. Il présida à la construction d'une belle mairie et d'une école publique, puis d'une église très bien comprise et soignée dans tous les détails, puis d'une école libre de garçons. Il en recueillit surtout de l'ingratitude. Il vécut souriant et aimable jusqu'à 87 ans ; je n'ai jamais connu une vieillesse plus verte physiquement et moralement, un plus complet équilibre de toutes les facultés.

Ma mère qui mourut un an après lui, le 25 mars 1919, à 78 ans, avait été valétudinaire pendant de longues années. Les derniers temps, elle souffrait cruellement. Elle restait bonne, mais son humeur s'était bien attristée.

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VILLERET

L'autre côté de mon ascendance maternelle. Il ne reste que peu de parents du côté eu de parents du côté VILLERET.

Mon bisaïeul était le Lieutenant Général Baron de BRUN de VILLERET, qui fut l'aide de camp et l'ami du Maréchal SOULT. Il commanda le 13ème corps d'armée à Clermont-Ferrand. Homme distingué et très religieux - il y en avait aussi à cette époque. Un petit livre: "La morale en actions" qu'on lisait beaucoup dans ma jeunesse, raconte cette anecdote à son sujet. Invité aux Tuileries à dîner un vendredi, la Reine Marie Amélie à côté de qui il était placé, s'aperçoit qu'il refuse tous les plats. "Mais, Général, vous ne mangez pas, lui dit-elle. Que désireriez-vous ?" - "Madame, répondit-il, sans élever la voix, c'est que tous les mets présentés jusqu'ici sont gras et aujourd'hui c'est vendredi". - De l'autre côté, le Maréchal SOULT s'inquiète. Il a compris ce qui se passe. "Mais, voyons, mon ami, dit-il, mange donc comme tout le monde. Tu sais bien quele Roi, comme tous les militaires, est dispensé de l'abstinence". -"Excusez-moi, reprend le général, et pardonnez à mon intransigeance qui date de très loin. Je n'ai jamais fait gras qu'une seule fois, le vendredi, ce fut à tel siège en Allemagne où je me vis forcé de manger la tête de mon cheval". - La Reine loua, dit l'histoire, une obstination aussi résolue et l'on apporta du maigre sans insister davantage.

Le Général de VILLERET avait épousé Julie (?) de LA FARE, fille du Marquis de CABOT de LA FARE et d'une BRUGE-MONTGOMERY.

Les BRUGE-MONTGOMERY, originaires de Grande-Bretagne -Bruge - bridge - pont) ont brillé à la Cour de la Restauration en la personne de deux frères: l'un gouverneur de l'Ecole des Pages, l'autre, aide de camp de Charles X, si j'ai bonne mémoire.

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Les mâles de cette maison quittèrent la France avant Charles X et devinrent Allemands. Deux officiers BRUGE furent contre nous pendant la guerre de 1870. Ils passèrent à LAVAURE où l'on conserve leur photographie en uniformes allemands et s'y comportèrent d'ailleurs en bons gentilshommes. Chose curieuse, quelques 20 ans après, un de leurs descendants, Victor de BRUGE,pressé par les sentiments de l'atavisme français, arriva en France chez les REGIS, puis s'engagea dans la Légion Etrangère. Il mourut sans être marié et il n'est plus question de parenté du nom de BRUGE.

Si je parle de cette famille, c'est pour retrouver des parentés féminines: l'un des frères BRUGE-MONTGOMERY eut pour fille la Marquise de la ROCHELAMBERT, cousine de la Générale de VILLERET. Je l'ai connue à LAVAURE dans mon enfance, grande dame plus ou moins ruinée. Elle avait été élevée en Allemagne et fut demoiselle d'honneur de la Reine, plus tard Impératrice Augusta, femme de Guillaume Ier. La Marquise de La ROCHELAMBERT eut un fils, qui vendit le ravissant château de ce nom, près du PUY, - si bien décrit par George SAND dans Jean de la ROCHE -, puis mourut sans postérité mâle.

Elle eut aussi trois filles. L'aînée, la Comtesse de VALON, légitimiste intransigeante comme sa mère, eut deux fils et une fille, Valonette, qui épousa le Marquis de CASTELBAJAC. Les deux autres filles La ROCHE LAMBERT furent:la Comtesse de la BEDOYERE, devenue la Princesse de la MOSKOWA et la Comtesse de la POEZE, toutes deux dames d'honneur de l'Impératrice Eugénie. Nous eûmes des relations de parenté avec tout ce monde. Ces relations ont cessé parce que l'on ne s'est plus rencontrés; elles pourraient reprendre à l'occasion.

Au degré suivant, celui de la Générale de VILLERET, mon arrière grand'mère, se rattachent les parentés La FARE.

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Il y eut plusieurs LA FARE: l'Abbé de la FARE, grand vicaire de Mgr de La ROCHEFOUCAULD, évêque de Nîmes, je crois, l'un et l'autre massacrés par les sans-culottes sous la Terreur. L'oncle Thémistocle, l'oncle Alcibiade, sans postérité.

Ensuite:a) le Marquis de la FARE, que j'ai bien connu ; j'allais chez lui à ARIGES, près de FLORAC ; il était veuf d'une des ISNARD et n'a laissé qu'une fille; b) le père de la Comtesse de Régis,c) la générale de VILLERET.

Ces trois derniers n'étaient pas frères et soeurs, mais cousins. Je me perds un peu en l'absence de mes documents. La famille est éteinte, et je n'en parle que pour nous rattacher aux REGIS, auxquels nous liait une grande amitié.

Ma tante de REGIS, née La FARE, chez qui j'ai fait de longs séjours dans le Midi, eut deux fils et une fille. Celle ci, Henriette, célibataire, fort âgée, nous garde les sentiments les plus fidèles et m'écrit chaque année. Les deux fils, Georges et Louis, sont morts laissant chacun plusieurs enfants.

1°) Louis a laissé deux fils: l'aîné, Jacques, habite La Rostolane, près d'AIX-en-PROVENCE, célibataire ; le second, Georges, marié à une GARIDEL, habite SAINTE-MARIE pas loin de TARASCON, avec la tante Henriette ;

2°) Georges, l'aîné de la famille, un peu plus âgé que nous, était notre grand ami. Il faisait chaque année,avant son mariage, un long séjour à LAVAURE, où nous le traitions comme un frère.

D'Henriette de BERLIER TOURTOUR, décédée après lui, il a eu 6 ou 7 enfants. Il reste un père Jésuite très distingué, Philippe, que nous avons vu plusieurs fois à Rome, Directeur du Séminaire catholique Russe (de rite oriental) ; Henri, marié à Gabrielle du JONCHAY, voisine de JONCY ; Roselyne, mariée à un

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officier BALINCOURT, que j'ai retrouvé dans le régiment de cavalerie de Mâcon en 1941 ; Marie-Thérèse, religieuse du Sacré-Coeur, et Marthe, non mariée, qui vit seule près de Draguignan et à N1mes.

A la génération de ma grand'mère de ROMEUF, née VILLERET, je retrouve des parentés qui ont joué un grand rôle dans notre vie d'enfants ou de jeunes gens, et dont il subsiste bien peu aujourd'hui. Tant que nous habitâmes Clermont, nous nous trouvions naturellement plus liés avec cette branche. Il n'en fut plus de même quand mes parents quittèrent CLERMONT pour s'installer à PARIS, après le mariage de ma soeur d'AMONVILLE, en 1886.

Le Général de VILLERET et sa femme, née LA FARE, laissèrent quatre enfants:

1°) le Baron de VILLERET, marié à Mélanie de ROMEUF, soeur de mon grand-père, comme je l'ai déjà dit (double alliance). Ils n'eurent qu'un fils, Louis, Baron de VILLERET, qui épousa Laurence BOHA, nièce du célèbre Ministre de Napoléon III, Mr ROUHER. D'où une fille unique, Madeleine de VILLERET, mariée tard à Jacques de FELIGONDE, bientôt veuve, qui a ces temps-ci 78 ans. Elle habite CLERMONT et le VILLERET, terre d'origine familiale, près de MALZIEU (Lozère). Elle est la dernière des VILLERET. Habitant la même ville depuis trois générations, nous avons été et sommes toujours restés très liés avec ce rameau. Madeleine était fort intelligente, cultivée et séduisante,comme son père d'ailleurs.

2°) Edmond BRUN de VILLERET, Conseiller à la Cour de Lyon, marié à Stéphanie de VEYRAC, père de Jeanne de LAJUDIE et de Marguerite de ROTON. Ces deux cousines de ma mère étaient pas mal plus jeunes que ma mère et cela les rapprochait de nous. De la première, il y a eu deux fils LAJUDIE, Louis et Edmond, bien mariés et qui ont des enfants, plus une fille que l'on appelle Manette. Elle

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a épousé Alfred de CHANTEMELE et a trois ou

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quatre enfants. C'est elle qui conserve la vieille maison des VILLERET au MALZIEU (Lozère).

Des ROTON (famille lorraine), il reste un fils, Georges, bien marié aussi. Tous sont de bons parents, que l'on voit peu, mais qui nous sont attachés.

3°) Zénobie de VILLERET, mariée à Dominique de ROUVILLE, ancien officier. Elle fut longtemps ma tante de prédilection.Il était convenu dans la famille de ma mère que "j'étais tout à fait du côté de cette famille". Lion disait souvent ~ "René, c'est un La FARE". D'où la préférence que me marquaient les oncles et tantes de ce côté et même ma chère grand'mère de ROMEUF. Je me sentais aussi attiré vers eux par un certain atavisme. Les ROUVILLE n'eurent qu'une fille, Gabrielle, qui épousa Louis, Baron de MATHAREL, Receveur des Finances.

La tante de MATHAREL était comme une soeur pour ma mère. L'on se voyait chaque jour. Habitant la même ville et même longtemps la même maison que les ROUVILLE, il devait exister une grande intimité entre enfants et entre parents, comme elle avait existé entre nos grands parents, Louis de VILLERET et Madame de MATHAREL pour ma mère, Marguerite de MATHAREL et Madeleine de VILLERET (devenue FELIGONDE) pour mes frère et soeurs et moi. Il en sera bien différemment de ceux qui nous survivront et que nous ne connaissons presque pas. Je veux parler de la descendance de la tante de MATHAREL. Elle n'eut qu'une fille, Marguerite, qui épousa Ernest du VERNIN, de Clermont-Ferrand. Les du VERNIN étaient des amis de ma mère, comme ils passaient l'été à VIC-LE-COMTE, tout près de LAVAURE, nous nous voyions beaucoup à l'époque des vacances. . Des du VERNIN, il y eut

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un fils, Jules, tué à la guerre de 14-18, et une fille, mariée au Comte de CERNOWITZ. Ce CERNOWITZ, officier français, était le fils d'un aide de camp ou chambellan du roi Georges de Grèce, qu'il accompagnait dans ses voyages annuels en France et fut, je crois, à ses côtés, quand le Roi tomba sous

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les coups d'un assassin à SALONIQUE. Le fils CERNOWITZ et sa femme, Catherine du VERNIN, ont été assassinés eux-mêmes, il y a moins d'un an, par des maquisards, je crois. C'est à peine si je les ai connus et je ne connais pas du tout leurs enfants(un fils et une fille, me semble-t-il).

4°) J'ai laissé ma grand'mère pour terminer, bien qu'elle fût, je crois, la seconde des enfants du Général de VILLERET. c'était Cornélie de VILLERET ,appelée Nélie, elle épousa Amédée de ROMEUF et n'eut pas d'autre descendant queThérèse de ROMEUF, mariée au Comte de CHERISEY. A ce degré de mon père et de ma mère, il n'y a plus qu'à se reporter au côté paternel CHERISEY, et à nous-mêmes.

Les deux lignées sont soudées. Je m'excuse d'avoir été si long et assez diffus. J'ai écrit au courant de la plume et je ne suis plus, hélas, en état d'affronter une retouche ou une mise plus en ordre de ce travail. Tel quel, si mes enfants prennent la peine de le lire, il leur apprendra un peu d'où ils viennent et ce qui ils doivent conserver de notre passé.

24 mars 1945,

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René de CHERISEY

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RESUME DE NOS PARENTES

Je crains de m'être perdu un peu dans les détails en décrivant toutes nos alliances. Cela paraîtra fastidieux. Peut-être serai-je plus clair en les résumant ici:

COTE PATERNEL

D'abord les plus proches côté CHERISEY :

1°) Enfants de mes frères et soeurs: MEURVILLE AMONVILLE

- JABRUN - BONNAFOS

2°) Enfants de nos cousins germains:

FONTANGES - GRASSE - BEAUVILLE - des FRANCS

3°) Enfants des issus de germains:

Les descendants de Gérard, le Marquis actuel 1

ceux de ses soeurs: BERU - CARMEJANE - SAINT-HILLIER ; ceux des LAPEYREY-NITOT (O'CORMAN sans enfants).

4°) En remontant jusqu'aux CHERISEY, auteur commun, fin XVIIIème siècle, désigné sous le nom de Louis III, nous avons deux grandes ramifications:

a) par la soeur de sa femme: tous les d'AUDIFFRET-PASQUIERet CORAL, IMECOURT et ses soeurs, NEVERLEE ;b) par sa soeur : HUNOLSTEIN-BRYAS, CHEZELLES, des COURTILS, etc..

Du côté JONCY, ma grand'mère paternelle, il ne reste

personne.

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COTE MATERNEL

Ramification par les cousins germains ou issus de germains de ma mère, celle-ci n'ayant pas de frère ou soeur:

l ROMEUF, VASSAL, d'ANTHOUARD, beaucoup

d'enfants,BAUMEFORT devenu LIMAIRAC, BELINAY, BAUDIN, de la

VALLETTE, VULLIOD.

II - VILLERET, La FARE: FELIGONDE, LAJUDIE, ROTON, CHANTEMELE,

CERNOWITZ, REGIS.

1Je ne parle pas des plus jeunes, on les connaît mieux et l'on pourra les rattacher aux noms ci-dessus. La nomenclature détaillée complètera celle-ci en tous les points de détails.

En général, j'ai donné quelques indications sur les parents disparus ; je n'ai rien

dit de ceux qui existent aujourd'hui. Mes enfants ont sans doute sur ces derniers leur opinion faite et

peuvent les juger autrement que je ne les jugerais moi-même.

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NOTA

L'usage adopté par les maisons des marches lorraines est, à l'exemple des familles du Saint-Empire Romain que, - le titre de Marquis étant dévolu à l'aîné, - tous les mâles portent le titre de Comte avec le prénom. Cette coutume n'existait pas en France.

- Aujourd'hui, hélas, il n'y a pas que fantaisie et incohérence dans cet ordre de choses.

- Sous la Restauration, l'on avait inventé de décliner les titres - le fils d'un Duc de l'Empire voulant être Marquis, etc...

- A la Cour de Charles X , le titre de Vicomte fut attribué à Victor, Louis, François de CHERISEY, chef de la branche cadette, mon grand-père. Plus tard, il redevint le Comte Victor. Le titre de Vicomte a été porté depuis par le représentant du dernier rameau. Mon père l'a conservé toute sa vie.

Il alla à Jean, fils de Gérard, époux d'Antoinette de LANNOY. Aujourd'hui, ce titre est porté par mon dernier fils, Guillaume, qui est bien le cadet de tous les CHERISEY.

Telle est l'explication d'une anomalie qui peut

surprendre.

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il

,

NOTES sur notre PARENTE (Côté paternel)

par le Comte René de CHERISEY

Ministre Plénipotentiaire de FranceCommandeur de la Légion d'Honneur

(Rédigé pendant la guerre 1940-1945)

numérisé par OCR par Jean Loup de Chérisey(les N°s de pagination sont ceux de labrochure donnée par Oncle René)

L'on me dit qu'il faudrait laisser quelques notes sur nos origines et les divers membres de notre famille existant aujourd'hui. La nouvelle génération est peu au courant de cette situation. Madame de BERNIS - la tante Céline - disait assez plaisamment, au moment des fiançailles de Yolande: "Guillaume sait qu'il a un père, qu'il a un grand-père... Passé quoi, il ne sait plus rien."

Je ne sais si j'aurai le temps de terminer ce travail que, faute de mes papiers restés à JONCY (1), je dois faire entièrement

de mémoire. Essayons toujours ...

Nous appartenons à une famille de la chevalerie lorraine qui, depuis les Croisades, s'est constamment illustrée par les armes. Constitué sur les marches du pays de Metz, le fief de CHERISEY a été en butte à toutes les guerres entre France et Allemagne. Pillé et ruiné 7 fois, (la septième fois en 1940),incendié 2 ou 3 fois, le château a toujours été rétabli et conservé par les Seigneurs du nom, sans patronyme ni aucune substitution. C'est un cas presque unique dans

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l'histoire de la Lorraine.Qu'entend-on par maisons de chevalerie lorraine? Ce

sont les maisons nobles d'origine, c'est-à-dire remontant au moins au XIIIème siècle, n'ayant jamais été anoblies par

(1) René de CHERISEY a passé les derniers temps de sa .vie chez sa fille, la Baronne de ROUJOUX, au Château de la Tour de l'Ange, à CHARNAY-les-MACON.

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personne et occupant un fief de franc alleu, fief que l'on ne pouvait tenir que de Dieu et de son épée.

Cette dignité de chevalerie conférait des privilèges importants: (haute, basse et moyenne justice), etc..., etc..., dont le principal était de siéger aux assises qui conservaient la direction suprême du pays. Je crois que cela subsista efficacement jusqu'au règne de Stanislas, ancien roi de Pologne et beau-père de Louis XV.

Il y eut environ 250 familles de cet ordre. Je crois qu'il en reste aujourd'hui 35 disséminées un peu partout. Quant à la division en "Grands Chevaux" et autres, elle est purement arbitraire. Il est certain que l'on reconnaissait à quatre familles une origine plus ancienne ou du moins plus certaine, en ce qu'elles se rattachaient aux Mérovingiens. Ce sont: HARAUCOURT, du CHATELET, LIGNIVILLE, et LENONCOURT.

Seuls, les LIGNIVILLE subsistent encore aujourd'hui.

Plus tard, un héraldiste fantaisiste (je crois que ce fut sous Stanislas) inventa les "Petits Chevaux". Il en trouva 20 ou 25; mais cette classification ne repose sur absolument rien de sérieux et il n'y a pas plus de raison d'attribuer une préséance aux BASSOMPIERRE, aux d'ASPREMONT ou aux LAMBERTYE plutôt qu'aux d'AUTEL, aux CHERISEY ou aux POUILLY. Le vrai principe est celui de la table ronde: Tous gentilshommes et tous égaux. (Voir la petite brochure à couverture rouge dans la salle aux Archives. Soc. de

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la Chevalerie Lorraine).

Le plus grand homme de guerre de notre maison fut Louis, Marquis de CHERISEY, Lieutenant-général des Armées du Roi, Lieutenant de ses gardes du corps, gouverneur du fort St-Jean de Marseille, Grand Croix de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis. Sa charge l'obligea à aller à Versailles. Jusque là, on était resté strictement lorrain et je me demande si ce n'est pas par esprit d'opposition que l'on adhéra pendant deux ou trois générations à la religion protestante.

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Fût-ce le père de ce Louis Ier, c'est-à-dire Charles de CHERISEY, capitaine des gardes du Duc de Lorraine, marié à une ERNECOURT (grande alliance) ou fût-ce ledit Louis Ier quirentra dans le sein de l'Eglise ? Depuis lors, en tout cas, il n'y eut plus d'hérésie dans la maison et l'on fit sa cour au Roi de France - mais beaucoup plus en militaire après ou avant les campagnes, qu'en courtisan habitué de Versailles.

Si Louis Ier eut été courtisan, il fut arrivé, je pense, au rang de Maréchal de France, car il exerça de grands emplois. Il eut la délicate mission de reconduire la petite infante en Espagne, quand Louis XV renonça à l'épouser. Plus tard, en 1758, à Dittingen, il se couvrit de gloire en commandant la maison du Roi. Il y fut blessé et perdit sa perruque, comblé d'éloges. Il avait 72 ans. La charge de commandant de la maison du Roi n'était habituellement donnée qu'à un Maréchal de France, comme aussi celle de Gouverneur du fort St-Jean de Marseille. (Nous l'avons toujours appelé "La Perruque", portrait de la salle à manger de JONCY).

Il eut deux fils: Louis II, qui viendra tout à l'heure, et Charles, Comte de NOUROY (vieux nom de la branche cadette), chef d'Escadres, qui bourlingua pendant 60 ans sur toutes les mers et fit la campagne d'Amérique pour finir sans enfants. C'est ce dernier que je représentais à la Société des Cincinnati de France, aux lieu et place du Marquis actuel. (Ce rôle revient maintenant à François

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de CHERISEY). Il eut aussi deux filles: belles alliances sans postérité aujourd'hui.

Son fils, Frédéric Louis II Chevalier, Marquis de CHERISEY, aide de camp du précédent à la bataille de DITTINGEN, devint aussi Lieutenant-général des Armées du Roi, Lieutenant de ses gardes du Corps, Grand Croix de l'Ordre Royal et Militaire de St-Louis. Il mourut âgé, après avoir été président de la noblesse des Trois Evêchés et du Clermontois aux Etats Généraux de 1789. Si je ne me trompe, l'une de ses filles avait épousé le Marquis du Lau d'Allemans. Il y eut aussi vers cette époque une alliance Chamisso.

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C'est son fils, Louis III, Chevalier, Seigneur et Marquis de CHERISEY, Lieutenant général des Armées du Roi, Lieutenant de ses gardes du Corps, Grand Croix de l'Ordre Royal et Militaire de St-Louis (1751 à l827) qui fut l'auteur des deux branches actuelles des CHERISEY. Il émigra et combattit dans l'armée des Princes. Pendant ce temps, sa femme (née Le SENECHAL), séjournait à Deux-Ponts où elle tenait un magasin de "Frivolités". Le soir, on allait dans le monde où l'on rencontrait beaucoup d'émigrés parmi lesquels le Chevalier de LAMARTINIERE qui faisait et vendait des chaussures. Mes arrières grands parents, partis de France sans rien, réussirent à vivre de leur petit commerce et rapportèrent 90.000 francs environ de bénéfice, dus au travail et à l'épargne. Le second fils, mon grand-père, naquit en émigration à LUXEMBOURG, en 1793. Les deux fils furent élevés en Allemagne. Mon grand père passa à l'Ecole des Cadets de Prusse (son portrait en uniforme bleu dans le salon de JONCY).

La plupart des émigrés rentrèrent de bonne heure à partir de 1798. Bonaparte les attirait déjà alors. J'ignore pourquoi les arrières grands parents ne rentrèrent que tard à METZ et à CHERISEY, vers 1813.

Madame de CHERISEY était née Le SENECHAL: son père, fermier

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des Aides ou de je ne sais quel impôt, avait un salon fort agréable, dont parlent LACRETELLE le jeune et le Baron de FRENILLY dans les souvenirs de l'époque de la Révolution. Leur fille aînée épousa le Marquis d'AUDIFFRET (avec son mari, elle fut emprisonnée sous la Terreur) ainsi que la troisième fille dont il y a un très beau portrait de GERARD resté chez les d'AUDIFFRET}.

Cette dernière était aimée de LACRETELLE le jeune, mais

elle dut l'écarter parce qu'elle était fiancée avant la Révolution au Chevalier de FLORIAN, l'auteur des Fables.

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FLORIAN ne fut pas brillant: par peur d'être compromis, dit-on, par cette famille suspecte, il abandonna sa fiancée. Celle-ci épousa plus tard son médecin qui put la tirer de prison; elle mourut peu après.

Si je suis entré dans tous ces détails, c'est pour parler des d'AUDIFFRET et pour marquer la parenté qui subsiste de ce côté. Il y eut entre CHERISEY et d'AUDIFFRET une très grande intimité, pendant quatre générations. Le d'AUDIFFRET de la Révolution eut deux fils, hommes fort distingués: l'un devint Président de la Cour des Comptes. L'aîné, qui épousa Melle PORTAL, eut un fils et deux filles: Mesdames du MAISNIEL et de CORAL. Du c6té d'AUDIFFRET, il reste des garçons: Henri, Daniel, etc... et des enfants de deux filles: Lesguern et Henry de VILLENEUVE en Bretagne. Les CORAL, avec qui nous étions surtout liés, ont conservé une terre en Poitou, où vivra, je pense, l'aîné de la famille. Nous perdons un peu de vue la jeunesse actuelle. De ma génération, il ne reste plus que Pierre (sans enfants), Paul qui deviendra l'aîné et Jacques, mon contemporain et ami de toujours. Jacques a épousé Melle DAGUILHON-PUJOL que nous aimons beaucoup, depuis que nous avons fait sa connaissance au Maroc, en 1905. Ils ont une belle demeure, le château de LIGNY, dans l'Ariège. Un seul fils, de l'âge de notre Philippe, marié à Melle de REMUSAT, charmante femme, morte tout récemment.

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Il reste aussi une fille de René, le 3ème des 5 CORAL génération (marié à une veuve, Princesse CHIKA, Roumaine), cette fille a épousé un Baron DECAZES {Poitou}.

La seconde branche des d'AUDIFFRET a pris le nom de PASQUIER, parce qu'elle a été adoptée par le Chancelier PASQUIER, frère de la Comtesse d'AUDIFFRET. Un seul fils laissa de la descendance: le Duc d'AUDIFFRET-PASQUIER, de l'Académie française, président de la Chambre des Députés en 1871, l'un des trois ducs qui voulurent mais ne surent pas rétablir la monarchie en France. (Les deux autres ducs étaient BROGLIE, Président du Conseil, et DECAZES, Ministre des Affaires Etrangères).

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La mère du Duc d'AUDIFFRET-PASQUIER, grand orateur, était la tante Zoé, née PASQUIER, qui venait souvent à Crécy. Nous ne l'aimions pas parce qu'elle prisait, comme encore beaucoup de vieilles dames, dans mon enfance. Elle voulait toujours nous embrasser et nous la trouvions malpropre, le tabac se répandant partout. Le Duc PASQUIER (d'AUDIFFRET) laissa trois enfants:

1°) Denis, qui fut, je crois, le premier de nos relations, tué dans un accident d'automobile. Marié à Melle de l'ARGENTAYE, il laissa quatre enfants: le Duc qui a épousé une SAINT-GENYS, le Comte - une MONTGOMERY, Madame de LOUVENCOURT, et l'intelligente Anne, mariée à Charles de LIEDEKERKE, l'aîné des LIEDEKERKE

2°) La comtesse d'IMECOURT, mère de Jean d'IMECOURT, de Madame de CONTADES et de Madame de FERRIERE-SAUVEBOEUF, celle-ci notre charmante voisine dans le quartier du Gros-Caillou!

3°) La comtesse de NEVERLEE, qui eut deux fils dont l'un tué à la guerre de 1914, et une fille, Jacqueline, mariée successivement à deux d'URSEL (Belgique).

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J'en ai fini avec les d'AUDIFFRET.

Mais je dois remonter à l'époque de cette alliance pour retrouver celle qui nous attache aux d'HUNOLSTEIN et aux BRYAS. Chose curieuse, nous ne sommes pas parents des HUNOLSTEIN, bien que nous tenions par les HUNOLSTEIN à tous les BRYAS,etc... Voici comment: Louis III, Marquis de CHERISEY, marié à Aglaé LE SENECHAL, avait une soeur qui épousa le Comte ou le Baron d'HUNOLSTEIN (Chevalerie lorraine) et n'en eut pas de fils, mais ce dernier avait eu un fils d'un premier mariage et c'est de ce premier mariage que descendent les d' HUNOLSTEIN. Ils ne sont donc pas nos parents, mais élevés avec les n6tres, ils se sont trouvés liés à nous et cette amitié s'est resserrée du fait

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qu'ils habitaient souvent l'été le très beau Château de SAINT--CYRGUES, tout proche de LAVAURE, en Auvergne. Nous aimions surtout Hervé d'HUNOLSTEIN, mort célibataire, il y a peu d'années, et l'excellente Thérèse de BOUILLE, morte en 1944, laissant deux fils, BOUILLE. Donc, le second mariage HUNOLSTEIN (fin XVIIIème siècle) ne laissa de descendance que par deux filles: la Comtesse de BRYAS et la Comtesse d'HINNISDAL.Celle-ci eut une fille, Marguerite de LEVIS, morte sans postérité, et un fils, le Comte d'HINNISDAL, élégant parisien, propriétaire du très beau château de TILLOBOIS, détruit en grande partie par la guerre 1914-18, mon parrain au Cercle de l'Union, époux d'une BETHUNE-SULLY, père de Madame de LUBERSAC (deux filles) et de Melle d'HINNISDAL.

De la Comtesse de BRYAS, il y eut un fils, marié à Ursule de VOGUE, et une fille, la Comtesse d'OULTREMONT de PRESLES, en Belgique. Le fils des BRYAS épousa Ida de GRAMONT-LESPARRE (d'où deux fils BRYAS et trois filles), Mme de MERE, Gabrielle de BRYAS, mortes toutes deux, et Madame NIEL, et une fille, soeur de Jacques, Thérèse, Vicomtesse de CHEZELLES, mère des trois fils CHEZELLES et de Madame

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Jean des COURTILS. Tous ont des enfants bien mariés. Je crois préférable de ne pas pousser trop loin l'énumération, afin d'éviter l'embrouillage. Mes enfants connaissent plus facilement la nouvelle génération.

J'en ai fini avec les parentés remontant au XVIIIème siècle, c'est-à-dire se rattachant à Louis III de CHERISEY.Un mot des CHERISEY-NOUROY qui ont constitué pendant plusieurs siècles la branche cadette de notre maison. Ils occupaient le Château de PORT-sur-SEILLE, à 20 kilomètres environ de CHERISEY, faisant partie du Duché de BAR, si je ne me trompe. Ce Château conserve de beaux restes, comme silhouette tout au moins. Reproduction dans la bibliothèque de JONCY. Là aussi, la reproduction d'une partie des pierres tombales gravées (avec les alliances de 1511 à 1595). Les pierres tombales sont conservées

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dans la nouvelle église de PORT-sur-SEILLE, malheureusement très endommagées, moins par l'usure du temps que par les bombardements de la guerre 1914-18. C'est encore un très beau souvenir.

Avant de quitter le 18ème siècle, j'aurais voulu parler de l'émigration qui a été si différemment et souvent si mal jugée depuis 150 ans, mais c'est un peu un hors d'oeuvre. Il vaut d'être traité sur un papier à part. (Je l'ai fait).

J'en arrive donc à la descendance de Louis III de CHERISEY (page 4), d'où sont sorties les deux branches actuelles. Marié à Aglaé LE SENECHAL, Louis III, rentré en France, repritsa place à la Cour de Louis XVIII, puis de Charles X. Il mourut en 1827, laissant deux fils:

l - BRANCHE AINEE

Louis, Charles Prosper, Marquis de CHERISEY, Maréchal des Camps et Armées du Roi, Sous-Lieutenant de ses gardes du corps, Commandant de l'Ordre Royal et Militaire de la Légion d'Honneur, Chevalier de St-Louis (1786-1838), aide de camp du Duc d'Angoulême

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dans la guerre d'Espagne, accompagna le Roi et les Princes jusqu'à Cherbourg ,en 1830, puis quitta l'Armée et se retira à CHERISEY (2ème Emigration) .

Marié, de l'agrément du Roi Louis XVIII, à Caroline Le ROY de LIZA, il fut le père de : 1°) - René, Marquis de CHERISEY, zouave pontifical à CASTELFIDARDO, mon parrain, mort à 51 ans, père de Catherine de LAPEYRERE, Nicole NITOT, mal mariée, eut 7 enfants que nous ne voyons plus. Quant à Louise O'GORMAN, je l'aimais bien et elle était restée très famille. Elle fut l'une des premières infirmières de la Croix Rouge, victime, en 1914, de son dévouement aux blessés (morte à la suite d'une piqûre anatomique dans un hôpital de Pau). c'était ma contemporaine. Elle avait eu l'intention de me laisser tout ce qu'elle possédait à CHERISEY (c'est-à-dire une partie de la

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chapelle castrale et une partie de l'ancienne école devenue maison de garde, plus les tableaux de famille, etc...), mais son mari, Gaëtan O'GORMAN, excellent homme, mais très embrouil-lé en affaires, qui, cependant à chaque occasion, me répétait verbalement ces intentions en ma faveur, négligea de les rati-fier par écrit. Il mourut en 1939 et je n'eus rien, sauf quel-ques tableaux qu'il avait eu le souci de m'envoyer peu après lamort de sa femme ; ce sont ceux de la galerie de JONCY. Je fus très vexé de cet oubli que les NITOT, conscients ou non, se gardèrent bien de réparer. Il restait encore plusieurs assez bons portraits de famille dont j'ai la liste.

1°) René de CHERISEY - Zouave pontifical, dont jeviens d'énumérer la descendance, avait deux soeurs et un frère;

2°) Aqlaé de CHERISEY - Très originale, morte célibataire, avait créé une maison de religieuses

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garde-malades à NANCY;

3°) Lucie de CHERISEY - Mariée au Comte François van der STRATEN PONTHOZ en Belgique. Ils eurent un fils, Robert, mort à 20 ans, presque en même temps que sa mère. François van der STRATEN, qui avait passé 20 ans dans notre famille, à METZ et à CHERISEY, repartit pour la Belgique où il se remaria plus tard à une TRAZEGNIES, amie de sa première femme. Ce ménage, devenu un vieux ménage sans enfants, m'accueillit comme son fils à BRUXELLES et contribua beaucoup à m'y faire une excellente situation et à m'y marier. Madame van der STRATEN, née TRAZIGNIES, était la parente des LIEDEKERKE. Van der STRATEN était en Belgique un homme du monde très répandu et aimé de tous, de plus héraldiste et archéologue réputé.

Au cours de son séjour en France, il avait récolté des quantités de documents et souvenirs sur les CHERISEY. Ils sont actuellement classés à JONCY, et je lui dois de m'avoir laissé ces très importantes archives.

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C'est lui qui fit porter - un peu arbitrairement, je crois-à CHERISEY, la belle pierre tombale CHERISEY-FLIN (reproduction dans la bibliothèque et dans ma chambre à JONCY)qui était dans l'Eglise de FLIN. C'est lui qui obtint des Chanoines de la Cathédrale de NAMUR le petit flacon de cristal de roche ayant contenu quelques gouttes du saint Sang (relique bien précieuse) rapporté de Terre Sainte pour Philippe de NAMUR, père de Beaudoin de FLANDRE, Roi de JERUSALEM et Empereur d'orient, sacré par Nivelon de CHERISEY, évêque de SOISSONS, (en l205,sije ne me trompe). Ce qu'il y a de curieux, c'est que cette relique ne fut pas cédée à François van der STRATEN en souvenir de Nivelon, mais bien en raison de son mariage avec une TRAZEGNIES, famille issue, je crois, de Philippe de NAMUR par les NASSAU. J'ai d'ailleurs une idée assez vague de cette parenté.

Heureux temps de mon séjour à Bruxelles, où je débutai dans

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la diplomatie en janvier 1891. J'y pris tout de suite un goût très vif de mon métier et m'y créai, grâce à de précieux appuis, une bonne situation sociale et mondaine. Je plaisais assez aux jeunes filles sérieuses et plus encore aux mères de famille, à cause de ma bonne conduite et des garanties d'avenir que j'offrais ainsi. J'avais en outre beaucoup de bonhomie et de simplicité pour entrer dans les coutumes et les goûts des autres, un caractère enjoué et sans brusquerie. J'aurais beaucoup à raconter sur cette époque 1891 à 99, mais je n'écris pas mes mémoires... Seulement des notes forcément longues et détaillées puisqu'elles portent sur notre très nombreuse parenté. En avril 1896, après une attente de 2 années, je fus enfin fiancé et marié deux mois après, le 16 juin 1896. Ce fut un grand bonheur: après avoir envisagé plusieurs postes, manqué, malgré mon désir, celui de Rome-Vatican, je fus nommé au Maroc où commença assez vite pour moi un rôle des plus intéressants et qui,en 1905, devint important du fait d'un hasard heureux, qui me procura très jeune la gérance de la Légation de Tanger et la

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charge de recevoir l'empereur d'Allemagne, Guillaume II. Nous parttmes pour le Maroc, en mars 1899, et ne le quittâmes offi-

ciellement qu'après la Conférence d'Algésiras, soit en avril 1906.Cette digression m'a éloigné de la branche aînée

CHERISEY. J'y reviens ; outre René de CHERISEY, Aglaé de CHERISEY et Lucie van der STRATEN, ci-dessus nommés, Prosper, Marquis de CHERISEY, avait un deuxième fils:

4°) Louis Frédéric François Victor (1824 à 1898) .

Il devint Marquis à la mort de son frère René en 1874, puis reprit de sa belle-soeur (née BOSCARY de ROMAINE) le Château de CHERISEY pour le laisser à sa descendance mâle. La chapelle castrale et l'ancienne maison d'école restèrent à la Marquise René, puis à ses filles, j'en parlerai ailleurs. Peu à peu, les terres furent vendues. Frédéric était un panier percé.Il se trouva acculé (en 1878 ou 79, si je me souviens bien),à vendre

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par force tout ce qui lui restait. Heureusement, mon père fut prévenu. D'accord avec son frère Gérard, ils décidèrent de racheter, indivis, le château (et le parc). Ils l'obtinrent aux enchères, au prix global de 32.000 francs (valeur or à l'époque). Mon père, qui était parti pour METZ, sans perdre un jour en apprenant la vente par une affiche du notaire, avait passé, en s'y rendant, par ISEURE, où mon frère et moi étions au collège. Je n'ai jamais oublié l'impression que je ressentis en apprenant cet événement qui faillit dépouiller notre famille (j'avais une dizaine d'années) et ma satisfaction quand j'appris que mon père avait réussi dans son entreprise de rachat. Mon oncle Gérard comme officier, puis ancien officier, aurait eu des difficultés pour se rendre en pays annexé. Ce fut mon père qui se chargea de l'administration de CHERISEY. Il fit si bien qu'il parvint par la suite à assurer l'entretien sommaire du château sans bourse délier, c'est-à-dire qu'il suffit pour y pourvoir du petit revenu des foins du parc et des

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légumes et fruits, tout en comprenant un modeste traitement pour le brave CHAUSSET, ancien soldat d'ordonnance du Marquis René, qui fut institué gardien et le demeura jusqu'à sa mort avec un attachement sans égal. Sa nièce, Marie POTIER, que j'avais vue les premières fois avec lui à CHERISEY, lui succéda. Elle est morte dernièrement, de saisissement, m'a-t-on dit, quand elle vit tous les meubles vendus par les Allemands, le château confisqué, etc...

Dès 1881, pendant les vacances, mon père nous emmena, mon frère et moi, à CHERISEY ; j'y éprouvai de vives émotions qui renforcèrent les goûts des souvenirs et de la tradition auxquels j'étais déjà si porté par nature.

Nous en étions donc à Frédéric, Marquis de CHERISEY, mort en 1898, homme séduisant, Officier de la Légion d'Honneur,

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il s'était distingué précédemment par sa bravoure chevaleresque sous les guerres du Second Empire. Il avait épousé Berthe LE ROUX du CHASTELET dont il eut 4 enfants:Gérard, Marie, Lucie et Simone.

La soeur de sa femme, mariée au Général Comte de VAUBAN, descendant du Maréchal, a laissé à ses neveux et nièces sa fortune et de très beaux souvenirs. Il y a entre autres deux portraits du Maréchal de VAUBAN, dont l'un par RIGAUD (à Paris, chez François). Mais cette famille subit, du fait des trois dernières guerres, des malheurs sans fin. Le château de REUX, près d'Arras, qu'occupait Madame de VAUBAN, fut brûlé par les mobiles français en 1870. On s'installa dans la maison du jardinier entourée du beau parc et ce fut encore convenable. Mais, au cours de la guerre 1914-18, la région fut tellement dévastée par les obus que mon cousin Gérard crut impos-sible de rebâtir quoi que ce soit et de refaire les terres.De fait, je vis, peu après la guerre, l'état de ruine complète de ce qui avait été le château, la maison du jardinier et le

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parc, c'est-à-dire qu'il ne restait ni un mur ni un arbre. Quelques tas de pierres seulement indiquaient où avaient pu être les constructions. Enfin, en 1940, le pauvre Gérard a perdu tout ce qui lui restait. Installé à Douai, dans une assez bonne maison, celle-ci fut détruite par un bombardement. Forcé de s'enfuir avec tous les siens, l'on emporta tout ce que l'on put empiler sur un camion, mais celui-ci fut perdu ou détruit en route avec tous les objets un peu précieux, les tableaux de famille, les archives. La détresse de cette famille fut terrible. Gérard que je rencontrai alors put me dire sans nulle exagération, et je me rappelle avec quel marasme "ah! cette fois, je n'ai plus rien!" Il a trouvé asile avec sa femme dans une ferme appartenant à son deuxième fils, Louis, marié et établi dans la région.

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Gérard, Sébastien, Etienne, René, Marquis de CHERISEY, dont je viens de conter les malheurs, est donc le seul fils du Marquis Frédéric. C'est un bon et fidèle parent et ami.Il est mon aîné de 4 ou 5 ans et reste le chef de nom et d'armes de CHERISEY.

Marié à Marguerite du PEYRAT, il a trois fils : François, Louis et René Louis et trois filles dont deux mariées aux deux frères du BOSC de PERAN et la dernière à M. de TOURTIER. Des petits enfants de tous les côtés.

J'en ai fini avec la branche aînée.

II - BRANCHE CADETTE

J'ai dit que Louis III, Marquis de CHERISEY, avait deux fils (voir page 4) ~ Prosper et Victor.

Le second, Victor Louis François, Vicomte puis Comte de CHERISEY (Château de Crécy - Oise), officier d'Etat Major sous la Restauration, Officier de la Légion d'Honneur (1793 à 1878) fut mon grand père. Il naquit, comme je l'ai dit, à

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Luxembourg et fut élevé en Allemagne. Marié à Clara COTTIN de JONCY, héritière de la baronne de JONCY en Charollais. Ardemment dévoués à la monarchie des Bourbons, ils quittèrent la Cour et Paris en 1830 et se retirèrent à CRECY. Les longues années qu'ils passèrent dans cette région, les services qu'ils y rendirent leur créèrent une grande situation de province. Mon grand père était maire de St-SULPICE et Conseiller général de l'Oise. Il prenait en souci les intérêts politiques et sociaux du pays et laissait,

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disait-on, en grande partie l'administration de la terre de CRECY à sa femme. Celle-ci, quand je la connus, était, en raison de son grand âge, mais aussi de ses très belles qualités de coeur et d'intelligence, respectée, vénérée, aimée de tous, châteaux et chaumières. Elle est morte en 1898, très près de ses 99 ans. Elle avait aux yeux de toute sa famille un prestige énorme, en plus de notre très grande affection. Chez elle, la fermeté s'alliait à la bonté et à la bonne grâce. Elle savait commander et en tout jouait le rôle de chef de famille à qui tous se soumettaient, petits et grands.

Mon oncle Gérard, son fils aîné qui lui succéda à CRECY, ancien colonel, habitué à commander et dont la personnalité et la voix paraissaient pleines d'autorité, redevenait petit garçon quand il était à CRECY. Il n'eut la direction de CRECY et des affaires qu'à l'âge de 63 ans environ, quand ma grand'mère, âgée alors de près de 94 ans, décida de se décharger sur lui. Il vint alors se fixer définitivement à CRECY, dont il prit la direction.

Jusqu'à ce moment, j'allais souvent à CRECY, interrom-pant mes longs séjours à Paris où je continuais mes études. J'aimais cette atmosphère de CRECY, empreinte de tant de souve-nirs. L'austérité forcée du grand âge laissait place aux grâces du coeur et de l'esprit que n'a pas su toujours conserver la jeunesse d'aujourd'hui. Bien qu'elle n'eût jamais habité la Bourgogne, ma grand'mère semblait avoir conservé quelque chose

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du Parlement de Dijon. Elle nous écrivait de charmantes lettres que le Président de Brosses n'aurait pas désavouées. Fort instruite, elle savait le latin; mais aucune pédanterie. Je crois qu'elle devait son instruction à M. DESPRES, Membre de l'Institut, ancien Secrétaire des commandements de la Reine Hortense en Hollande. Je ne sais par suite de quelles circonstances il avait épousé Madame de JONCY, mère de ma grand'mère, restée veuve fort jeune puisque son mari était mort

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en 1789, quelques mois avant la naissance de ma grand'mère. M. DESPRES avait apporté à CRECY une importante bibliothèque et de très beaux tableaux. Ma grand'mère, persuadée qu'ils resteraient toujours à CRECY et que cette vieille terre serait conservée dans la famille, donna le tout à Renaud, qui ne manqua pas de tout ou presque tout revendre. De la vente des tableaux, il tira une grosse somme. Il y avait des van der MEULEN, des Carl DUJARDIN, etc... et je crois un REMBRANDT, un très beau pastel de DUCREUX, un autre de HONOTTE, ressemblant tout à fait à son maître NATTIER, et qui aurait si bien fait à JONCY, parce qu'il représente Madame de BLANCEY (Renaud a conservé ce dernier et quelques autres), un LEPICIE, un DANLOU, etc...

En plus du rôle de mari et d'homme d'affaires, M. DESPRES, "le meilleur et le plus aimable des hommes", disait ma grand'mère, s'occupait de l'éducation des enfants. Il attirait à CRECY des hommes de talent, des Membres de l'Académie Française. L'on s'y est toujours piqué de culture et de beau langage.

Est-ce lui, ou sont-ce ses prédécesseurs ou encore mon grand-père de CHERISEY, qui transforma le parc de CRECY, comme il était de mode à la fin du XVIIIème siècle? Une grande terrasse en façade aboutissant à un saut de loup et bordant un spacieux étang fut remplacée par une pelouse à l'anglaise et des allées sinueuses. Heureusement, le saut de loup avec

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un petit pont furent conservés, ainsi que l'étang (ce dernier avec des bords un peu contournés renfermait une île naturellement). De très beaux arbres bordaient les allées qui conduisaient à une pyramide lointaine faisant perspective du château et qui, elle, était bien française. Le château, très peu surélevé, présentait deux façades tout à fait Louis XIII avec deux tours rondes d'un côté, deux tours carrées de l'autre, le tout de justes proportions, simple et harmonieux. Heureusement aussi, avait subsisté une grande partie de jardin français, avec de larges charmilles très ombreuses, fontaines,

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statues et inscriptions latines. Un potager y faisait suite, non pas entouré de murs, mais de charmilles taillées, de plus d'un hectare, bien découpé et rempli de fleurs. Ce qu'il ne rendait pas en utilité comme fruits et légumes était compensé par un espalier le joignant, de plus d'un hectare aussi et lui-même entouré de hauts murs. Tout cela accotant le grand parc, entouré de grands bois, belles pâtures, etc..., formait un ensemble fort attrayant. L'on comprend que ce séjour fût préféré à celui de JONCY, bien qu'à JONCY les vues extérieures fussent plus aimables et le climat moins pluvieux. CRECY était fort humide. Il est temps que je parle de l'origine de cette belle terre. Le père de ma trisaïeule, la dernière Baronne de JONCY, était un Conseiller au Parlement de Paris, M. CHOART, vieille famille parisienne, CHOART de BUZANVAL. Je ne sais pas s'il avait acquis CRECY des MORET ou MOURET d'ANNEVILLE, ou s'il l'avait eu d'eux par héritage. Toujours est-il qu'il le destinait à son fils qui allait être fait Marquis de CRECY quand il mourut fort jeune encore. CRECY passa donc à la fille unique CHOART, qui épousa le Baron de JONCY et, plus tard, M. DESPRES. Elle était plus fière du premier nom et, toute sa vie, elle se fit appeler Madame de JONCY-DESPRES, comme il est inscrit, me semble-t-il, sur sa tombe, au cimetière de St-SULPICE (Oise). Je ne me rappelle pas combien elle eut d'enfants de l'un ou l'autre de ses deux maris, mais enfin il ne reste que deux filles JONCY dont je parlerai tout à l'heure.

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Voilà donc M. de JONCY, mon trisaïeul, qui avait déjà la grande Baronnie de JONCY et celle de CHANTEAU, dans le Morvan, devenu Seigneur de CRECY. c'était un vrai Seigneur, à une époque où la noblesse de robe se rapprochait de plus en plus de la noblesse d'épée, sinon à la Cour, du moins dans les salons de Paris. Il y faisait bonne figure, était l'ami du Marquis de FONTENAY, premier mari de Madame TALLIEN, et du Baron de BEZENVAL (prononcez Beuzeval), lui-même général des Suisses, du cercle intime de Marie-Antoinette.

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Les COTTIN de la BARRE, devenus Barons de JONCY, Seigneurs de BURZY, SAINT-CLEMENT sur GUYE et COLLONGES en Charollais, étaient de père en fils Conseillers au Parlement de Dijon, y tenant une place très honorée, dit la chronique du temps.Ils avaient un bel hôtel à Dijon, rue Saint-Jean, je crois.De grandes cartouches de marbre représentant les quatre saisons, oeuvre d'un sculpteur bourguignon célèbre dont j'oublie le nom, le décoraient. Ils sont aujourd'hui dans le grand escalier du Musée de Dijon. La mère du dernier Baron de JONCY, mon trisaïeul, était née Bernard de BLANCEY, de cette famille des BERNARD dont l'abbé COURTEPEE dit qu'elle "était l'honneur de toute la région de Mâcon".

Ces BERNARD se divisèrent en BERNARD de LAVERNETTE, depuis Saint-Maurice, Bernard de CHAINTRE, Bernard de BLANCEY, etc... Une grande partie des lettres du Président de BROSSESsont adressées à "mon gros BLANCEY", Bernard de BLANCEY, Con-seiller aussi au Parlement de BOURGOGNE, devint Baron de CHANTEAU, terre à 4 clochers comme JONCY, située dans le Morvan, près de SAULIEU. J'ai dit qu'il ne laissa qu'une fille, Madame de JONCY.

Que reste-t-il des parentés du c8té JONCY ? - Personne. Au XVIIIème siècle, sans doute, cousinait-on avec beaucoup des familles du Parlement de Bourgogne; les BRETAIGNE, les BURTEUR,

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les BERNARD, les LOISY, je crois ; ma grand'mère SAINTIGNON et mon père avaient le souvenir d'une alliance avec les SAINT-SEINE. Entre parenthèses, je trouve une parenté du côté de ma grand'mère dont je n'ai pas parlé et que nous conservons encore ; mais je ne sais plus si elle se rattache aux JONCY ou aux CHOART. C'est celle de la famille de La CELLE dont étaient la Maréchale de MAC-MAHON et aussi la toute charmante Berthe de CROZE que nous connaissions jadis en Auvergne. Cette dernière a laissé trois filles: la femme du Général

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de MONTMARIN, une Mademoiselle de LABOULAYE, j'oublie la troisième. Nous les avons perdues de vue en quittant Paris.

Une autre parenté amusante est celle de la Maison d'Autriche, qui s'établit très facilement par un petit tableau généalogique que j'ai à JONCY. Au XVIème siècle, Pierre de MORVILLIERS, Chancelier de France, eut deux filles dont la descendance directe et sans lacune aboutit d'un côté à Catherine CHOART, mère de la dernière Baronne de JONCY, et l'autre à une Princesse de SALM, aïeule de l'Empereur François Joseph d'Autriche-Hongrie. Je n'ai jamais eu l'occasion ni le désir de m'en prévaloir auprès des HABSBOURG.

Sur JONCY, il n'y a plus à dire que ceci: le dernier Baron de JONCY laissa deux filles ~ Madame de LATANE de PUYFOUCAULD (Périgord) et ma grand'mère CHERISEY. Je reviendrai à ma grand'mère en terminant la généalogie de notre branche cadette.

Madame de LATANE eut deux filles: la Comtesse de BOISJOURDAN (croisades) qui eut CHANTEAU et Madame de la MAISONNEUVE: JONCY. 0 Chez les BOISJOURDAN, il ne resta qu'une fille, Mathilde, Religieuse des Dames du Sacré-Coeur, Assistante de cette congrégation à Rome, Fondatrice et Supérieure des Couvents du Sacré-Coeur de Venise et de Florence. C'est là que nous la vîmes, à l'occasion de l'un de nos voyages en Italie.

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Mon père l'aimait beaucoup. Elle laissa CHANTEAU à Jacques de FONTANGES; le château disparut entièrement dans un incendie.

A moi, elle laissa ce qu'elle avait recueilli de l'héritagede sa cousine de BEZE à JONCY : le pré du Vigny et la petite Garenne.

Quant à Madame de la Maisonneuve, elle habita peu JONCY qui avait tant souffert de la Révolution. Sa fille unique, Madame Théodore de BEZE ne l'habita jamais. J'ai expliqué ailleurs par

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quel concours de circonstances ma grand'mère ayant hérité à 94 ans d'un quart de la terre restant de JONCY, me demanda de le reprendre. Avec la très petite part de la Religieuse BOISJOURDAN et les prés des Perches rachetés par moi, j'ai actuellement un peu plus du tiers de ce que la Révolution a laissé. Mais tous les grands et beaux bois sont restés au Département ou à la Commune, plusieurs terres ou prés vendus n'ont pu être repris, etc... Ce n'est plus la grande et opu-lente Baronnie. Mais tel qu'est encore notre JONCY, je crois en avoir tiré le parti le meilleur. C'est une petite terre, bien placée et rassemblée sur les deux côtés de la rivière de Guye, d'un bon rapport, facile à entretenir et à habiter.Nous nous y sommes beaucoup attachés.

Pour terminer la lignée paternelle, je n'ai plus qu'à

énumérer la descendance sortie de CRECY, c'est-à-dire la branche

cadette des CHERISEY.

II - BRANCHE CADETTE (Suite)

Mes grands parents eurent six enfants:1°) Gérard, Comte de CHERISEY, Colonel d'Infanterie,

Commandeur de la Légion d'Honneur, marié à Claire d'HESPEL, Gouverneur de la place de LANDRECIES, mort à CRECY, à l'âge de 87 ans, père de Renaud et de Jean, de Marthe, Anne-Marie

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et Germaine. - Renaud eut de Geneviève de FAYET, Henri de CHERISEY, lui-même marié à Renée de BARTILLAT, d'où un fils Hervé, et une fille Geneviève. Henri est le propriétaire actuel de CHERISEY. Jean épousa Antoinette de LANNOY (Belgique), pas d'enfants. Marthe eut d'Alphonse des FRANCS, une fille qui habite un petit château près d'Orléans et qu'aucun de nous n'a vue ni entendue depuis la mort de ses parents.

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Anne-Marie épousa un MONLIVAULT : pas d'enfants.

Germaine, ma contemporaine, Religieuse du Sacré-Coeur, morte récemment. De toute cette famille, avec laquelle nous avons été si liés, il ne reste pour nous que les Henry et leurs enfants, Hervé et Geneviève, ci-dessus nommés. Je ne pense pas que nos enfants rencontrent jamais la fille des FRANCS.

Deuxième fils de mes grands parents : Henri de CHERISEY, officier d'avenir, disait-on, mort tristement du choléra à la guerre de Crimée, enterré à CONSTANZA (Roumanie). Il fut toujours regretté de sa famille. Longtemps après sa perte, ma grand'mère n'en parlait qu'avec la plus vive émotion.

3°) Louis (1830-1918), mon père qui reviendra tout à l'heure, et trois filles: Anne, Marie et Gabrielle. Cette dernière, restée jusqu'à 80 ans petite fille et ingénue, jouait naturellement un grand rôle auprès des enfants. Elle ne quittait jamais CRECY, son canapé et sa tapisserie.

4°) Anne épousa le Vicomte de FONTANGES (Croisades), Inspecteur Général des Finances. Nous trouvions cet oncle un peu sévère. Il jouissait du plus grand crédit à CRECY et ma grand'mère le consultait sur tout: cela nous agaçait. La tante de FONTANGES était la bonté même. Elle nous aimait comme ses enfants et nous l'aimions tous. Nous l'avons toujours vue beaucoup, tant à CRECY où elle passait tout l'été, qu'à

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PARIS où elle nous recevait fréquemment. Ses fils Hugues et Jacques étaient largement nos aînés. Elle perdit une fille, Marguerite, mariée tard au Marquis d'HANTECOURT et morte peu après. Très douée et pleine de charmes, nous l'admirions tous et l'aimions. Hugues épousa Odette d'HAUTESERVE dont il ne reste que deux fils: Géraud, Polytechnicien, ancien Directeur du Service Géographique de l'Armée, fait général en 1939 et prisonnier en Allemagne de 1940 à 1945, pas d'enfants ; Guy, qui habite Versailles et a 3 enfants, dont un, père

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Eudiste, et une, religieuse.

La tante de FONTANGES mourut vers 1918, âgée de 94 ans. Le second fils de la tante de FONTANGES, Jacques, épousa Marguerite de GERES (Bordelais). Deux fils: Henri, marié à Anne de GAALON (Bordelais), une fille, et Jean, marié à Christine de ROSTANG, 5 fils. Ils habitent l'Anjou. C'est avec ce rameau que nous restons le plus liés.

5°) Marie épousa le Marquis de GRASSE (Croisades) des Princes d'ANTIBES, Colonel de Cavalerie, mort en activité à Rambouillet, je crois. Elle avait été très belle et très brillante. Les officiers, parmi lesquels était le futur Maréchal LYAUTEY, l'appelaient "Marie pleine de grâces". Quand je l'ai connue, elle portait encore très haut et parlait avec une grande autorité, comme s'il lui appartenait de mener le régiment. Soit avant, soit après son veuvage, elle passait de longs mois à CRECY et y apportait beaucoup d'entrain et de verve spirituelle. Au demeurant, brillante musicienne. Elle s'installa à Versailles pour finir et y mourut à 80 ans, "étonnée, me dit-elle, peu de jours avant sa mort, de ne pas aller plus longtemps". Elle eut une fille, morte jeune du choléra, et deux fils: Foulques et Guillaume.

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Foulques, capitaine d'infanterie de marine, fit toutes les colonies françaises, puis se maria assez tard avec Consuelo FOULD-STIRBEY, adoptée par un Prince Roumain STIRBEY. Nous étions mécontents de cette alliance et ma tante en avait bien souffert.

Guillaume, Marquis de GRASSE des Princes d'ANTIBES, après son frère Foulques, très choyé par sa mère et par tout le monde à CRECY, grand chasseur courant les bois, épousa Lucie LAGRENE, voisine de campagne. Il a laissé un fils, Rambaud, et une fille, Guillemette de BEAUVILLE, qui a deux enfants. Je ne vais pas plus loin; les jeunes de la famille peuvent aisément connaître ceux de leur génération.

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Reste donc mon père, auteur du 2ème rameau de la branche cadette; c'est le troisième fils de mes grands parents:Louis. - Et voilà LAVAURE qui surgit... . LAVAURE, le paradisde notre enfance et de notre jeunesse qui, pour nous, surpassait tout en beauté et en agrément.

Mon père épousa Thérèse de ROMEUF, fille unique, beau parti et héritière de LAVAURE. Je vais arriver bientôt aux ROMEUF et à la ligne féminine de notre famille.

Mes parents eurent 5 enfants: 1°) Henriette, mariée au vicomte d'AMONVILLE des NOTS, Colonel de Cavalerie, Officier de la Légion d'Honneur, décédé en Juin 1940, au moment de l'invasion allemande. Ils eurent eux-mêmes trois enfants ~a) Jacques, époux de Anne-Marie CASENAVE, aujourd'hui général de cavalerie et prisonnier de 1940 à 1945 en Allemagne. Il a eu douze enfants, il en reste onze.b) Jean, marié à Antonia de LA VILLEON (2 garçons); mort en 1942. Antonia s'est remariée à un Américain.c) Louis, Lieutenant d'Artillerie, tué en 1916. d) Madeleine, mariée à Albert de JABRUN, décédée en 1943. Trois enfants, dont un fils Enseigne de Vaisseau, paraissant plein d'avenir, tué à Casablanca en 1940.

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e) Simone, célibataire.f) Marie-Anne, célibataire.g) Elisabeth, morte en 1942, Religieuse de St-Vincent de Paulh) Sabine, morte jeune en 1915.

Ne restent donc que les Jacques, Simone, Marie-Anne, Jabrun, avec deux enfants, et les deux fils de Jean.

2°) Jeanne, la bonne tante Jeanne, célibataire.

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3°) Guillaume, toujours appelé Guy, Officier de Cavalerie très brillant, Chevalier de la Légion d'Honneur, sportman dans sa jeunesse, devenu propriétaire de LAVAURE, mais vivant très retiré aujourd'hui au Verger, en Anjou. Il a perdu sa femme, Jeanne de REVERONY, en 1941.

Deux enfants:a) Bertrand, Capitaine - pilote d'aviation, Chevalier de la Légion d'Honneur, époux de Françoise DAUM (5 enfants), installé maintenant à LAVAURE ;b) Hélène, mariée à Robert de MEURVILLE, décédé en 1946, Capitaine de Corvette, Officier de la Légion d'Honneur et mère de Bertrand de MEURVILLE, déporté comme résistant à Buchenwald par les Allemands (agent de liaison du Général Koenig) .

4°) René, moi-même, marié à Elisabeth, Madeleine, Ghislaine van de WOESTYNE ou de la WOESTYNE. L'on doit dire: van de WOESTYNE en Flandre, de la WOESTYNE en France. La particule étrangère se traduit en général. En France, l'on dit:Le Prince de Bismark, le Prince de Bulow, le Duc de Wellington et non pas: Furst von Bismark, von Bulow, Duc of Wellington; l'on dit de Zuylen, de Nievelt et non pas van zuylen, van Nievelt, etc...

La branche aînée a été représentée en France depuis Louis XIV, par le général Marquis de la WOESTYNE, venu probablement au moment des guerres de Flandre. Elle s'est éteinte dans un autre

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général Marquis de la WOESTYNE, sous Napoléon III. Il fut, je crois, un moment Ambassadeur auprès du Vatican.

Je crois me souvenir que ce Marquis de la WOESTYNE avait épousé une fille de Madame de GENLIS.

Avant d'en venir à moi, je dois placer ici ma troisième

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soeur, c'est-à-dire le 5ème enfant de mes parents.

5°) Marie-Thérèse, plus jeune que moi de 7 ans, plus jeune qu'Henriette d'AMONVILLE de 11 ans, la chère et si animée Marie-Thérèse, l'enfant gâtée de la famille, morte prématurément en 1942. Je crois bien que c'était ma soeur de prédilection. Mariée au Baron de BONNAFOS (Lorraine-Cantal), elle devint veuve en 1916 ou 17. Elle habitait le beau et inconfortable château de VIESCAMP, où est son fils aîné, Henri, vivant seul la plupart du temps, ou avec la bonne tante Jeanne. Il avait épousé Huguette BAGUENAULT de VIEVILLE qui l'a quitté sans grand motif, un mois après la naissance d'une fille. Capitaine de réserve et prisonnier de guerre, il est tristement rentré d'Allemagne peu après la mort de sa mère. Son frère Joseph n'est pas marié jusqu'ici.

J'en reviens donc à moi-même pour parler un peu de la

famille de ma femme.

La branche belge de celle-ci fut moins brillante que la branche française, l'aînée. J'ai entendu dire que si le fils de ma belle-mère avait vécu, on eut demandé au Roi des Belges de le rattacher à cet aîné, en lui accordant la succession au titre de Marquis de la WOESTYNE. Mais ce fils Victor mourut encore enfant, cette perte fut pour mes beaux-parents une très dure épreuve. Puis ma belle-mère perdit son mari et sa fille aînée, première femme du Comte de Villers, d'où le terrible Charley de VILLERS. Ce dernier a eu d'Alice du MONCEAU un fils tué en avion vers 1920, et quatre filles: il a abandonné femme et enfants.

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La branche belge des de la WOESTYNE, ai-je dit, resta dans sa province, où elle se contenta d'occuper une place distinguée dans l'Echevinage de la ville de Gand. Quelques bonnes alliances; la

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meilleure est celle des LIEDEKERKE (grande chevalerie flamande d'origine, anciennement Princes de GAVRE)(van GAVERE), famille très nombreuse et grands propriétaires terriens aujourd'hui.

Le Baron van de WOESTYNE, mon beau-père, que je n'ai pas connu (mort en 1878), dernier du nom, marié à Marie Frédé-rique de LIEDEKERKE (1834 à 1909), fut attaché ou secrétaire d'Ambassade en France, puis maire d'Herzèle et Sénateur du Royaume de Belgique.

La Baronne van de WOESTYNE était une femme d'une grande intelligence et de beaucoup d'autorité. Ses filles et aussi ses gendres l'admiraient et la vénéraient. Sans les avoir trop gâtées dans leur jeunesse, elle restait attentive à tous leurs besoins et se dévouait sans réserve à les aider. J'ai eu grandement à me louer de sa bonté et de sa sollicitude pournous tous. Veuve, encore jeune, sollicitée, disait-on, de contracter une brillante alliance, elle avait refusé de se remarier. Dame d'Honneur de la Reine Marie Henriette, elle fut désignée par le Roi Léopold II pour organiser la maison de l'Impératrice Charlotte du Mexique, devenue complètement folle. Cette malheureuse Princesse, soeur de Léopold II et du Comte de Flandre, était installée au Château de BOUTCHOUT, près de LAEKEN. Pendant une dizaine d'années, ma belle-mère dut y aller fréquemment. Seule, elle avait pris beaucoup d'ascendant sur la malade. Celle-ci refusait parfois de manger par crainte d'être empoisonnée. L'on avait alors recours à ma belle-mère qui obtenait à grand peine de lui faire prendre quelque nourriture.

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De mes beaux-parents, il resta quatre filles:1°) Marianne, qui a épousé son beau-frère, le Comte de

VILLIERS. Ils ont perdu un fils, Ferdinand, mort jeune, un autre fils Freddie, tué en 1918, peu de temps avant la fin de la guerre. Il reste: Jean, propriétaire de Conjoux dans le Condroz, marié à Louise CORNET d'ELZIUS (fille d'une LIEDEKERKE) et Madeleine, mariée au Vicomte de

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SOUSBERGHE. On connaît les petits enfants.2°) Louise, décédée en 1937, avait épousé le Baron de TRAUX

de WARDIN (Château de JODOIGNE - Brabant), Wallon, mort en 1919 ou 1920. Ils n'ont eu qu'un fils, Henri, Baron de TRAUX de WARDIN, Ministre Plénipotentiaire de Belgique, marié à une cousine flamande, Gertrude della Faille: deux enfants et des petits enfants.

3°) Marie-Thérèse, mariée au vicomte Gustave du Parc de LOCMARIA (Breton, devenu Flamand) ; c'est eux qui habitent la demeure familiale, le cher HERZELE en Flandre, qu'ils ont restauré et embelli. Ils ont perdu leur fils aîné, Raphaël, tué sur le front en 1917. Il leur reste: Guillaume, marié à Jacqueline de LANNOY, François à Emmanuelle SIMONIS, Elisabeth au Marquis de LAMBERTYE (Cons la Grand ville, Lorraine), et Marie-Antoinette, célibataire. Dans les trois rameaux, il y a des enfants.

4°) Elisabeth, ma femme, à qui j'ai dû de longues années de bonheur.Nos enfants sont : Philippe

Louis René Nivelon Ghislain marié à

Béatrice de VILLERMONT (famille originaire de Champagne, établie en Belgique par mariages) ;

Guillaume Marie Ghislain, marié à Yolande de MURARD de SAINT-ROMAIN (Dauphiné et Bourgogne) ; ils sont installés au Maroc, où Guillaume a réussi comme colon: 5 enfants.

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Marie-Jeanne Ghislaine, etc... mariée à Guillaume de BUXEUIL, Baron de ROUJOUX (Château de la Tour de l'Ange, près de Mâcon). De Lorraine, la famille aurait passé en Ecosse,puis en Bretagne, enfin en Bourgogne.

Nous avons perdu notre second fils Pierre, Marie, Ghislain en 1916, à l'âge de 18 ans, charmant enfant qui offrait à notre avenir les plus belles promesses. Ce fut une grande et longue douleur.

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Je n'en dirai pas davantage sur la famille de Belgique. Gustave du PARC a fait à ce sujet un travail sérieux qu'il sera facile de consulter.

J'ai, au cours de ces 27 pages, énuméré les parentés du c8té paternel; je l'ai fait un peu longuement, peut-être pas très clairement. Il est difficile de ne pas se laisser aller ici et là à des souvenirs personnels et heureux. J'en reviens au côté maternel de ma famille.

II COTE MATERNEL

L'on a vu que mon hérédité paternelle, d'origine chevaleresque, est restée en grande partie surtout militaire. D'où mes goûts pour les choses de l'armée; pendant tout un temps, je regrettai de ne pas être entré à Saint-Cyr, comme mon frère. Bientôt, cependant, une fois engagé dans la carrière, je compris que j'étais certainement plus propre au service diplomatique. Mes retours vers l'ancienne chevalerie faisaient dire en riant au Prince Sixte de BOURBON: "CHERISEY, c'est un féodal..."

.

.

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Du côté maternel, si l'illustration s'est faite par les armes chez les généraux de ROMEUF et de VILLERET, l'origine était beaucoup plus modeste, et l'on peut dire toute provinciale. Il est vrai que presque toutes les familles ont une origine provinciale ; c'est le labeur, ce sont les vertus obscures et sans éclat de la province qui ont fait la vraie France.L'on prête, à ce sujet, un joli mot à Louis XV qui se piquait d'être un parfait gentilhomme et savait bien tout ce qu'il devait à la noblesse de province sur les champs de bataille et ailleurs. Louis

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XV voyant arriver à Versailles un inconnu demande à un de ses courtisans: "Qui est ce seigneur ?"- Le courtisan, avec un certain mépris, répond: "Oh, Sire, c'est quelqu'un de la province"... - "Ah ! reprend Louis XV... .00 et vous, Monsieur, n'êtes-vous pas venu de la province? Seriez vous, par hasard, né dans mon antichambre?..." 11

Comme pour les CHERISEY et les JONCY, je dois établir les parentés à partir de mes bisaïeux.

Les ROMEUF et les BRUN de VILLERET sont originaires du GEVAUDAN. Sortis, je pense de la judicature locale, ils se trouvaient, vers la fin du XVIIIème siècle, possesseurs d'une bonne situation territoriale, placés de l'un et de l'autre c8té de la Margeride, quand s'établirent leurs alliances à la géné-ration de mes grands parents.

ROMEUF

Claude,Baron de ROMEUF, père de mon grand-père (de la VOULTE - aujourd'hui LAVOUTE CHIBHAC) était appelé le Roi de la Montagne, en raison de l'importance de ses propriétés.

Il épousa Flore de FAUVEAU (miniature à JONCY sur une bonbonnière) qui, elle, était bien, je crois, d'origine parisienne. Elle était la cousine germaine du Baron de FREMILLY, auteur d'amusants mémoires qui se trouvent dans la bibliothèque

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de JONCY. FREMILLY dit: "Ma chère Flore, que j'aimais commeune soeur !". Il faisait partie de la jeunesse dorée au moment de la Révolution. Rapprochement curieux, il fréquentait le salon de Madame LE SENECHAL, dont je parle plus haut, mère de la Marquise de CHERISEY et de la Marquise d'AUDIFFRET. Il n'eut qu'une fille: la Marquise de PIMODAN, d'où descendent tous les PIMODAN actuels

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(chevalerie lorraine). Ceux-ci sont donc nos parents; ils l'étaient beaucoup plus anciennement par une alliance avec les CHERISEY -je n’en sais plus la date.

Claude de ROMEUF eut deux frères, dont deux généraux du Premier Empire. L'un fut tué à la MOSKOVA 1 son nom est inscrit sous l'Arc de Triomphe à Paris et sert de frontispice à une des casernes du Puy. L'autre général de ROMEUF eut un fils, du nom d'Alexandre, je crois, marié à Melle de MESMES ; assez changeant et peu économe, il fut quelque temps propriétaire du Château de Champignolles, où sont aujourd'hui les CHARMASSE (Autunois) et conseiller général de Saône & Loire. Il se serait ruiné enexpériences agricoles et fut obligé de vendre. Il était le père de la Comtesse de JOUFFROY d'ABBANS (celle-ci dame d'honneur de la Princesse Blanche d'Orléans), de la Comtesse de JESSE-CHARLEVAL dont le mari fut longtemps maire de Marseille et de John de ROMEUF, cousin que nous appréciions beaucoup, en raison de sa gaîté, de sa verve et de son originalité. De toute cette famille, il ne reste personne, sauf les enfants d'un second mariage de M. de JESSE qui sont parents assez proches et bien vus des ROUJOUX.

J'arrive à la descendance de Claude de ROMEUF, père de mon grand-père et restant seul de son nom.

Il eut de Flore de FAUVEAU : 4 fils et 2 filles.

Pour la commodité du tableau, je placerai mon grand père

le dernier, bien qu'il ne fût pas le plus jeune, me semble-t-il.

30.

1°) Jules, Baron de ROMEUF, resté fidèle à son coin de pays, habitait le Château de la Vallette, aujourd'hui aux BAUDIN, dans un site très pittoresque, bien plus élevé que La Voûte, qui est sur une boucle de l'Allier.

Il eut quatre enfants : Albert et Jules de ROMEUF, jeunes gens élégants de Paris, faisant partie de la bande de

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GRAMONT CADEROUSSE, GALLIFET, etc..., morts célibataires, l'un des deux tué dans un accident de chevaux emballés; et deux filles: Madame BAUDIN et la Baronne de BAUMEFORT.

Madame BAUDIN fut mère de François et de Jean; l'un et l'autre ont eu fils et filles. Elle habitait La Valette et le fils de François est aujourd'hui BAUDIN de la VALETTE. Lui même, marié à Mademoiselle de VEYRAC, a des enfants.

La Baronne de BAUMEFORT habite le vieux château de Soulages, très haut perché dans les montagnes de la Loire, qu'elle avait hérité d'une soeur de son père et de mon grand-père (voir ci-dessous). Elle n'eut que deux filles, mortes récemment : Gilberte, célibataire, et la toute charmante Jeanne, mariée à M. de LIMAIRAC (de Nîmes, je crois).

Jeanne de LIMAIRAC eut quatre enfants : une fille, décédée célibataire, une fille mariée au Baron de BELINAY, parent des BONNAFOS (pas d'enfants) et deux fils : Joseph de LIMAIRAC, qui est resté à Soulages et à Nîmes, et Pierre de LIMAIRAC, officier de marine démissionnaire, habitant Lyon et le château ancien de BAUMEFORT, venant d'un grand oncle, frère de son grand-père. Nous conservons de bons rapports de famille avec eux tous.

2°) La Baronne de SOULAGES, morte sans enfants, et qui a laissé sa fortune, ou tout au moins sa terre, aux BAUMEFORT, puis

aux LIMAIRAC.

31

3°) La Baronne BRUN de VILLERET, mariée au frère aîné de ma grand'mère

de ROMEUF. Il y a ici double alliance. Elle fut la mère de Louis de

VILLERET et la grand'mère de Madeleine de FELIGONDE. J'y reviendrai

en parlant des VILLERET.

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4°) Barthélémy, Baron de ROMEUF, fut longtemps questeur du Corps

Législatif sous Napoléon III. Bien allié, bien posé à Paris, il avait

épousé Henriette de SOYE, fille d'une SAULTY. J'ai vu souvent cette

tante et c'est avec cette branche des ROMEUF que nous sommes toujours

restés le plus liés. C'est Barthélémy ou Thelmy qui construisit le

petit château de Saint-Maurice où sont maintenant les d'ANTHOUARD.

Il n'y eut qu'un fils: Maurice, Baron de ROMEUF, marié à Eugénie AZEVEDO (origine inconnue). Nous aimions beaucoup leurs enfants :

a) Guy de ROMEUF, marié à Edwige de SUSBIELLE (Bordelais), mort assez jeune en laissant une fille, Solange, qui a épousé un M. MAZOT, d'où deux ou trois filles que je ne connais pas ;

b) Hélène, Comtesse de VASSAL-MONTVIEIL, Château de MONTBADON(Gironde), cousine que j'aime beaucoup. Elle a perdu prématurément son mari, brillant officier de cavalerie, et sa fille unique. Celle-ci, mariée à Mr de MONTFORT, aviateur de la guerre 1914-18, a laissé un fils et deux filles que je n'ai vus que tout enfants (Bordelais);

c) Geneviève, mariée au Baron d'ANTHOUARD de WASSERVAS, Ministre Plénipotentiaire de France, décédé en 1944 au Château de Saint-Maurice, où il s'était tout à fait fixé. Geneviève, grande amie de ma soeur BONNAFOS, est morte vers 1920. Ils ont laissé 4 fils et 1 fille ; tous, sauf Bertrand, le deuxième, sont mariés aujourd'hui. Trois fils sont bien mariés.

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5°) Louis de ROMEUF, qui fut procureur général ou premier président de la Cour à Pau, marié deux fois. Du premier lit, il a eu :

a) Gaston, Château de SAINT-ALYRE (Puy-de-Dôme), d'où deux fils que j'ai bien connus, un peu plus jeunes que moi, au Collège des Maristes de Riom et bien perdus de vue depuis. C'étaient Jacques et Jean, le premier a laissé plusieurs fils, dont l'aîné est aujourd’hui le Baron de ROMEUF ;

b) Paul, de ROMEUF, Château de CONDERT (Haute-Loire), intelligent et très original, a laissé une fille, la Baronne de VULLIOD, veuve d'un propriétaire d'importants vignobles dans l'Hérault. Un fils de Paul, mort jeune, avait une fille mariée récemment et un fils tué dans un accident d'automobile ;

6°) Reste mon grand-père, Amédée de ROMEUF, fils de Claude de ROMEUF et de Flore de FAUVEAU. Il épousa Cornélie BRUN de VILLERET, fille du Lieutenant Général Baron de VILLERET et de Melle de CABOT de la FARE (Julie, si je ne me trompe). Il termina sa carrière comme Trésorier-Général du Puy-de-Dôme; c'est pourquoi nous habitions Clermont-Ferrand, où je suis moi-m~me né, le 15 février 1868.

Ma mère, Thérèse de ROMEUF, était fille unique et ce que l'on appelait un beau parti. C'est dire qu'elle fut choyée et adulée. Je ne crois pourtant pas qu'elle fat gâtée par ses parents, car je lui ai toujours connu l'esprit de sacrifice et un dévouement complet pour tous. Elle nous a élevés sévèrement, ce dont je lui ai toujours conservé la plus vive reconnaissance. Ma grand'mère ne nous gâtait pas non plus. Mon grand-père peut-être, mais il mourut en 1875, j'avais 7 ans.

Mes grands-parents avaient acheté LAVAURE où l'on passait tout l'été. Nous allions seulement à CRECY pendant un mois, au cours des vacances. A nos yeux, LAVAURE primait tout.

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Là, était le plus beau Château, rempli du plus beau mobilier,le plus merveilleux pays avec le plus agréable climat, les gens les plus aimables, les voisins préférés, les meilleurs fruits, la cuisine la plus exquise. Nous aimions bien CRECY, mais pour un temps, comme un voyage distrayant, mais ni la grande et belle terre avec ses vastes bois, les promenades, les jeux avec les cousins et cousines, la compagnie de notre chère grand'mèreles conversations intéressantes, etc..., ne nous auraientretenus et le retour à LAVAURE était la plus grande joie. Heureu-ses vues de l'enfance qui nous attachent à nos premières amours et nous procurent, pour l'avenir, toute une réserve des plus doux souvenirs.

Ce qui est très certain, c'est que mes grands parents avaient un goût très sûr à une époque où il y en avait si peu, et où tant de beaux châteaux ont été déplorablement abîmés par leurs restaurateurs. Je dis toujours que les habitations qui ont eu le malheur d'appartenir à des gens riches au milieu du XIXème siècle ont été détériorées sous le prétexte d'embellissements, tandis que celles où l'on n'a fait que très peu de réparations, faute d'argent,offrent encore aujourd'hui de magnifiques restes. combien d'exemples des uns et des autres je pourrais citer dans notre Bourgogne et parmi nos proches voisins.

Mes grands parents avaient donc acheté LAVAURE à très bon compte et presque entièrement garni de ce superbe mobilier qui en fait une chose unique. Ils y avaient fait quelques restaurations sans anachronisme et apporté encore un petit nombrede très beaux meubles, la plupart, comme les boiseries peintes de la salle à manger, provenant du Château d'EFFIAT. Presque tout le mobilier ainsi était de style ancien et d'époque. A l'extérieur, l'architecture datant, je crois, de 1695, bien qu'un peu lourde, et du côté jardin, monotone, avait grand air. Des allées bien

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tracées, même celles parcourant les vignes sur

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une hauteur et les vergers le long de la rivière agrandissaient le parc un peu exigu et faisaient but de promenades. c'était en somme une fort belle résidence, dans un pays où le terrain a trop de valeur pour ne pas être ménagé et où il n'y a pas de bois. Il y manquait la chasse ; elle manquait surtout à mon père qui avait été élevé à CRECY. Mais il avait un si charmant caractère, qu'il s'était attaché à LAVAURE sans chasse. Il disait : "Quand on n'a pas ce que l'on aime, il faut s'attacher à ce qu'on a".

Mon cher père, - après avoir été secrétaire de l'Im-pératrice Eugénie, fit une carrière administrative comme SousPréfet d'Issoire et Secrétaire général de la Sous Préfecture de Dijon, - puis il s'attacha pendant plusieurs années, comme maire, à l'administration de la Commune de NESCHERS. Il présida à la construction d'une belle mairie et d'une école publique, puis d'une église très bien comprise et soignée dans tous les détails, puis d'une école libre de garçons. Il en recueillit surtout de l'ingratitude. Il vécut souriant et aimable jusqu'à 87 ans ; je n'ai jamais connu une vieillesse plus verte physiquement et moralement, un plus complet équilibre de toutes les facultés.

Ma mère qui mourut un an après lui, le 25 mars 1919, à 78 ans, avait été valétudinaire pendant de longues années. Les derniers temps, elle souffrait cruellement. Elle restait bonne, mais son humeur s'était bien attristée.

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VILLERET

L'autre côté de mon ascendance maternelle. Il ne reste que peu de parents du côté eu de parents du côté VILLERET.

Mon bisaïeul était le Lieutenant Général Baron de BRUN de VILLERET, qui fut l'aide de camp et l'ami du Maréchal SOULT. Il commanda le 13ème corps d'armée à Clermont-Ferrand. Homme distingué et très religieux - il y en avait aussi à cette époque. Un petit livre: "La morale en actions" qu'on lisait beaucoup dans ma jeunesse, raconte cette anecdote à son sujet. Invité aux Tuileries à dîner un vendredi, la Reine Marie Amélie à côté de qui il était placé, s'aperçoit qu'il refuse tous les plats. "Mais, Général, vous ne mangez pas, lui dit-elle. Que désireriez-vous ?" - "Madame, répondit-il, sans élever la voix, c'est que tous les mets présentés jusqu'ici sont gras et aujourd'hui c'est vendredi". - De l'autre côté, le Maréchal SOULT s'inquiète. Il a compris ce qui se passe. "Mais, voyons, mon ami, dit-il, mange donc comme tout le monde. Tu sais bien quele Roi, comme tous les militaires, est dispensé de l'abstinence". -"Excusez-moi, reprend le général, et pardonnez à mon intransigeance qui date de très loin. Je n'ai jamais fait gras qu'une seule fois, le vendredi, ce fut à tel siège en Allemagne où je me vis forcé de manger la tête de mon cheval". - La Reine loua, dit l'histoire, une obstination aussi résolue et l'on apporta du maigre sans insister davantage.

Le Général de VILLERET avait épousé Julie (?) de LA FARE, fille du Marquis de CABOT de LA FARE et d'une BRUGE-MONTGOMERY.

Les BRUGE-MONTGOMERY, originaires de Grande-Bretagne -Bruge - bridge - pont) ont brillé à la Cour de la Restauration en la personne de deux frères: l'un gouverneur de l'Ecole des Pages, l'autre, aide de camp de Charles X, si j'ai bonne mémoire.

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Les mâles de cette maison quittèrent la France avant Charles X et devinrent Allemands. Deux officiers BRUGE furent contre nous pendant la guerre de 1870. Ils passèrent à LAVAURE où l'on conserve leur photographie en uniformes allemands et s'y comportèrent d'ailleurs en bons gentilshommes. Chose curieuse, quelques 20 ans après, un de leurs descendants, Victor de BRUGE,pressé par les sentiments de l'atavisme français, arriva en France chez les REGIS, puis s'engagea dans la Légion Etrangère. Il mourut sans être marié et il n'est plus question de parenté du nom de BRUGE.

Si je parle de cette famille, c'est pour retrouver des parentés féminines: l'un des frères BRUGE-MONTGOMERY eut pour fille la Marquise de la ROCHELAMBERT, cousine de la Générale de VILLERET. Je l'ai connue à LAVAURE dans mon enfance, grande dame plus ou moins ruinée. Elle avait été élevée en Allemagne et fut demoiselle d'honneur de la Reine, plus tard Impératrice Augusta, femme de Guillaume Ier. La Marquise de La ROCHELAMBERT eut un fils, qui vendit le ravissant château de ce nom, près du PUY, - si bien décrit par George SAND dans Jean de la ROCHE -, puis mourut sans postérité mâle.

Elle eut aussi trois filles. L'aînée, la Comtesse de VALON, légitimiste intransigeante comme sa mère, eut deux fils et une fille, Valonette, qui épousa le Marquis de CASTELBAJAC. Les deux autres filles La ROCHE LAMBERT furent:la Comtesse de la BEDOYERE, devenue la Princesse de la MOSKOWA et la Comtesse de la POEZE, toutes deux dames d'honneur de l'Impératrice Eugénie. Nous eûmes des relations de parenté avec tout ce monde. Ces relations ont cessé parce que l'on ne s'est plus rencontrés; elles pourraient reprendre à l'occasion.

Au degré suivant, celui de la Générale de VILLERET, mon arrière grand'mère, se rattachent les parentés La FARE.

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Il y eut plusieurs LA FARE: l'Abbé de la FARE, grand vicaire de Mgr de La ROCHEFOUCAULD, évêque de Nîmes, je crois, l'un et l'autre massacrés par les sans-culottes sous la Terreur. L'oncle Thémistocle, l'oncle Alcibiade, sans postérité.

Ensuite:a) le Marquis de la FARE, que j'ai bien connu ; j'allais chez lui à ARIGES, près de FLORAC ; il était veuf d'une des ISNARD et n'a laissé qu'une fille; b) le père de la Comtesse de Régis,c) la générale de VILLERET.

Ces trois derniers n'étaient pas frères et soeurs, mais cousins. Je me perds un peu en l'absence de mes documents. La famille est éteinte, et je n'en parle que pour nous rattacher aux REGIS, auxquels nous liait une grande amitié.

Ma tante de REGIS, née La FARE, chez qui j'ai fait de longs séjours dans le Midi, eut deux fils et une fille. Celle ci, Henriette, célibataire, fort âgée, nous garde les sentiments les plus fidèles et m'écrit chaque année. Les deux fils, Georges et Louis, sont morts laissant chacun plusieurs enfants.

1°) Louis a laissé deux fils: l'aîné, Jacques, habite La Rostolane, près d'AIX-en-PROVENCE, célibataire ; le second, Georges, marié à une GARIDEL, habite SAINTE-MARIE pas loin de TARASCON, avec la tante Henriette ;

2°) Georges, l'aîné de la famille, un peu plus âgé que nous, était notre grand ami. Il faisait chaque année,avant son mariage, un long séjour à LAVAURE, où nous le traitions comme un frère.

D'Henriette de BERLIER TOURTOUR, décédée après lui, il a eu 6 ou 7 enfants. Il reste un père Jésuite très distingué, Philippe, que nous avons vu plusieurs fois à Rome, Directeur du Séminaire catholique Russe (de rite oriental) ; Henri, marié à Gabrielle du JONCHAY, voisine de JONCY ; Roselyne, mariée à un

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officier BALINCOURT, que j'ai retrouvé dans le régiment de cavalerie de Mâcon en 1941 ; Marie-Thérèse, religieuse du Sacré-Coeur, et Marthe, non mariée, qui vit seule près de Draguignan et à N1mes.

A la génération de ma grand'mère de ROMEUF, née VILLERET, je retrouve des parentés qui ont joué un grand rôle dans notre vie d'enfants ou de jeunes gens, et dont il subsiste bien peu aujourd'hui. Tant que nous habitâmes Clermont, nous nous trouvions naturellement plus liés avec cette branche. Il n'en fut plus de même quand mes parents quittèrent CLERMONT pour s'installer à PARIS, après le mariage de ma soeur d'AMONVILLE, en 1886.

Le Général de VILLERET et sa femme, née LA FARE, laissèrent quatre enfants:

1°) le Baron de VILLERET, marié à Mélanie de ROMEUF, soeur de mon grand-père, comme je l'ai déjà dit (double alliance). Ils n'eurent qu'un fils, Louis, Baron de VILLERET, qui épousa Laurence BOHA, nièce du célèbre Ministre de Napoléon III, Mr ROUHER. D'où une fille unique, Madeleine de VILLERET, mariée tard à Jacques de FELIGONDE, bientôt veuve, qui a ces temps-ci 78 ans. Elle habite CLERMONT et le VILLERET, terre d'origine familiale, près de MALZIEU (Lozère). Elle est la dernière des VILLERET. Habitant la même ville depuis trois générations, nous avons été et sommes toujours restés très liés avec ce rameau. Madeleine était fort intelligente, cultivée et séduisante,comme son père d'ailleurs.

2°) Edmond BRUN de VILLERET, Conseiller à la Cour de Lyon, marié à Stéphanie de VEYRAC, père de Jeanne de LAJUDIE et de Marguerite de ROTON. Ces deux cousines de ma mère étaient pas mal plus jeunes que ma mère et cela les rapprochait de nous. De la première, il y a eu deux fils LAJUDIE, Louis et Edmond, bien mariés et qui ont des enfants, plus une fille que l'on appelle Manette. Elle

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a épousé Alfred de CHANTEMELE et a trois ou

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quatre enfants. C'est elle qui conserve la vieille maison des VILLERET au MALZIEU (Lozère).

Des ROTON (famille lorraine), il reste un fils, Georges, bien marié aussi. Tous sont de bons parents, que l'on voit peu, mais qui nous sont attachés.

3°) Zénobie de VILLERET, mariée à Dominique de ROUVILLE, ancien officier. Elle fut longtemps ma tante de prédilection.Il était convenu dans la famille de ma mère que "j'étais tout à fait du côté de cette famille". Lion disait souvent ~ "René, c'est un La FARE". D'où la préférence que me marquaient les oncles et tantes de ce côté et même ma chère grand'mère de ROMEUF. Je me sentais aussi attiré vers eux par un certain atavisme. Les ROUVILLE n'eurent qu'une fille, Gabrielle, qui épousa Louis, Baron de MATHAREL, Receveur des Finances.

La tante de MATHAREL était comme une soeur pour ma mère. L'on se voyait chaque jour. Habitant la même ville et même longtemps la même maison que les ROUVILLE, il devait exister une grande intimité entre enfants et entre parents, comme elle avait existé entre nos grands parents, Louis de VILLERET et Madame de MATHAREL pour ma mère, Marguerite de MATHAREL et Madeleine de VILLERET (devenue FELIGONDE) pour mes frère et soeurs et moi. Il en sera bien différemment de ceux qui nous survivront et que nous ne connaissons presque pas. Je veux parler de la descendance de la tante de MATHAREL. Elle n'eut qu'une fille, Marguerite, qui épousa Ernest du VERNIN, de Clermont-Ferrand. Les du VERNIN étaient des amis de ma mère, comme ils passaient l'été à VIC-LE-COMTE, tout près de LAVAURE, nous nous voyions beaucoup à l'époque des vacances. . Des du VERNIN, il y eut

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un fils, Jules, tué à la guerre de 14-18, et une fille, mariée au Comte de CERNOWITZ. Ce CERNOWITZ, officier français, était le fils d'un aide de camp ou chambellan du roi Georges de Grèce, qu'il accompagnait dans ses voyages annuels en France et fut, je crois, à ses côtés, quand le Roi tomba sous

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les coups d'un assassin à SALONIQUE. Le fils CERNOWITZ et sa femme, Catherine du VERNIN, ont été assassinés eux-mêmes, il y a moins d'un an, par des maquisards, je crois. C'est à peine si je les ai connus et je ne connais pas du tout leurs enfants(un fils et une fille, me semble-t-il).

4°) J'ai laissé ma grand'mère pour terminer, bien qu'elle fût, je crois, la seconde des enfants du Général de VILLERET. c'était Cornélie de VILLERET ,appelée Nélie, elle épousa Amédée de ROMEUF et n'eut pas d'autre descendant queThérèse de ROMEUF, mariée au Comte de CHERISEY. A ce degré de mon père et de ma mère, il n'y a plus qu'à se reporter au côté paternel CHERISEY, et à nous-mêmes.

Les deux lignées sont soudées. Je m'excuse d'avoir été si long et assez diffus. J'ai écrit au courant de la plume et je ne suis plus, hélas, en état d'affronter une retouche ou une mise plus en ordre de ce travail. Tel quel, si mes enfants prennent la peine de le lire, il leur apprendra un peu d'où ils viennent et ce qui ils doivent conserver de notre passé.

24 mars 1945,

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René de CHERISEY

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RESUME DE NOS PARENTES

Je crains de m'être perdu un peu dans les détails en décrivant toutes nos alliances. Cela paraîtra fastidieux. Peut-être serai-je plus clair en les résumant ici:

COTE PATERNEL

D'abord les plus proches côté CHERISEY :

1°) Enfants de mes frères et soeurs: MEURVILLE AMONVILLE

- JABRUN - BONNAFOS

2°) Enfants de nos cousins germains:

FONTANGES - GRASSE - BEAUVILLE - des FRANCS

3°) Enfants des issus de germains:

Les descendants de Gérard, le Marquis actuel 1

ceux de ses soeurs: BERU - CARMEJANE - SAINT-HILLIER ; ceux des LAPEYREY-NITOT (O'CORMAN sans enfants).

4°) En remontant jusqu'aux CHERISEY, auteur commun, fin XVIIIème siècle, désigné sous le nom de Louis III, nous avons deux grandes ramifications:

a) par la soeur de sa femme: tous les d'AUDIFFRET-PASQUIERet CORAL, IMECOURT et ses soeurs, NEVERLEE ;b) par sa soeur : HUNOLSTEIN-BRYAS, CHEZELLES, des COURTILS, etc..

Du côté JONCY, ma grand'mère paternelle, il ne reste

personne.

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COTE MATERNEL

Ramification par les cousins germains ou issus de germains de ma mère, celle-ci n'ayant pas de frère ou soeur:

l ROMEUF, VASSAL, d'ANTHOUARD, beaucoup

d'enfants,BAUMEFORT devenu LIMAIRAC, BELINAY, BAUDIN, de la

VALLETTE, VULLIOD.

II - VILLERET, La FARE: FELIGONDE, LAJUDIE, ROTON, CHANTEMELE,

CERNOWITZ, REGIS.

1Je ne parle pas des plus jeunes, on les connaît mieux et l'on pourra les rattacher aux noms ci-dessus. La nomenclature détaillée complètera celle-ci en tous les points de détails.

En général, j'ai donné quelques indications sur les parents disparus ; je n'ai rien

dit de ceux qui existent aujourd'hui. Mes enfants ont sans doute sur ces derniers leur opinion faite et

peuvent les juger autrement que je ne les jugerais moi-même.

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NOTA

L'usage adopté par les maisons des marches lorraines est, à l'exemple des familles du Saint-Empire Romain que, - le titre de Marquis étant dévolu à l'aîné, - tous les mâles portent le titre de Comte avec le prénom. Cette coutume n'existait pas en France.

- Aujourd'hui, hélas, il n'y a pas que fantaisie et incohérence dans cet ordre de choses.

- Sous la Restauration, l'on avait inventé de décliner les titres - le fils d'un Duc de l'Empire voulant être Marquis, etc...

- A la Cour de Charles X , le titre de Vicomte fut attribué à Victor, Louis, François de CHERISEY, chef de la branche cadette, mon grand-père. Plus tard, il redevint le Comte Victor. Le titre de Vicomte a été porté depuis par le représentant du dernier rameau. Mon père l'a conservé toute sa vie.

Il alla à Jean, fils de Gérard, époux d'Antoinette de LANNOY. Aujourd'hui, ce titre est porté par mon dernier fils, Guillaume, qui est bien le cadet de tous les CHERISEY.

Telle est l'explication d'une anomalie qui peut

surprendre.