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Unité d'Enseignement DF 4.2 Sémiologie et entités psychopathologiques Livret d'accompagnement du CM Licence 2 Psychologie UPJV – Département de psychologie Philippe SPOLJAR Courriel : [email protected] Site Internet : http://philippe.spoljar.free.fr

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Unité d'Enseignement DF 4.2

Sémiologie et entités psychopathologiques

Livret d'accompagnement du CM

Licence 2 Psychologie

UPJV – Département de psychologie

Philippe SPOLJAR

Courriel : [email protected] Site Internet : http://philippe.spoljar.free.fr

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1. Signes et symptômes

1.1. Introduction

Objectifs du cours :

- approche théorique des objets et concepts de la psychopathologie : de la sémiologie à la nosologie

- connaissance des signes utilisés en psychopathologie

- connaissance de certaines entités pathologiques :

. aspects du narcissique pathologique

. la paranoïa

. les perversions sexuelles, principalement le sadisme, le masochisme et le fétichisme

. la perversion narcissique

. les normopathies : faux-self (Winnicott) et de pathologie du banal (Sami-Ali)

Evaluation

Il s'agit d'un examen terminal (ETE), pour les deux sessions, sous forme de QCM composé de 10 questions, avec à chaque fois quatre réponses possibles, qui peuvent éventuellement être toutes vraies ou fausses

Barème :

- 4 bonnes réponses = 2 points

- 1 erreur = 1 point

- plus d'une erreur = 0 point

1.2. La structure théorique du symptôme

La définition de formes typiques de maladies, syndromes et structures, d'après :

- les symptômes et les signes (sémiologie)

- les causes (étiologie)

- les modes de formation (pathogénie)

- les significations

1.2.1. Signes et symptômes

Point de départ : l'appréhension des symptômes

1.2.1.1. Du côté du sujet : les symptômes

Le symptôme est du côté du sujet, c'est ce dont il se plaint

C'est un phénomène complexe : le reflet extérieur d'un phénomène interne

Dans une approche compréhensive, le symptôme est considéré comme ce qui constitue la "demande" du sujet. Il faut examiner :

- le contenu symptomatique

- éventuellement les termes de sa genèse

- les significations attribuées par le patient à ce qui fait symptôme

- la manière dont le symptôme se manifeste dans la vie du patient et son histoire

- les mots utilisés pour l'évoquer

Le symptôme cache et manifeste en même temps. Il s'agit donc de comprendre :

- le "message" dont il est porteur

- ses effets

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- les raisons de son apparition

Il correspond à la manifestation "d'autre chose" : le symptôme a une valeur symbolique et/ou indicielle, aussi bien au niveau organique que psychique

La dimension intersubjective est essentielle : le symptôme est "adressé"

1.2.1.2. Du côté de l'observateur : les signes et syndromes

Le signe résulte de la transformation du symptôme, prenant place dans une sémiologie, dans le cadre d'une nosographie

Le travail sémiologique : traduire les symptômes en signes

L'ambiguïté terminologique :

- soit : le symptôme est la part subjective du signe

- soit : les deux termes sont équivalents

la psychothérapie est « l’ensemble des méthodes qui permettent de traiter l’appareil psychique en souffrance. […] la démarche psychothérapique a pour but aujourd’hui de redonner du sens aux symptômes entendus comme signes de la souffrance psychique humaine, en les resituant dans l’histoire d’un sujet » (P. Delion, Thérapeutiques institutionnelles. EMC-Psychiatrie, (37-930-G-10), 2001,

p. 48).

1.2.1.3. Signe et sémiologie

Un signe n'existe jamais seul ; un signe isolé n'a aucune valeur diagnostique :

- seul un ensemble de signes a une signification

- les signes peuvent se manifester hors structure psychopathologique

- un même signe peut appartenir à plusieurs tableaux (cf. infra la question transnosographique)

- il y a très peu de signes pathognomoniques

Etude sémiologique : recueil et organisation de l'ensemble des signes présents dans une situation clinique

Le travail d'analyse sémiologique consiste à caractériser des signes

L'absence d'un signe peut être importante (ou l'absence d'une représentation dans le discours du patient)

1.2.2. Le statut du symptôme dans les différentes psychopathologies

Le statut du signe varie selon les différentes orientations en psychopathologie.

1.2.2.1. Les "dys-" : l'hyper-, l'hypo- et le para-

La perspective de la variation autour de la norme

1.2.2.2. Le cas de la phobie

Le statut de la phobie change totalement selon la psychopathologie sous-jacente :

- approche psychanalytique : la phobie a une valeur symbolique, elle est la résultante de processus psychiques dynamiques (déplacement)

- approche systémique : la phobie révèle une disposition familiale pathologique dont elle constitue le symptôme

- approche comportementale : la phobie résulte d'un mauvais conditionnement

- approche psychiatrique : elle consiste en une angoisse excessive qu'il s'agit de dissoudre par anxiolytique

- approche phénoménologique : une phobie est l'actualisation particulière d'une angoisse existentielle humaine

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1.3. Les principaux signes cliniques

1.3.1. La pensée

a) Le jugement

- le rationalisme morbide : raisonnements poussés jusqu'à l'absurde

- la fausseté du jugement : erreurs de jugement déterminés par des affects

- l'interprétation : attribution de significations erronées

b) Le cours de la pensée

- la tachypsychie : accélération de tous les processus psychiques, notamment de la pensée.

- la bradypsychie : ralentissement de la pensée et mono-idéisme.

- les troubles de la synthèse mentale : difficulté à organiser la pensée et confusion mentale.

- la discontinuité de la pensée

c) Le contenu de la pensée

- les troubles imaginatifs : expansion de l'activité imaginative

- les obsessions :

. les obsessions idéatives : idées obsédantes, pensées compulsives

. les obsessions phobiques : angoisses phobiques en l'absence de l'objet

. les obsessions impulsives : peur de commettre un acte incontrôlé

- les distorsions globales de la pensée :

. la pensée autistique : repli mental sur soi

. la pensée magique : croyance aux pouvoir de la pensée sur la matière

. la pensée déréelle : pensée sans ancrage dans la réalité

. la pensée paralogique : raisonnement d'apparence logique, dont les prémisses sont fausses

. l'automatisme mental (syndrome) :

- pensée imposée, entravée, contrôlée de l'extérieur

- hallucinations psychiques : voix intérieures, vol et devinement de pensée

d) Les idées délirantes

Croyance en une idée erronée, en opposition avec la réalité ou le sens commun du groupe socio-culturel

1/ Les thèmes

. idées d'influence

. idées de jalousie

. idées de persécution

. idées de négation

. idées mystiques

. idées d'indignité

. idées de grandeur

. idées d'érotomanie

2/ Les mécanismes

- l'intuition

- l'imagination

- l'illusion

- l'interprétation

- l'hallucination

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3/ Le degré de systématisation

- systématisé : développement ordonné, d'apparence "cohérente"

- polymorphe : multiplicité de thèmes et de mécanismes

4/ L'extension

- en secteur : ne concerne qu'un domaine circonscrit

- en réseau : extension graduelle à toute la vie du sujet

5/ L'acuité ou la chronicité

- aigu : épisodes critiques

- chronique : présence permanente

6/ Le degré de conviction

Rapport du sujet à son délire : indifférence, conviction, certitude …

1.3.2. Les émotions

a) L'expression des émotions

- l'hyperémotivité : expression excessive

- la froideur affective : absence d'expression

- la discordance : inadéquation entre le discours et les émotions exprimées

b) Les troubles de l'humeur

- la dysthymie : tristesse pathologique

- l'euphorie : joie démesurée

- l'athymie : indifférence thymique

- l'alexithymie : difficulté à identifier/exprimer ses émotions

c) Les réactions émotionnelles

- - colère, crises, tension chronique …

d) La peur et l'angoisse

- la peur : crainte devant un danger externe

- l'anxiété : appréhension d'un danger imminent

- la phobie : angoisse suscitée par un objet ou une représentation spécifique

1.3.3. La perception

a) Les illusions

Déformation de la perception d'un objet réel

b) Les hallucinations

Perception d'objets qui n'existent pas dans la réalité extérieure

1/ Les hallucinations psycho-sensorielles

Les hallucinations psycho-sensorielles ont la qualité d'une perception normale : auditive, visuelles, olfactives, gustatives, tactiles, cénesthésiques

2/ Les hallucinations psychiques

Les hallucinations psychiques correspondent au vécu d'une intrusion dans la vie psychique (cf. automatisme mental)

1.3.4. Le langage

a) L'expression verbale

- le mutisme : absence de langage, intentionnelle ou non

- le mutacisme : silence volontaire

- l'écholalie : répétition immédiate et fidèle des derniers mots de l'interlocuteur

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- la palilalie : répétition involontaire et quasi mécanique de syllabes ou de mots

- la persévération verbale : persistance de mots ou de phrases appartenant à un moment antérieur du dialogue

- le barrage : brusque suspension du fil du discours

- la logorrhée : flot incoercible de paroles

- les impulsions verbales : parasitage du discours, souvent par des jurons

- le maniérisme : mode d'expression emphatique

b) La sémantique et la syntaxe

- le néologisme : création d'un mot nouveau n'ayant de sens que pour le sujet

- la glossolalie : création d'un nouveau langage

- l'agrammatisme : expression télégraphique ou monosyllabique

- la verbigération : mots/propositions dénuées de sens qui se répètent ou s'enchaînent

- Les paralogismes : détournement du sens des mots ; énoncés faux d'apparence logique

c) L'élocution

- le bégaiement : difficulté d'expression portant sur le débit de la parole

- la dysarthrie : difficulté d'articulation, notamment des consonnes

d) Les aphasies

Troubles du langage dus à des lésions cérébrales

1.3.5. La mémoire

a) Les déficits mnésiques

- l'amnésie de fixation : incapacité d'intégration de nouvelles informations

- l'amnésie antérograde : incapacité de mémorisation qui progresse avec le temps

- l'amnésie d'évocation : incapacité de remémorer une information déjà fixée

- l'amnésie rétrograde : incapacité d'évoquer des souvenirs antérieurs au début de la maladie

- les amnésies psychogènes/"affectives" : amnésies électives, périodiques et post-traumatiques

b) Les libérations mnésiques

- l'hypermnésie : flux de remémoration permanent ou paroxystique

c) Les paramnésies (illusions de mémoire)

- l'ecmnésie : hallucination mnésique

1.3.6. L'intelligence

- la débilité : limitation ou retard du développement intellectuel

- la détérioration : baisse de l'efficience intellectuelle (avec l'âge ou la maladie)

1.3.7. La conscience

a) La vigilance

Troubles quantitatifs de la vigilance :

- l'hypervigilance : très haut niveau

- l'hypovigilance : niveau très faible

- l'obnubilation : lenteur de la pensée et difficulté de compréhension

- l'hébétude : désintégration plus profonde

- le coma : perte complète de conscience

- la désorientation spatiale et temporelle : perte des repères dans le temps et l'espace

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Troubles qualitatifs de la vigilance :

- le rétrécissement : diminution du champ de conscience

- les états crépusculaires : conscience altérée ou modifiée

- la déréalisation : perte du caractère familier de l'environnement

- les états oniroïdes (onirisme) : monde proche du rêve qui envahit la conscience

- les états oniriques : états de rêve pathologique

b) L'attention

- l'hyperprosexie : augmentation de l'attention

- l'hypoprosexie ou aprosexie : diminution, ou perte, de l'attention

c) La conscience de soi

- le trouble du schéma corporel : illusions/déformations relatives au corps

- l'altération de l'image du corps : impression de changement de forme du corps

- la dépersonnalisation : impression de modification corporelle

Distinction : schéma corporel et image (conscience ou inconsciente) du corps

1.3.8. L'activité psychomotrice

a) Les déficits

- le ralentissement psychomoteur : lenteur, fatigue, asthénie

- la catatonie : négativisme, passivité

- la catalepsie : immobilité, "prise en masse" du sujet

- la stupeur : état de sidération

- certaines conversions hystériques : paralysies

b) L'agitation

Formes motrices de l'excitation psychique :

- l'agitation agressive

- l'agitation onirique

- l'agitation anxieuse

- l'agitation euphorique

- l'agitation discordante

- l'agitation théâtrale

c) Les impulsions

- L'impulsivité : besoin impérieux d'accomplir soudainement un geste (brutal, dangereux, incongru…)

- le raptus : passage à l'acte clastique

- les parakinésies : mouvements anormaux parasites

- les stéréotypies : grattage, balancements, rotations, etc.

- les dyskinésies : hyperextensions

- les hyperkinésies : instabilité impulsive

d) Les troubles moteurs spécifiques

- les tics : mouvements involontaires de groupes de muscles en liaison fonctionnelle

- certains rituels

e) Les agnosies et apraxies

Les agnosies :

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- agnosies visuelles (agnosie des couleurs ; alexie ; prosopagnosie ; agnosie topographique …)

- agnosies auditives

- les agnosies tactiles (asymbolie tactile ; autotopoagnosie ; asomatognosie …)

Les apraxies :

- les apraxies gestuelles (idéo-motrice ; idéatoire …)

- les apraxies complexes (constructive, de l'habillage…)

1.3.9. Les conduites "instinctuelles" et sociales

a) La présentation

- les inadaptations remarquables (à l'âge, au sexe, aux normes sociales)

- le maniérisme

- l'incurie

- la clinophilie

b) Les mimiques

- les hypermimies

- les hypomimies

c) Le sommeil

- les insomnies

- la somnolence et l'hypersomnie

- le somnambulisme

d) L'alimentation

- les restrictions alimentaires

- l'anorexie

- la sitiophobie

- la boulimie

- la potomanie

- la dipsomanie

e) Les sphincters

- l'énurésie

- l'encoprésie

f) La sexualité

- l'impuissance

- l'éjaculation précoce, ou absente.

- la frigidité

- la dyspareunie

- le vaginisme

g) Les transgressions

- les fugues

- les vols pathologiques

- les perversions sexuelles

- le suicide, tentative ou équivalents

- l'homicide

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1.4. Exemple d'analyse sémiologique

Mme V., 40 ans, est hospitalisée en service de médecine, pour fatigue et amaigrissement. Les examens somatiques ne montrent aucune anomalie. Il est demandé au psychiatre de la rencontrer. Son discours est assez pauvre, monotone, le débit est lent. Elle se plaint de ne plus avoir de force, de n'avoir envie de rien, d'être oppressée : « je ne dors plus, toutes les nuits je me réveille, pourtant je suis fatiguée, je n'arrive pas… je ne fais rien, je ne suis capable de rien, je suis tout le temps triste ». Elle dit elle-même qu'elle n'a plus faim, qu'elle pense ne pas pouvoir aller mieux et qu'elle se sent abandonnée. A plusieurs reprises, elle pleure au cours de l'entretien et dit qu'elle a peur de mourir. Le reste du temps, son visage exprime la tristesse. Il n'existe ni antécédents familiaux, ni antécédents personnels. Aucun événement marquant ne peut être relevé dans les mois précédents l'apparition de son état qui dure depuis environ 5 semaines.

Le recueil et le regroupement des signes indiquent, schématiquement :

- Humeur :

. pessimisme : "elle ne pense pas pouvoir aller mieux"

. tristesse : "je suis tout le temps triste" ; "son visage exprime la tristesse"

. pleurs : "elle pleure au cours de l'entretien"

. perte des intérêts : "je ne fais rien"

. idées d'incapacité, dévalorisation de soi : "je ne suis capable de rien" ; "je n'arrive pas…"

- Activité psychomotrice :

. ralentissement psychomoteur :

. fatigue : "elle est hospitalisée pour fatigue"

. asthénie : "elle se plaint de ne plus avoir de forces" ; "je ne fais rien"

. expression verbale : "son discours est assez pauvre, monotone", débit lent

- Conduites instinctuelles :

. anorexie : "elle n'a pas faim", amaigrissement

. insomnies (milieu de nuit) : "je ne dors plus, toutes les nuits je me réveille"

- Peur et angoisse :

. sentiment d'oppression : "Elle se plaint […] d'être oppressée"

. angoisse d'abandon : "elle se sent abandonnée"

. angoisse de mort : "elle a peur de mourir"

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2. Catégories et structures

2.1. Les classifications sémiologiques

2.1.1. Les catégorisations

La classification est un mode de pensée, sous-tendu par un raisonnement

Les classifications "a-théoriques" (DSM) reposent de facto sur des théories de la maladie mentale

2.1.2. Les syndromes

Le syndrome se constitue à partir d'une combinaison de signes

Un syndrome est un regroupement spécifique de signes, qui peuvent avoir plusieurs étiologies et se trouver dans plusieurs pathologies. Par exemple :

- syndrome de Cotard (mélancolie, schizophrénie)

- syndrome de Korsakoff (alcoolisme, traumatisme)

2.1.3. Les tableaux cliniques

Un tableau clinique correspond à l'ensemble des signes présenté par un patient, et constituant généralement une variante clinique d'une entité pathologique

2.2. Les entités psychopathologiques

2.2.1. Nosographie et nosologie

Nosographie : description des maladies

Nosologie : doctrine de la maladie (logique et classification)

Formes cliniques : tableaux sémiologiques distincts relevant d'une même entité

Maladie : notion médicale qui désigne une entité caractérisée par la stabilité d'un ensemble de signes

Une entité ou maladie correspond à une abstraction (schématisation d'une situation complexe)

Le problème de la médicalisation de la pathologie mentale :

- isolation des maladies

- caractérisation tendanciellement univoque

- avec une même étiologie

Les entités psychopathologiques ont des définitions instables

2.2.2. Les entités psychiatriques et psychopathologiques

2.2.2.1. Les regroupements traditionnels

Les entités psychiatriques sont traditionnellement regroupées dans les ensembles suivants :

1 - les névroses (psychonévroses de défense et névroses actuelles)

2 - les psychoses

3 - les états dépressifs (non psychotiques)

4 - les démences

5 - les arriérations

6 - les troubles du comportement et du caractère

7 - les troubles mentaux liés à une affection organique

8 - les pathologies psychosomatiques

Les problèmes liés aux regroupements des entités : la pluralité de critères (forme, étiologie, évolution…)

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2.2.2.2. Déplacement nosographique et analyse transnosographique

Les classifications sont instables, du fait d'un certain polymorphisme des symptômes

Les déplacements nosographiques désignent les zones de recouvrements sémiologiques

Illustration par l'exemple de déplacement nosographique entre paranoïa, névrose obsessionnelle et hypocondrie

L'analyse transnosographique consiste en une étude comparée entre les différentes affections psychiques

Les structures sont différentes, mais il existe des processus communs et donc des symptomatologies partiellement partagées. L'analyse sémiologique est donc :

- nécessaire pour étayer une analyse clinique précise de la réalité psychique singulière du patient

- mais insuffisante pour accéder pleinement à la compréhension des phénomènes psychopathologiques

La psychopathologie clinique va donc établir les relations à chaque fois particulières entre :

- la sémiologie

- les entités psychopathologiques

- et les processus mentaux

2.2.3. Les classifications psychanalytiques

Une composition spécifique de critères structuraux et processuels :

- la structure

- le type de relation d'objet

- le mécanisme de défense primaire

- l'étiologie

La classification de J. Bergeret est composée à partir de quatre critères :

- la symptomatologie

- le type d'angoisse

- la relation d'objet

- les mécanismes de défenses

Tableau des structures psychopathologiques, d'après Jean Bergeret, et al., Psychologie pathologique, Masson, 1982 :

Symptômes/signes Type d'angoisse Relation d'objet Défenses Psychoses Dépersonnalisation

Délire Morcellement Fusionnelle Déni

Dédoublement du moi Etat-limite Dépression Perte d'objet Anaclitique Dédoublement des imagos

Forclusion Névroses Obsessionnels,

hystériques, phobiques...

Castration Génitale Refoulement

2.3. Structure, personnalités et pathologies

2.3.1. La notion de structure

La définition d'entités psychopathologiques comme "l'ordre du désordre" :

« Les divers syndromes mentaux se répètent dans leurs grandes lignes, d'individu à individu, avec une régularité surprenante à première vue, comme s'ils étaient soumis à une loi, de sorte que les aliénés se laissent grouper plus facilement à première vue que les êtres normaux. Le nombre de syndromes est limité, les dégradations de structure semblent suivre des tracés préformés, tou-

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jours les mêmes. Il y a de l'ordre dans le désordre. » (E. Minkowski, Traité de psychopathologie, 1966)

Origine de la notion de structure dans l'étude du langage

Un ensemble de "places" relatives les unes aux autres

Définition philosophique/linguistique de la structure (G. Deleuze, « Le structuralisme », in F. Châtelet, Histoire de la philosophie, t. 8 : Le XXème siècle, Hachette, 2000) :

1 - il existe un ordre symbolique irréductible et antérieur à l'ordre du réel et de l'imaginaire

2 - les places désignées dans l'espace structural sont premières par rapports aux éléments

3 - les places occupées déterminent des effets subjectifs

4 - la structure est inconsciente

2.3.1.1. La structure psychique

L'organisation inconsciente du sujet

Le passage du niveau des manifestations (clinique) à celui des organisations (structure)

La métaphore du cristal, les "lignes de fragilité"

Une structure stabilisée est dite compensée

La décompensation s'effectue selon l'organisation (structurale) de la personnalité

Une cohérence essentielle entre situation normale et situation pathologique : la structure reste la même, qu'elle soit compensée ou décompensée

2.3.1.2. Les processus mentaux

Les processus mentaux désignent des activités psychologiques/psychiques

Ils sont inobservables directement

La perspective pathogénique (comment) complète la perspective étiologique (pourquoi)

Processus et théorie du psychisme

2.3.2. Structure et personnalité pathologique

Personnalité : manifestation de la structure

Une déviation permanente, essentiellement permanente, d'un type de personnalité

Deux conceptions différentes des rapports entre "personnalité" et "entité pathologique"

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3. Le Moi et ses altérations

3.1. L'hypertrophie du Moi

3.1.2. Egoïsme, égotisme, égocentrisme

Les « écarts dans l'accroissement de l'être qui se réfèrent au Moi » :

« Ce sont les appréciations portées sur le propre moi ou plus exactement la place qu'il occupe dans la vie, et plus particulièrement les écarts qui se produisent à cet égard, qui doivent nous intéres-ser. Les expressions y ayant trait sont multiples, foisonnent : égoïsme, égocentrisme, égotisme, auto-érotisme, autophilie, narcissisme, hypertrophie du moi. » (E. Minkowski, Traité de psychopa-thologie, p. 833).

Egoïsme et égotisme :

« Pour ce qui est de l'égoïsme qu'on oppose d'habitude symétriquement à l'altruisme, une différenciation devient nécessaire : égoïsme, égotisme, égocentrisme. Au sujet de l'égocentrisme en particulier, Pierre Janet écrit (De l'angoisse à l'extase, t. I, p. 312) : "M. Deschamps constate chez certains malades, ceux qu'il appelle des névropathes asthéniques, des manifestations frappantes et perpétuelles de cet intérêt affectueux pour leur moi, mais il est très occupé de défendre ces malades contre le reproche de l'égoïsme proprement dit. Il montre que leur conduite est un "égoïsme biologique inspiré par leurs besoins d'économiser leurs forces" et qu'il faut la désigner par le terme différent d'égotisme. Cela est peut-être juste, mais cela indique seulement que l'égoïsme de ces malades est plus nécessaire, plus excusable que l'égoïsme des bien-portants ; cela n'indique pas une modification de sa nature psychologique. Le même auteur fait une remarque plus intéressante quand il dit que cet égotisme des malades est en réalité bien peu avantageux pour eux, car ils ne sont pas capables d'utiliser le milieu social pour leur propre réussite, comme le fait si bien le véritable égoïste : distinguons donc l'égotisme et l'égoïsme, le premier est une tendance, le second est un calcul » (E. Minkowski, Traité de psychopathologie, p. 834).

Egoïsme et égocentrisme :

« Remarquons en passant qu'une distinction entre égoïsme et égocentrisme. Celui-là comporte une appréciation morale, celui-ci, pour déplaisant qu'il puisse être par moments, ne lui est pas entièrement superposable. Une mère, après un grave accident survenu à son garçon, l'entoure de soins, que réclame pendant des semaines son état, mais quand elle en parle, elle met au premier plan la perturbation que cet accident a apportée dans son activité professionnelle, de même que toutes les complications qu'il lui a causées, à elle. » (E. Minkowski, Traité de psychopathologie, p. 834-

835).

Orgueil et hypertrophie du Moi :

« Dans le langage courant, nous remplaçons l'hypertrophie du moi par « orgueil ». Ils disent au fond la même chose. Extérieurement l'orgueil s'accompagne souvent de vanité et de vantardise, de même que l'orgueilleux est porté d'habitude à l'envie et à la jalousie. C'est la question de l'antonyme qui se pose de nouveau. Modestie, humilité ? Cela existe, mais facilement on glisse une fois de plus sur la pente des défauts de ses qualités. La modestie pourra à l'occasion paraître affectée. Elle peut côtoyer également la pusillanimité. Car après tout il s'agit du « sens de la propre personnalité » avec ce que nécessairement d'affirmatif elle comporte. Ne pas s'affirmer d'une façon excessive, mais non plus s'effacer plus qu'il ne le faut. » (E. Minkowski, Traité de

psychopathologie, p. 836-837).

3.1.1. Amour-propre et amour de soi

Orgueil et amour-propre :

« Plus instructive que la recherche d'un antonyme symétrique paraît la confrontation avec un autre trait essentiel, à savoir l'amour-propre. C'est un vocable remarquable. Amour-propre et non

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amour de soi. Manquer d'amour-propre n'est certes pas une qualité. "Il a beaucoup d'amour-propre, il veut arriver." Ce n'est pas encore tout et même peut-être pas l'essentiel. L'amour-propre se réfère en premier lieu au sentiment de sa dignité, et si cette dignité se traduit par l'action, elle comporte aussi des réactions de sauvegarde en présence des événements extérieurs ou intérieurs, qui peuvent lui porter atteinte, la mettre en péril. Seulement, aussi bien dans ces actions que dans ces réactions, il y a la manière. » (E. Minkowski, Traité de psychopathologie, p. 838).

« L'amour-propre ne fait pas de moi le centre du monde, mais, tout en m'y situant et en m'y réservant la place qui me revient, laisse à ce monde le rôle qui lui appartient sans venir nécessairement empiéter sur ma personne et la léser. » (E. Minkowski, Traité de psychopathologie, p.

838).

L'orgueil, comme nous l'avons vu, se lit sur le visage, dans le verbe, dans le port de la tête, dans le geste, dans la façon d'être. L'amour-propre, plus discret dirait-on, se déduit davantage des réactions qu'il ne se lit, qu'il ne frappe et heurte directement. L'orgueil se situe ainsi davantage vers l'extérieur ; le débat qu'engage l'amour-propre se déroulera en premier lieu à l'intérieur. Bien souvent, l'orgueilleux ne se voit pas ; l'amour-propre, lorsqu'il est mis en jeu, est "senti" et vécu par l'intéressé. » (E. Minkowski, Traité de psychopathologie, p. 838).

3.2. Paranoïa et personnalité paranoïaque

Une pathologie liée à l'hypertrophie du Moi, voire à la mégalomanie : « le paranoïaque est entièrement dans son orgueil » (E. Minkowski)

La paranoïa est une entité assez bien isolée nosographiquement

3.2.1. La personnalité paranoïaque

« Montassut, à propos du paranoïaque, parle de passion égocentrique et écrit : "Nous pensons que la passion paranoïaque est assimilable à un état passionnel chronique susceptible d'exacerbations émotionnelles." […] il nous dira que ce qui distingue la "passion" paranoïaque de la passion normale c'est sa fixité, son irréductibilité, sa chronicité, et il emploiera à ce propos l'ex-cellent terme de psychorigidité. Par conséquent : non pas seulement passion exagérée ou déviée de son objet, mais rendue morbide par le cadre qu'elle engendre ou au contraire dans lequel secondairement elle vient s'enchâsser. […] La passion est peut-être aveugle, c'est entendu, par là elle rétrécit et trouble la raison ; mais dans la passion il y a de l'élan, il y a du vivant. Savoir se passionner est loin d'être un méfait. Tandis que dans les manifestations étudiées il y a avant tout rétrécissement, psychorigidité, tout différents de la fixation exclusive à l'objet" que la passion vécue peut engendrer. » (E. Minkowski, Traité de psychopathologie, p. 840).

« L'avare est entièrement dans son avarice, le paranoïaque dans son orgueil. Ce qui fait aussi que nous en "savons" trop presque ; ce qui par essence est appelé à rester celé dans leur for intérieur, s'étant singulièrement rabougri, rapetissé, réduit presque à néant. » (E. Minkowski, Traité de

psychopathologie, p. 838).

3.2.2. Les deux variantes cliniques de la paranoïa

Deux pôles complémentaires :

- la paranoïa active : autoritarisme, intolérance, sthénicité, quérulence, suspicion, interprétativité, susceptibilité…

- la paranoïa sensitive (passive, ou dépressive) : hyper-susceptibilité, défensivité, hyperesthésie, rumination, passivité…

3.2.3. Les caractéristiques du délire

3.2.3.1. Les formes

1 - Le délire est "systématisé" :

- le paranoïaque est le contraire du paranoïde

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- un déroulement cohérent à partir d'un noyau primaire

- pas de dissociation : maintien de la vie professionnelle

- une affectation limitée du Moi

2 - Il n'y a pas ou peu d'hallucinations

3 - Les contenus délirants sont habituellement assez vraisemblables et possèdent une grande force de conviction

3.2.3.2. Les mécanismes

1 - L'intuition :

- une visée directe de la réalité, proche des mécanismes (normaux) de l'empathie/sympathie, et des processus projectifs et identificatoires

- la perte de toute distance critique : certitude et conviction absolue

2 - L'interprétation :

Cf. Sérieux et Capgras, Les Folies raisonnantes (1909)

- un principe d'explication généralisé, voire universel

- une nécessité interne

- l'exclusion du hasard et de la contingence

3.2.3.3. Les thèmes

a) Les délires mégalomaniaques

L'hypertrophie du Moi atteint des dimensions délirantes

b) Les délires de persécution

Le sujet se sent victime de l'agressivité des autres

Les thématiques mégalomaniaque et persécutoire se superposent :

« L'hypertrophie du moi va de pair avec une méfiance exagérée. Ces traits ne font qu'un. » (E. Min-

kowski, Traité de psychopathologie, p. 835).

c) Les délires de revendication

Les revendications expriment des exigences excessives et insatiables, dans différents domaines :

- le domaine judiciaire (quérulence)

- le domaine scientifique

- le domaine politique

d) Les délires passionnels

Le délire de jalousie : l'invention d'un rival sur lequel la haine est projetée

Le délire érotomaniaque : la conviction délirante d'être aimé

e) Les délires sensitifs

Le "délire sensitif de relation" (Kretchmer)

Rapports entre thèmes et extension :

- les délires de revendication et les délires passionnels fonctionnent "en secteur"

- les délires d'interprétation et le délire sensitif de relation fonctionnent "en réseau"

3.2.4. La question étiologique

Le cas Schreber (Freud, 1911)

Daniel Paul Schreber, Mémoire d'un névropathe (1903), Paris, Seuil, 1985.

Sigmund Freud, « Remarques psychanalytiques sur l'autobiographie d'un cas de paranoïa (Dementia paranoïdes) :

Le Président Schreber », Cinq psychanalyses, Paris, PUF, 1954, p. 263-324.

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« Des investigations récentes ont attiré notre attention sur un stade par lequel passe la libido au cours de son évolution de l'autoérotisme à l'amour objectal. On l'a appelé stade du narcissisme [ ... ]. Ce stade consiste en ceci : l'individu en voie de développement rassemble en une unité ses pul-sions sexuelles qui, jusque-là, agissaient sur le mode autoérotique, afin de conquérir un objet d'amour, et il se prend d'abord lui-même, il prend son propre corps, pour objet d'amour avant de passer au choix objectal d'une autre personne. » (S. Freud, « Remarques psychanalytiques sur l'autobio-

graphie d'un cas de paranoïa (Dementia paranoïdes) : Le Président Schreber » (1911), Cinq psychanalyses, PUF,

1954).

Pathogénie de la jalousie délirante :

- un conflit naît entre une libido homosexuelle et le Moi

- le désir propre concernant un tiers est projeté sur le conjoint

- la conviction délirante d'être trompé peut alors viser ce conjoint

Le cas Aimé (Lacan, 1932)

Jacques Lacan, De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité, Thèse de doctorat de méde-

cine, 1932, Paris, Seuil, 1980.

Les travaux de P. Racamier :

Paul Racamier, « Esquisse d'une clinique psychanalytique de la paranoïa », Revue Française de psychanalyse, vol

30, n° 1, 1966.

Paul Racamier, « La paranoïa revisitée », Perspective psychiatriques, vol. 21, n° 21, 1990.

Deux angoisses fondamentales :

- l'angoisse de dissolution de soi

- l'angoisse de dévalorisation de soi

3.3.5. Sémiologie contrastive : la schizophrénie paranoïde

La « schizophrénie de type paranoïaque » :

- présence importante du phénomène dissociatif (schize, discordance)

- et délires d'allure paranoïaque :

. persécution

. mégalomanie

- des hallucinations auditives

Un différentiel parfois difficile à établir

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4. Le sexuel et les perversions

4.1. Clinique des perversions

4.1.1. Critères et caractéristiques cliniques

La perversion comme conduite : "déviations" et "transgressions" dans les conduites sexuelles

Une problématique difficile à situer entre science et morale

Description, classification et médicalisation au XIXème siècle : distinction entre ce qui doit être jugé et ce qui doit être traité

Organisation des classifications (Krafft-Ebing, Psychopathia sexualis, 1886) selon :

- leurs objets : pédophilie, gérontophilie, zoophilie

- leurs moyens/buts : sadisme, masochisme, fétichisme, voyeurisme, exhibitionnisme

Paraphilies atypiques : clystérophilie, mysophilie, nécrophilie, scatologie, ondinisme/urophilie

Le trait commun aux perversions (sexuelles et narcissiques) : la domination et le rabaissement du Moi d'autrui

Une position descriptive (et non morale, relativement aux "déviations"), sur les critères suivants :

- l'exclusivité du mode de satisfaction

- la réduction de l'objet libidinal

4.1.2. La structure perverse

Distinction entre conduite perverse et organisation/structure (mentale) perverse

« Il faut faire une différence entre les critères (qui permettent de dire que quelqu'un présente une perversion ou une structure perverse) et les caractéristiques (traits fréquemment retrouvés chez les pervers mais qui, à eux seuls, ne permettent pas le diagnostic). Ces critères seront différents selon que l'on parle de perversions sexuelles, de perversion narcissique, ou de structure perverse » (J.-L.

Pédinielli, G. Pirlot, Les perversions sexuelles et narcissiques, Armand Colin, 2013, p. 37).

« Il ne saurait être question, à partir d'un comportement considéré comme une perversion (qu'elle soit sexuelle ou narcissique), d'inférer l'existence d'une structure perverse et d'utiliser cette repré-sentation pour projeter sur le patient le clivage du Moi et le déni de la différence des sexes par exemple ; c'est au clinicien d'apporter la preuve d'un tel fonctionnement à partir des positions psy-chiques du sujet. » (Ibid.).

4.1.3. Perspective différentielle

4.1.3.1. Les "fantasmes pervers"

« L'absence de différence entre comportement et fantasme dans le DSM-IV ne permet plus de dis-tinguer la névrose – avec le respect de la réalité de l'autre qu'elle implique – et la psychose ou la perversion. Les critères psychopathologiques et ceux du DSM sont donc en opposition sur ce point, même si la plupart des perversions sont repérées par les deux classifications » (J.-L. Pédinielli, G. Pir-

lot, Les perversions sexuelles et narcissiques, Armand Colin, 2013, p. 30).

4.1.3.2. Les "troubles de la sexualité"

Distinction des perversions d'avec :

- l'emploi non pathologique de fantaisies et comportements sexuels non exclusifs

- les "troubles de l'identité sexuelle"

- les dysfonctions sexuelles :

. la baisse du désir

. les troubles de l'excitation sexuelle

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. la troubles de l'orgasme (éjaculation précoce…)

. les douleurs (vaginisme, dyspareunie…), etc.

4.1.3.3. Perversion et perversité

la perversité a trait à un contenu moral, comme la cruauté d'un sujet, son plaisir à faire, consciem-ment, du mal à autrui. Ainsi la perversité est associée à la perfidie, à la malignité, autant d'attitu-des qui impliquent une dimension de profit narcissique et évoquent tant la perversion sexuelle que la perversion narcissique. (J.-L. Pédinielli, G. Pirlot, op. cit., p. 100).

4.2. Dynamique et génétique pulsionnelle

L' « ordre du désir » s'oppose au déterminisme instinctuel

« La sexualité humaine, pulsionnelle, désirante et liée aux interdits et à la loi, est d'un autre ordre que celle, instinctuelle, de l'animal. Elle révèle, comme les perversions, un arrachement de l'ordre (humain) à l'ordre de la nature » (J.-L. Pédinielli, G. Pirlot, op. cit., p. 10).

4.2.1. Les caractéristiques de la sexualité infantile

S. Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), Paris, Gallimard, coll. "Folio/Essais", 2001.

L'enfant « pervers polymorphe »

Traits spécifiques de la sexualité infantile :

- elle est "auto-érotique"

- elle se développe par étayage sur une fonction physiologique qui satisfait un besoin

- le plaisir obtenu est dispersé sur chaque partie ou fonction du corps (pulsion partielle)

Les pulsions partielles constituent l'origine et le modèle des perversions

Arrêts du développent et constitution de points de fixation

4.2.2. Névroses et perversions

La névrose est le négatif de la perversion

4.3. Les principales formes de perversion

4.3.1. Le sadisme et le masochisme

4.3.1.1. Description

Définition du sadisme : l'humiliation et la domination de l'autre

« Le sadisme consiste en des actes, souvent ritualisés, visant la douleur et/ou l'humiliation, voire la destruction de l' "objet" afin d'obtenir une satisfaction sexuelle. Il peut s'exprimer dans l'acte per-vers, mais appartient aussi au fantasme et il est présent en chacun de nous, sans qu'il s'agisse de perversion. Des siècles de civilisation, l'éducation nous ont contraints à le réprimer et à le refouler, voire à le sublimer » (J.-L. Pédinielli, G. Pirlot, Les perversions sexuelles et narcissiques, Armand Colin,

2013, p. 63).

Définition du masochisme : l'humiliation et la domination par l'autre

« Le terme est un néologisme créé par Krafft-Ebing qui se réfère à l'écrivain Sacher-Masoch, auteur de la Vénus à la fourrure. Il décrit là l'obtention du plaisir sexuel par la recherche de sa propre soumission douloureuse et humiliante : les manifestations cliniques sont la quête de douleurs phy-siques, d'humiliations morales par une attitude servile de soumission à une femme (ou un homme), accompagnées de châtiments corporels jugés indispensables. » (J.-L. Pédinielli, G. Pirlot, Les perver-

sions sexuelles et narcissiques, Armand Colin, 2013, p. 66).

Les traits infantiles du masochisme (cf. Les Confessions de J.-J. Rousseau)

Le masochisme moral :

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Auto-punition versus masochisme : la névrose obsessionnelle

4.3.1.2. Les destins pulsionnels

- le renversement dans son contraire :

. le retournement de l'activité à la passivité

. le renversement du contenu

- le retournement sur la personne propre

- le refoulement

- la sublimation

Le renversement du contenu : l'amour et la haine

Le renversement sur la personne propre procède à un changement d'objet (non de but) :

- le masochisme est un sadisme envers le moi propre

- l'exhibitionnisme est un voyeurisme retourné sur son propre corps

Les quatre étapes de la transformation du sadisme en masochisme

Les quatre étapes de la transformation de l'exhibitionnisme en voyeurisme

L'hypothèse d'un masochisme originaire érogène (« Le problème économique du masochisme », 1924)

4.3.2 Le fétichisme

S. Freud, « Le fétichisme » (1927), La Vie sexuelle, Paris, PUF, 1989, p. 133-138.

4.3.2.1. Description

Le fétichisme désigne cette nécessité de recourir à l'usage d'un objet (partie du corps ou objet matériel) pour pouvoir accéder à la satisfaction et la jouissance

Tanizaki Yunichiro, « Le Pied de Fumiko » (1919), Œuvres, t. 1, Paris, Gallimard, "La Pléiade", 1997, p. 431-458.

Octave Mirbeau, Journal d'une femme de chambre, 1900 (mis en film par Luis Bunuel, 1964).

4.3.2.2. Le déni

L'objectivation de la croyance en un organe phallique féminin

La valeur symbolique du fétiche

Une formation de compromis (comme le rêve ou le symptôme) :

. en tant qu'objet concret, le fétiche est tangible et visible

. en tant que symbole, il atteste (magiquement) de ce qu'il symbolise

« Il fit asseoir Cendrillon, et approchant la pantoufle de son petit pied, il vit qu'il y entrait sans peine, et qu'elle y était juste comme de cire » (Charles Perrault, « Cendrillon ou la Petite Pantoufle de

Verre », Histoires ou Contes du temps passé, Editions Barbin, 1697).

Un « triomphe » sur l'angoisse :

« La stupeur devant les organes génitaux réels de la femme qui ne fait défaut chez aucun fétichiste demeure aussi un stigma indélébile du refoulement qui a eu lieu. On voit maintenant ce que le féti-che accomplit et ce par quoi il est maintenu. Il demeure le signe d'un triomphe sur la menace de castration et une protection contre cette menace, il épargne aussi au fétichiste de devenir homo-sexuel en prêtant à la femme ce caractère par lequel elle devient supportable en tant qu'objet sexuel » (S. Freud, « Le fétichisme » (1927), La Vie sexuelle, PUF, 1989, p. 135).

4.3.2.3. Le clivage

« […] déchirure qui ne guérira jamais plus, mais grandira avec le temps. Les deux réactions au conflit, réactions opposées, se maintiennent comme noyau d'un clivage du moi » (S. Freud, « Le cli-

vage du Moi dans les processus de défense » (1938), Résultats, Idées, problèmes, II, PUF, 1985, p. 285).

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4.3.2.4. Le fétichisme féminin

4.4. La perversion narcissique

Initialement : la perversion des narcissiques

« des personnes dont la pathologie, si c'en est une, n'est pas telle qu'ils ne puissent vivre à peu près normalement mais qui souffrent et font souffrir les autres de leur vulnérabilité. » (P. Denis, Le nar-

cissisme, PUF, 2012, p. 9).

Les descriptions de l'entité par Racamier :

« le pervers-narcissique se fait valoir aux dépens d'un autre » (P.-C. Racamier, Les schizophrènes, Payot,

1980)

« Le pervers narcissique obéit à deux impératifs : ne jamais dépendre d'un objet, ne jamais se sen-tir inférieur à lui » (P.-C. Racamier, Le Génie des origines, Payot, 1992).

L'extension actuelle (excessive) de la notion de pervers narcissique :

« Partout où un « maître » écrase ses sujets en ignorant leurs désirs, le concept est convoqué. » (A.

Eiguer, Les pervers narcissiques, PUF, 2017, p. 4).

4.4.1. La dynamique narcissique

Une synthèse originale à partir de la perversion et du narcissique

La quête permanente de reconnaissance et la vampirisation de l'autre

Déni de l'altérité sexuelle versus déni de l'altérité de l'autre dans son identité

Angoisse de castration versus angoisse d'abandon/de séparation

« Certains traits sont caractéristiques du PN et permettent de confirmer le diagnostic : la mégalo-manie, le calcul, le souhait d'assujettir et d'humilier, l'attitude prosélyte, un discours cynique justi-fiant tel ou tel choix, l'impétuosité malgré une attitude par moments séduisante, le goût pour l'in-trigue et le plaisir de corrompre. Tout « réussit » au PN : partout il est « efficace » (A. Eiguer, Les

pervers narcissiques, PUF, 2017, p. 34).

Le pervers narcissique et sa victime

Le lien du pervers narcissique à sa victime

L'émergence de syndromes anxio-dépressifs et traumatiques

4.4.2. Les positions défensives

- le déni

- le clivage

- l'identification projective

4.4.2.1. Les procédés du pervers narcissique

4.4.2.2. De la perversion narcissique au harcèlement moral

« Le harcèlement moral est une stratégie d'anéantissement « moral » de l'autre aboutissant à em-pêcher la victime de s'exprimer, à l'isoler, à la déconsidérer auprès de ses collègues, à la discréditer dans son travail/sa famille et à compromettre sa santé mentale ou physique. » (J.-L. Pédinielli, G.

Pirlot, Les perversions sexuelles et narcissiques, Armand Colin, 2013, p. 109).

La spécificité du harcèlement en milieu de travail

La nécessaire complicité apportée au pervers narcissique

Le harcèlement institutionnel

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5. Le champ social : normoses et normopathies Particularité des normopathies : une « sémiologie négative »

- une personne intégrée et opératoire

- qui pense et agit uniquement en fonction des critères de reconnaissance sociale

- entièrement façonnée par ce qui est attendu

- qui se soumet aux normes en perdant toute créativité

« L'homme normal est celui pour qui le flux mental s'est totalement retourné en attachement in-conditionné et exclusif aux normes » (Guillaume Le Blanc, Les maladies de l'homme normal, Editions du

Passant, 2004, p. 115).

5.1. Le « faux self »

Donald W. Winnicott, « Distorsion du moi en fonction du vrai et du faux "self" » (1960), Processus de maturation

chez l'enfant, Paris, Payot, 1970, p. 115-132.

Donald W. Winnicott, « Intégration du moi au cours du développement de l'enfant » (1962), Processus de matura-

tion chez l'enfant, Paris, Payot, 1970, p. 9-38.

Winnicott Donald, « Le corps et le self » [1970], La crainte de l'effondrement et autres situations cliniques, Paris,

Gallimard, 2000, p. 264-276.

La notion de Self (le Soi) recouvre l'instance freudienne du Moi, et une partie du Ca et du Surmoi

5.1.1. Forme et genèse du Self

L'instance de reconnaissance personnelle de son identité

Le Soi intègre les éléments constituant la structure de personnalité (pulsions, sentiments…) ; le Moi réfère aux identités de rôles sociaux

Propriétés du "vrai Self" :

- intégration pulsionnelle

- état de confiance personnelle

Propriétés du faux Self :

- non intégration pulsionnelle

- adaptation excessive/pathologique à l'environnement

Les différents degrés d'organisation du faux self :

1 - un ensemble d'identifications formant une couverture moïque laissant tout de même apparaître un vrai self

2 – une adaptation constante à l'environnement

3 - un recouvrement complet du vrai self qui s'accompagne d'une impression de fausseté dans la relation

La genèse du Self :

- la satisfaction des besoins et l'anticipation des demandes de l'enfant

- l'accompagnement de l'illusion de toute-puissance

- le passage du principe de plaisir au principe de réalité

5.1.2. Créativité et santé mentale

L'instance de la créativité :

- la capacité de jouer, d'imaginer, d'inventer

- la source du sentiment d'exister

La genèse du faux Self

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- la non intégration pulsions/psyché

- positions de repli défensif (perte de spontanéité, vide relationnel, usage de "bonnes manières" pour éviter tout conflit, …)

Les potentialités évolutives

5.2. Le « banal »

M. Sami-Ali, Le Banal, Paris, Gallimard, coll. "Connaissance de l'inconscient", 1980, 222 p.

« les forces organisées et organisatrices qui, dans une société donnée, poussent à l'uniformité. Uniformité de penser, de sentir et d'être, dont le banal est l'expression par excellence » (M. Sami-

Ali, Le Banal, p. 9).

Une sémiologie de l'hypernormalité et de l'adaptation excessives

5.2.1. La projection

Les liens entre imaginaire et projection

Le "trouvé-créé" (Winnicott)

La problématique de l'identité :

- la réduction de la réalité l'une de ses dimensions

- et qui ne constitue pas vraiment un monde humain, qui comprend les dimensions de l'imaginaire et du symbolique

5.2.2. Le principe d'identité

Le banal, l'identité des choses à elles-mêmes :

« Quoique des plus transparents, le concept de banal garde un fond de mystère qui est le mystère même du principe d'identité. Ce principe où s'exprime l'exigence d'adéquation de la pensée à elle-même rend possible le banal en tant que redondance. La redondance n'est pas négation de la pen-sée mais absence de pensée dans un simulacre de pensée. L'identité n'est plus une existence à ac-complir puisqu'elle est déjà un fait accompli. C'est pourquoi, d'emblée, le banal nous interroge sur sa double appartenance à la pensée la plus essentielle et à ce qui en tient lieu dans des formules toutes faites. Et comme ces formules sont le répétitif et le standardisé, la pensée de l'identique dans le banal est inséparable d'une technique de production et d'une technologie. L'analyse du ba-nal fait nécessairement référence à des systèmes sociaux qui, à la forme abstraite de l'identité, substituent des contenus concrets de l'identique incarnant les normes sociales d'une sensibilité. L'exigence de pensée est désormais exigence de conformité. Le banal nous conduit au centre de ce qui nous rend semblables, même et surtout quand nous nous voulons différents. Il nous tend un piège qui est celui du général devenu le même et l'autre, à partir de quoi tout le monde est uni-que. » (M. Sami-Ali, Le Banal, p. 10).

La standardisation des savoirs

La production sociale du conformisme

L'autre de la conscience :

« Le banal nous interroge ensuite sur ce qui ne peut se réduire à l'identité et que définit la pensée inconsciente. Pensée de l'impossible adéquation de soi-même à soi-même, du dédoublement du contenu en manifeste et latent, de la présence invisible des déplacements et condensations. Or, si rien ne coïncide avec ce qu'il est, la dualité de l'être et du paraître est ultime » (Sami-Ali, Le Banal,

p. 10).

5.2.3. Le refoulement de l'imaginaire

« la pathologie du banal se singularise moins par l'échec du refoulement que par sa réussite,

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moins par le retour du refoulé que par son maintien, l'un et l'autre soulignant combien est devenu aléatoire l'accès à l'inconscient. » (Sami-Ali, Le Banal, p. 81).

Prendre le réel à la lettre :

« Pathologie de l'adaptation réussie au monde social, dans laquelle est absente cette négativité particulière inhérente à l'acte créateur, qu'il soit œuvre, délire ou rêve, et que porte en soi l'acti-vité projective » (Sami-Ali, Le Banal, p. 78).

La perception supplante entièrement la projection

La réduction du réel au littéral désaffecté :

« Par réel il faut entendre le banal qui est le neutre sous le rapport des affects, le littéral sous le rapport du contenu, le singulier en général sous le rapport de la forme. » (Sami-Ali, Le Banal, p. 80).

Versus le réel comme composante de l'imaginaire

Le banal est la rupture de cette dialectique : le réel se réduit au réel, et l'imaginaire à l'imaginaire

Le banal se manifeste sous forme explicitement psychopathologique, dans la vie psychique, dans la vie sociale, et dans les "œuvres culturelles"

L'œuvre d'art "banale" :

« L'œuvre n'exprime rien, l'expression étant supplantée par des opérations de hasard codifiée se déroulant indépendamment du sujet, voire en dehors du sujet. » (Sami-Ali, Le Banal, p. 11).

Il y a ni sens, ni non-sens : l'objet est une simple reproduction, une répétition à l'identique, avec ou sans variation

« L'œuvre ne dit rien, son silence ne signifie rien, il n'y a rien à signifier. Elle se réduit à son exis-tence matérielle immédiate, tel l'arbre et le nuage. » (Sami-Ali, Le Banal, p. 12).

Le langage banal : la démétaphorisation

Le banal en milieu de travail : la désymbolisation des pratiques professionnelles

Les restes subjectifs dans la négation de soi-même

Le refoulement de l'activité onirique

5.2.4 Les somatisations

La somatisation est la contrepartie du refoulement de la fonction d'imaginaire

Dans toute la pathologie du banal, la relation est constante entre l'adaptation d'un côté, l'insuffi-sance projective et la somatisation de l'autre (Sami-Ali, Le Banal, p. 103).

La défaillance initiale de la projection et la coupure psyché-soma :

Nul doute, par conséquent, qu'il puisse exister une psychose de l'adaptation dans laquelle le banal trahit l'insuffisance de l'élaboration projective par quoi se désigne le lieu de la somatisation. (Sa-

mi-Ali, Le Banal, p. 103).

Les constats cliniques :

« […] on a souvent remarqué l'influence des civilisations urbaines qui encouragent les conduites de type "opératoire", l'efficacité par le rendement, le quadrillage du temps, la prévalence des activi-tés imposées et concrètes au détriment des autres… et dans le même temps l'inflation de la patho-logie cardio-vasculaire et nutritionnelle. L'enfant n'échappe pas à ces pressions : des études relè-vent une montée impressionnante des ulcères digestifs chez l'enfant. » (L. Kreisler, « La pathologie

psychosomatique », Nouveau Traité de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent. vol. 2, PUF, 2004, p. 1646).

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Sommaire

1. SIGNES ET SYMPTOMES

1.1. Introduction Evaluation

1.2. La structure théorique du symptôme 1.2.1. Signes et symptômes

1.2.1.1. Du côté du sujet : les symptômes 1.2.1.2. Du côté de l'observateur : les signes et

syndromes 1.2.1.3. Signe et sémiologie

1.2.2. Le statut du symptôme dans les différentes

psychopathologies 1.2.2.1. Les "dys-" : l'hyper-, l'hypo- et le para- 1.2.2.2. Le cas de la phobie

1.3. Les principaux signes cliniques 1.3.1. La pensée

a) Le jugement b) Le cours de la pensée c) Le contenu de la pensée d) Les idées délirantes

1/ Les thèmes 2/ Les mécanismes 3/ Le degré de systématisation 4/ L'extension 5/ L'acuité ou la chronicité 6/ Le degré de conviction

1.3.2. Les émotions a) L'expression des émotions b) Les troubles de l'humeur c) Les réactions émotionnelles d) La peur et l'angoisse

1.3.3. La perception a) Les illusions b) Les hallucinations

1/ Les hallucinations psycho-sensorielles 2/ Les hallucinations psychiques

1.3.4. Le langage a) L'expression verbale b) La sémantique et la syntaxe c) L'élocution d) Les aphasies

1.3.5. La mémoire a) Les déficits mnésiques b) Les libérations mnésiques c) Les paramnésies (illusions de mémoire)

1.3.6. L'intelligence 1.3.7. La conscience

a) La vigilance b) L'attention c) La conscience de soi

1.3.8. L'activité psychomotrice a) Les déficits b) L'agitation c) Les impulsions d) Les troubles moteurs spécifiques e) Les agnosies et apraxies

1.3.9. Les conduites "instinctuelles" et sociales a) La présentation b) Les mimiques c) Le sommeil d) L'alimentation e) Les sphincters f) La sexualité g) Les transgressions

1.4. Exemple d'analyse sémiologique

2. CATEGORIES ET STRUCTURES

2.1. Les classifications sémiologiques 2.1.1. Les catégorisations 2.1.2. Les syndromes 2.1.3. Les tableaux cliniques

2.2. Les entités psychopathologiques 2.2.1. Nosographie et nosologie 2.2.2. Les entités psychiatriques et

psychopathologiques 2.2.2.1. Les regroupements traditionnels 2.2.2.2. Déplacement nosographique et analyse

transnosographique 2.2.3. Les classifications psychanalytiques

2.3. Structure, personnalités et pathologies 2.3.1. La notion de structure

2.3.1.1. La structure psychique 2.3.1.2. Les processus mentaux

2.3.2. Structure et personnalité pathologique

3. LE MOI ET SES ALTERATIONS

3.1. L'hypertrophie du Moi 3.1.2. Egoïsme, égotisme, égocentrisme 3.1.1. Amour-propre et amour de soi

3.2. Paranoïa et personnalité paranoïaque 3.2.1. La personnalité paranoïaque 3.2.2. Les deux variantes cliniques de la paranoïa 3.2.3. Les caractéristiques du délire

3.2.3.1. Les formes 3.2.3.2. Les mécanismes

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3.2.3.3. Les thèmes a) Les délires mégalomaniaques b) Les délires de persécution c) Les délires de revendication d) Les délires passionnels e) Les délires sensitifs

3.2.4. La question étiologique 3.3.5. Sémiologie contrastive : la schizophrénie

paranoïde

4. LE SEXUEL ET LES PERVERSIONS

4.1. Clinique des perversions 4.1.1. Critères et caractéristiques cliniques 4.1.2. La structure perverse 4.1.3. Perspective différentielle

4.1.3.1. Les "fantasmes pervers" 4.1.3.2. Les "troubles de la sexualité" 4.1.3.3. Perversion et perversité

4.2. Dynamique et génétique pulsionnelle 4.2.1. Les caractéristiques de la sexualité

infantile 4.2.2. Névroses et perversions

4.3. Les principales formes de perversion 4.3.1. Le sadisme et le masochisme

4.3.1.1. Description 4.3.1.2. Les destins pulsionnels

4.3.2 Le fétichisme 4.3.2.1. Description 4.3.2.2. Le déni 4.3.2.3. Le clivage 4.3.2.4. Le fétichisme féminin

4.4. La perversion narcissique 4.4.1. La dynamique narcissique 4.4.2. Les positions défensives

4.4.2.1. Les procédés du pervers narcissique 4.4.2.2. De la perversion narcissique au

harcèlement moral

5. LE CHAMP SOCIAL : NORMOSES ET NORMOPATHIES

5.1. Le « faux self » 5.1.1. Forme et genèse du Self 5.1.2. Créativité et santé mentale

5.2. Le « banal » 5.2.1. La projection 5.2.2. Le principe d'identité 5.2.3. Le refoulement de l'imaginaire 5.2.4 Les somatisations