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Notre dossier région Le Sud-Ouest à l’export Les entreprises cherchent la croissance sur les marchés étrangers : entretien avec le secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, Matthias Fekl

Internet Tous nos dossiers sur le web La région, le département et toutes les informations économiques sur www.sudouest.fr

Palmarès Classement Retrouvez le palmarès des 50 premières entreprises du département avec Pouey International

Les bonnes recettes de la Charente-Maritime

ENTREPRISES DE BOUCHE

Les bonnes recettes de la Charente-MaritimeSucré, salé, bières, vins, cognac, pineau, pâtisseries, macarons ou encore produits de la mer, le département regorge d’artisans et de maisons qui ont su imposer la qualité de leurs produitsSucré, salé, bières, vins, cognac, pineau, pâtisseries, macarons ou encore produits de la mer, le département regorge d’artisans et de maisons qui ont su imposer la qualité de leurs produits

CHARENTE-MARITIME

Les suppléments du quotidien

Publicité JEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FRSud Ouest éco 2

Charente-MaritimeJEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FR Sud Ouest éco 3

Dossier régional : La région s’exporte Interview du Secrétaire d’État Matthias Fekl 5 The Wine Merchant, présent dans 50 pays .... 6 Les barriques de TFF Group s’imposent ........... 7 Maïsadour à la conquête de l’Est ........................... 8 Euralis veut imposer sa marque en Chine ....... 8 Boncolac veut développer la « finger food » .. 8 L’industriel basque Lauak vise l’Amérique ..... 9 Sogerma Aerolia : moins dépendre d’Airbus . 9 Soppec, des aérosols charentais en Europe 10 Le Bélier met un pied en Chine ............................ 11 Getrag livre ses pièces détachées à l’Inde .. 12 Des lasers girondins dans la Silicon Valley .. 12 Foutaine-Pajot navigue sur toutes les mers 13 Les moteurs américains de Bénéteau ............. 13 Ceva Santé Animale, de Libourne à Pékin .... 14 Les vannes de KSB s’exportent bien ................ 17

La Charente-Maritime se met à table La bière de Ré reste attachée à l’île ........ 18-19 Oléron : une île, des bières ............................. 18-19 La Rochelle a sa bière ................................................. 18 La Rieuse, bière de céréaliers d’Aunis ............ 18 Les étudiants rochelais, futurs brasseurs .... 19 Les liqueurs Merlet surfent sur le succès .... 22 Bilan économique des Mardis du Cognac .... 22 Innovation : du cognac en spray .......................... 22 La Château Beaulon défend le pineau ............ 23 Vigne et saveurs ont leur Maison ........................ 23 Les vignerons de Ré peaufinent leur vin ....... 24 Le boom des traiteurs ................................................. 25 Secrets d’un Meilleur ouvrier de France ....... 26 Le pastis local réussit son pari ............................. 26 Marlette, recettes sucrées de Ré à Paris ...... 27 Macarons gourmands pour professionnels . 28 Les surgelés, nourriture d’avenir saine .......... 28 Les caramels d’antan doivent innover ............ 29 Un resto charentais-maritime en Californie 30 Le Cayenne, resto local au cadre magique . 31 Les plantes aromatiques ont la cote ................ 35 Sel de Ré versus sel de Guérande ...................... 36 La gambas du Japon frétille à Mornac ........... 37 Une grande nurserie pour poissons ......... 36-37 La criée de Royan a su se différencier ........... 38 Sturgeon ou le caviar « Made in 17 » ............... 39 Le bar André, une histoire rochelaise .............. 42 Surgères, un abattoir à taille humaine ............ 43 Le pop-corn saintongeais s’exporte ................. 44 Marché du café, de la place pour tous ............ 46 Émergence La quatrième édition des Trophées ................... 41

Le bien manger n’est pas seulement convivial et source de bien-être. C’est aussi une source... de revenus. Une véritable économie même, en Charente-Maritime qui plus est, où les touris-tes participent largement à l’essor de cette ac-tivité.

Une dynamique portée par des entrepre-neurs qui n’hésitent pas à innover. Si les pro-duits de la mer sont la partie visible de cet ice-berg charentais-maritime, nombreux sont ceux qui se lancent sur des sentiers loin du littoral.

Saluée par des prix nationaux, l’une des plus belles initiatives revient sûrement aux deux sœurs Joubert, Scarlette et Margot, qui pétris-sent leur succès avec leurs préparations bio pour pains et pâtisseries, à faire à la maison. Une piste aussi porteuse que les produits locaux. À ce petit jeu, les vins de Ré se hissent du goulot, profitant de la notoriété rétaise, et les concur-

rents des cafés Merling ont du mal à se faire une place dans la mêlée du « petit noir », où l’entre-prise du « patron » du Stade Rochelais occupe le terrain. La carte du local joue aussi à plein pour les brasseurs qui surfent sur la vague de la mode des bières originales et artisanales. Le département en compte déjà plus que d’îles! Même les étudiants s’y mettent, avec une for-mation de brasseur à l’université de La Rochelle.

C’est peut-être là le secret de cette réussite en devenir : savoir utiliser les produits d’hier et les transformer pour mieux les mettre au goût du jour. Cela réussit au bar André, institution ro-chelaise qui perdure sans perdre son attrait : 1 000 couverts chaque jour en été. Et un pari osé, plus encore, par la maison de Cognac La-clie : proposer la précieuse eau-de-vie en... spray. La recette du succès. Stéphane Vacchiani

ÉDITORIAL

Bien manger fait recette

Palmarès Tableau : Les 50 premières entreprises en chiffre d’affaires du département ......... 20

Comment lire les tableaux ? ................... 21 Trois questions à Bertrand Lacampagne (Pouey International) . 21 Les 50 premières dans les services ... 24 Les 50 premières dans le commerce ...... 27 Les 50 premières dans l’agroalimentaire ................................................ 34 Les 50 premières dans l’export ........... 40 Les 50 premières dans l’industrie ...... 47 Les 50 premières dans le BTP ....................... 48

SOMMAIRE

Supplément gratuit au journal du 13 novembre 2014

Président-Directeur Général : Olivier Gérolami

Directeur général délégué et directeur de la publication : Patrick Venries

Réalisation : Agence de développement Directrice et rédactrice en chef adjointe :

Marie-Luce Ribot Chef de service :

Pierre-Emmanuel Cherpentier Illustration de Une : Alexandre Jonas

Secrétariat de rédaction : Coraline Bertrand Siège social :

Journal « Sud-Ouest » 23, Quai des Queyries, 33094 Bordeaux Cedex

Tél. 05 35 31 31 31 www.sudouest.fr

Régie Sud-Ouest publicité : Tél. 05 35 31 27 06

N° de commission paritaire : 0415 C 86477

JEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.COMSud Ouest éco 4

Dossier

Aller chercher la croissance sur les marchés extérieurs. Quand l’activité économique domestique flirte avec le niveau zéro de croissance. Quand la relance par la demande et la distribution de pouvoir d’achat n’est plus le credo officiel. Quand l’investissement public se réduit comme peau de chagrin. Dans ce contexte, il n’y a plus guère d’alternative pour les entre-prises que de mettre le cap sur l’exportation. Les régions Aquitaine et Poi-tou-Charentes n’ont pas, à l’exportation, les performances de leur rang économique. Il faudrait sans doute pouvoir mieux connaître la part de la sous-traitance aéronautique régionale dans les réussites de la gamme Air-bus dans le monde, pour en juger plus finement. Mais, hormis les vins de Bordeaux et d’ailleurs en Aquitaine, et le Cognac dont les Asiatiques raf-folent encore, il n’y a pas de produits majeurs qui tirent les scores régio-naux à l’export.

Et pourtant, dans le dossier régional que nous consacrons à ces ques-tions, nous mettons en évidence de superbes attitudes de nos chefs d’en-treprises sur les marchés internationaux. De Ceva la Libournaise à La Sop-pec de Nersac (Charente), de Fonroche la Lot-et-Garonnaise à Euralis la Paloise, de KSB la Périgourdine à la Rochelaise Fountaine-Pajot, les patrons aquitains et charentais sont nombreux à mettre le cap sur la Suède, la Chine, les États-Unis ou la Corée. Forts d’un savoir faire et d’une envie d’en découdre qui redonnent du tonus. C’est la seule vocation de ce dossier que d’ouvrir à tous des horizons nouveaux, au-delà de la crise et des yoyos de l’euro.

« Construire ses succès sur les marchés extérieurs, c’est aussi renforcer ses bases, ici, sur nos territoires », nous dit Matthias Fekl, dans l’entretien qu’il nous a accordé au quai d’Orsay. A-t-on au fond le choix ? Jean-Bernard Gilles

Le Sud-Ouest doit mettre le cap sur l’exportation

Rencontre avec le Secrétaire d’État, Matthias Fekl. PHOTO XAVIER DE TORRES DE MAXPPP.

JEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.COM Sud Ouest éco 5

La région s’exporte

Né à Francfort, Matthias Fekl relativise les succès du modèle allemand. Il in-vite petites et moyennes entreprises

(PME) et entreprises de taille intermédiaire (ETI), à investir les marchés émergents.

Quel est votre objectif au commerce extérieur ? L’idée est simple : la bataille du commerce ex-térieur se gagne d’abord à l’intérieur. La perfor-mance et la compétitivité de l’économie natio-nale sont la base de toute bonne politique économique. Nous devons donc retrouver nos fondamentaux. Il faut des entreprises perfor-mantes qui créent de la richesse pour pouvoir exporter. Ce que je vois, c’est que la France est en situation de déficit au niveau de ses échan-ges commerciaux depuis douze ans. Ce n’est pas bon, mais c’est une réalité. Ce que nos en-treprises savent aujourd’hui faire – par exem-ple, dans le domaine de l’énergie, de l’agroali-mentaire ou de l’aéronautique – je souhaite que, demain, nous le fassions avec nos PME et nos ETI. Nous avons 120 000 entreprises exportatri-ces en France. C’est deux fois moins qu’en Italie et quatre fois moins qu’en Allemagne. La puis-sance publique doit donc être au rendez-vous. Souvent, nos PME veulent exporter mais ne sa-vent pas comment s’y prendre ou tout simple-ment par où commencer. Nicole Bricq avait dit vouloir aider 1 000 PME et ETI à sauter le « pas de l’international ». Déjà 550 entreprises sont entrées dans ce processus. Nous montons donc progressivement en puissance en engageant un suivi individuel de chacune d’elles pour les aider, pas à pas, étape par étape. J’ai bien l’inten-tion de poursuivre cette action.

L’agroalimentaire, la pharmacie et l’aéronautique restent nos points forts à l’export mais sont plus fragiles. Il y a des variations conjoncturelles que vous avez raison de souligner. Mais l’évolution de nos filières championnes à l’export est bonne. J’étais récemment à Val-de-Reuil, en Normandie, pour inaugurer une chaîne de production de Sano-fi. Elle met au point les vaccins contre la fièvre jaune, mais aussi ceux contre la dengue. Ils sont les leaders mondiaux. Et ce sont ces produits français d’excellence qui sont utilisés partout

dans le monde. La chimie, l’agroalimentaire sont toujours des secteurs d’excellence à l’ex-port. Ils le resteront. Quant à l’aéronautique, elle fait partie des véritables fleurons français. Nous avons des carnets de commandes qui font pâ-lir d’envie ! Nous savons le poids et le dyna-misme de ce secteur dans nos deux régions du Sud-Ouest, où il fait vivre 120 000 salariés.

L’Allemagne affiche pourtant aujourd’hui de très belles performances dans l’agroalimentaire. C’est un fait que l’Allemagne monte en puis-sance sur ce secteur. C’est un des effets à retar-dement de la réunification allemande et d’une économie innovante et dynamique. Pour au-tant, l’agroalimentaire reste un domaine de pointe pour la France même si nous devons gé-rer aujourd’hui, dans certains secteurs que nous connaissons, les conséquences d’un em-bargo russe difficile à évaluer. Pour le moment, nous restons vigilants et nous nous emploie-rons, le cas échéant, et avec chacune des filières concernées, à trouver des marchés alternatifs. Nous suivons cela de très près.

Sur quels pays émergents progressons-nous ? La France a une chance extraordinaire : partout dans le monde émerge une classe moyenne qui adopte de nouvelles habitudes de consomma-tion qui correspondent souvent à l’offre fran-çaise. De grandes familles à l’export ont été iden-tifiées (la santé, l’agroalimentaire, la ville durable, etc.) pour lesquelles la France dispose d’un immense potentiel. Nous progressons d’ailleurs sur tous les continents. L’Afrique, tout d’abord, qui compte un milliard d’habitants, et demain, deux milliards. Nos exportations y pro-gressent de 5,5% cette année. La France est ain-si l’un des moteurs de l’investissement en Tuni-sie mais aussi, plus généralement, au Maghreb.

« Les besoins urbains sont énormes en Afrique et nous pouvons y répondre » Les besoins urbains sont énormes en Afrique et nous pouvons y répondre. Nous avons égale-ment une progression régulière de nos expor-tations vers la Chine, de plus 2% au premier se-mestre. L’Amérique du Sud est aussi en progrès. Au premier semestre 2014, le Brésil a représen-té 800 millions d’euros de chiffre d’affaires pour nos entreprises. Nous constatons par ailleurs une nouvelle dynamique d’échanges avec les pays de l’Asie autres que la Chine, les pays de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est). Il faut l’accroître.

Les grandes entreprises du Sud-Ouest actives à l’international produisent partout dans le monde. Quel est l’impact pour nos territoires ? Je n’oublie pas que je suis élu du Lot-et-Garonne qui a payé un lourd tribut aux délocalisations et aux fermetures d’entreprises. Mais il n’y a pas de contradiction entre l’export et le national :

Ceva, De Sangosse, Le Bélier, Maïsadour, Das-sault, Turboméca, Sanofi sont aussi des entre-prises qui produisent et qui investissent en France. Les chaînes de valeur sont désormais mondiales. Les ETI leaders à l’international ont une base solide en France où elles investissent dans l’innovation, la recherche et le dévelop-pement, la modernisation industrielle. Elles n’ont pas l’intention de quitter la France mais ont besoin du monde pour prospérer. Mais nous devons, c’est vrai, être toujours plus vigi-lants aux délocalisations dumping. Elles exis-tent. Elles sont inacceptables et créent de la souffrance sur nos territoires.

La baisse de l’euro offre-t-elle une perspective favorable ? Les récentes déclarations et décisions de la Banque centrale vont dans le bon sens. Nos entreprises ont longtemps subi un « euro trop fort ». Et en commerce extérieur – les entrepri-ses françaises le savent bien – un « euro fort », c’est souvent une manière polie de dire un « euro cher ». Mais la monnaie ne doit pas nous exonérer de travailler sur la compétiti-vité. On s’est trop longtemps contenté de dé-valuer dans le passé pour exporter d’avantage. La politique monétaire peut aider. Mais elle

n’est qu’un des outils de la compétitivité, pas le seul. Nous devons adapter notre outil in-dustriel pour rester en tête et innover.

Pourquoi l’Allemagne cartonne-t-elle à l’export quand la France plafonne voire décroche ? J’ai grandi en Allemagne. Il y a dans ce pays des PME très actives, très puissantes à l’export avec un suivi des banques régionales très efficace. Les Länder sont eux aussi très impliqués dans le soutien aux entreprises. Nos régions jouent un rôle essentiel en la matière qui doit être con-forté par la réforme territoriale. Les investisse-ments dans l’innovation sont aussi très supé-rieurs aux nôtres. Le tissu économique est très robuste en Allemagne et très projeté vers l’in-ternational. Nous devons y puiser des bonnes pratiques. Mais il ne faut pas idéaliser le « mo-dèle allemand ». Il y a beaucoup de précarité dans la société allemande. Je note que les sec-teurs en hausse outre-Rhin sont à hauts salai-res et à haute valeur ajoutée. Il y a aussi une force du dialogue social dans l’entreprise dont il faut savoir s’inspirer car elle permet aux salariés de prendre toute leur part à la vie et aux décisions de l’entreprise. PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-BERNARD GILLES

ENTRETIEN Le Secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, Matthias Fekl, élu du Marmandais, dit ici sa conviction que le déficit extérieur n’est pas une fatalité

« Les leaders à l’international ont des bases solides en France »

« L’évolution de nos filières championnes à l’export est bonne. » PHOTO XAVIER DE TORRES DE MAXPPP.

JEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.COMSud Ouest éco 6

Bordeaux exporte aussi sa fête du vin à Hong Kong (photo) Québec et Bruxelles.

Fêtes du vin Union des grands crus de Bordeaux, crus bourgeois ou Armagnac : les professionnels font des tournées planétaires pour afficher leur produit.

Promotion

On ne peut pas dire que Christophe Re-boul Salze soit mal entouré. Au siège de The Wine Merchant, à Artigues- près-

Bordeaux (33), le visiteur arrive dans une grande salle où les visages féminins sont bien majori-taires. Doigts sur le clavier, œil rivé sur l’écran ou téléphone à l’oreille, on se croirait dans une salle de marché, le chef au milieu d’une douzaine de collaborateurs.

« On communique en temps réel, tout le monde est au courant des affaires. C’est plus efficace », précise cet Auvergnat autodidacte, fondateur, en 1998, de ce négoce en vin « géné-tiquement » orienté à l’export. « Nous factu-rons dans 50 pays. Sur 35 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013, 75% y sont réalisés. Sur des millésimes très demandés, ce ratio a même atteint 87 % dans le passé. » Spécialiste des grands crus Bordelais, l’homme montre son entrepôt de 4 300 m2 où 100 000 caisses, la plupart en bois, dorment en paix.

De Hong Kong aux États-Unis De Pauillac, Saint-Estèphe, Margaux, Saint-Emi-lion, Pomerol ou Graves, les caisses sont là, en transit entre la propriété (en amont) et les clients (en aval) partout sur le globe : grande distribu-tion, importateurs, grossistes, chaînes hôteliè-res, compagnies aériennes… Et entre les deux, les courtiers jouent souvent un rôle capital. C’est ce qu’on appelle la Place de Bordeaux : les châ-teaux produisent et les négociants vendent. Les premiers ne le font presque jamais directement, ils n’ont d’ailleurs pas de service commercial. C’est encore plus vrai dans l’univers pointu des grands crus qui regroupe quelques centaines de châteaux et quelques dizaines de négociants.

Chez The Wine Merchant, fondé il y a seize ans, le premier client est la France (Mé-tro…). La Chine et Hong Kong arrivent en tête des étrangers. « Nous y sommes implantés de-puis 2001 mais le millésime 2009 fut le premier où les acheteurs se sont investis sur la campa-gne primeur », rappelle le président de cette so-ciété financièrement solide (1). Son bureau à

Hong Kong (deux personnes) a ainsi engrangé 30 millions d’euros de CA en primeurs à l’été 2010 (sur le grand millésime 2009) dont 11 mil-lions pour un seul client. « Tout est affaire de con-fiance. Les négociants vendent presque tous les mêmes bouteilles, aux mêmes prix, parfois aux mêmes clients (2). La personnalité et le réseau font la différence. Quand on n’a jamais trahi, les

clients s’en souviennent », pointe celui qui s’est occupé dix ans de l’achat des grands vins pour CVBG, poids lourd du négoce installé à Parem-puyre, à la porte sud du Médoc.

Les primeurs en danger Aujourd’hui, la Chine doute (lire ci-contre) mais l’Angleterre, les États-Unis (avec un bureau à

New York), le Japon ou la Belgique sont présents. « Bordeaux a du travail : nos clients y ont parfois perdu de l’argent sur les millésimes 2010, 2011, 2012 et 2013. Comment leur expliquer que l’achat en primeur reste intéressant ? », s’in-quiète celui qui est aussi vigneron.

« Exploiter trois châteaux donne de la crédi-bilité à mon activité de négoce. J’y reçois aussi des clients », précise enfin Christophe Reboul Salze. L’homme se déplace également cinq à six fois par an (quinze jours à chaque fois) pour porter partout la bonne parole. CÉSAR COMPADRE

(1) Cœur du métier de The Wine Merchant, l’achat en primeur consiste à acquérir dès le printemps suivant la récolte des vins qui ne seront disponibles qu’à n + 2, à la fin de leur élevage. Par exemple, récolte 2013 proposée en primeur au printemps 2014 pour des caisses livrées fin 2015. (2) Sur le marché primeur, la propriété annonce un prix de sortie de son vin et les négociants acheteurs revendent à leurs clients à des tarifs « conseillés » par les propriétés. (3) Les Grands Maréchaux, Gigault et Belle Coline totalisent 50 hectares de vigne dans le Blayais.

Christophe Reboul Salze dans son entrepôt de stockage adossé à ses bureaux d’Artigues-près-Bordeaux (33). « Mon business s’appuie sur des relations de confiance avec des clients du monde entier. Je voyage depuis des décennies pour entretenir ce réseau. » PHOTO LAURENT THEILLET.

VINS BORDELAIS Spécialiste des grands crus depuis vingt-cinq ans, le négociant Christophe Reboul Salze vend dans 50 pays. L’international est l’ADN de son affaire

Partout sur le globe, The Wine Merchant en conquête

Sur le front des exportations viticoles de la région, les vents contraires soufflent de l’Est. La Chine et Hong Kong toussent sérieusement et du coup, le Bordelais et Cognac s’enrhument. L’Empire du Mi-lieu est en effet un client-clé pour ces vignobles, sans oublier l’Armagnac qui enregistre aussi des secousses.

Les raisons du retournement de conjoncture sont politiques. En effet, le nouveau régime à Pékin fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Dans un pays où à peu près tout s’achète et qui défend sa sacro-sainte culture nationale du « cadeau », les bouteilles de (bon) vin et (belles) eaux-de-vie trouvaient un terrain de jeu idéal.

Élites, agents des collectivités locales et autres militaires les appréciaient d’autant mieux qu’ils ne les payaient pas de leur poche. Mais ce temps d’une consommation ostentatoire sur notes de frais semble révolu. D’où les courbes de vente qui plongent. Les exportateurs restent cependant con-fiants sur l’avènement à terme de vrais amateurs.

S’ils commencent à se faire connaître, ils res-tent encore trop peu nombreux pour vider les tuyaux de la distribution engorgés de caisses. En Chine, le cognac a donc de l’avance mais il faudra du temps pour y installer une consommation so-lide de vin. C. C.

La Chine cale, Bordeaux et Cognac souffrent

La région s’exporte

JEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.COM Sud Ouest éco 7

Grands Chais de France (GCF), installé à Landiras (33), dirigé par l’Alsacien Joseph Helfrich (photo), exporte dans le monde entier.

Grands Chais de France

L’interprofession Bordelaise consacre plus de 15 millions d’euros par an à faire de la promotion sur les marchés étrangers. Une nouvelle campagne a démarré cet automne.

CIVB

Jérôme François jongle avec les fuseaux ho-raires, les parités monétaires et ses 44 socié-tés réparties dans dix pays. Ce « roi de la bar-

rique » dirige la société familiale (TFF Group) – installée depuis quatre générations en Bour-gogne – vit à Bordeaux et part en voyage dix se-maines par an (1). Autant dire que la mappe-monde est son terrain de jeu, de la Chine aux États-Unis, de l’Espagne à l’Australie, en passant par l’Écosse ou l’Afrique du Sud.

Son métier ? Fabriquer des barriques et les vendre aux producteurs de vin et de whisky qui s’en servent pour l’élevage. Comme sur un Mo-nopoly géant, l’homme manie les masses de ces marchés tentaculaires, où la concurrence fait rage et où les informations ne circulent pas toujours. « D’après nos calculs, la France, poids lourd du fût viticole, en utilise 160 000 par an : 100 000 en Bordelais, 30 000 pour le cognac et 25 000 en Bourgogne. Le solde étant sur les autres vignobles. » Mais cette base historique forte de TFF Group – 173 millions d’euros de CA pour un résultat net à 24 millions – tousse par-fois. Non seulement le marché bordelais a per-du 25% en deux ans (petits millésimes en petits volumes) mais les produits alternatifs (co-peaux, staves...) gagnent du terrain.

Concurrence des boisages alternatifs Du coup, TFF Group diversifie ses activités. Comme chez la plupart des tonneliers, ces pro-duits alternatifs de boisage font désormais l’ob-jet de bien des attentions. « Nous venons d’ac-quérir l’Américain Stavin qui a 30% de ce marché aux États-Unis. Notre groupe réalise 17 millions d’euros sur ce créneau de l’alterna-tif que nous estimons autour de 90 millions au niveau planétaire », complète Christian Lia-gre, président du Charentais Radoux, filiale de TFF Group depuis 2012.

L’homme vit aussi à Bordeaux, preuve que c’est là que bat le pouls de ce business du fût vi-ticole. La société vient d’ailleurs d’inaugurer des bureaux neufs en plein centre-ville. Les équipes Radoux et le patron Jérôme François

s’y installent parfois (2). L’occasion aussi de su-perviser depuis là les autres actifs girondins de ce groupe côté en bourse. Soit la tonnellerie Demptos (Saint-Caprais), la merranderie Sogi-bois (Salignac) et, depuis cet été, deux autres tonneliers : Maury & Fils et Berger. Le premier était le dernier professionnel installé à Bor-deaux (il déménage à Saint-Caprais) ; le second, situé dans le Médoc, a une belle clientèle de grands crus, cœur du business des barriques neuves (3), vendues 650 euros pièce.

« Nous sommes toujours en logique de dé-veloppement. Les vins voyant le bois dans leur vie ne totalisent que 10% de la production mon-diale », rappelle Jérôme François qui est deve-nu, via Radoux, mécène de la Cité des civilisa-tions du vin qui sort de terre au nord de Bordeaux.

Le débouché spectaculaire du whisky Autre voie de diversification de ce groupe mon-dialisé : le whisky. « Présents depuis 2008 sur ce créneau, nous avons aujourd’hui quatre usi-nes en Écosse et une dans le Kentucky (États-Unis). On y reconditionne des barriques usa-gées car cet alcool utilise peu de bois neuf. C’est de l’occasion. » Cette boisson, dont la consom-mation mondiale est à la hausse, pèse désor-mais 30% de l’activité de TFF Group. Et l’instal-lation dans le Kentucky ne doit rien au hasard, cet État du Sud-Est étant le berceau du bour-bon, le « whisky américain ». En Écosse, on parle même de « gold rush » (ruée vers l’or) pour cette activité très rémunératrice.

Mais Jérôme François anticipe déjà le coup suivant. Après le vin (avec de nouveaux espoirs fondés sur l’Italie et le Brésil) et le whisky vien-dra... la bière. « À côté des grands noms mon-dialisés, les spécialités locales de bière ont le vent en poupe. Cet univers connaît peu les bienfaits du bois mais nous avons des choses à y apporter. Je rappelle qu’il n’y a pas de grand vin dans le monde qui n’utilise pas l’élevage sous bois. »

Le patron range ses dossiers et s’apprête à partir pour la Chine. « J’y ratisse le marché de-puis 2007 et nous avons déjà une tonnellerie dans le Shandong. Ce pays plante beaucoup de vigne. Je crois à son essor. » CÉSAR COMPADRE

(1) TFF Group est le nouveau nom de l’entreprise, autre-fois appelée François Frères. (2) Ces bureaux bordelais abritent aussi une ambassade de Riedel, spécialiste des verres pour le vin dont Radoux est le distributeur dans l’Hexagone. (3) René Berger, le patron, a vendu son affaire (50 000 fûts par an) mais reste actif dans la société.

TONNELLERIE Très présent en Bordelais et dans le Cognac, ce poids lourd du fût fait 90% de son business à l’export

TFF Group empile les fûts

À Jarnac (17), Radoux fabrique 50 000 barriques par an, dont 80% sont exportées, notamment en Espagne, aux États-Unis, en Afrique du Sud et en Australie. PHOTO RADOUX.

Jérôme François (à gauche, président de TFF Group) et Christian Liagre (président du Charentais Radoux, filiale de TFF). Les deux hommes ont des bureaux neufs à Bordeaux, marché-clé du fût en bois de chêne pour l’élevage du vin. PHOTO LAURENT THEILLET.

La région s'exporte JEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FRSud Ouest éco 8

Il y a quelques semaines Maïsadour inau-gurait en Ukraine, l’agrandissement de son usine de semences au centre du

pays, entre Kiev et Donetsk. Le groupe y a au total investi quelque 38 millions d’euros de-puis quatre ans. Dire que la décision fut fa-cile à prendre pour les coopérateurs serait excessif. Maïsadour produit bien quelques foies gras au Québec, des légumes et du maïs doux au Maroc, pour y tirer un parti maximal de l’ensoleillement, mais la déci-sion d’investir à l’Est de l’Europe a fait l’ob-jet de nombreuses discussions.

« Il y a au fond de notre culture d’entreprise l’idée que la production locale doit d’abord avoir un impact sur l’emploi dans nos ré-gions », admet Michel Prugue, président de Maïsadour. Et pourtant, si l’unité de produc-tion ukrainienne est en plein boom, elle fournit en semences de maïs les marchés russes, biélorusses et ukrainiens. Vu le poids du chiffre d’affaires développé par la coopé-rative landaise – 1,5 milliard d’euros en 2013 – on est presque surpris de voir la part prise par l’exportation : moins de 20%.

« Nous devons aller chercher davantage

de croissance sur les marchés étrangers », indique Michel Prugue, qui a fixé à ses équi-pes l’objectif de 30% du CA à atteindre dans la prochaine décennie.

Gros exportateur de maïs spéciaux Maïsadour est le numéro un européen des maïs spéciaux. L’exportation de maïs génère à l’étranger quelque 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. C’est le premier poste. Le groupe exporte aussi 70% de ses semences de maïs et de tournesol produites dans le Sud-Ouest dans deux usines de Mont-de-Marsan et de Tyrosse, ainsi que des semen-ces de tournesol sorties de l’usine Vivadour de Riscle (Gers). L’ensemble génère 70 mil-lions d’euros de CA.

Sous l’impulsion de son PDG, Thierry Blan-dinières, Delpeyrat a su aussi trouver des marges plus fortes sur les marchés exté-rieurs où il réalise aujourd’hui environ 50 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ses jambons trouvent désormais preneurs en Allemagne. Le récent agrément obtenu sur les marchés américains et chinois devrait produire ses premiers effets dans les pro-chains mois.

« Du champ à l’assiette » Deux axes de travail export sont à l’œuvre chez Maïsadour : construire une fonction support commune à toutes les sociétés et les amener à chasser en meute.

L’entreprise est par exemple sollicitée par la Côte d’Ivoire qui souhaite apprendre à nourrir sa population en construisant toute la filière. Une prestation de services rému-nératrice. La Chine, fortement consomma-trice, est elle aussi intéressée par ce savoir-faire.

« Notre marque va du champ à l’assiette, c’est ce que nous devons valoriser sur les marchés », explique Régis Fournier, le direc-teur du développement international de la coopérative. JEAN-BERNARD GILLES

Régis Fournier, directeur du développement international de Maïsadour, mise sur les circuits courts pour gagner des parts de marché à l’international. PHOTO NICOLAS LE LIÈVRE.

AGROALIMENTAIRE La coopérative produit des semences en Ukraine. Mais elle ne réalise que 19% de son activité à l’exportation. Elle veut faire plus

Maïsadour augmente la cadence

La toute nouvelle usine Boncolac de l’Agropole représente un investissement de neuf millions d’euros. Boncolac est désormais la filiale du groupe Sodiaal, qui a fusionné avec 3A – l’an-cienne coopérative Union laitière des Pyrénées, née à Bonloc (64) – en début d’année.

Boncolac réalise environ 100 millions d’euros de chiffre d’affaires et compte 500 salariés ré-partis dans cinq usines, qui produisent pâtisse-ries industrielles et produits traiteurs surgelés.

L’entreprise vend ses tartes en Europe du Nord et en Amérique du Nord essentiellement, mais n’exporte finalement que 20% de sa production.

Pour surmonter, après des années de croissance, un relatif coup d’arrêt sur le marché français, Boncolac s’est donné à Agen les technologies de recherche et développement qui vont lui permet-tre de mettre au point de nouveaux produits.

Un des marchés envisagés est celui de la « finger food » britannique, soit la nourriture qui se mange avec les doigts devant la télévision ou autour d’un buffet. Il offrirait de nouveaux débou-chés à une activité traiteur très saisonnière.

Les chefs des labos de Boncolac y travaillent d’arrache-pied, discrètement pour l’instant. J-. B. G.

Boncolac vise aussi l’Angleterre

Euralis a inauguré au mois de septembre der-nier une nouvelle unité de transformation de canard gras dans la province de Jiangsu (Chine). Un investissement de l’ordre de 15 millions d’euros.

L’entreprise a démarré dans le même temps une filière complète comprenant une ferme d’élevage, une unité de transformation et une organisation commerciale destinée à faire de

Rougié, sa marque phare, le premier fournis-seur de foie gras de la restauration gastronomi-que chinoise. Implantée en Chine depuis 2007, Rougié y est connue depuis plusieurs années mais une tempête a détruit en décembre 2012 sa ferme d’élevage. La marque « en forte crois-sance, apparaît de plus en plus dans la restau-ration chinoise », assure Guy de Saint-Laurent, directeur de Rougié en Chine. Prometteur.

La nouvelle filière chinoise d’Euralis

Matthias Fekl, secrétaire d’État au commerce extérieur, a inauguré fin octobre la nouvelle maison du Sud-Ouest, de Chengdu, capitale du Sichuan (15 millions d’habitants). Les produits de la région (vins, jambons…) y sont vendus et dégustés.

La maison du Sud-Ouest à Chengdu

« Le groupe exporte aussi 70% de ses semences de maïs et de tournesol produites dans le Sud-Ouest »

« La Chine, fortement consommatrice, est elle aussi intéressée par ce savoir-faire »

La région s'exporteJEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FR Sud Ouest éco 9

Le chiffre d’affaires total de l’aéronautique française est de 48,4 milliards d’euros aux deux tiers à l’exportation, en progression de 9%.

Plus 9% en 2013

Dassault Aviation est entré dans la phase finale de négociation du contrat de livraison de 126 Rafales à l’Inde. Un enjeu de plus de 10 milliards de dollars

Export pour le Rafale ?

La société basque Lauak, qui écrit depuis plus de vingt ans une des plus belles his-toires industrielles du sud de notre ré-

gion, va bien. Elle surfe sur les formidables ca-dences de production d’Airbus dont elle est devenue l’un des principaux partenaires pour ce qui est des pièces de chaudronnerie et de sou-dage. Elle ne cesse d’investir sur les terres où elle est née, à Ayhere près d’Hasparren (64), mais aussi à l’Isle-Jourdain dans le Gers, où elle va ré-unir deux sociétés de mécanique de précision acquises il y a peu à proximité de Toulouse. Son chiffre d’affaires est désormais voisin de 80 mil-lions d’euros avec près de 820 salariés.

« C’est justement parce que les choses vont bien pour notre société aujourd’hui que nous devons anticiper les étapes suivantes »

Lauak a de belles perspectives avec les nouveaux programmes de l’A350 et de

l’A320 Néo : « C’est justement parce que les choses vont bien pour notre société au-jourd’hui que nous devons anticiper les éta-pes suivantes », explique Mikel Charriton, di-recteur général du groupe, fondé par son père, Jean-Marc. Le constructeur européen représente aujourd’hui plus des deux tiers du carnet de commandes de Lauak qui tra-vaille aussi pour Dassault Aviation.

5% à l’export Aujourd’hui, l’industriel ne réalise qu’à peine 5% de son chiffre d’affaires à l’interna-tional. Il produit pour une société israé-lienne, IAI, un réservoir qui équipe l’entrée de gamme des avions d’affaires de la socié-té Gulfstream. Lauak a engagé il y a quelques mois une réflexion stratégique pour élargir le champ de sa clientèle. Il est sur le point de conclure un accord avec le constructeur bré-silien d’avions régionaux, Ambraer. Un mar-ché, s’il est conclu, qu’il adressera depuis sa base industrielle basque et son unité de pro-duction portugaise où le groupe emploie 260 salariés. Le directeur commercial et un cadre export sont aux manettes sur ce pro-jet encore petit mais qui pourrait en annon-cer d’autres.

Deuxième étape, plus lointaine, l’entrée sur le marché américain, terre de Boeing. Un rêve pour Jean-Marc Charriton, le fonda-teur, qui, à ses débuts, a fourni seul ses pre-mières pièces à l’usine Dassault de Biarritz. « Mais il n’est pas possible d’entrer chez Boeing ou l’un de ses sous-traitants majeurs en produisant en Europe », explique son fils, Mikel.

L’entreprise souhaiterait acquérir une en-treprise familiale au métier voisin du sien sur le marché américain. Elle devra être déjà qualifiée chez le constructeur de Seattle, « une condition pour gagner du temps », se-lon le directeur général de Lauak. L’objectif

de l’entreprise à l’horizon 2018 est donc de mieux répartir son portefeuille d’activité sur les deux continents. Déjà mondial, le mar-ché de l’aéronautique se globalise encore et toujours. « Airbus et Boeing multiplient les accords industriels sur les trois continents,

américain, européen et asiatique. Nous de-vons donc anticiper ce mouvement pour rester dans la course », résume Mikel Char-riton. Lauak a en effet bien l’intention de ne pas se laisser déborder. JEAN-BERNARD GILLES

Les Marriton, père et fils, sont dans une logique d’anticipation et d’adaptation aux évolutions du marché de l’aéronautique. ARCHIVES PATRICK BERNIERE / « S.O. ».

AÉRONAUTIQUE L’industriel basque, très impliqué dans les succès d’Airbus, veut trouver d’autres clients sur le continent américain

Lauak vise l’Amérique

Le pôle de compétitivité Aerospace Valley a initié en 2010 un partenariat original permettant à des PME du Sud-Ouest de moins de 250 salariés de s’attacher, à moindre coût, les services d’un volon-taire international en entreprise (VIE). L’affaire bé-néficie des financements conjoints de l’État, via les Directions régionales des entreprises, de la con-currence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) des régions Aquitaine et Midi-Pyrénées, de leurs Conseils régionaux respectifs et des entreprises. « Le coût final d’un ingénieur ou commercial partant un an sur un marché extérieur est de l’ordre de 40 000 euros, que les entreprises se partagent à plusieurs, ce qui rend l’opération très accessible », explique Thilo Schoenfeld, délé-gué aux affaires internationales d’Aerospace Val-ley. Plusieurs sociétés aquitaines ont saisi l’oppor-tunité, tels TDM à Mérignac, Serma Technologies à Pessac ou Price Induction à Anglet. Au Brésil, en Allemagne, aux États-Unis ou au Canada, les

13 VIE qui ont bénéficié de ces financements ont donc prospecté ou établi des contacts commer-ciaux pour une quarantaine de sociétés de taille intermédiaire qui n’auraient pas eu les moyens d’engager seules une action forte à l’export. Les résultats varient selon les missions. « On ne peut parler que d’une première approche commerciale mais pas de résultats en termes de chiffre d’affai-res », indique Jacques Péré-Laperne, patron d’Algo’Tech Informatique à Bidart, un éditeur de logiciel dédié aux installations électriques dont le VIE partagé est aujourd’hui installé aux USA. Aqui-taine Électronique, un des fleurons de la technolo-gie du sud-Aquitaine (Serres Castets) vient aussi de recruter pour deux ans avec Potez (Landes), un VIE pour prospecter le Brésil, un marché difficile d’accès. La décision de reconduire ce dispositif qui reste prisé des PME du pôle de compétitivité n’a pas encore été prise. Mais ne saurait tarder. J-. B. G.

Les volontaires internationaux du pôle L’annonce faite il y a peu de fusionner deux équipementiers majeurs de l’aéronautique du Sud-Ouest, Sogerma à Rochefort et Aerolia à Toulouse, filiales à 100% d’Airbus Group, ouvre de nouvelles perspectives.

La future entité emploiera au 1er janvier 2015 plus de 6 000 salariés pour 1,6 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Spécialisée dans les siè-ges techniques, les sous-ensembles de fuse-lage, les casses de trains d’atterrissage et la voilerie pour les avions de transport régional (ATR), la nouvelle entité n’est que partiellement internationalisée.

« Bien sûr nos produits sont constitutifs des Airbus qui volent partout dans le monde mais nous devons élargir le champ de nos partenai-res industriels pour devenir moins dépendants de notre maison-mère et continuer à croître », explique Jean-Michel Léonard, le PDG de So-germa, qui réalise 30% de son chiffre d’affai-

res en Amérique du Nord, où ses deux usines travaillent pour Bombardier et Boeing.

L’ambition export de Sogerma Aerolia

Jean-Michel Léonard, PDG de Sogerma. ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD / « S. O. ».

La région s'exporte JEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FRSud Ouest éco 10

Près de 60% des exportations des entreprises aquitaines se font avec les pays européens : l’Allemagne est en hausse, mais l’Espagne et l’Angleterre sont en retrait, important (-26%) pour le premier, plus léger (-3%) pour le second

L’Aquitaine exporte en Europe

Thibault de Maillard est un homme qui compte dans le patronat charentais. Il a repris en 2004 l’entreprise créée

par son père, alors spécialisée depuis les an-nées 1980 dans les peintures de marquage.

Sous son impulsion, la Soppec, solide-ment implantée à Nersac, à proximité d’An-goulême, va se diversifier dans la conception et la fabrication de bombes aérosols de tra-çage et de marquage, très prisées par les pro-fessionnels de la forêt, des travaux publics et les gestionnaires de stocks industriels im-

portants. Un marché professionnel de niche mais porteur. À la fin des années 2000, Tech-nima, qui est la holding de tête du groupe et que préside aussi Thibault de Maillard, in-vestit lourdement en Charente.

D’abord dans un nouvel outil industriel : il est flambant neuf, au top des normes exi-gées sur un site Seveso et sur une nouvelle plate-forme logistique, car c’est d’ici que l’en-treprise livre ses marchés, français et inter-nationaux.

Gros effort à l’exportation « Avec ce nouveau produit, nous avons d’abord reconquis les parts de marchés des entreprises américaines en France », indi-que le patron de la Soppec. Modeste, le diri-geant ne s’étend pas sur le fait que son chif-fre d’affaires, aujourd’hui de 35 millions d’euros avec 120 salariés en France, a été mul-tiplié par 10 en dix ans. Et c’est bien sur les marchés extérieurs, qui absorbent au-jourd’hui les deux tiers environ de la pro-duction, que la Soppec est allée chercher les relais de croissance que sa nouvelle organi-sation industrielle lui permettait de lorgner.

Ses bombes de marquage se vendent en Al-lemagne, en Suède, en Espagne mais aussi en Europe de l’Est. « Le marché français est devenu trop petit pour nos produits, très spécifiques », souligne Thibault de Maillard.

En 2009, il achète à Göteborg le n° 3 du secteur avec, dans la corbeille, une plate-forme logistique et de solides connections commerciales avec les administrations lo-cales. Rebelote en 2012 dans le Bade-Wur-temberg où la société acquise produisait alors, ce qu’elle a cessé de faire aujourd’hui.

« Quand vous allez sur ces marchés, il ne faut pas manquer de s’entourer de tous les conseils juridiques, fiscaux et sociaux, sou-vent onéreux, mais qui peuvent vous éviter de commettre des erreurs coûteuses », pré-cise le patron de la Soppec.

L’entreprise, portée par une vision claire de son avenir et un produit qu’elle a su re-nouveler en innovant, est aujourd’hui le n° 3 européen de son secteur d’activités. Elle lor-gne aujourd’hui le marché africain et ceux de l’industrie chimique et des profession-nels de l’énergie. JEAN-BERNARD GILLES

Thibaut de Maillard dirige la Soppec depuis 2004. PHOTO ANNE LACAUD.

NERSAC Fabricant de bombes aérosols, le groupe charentais a acheté deux filiales en Suède et en Allemagne

Soppec s’arrime à l’Europe du Nord

La région s'exporteJEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FR Sud Ouest éco 11

Le Bélier est un sous-traitant de rang deux de l’industrie automobile. Avec 40% de parts de marché dans le

monde, il est le leader de la fabrication de composants de sécurité en aluminium pour les systèmes de freinage notamment. Les constructeurs allemands sont ses prin-cipaux clients mais Ford, PSA ou Renault-Nissan sont aussi ses partenaires.

L’entreprise était à l’origine une fonde-rie créée en 1961, à Vérac (33), par Jacques Galland. Sa famille est toujours l’action-naire de référence. Elle a conservé à Vérac son siège social, ses laboratoires de recher-che et développement et ses forces marke-ting et commerciales. Elle est devenue une entreprise monde avec cinq usines en pro-duction en Europe, en Asie et aux États-Unis, depuis la première inaugurée au Mexique, au début des années 2000.

« Il n’était plus possible de produire ici en restant compétitifs. Nous avons donc suivi les constructeurs automobiles qui ont engagé ce processus de délocalisa-tion », explique Philippe Dizier, le direc-teur général. Mexique, Hongrie, Serbie, Chine… Tout au long de la décennie 2000, le Bélier a investi dans le monde entier pour rester au top.

2 600 salariés dans le monde L’entreprise emploie aujourd’hui 2 600 sa-lariés dans le monde et moins de 100 à Vé-rac. Le coût global de production est divi-sé en moyenne par cinq dans ces contrées lointaines. Imbattable ! « Mais même en

Chine les coûts du travail liés à l’évolution des salaires sont en augmentation depuis dix ans », relativise Philippe Dizier. C’est sans doute la flexibilité de cet outil indus-triel mondial qui a permis à l’entreprise

de surmonter une crise du marché auto-mobile qui, en 2009, l’a plongé dans le rouge plusieurs années de suite. Depuis, Le Bélier, porté par le besoin d’allégement des véhicules et leur obligation de moin-

dre émission de CO2, rebondit et de belle manière.

L’ouest de la Chine Elle a lancé de nouveaux produits, remit son chiffre d’affaires dans la bonne direc-tion à 237 millions d’euros en 2013 et s’est désendettée. De quoi repartir en con-quête.

Au mois de juillet dernier, Le Bélier a ac-quis le groupe chinois HDPCI qui possède deux usines en Chine et une en Hongrie : « C’est une société en pleine croissance spécialisée dans les systèmes de freinage et le Turbo », souligne le DG du Bélier, qui pourra ainsi suivre plus facilement les constructeurs automobiles qui migrent vers l’Ouest de la vaste Chine.

HDPCI est aussi une entreprise très ren-table. Pour rester dans la course, Le Bélier a su diminuer ses coûts de main-d’œuvre, loin de la France où le marché annonce une croissance de plus de 3%. JEAN-BERNARD GILLES

Philippe Dizier, directeur général des Fonderies du Bélier. PH. ARCHIVES JEAN-FRANÇOIS HARRIBEY / « S. O. ».

INDUSTRIE L’équipementier automobile girondin produit sur les trois continents majeurs. Il vient d’acheter le groupe chinois HDPCI, qui possède deux usines en Chine et une en Hongrie

Le Bélier, l’entreprise monde

La région Aquitaine, Aquitaine Export et l’équipe de la CCI Aquitaine organisent jeudi 20 novembre un grand rassemblement d’entreprises au Palais des congrès de Bordeaux.

Journée Export le 20 novembre à Bordeaux

« Il n’était plus possible de produire ici en restant compétitifs. Nous avons donc suivi les constructeurs automobiles dans ce processus de délocalisation »

La région s'exporte JEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FRSud Ouest éco 12

Les 800 salariés de Getrag peuvent être sa-tisfaits. Bien sûr leur usine vient d’être dé-signée pour produire, à compter de 2017, la MX 65, nouvelle boîte de vitesse ma-nuelle des petites cylindrées que Ford ven-dra dans toute l’Europe d’ici à la fin de la décennie. Dix ans de travail assuré. Mais c’est d’une autre victoire dont il s’agit.

À la suite d’une compétition interne au groupe basé en Allemagne, elle s’est impo-sée à deux usines, anglaise et slovaque, où les coûts de main de production pou-vaient être jusqu’à 30% moins élevés. C’est Blanquefort qui livrera en pièces déta-chées, pendant de nombreuses années, une usine du groupe en Inde.

« Depuis deux ans nous avons mobilisé une équipe de 10 personnes sur ce projet », explique Christophe Baptiste, le patron de Getrag, qui a dans le passé dirigé l’usine slovaque. En maintenant un haut niveau d’investissement à Blanquefort, en orga-nisant la production en îlots – plus respon-sabilisant pour les salariés – et en créant un véritable esprit collectif sur toute la

chaîne, Getrag a su s’imposer. La modéra-tion salariale acceptée par les syndicats et la réorganisation des rythmes de travail ont achevé de rendre compétitif le site de

Blanquefort. Il recrutera pour ce contrat indien 150 à 200 personnes dans les pro-chains mois. JEAN-BERNARD GILLES

De nouveaux horizons s’ouvrent pour Getrag. PHOTO ARCHIVES FABIEN COTTEREAU.

BLANQUEFORT La conquête de ce nouveau marché est à porter au crédit de la mobilisation de toute l’entreprise

Getrag fonce sur l’Inde Le groupe Amplitudes qui est devenu en quel-ques années un des leaders mondiaux des lasers ultrabrefs utilisés dans l’industrie et les labora-toires, a acheté cet été une société américaine.

Continuum Lasers conçoit et distribue des produits lasers pour applications scientifiques, industrielles et commerciales. Présent à Paris et à Pessac, où il s’est développé, ce fleuron de la fi-lière laser dispose désormais d’une présence au centre de la Silicon Valley. Le groupe pèse au-jourd’hui 66 millions d’euros et emploie 270 per-sonnes. C’était encore une start-up il y a moins de dix ans. J-.B. G.

Amplitudes Systèmes attaque l’Amérique

LASERS ULTRA BREFS

Le groupe connaît une forte croissance. PHOTO ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD / « S.O. ».

La région s'exporteJEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FR Sud Ouest éco 13

La société girondine Depack Design, spé-cialisée dans l’architecture évènemen-tielle participe à l’animation des Maisons du Sud-Ouest en Chine.

Depack Design en Chine

La Géorgie réfléchit à un projet de Cité des civilisations du vin pour valoriser les productions du Caucase.

La Géorgie veut une Cité du Vin

Le numéro un mondial des bateaux à voile, le groupe Bénéteau, qui possède 25 usines dans le monde, a réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 808 millions d’euros à la fin août 2014. Si l’ac-tivité est en repli d’environ 10% sur le marché de l’habitat de loisirs, comme les mobil-homes O’Hara, la tendance est à la hausse pour l’activi-té bateau, en croissance de plus de 4%.

« Nous réalisons 90% de notre activité à l’ex-portation avec une part désormais inférieure à 20% sur les marchés européens », détaille Dieter Gust, le directeur général de CNB, la filiale du groupe qui produit quelque 65 bateaux par an à Bordeaux, des 15 mètres et plus, avec près de 560 salariés. Bénéteau récolte aussi les fruits de

sa diversification vers les bateaux à moteur en-gagée dès 2010. Elle progresse notamment sur le segment des moins de 12 mètres, notamment aux États-Unis, le premier marché mondial.

Au mois de juin dernier, le groupe a d’ailleurs racheté la société américaine RecBoats, spécia-lisée dans la conception, la production et la com-mercialisation de bateaux à moteurs. Une entre-prise qui possède une unité de production dans le Michigan et qui réalise un chiffre d’affaires de 110 millions d’euros. Les bateaux RecBoats sont désormais intégrés à l’offre commerciale de Bé-néteau dans tous les salons mondiaux auxquels la société participe depuis l’automne. Les ventes ont augmenté de 40% en Amérique du Nord en une année. La baisse de l’euro devrait encoura-ger cette tendance l’an prochain. Les marchés turcs et russes sont par contre en retrait. J-. B. G. Chantier naval de Bénéteau. PHOTO ARCHIVES FRANK PERRY / «S. O. ».

Le moteur américain du groupe Bénéteau TENDANCE Le marché affiche une hausse des ventes

Lorsqu’en 2008, Fountaine-Pajot est frap-pé, comme l’ensemble du marché du nautisme, par la crise, une cassure

s’opère dans la manière dont la société de Cha-rente-Maritime aborde les marchés extérieurs. « Nous étions alors surtout tournés vers les marchés européens du sud et les Caraïbes », ex-plique Romain Motteau, entré dans l’entre-prise pour organiser la partie événementielle et commerciale. À 31 ans, il en est devenu le di-recteur général délégué à l’exportation.

Un poste qui compte puisqu’aujourd’hui Fountaine-Pajot réalise 85% de son chiffre d’af-faires de 50 millions d’euros en vendant ses ba-teaux hors de France. C’est vers les pays émer-gents, où la classe moyenne a pris de l’essor ces dernières années, que les efforts ont été por-tés. « Au Brésil, dans les pays du Golfe comme en Chine, le yacht, en version grand modèle, est devenu un signe extérieur de réussite », ex-plique-t- il.

Deuxième étape de la reconquête : les États-Unis. Le marché est important, concurrentiel et fonctionne plus qu’en Europe sur le crédit. En ciblant exclusivement les réseaux de distri-bution spécialisés, la société y a vendu 150 ba-teaux en quelques années, soit plus qu’en Eu-rope. Aujourd’hui, la Russie, l’Australie ou la Turquie font aussi partie des pays cibles de Fountaine-Pajot, résolu à diversifier géographi-quement une clientèle qui garde une affection

particulière pour ces produits fabriqués en France.

« Les questions monétaires pèsent peu dans nos transactions car nous décidons nous-mê-mes du prix de vente de nos voiliers et catama-rans, vendus à l’unité », insiste Romain Mot-teau. Dernière particularité de cette politique exportation : le mode de distribution. Si l’en-

treprise gère en interne le marketing, l’orga-nisation des salons et la stratégie, elle n’entend pas faire peser trop de frais fixes sur la commer-cialisation dans ces lointaines contrées mari-times. C’est donc sur un réseau rémunéré de revendeurs professionnels qu’elle s’appuie, qu’ils soient concessionnaires comme aux USA, ou importateurs comme en Chine. Foun-

taine-Pajot, qui se lance à son tour dans les ca-tamarans à moteurs, conservera ce mode de distribution. Mais la production, qui occupe à Aigrefeuille-d’Aunis et à La Rochelle, 330 sala-riés en CDI, reste bien « made in France ». L’ac-tionnariat, qui demeure familial, n’a pas l’in-tention de changer cette répartition des tâches. JEAN-BERNARD GILLES

Fountaine-Pajot part à la conquête des pays émergents où une nouvelle clientèle est apparue. PHOTO ARCHIVES PASCAL COUILLAUD / «S. O. ».

NAUTISME La société d’Aigrefeuille-d’Aunis élargit le spectre de ses clients à l’international avec succès

Fountaine-Pajot change de cap export

« Aujourd’hui la Russie, l’Australie ou la Turquie font aussi partie des pays cible de Fountaine-Pajot »

La région s'exporte JEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FRSud Ouest éco 14

L’entreprise lot-et-garonnaise De Sangosse, spécialisée dans les produits phytosanitaires a racheté cette année la société britannique Fine en pointe sur les régulateurs de croissance horticoles et arboricoles.

De Sangosse a acheté l’Anglais Fine

Marc Prikazsky, le PDG de Ceva Santé Animale était fier de cette démons-tration faite à ses invités. Alors qu’il

inaugurait il y a peu, à Libourne, sa nouvelle usine de produits infectieux et de solutions de reproduction pour bovins, il annonçait l’envoi pour la Chine d’un premier conteneur de produits injectables.

Une double réalité qui résume assez bien ce que parvient à faire ce groupe avec agilité depuis qu’il a quitté le giron de Sanofi en 1999 : croître sur tous les continents, tout en restant bien ancré sur ses bases françaises.

Avec 3 500 collaborateurs dans le monde dont 1 100 en France (y compris au siège mon-dial, à Libourne) et un chiffre d’affaires global de l’ordre de 700 millions d’euros, Ceva en-tend entrer, d’ici à 2020, dans le top 5 des la-boratoires vétérinaires mondiaux.

Croissance externe C’est par une politique soutenue de crois-sance externe tout au long de la dernière dé-cennie, que Ceva a su multiplier par cinq son chiffre d’affaires. Argentine, Canada, Austra-lie, Afrique du Sud… Tous les six mois ou pres-que, l’entreprise annonce le rachat d’un labo-ratoire, d’un portefeuille de vaccins ou d’une unité de production, sur un marché lointain. Des entreprises familiales, le plus souvent avec un chiffre d’affaires minimum de trois millions d’euros : « Nous nous associons à des gens qui n’ont pas les moyens de déve-lopper leur outil et nous essayons de le faire en limitant l’investissement, en les associant au capital du groupe », précise le PDG du groupe.

Actuellement, le groupe réalise 300 mil-lions d’euros de CA en Europe de l’Ouest dont

100 millions en France, soit un septième de son activité. L’Europe de l’Est, l’Amérique du Nord comme l’Afrique et le Moyen-Orient pè-sent eux aussi 100 millions d’euros environ.

Produire en Chine Mais c’est bien vers la Chine que Ceva déploie toute sa stratégie. « C’est un marché immense et les besoins de santé et de bien-être y sont tout aussi immenses, pour les animaux comme pour les humains », explique Marc Prykazsky. Ceva a monté une première co-entreprise, en 2011, avec le groupe Huadu pour devenir le premier producteur chinois de vaccins pour animaux destinés à la con-sommation. Il s’est associé avec les autorités chinoises pour travailler à l’éradication de la brucellose en Mongolie-Intérieure, grande ré-gion laitière.

En Chine, comme partout dans le monde, ses ingénieurs et docteurs nouent des accords de collaboration scientifiques comme celui signé en 2013 avec l’université de Canton. Une étape a été franchie en juillet 2013 avec la créa-tion d’une entreprise franco-chinoise, avec le groupe Hengtong, de produits pharmaceu-tiques pour la production de porcs et de vo-lailles. Ceva y est majoritaire. Le groupe vise les 100 millions d’euros de CA en 2020 en Asie. Lors de la dernière réorganisation de son ca-pital, il a fait entrer le fond souverain de Sin-

gapour Temasek, très actif dans toute l’Asie, et les Laboratoires Mérieux, qui ont bonne ré-putation en Chine. Les salariés et les cadres dirigeants du groupe gardent de surcroît la majorité dans les prises de décision. Le meilleur vaccin contre la délocalisation. JEAN-BERNARD GILLES

Marc Prikazsky, le PDG de Ceva Santé Animale. PHOTO AFP.

LIBOURNE Société vétérinaire de rang mondial, Ceva Santé Animale fait du marché chinois sa nouvelle cible

Ceva attaque la Chine

La région s'exporteJEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FR Sud Ouest éco 15

Fonroche fait partie des pépites aquitaines. La société lot-et-garonnaise, basée à Roque-fort, conçoit et développe de nouvelles uni-tés de production d’énergie.

D’abord centrée sur le photovoltaïque, elle s’est désormais diversifiée dans la géother-mie et le biogaz. Ce producteur d’énergies vertes, qui emploie 170 personnes pour un chiffre d’affaires de 63 millions d’euros l’an passé, se développe désormais à l’internatio-nal.

« En Inde, on recense plus de 80 000 villages qui ne sont toujours pas électrifiés », aime à rappeler Yann Maus, PDG et fondateur de Fonroche. Sur le continent africain, le cons-tat est le même. Ces pays émergents repré-sentent donc à ses yeux un marché poten-tiel considérable.

Notamment pour ses centrales solaires XXL, d’ores et déjà implantées au Kazakh-stan, à Porto Rico, au Mexique, en Colombie, sans oublier l’Inde : « Dans le désert du Rajas-than, nous avons investi 46 millions de dol-

lars pour construire deux fermes solaires de 23 MW chacune. De quoi alimenter l’équiva-lent d’un État… » Et à en croire Yann Maus, il n’y a pas de raison que cela s’arrête puisque « même sans subventions, le coût de produc-

tion de l’énergie solaire reste inférieur au gaz et au charbon ». La gamme de candéla-bres solaires, développée par le groupe, pourrait aussi faire ses beaux jours à l’export. Julien Pelicier

Yann Maus axe le développement de l’entreprise vers l’international. PHOTO EMILIE DROUINAUD.

INNOVATION En Lot-et-Garonne, Fonroche produit des énergies propres et se développe à l’international

Le soleil ne se couche pas pour Fonroche

« L’Inde et le continent africain représentent un marché considérable pour les énergies vertes »

La société Exosun de Martillac (33), fondée en 2007 par Frédéric Conchy, vient de signer un accord important aux États-Unis. Dans la fou-lée d’un premier gros contrat, où elle fournira ses trackers pour une très grande centrale de production solaire, Exosun s’associe à la socié-té Daetwyler Clean Energy qui fournit des solu-tions de production d’énergie photovoltaïque pour toitures et centrales au sol. La précision de son ingénierie et sa connaissance du mar-ché, en font un partenaire majeur outre-Atlan-tique pour y asseoir la technologie des trackers développés en Gironde. Ils y font recette car ils sont amovibles et suivent les rayons du soleil pour en capter un maximum d’énergie.

DÉVELOPPEMENT La société girondine va fournir ses trackers aux Américains

Exosun prend pied en Californie

Frédéric Conchy, patron heureux. PHOTO J-.J. S.

Publicité JEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FRSud Ouest éco 16

La région s'exporteJEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FR Sud Ouest éco 17

Le global MBA de Kedge Business School fait un bond de 16 places dans le classement mondial du Financial Time. Délivré en France en Chine, il occupe désormais le 27e rang et le 4e français derrière les MBA d’HEC, de l’Insead et de l’École Supérieure de commerce de Paris.

Kedge Business School

La filiale française, KSB, d’un groupe al-lemand spécialisé dans les vannes pour l’industrie en général, emploie 450 sa-

lariés à La Roche-Chalais, en Dordogne. C’est à la fin des années 1980 que la société fami-liale allemande, basée à Frankenthal, rachète en France les sociétés Pompes Guimard et Amri, spécialisées dans la robinetterie indus-trielle. Une activité qui s’est développée en Aquitaine dans les années 1960. L’usine est aujourd’hui le spécialiste du groupe dans les vannes papillons de haute technologie pour les marchés de l’énergie.

Investissement et savoir-faire C’est ici à La Roche-Chalais, aux confins de la Dordogne et de la Charente, que le groupe a choisi au début de l’été de construire une nouvelle usine : un investissement de 12 mil-lions d’euros avec à la clé, la création de 40 emplois.

Ce site a longtemps été en concurrence avec un autre site en Corée, proche des chan-tiers navals, où KSB exporte déjà une bonne part de sa production. Mais le site périgour-din a été au final choisi en raison de son sa-voir-faire, de la proximité avec les services re-

cherche et développement, toujours localisés en Gironde, et parce que les collec-tivités locales – au premier rang desquelles le Conseil régional Aquitaine – se sont mobi-lisées pour l’aider à se développer, pas uni-

quement sur le plan financier.

110 cadres branchés sur le monde L’entreprise réalise en effet 75% de son chif-fre d’affaires à l’export, en Europe et en Asie

surtout. Elle occupe une place forte sur les marchés du nucléaire et de l’énergie et im-pose sa technologie, notamment dans l’équi-pement des nouvelles unités flottantes d’ex-ploitation de gaz offshore et de transfert sur les super-méthaniers. La technologie KSB y fait référence dans ces univers de haute pres-sion et de température extrême.

La nouvelle gamme Triodis, produite dans la récente usine de La Roche-Chalais, permet-tra de fabriquer des pièces plus grosses avec un pont roulant pouvant lever jusqu’à 40 tonnes « Les gisements sont de plus en plus éloignés des côtes et ont besoin de ter-minaux de regazéification flottants », expli-que Philippe Bagard, le directeur de l’usine. À ses côtés, une équipe support de quelque 110 personnes (ingénieurs, techniciens et commerciaux) en relation avec le monde en-tier, le terrain de jeu naturel de KSB.

« Ici, on parle anglais, allemand, espagnol, néerlandais et italien », précise le patron de l’usine. Un atout qui ne sera pas de trop pour répondre à une demande croissante sur un marché mondial de l’énergie aujourd’hui en plein rebond. J-. B. G.

KSB est spécialisée dans les vannes papillon de haute technologie. PHOTO HERVÉ CHASSAIN.

ÉNERGIE Depuis son site de Dordogne, KSB exporte 75% de sa production vers le continent asiatique. Elle est notamment fortement positionnée sur les marchés du nucléaire et de l’énergie

La Roche-Chalais parle toutes les langues

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FLORENCE MAÎTRE

«Les choses ont bien changé aux Bières de Ré depuis leur création par un brasseur autrichien en

1996, juste avant le boom des bières artisa-nales. Il y a eu des changements de mains mais on utilise toujours la même recette de bière blanche », précise d’emblée la com-merciale, Fleur Gaspard-Huit. C’est proba-blement tout ce qu’il reste des premières années, tant le succès de la bière insulaire a transformé cette petite entreprise fami-liale.

Les Bertrand, vignerons à Chevanceaux, qui ont repris la brasserie il y a trois ans, l’ont considérablement modernisée en changeant l’outil de production et la ma-chine d’embouteillage, en remettant au goût du jour les étiquettes figurant sur les bouteilles, en misant sur la nouveauté mais surtout en renforçant l’identité rétaise de leurs produits. « Nous voulons être présents auprès du monde associatif et lors des gros-ses manifestations », insiste Fleur Gaspard-Huit. « L’objectif n’est pas de faire de gros-ses ventes mais d’être attaché à l’île. Même si ce n’est pas évident, en termes de loyers par exemple, nous tenons à rester ici. »

50% des ventes réalisées en grande surface Sans surprise, la quasi-totalité des 800 à 1 000 hectolitres de bière produite annuel-lement se vend pendant l’été, en majorité aux touristes, friands des produits estam-pillés « île de Ré ». Et ce, malgré la concur-rence d’une autre bière fabriquée hors de l’île mais accompagnée d’un marketing performant voire trompeur…

« Il faut sans cesse se différencier, trouver de nouveaux produits. Cette année, en nous appuyant sur la mode des vins aromatisés, nous avions misé sur la bière blonde au

pamplemousse, qui a très bien marché. Nous avons déjà de nombreuses idées pour 2015. » Fleur Gaspard-Huit n’en dira pas plus mais la brasserie pourrait aussi quitter la ZAC des Clémorinands pour un local plus vaste et plus visible. Contrairement à d’au-tres microbrasseries, les Bières de Ré se ven-dent pour moitié en grande surface dans tout le département. Les restaurateurs,

Fleur Gaspard-Huit, commerciale, s’occupe

BRASSERIES LOCALES La seule brasserie de l’île

Les bières marqueurs

Sur le mur de son bureau, des photos de son grand-père qui livrait la bière en calèche. La bière, c’est une histoire de famille chez les Bas-tard. Après en avoir vendu pendant qua-rante ans, Éric Bastard – quatrième génération de la maison Bastard depuis 1911 – a eu envie de fabriquer son propre breuvage, dans la zone in-dustrielle de Périgny.

Pour cela, le propriétaire a vendu la partie dis-tribution de l’entreprise familiale et commen-cé à faire fabriquer sa bière par un brasseur en Alsace. Après avoir créé sa marque – La Roche-loise – en 2004 (déposée deux ans plus tard, en 2006), Éric Bastard s’est lancé dans la fabrica-tion, dans ses locaux rochelais, l’année dernière.

L’entrepreneur a alors embauché Samuel Drapeau, maître-brasseur sorti un an aupara-vant de l’université de La Rochelle avec en po-che, un master sciences pour l’ingénieur, spé-

cialité génie biotechnologique et management en agro-industries.

Bière dite de soif, blonde de type pils à 4,9°, sans conservateur ni sucre ajouté, la Rocheloise est fabriquée à base de malt français, d’houblon allemand ou tchèque, et de levure conservée dans la microbrasserie de l’université de La Ro-chelle. Ce qui lui donne un goût davantage mal-té et plus marqué. Brassée entre huit et douze heures, la bière subit quinze jours de fermen-tation, et quinze jours de garde pour affiner son goût. Elle est ensuite filtrée avec de l’argile.

Deux autres versions de La Rocheloise exis-tent : la Grande Cuvée à 6,2° – blonde, moelleuse et légère – et l’Abbaye des Châteliers, à 6,4° – bière dorée de dégustation et parfumée. Enfin, deux nouvelles recettes sont en cours de créa-tion, dont une bio.

1 000 hectolitres en 2014 Cette année, 1 000 hectolitres de Rocheloise se-ront produits. Le duo vise les 1 500 hectolitres pour l’an prochain. « L’idéal serait de tourner à 3 000 hectolitres à long terme », précise Éric, qui songe à embaucher une seconde personne début 2015. Pour le moment, la clientèle d’Éric Bastard est composée à 80% d’établissements professionnels (bars et restaurants pour l’es-sentiel) ainsi que d’associations et clubs spor-tifs. La Rocheloise est néanmoins présente dans les rayons de certains supermarchés de l’agglo-mération rochelaise.

« La vente de bières en bouteille repart de plus belle avec des bières de spécialité qui plai-sent notamment aux jeunes », conclut Éric Bas-tard. Jennifer Delrieux

Site Internet : http://maisonbastard.wix.com/site 1, rue André-Ampère, Bât. B6, 17180 Périgny. Tél. 05 46 37 58 57.

Le brasseur Éric Bastard s’est installé à Périgny, en 2011. PHOTO J. D.

PÉRIGNY L’héritier de la Maison Bastard fabrique sa propre bière blonde artisanale, La Rocheloise, depuis l’an dernier

Une cuvée 100 % locale et artisanale

Dossier Charente-Maritime

C’est pour diversifier leurs activités et « moins dépendre des cours des céréales » que les céréa-liers Arnaud Clavurier et Laurent Billeaud, se sont lancés dans l’aventure de la bière.

Depuis août 2011, les associés ont brassé blonde, blanche et ambrée. Les deux quadragé-naires de Nuaillé-d’Aunis produisent près de 50 000 bouteilles par an. Pas de quoi rouler sur l’or mais de quoi améliorer l’ordinaire. « Nous travaillons avec notre blé et notre orge, ce qui est une satisfaction pour nous », revendique Arnaud

Clavurier. « Nous aimons notre coin, c’est pour cela que nous avons pris la mouette comme em-blème », précise l’agriculteur-brasseur.

Quant au nom de leur bière, La Rieuse, c’est toujours une référence à la mouette et à la di-mension festive du breuvage. Pour la fin de l’an-née, Arnaud et Laurent vont vendre leur bière brune. « Mais toujours en circuits courts. On ne trouve pas nos bières en grande surface », con-clut l’Aunisien. Philippe Brégowy

NUAILLÉ-D’AUNIS 50 000 bouteilles de cette bière artisanale produite en Aunis sont écoulées chaque année, depuis août 2011

En trois ans, La Rieuse a trouvé son public

Naufrageurs ou Fort Boyard ? Sur l’île d’Olé-ron, il faut choisir entre les deux brasseries lo-cales. Au nord, la Bière des Naufrageurs existe à Chéray depuis vingt ans. Au sud, la brasserie de Fort Boyard – basée depuis 2011 à Rochefort – vient de s’implanter à Dolus-d’Oléron en juin. Et pourtant, il n’est pas toujours évident de dé-velopper des bières dans une contrée cultu-

rellement marquée par le vin et le cognac. D’où des initiatives de la part des brasseurs lo-caux, Jean-Luc Métayer et les époux Beernaert, Hedwig et Chantal.

Le premier a notamment développé une bière spéciale huîtres Marennes-Oléron à base de fruits et d’herbes quand le couple belge pré-pare La Demoiselle, avec 20 kilos de miel pour

Une île, des bières et OLÉRON Blondes, brunes ou blanches, l’île d’Oléron compte

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800 litres de bière. Au total, les époux Beer-naert proposent six variétés dont une aux pru-neaux. Jean-Luc Métayer commercialise, lui, une vingtaine de parfums dont vanille, cerise, caramel salé ou poivre noir. Une chose est sûre, à Oléron, la production est 100% locale et originale pour se démarquer des industriels. Thomas Ghiloni

campings et autres bars, réalisent 30% des ventes, malgré l’attrait évident des grandes marques de bière, qui leur proposent des services d’entretien du matériel qu’une mi-crobrasserie ne peut assumer.

« Il y a quand même des professionnels du secteur qui apprécient et valorisent les produits locaux », se réjouit la commerciale. « Nous avons une grande proximité avec

eux parce que nous savons que ce sont à la fois nos clients et nos premiers vendeurs. »

Globalement, les ventes ont augmenté de près de 20% en 2014 (par rapport à l’an-née précédente), obligeant la petite socié-té – qui emploie trois personnes – à relan-cer, en fin de saison, des productions qui n’étaient programmées pour faire face à des ruptures de produits.

de la boutique de la brasserie mais l’essentiel des ventes se fait en grande surface. PHOTO F. M.

de Ré veut grandir en s’appuyant sur son identité insulaire

de Ré, identitaires

Le département se met à table

Le téléphone de Frédéric Sannier ne cesse de sonner. Au bout du fil, de nouveaux préten-dants au Diplôme d’université (DU) opérateur de brasserie, qu’il a créé il y a sept ans et dont le succès croît d’année en année.

« En 2008, nous n’avions que six personnes. Cette année, nous croulons sous une centaine de candidatures alors qu’il n’y a que 20 places par session », détaille celui qui a fondé la bras-serie Science Infuse à la faculté des sciences de La Rochelle. En 2000, il s’agissait de proposer de la biochimie ludique et concrète aux étu-diants du master biotechnologie. Le DU qui a vu le jour quelques années plus tard est, en quelque sorte, victime du succès des brasse-ries artisanales.

« C’est un tout petit marché, mais il est en plein essor », poursuit Frédéric Sannier. On re-censait 200 brasseries artisanales en France il y a quatorze ans contre plus de 500 au-jourd’hui. Ce qui reste toutefois loin des quel-que 2 000 ateliers des années 1960, avant l’uni-formisation du marché. Les bières régionales fleurissent un peu partout, suivant un sché-ma déjà observé en Amérique du nord où cette mode perdure. Si les Français consomment de moins en moins de bière (environ 30 litres par an et par tête), les bulles locales plaisent.

« À la suite de notre formation, 45 brasseries ont vu le jour. Aucune n’a fermé. Toutes trou-vent leur public, en proposant des bières de qualité et des saveurs originales », complète le

professeur de biochimie.

Avenir en suspens Pour vivre de sa production, le brasseur doit vendre 200 à 300 hectolitres de bière par an, en bouteille, en fût lors de manifestations fes-tives ou même aux débits du secteur.

« On en trouve de plus en plus dans les bars, mais il leur est difficile de concurrencer les grands groupes qui assurent, par exemple, l’installation et l’entretien des tireuses. »

Science infuse, dont le but est avant tout pé-dagogique ne vend qu’une centaine d’hecto-litres que les Rochelais trouvent en supermar-ché ou dans quelques bars locaux, mais Frédéric Sannier a tenu à tisser des liens avec le monde économique pour valoriser le tra-vail accompli à l’université. « Cela nous donne une certaine autonomie financière et c’est un bon outil de communication pour montrer que le résultat est de qualité professionnelle. » La bière de la fac a d’ailleurs été récompensée d’une médaille d’argent au Salon de l’agricul-ture, en 2012.

Malgré sa réussite, l’avenir de Science Infuse reste aujourd’hui suspendu à la pérennisation du poste occupé par Maxime Retailleau. Sans cet ingénieur d’études qui, depuis quatre ans, s’occupe des étudiants, de la maintenance de la plateforme de brasserie et réalise des pres-tations pour les artisans-brasseurs, la brasse-rie universitaire pourrait disparaître. F. M.

Frédéric Sannier (à gauche) et Maxime Retailleau font tourner la brasserie de la fac de La Rochelle et croulent sous les candidatures. PHOTO F. M.

BRASSEURS EN HERBE À La Rochelle, les candidats au diplôme d’opérateur de brasserie sont de plus en plus nombreux

Ça gaze pour les brasseries artisanales !

LE CHIFFRE

500 C’est le nombre de brasseries artisanales recensées en France. Un marché en plein essor puisqu’on en comptait que 200 en l’an 2000. Si aujourd’hui de nombreuses communes,villages et îles veulent créer leur propre bière, on reste toutefois loin des près de 2 000 ateliers disséminés partout en France, dans les années 1960.

Les époux Beernaert proposent une bière 100% oléronaise. PHOTO T. G.

un marché deux brasseries artisanales

Charente-Maritime JEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FRSud Ouest éco 20

Charente-MaritimeJEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FR Sud Ouest éco 21

Ces tableaux ont été réalisés par Pouey Inter-national, spécialiste « Business to business » du renseignement commercial et financier garanti et du recouvrement de créances. Cha-que tableau classe les entreprises par ordre décroissant de leur chiffre d’affaires. Pour plus de cohérence, celui-ci est considéré au prora-ta sur 12 mois ; les sociétés n’ayant pas toutes un bilan sur 12 mois. Le 1er classement ci-con-tre porte sur les 50 premières entreprises de l’ensemble du département, toutes activités confondues. Il est par la suite décliné en « tops 50 » secteur d’activité par secteur d’activité : export, industrie, commerce, services, agroa-limentaire et bâtiment-travaux publics.

Qui ? Ces informations concernent exclusive-ment les entreprises privées dont le siège so-cial est situé dans le département et qui ont déclaré leur bilan. Pour cette raison, certaines sociétés présentes dans le département ne fi-gurent pas dans les tableaux.

Comment ? Ces données officielles sont collec-tées auprès des greffes des tribunaux de com-merce dans les semaines qui précèdent leur publication. Les entreprises ne déclarant pas leur bilan ne peuvent donc pas figurer dans ce palmarès. Quant aux secteurs d’activité, ils ont été éta-blis par rapport au code NAF d’appartenance de chaque société. La NAF (nomenclature des activités françaises) est élaborée par l’Insee.

Quand ? Les chiffres indiqués sont ceux des bi-lans clôturés en 2011, 2012 voire 2013.

Combien ? Les valeurs sont exprimées en « kilo euros ». Cela signifie que s’il est écrit 1 700 K€, il faut comprendre 1 700 000 euros.

Quoi ? Outre le rang de classement, la déno-mination et la commune de domiciliation du siège social, ces tableaux mentionnent les der-niers chiffres hors taxes déclarés par chaque entreprise soit : son chiffre d’affaires (CA), son chiffre d’affaires export (égal à 0 quand l’en-treprise n’a pas d’activité à l’étranger) et son résultat net à la date de clôture de leur bilan. Par ailleurs, est indiquée pour chaque socié-té, l’évolution en pourcentage de son dernier chiffre d’affaires connu par rapport à celui de l’année précédente. Pour le même numéro siren, elle a été calculée sur la base de bilans de même durée et sur la même période (exemple : de janvier à décembre). Quand seul le dernier CA est disponible, cette évolution n’a pas été calculée. Enfin, par défaut, les en-treprises des classements ne font pas état de chiffres consolidés (pour un groupe, somme des chiffres des entités le constituant). Cepen-dant, certains chiffres consolidés sont indi-qués si le groupe en a fait communication. De ce fait, certaines entités d’un groupe peu-vent figurer en leur nom alors que le nom de leur groupe d’appartenance figure aussi dans le classement.

PALMARÈS Classements des principales entreprises, secteur par secteur

Comment lire les tableaux ?

1Y-a-t-il une reprise de l’économie dans la région ?

Il y a une éclaircie, mais à confirmer. Par-tout en France, le début d’année a été diffi-cile, après une année 2013 très délicate. Heu-reusement, il y a eu une nette amélioration sur les quatre derniers mois avec une baisse des défaillances d’entreprises de 11,9%. Sur l’ensemble de l’année (de septembre 2013 à septembre 2014), l’économie aquitaine tire mieux son épingle du jeu avec une baisse des défaillances de 3% contre + 0,97% au ni-veau national. En outre, le nombre de créa-tions d’entreprises a augmenté de 4,6%. En Poitou-Charentes, la donne est différente avec + 6,26% de défaillances en un an. Cela s’explique notamment par le dépôt de bi-lan de Mia, constructeur de voitures électri-ques, mais pas seulement. Globalement, les défaillances touchent surtout les micro-en-treprises de moins de deux salariés.

2Comment expliquez-vous cette bonne dynamique en Aquitaine ?

Le secteur tertiaire, très développé en Aqui-taine, a le vent en poupe. En particulier, le numérique. Ces dernières années, nous avons vu apparaître de beaux fleurons ré-gionaux, à l’image de Concoursmania. Et les secteurs traditionnels de l’économie aquitaine, comme l’agriculture, qui em-ploie près de 80 000 personnes dans la ré-gion, se maintiennent. Par ailleurs, il y a des projets importants en cours comme Eurat-lantique. La région a de nombreux atouts : un aéroport à Bordeaux en plein essor grâce à son terminal low cost, une Universi-té connue, une école de commerce réputée, Kedge...

3 La crise est-elle derrière nous ?

On l’espère, mais il y a six mois, je n’aurais pas tenu les mêmes propos. Il faut donc res-ter prudent. Les trésoreries des sociétés ont été affaiblies en 2012 et 2013. Ceci étant, les taux d’intérêt sont faibles aujourd’hui. En tout cas, à l’heure de la future réforme terri-toriale, il est intéressant de noter les com-plémentarités entre l’économie aquitaine et picto-charentaise. Bordeaux a le vin, tan-dis qu’à Cognac, il y a de grandes maisons : Martell, Rémy Martin, Hennessy, des tonnel-leries comme Taransaud. De même, dans l’aéronautique, les deux régions sont très présentes.

PROPOS RECUEILLIS PAR NICOLAS CÉSAR

BERTRAND LACAMPAGNE Président du directoire de Pouey International

TROIS QUESTIONS À...

La Charente-Maritime se met à table JEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FRSud Ouest éco 22

STÉPHANE DURAND [email protected]

La gamme de liqueurs à base de cognac vient de s’étoffer. Le C2 Cognac-Café est né il y a quelques mois et les résultats

sont déjà encourageants. « On l’a lancé durant l’été et il a reçu un très bon accueil », constate Gilles Merlet, l’alchimiste en chef de la mai-son Merlet récemment rejoint par ses deux fils, Luc et Pierre. Comme souvent, le marché anglais a été le premier approché. Apparem-ment, nos amis d’outre-Manche ont apprécié.

Il faut dire que la distillerie Merlet, basée à Chérac, entre Saintes et Cognac, mise princi-palement sur la qualité. « Pour arriver à sor-tir une bonne liqueur de café, il faut que le produit soit fraîchement torréfié », prévient Gilles Merlet. L’intéressé a joué la carte locale en se tournant vers les cafés Merling, à La Ro-chelle. Un peu d’imagination et beaucoup de travail ont fait le reste. « Il m’a fallu deux ans avant de sortir le C2 Cognac-Café », avoue le chef d’entreprise.

Mais le temps, ce n’est pas ce qui fait peur à Gilles Merlet qui n’hésite pas à tester, à lais-ser libre cours à ses idées, quitte à revenir en arrière ou à abandonner un projet s’il se rend compte que la mayonnaise ne prend pas. Le liquoriste a en tout cas eu le nez creux en plan-tant du cassis en Saintonge. C’était en 1977. La liqueur de cassis made in Charente-Maritime venait de naître.

La reconnaissance Aujourd’hui, la reconnaissance de tout le tra-vail accompli vient de tomber. Le comité na-tional des appellations d’origine relatives aux vins et aux boissons alcoolisées, et des eaux-

de-vie de l’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité) vient de valider le cahier des charges de l’identification géographique « cassis de Saintonge ».

« On est en train de bosser sur le plan de contrôle. Cette appellation veut dire qu’on s’installe un peu plus dans ce paysage des pro-duits régionaux de qualité », savoure celui qui a su faire fructifier l’entreprise familiale, qui a démarré en 1850 avec Firmin.

La distillerie Merlet pèse aujourd’hui 20 millions d’euros de chiffre d’affaires et em-ploie 49 personnes. Ce succès, elle le doit en

partie à la renommée que lui a apportée l’Hpnotiq (prononcez Hypnotik). En appro-chant la distillerie pour créer une liqueur à base de cognac capable de concurrencer l’Ali-zé – liqueur orange à base de cognac et de fruits de la passion aux États-Unis – le tennis-man américain d’origine russe, Raphaël Ya-coby, a frappé à la bonne porte.

La liqueur produite par Gilles Merlet, dans une bouteille conique à base de passion, orange, ananas et autres ingrédients secrets, se vendra jusqu’à 10 millions de bouteilles dans les années 2000.

Le liquoriste Gilles Merlet (ici avec l’un de ses fils, Pierre), a su innover pour conquérir de nouveaux marchés. PHOTO ARCHIVES DOMINIQUE PARIES.

LIQUORISTE La distillerie Merlet, à Chérac, dispose de plusieurs cordes à son arc : cognac maison, liqueurs, vins aromatisés... Et surfe sur le succès

La liqueur Cognac-Café, dernière née de Merlet

Bertrand Laclie, patron des Cognac Laclie de Saint-Jean-d’Angély, savoure la surprise de ses interlocuteurs. « Chaque fois que nous le pré-sentons lors d’un salon, il produit son petit ef-fet… » De quoi s’agit-il ? D’un spray au Cognac.

« Nous sommes les seuls à le proposer », avance le jeune chef d’entreprise, qui a rapa-trié récemment son entreprise de Cognac vers la cité angérienne. L’idée de présenter du Cognac sous la forme d’un spray est venue « d’un client allemand qui rencontrait des dif-ficultés pour cuisiner avec notre breuvage ». Dans un étui de 30 ml, voici donc le spray Co-gnac Léopold Raffin. « Il contient du Cognac VS, la plus jeune eau-de-vie de l’assemblage, âgée de deux ans au minimum. En pulvérisa-teur, son utilisation en cuisine est grande-ment facilitée. »

Sucré ou salé, le spray devrait convenir à tous les usages : omelette norvégienne, cre-vettes flambées... « On peut également en pro-fiter autour d’un cigare ou d’un café », envi-sage Bertrand Laclie. Pour le moment, le Cognac Laclie a lancé la production de 10 000 sprays, réalisés en sous-traitance. « Seul le Co-gnac vient de chez nous », reconnaît Bertrand Laclie. Avec un chiffre d’affaires à 90% réalisé à l’export, la petite maison de Cognac (six sa-lariés) ne pratique pas de vente directe. En re-vanche, le Web…

Dans un premier temps, le spray sera pro-posé chez des cavistes locaux, à Saintes et Saint-Jean-d’Angély. Affiché à moins de 10 eu-ros, ce spray est lancé comme un ballon d’es-sai par une entreprise qui, dans le passé, a tra-versé des difficultés. Désormais présents dans quatre nouveaux pays (Pologne, Vietnam, Afrique du Sud et Nigeria), les Cognac Laclie vont-ils remporter leur pari avec ce spray ? Philippe Brégowy

CUISINE Le patron des Cognac Laclie innove et réussi un joli coup marketing

Vous reprendrez bien un pschitt de Cognac ?

Une fois de plus, la météo a eu un impact sur le comportement des touristes. Globale-ment, la fréquentation 2014 des Mardis du Cognac a été à la hausse, avec près de 1 100 vi-siteurs cette année, selon les premières esti-mations de l’association (1).

Si Hugues Chapon, président des Étapes du Cognac, n’a pas de chiffres globaux sur les retombées économiques de cette 6e édi-tion – « La plupart des animations sont gra-tuites, organisées dans une démarche de fi-délisation. » – il est certain que ses adhérents ont bénéficié « du temps maussade en août ». Une information que les intéressés ne confirment pas forcément, même s’ils se disent satisfaits de cette nouvelle édition.

Une (très) bonne année Pascal Clair, viticulteur à Neuillac, fait partie des satisfaits. S’il a constaté une fréquenta-

tion en baisse sur son animation unique et gratuite – « Environ 150 visiteurs, soit une baisse de près de 20% par rapport à 2013. » – cela n’a pas impacté son chiffre d’affaires qui, lui, a presque doublé. Discret, Pascal Clair évoque « plus de 2 000€ de recettes ».

« Je n’ai pas vraiment d’explication à ce dé-calage entre participation et chiffre d’affai-res de la soirée. Sans doute la présence de Françoise Barbin-Lécrevisse, auteure culi-naire, a eu un impact », avance le vigneron qui retiendra 2014 comme une bonne an-née.

Même son de cloche du côté des Vigno-bles Morandière, à Saint-Georges-des-Agoûts. Vincent Morandière rappelle l’intérêt des Mardis du Cognac : « On gagne en visibilité en offrant à nos visiteurs quelque chose de plus que le voisin et l’animation rapporte. » Le viticulteur proposait douze dates, en fran-

çais et en anglais, à 3€ pour les adultes. S’il a eu un peu moins de monde que l’an passé, avec en moyenne 20 à 25 personnes par soir, le vigneron a vu son chiffre d’affaires pro-gresser avec « 10 à 13 000€ de vente de bou-teilles ». Un retour sur investissement im-portant au vu du temps et des frais engagés.

Ce que confirme indirectement Hugues Chapon, qui souhaite inciter ses adhérents à proposer des animations plus élaborées mais payantes. « Nous souhaitons proposer davantage de dates et d’animations pour élargir notre clientèle, même si cela reste dif-ficile à quantifier. » Les Mardis du Cognac ou quand notoriété et rentabilité se conju-guent. Coraline Bertrand

(1) Données récoltées auprès d’1/3 de ses adhérents, à ce jour.

Hugues Chapon veut inciter ses adhérents à proposer des animations payantes. PH. C. B.

Les « petits » producteurs ouvrent leurs portesVITICULTURE La 6e édition des Mardis du Cognac s’est avérée un bon cru pour les adhérents de l’association les Étapes du Cognac, avec un chiffre d’affaires stable voire en hausse. Et ce, malgré une fréquentation parfois à la baisse aux différentes animations estivales

La Charente-Maritime se met à tableJEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FR Sud Ouest éco 23

STÉPHANE DURAND [email protected]

Christian Thomas est un passionné. De son domaine de 92 hectares de vi-gnes, sur les côteaux dominant l’es-

tuaire de la Gironde, il a tiré un breuvage qui fait la renommée du coin. Le château de Beaulon est au pineau ce que le cognac est à Hennessy, Martell ou Rémy Martin. « À quand remonte le pineau à Beaulon ? Je ne sais pas », avoue le Saintongeais. Une éterni-té, sans doute.

Lui a pris les rênes de l’entreprise familiale à un moment compliqué, en 1965. « Dans les années 1960, Beaulon avait toujours une bonne réputation, mais la situation finan-cière était délicate », se remémore Christian Thomas, qui a pris la succession d’un oncle avec l’ambition de redresser la barre. Et il y est parvenu. « Je m’étais éloigné du monde viticole. J’y suis revenu.

Depuis, on croise le viticulteur au volant d’une Rolls. Le château de Beaulon, produit haut de gamme de la propriété, repose sur de vieilles réserves. Certains connaissent bien l’or pour le blanc et ruby pour le rouge dix ans d’âge, par exemple. La force du pro-duit, ce sont ses cépages.

Un terroir exceptionnel « Nous disposons d’un terroir unique. Les côteaux calcaires et argilo-calcaires, posi-tionnés sur la rive droite de la Gironde, bé-néficient d’un ensoleillement exceptionnel. Notre encépagement est également unique

et spécifique au château. Même si on pro-duit aussi du cognac, on a joué le jeu depuis le début du pineau avec des cépages borde-lais », précise Christian Thomas.

La palette des cépages, avec dix variétés de raisins différentes, donne son identité au

château de Beaulon. Aujourd’hui, le do-maine produit 300 000 bouteilles de pi-neau par an et possède un stock de deux mil-lions de bouteilles. Christian Thomas, qui a été rejoint par son fils et sa fille, emploie 21 salariés.

Christian Thomas a su faire prospérer son domaine et préparer sa succession. PHOTO S. D.

CHÂTEAU DE BEAULON Ardent défenseur du pineau, Christian Thomas est à la tête du domaine implanté à Lorignac et Saint-Dizant-du-Gua depuis bientôt cinquante ans

Un pineau d’or et de ruby

1 Dans quel but la Communauté de commu-nes a-t-elle ouvert la Maison de la vigne et des saveurs, à Archiac, en juillet 2010 ?

L’idée était d’en faire une vitrine valorisant le sa-voir-faire des hommes et les produits prestigieux de la Haute Saintonge. Un outil de promotion à fi-nalité économique, touristique et pédagogique. Un lieu destiné à tous les curieux qui souhaitent comprendre les paysages, le bâti, la fabrication d’un produit, les secrets d’un arôme, d’un plat…

2 À quoi sert-elle et au fil des années, en quoi a-t-elle évolué ?

Avec une fréquentation annuelle de 25 000 visi-teurs, elle s’est affirmée comme un lieu de ren-contres, d’échanges, de séminaires. C’est aussi un lieu vivant où des animations sont organisées toutes les semaines avec deux événements phares : les Fondus du chocolat et la Fête des vendanges.

3 En quoi les producteurs s’y retrouvent-ils et quel est leur intérêt ?

C’est une belle porte d’entrée chez nos produc-teurs qui y exposent pineau et cognac, miel et safran, farine, huile, confitures et autres dou-ceurs. Ils y tiennent des permanences pour assu-rer des dégustations. C’est un lieu identitaire, de culture mais aussi de commerce où chacun est le bienvenu.

PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE-LAURE GOBIN

CLAUDE BELOT Président de la Communauté de communes de Haute Saintonge

TROIS QUESTIONS À...

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Un petit vélo sur l’étiquette pour identifier Ré, un nom – « Soif d’évasion » – qui sonne comme les vacances. Pas de doute, Uniré, la cave coopé-rative installée au Bois-Plage, sait parler à son plus fidèle client. Souvent un estivant, bien heu-reux de consommer local dans cette île si prisée.

« Nous devons beaucoup au tourisme, admet facilement Christophe Barthère, directeur de la coopérative des vignerons de l’île de Ré, mais ce n’est pas autant que nous produisons du vin à touristes », insiste le dirigeant, bien conscient de cette critique souvent formulée à propos des vins de Ré. « Nous recherchons toujours à amé-liorer nos produits et restons vigilants sur leur qualité. Ça commence dans les vignes, avec des contrôles des techniciens de la coop. »

Visiblement, les clients apprécient. La coopé-rative des vignerons de l’île de Ré vend chaque année quelque deux millions de bouteilles de ses différents breuvages, soit grosso modo la ca-pacité de production d’un vignoble de seule-ment 600 hectares.

Ventes estivales Uniré existe depuis les années 1950 et au-jourd’hui encore, elle rassemble l’ensemble des vignerons de l’île, soit 70 exploitations. « C’est notre grande force. » L’île de Ré étant la dernière terre à l’ouest intégrée dans l’AOC Cognac, elle

est située en bois ordinaires, ses vignerons pro-duisent de longue date de l’ugni blanc et un peu de colombard pour l’eau-de-vie, vendue en vrac aux grandes maisons du Cognaçais. « Nous avons aussi notre marque de cognac, mais nous ne faisons pas plus de 15 000 bouteilles.» La pro-

duction de pineau, avec 450 000 bouteilles, est déjà beaucoup plus conséquente, mais c’est le vin qui domine les ventes, en blanc, rouge et rosé... surtout le rosé, boisson d’été par excel-lence. « Nous vendons 80% de nos vins entre avril et septembre », précise Christophe Barthère. La

plupart des clients se fournissent au siège de la coopérative, au Bois-Plage, laquelle fournit aus-si les restaurants et grandes surfaces de l’île et de la région, à La Rochelle et aux alentours.

Chaque année, la cave s’efforce d’innover, de lancer une nouvelle gamme. Celle nommée « Soif d’évasion », déclinée en blanc et en rouge sur des vins mono-cépages, date d’il y a trois ans. « En 2014, la nouveauté, c’est surtout notre in-vestissement important dans une salle de pres-soir flambant neuve. Cet outil va nous permet-tre de récupérer des jus de qualité toujours meilleure. » Autant d’efforts pour assurer à la coopérative des vignerons le maintien d’un ni-veau de croissance régulier de son chiffre d’af-faires : + 3% à + 4% chaque année. « Sauf en 2010, où la tempête Xynthia nous a beaucoup affec-tés », souligne le directeur.

En 2013, le chiffre d’affaires global d’Uniré s’éle-vait à 12 millions d’euros, dont neuf millions d’euros pour le vin et deux millions pour la pomme de terre AOC primeur, l’autre produit phare de l’île de Ré.

« La pomme de terre est un produit de niche qui se vend bien. On commercialise chaque an-née 1 500 à 2 000 tonnes de ce légume haut de gamme en seulement deux mois et demi ! ». Pri-meur oblige. Agnès Marroncle

Christophe Barthère dirige Uniré, la coopérative des vignerons de l’île de Ré. PHOTO A. M.

COOPÉRATIVE Deux millions de bouteilles de pineau, vins et cognac sortent chaque année de la coopérative rétaise, Uniré. L’attrait touristique de l’île favorise beaucoup les ventes, mais les vignerons ne négligent pas pour autant leurs efforts pour gagner en qualité

La production viticole profite du décor de Ré

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JENNIFER DELRIEUX [email protected]

Un gros coup d’accélérateur. Le marché des traiteurs organisateurs de réception (TOR), secteur perpétuellement en évo-

lution, est en plein développement en Charente-Maritime depuis ces deux dernières années.

« En 2013, on a plus que doublé notre chiffre d’affaires de l’année précédente. Et cette année, on va encore l’augmenter de 10% à 20% », précise Hervé Brandt, directeur général du groupe ro-chelais Grégory Coutanceau, qui propose un service traiteur depuis 2004 et fait partie de l’as-sociation des traiteurs de France depuis un an.

Même son de cloche du côté de la SAS Cousin Traiteur La Rochelle : « Pour la saison 2013-2014, on a fait 2, 8 millions d’euros de chiffre d‘affai-res. Alors qu’en 2006 (date de leur installation à Puilboreau dans un bâtiment plus grand, ndlr), on était à 700 000 euros de chiffre d’affai-res », ajoute Émilie Cousin, présidente de la so-ciété.

Profession à part entière Le métier est en pleine mutation depuis que les traiteurs organisateurs de réception sont deve-nus une profession à part entière.

Le secteur, versatile et concurrentiel à la fois, ne facilite pas les projections à long terme. Sou-vent, les professionnels ne savent pas de quoi demain sera fait. De nombreux traiteurs tra-vaillent essentiellement pour des collectivités et des entreprises, qui représentent 75 % de leur

chiffre d’affaires. Mais, avec la crise économique, cette clientèle regarde davantage à la dépense qu’auparavant.

« Les budgets ont diminué de 20% à 30% de-

puis deux ans », souligne Pascal Hue, proprié-taire de La Mise en bouche, à Saint-Agnant.

Les entreprises s’y prennent également de plus en plus tard pour organiser leurs événe-

ments, y compris quand plus d’une centaine de convives sont présents. La réactivité des profes-sionnels du secteur est alors mise à rude épreuve. « Les congrès importants étaient pré-vus un an à un an et demi à l’avance quand dé-sormais les dirigeants nous contactent seule-ment six mois avant. À nous de nous organiser !», conclut, philosophe, Émilie Cou-sin.

Le groupe Coutanceau a vu son chiffre d’affaires doubler, en 2013. PHOTO XAVIER LÉOTY.

RÉCEPTION Le marché des traiteurs organisateurs de réception est en hausse depuis quelques années, malgré la crise qui incite leurs clients (entreprises, collectivités et particuliers) à veiller à leur budget

Cuisine de qualité : les traiteurs font recette

Le bio, une offre marginale Sur les 47 traiteurs présents en Charente- Maritime, très peu ont fait le choix du bio. Marie-Pierre Bidaut et Marc Duquesnay, basés à Saint-Hilaire-de-Villefranche, font partie de ceux-là, avec À table naturellement, labellisé bio. Les traiteurs se fournissent auprès d’une quarantaine de producteurs locaux pour satis-faire une clientèle composée principalement de particuliers et d’organisateurs de salons bio.

Le marché du bio évolue entre 10% et 17% chaque année, même si là encore les effets de la crise se font sentir avec des budgets plus serrés. Pourtant, selon Thomas Guerinet, trai-teur chez Nomadis à La Rochelle (qui propose quelques prestations bio), « les produits coû-tent entre 15% et 20 % plus chers, ce qui freine les consommateurs même si une prise de conscience a été amorcée ».

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LE CHIFFRE

17,60 C’est le tarif préférentiel, en euros, accordé par Philippe Laclie aux habitants du canton de Saint-Hilaire-de-Villefranche pour une bouteille de son pastis Bercloux

«La boulangerie de qualité est via-ble économiquement. » Mickaël Morieux, meilleur ouvrier de

France 2011, installé à La Rochelle et à Aytré depuis cette année, en est convaincu. « Je vends ma baguette de tradition à un euro. Je pense qu’il ne faut pas aller au-delà. Le pain, c’est symbolique, un euro aussi et tout le monde peut s’offrir ma baguette. Mes 10 em-ployés sont payés comme il faut et j’estime que mes fournisseurs, mes clients et moi-même nous y retrouvons tous. »

Pourtant, ce passionné de boulangerie de 41 ans ne fait rien comme les autres. Ses vien-noiseries sont faites maison et il n’est affilié à aucun grand meunier. Il sélectionne donc seul ses farines, qu’il choisit de haute quali-té (T80 à 150, qui contiennent beaucoup de fibres) et dont certaines sont moulues dans un moulin à eau de l’Aveyron datant du VIe siècle. « Je n’utilise que des farines pures, sans additifs, non traitées, qui pourraient ob-tenir le label bio. » Et Mickaël Morieux d’al-ler les chercher dans les zones de production historiques : sa farine de sarrasin vient de Bretagne, son seigle d’Auvergne... Même les graines de son pain aux céréales sont torré-fiées par ses soins. Concrètement, le boulan-ger produit tout en interne, de A à Z, même ses confitures et ses glaces et limite au maxi-mum l’ajout de de sucre qui, selon lui, « gâ-che un peu ».

Le prix, notion relative Sa méthode de fabrication non plus n’est pas usuelle. « Je compte 12 heures pour fabriquer une baguette. Le travail débute la veille. Je pétris peu la pâte et je prévois un long temps de fermentation, pour que mon pain ait plus de goût. » Des pratiques ancestrales associées à du matériel moderne : « Je fais de l’artisa-

nat à haut débit », s’amuse-t-il. Sûr de son sa-voir-faire, Mickaël Morieux ne redoute pas la concurrence de la grande distribution qui peut jouer sur la quantité de ses comman-des de farine pour obtenir des prix « 50% plus bas qu’un artisan » et afficher une baguette

30 centimes moins chère. « Le prix est une notion relative. Qu’est-ce qui est le moins cher, la baguette à 80 centimes immangea-ble le lendemain ou une baguette à un euro qui tient deux jours ? » Olivier Guérin

Mickaël Morieux, devant sa boutique rochelaise, rue Chaudrier. PHOTO XAVIER LÉOTY.

BOULANGERIE Pour Mickaël Morieux, meilleur ouvrier de France 2011 en boulangerie, le pain et les pâtisseries de qualité sont viables économiquement

Artisan « à haut débit »

Didier Dorin, producteur de plantes aroma-tiques et médicinales bio à Sainte-Soulle ain-si que sur l’île de Ré, a gagné son pari. Le pas-tis de Ré, qu’il a confectionné à partir de plantes cultivées et cueillies sur l’île puis lan-cé sur le marché insulaire l’été dernier, s’est très bien vendu. Environ 2 500 des 3 100bou-teilles mises en rayons ont en effet trouvé pre-neur, malgré une commercialisation limitée aux épiceries fines, restaurants et supérettes. L’entrepreneur, qui s’est associé pour cette phase de test à la Rochelaise Élodie Nardèse, chef de produit indépendante, entend désor-mais transformer l’essai par la création d’une entreprise dédiée à la fabrication et à la dis-tribution du « pastaga » rétais.

Une PME que Didier Dorin souhaite instal-ler sur l’île, en commençant par louer des lo-caux, de manière à lancer la saison 2 de son projet dès les prochaines vacances de Pâques. L’objectif, c’est également de produire davan-tage de pastis et de ne plus limiter la vente aux frontières de l’île. Depuis la rentrée, plusieurs bars à vins de La Rochelle ont à leur carte le fa-meux alcool au goût anisé, souvent associé à l’image ensoleillée de la Provence. L’été pro-chain, l’apéritif devrait être vendu un peu par-tout, en Charente-Maritime, voire au-delà. Alain Babaud

ALCOOL L’entrepreneur a réussi son pari de créer un pastis à base de plantes locales

Pastis rétais : Didier Dorin remet sa tournée

« Économiquement c’est dur mais pour résister à la concurrence des chaînes, il n’y a que la qualité et le ‘fait maison’. » Les similitudes sont nombreu-ses entre Mickaël Morieux et Olivier Neveu, de la boulangerie Le pain du marin, rue Gambetta, à La Rochelle. Ce dernier aussi n’est affilié à aucune mi-noterie et sélectionne des farines de qualité issues d’un moulin familial du pays nantais. Lui aussi pé-trit peu, laisse fermenter longtemps et cuit bien son pain. Et lui non plus n’envisage pas d’augmenter le prix de ses pains, qu’il varie énormément, selon

les saisons. « Il faut faire ce que l’on ne trouve pas ailleurs et le faire ‘maison’, de la baguette à la pâ-tisserie en passant par les viennoiseries. L’expres-sion ‘fabrication artisanale’ est aujourd’hui galvau-dée. Il n’y a que le ‘fait maison’ qui garantisse une bonne qualité », estime le boulanger.

Son « pain du marin » est aujourd’hui une insti-tution. Devenu une marque déposée depuis vingt ans, il repose sur la même recette historique qui permet toujours aux marins (et aux autres clients !) de le conserver longtemps.

Ils tablent sur l’attrait du « fait maison »

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Le bouche-à-oreille certainement. L’attrait de la nouveauté à coup sûr. Quoi qu’il en soit, le Café Marlette affiche complet chaque week-end. « Les gens font parfois la queue pendant une heure ! », se réjouit Scarlette, l’une des deux responsables de ce lieu ouvert au printemps dernier, dans la capitale, rue des Martyrs. Là même où des com-merces de bouche réputés attirent bobos pari-siens et amateurs de bonnes saveurs.

Marlette, soit la contraction de Margot et Scar-lette. Si les deux sœurs font recette depuis qua-tre ans avec leurs préparations à base de pro-duits issus de l’agriculture biologique, elles ont choisi le 9e arrondissement parisien comme première vitrine de leur réussite.

Prêtes à être cuisinées en les associant à des ingrédients frais, leurs créations culinaires sont ici proposées à la vente, mais aussi préparées dans la cuisine centrale avant d’être dégustées sur place ou à emporter. Ailleurs, en France comme à l’étranger, elles ont déjà trouvé leur place dans des dizaines de points de vente. Re-tour sur un parcours exemplaire.

De Ré à Paris Héritières de l’esprit d’entreprise de leurs pa-rents, créateurs des voiliers Tofinou, les natives de la Flotte-en-Ré décident un jour d’associer leurs compétences d’ingénieur agronome et de manager en hôtellerie-restauration. L’idée : prendre le créneau, encore inoccupé sur le mar-

ché agroalimentaire, de produits moyenne gamme « prêts à cuisiner ».

Pour cela, les sœurs Joubert se lancent dans la confection de préparations pour pains et gâ-teaux à base de farines bio produites locale-ment. Douze recettes sont testées et validées dans le garage familial, puis marquetées avec le

soutien de l’incubateur d’entreprises départe-mental. En 2010 : cap sur la capitale pour défen-dre leurs produits « faits maison » auprès des dis-tributeurs. Avec un positionnement clair – prix moyen et qualité supérieure – les créations Mar-lette intéressent vite de grandes enseignes pa-risiennes comme Le Bon Marché et les Galeries

Lafayette qui les référencent dans leurs rayons.

Levées de fonds En 2012, Scarlette Joubert et Margot Caron se voient attribuer le Grand Prix Moovjee, qui ré-compense un projet porté par de jeunes entre-preneurs. Supplément de crédibilité aux yeux des professionnels, cette récompense sera sui-vie de deux levées de fonds qui permettront à Marlette de devenir une marque à part entière, aux assises renforcées.

« Pour gagner en notoriété, nous avons éga-lement lancé une gamme de produits dérivés Marlette. » Avec l’ouverture d’autres points de vente en ligne de mire et le référencement effec-tif dans des magasins « premium » – comme Mo-noprix dans les grandes villes françaises et Marks & Spencer en Angleterre – l’entreprise aux huit salariés et au chiffre d’affaires 2014 avoisi-nant le million d’euros devrait poursuivre son bon développement.

Grâce au Grand Prix des jeunes créateurs Uni-bail remporté cet automne, Marlette va même mettre un pied dans le monde des centres com-merciaux haut de gamme. Préparées dans le la-boratoire modernisé de l’Houmeau, la ving-taine de recettes pour pancakes, cookies, scones ou autres fondants au chocolat y seront rapide-ment les meilleurs ambassadeurs du bon goût made in Charente-Maritime. Yann Vrignaud

Les deux sœurs, Scarlette et Margot, forment le duo gourmand, Marlette. PHOTO ALEXANDRE JONAS.

Les recettes gourmandes de Marlette PÂTISSERIE Après le succès fulgurant de leurs préparations bio pour pains et pâtisseries, deux sœurs rétaises viennent d’ouvrir, à Paris, le Café Marlette

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ALAIN BABAUD [email protected]

C’est à croire que la création d’entre-prise, pour eux, c’est du gâteau! Jean-Baptiste Robin et Guillaume Mabilleau

ont créé la SARL Nuances gourmandes voilà deux ans. Avec l’idée de fabriquer des pâtisse-ries et des macarons de manière artisanale, pour une clientèle de restaurateurs, boulan-gers, pâtissiers et traiteurs essentiellement française (70%) et européenne (30%).

« La première année a été assez calme », re-connaît Guillaume Mabilleau. Mais la seconde a vu le chiffre d’affaires de la petite entreprise – qui donne du travail à cinq personnes – mul-tiplier par trois. « On s’est mis à l’écoute de nos clients, de leurs besoins, pour améliorer nos produits. » Résultat : l’atelier produit au-jourd’hui jusqu’à 10 000 macarons par jour. « Nous sommes pratiquement au maximum de notre capacité de production. Et ce, sans publicité, ou presque, explique Guillaume Ma-billeau. Pour aller plus loin, il faudrait des lo-caux plus spacieux et une équipe renforcée. »

Meilleur ouvrier de France Un cap que les deux associés se préparent, déjà, à franchir. Les deux jeunes entrepreneurs se sont rencontrés sur l’île de Ré, au sein de la brigade de pâtissiers de l’hôtel-restaurant-tha-lasso Le Richelieu de La Flotte-en-Ré, en 2006. « Nous étions une dizaine, il y avait du travail ! »

En 2008, l’opportunité de devenir formateur à Paris se présente à Guillaume Mabilleau, ori-ginaire du Maine-et-Loire. Il accepte et prépare, parallèlement, le concours de Meilleur ouvrier de France (MOF). Un titre prestigieux, syno-nyme d’excellence professionnelle, qu’il dé-croche en 2011. Le jeune pâtissier est alors de-mandé ici et là, en Europe, par ses confrères,

pour des stages de formation et de perfection-nement. Mais l’envie demeure de s’enraciner quelque part. La Charente-Maritime s’impose alors comme une évidence. « Le bon sens veut qu’un MOF ne s’installe pas là où il y en a déjà un. La Charente-Maritime, c’était parfait ! »

Le projet n’est pas d’ouvrir une boutique, mais un atelier de production facilement ac-

cessible aux transporteurs. Le choix se porte donc sur un local de la zone de la Croix-Fort, en retrait de l’agglomération rochelaise, à Saint-Médard-d’Aunis. Au départ, les chefs pâ-tissiers proposent pâtisseries, gâteaux et ma-carons. Mais l’envol des commandes les con-traint vite à faire un choix. Ce sera les macarons, très en vogue. Guillaume Mabilleau et Jean-Baptiste Robin mettent au point une garniture spécifique, « pas trop sucrée et qui restitue bien le fruit », devenue leur signature.

Peu à peu, la carte s’étoffe pour atteindre au-jourd’hui 49 parfums, des plus classiques (chocolat, café, noix de coco, pomme verte...) aux plus originaux (poire cardamone, pam-plemousse coquelicot, fraise 5 épices, caramel tonka...). Les pâtissiers laissent leur imagina-tion s’exprimer. Et prennent soin de marquer chaque grand moment de l’année d’un maca-ron spécifique qui n’a pas vocation à rester au catalogue : macaron bonbon arlequin pour Halloween, macaron champagne et groseille pour les fêtes de fin d’année... De petites dou-ceurs que l’on peut trouver en vente directe à l’accueil de l’atelier de la Croix-Fort, et nulle part ailleurs en Charente-Maritime, sous la marque Nuances gourmandes. Dans le reste de la France et à l’étranger, l’entreprise produit pour des professionnels qui, eux, revendent aux consommateurs sans faire mention du fa-bricant charentais-maritime. C’est la clé du succès.

Les associés Guillaume Mabilleau, Meilleur ouvrier de France 2011 et Jean-Baptiste Robin, produisent jusqu’à 10 000 macarons par jour. PHOTO A.B.

SAINT-MÉDARD-D’AUNIS Chefs pâtissiers, Guillaume Mabilleau et Jean-Baptiste Robin ont monté leur société de production de macarons, à destination des professionnels. Avec un certain succès

Nuances gourmandes prend sa part du gâteau

Un changement de nom qui traduit l’affir-mation d’une ambition. Au 1er janvier, le groupe Comigel a changé de dénomination pour devenir Cook Up Solutions. Atlantique Alimentaire à La Rochelle, rachetée en 2010, a suivi le mouvement. Avec un objectif affir-mé : s’armer pour gagner des parts de mar-ché à l’étranger et monter la part de son chif-fre d’affaires à l’export de 11% à 25% à l’horizon 2018.

L’entreprise industrielle, qui emploie 185 salariés à Chef-de-Baie, conçoit et fabri-que 7 000 tonnes de tartes salées et 8 000 tonnes de crêpes surgelées chaque an-née pour le compte de la grande distribu-tion et d’enseignes telles que Picard et Thi-riet (75% des crêpes vendues en grande surface sortent des chaînes de fabrication rochelaises). À ce jour, ses exportations se concentrent essentiellement sur l’Angle-terre, l’Allemagne et la Scandinavie. L’an-

tenne rochelaise de Cook Up Solutions vise désormais clairement les marchés améri-cain, canadien et asiatique. « Nous avons des contacts avancés avec des partenaires dans ces régions-là », assure le directeur général, Antoine Doré.

« Des produits d’avenir » La PME s’est d’ailleurs allouée les services d’un chef étoilé français pour travailler sur une gamme spécifique de surgelés à desti-nation de l’Asie. Lancement prévu dès 2015. « Nous ne sommes pas que des assembleurs, explique le chef d’entreprise, mais des cui-siniers. Notre métier, c’est de trouver de so-lutions alimentaires pour nos clients. »

L’entreprise vient de mettre en ligne une charte d’engagements qualité explicite, qui s’appuie sur quatre piliers : la sélection des filières (les 3 500 tonnes annuelles de farine utilisées viennent du Poitou-Charentes), la

sécurité alimentaire (50 000 euros investis dans le renforcement des contrôles et ana-lyses), la culinarité (six chefs animent le ser-vice recherche et développement) et enfin, l’expertise nutritionnelle (recettes équili-brées, produits sains).

« Les surgelés sont des produits intéres-sants parce que sains, sûrs, sans conserva-teurs. C’est un secteur d’avenir. » La crise des lasagnes de cheval de 2013, qui n’a pas con-cerné Atlantique Alimentaire, n’y change rien. L’entreprise va ainsi réaliser un chiffre d’affaires de 33 millions d’euros, cette année, avec un effectif stable. Et continue d’inno-ver. Avec une solution simple de démoulage des tartes qui permet de les emballer sans le plat de cuisson. Ce qui permet d’écono-miser des dizaines de tonnes de carton et d’aluminium et prend moins de place les congélateurs. Tout le monde y gagne. A. B.

Les surgelés, « produits d’avenir » selon Cook Up Solutions. PHOTO DR

Cook Up s’active en cuisine pour gagner des parts de marchéLA ROCHELLE Atlantique Alimentaire est devenu Cook Up Solutions. Pour marquer sa volonté d’exporter davantage ses surgelés

La Charente-Maritime se met à tableJEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FR Sud Ouest éco 29

Fondée en 1932 à Varaize – un village tout pro-che de Saint-Jean-d’Angély – la Reine friande a comblé bien des palais en quatre-vingts ans d’existence. Spécialisée dans la fabrication de bonbons, la petite entreprise a traversé des périodes de turbulences.

Ce qui l’a conduite, en 2012, à devenir la Nouvelle Reine friande et à quitter ses locaux de Varaize pour rejoindre un bâtiment plus adapté à Saint-Jean-d’Angély. Une entreprise de bonbons au miel des Alpes-de-Haute-Pro-vence, Apior, a repris la fabrique de confise-ries, quand le nouveau gérant, Bernard Ma-nonviller, se démène pour retrouver des clients.

Le miel, ingrédient de base « Ce n’est vraiment pas facile en ce moment, certains de nos clients ont carrément dispa-ru à cause de la crise », souligne le chef d’en-treprise qui s’appuie sur une petite équipe de trois salariés. Berlingots, caramels au beurre salé, coquelicots : la production de la société est basée sur le miel. « En effet, 90% de nos bon-bons contiennent du miel, poursuit Bernard Manonviller, c’est notre cœur de métier. »

Si la production de miel est en importante régression actuellement, le manque de ma-tière première ne devrait pas affecter l’activi-té de la PME car Bernard Manonviller assure l’avoir anticipé. Malgré tout, le chiffre d’affai-

res de la Nouvelle Reine friande stagne aux alentours de 150 000 euros . « Ce n’est pas suf-fisant », admet le gérant de la SARL Nouvelle

Reine friande, qui à peine rentré d’un salon à Colmar, se rend ensuite en Belgique pour ren-contrer des clients. Confrontée à une baisse

d’activité, la petite équipe ne baisse pas pour autant les bras. « Nous avons plusieurs pro-jets en tête et nous allons probablement re-cruter une personne à mi-temps pour déve-lopper la réalisation de sucettes », précise l’apiculteur qui souhaite développer la vente directe sur son site de production de l’avenue de Poitiers.

« Nous organisons régulièrement des visites de notre petite fabrique, le public est assez impressionné par nos machines. Certaines datent de la création de l’entreprise et sont quasiment uniques au monde. Elles peuvent fonctionner encore une centaine d’années ! », estime le dynamique chef d’entreprise qui, malgré ses 69 ans, affiche un dynamisme à toute épreuve. Son secret ? « Je mange du miel et de la propolis (1) tous les jours ! » Philippe Brégowy

(1) La propolis est une autre substance produite par les abeilles. Elle possède de nombreuses vertus pour la santé.

La Nouvelle Reine friande produit, entre autres, des caramels. PHOTO ARCHIVES P.B.

CONFISERIE À Saint-Jean-d’Angély, la Nouvelle Reine friande entend renouer avec le succès d’antan de la société, fondée en 1932

Relance délicate pour les douceurs de la Reine friande

« Notre chiffre d’affaires stagne, mais nous avons plusieurs projets en tête pour relancer l’activité »

La Charente-Maritime se met à table JEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FRSud Ouest éco 30

Le parcours à succès de Frédéric et Nicolas Meschin à Los Angeles se poursuit. Plus de trente ans après leur arrivée en Californie, les deux frères originaires de Saint-Palais-sur-Mer continuent d’animer la scène culinaire et ar-tistique de la cité des anges.

Déjà propriétaire de trois restaurants, dont l’inclassable Acabar – véritable palais des mille et une nuits construit en 1968 par le Bordelais Pierre Dupars – le duo vient tout juste d’ouvrir une nouvelle adresse à Brentwood, l’un des quartiers les plus huppés de Los Angeles.

« Cette fois, nous n’avons pas mis d’argent sur la table », explique Frédéric Meschin. « Nous nous sommes associés à un investis-seur, un jeune Parisien nommé Marc-Antoine Rambaud, à qui nous apportons notre savoir-faire, notre expertise, ainsi que le nom du res-taurant, sans pour autant en vendre les droits. »

Un concept à décliner Approchés depuis plusieurs années par diffé-rents financiers pour décliner le concept de leurs établissements – réputés pour leur cui-sine méditerranéenne et leur convivialité – les deux frères Charentais-Maritimes s’y étaient toujours refusés.

« Nous ne voulions pas dénaturer l’esprit que nous donnons à nos restaurants, au mo-tif de gagner plus d’argent. Et l’idée d’une fran-

chise ne nous plaisait pas. Nous avons finale-ment trouvé un modèle économique diffé-rent : nous prenons en charge les assurances, les droits, le contenu, puis nous plaçons nos équipes – soit une cinquantaine de personnes – et le menu élaboré avec notre chef. Le reste est à la charge du partenaire de l’opération. »

Dans le cas du restaurant de Brentwood, l’investisseur en question s’est occupé des frais de décoration, de matériel, de signer le bail et diverses opérations administratives. « Il a notamment fallu récupérer la banque-route de l’ancien restaurateur, soit près de 800 000 dollars. » Tout frais cumulés, ce sont

ainsi près d’1,5 millions de dollars qui ont été déboursés, ainsi qu’un loyer mensuel de 16 000 dollars pour près de 300 m2.

« Ces tarifs sont un peu élevés, mais c’est le quartier qui veut cela. Par ailleurs, si nous vou-lons respecter notre réputation et que le res-taurant fonctionne, nous ne pouvons pas faire les choses à moitié. »

À l’intérieur, les moindres détails ont été étudiés pour que la clientèle se sente à son aise et puisse venir dîner à tout moment, der-rière l’imposante porte couvrant la façade. « Rien n’existe aux alentours en termes de vie nocturne. Ici, nous n’ouvrons pour le mo-ment que de 17 heures à 2 heures du matin. Nous avons plusieurs salles, dont une taverne à l’ambiance intimiste, pour que chacun trouve ce qu’il cherche, comme dans un riad romantique. »

Et visiblement, le concept séduit déjà. Dès le premier soir, l’acteur Jim Carrey est d’ailleurs venu s’y détendre. De quoi inciter les frères Meschin à poursuivre sur la même idée de développement. « Des projets sont lan-cés à Venice Beach, Santa Monica, Las Vegas et Miami. Tant que cela respecte notre concept et ne nous ne demande plus de lourds inves-tissements, nous sommes partants... Fidélité à nos valeurs, partage et plaisir : bref, tout l’es-prit de Saint-Palais ! » Stéphane Cugnier

Frédéric Meschin a choisi l’exil sous le soleil de Californie. Sans regrets. PHOTO S. C.

La Californie sourit aux frères Meschin RESTAURATION À la tête de The Little Door, Frédéric et Nicolas, natifs de Charente-Maritime, étendent leur territoire gastronomique

La Charente-Maritime se met à tableJEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FR Sud Ouest éco 31

PHILIPPE BAROUX

Le Cayenne. Sur la rive gauche du chenal éponyme de Marennes, cette table est née du paysage qui borde les rives de Seudre.

Le marais ostréicole sur lequel les baies vitrées de cette ancienne cabane de producteur d’huî-tres ouvrent au ravissement des convives. L’his-toire qu’y raconte aujourd’hui Joël David, c’est celle d’une lignée dont le parcours profession-nel est étroitement lié au murmure des étiers, et au miroitement des claires d’affinage dans le soleil couchant. Il est depuis mai dernier la troisième génération qui exploite l’affaire.

Gilles Sonnette, son grand-père, était un os-tréiculteur visionnaire. Plus tôt que d’autres, il avait saisi combien ce paysage captivait les vi-siteurs. De son ordinaire cabane que l’on attei-gnait en laissant à main gauche la route de Chancrette se perdre dans de bucoliques sinuo-sités, il avait fait un lieu de découverte de l’huî-tre, et de dégustation. « Il présentait toutes les calibres aux touristes, et il leur vendait une par-tie de sa production », explique Joël.

Déco rustique et ambiance bon enfant Une génération passe, et voici Edwige, la fille de Gilles. Elle va plus loin et voit plus grand. Il y a près de trois décennies, la cabane de dégusta-tion élargit son offre aux fruits de mer, puis aux poissons des pertuis. Le restaurant naît. Il dresse des tables sciées dans des billes d’ormeau ga-leux, bois massif et noueux que Gilles a décou-vertes sous un roncier. Au mur, des reproduc-

tions de cartes postales anciennes bercent la nostalgie de l’ostréiculture d’antan.

Aujourd’hui encore, ces longues planches rustiques participent de l’identité du lieu : les clients s’y asseyent dans l’ordre d’arrivée, lais-sant le hasard abattre la carte d’un voisinage imprévu, le temps d’une rencontre. « Cela faci-lite les échanges et donne lieu à des moments sympathiques », souligne Joël. « L’autre jour un client qui n’était pas venu depuis dix-huit ans m’a dit avoir retrouvé la même ambiance qu’à

l’époque, ce qui l’avait rajeuni d’autant… Joël a « toujours connu l’endroit », et ne voyait pas sa tante passer la main à un « étranger ». Le temps de l’engagement est donc venu pour cet ancien mécanicien marine en pleine reconver-sion professionnelle. Un engagement de ma-rathonien, car il y a longtemps que les deux mois d’ouverture saisonnière sont devenus une ouverture annuelle, midi et soir, avec deux pau-ses seulement, les 25 et 31 décembre.

Au Cayenne, la famille a inventé le circuit

court avant qu’il ne devienne une mode. Les huîtres, moules, palourdes, langoustines, tour-teaux et crevettes, qui constituent l’ossature de la carte, sont des produits du bassin. La seiche, la sole, le bar sont achetés en direct aux criées de La Cotinière et de La Rochelle. Le paysage donne tout, jusqu’aux saint-jacques qui arri-vent des pertuis, lorsque la saison de pêche bat son plein, ou des îles anglo-normandes le reste de l’année. Et chaque jour, Edwige tire des vi-viers les produits frais qui garniront une cen-taine de couverts. Un chef, un écailler, deux ser-veurs et une secrétaire complètent l’équipe de cette société à responsabilité limitée.

Changement de paysage « Le chenal est énormément fréquenté », souli-gne Joël en saluant du regard la cinquantaine de visiteurs qu’un autobus vient de déposer à l’écomusée attenant au restaurant : une idée d’Edwige pour expliquer le cycle d’élevage de l’huître. « Les clients recherchent un change-ment de paysage. Ici, le héron guette sur le bord de la claire et on le voit manger la crevette. Je n’aurai pas tenté l’aventure ailleurs. Bien sûr, il y a la reprise familiale. Mais il y a aussi l’empla-cement. Le boulot est dur, mais je profite des le-vers de soleil derrière l’établissement, et des couchers, devant. Un jour il y a du vent, un au-tre j’entends les mouettes crier. L’hiver, à 21 h 30, quand j’ouvre des huîtres dehors, il fait nuit noire, il n’y a pas un bruit. Seulement le pont de la Seudre, au loin, tout illuminé. Ça régénère… »

Joël David dirige un restaurant authentique, au cœur du bassin de Marennes-Oléron. PH. P. B.

MARENNES-OLÉRON Depuis trois générations, la simple cabane de dégustation devenue restaurant de poissons et fruits de mer, attire gourmands et visiteurs au cœur d’un paysage unique

Le Cayenne raconte son histoire dans le marais

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Charente-Maritime JEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FRSud Ouest éco 34

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ALAIN BABAUD [email protected]

Un repas trop chargé qui a du mal à pas-ser à l’heure de la sieste ? La sarriette, en tisane, facilite la digestion et stimule,

accessoirement, la libido... Un rhume qui s’ins-talle ? Le thym, en infusion ou en tisane, aide à s’en débarrasser. Des plantes méditerranéen-nes aux vertus thérapeutiques bien connues qui commencent à se faire une place sous le so-leil... de Charente-Maritime.

Impulser la filière Quand il quitte le secteur de l’assurance pour reprendre la ferme familiale, à Sainte-Soulle, près de La Rochelle, en 2009, Didier Dorin ne s’imagine pas une seconde en céréalier. « On ne descend pratiquement jamais du tracteur... J’ai cherché autre chose. » L’industrie cherche des agriculteurs pour produire des plantes aroma-tiques et médicinales. Le quadra, titulaire d’un BTS agricole, se lance. Mais la filière n’existe pas, en Charente-Maritime. Il faut l’impulser. Didier Dorin se rapproche du groupement des agri-culteurs bio, le GAB 17, et crée, en 2010, le grou-pement d’intérêt économique (GIE) Biolopam (pour biologique et plantes aromatiques et mé-dicinales). Une structure qui réunit, à ce jour, sept producteurs charentais-maritimes. Là où il y aurait de la place pour le double...

« C’est un secteur en pleine expansion, expli-que l’agriculteur et président du GIE, on a du

mal à répondre à la demande. Il nous faudrait de nouvelles surfaces à cultiver. » Pour faire pousser du thym, surtout. Le GIE en produit 20 tonnes (plante séchée) par an. Mais égale-

ment du fenouil, de la sarriette, de l’origan, de l’anis vert, de la coriandre... Toute la production est bio et part chez des grossistes et industriels, principalement de l’agro-alimentaire, parmi

lesquels le groupe Léa Nature, à Périgny, poids lourd régional de l’alimentation biologique et naturelle. Vont bientôt s’ajouter à cet herbier la menthe, ainsi que la mélisse aux vertus apai-santes.

« Il faut qu’on élargisse notre offre pour mieux répondre aux attentes et trouver de nou-veaux clients », en commerce de gros et demi-gros, indique Didier Dorin. Tous les indicateurs sont au vert. Les temps sont au retour vers la na-ture, vers les bienfaits des plantes. L’agriculture bio profite également du souhait des consom-mateurs de mieux maîtriser leur alimentation. Et les industriels reviennent au « Made in France », tant pour des questions de traçabili-té, de circuits courts que de qualité du produit.

Le groupement a même reçu un coup de main du gouvernement, de 56 000 euros, dans le cadre de l’appel à projets « Agricultures, pro-duisons autrement », pour se développer et contribuer à la protection de l’environnement. Les plantes aromatiques bio se plaisent, en ef-fet, dans les zones péri-urbaines protégées des produits chimiques de l’agriculture conven-tionnelle. Les producteurs travaillent ainsi, avec la Ville de La Rochelle, pour se propager aux bas-sins versants des zones de captage de l’eau qui coule au robinet des abonnés de la régie muni-cipale. En diminuant le taux de polluant dans les environs, on diminue les traitements avant distribution. Et c’est la santé des consomma-teurs qui y gagne.

Le groupement que préside Didier Dorin produit 20 tonnes de thym séché, par an. Les terrains manquent pour aller au-delà. PHOTO A. B.

SAINTE-SOULLE Un groupement d’agriculteurs bio, Biolopam, s’est constitué pour produire des plantes aromatiques méditerranéennes qui arrivent le plus souvent sur les tables en tisanes

Le thym et la sarriette se font une place au soleil

Dès que le visiteur pénètre dans la ferme de Valéry Bouyer à Aumagne, il est saisi. De déli-cieuses effluves l’enveloppent. Ici, le thym, le romarin, et tant d’autres plantes aromatiques et médicinales (PAM) ont élu domicile. Pilote d’hélicoptère pendant vingt-sept ans, Valéry Bouyer s’est reconverti dans l’agriculture, en 2009.

« Je voulais travailler la terre et en cherchant la filière qui me plairait, les PAM se sont très vite imposées à moi », explique l’ancien mili-taire. Formé auprès de Jean-Pierre Scherrer, fi-gure référente des plantes aromatiques dans l’Ouest, Valéry Bouyer cultive des plantes « lo-cales, adaptées à notre terroir » en bio, depuis

deux ans. Un choix « pragmatique plus que politique ». Son exploitation s’étend sur 20 hec-tares et comprend une cinquantaine de varié-tés. Autodidacte, le quadragénaire dispose aussi de deux alambics. « Il a fallu les transfor-mer pour produire des huiles essentielles », dévoile-t-il. L’ancien pilote n’est pas devenu druide. Point de potion magique à l’horizon. « Je me contente de commercialiser les 148 plantes autorisées par le décret de 2008. »

On trouve les PAM d’Aumagne, commercia-lisées sous la marque « Plantabenèze », dans les boutiques bio du département et en vente directe, à la ferme d’Aumagne. Philippe Brégowy

AUMAGNE Ancien militaire, Valéry Bouyer, s’est converti aux plantes aromatiques et médicinales qu’il cultive en bio

Plantabenèze : tout bio, tout bon

JEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.COMSud Ouest éco 36

PHILIPPE BAROUX [email protected]

Petit poisson deviendra grand. Dans cette pouponnière oléronnaise, sont bercés 10 millions de larves, et cinq mil-

lions d’alevins. Ils deviendront portions de bars, de dorades et de turbots dans les assiet-tes. Mais après avoir été transférés de la nur-serie aux élevages aquacoles qui, pour l’essen-tiel, sont localisés sur le pourtour méditerranéen.

Ce matin d’octobre, à la Ferme marine du Douhet, une « poussette » de 38 tonnes est chargée de 300 000 alevins de dorades roya-les. Quatre jours plus tard, le poids lourd dé-posera ces bébés dans le berceau de l’île grec-que de Kalymnos, un élevage aquacole situé à près de 3 000 kilomètres de cette île d’Olé-ron qui les a vus naître cinq mois plus tôt. « 500 à 600 millions d’alevins sont vendus dans les élevages du pourtour méditerranéen chaque année. Nous en fournissons 40 mil-lions, et notre filiale de l’Hérault, 10 millions », détaille Jean-Sébastien Bruant, le directeur du site.

Marchés émergents Filiale du français Groupe Aqualande, depuis 1995, la ferme oléronnaise est une écloserie qui approvisionne une cinquantaine d’éleva-ges. « Pour la Méditerranée, il est plus rapide de préciser les destinations que nous ne des-servons pas, plutôt que le contraire. Nous ne sommes pas présents en Libye, en Égypte et au Liban. »

De la Turquie à l’Espagne, l’entreprise est ainsi présente sur tous les autres marchés de ce bassin méridional, mais aussi à Madère, aux États-Unis ou en République domini-caine. Et, cela fait huit ans qu’elle avance à pe-tits pas sur les marchés émergents du Moyen-Orient, notamment aux Émirats Arabes Unis et en Iran. Un ensemble économique qui, sur un site de 2,5 hectares en plein marais, mobi-lise 45 équivalents temps plein, et réalise an-nuellement entre 7,5 et 8 millions d’euros de chiffre d’affaires. Pour un résultat significatif de 400 000 à 700 000 euros, selon les années.

Taux de survie Ces performances tiennent notamment à la stricte politique sanitaire qui est appliquée dans ces installations. Il s’agit de limiter les atteintes virales et bactériologiques aux pro-ductions, lesquelles constituent d’ordinaire le point faible des élevages, de quelque nature qu’ils soient. Les alevins n’échappent pas da-vantage au problème que les poules et autres veaux. La Ferme marine du Douhet a fait de la maîtrise du sujet l’un de ses points forts. Les

performances sont à la clé, avec un taux de survie larvaire de l’ordre de 50% à 60%, remar-quable pour ce type de production. « Cela nous met au cinquième ou sixième rang eu-ropéen, et au premier rang français », ajuste le dirigeant.

Dans cette lutte contre les pathogènes, la lo-calisation insulaire de l’élevage est un atout. Cette position le place à la marge des princi-paux axes de circulation et de développement des foyers de maladies. Cela ne suffisait évi-demment pas pour élever un rempart sani-taire étanche, ni pour garantir la régularité des approvisionnements perturbée par les épisodes infectieux. Comme d’autres, la

Le directeur du site, Jean-Sebastien Bruant,

ÎLE D’OLÉRON Filiale du Groupe Aqualande, la tout le pourtour méditerranéen en bars, turbots ou

Une grande pour petits

« Nous sommes présents dans toute la Méditerranée, sauf en Libye, en Égypte et au Liban »

Le sel marin récolté dans l’île de Ré, c’est du « 100% naturel ». En attendant l’indication géo-graphique protégée (IGP) qu’elle espère pour bientôt, la coopérative des sauniers rétais tim-bre désormais ses boîtes et sachets d’un tam-pon « 100% naturel, 100% sans additif ». « Cela distingue clairement nos produits du sel in-dustriel. »

Chez les consommateurs, la tendance est aux produits de terroir. Cela profite au sel ma-rin, récolté manuellement : principalement à celui de Guérande, qui a si bien su imposer sa marque et travailler son image. « À tel point que certains clients pensent que le mot ‘Gué-rande’ désigne la méthode,, comme on dit par exemple le beurre de baratte. Ils viennent chez nous et demandent du sel de Guérande de l’île de Ré ! », rapporte Gabrielle Cherpentier, res-ponsable commerciale de la coopérative des sauniers.

Stocks et mauvaise météo Des sauniers rétais toutefois bien décidés à se dégager de l’ombre de leurs collègues de Loire-Atlantique. La fleur de sel – cette fine couche blanche qui se forme à la surface des marais salants – a si bonne côte auprès du public qu’il y a aujourd’hui de la place pour plusieurs bas-sins de production sur l’Atlantique. Dans l’île de Ré, cette fine fleur tire les prix vers le haut – elle se vend au minimum huit fois plus chère que le gros sel – et fait vivre environ 80 sau-niers.

Une vingtaine d’entre eux sont indépen-dants tandis que 60 actifs sont associés au sein de la coopérative qui vend 85% du sel récolté dans l’île de Ré. « Notre production annuelle tourne en moyenne autour de 2 000 tonnes pour le gros sel et 150 tonnes de fleur de sel », indique Gabrielle Cherpentier. Ce ne sera pas le cas en 2014. Le mois de septembre, particu-lièrement ensoleillé, n’a pas suffi à compenser les pluies de juillet et août. « Une nuit de pluies abondantes, ça ne gêne pas le tourisme mais c’est une semaine de gâchée pour ceux qui ti-rent le sel ! »

La coopérative n’espère pas récolter cette an-née beaucoup plus que 400 tonnes de gros sel,

mais ses dirigeants ne se montrent pas spécia-lement inquiets : « Nous avons en stock de quoi fournir nos clients pendant 18 mois. »

Le stock, c’est le secret du commerce de ces précieux cristaux nés de l’évaporation de l’eau de mer et dont la production dépend entière-ment du soleil et du vent. « Nous avons l’habi-tude d’être tributaires de la météo, aussi nous avons trois ans de stock devant nous ! », assure Christophe Sanselme, directeur d’Esprit du Sel. Cette SARL qui existe depuis trente ans dans l’île de Ré fait travailler une dizaine de sauniers indépendants. D’autres vendent à Rivesaline, jeune société, qui, elle aussi se démarque de la coopérative. « J’ai trop besoin de liberté, trop envie de créer mes propres produits », affirme son responsable, le saunier Cédric Fortunier, à l’origine de la fleur de sel noire – « mélangée à de l’encre de seiche » – du gros sel primeur ou encore de la brume de sel, sous forme li-quide.

De fait, si la coopérative des sauniers domine les volumes, les indépendants la rejoignent sur les résultats. La première a fait 3,5 millions de chiffres d’affaires en 2013, les indépendants autour de 3 millions d’euros. « Nous ne som-mes pas concurrents, nous avons le but com-mun de faire vivre la saliculture dans l’île de Ré », précise Christophe Sanselme dont la so-ciété, Esprit du Sel, a fait à elle seule 1 million de chiffres d’affaires en 2013. « Nous nous dif-férencions de la coop en proposant du haut de gamme. Nous exportons 30% de nos produits dans des épiceries fines et restaurants aux États-Unis, au Canada ou en Australie. »

Comme les indépendants, la coopérative sait la nécessité de se renouveler pour vendre, ce qui n’est pas évident avec un produit comme le sel. Elle est toutefois à l’origine d’une nouveauté majeure, le galet de sel, qui est à cette denrée ce que le morceau de sucre est au sucre en poudre. « Nos galets équivalent à la quantité de sel qu’il faut pour un litre d’eau », indique Gabrielle Cherpentier. Plutôt prati-que, cette innovation de la coopérative rétaise doit encore passer dans les habitudes des mé-nages. Agnès Marroncle

La coopérative des sauniers rétais vend 85 % du sel produit sur l’île. PHOTO ARCHIVES FRANCK MOREAU.

COOPÉRATIVE S’il ne jouit pas de la notoriété de celui de Guérande, le sel de Ré se commercialise un peu mieux chaque année

Le business du sel de Ré progresse

JEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.COM Sud Ouest éco 37

atteint un bon taux de survie des alevins de poissons, sans traitements. PHOTO P. B.

Ferme marine du Douhet approvisionne dorades, élevés sans antibiotiques

nurserie poissons

ferme avait donc commencé à recourir aux antibiotiques pour protéger ses larves. « Mais des phénomènes d’antibiorésistance sont ap-parus. Nous nous tirions une balle dans le pied. »

La ferme dépensait 23 000 euros de traite-ment chaque année, il a donc été décidé de je-ter au feu les boîtes d’antibiotiques, et de leur substituer un protocole rigoureux de gestion de l’élevage. Une sorte de circuit de produc-tion dans lequel les animaux qui avancent dans la classe d’âge ne recroisent pas les spé-cimens les plus jeunes. La production est aus-si divisée en secteurs. Les poissons reproduc-teurs ne sont pas dans les mêmes locaux que l’unité d’élevage larvaire, laquelle est distincte de celle où s’effectue le sevrage, et ainsi de suite. À chaque unité ses instruments de tra-vail qui ne voyagent pas d’une case à l’autre.

« Nous limitons ainsi les risques de conta-mination d’un lot par l’autre, entre les serres. » C’est le principe de la marche en avant. Il se complète du lavage complet d’une unité lors-qu’elle a été vidée de ses occupants, au mo-

ment où ceux-ci ont rejoint le stade d’élevage suivant.

Laboratoire de microbiologie Les salariés sont inclus dans la boucle, as-treints qu’ils sont à des règles d’hygiène tel-les que le trempage régulier des bottes dans les pédiluves qui ponctuent le parcours, ou la désinfection des mains, non moins perma-nente. Les blouses jetables sont obligatoires et, pour les sites les plus exposés de la produc-tion, elles sont changées à l’arrivée et à la sor-tir du module.

Pour surveiller la viabilité de ce dispositif, une équipe est dédiée au suivi qualité. Tandis que l’entreprise dispose de son propre labo-ratoire d’analyse microbiologique. Il réalise très régulièrement des examens de l’eau, de l’air, des sols et surfaces, et des poissons. Un choix qui, en cas d’incident, permet de sérier sa source, plus vite que le permettrait le re-cours à un laboratoire externe contraint par ses délais, ne serait-ce que d’acheminement des prélèvements.

Les carcinologistes – spécialistes des crustacés – l’appellent penaeus japonicus. Les gourmets qui en perdent leur latin, lui préfèrent le nom de gambas. Notre gambas ou crevette impé-riale, reine des paellas, des barbecues, plan-chas et autres plateaux de fruits de mer, puise ses racines au Japon. Mais il y a belle lurette qu’elle n’a pas trempé ses pattes dans les eaux de l’océan Pacifique ou de la mer du Japon puisqu’elle est aussi élevée, chez nous, en Cha-rente-Maritime depuis les années 1970. D’une manière très confidentielle au début, puis pe-tit à petit elle a fait son nid chez beaucoup d’os-tréiculteurs qui ont trouvé là une source de revenus complémentaires, notamment l’été.

Normand, Frédéric Madroux n’a pas rêvé de devenir pompier ou pilote de course, comme beaucoup de petits garçons. Non, tout gamin déjà, il se voyait… éleveur de crevettes. Pour cela, il a donc entrepris des études d’ingénieur en aquaculture, à Montpellier et examiné, il y a une quinzaine d’années, les côtes françaises pour trouver le meilleur endroit possible pour installer son élevage. Mornac-sur-Seudre a re-tenu toute son attention. Et ce, pour plusieurs raisons.

« Il y avait 35 claires à vendre et une possi-bilité d’extension pour 35 autres dans un en-droit idéal, soit ce coin de Seudre où les ma-rées assurent un bon renouvellement de l’eau des claires et permettent une prolifération des vers de vase dont se nourrissent les gambas. Ensuite, Mornac est un coin très touristique, donc très intéressant pour la vente directe »,

précise Frédéric Madroux. Ainsi est née la ferme Huître Impériale, où l’élevage de crevet-tes représente l’activité principale quand l’os-tréiculture reste une activité d’appoint pour les mois d’hiver.

Écloserie Si depuis quelques années beaucoup d’ostréi-culteurs de Charente-Maritime produisent des gambas pour arrondir leurs fins de mois, ils ne sont qu’une quinzaine à vivre essentiel-lement de cet élevage. Frédéric en fait partie.

Aujourd’hui, l’éleveur produit cinq à six ton-nes de crustacés – sous le label Agriculture bio-logique, renouvelé chaque année – entre la mi-juillet et la fin octobre. Car, en tant que crustacé des eaux chaudes, la crevette impé-riale ne résiste pas aux hivers charentais . Ses clients sont essentiellement les restaurateurs de la région, mais aussi des grossistes en pois-sons qui travaillent avec l’Espagne, et les tou-ristes de passage à Mornac.

Mais depuis quatre ans, Frédéric a ajouté une corde à son arc : la production de larves au tout début du printemps dans une vaste écloserie installée à proximité des claires. Ce qui lui permet de vendre à d’autres produc-teurs des gambas encore toutes jeunes qu’ils feront grandir dans leurs claires. « Je fournis une bonne partie des éleveurs de la région, car je suis le seul à leur proposer des larves sur tout l’ouest de la France. » Son plus proche concur-rent français se trouve en effet… à Perpignan. Didier Piganeau

Les gambas sont élevées dans les claires et commercialisées de la mi-juillet à la fin octobre. Frédéric Madroux en produit cinq à six tonnes par an. PHOTO D. P.

PÉNÉICULTURE Frédéric Madroux élève gambas et huîtres dans sa ferme Huître Impériale. Il vend ses larves aux producteurs de la région

La gambas du Japon frétille à Mornac-sur-Seudre

LE CHIFFRE

3,5 C’est le nombre de crustacés élevés au mètre carré par Frédéric Madroux – soit 3 500 crustacés aux 1 000 m2 – quand la norme bio tolère un maximum de 20 crustacés au mètre carré. Une performance qui permet à l’éleveur normand de renouveler chaque année le label Agriculture biologique de ses gambas (ou crevettes impériales), made in Charente-Maritime.

La Charente-Maritime se met à table JEUDI 13 NOVEMBRE 2014WWW.SUDOUEST.FRSud Ouest éco 38

PHILIPPE BAROUX

Royan, sa Grande conche, son architec-ture de béton, et… les particularités de son port de pêche. Qui sait que la petite

flottille de la Côte de Beauté se distingue au ni-veau national pour la bonne tenue de son prix moyen au kilo ? 8,42 € l’année dernière. Ce qui place la criée en tête du classement français, alors même que le volume de poisson débar-qué est loin, bien loin des poids lourds boulon-nais et lorientais. C’est à trois espèces que la criée doit ce résultat signifiant la bonne rému-nération des producteurs : le bar, le maigre et la sole. Trois poissons blancs à chair nobles pri-sés des consommateurs, et donc des ma-reyeurs.

Au bilan d’activités 2013, ces trois espèces no-bles représentaient 71% du tonnage global de la criée, soit 527 des 884 tonnes vendues. Et l’in-cidence sur le chiffre d’affaires global n’est pas moindre.

Pour ne prendre que le cas de la sole, la pre-mière espèce débarquée ici, elle correspond à un produit de 3,4 millions, sur les 7,4 millions d’euros du chiffre d’affaires que la criée réalise avec une cinquantaine d’espèces référencées au total.

Trois bateaux, les plus imposants de cette pe-tite flottille d’une trentaine d’unités, se sont spé-cialisés dans l’espèce. L’ « Austral », le « Johan-Jé », et le « Sertan », sont trois fileyeurs de 18 à 24 mètres qui renvoient très au large l’histoire de la pêche locale reliée à la sardine.

La qualité à bord Dans tous les cas, petits et gros bateaux royan-nais sont réputés pour la qualité de leur travail. La technique de pêche utilisée par les petits ba-teaux de moins de 12 mètres (le plus gros con-tingent de la flottille), préserve au poisson sa qualité de chair. Au bout de leurs lignes, ils re-montent notamment du bar d’une fermeté in-

comparable. Les poissons remontent quais vi-vants du fond, et un par un, à l’inverse du cha-lut qui compacte et écrase la pêche. Ces bars sont aussi saignés dès qu’ils arrivent à bord, leur conservation n’en est que meilleure. Le respect strict d’un cahier des charges permet alors de leur agrafer un pin’s à l’ouïe, et de valoriser cette production à l’encan au moment de la vente.

« Vue la taille de la flottille, les pêcheurs ne peuvent pas rivaliser sur les volumes. Aussi, tra-vaillent-ils la qualité », souligne le responsable d’exploitation. Les acheteurs sont d’autant plus prompts à faire des affaires au port de Royan que la vente dématérialisée sur Internet faci-lite depuis 2007 leur négoce, par l’achat à dis-tance. Les deux tiers des cinquante acheteurs références en criée utilisent ce site. Un achat à distance qui repose sur la confiance. Elle sup-pose qu’au moment du tri du poisson et de son classement par catégorie qualitative, les agents de criée soient intransigeants. « Il nous arrive de déclasser un poisson qui ne le serait pas for-cément dans une criée réalisant de plus gros volumes. En parallèle, nous avons aussi travaillé pour convaincre les professionnels qu’un pois-son bien traité et bien travaillé sur le bateau, c’est à leur avantage. L’idée d’une dynamique gagnant-gagnant. »

Grandes tables et exportation Qui sont ces acheteurs ? Joël Richaud qui gère la criée au quotidien explique qu’il y a peu d’acheteurs locaux pour les trois espèces pha-res. « La majeure partie est vendue à des ma-reyeurs de Charente-Maritime, et de toute la France. Ces acheteurs servent ensuite la grande distribution, mais aussi les grands restaurants, notamment à Paris et sur la Côte d’Azur. D’au-tres exportent vers les pays limitrophes (Espa-gne, Italie, Suisse, Allemagne), mais aussi plus loin (Russie, Émirats, New York, Asie). »

Joël Richaud présente un bac de bars « pinsés », l’une des espèces de haute qualité qui font la réputation du port de Royan. PHOTO ARCHIVES P. B.

CRIÉE Si la flottille de la Côte de Beauté n’est pas imposante, elle a su miser sur la qualité de sa pêche plutôt que sur la quantité. Pour prendre la tête du classement français en termes de maintien des prix au kilo

À Royan, un port de pêche en sole majeure

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DIDIER PIGANEAU [email protected]

C’est, au poids, l’œuf le plus cher du monde. Comptez à la louche entre 2 000 et 3 000 euros le kilo. Si le caviar a long-

temps fait songer à la Russie ou à l’Iran, ses pays de prédilection, aujourd’hui il est aussi – et sur-tout – aquitain et charentais-maritime.

Créée en 1995, Sturgeon est la plus importante entreprise de production de caviar française. Il est vrai que la concurrence est assez clairsemée : cinq producteurs se partagent le marché dans la région et Sturgeon assure, à lui seul, 50% de la production dans l’Hexagone avec 12 tonnes de perles noires produites chaque année et com-mercialisées sous la marque Sturia. Pour un chif-fre d’affaires de huit millions d’euros, en 2013.

C’est donc à Saint-Genis-de-Saintonge, près de Jonzac, qu’est installé l’atelier de produc-tion (1). De mars à septembre – période « creuse » de l’activité – dix salariés (ils sont le double le reste de l’année) traitent et conditionnent le pré-cieux produit, provenant d’esturgeons nés à l’écloserie de Guyenne, à Saint-Seurin-sur-l’Isle (33). Des esturgeons ensuite élevés dans sept pis-cicultures de Charente-Maritime et de Gironde, dont celle de Saint-Fort-sur-Gironde, à une di-zaine de kilomètres de Saint-Genis.

Luxe et qualité On est loin de la rustique tradition du caviar pré-levé dans des esturgeons sauvages de la Gi-ronde. Si les gestes restent les mêmes, ce sont les règles d’hygiène et le contrôle de la qualité qui ont profondément évolué.

« Autrefois, on abattait le poisson dans le ba-teau et d’un coup de couteau on l’ouvrait pour retirer la gonade – la poche dans laquelle se trou-vent les œufs, ndlr – que l’on mettait dans un seau », se souvient Jean-Baptiste Bomy, directeur

de production alimentaire. Aujourd’hui, les dif-férentes opérations de production se déroulent dans des locaux d’une propreté clinique, uni-quement avec des esturgeons d’élevage et un personnel qualifié.

Les femelles esturgeons, soigneusement identifiées et répertoriées à leur sortie des pisci-cultures, pèsent entre 8 et 10 kilos et sont âgées de 6 à 10 ans. Elles produisent environ 10% de leur poids en caviar. Les poissons abattus à l’en-trée de l’atelier sont immédiatement ouverts pour en extraire la gonade. Viennent ensuite le passage au tamis des gonades et le calibrage des œufs.

« Déjà à la pisciculture, grâce à une échogra-phie puis une biopsie, on estime précisément la taille des grains, mais nous les vérifions une seconde fois », explique Jean-Baptiste Bomy. Dans une entreprise où luxe et qualité sont les maîtres mots, rien ne peut être laissé au hasard. Chaque œuf ne sera pas inférieur à 2,5 millimè-tres et les caviars seront assemblés par nuances de bruns et par tailles de grains. Ceux dépassant les trois millimètres – les plus rares – entreront dans la catégorie prestige.

Le salage – délicate opération d’une extrême précision – est effectué dans la foulée avant le conditionnement en boîtes métalliques. Au-cune mécanisation chez Sturgeon, toutes les opérations sont entièrement réalisées à la main, par des experts.

Aujourd’hui, la marque Sturia s’est imposée sur les plus grandes tables, dans les boutiques de luxe en France et à l’étranger. Sturgeon ex-porte 60% de sa production. L’Europe mais aus-si les Émirats, Hong Kong ou la Chine sont friands du caviar d’Aquitaine… et de Saintonge !

(1) Le siège de la SCEA Sturgeon est lui, basé à Saint-Sul-pice-de-Cameyrac, en Gironde.

Chez Sturgeon, les œufs sont soigneusement triés pour en tirer le meilleur caviar. PHOTO D. P.

GASTRONOMIE À Saint-Genis-de-Saintonge, Sturgeon produit 12 tonnes de caviar chaque année

Des perles noires cultivées en Saintonge

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L’optimisme n’avait pas encore été élu thème d’Émergence comme c’est le cas cette année. Pourtant il fallait une

bonne dose d’optimisme, il y a quatre ans, pour lancer ce concours des entreprises en Charente-Maritime. Une initiative portée par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de La Rochelle, et « Sud Ouest », partenaires de l’opération depuis ses débuts.

Une opération qui vise à mettre en avant des entrepreneurs méritants. Aussi bien pour une idée originale, un parcours particulier, un marché nouveau ou simplement leur au-dace pour avoir créé leur entreprise.

Susciter des vocations Le principal étant leur histoire et leur expé-rience plus que le fait de décrocher un prix. Certes, une remise des trophées Émergence réunit depuis lors le monde de l’entreprise, une fois par an, mais les organisateurs cher-chent surtout à donner envie. Envie d’entre-prendre et envie de concourir.

Car le concours ne serait rien sans les par-ticipants. Et ce sont à eux de se faire connaî-tre au plus vite pour participer à cette nou-velle édition (1). S’il n’est pas question, dans cette période où tout le monde manque de temps, d’en consacrer trop à une telle démar-che, il serait quand même dommage de ne pas s’y engager.

Pour convaincre les chefs d’entreprises qui hésiteraient, la CCI de La Rochelle a décidé, comme l’an passé, d’accompagner les candi-

dats dans ces formalités (lire ci-contre). De les aider à candidater en quelque sorte. Il suffit pour un responsable de société de se faire con-naître et il sera ensuite guidé pour remplir au mieux les éléments nécessaires aux pré-jurys qui se réuniront prochainement avant que le jury, lui, fasse son choix le jour même de la re-mise des prix, le 22 janvier prochain, à l’espace Encan, à La Rochelle. Mais pour cela il ne faut

pas manquer de candidater avant la date li-mite... soit le 28 novembre !

(1) Le concours est ouvert à l’ensemble des entreprises de Charente-Maritime, toutes tailles et tous secteurs d’activité confondus. Elles doivent justifier d’un siège social ou d’un établissement dans le département. Renseignements par téléphone au 05 46 00 90 66 et par mail : [email protected]

Le concours Émergence a pour objectif de susciter le désir d’entreprendre. PHOTO ROMUALD AUGÉ

ENTREPRENARIAT Le concours Émergence est une vitrine pour les entreprises de Charente-Maritime

L’heure de candidater pour décrocher un trophée

Cinq (bonnes) raisons de concourir

Cette année, cinq prix seront décernés, soit au-tant de raisons de concourir. D’autant que les candidats peuvent tenter leur chance dans plu-sieurs catégories. Pour 2015, il s’agit du Prix jeune entreprise, Prix innovation produit et in-novation service, Prix entreprise commerciale et Prix communication digitale (Voir aussi sur http://emergence.larochelle.cci.fr/les- catégories)

Les prix Émergence ne sont pas de simples trophées. Et la dotation proposée par la Cham-bre de commerce et d’industrie (CCI) de La Ro-chelle, « Sud Ouest », et leurs partenaires peu-vent même susciter des vocations. Tous les ans, chaque candidat bénéficie d’une exposi-tion médiatique, reconnue par les candidats eux-mêmes. Tous les nominés seront réunis, via des portraits d’entreprises, dans le supplé-ment « Sud Ouest » spécial Émergence, qui sera diffusé une semaine avant la remise des prix mais également dans la lettre d’informa-tion de la CCI La Rochelle, adressée à 8 000 destinataires. Quant aux lauréats, ils bénéficie-ront de différents prix dont un film d’entreprise réalisé par la société Mativi. Un film libre de droits qu’ils pourront diffuser sur des salons ou sur leur site Internet.

Pour voir les films des années précédentes : http://emergence.larochelle.cci.fr/laureats-2014

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A l’origine, c’était un petit bar parmi d’au-tres, installé au début du XXe siècle par Andrée Bourcereau dans un quartier

coincé entre les boutiques des mareyeurs et le port, à l’époque peuplé par les pêcheurs bretons.

« La criée se trouvait à la place de la Coursive », rappelle Chirstophe Bertaud, historien du port de La Rochelle. « Sur les vieilles photos, on voit sur le cour des Dames, des femmes réparer des filets. C’était un quartier populaire où les pê-cheurs venaient boire et fêter la fin d’une cam-pagne de pêche avec leur salaire et leur quote-part des produits de la pêche. »

Il reste aujourd’hui peu de traces du bar An-dré de l’époque, qui côtoyait des commerces de quartier traditionnels (mercerie, épicerie ou en-core boulangerie), là où il n’y a pratiquement plus que des restaurants et des bars désormais.

« Restauration très simple » Georges Bourdin entre aux commandes du bar André en 1947, avant de le racheter en 1950, dans un quartier qui commence à changer. Les cha-lutiers, qui remplacent les voiliers, se sont ins-tallés un peu plus loin, dans le bassin qui porte leur nom. Les pêcheurs quittent aussi progres-sivement les lieux, le bar doit donc diversifier son activité pour survivre. « Georges Bourdin décide de proposer une restauration très sim-ple pour rendre service aux gens qui ne peuvent pas manger ou qui sont seuls », relate Christo-phe Bertaud. « Il a la matière première pratique-ment sous la main : poissons et coquillages. » À l’époque, c’est une idée neuve dont le succès va croître avec l’évolution du centre-ville. Le choc

pétrolier des années 1970 et le développement du tourisme à La Rochelle voulu par le maire, Michel Crépeau, feront le reste.

« Jacques Bourdin, qui prend la suite de son père Georges en 1972, accompagne très bien ce mouvement en agrandissant et transformant ce qui est devenu un restaurant », raconte Chris-tophe Bertaud. Salons privés pour les dîners d’af-faire, grandes salles pour les séminaires, le bar André se plie aux désirs des chefs d’entreprise,

notamment, qui apprécient autant que les tou-ristes de déjeuner ou dîner à l’ombre des tours du Vieux-Port.

1 000 couverts en été L’aspect actuel de la rue Saint-Jean-du-Pérot se dessine surtout dans les années 1980 avec ses nombreux bars et restaurants mais le bar An-dré était le premier et c’est ce qui lui a permis de s’agrandir en rachetant petit à petit les locaux

voisins, jusqu’à proposer aujourd’hui, 1 000 cou-verts par jour en été, dans ses 13 salles et sur sa terrasse.

L’histoire familiale des Bourdin a pris fin, puis-que le bar André, qui emploie près de 50 per-sonnes et affiche un chiffre d’affaires de 4,5 mil-lions d’euros pour 2013, appartient depuis 2007 aux Frères Blanc, un des principaux opérateurs français de la restauration commerciale. Florence Maître

Simple petit bar lors de sa création, le bar André s’est agrandi et gère aujourd’hui près de 1 000 couverts en été. PHOTO ARCHIVES XAVIER LÉOTY.

LA ROCHELLE D’abord simple bar pour les marins, le bar André est devenu un vrai produit touristique

Le bar André, élément incontournable d’un port

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Certes, « l’abattoir est lieu de mort, mais pas un lieu de souffrance », assure d’emblée Ni-colas Joyet, président de la Société interpro-fessionnelle des bouchers et charcutiers abatteurs à Surgères (Sibcas) et gérant de l’abattoir de la commune.

Avec une « chaîne d’abattage neuve et com-plètement aux normes », l’abattoir de Surgè-res traite quelque 6 000 tonnes de viande par an. Près de 80% de cette activité concerne la société Sibcas, qui possède cet abattoir, an-ciennement municipal, depuis douze ans. Le reste est destiné aux professionnels du sec-teur. La Sibcas ne propose pas de vente di-recte aux particuliers. « Une question d’équi-té », selon Nicolas Joyet.

De quoi éviter la concurrence dans un sec-teur qui « ressent les effets de la crise depuis deux ans », reprend-il. Outre cet aspect éco-nomique, la filière n’a pas forcément eu bonne presse avec le scandale de la viande de cheval retrouvée dans des lasagnes surge-lées, dit du « horsegate ». Pourtant, « la filière

viande est l’une des plus tracées et sur-veillées », affirme celui qui a travaillé aupara-vant dans les fruits et légumes et le poisson.

Accroître ses capacités À l’abattoir de Surgères, « on connaît tous les éleveurs et nous avons tout le pedigree de

l’animal », souligne son gérant. Des informa-tions qui suivent la bête même après son abattage et ce, jusqu’au client. Toutes les bê-tes (vaches, veaux, porcs, agneaux et che-vaux) proviennent d’élevages locaux du « grand Poitou-Charentes ». Les clients se si-tuent dans la même zone. Parmi eux, 250 ar-tisans bouchers, une cinquantaine de gran-des surfaces et quelques grossistes.

À l’échelle nationale, la Sibcas n’est pas une très grosse entreprise. Ce qui représente un atout pour Nicolas Joyet qui met en avant « la qualité, la proximité, la réactivité et un tra-vail en toute confiance ». « Une philosophie et une méthode de travail qui nous permet d’exister par rapport aux concurrents plus importants », ajoute-t-il.

Pour l’entreprise, totalement privée (elle ne perçoit aucune aide publique, ndlr), cette stratégie de différenciation est nécessaire. Quoi qu’il en soit, la Sibcas devrait s’agrandir d’ici 2016. Un permis de construire a été vali-dé en ce sens. Un projet destiné à accroître « la capacité découpe et développer la trans-formation de produits ».

Quant à d’éventuelles embauches, l’entre-prise peine à recruter du personnel qualifié. Une centaine de salariés travaillent déjà à la Sibcas et à l’abattoir. Les besoins concernent les chauffeurs livreurs, techniciens de main-tenance et particulièrement les bouchers. Thomas Ghiloni

En termes de traçabilité, la Sibcas va au-delà des préconisations en la matière, affirme son président et gérant de l’abattoir, Nicolas Joyet. PHOTO T. G.

Viande : une filière « tracée et surveillée » BOUCHERIE L’abattoir de Surgères est la plus importante structure de ce type en Charente-Maritime et l’une des dernières entièrement privée

« On connaît tous les éleveurs locaux et du grand Poitou-Charentes et nous avons tout le pedigree de l’animal »

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A l’énonciation du mot pop-corn on pourrait s’imaginer aisément un fier entrepreneur texan cultivant des

champs à perte de vue, entourés de bisons sauvages. Une image à des années-lumières de la paisible campagne de Haute Saintonge où s’est implantée Sphère Production.

Un nom qui cache une entreprise de fa-brication de pop-corn très ancrée locale-ment. L’aventure a débuté en 1998 grâce à son actuel directeur, François Berthault, aidé de la coopérative régionale Charentes Alliance. Car l’une des particularités de Sphère Production, c’est qu’elle n’utilise que du maïs local, cultivé par des adhérents de la coopérative qui se situe « dans un rayon de 50 kilomètres autour de l’usine », expli-que François Berthault. Un circuit court qui permet entre autres de limiter les coûts de transports de la matière première mais aus-si de s’assurer de la qualité du produit « ga-ranti sans OGM », avance le directeur de la société.

Chaque année, 2 000 à 3 000 hectares sont plantés par les agriculteurs locaux qui récoltent entre 12 000 et 15 000 tonnes de maïs. Mais pas n’importe lequel : une varié-té très particulière qui permet au grain d’éclater pour devenir du pop-corn. Un pop-corn ensuite vendu à la grande distri-bution.

Confiserie cinématographique Pourtant, dans l’imaginaire collectif, le pop-corn reste indissociable du cinéma. Sa no-

toriété dans les salles obscures a-t-elle pu l’aider à s’implanter dans les foyers ? Pas si sûr. « Par raccourci oui, mais les techniques et parfums ne sont pas les mêmes », répond le directeur de Sphère Production. Pour au-tant, l’entreprise elle-même ne renie pas l’af-filiation puisqu’elle commercialise ses pro-duits sous la marque « Movies pop » dans les rayons fruits et légumes et est en train de

lancer une seconde marque, « Movies star » dans les rayons épicerie.

L’occasion de proposer, voire d’expéri-menter, des goûts différents. Et si le pop-corn au fromage ou à la tomate n’est pas un réel succès commercial, le caramel, lui, a su s’imposer. « Nous avons été l’un des précur-seurs de ce marché », se félicite même le di-rigeant. Car, ce nouveau parfum est au-

jourd’hui la meilleure vente en France, devant le traditionnel goût sucré.

« Made in France » à l’export Mais ce qui est vrai pour un pays ne l’est pas forcément pour un autre. François Berthault le sait bien, lui qui exporte 50% de sa produc-tion, bien au-delà des frontières hexagona-les. Sa marque est présente « quasiment dans tous les pays d’Europe », souligne-t-il.

Ainsi, en Suisse, c’est le pop-corn au choco-lat qui fait un tabac. L’usine exporte aussi en Corée du Sud, à Dubaï, en Arabie Saou-dite ou encore au Japon. « Les Japonais ado-rent les produits français et leur marché fait qu’ils peuvent payer un peu plus cher pour les avoir », analyse le directeur. Et l’estam-pillage « made in France » pourrait aussi bé-néficier à d’autres marchés émergents comme la Chine à condition d’adapter le produit. « Le pop-corn est une pause plaisir. Il faut que le produit soit bon pour que les gens pensent à acheter du pop-corn », con-clut François Berthault. Encore faut-il tran-cher entre sucré ou salé. Thomas Ghiloni

François Berthault emploie 14 personnes sur l’unique site de Sphère Production, qui s’étend sur 4 500 m2, au cœur de la Haute Saintonge . PHOTO ARCHIVES LAURIE BOSDECHER.

EXPORT Le Japon ou Dubaï font partie des clients de l’usine 100 % charentaise, Sphère Production. À Saint-Genis-de-Saintonge, son patron, François Berthault, innove et adapte son produit au marché

Le pop-corn s’éclate en Charente-Maritime

« Si le pop-corn au fromage ou à la tomate n’a pas trouvé son marché, celui au caramel a su s’imposer dans les foyers »

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« On voit beaucoup les camions Merling en Charente-Maritime mais ils circulent surtout pour entretenir et réapprovisionner les machi-nes automatiques », note, en souriant, le gérant des cafés Freddy, Bernard Liot. C’est effective-ment la principale force du groupe rochelais, qui réalise 80% de ses 50 millions d’euros de chiffres d’affaires grâce aux automates, du nord de la Bretagne jusqu’au Pays basque.

La concurrence est plus rude auprès des 2 777 cafés, hôtels, restaurants et autres cam-pings de Charente-Maritime. Bernard Liot – qui aime préciser que les cafés Freddy existaient « bien avant les cafés Merling » – revendique un peu moins de 400 clients dans ce secteur.

« Une question de goût » « Le café, c’est une question de goût », rappelle celui qui gère conjointement les cafés Freddy, à Vaux-sur-Mer et les cafés Goton, à Royan. « Il y a des gens qui vous diront que mon café n’est pas bon, que celui de Merling est meilleur et d’autres qui vous jureront le contraire. Ce n’est jamais vrai. Les professionnels sont parfois in-terpellés par les clients qui leur demandent plutôt notre café, ce qui les pousse à changer. Parfois c’est l’inverse. »

Freddy récupère aussi quelques clients dé-çus par les services des entreprises d’envergure nationale après un entretien mal assuré, une facturation excessive, une panne... « Le marché

bouge. Il y a de la place pour tout le monde », conclut Bernard Liot.

Weber mise sur la technique Une opinion que partage le troisième acteur important du département dans ce secteur : le gérant des cafés Weber, à Saint-Georges-des-Coteaux. « Notre point fort, c’est l’entretien des machines », explique André Weber, fondateur de la société et actuel directeur. « On cherche

sans cesse à évoluer sur le plan technique. Au-jourd’hui, de nombreux clients sont équipés de robots sophistiqués qui doivent produire 250 cafés en deux heures au moment du dé-jeuner. Il faut du matériel costaud et très poin-tu. »

Nés il y a quarante-cinq ans et pourvus d’un effectif réduit (quatre personnes), les cafés We-ber s’appuient également sur des relations de longue date pour conserver leurs 300 clients.

« Nous réalisons l’entretien de machines pour de grands groupes comme Malongo », ajoute André Weber. « Enfin, nous allons souvent faire des démonstrations et des dégustations de café dans les écoles hôtelières du département. »

Un avantage certain puisque les futurs res-ponsables de bars, campings ou restaurants s’initient au café version pro avec les cafés We-ber. « Ils nous voient tellement que les jeunes s’imaginent parfois que nous sommes distri-bués dans toute la France », s’amuse André We-ber.

D’autres torréfacteurs sont également pré-sents en Charente-Maritime comme les cafés Folliet qui y comptent 200 clients, loin de leur base de Chambéry. « C’est vrai que la présence d’un groupe très implanté localement, inves-ti dans le rugby, est un handicap pour nous par rapport à d’autres départements, admet le re-présentant régional de l’entreprise, Francisco Barrero. Mais nous avons un gros avantage avec notre réseau national, qui nous permet de suivre nos clients du jour au lendemain, n’importe où sur le territoire. »

Les deux PME ont aussi une philosophie commune – la torréfaction selon des métho-des traditionnelles – et les mêmes principaux concurrents, soit les grandes marques distri-buées dans toute la France comme Segafredo, Lavazza ou encore Jacques Vabre. Florence Maître

André Weber, patron des cafés Weber, souhaite proposer des machines toujours plus fiables, sur le plan technique. PHOTO ARCHIVES KHARINNE CHAROV.

Marché du café : « De la place pour tout le monde »CONCURRENCE Malgré la domination sur le département des cafés Merling et de leurs 500 collaborateurs, d’autres acteurs trouvent leur clientèle

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