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Ils ont marqué l’année 2015 PHILIPPE ROUSSEAU RAYMOND HAMMEL Visionnaires, ambitieux et confiants. Découvrez pourquoi Raymond Hammel et Philippe Rousseau sont les Aquitains de l’année 2015 Internet Tous nos dossiers sur le Web La région, le département, les entreprises et toutes les informations économiques sont sur www.sudouest.fr Palmarès Classement Retrouvez le palmarès des 50 premières entreprises du département avec Pouey International Services, loisirs, santé : le troisième âge consomme et crée de l’emploi Périgord : le senior vaut de l’ or Périgord : le senior vaut de l’ or Dossier grande région Infrastructures, savoir-faire, leaders... Tour d’horizon des atouts économiques de la future grande région Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin Les suppléments du quotidien DORDOGNE

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Ils ont marqué l’année

2015

PHILIPPE ROUSSEAURAYMOND HAMMEL

Visionnaires, ambitieux et

confiants. Découvrez pourquoi Raymond Hammel et Philippe

Rousseau sont les Aquitains de l’année 2015

Internet

Tous nos dossiers sur le Web La région, le département, les entreprises et toutes les informations économiques sont sur www.sudouest.fr

Palmarès

Classement Retrouvez le palmarès des 50 premières entreprises du département avec Pouey International

Services, loisirs, santé : le troisième âge consomme et crée de l’emploi

Périgord : le senior vaut de l’or

Périgord : le senior vaut de l’or

Dossier grande région Infrastructures, savoir-faire, leaders... Tour d’horizon des atouts économiques de la future grande région Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin

Les suppléments du quotidien

DORDOGNE

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JEUDI 12 NOVEMBRE 2015WWW.SUDOUEST.FRSud Ouest éco 2 Publicité

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JEUDI 12 NOVEMBRE 2015WWW.SUDOUEST.FR Sud Ouest éco 3

Supplément gratuit au journal du 12 novembre

Président-Directeur Général : Olivier Gérolami

Directeur général délégué et directeur de la publication : Patrick Venries

Réalisation : Agence de développement Directrice et rédactrice en chef adjointe :

Marie-Luce Ribot Chef de rédaction : Xavier Sota

Responsable du secrétariat de rédaction : Coralie Morin Illustration de Une : Jean-Christophe Sounalet

Secrétariat de rédaction : Solina Prak Siège social :

Journal « Sud Ouest » 23, Quai des Queyries, 33094 Bordeaux Cedex

Tél. 05 35 31 31 31 www.sudouest.fr

Régie Sud-Ouest publicité : Tél. 05 35 31 27 06

N° de commission paritaire : 0420 C 86477

Dossier régional : les atouts de la grande région Les contours du nouveau cadre régional .... 4-5 La Rochelle, le grand port de marchandises de la future grande région ............................................. 4-5 L’A89, un lien bénéfique ................................................. 6 Vers la privatisation des aéroports ? .................... 8 Les effets économiques de l’aéroportuaire ..... 9 Les retombées de la LGV Tours-Bordeaux .... 10 Legrand à l’heure d’internet .................................... 11 La Maif vise l’économie numérique .................. 12 Le foie gras Rougié s’implante en Chine ........ 13 Safran, le plus gros industriel ................................. 14 Niort, puissance financière ....................................... 16 La maintenance aéronautique, un secteur capital ...................................................................................... 17 L’émergence d’un outil de formation ................ 18 Vin et Cognac, deux univers différents ............ 19 La première forêt de France .................................... 20 Les Aquitains de l’année Le Prix, mode d’emploi ...................................... 22-23 Le jury ...................................................................................... 24 Les deux lauréats : Hammel, le leader français de la robinetterie et Industrie Bois Rousseau, champion du bois de châtaignier ....................... 25 Les six nominés : Sobeval, Revet Isol, Cerno, Julien de Savignac, Le Cellier du Périgord et Bovetti chocolats .................................................... 26-27 La silver économie Le troisième âge d’or du Périgord .............. 28-29 2 000 emplois créés d’ici cinq ans ..................... 29 Vallade, des voyages clés en main ..................... 32

Font Vendôme en bonne voie .................................. 34 Le Fournil de la Cité, un bel exemple de commerce de proximité .............................................. 36 Malard, traiteur de génération en génération à Périgueux 37 Des sanitaires accessibles à tous ....................... 38 Philippe Reynal conçoit des équipements sur-mesure ..................................................................................... 39 La téléassistance au service des personnes âgées ........................................................................................ 40 À Boulazac, Nicolas Naïbo lutte contre la fracture numérique ......................................................... 41 À Saint-Agne, Diagonales Sud Technologie conçoit des vêtements chauffants ..................... 43 Le succès du fabricant de chaussons Sodopac à Augignac ............................................................................ 44 HMS-Vilgo, champion français des produits d’aide à l’accompagnement des seniors ....... 45 Sunset Création, spécialiste du mobilier en bois ergonomique à Sauveboeuf ..................................... 46

Palmarès Tableau : Les 50 premières entreprises en chiffre d’affaires du département ......... 30 Comment lire les tableaux ? ................... 31 Trois questions à Bertrand Lacampagne, président du directoire de Pouey International ................................. 31 Les 50 premières dans l’export .............35 Les 50 premières dans le BTP ....................... 36 Les 50 premières dans les services ... 39 Les 50 premières dans l’agroalimentaire ................................................ 42 Les 50 premières dans le commerce ..... 44 Les 50 premières dans l’industrie ...... 46

SOMMAIREÉDITORIAL

Élargissement du champIl ne s’agira pas que d’une simple addition, de moyens, de lignes budgétaires inscrites ou du nombre de salariés des groupes (Fayat, Safran, Legrand…) travaillant dans les trois régions Aquitaine, Poitou-Charen-tes et Limousin. La création de la nouvelle entité régionale rassemblant ces trois for-ces obéit à d’autres logiques, économiques et territoriales. Et derrière les beaux discours déjà affûtés sur la plus grande région agri-cole ou forestière, la première ou la seconde sur les drones, le pôle maintenance aéro-nautique renforcé ou le pôle image Angou-lême-Bordeaux, se profilent des évolutions territoriales lourdes qui gagneraient à être davantage mises en lumière au cours de la campagne électorale.

D’abord et avant tout, la prééminence de la métropole bordelaise, trônant désormais au centre d’un territoire grand comme l’Au-triche. À La Rochelle et à Angoulême, on s’en

félicite. À Pau ou Périgueux, on s’inquiète da-vantage de ces nouvelles hiérarchies terri-toriales en gestation.

La deuxième ligne de force est le poids grandissant des départements de l’intérieur, vaste zone rurale allant de la Charente à la Creuse, de la Haute-Vienne au Lot-et-Ga-ronne et qui n’auront pas d’autres alterna-tives que de s’unir pour éviter d’être sub-mergés par le dynamisme littoral atlantique renforcé par le pôle rochelais.

Comme à chaque fois qu’il s’agit de cons-truire un nouveau cadre, la question des in-frastructures va enfin se poser dans de nou-veaux termes. Routes nationales, liaisons ferroviaires est-ouest et aéroports vont vite se hisser en haut de la pile des dossiers prio-ritaires. C’est sur ces enjeux que « Sud Ouest éco » tente de vous éclairer dans ce dossier annuel. JEAN-BERNARD GILLES

Les atouts de la grande région

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DossierDossier

Bien sûr, le nouvel ensemble Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin dont la fu-sion sera scellée le 1er janvier prochain,

sera un poids lourd européen de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Avec ses coopératives puissantes, ses industriels de l’agroalimentaire de premier plan et sa forêt, où les feuillus du Limousin et les résineux des Landes de Gasco-gne pourront sans doute nouer de futures al-liances, la nouvelle Aquitaine aura les atouts pour être dans la course.

Évidemment les renforts corréziens, roche-fortais et les usines du groupe Safran, du dé-partement de la Vienne, donneront un poids supplémentaire à l’industrie aéronautique aquitaine, tirée au nord par les succès du Ra-fale, au sud par les développements de Turbo-méca et partout, en Lot-et-Garonne et Landes notamment, par la montée en puissance des

cadences de production toulousaines des Air-bus A320 et A350, dont la région est la sous-trai-tante.

« Nouvelle hiérarchie urbaine » Mais il faudra aussi lire les enjeux économi-ques de la grande région avec d’autres paires de lunettes. « C’est une nouvelle hiérarchie ur-baine qui s’imposera de fait sur un territoire très vaste », explique Pierre Delfaud, universi-taire bordelais et spécialiste d’économie. Bor-deaux dominera le nouvel ensemble et ne sera pas contesté avec son aire urbaine de plus d’un million d’habitants, de Lacanau à Biscarrosse. Au centre de ce futur territoire grand comme l’Autriche, elle disposera, comme la France des années 1960, d’agglomérations d’équilibre : trois au nord, Poitiers et Limoges, villes univer-sitaires et hospitalières ainsi que La Rochelle,

l’ambitieuse, et deux au sud, Pau et l’agglomé-ration littorale basque, qui ne manqueront pas de se bagarrer demain pour les financements régionaux. Et de villes d’environ 100 000 habi-tants, spécialisées comme Niort avec son pôle mutualiste, ou structurantes pour l’ensemble des territoires ruraux qu’elles fédèrent comme Périgueux, Mont-de-Marsan ou Angoulême.

D’autres dossiers économiques et d’infra-structures vont animer la future assemblée ré-gionale qui ne sera pas seulement tiraillée par les déséquilibres entre les agglomérations lit-torales et les départements ruraux de l’inté-rieur. « On s’est beaucoup battu en Aquitaine pour relier Bordeaux et Pau, la deuxième ag-glomération de la région. Je vois mal comment on pourrait faire l’économie de liaisons plus rapides entre Bordeaux et Limoges », estime Pierre Delfaud. Il y a fort à parier que les leaders

politiques et les chefs d’entreprise de la Haute-Vienne, plaident rapidement pour que la voie ferrée Bordeaux-Périgueux-Limoges d’une part et la liaison routière Angoulême-Limoges (la fameuse Route Centre Europe Atlantique ja-mais bouclée) d’autre part, soient lancées. Cha-que territoire s’arrimera sans doute davantage

Limoges, Niort, Bordeaux, La Rochelle, seront parmi

DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE Les poids économiques de Limoges, Niort et La Rochelle redistribuent les cartes territoriales de la grande région

Changement de cadre

La Rochelle adossée à l’Aquitaine dans la grande région, cela ne vous pose pas de problème ? Cela nous va très bien. Nous avons des filiè-res économiques fortes mais pas de capitale régionale qui nous apporte ce que nous n’avons pas sur place. Nous vivions en Poi-tou-Charentes dans un territoire d’équilibre avec des villes de tailles semblables. Nous au-rons demain une vraie capitale régionale qui nous apportera une attractivité utile à notre développement.

Quelle prééminence accordez-vous à la métro-pole bordelaise ? C’est le fruit de notre histoire. L’organisation politique suit notre organisation économi-que au final. Les sièges des grandes banques de notre territoire sont déjà à Bordeaux, que cela soit la Banque Populaire, la Caisse d’Épar-gne, le CIC Sud-Ouest ou les délégations Sud-

Ouest des banques nationales, hormis le Cré-dit Agricole qui va s’installer chez nous pour ce qui est de notre Caisse régionale. Elles ir-riguent tout le territoire. Les groupes natio-naux ou les grandes entreprises publiques ont leur représentation Grand Sud-Ouest à Bordeaux. C’est le cas de la SNCF par exem-ple. Ce regroupement est aussi le sens de no-tre histoire. La Rochelle est née d’Aliénor d’Aquitaine. On est, enfin, mieux relié à Bor-deaux qu’à Nantes en termes d’infrastructu-res.

Vous souhaitez une plus grande réactivité régio-nale dans le nouvel ensemble. Ne craignez-vous pas l’émergence d’un nouveau « grand ma-chin » administratif ? Cela ne m’angoisse pas du tout. La réactivité est une question d’hommes avant tout. Les grandes régions allemandes sont réactives

et elles sont plus grosses que les nôtres. Il faut surtout que la grande région soit bien gérée. Avec un grand sens de responsabilité des ter-ritoires. Nous devons structurer notre mes-sage territorial. Si, les uns après les autres, le maire de La Rochelle, celui de Rochefort, les gens d’Aunis et de l’Île de Ré, vont à Bordeaux pour porter leurs dossiers respectifs, on peut être sûr qu’il n’y aura pas de réactivité régio-nale. Si nous y allons avec un projet partagé sur nos priorités touristiques, d’infrastruc-tures, d’enseignement supérieur, nous faci-literons la vie de la grande région.

Quelles garanties avez-vous que les dossiers du contrat de plan État-Région, signé à Poitiers, soient financés demain par Bordeaux ? Il n’y a pas d’amour mais des preuves d’amour. Nous tenons beaucoup au ferro-viaire et portons un gros dossier d’aménage-ment de la gare de La Rochelle. Il a été évo-qué avec le président de la SNCF en présence du maire de Bordeaux et du président actuel de la Région Aquitaine. Nous sommes déjà dans cette relation. Je souhaite que le futur président de la grande région porte demain

ce dessein de pôle gare, nos projets agroali-mentaires ou le pôle aéronautique de Roche-fort.

Vous voulez faire du port de La Rochelle le siège des trois ports atlantiques de la future région. C’est une provocation ? Il est dans une dynamique de croissance. Ce n’est pas le cas du port de Bordeaux. Comme le dit aujourd’hui le maire de Bordeaux, on a voulu faire un grand port maritime à Bor-deaux en oubliant la route et le fer. Le port de La Rochelle est en eaux profondes. Il est le grand port de marchandises de la grande ré-gion. Sa faiblesse est d’avoir un « hinterland » (arrière-pays, NDLR) un peu faible. Bordeaux, qui a des réserves foncières, sera une partie de l’hinterland du port de La Rochelle. L’écart entre La Rochelle et Bordeaux est plus impor-tant qu’il n’y paraît car l’activité de la raffine-rie pétrolière d’Ambès est un acquis.

Notre dynamique est beaucoup plus forte. Nous souhaitons aujourd’hui mettre le pa-quet sur le trafic des conteneurs. C’est un des axes forts de notre contrat de projet. RECUEILLI PAR JEAN-BERNARD GILLES

« La Rochelle est le grand port de marchandises ENTRETIEN Le territoire rochelais prépare ses dossiers. Il sera un lobby de poids dans le nouveau paysage régional le 1er janvier. Son président, le chef d’entreprise Jean-François Fountaine, précise ses intentions

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Les atouts de la grande régionLes atouts de la grande rég

les futures places stratégiques. PHOTOS GUILLAUME BONNAUD, « SUD OUEST », QUENTIN SALINIER ET PASCAL COUILLAUD

EN CHIFFRE

5,86 millions Le nombre d’habitants de la future grande région qui rassemblera 3,335 millions d’Aquitains, 1,784 millions de Pictocharentais et 741 000 Limousins. Elle se classe en troisième position parmi les 13 futures grandes régions en termes démographiques, derrière l’Ile-de-France (12 millions d’habitants) et Rhône-Alpes-Auvergne (7,75).

Elle contribuera à hauteur de 7,8 % AU PIB NATIONAL, ce qui la classe au 3e rang des nouvelles régions derrière l’Ile-de-France (29,5 %) et Rhône-Alpes-Auvergne (11,5 %).

La grande région s’étendra sur UN TERRI-TOIRE DE 84 036 KILOMÈTRES CARRÉS, soit un huitième du territoire national, ce qui en fait la plus vaste région française métropole et outre-mer confondus.

Le budget cumulé des trois Conseils régionaux d’Aquitaine, de Poitou-Charentes et du Limousin est de 2,8 MILLIARDS D’EUROS.

L’aire urbaine de Bordeaux est la plus peuplée avec 1 180 000 HABITANTS, suivi des aires urbaines de Bayonne (284 000 habitants) et Limoges (283 000 habitants).

Du nord charentais au sud basque, la grande région dispose de 800 KILOMÈTRES DE FAÇADE MARITIME.

Avec près de 3 MILLIONS D’HECTARES DE SURFACES BOISÉES, les forêts représen-tent 34 % de l’occupation des sols contre 28 % en moyenne sur l’ensemble du ter-ritoire français.

11 GRANDS PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ ET 5 PÔLES UNIVERSITAIRES (Bordeaux, La Rochelle, Limoges, Pau et Poitiers) jalonnent la grande région.

Turboméca, avec près de 6 000 SALARIÉS, Maïsadour (5 700 salariés), Dassault Aviation (3 000 salariés), Legrand (3 000 salariés), la Caisse d’Épargne Aquitaine Poitou-Charentes (2 800 sala-riés) et la Maaf (2 200 employés sur Niort) figurent parmi les plus gros employeurs privés de la grande région.

La grande région dispose du premier cheptel allaitant de France et ses éle-veurs détiennent 36 % DE L’EFFECTIF NATIONAL DE CHÈVRES en Poitou-Charentes surtout.

À SAVOIR SUR LA GRANDE RÉGION

à son aéroport régional sur lesquels la grande région ne pourra plus faire l’impasse. Cette der-nière dispose aussi d’atouts forts avec son pôle image à Angoulême, son pôle cuir et luxe dans le centre du futur ensemble (Thiviers), son port rochelais, son pôle mutuelles de rang euro-péen à Niort, son pôle chimique à Lacq en

Béarn et son futur quartier d’affaires sur Eurat-lantique à Bordeaux, dont aucun autre terri-toire ne pourra disputer la suprématie régio-nale. Il appartiendra à la future équipe aux commandes du gros navire de fixer le cap en acceptant ce changement de cadre régional. JEAN-BERNARD GILLES

« Le port de La Rochelle est dans une dynamique de croissance. Ce n’est pas le cas de celui de Bordeaux », plaide Jean-François Fountaine. PHOTO ARCHIVES PASCAL COUILLAUD

de la nouvelle région »

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JEUDI 12 NOVEMBRE 2015WWW.SUDOUEST.FRSud Ouest éco 6 Les atouts de la grande région

«A l’époque, c’était une gageure ! » Frédéric Mas préside la société de produits cosmétiques Sothys ba-

sée à Brive. Elle a été fondée en 1966 par son père, Bernard, après le rachat d’une parfu-merie parisienne. Dès le début, Bernard Mas a fait le pari de l’exportation qui repré-sente aujourd’hui 65 % du chiffre d’affaires. À l’époque, Paris était à sept heures de route, Bordeaux à plus de trois heures. « La construction de l’A20 et de l’A89 a facilité les choses », se félicite Frédéric Mas.

Sothys possède aujourd’hui deux entre-pôts. L’un est à Singapour et l’autre, le prin-cipal, est à Ussac, au nord de Brive, à la jonc-tion de l’A89 avec l’A20. « Les transporteurs n’ont pas besoin de rouler une heure sur une rocade, le gain de temps est très pré-cieux », souligne Frédéric Mas. Dans le même secteur d’activité, l’A89 a permis à la chaîne de magasins Beauty Success de re-grouper ses quatre plates-formes en Dor-dogne.

« Un poumon d’air » Les entreprises de transport et de logisti-que ont été les premières à profiter de l’au-toroute. À Ussac, Sothys côtoie Norbert Den-tressangle, les transports frigorifiques TRM, Géodis-Bernis, La Poste… Dès 2007, l’obser-vatoire socio-économique de l’A89 relevait des « concentrations » d’entreprises de transport à Brive, Périgueux et Libourne.

Beaucoup de ces entreprises se sont ins-tallées en prévision même de l’ouverture de l’autoroute. À l’exemple de Casino qui, dès 2007, s’est doté d’un entrepôt de 20 000 m² au Lardin-Saint-Lazare en Dordo-

gne. Il est riverain de la Société Vézérienne de logistique qui stocke et transporte le pa-pier de l’usine de Condat.

À défaut d’attirer quantité de nouvelles entreprises, l’A89 a intéressé le tissu écono-mique existant. En février 2015, Périgueux a accueilli les deuxièmes Rencontres d’af-faires de l’A89 ; pour 90 % des acteurs éco-nomiques, l’autoroute a eu des « effets bé-néfiques ». « Elle nous a apporté un poumon d’air », résume Sylvain Boucher, dirigeant de La Chanteracoise (une biscot-terie artisanale qui livre des boulangers, des épiceries fines, des magasins bio), installée à Saint-Germain-du-Salembre (Dordogne), à 5 km de l’A89. Cette proximité facilite les livraisons de la PME vers Bordeaux et Lyon.

Les grands projets économiques des vil-les desservies s’appuient aussi sur cet axe. Un syndicat mixte d’aménagement a ou-vert la zone d’activité de La Montane au nord de Tulle. Elle est entrée en service avant la desserte par l’A89. L’usine corré-zienne de l’équipementier automobile Borg Warner (500 salariés) s’est déplacée sur cette zone « plutôt que de se délocaliser à l’étranger ». À l’ouest de Brive, la pépi-nière Novapôle, spécialisée dans l’agroali-mentaire, a accueilli 21 entreprises depuis son ouverture en 2007.

Dans le même esprit d’anticipation, Cré@vallée, près de Périgueux, a vu le jour dès la fin des années 1990. Le site (53 hecta-res actuellement) disposera bientôt de

85 hectares avec des entreprises de secteurs divers : Volvo, coopérative La Périgourdine, supermarché, hôtellerie-restauration, PME de services.

De l’avis des CCI riveraines, l’autoroute a permis « d’accroître le potentiel économi-que des régions qu’elle traverse ». Mais la marge de développement reste encore grande. Et les entrepreneurs de Dordogne plaident toujours pour une amélioration de la desserte nord-sud au cœur de la grande région, entre Angoulême et Sarlat. Entre Limoges, Agen et les Pyrénées sur une nationale 21 en quête d’amélioration de-puis deux décennies. Comme pour l’A89, il faudra de la patience. MICHEL MONTEIL

Une zone de logistique et d’activités s’est développée près de Brive au croisement de l’A89 et de l’A20. PHOTO F. LHERPINIERE/« LA MONTAGNE »

BORDEAUX-LYON L’autoroute A89 a facilité les transports et généré de nouvelles zones d’activités

L’A89, un lien à renforcer

Raccordée à la voie rapide Bordeaux-Li-bourne, l’A89 déroule un ruban de 505 kilo-mètres jusqu’aux portes de Lyon. Décidée par un Comité interministériel d’aménagement du territoire (CIAT) en avril 1987, elle a été ins-crite au schéma directeur routier l’année sui-vante et concédée aux Autoroutes du Sud de la France (ASF, aujourd’hui Vinci Autoroutes) en 1992.

Cette voie transversale irrigant l’Aquitaine, le Limousin et l’Auvergne, « l’autoroute des présidents » (Giscard-d’Estaing, Chirac, Hol-lande), a mis plus de trente ans à se concréti-ser. Le premier tronçon a été inauguré le 3 mars 2000 par Jacques Chirac, le dernier le 7 février 2015 par François Hollande. Bien sûr, ces deux tronçons se situent en Corrèze.

ASF a investi plus de 6 milliards d’euros. Le relief du Périgord et du Massif central a im-

posé ses contraintes : 37 viaducs, 500 ponts au fil des 167 communes traversées (dont 12 en Gironde, 34 en Dordogne et 33 en Cor-rèze) et desservies par 29 échangeurs.

Faible fréquentation Tronçon après tronçon, au gré des impératifs techniques et de la pression d’associations de riverains, l’A89 a progressivement fait avan-cer ses 2x2 voies. Sur le seul plan autoroutier, elle se trouve désormais en connexion avec l’A10 (Paris-Bordeaux), l’A20 (Paris-Toulouse), l’A71 (Orléans-Clermont-Ferrand) et, peut-être en 2018, l’A6 (Paris-Méditerranée). Il manque en effet un ultime tronçon de moins de 20 ki-lomètres à l’ouest de Lyon.

Les espoirs suscités par cette voie transver-sale demeurent les mêmes qu’en 1987 : dés-enclaver le Limousin et l’Auvergne, favoriser

le tourisme, offrir une alternative à la route Centre-Europe Atlantique, passant par le nord du Limousin et de Poitou-Charentes, gratuite mais saturée et accidentogène par endroits. L’A89 permet le trajet Lyon-Bor-deaux en cinq heures et quinze minutes. Il en coûte 48,80 € pour une voiture et 154,90 € pour un poids lourd.

Si l’A89 a eu des effets bénéfiques sur l’éco-nomie locale, elle reste faiblement fréquen-tée. Le parcours entre Bordeaux et Brive via Périgueux est effectué quotidiennement par 11 500 voitures et camions (2014), en hausse de 2,3 % par rapport à 2013. À titre de compa-raison, la même année, Vinci Autoroutes a transporté chaque jour 30 300 véhicules sur l’A62 entre Bordeaux et Toulouse. Mais l’A65 Langon-Pau plafonne à 5 200 véhicules. M. M.

L’échangeur de Saint-Laurent-sur-Manoire près de Périgueux. PHOTO ARCHIVES « SO »

HISTOIRE VGE, Chirac et Hollande ont soutenu ce projet lancé en 1992 et presque achevé

C’est « l’autoroute des présidents »

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■■ Bordeaux-Mérignac : 5 millions de passa-gers annuels. Propriété de l’État (60 %), de la CCI (24 %) et des collectivités locales.

Biarritz-Anglet-Bayonne : 1,1 million de passagers. Il est géré par un syndicat mixte as-sociant l’Agglomération Côte basque Adour, les Départements des Pyrénées-Atlantiques et des Landes, la CCI de Bayonne et la Ville de Saint-Jean-de-Luz.

Pau-Pyrénées : 621 492 passagers. Il est la propriété d’un syndicat mixte associant la Ré-gion Aquitaine, le Département des Pyrénées-At-lantiques, la Communauté d’agglomération Pau-Pyrénées et 16 communautés de communes.

Limoges-Bellegarde : 290 000 passagers. Il est géré par le syndicat mixte de l’aéroport de

Limoges-Bellegarde associant le Conseil régio-nal, le Département de la Haute-Vienne, la Ville et la CCI de Limoges.

Bergerac-Dordogne-Périgord : 277 000 passagers. Il est géré par la CCI de la Dordogne pour le compte du syndicat Air Dordo-gne, associant plusieurs collectivités locales dont le Département.

La Rochelle : 212 000 passagers. Propriété de la CCI qui le gère, il a été transféré à un syn-dicat mixte associant le Conseil départemental de Charente-Maritime et la Communauté d’ag-glomération de La Rochelle.

Poitiers-Biard : 109 000 passagers. Proprié-té d’un syndicat mixte associant le Département de la Vienne, la Communauté d’agglomération

du Grand Poitiers et la CCI de la Vienne. Exploité par Vinci Airports.

Brive-Souillac : 71 000 passagers. Il est géré par un syndicat mixte qui associe l’Aggloméra-tion de Brive, le Département de la Corrèze et la Région Limousin.

Agen la Garenne : 40 000 passagers. Il est géré par le Syndicat mixte pour l’aérodrome dé-partemental (Smad) associant le Département, l’Agglomération d’Agen et la CCI du Lot-et-Ga-ronne.

Périgueux-Bassillac : 7 600 passagers. Géré par le Grand Périgueux avec l’aide du Départe-ment, les Villes de Périgueux et Bassillac et la CCI de la Dordogne. J.-B. G.

10 aéroports pour une grande région

Il est plus que probable que le dossier aé-roportuaire s’invite rapidement sur le haut de la pile des nombreux dossiers à

régler pour le (ou la) future président(e) de la future grande région Aquitaine-Poitou-Charentes- Limousin. Les perspectives de pri-vatisation des aéroports de Nice et de Lyon l’année prochaine, après celui de Toulouse, passé sous pavillon chinois l’an passé, témoi-gnent du vent de libéralisation qui souffle sur ces plateformes d’infrastructures essen-tielles à la vie des territoires.

Au niveau régional, toutes ou presque, s’interrogent quant à leur avenir. Gérés par des syndicats mixtes adossés aux collectivi-tés locales ou par des CCI prises en étau sur le plan financier, les aéroports régionaux comptent sur l’émergence de la grande ré-gion. « Elle est l’occasion d’établir un docu-ment qui n’a jamais été réalisé depuis que l’État a transféré, au milieu des années 2000, les aéroports », explique Thomas Juin.

Le directeur de l’aéroport de La Rochelle est surtout le président en excercice de l’Asso-ciation internationale des aéroports franco-phones. Il pointe la nécessité absolue de réa-liser ce que peu de régions ont su faire à ce jour : un schéma régional de développe-ment aéroportuaire. Sur le papier le docu-ment ne sera pas difficile à établir. On con-naît assez bien les dix plateformes aéroportuaires des trois régions, leur mode de gestion, le nombre de passagers transpor-tés (lire ci-dessous).

Mais les problèmes commenceront en-suite. La question du financement de ces in-frastructures, que ce soient leurs investisse-ments pour se mettre à niveau ou leur déficit d’exploitation, va vite se poser. Avec pour co-rollaire le niveau d’engagement de la future grande région pour soutenir tout ou partie de ces aéroports. Pour simplifier, on peut dire que trois aéroports de la grande région sont aujourd’hui au-dessus des 700 000 pas-sagers annuels : Bordeaux, Biarritz et Pau.

Des déficits entre 300 000 et 3 millions d’euros Ils sont rentables, très rentable même pour ce qui est de Bordeaux-Mérignac, bénéficiai-res pour Biarritz et pour Pau, même si ce der-nier connaît des difficultés aujourd’hui pour financer ses investissements. Pour tous les autres, dont le trafic est inférieur à 700 000 passagers et pour lesquels l’Union

européenne, pourtant toujours très à che-val sur ces questions, autorise les subven-tions d’équilibre, les déficits sont la règle. En-tre 300 000 euros et 3 millions d’euros selon les plateformes et les années.

Jusque-là, les collectivités locales action-naires et les CCI territoriales bouclaient sou-vent les fins de mois. « On ne peut pas ne pas soutenir une infrastructure qui joue un rôle clé dans le développement économique de notre territoire », dit souvent Jean-Alain Ma-riotti, le président de la Chambre de com-merce et d’industrie du Lot-et-Garonne. Mais les Chambres de commerce et d’industrie ont été soumises à une diète financière sé-vère depuis trois ans par Bercy. Et ne peuvent plus assumer. Celle de La Rochelle, qui gé-rait directement l’aéroport depuis sa décen-tralisation, a jeté l’éponge. « Nous ne pou-vions plus suivre », confirme Robert Butel,

le président de la CCI locale. À Limoges, le dé-ficit annuel est de 3 millions d’euros environ. Et c’est la région qui l’absorbe, jusqu’à la fin de l’année. L’aéroport de Bergerac doit trou-ver lui aussi de nouveaux actionnaires pu-blics.

Le problème qui va se poser est simple. Au-jourd’hui, la région Aquitaine n’a mis qu’un petit doigt dans les aéroports. Elle va peut-être, demain ou après-demain, faire face à la privatisation de l’aéroport de Bordeaux, pro-bablement en 2017. Et intervenir, financière-ment au moins, dans la modernisation des aéroports régionaux : « C’est impératif », es-time même Jean-François Fountaine, le pré-sident de l’agglomération de La Rochelle. Mais il faudra sans doute faire des choix entre les plateformes. Le plus difficile est à venir. JEAN-BERNARD GILLES

Bordeaux-Mérignac domine largement avec 5 millions de passagers annuels, contre 7 600 pour le plus petit, Périgueux. PHOTO ARCH. THIERRY DAVID

AÉRIEN Ce sera un des premiers dossiers chauds pour la future équipe aux commandes

Aéroports sans balises

Bergerac, avec 277 000 passagers annuels, occupe la cinquième place des aéroports les plus fréquentés de la région. PH. ARCH. B. L.

« La grande région devra intervenir financièrement pour aider les aéroports mais devra faire des choix et hiérachiser ses interventions. Le plus difficile... »

Les atouts de la grande région

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Evidemment c’est un plaidoyer. Les CCI sont encore majoritairement gestion-naires des aéroports régionaux et pré-

sentes au capital des syndicats mixtes pro-priétaires. Et elles sont soumises, de la part de l’État, à une pression financière comme jamais dans l’histoire récente des territoi-res. Il n’empêche. L’étude récente que la CCI Aquitaine a produite sur l’impact économi-que des aéroports régionaux aquitains a de quoi faire réfléchir. Les passagers de l’avion sont nettement moins nombreux que ceux des trains du quotidien ou de la route mais leur contribution à la vie économique des territoires méritera d’être bien évaluée par la future équipe aux commandes de la grande région.

Près de 7 millions de passagers ont tran-sité par six aéroports régionaux aquitains en 2014, y compris donc ceux d’Agen la Ga-renne et de Périgueux-Bassillac qui ont des obligations de services publics vers Paris sur-tout. La clientèle internationale dans ce tra-fic passager cumulé est en forte croissance depuis cinq ans (plus 42 %) au point de re-présenter aujourd’hui plus de 40 % du total avec 2,7 millions de passagers. Il faut bien sûr y voir le succès croissant des compagnies

low cost qui boostent le trafic à Bergerac et Bordeaux qui leur a même consacré un ter-minal dédié récemment agrandi. Qui n’a pas encore pris un vol Easy Jet ou Volotea de-puis Mérignac ?

9 000 emplois directement rattachés À la suite d’une enquête réalisée auprès de 1 762 passagers et 77 entreprises des quatre premiers aéroports aquitains (Bordeaux, Pau, Biarritz et Bergerac), il apparaît que l’aé-rien génère quelque 9 000 emplois indus-triels et de services répartis au sein de 159 établissements, y compris des usines comme Dassault, Sabena Technics ou la base aérienne 106. Ce qui autorise les auteurs de l’étude à avancer un impact économique di-rect, très largement grâce à la plateforme gi-rondine, de 709 millions d’euros.

Les dépenses de personnel, la fiscalité pro-duite et les dépenses de consommation et d’investissement sont prises en compte dans ce chiffre. L’impact économique indi-rect est lui jugé encore supérieur, de l’ordre de 972 millions d’euros, qui correspondent aux dépenses effectuées hors des aéroports, dans la consommation de biens et de servi-ces. En ouvrant encore le spectre à l’impact

économique induit, c’est-à-dire au rôle d’en-traînement de ces plateformes aéroportuai-res dans l’économie régionale, les auteurs de l’étude aboutissent au chiffre de 6 mil-liards d’euros. On peut donc évaluer, pré-tend la CCI Aquitaine, à 7,7 milliards d’euros la valeur économique générée par les six aé-roports de la région.

« Lorsque la future grande région mettra toutes ces données sur la table, on s’aperce-

vra vite que les besoins de financement, soit pour les investissements, soit pour les sub-ventions d’équilibre de certaines platefor-mes, ne sont pas si élevés », estime Thomas Juin, directeur de l’aéroport de La Rochelle. À titre de comparaison, les TER coûtent cha-que année 140 millions d’euros au budget de la région Aquitaine. Sans parler des inves-tissements dans la grande vitesse. JEAN-BERNARD GILLES

Les passagers de l’aéroport de Biarritz dépensent 123 millions d’euros chaque année sur le territoire. PHOTO ARCHIVES BERTRAND LAPÈGUE

ANALYSE Les CCI d’Aquitaine ont mesuré les effets économiques des aéroports régionaux

L’impact aéroportuaireLes atouts de la grande région

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Avec Bordeaux à deux heures et cinq mi-nutes de Paris mi-2017, la gare Saint-Jean va changer de dimension. À l’ho-

rizon 2020, elle devrait accueillir 18 millions de passagers, contre 11 millions aujourd’hui. Mais ne nous méprenons pas, « la LGV ne crée pas de dynamisme économique, sans opérations d’aménagement du territoire en parallèle », rappelle Pierre Delfaud, profes-seur émérite d’économie de l’Université de Bordeaux. C’est pourquoi a été lancé le pro-gramme Euratlantique, qui va transformer pas moins de 738 hectares sur Bordeaux, Bè-gles et Floirac d’ici 2030. Les chiffres donnent le tournis : 480 000 m² de bureaux, dont un quartier d’affaires de 300 000 m² autour de la gare. Mais aussi 15 000 logements, 150 000 m² de locaux d’activité, 50 000 m² de commerces, 140 000 m² d’espaces pu-blics... Au total, 5 milliards d’euros d’argent public et privé vont être investis. Objectif : attirer des entreprises innovantes et 250 000 nouveaux habitants en quinze ans dans la métropole.

Le numérique bordelais attire Pour l’heure, les premiers indicateurs sont encourageants. La demande est là. Sur les 100 000 m² de bureaux qui seront livrés près de la gare avant fin 2017, plus de la moitié a déjà été attribuée. Mais il s’agit en bonne par-tie de sociétés déjà installées sur le territoire, comme la Caisse d’Épargne Aquitaine- Poi-tou-Charentes, qui déplace son siège social de Mériadeck vers les quais de Paludate. Des choix qui consolident et renforcent les puis-santes filières tertiaires de Bordeaux, à l’image du secteur bancaire ou du pôle san-té, qui va se créer au cœur d’Euratlantique.

Ceci étant, « phénomène nouveau, deux entreprises américaines, une coréenne et une britannique sont venues récemment nous voir dans l’idée d’installer leur siège eu-ropéen dans la cité numérique à Bègles », dé-voile Stéphane de Faÿ, directeur général de l’établissement public d’aménagement Bor-deaux-Euratlantique. Les raisons sont con-nues. Bordeaux jouit d’une image de ville où il fait bon vivre. Mais surtout, la filière numé-rique bordelaise, auréolée de son label French Tech, est en plein essor. Stéphane de

Faÿ est convaincu que « Bordeaux peut deve-nir la première ville en Europe pour créer son entreprise », en particulier dans ce sec-teur d’activité, qui emploie déjà près de 25 000 personnes dans l’agglomération.

Angoulême, le renouveau C’est l’autre grande gagnante de l’arrivée de la LGV, qui la place à trente-cinq minutes de Bordeaux et une heure quarante-cinq de Pa-ris. De nombreuses réunions pour préparer la grande région se déroulent déjà au-jourd’hui à Angoulême. « Cette ancienne ville industrielle ne pouvait retrouver un se-cond souffle que par de l’activité tertiaire. C’est ce que vont insuffler les opérations d’aménagement autour de la gare, jusque-là considérée comme une zone repoussoir », analyse Pierre Delfaud. Première pierre de ce renouveau urbain, l’îlot Renaudin, un es-pace de 6 500 m² dédié aux activités tertiai-res, qui devrait être livré début 2018 près de la gare et de la médiathèque. Il va notam-ment accueillir un « Business center », qui regroupera de l’immobilier d’entreprises modulable, pépinière et espace de cowor-king. Pour séduire, la ville mise sur des prix

du foncier deux à trois fois moins élevés qu’à Bordeaux. « Jusque-là, nous n’avions pas as-sez de start-up sur le territoire », déplore Jean-François Dauré, le président du Grand Angoulême. Pour y remédier, « nous allons créer un fonds d’investissement de crois-sance, doté de plus de 2 millions d’euros et un fonds d’amorçage pour inciter les étu-diants à se lancer dans l’aventure ».

Deuxième pierre à l’édifice, l’îlot Didelon, près de la place Saint-Jacques, où vont pous-ser sur 13 000 m² des logements à louer ou à acheter en accession à la propriété.

Les conditions pour réussir Mais pour que les bénéfices de la LGV irri-guent le territoire, « il faudra un bon réseau

en étoile de TER vers la gare Saint-Jean et celle d’Angoulême, et de bonnes articulations multimodales », insiste Claude Lacour, pro-fesseur émérite d’économie de l’Université de Bordeaux, qui a mené une étude sur le su-jet pour le compte de Lisea, filiale de Vinci et société concessionnaire de la ligne. Autre in-certitude : quel sera le prix du billet ? Le par-tenariat public-privé, noué pour financer cette LGV, a pour conséquence des péages aux tarifs élevés. Et la SNCF, qui limite les des-sertes, n’est pas prête à « sacrifier » sa renta-bilité.

Par ailleurs, les prix de l’immobilier vont-ils flamber près de ces gares ? Y aura-t-il une arrivée massive des Parisiens sur les bords de Gironde dans les dix prochaines années, qui pourraient rendre la ville de plus en plus inaccessible aux Bordelais ? En réalité, « tout se jouera dans les deux prochaines années », estime Claude Lacour. NICOLAS CÉSAR

Le chantier de raccordement de la LGV à la gare d’Angoulême suit son cours. La préfecture de la Charente sera à trente-cinq minutes de Bordeaux et à une heure quarante-cinq de Paris. De quoi dynamiser son secteur tertiaire. PHOTO ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD/« SUD OUEST »

TRANSPORTS Cette nouvelle ligne profitera au secteur tertiaire à Bordeaux, mais aussi à Angoulême

LGV Tours-Bordeaux : quelles retombées ?

LE CHIFFRE

715 millions d’euros. Ce sont les retombées du chantier de la LGV Tours-Bordeaux pour les entreprises situées dans les six départements traversés par la ligne.

« [Pour que les bénéfices de la LGV irriguent le territoire], il faudra un bon réseau en étoile de TER vers la gare Saint-Jean et celle d’Angoulême »

Les atouts de la grande région

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Quelques chiffres suffisent à évoquer le poids de Legrand dans l’économie du pays. L’entreprise d’électricité née il y a

cent cinquante ans à Limoges, où elle possède toujours son siège mondial, a réalisé l’an pas-sé un chiffre d’affaires de 4,5 milliards d’euros dont la moitié en Europe et à peine 20 % en France. Elle emploie sur les trois continents majeurs 36 000 salariés dont encore 2 500 en Limousin (190 à La Rochelle, 120 à Pau), en pro-duction comme dans ses bureaux d’études et laboratoires. Legrand évolue sur trois marchés principaux : l’industrie, le bâtiment et le ter-tiaire.

Ses quelque 215 000 références de produits sont dans le top 3 des pays où la société exporte la moitié de sa production. La croissance de l’entreprise depuis trente ans est impression-nante. Pour moitié, elle s’est faite par croissance externe : « En Russie, nous n’existions pas il y a quinze ans et nous avons racheté au bout de quelques années quelques entreprises qui dif-

fusent désormais nos produits », explique Pa-trice Soudan, directeur adjoint et directeur des opérations du groupe.

L’enjeu des objets connectés L’entreprise est ainsi devenue le numéro 7 sur ce grand marché. Legrand a racheté trois so-ciétés totalisant 130 millions d’euros de chiffre d’affaires depuis le début de l’année : IME, spé-

cialiste italien de la mesure des paramètres de l’installation électrique, Raritan, leader améri-cain dans les unités de distribution intelligen-tes et Valrack, acteur indien spécialisé dans les équipements pour data centers. Elles sont plus que nécessaire. Car les dernières prévisions présentées par le groupe au creux de l’été lais-sent apparaître une faible perspective de crois-sance organique, voire même négative. Si le

marché nord-américain reste tonique, la crois-sance a été modeste au premier semestre en Europe et même négative en Asie, notamment en Chine.

L’internet des objets est le nouvel enjeu. Il pourrait ébranler les fondements de l’entre-prise française dont les appareils ou les armoi-res électriques, les câbles, les éclairages, les pri-ses ou les compteurs ont peu ou prou irrigué les bâtiments de plus de 80 pays. « Nous de-vons clairement bien négocier ce virage », ex-plique Patrice Soudan. Avec plus de 50 mil-liards d’objets connectés dans le monde annoncés d’ici à 2020, les positions se pren-nent maintenant. Le numérique investit les bâtiments, l’énergie, les transports, la santé. Et la concurrence s’annonce puissante du côté des fabricants d’objets d’une part, qui y voient une possibilité de nouvelles marges et des spé-cialistes de la data (des messages transmis) aux aguets sur tout.

Legrand n’est pas resté les bras croisés. Il a lancé cette année le programme Eliot, une nou-velle référence dédiée à l’internet des objets qu’il va devoir imposer pour garder son rang. Plus de 200 millions d’euros sont investis dans ce programme pour lequel la mobilisation gé-nérale a été déclarée par le PDG du groupe, Gilles Schnepp. Avec ses centres de recherche, le niveau de ses fonds propres et sa culture de l’innovation, les atouts de Legrand sont sé-rieux. Mais la partie n’est pas gagnée d’avance. JEAN-BERNARD GILLES

Gilles Schnepp, le PDG de Legrand, mise sur la culture de recherche et d’innovation du groupe pour aborder l’avenir. PHOTO JACQUES DEMARTHON

LIMOGES Le groupe français d’électricité de taille mondiale doit négocier le virage de l’internet des objets

Legrand en prise mondialeLes atouts de la grande région

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Avec quelque 2,5 milliards d’euros de fonds propres et aucune dette, la Maif a les moyens de ses ambitions. Ses succès

remontent à l’entre-deux-guerres. Edmond Proust fut le premier à créer, à La Roche-sur-Yon (Vendée) une mutuelle pour les ensei-gnants. Il était instituteur. Il s’installe à Niort où, dans les années 1960, le rejoignent celles qui deviendront les autres majors de la mu-tualité française (Maaf, Macif...). La Maif a été bien aidée pour son développement. Jusque dans les années 1990, tout instituteur sorti de l’École Normale devenait, en prenant ses fonc-tions, adhérent Maif ainsi qu’à la MGEN pour la couverture santé. Croissance garantie !

En 1987, la Maif ouvre ses prestations aux enfants des sociétaires ainsi qu’à tout autre nouvel adhérent pour peu qu’il soit présenté par deux parrains, une obligation qui tombe en 2000, année des premières publicités té-lévisées. Les pubs de la Maif se reconnaissent. Elles insistent sur la relation de confiance. La Maif y consacre aujourd’hui 15 millions d’eu-ros par an. C’est ainsi qu’elle est devenue le 5e assureur français pour l’automobile et le logement.

Excellente relation clients « Nous appartenons à nos 3,6 millions de so-ciétaires, ce qui nous oblige à une relation de confiance et nous permet de réaffecter l’en-semble de nos résultats au développement de l’entreprise », explique Pascal Demurger, directeur général. Les tarifs de la Maif sont at-tractifs et la relation client en cas de sinistre, soignée. Depuis onze ans, TNS Sofres réalise un palmarès indépendant sur ce sujet qui place la mutuelle niortaise à chaque fois en

tête dans sa catégorie et dans le top 3 français tous secteurs d’activités confondus. Une fier-té à Niort. D’autant que cet indice de con-fiance croît auprès des clients ayant eu un si-nistre à gérer.

Réorganisation du réseau Mais cette douce assurance n’est pas éternelle. La concurrence est rude. Et l’esprit mutualiste n’occulte pas les impératifs de rentabilité. Comme d’autres, la Maif a dû restructurer son organisation en France où elle emploie 7 000 personnes. « Nous avions un réseau très émietté, hérité de l’histoire mais pas tou-jours adapté », se souvient Pascal Demurger. Cet énarque de 50 ans, venu de Bercy, est arri-vé à Niort en 2003. D’abord pour s’occuper de

cette réorganisation qui a créé des tensions. Il brise alors un tabou. Les salariés, bien que bénéficiant d’un contrat de droit privé, étaient traités comme des fonctionnaires. Les évolutions de salaires étaient collectives et s’apparentaient à celles de la fonction publi-que, de l’ordre de +2 % par an. Il réussit à in-troduire des mesures individuelles et des pri-mes collectives à se répartir par service. Une révolution indiciaire, aujourd’hui apaisée. Deuxième étage de la réforme : le réseau. Des dizaines d’agences sont fermées en France à la fin des années 2000, les centres de traite-ment de sinistres sont regroupés pour plus d’efficacité. Au total, plus de 1 000 salariés ont dû déménager. Un challenge impossible mais pour lequel l’entreprise a su mettre sur la ta-

ble des aides diverses pouvant aller jusqu’à dix-huit mois de salaire. « Nous n’avons eu au-cun jour de grève », rappelle Pascal Demur-ger.

« Tsunami » numérique Mais le principal défi est à venir pour la Maif comme pour tous les autres assureurs. La ré-volution digitale fait irruption dans le monde de l’assurance. De nouveaux acteurs venus de la galaxie Internet se préparent. Ils pourront sans doute un jour proposer des assurances individuelles à bon prix, au mépris des no-tions de solidarité qui fondent l’économie des mutuelles. Les tarifs peuvent en effet être bas pour les asssurés qui ne connaissent pas de sinistres. Et nul doute qu’ils seront la cible pri-vilégiée des nouveaux entrants.

La voiture connectée génèrera demain des milliers d’informations sur notre façon de conduire. Les constructeurs automobiles à la recherche de nouveaux services financiers à plus forte valeur ajoutée seront capables de proposer des assurances individualisées aux conducteurs. Une vraie menace à laquelle la Maif entend faire face. Elle a décidé, au mois de juillet dernier, la création d’un fonds d’in-tervention numérique doté de 125 millions d’euros. Elle rachète déjà des start-up qui lui permettront de négocier ce virage comme cette jeune pousse toulousaine qui a imagi-né un système de paiement des cotisations entre les particuliers et leur association, un autre segment où la Maif est présente. D’au-tres suivront. « C’est un tsunami qui se pré-pare dans le monde de l’assurance », estime Pascal Demurger. JEAN-BERNARD GILLES

MUTUELLE La Maif, qui n’est plus l’assureur des seuls instituteurs, réalise 3,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires et vient de créer un fonds pour investir dans l’économie numérique

La tranquille assuranceL’imposant siège social de la Maif à Niort, où travaillent 2 245 personnes sur un total de 7 123 salariés. PHOTO MAIF

La mutuelle niortaise a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros pour un résultat net consolidé de 195 mil-lions d’euros. Elle emploie 7 123 salariés dont 2 245 à Niort, son siège social.

Elle gère 15 milliards d’actifs, issus de l’assurance vie notamment, un chiffre en progression de 5,6 % en 2014 par rapport à 2013.

Elle dispose d’un trésor de guerre solide avec 2,2 milliards d’euros de fonds propres, en progression de 9,7 % en 2014. La raison tient au fait que la mutuelle appartient à ses sociétaires et que les résultats annuels posi-tifs sont affectés, pour l’essentiel, à l’entre-prise et disponibles pour son développement.

Elle compte sur le territoire national

157 entités d’accueil, 30 centres de traite-ment des sinistres et 19 centres d’accueil à distance.

Le groupe est le cinquième assureur auto en nombre de véhicules (4 roues) assurés et le cinquième assureur habitation en nombre de logements assurés. Il est le neuvième as-sureur français tous dommages confondus en termes de chiffre d’affaires. Il est aussi devenu un assureur important des associa-tions et des collectivités locales, secteurs pu-blics ou parapublics voisins de son socle his-torique des instituteurs et de leurs enfants.

La Maif a créé en juillet 2015 un fonds d’intervention de 125 millions d’euros pour investir dans le rachat de start-up du numéri-que.

Une neuvième place française

Les atouts de la grande région

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La maquette du site chinois de Rougié, situé entre Pékin et Shanghai. Il a nécessité un investissement de 15 millions d’euros. IMAGE DR

De tous les acteurs de la filière foie gras du Sud Ouest, Rougié n’est pas le plus connu. Il est vrai que l’on ne trouve pas

ses produits haut de gamme dans les super-marchés où Montfort, Delpeyrat, Labeyrie et les autres se disputent les mètres linéaires. Seuls quelques épiceries de luxe et autres « duty free » l’affichent dans leurs boutiques mais c’est dans les assiettes des grands restau-rants surtout que les foies gras Rougié ont fait leur place, parfois sans doute trop discrète-ment aux yeux des dirigeants de l’entreprise.

La marque est née à Sarlat en Dordogne en 1875. Léonce Rougié fut le premier artisan de la famille. Mais c’est son fils Jean qui, dans les années 1950-1960, a trouvé la bonne trajec-toire. Il suit et accompagne les grands chefs, Paul Bocuse, Michel Guérard, dans leur mis-sion « d’évangélisation » de la grande cuisine française.

Du frais dans le monde entier Bien lui en a pris. Les clients de Rougié sont en fait les chefs des restaurants français bien sûr mais aussi, désormais, du monde entier. « Nous sommes capables de fournir un pro-duit frais qui voyage dans le monde entier et qui, servi, a les mêmes caractéristiques que ce-lui sorti de nos ateliers périgourdins », expli-

que Jean-Jacques Caspari, le directeur général de l’entreprise Rougié. Il maîtrise notamment une technique de surgélation à chaud qui ga-rantit, dans la cuisine du chef, la fraîcheur re-quise.

L’artisan de Dordogne en garde l’état d’es-prit et le savoir-faire mais monte rapidement en puissance. Il augmente ses capacités de pro-duction, crée des filières d’élevages hors des sacro-saints territoires de l’IGP, comme aux Herbiers en Vendée où une unité d’abattage (5 millions de canards par an) et un atelier de découpe, fournissent les professionnels du nord de la France et de l’Europe. Mais la gas-tronomie française a gagné le monde. Rougié suit le mouvement avec ses conseillers culinai-res et ses réseaux de distribution spécialisés

du segment de la restauration hors foyer. Pour gagner les marchés nord-américains qui se protègent, Rougié installe une filière à Cari-gnan, au Canada.

15 millions investis en Chine Plus récemment c’est en Chine, à Lianyun-gang, entre Pékin et Shanghai, que l’entreprise, soutenue dans ses efforts à l’exportation par la coopérative Euralis, qu’il a intégrée en 2002, installe une filière complète : élevage, abattage et distribution, toujours auprès des chefs. L’in-vestissement est lourd, de l’ordre de 15 mil-lions d’euros. La cible est ici la clientèle de la nouvelle classe supérieure qui consomme bel-les voitures, vins, Club Med et foie gras.

Mais ce sont avant tout les chefs qu’il faut convaincre, en prescripteurs qu’ils sont des bonnes manières de consommer du foie gras. Dans un deuxième temps, la vente dans les épi-ceries fines des beaux quartiers sera peut-être possible. Rougié vend aussi, en France surtout, une partie de sa production chez les traiteurs et les spécialistes des réceptions. Il a mis au point une nouvelle escalope préparée à la cuis-son qui se réchauffe rapidement. Un segment que l’entreprise ne néglige pas en dépit de ses percées à l’export. Puisqu’elle lui propose de-puis deux ans un autre produit : du homard bleu venu des mers du nord, déjà décortiqué et prêt à la consommation. JEAN-BERNARD GILLES

Les usines de Sarlat demeurent le berceau de la marque malgré un développement axé sur l’international. PHOTO ARCHIVES SÉVERINE LAMARQUE

PAU Créée il y a 140 ans en Dordogne, cette affaire de famille à présent adossée à la coopérative Euralis exporte 40 % de sa production dans les restaurants du monde entier. Elle produit désormais en Chine

Rougié, le foie gras des chefs de Sarlat à Pékin

« Rougié emploie 800 personnes en France, dont 300 au siège d’Euralis à Pau et 250 en Dordogne » Jean-Jacques Caspari, directeur général

de Rougié. PHOTO QUENTIN SALINIER

Les atouts de la grande région

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Snecma, le motoriste de nombreux Air-bus et Boeing mais aussi du Rafale, a ins-tallé début 2015 en bords de Garonne à

Bordeaux sa division maintenance des mo-teurs en service. Avec une quinzaine de sala-riés dans une équipe qui pourrait bientôt monter à une cinquantaine. Cette implanta-tion est la suite logique du transfert à Méri-gnac de la Structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aé-ronautiques de défense (Simmad), le don-neur d’ordres de Snecma, qui se rapproche aussi de son partenaire industriel militaire, l’Atelier industriel de l’aéronautique (AIA) de Bordeaux-Floirac à un moment clé. Les pre-miers moteurs de l’A400 M, le gros porteur européen, sont arrivés à Floirac et à Croix-d’Hins (Gironde), les deux installations giron-dines de l’AIA, pour leurs premières révisions. Les Rafale vont être aussi de plus en plus nombreux à devoir s’arrêter au « garage »

pour des opérations de contrôle, notamment ceux qui sont sollicités par l’armée française sur les fronts d’Afrique et du Moyen-Orient.

Le poids de Turboméca au Sud La filiale de Safran emploie une petite équipe de haut vol à Bordeaux, composée d’ingé-nieurs, de spécialistes qualité et de chargés d’affaires, jusque-là répartis sur plusieurs si-tes en France. Elle vient grossir les rangs de Safran, le groupe aéronautique français qui s’impose discrètement comme le plus im-portant employeur industriel privé de la fu-ture grande région. Safran y emploie quel-que 8 500 salariés.

En Poitou-Charentes, Snecma possède une importante unité de maintenance à Châtel-lerault (730 salariés), dédiée à la réparation des moteurs et qui travaille déjà étroitement avec l’AIA de Bordeaux. Une usine, Sagem, fi-liale de Safran spécialisée dans la sécurité,

emploie 430 personnes à Saint-Benoît, non loin de Poitiers. Sur le bassin d’emploi de l’ag-glomération bordelaise, Herakles est au-jourd’hui déjà le plus gros employeur giron-din avec plus de 2 000 salariés, répartis sur deux sites, à Saint-Médard et au Haillan. Ils sont spécialisés dans la fabrication des lan-ceurs de la fusée Ariane et dans celle du pro-pergol, le carburant de ces lanceurs ainsi que des missiles de la force de frappe française.

L’entreprise est sur le point de rejoindre Airbus Safran Launchers, la nouvelle entité dédiée à la fabrication des lanceurs d’Ariane. Plus au sud, à Bordes dans les Pyrénées-Atlan-tiques et à Tarnos dans les Landes, Safran pro-

duit et entretient des moteurs pour hélicop-tères, secteur où le groupe est une référence mondiale. Ces deux sites emploient à eux deux plus de 4 000 salariés. L’usine de Bor-des est flambant neuve tandis que celle de Tarnos fait l’objet d’importants investisse-ments, en cours, de l’ordre de 60 millions d’euros. Enfin c’est à Bidos, toujours dans les Pyrénées-Atlantiques, que Safran conçoit et fabrique de nombreux trains d’atterrissage d’avions militaires et commerciaux avec près de 1 000 salariés. Le site est d’ores et déjà monté discrètement en cadence pour satis-faire le contrat des Rafale égyptiens. JEAN-BERNARD GILLES

L’usine Messier Dowty de Bidos accentue la cadence de production pour le Rafale. PHOTO ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD / « SUD OUEST »

AÉRONAUTIQUE Au nord, au centre et au sud, les filiales du groupe forment le plus gros employeur industriel privé de la future grande région

Safran, le plus gros industriel

Les atouts de la grande région

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La ville de Niort est discrète. Elle domine un département où l’agroalimentaire, et l’industrie aéronautique sont bien

présents. Mais c’est bien son pôle mutualiste qui la distingue parmi toutes les villes de France. Niort est devenue dans la deuxième partie du siècle dernier, la capitale Française de la mutualité. Edmond Proust fut le pre-mier à y implanter la première mutuelle des enseignants, devenue la Maif (lire page 12). La Maaf, la Mutuelle des Artisans, la Smacl, mutuelle d’assurance des particuliers, des associations et des collectivités locales, la Macif, ont depuis rejoint la mutuelle long-temps obligatoire pour tous les instituteurs sortis de l’École Normale.

20 % de cadres supérieurs Le pôle niortais est puissant. À quelques 192 kilomètres au nord de Bordeaux, il re-présente 17 % des effectifs de la branche en France et 16 % du chiffre d’affaires. « Nous sommes même la troisième place financière française derrière Paris et Lyon », affirme Pas-cal Demurger, le directeur général de la Maif, soit près d’une cinquantaine de milliards d’euros d’actifs sous gestion. Les sociétés niortaises représentent 4 % des placements financiers de la branche. Et quand on con-naît la passion des Français pour l’assurance-vie, on peut se dire, que Niort pourrait, de-main, jouer un rôle important dans la construction économique d’une grande ré-gion déjà forte de son potentiel agricole et forestier, atelier de premier plan de l’aéro-nautique mais en manque de sièges sociaux d’entreprises de premier plan national. « L’agglomération niortaise est le deuxième pôle tertiaire supérieur de la grande ré-gion », assure Pierre Delfaud, universitaire bordelais spécialisé dans l’économie. Avec 20 % de cadres supérieurs et de professions intellectuelles sur le lieu de travail, la ville égale les scores bordelais, loin devant Poi-tiers (18,7 %), Pau (16,6 %), Limoges (15,5 %) et La Rochelle (15 %). Son potentiel dans le sec-teur tertiaire supérieur, enjeu fort de con-currence entre les principales métropoles françaises puisque devenu essentiel à leur attractivité, place Niort tout juste derrière l’agglomération bordelaise. Qui le sait ?

Les mutuelles niortaises sont de gros em-ployeurs. 7 000 salariés pour la Maaf selon une étude de la CCI des Deux-Sèvres, 9 200 pour la Macif, 2 300, toujours sur l’en-semble de la France, pour le groupe Inter Mutuelles Assistance, filiale des principales mutuelles, qui connaît une forte croissance, de 6 % cette année. Il assiste depuis un an le groupe Renault Dacia et il est devenu l’inter-locuteur privilégié des deux constructeurs automobiles français. L’IMA réalise 568 mil-lions d’euros de chiffre d’affaires.

Sur le Niortais, on estime à 9 000 le nom-bre de salariés des mutuelles d’assurance. Que dire aussi, outre le poids financier par la gestion d’actifs, du soutien apporté à la fi-lière du bâtiment. La construction du nou-veau siège de la Macif, le nouveau bâtiment de la Maaf qui accueille 300 salariés, ou l’agrandissement des locaux de Mutavie ain-si que les travaux de maintenance, impac-tent très directement le chiffre d’affaires du BTP deux-sévrien qui ne s’en plaint pas.

Enfin, les mutuelles niortaises ont créé des outils de formation et de recherche à Niort, à vocation nationale. C’est le cas de l’Institut des risques industriels, assuran-tiels et financiers, qui fait de la formation, et de Calyxis, un pôle reconnu d’expertise du risque. Nul doute qu’on reparlera du pôle mutualiste niortais à compter du 1er jan-vier 2016. Un pôle d’attractivité discret mais important. JEAN-BERNARD GILLES

Avec son pôle mutualiste qui regroupe les sièges de la Maif, la Maaf, la Smacl ou encore la Macif, Niort est la troisième place financière du pays. PHOTO ÉRIC POLLET/« LA NR »

NIORT Le discret chef-lieu des Deux-Sèvres est une puissance financière

Le deuxième centre tertiaire après Bordeaux

Les atouts de la grande région

Les gros employeurs Le département possède aussi des entreprises de rang national, que ce soit dans l’aéronauti-que ou la métallurgie. Il y a ainsi un pôle logis-tique (800 salariés) avec les bases opération-nelles pour les entreprises Norbert Dentressangle, Kuehne Nagel ou la Stef qui emploie plus de 250 salariés localement. Deux entreprises émergent dans le secteur de la métallurgie. Poujoulat, fabricant de cheminées et conduits de cheminées qui emploie plus de 700 salariés dans le département, et Deya, spécialiste des produits du second-oeuvre bâ-timent, qui emploie plus de 600 salariés dans le département. Dans le secteur aéronautique, ECE à Chauray (570 salariés) qui travaille pour l’A350 et Leach International (300 salariés), sont aussi portés par la bonne santé du secteur en France et dans le monde.

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La décision est hautement symbolique. Il y a quelques mois, Dassault Aviation a an-noncé sa décision d’implanter son nou-

veau pôle de maintenance de ses avions d’affai-res Falcon à Mérignac en Gironde. Un investissement de 20 millions d’euros, avec à la clé 70 emplois créés d’ici 2018. Éric Trappier, le PDG de Dassault Aviation a justifié ce choix par « la qualité de l’écosystème aquitain dans l’aéro-nautique civile et militaire ».

Historiquement tournée vers la Défense, la fi-lière s’est aussi positionnée ces dernières années dans la maintenance aéronautique civile et mi-litaire. Ainsi, en avril 2011, la Région Aquitaine a créé Aerocampus Aquitaine, un centre de for-mation à la maintenance aéronautique (lire ci-dessous). Après quatre ans d’existence, il com-mence déjà à se faire un nom à l’international et a d’ailleurs été retenu pour former l’essentiel des 70 techniciens du futur pôle de mainte-nance des Falcon à Mérignac. À Mérignac en-core, Sabena Technics décolle également et a dé-sormais en charge la maintenance de 120 appareils civils par an.

Une place majeure dans le secteur Le choix de Dassault est loin d’être isolé. Récem-ment, c’est Turbomeca, qui a annoncé sa volon-té de faire de son site à Tarnos (Landes) son cen-tre mondial pour la réparation de turbines d’hélicoptères. Autre exemple, mi-avril, Snecma, le motoriste de nombreux Boeing, Airbus et Ra-fale, a inauguré des locaux à Bordeaux dédiés à la maintenance aéronautique militaire. Car, avec l’AIA (Atelier industriel de l’aéronautique de Bor-

deaux), qui gère la réparation des moteurs d’aé-ronefs (Rafale…) de l’armée et la Simmad (Struc-ture intégrée du maintien en condition opéra-tionnelle des matériels aéronautiques du ministère la Défense), qui compte 750 salariés, la région a des atouts qui en font une place ma-jeure dans le secteur en France.

Et, des liens existent déjà avec le Poitou-Cha-rentes. Safran dispose d’une usine à Châtelle-rault (Vienne), spécialisée dans la réparation des

moteurs d’avions civils et militaires, qui travaille avec l’AIA. Par ailleurs, Aerocampus Aquitaine va assurer la formation des mécaniciens égyp-tiens dédiés au Rafale, en association avec l’école de formation des sous-officiers de Rochefort.

Autant de bonnes nouvelles pour l’économie régionale. Ce marché de la maintenance aéro-nautique est immense : 10 milliards d’euros et en croissance de 4 % par an. NICOLAS CÉSAR

L’AIA (Atelier industriel de l’aéronautique de Bordeaux) gère la réparation des moteurs aéronefs. PHOTO FABIEN COTTEREAU

MÉRIGNAC L’entretien représente deux tiers du prix d’un avion. L’Aquitaine et le Poitou-Charentes ont de nombreux atouts pour s’imposer sur ce marché

En pole position dans la maintenance aéronautique

Les sceptiques étaient nombreux, il y a plus de quatre ans, lorsque le Conseil régional d’Aquitaine décidait de racheter, pour un peu plus de 6 millions d’euros, le centre de formation des ouvriers et des techniciens de la maintenance du ministère de la Dé-fense. Il devait fermer ses portes. Ils doivent aujourd’hui constater qu’Aerocampus a su se faire une place de choix dans le paysage aéronautique national. Quelques chiffres suffisent à l’attester.

Lorsque Jérôme Verschave, qui dirigeait le cabinet du président du Conseil régional, prend les commandes, avec une frêle équipe, de cet outil dont Alain Rousset veut faire, avec le soutien d’Alain Juppé, un pôle de formation d’excellence à la maintenance aéronautique, tout était à faire, ou plutôt à refaire. Aujourd’hui, il gère un budget de quelque 6 millions d’euros, accueille 280 élèves en formation initiale (Bac, BTS) y compris en alternance. Aerocampus a reçu sur ses terres à Latresne des milliers de sala-

riés ou de demandeurs d’emploi en forma-tion continue ou à la recherche d’une qua-lification, qu’ils travaillent pour Sabena Technics, Airbus Hélicoptère, Stélia Compo-sites, l’AIA ou Dassault Aviation. L’associa-tion qui demeure juridiquement est toujours soutenue, dans ses efforts d’inves-tissements, par la Région, les Investisse-ments d’avenir (PIA) ou le Fonds de reconversion de la Défense. Et elle autofi-nance aujourd’hui son fonctionnement à 52 % : 60 personnes travaillent à Latresne, y compris les personnels de l’Éducation na-tionale.

Partenariats industriels Aerocampus a noué quatre partenariats sonnants et trébuchants significatifs. La so-ciété Airbus Helicopters, basée à Marignane et qui, comme tous les grands constructeurs d’aéronefs, doit vendre des services mainte-nance à ses clients, délocalise en Gironde des formations de techniciens. Avec Das-

sault Aviation qui est entré récemment au conseil d’administration, Latresne monte en puissance sur les contrats de mainte-nance des avions Rafale vendus au Qatar : « Les techniciens qataris viennent chez nous en formation de base puis vont sur les bases aériennes de Rochefort et de Mont-de-Mar-san pour la période pratique sur les avions militaires », explique Jérôme Verschave.

D’autres contrats sont en vue. À Istanbul, Aerocampus a gagné son premier contrat export en début d’année. La Saft a elle aussi fait de Latresne son centre de formation mondial pour la maintenance des batteries. Aerocampus accueille aussi de nombreux instituts de formation à la soudure, à la pein-ture ou aux métiers d’hôtesse et de ste-wards. Il accueillera enfin bientôt le plateau technique des formations régionales de l’Afpa aux métiers de l’aéronautique. Et dé-veloppe une offre hôtelière significative (300 chambres) sur son site de 26 hectares. JEAN-BERNARD GILLES

Jérôme Verschave, directeur d’Aerocampus. PHOTO MARIE HUGUENIN

LATRESNE En quatre ans, le centre de formation aux métiers de la maintenance s’est imposé

Aerocampus a mis les pleins gaz

Les atouts de la grande région

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Le pôle d’excellence aquitain du cuir et du luxe de Thiviers part d’une très bonne idée : doter les entreprises

charentaises, périgourdines et limousines du cuir et du luxe d’un outil de formation mutualisé au top de la technologie. Une étude de marché avait chiffré fin 2013 à quelque 103 entreprises (représentant 5 000 emplois) le potentiel d’utilisateurs de ce centre de formation.

On compte en effet dans un rayon de près de 50 kilomètres autour de Thiviers (Dordogne) quelques fleurons français du secteur comme Weston (Haute-Vienne), Ferrand (Charente), Repetto et Hermès (Dordogne). « C’est un exemple très origi-nal en France de mutualisation de moyens », confirme Françoise Nicolas du centre technique du cuir de Lyon. Le Con-seil régional a investi un million d’euros dans de nouveaux locaux dédiés, hébergés par le lycée professionnel Portes d’Aqui-taine de Thiviers, spécialisé dans les forma-tions aux métiers d’art et à l’ébénisterie. Il accueille 260 élèves des trois régions dont 160 internes. La Région a aussi mis 500 000 euros dans l’achat de matériel pé-dagogique de premier plan.

Une entreprise, la seule à ce jour, a su uti-liser pleinement cet outil mis à disposition des industriels. Il s’agit de CWD, l’entre-prise de fabrication de selles de cheval de luxe, basée à Nontron et qui a racheté, il y a quelques mois, la société basque Devau-coux.

Un seul client à ce jour Elle connaît une croissance à deux chiffres et a besoin d’une main-d’œuvre de qualité formée à ses besoins. 18 demandeurs d’em-plois sont déjà passés par le pôle. Il s’agit de demandeurs d’emplois qui suivent une formation qualifiante de trois mois à Thi-viers, puis en alternance en ateliers (cinq semaines) et au pôle (deux semaines) pen-dant une année. « Nous sommes très satis-faits de cette formule de proximité et bé-néficions de l’accueil en internat sur place », explique Gérard Bourgès, le direc-teur des ressources humaines de CWD et de Devaucoux. Six nouveaux futurs salariés seront formés l’an prochain. La formation est financée par Pôle emploi, Opcalia, le Conseil régional et l’entreprise. « Le pôle d’excellence est bien identifié mais il faut sans doute encore du temps pour que les

entreprises se l’approprient », explique Va-lérie Sibio, chef de service à la direction de la formation. Repetto pourrait se lancer l’année prochaine. Chamberlan, une PME de Nontron en création sur la chaussure pour femmes, pourrait elle aussi utiliser le pôle pour former huit demandeurs d’em-plois au montage. Mais dans l’industrie du luxe, on n’externalise pas facilement la for-mation aux savoir-faire maison, au point

que la privatisation temporaire de certains espaces est envisagée. Hermès, qui recrute aussi, privilégie la formation en interne. Weston pourrait recruter demain mais n’a pas de besoins aujourd’hui. Et puis des formations initiales de qualité dans les mé-tiers du cuir existent à Eysines ou à Angou-lême. Plusieurs pistes de relance du pôle sont à l’étude pour 2016. JEAN-BERNARD GILLES

L’entreprise CWD de Nontron, spécialisée dans les selles de luxe, forme une partie de ses salariés au sein du pôle d’excellence aquitain du cuir et du luxe de Thiviers. ARCHIVES DR

CUIR ET LUXE Les entreprises limousines, périgourdines et charentaises du luxe utilisent encore peu cet outil mutualisé de formation

A Thiviers, on se forme au luxeLes atouts de la grande région

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Avec l’avènement de la grande région, les équilibres viticoles ne devraient pas être chamboulés. L’Aquitaine est

bien campée dans son rôle de vignoble de référence avec le Bordelais en figure de proue. Le cognac est l’eau-de-vie de vin la mieux valorisée de la planète et mise pres-que tout sur l’exportation. Enfin, le Limou-sin n’apporte pas de pierre à cet édifice vi-ticole, au-delà de quelques parcelles ici et là.

Cette nouvelle donne politique pourrait en revanche amener quelque chose dans le rapprochement entre Bordelais et Cognac, deux mondes vivant côte à côte mais qui s’ignorent royalement. D’ailleurs, de prime abord, ils ont peu à partager sauf à investir de concert pour trouver des solutions tech-niques aux maux communs. Par exemple pour vaincre l’esca (maladie entraînant la dégénérescence du cep), un fléau national.

Cet éloignement a une raison : vin et eau-de-vie de vin ne jouent pas dans la même cour. Et ce à tous les niveaux, en commen-çant par le raisin : mur pour un bon rouge ou blanc, acide et de faible degré (9 à 10) pour le spiritueux. Il suffit d’assister aux vendanges respectives pour le saisir : ren-dements réduits pour le premier, récolte volumineuse (deux fois plus) pour le se-cond.

Place ensuite à la distillation, étape clé dans les Charentes et inexistante en Gi-

ronde ou ailleurs en Aquitaine, sauf pour la production confidentielle de Fine de Bor-deaux. Enfin, l’élevage en fûts est quasi sys-tématique au nord de l’estuaire et plutôt ré-servé aux beaux vins au sud. Mise en avant systématique du millésime au sud, un cas particulier au nord avec la logique inverse d’un produit régulier et homogène. Les exemples sont légion, à se demander pres-que si les vignerons font le même métier...

Le bal à quatre pour cognac Même constat de divergence dans l’organi-sation même de la filière. Dans l’univers aquitain, producteurs (indépendants ou coopératives) cohabitent avec un négoce relativement éclaté même si deux sociétés prédominent (hors grands crus), en l’es-pèce Castel et Grands Chais de France. Bon an mal an, chacun tient le manche à tour de rôle lors des négociations commerciales (surtout en fonction des volumes récoltés).

Dans les Charentes, le système est beau-coup plus intégré verticalement : les vigne-rons sont essentiellement des fournisseurs de « matière première » pour les négo-ciants. Il y a d’ailleurs peu de producteurs vendant directement leurs bouteilles, à l’in-verse de Bergerac ou de Jurançon par exem-ple.

Qui plus est, quatre maisons puissantes (Hennessy, Martell, Rémy Martin, Courvoi-sier), appartenant à des groupes mondiali-

sés, concentrent la commercialisation. Le Cognac étant exporté à 97 %, l’Hexagone n’y est la priorité de personne. Alors que les rayons des linéaires à Rennes, Paris ou Li-moges sont des débouchés de choix pour le Marmandais, Buzet ou l’AOC Bordeaux. Le cognac est dans l’univers des whiskies, vodka et autres gin, là où le packaging a une place primordiale... et où les marges sont élevées.

Alors que les interprofessions de Bor-deaux ou Bergerac (désormais marié à Du-ras) dépensent des millions pour commu-niquer (presse, affichage...), celle de Cognac n’a pratiquement pas de budget en la ma-tière. Les négociants préfèrent jouer leur carte personnelle partout sur le globe.

Avec toutes ces logiques professionnelles opposées, où trouver demain des synergies éventuelles entre nord et sud de la région ? Les pistes sont maigres, sauf au plan envi-ronnemental (traiter moins la vigne, coha-bitation avec les riverains...) ou pour ame-ner ensemble des producteurs à vendre des bouteilles au bout du monde, comme le propose l’Agence aquitaine de promotion agroalimentaire (Aapra). On verra par exemple si le salon Bordeaux Vinipro qui s’ouvre grand à tout le Sud-Ouest pour sa deuxième édition en janvier prochain, réus-sira à attirer quelques producteurs de co-gnac ou de pineau des Charentes. CÉSAR COMPADRE

Bordeaux et Cognac sont deux champions à l’exportation... mais c’est à peu près leur seul point commun. PHOTO ARCHIVES PHILIPPE MÉNARD

VIGNE Difficile de dégager des synergies chez deux voisins aussi différents

Vin et cognac : deux univers bien distincts

Trois points forts

■ Grandes surfaces Le Bordelais compte 115 000 ha de vigne et produira pour le millésime 2015 (selon les esti-mations officielles) 5,7 millions d’hl. Avec bien moins - 74 000 ha - les Charentes sont à 9 millions d’hl. La superficie des autres vignobles aquitains (Bergerac, Lot-et-Garonne, Jurançon, Tursan...) est égale à celle du Médoc.

■ Toute la gamme Peu d’autres vignobles hexagonaux proposent toute la gamme des produits : rouge, rosé, blanc sec et liquoreux, crémant, eau-de-vie ou vin de liqueur (Pineau des Charentes). Un atout pour la future grande région.

■ Tous les poids lourds Le poids viticole du Sud-Ouest est tel que tous les poids lourds du métier sont là. Négociants (Castel, Grands Chais de France...) et fournis-seurs (bouchons Amorim...), sans oublier la re-cherche et le développement (ISVV à Villenave-d’Ornon...). Même constat au nord avec les champions mondiaux des alcools (LVMH, Per-nod Ricard, Suntory...), les pépiniéristes ou les tonneliers (Seguin Moreau, Radoux...).

La récolte 2015 s’annonce de qualité. PHOTO ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD

Le pineau des Charentes, un vin de niche original. PHOTO ARCHIVES « SUD OUEST »

Joseph Helfrich, fondateur des Grands Chais de France, à Landiras (33). PH. ARCH. C. P.

Les atouts de la grande région

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Lors de la tempête Klaus de janvier 2009, les forestiers landais ont reçu le renfort de leurs voisins du Limousin et des Cha-

rentes. Le 1er janvier prochain, tous se retrou-veront dans une même région qui, d’entrée, se hissera à la première place nationale. Avec 2,8 millions d’hectares boisés, la grande région Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes, dé-passe sa voisine d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Comme pour l’agriculture, la filière forêt-bois de la nouvelle entité représentera une force économique : 9,7 millions de mètres cu-bes de bois récoltés (le quart de la production totale française et 38 % du bois d’industrie), un chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros et 50 000 emplois, soit plus que l’aéronautique. Autre caractéristique : cette forêt est détenue à 90 % par des propriétaires privés, les forêts publiques couvrant toutefois plus de 230 000 hectares.

« Essences complémentaires » Entre Poitou et Pyrénées, « les essences sont différentes mais complémentaires », souligne Stéphane Viéban, directeur général d’Alliance Forêts Bois. Un contexte forestier qu’il connaît bien. La coopérative est en effet déjà présente sur l’ensemble du territoire de la grande ré-gion, et même au-delà. « Aujourd’hui, on se dé-veloppe sur l’ensemble de ses massifs », pré-cise Stéphane Viéban.

Une récente étude d’Agreste, le service sta-tistique du ministère de l’Agriculture et de la Forêt, délimite quatre grandes zones forestiè-res : les landes de Gascogne avec le pin mari-time, les plateaux du Haut Limousin, terres de feuillus et de résineux, la Vienne, la Charente, la Dordogne et les Pyrénées-Atlantiques, où dominent les feuillus, et enfin les plaines des Deux-Sèvres, de Charente, de Charente-Mari-time et du Lot-et-Garonne, avec les peupliers.

Le bois exploité dans ces taillis et forêts ali-mente toutes les filières : le sciage, le dérou-lage et l’emballage, le bâtiment, le papier-car-ton, le meuble, le bois-énergie. Avec des entreprises sur tout ce territoire et en général spécialisées selon l’essence dominante de la zone géographique. Les scieries de résineux sont implantées dans les Landes, la Gironde, le Lot-et-Garonne et la Charente-Maritime pour le pin maritime, dans le Limousin pour l’épicéa et le douglas. La Dordogne est en tête pour le sciage de feuillus.

L’industrie du papier et du carton est bien implantée en Gironde (Smurfit Kappa à Fac-ture), dans les Landes (groupe Gascogne), la Haute-Vienne (International Paper à Saillat), en Dordogne (Condat), en Charente, avec au total 10 000 salariés. Présente en Charente-Ma-ritime et dans les Deux-Sèvres, la fabrication de meubles emploie 4 800 personnes.

La création d’une grande région forestière va permettre de mettre en place des « syner-

gies », estime la coopérative Forêts Bois. Le sa-voir-faire des uns et des autres en résineux et en feuillus peut profiter aux voisins. Ceci existe déjà en partie : la scierie Archimbaud par exemple, née dans les Deux-Sèvres, a ouvert une unité dans les Landes. Né aussi dans les Deux-Sèvres autour de la transformation du bois de peuplier, le groupe Thébault s’est di-versifié dans les bois exotiques puis, en s’ins-tallant à Solférino (Landes), dans le pin mari-time pour la fabrication de panneaux.

« Dynamiser la récolte forestière » Comme les autres secteurs de l’économie, la filière forêt-bois devra passer par une phase d’harmonisation. Les trois quarts de la récolte de bois de la grande région sont portés par les résineux (pin, douglas, épicéa) alors que les deux tiers de la ressource sur pied est consti-tuée de feuillus. L’exploitation de bois d’œu-vre de chêne est en recul régulier. Agreste parle même de « situation préoccupante ». Trop de

bois de feuillus du sud du Limousin et des Py-rénées vont en totalité vers l’énergie faute de débouchés industriels rémunérateurs.

Agreste suggère la mise en place d’outils de gestion sylvicole durable, comme il en existe pour le pin maritime, en visant une meilleure répartition hiérarchique entre bois d’œuvre, bois d’industrie et bois énergie. En d’autres ter-mes, « il faut dynamiser la récolte forestière », résume Stéphane Viéban. Un centre de tech-nique sylvicole vient ainsi d’être créé pour le chêne.

Les partenariats au sein de la future région devraient aussi toucher les entreprises de transformation. Dans un premier temps, des alliances commerciales sont envisageables. Les interprofessions actuelles sont amenées à collaborer. La grande région forestière devrait enfin bénéficier de la présence sur son sol de Xylofutur, le seul pôle de compétitivité de France dédié aux industries du bois. MICHEL MONTEIL

La société Bost et Grandchamps, à Négrondes (24), est spécialisée dans le sciage et la menuiserie. PHOTO ARCHIVES J.-CHRISTOPHE SOUMALET

FILIÈRE BOIS La nouvelle région est en haut du podium avec, en plus, une diversité d’essences intéressante

La première forêt de France

■■ Au fil des forêts cultivées et des taillis de la grande région, six grandes essences peu-plent ses 2,8 millions d’hectares.

D’abord le pin maritime, sur plus de 800 000 hectares dans les Landes, la Gi-ronde, le Lot-et-Garonne et la Charente-Mari-time, depuis les dunes littorales jusqu’à l’in-térieur des terres.

Il aime les sols sableux et pousse vite (une trentaine d’années pour les dernières géné-rations) et haut (il peut dépasser 40 mètres). Autrefois utilisé comme poteau de mine, son bois sert aujourd’hui dans l’industrie du pa-pier-carton, la menuiserie (parquets et lam-bris), la charpente (avec la technique du la-mellé-collé).

Autre résineux, le pin douglas, qui couvre 64 000 hectares essentiellement dans le nord-est du Limousin et ses vallons de

moyenne montagne. Venu des États-Unis, il est de plus en plus planté en France et dans la région en reconstitution de peuplements.

Les propriétés de son bois (une bonne ré-sistance mécanique) lui procurent un usage dans la construction, en particulier pour les maisons à ossature bois.

Toujours en résineux, l’épicéa couvre près de 40 000 hectares de la grande région, prin-cipalement sur les hauteurs du Limousin. Pouvant atteindre jusqu’à 50 mètres de haut, résistant aux grands froids, il est utilisé dans la construction (charpentes).

Côté feuillus, le chêne est le plus répandu (800 000 hectares) sous forme de chêne pé-donculé, de chêne sessile, de chêne vert. Grâce au temps, du haut de ses 40 mètres, il fournit un bois utilisé pour la construction (charpentes), la menuiserie (le chêne repré-

sente le tiers de l’approvisionnement de ce secteur), la fabrication de barriques et le chauffage.

Vient ensuite le châtaignier, présent sur 250 000 hectares de la grande région à une altitude de quelques centaines de mètres. Son bois marron clair est utilisé pour les pi-quets, des éléments de charpente et en me-nuiserie.

Les vallées de l’Adour, de la Garonne, de la Dordogne, de la Charente et de la Sèvre sont le territoire du peuplier (35 000 hectares). Il fournit la moitié du bois d’œuvre de feuillus de la région et est utilisé principalement dans la fabrication de caisses d’emballage.

Au fil des forêts et des taillis, la région voit aussi pousser du hêtre, du robinier (le faux acacia), du sapin, du frêne...

M. M.

Pin maritime, épicéa, chêne, peuplier, hêtre...

Le pin maritime recouvre 800 000 hectares. PHOTO ARCHIVES PHILIPPE SALVAT

Les atouts de la grande région

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JEUDI 12 NOVEMBRE 2015WWW.SUDOUEST.COMSud Ouest éco 22

■■ La première étape du prix des Aquitains de l’année a consisté à sélectionner dans les cinq dépar-tements des entreprises fiables et performantes. Cette opération est le fruit d’une collaboration pé-dagogique entre les étudiants de Kedge Business School, les journalistes de « Sud Ouest » et la Banque populaire.

Pour dresser leur liste, les étudiants se sont appuyés sur les données fournies par Pouey Interna-tional, société spécialisée dans l’information commerciale garantie et le recouvrement de créances.

Dans un second temps, un jury, présidé par Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, constitué de personnalités du monde économique régional (lire pages suivantes) et animé par un journaliste de

« Sud Ouest », a désigné deux lauréats parmi les huit sociétés les plus performantes de l’année dans le département. Deux dirigeants ont donc été élus Aquitains de l’année 2015 pour la Dordo-gne.

La dernière mission du jury était de désigner un lauréat régional parmi les dix prétendants. Il sera dévoilé le 1er décembre lors de la dernière soirée des Aquitains de l’année à Bordeaux, au sein de Kedge.

Vous pourrez par ailleurs lire dans « Sud Ouest » du 3 décembre le récapitulatif intégral du pal-marès, département par département.

Le prix, mode d’emploi

Aquitains de l’année : les lau C

’est un immense ensemble dans le-quel chaque département viendra prendre sa place. La grande région

dont l’acte de naissance est pour le début d’année, le sera à plusieurs titres : par sa taille, par son poids économique et par ses atouts, première région touristique et pre-mière région agricole. Un grand ensemble qui est également un atout pour dévelop-

per certaines filières notamment le luxe, où la Dordogne tente de tirer son épingle du jeu avec le pôle de Thiviers. Ce départe-ment est une terre qui invente et se réin-vente. Le palmarès dévoilé dans les pages qui suivent raconte une réalité économi-que, en position de conquête qui implique un véritable combat quotidien pour les en-treprises et les hommes qui les font vivre.

Que l’on soit dans le bâtiment ou l’agroa-limentaire, au centre de chaque projet éco-nomique il y a des hommes et des femmes au service d’autres hommes et femmes. Ainsi nous avons, cette année, porté la lu-mière sur une filière en pleine crois-sance : la silver économie. Un terme em-prunté aux Anglo-saxons, qui se penche sur les services et activités au soutien des

aînés. Le vieillissement est une donnée clé de nos sociétés. Bien vieillir est plus que ja-mais une préoccupation. Et c’est toute une galaxie de services qui s’invente, du tou-risme, à l’aménagement en passant par les gestes ordinaires du quotidien comme li-vrer son pain. Autant d’initiatives qui font l’économie mais aussi qui servent de lien social entre les générations.

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réats de votre département

C’est la neuvième édition des Aquitains de l’année : comment se porte ce palmarès ? Christian Chapothin. Nous sommes très fiers de notre promotion 2015 qui révèle de nouvelles pépites. Nous sommes très attentifs au choix des dossiers. Les étudiants de Kedge sélection-nent en amont, avec l’aide de Pouey Interna-tional les candidats sur des critères de plus en plus pointus. Au fil des années, ce palmarès a gagné en notoriété. Il est aujourd’hui reconnu. Patrick Venries. Il est désormais installé au cen-tre de la vie économique régionale. Il met en lumière de nouvelles entreprises, souvent dis-crètes, toujours plus innovantes et plus agiles sur leurs marchés. Des trajectoires positives que nous souhaitons mettre en lumière.

Qu’apporte t-il à la Banque Populaire et à Sud Ouest ? C. P. Il nous apporte une visibilité accrue auprès des entreprises de notre territoire. Il nous per-met de prendre le pouls de l’économie régio-nale. Notre modèle coopératif a pour ambition « d’additionner les forces pour multiplier les chances ». Banquier historique des entrepre-neurs, nous souhaitons être les acteurs et les amplificateurs de ces succès. P. V. Ce palmarès a cimenté notre rôle pivot dans l’information économique et la vie de nos territoires. Avec nos pages spécialisées Écono-mie, les lundi et jeudi, notre newsletter éco nu-mérique et nos débats, il symbolise notre stra-tégie économique multicanal.

Que dire de ce cru 2015 ? P. V. Il montre une nouvelle fois la force de nos entreprises, souvent petites et moyennes, aux prises avec la compétition nationale et inter-nationale. Il met en évidence des entrepre-neurs de caractère animant des équipes pro-fessionnelles. Nous sommes fiers de nos lauréats comme à chaque fois. Et d’avoir con-vaincu Éric Trappier, PDG du groupe Dassault Aviation, de présider à nos choix cette année. C. P. Nous avons la chance, une fois de plus, d’avoir un président de jury emblématique, en la personne d’Éric Trappier. Nos lauréats cette année encore incarnent clairement la dy-namique de notre région. Notre jury a fait des choix rigoureux et exigeants. Pour résumer : le

cru 2015 clôture en beauté la première décen-nie des Aquitains.

Comment pourrait évoluer ce prix en 2016 dans le cadre de la future grande région ? P. V. Il sera plus digital, devra intégrer la nou-velle donne régionale et donnera lieu à des ma-nifestations plus denses dans les départe-ments. C. P. Nous réfléchissons à un nouveau fonction-nement qui collerait à la nouvelle entité et à son découpage administratif qui sont ceux de la BPACA. Les discussions sont en cours avec nos partenaires. Une chose est acquise. Nous avons rendez-vous l’an prochain pour décou-vrir les Aquitains de l’Année, définition 2.0.

Christian Chapothin (BPACA) et Patrick Venries (« Sud Ouest »). PHOTO ARCHIVES LAURENT THEILLET

En 2016, le prix intégrera le nouveau découpagePOINT DE VUE Interview de Christian Chapothin, directeur général adjoint de la Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique et de Patrick Venries, directeur général délégué de « Sud Ouest ». Les deux partenaires ont relancé ce palmarès il y a dix ans

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Présidé par Éric Trappier, président-directeur général de Dassault Aviation, le jury des Aquitains de l’année a décerné les deux trophées départementaux à Vermande SA et La Lémance

Le jury et les deux lauréats

« C’est un concentré de l’économie française sur lequel nous avons travaillé avec le jury des Aquitains de l’année. Nous avons vu de vraies démarches d’industriels qui font face, investissent, développent leurs activités. Il est aujourd’hui difficile d’entreprendre en France et de recruter. Les coûts de production sont plus élevés qu’aux États-Unis par exem-ple. L’innovation est devenue impérative pour maintenir notre compétitivité. »

PRÉSIDENT DU JURY

Éric Trappier

Président-directeur général de Dassault Aviation

Les membres du jury 2015 des Aquitains de l’année, réunis le vendredi 4 septembre à Bordeaux au siège de notre journal. PHOTO GUILLAUME BONNAUD

« C’est d’abord la diversité de cette promotion qui m’a marquée. Des métiers traditionnels aux nouvelles technologies, nos lauréats dé-partementaux sont animés par un véritable esprit d’excellence incarné par l’Aquitain 2015. »

OECA Anne Jallet-Auguste

Représentante de l’Ordre des experts-comptables d’Aquitaine

« Ce qui me frappe le plus lorsque sonne l’heure de ce palmarès, c’est le renouvelle-ment des entreprises. Il y a partout sur nos territoires des entreprises discrètes qui avan-cent et qui prennent les bonnes décisions. »

POUEY INTERNATIONAL Bertrand Lacampagne

Président du directoire de Pouey International

« Cette saison des Aquitains de l’année est un ex-cellent cru. Des centaines de données traitées par nos étudiants, des entretiens conduits sur toute la région, des entreprises qui se confirment mais aussi des histoires méconnues ou en devenir. »

KEDGE BUSINESS SCHOOL Jacques-Olivier Pesme

Directeur associé développement international

« Ce sont une nouvelle fois de belles histoires qui sont mises en lumière par ce palmarès, des histoires d’hommes et de femmes qui entre-prennent sur nos territoires. Ils méritent notre respect et notre engagement à leurs côtés. »

BANQUE POPULAIRE Christian Chapothin

Directeur général adjoint Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique

« La sélection 2015 est représentative de notre tissu économique régional. Elle démontre, s’il en était besoin, que la croissance est au-jourd’hui tirée par l’exportation et l’innovation, les deux piliers de l’intervention de bpiFrance. »

BPIFRANCE Yannick Cambacedes

Directeur délégué financement et garantie Aquitaine de bpiFrance

« Comme chaque année, ce palmarès des Aquitains de l’année apparaît comme un an-tidote à la morosité générale. Il nous offre une sélection renouvelée d’entreprises et d’entre-preneurs qui font la vie de nos territoires. »

JOURNAL « SUD OUEST » Patrick Venries

Directeur général délégué et directeur de la publication

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Dans le village de Dussac, Philippe Rousseau a fait de l’entreprise familiale l’un des pre-miers producteurs français de charbon de bois et de clôtures en châtaignier.

« Regardez ces photos, depuis la création de l’entreprise en 1958, la surface du site est pas-sée de 1,5 à 25 hectares », lance, fièrement, Phi-lippe Rousseau, président d’Industrie bois Rousseau. Il n’avait que 27 ans et un CAP de mécanique pour diplôme, lorsque son père l’a propulsé gérant de l’entreprise en 1984, avec le soutien de ses trois frères. Il a alors tout donné pour réussir. « Cela fait plus de 30 ans que je passe ma vie dans la société du lundi au dimanche. » Il a appris la gestion sur le « tas », s’est battu sans cesse avec les banquiers pour faire accepter ses plans de développement... Son sens du « business » et ses qualités de com-mercial ont permis à la société de grandir.

Un commercial hors pair Ainsi, quand en 1990, le premier secteur his-torique — les piquets de vignes en bois de châ-taignier — s’est effondré sous l’effet de la con-currence à bas prix des pays de l’Est, Philippe Rousseau est parti en Hollande pour tenter de vendre des clôtures en bois de châtaignier. La première année, il a arpenté 80 salons pour

vanter la solidité et l’imputrescibilité de ce bois, qui n’a pas besoin d’être traité. Il a même demandé rendez-vous à la reine de Hollande. Un culot, qui a porté ses fruits. Elle lui a offert une campagne de publicité à la télévision na-tionale. Aujourd’hui, cette activité représente 30 % du chiffre d’affaires global. Mais, en vi-sionnaire, il avait commencé cette diversifica-tion bien avant, dès le milieu des années 1980, en multipliant les rachats (une parqueterie, une scierie…) pour diversifier ses marchés.

Bois recyclé Parallèlement, Philippe Rousseau a misé sur le charbon de bois de label A, réalisé avec 100 % de bois recyclé. Pour s’imposer sur ce marché, Philippe Rousseau n’a cessé d’investir : 5 mil-lions d’euros, par exemple, pour de nouveaux fours à charbon en 2000. « À l’époque, je ne les faisais même pas en chiffre d’affaires », rap-pelle-t-il. Autant de paris gagnants. Au-jourd’hui, Industrie bois Rousseau affiche 9 millions d’euros de chiffre d’affaires et 49 sa-lariés.

Mais dans son ascension, ce patron qui est aussi maire de Dussac, ancien village commu-niste de 400 habitants, a toujours eu à cœur d’en faire profiter son territoire. Attaché au

« made in Dordogne », il fait travailler indirec-tement une centaine de locaux (transpor-teurs, tâcherons pour l’exploitation fores-tière…). Ses salariés sont des « hommes et femmes du cru », qu’il a formés lui-même. Et, parmi eux, il y a un certain Florian Rousseau, qui pourrait lui succéder dans quelques années… Nicolas César

Philippe Rousseau est à la tête d’Industrie bois Rousseau depuis 1984. PHOTO J.-C. SOUNALET

Le champion de la valorisation du bois de châtaignier

INDUSTRIE BOIS ROUSSEAU

« J’avais dit à mon père que je ne m’occupe-rais jamais de robinets. » À l’origine, Ray-mond Hammel, diplômé de Sciences Po Strasbourg et passionné de sociologie poli-tique, envisageait de faire carrière à l’univer-sité. Il a même eu l’honneur de travailler avec l’intellectuel Edgar Morin. Mais, en 1970, son père, Rolph, a eu un problème de santé et lui a demandé de revenir pour s’oc-cuper de son « bébé », « Hammel ». Une quin-caillerie, fondée en 1948, qui commençait à percer dans la robinetterie, grâce à son ca-talogue de vente à distance, le premier lan-cé en France en 1955.

Objectif : 250 millions d’euros de CA en 2018 Un challenge, que Raymond Hammel a re-levé avec brio. En 30 ans, il en a fait le leader français de la robinetterie. C’est aujourd’hui un groupe qui compte une quinzaine de so-ciétés, pèse 150 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie près de 400 salariés. Comment ? « En apportant toujours une va-leur ajoutée à nos clients, des artisans, pro-fessionnels du bâtiment et des grandes sur-faces (Leroy Merlin, Weldom…). » Raymond Hammel a d’abord structuré un pôle logis-tique, en 1990, à Marsac-sur-l’Isle, qui a per-mis de livrer en 24 heures.

Visionnaire, il a ensuite créé une cellule recherche et développement, dotée d’un budget annuel de trois millions d’euros, « pour développer nos propres produits ».

Résultat, Hammel a aujourd’hui le plus im-portant catalogue pour salles de bains avec 30 000 références. Parallèlement, il a lancé de grandes opérations de croissance externe

et s’est spécialisé aussi dans le traitement de l’eau, les meubles et cabines de douches. L’export aussi a été développé, à travers des filiales en Italie, Espagne, Pologne, Shan-

gaï…. qui représentent 20 % du chiffre d’af-faires global. Et, « en 2016, nous allons nous développer en Chine, dans les pays de l’Est, en Espagne, Italie, Maghreb », confie, plein d’ambitions, Raymond Hammel.

Objets connectés La stratégie d’Hammel est claire : avoir tou-jours un « coup d’avance ». À cet effet, une gamme dédiée à la domotique est en prépa-ration. « Demain, tous les produits de la salle de bains seront connectés. Vous aurez, par exemple, un système qui sera capable de dé-tecter une fuite d’eau et de couper l’eau au-tomatiquement ». Le cap est fixé : atteindre les 250 millions dans les trois prochaines an-nées. La relève est déjà là. Son fils, David, pi-lote l’entreprise LT Aqua +, près d’Angou-lême, concepteur et distributeur de salles de bains, racheté en 2013, tandis que son au-tre fils, Mickaël gère le pôle traitement de l’eau. Hammel est désormais un symbole de réussite industrielle « à la française ». N. C.

En 30 ans, Raymond Hammel a fait de son entreprise le leader français de la robinetterie. PHOTO J.-C. S.

La fulgurante ascension de Raymond HammelROBINETTERIES HAMMEL

ACTIVITÉ : charbon de bois et clôtures en châtaignier DATE DE CRÉATION : 1958 DIRIGEANT : Philippe Rousseau EFFECTIF : 49 CHIFFRE D’AFFAIRES : 9 millions d’euros

ACTIVITÉ : fabrication d’articles de robinetterie DATE DE CRÉATION : 1948 DIRIGEANT : Raymond Hammel EFFECTIF : 400 CHIFFRE D’AFFAIRES : 150 millions d’euros

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■■ C’est un vaste bâtiment noir et rouge qui domine la zone d’activités de l’échangeur autoroutier des Lèches. L’entreprise Revet Isol y a installé sa base qui lui permet faci-lement de rayonner sur la grande région et même beaucoup plus loin en France. Elle réalise les toitures et les parois de grandes surfaces commerciales. Depuis plus de 30 ans, l’ancien militaire Joël Hey-raud a développé la petite entreprise dans laquelle il travaillait pour en faire un petit groupe qui a ouvert des agences à Brive et Mérignac.

En cette période où le bâtiment ne va pas très bien, l’entrepreneur déroule un discours positif, en mettant toujours en avant l’importance de son équipe, des jeu-nes qu’il recrute et qu’il forme, et de leur enthousiasme dont il fait un moteur. Il mise aussi beaucoup sur l’organisation, l’analyse des marchés et la réactivité.

Un marché immense avec les nouvelles normes d’isolation à mettre en œuvre sur des bâtiments industriels vieillissants qui sont, selon l’expression de Joël Heyraud, des « épaves énergétiques ». HERVÉ CHASSAIN

Joël Heyraud PHOTO H. V.

Un travail d’équipeREVET ISOL AUX LÈCHES

ACTIVITÉ : Isolation et bardage de bâtiments industriels et commerciaux DATE DE CRÉATION : Reprise en 1992 DIRIGEANT : Joël Heyraud EFFECTIF : 50 personnes dont 27 au siège CHIFFRE D’AFFAIRES : 13 millions d’euros

■■ Depuis son abattoir de Boulazac, la Sobe-val est devenue le leader de la viande de veau en France, avec un développement à l’inter-national qui s’accélère. Son actionnaire hol-landais lui a donné les moyens de constituer une filière complète à partir du Périgord, mais qui rayonne sur d’autres sites en France.

Les éleveurs sont quasiment intégrés avec des bêtes et un aliment fournis, l’abattage se fait selon les dernières normes, la transfor-mation multiplie les produits élaborés (pau-piettes, rôtis, saucisses…), la logistique est robotisée et même le traitement des peaux pour l’artisanat du cuir a été travaillé. La So-beval a un outil de travail dans lequel 38 mil-lions d’euros ont été investis.

Gilles Gauthier, son directeur général, est devenu une référence dans le monde de la viande où il a été élu cette année président de la Fédération nationale. L’objectif est d’augmenter l’exportation, notamment à travers des produits issus d’abattages rituels hallal ou casher. Sobeval expédie déjà en Égypte et en Israël, mais aussi au Japon et étu-die le marché américain. H. C.

Gilles Gauthier PHOTO ARCHIVES J.-C.S.

Le champion du veauSOBEVAL À BOULAZAC

ACTIVITÉ : Abattoir et transformation de viande de veau DATE DE CRÉATION : 1980, 1994 rachat par le groupe hollandais Van Drie DIRIGEANT : Gilles Gauthier EFFECTIF : 430 personnes, 600 éleveurs affiliés CHIFFRE D’AFFAIRES : 284 millions d’euros

■■ Avec 35 millions d’euros de chiffre d’affaires, ça vous situe le géant qu’est devenue la Coop Cerno depuis sa création en 1983 à Paulin, près de Salignac. « On expédie actuellement 3 200 tonnes de cerneaux et 2 800 tonnes de noix en coque, indique le directeur général Jean-Pierre Tuneu. En fait, tout est parti de la grosse récolte de 1982. Il restait entre 40 et 60 tonnes de noix invendues aux producteurs du territoire. Ces derniers, regroupés en syndicat, ont alors mis sur pied cette coopérative. »

C’est en 1992 que la structure, installée sur son site actuel dans la commune de Cénac-et-Saint-Julien depuis huit ans, a vraiment pris son envol en développant sa société commer-ciale SA Cerno. Les clients étrangers de Scandi-navie, Espagne, Allemagne ou encore de Suisse se bousculent désormais sur ce produit phare du Périgord Noir, qui donne même un coup de pouce à l’emploi local. « L’objectif, c’est de parvenir à une embauche supplémentaire chaque année », précise Jean-Pierre Tuneu. De-puis plus de 30 ans, la Coop Cerno fédère 500 producteurs et assure la promotion de la filière noix. THIERRY DUMAS

Jean-Pierre Tuneu PHOTO T. D.

La noix fait recetteCOOP CERNO À CÉNAC-ET-SAINT-JULIEN

ACTIVITÉ : Commerce de gros alimentaire spécialisé DATE DE CRÉATION : 1983 DIRIGEANT : Jean-Pierre Tuneu EFFECTIF : 33 salariés permanents (et une dizaine de saisonniers) CHIFFRE D’AFFAIRES : 35 millions d’euros

■■ C’est sûrement la plus belle cave du dépar-tement. Les grands meubles en bois patinés, l’ambiance feutrée et le jeu des lumières chau-des sur les bouteilles qui tapissent tout ce dé-cor vintage : au Bugue, Julien de Savignac a sa boutique historique, le berceau de la saga fa-miliale, depuis 1983. Il y a quelques mois, une quatrième boutique parisienne a ouvert, rue Cambronne, après Sarlat, Périgueux, Angou-lême et Brantôme. C’est Patrick Montfort qui a créé Julien de Savignac, mêlant le prénom de son fils à celui du village où il est né. À l’épo-que, dit-il souvent, « Périgueux buvait du bor-deaux et Sarlat du cahors ». Les choses ont changé et la double activité de caviste et four-nisseur des professionnels des Montfort n’y est sûrement pas pour rien. Julien Montfort préfère insister sur la qualité des vins et de ceux qui les font. En reprenant l’affaire en 2010, le trentenaire est resté l’ambassadeur de son vignoble : sur 1,5 million de bouteilles ven-dues chaque année, près de la moitié sont des bergeracs. Julien décline aussi sa gamme de vins, issus du domaine du Clos-l’Envège à Mon-bazillac et de partenariats avec des vignerons. ADRIEN VERGNOLLE

Caline et Julien Montfort PHOTO ARCHIVES E. B.

Passion cavisteJULIEN DE SAVIGNAC AU BUGUE

ACTIVITÉ : Caviste et vente aux professionnels de la restauration DATE DE CRÉATION : Créé en 1983 par Patrick Montfort DIRIGEANT : Julien Montfort EFFECTIF : Une vingtaine de personnes, dans les caves du Bugue, Périgueux, Sarlat, Brantôme, Monbazillac, Angoulême et Paris CHIFFRE D’AFFAIRES : 7 millions d’euros

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NOMINÉS Issues de secteurs aussi divers que variés, ces six sociétés ont également retenu l’attention du jury. Il s’en est fallu de peu pour qu’elles figurent au palmarès. Gros plan sur ces succès

Ces six autres entrepre

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■ Arrivé il y a 25 ans à Terrasson pour être chef de production d’une usine Olibert, Valter Bo-vetti doit la réalisation d’un de ses rêves à la fermeture trois ans plus tard de celle-ci. Ce cuisinier de formation d’origine piémontaise se lance alors dans la chocolaterie. Il crée des machines spéciales dans son garage et des outils en chocolat qui vont taper dans l’œil d’un client coréen sur un salon. Il lui en achète un container. Valter Bovetti peut alors embaucher et donner libre cours à son ima-gination. C’est le début d’une grande aven-ture chocolatée qui va le conduire à ouvrir en 2002 un atelier-musée-boutique à Terrasson. Entre temps, le chocolatier, mettant à profit ses talents de cuisinier pour mêler les saveurs, se double d’un génie du packaging en impo-sant des emballages transparents. Faisant al-légeance en pionnier au bio et au commerce équitable, son catalogue est riche de plus de 400 références vendues dans le monde en-tier : tablettes, pâtes à tartiner, etc. Son credo est de faire déguster du chocolat à toutes les étapes du repas, de l’apéritif au digestif. FRANCK DELAGE

Valter Bovetti PHOTO F. D.

L’insatiable BovettiBOVETTI CHOCOLATS À TERRASSON-LAVILLEDIEU

ACTIVITÉ : Fabrication de cacao, chocolats, produits de confiserie DATE DE CRÉATION : 1993, 2002 ouverture de la chocolaterie-musée, 2015 rachat par la Biscuiterie Saint-Michel DIRIGEANT : Valter Bovetti EFFECTIF : 20 personnes CHIFFRE D’AFFAIRES : 4 millions d’euros

■ En Sarladais, c’est une institution. Fondé en 1973 dans un local situé sur la place de la Liberté, le Cellier du Périgord a depuis bien grandi avec la création de deux autres bouti-ques, à Domme et, il y a un an et demi, à Vé-zac, afin d’attirer davantage la clientèle lo-cale. « C’est notre objectif, car il est difficile de faire venir les gens en centre-ville », raconte le responsable François Secondat, à la tête d’une équipe jeune et dynamique, forte de 17 personnes à l’année. « Mais le gérant de-meure mon père Gérard », précise-t-il, sans oublier celui par qui tout a commencé, « mon grand-père Albert », aujourd’hui décédé. En 1973, alors négociant en vin pour une société bordelaise, il avait décidé de décliner sa con-naissance du terrain autour du foie gras. « Il y avait trois boutiques à l’époque à Sarlat. Au-jourd’hui, on doit être une trentaine ! » D’où l’intérêt de se positionner sur internet et de diversifier son offre. « Nous avons 800 pro-duits d’épicerie fine et on travaille beaucoup avec les entreprises avec nos paniers gour-mands », conclut François Secondat. T. D.

François Secondat PHOTO T. D.

Une histoire de familleLE CELLIER DU PÉRIGORD À VÉZAC

ACTIVITÉ : Commerce de détails du Périgord DATE DE CRÉATION : 1973 DIRIGEANTS : François Secondat EFFECTIFS : 17 personnes à l’année CHIFFRE D’AFFAIRES : 3,4 millions d’euros

Votre ambition est internationale et vous êtes le partenaire privilégié des Aquitains de l’année. Quel est le sens

de l’implication de Kedge ? La dimension internationale de Kedge BS est de-venue impérative du fait de notre environne-ment concurrentiel. Nos étudiants recherchent une formation de haut niveau qui leur ouvre les portes du marché du travail aussi bien à Bor-deaux qu’à Paris, New York ou Shanghai. C’est la mission que nous menons pour être reconnus sur l’ensemble de ces territoires et répondre à cette attente. Les Aquitains de l’année est une opération formidable car elle nous permet de cultiver ce lien nécessaire avec les entreprises de la région. Nous y sommes profondément atta-chés. À chaque soirée de remise des prix, je suis touché par l’émotion qui se dégage de ces chefs d’entreprise, honorés de se voir distingués pour tous leurs efforts et ceux de leurs équipes.

De quelle manière vos étudiants en Master contribuent-ils à ce palmarès régional ?

Ces étudiants, qui suivent le Master Grande École de Kedge BS en formation continue, sont avant

tout des professionnels qui exercent leur métier et vivent en Aquitaine. Ils sont donc eux aussi très impliqués dans la vie économique de la région. Pour les Aquitains de l’année, ils ont recherché et analysé les performances de plusieurs centaines d’entreprises durant plusieurs mois. Leur sélec-tion, qui comporte des entreprises reconnues mais aussi des pépites méconnues, a été sou-mise à un jury qui a élu les Aquitains de l’année. Ce travail leur apporte des connaissances appro-fondies sur le tissu économique régional.

Comment se porte Kedge plus de deux ans après la fusion de BEM et d’Euromed ?

Kedge BS réalise un chiffre d’affaires de près de 100 millions d’euros pour un effectif de 11 000 étudiants de 50 nationalités différentes, avec 500 collaborateurs dont 200 professeurs. C’est aujourd’hui la 2e école en France, derrière HEC, pour sa production de recherche et notam-ment sur des sujets d’actualité brûlants comme le développement durable. Kedge BS figure au 29e rang des business school en Europe et au 23e rang mondial pour notre MBA qui a d’ailleurs ouvert l’an dernier à Bordeaux. Ce n’est pas rien. Nous avons donc déjà réalisé beaucoup de tra-vail et il nous reste encore des étapes importan-tes à franchir dans notre plan stratégique. Nous accentuons nos efforts sur l’international, pour les raisons déjà évoquées, tout en cultivant nos implantations locales. Le magnifique campus de Bordeaux, financé par la CCI et Bordeaux Mé-tropole, est à ce titre un atout pour notre attracti-vité internationale. Enfin, nous poursuivons aus-si notre transformation numérique et l’accroissement de nos services de formation aux entreprises. RECUEILLI PAR JEAN-BERNARD GILLES

THOMAS FROEHLICHER Directeur général de Kedge Business School

TROIS QUESTIONS À...

Dordogne

neurs ont aussi séduit

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JEUDI 12 NOVEMBRE 2015WWW.SUDOUEST.COMSud Ouest éco 28 Dordogne

ADRIEN VERGNOLLE [email protected]

Merci qui ? Merci les vieux. À force de ne voir dans le vieillissement du dé-partement qu’un triste record natio-

nal qui ferait de la Dordogne une vaste maison de retraite à ciel ouvert, on oublie que c’est le troisième âge qui fait tourner l’économie lo-cale. Qui sont les touristes, qui font vivre les si-tes locaux hors saison ? Les seniors. Qui main-tient en vie les milliers d’associations du département ? Le retraité. Qui fait vivre les voya-gistes en autocar, qui permet aux traiteurs de doubler leur activité avec des repas portés à do-micile, qui fait une clientèle régulière aux com-merces de proximité ? Encore eux, les vieux. Qui sont aussi au cœur de la révolution annoncée de l’économie numérique : de la télémédecine à la domotique, ce sont les personnes âgées qui en seront les premiers clients. L’aide sociale et sanitaire aux personnes âgées représente déjà un tiers des emplois en Dordogne, soit plus de 9 000 salariés – c’est quatre fois plus que le tou-risme. Rien que l’Allocation personnalisée d’au-tonomie (APA) génère 4 400 équivalents temps plein – et on attend la création de 2 000 postes d’ici cinq ans (lire ci-contre). Loi-sirs, transport, alimentation, sécurité, santé, ha-bitat, etc. : tous les marchés s’adaptent à cette population aux cheveux d’argent. D’où la théo-risation de la silver économie, celle du bien vieillir.

Baby-boomers à deux retraites « La silver économie, c’est déjà le fonds de com-merce de la Dordogne », explique l’économiste périgourdin Pierre Delfaud, professeur à l’Uni-versité de Bordeaux IV. « Il n’y a pas plus de mai-sons de retraite qu’ailleurs, mais il n’y a que ça ! Ce sont souvent les plus grosses structures em-ployeuses. Ce secteur économique a déjà beau-coup plus d’impact que le tourisme, qui est sai-sonnier. Les seniors, c’est toute l’année. Ce n’est

pas forcément très attractif, mais pour la Dor-dogne, heureusement qu’il y a les personnes âgées ! » Et ce n’est pas fini. La silver économie correspond à la génération actuelle des 60-70 ans. Ils ne sont pas encore dépendants, par-fois loin de le devenir, et sont les premiers vrais retraités issus de la société de consommation. Et surtout, c’est la première génération où les femmes travaillaient ; ce sont donc des couples à deux retraites. Ils sont suivis par les futurs re-traités des années 2020, déjà à l’aise sur les ou-tils numériques ; les quinquas d’aujourd’hui sont équipés de tablettes et ont souvent déjà un profil sur le réseau social Facebook, de quoi rompre l’isolement et maintenir une curiosité intellectuelle quand la dépendance sera là. Bref, voici deux générations d’anciens qui font du vieillissement l’argument d’une possible crois-sance économique locale, plus qu’un fardeau.

Survieillissement dès 2020 Cela dit, il faut bien positiver les chiffres démo-graphiques, sinon, c’est la déprime assurée : en-viron 34 % des habitants de la Dordogne ont plus de 60 ans, et 13,5 % ont plus de 75 ans : avec l’arrivée des baby-boomers à la retraite, le troi-sième et le quatrième âge représenteront 62,1 % de la population en 2030 et 71,1 % en 2040, selon l’Insee, alors que le pays restera à 44,7 % ! Actuel-lement, dans la grande région, seule la Creuse (36 % de plus de 60 ans) et la Corrèze (32,8 %) font jeu égal avec le Périgord, qui reste le troisième département le plus âgé de France. Et où le « survieillissement » s’annonce dès 2020 avec une hausse de 27 % des plus de 85 ans.

« Les seniors sont un secteur économique qui a déjà plus d’impact que le tourisme »

Vieillir, une chance ? « Non, être vieux n’est pas une « chance », recadre Pierre Delfaud. « Je pré-fère parler d’apport des seniors à l’économie. Même si les personnes âgées sont aussi une charge, quand le Conseil départemental fi-nance la dépendance : ce budget creuse le dé-ficit. » Une charge, mais aussi une « richesse commune », dit Sophie L’Hôte, la directrice du social au Département, qui insiste sur « le rôle économique, social et familial » des anciens.

L’un des enjeux les plus importants dans le département est l’adaptation des logements pour bien vieillir. Malgré toutes les campagnes d’information, 30 % du parc résidentiel de Dor-dogne est antérieur à 1946 – avec le chauffage à

refaire, l’électricité, les sanitaires, bref, c’est un débouché colossal pour les artisans. Les ergo-nomes ont du boulot : les systèmes qui rendent les maisons assez confortables pour reculer la dépendance se multiplient (chemins de lu-mière discrets pour circuler, objets « intelli-gents », etc.) Face au vieillissement de la popu-lation, le Conseil départemental tente de faire comprendre qu’il ne faut pas attendre le der-nier moment pour équiper son domicile. « Ce n’est pas la peine d’attendre 85 ans pour met-tre une salle de bain en bas », donne en exem-ple Sophie L’Hôte.

Le développement – certes balbutiant – de la domotique, qui permet de connecter tous les équipements de la maison et contrôler les vo-lets roulants, les écrans voire la cafetière depuis une même tablette, pourrait créer une niche nouvelle en Dordogne. « On peut penser que les futurs retraités seront plus autonomes, même quand la dépendance sera là, du fait des habitudes technologiques ou numériques qu’ils auront pris », explique Sophie L’Hôte. D’où l’intérêt de l’expérience menée à Chance-

lade. À condition de ne pas « trop substituer la machine à l’intelligence humaine, ni de rem-placer tous les gestes du quotidien ».

Le Limousin en pionnier Curieusement, les élus périgourdins n’ont pas pris la mesure du poids de la silver économie. Périgueux est passée à côté, et c’est à Limoges qu’on trouve un vrai laboratoire politique du bien vieillir depuis dix ans. La capitale limou-sine a son « Autonom’Lab », qui regroupe des entreprises à la pointe des nouvelles technolo-gies. Cette prise de conscience pionnière a per-mis de fédérer les entreprises de la région (86 sont positionnées sur ce marché), les organis-mes sanitaires et médico-sociaux, l’Université et les politiques. Résultat : toute une filière s’in-vente, de l’artisanat traditionnel à la formation aux métiers de l’avenir. Exemple : le lycée Jean-Favard de Guéret propose un BTS Domotique. Pour les élus locaux qui ne rêvent que de « digi-tal valley » au pays du confit de canard, investir sur les seniors est une idée qu’il faudrait éviter de laisser vieillir.

TENDANCE Domotique, aides à domicile, tourisme : les personnes âgées consomment et créent de l’emploi. Comment la « silver économie » fait vivre le département ?

Le troisième âge d’

En octobre, durant « Seniors, soyez sports », une initiative du Département qui permet aux seniors de tester de nouvelles activités. PHOTO JEAN-CHRISTOPHE SOUNALET/« SO »

REPÈRES

3e ou 4e

Le premier âge correspond à l’enfance, le deuxième âge aux actifs et le troisième âge aux retraités autonomes. Le quatrième âge désigne alors les personnes âgées dépendantes. Quid d’un « cinquième âge » ? Il correspond à l’idée que l’on vit longtemps et que les centenaires sont de moins en moins rares...

Dossier

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or du Périgord

Dans un département où un quart de la popu-lation a plus de 65 ans – un tiers d’ici 2020 –, le poids économique du secteur sanitaire et social n’est pas mince : il regroupe plus d’un tiers des emplois dans le département. On compte ainsi 61 services d’aide à domicile ; 25 structures publiques, les centres commu-naux d’action sociale (CCAS) ou intercommu-naux (Cias), 25 associations et 11 entrepri-ses. La Dordogne est aussi pourvue de 75 établissements d’hébergement pour per-sonnes âgées dépendantes (Ehpad). Soit en-viron 106 lits pour 1000 habitants de 75 ans et plus : c’est un taux supérieur à la moyenne nationale et régionale. La Dordogne a su construire avant les autres, et ne souffre pas des besoins des Landes ou de Gironde. Un choix politique, puisque 90 % des Ehpad pu-blics et associatifs ont été réalisés entre

1994 et 2014, sous la présidence de Bernard Cazeau. Et ce, sans compter le gros maillage des maisons de retraites ou résidences non médicalisées.

On compte aussi 550 places de familles d’accueil agréées pour les personnes âgées. Les seniors y ont leur chambre mais ne res-tent pas seuls, et peuvent prendre leurs repas en commun. C’est peu connu, mais c’est aussi une source d’emplois, puisque les 235 accueillants agréés sont plus ou moins les « salariés » des seniors locataires. Ceux-ci conservent un mode de vie rural – en gé-néral, les accueillants ont leur grande maison à la campagne – entre jardins partagés et ac-cès aux commerçants du coin. C’est idéal pour les hommes veufs, souvent perdus sans leur compagne. Le Département chercher ré-gulièrement des volontaires pour cet accueil.

Les personnes âgées créent de l’emploi. Selon les estimations du Conseil départemental, ce sont plus de 2 000 postes d’auxiliaires de vie qui de-vraient se libérer ou s’ouvrir sur la Dordogne d’ici 2020. Logique : les aides à domicile actuelles vont partir à la retraite, et le nombre de seniors ne cesse d’augmenter. D’après l’Insee, les plus de 65 ans, représenteront 71,1 % de la population en 2040. C’est carrément un cinquième âge qui s’apprête à relever le défi du maintien à domi-cile, du fait de l’allongement de l’espérance de vie. D’ici cinq ans, « il n’y aura pas plus de person-nes de plus de 60 ans mais une augmentation de 30 % des plus de 85 ans », précise Sophie L’Hôte, la directrice départementale de la solidarité et de la prévention. Cette génération d’octogénai-res sera en demande d’accompagnement, mais pas seulement en cas de dépendance. Sophie L’Hôte parle d’un simple « ralentissement du rythme de vie », qui force la personne à avoir be-soin d’aide pour jardiner, changer une ampoule électrique ; ce genre de gestes du quotidien. Ce marché des petits travaux domestiques, déjà bien loti, risque exploser.

Repérage des motivations et mises en situation Mais c’est surtout le secteur des auxiliaires de vie qui va recruter. Dans un même temps, les « ai-dants naturels » d’une génération de personnes âgées dépendantes – c’est-à-dire leurs enfants, en gros – vont devenir de plus ou moins jeunes re-traités, qui vont aussi avoir besoin d’intervenants extérieurs. Or, un tiers du personnel actuelle-ment en poste partira à la retraite d’ici 2020. Les services du Conseil départemental sont face à ce double enjeu. « Un enjeu de remplacement de ces personnels, et un enjeu de transmission des

savoir-faire et savoir être », résume Sophie L’Hôte. Car on n’apprend pas le métier d’aide à domicile à l’école, on le devient. La dimension humaine, presque psychologique, a pris de l’ampleur en plus des aspects techniques de la profession. « On est loin de l’aide ménagère de l’époque », ex-plique Sophie L’Hôte. « Mais il y a encore besoin de modifier le regard de la société sur ces métiers encore dévalorisés… » Pour recruter, le Dépar-temental envisage d’orchestrer un système de « prérepérage » des motivations, auprès d’orga-nismes, associations ou Pôle Emploi. Il s’agit de débusquer « des gens qui ont des aptitudes, au-delà des qualifications ». Les candidats seraient mis en situation. La campagne de recrutement pourrait débuter dans les prochains mois. A. V.

DÉPENDANCE Un tiers du personnel actuel partira à la retraite, alors que les seniors de plus de 85 ans vont augmenter d’un tiers

Plus de 2 000 emplois à créer d’ici cinq ans

Les auxiliaires de vie devront transmettre leur « savoir être ». ARCHIVES J.-C. SOUNALET

61 services d’aide à domicile, 75 Ehpad, 25 associations

Le plus gros budget Le secteur social représente la moitié du bud-get de fonctionnement du Conseil départemen-tal. Sur ce budget global de 212 millions d’eu-ros, sur quoi pèse notamment le versement du RSA, l’aide aux personnes âgées a représenté 62,5 millions d’euros en 2015. Le Département est au cœur du système du soutien aux seniors : c’est lui qui définit les plans d’aides individuels, après évaluation du degré de dépendance des personnes et de leur situation personnelle. Tout est étudié, pour ap-précier les besoins de la personne : état de santé, revenus mais aussi environnement, l’état du domicile, la présence de voisins, d’une famille proche, etc. Ensuite, la personne peut solliciter la structure de son choix, privée, pu-blique ou associative.

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Ces tableaux ont été réalisés par Pouey In-ternational, spécialiste « Business to busi-ness » du renseignement commercial et fi-nancier garanti et du recouvrement de créances. Chaque tableau classe les entre-prises par ordre décroissant de leur chif-fre d’affaires. Pour plus de cohérence, ce-lui-ci est considéré au prorata sur 12 mois ; les sociétés n’ayant pas toutes un bilan sur 12 mois. Le 1er classement ci-contre porte sur les 50 premières entreprises de l’ensemble du département, toutes activités confondues. Il est par la suite décliné en « tops 50 » sec-teur d’activité par secteur d’activité : ex-port, industrie, commerce, services, agroa-limentaire et bâtiment-travaux publics.

Qui ? Ces informations concernent exclu-sivement les entreprises privées dont le siège social est situé dans le département et qui ont déclaré leur bilan. Pour cette rai-son, certaines sociétés présentes dans le département ne figurent pas dans les ta-bleaux.

Comment ? Ces données officielles sont col-lectées auprès des greffes des tribunaux de commerce dans les semaines qui pré-cèdent leur publication. Les entreprises ne déclarant pas leur bilan ne peuvent donc pas figurer dans ce palmarès.

Quant aux secteurs d’activité, ils ont été établis par rapport au code NAF d’appar-tenance de chaque société. La NAF (no-menclature des activités françaises) est éla-borée par l’Insee.

Quand ? Les chiffres indiqués sont ceux des bilans clôturés en 2013, 2014 voire 2015.

Combien ? Les valeurs sont exprimées en « kilo euros ». Cela signifie que s’il est écrit 1 700 K€, il faut comprendre 1 700 000 eu-ros.

Quoi ? Outre le rang de classement, la dé-nomination et la commune de domicilia-tion du siège social, ces tableaux mention-nent les derniers chiffres hors taxes déclarés par chaque entreprise soit : son chiffre d’affaires (CA), son chiffre d’affaires export (égal à 0 quand l’entreprise n’a pas d’activité à l’étranger) et son résultat net à la date de clôture de leur bilan.

Par ailleurs, est indiquée pour chaque société, l’évolution en pourcentage de son dernier chiffre d’affaires connu par rap-port à celui de l’année précédente. Pour le même numéro siren, elle a été calculée sur la base de bilans de même durée et sur la même période (exemple : de janvier à dé-cembre). Quand seul le dernier CA est dis-ponible, cette évolution n’a pas été calcu-lée.

Enfin, par défaut, les entreprises des clas-sements ne font pas état de chiffres conso-lidés (pour un groupe, somme des chiffres des entités le constituant). Cependant, cer-tains chiffres consolidés sont indiqués si le groupe en a fait communication.

De ce fait, certaines entités d’un groupe peuvent figurer en leur nom alors que le nom de leur groupe d’appartenance fi-gure aussi dans le classement.

Comment lire les tableaux ?

Assiste-t-on aux prémices d’une reprise de l’économie dans la ré-gion ?

Oui, nous avons plusieurs signes tangibles. Depuis neuf mois, notre région connait une baisse des défaillances de -2,24 %, contre -0,66 % au plan national. Ceci étant, cette re-prise concerne la majorité des régions fran-çaises et de nombreux secteurs, en particulier les services. Mais certains sont très fragiles, comme l’hôtellerie-restauration, qui a subi une hausse de 6 % des défaillances.

Avant de parler de tendance de fond, la re-prise devra donc être confirmée dans les mois à venir.

L’un des relais de croissance est l’ex-port. Quels sont les secteurs qui s’en sortent le mieux ?

Tout d’abord, au plan national, seule une PME sur trois exporte. Parmi les secteurs plus porteurs à l’étranger, on trouve les produits agroalimentaires, les équipements technolo-giques. En particulier l’aéronautique, ses sous-traitants et fournisseurs, bien implan-tés dans le Sud-Ouest, et les vins et spiritueux. Par ailleurs, il y a une bonne dynamique éga-lement dans l’industrie pharmaceutique grâce à certaines ETI (Entreprises de taille in-termédiaire, NDLR) performantes, à l’image de Ceva Santé Animale. Notre nouvelle future grande région aura donc des positions à l’ex-port fortes. Elle représentera au total environ 5 % des exportations françaises.

Quelles sont les ingrédients nécessai-res pour une PME qui souhaite réus-sir à l’étranger ?

La vente à l’export suppose une très bonne connaissance des usages commerciaux, des différences culturelles et linguistiques, du contexte des pays, des circuits de distribu-tion, de la réglementation. En outre, il faut veiller à s’assurer de la solvabilité de ses clients. En effet, dans de nombreux pays (États-Unis, Suisse…), les entreprises ne sont pas tenues de publier leur bilan. La mise en place d’une garantie financière sécurisera la relation.

PROPOS RECUEILLIS PAR NICOLAS CÉSAR

BERTRAND LACAMPAGNE Président du directoire de Pouey International

TROIS QUESTIONS À...

Dordogne

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En 34 ans, le métier a particulièrement changé. Initialement dédiée à la for-mation des chauffeurs, la famille Val-

lade s’est lancée en 1981 comme autocariste, dans tout ce que le secteur peut compter de variétés (scolaire, tourisme, etc.).

L’entreprise brantômaise a développé son éventail au point de se faire également agence de voyages. Le prestataire s’occupe de tout : réservation des nuits, choix des ta-bles, préparation des sorties… « C’est du clé en main. Celui qui ne souhaite pas sortir son portefeuille de tout le voyage n’aura pas à le faire », explique Thierry Vallade. Un service très largement prisé par des seniors.

Le spécialiste du transport en autocar va même jusqu’à proposer des prestations in-cluant de l’aérien (par exemple pour se ren-dre en Crête). « C’est réconfortant pour des clients qui n’ont pas l’habitude avec les aé-roports, qui s’inquiètent parce qu’ils ne sa-

vent pas où ils vont garer la voiture ou com-ment cela va se passer à l’enregistrement. On est là pour les y conduire, pour les assis-ter dans les formalités. Ils ont un problème ? Ils savent vers qui se tourner. Ils paient plus cher qu’un voyage trouvé sur Internet mais ils savent qu’ils achètent un service. On les sécurise », décrit Thierry Vallade. Le carac-tère familial de l’entreprise participe à les tranquilliser : « Un tiers de nos clients nous fait la bise. » Outre un guide local, chaque voyage profite d’un accompagnateur, pré-sent du début à la fin du séjour. Il sera tan-tôt conseiller, tantôt psychologue, tantôt médiateur…

« Il faut apporter plus d’originalité » « Aujourd’hui, il faut apporter plus de dis-tance, plus d’originalité », avance Alice Val-lade. Nombre de séjours sont organisés en Europe de l’Est, comme en Croatie ou au Monténégro, ainsi que dans les îles britan-niques, en Écosse ou Irlande. Les demandes de sorties culturelles sont plus nombreuses. Les clients réclament également des temps consacrés au farniente. Ce qui revient par-fois à résoudre la quadrature du cercle.

Le confort dans l’autocar ne tient plus de l’option. La société s’est dotée d’une flotte intégrant les équipements facilitant les lon-gues heures de route : toilettes, air condi-tionné, repose-pieds, vidéo, sièges inclina-

bles, décalables dans l’allée, etc. Le besoin de sécurité s’observe à la longue liste d’équipe-ments mis en place : « C’est 10 000 à 15 000 euros de plus à l’acquisition, ce n’est pas facturable au client, mais c’est indispen-sable. » En 2013, 520 000 kilomètres avaient été parcourus par les véhicules de la socié-

té, soit treize fois le tour du globe. L’entre-prise Voyages Vallade, qui fait travailler près de 25 personnes (18 équivalents temps plein), s’est engagée dans la démarche qua-lité Afnor - Réunir LeRéso, certifiée par un or-ganisme extérieur. THOMAS MANKOWSKI

Alice Vallade avec son fils Thierry Vallade. PHOTO T.M.

BRANTÔME L’entreprise Voyages Vallade propose des séjours prisés par les seniors

Le voyage « clés en main »

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A la retraite, c’est le symbole de la liber-té retrouvée qui déclenche le plus souvent l’achat d’un camping-car.

« Les clients sont pour 80 % des retraités », confirme le patron de Périgord VDL, Véhicu-les de loisirs, à Brantôme. Benaouda Abbou dirige cette filiale du groupe de loisirs Triga-no, rachetée en 2004 à son créateur Claude Martinot. Cet artisan installé depuis 1978 en Dordogne avait su faire de la marque Font Vendôme une référence en matière d’ingé-niosité d’aménagement et de facilité d’utili-sation. Ses fourgons passe-partout, à l’origine équipés sur-mesure de manière artisanale, ont depuis longtemps une belle réputation dans le petit monde des camping-caristes. Ils venaient autrefois de loin pour en pren-dre livraison à Brantôme. L’entreprise a pen-sé à eux, en installant une agréable aire de service juste à côté de ses ateliers.

Hausse des exportations L’entrée dans un groupe leader dans les vé-hicules de loisir a changé la donne, mais plu-tôt en positif. L’entreprise a connu depuis une belle expansion qui a fait doubler sa sur-face de fabrication avec 7 000 m² d’ateliers et désormais 115 personnes y travaillent, pro-duisant près d’un millier de véhicules par an. Ils se vendent sous les marques Font Vendôme en France et Karman à l’exporta-tion.

L’expansion continue, puisqu’en 2016, le chantier d’un nouveau bâtiment, qui dou-blera la surface, sera lancé. « Avec le nouvel

atelier, dans les quatre ans à venir notre ob-jectif est de doubler notre production avec un effectif de 200 personnes », annonce le directeur. Il mise aussi sur la hausse des ex-portations qui atteignent déjà 35 %. Le mar-ché qui avait connu une baisse avec la crise est reparti à la hausse, offrant sur le dernier exercice un bond de 30 % du chiffre d’affai-res à 31,7 millions d’euros. Font Vendôme est sur le segment dit des vans aménagés. Des modèles qui vont de 4,99 à 6,40 mètres. Les fourgons achetés tôlés sont découpés pour créer des ouvertures, voire équipés de ré-hausses pour certains modèles. Mais ils gar-dent l’aspect d’une camionnette et non celle d’une caravane. C’est un avantage pour le tourisme urbain et pour se stationner.

Dans les aménagements, l’isolation est très importante pour le confort. « Des clients

vont au ski avec et n’ont pas froid », explique Denis Pavageau, un autre responsable de l’entreprise lors de la visite des ateliers. Les éléments en polyester qui composent les cloisons intérieures, légères et esthétiques, sont fabriqués par des sous-traitants, de même que les éléments mobiliers en bois. « Ici nous assurons la conception des modè-les et le montage », explique Benaouda Ab-bou. L’usine s’appuie sur les unités du groupe Trigano pour se fournir. Un groupe qui a d’autres marques phares en matière de camping-cars, comme Chausson et Challen-ger.

L’industrialisation des composants per-met aussi d’utiliser des matériaux qui rédui-sent le poids des véhicules, donc leur con-sommation. « C’est un atout recherché par nos clients », souligne Denis Pavageau. De-

puis quelques années, de gros efforts ont été faits pour l’énergie, et les fourgons sont équi-pés de tableaux de bord électroniques qui permettent de suivre la consommation des batteries. Ces véhicules sont de plus en plus techniques pour gérer aussi l’eau potable, les eaux usées, le gaz et bien sûr de l’électri-cité. L’usage d’éclairages à led permet déjà faire beaucoup d’économies. Il faut au-jourd’hui de 90 à 190 heures pour réaliser l’aménagement d’un fourgon dans l’atelier de Brantôme. La gamme compte treize mo-dèles, du plus compact avec un toit qui s’ou-vre comme une tente, au grand fourgon. Dé-sormais Font Vendôme est agréé pour apparaître sur les cartes grises comme un constructeur automobile et la calandre des véhicules est ornée du logo FV de la marque. HERVÉ CHASSAIN

L’entreprise leader des fourgons aménagés, intégrée au groupe Trigano, est dirigée par Benaouda Abbou. PHOTO H.C.

BRANTÔME La société de camping-cars Périgord VDL est l’un des leaders du marché sur le segment des vans

Font Vendôme en formeLa silver économie en Dordogne

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Dans ce quartier aux portes du centre-ville de Périgueux, le Fournil de la Cité a sa clientèle de l’aube. Nombre

de personnes âgées, qui commencent la jour-née en achetant pain et quotidien. Les pré-noms s’échangent, les services aussi. Si un client ne peut venir chercher sa demi-ba-guette un matin, il arrive qu’une vendeuse, à la fin de son service, concède un détour pour la lui déposer. Un geste simple mais qui s’avère appréciable, de surcroît en ville.

De 4 à 15 salariés Faut-il y voir une manière de redonner du sens à la notion de commerce de proximité ? Du moins de revenir aux sources ? « Pas tel-lement. C’est plutôt une question de convic-tion, c’est mon éducation. Si une dame qu’on connaît bien nous demande et qu’on peut, alors on fait. Travailler pour faire de l’argent, c’est bien beau mais après ? Cette boulange-rie doit avoir plus de 100 ans. Elle a toujours été là pour les habitants du quartier. On doit être présent pour notre clientèle », défend

Jean-Pierre Gorbatch. À 39 ans, il a repris l’af-faire avec son épouse il y a neuf ans et demi. « On a commencé par refaire tous les labora-toires. On a renouvelé le matériel de produc-tion. » C’est désormais au tour du magasin et de la vitrine d’être rafraîchis. Jusqu’au 23 novembre, l’enseigne sera en travaux. Il y avait quatre salariés au moment de la re-

prise. Aujourd’hui, quinze personnes tra-vaillent place de la Cité. Le commerce déve-loppe un chiffre d’affaires de 650 000 – 700 000 euros. Tous les produits sont fabri-qués sur place : croissants, quiches, maca-rons, etc. Le premier boulanger embauche à minuit, le dernier part à 16 heures. Il s’agit de fabriquer du pain frais toute la journée. Évo-

lution du métier, le midi, la boulangerie se fait davantage sandwicherie. « Après la réno-vation, on créera un poste uniquement sur ce poste. » Une deuxième embauche est éga-lement envisagée.

Au four et au moulin Les métiers de l’artisanat sont intimement liés à un gage de qualité. Jean-Pierre Gor-batch dit mesurer les attentes de sa clientèle autant que son besoin de manger local. Alors la farine vient de Ribérac, les fraises de La Douze, les framboises de Cornille, le lait bio d’Atur. Cette notion de proximité se retrouve dans les passerelles établies avec des com-merçants périgourdins. Le Fournil de la Cité fournit en buns le Springfield Bagels et le Wiki Burger. Tous les mardis, la Ruche qui dit oui est accueillie gratuitement dans un local attenant : « il faut favoriser l’économie lo-cale. »

La boulangerie s’évertue d’être sur tous les fronts. Depuis peu, elle ouvre sept jours sur sept. Jean-Pierre Gorbatch développe égale-ment un service de paiement en ligne pour permettre aux plus pressés de commander leurs achats : « On est un commerce de proxi-mité mais on ne veut pas non plus s’interdire d’évoluer, affirme le patron, pâtissier de for-mation. Il faut être sur tous les créneaux. Il faut surtout aimer ce qu’on fait. Les person-nes qui travaillent ici, que ce soit dans les la-bos ou derrière le comptoir, ce sont des gens sincères. » THOMAS MANKOWSKI

Jean-Pierre Gorbatch a repris la boulangerie il y a neuf ans et demi. Depuis peu, l’enseigne ouvre sept jours sur sept, ce qui a permis la création de deux postes. PHOTO T. M.

PÉRIGUEUX La boulangerie du quartier de la Cité défend un « devoir » de proximité

« Il faut être sur tous les créneaux »La silver économie en Dordogne

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C’est une tournée quasi quotidienne. Désormais un rituel. Cinq fois par se-maine, un employé de la maison Ma-

lard prend la camionnette à 10 h 30. Jusqu’à 12 h 45, il fait le tour des maisons. En l’occur-rence, il dépose 25 à 30 repas en semaine, près d’une cinquantaine le samedi. « Quand on a commencé, on faisait 8 – 10 repas par jour », décrit le patron. Le service de portage à domicile a pris son essor, profitant à une clientèle qui a peut-être perdu en mobilité mais certainement pas le goût du bien man-ger.

David Malard, cinquième génération de charcutier-traiteur à Périgueux, est connu comme le loup blanc parmi les amateurs de bonne chère. Les plus anciens gour-mands se souviennent du grand-père Ri-cou, du père Daniel et aussi l’oncle de Da-vid, Guy. C’est son commerce, rue Pierre-Magne, qu’il a repris il y a de cela

18 ans. David Malard a instauré il y a 12 ans un système de portage. « Les clients nous ap-pellent tous les matins et on leur propose la cuisine du magasin : une gamme d’en-trées avec des salades, des pâtés, ou des sou-pes, cinq ou six plats cuisinés, deux ou trois poissons différents, des desserts maison, etc., décrit-il. Certains clients savent ce qu’ils veulent, d’autres nous laissent choisir pour eux. Alors on s’applique à varier et à équili-brer les plats de la semaine. » Le profession-nel prend en compte les éventuelles aller-gies, les alimentations sans sel ou les besoins de ceux pour qui il faut prévoir des plats finement hachés. « Les personnes âgées ont moins de facilité pour se dépla-cer ou pour cuisiner elles-mêmes mais elles restent attachées à la cuisine façon grand-mère qu’elles faisaient. »

Les repas complets sont proposés à par-tir de 11 euros. Un peu plus cher que le ser-

vice proposé par le centre communal d’ac-tion social (8,79 euros) mais en contrepar-tie de mets plus goûteux. Pour le commer-çant périgourdin, le portage a favorisé une embauche. Aujourd’hui, en comprenant le patron, ils sont trois à travailler au labora-toire. S’ajoutent quatre apprentis et trois vendeuses (dont une à mi-temps).

Attaché au quartier Si le service s’est bien développé, la petite entreprise ne cherche pas à trop grossir ses tournées à l’heure du déjeuner : « Il faut prendre gare à ne pas aller trop loin pour préserver la qualité. » David Malard fait va-loir le label Qualichef garantissant qu’au

moins 80 % de la marchandise est fabriquée maison. « Les gens veulent mieux manger et sont de plus en plus attentifs à consom-mer des produits de saison. »

Au cœur de Saint-Georges, le magasin Ma-lard présente les atours du commerce fami-lial. Le père vient de temps en temps y boire le café. « Maman aussi aime bien passer. Ça fait plaisir », sourit le patron, grand gaillard aux mains de boucher, à la voix puissante et au sourire généreux. « Je suis hyper attaché à cette petite boutique et à notre clientèle. Même si l’activité traiteur prend de l’am-pleur et qu’on a beaucoup de demande, je ne m’imagine pas la laisser tomber ». THOMAS MANKOWSKI

David Malard dans son magasin, rue Pierre-Magne à Périgueux. PHOTO T. M.

PÉRIGUEUX Pour satisfaire une clientèle moins mobile, le traiteur Malard a mis en place un système de portage à domicile. Un service bien apprécié

Les petits plats viennent à vous

La silver économie en Dordogne

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Lorsqu’il crée Access & Eau le 1er janvier 2015, Jérôme Bouillaud sait exacte-ment quelle orientation donner à son

entreprise. Artisan plombier par choix après une carrière de commercial et pour céder à une vraie passion du travail manuel, il s’est formé au métier avec lucidité et une idée économiquement viable.

« Avec l’arrivée des énergies renouvela-bles, je considère que c’est une profession d’avenir. Mais je ne voulais pas être plom-bier généraliste, j’ai préféré me spécialiser sur un créneau bien particulier : la partie sa-nitaire et son accessibilité ainsi que le trai-tement de l’eau. Les études de marché me donnaient raison, je me suis lancé », expli-que-t-il. En ciblant ses activités, l’entrepre-neur basé à Vallereuil, s’engage à respecter

la charte Handibat et répond à des besoins particuliers sur chaque chantier.

Les bonnes solutions « Que ce soit dans un aménagement de l’existant ou dans une création totale, j’in-terviens dans deux cas de figure. Dans l’ur-gence après un accident ou parce qu’on a

trop attendu, et en amont des problèmes chez ceux qui prévoient une baisse de leur mobilité ou simplement qui ne veulent pas se laisser prendre au dépourvu. Pour tous, il s’agit de réaliser une salle de bain fonction-nelle, sécurisée et confortable, mais aussi es-thétique. Nous cherchons ensemble des so-lutions aux besoins exprimés, tout en tenant

compte bien sûr des exigences techniques, du budget et du style recherché. »

Du sur-mesure réalisé dans la concerta-tion, avec des matériaux et des équipements adaptés, tels que des barres de maintien, des douches au niveau du sol ou avec un mini-mum de seuil, des WC surélevés, etc. « J’aime pouvoir trouver des solutions avec les clients et à la fin des travaux, la reconnais-sance est mutuelle. Le contact humain est important dans ce métier », confie-t-il.

Un réel potentiel démographique Moins d’une année après sa création, l’en-treprise de Jérôme Bouillaud tire son épin-gle du jeu. Aujourd’hui, l’équipement en ac-cessibilité des sanitaires représente 70 % de ses activités, et l’artisan voit bien ce secteur avoisiner les 100 % à moyen terme. « En Dor-dogne, la courbe démographique offre un vrai potentiel. Les pouvoirs publics multi-plient également les incitations au main-tien à domicile et cela passe par des aména-gements en conséquence… »

Jérôme Bouillaud travaille actuellement à l’établissement d’un réseau pour faire con-naître les spécialités qu’il maîtrise et la qua-lité de ses services. Il compte sur le bouche-à-oreille, qui a déjà fait son office mais aussi sur les liens à établir avec les « partenaires santé », tels que les aides à domicile ou en-core les ergothérapeutes. TITIA CARRIZEY-JASICK

Jérôme Bouillaud réalise des équipements sanitaires sur-mesure. PHOTO T. C.-J.

VALLEREUIL Le plombier Jérôme Bouillaud a choisi de se spécialiser dans l’aménagement de salles de bains conformes aux normes d’accessibilité

La salle de bain se fait plus sûreLa silver économie en Dordogne

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Son profil de peintre est plutôt atypique. Au départ Philippe Reynal avait été pous-sé vers des études de charcutier traiteur.

Mais il a préféré s’expatrier pour partir tra-vailler dans la restauration au Moyen-Orient où il est devenu économe pour des établis-sements. Un jour il a claqué la porte pour re-venir dans sa ville natale de Périgueux, avec l‘envie de se mettre à la peinture. Formé sur le tas chez des patrons, il a fondé il y a 15 ans sa propre entreprise sous son nom.

L’histoire a bien fonctionné puisque sa so-ciété a compté jusqu’à 24 personnes interve-nant sur de gros chantiers comme celui de la nouvelle mairie de Périgueux. « Au-jourd’hui j’ai réduit les effectifs à 18 », expli-que l’entrepreneur qui a préféré se replier sur des marchés plus petits en s’adressant surtout aux particuliers. « J’aime bien pou-voir proposer du sur-mesure pour répondre aux besoins des gens ». Le peintre est devenu décorateur pour « pouvoir concevoir un

aménagement intérieur dans sa globalité ». Ce qui l’amène d’ailleurs à se former dans d’autres corps de métier comme la plombe-rie. C’est en intervenant dans la rénovation de l’appartement d’une personne handica-pée qu’il a eu l’idée de développer un con-cept qui facilite la vie : un genre de rampe in-telligente qui fait le tour de l’appartement comme un fil d’Ariane, sur lequel on peut trouver des aides comme des boutons d’ap-pel ou des informations.

« Fonctionnel et pas trop laid » La rencontre avec François Weber, médecin hospitalier retraité devenu artiste peintre ré-puté, a aussi enrichi son idée. Ce dernier avait inventé un système de rampe pour accro-cher des vases à fleurs ou des flacons de cos-métiques, conçus avec une échancrure par-ticulière baptisée Clippall. Ensemble ils ont postulé pour le concours régional d’innova-tion des chambres de métiers Novus. Ce con-

cours a permis de faire avancer leur projet qu’ils développent discrètement pour ne pas se faire piquer l‘idée de leur « rampe inno-vante ». Ils doivent créer une société en com-mun pour la développer en 2016 et pouvoir proposer ce nouveau produit aussi bien aux particuliers qu’aux lieux recevant du public (hôpitaux, maisons de retraite…), où ce sys-tème doit contribuer à renforcer l’accessibi-

lité. Ce rail intégré dans la décoration est à la fois un support de domotique et d’accessoi-res du quotidien et un point de repère « fonc-tionnel et pas trop laid » pour les personnes handicapées ou âgées qui occupent les piè-ces équipées. Les deux inventeurs ont le sou-tien de la Chambre de métiers et plein d’es-poir pour l’avenir. HERVÉ CHASSAIN

Philippe Reynal s’est associé à François Weber pour trouver des solutions d’aménagement pour les personnes handicapées ou âgées. PHOTO H. C.

PÉRIGUEUX Le peintre Philippe Reynal oriente de plus en plus son activité vers des aménagements intérieurs et des innovations qui facilitent la vie

Un Fil d’Ariane dans la maison

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En reliant le téléviseur du foyer, une tablette numérique, le téléphone et quelques détec-teurs simples, on peut mettre en place un ser-vice assez complet d’aide au maintien à domi-cile de personnes âgées. C’est le but que se sont donné des chercheurs de l’Inria (Institut na-tional de recherche en informatique et auto-matique) de Bordeaux. Le projet DomAssist, testé en Gironde, va bientôt l’être en Dordo-gne. Les chercheurs avaient prévu tous les pro-blèmes de la vie quotidienne : casseroles ou-bliées sur le feu, rappels de médicaments à prendre et de rendez-vous, lumières automa-tiques pour se lever la nuit et surtout contact facile et renforcé avec un service d’aide et avec la famille.

Le procédé avait été repéré à Chancelade par le président du Conseil des seniors Alain Balin-ziala et avait intéressé son maire Michel Testut. La commune s’est portée volontaire pour l’ex-périmentation dès 2013. Mais pour des ques-

tions de compétences et de financement, c’est le Grand Périgueux qui a récupéré le dossier et accepté de participer à l‘expérimentation en s’adossant à Cassiopea, l’association spécia-lisée dans le maintien à domicile en Dordogne.

90 % de satisfaction « Avec 30 % de personnes âgées dans l‘agglo-mération de Périgueux, c’est important de par-ticiper à une telle opération », explique Élisa-beth Dartencet, vice-présidente en charge du dossier à l’agglomération. « Il y a l’aspect sécu-rité, mais plus encore c’est le lien social qui est important. Ces outils permettent de le renfor-cer ». L’investissement par logement est esti-mé autour de 1 200 euros, les équipements étant issus du commerce grand public. Un quart du financement doit être pris en charge par le Grand Périgueux. Une centaine de foyers test vont être équipés dès 2016 dans l’agglomé-ration. Pour Nicolas Naïbo, il faut faire preuve «d’empathie, d’écoute, de patience». PHOTO F. D.

La domotique pour rester EXPÉRIMENTATION Des chercheurs en informatique de Bordeaux et peu onéreux pour aider les personnes âgées. Des tests sont prévus au

La silver économie en Dordogne

ADRIEN VERGNOLLE [email protected]

Allô, bobo. À l’heure où l’on attend tout de la domotique et des mai-sons intelligentes – il n’est pas loin

le jour où le frigo commandera lui-même les courses via Internet, avec livraison à do-micile –, la téléassistance fait figure de pionnière dans les relations électroniques avec l’usager âgé. C’est le bouton qu’on peut garder en sautoir, et sur lequel on ap-puie quand on tombe ou qu’on a besoin d’aide. En Dordogne, c’est l’association Cas-siopéa (1) qui répond et veille aux 4 500 adhérents de son service de téléas-sistance.

Depuis une vingtaine d’années que cela dure, le système est rodé : le pendentif per-met un contact direct car il est muni d’un haut-parleur. L’opératrice peut alors faci-lement prévenir les proches de la per-sonne, ou un médecin, les secours, etc. se-lon la gravité du cas. Une permanence est garantie 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 (la nuit, les pompiers prennent le relais). C’est l’unique service de téléassistance conven-tionnée par le Département et le seul qui a son centre d’appel dans le département, ce qui permet de tenir les concurrents à bonne distance.

Maltraitance à éviter et aidants à soigner L’an dernier, sur 50 000 appels reçus par an à la centrale téléphonique, 3 856 ont né-cessité une intervention à domicile. Et ce n’est pas qu’à sens unique : les agents aus-si composent le numéro des abonnés, pour

des « appels de convivialité » et des visites à domicile sont aussi organisées – et plus encore en cas de canicule, par exemple. L’association grandit avec son public. « Il y a dix ans, Cassiopea comptait 2 600 adhé-rents, plus de 5 400 aujourd’hui (tous ser-vices confondus, NDLR). Il y a 10 ans Cassio-pea comptait à peine 20 salariés, ils sont près de 45 aujourd’hui », se félicite le doc-teur Frédéric Woné, président de Cassio-péa depuis 2005, dans le dernier édito de sa gazette trimestrielle.

Surtout, en dix ans, Cassiopéa a étendu ses interventions. Outre la téléassistance, c’est l’association qui conduit « Bien vieillir », le programme de prévention dé-partementale. Objectif : réduire les cas de dénutrition, surmédication, intoxications ou chutes parfois mortelles – bref, les acci-dents de la vie courante – via des séances de sensibilisation et des ateliers pratiques.

« Cassiopéa estime qu’il faut ‘‘humaniser les nouvelles technologies’’ »

Via le centre d’écoute Alma 24, Cassiopea travaille aussi à la lutte contre les maltrai-tances des seniors – 65 cas recensés l’an der-nier. Et c’est aussi elle qui développe des « Cafés des aidants », pour soulager la fati-gue des familles de seniors dépendants. Car tout s’enchevêtre : les aidants débor-dés peuvent être amenés à maltraiter – psy-chologiquement parlant – les personnes âgées…

Depuis le début de l’année, Cassiopéa participe à la diffusion de la « Mémoclé » pour les victimes de pertes de mémoire, sur une idée de la Maia de Périgueux et du Verger des Balans. C’est un bracelet aiman-té qui contient une mini-clé USB, pleine des données et coordonnées de la personne. Utile, si celle-ci s’égare ou ne sait pas répon-dre à son médecin. Cassiopéa y a vu un « complément très intéressant à la téléas-sistance », en attendant les projets de car-

net de santé électronique et connecté. Pour le Dr Woné, il faut « humaniser les nouvel-les technologies » au service des personnes âgées, mais sans les refuser. Le téléphone hier ; la télémédecine demain. Même con-nectée, la vieillesse aura besoin d’êtres hu-mains auprès d’elle. C’est dire si la téléas-sistance a aussi de beaux jours devant elle.

(1) Cassiopéa, 29 rue de Metz à Périgueux. Rensei-gnements au 05 53 53 20 40 et www.cassiopea.fr

TÉLÉASSISTANCE L’association Cassiopéa, passée de 20 à 45 salariés en 10 ans, veille sur les 4 500 propriétaires de son pendentif électronique

Le bouton qui marche sans

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Renée de Périgueux a acheté cet été une tablette numérique. À 85 ans, n’ayant jamais touché un ordinateur, elle veut apprivoiser cette nouvelle technologie, pour simplement écouter de la musique ou échanger des mails avec son amie du Bugue. Sur les conseils d’une amie, elle a ap-pelé Nicolas Naïbo à la rescousse. La tablette po-sée sur sa table de salle à manger, la séance à do-micile va démarrer pour dompter les mails. Cet auto-entrepreneur quadragénaire de Boula-zac, conseiller en développement avec sa socié-té 2C2N, s’est lancé l’été dernier dans cette nou-velle activité, constatant un véritable besoin grandissant. Responsable technique chez Cas-siopea (lire ci-contre) pendant 10 ans en Dordo-gne, il a pu mesurer la fracture numérique. « Au cours de mon expérience, je côtoyais des per-sonnes âgées et des personnes handicapées iso-lées, qui souhaitaient garder du lien social. Par-mi les solutions, il y a des technologies, comme la téléassistance mais il faut aller au-delà, ac-compagner les personnes dans ces nouvelles pratiques. Je peux proposer des solutions adap-tées simplifiant l’outil. »

Simplifier l’outil En premier lieu, Nicolas Naïbo évalue le besoin, écoute les envies afin d’orienter vers l’achat d’un équipement adapté. Pas besoin d’acqué-rir un PC dernier cri à 2 000 euros pour vision-ner les photos du petit-fils reçues par mail. La deuxième étape consiste en la simplification du nouvel outil : smartphone, tablette, ordina-teur. Cela peut passer par un nettoyage et une

customisation de l’écran d’accueil, une confi-guration. Puis, il faut entrer dans le vif du sujet comme apprendre à naviguer sur les réseaux sociaux, à envoyer et recevoir de mails, à surfer sur Internet, à établir des conversations vidéo, etc. « 60 % de la population a plus de 60 ans. Il y a un besoin. Il y a un passage obligé vers le nu-mérique. Plus cela ira, plus il y aura un besoin d’accompagnement pour cela. »

Aujourd’hui, Nicolas Naïbo suit régulière-ment une dizaine de personnes âgées aux sou-haits divers et variés mais pour lesquels il faut toujours faire preuve « d’empathie, d’écoute, de patience ». « Le but est de les rendre autono-

mes dans leur usage domestique au quotidien et d’être là en terme d’assistance. » Cet accom-pagnement se conjugue évidemment avec tout un panel de conseils sur les virus, sur les risques en général sur Internet, ce qu’ils peuvent faire ou ne pas faire, les mettre en garde avec l’usage de la carte bancaire, les mails frauduleux, etc.

Selon une étude du Crédoc de 2012, les per-sonnes âgées utilisent en premier lieu leurs ou-tils informatiques pour envoyer et recevoir des mails, puis pour consulter des informations pratiques sur Internet, lire la presse, aller sur les réseaux sociaux et acheter en ligne. FRANCK DELAGE

Pour Nicolas Naïbo, il faut faire preuve «d’empathie, d’écoute, de patience». PHOTO F. D.

BOULAZAC L’auto-entrepreneur Nicolas Naïbo accompagne les personnes âgées pour les rendre autonomes avec les technologies numériques. Aujourd’hui, il suit régulièrement une dizaine de seniors

Il soigne la fracture numérique

Dans le sas de l’entrée principale, les boîtes aux lettres ne laissent planer aucun doute. La Gi-randière n’est pas une maison de retraite mais bel et bien une résidence où chaque locataire reste maître de son espace individuel et de l’or-ganisation de ses journées. Les 87 logements sont réservés aux personnes de plus de 60 ans (1) et les lieux se définissent en tant que « résidence avec services pour seniors ». Dans chaque appartement, du T1 de 27 m² au T3 de 55 m², les aménagements ont été étudiés pour simplifier le quotidien, de la douche italienne jusqu’au branchement Internet et l’accès à un bouquet de chaînes de télévision câblées.

Autonomie et sécurité Le concept a fait ses preuves : depuis son ou-verture, en septembre 2013 par le groupe Ré-side Études et placé sous la direction de Mar-tine Vogel, La Girandière de Trélissac affiche complet. La liste d’attente étant régulièrement renouvelée par un turn over de 2 à 3 sorties par mois. Le prix de location, de 1 250 à 1 870 euros par mois et par appartement, reste attractif en comprenant un certain nombre de servi-ces dont les charges, le service d’accueil, les animations, la téléassistance, la présence de personnels qualifiés 24 heures sur 24 et des es-

paces communs très agréables. « Nos rési-dents viennent de toute la Dordogne mais aus-si de toute la France, dans le cadre de rappro-chements géographiques familiaux, explique Denis Le Maout, attaché commercial à La Gi-randière. Tous apprécient de pouvoir conser-ver leur autonomie et leur indépendance tout en bénéficiant des services de la résidence mais aussi d’intervenants extérieurs. Chacun reste libre. Ici, nous recensons 10 % de couples et les personnes seules sont pour deux tiers des femmes. La situation de la résidence, au centre du bourg, son confort mais aussi les op-tions que nous proposons leur assurent sécu-

rité et bien-être et ceci même jusqu’en fin de vie avec les possibilités d’hospitalisation à do-micile. »

Restaurant avec plats frais et servis à l’as-siette ainsi qu’un salon privé pour recevoir la famille ou fêter des événements, chambres d’hôtes, lingerie, balnéothérapie, sorties orga-nisées et animations, animaux bienvenus… autant d’atouts sûrement à l’origine de cette réflexion faite par une résidente : « Ici, c’est mon Georges V ! ». TITIA CARRIZEY-JASICK

(1) Ou plus jeunes sur dérogation médicale.

La Girandière, résidence pour les plus de 60 ans comprend 87 logements. PH. T. C.-J.

TRÉLISSAC La Girandière propose un haut niveau de confort et des services à la carte

Des seniors comme à la maison

chez soi ont mis au point des outils simples tour de Périgueux

Les résultats des premières études en Gi-ronde viennent juste d’être publiés par l’Inria sous la direction des professeurs Charles Con-sel et Hélène Sauzéon. Ils montrent que les se-niors de la Haute Gironde de plus de 80 ans vi-vants seuls, chez qui le dispositif a été testé, ont vite atteint une utilisation experte et ont don-né des taux de satisfaction de plus de 90 %. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance avec des personnes n’ayant eu aucun contact avec des outils informatiques.

Le système est aussi porteur d’emplois pour l’installation en préparant des artisans pour la formation des personnes équipées et pour le suivi. Pour les chercheurs bordelais, le nou-veau test concernera un millier de foyers en Aquitaine. La finalité est que DomAssit de-vienne une véritable start-up proposant une solution industrielle pérenne pour le main-tien à domicile. HERVÉ CHASSAIN

La silver économie en Dordogne

Le médaillon de Cassiopéa existe depuis une vingtaine d’années. L’an dernier, il a permis près de 4 000 interventions chez des seniors en danger. ARCHIVES J.-C. SOUNALET

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Quel est le lien entre la plongée, les fu-sées et les vêtements chauffants ? Lu-dovic Cornec. Ce Breton d’origine ins-

tallé en Bergeracois a tracé une trajectoire professionnelle sidérante avant de se lancer dans le développement et la commercialisa-tion de vêtements et équipements chauffants pour les personnes handicapées, les seniors, les pratiquants d’activités extérieures, etc.

Ayant tourné le dos aux études assez tôt pour se consacrer à sa passion, la plongée, il a finale-ment fait demi-tour à l’âge adulte, et s’est jeté dans les bouquins alors que naissent les scien-ces des matériaux. Il décroche un diplôme d’in-génieur et ne tarde pas de se faire remarquer par l’aérospatiale. Il fait une carrière fulgurante qui l’amène aux États-Unis, puis en juillet 1994 à la direction recherche et développement à Po-lyrey à Couze pour rajeunir le stratifié et se met-tre au vert. Au bout de 10 ans, il reprend le large et monte sa société Diagonales Sud Technolo-gie à Saint-Agne.

Textiles innovants En plus de ses diverses collaborations, comme par exemple la mise au point d’un concept de largage d’étages de fusée basé sur un joint se disloquant avec de la chaleur, Ludovic Cornec s’attaque au marché de niche mais très promet-teur des vêtements chauffants. On est loin de la couverture chauffante avec sa résistance branchée sur le secteur. « Le dispositif de chauffe fait appel à des technologies émergentes de transfert d’énergie tel le rayonnement infra-rouge basse énergie, à des textiles bio-techni-ques innovants, des capteurs de nouvelle géné-ration, et à un design adapté aux conditions et contraintes d’usage des seniors », explique-t-il.

Ces vêtements totalement autonomes avec leurs petites batteries lithium intégrées sont légers et de surcroît jolis. Mais cela ne fait pas tout. Ludovic Cornec avance des enjeux médi-

caux et sociaux. Selon lui et des études sérieu-ses, la vulnérabilité au froid, impactant sur la mobilité et le système vasculaire, entraîne une dégradation accélérée des fonctions par man-que d’exercice, une fragilité aux affections dia-bétiques, au syndrome de Raynaud, à la phlé-bite. Enfin, au niveau social, le risque de désocialisation par réduction du champ rela-tionnel, et l’isolement sont à craindre.

Problèmes circulatoires « Nous voulons répondre aux populations de seniors victimes d’hypersensibilité au froid et d’affections secondaires liées à l’humidité et aux problèmes circulatoires des membres in-férieurs ; réduire les infections respiratoires et les coûts de traitements associés ; créer du lien social et culturel en facilitant l’accès aux activi-tés d’extérieur, loisirs et culturelles d’une popu-lation empêchée. »

Ludovic Cornec propose une gamme de la tête au pied (1), de la semelle chauffante télé-commandée aux sous-vêtements en passant par les pantalons, les polaires, les gilets mate-lassés, les ceintures lombaires, les sous-gants, les gants de luxe, etc. Il travaille actuellement à un concept de chauffage de mains sur les fau-teuils roulants avec l’AFM (Association française contre les myopathies). Son produit phare est le sous-gant. Il réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires sur ce seul produit de 60 000 euros et vise les 300 000 euros d’ici trois ans. Le mar-ché français du gant chauffant est d’environ de 1,5 million d’euros et celui du vêtement chauf-fant de 0,5 million d’euros. Ludovic Cornec est toujours à la recherche de partenaires et de sous-traitants pour développer cette gamme « made in France ». FRANCK DELAGE

(1) On peut retrouver ses produits sur www.handi-teq.com, www.exo2-france.com, www.seasmic.fr

Ludovic Cornec planche depuis une dizaine d’années sur sa gamme de produits. PHOTO F. D.

SAINT-AGNE Diagonales Sud Technologie développe toute une gamme innovante de vêtements chauffants en direction des personnes âgées

Chaud en toute circonstanceLa silver économie en Dordogne

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Il y a 30 ans, il y avait encore plus d’une ving-taine de fabricants de chaussons autour de Nontron. Aujourd’hui, la Sodopac, qui a suc-

cédé à l’entreprise Dogneton, est la dernière à Augignac. La résistance et la bonne santé de cet atelier créé en 1947 ne doivent rien au hasard. Laurent Delhoume, arrivé aux manettes en 1994, « après avoir épousé la fille du patron », y a ap-porté l’innovation qui fait la différence. Avec une formation en génie mécanique c’est un Géo Trouvetout qui a mis au point et breveté la fabri-cation d’une semelle en polyuréthane unique en son genre par son moelleux et sa tenue. « C’est une sacrée cuisine », sourit l’inventeur. Les chaus-sons de la maison ont séduit depuis 20 ans les acheteurs des hypermarchés Carrefour, qui les

vendent sous leur marque Tex et le label Made in France dans tous leurs magasins. « Ils nous en prennent 400 000 paires par an », résume le créateur. Soit près de la moitié de la production. C’est donc une entreprise en forme qu’il vient de céder pour prendre sa retraite à 60 ans. Et pas à n’importe qui.

Exporté au Japon et en Chine Sylvain Belle-Clot, venu lui aussi du génie méca-nique et du numérique (IBM, Matra, Compa-gnie de signaux…) avait envie d’autre chose. À 50 ans, conseillé par sa banque et séduit par le potentiel de la Sodopac, il s’est lancé dans l’aventure. « Il y a un an si on m’avait dit que j’al-lais fabriquer des chaussons ! », s’étonne-t-il en-

core. Accompagné par Laurent Delhoume avec qui le courant est très vite passé, secondé par son épouse Hélène pour la créativité, il se pas-sionne pour ce produit qui est présent dans tous les foyers.

Il a donc racheté le savoir-faire de la société qui conçoit, fabrique et assure même la logisti-que pour les magasins Carrefour. « Lorsque les responsables de l’enseigne viennent ici, ils par-lent de l’usine », s’amuse Sylvain Belle-Clot. Ce gros client lui laisse toute latitude pour dévelop-per sa propre gamme qui se vend déjà pour 10 % à l’export jusqu’à Dubaï et même au Japon et en Chine ! De quoi générer un chiffre d’affaires qui atteint 3,5 millions, faire travailler 38 personnes à Augignac et six commerciaux à l’extérieur.

Le repreneur pense que l’exportation ne peut que se développer et ne craint pas les produits asiatiques. « On ne fait pas la même chose grâce à notre super technique et nous avons des prix compétitifs ». Il mise aussi sur la créativité en re-visitant à la fois l’ancienne charentaise, en pro-posant des chaussons branchés et même en créant des modèles très différents au look scan-dinave pour les prochaines collections.

Il compte aussi sur le développement de la vente sur Internet. Sylvain Belle-Clot n’oublie pas l’image qualitative du Périgord qui ne peut que faire du bien à ses chaussons. Bref, il se sent à l’aise dans son usine à la campagne, d’où sor-tent 5 000 paires par semaine. HERVÉ CHASSAIN

Sylvain Belle-Clot vient de prendre la suite de Laurent Delhoume. PHOTO H. C.

AUGIGNAC L’entreprise de chaussons Sodopac fait du made in France créatif et compétitif pour les hypermarchés comme pour les détaillants

La confiance de la grande distribution

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Le vieillissement de la population à do-micile ou en structures spécialisées a créé ces dernières années un formida-

ble marché. Dans cet enjeu de société, l’entre-prise bergeracoise HMS-Vilgo joue un rôle pré-pondérant au niveau national et exporte de plus en plus son savoir-faire à l’international. « La société HMS basée à Lille et spécialisée dans le lit médicalisé a racheté Vilgo en 2007 pour en faire le champion français des pro-duits destinés au maintien à domicile, à l’ac-compagnement de l’autonomie à domicile et en Ehpad », explique Christian Jude, direc-teur général de HMS-Vilgo.

Innovation La force de l’entreprise bergeracoise est qu’elle conçoit ses produits de A à Z, des dessins du service recherche et développement jusqu’à la dernière touche design en passant par l’usi-

nage des tubes d’acier et d’aluminium bruts, l’assemblage, etc. Le catalogue, comptant des centaines de références avec des déclinaisons à l’infini, se répartit dans plusieurs gammes : l’aide au transfert des personnes comme les verticalisateurs pour soulever les personnes assises ou couchées ; les produits d’hygiène tels que les chaises garde-robe ; l’aide au bain comme les poignées pour sécuriser les salles de bains, les douches, les baignoires, les tables à manger, et enfin les aides à la marche comme les béquilles, les cannes, les déambu-lateurs, etc., secteur dans lequel l’entreprise est le premier fabricant français.

Cette dernière catégorie est la gamme phare et représente les meilleures ventes en terme de quantité. Sur un critère de valeur, ce sont les appareils de transferts électriques qui gonflent le plus le chiffre d’affaires de la socié-té. L’an dernier, HMS-Vilgo, qui emploie

170 personnes dont 90 à Bergerac, a réalisé un chiffre d’affaires de 24 millions d’euros auprès de ses distributeurs (pharmacies, magasins spécialisés) dont 10 % à l’export. Bien assise en France, l’entreprise redouble d’efforts hors de l’hexagone.

« C’est une part qui grandit. On y met beau-coup d’énergie. » L’Europe est déjà conquise par ses gammes innovantes. En plus des sa-lons internationaux, trois personnes sont dé-diées à plein-temps à ces nouveaux débou-chés. Un bureau est implanté au Canada pour couvrir le marché nord-américain. D’autres

portes s’ouvrent comme actuellement au Moyen-Orient et en Nouvelle-Zélande.

Sur ce marché à forte concurrence, où des producteurs asiatiques se placent grâce à leurs coûts de fabrication, l’entreprise tire son épingle du jeu grâce à l’innovation, à ses fini-tions maison, à la qualité de ses produits et à son savoir-faire 100 % français. Côté nouveau-tés, la maison vient de mettre sur le marché un siège de bain, non seulement pivotant comme ceux de ses concurrents, mais en plus mobile transversalement. FRANCK DELAGE

La société a mis au point un « verticalisateur » pour aider à soulever les personnes à mobilité réduite. PHOTO LOÏC MAZALREY

BERGERAC Le fabricant HMS-Vilgo est un champion français de produits d’aide à l’accompagnement des personnes âgées

Une béquille pour les aînés

La silver économie en Dordogne

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Innovation, technicité, sécurité, confort, modularité, etc. : les derniers modèles de Sunset Création, entreprise basée à Sauve-

boeuf, sont les fruits d’un travail mené depuis quelques années sur les besoins liés au grand âge. Et si depuis décembre 2014, Olivier Le Roux a passé le flambeau à Jacques Guilhem, du groupe du même nom à Montauban, c’est tou-jours lui qui développe les nouveaux produits.

« Spécialisé dans la sellerie et le garnissage de siège industriel, le groupe Guilhem était mon fournisseur depuis 25 ans, explique Oli-vier Le Roux. Leur savoir-faire s’exporte dans le monde entier. Rien ne change pour Sunset Création, le siège reste à Sauveboeuf et la fabri-cation se poursuit dans l’atelier de la prison de Mauzac, pour continuer à proposer des forma-tions diplômantes aux détenus dans le cadre de leur réinsertion. »

Il y a trois ans, l’entreprise lançait les « Ergo’tables », nées d’une recherche menée en collaboration avec des ergothérapeutes pour pallier les difficultés à se relever en cas de han-

dicap. « Nous avons étudié une table qui puisse servir d’appui, détaille Olivier Le Roux. Un sys-tème de découpes permet d’avoir des prises solides pour basculer vers l’avant et ainsi ga-gner de la force. Cette table est par ailleurs ré-glable en hauteur pour laisser passer les fau-teuils roulants. »

Avec un plateau « stratifié compact », élabo-ré par Polyrey à Couze-Saint-Front, l’Ergo’table se décline de 2 à 6 places mais aussi dans une version « 3 + 1 multi-occupationnel qui revisite le rapport malade/soignant ». Celle-ci permet de gérer trois patients à la fois, en vis-à-vis et donc à portée de vue en permanence, avec des tablettes pivotantes et des conditions de con-fort et de sécurité optimales.

Un potentiel à développer Bénéfices partagés également pour la chaise arrivée sur le marché en décembre 2014 et bre-vetée « Easy’roll ». Équipée d’un système de dé-charge de poids sur roulettes à actionner au pied, cette chaise facilite le travail des soignants

en luttant contre les TMS (troubles musculo-squelettiques). Dotée de surcroît d’une assise composée de mousse à mémoire de forme, elle s’avère d’un grand confort pour les patients.

Commercialisés via un réseau de distribu-teurs de matériel médical auprès de maisons de retraites, d’Ehpad (Établissements d’héber-gement pour les personnes âgées dépendan-

tes), de résidences seniors... les tables et les chai-ses ergonomiques répondent à une véritable attente. Et les progrès en termes de maintien à domicile laissent entrevoir de nouvelles pers-pectives pour Sunset Création, qui emploie 7 salariés et 25 détenus et affiche en moyenne un chiffre d’affaires de 800 000 euros par an. TITIA CARRIZEY-JASICK

La chaise Easy’roll est équipée d’un système de décharge de poids sur roulettes. PH. T. C.-J.

SAUVEBOEUF Sunset Création, spécialiste du mobilier en bois pour les collectivités, développe des tables et des chaises pour faciliter le travail des soignants et accroître l’autonomie des patients

Du mobilier ergonomique

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