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PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE DES MENUISERIES MIEUX ADAPTÉES À L’ISOLATION EXTÉRIEURE Les menuiseries extérieures doivent répondre à des exigences sévères en matière d’étanchéité à l’air, à l’eau et au vent. Quand elles sont conjuguées avec une isolation par l’extérieur, il faut en plus veiller à l’optimisation technico-économique des ponts thermiques. TEXTE : ALAIN SARTRE PHOTOS & ILLUSTRATIONS: AIB, AQC/THIERRY BEL, DELDI, LES ZELLES, MILLET, PAC DAMAS, TREMCO 44 QUALITÉ CONSTRUCTION N° 136 JANVIER / FÉVRIER 2013 PATHOLOGIE MISE EN ŒUVRE Solution de pose en applique extérieure préconisée par la société Les Zelles pour ses menuiseries en PVC à profilé avec aile plaquée contre le mur : mise en œuvre à l’aide d’une nacelle et fixation par pattes métalliques. Photos L Photos Les Zelles es Zelles

Solution de pose en applique extérieure préconisée par …mallette-pedagogique-bp.programmepacte.fr/sites/default/... · 2016-09-24 · En réhabilitation, ... des fenêtres et

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PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE

DES MENUISERIESMIEUX ADAPTÉESÀ L’ISOLATIONEXTÉRIEURE

Les menuiseries extérieures doivent répondre à desexigences sévères en matière d’étanchéité à l’air, à

l’eau et au vent. Quand elles sont conjuguées avec une isolation par l’extérieur, ilfaut en plus veiller à l’optimisation technico-économique des ponts thermiques.

TEXTE : ALAIN SARTREPHOTOS & ILLUSTRATIONS : AIB, AQC/THIERRY BEL,DELDI, LES ZELLES, MILLET, PAC DAMAS, TREMCO

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PATHOLOGIE MISE EN ŒUVRE

Solution de pose en applique extérieure préconisée par la société Les Zelles pour ses menuiseries en PVC à profilé avec aile plaquée contre le mur: miseen œuvre à l’aide d’une nacelle et fixation par pattes métalliques.

Photos LPhotos Les Zelleses Zelles

POUR EN SAVOIR PLUSTEXTES DE RÉFÉRENCE• NF DTU 36.5 Travaux de

bâtiment – Mise en œuvredes fenêtres et portesextérieures (octobre 2010) ;

• NF DTU 44.1 Travaux debâtiment – Étanchéité desjoints de façade par mise enœuvre de mastics (août 2012).

• Cahier 3709 du CSTBSystèmes d’isolationthermique extérieure parenduit sur polystyrèneexpansé: principe de mise enœuvre autour des baies –Liaison avec les fenêtres (e-Cahiers du CSTB, mai 2012).

• Cahier des prescriptionstechniques (CPT) n° 3035Systèmes d’isolationthermique extérieure avecenduit mince sur polystyrèneexpansé (Cahiers du CSTB,avril 1998) + modificatif n° 1(Cahiers du CSTB, cahier 3399,mars 2002) et modificatif n° 2(e-Cahiers du CSTB,cahier 3696, août 2011).

• European Technical ApprovalGuideline n° 004 (ETAG 004)External thermal insulationcomposite systems withrendering (août 2011).

RÉGLEMENTATION• Les réglementations

incendie et/ou sismiquelorsqu’elles sont applicables,en particulier les dispositionsdécrites dans le chapitre 5 del’Instruction Technique n° 249relative aux façades.

Les menuiseries extérieures s’adaptent àdifférentes poses: en applique intérieure,extérieure ou en tableau, cette dernièrecatégorie offrant également trois choix: aunu intérieur ou extérieur du gros œuvre,

ou en milieu de tableau. En France, les menuise-ries extérieures sont le plus souvent implantées audroit du nu intérieur des façades. Traditionnellement,elles reposent sur le rejingot maçonné d’un appuide fenêtre ou d’un seuil de porte. Le dormant estlogé dans une feuillure, réservation pratiquée dansl’épaisseur du mur en linteau et tableaux latéraux.Ce mode de mise en œuvre répond à des exigencesà la fois de résistance mécanique et d’étanchéité.En partie basse, la hauteur du rejingot limite lesrisques de remontée d’eau sous l’effet du vent. Surles côtés et en partie haute, le recouvrement partieldu dormant par la maçonnerie offre une protectioncontre la pluie battante. La jonction périphériqueentre la baie et le gros œuvre fait l’objet d’un calageavec réglage, d’une fixation et d’un calfeutrement.Initialement, le bourrage du joint était réalisé avecdu mortier (calfeutrement appelé «humide»). Ilest désormais assuré par des produits à étanchéitérenforcée, tels que mastics ou mousses cellulaires(calfeutrement dit «sec»). Cette évolution a favo-risé la pose en milieu des tableaux (qui peuventêtre à angle droit ou avec un ébrasement, c’est-à-dire un évasement conçu pour faire rentrer plus delumière). Dans ces cas, on parle de calfeutrement«en tunnel».

Baisse radicale du coefficient Uw« La résistance thermique des menuiseries a trèssensiblement progressé», rappelle Ludivine Menez,déléguée technique de l’Union des fabricants de

menuiseries extérieures (UFME). Cette amélioration,qui répond aux contraintes d’économie d’énergie,a été soulignée dans le cadre d’une étude conduiteen 2012 par la société de conseil et recherche TBC,pour le compte de l’UFME, en partenariat avec lepôle Fenêtre de la Fédération française du bâ-timent (FFB). Aujourd’hui, les fenêtres sont créditéesen moyenne d’un coefficient de transmissionthermique Uw de 1,5 W/m2.K. En 1988, ce mêmecoefficient était doublé, se situant aux alentoursde 3 W/m2.K. En 1975, il était estimé à environ5,7 W/m2.K : les déperditions étaient presquemultipliées par quatre…Selon les calculs réalisés lors de cette étude, encas de remplacement, les menuiseries actuellespermettent une réduction de 23 kWh/m2/an sur lesbesoins en chauffage par rapport à 1988. Pour lesconstructions antérieures à 1975, les gains dé-passent 50 kWh/m2/an. Suivant l’ancienneté dubâtiment, sa constitution et localisation, le renou-vellement des baies procure 11 à 85 % d’économiesen maison individuelle, et 18 à 95 % en logementcollectif.En réhabilitation, «dans le cadre d’un bouquet detravaux […], le changement de fenêtres est primordialpour disposer d’une enveloppe répondant aux impéra-tifs de faible perméabilité à l’air et d’isolation thermiqueélevée», résume en conclusion l’UFME. L’enquêtemontre que ce seul investissement est susceptiblede faire gagner une classe dans le Diagnostic deperformance énergétique (DPE) exigé lors des lo-cations ou ventes. Il serait ainsi possible de passerd’E à D, voire de D à C. «Au regard des économiescalculées sur les bâtiments-tests, nous jugeons que lescertificats d’économie d’énergie affectés au changementde fenêtres sont aujourd’hui largement ���

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Blocs-baies à support métallique en applique extérieure: système proposé par Pac Damas, société qui dispose d’une gamme complète de pré-cadres enacier galvanisé pré-peint ou laqué.

Photo PPhoto Pac Damasac Damas

L’Union des fabricants de menuiseriesextérieures (UFME) a pour vocationd’accompagner et de soutenir lesconcepteurs, fabricants et installateurs demenuiseries extérieures multi-matériaux(bois, aluminium et PVC), dans le respectdes Règles de l’art. Fin 2011, elle a publiétrois fiches didactiques dédiées à la miseen œuvre des fenêtres dans le cadre d’uneITE (1). Ces documents synthétiquesillustrent la pose selon troisimplantations: au nu intérieur avec ousans coffre de volet roulant, au nuextérieur du gros œuvre avec ou sanscoffre de volet roulant, et en applique extérieure avec ou sans

pré-cadre. « Dans une logique

d’augmentation des performances

énergétiques de l’habitat, les techniques

d’ITE se développent de plus en plus en

France et nécessitent la mise en place de

préconisations spécifiques pour les

menuiseries extérieures », commenteLudivine Menez, déléguée technique del’organisation professionnelle. Élaboréespar une commission technique,les fiches présentent les principalesrecommandations spécifiques dans lecadre d’une rénovation énergétique du bâtipar l’extérieur. Elles distinguentles prestations qui relèvent du lotmenuiseries de celles afférentes à

l’isolation, prestations devant être biencoordonnées sur chantier. De son côté,le Groupement du mur manteau (G2M) apublié selon le même principe desdocuments techniques qui analysent etillustrent par des coupes le détail de lajonction entre ITE et menuiserieextérieure (2). Ces fiches s’attachent àdeux modes de pose des menuiseries, enapplique extérieure et au nu extérieur, etvisent à la fois les solutions par enduit surisolant et par bardage. ■(1) www.ufme.fr/Documentation_technique-

50-2-49.html(2) www.groupement-mur-manteau.com/

infos-techniques

DES FICHES TECHNIQUESET DIDACTIQUES

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sous-estimés : il semble nécessaire à l’avenirde différencier ces fiches de calcul selon le typeet l’année de construction du bâtiment », déclarePhilippe Macquart, délégué général de l’organisa-tion professionnelle.

Marque Acothermet classement A*E*V*La performance thermique est valorisée par lamarque Acotherm, une certification gérée par leCSTB, le laboratoire Ginger-CEBTP et l’instituttechnologique FCBA (Forêt cellulose bois-cons-truction ameublement). Elle affiche trois caracté-ristiques: les déperditions surfaciques, la trans-mission lumineuse et le facteur solaire (apport dechaleur). Elle précise de plus l’affaiblissementacoustique procuré par la menuiserie. Les fenêtressont répertoriées en douze classes thermiquesallant de Th6 à Th17, par ordre d’efficacité crois-sante. La catégorie la plus faible, Th6, correspondà un coefficient Uw compris entre 2,2 et 2,6 W/m2.K.La plus performante, Th17, affiche un coefficient Uwinférieur ou égal à 0,8 W/m2.K.Autre critère de sélection, le classement A*E*V*vise la perméabilité à l’air (A*), l’étanchéité à l’eau(E*) et la résistance au vent (V*). Il est encadré parla norme NF DTU 36.5 relative à la mise en œuvredes fenêtres et portes extérieures, plus particuliè-rement sa partie 3 constituée par le fascicule dedocumentation FD P20-202-3 Mémento de choix enfonction de l’exposition. Ce mémento donne aux

maîtres d’œuvre des indications permettant de lesguider dans le choix des classes A*E*V* à préco-niser, en fonction:• du lieu d’habitation (huit régions climatiques – dont

quatre en outre-mer) ;• de la situation de l’habitation : zone côtière

exposée aux vents (notées 0), zone de campagneavec obstacles isolés (notées II), zone d’habitatdispersé (notées IIIa), zone urbaine ou indus-trielle (notées IIIb), zone fortement urbaniséeet/ou encombrée comprenant au moins 15 % debâtiments d’une hauteur moyenne supérieure à15 m (notées IV) ;

• de la hauteur du bâtiment au-dessus du sol,utilisée pour déterminer la pression du vent pourtoutes les fenêtres, sans distinction d’empla-cement. Cinq seuils de hauteur sont distingués:jusqu’à 9 m, puis 18, 28, 50 et 100 m maximum.

Plus d’isolation par l’extérieurLes impératifs d’isolation et d’efficacité énergé-tique ont impacté le montage classique des menui-series. Les doublages intérieurs sont devenus deplus en plus épais. La pose en applique intérieures’est ainsi développée pour limiter les ponts ther-miques. La génération des bâtiments à basse ettrès basse consommation, de type BBC, passifs ouencore «à énergie positive», entraîne à nouveauune réflexion sur la mise en œuvre des fenêtres.Ces constructions neuves économes ainsi que lessolutions de rénovation performantes font en effet

“Les impératifs d’isolation et d’efficacité énergétiqueont impacté le montage classique des menuiseries”

de plus en plus souvent appel à une Isolationthermique par l’extérieur (ITE). La recherche d’unoptimum technico-économique incite à prévoir leurimplantation côté nu extérieur des murs porteurs:les baies sont alors posées soit en tunnel, soit enapplique extérieure.La société TBC a également étudié le marché de l’ITEet constate que cette technologie, jusque-là enphase de développement lent, connaît en France unenette accélération. En 2009, la croissance annuelleétait estimée à 22 %, et les ventes évaluées à envi-ron 6,7 millions de m², selon une enquête effectuéeauprès de 500 professionnels. Elles représentaientalors environ 12% du marché total de l’isolation desmurs périphériques, dont 74% en rénovation. Deuxsolutions ont émergé: les enduits sur isolant (61%)et les bardages rapportés (27 %). Avec un total de10,3 millions de m2, l’année 2010 s’est traduite parune augmentation de 53 %. Cette progression a étésuivie en 2011 par une seconde hausse spectacu-laire de 58 %, soit 16,2 millions de m². Lors de cette dernière étude, les enquêteurs ontinterrogé par téléphone plus de 300 entrepreneurset artisans sur les principaux freins rencontrésdans l’utilisation de l’ITE. Pour 72 % des applica-teurs, le premier écueil reste le prix. Arriventensuite les difficultés de mise en œuvre: la ges-tion des points singuliers (42 %), l’adaptation auxcontraintes climatiques (38 %), puis la maîtrisedes raccords (21 %) et la conformité aux règles desécurité des échafaudages (16 %).

Limiter les surcoûtsLe cabinet TBC a également comparé les atouts desdivers modes de pose des menuiseries dans lecontexte d’une isolation par l’extérieur. Appelée

«Winite», l’étude a été réalisée pour le Groupementdu mur manteau (G2M) avec la participation du fa-bricant de menuiseries Millet et un co-financementde l’Ademe. Rappelons que le G2M réunit desspécialistes de l’ITE : fournisseurs de systèmescomplets, d’isolants, de revêtements de façade,d’accessoires de fixation et d’étanchéité. Le travailmené en commun avait pour objet de préciser lesmodalités techniques de jonction entre menuise-rie et isolation, et d’analyser les performancesthermiques et économiques de ces solutions.«La jonction avec les baies est reconnue comme unpoint faible majeur», rappelle Gérard Fleury, ingé-nieur et consultant pour TBC. En réhabilitationde logements existants, la fenêtre est souventimplantée au nu intérieur. « C’est très fréquent etelle n’est généralement pas déplacée», confirmeRomain Pierron, conseiller technique chez Sto,spécialiste des systèmes d’isolation thermique defaçades. En effet, sa dépose complète éventuellenécessiterait d’intervenir sur l’entourage de l’ouver-ture, notamment en termes de finition intérieure.La mise en œuvre de l’isolation par l’extérieur doitalors être complétée par un retour en tableau pourtraiter les ponts thermiques sur l’épaisseur desmurs. Cette prestation pénalise la compétitivitééconomique. «En maison individuelle, notre étudemontre que cela engendre un surcoût d’environ 9 %»,précise Gérard Fleury. Pour un logement de 90 m2,il faut ainsi prévoir un investissement supplémen-taire de 1 000 à 1 500 euros. En revanche, si lamenuiserie est installée en tableau au nu exté-rieur, le prix de l’ITE est équivalent à celui del’isolation intérieure. Même constat lorsque la poseen applique extérieure est adoptée. Avec une dif-férence toutefois : il faut disposer d’une

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“Les techniquesd’isolationthermique par l’extérieurse développentde plus en plusen France etnécessitent lamise en place depréconisationsspécifiquespour lesmenuiseriesextérieures”Illustration AQC/Thierry Bel

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huisserie plus grande, occasionnant un surcoût de8 à 10 %. En outre, la mise en œuvre des fenêtress’effectue alors obligatoirement par l’extérieur, enutilisant éventuellement les échafaudages oumoyens de levage déployés par le façadier.

La chasse aux ponts thermiquesEn cas de pose au nu intérieur sans retour d’iso-lation extérieure en encadrement, quelle estl’importance des ponts thermiques? Des calculsont été effectués dans le cadre de l’étude Winitepour une fenêtre au label Acotherm de 155 cm dehauteur et 140 cm de largeur. L’augmentation ducoefficient Uw dépend du matériau de construction.En réhabilitation, elle s’échelonne entre 0,25 W/m2.Kpour une maçonnerie traditionnelle et jusqu’à0,45 W/m2.K pour un mur en béton. Rapporté à laperformance moyenne d’une menuiserie moderne,soit environ 1,5 W/m2.K, l’impact des déperditionsreprésente un surplus compris approximativemententre 15 et 30 %, ce qui est loin d’être négligeable…Si la fenêtre est placée en tableau au nu extérieur,la pénalisation thermique est mieux maîtrisée :l’augmentation du Uw en rénovation est alorscomprise entre 0,15 et 0,30 W/m2.K. L’efficacitéoptimale est obtenue grâce à une pose en appliqueextérieure: avec cette solution, il est estimé que lahausse du Uw ne dépasse pas 0,10 W/m².K. Ces deuximplantations se traduisent néanmoins par unecontrainte d’usage, puisque l’angle de rotation desouvrants est réduit à 90°.

« Il reste encore à mieux connaître et apprécier lesconséquences liées aux systèmes de fixation à lamaçonnerie», remarque Cyril Petit, ingénieur Re-cherche et développement au sein du groupe Millet.Quelles sont les transmissions thermiques ponc-tuelles ou linéiques engendrées? Faut-il envisagerdes risques en termes de condensation? Il semble en effet légitime de se poser ces questions au re-gard des précautions prises aujourd’hui lors de lamise en œuvre des ITE, les fabricants proposanten particulier des systèmes de chevilles en polya-mide « fixées à cœur », avec recouvrement enparement par une rondelle isolante, qui se carac-térisent par une très faible conduction thermique.Du coup, les fabricants de menuiseries pistent éga-lement les diverses sources de déperditions. Lorsdu dernier salon Equipbaie 2012, la société Milleta présenté une poignée avec serrure à rupturethermique, ainsi qu’un pré-cadre de fixation enbois moins conducteur que le métal, pour une poseen applique extérieure.

Étanchéité par masticDans sa partie 1-1, le NF DTU 36.5 fixe les clausestechniques de mise en œuvre des fenêtres et portes extérieures. Le tableau ci-contre, extrait du DTU,dresse la liste des situations courantes: pose côtéintérieur ou extérieur, en milieu de tableau avec ousans ébrasement, en présence ou non d’une feuilluredans le mur. Ces configurations distinguent lesdivers modes de calfeutrement et de ���

La pose des fenêtres en appliqueextérieure limite les pontsthermiques au strict minimum.

Photo Millet

“L’efficacitéoptimale est obtenuegrâce à unepose enappliqueextérieure:avec cettesolution, il estestimé quela haussedu Uw nedépasse pas0,10W/m².K”

CAS LES PLUS COURANTS DEMISE EN ŒUVRE DES MENUISERIESENVISAGÉS PAR LE NF DTU 36.5

Photo Millet

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Calfeutrement entre mur et dormant•en applique intérieure•en tunnel•en applique intérieure sur feuillure rapportée et reconstituée

•en applique intérieure sur feuillure•en applique intérieure sur feuillure

•en tunnel•en applique intérieure sur feuillure rapportée et reconstituée

•en applique intérieure sur feuillure•en applique intérieure sur feuillure

•en tunnel•en applique intérieure sur feuillure rapportée et reconstituée

•en tunnel•en applique extérieure•en tunnel sur pré-cadre

•en applique extérieure sur feuillure

Fixation dans le mur

•en applique intérieure (avec pattes)•en tableau•en tableau

•en tableau (feuillure)•en applique intérieure (avec pattes)

•en tableau•en tableau

•en tableau (feuillure)•en applique intérieure (avec pattes)

•en tableau•en tableau

•en tableau•en applique extérieure (avec pattes)•sur pré-cadre en applique extérieure

•en tableau (feuillure)

Situation de la fenêtrevis-à-vis du mur• Située côté intérieur

sans feuillure dans le mur

• Située côté intérieuravec feuillure dans le mur

• Située en tableau sans ébrasement nifeuillure dans le mur

• Située en tableau avec ébrasement etfeuillure dans le mur

• Située en tableau avec ébrasementmais sans feuillure dans le mur

• Située côté extérieur sans feuilluredans le mur

• Située côté extérieuravec feuillure dans le mur

Avec une menuiserie au nu intérieur, la mise en place d’une ITE doit être complétée par un retour en tableau pour traiter les ponts thermiques surl’épaisseur des murs. Cette solution est plus coûteuse qu’en posant la menuiserie au nu extérieur ou en applique extérieure.

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fixation. La jonction entre le mur et le dormant estcalfeutrée soit en tunnel (sur l’épaisseur), soit enapplique (sur la face avant ou arrière). Dans cedernier cas, sont inventoriées les situations enapplique intérieure ou extérieure, avec ou sansfeuillure dans le mur, avec feuillure reconstituéepar ajout d’un encadrement extérieur.Conçu pour assurer l’étanchéité à l’air et à l’eau,le calfeutrement doit être continu sur toute la péri-phérie de la fenêtre, avec une attention particulièrepour les angles. Il est appliqué contre le gros œuvredu mur, sur une surface plane dressée. En dehorsde quelques exceptions, il doit être sec et réalisépar mastics extrudés, mousses imprégnées oumembranes d’étanchéité. Une injection de mousseexpansive n’est pas satisfaisante pour cette fonction.Sauf dispositions contraires spécifiques, le calfeu-trement par mastic s’effectue selon les modalitésdu NF DTU 44.1. La garniture du joint en appui, soustraverse basse, peut être appliquée avant ou après mise en œuvre de la menuiserie. S’il est ap-pliqué avant, le mastic est adossé à un fond dejoint adhésif constituant coffrage. La hauteur mi-nimale de mastic imposée est de 13 mm avantécrasement, et 5 mm après. Il doit être recouvert

sans réticulation. Si le mastic est appliqué après,le remplissage respecte les mêmes contraintes quele calfeutrement latéral et en traverse haute. Lalargeur du joint doit être alors comprise entre 5et 20 mm, et la profondeur équivalente à la moitiéde la hauteur, avec un minimum de 5 ou 8 mmpour des mastics correspondants respectivementaux classes 12,5 E ou 12,5 P selon la normeNF EN ISO 11600.

Calfeutrementpar membrane d’étanchéitéLe calfeutrement en tunnel par mastic s’inscritdans les mêmes exigences que précédemmentlorsque le joint est protégé de la pluie et des agres-sions extérieures par un habillage ou une finition.Si la garniture est directement exposée aux intem-péries, sa largeur en œuvre maximale est de 15 mmavec l’obligation d’utiliser un mastic élastomère declasse 25 E. Lorsque la géométrie du joint ne permetpas de respecter les règles de dimensionnement,il faut reconstituer une feuillure. Sauf justificationsparticulières, les mastics ne doivent pas être revêtuspar une peinture, un enduit ou produit d’imperméa-bilité. En effet, le revêtement rapporté n’accepte

“Sauf justifications particulières, les mastics nedoivent pas être revêtus par une peinture, un enduitou produit d’imperméabilité. En effet, le revêtementrapporté n’accepte généralement pas les mêmesdéformations, ce qui peut être source de pathologie”

Photo Tremco

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généralement pas les mêmes déformations, cequi peut être source de pathologie. Les problèmesde compatibilité chimique sont également suscep-tibles d’affecter la durabilité de l’étanchéité.Une deuxième technologie de calfeutrementconcerne les mousses imprégnées à base de butyleou d’acrylique (bitume et cire exclus). Commercia-lisées sous forme de bandes pré-comprimées ounon, elles sont compatibles avec le béton banché,les pré-cadres et tout support déclaré étanche.Leur plage d’utilisation dépend de la largeur dujoint. On ne peut pas raccorder deux bandes en appuibas. L’effort de poussée exercé sur le dormant nedoit pas engendrer de déformation (limite de 1 mm).La troisième solution vise les membranes d’étan-chéité. Comme pour les mousses, les prescriptionsdes fournisseurs sont incontournables. Leur miseen œuvre impose une préparation des supports, unesurface d’adhérence minimale et un primaire éventuel.Elles ne doivent pas être trop tendues pour pouvoirabsorber les mouvements différentiels entre ledormant et le support. Plusieurs précautions d’em-ploi sont spécifiées. Par exemple, sauf justificationparticulière, une membrane doit être à l’abri d’uneexposition permanente aux UV et protégée contreles eaux de ruissellement. De plus, sa position nedoit pas favoriser la retenue ou stagnation d’eau.

Quelles précautionsen pose côté extérieur ?Comment garantir l’étanchéité d’une pose sur lecôté extérieur de la façade? Le NF DTU 36.5 envi-sage les diverses possibilités de calfeutrement entunnel. Si la fenêtre est placée en retrait par rapportau nu extérieur du mur avec un écart (d’au moins

80 mm ou avec présence d’un dispositif goutted’eau en sous-face du linteau), aucune préventionparticulière n’est demandée. Si la menuiserie estimplantée au nu extérieur sans débordement, avecou sans feuillure, le joint supérieur entre gros œuvre et traverse haute doit être protégé par un ha-billage. Enfin, si la fenêtre déborde vers l’extérieur,il faut prévoir un recouvrement du calfeutrementsupérieur avec retombée d’au moins 100 mm surles montants latéraux. Dans ce dernier cas, il estégalement possible d’adopter les préconisationsspécifiées pour une pose en applique extérieure:en traverse haute de la menuiserie, un dispositifde renvoi des écoulements d’eau vers l’extérieurest nécessaire. Les drainages doivent être suffisantspour éviter la stagnation d’eau en partie horizon-tale, sur des garnitures d’étanchéité, matériauxcorrodables, etc.Toujours selon le NF DTU, la fenêtre peut aussi être,soit calfeutrée directement en applique extérieure,soit insérée dans un pré-cadre lui-même calfeu-tré en applique extérieure. Le garnissage doit êtrecomplété en traverse haute par l’application d’unemembrane d’étanchéité. Il faut que cette protec-tion complémentaire couvre toute la longueur avecretombée ou dépassement de 100 mm minimumsur les montants. Dans le cas d’un calfeutrementprotégé par un pare-pluie, la largeur maximale dujoint entre menuiserie et support est de 30 mm. Enpartie basse, l’appui permet l’évacuation des eauxde condensation et d’infiltration éventuelle. Il nedoit pas y avoir possibilité de stagnation au droitdes étanchéités. La bavette rapportée sur la tra-verse basse du dormant doit intégrer une pentevers l’extérieur d’au moins 3 %. Étanche ���

Présenté par la société TremcoIllbruck lors du salon Equipbaie2012, le système i3 ITE 2020associe fixation par collageet cornière en matériau isolantcompacté ; cette technologieest conçue pour servir depré-cadre aux fenêtres enapplique extérieure en supprimanttout pont thermique.

Le calfeutrement desmenuiseries peut être assuré àl’aide de membranes d’étanchéité.

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Photo AIB

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et ventilée en sous-face afin de limiter les conden-sations, elle garantit l’évacuation des eaux dedrainage de la menuiserie.

Des règles de fixationLe poids propre et les charges d’usage des fe-nêtres sont reportés sur le gros œuvre par le calaged’assise en sous-face de traverse basse. Les fixa-tions doivent transmettre tous les efforts au mursupport, y compris les actions du vent, sans alté-rer la menuiserie ni son étanchéité périphérique(il n’est accepté qu’une déformation maximale de1 mm de la menuiserie). Le collage ou l’injectionde mousse ne permettent pas de satisfaire auxexigences réglementaires. Les fixations par pointes sont également proscrites. Les chevilles à frapperne sont admises que dans certains cas en dépar-tements d’outre-mer. L’ancrage du dormant peut

en fait être assuré par des vis traversantes avec ousans cheville, dans le mur ou dans un pré-cadrerapporté. Sinon, il s’effectue grâce à des pattes, bridesou cornières ponctuelles, avec ou sans goussets.La liaison entre ces pattes et la menuiserie peuts’opérer par vissage direct. Il est également possiblede faire appel à un système de clameau ou griffeadapté aux profilés. Les fixations sont au plus écar-tées de 80 cm entre elles. Elles sont disposées surle dormant, en priorité au voisinage (au plus à10 cm) des axes de rotation et points de condam-nation. En partie basse, tout percement traversantdoit éviter les risques d’infiltration. Chaque cale etfixation basse doivent être capables de supporterune charge additionnelle ponctuelle de 100 daN.Les déperditions au droit des fixations sont évoquéespar la norme NF DTU 36.5 dans le seul cas desmenuiseries métalliques. Elles ne sont pas plusétudiées par le récent Cahier 3709 du CSTB quidonne les bonnes pratiques de mise en œuvre desITE en liaison avec les menuiseries (voir encadré ci-contre). Ces points singuliers font l’objet d’informa-tions et publications de la part de l’UFME et du G2M,dans l’objectif final d’optimiser le traitement des pontsthermiques sans pénaliser les performances de ré-sistance, d’étanchéité à l’air, à l’eau et au vent. ■

“Les fixations doivent transmettre tous lesefforts au mur support, y compris lesactions du vent, sans altérer la menuiserieni son étanchéité périphérique”

Maquette illustrantla reconstitution complèted’un appui de fenêtre avecpré-cadre bois, dans le contexted’une rénovation énergétiquepar l’extérieur avec couched’isolant épaisse.

Photo Millet

Publié par le CSTB en mai 2012, leCahier 3709 encadre les Avis Techniquesrelatifs aux systèmes d’ITE par enduit surpolystyrène expansé (1). Il vise la mise enœuvre autour des baies et la jonction avecles fenêtres ou les portes extérieures, horsprésence d’un coffre de volet roulant. Cettedernière configuration doit faire l’objet derecommandations ultérieures. Ledocument détaille les implantations demenuiseries suivantes, illustrées par descoupes et dessins de détails:• pose en applique extérieure avec

calfeutrement dans pré-cadre simple ourenforcé par des goussets;

• pose et calfeutrement en appliqueextérieure avec pattes de fixation;

• pose en tableau au nu extérieur aveccalfeutrement en tunnel;

• pose en applique intérieure aveccalfeutrement en tunnel et retoursd’isolation dans l’épaisseur du mur.

Afin d’éviter les joints filants dans lacontinuité des tableaux, linteaux ettraverses basses, les panneaux isolantsconstitutifs des angles doivent êtredécoupés en forme de «L». La largeur dupanneau ainsi réalisé doit être d’au moins20 cm, tout comme la longueur d’appuidu panneau sur le gros œuvre, et ce,verticalement et horizontalement. Toutefois, si la fenêtre est posée enapplique extérieure avec un calfeutrementcôté mur support, il est prévu une hauteurminimale de 40 cm en linteau du fait de laprésence d’une membrane d’étanchéitésur le joint en traverse haute. L’enduit estsystématiquement désolidarisé dudormant par l’intermédiaire d’unegarniture telle que mastic, profilé oubande de mousse imprégnée. L’isolant nepeut être fixé sur la menuiserie.L’encombrement du pré-cadre ou despattes de fixation nécessite de pratiquer

une découpe (grugeage) dans l’épaisseurdu panneau: l’entaille pratiquée sousforme d’encoche doit être limitée au tiersde l’épaisseur, avec une hauteur maximalede 200 mm. Il doit rester une couche d’aumoins 40 mm d’isolant, y compris lors dufaçonnage en angle (inclinaison de 30 à45° avec la verticale). Lorsque la fenêtre est alignée au nuextérieur du gros œuvre, afin de limiter lesponts thermiques, le recouvrement dupolystyrène expansé sur les montants ettraverses du dormant de la fenêtre doitêtre supérieur ou égal à 25 mm. Lahauteur maximale d’isolant non fixé, enporte-à-faux, ne peut dépasser 200 mm.Lorsque la fenêtre est calfeutrée entunnel, avec retrait par rapport au nuextérieur du gros œuvre, le retour depolystyrène expansé en tableau, voussureet appui, doit offrir une épaisseurminimale de 40 mm. ■

En conformité avec lesrecommandations du CSTB et duNF DTU 36.5, les pattes de fixationcommercialisées par la société Deldisont fabriquées en acier de nuanceDX 51D selon les normes NF EN 10142et NF EN 10214. Leur protectionanticorrosion est assurée pargalvanisation à chaud Z 275 (soit275 g/m2). Elles sont renforcées par uneou plusieurs nervures en angle ou parun gousset rapporté, en cas d’emploid’une tôle de faible épaisseur.Les pattes se composent d’une ailede liaison avec le dormant et d’une ailed’appui sur le mur. Des usinages (trous, lumières…) permettent leurréglage et fixation. La résistanceadmissible, adaptée en fonction de

l’emplacement, doit être au moinségale à la charge maximale supportéeen œuvre. Celle-ci est marquée surchaque produit.À noter: le NF DTU 36.5 stipule que lalargeur minimale de recouvrement dudormant sur le mur doit être de 13 mm.Par ailleurs, il précise que les foragesdes vis ne peuvent pas être exécutés à

moins de 60 mm des arrêtes si le grosœuvre est en béton ou en maçonneried’éléments pleins. Pour optimiser cesdeux contraintes, mais aussi pourlimiter les vibrations et efforts de levier,les ailes appliquées sur le supportmesurent ici 70 mm. Toujours pour répondre aux exigencesdu NF DTU 36.5, afin de garantir unerupture de pont thermique dans le casdes fenêtres en aluminium, les pattesde fixation sont isolées côté dormantavec une cale d’une épaisseur de 5 mmen plastique, matériau dont laconductivité est inférieure à 0,4 W/m.K.Le fabricant a conçu un système de cale«fourreau» à clipser sur les extrémitésdes ailes au droit des trous de vissageoblongs pour réglage. ■

PATTES DE FIXATION AVECCALE ISOLANTE

53J A N V I E R / F É V R I E R 2 0 1 3 • N ° 1 3 6 • Q U A L I T É C O N S T R U C T I O N

FAÇONNAGE ET POSE DE L’ISOLANT AUTOUR DES BAIES

(1) Cahier 3709 Systèmes d’isolation thermique extérieure par enduit sur polystyrène expansé: principe de mise en œuvre autour desbaies – Liaison avec les fenêtres. Téléchargeable sur www.cstb.fr.

Photo Deldi