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Sommaire - Observatoire B2V des Mémoires · Centraliser la connaissance et la transmission des savoirs autour de la Mémoire Offrant un accès d’informations et de connaissance

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Sommaire I - Pourquoi l'Observatoire B2V des Mémoires? p. 2 II - Les missions et les actions de l'Observatoire B2V des Mémoires p. 3 III - Le Conseil Scientifique de l'Observatoire B2V des Mémoires : Biographie des experts et raisons de leur participation à l'Observatoire p.6 IV - Les champs de l'Observatoire B2V des Mémoires : Les différentes formes de mémoire p. 11 V - Présentation du Groupe B2V p. 13 Annexes A - La mémoire vue par les membres du Conseil Scientifique p. 15

B - Petite histoire et quelques métaphores de la mémoire p. 22 C - Petit lexique pour mieux comprendre la mémoire p. 25

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I - Pourquoi l'Observatoire B2V des mémoires ?

Explorer la Mémoire sous toutes ses formes La mémoire est un sujet de préoccupation pour toutes les générations. La mémoire est intimement liée au parcours de vie des hommes. Des apprentissages de l'enfance, aux phénomènes de vieillissement, en passant par la formation des souvenirs. Vie privée, environnement professionnel, communauté, collectivité sont impactés et forgent les individus, leur identité, leur mémoire. C'est pourquoi, l'Observatoire a choisi de s'intéresser à la mémoire sous toutes ces facettes, aux mémoires plurielles en rassemblant un conseil d'experts spécialistes de la mémoire, des mémoires dans leurs domaines respectifs : les neurosciences bien entendu mais aussi l’histoire et la philosophie avec une volonté de partage des savoirs et des réflexions sur le monde qui nous entoure. Toutes ces disciplines agissent et interagissent sur l'évolution de nos sociétés. Mémoire individuelle, mémoire collective, mémoire d'entreprise, mémoire numérique... Toutes ces formes de mémoires participent à l'histoire et à la construction des individus. L'Observatoire est un lieu d'interface entre les disciplines, de partage des savoirs et de réflexions communes. Centraliser la connaissance et la transmission des savoirs autour de la Mémoire Offrant un accès d’informations et de connaissance pour tous sur la base des travaux de chercheurs renommés et pluridisciplinaires (neurosciences et sciences humaines), l’Observatoire B2V des mémoires se veut être une plate-forme d’ouvertures des nouveaux savoirs sur la mémoire sous toutes ses formes. Cet Observatoire a une triple vocation : soutenir la recherche et l'innovation, informer et vulgariser, contribuer à l'émergence des moyens de prévention. En 2013, l'Observatoire débutera notamment la première cartographie des sources de mémoire, représentation qui permettra de comprendre, visualiser, projeter les différentes sources de nos mémoires.

Valoriser un enjeu sociétal majeur La Mémoire et ses méandres encore mal connus sont devenus, avec le vieillissement de la population et ses conséquences sociales, un sujet de curiosité et de préoccupation pour le grand public. Il s’agit d’un enjeu de recherche et de développement de premier plan. Avec 850 000 personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer en France aujourd'hui, la prévention et la connaissance des mécanismes du cerveau et de la mémoire apparaissent comme essentielles. Sous ce prisme, l'Observatoire B2V des mémoires prend un relief particulier. Réunir les plus éminents spécialistes de la Mémoire En réunissant les experts de leurs disciplines, l'Observatoire B2V des mémoires a choisi de s'inscrire dans une démarche qualitative et pérenne. Présidé par Francis Eustache, Neuropsychologue, Directeur de l'unité de recherche u1077 de l’Inserm à l’Université de Caen/Basse-Normandie, Directeur d’Etudes à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE), il est composé de :

• Hélène Amieva, Professeur de psychogérontologie. Doctorat neurosciences et neuropharmacologie, Inserm (U 897), Université Victor Segalen Bordeaux 2.

• Jean-Gabriel Ganascia, Professeur à l'Université Pierre et Marie Curie Paris VI. Laboratoire d'informatique de Paris VI (LIP6) – Cnrs. Labex Obvil. Directeur de l'équipe ACASA du LIP 6 membre du directoire du Labex Obvil.

• Robert Jaffard, Professeur émérite. Institut de neurosciences cognitives et integratives d’aquitaine (Incia), (Umr Cnrs 5287 /Cnrs Umr 5228) Université de Bordeaux.

• Denis Peschanski, Historien, Directeur de recherche au Cnrs, directeur scientifique de l'équipement d'excellence Matrice, Président des conseils scientifiques du Mémorial de Caen et du Mémorial du

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camp de Rivesaltes. • Bernard Stiegler, depuis avril 2006, il dirige l'institut de recherche et d'innovation (IRI) créé au sein du

Centre Georges Pompidou à son initiative. C’est pour l’ensemble de ces raisons que B2V, groupe de protection sociale, qui a vocation à suivre les individus tout au long de leur vie de salariés puis lors de leur retraite, et se trouvant par ailleurs très engagé dans l'accompagnement et la prévention du vieillissement, a choisi de créer cet Observatoire unique en son genre.

II - Missions et actions de l’Observatoire B2V des mémoires

L'Observatoire B2V des mémoires se définit comme un laboratoire «sociétal» à vocation multiple. Il poursuit plusieurs objectifs. Un programme d'actions a été défini en fonction de ceux-ci.

A/ Recherche et innovation • La Cartographie de l’Observatoire C’est en 2013 que débute la création et la mise en place de la cartographie des sources de mémoires. Il n’existe pas aujourd’hui de représentation qui permette de comprendre, visualiser, projeter les différentes sources de nos mémoires. Après avoir demandé aux experts du conseil scientifique de répertorier ces différentes sources, d’approfondir chacune d’entre elles, d’en imaginer les liens, l’Observatoire procédera à l’élaboration de la première cartographie de ces sources de la Mémoire. Ce projet permettra d’en matérialiser pour la première fois les liens dynamiques qui l’animent et les sources qui la constituent. C’est par la conjonction du domaine neuroscientifique, de l’histoire, de la philosophie, de la psychanalyse, de la biologie, (etc.) et aussi par la contribution d’experts en recherches sensorielles (odorat, goût, toucher…), que naitra cette carte des origines et des résurgences des mémoires humaines. La cartographie des sources de mémoires révèlera l’apport de l’Observatoire B2V dans son ambition de révéler au plus grand nombre comment nous portons nos mémoires, ou comment nous sommes portés par elles… Le projet mettra en lumière leurs manifestations, leurs rappels, leurs stimulations, leurs déclencheurs…. Il s’agira également de mettre en valeur les liens entre les différents types de mémoires sur le plan individuel et collectif, et par rebonds – historique, cultuels, culturelles - les processus mémoriels constituant une identité. Cette cartographie s’enrichira en permanence au fur à mesure des découvertes des sciences humaines, médicales, technologiques, constituant un objet vivant, en évolution constante. Enfin la cartographie sera un élément de référence permanent de l’Observatoire. Elle sera visible sur le site de l'Observatoire www.observatoireb2vdesmemoires.com • Une bourse doctorale Sous l’égide du Conseil scientifique, l’Observatoire B2V des mémoires soutiendra des projets de recherches pluridisciplinaires sur la mémoire en finançant notamment une bourse de contrat doctoral sur trois ans. Cette bourse permettra à un étudiant européen titulaire d’un master depuis moins de deux ans de poursuivre et finir sa thèse. Cet étudiant appartiendra à un laboratoire français.

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L’appel de candidature lancé mi-mars sera clôturé fin mai. Les dossiers seront évalués par deux rapporteurs. La bourse sera attribuée fin juillet 2013 par un conseil présidé par Francis Eustache, et des experts contributeurs. • Diffuser la connaissance

Il s'agit de réunir et diffuser la connaissance autour de la mémoire humaine avec des apports pluridisciplinaires grâce à la contribution de ses membres mais aussi celles d'éminents spécialistes qui pourront être sollicités ponctuellement sur des thématiques spécifiques comme la nutrition, la musique, le langage... Le propos est d'enrichir et d'apporter une connaissance aussi large que pointue possible. Il s'attachera donc à diffuser études et expertises mais également à vulgariser pour informer le plus grand nombre.

• A la rencontre du public L’Observatoire B2V des mémoires organisera des colloques et conférences afin de communiquer sur des faits scientifiques établis. Il permettra de poser les enjeux de la mémoire dans notre société et d’initier la réflexion sur des recherches prospectives liées aux mémoires (individuelle, en entreprise, collective). Le but sera de partager, en organisant des conférences, les recherches et les découvertes sur la mémoire, auprès des scientifiques, des entreprises, des seniors, des scolaires, des institutionnels, du grand public sur les enjeux de la mémoire et de sa prévention.

Un site internet dédié : www.observatoireb2vdesmemoires.com

Média universel par excellence, Internet permettra une diffusion massive des travaux de l'Observatoire. Il sera composé de diverses rubriques où la communauté scientifique et le grand public pourront s'informer des travaux et de l'agenda de l'Observatoire.

B/ Prévention Deux initiatives sont d'ores et déjà lancées. • Remise d'un Prix

Il récompensera des projets innovants en lien avec l’activité de l’Observatoire et l’action sociale du Groupe. En 2013, les sujets choisis sont les suivants : ¬ « Soutenir les liens intergénérationnels par la transmission de la mémoire collective » ¬ « Favoriser la préservation des facultés cognitives et mnésiques des seniors » . Ce prix annuel fait l’objet d’un appel à candidature en mars pour une remise des dotations en novembre. Il est ouvert auprès d’organismes non lucratifs (associations, collectivités…)

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! Engager des actions pilotes

Leur mise en place permettra de préempter un sujet, d'investiguer, de réfléchir sur une thématique en lien avec la mémoire humaine. Les actions pilotes réalisées par l'Observatoire permettront de faire intervenir des experts contributeurs sur d'autres disciplines dans une optique de découvertes et de prévention. Par exemple, certaines actions auront pour thématiques : mémoire et nutrition ou la mémoire olfactive.

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III – Le Conseil Scientifique de l’Observatoire B2V des mémoires

Placé au cœur du dispositif, Le Conseil Scientifique est garant et référent de l'Observatoire, de ses missions et de la transversalité de sa démarche. Il valide et cautionne les travaux de l'Observatoire. Il conseille et réfléchit à des actions. Il met sa créativité au service de l'Observatoire. Présidé par Francis Eustache, il est composé de 6 membres : 3 experts en neurosciences et 3 experts en sciences humaines (histoire, philosophie) A/ Experts intervenant en neurosciences • PR. HELENE AMIEVA

PROFESSEUR DE PSYCHOGÉRONTOLOGIE. DOCTORAT NEUROSCIENCES ET NEUROPHARMACOLOGIE, INSERM (U 897), UNIVERSITE VICTOR SEGALEN BORDEAUX 2. Axes de recherches : Epidémiologie du déclin cognitif dans les maladies neurodégénératives au moyen d'études de cohortes en population longitudinale. Co-investigatrice principale et coordinatrice d’‘ETNA3’. Cette étude nationale avait pour objectif principal d'évaluer l’efficacité à long terme (2 ans) de trois stratégies thérapeutiques non médicamenteuses auprès de 650 malades. Il s’agissait de savoir si ces thérapies permettaient de retarder chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer l’entrée dans la phase modérément sévère à sévère de la maladie (conclusions de l’étude attendues début 2013). Les trois stratégies thérapeutiques : la stimulation cognitive, la thérapie par réminiscence, un programme de prise en charge individuelle. Sa présence dans l’Observatoire « Je pense qu’il est important aujourd’hui que des caisses de retraite ou des mutuelles de santé, s’emparent du problème des maladies de la mémoire, pour les appeler à lutter contre ces troubles et encourager la prévention. Il ne suffit pas seulement de favoriser ou financer des actions pratiques, servant souvent de vitrine. On voit fleurir un peu partout des groupes de stimulation cognitive, auquel je crois que très moyennement, je ne suis pas persuadée que c’est de cette façon que l’on pourra prévenir les troubles de la mémoire, en particulier dans le vieillissement.

Aussi, ce que j’ai trouvé intéressant dans la création de cet Observatoire B2V des Mémoires, c’est que cette structure est porteuse d’une double démarche.

Tout d’abord, le Groupe B2V prend en compte l’idée que la mémoire est un phénomène plus complexe qu’il n’y paraît et qu’il est urgent et important de faire avancer les connaissances fondamentales que nous avons aujourd’hui.

Par ailleurs, l’objectif principal de l’observatoire est de faire émerger des hypothèses crédibles, sur des pistes de prévention des troubles de la mémoire.

• PR. FRANCIS EUSTACHE

NEUROPSYCHOLOGUE. DIRECTEUR D’ETUDES A L’ECOLE PRATIQUE DES HAUTES ETUDES (EPHE). IL DIRIGE L’UNITE DE RECHERCHE U1077 DE L’INSERM A L’UNIVERSITE DE CAEN/BASSE-NORMANDIE. L’unité de recherche U1077 de l’Inserm de Caen est une structure dédiée totalement à l’étude de la mémoire humaine et de ses maladies. Spécialiste en neuropsychologie de la mémoire, il dirige les recherches sur les troubles de la mémoire et le diagnostic précoce des maladies neurodégénératives. Il a pris la direction du GIP Cyceron au 1er janvier 2013. Cyceron est une plate-forme d’imagerie au sein de laquelle sont menées depuis 1985 des recherches biomédicales dans le domaine des

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neurosciences : l'investigation du système nerveux, du niveau moléculaire au niveau de l'organe, mettant en œuvre, notamment, la tomographie par émission de positons et l'Imagerie par Résonance Magnétique Nucléaire. Il est notamment l’auteur de « Les chemins de la mémoire » avec B.Desgranges. Le Pr Eustache a été choisi pour être le président du conseil scientifique de l’Observatoire B2V des mémoires. Sa présence dans l’Observatoire

« C’est une belle idée. En effet, la mémoire n’est pas simplement une fonction mentale. C’est une fonction que l’on connait de mieux en mieux et à laquelle on s’intéresse de plus en plus. On se pose beaucoup de questions sur la mémoire, son fonctionnement et ses dysfonctionnements, et le fait qu’il y ait un observatoire dédié est une innovation qui m’a séduit. La notion de recherche pluridisciplinaire, avec la dimension « prévention », est la particularité de cet Observatoire pour avancer dans l’étude de la mémoire et sa compréhension. Le fait d’avoir différentes disciplines impliquées, avec une pensée particulière pour les sciences humaines dans un sens très large, de la psychologie à l’histoire ou la sociologie, sera très intéressant.

J’ai la chance et le privilège d’être le président du conseil scientifique, mais je veux vraiment que ce soit une œuvre commune.

Quel est le fonctionnement de la mémoire dans la vie quotidienne, on pense à la mémoire individuelle bien sûr, mais comment cette mémoire est modulée par la mémoire collective ? Ce sont des thèmes pas si fréquemment traités par les scientifiques car ils sont très spécialisés. Il y a certes une biologie de la mémoire, une psychologie de la mémoire, des historiens qui s’intéressent à la mémoire collective, mais en revanche, des projets qui essayent de faire l’interface de ces différentes approches, c’est beaucoup plus rare et c’est généralement là que se font les grandes découvertes. C’est ce que l’on souhaite mettre en œuvre dans cet Observatoire B2V des mémoires. »

• PR. ROBERT JAFFARD

PROFESSEUR EMERITE. INSTITUT DE NEUROSCIENCES COGNITIVES ET INTEGRATIVES D’AQUITAINE (INCIA), (UMR CNRS 5287 /CNRS UMR 5228) UNIVERSITE DE BORDEAUX. Ses principales activités de recherche portent sur la neurobiologie de l’apprentissage et de la mémoire. En 1988, Robert Jaffard prend la direction du laboratoire de neurosciences cognitives associé au CNRS. Son équipe s’intéresse à l’implication d’une région du cerveau, l’hippocampe, dans la mise en mémoire, puis à l’implication d’un médiateur cérébral dans l’apprentissage, l’acétylcholine. L’acétylcholine est le médiateur dont on déplore la perte chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Les travaux portent ensuite sur l’étude de modèles animaux et des mécanismes cérébraux du fonctionnement de la mémoire déclarative/relationnelle, sur l’analyse des mécanismes neurobiologiques de la peur conditionnée et enfin sur les réorganisations cérébrales associées au processus de consolidation à long terme. Avec son équipe, il a également montré, à partir d’expériences sur l’animal, que l’administration d’acide rétinoïque ou une supplémentation en vitamine A supprimaient sélectivement les déficits de mémoire de travail et/ou de mémoire à long terme du sujet âgé et que ces effets bénéfiques s’accompagnaient d’une expression accrue de certains marqueurs de plasticité dans l’hippocampe et dans le cortex. Il est également professeur associé à l’université de Laval (Québec). Sa présence dans l’Observatoire

« Ce qui m’a interpellé dans la création de cet Observatoire, c’est l’apport qu’il permettra, tant aux scientifiques qu’au grand public. Je pense qu’il est important que les scientifiques aient connaissance de ce nouvel Observatoire à la fois pour le soutien qu’ils pourraient recevoir et pour les connaissances qu’ils peuvent lui apporter.

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Ensuite, pour le grand public, c’est la possibilité d’être tenu informé des progrès réalisés dans les recherches sur la mémoire (neuropsychologie, maladies neurodégénératives, vieillissement, etc.). C’est un sujet très sociétal. Les gens, quel que soit leur âge, s’intéressent beaucoup à leur mémoire, bien que, dans la majorité des cas, ils en aient une connaissance assez floue.

Par exemple, on ne sait généralement pas les que les activités intellectuelles, les contacts sociaux et même l’exercice physique ont des effets très positifs sur le fonctionnement de la mémoire, notamment chez les personnes âgées. Ces activités créent ce que l’on appelle une réserve cérébrale ou cognitive sous-tendue par des mécanismes neurobiologiques que l’on commence à comprendre. Il est maintenant avéré que de telles réserves permettent le maintien de nos activités cognitives et mnésiques à un niveau élevé et une protection contre les effets délétères d’éventuelles maladies neurodégénératives. Plus généralement, il est évident que l’activité pluridisciplinaire et les missions de l’observatoire dans le domaine de la mémoire individuelle et collective auront des retombées significatives, notamment dans le domaine de la prévention. »

B/ Experts intervenants en philosophie, histoire, sciences humaines • BERNARD STIEGLER

DEPUIS AVRIL 2006, IL DIRIGE L'INSTITUT DE RECHERCHE ET D'INNOVATION (IRI) CREE AU SEIN DU CENTRE GEORGES POMPIDOU A SON INITIATIVE. Sous la direction de Jacques Derrida, Bernard Stiegler soutient sa thèse à l'École des hautes études en sciences sociales en 1993 et obtient un doctorat de philosophie. Il axe sa réflexion sur les enjeux des mutations actuelles — sociales, politiques, économiques, psychologiques — portées par le développement technologique et notamment les technologies numériques. Professeur à l'Université de technologie de Compiègne (UTC), et directeur de l'unité de recherche qu'il a fondée en 1993, « Connaissances, organisations et systèmes techniques » docteur de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales , Bernard Stiegler a été directeur général adjoint de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), puis directeur de l'Institut de recherche et coordination acoustique/musique (Ircam) jusqu'à la fin 2005. Il est également professeur à l’université de Londres. En 1987, il conçoit l'exposition « Mémoires du futur » et en assure le commissariat au centre Georges Pompidou. Bernard STIEGLER est également président d’ARS INDUSTRIALIS, association créée en 2005. Ars Industrialis est une association d’étude et de réflexion transdisciplinaire sur le nouveau monde industriel qui émerge avec le numérique. Posant qu’il n’y pas de vie de l’esprit sans instruments spirituels, Ars Industrialis s’est fixé pour but d’imaginer un nouveau type d’agencement entre culture, technologie, industrie et politique autour d’un renouveau de la vie de l’esprit. Inscrite dans cette démarche, s’est ouvert en septembre 2010 l’école de philosophie d’Epineuil-le-Fleuriel, où Bernard Stiegler propose des cours de philosophie ouvert à tous et accessibles en ligne. Sa présence dans l’Observatoire « Tout d’abord, je suis très heureux et honoré de faire partie du conseil scientifique de cet Observatoire B2V des mémoires parce qu’il est transdisciplinaire – et évidemment parce qu’il est consacré à l’étude de mon objet favori, qui est la mémoire. Ma conviction profonde est qu’il faut absolument faire travailler les disciplines entre elles aujourd’hui autour de cette réalité multidimensionnelle qu’est la mémoire humaine. Pour ma part, je développe une proposition théorique que je compte mettre en discussion dans l’Observatoire, et que j’appelle l’organologie générale. Je considère en effet que le cerveau se caractérise par le fait qu’il n’est pas seulement organique, mais qu’il est aussi organologique. C’est-à-dire que le cerveau est un organe qui, chez l’être humain, a une capacité d’intérioriser des organisations techniques, des organes artificiels en somme. Sans cela, l’humain n’est pas viable. Par exemple, sans mes lunettes je ne peux pas me promener dans la rue, sans vêtements nous ne pourrions pas vivre avec les froids de l’hiver… L’être humain est un être intégralement artificialisé, et c’est aussi pourquoi il

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doit être éduqué : chaque génération doit apprendre à vivre avec un monde qui change, et l’éducation est la condition de la capacité à exister dans un tel monde. C’est pour cela que l’être humain intériorise du savoir, de la culture et de la science tout au long de sa vie plus ou moins… Ce que le néandertalien a appris il y a 300 000 ans, je l’ai reçu en héritage non pas par la voie génétique, mais par la voie technique : la technique est la condition de l’intelligence collective aussi bien qu’individuelle.

Aujourd’hui, nous vivons une révolution industrielle qui repose sur des mnénotechnologies numériques sont dont issus Internet, Google, Facebook, les smartphones et tant d’autres choses – et tout cela constitue l’infrastructure des technologies industrielles de la mémoire. Des questions nouvelles se posent et notamment du fait que ces technologies cognitives numérique, transforment la vie et l’organisation du cerveau. Je travaille en relation avec Maryanne Wolf, directrice du centre de recherche sur la lecture et le langage à l’université Tufts aux Etas-Unis, qui s’est spécialisée dans les effets que produisent les mutations numériques sur le cerveau des enfants. Il y a de grands débats dans le monde sur ce que le numérique peut provoquer dans le cerveau des enfants, ce qui est une vaste question, et où existent des opposions très fortes entre les scientifiques. Il est absolument impossible d’étudier ces questions seul et de tenter de répondre aux défis qu’elles nous lancent de façon monodisciplinaire : il faut des médecins, des spécialistes de la neurologie, des biologistes, des informaticiens, des philosophes, des sociologues, des historiens, des anthropologues, et bien sûr des économistes… J’attends donc de ce conseil scientifique que l’on puisse ouvrir les discussions, étudier des projets nouveaux, soutenir des thèses dans cette perspective transdisciplinaire. Cet Observatoire pourra donner aux scientifiques l’occasion de croiser les disciplines à travers de projets de thèse, ce qui est plutôt rare en France. Par là, il devrait constituer aussi un lieu de transmission et d’information plus accessible aux divers publics – or il est indispensable que chacun de nous comprenne mieux ce qu’il se passe dans le domaine de la mémoire de nos jours : ce sujet ne cessera de devenir plus présent dans l’actualité. C’est pourquoi je me réjouis que B2V ait lancé cette initiative qui peut contribuer à modifier les rapports entre la société et la science. » • DENIS PESCHANSKI

HISTORIEN, DIRECTEUR DE RECHERCHE AU CNRS, DIRECTEUR SCIENTIFIQUE DE L'EQUIPEMENT D'EXCELLENCE MATRICE, PRESIDENT DES CONSEILS SCIENTIFIQUES DU MEMORIAL DE CAEN ET DU MEMORIAL DU CAMP DE RIVESALTES. Denis Peschanski est affecté au Centre d’histoire sociale du XXe siècle. De l’été 2001 à l’été 2005, il a été membre du conseil scientifique du CNRS (secrétaire scientifique et membre du bureau). De février 2006 à septembre 2008, il a été directeur scientifique adjoint au CNRS, département des sciences humaines et sociales. MATRICE résume l’ambition du nouveau programme à 10 ans (Memory Analysis Tools for Research through International Cooperation and Experimentations). Il est complété par le sous-titre : « Entre mémoire individuelle et mémoire sociale : les nécessités et les outils de l’innovation ». A partir de deux vastes expérimentations, l’objectif visé est de comparer le grand récit et les comportements et écrits des témoins ou des spectateurs. Sont mobilisés des partenaires institutionnels comme le Pres héSam (porteur) et l’université Paris 1, le CNRS, l’INA, France-Télévisions, les Archives nationales, une dizaine de laboratoires, deux ministères (Défense et Culture), des mémoriaux (Caen, Champigny et Rivesaltes) et des fondations (FMS, FMD et FR). La mobilisation de ces laboratoires est le signal de l’ouverture transdisciplinaire, conviant les sciences humaines et sociales, les sciences du vivant les sciences de l’ingénierie (moteurs de recherche, transcripteurs automatiques Speech to Text, capteurs électroniques, Eyetrackers).

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Sa présence dans l’Observatoire

« J’ai trouvé la mise en place de cet observatoire originale. En effet, on a l’habitude de cloisonner les disciplines : les scientifiques avec les scientifiques, les historiens avec les historiens… chacun travaillant dans son périmètre. Lorsque Francis Eustache m’a sollicité, j’ai trouvé l’idée très intéressante. Nous travaillons déjà ensemble sur la mémoire. Il a conclu à la nécessite de rassembler différentes disciplines pour travailler sur cet objet qui, a priori, est un objet tronçonné. Cette volonté d’ouverture interdisciplinaire entre professionnels et scientifiques m’intéresse beaucoup. Il s’agit d’explorer les frontières de la connaissance. C’est un vrai défi. D’une façon plus personnelle, ce qui m’intéresse, c’est de considérer qu’il est impossible de comprendre ce que l’on appellera « la mémoire collective », ce qui anime, ce qui construit une société à divers moments, comme la seconde guerre mondiale. L’impact de la société sur l’individu me semble vraiment une piste innovante à creuser. On a toute une série d’outils à notre disposition (imagerie) pour mieux comprendre comment fonctionnent le cerveau, la mémoire et ses influences diverses. A partir du moment où l’on découvrira précisément le fonctionnement de la mémoire, ça nous permettra également de comprendre comment on peut soigner, réparer et anticiper des situations pathologiques, qu’elles soient individuelles ou sociales. »

• PR. JEAN-GABRIEL GANASCIA

PROFESSEUR A L'UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CUIRE PARIS VI. LABORATOIRE D'INFORMATIQUE DE PARIS VI (LIP6) – CNRS. LABEX OBVIL. DIRECTEUR DE L'EQUIPE ACASA DU LIP6. MEMBRE DU DIRECTOIRE DU LABEX OBVIL. Axes de recherche : initialement centrées sur l'acquisition des connaissances (transfert de connaissance de l’homme à la machine) et l'apprentissage machine (comment faire pour qu'une machine apprenne d'elle-même), ses orientations scientifiques ont progressivement évolué vers la modélisation cognitive, la fouille de données et aujourd’hui les « humanités numériques ». Dans cette perspective, il a entrepris des recherches sur l'analyse littéraire (génétique textuelle, analyse stylistique), sur la modélisation des représentations sociales (reconstruction de stéréotypes sociaux à partir d'articles de journaux), sur la découverte scientifique et l'épistémologie, en particulier en médecine, sur la musicologie et la musique (détection de motifs récurrents, simulation d'improvisation), sur la télévision intelligente (recommandation et visualisation de programmes) et sur la lecture électronique (cartographie de contenus, augmentation des liseuses). Dans tous les cas, il s’agit de transmettre et d’exploiter le patrimoine avec les ressources du numérique. Les supports externes de mémoire se développent massivement aujourd’hui. Ils jouent un rôle de plus en plus important aujourd'hui, dans de multiples aspects de la vie quotidienne. Toutefois, l’évaluation précise de l’influence qu’exercent ces supports électroniques sur nos mémoires naturelles a été très peu poussée. Comment les dispositifs électroniques affectent les mémoires humaines ? En quoi les accroissent-elles et en quoi les diminuent-elles ? Et, comment, en retour, l’investigation des processus mnésiques est susceptible de nous aider à fabriquer des mémoires artificielles mieux conçues ? Sa présence dans l’Observatoire « Je me passionne pour la mémoire depuis un certain nombre d’années et ce projet m’a tout de suite intéressé. L’Observatoire B2V des Mémoires pourra aider à favoriser des projets interdisciplinaires, en permettant à de jeunes chercheurs de travailler sur des sujets liés au développement des mémoires. Je pense qu’il peut aussi aider le grand public à comprendre la mémoire d’une façon générale, mais

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également à mieux comprendre les difficultés que l’on rencontre face à l’extraordinaire développement des supports externes de mémoires. Songez par exemple qu’aujourd’hui on pourrait stocker l’ensemble des 13 millions d’ouvrages imprimés à la Bibliothèque Nationale de France, sur un petit carré de 12 centimètres de cotés, une sorte de mouchoir de poche ! Mais que ferions-nous avec cette énorme somme d’information ? Il va falloir que l’on trouve des outils pour se repérer à l’intérieur, pour se les approprier, il ne suffit pas de les avoir dans la poche il faut les avoir dans la tête, ce qui est autre chose.

Par ailleurs, on sait qu’avec le vieillissement de la population, de nombreuses personnes éprouvent des difficultés à mémoriser, donc il faut savoir comment on pourrait exercer sa mémoire pour éviter de la perdre, ou plus exactement, pour retarder cette perte le plus longtemps possible. Puis, une fois que l’on a des troubles de mémoire, il faudrait trouver les prothèses qui nous aideraient à vivre au sein du monde commun. » IV - Les champs de l'Observatoire B2V des mémoires

La mémoire est présente dans l’apprentissage, l’acquisition des connaissances et les performances professionnelles. Elle influence nos comportements – appétence pour certains aliments, réactions aux émotions et face au stress… - et affiche des liens très importants avec la qualité du sommeil. Elle a tendance à se faire distante au cours de notre vie, sujette à des facteurs comme le vieillissement, avec lequel elle entretient un rapport parfois pathologique jusqu’à mettre en péril notre autonomie. Elle peut aussi faire défaut sous le coup d’une peur ou d’une inhibition…et réapparaître. A/ Principes de base de la mémoire humaine

La mémoire humaine comporte trois temps et fonctions. Le souvenir est une sorte de traduction en langage « neurones » de l’information que l’on a captée de différentes manières. L’encodage : la fabrication du souvenir. Etape de transformation de l’information pour en constituer un souvenir. L’encodage peut être volontaire ou par incident. Le stockage : rangement de l’information dans la zone appropriée du cerveau. Pour le maintien des informations en mémoire. Le stockage peut durer quelques secondes comme plusieurs années. La récupération des souvenirs. La restitution peut être consciente ou non, spontanée ou stimulée.

B/ L’Observatoire B2V des mémoires a choisi de s’engager dans les champs thématiques suivants : • Mémoire Individuelle La mémoire rend possible l’apprentissage et donc l’expérience. Elle permet la construction de l'identité d'un individu et son maintien. Elle est en lien avec l’identité humaine et la notion de dignité. Grâce à l’IRM notamment, on a réalisé que la mémoire individuelle se distribuait en plusieurs mémoires, au nombre de cinq systèmes (en référence au travail du neuroscientifique Endel Tulving), chacun intégrant les systèmes précédents pour fonctionner :

-la mémoire procédurale que sont les habitudes, les automatismes ; - la mémoire perceptive qui repose sur des mécanismes complexes et nous permet de faire deux choses à la fois ; -la mémoire sémantique, connaître sa date de naissance ou savoir que le Nil est un fleuve

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d'Égypte, qui se réfère à l’ensemble des concepts et connaissances générales sur le monde ; -la mémoire de travail, qui a une capacité de stockage restreinte et maintient l’information à court terme, une sorte de présent psychologique de quelques secondes. Historiquement, on parlait de « mémoire à court terme » pour désigner par exemple le temps de composer un numéro de téléphone ou de répéter le nom d’une rue inconnue où l’on cherche à se rendre. On l’oppose à la « mémoire à long terme », qui commence au-delà de quelques secondes et peut aller jusqu’à la vie entière. -la mémoire épisodique, le souvenir d'un voyage par exemple, qui permet de voyager dans l’espace et le temps, de récupérer une situation, d’évoquer un souvenir. Elle nous permet de nous projeter dans le futur.

• Mémoire d’entreprise La mémoire d’entreprise est de plus en plus la résultante de cultures d’entreprises qui ont fusionnées. L’intérêt des entreprises pour une plus grande valorisation de leurs informations, connaissances et compétences est grandissant. Ces entreprises disposent d’un capital de connaissances (documents, données, référentiels, messages, …) souvent mal exploité. Plusieurs modèles ont été créés pour étudier cette gestion des connaissances passant par la mémoire d’entreprise. Outre la mise en place d’un réseau, d’un intranet ou d’un système de circulation de documents, la gestion des connaissances exige une attention particulière aux informations contenues dans les documents. L'entreprise est donc de plus en plus définie par une accumulation de savoirs et de savoir-faire. D'autre part, les mouvements des salariés sont toujours plus fréquents. Départs en retraite, mobilité de carrière, délocalisations, demandent à l'entreprise de mettre en place des moyens pour conserver les connaissances de ceux qui partent. En effet, si l'on n'y prend pas garde, le départ d'un collaborateur fait parfois perdre un savoir-faire précieux. On réalise alors que l'absent avait un « tour de main » particulier pour telle ou telle tâche

• Mémoire collective La mémoire collective est partagée, transmise et aussi construite par le groupe ou la société moderne. Le terme « mémoire collective » a été inventé par Maurice Halbwachs par opposition à la notion de mémoire individuelle. La culture populaire est un exemple de culture collective comme terrain sur lequel s’élaborent l'identité sociale et les représentations collectives fondées sur la mémoire. Les relations interindividuelles participent à une construction commune d’une mémoire en partage d’un évènement, une période, un acte.

• Les nouvelles mémoires, les nouvelles technologies et Internet L’utilisation fréquente de moteurs de recherche et de ressources en ligne a modifié la façon dont nous mémorisons les informations, rapporte une étude scientifique. Publiée dans la prestigieuse revue Science, la recherche a été menée sous la direction de Betsy Sparrow, de l’institut de psychologie de l’université de Colombia, aux États-Unis. Les ordinateurs et Internet sont devenus une sorte de mémoire auxiliaire. Plutôt que de se rappeler certains faits, les internautes se souviennent de la façon de les retrouver en ligne. L’étude relève qu’Internet est devenu une sorte de moyen de stockage externe de notre mémoire, sur lequel l’humain se repose. Ce phénomène est déjà connu sous le nom de « mémoire transactive » : un individu va se rappeler qui consulter parmi ses proches ou encore, où rechercher une information, plutôt que de faire l’effort de la retenir lui-même! Récemment sur ce sujet de l’influence d’Internet et des nouvelles technologies, l’écrivain français Michel Serres a publié en 2011 Petite Poucette.

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V - Présentation du Groupe B2V A/ Qui sommes-nous ?

• Acteur de la protection sociale

B2V est un Groupe paritaire de Protection Sociale composé de 600 collaborateurs regroupés sur un site unique à Paris.

Ses 3 pôles d’activité (retraite, prévoyance, santé) sont dédiés au service des assurés et des entreprises. • Leader dans la branche de l’Assurance B2V assure en effet la protection sociale de tous les salariés et retraités de l’assurance, tant en retraite qu’en prévoyance et en santé. • Acteur majeur dans l’Enseignement Privé Plus de 50 ans d’expérience en retraite complémentaire au service des salariés de l’enseignement privé et depuis 2002, B2V est le seul Groupe habilité à recevoir les adhésions de tous les nouveaux établissements d’enseignement privé. • Présent dans le domaine interprofessionnel Des entreprises de toutes tailles et de secteurs économiques très divers font confiance à B2V pour la gestion leur retraite complémentaire. B/ B2V en quelques chiffres (données 2011) • Retraite

30 000 entreprises 550 000 cotisants 410 000 retraités 1 700 M ! d’encaissements • Prévoyance/Santé

1300 entreprises 368 000 personnes protégées 240 M ! de cotisations • Action sociale

30 000 bénéficiaires Un budget de 12 M !

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C/ Des métiers résolument tournés vers l’humain

• Retraite : des solutions complémentaires Nos assurés bénéficient d’une retraite qui vient s’ajouter à celle versée par le régime de base de la Sécurité sociale. En retraite complémentaire, le groupe compte une institution Agirc (retraite des cadres) et une institution Arrco (retraite des salariés). B2V gère une institution de retraite supplémentaire et un fonds de pension professionnel destinés aux salariés et retraités de l’assurance. Le groupe abrite en son sein l’Urcrep, association mandatée par les Pouvoirs Publics pour recouvrer les cotisations de retraite complémentaire des enseignants du secteur privé sous contrat avec l'État.

• La prévoyance/santé : des offres pour protéger ses salariés, sa famille Dans ce domaine, B2V remplit deux missions : garantir le remboursement des frais de santé, protéger et indemniser les assurés et leur famille en cas de décès, d’incapacité et d’invalidité. Au sein du groupe, le Bureau Commun d’Assurances Collectives (BCAC) est le gestionnaire référence en matière de protection du personnel actif et retraité des compagnies d’assurances et des mutuelles. B2V propose aux entreprises une offre santé et prévoyance collective pour protéger leurs salariés. Une offre de complémentaire santé et une couverture obsèques sont destinées aux retraités.

• L’action sociale : des services aider les plus fragilisés En plus de ses missions premières (retraite complémentaire, prévoyance et santé), B2V mène depuis toujours une politique active en matière d’action sociale fondée sur la solidarité et la proximité pour aider les plus fragilisés. B2V est particulièrement attentif aux problématiques liées à l’avancée en âge. Le Prix Solidarité Autonomie Seniors en est une illustration parmi une large palette d’aides et de services de l’action sociale : • La prévention avec centres de prévention dédiés pour les plus de 50 ans à Paris, Toulouse, Marseille, Grenoble, Lyon, Lille, Rouen, Strasbourg, Montpellier, • Des actions itinérantes en régions, • Le soutien à domicile (aides financières, prêts à taux 0% pour l’aménagement du domicile, maintien des liens sociaux avec des services comme Sortir Plus, information en régions), • L’aide aux aidants (aides financières, solutions de répit, actions de soutien en régions), places prioritaires en résidences de retraite (500 établissements / 1 600 places réservées), • Le groupe intervient également dans de nombreux domaines tels que le handicap, les situations de ruptures sociales (chômage, décès, invalidité…), aide à l’éducation.

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ANNEXES A - La mémoire vue par les membres du Comité Scientifique

• La mémoire vue par …le Professeur Francis EUSTACHE

"Qu’avons-nous vécu ? Appris ? Qui sommes-nous ? La mémoire permet de nous souvenir et de décrypter le monde qui nous entoure, mais aussi de faire des choix en fonction de notre histoire et de nous projeter dans le futur. Ces dernières années, nos connaissances sur la structure et le fonctionnement de la mémoire humaine ont beaucoup progressé. L’étude des maladies (syndromes amnésiques et maladie d’Alzheimer essentiellement) nous renseigne, mieux que toute autre démonstration, sur cette fonction mentale qui se trouve au cœur de notre subjectivité et de notre identité. Ainsi ce patient, surpris de voir « les hommes mettre des sapins dans les maisons à Noël », nous rappelle que la mémoire enregistre non seulement nos souvenirs, mais aussi ce que nous savons sur le monde. Un tri au jour le jour Selon le Pr Francis Eustache, « la mémoire effectue un travail de synthèse au jour le jour, à notre insu. Elle va choisir de retenir certaines choses et d’en oublier d’autres ». Notre mémoire ne se mesure pas seulement à notre capacité à engranger de l’information et à la retenir, mais aussi à notre aptitude à évacuer l’information non pertinente, qui risque de l’encombrer et d’empêcher d’extraire les informations utiles. Deux structures de notre cerveau sont chargées de faire le tri. Réussir à focaliser notre attention Qu’est-ce qui fait que certaines informations qui transitent par la mémoire de travail vont continuer leur chemin vers la mémoire à long terme, tandis que d’autres vont passer aux oubliettes? C’est l’attention! Elle est le moteur indispensable de la mémoire de travail. Selon le Pr Eustache, de nombreux facteurs contribuent à attirer et focaliser notre attention, et ainsi mieux retenir: - les facteurs psychophysiques. Plus les éléments apparaîtront sous leur meilleur aspect (couleur, contraste, luminosité), plus ils capteront notre attention, - les facteurs physiologiques, comme la fatigue par exemple. Plus on est fatigué, moins on est attentif, - les acteurs environnementaux. Plus il y a de bruit, plus il sera difficile de focaliser son attention, - la motivation. Si vous avez une grande connaissance du domaine en question, l’information s’intégrera mieux à votre réseau de connaissances; sinon, elle restera plus isolée. Comprendre les relations entre les différentes mémoires Les fonctions des différentes mémoires, (en référence au travail du neuroscientifique Endel Tulving), ont été repérées, sans que l’on comprenne encore vraiment bien comment elles se redistribuent et s’inter-relationnent en système global, (avec l’aide par exemple et encore mal connue de l’émotion). Les interactions et les concurrences entre mémoire à long terme et mémoire à court terme (désormais appelée « mémoire de travail), mémoire déclarative et mémoire procédurale, mémoire épisodique et mémoire sémantique sont des notions et des concepts qui émaillent désormais les neurosciences. L’imagerie cérébrale – Le Pr Eustache dirige l’unité Cyceron. Dans les connaissances actuelles, l’imagerie cérébrale tient un rôle important qui permet de comprendre la mise en place progressive de la mémoire chez l’enfant, comme ses modifications au cours du vieillissement." Les techniques d’imagerie cérébrale fonctionnelle permettent d’avoir accès in vivo au fonctionnement du cerveau ; elles reposent sur le postulat de base qu’une activité cognitive

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engendre une cascade d’événements neuronaux (modifications électriques, neurochimiques, vasculaires et métaboliques de l’activité synaptique); elles se différencient par le type de signal qu’elles mesurent. Ses mots pour définir la mémoire…………………….Se souvenir, savoir, maîtriser En savoir plus Les Chemins de la mémoire en collaboration avec Béatrice Desgranges, directrice de recherche à l’Inserm. Editions Le Pommier Pourquoi notre mémoire est-elle si fragile"? Editions Le Pommier, 2003. Manuel de neuropsychologie avec Sylvane Faure, Béatrice Desgranges. Collection: Psycho Sup, Dunod 2013 - 4ème édition – Le cerveau musicien Neuropsychologie et psychologie cognitive de la perception musicale avec Bernard Lechevalier et Hervé Platel. Editions De Boeck. Le paradoxe de l’identité singulière et plurielle : un paradigme inédit et un défi nouveau pour la neuropsychologie. Résumé : À partir d’une revue de travaux provenant de différentes disciplines, l’objectif de cet article est de susciter une réflexion sur les liens entre mémoire, conscience et identité personnelle et sur leurs perturbations aux cours des affections neuropsychiatriques. Revue de neuropsychologie. Volume 4, Mars 2012, Point de vue. Version PDF en ligne : http://www.jle.com/e-docs/00/04/75/74/article.phtml Conférences Alzheimer : le paradoxe de l'identité singulière et plurielle avec le prof. Michel Poncet, neuropsychiatre, président de l'Institut de la Maladie d'Alzheimer, Marseille https://www.youtube.com/watch?v=icuy1f6iJpY En savoir plus « les processus compensatoire » : Il faut également relever une évolution dans notre approche du vieillissement normal : si les chercheurs s’intéressent toujours aux mécanismes du déclin, ils se tournent de plus en plus vers l’étude des processus compensatoires, des mécanismes préservés, ce qui est indéniablement une approche plus positive du vieillissement. Comme l’ont judicieusement souligné Park et Reuter-Lorenz, « ce qui est intrigant pour les chercheurs actuellement, ce n’est pas tellement de comprendre le déclin cognitif lié à l’âge mais plutôt comment les sujets âgés maintiennent un si haut niveau de fonctionnement cognitif malgré de réelles altérations sur le plan cérébral ». Enfin, il faut rappeler que les structures les plus touchées dans la maladie d’Alzheimer sont celles qui sont les mieux préservées dans le vieillissement normal. Le message est clair : les deux processus sont radicalement différents.

• La mémoire vue par …le Professeur Hélène AMIEVA La mémoire est un phénomène complexe. La recherche fondamentale doit s’appuyer sur des études qui apportent des preuves, qui permettent de vérifier des hypothèses, en s’inscrivant dans le temps et auprès d’échantillons de population importants et bien ciblés. Ce n’est pas toujours le cas et Hélène Amiéva combat les approximations en participant à la mise en œuvre de grandes cohortes (échantillon d’études) prospectives au cours de très longue période, pour prendre en compte la dimension dynamique des évolutions. L’approche épidémiologique : « Etudier le vieillissement cognitif ce n’est pas seulement comparer un groupe de sujets âgés qui présentent une particularité sur le plan de la mémoire à des personnes jeunes, mais c’est avoir accès

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à des grandes populations au cours du temps, par exemple 4 000 personnes depuis 22 ans, comme la cohorte Paquid, pour voir comment évoluent ces phénomènes cognitifs, mnésiques et cérébraux. » Pour H. Amiéva l’Observatoire B2V permettra d’avancer sur la connaissance de la mémoire humaine. « Mieux connaître les représentations sociales des maladies, les changements psychologiques qui s’opèrent chez le malade, ou encore s’interroger sur les possibilités d’améliorer la qualité de vie des personnes malades et des familles, y compris par des voies qui ne reposent pas sur la pharmacothérapie, sont des questions essentielles. Il est intéressant que le groupe B2V admette l’idée qu’il soit important aujourd’hui d’avancer dans les connaissances fondamentales de la mémoire humaine. Et en même temps de donner les moyens de faire émerger des pistes crédibles de compréhension des troubles de la mémoire. Il est très étonnant et toujours inexpliqué de constater les différences qui existent entre les individus... pourquoi deux personnes qui ont les mêmes lésions n’expriment pas les mêmes déficits. Certains vont mourir sans exprimer vraiment la maladie et d’autres vont les exprimer très vite. » Des pistes de prévention existent : "La piste de prévention la plus accessible est celle concernant les facteurs de risques cardiovasculaire notamment l’hypertension artérielle. Il est important de faire comprendre à la population âgée que détecter et traiter correctement une hypertension est non seulement utile pour éviter une mort subite à 85 ans, mais aussi pour éviter cinq ans de dépendance plus ou moins lourde liée à une démence en fin de vie. La piste nutritionnelle est également prometteuse bien qu’elle n’ait pas fait l’objet d’une évaluation convaincante. La consommation régulière de fruit, de légumes, de poissons aurait un effet préventif. Nous avons récemment montré, dans le cadre de l’étude dite “Des Trois Cités” que des sujets consommant ces aliments présentaient moins de risques de développer la maladie d‘Alzheimer au cours des quatre ans après le recueil des données. Cela étant d'autant plus avéré pour les personnes présentant un facteur de risque génétique. Les autres pistes de prévention sont axées sur la préservation des capacités cognitives de réserve par une vie sociale et culturelle active et stimulante, l’exercice physique régulier et la lutte contre la solitude et les troubles affectifs. Dans l’ensemble des mesures de prévention qui pourraient être proposées ne sont pas très contraignantes et devraient être acceptées sans difficultés." Une récente étude publiée portant sur les besoins formulés par les aidants des malades atteints d’Alzheimer révèle leur nécessité d’information en priorité. Cette étude a été menée sur deux ans dans une quarantaine de centres hospitaliers auprès de 650 familles. Ses mots pour définir la mémoire……………………. La mémoire accapare 90% des activités mentales

• La mémoire vue par…le Professeur Robert Jaffard C’est à partir de notre mémoire autobiographique que nous construisons notre personnalité. Elle est notre identité. Nos « savoir faire », nos réponses conditionnées - notre mémoire procédurale – ont de ce point de vue un caractère plus banal. Ils représentent néanmoins, dans tout le règne animal, le moyen d’adapter le comportement aux contraintes de l’environnement et même de survivre. Je pense en particulier au dispositif du cerveau –auxquels les scientifiques au début n’ont pas cru parce que contraire à la théorie – qui

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permet d’associer le goût d’un aliment au malaise ressenti plusieurs heures plus tard. Je crois aussi que l’étude de la mémoire a commencé à devenir plus intéressante, et même passionnante, lorsque, au-delà du béhaviorisme – où la mémoire est conçue comme « mécanique » - l’animal machine de Descartes appliqué à l’homme notamment par John Watson – la mémoire a commencé à être étudiée comme une fonction cognitive. Schématiquement, plus comme une production – nous construisons nos souvenirs en rassemblant des événements du passé, certes, mais nous les façonnons par nos schémas mentaux, nos connaissances, nos affects, nos croyances – que comme une reproduction quasi parfaite de ce qui a été enregistré (ce qui est le cas pour certaines formes de mémoire). On s’est récemment rendu compte que ce qui pouvait apparaître comme une imperfection (la mémoire reconstruite – subjective – fait des « erreurs » par rapport à la réalité objective) est en fait un atout considérable car elle permet d’imaginer, de créer. L’activité cérébrale du cerveau qui se souvient est très proche de celle du cerveau qui imagine. Dernier point parmi bien d’autres, et c’est peut-être là – sûrement pour certains spécialistes – que se situe la frontière entre l’homme et l’animal. Seul l’homme possèderait la capacité de voyager mentalement dans son passé ce qui, pour Endel Tulving, est la seule exception à l’écoulement irréversible du temps qui est la règle dans le monde physique qui nous entoure, règle que nous sommes probablement les seuls à transgresser par la pensée. Mémoire et émotion : L’intérêt pour l’étude des relations entre émotions et mémoire est, tout au moins en neurosciences, relativement récent. D’abord par des études de pharmacologie, puis par les premiers travaux d’imagerie cérébrale (le niveau d’activation de l’amygdale induit par un éveil émotionnel lors de – ou juste après – l’encodage d’une information prédit de façon impressionnante si elle sera retenue). Lorsque l’on passe d’un éveil émotionnel à un stress l’effet devient délétère et peut entraîner un état de stress post-traumatique. La représentation traumatique devient « inoubliable » - obsédante – mais, elle est focalisée sur un élément simple alors que la scène - le contexte - a été oublié ou « masqué ». Je crois que, dans ce domaine, la question essentielle est de comprendre comment l’apprentissage émotionnel lui-même, qui reste nécessaire, peut être régulé, contrôlé ou simplement supprimé. L’intérêt pour cette question peut se mesurer à l’étendue des recherches – en psychologie et neuroscience – portant sur les mécanismes qui sous-tendent l’extinction de la peur conditionnée. Mémoire procédurale et conscience : La mémoire procédurale (non déclarative), cette mémoire qui n’a pas besoin de prise de conscience, cela signifie - t'il que nous agissons par moment sans conscience? Oui, au moins dans certains cas. Mais il est indispensable de préciser ce que l’on doit, selon moi, entendre par là et de ne pas rester prisonnier de la dichotomie radicale entre déclaratif – conscient – et non déclaratif – non conscient – surtout si, en plus, on introduit l’hippocampe, le néostriatum ou encore le cervelet pour asseoir le raisonnement. Quand je fais du vélo, je suis conscient – au moins par moments !- de faire du vélo, mais je n’ai pas besoin de la moindre représentation mentale des mouvements que j’effectue et qui me permettent de rester en équilibre et d’avancer. Dans de nombreux apprentissages de cette nature, cet automatisme – et donc le caractère « non conscient » de l’habileté maîtrisée - n’intervient qu’après une phase où un contrôle conscient –exécutif – s’est exercé. On sait d’ailleurs que l’entraînement purement mental accélère la maîtrise de nombreuses habiletés motrices. Il y a enfin une mémoire non déclarative différente de la mémoire procédurale. Elle est mise en évidence par le phénomène d’amorçage perceptif où l’on démontre – je pense en

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particulier aux travaux de l’équipe de Stanislas Dehaene - que le cerveau garde la trace d’une perception sans que le sujet en ait conscience. Cette trace modifie son comportement. En savoir plus > Revue Cerveau & Psycho de Juillet-Août 2008, dossier écrit par Robert Jaffard "De l'intérêt de mémoriser > Extrait de la conférence qui s’est tenue à Arcachon, en octobre 2008, dans le cadre de "Aquitaine Conférence in neuroscience /"La mémoire dans tous ses états". > Etudes sur le geai buissonnier Des résultats de ces expériences (équipe de N. Clayton), dans lesquelles ces oiseaux cachent – et/ou recachent – de la nourriture dans différentes situations, les auteurs tirent les conclusions suivantes. Tout d’abord, ces animaux « forment des souvenirs intégrés de l’épisode » (quelle nourriture, quand et où l’ont-ils cachée et qui les observait), ce qui « remplit les critères comportementaux de la mémoire épisodique » ; par ailleurs, ils adaptent leur comportement à leurs besoins à venir, c’est-à-dire, possèdent des « éléments de planification du futur ». Seule resterait ouverte la question de savoir s’ils « voyagent mentalement dans leur passé et dans leur futur », aptitude qui, selon certains auteurs dont Tulving, n’existerait que chez l’homme. Ensuite, Clayton et son équipe considèrent comme une « possibilité fascinante » l’aptitude de ces animaux à « attribuer et à raisonner sur l’état mental de leurs congénères [par] référence à leurs propres expériences » (la théorie de l’esprit), ce qui suppose une capacité « d’introspection.

• La mémoire vue par…le Professeur Jean-Gabriel GANASCIA On pourrait stocker les 13 millions d'ouvrages du catalogue des livres et imprimés de la bibliothèque de France sur un petit carré de 12 cm de côté. Un petit mouchoir de poche dans sa pochette mais que faire de cette information ? Il faudra trouver les outils pour circuler à l'intérieur et se les approprier. Il ne suffit pas de les avoir dans la poche, il faut les avoir dans la tête, ou, au moins, savoir comment s'y retrouver. Cependant, cette capacité de stockage d’informations ne s’apparente que de très loin à nos mémoires vivantes. Dès lors, deux questions importantes se posent. Est-il possible de faire appel aux dispositifs électroniques modernes, pour mieux comprendre ce que sont nos mémoires ? Ces nouveaux dispositifs pourront-ils être employés pour soulager nos mémoires de l’effort qu’elles ont dû faire dans le passé pour maîtriser les savoirs ? Nos mémoires humaines modélisées Bien qu’ayant reçu l'appellation de mémoire, les techniques de stockage d’information ne sont pas des mémoires au sens usuel du terme. Il manque à celles-ci des processus d’oubli et de réminiscence, à la racine de nos capacités d’abstraction, d’apprentissage et d’imagination. Toutefois, des informaticiens ont fait appel aux techniques informatiques pour développer des outils de modélisation des mémoires humaines. Les réseaux de neurones formels ont ainsi donné naissance à des mémoires associatives. Sur un autre plan, un courant le l'intelligence artificielle, l’intelligence artificielle sémantique, porte sur la représentation des connaissances en essayant de reconstituer une mémoire qui ne soit pas un stockage d'information, mais qui essaie de reproduire les opérations essentielles de la mémoire que sont l’oubli et la réminiscence, l'association spontanée des choses perçues et des sensations. En retour, de nombreux travaux de psychologie et de sémantique font appel à ces outils pour mieux appréhender le fonctionnement de la mémoire.

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La mémoire informatique, support de nos mémoires humaines Disponibles à tout moment, les supports électroniques de stockage d’information soulagent nos mémoires d’un effort jugé de plus en plus insupportable. Les tablettes d’argile, les rouleaux, le codex, l’imprimerie ont tour à tour fait évoluer les supports matériels de nos mémoires ; il en est de même de l’électronique aujourd'hui, support plus rapide. Devant un tel flux d'informations, des agents d’interfaces sont conçus afin de nous aider à accéder à l’information souhaitée. Néanmoins, si l’ampleur de toutes ces évolutions est incontestable, la nature des mutations en cours est plus difficilement identifiable. Les dispositifs de stockage d'information offrent des capacités inouïes d'accroissement des mémoires externes mais ils peuvent changer nos mémoires internes. Des travaux conduits au CNRS, en collaboration avec des historiens, des spécialistes du domaine littéraire, des sociologues, des psychologues et des informaticiens devraient permettre de mieux comprendre encore la mémoire dans sa globalité. À cet égard, il convient de noter que d'anciennes " technologies intellectuelles ", telles que les arts de la mémoire, sont à nouveau sollicitées par les informaticiens et servent de fondement aux travaux actuels dans le domaine des interfaces homme-machine. Pour exemple, prenons le fameux HTML, Hypertext Mark Up Language, du réseau internet. Ce langage existe grâce aux recherches d’un philosophe Ted Nelson qui pour imiter et soulager la mémoire, a imaginé que l'on pouvait ajouter des liens entre les parties de textes pour circuler de l'une à l'autre et il a qualifié ce texte augmenté d'hypertexte. Aujourd'hui, ces liens entre les parties du texte sont gérés par ordinateur et permettent d'accéder à l'information d'une manière associative ou, tout au moins, d'une façon non linéaire et libre, laissée au gré de l'utilisateur. La notion d'hypertexte est donc associée au web et à l'internet, qui ont permis son développement, mais l'Encyclopédie de Diderot peut être vue comme un des ancêtres de l'hypertexte contemporain. Et, il en va de même des commentaires et des réseaux de renvois et d'annotations dans les traditions exégétiques de lecture des textes sacrés. Plus la mémoire numérique augmente, plus la taille des ordinateurs diminue. 400 000 volumes ouverts et en libre accès de la bibliothèque nationale dans une montre bracelet et demain ?

• La mémoire vue par … le Professeur Denis Peschanski Comment peut-on penser la mémoire comme objet des sciences sociales sans prendre en compte les dynamiques cérébrales ou cognitives ? Comment peut-on penser la mémoire comme objet des sciences du vivant sans prendre en compte les dynamiques sociales inscrites dans l’histoire ? Ce qu’on imagine est alimenté par ce qui est passé. On utilise des épisodes du passé pour construire son avenir. Nous disposons dans notre cerveau d’un appareil à construire la mémoire et c’est le même appareil qui nous sert à imaginer. Les zones qui sont activées dans la remémoration sont aussi activées quand on fait des projets. Cela interroge l’historien. Interaction entre mémoire individuelle et collective : La compréhension de la dialectique entre la mémoire individuelle et la mémoire collective, la psyché et le social, passe par la recherche transdisciplinaire, en explorant les frontières de la connaissance de différentes disciplines, ce qui permettra aussi de participer à la compréhension des pathologies individuelles et sociales. La nécessaire transdisciplinarité : Mémoire et transdisciplinarité est une voie dans laquelle le Pr. Peschanski est déjà engagé

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notamment en tant que responsable scientifique de l’équipement d’excellence, nommé « Matrice », plateforme technologique visant à mieux comprendre les interactions entre mémoire individuelle et mémoire collective. Ce ne sont pas moins de 24 partenaires qui sont associés à ce programme rassemblant des chercheurs aux disciplines les plus variées comme l’histoire, la philosophie, la sociologie, les neurosciences, la psychologie, le droit, les études muséographiques et les « performance studies ", mais aussi des institutions aussi diverses que des organismes (pres héSam, CNRS, Paris 1, INA, France Télévisions), deux ministères, une dizaine de laboratoires, des fondations et des mémoriaux. Pour le Pr Peschanski, l’observatoire participera aussi comme interface entre grand public et scientifiques par un dialogue permettant de montrer au grand public les avancées de la recherche et en même temps de faire en sorte que les chercheurs soient à l'écoute de ce qui se passe dans la société.”

• La mémoire vue par … Bernard STIEGLER : « C'est sur ce chemin de la mémoire que j'ai retrouvé la technique : il m'est apparu plus tard que la technique était le cœur même de cette question de la mémoire » B.Stiegler, Philosopher par accident. Entretiens avec Elie During, Galilée 2004. Après plus de trente ans passés à étudier la question de la mémoire, la philosophie de Bernard Stiegler est souvent décrite comme étant une pensée de la technique. Pourtant c'est une manière de voir un peu trop parcellaire. Il cherche plutôt à reconsidérer les enjeux même de la pensée. Et pour ce faire, il lui a fallu prendre en ligne de compte la méfiance farouche des philosophes à l'égard de la technique. Chez Platon on trouve déjà la peur que l'écriture puisse diminuer nos mémoires. A partir de lui, les philosophes vont souvent se prononcer contre la technique, ce que Bernard Stiegler nomme un refoulement de la question technologique. Bernard Stiegler affirme qu'il faut avoir une conception essentiellement et originairement technique de la mémoire humaine. L'outil est un prolongement du corps, la bipédie se traduit par la possibilité fonctionnelle de fabriquer des outils. Il rappelle que l'hominisation, c'est à dire l'évolution historique qui fait biologiquement de nous des hommes, est un processus qui voit s'extérioriser les techniques du vivant dans des organes techniques inorganiques (artificiels). « La mémoire humaine est indissociable de la technique » A partir de la distinction entre caractère acquis et transmission, on peut scinder la mémoire des êtres en deux différentes parties : la première, une mémoire de l'espèce, qui est transmissible, et dite génétique, qui passe de génération en génération, et de l'autre côté, la seconde mémoire, dite épigénétique, et qui est celle, nerveuse, de l'individu. Pour Bernard Stiegler il existe une troisième forme de mémoire, qui est issue de la possibilité que la technique nous offre de transmettre la mémoire d'un individu à toute l'espèce. La rétention tertiaire, un développement particulier de Bernard Stiegler. “Husserl distingue les rétentions primaires qui relèvent de la mémoire immédiate — la dernière phrase que je viens de prononcer par exemple et qui va vous permettre de comprendre la suivante — et les rétentions secondaires que compose la mémoire personnelle, et en fonction desquelles je vais sélectionner les rétentions primaires — voilà pourquoi si vous demandez à trente étudiants de résumer le cours que vous venez de donner, vous aurez trente réponses différentes. Or il y a une troisième mémoire formée par les objets techniques : la langue que l'on parle, l'architecture des villes, un silex taillé à partir duquel il est possible de reconstituer les gestes employés pour le tailler... Car c'est le milieu technique qui constitue notre mémoire. »

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Par rapport aux technologies numériques, avec lesquelles il travaille beaucoup à l’institut de recherche et d’innovation du centre Pompidou son constat est contrasté. D'un côté il présente un grand optimisme, mais aussi une certaine forme de méfiance, vis-à-vis de la solitude croissante que ces techniques créent. Ces formes de mémoire qui apparaissent depuis peu changent progressivement notre capacité à l'anamnèse.

B – Petite histoire et quelques métaphores de la mémoire La mémoire fait-elle partie de nos corps ? Pour l'individu moderne la question paraît de prime abord un peu absurde. Pour nous, la mémoire est dans notre cerveau, et tout le monde s'y accorde. Pourtant il n'en a pas toujours été ainsi.

• Apprendre par cœur Nous parlions avant, à la suite d'Aristote, du cœur comme lieu de passage de la mémoire. Cette idée est restée longtemps ancrée dans les consciences, et l'on en a gardé l'expression « apprendre par cœur », qui est encore utilisée dans de nombreuses langues en dehors du français, comme par exemple l'anglais « learn by heart » ou l'arabe « #$%&$' () *+# ,-. ». Mais le cœur n'était pas le lieu même de la mémoire, c'était juste un passage. La mémoire n'était pas physique, elle était métaphysique.

Un certain Ménon a mis Socrate face à un paradoxe que nous n'avons toujours pas résolu. Imaginons que nous trouvions une vérité. Si jamais nous reconnaissons cette vérité comme étant vraie, c'est que nous savions déjà qu'elle l'était, donc nous ne la découvrons pas... Ce paradoxe, Socrate va le contourner d'une manière habile. Il déclare qu'à chaque fois que nous découvrons une vérité, nous la reconnaissons car nous la connaissions dans une vie antérieure. La mémoire existe hors de nous et notre âme s'en souvient lors de ses voyages de corps en corps que l'on nomme la métempsychose (réincarnation). Il est intéressant de voir que ce concept de la métempsychose chez les grecs qui fondent la philosophie de l'Occident, est partagé par de nombreuses cultures et religions.

Pendant de très longs siècles, l’homme a considéré que la mémoire existait hors de lui, dans le « Ciel des idées » pour les platoniciens, dans le monde de l'âme pour les religions monothéistes, dans l'Âkâsha pour les Jaïnistes, dans le monde du Bardö pour les tibétains, ou dans le feu sacré des zoroastriens du Moyen Orient.

Depuis nous avons fait de nombreuses découvertes scientifiques. Le séquençage du génome humain marque une étape importante pour comprendre les mécanismes du développement de l’homme, sa physiologie et son histoire évolutive. Le génome est un lieu où des informations moléculaires essentielles sont conservées. Notre corps serait détenteur d’une mémoire des gènes de nos ascendants. Progressivement, grâce à l'observation et aux études des effets produits par les lésions cérébrales, nous avons pu localiser en grande partie les fonctionnements complexes de la mémoire dans le cerveau, et avancer considérablement sur le chemin de nouvelles connaissances comme par exemple la neuropsychologie...

Alors à quoi ressemble cette mémoire ? Depuis que nous connaissons la plasticité cérébrale, nous savons que la mémoire est mouvante, non pas seulement au niveau du ressenti, mais au niveau physiologique également. Peut-être est-ce pour cette raison que l'homme a toujours décrit la mémoire avec des métaphores différentes au cours de l'évolution, et selon les cultures. Il existe une infinité de mémoires. Pas seulement parce qu'il existe différentes formes de souvenirs mais parce que précisément la mémoire est construite à partir d’une séquence en trois étapes l’encodage, le stockage et la restitution. Et que chacun d’entre nous, devant un même paysage, face à un même évènement, écoutant

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une même symphonie ou visionnant une même vidéo, restituera des impressions –souvenirs- différents. La mémoire réinterprète.

• Supports et métaphores de mémoire

Chaque époque, selon sa technique, a développé des métaphores différentes pour considérer son cerveau où sont inscrites des informations.

L'évolution de l'art des sépultures au cours du paléolithique moyen venait déjà d'une volonté de signifier le souvenir et de l'agencer dans l'espace. Cette conservation de la mémoire prend des formes différentes selon les cultures : que ce soit les traditions de la thanatopraxie des embaumeurs égyptiens, ou les cranes d'ancêtres sur-modelés polynésiens, ou la prédilection européenne pour le marbre pour signifier la mémoire qui se grave et dure longtemps, chaque culture humaine a commencé à exprimer sa mémoire par le respect de ses morts... C'est d'ailleurs en s'inspirant de l'observation de sa fameuse collection de crânes surmodelés, que le docteur Henri Gastaut a considérablement fait avancer les progrès de l'électro-encéphalographie.

La mémoire comme des tablettes de cires

A l'époque de Socrate, on utilise pour écrire des tablettes de cire, que l'on peut ensuite effacer en chauffant la cire, pour y inscrire encore d'autres choses. Ces tablettes étaient complexes à fabriquer, et certaines étaient plus pratiques et efficaces que d'autres. Rapidement, Socrate se mit à comparer la mémoire des différents hommes aux différentes qualités de ces tablettes, sorte de cire dans laquelle se « gravait » plus ou moins bien les souvenirs. A partir de la découverte de l'imprimerie, on a considéré que la mémoire ressemblait plutôt à un livre, et donc qu'elle « imprimait » les événements. On a commencé à dire de l'âme qu'elle était ou non « impressionnable ». Une fois que nous avons inventé la photographie, nous avons commencé à dire des personnes avec de bonnes capacités, qu'elles avaient une mémoire « photographique ».

Il semble ensuite que les métaphores que nous avons élaborées pour concevoir nos mémoires aient évolué selon les outils que l'on avait à notre disposition. Mais on est en droit de se demander si ce n'est pas en sens inverse, à cause de notre constitution que nous inventons les outils. Par exemple Armand Giet nous apprend à propos du boulier (l’abacus) que :

« Cet instrument était utilisé par des peuples très largement séparés comme les Étrusques, les Grecs, les Égyptiens, les Indiens, les Chinois et les Mexicains et l'on peut penser qu'il a été inventé indépendamment dans ces différents endroits. »

A l'époque des Grecs antiques, l'art de la mnémotechnique, tel qu'il a été analysé par Frances Yates, montre qu'il était coutume d'élaborer des Palais de Mémoire, que l'on peuplait de scènes plus ou moins morbides et frappantes, qui aidaient les apprentis rhéteurs à se souvenir des choses importantes. Plus tard toujours dans le registre de l'architecture, nous avons commencé à utiliser, à la suite de Robert Fludd, la métaphore du théâtre. C'est une idée qui plaisait beaucoup à la renaissance, période si riche en arts. On commença aussi à parler du labyrinthe de la mémoire, s'inspirant de ceux que les bâtisseurs de cathédrale mettaient en place. Puis au XVIIeme siècle, avec la découverte de l'horlogerie, et des automates, on se mit à considérer la mémoire comme une mécanique, avec ses rouages et ses automatismes.

Une métaphore importante et surprenante est apparue peu après à la Royal Society of Science, en Grande Bretagne, grâce à un chercheur nommé Hooke. Il observa pour la première fois ce que l'on nommait la pierre de Bologne, qui n'était autre que du phosphore. Il considéra que la mémoire pouvait être un phénomène entièrement physique, qui retienne les événements comme le phosphore retient la lumière qui lui permet de luire dans le noir. Cette métaphore d'une grande beauté fut très mal accueillie à l'époque car elle entrait tout à

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fait en contradiction avec l'origine métaphysique de la mémoire. Plus tard à partir de la révolution industrielle, quelqu'un comme Jung se mit à concevoir l'inconscient comme une usine, et de nos jours les scientifiques analysent de plus en plus le cerveau en utilisant la métaphore de l'ordinateur, considérant que nous reconfigurons nos souvenirs, nous les mettons à jour, les partageons, etc.

Les médias en parlent beaucoup ces temps-ci, nos outils (smart-phones, tablettes numériques, etc) ont une influence sur nos habitudes neuronales. Les métaphores sont aussi des outils. Les découvertes contemporaines en neuro-psychologie, tendent à prouver que l'usage d'un langage

métaphorique a un effet bénéfique sur le cerveau : au niveau neurologique il fonctionne sur un système de double codage, à la fois visuel et verbal, il constitue un vrai facteur d'éducation chez les enfants, ou chez l'adulte de maturation cognitive, comme l'ont montré les neuropsychologues Winner et Gardner dans leur étude de 19771. Les métaphores que nous utilisons pour décrire la mémoire sont donc très importantes. Ces métaphores participent activement de l'élaboration des nouvelles technologies et de nouvelles théories de la mémoire. La miniaturisation constante de la surface nécessaire pour enregistrer la mémoire, a de plus en plus de liens avec la biologie. En ce moment par exemple l'école polytechnique fédérale de Lausanne, encadre des recherches sur des nano-bio-chips (puces) utiles dans le cadre du bio-monitoring2. Ou encore au Japon, dans le département des nanotechnologies du NIMS de Tsukuba, on a développé une synapse artificielle, à l'échelle atomique. Cela risque très certainement de révolutionner l'intelligence artificielle, mais donnera, par cet effet miroir surprenant, de nouvelles occasions de mieux penser la mémoire humaine. Il est intéressant de remarquer qu'au même moment IBM met en place son projet nommé SyNAPSE, ou Systems of Neuromorphic Adaptive Pastic Electronics, un programme qui pose les bases de ce qu'ils envisagent comme la prochaine grande évolution, le cognitive computing.

1 - La compréhension de la métaphore chez les patients atteints de lésion cérébrale, 1977 2 - Cristina Boero, Sandro Carrara and Giovanni De Micheli, Sensitivity Enhancement by Carbon Nanotubes: Applications to Stem Cell Cultures Monitoring, in press in the proceedings of IEEE/PRIME 2009, 5th Conference on PhD Research in Microelectronics and Electronics, Cork, Ireland

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C - Petit lexique actuel nécessaire pour mieux comprendre la

mémoire Fonctions cognitives Fonctions intellectuelles qui se divisent en quatre classes: 1-les fonctions réceptives permettant l'acquisition, le traitement, la classification et l'intégration de l'information; 2-la mémoire et l'apprentissage permettant le stockage et le rappel de l'information; 3-la pensée ou le raisonnement concernant l'organisation et la réorganisation mentales de l'information; 4-les fonctions expressives permettant la communication ou l'action. Mnésique : qui se rapporte à la mémoire Cultuel : adjectif signifiant relatif à la culture religieuse, au(x) culte(s). La plasticité cérébrale C’est la capacité du cerveau à remodeler les branchements entre ses neurones par formation ou disparition de synapses. Elle est à la base du processus de mémoire et d’apprentissage, mais intervient également parfois pour compenser les effets de lésions cérébrales en aménageant de nouveaux réseaux. Ces modifications locales de la structure du cerveau dépendent de l’environnement et lui permettent de s’y adapter. La réserve cognitive La maladie d’Alzheimer concernerait 80% des cas de démence observés dans les pays industrialisés. En France un chiffre officiel parle de 860 000 cas. C’est le vieillissement qui semble être le facteur principal. Une contre-attaque entrevue serait l’élaboration de mécanismes compensatoires, notamment le renforcement de ce que l’on appelle « la réserve cognitive » qui permet une approche plus dynamique, interactive et positive du travail de mémoire. Cette réserve dépend du niveau d’éducation, de l’entraînement cognitif rationnel et du mode de vie. Elle serait susceptible de retarder significativement l’apparition des signes cliniques de la maladie d’Alzheimer. La notion de réserve cognitive a été proposée pour rendre compte des différences interindividuelles observées dans l’effet clinique des lésions cérébrales. L’hypothèse de la réserve postule que certaines caractéristiques individuelles sont associées à une plus grande réserve cérébrale et permettent de résister aux conséquences nocives des changements cérébraux accompagnant le vieillissement normal, aux lésions cérébrales abruptes ou aux lésions progressives causées par les maladies neurodégénératives. Des différences individuelles dans le style de vie, la scolarité, les centres d’intérêts, et des différences d’ordre génétique, comme le fonctionnement intellectuel, ont été associées à la réserve et ont donc été fréquemment utilisées comme des mesures de réserve. (source : Béatrice Desgranges , CNRS , Editions Le Pommier , Francis Eustache, INSERM , Les Chemins de la mémoire , Neuroscience)

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