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Déborah Jean

Pendant la semaine du second tour des élec-tions régionales (21 mars 2010), chaque pu-blication du site lemonde.fr a été analysée : les mots les plus répétés de chaque article ont été retenus et comptabilisés. Un dispositif multimédia les fait apparaître progressive-ment, dans un corps correspondant au nom-bre d’occurences du mot dans l’article, avec une disposition aléatoire sur le tableau noir. Peu à peu, les mots se superposant, le tableau est de plus en plus blanc. La source d’infor-mation devient une source de lumière éclai-rant les spectateurs - au sens propre comme au figuré.

Inspirée des « nuages de tags » du web 2.0, cette installation bascule peu à peu de l’in-formation condensée à la désinformation. Le concentré d’information s’accumule, les moins commentées sont phagocytées par les informations « plus importantes », ou du moins celles dont les journalistes parlent d’avantage. Au bout d’un moment les mots sont complètement noyés dans l’accumula-tion de lettres, et seuls restent visibles quel-ques mots-clés abondamment cités (comme « vote », par exemple.)

Plutôt que de mots-clés, il s’agit en fait des mots les plus répétés. Ce qui est plus inté-ressant, finalement, que les mots-clés : ils permettent de soulever des détails qu’on ne remarque pas à la lecture simple : par exem-ple, comment se fait-il qu’un article sur le premier ministre utilise d’avantage le mot « Sarkozy » que le mot « Fillon » ? Ainsi, la projection est plus fidèle au réel discours des médias.

Sur un tableau noir, projeté au plafond, s’accumulent les mots les plus récurrents des dépêches du Monde.

«Écoutez-le, le monde vous parle» (Jeanne Cherhal)

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