Souvenirs Dun Aveugle Voyage Autour de Montev1

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  • (1. Du Bois-Girard,

    SOUVENIRS D'UN AVEUGLE

    VOYAGE

    ALTOIR DU MONDE

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  • jf?Ms pfwAMA(S-(Q)

    [eiiibre de riii,

  • Digitized by the Internet Archive

    in 2010 with funding fromUniversity of Ottawa

    Iittp://www.arcliive.org/details/souvenirsdunaveu01arag

  • soiivFJiKH IIP muaVOYAGK

    AUTOUR DU MONDKPAR JACOIKS ARAGO

    DomeEe dition revue et aupenle

    ll.l.USTHE DE 2-2 GRANDES VIGNETTES. PORTRAITSET DE l'iO GRAVURRS DANS I.K TEXTE

    Enrifhie de iVoles scientifiques par IM. FRAIvroiS ARU,0, de ITnsliini

    KT l'RCDE D'U.NE IXTRODIT.TION

    PAR fl. Jl II I, F. Jl A IV 1 i\

    TOME PREMIER

    PARISH. LEimUN, EDITEUR

    lU K DE l.ill.E, 8.

    CHEZ CAUNIKIt FRKRES, RUE ItES-SAINTS-PKRES, 6,

  • 463

  • INTRODUCTION.

    PKEKACE DE LA 4i^ DITION.

    L'acqureur de cette nouvelle dition des Souvenirs d'un Aveugle avait demandune prface l'auteur. M. Jacques Arago s'tait dj mis l'uvre, quand parut dansles Dbats une analyse de ce grand ouvrage. M. J. Janin, dont la plume a tant d'lo-quence, dont le jugement a tant de prix, venait de rendre compte des quatre volumesdj prns par tous les journaux, et pour la justification de son entreprise, l'diteurn'a pas cru mieux faire que de placer en tte de ces Souvenirs les pages rapides, colo-res, pleines de cur, de fougue et d'originalit, qui caractrisent si bien le feuilleto-niste du Journal des Dbats. M. Arago a voulu tout d'abord, par un sentiment de mo-destie bien compris, se refusera cette publication ; mais il devait aussi quelque chose celui qui lui avait consacr tant de colonnes, et il a fini par ci'der celte considra-tion puissante.

    M. J. Arago tire dune vanit du mrite de rriuquent criliiiuc ri iinlrc livi'i- s'enri-chit de quelques pages qui ajoutent sa valeur.

    Je n'ai pas le temps de dcrire un prambule , le vent suuftle, le vent s'a-gite dans le port, nous avons faire le tour du monde; partons donc! Apeine s'il nous est permis de jeter un regard d'adieu et de regret sur Tou-lon, la premire conqute du soldat Bonaparte. Toulon tient la mer, commele chteau-fort tient au foss, comme le navire tient sa nacelle. Dj noussommes en pleine mer. coutez ! nous voil tout de suite au beau milieu dela tempte. Oui , certes, vous tes servi souhait, une tempte le premierjour : partout le tonnerre, lvent partout; mais au bout de ce venl-l Bar-celone, les les Balares, l'Espagne, Gibraltar. On s'arrte Gil)raUar, cemonceau de canons anglais jet au milieu de la mer. Entre ces gueules

  • VI I \ riioDic II ON .

    bantes s'tend une espce de ville iiahile lant i)ien que mal par tontes sor-

    tes de l)andils . do voleurs, de conli'ebandi(!rs , de mendiants, do soldats.

    Passons vile, el, s"il vous plat, saluons de loin le pic de TnrilTe; qua-

    rante licnes, la haute montagne montre encore dans le ciel son front mena-

    ant. On i)assc la Ligne avec toutes les folles crmonies des matelots enbelle luuneur. Ce jour-l notre voyageur, Jacques Arago, le propre frre duroi tout-puissant de l'Oliservatoiro, qid di'j s'attristait de n'avoir fait amiti

    avec personne, car c'est la un gai, sincre et JDvial compagnon, se fait des

    amis dvous de deux vieux matelots du navire, Petit et Marchais. Figurez-vous deux loups de mer, le cnir taniu-, la main dure comme du fer, le cheveurare, l'il creux, le ventre aussi, restomac brl, mais l'nie tendre et le

    cur honnte ; Marchais, vritable bandit dur cuire, toujours le poignetau bout du bras, toujours le pied lev et la dentprie mordre, battu, bat-tant, terrible, furieux, ivrogne, et, quand on sait le prendre, un agneau!Petit, au contraire, malin, llneur, railleur, bel-esprit, ami de Marchais au-

    tant que Marchais est lami de Petit. Entre cet Oreste et ce Pylade de l'eausale notre voyageur eut la chance de placer son bras d'abord, puis la tte,

    puis le cur, et vogue la galre! Maintenant qu'il a ses deux amis dvous,il dte l'eiuiui de le prendre. D'ailleurs il est jeune et beau, ardent et brave;son regard vif et net s'empare de l'immensit; il tient avec un gal bonheur

    le pinceau et la plume, le flageolet et la guitare, le sabre du soldat et le go-belet de l'escamoteur ; il est musicien, il est pote, il est amoureux ses

    heures, et, qui plus est, il a obtenu une haute paye de six cents livres par

    an.

    Or, voil ce qui me plat dans tout ce voyage : c'est qu'il s'agit de la con-

    templation d'un esprit prime-sautier; c'est que c'est l tout fait un tour du

    monde comme peut et doit le faire un pote ; c'est qu'en tout ceci la sciencede la terre et de la mer, science devenue vulgaire comme l'A B C, cde le

    pas la fantaisie, cette rare et bonne fortune des jeunes gens, des amoureuxet des potes. La fantaisie est le capitaine de ce voyage autour du monde.Elle commande aux vents et aux orages; elle dit l'heure du dpart, l'heurede l'arrive, le temps du sjour. Une fois lche, gare vous, qui que voussoyez, sauvages ou civiliss, blancs ou bruns, cuivrs ou noirs, matres ou

    esclaves, marins ou pitons : vous appartenez a cette grande dame qu'onappelle la posie. La fantaisie ! voil un voyageur comme je les aime ; tout

    lui convient, la calche quatre chevaux et le bton du plerin, le cheval de

    labour et le cheval de course, la chaloupe et le vaisseau de guerre, l'Ocan

    et le petit ruisseau de la prairie; tout lui convient, et mme la coque de noixdel reine Titania, (reuse par la dent de l'cureuil. A cet heureux voyageurqui va, qui vient, qui s'arrte un peu au hasard, nonchalant et furibond la

    fois, toujours press de partir, toujours press d'arriver, et cependant disant cha(iue pas cette parole de l'vangile : Seigneur, 7ious sommes bien ici,dressons-ij, sil vous plat, trois tentes; a de pareils voyageurs il faut mettre

    tout fait la bride sur le cou. Ne leur demandez ni l'ordre, ni la mthode,ni le mouvement rgulier, ni l'tude, ni la science ; ils ont mieux que toutcela : ils ont le hasard et l'inspiration, ils ont le coup d'il, ils savent deviner

    et choisir, ils ont la parole vive et prompte, la main ferme, la tte fire. le

  • I NI KO Dr CI ION . VU

    l'i'ganl assur; en un m-jt, ils ne resseniljlenl en rien toul ce ([uc nous sa-vons des voyages et des voyageurs passs el prsents.

    Le voyageur dont je vous parle est ainsi l'ail, il n'obit qu' lui-mme, il

    ne s'inquite gure de reehereher et de suivre les traces de ses devanciers;il agit, avec le monde qui passe sous ses yeux, tout comme s'il tait le pre-mier arrive dans cet univers dont il se fait le juge suprme et sans appel. Ilno rfute personne, il ne sert de commentaire personne, il ne cite personne.De l je ne sais quelle nouveaut piquante et difficile trouver dans unvoyage autour du monde, cet inpuisable sujet de vagabondages purils ousrieux, dans lequel reparaissent ncessairement les mmes noms, les mmesobservations, les mmes dcouvertes. Par exemple, coutez cet Arago en-Ibousiaste (ils le sont tous, le savant lui-mme), une fois qu'il est dans leBrsil : Terre fconde, nature part; brise qui souffle, divin soleil, rivires

    peuples, air tout renqili d'oiseaux, arbres tous chargs de fruits, monta-

    gnes pleines d'argent et de fer, ruisseaux qui roulent de l'or, vigueur, sant,

    beaut, courage, grands arbres, grands monuments, rien n'y manque. Notre

    voyageur entonne ce propos l'hymne d'action de grces qu'ont d chan 1erles deux envoys la terre de Chanaan, quand ils revinrent tout courbssous le poids des raisinsetdes pis. Jamais vous n'avez rencontr nulle part

    un plus infatigable enthousiasme. Seulement, si vous n'aimez pas les histoi-

    res de ngres et d'esclaves, si les plus abominables dtails de sang, de bton,

    de meurtres incroyables, dvies sans frein, vous pouvantent, tournez quel-

    ques-unes des pages de ce livre, car vous avez l un chapitre qui en est tout

    rempli.

    Mais les dames! Oh! les dames du Brsil! Du feu sous une belle enve-loppe de belle chair brune, souple et luisante. Elles vont toutes chargesde perles, de rubis, de diamants, de chanes d'or; de belles esclaves portent

    la queue de leurs robes tranantes. Elles vivent de la vie horizontale. La

    nonchalance, le sommeil et l'amour, voil leur vie. Ont-elles un peu de loi-sirs, elles font appeler un esclave. Couche-toi l. L'esclave obit, et, ce-

    pendant, armes d'un fouet au manche d'ivoire cisel, ces belles dames cher-chent, avec une cruaut souriante, les endroits les plus sensililes de cette

    crature humaine tendue leurs pieds. Celle qui enlve au bout de sa lan-nire sanglante le plus beau lopin de chair noire, celle-l a gagn. Ajoutez cet aimable ensemble, d'affreux moines de toutes couleurs, des glises pro-

    fanes remplies la nuit et le jour par toutes sortes de rendez-vous galants,des anthropophages dans les bois. Et cependant notre heureux homme,dans ces bois d'anthropophages, rencontre de vritables Parisiennes de

    Paris, si belles, si frachement pares, de si jolis rubans, un il si tin, des

    dents si blanches! Elles allaient de leur ct pour voir comment messieurs

    les sauvages peuvent manger un homme tout rti. 11 a vu aussi desAlbinos l'il rouge, aux cheveux blancs, des Bonlicoudos aux oreilles

    allonges, des Tupinambas froces, des Pakics non moins froces ; il les

    voit, il les touche, il leur parle, il se tire sain et sauf du milieu de ces btes

    hurlantes el puantes ; bien plus, il se met rver qu'il les civilise. Les rves

    de .]. Arago sont beaux, chaleureux, tout remplis d'humanit et de passion;

    laissons-le rver, d'autant i)lus ((ue dj la voile l'emporte de nouveau. Toul

  • \ III I \ I r. oiM
  • IMIH)l)r< T{()\. I\

    a danse la cacliuclia, li eaclunlia des ngres! De respi'il-de-vin conpavee de r('ther!

    Il y a l>ien anssi, par ci, par l, qnelqnes Chinois nomades qni font leconinicrcc; mais le Cliinois n'est gnre aim de M. Arago. Le Chinois luifait mal a voir. Il le traite a pen prs comme les hants barons du quinzimesicle traitaient les juifs. Ah ! si notre voyageur avait pu savoir en ce temps-l l'histoire de l'an 1840 en Chine, s'il avait vu ces Lonidas tondus, cesSpartiates bouffis, ce grand Kesken perdant la vie, quedis-je? perdant sonbouton sur la brche, tous ces hros de paravent, dfendant le Cleste-Em-pire contre les canons de l'Angleterre, et se laissant tuer sans faire un pas

    en arrire! M. Arago n'et pas oubli cette fois son inpuisable compassion.

    Le Chinois de 1840, c'est le Lonidas antique, anssi brave. Mais la gloirelui manque. Et pourcj^uoi? Demandez-le ceux qui fabriquent la gloire, auxpotes, aux historiens, aux Tacites de la tribune et du journal.Vous demandez s'il existe encore des anthropophages? Rgle gnrale,

    qui dit un homme, dit un peu plus, un peu moins, la bte froce, qui mangeses semblables, avec cette diffrence cependant, que l'anthropophage, bien

    l)ius lial)ile mangeur que le lion, est insatiable de chair blanche. C'est ainsi

    qu'un beaujour, par nu horril^le soleil qui les brlait jusqu'au fond dernie,M. J. Arago, suivi de ses matelots, dbarqua Ombay, la capitale de l'an-thropophagie. L'le tait remplie d'affreux sauvages qni avaient l'air de se

    dire tout bas, comme l'ogre de la fable : Je sens la chair frache. Nos

    marins s'avancent d'un air rsolu vers ces abominables coquins de toutes

    couleurs ; et. pour commencer l'entrevue sous de doux auspices, M. Jacques

    Arago se met jouer de la flte. Plus d'une fois ces doux accents plaintifsavaient dompt les natures les plus rebelles. Ventre aflam n'a pas d'oreilles,dit le proverbe; qu'et dit le proverbe d'un ventre d'anthropophage?

    Quand il vit que sa flte manquait son coup, notre voyageur se mit jouerdes castagnettes. Vous savez bien ce joli instrument d'bne, qui clate et

    scintille sous les blanches mains des danseuses de caeliKc/m. surprise! les castagnettes de .M. Arago n'eurent gure plus de succs que sa tlte.

    Seulement, messieurs les sauvages voulurent avoir cette flide. Mais vous

    n'en savez pas jouer! disait-on aux sauvages. Nous n'avons pas encoreessay, rpondaient-ils. Cependant on s'abouche, on cause, ou rit, on se

    fche : un sauvage, qui sent l'eau c'est--dire le sang lui venir la

    bouche, renverse d'un coup de poing le chapeau de M. Arago. Zest ! avec

    le pied Arago ramasse son chapeau ; le chapeau, lanc en l'air, retombe sur

    cette tte boucle, anime par de grands yeux noirs. _ Et messieurs les

    sauvages d'applaudir. Cependant le rajah, le matre anthroiiophage, s'avance

    son tour vers les imprudents voyageurs. 11 a entendu rire ses sujets, il

    veut (\ur lui aussi on le fasse rire. Rien n'est plus facile! Aussitt Arago

    se met l'uvre. Il ne s'agit plus de jouer ni de la nfde ni des castagnettes,il faut jouer des gobelets. Soudain voici toutes les mtamorphoses inlinies de

    Comte et de Rosco qui paraissiMit et disparaissent aux yeux tonnes de ces

    sauvages. Vous jugez de leur tonnement, de leur stupeur et de leur cpou-vante. Pendant dix minutes nos sauvages se figurent qu'ils ont affaire des

    dieux. A la boiiiic heure! Mais le sauvage, lui aussi, possde sou petit rai-

  • sonncmeiU. Si les simples hoinmes blancs sont si bons k manger, les dieuxblancs doivent lre d'un gol ex(|uis. A celle ide, (jui n'est pas sans li)gi(|ue,nos sauvages se ropprochenl de plus i)elle: ils taient l une centaine dogrands diables aux dents lungues, aux ongles noirs, arms d'arcs, ot dellches et de crics, atlams, froces... C'est un grand miracle que nos marinsleur aient chapp

    ;il est vrai que ces affreux hommes des buis avaient

    dvor une douzaine d'hommes blancs il n'y avait pas huit jours.Un savant illustre entre tous, et cependant le plus simple et le plus bien-

    veillant des hommes. M. de llumbold. que M. Jacques Arago appelle souventen tmoignage, nous racontait l'autre soir, avec ce fin sourire des gensd'esprit qui ont laiss l'indignation comme un bagage trop lourd a porter,une assez bonne histoire d'anthropophages. M. de Humbold visitait, luiaussi

    ,je ne sais quel dsert de l'autre monde. Un jour qu'il tait assis

    ct d'un grand gaillard nouvellement converti a la religion chrtienne : Connaissez-vous monseigneur fevque de Qubec? dit M. de Hum-bold a sou compagnon de voyage. Si je connais l'viine de Qubec, re-prit l'autre; j'en ai mang! M. Arago va lre bien mallieureux de n'avoirpas su plus tt cette auecdote-lDe cette le furieuse, le vent (il appelle cela un vent favorable) nous

    j)ousse Dily, atroce coin de terre tout rempli de Chinois, de Malais, debuflles, de livres pernicieuses et de serpents boas. A vrai dire, la descrip-tion de tant de broussailles, de lanl de flaux et de misres, faite d'un tonsi joyeux cependant, ue me parat gure un juste motif pour entreprendresans ncessit ces migrations difficiles. Que diable! quand ou est venu aumonde dans une famille heureuse et nombreuse, quand on est l'enfant dece calme village des Pyrnes, le fils de cette vieille mre qui vous pleure

    ;

    quand on a vcu vingl-cinq ans sous un beau ciel, au bord des fleuves quiserpentent, sur une terre verdoyante, toute charge d'arbres et de fleurs, quoi bon s'exposer k la mer bruyante, aux sables mouvants, au soleil chargde pestes mortelles, aux dserts remplis d'animaux hideux? Quoi! vousavez sous vos pas, sous vos yeux, la France. l'Italie. l'Allemagne, les cits

    obissantes et libres, et vous allez de gaiet de cur affronter les temptes,les orages, les pestes, les sauvages ! Sauvage ! Qu'est-ce que ce mot-l?Sauvage ! c'est-a-dire le milieu idiot et sanglant entre l'homme et la btefroce. Sauvage depuis le commencement jusqu' la fin du monde. Toujoursla mme crature informe, accroupie sur le bord de cette mer dont elle nesait pas l'tendue, regardant , sans les voir, les toiles du ciel, toujourscet tre abandonn aux plus vils apptits de la ble, sans piti, sans cur,sans amiti, sans amour, servi par son ignoble femelle genoux devant lui,et troquant contre une bouteille de rhum, son enfant ou son pre! Donc, quoi bon visiter ces immondes crations, quand on est plac parmi les voya-geurs oisifs, la meilleure espce des voyageurs ! A quoi bon se fatiguer l'meet le regard contempler ces hbtements, sourire sans intelligence,vagues paroles, vagues regards, ventres creux, dents noires, ongles san-glants? J'en dis autant de ces abominables recoins de la terre sans fruitset sans fleurs, sans murmures et sans verdure, sans monuments et sanshistoires. Landes striles o pas un pied humain ne s'est pos, pas mme

  • I .\ I KO 1)1 C l l().\ . N I

    k' puni dii pauvre Vendredi dans le Robinson Cntso. Certes ce n'est passur ces terres avilies que Pylliagore pourrait dire aprs la trnpte :

    Courage, amis, je vois ici des pas d'homme ! Et si. en effet, les hommesn'ont jamais pass dans ces terres incultes, si jamais la posie et l'amour,les belles jeunes fdies et la gloire, l'urbanit et les douces passions, ne sontdescendus du ciel sur ces contres oublies dans le divin partage, vous-mme qui n'aviez qu' tre heureux la-bas dans la plus belle partie des cinqparties du monde, que venez-vous chercher dans toutes ces misres? A quoibon ces travaux inutiles, ces tortures sans rsultat, ce vagabondage malheu-reux! Quoi! vous avez toute l'Italie heureuse et tincelante sous le soleil:quoi ! vous avez l'Allemagne contemplative et rveuse; vous avez l'Angle-terre, cette immense fournaise : vous avez la France entire, l'adorable etsainte patrie ; vous avez les cathdrales, les muses, les thtres, les coles,les acadmies, les fleuves dompts par la vapeur obissante, toutes lessciences, tous les beaux-arts, tous les plaisirs, tous les bonheurs, et vousallez a travers toutes sortes de prils de la terre et de la mer pour visiterTimor. Rawack. Guham, Humalata, Agagna. Tinian. les les Sandwich, desronces, des pines, des famines, des prostitutions, des meurtres, des ban-dits, des voleurs, des anthropophages, toutes sortes d'hommes et de chosesmaudites! Certes j'admire votre courage, votre rsignation : j'aime l'nergie,la puissance et l'intrt de vos descriptions; mais cependant je ne puism'empcher de vous dire combien je vous trouve plaindre de faire cemtier d'cumeur de mer. que dis-je ? d'cumeur de l'histoire naturelle. Jevous plains d'avoir dpens votre jeunesse ces contemplations lamentables

    ;

    je trouve surtout, quand le ciel vous a donn un rare esprit, que c'est maldpenser sa vie. Occupa portum. fortiter occupa porlum, cette parole dupote Horace, le pote heureux des hommes heureux, me revient en mmoire chaque pas que fait notre voyageur dans ces dserts si horriblement peu-pls. Et notez bien que. dans cette longue navigation, pas un des dangersdel mer ne lui est pargn. Le naufrage, la vague cumante, la nudit, lafaim et la soif, les privations les plus cruelles, tout s'y trouve. M. JacquesArago et voyag tout exprs pour crire un voyage pittoresque, il n'auraitpas voyag autrement. Entre autres passages de son livre qui sont trs re-marquables, il faut citer tout le tome III. dans lequel est renferme l'his-toire des les Sandwich Cette lois l'animation toute mridionale de l'auteurest porte son comble. Il va partout, il est partout. Il cherche mme desruines dans ces parages o rien n'a t fond : il y cherche une histoire, il

    y cherche des rois et des reines et des grands hommes ; il y chercherait laCharte constitutionnelle au besoin. Sa description de la Nouvelle-Hollandeest des plus pittoresques. En ce lieu, vous retrouverez la fois la ville opu-lente et le dsert sans limites, le civilis elle sauvage, les serpents noirs dont

    la blessure est mortelle, et les jeunes filles d'Angleterre qui vousfrappentaucoeur de leur regard bleu de ciel. Le sauvage de la Nouvelle-Hollande estplus hideux (pie les plus hideux sauvages. Peu peu la civilisation le pousseet le chasse, et l'crase. Dieu soit lou! Je sais bien que certains philanthro-pes se plaignent avec de grosses larmes que ces pauvres cannibales soientsi fort maltraites par ces froces Europens; laissons dire les piiilanlliropes

  • \ll I > I KOIMC I |0\ .cl l)liss()iis dis villes dans !> dcsi'i'l. l'iiis. (|ii;iii(l V(iis lilissiv.. prciic/.

    ^ardc, un sauvage osl poiil-tro la qui vous allcud i)uurvous dvorer. Tuul coup, 1(! Zlaudais s'lanca conunc un tigre (cou Ire deux armes qui al-" laieul en venir aux mains), se rua sur la liorde tonne, al)aUit un des com- battants... Je n'assistai point au dgotant repas (jui se lit sur le champK de bataille. Celte fois, M. Arago a eu grand tort. Au contraire, puisqu'iltait venu de si loin pour tout voir, fallait-il assistera cet al)ominnble repasv[ se dire soi-mmo : Voil ce que je suis venu chercher !Ces quatre volumes du Voijage autour du Monde sont loutnMuplis de va-

    rits, d'intrt, de passions infinies, d'incidents inattendus. Le dialogue, la

    narration, la description, le drame, la posie, l'histoire, se donnent la maindans cette vaste arne, qui est le monde entier. L'auteur, jeune, intelligent,enthousiaste, intrpide, a voulu s'emparer, comme on ne l'avait pas fait en-

    core, de l'univers des navigateurs, et il l'a parcouru sa faon. Faon bru-tale, violente, peu logique, prime-sautire, mais tout prendre pleined'agrment et d'intrt. Quand parfois la jiarole lui manque pour se fairecomprendre, quand sa plume fatigue s'arrte n'en pouvant plus, aussitt ilprend le crayon, et ce qu'il ne peut pas crire il le dessine. De cette courselointaine, il a rapport tout ce qu'il a pu rapporter, des crnes, des habits,

    des dictionnaires, des portraits, des paysages, des chansons, des cris de

    guerre, des plantes, des coquillages, des ossements, des peaux de btes, des

    restes de cimetires; et de tout cela, ptri, ml, broy, confondu, il a com-

    pos un livre. Et si vous saviez quelle force d'me il a fallu a ce pauvrehomme pour se souvenir, pendant quatre longs volumes, de tous les blouis-sements de sa jeunesse ! si vous saviez quel est le grand mrite d'avoir re-trouv dans sa tte, dans son cur, l'clat azur de la mer, l'clat bridant

    des cieux, l'clat velout du rivage ! si vous saviez que ce vaste regard quiembrassait tant de choses s'est teint tout jamais peut-tre ! si vous saviezque c'est maintenant ttons, appuy sur le bras d'un ami, un bton a lamain, la suite de quelque caniche fidle, que cet ardent amoureux de tou-

    tes les beauts de la terre et.du ciel est oblig de parcourir de nouveau cebel univers dans lequel il marchait d'un pas si ferme, d'un regard si netet si sur! si vous saviez ce que cela doit tre, quatre volumes de paysagescopis d'aprs nature par un aveugle, quatre volumes de souvenirs clatantsqu'il faut se rappeler, plong dans une nuit profonde, quatre volumes desheureuses et potiques misres del jeunesse quand on est devenu un hommemarchant ttons dans le vide! certes vous resteriez tonns, comme jel'ai t moi-mme, de la grce limpide, de la parfaite et excellente mthode,du style anim, de la vive passion, de l'inlrt tout-puissant de ce livre.

    Roman piquant et vrai pour qui n'a pas quitt son petit coin de ciel natal,histoire fabuleuse et pleine de charme pour les plus hardis et les plus sa-vants navigateurs.

    J. ,].

  • NOTES SCIENTIFIQUES.

  • NOTES SCIENTIFIQUES

    NOTE 1.

    Les Vents alizs.

    Pze. 58 -

    Dans la plus grande partie des rgions qualoriales, on rencontre conslamraenl un

    vent d'tst, auquel on a donn le nom de vent aliz. Un phnomne aussi rgulier devaitse rattacher des causes permanentes: l'explicalion admise le fait dpendre la fuis de

    l'aclion calorifique du soleil et del rotation de la terre.Pour concevoir le transport des masses d'air qui rsulte de ces influences combines,

    il faut se rappeler d'abord qu'au contact d'un corps fortement chaull, l'air s'chaufle

    lui-mme; qu'en s'cliautlant il devient plus lger, s'lve et commence a former ainsi,

    au-dessus du corps chaud, un courant ascendant; qu'enfin ce courant s'alimente sans

    cesse au.K dpens de l'air plus froid qui, de toutes parts, afflue vers sa base et s'l\e en

    se dilatant son tour.

    Voila donc, par la seule prsence du corps chaud, une impulsion donne, un courant

    tabli; supposons, maintenant, qu' une certaine hauteur, l'air chauff rencontre une

    burface froide, il se refroidira bientt, et, devenu plus dense, il retombera; il ira former

    a quelque distance du courant ascensionnel un contre-courant dirig de haut en bas; ilpourra mme alors, d la rgion infeiieure, tre ramen vers le foyer calontique, qui agit

  • IV NOTES SCIENTIFIQUrS.

    comme un cciilre d'ispiration, et s'cchauiant de nouveau, il circulera sans cesse dans

    la courbe lernK'e qu'il aura parcourue uno preuiiore fois.

    Toutes les circonstances 'lans Irsiiucllcs un mouvement circulatoire de l'air s'lalilil

    sous nos yeux, d'une manire continue, dans un espace ferm, toutes ces circonstances

    existent la surface de la terre, mais cette fois dans des proportions normes.La zone chauffe (|ui dterminera par son contact avec les couches infrieures de l'at-

    mosphre un courant ascensionnel, ce seront les rgions quatoriales, formant autour dela terre une large ceinture, et frappes dans toutes les saisons par un soleil galementardent.

    La surface froide qui forcera ce courant se dverser, en se refroidissant, de part et

    d'autre, des tropiques vers le sol des climats temprs, ce sont les couches suprieures

    de l'atmosphre dans les rgions leves o rgne, mme l'qualeur, un froid per-ptuel.

    Mais mesure qu'entre les tropiques il s'tablit un courant ascensionnel d'air chauff

    par le sol des grands continents, l'air plus froid des zones tempres vient, eu rasant lasurface de la terre, remplacer les couches qui s'clvent.

    El l'air de la surface des zones tempresest remplac son tour par le dversementdes couches refroidies dans les hautes rgions de l'atmosphre.

    Ainsi s'tablit des deux cts de l'quateur et d'une manire permanente une doublecirculation.

    Le seul vent qui semblerait, au premier coup d'il, rsulter de ce transport de l'air

    la surface de la terre, ce serait un vent qui, de chaque ple et dans d''s directions con-

    traires, soufflerait sans cesse vers l'quateur, c'est--dire un vent de nord dans l'hmis

    phre boral, un vent de sud dans l'hmisphre oppos.Et cependant, ce transport de l'air du nord et du sud vers l'quateur n'est que trs-peu

    sensible; il vient en quehjue sorte se perdre dans le transport bien plus rapide qui nousparait entraner l'air des rgions quatoriales de l'orient l'occident.

    Comment se rendre compte de ces mouvements qui semblent s'accorder si mal avecles donnes que nous avons admises ?

    C'est la rotation de la terre qu'il faut demander le re^te de l'expliialion.La terre tourne sur elle-mme; en tournant, elle entrane l'atmosphre qui l'enveloppe

    et la presse. Chaque portion d'air, en quelque sorte adhrente au sol par le frottement,acquiert promptement toute la vitesse du sol; et cependant, si elle ne la possde pas d'a-bord, il lui faut un certain temps pour l'acqurir.

    Mais la vitesse du sol qui rsulte de la rotation est trs-dillrente suivant les diverseslatitudes.

    Qu'on se figure une boule tournant autour d'un deses diamtres. Losexirmtts decetaxe diamtral seront en rejws: le grand cercle, di^it le plan lui est perpendiculaire, prendrale mouvement le pins rapide. Ainsi, sur la terre, un pointde r(iualeurdecril en tournantenviron sept lieues par minute. A la latitude de Paris, nous ne parcourons gure quecinqlieues dans le mme temps. Les ples demeurent immobiles.

    Ce que nous venons de dire de dilfrenis points du sol est galement vrai de l'air quiles touche.

    ^

    Ansi.danschaque minule,l'airParis, l'air des rj:ions tempres, i)arcourt deux lieuesde moins que l'air, que le sol de-; rgions quatoriales.Mais si, en se transportant vers l'quateur, par l'effet de la circulation ipj'excite lacha-

    eur solaire, l'air des rgions tempres conservait cette norme infriorit de vitesse,parvenu entre les tropiques, chaque pointdu sol ledevancerait dedenx lieues par minute,dans le sens de la rotation de la terre, c'est--dire d'occident en orient. Chaque point du-sol frapperait l'air et paratrait en tre frapp, commesi, h terr''; tanlimmobile, un ventd'une pouvantable violence soufflait dans la direction oppose, dans celle que sembl*-'ivre en effet le vent aliz, de l'est l'ouest.

  • NOTl-S SCIENTIFIQUES. v

    C'est ainsi (|u'cmporls dans la direclion mme d'un vent peu rapiiie, par une voilurequi le devance, nous croyons que l'air qui nous frappe est pouss vers nous en sens con-

    traire de son vritable mouvement.

    Et telle est aussi l'explication du vent aliz.Seuiemen', au lieu de cette norme rapidilc de deux lieues par minute, le vent aliz

    n'oft're qu'une vitesse mdiocre. On aura dj compris qu'il doit en tre ainsi, pour peuqu'on aitsong que l'air des rgions tempres n'arrive que lentement l'quateur; quesuccessivement et dans tout le trajet, le frottement sur le sol diminue li diffrence devitesse de l'air et des parallles terrestres qu'il vient traverser.Par un ruisonnenient semblable, on arrive conclure que le courant suprieur qui

    ramne l'air des couches leves de ralmosphre quatoriale, vers la surface de nos cli-mats tempres, doit tendre constamment produire des venls d'ouest. C'est, en effet,dans nos climats la direclion du vent la plus ordinaire. Mais un grand nombre de causesaccidentelles, qui n'existent pas dans le voisinage de l'quateur, masquent frquemment,chez nous, la partie rgulire du phnomne.

    Aprs avoir lu celle explication, peut-tre s'tonnera -t-on de nous entendre annoncerque les vents alizs peuvent tre encore l'objet d'importnntes recherches; mais il faut

    remarquer que la pratique de la navigation se borne souvent de simples aperus dontla science ne saurait se contenter. Ainsi il n'est point vrai, quoi qu'on en ait dit, qu'au

    nord de l'quateur ces vents soufflent constamment du nord-est; qu'au sud ils soufflentconstamment du sud-est. Les phnomnes ne sont pas les mmes dans les deux hmi-sphres. En chaque lieu, ils changent d'ailleurs avec les saisons. Des observationsjournaliresde la direction relle, et, autant quepossible, del forcedes vents orientauxqui rgnent dans les rgions quatoriales, seraient donc pour la mtorologie une utile

    acquisition.

    Le voisinage des continents, celui des etes occidentales surtout, modifie les vents

    alizs, d;ins leur force et dans leur direclion. Il arrive mme quelquefois qu'un ventd'ouest les remplace. Partout o ce renversement du vent se manifeste, il est con-venable de noter l'poque du phnomne, le gisement del conire voisine, sadisiance,et quand on le peut, son aspect gnral. Pour faire sentir l'utilit de cette dernirerecommandation, il suffirade dire qu'une rgion sablonneuse, par exemple, agirait plustt et beaucoup plus activement qu'un pajs couvert de forts ou de toute autre naturede vgtaux.Sur la mer qui baigne la cte occidentale du Mexiqne, de Panama la pninsule de

    Californie, entre 8" et 22'' de latitude nord, on trouve, commenous l'apprend le capitaineBasil Hall, un veut d'ouest peu prs (jcrmanent, l o l'on pouvait s'attendre voirrgner le vent d'est des rgions quinoxiales. Dans ces parag-^s, il sera curieux de noterjusqu' quelle distance des ctes l'anomalie subsiste, par quelle longitude le vent alizreprend pour ainsi dire ses droits.

    D'aprs l'explication des vents alizs la plu* gnralement adopte, il doit y avoirconstamment, entre les tropiques, un vent supi-rieur n'K en sens contraire de celui quisouffle la surface du globe. On a dj recueilli diverses preuves de l'existence de cecontre-courant. L'observation assidue des nuages levs, de ceux particulirement qu'onapixjlle pommels, doit fournir des indications prcieuses dont la mtorologie tireraitparti.

    L'poque, la force et l'tendue des moussons, forment enlin un sujet d'tude danslequel, malgr la foule d'importants travaux, il y a encore glaner.

  • NOTI'S SCIENTIFIQUES.

    NOTE 2.

    hcs Ourafans

    l'au-e 117.-

    J'ai (lit qtiL'Icjiios-uns di^s iihiMionicnes nilorologiqncs ol)serv(''S l'Ile-de-France au

    uiumeiil du terrible ouragan ijui dvasta la colonie; j'ai c tdcs faits vrais, prcis, je lesai appuys par des noms propres; j'ai pass sous silence des cata?(ioplies si extraordinaires,

  • N T E s s C I E N T 1 1< I y l E s . Vil

    a l';iide de la boussoli'. que les ilirections des objets renveiscs convei'aieiit j^iirale-iiieiil, dans chaque lgion, vers un point cenlral.La tlioric de M. Eipy est eompleleineni en dsaccord avec celle que M. le colonel

    Capper, de la Compagnie des Indes, proposa en 1801; que M. Redlidd, de New-York, a icprodiiite nagure en la perfeclionnant. et qui vient d'tre l'objet d'un m-moire approfondi prsent l'cssocialion britannique, New-Castle, p:ir le lieutenant-colonel Reid.

    D'aprs cette thorie, les grands ouragans des Antilles, des rgions tropicales et de lacte orientale des tals-Unis, seraient d'ivaue/ises trombes. M. Reid trouve que lesdirections simultanes des vents dans les vastes tendues de pays que les ouragansravagent concordent avec son hypothse. Les journaux nautiques qu'il a pu discuter,provenant des divers navires dont se composait l'escadre de l'amiral Rodney en 1780,et du grand convoi escort par le Cufloden, qui, en 1808, fut prs jue ananti dansle voisinage de i'Ile-dc-France, paraissent aussi montrer que sur la limite ext-rieure du tr.rnado, les vents, au lieu d'tre nom. aux un seul et mme cercle, luitaient tangents.

    En point de fait, les observations sur lesquelles s'appuient, d'un ct, M. Espy etM. Bche, de l'autre, MM. Redlield et Reid, ne pourraient se concilier qu'en admettantqu'il y a des ouragans, des tomados de plus d'une sorte.

    Si l'on suivait la thorie de ces deux derniers mtorologistes, il faudrait accorder quela trombe-ouragan a quelquefijisune base desept huitcents lieues de diamtre; que savitesse Ae propagation peut aller huit lieues l'heure; que celle de la rotatu,,. de l'air

    la circonfrence,ou, en d'autres termes, que la vitesse des vents tangents, est quelque-fois de quarante lieues l'heure.

    L'observation singulire de Franklin, que les vents un peu forts ont quelquefoisleur origine dans les points vers lesquels ds soufflent, se i attache parfaitement lathorie de M Redfi Id. Rapportons, en tout cas, l'observation de l'illustre physicienamricain.En 1740 on prouva Philadelphie, vers les sept heures du soir, une tempte vio-

    lente du nord-est, qui ne se lii sentir Boston que quatre heures plus tard, quoiquecelte ville soit au nord-istde la prcdente. En comparant ensemble plusieurs rapports,d'autant ()lus exacts que dans cette mme soire, on axait obst rv une clipse de lunedans un grand nonit re de stations, on reconnut que l'ouragan, qui partout soufflait dunord-ouest, s'avanait du sud-est vers le nord-est avec une vites-e de seize myria-mtres par heure.Une tempte semblable du nord-est fut obse ve de nouveau sur celte cte de l'Am-

    rique, en 1802; elle commena Chaileslown, deux heures aprs midi , et ne se lit

    sentir Washington qu' cinq heures; Ne\s-York,

    qui est plus septentrional que ces

    deux premires villes, elle comuicna dix heures du soir, et n'atteignit Albani qu'aupoint du jour du lendemain. Dans tout cet intervalle, la vitesse par heure fut d'environseize myriamtres.

    J'imagine qu'on ne sera pas lch de trouver ici les vitesses dtermines par les phy-siciens, des diverses sortes de venis

    Vitesse par secoLde. Vitesse par lieure.

    0", 5 1,800" vent peine sensible.

    1 , o.GtJO vent sensible.

    2 , 7,200 vent modr.5

    , 5 19,800 vent assez fort.

    10,

    :iG,C0O vint fort.

  • NOTES SCIENTIl'lC'tJKS.

    ! jjiir seroiide. Vilesso par heure.

    20,

    ,72,000 venl lis-i'orl.

    22,5 81,000 leinpcte.

    27,, 97,200 grande lemptc.

    36 .1 104,400 ouiiti^an.45

    ; 162,000 uuraj^an qui renverse les difices etdracine les arbres.

    NOTE 3,

    Le Trombes-

    1.1 s iroiiibcs n'ont l'ie expliciuees jusqu'ici tjue Irs-iinparfaileuieut. Les ilioriciensauraient besoin de descriptions de ce phnomne e.xacles et dtailles; il serait surtoutimportant de rechercher si la pluie que la trombe projette au loin et dans tous les sens estsale ou non. Pour ce qui est des coups de canon, considrs comme moyen de dissi-per les trombes, je donnerai un extrait d'un mmoire intressant de M. le capitaineNapier.

    Lorsque (le 6 seplenibre 1814) la trombe commena de nouveau marcher, sa coursetait dirige du sud au nord, c'est--dire en sens contraire du vent qui soufflait. Commece mouvement l'amenait directement sur le btiment, le capitaine Napier eut recours

    l'expdient recommand par tous les marins, c'est--dire qu'il lit tirer plusieurs coupsde canonsurle mtore. Unboiilet l'ayant travers a une distancede la base gale au tiers

    de la hauteur totale, la trombe parut coupe horizontalement en deux parties, et chacun

    des segments flotta et l iucertain, comme aiiit successivement |)ar des venlsopposs

    Au bout d'une minute, les deux parties se runirent pour quelques instants; le phno-mne se dissipa ensuite tout fait, et l'immense nuage noir qui lui succda laissatomber un torrent de pluie.

    Quand la trombe fut spare en deux par le boulet, sa distance au btiment n'tait pastout fait d'un demi-mille. La base, en appelant ainsi la partie de la surface de la mer

    qui paraissait bouillonner, avait trois cents pieds de diamtre. Le col de la trombe, c'est-

    -dire la section que formait le tuyau ascendant dans le nuage dont une grande partie du

    ciel tait couverlese trouvait au mme moment, d'aprs les mesures de M. Napier, 40" de hauteur angulaire.

    En adoptant deux mille cinquante piedsou un peu plus d'un tiers de mille pour la dis-

    tance horizontale uu point observ au btiment, on trouve ([ue la hauteur perpendicu-

    laire de la trombe ou la longueur du tuyau ascendant comprise entre la mer et le nuage

    tait de dix-sept cent vingt pieds. Clette dtermination est importante, puisqu'elle prouve

    que l'eau ne s'lve pas dans le tube intrieur par le seul effet de la pression de l'air.

  • NOTES s(:ir:> j II K)ri:.s. ix

    NOTE 4.

    Etoiles filantes.

    La note suivante, emprunte aux inslrnclions ijue niun froro an rdigea en iSoopour le voyage de circumnavigation de la corvette la Bonite, mettra les lecteurs aucourant de tout ce qu'on sait aujourd'hui sur le phnomne des toiles (Hantes.

    Depuis qu'on s'est avis d'observer quelques toiles filantes avec exactitude, ona pu voir combien ces phnomnes si longtemps ddaigns, combien ces prtendusmtores atmosphriques, ces soi-disant tranes de gaz hydrogne emflamm, mritentd'attention. Leur parallaxe les a dj placs beaucoup plus haut que, dans les thoriesadoptes, les limites sensibles de notre atmosphre ne semblaient le comporter*; Encherchant la direction apparente suivant laquelle les toiles filantes se meuvent le plus

    ordinairement, on a recornu, par une autre voie, que, si elles s'entlamment dans

    notre atmosplifc, eUes n'y prennent pas du moins naissance, qu'elles viennent du de-hors. Cette direclion la plus habituelle des toih's filantes semble diamtralementoppose au mouvement de translation de la terre dans son orbite.

    11 serait dsirable que ce rsultat ft tabli sur la discussidU d'une grande ((uanlit

    d'observations. Nous croyons donc ([u'bord de la Bonite, et pendant toute la durede sa navigation, /eso/'/?cicrsdegMarf devront tre invits noter l'heure del'aijparitiiiii

    de cha(iu(( toile niante, sa hauteurangulaire approche au-dessus de l'horizon, et surtoutla direction de son mouvemetit. Kn rapportant ces mti'oresaux principalesloiles des

    conslellalions qu'ils traversent, les diverses questions que nous venons d'indiciuer peu vent

    tre rsolues d'un coup d'eii. Voil donc un sujet de recherches (|uin'occa^onnera aucune

    * Des ol)scrvations roriip.ir;ilives faites en 18-2.' ;i IJi('sl;ui,_ii Dresde, Leydc, i\ Bricg,

    (leiwitz, etc., pnr li- prolesseur Brandes el plusieurs de ses lves, ont donn jusqu' cinqcents milles anglais (environ deux cenls lieues de posii') pour la hauteur de certaines toileslilantes.

    I.a vitesse apparente de ces mtores s'est trouve quelquefois de trente-six milles dou/.elieues ) par seconde. C'est peu prs le double de la vitesse tie translation de la terre autour

    du soleil. Ainsi, alors uiiiie qu'on voudrait prendre la moiti de cette vitesse apparente pourune illusion, pour un effet du mouvement de translation de la teiredans son orbite, il restf-r.iilsix lieues la seconde pour la vitesse lelle de l'toile. Six lieues la ^eronde est uul- vi- ^

    lesse plus grande (lue relie de toutes les plantes superu-ures, la terre excepte,

    /;I.

  • \ >OTI'S se li:\ T I KK>1 l'S.

    riiliyuc. lui (ont las, pour (|uu nos jciiiii' cunipiilriulcs s'y allatlicnl, il nous sullira (l(leur faire romarqucr combien il serait |)i(nianl d'tHablir (|iie la terre est une plante, |ar(les preuves puises dans des phnomnes tels que les toiles filantes, donirinconslaneetait devenue proverbiale. Nous ajouterions encore, s'il tait ncessaire, qu'on n'entre-voit gure aujourd'hui la i)ossibilit d'expliquer l'tonnante apparition de bolides obser-ve en Amri(inedaiis la nuit du l!2 au K! novenlb^^ 1831^, si ce n'est en supposant ([u'oi -

    tre les grandes plantes, il circule autour du soleil des milliards de petits corps qui ne

    deviennent visibles qu'au momenloii ils pntrent dans notre atmosphre et s'y en-(laniment; que ces astrodes ( pour nous servir de l'expression qu'Herschell applirpiajadis Crs, Pallas, .luiion et Ycsta ) se meuvent en quelque sorte |)ar groupes ; qu'ilen existe cependant d'isoles; et que l'observation assidue des toiles filantes sera,

    lout jamais, le moyen de nous clairer sur ces curieux phnomnis.Nous venons de faire menlion de ra|)parition d'toiles filantes observ('esen Amrique

    eni833. Ces nit'tores se succdaient de si courts intei'valles qu'on n'aurait pas pu lescompter; des valuations modres portent leur nombre des centaines de mille*. Onles aperut le long de la cte orientale de l'Amriiiue, depuis le golfe du Mexique jusqu'Halifax, depuis neuf heures du soirjusqu'au lever du soleil, et mme, dans quelques en-di'oits, en plein jour, huit heures du matin. Tous ces mtores partaient d'un mmepoint du ciel situ prs de/, du Lion, et cela, quelle que ft d'ailleurs, par l'eflet(|u mouvement diurne de la s|ibre, la iiosition de cette toile. Voil assurment un rsultat fort trange ; eh bien ! citons-en un second qui ne l'est pas moins,

    La pluie d'toiles filantes de ISMS eut lieu . nous l'avons dj dit, dans la nuit du 1'2 onl;$ novembre.En 1799, une |)luie semblable fut observe en Amri(iue par M. de Humboldt ; au Groi'n-

    Innd par les frres Moraves ; en Allemagne par diverses personnes.

    La date est la nuit (lu M au l!2 novend>re.L'Europe, l'Arabie, etc., en 18;^!2, furent tmoins du mme phnomne, mais sur une

    moindre chelle.La date est encore la nuit du 1^2 au i:-> novembre.

    ('ette presque identit de dates nous autorise d'autant plus inviternos jeunes navi-gateurs veiller attcntivement tout ce qui pourra apparatre dans le firmament du 10 au

    15 novembre, (jucles observateurs, qui favoriss par une atmosphre sereine, ont at-tendu le phnomne l'anne dernire (1834), en ont aperu des traces manifestes, dansla nuitdu 1*2 au l3novenibre**.

    * Les toiles taient si nombreuses, elles se montraient dans lanl de rgions du ciel lafois, qu'en essayant de les compter on ne pouvait sucre esprer d'arriver qu' de grossires ap-proximations. L'observateur de Boston les assimilait, au moment du maximum, la moiti dunombre de flocons qu'on aper(;oil dans l'air pendant une averse ordinaire de neige. Lorsque leplinomne se fut considrablement affaibli, il compta tJ.'iO toiles en quinze minutes, quoiqu'ilcirconscrivit ses remarques une z6i\l- qui n'tait pas le dixime de l'horizon visible. Ce nom-bre, suivant lui, n'tait (jue les deux tiers du total ; ainsi il aurait d trouver 866, et, pour toutl'hmisphre visihl.e, 8,600. Ce dernier chiffre donnerait 34,040 toiles par heure. Or, le phno-mne dura plus de sept heures; donc, le nombre de celles qui se montrrent Boston dpasse210,000, car, on ne doit pas l'oublier, les bases de ce calcul furent recueillies une poque ot'ile phnomne tait dj notablement dans son dclin.

    '* M. Berard, commandant du Brick le Loiret, m'a adress l'extrait ci-aprs de sou journal : Le 13 novembre 1831, quatre heures du malin, le ciel tait parfaitement pur, la rose trs-

  • .\OTKS SCII.N I I I loi i;s. >^i

    NOTE )

    B r Touiu'i'iT.

    Letrailque nu>n fivre aiii vienl lio publier sur le loimerre me fournira deux notes

    troileiuenl lies mon sujet. Dans la premire, on trouvera l'examen de celle question:'

    < Tonne-t-il tout autant en pleine mer que dans Tintriour di's continents?

    La seconde note sera relative cet autre problme :.. Dans (luelles saisons les couivs de tonnerre foudroyants soul-ils le plus frqu-ents?

    Tonne-l-il loul aulaiil en pleine tner que dans l'intrieur des continents ?

    J'ai cru devoir examiner si, comme on L'a prtendu sans en administrer la preuve, il

    tonne moins souvent en pleine mer qu'au centre des continents. .Jusqu'ici mes recherches

    confirment cette opinion. En marquant sur une mappemonde, d'aprs leurs latitudes etleurs longitudes, tous les points dans lesiiuels des navigateurs ont t assaillis par des

    >rages accompagns de tonnerre, il parat vident, la sinq)le inspection de la carte, quele nombre de ces points diminue avec l'loignement des continents. J'ai mme dj quel-que raison de croire qu'au del d'une certaine distance de toute terre, il ne tonnejamais.Je prsente cependant ce rsultat avec toute la rserve possible, car la lecture de tel ou tel

    voyage pourrait demain venir me prouver que je me suis trop ht de gnraliser. Aureste, pour sortir au plus vite d'incertitude sur ce point, je n'ai pas trouv de meilleur

    moyen que de recourir la complaisance el l'rudition nautique de M. l capitaine Du-perrey. Le dernier mot de ce savant navigateur, quand il me sera parvenu, me donneraune assurance qui aujourd'hui serait prmature. Je puis, au contraire, me montrer dsce moment compltement affirmatif sur le fait de la diminution des orages en mer. Jetrouverai, par exemple, une preuve dmonstrative de celte diminution, dans l'intres-

    sant voyage que M. le capitaine Bougainville vient de publier.

    La frgate /a r/ifj, commande par cet oflicier, (luitte la rade de Tourade ( l'ochiii-chine) vers le milieu de fvrier 1825, et fait voile pour Sourabaya, situci l'extrmit sud-est de Java. Pendant celte traverse, peine essuie-t-elle un orage accompagn de ton-nerre. Elle arrive enfin, el pendant son sjour dans la rade ( du 19 mars au SOavril) letonnerre ne cesse de gronder tous les aprs-midi. Art '/it'?i5 fait voile le 1" mai pour le

  • Ml NOTES SCIENTIFIQrES.PorUliicksoii. IViulaul iiliisiciirs jours, elle se maintient presque exaiilenientsiirle |)arul-lle (le Sourabaya. Toutefois, peine a-t-elle iterdu de vue les terres de Java, que le ton-nerre cesse de se faire entendre. Kn n'suin, avant d'atteindre Sourabaya, les nK'toro-logistesde la Thtisn'unt aiicmi (jup de tonnerre enregistrer; pendant le sjourdans la rade, et jusqu' l'iXKiue d(^ raqiareillage, il tonne presque tous les soirs ; aprsle dpart du navire, r('qui|)ai;(' n'entend plus rien. L'preuve ne saurait lrc plus com-plte. Disons cependant de nouveau que la consquence ([ui en dcoule est lariieumenlconfirme par l'ensemble des observations recueillies dans toutes les rgions d>i globe.Ainsi, l'atmosphre ()cani((iic esl bcaiicdup nuiins aplc engiMidi'cr des orages ipic cidlcdes continents et des les.

    Dans quclks saisotis les coups de tonnerre foudroyants sont-ils le plus frquen ts ?

    Autant je suis loign de regarder l'ensendile des proverbes, des dictons populaires,

    comme le code de la sagesse des nations, autant je crois que les physiciens ont eu tortde n'accorder que leur ddain ceux; de ces proverbes qui se rapportent des phnom-nes naturels. Les accepter aveuglment serait assurment une grande faute; mais cen'en est pas une moindre que de les rejeter sans examen. En me laissant guider par cesprincipes, il m'est quelquefois arriv dj de trouver d'importantes vrits l o l'on s'obs-tinait ne voir que le fruit de la proccupation et des prjugs. Aussi, malgr tout ce qu'ilY avait d'improbable, disons mieux, de contraire aux ides reeues, dans l'aphorisme descampagnards :

    Les tonnerres ne sont jamais plus dangereux que dans les saisons froides. J'ai pens devoir le soumettre une preuve dont personne n'a le droit d'appeler,

    celle de l'observation. Cette pieuve, au surplus, voici de quelle manire simple il m'aparu qu'on pouvait la faire.

    J'ai tenu note, dans mes lectures, DE TOUS les coups /budro//an

  • NOTIS SCIli.V TIF lOLKS. MU

    1814. /.c Milford, vaisseau de li^iic aii;4lais.

    Le... (dans lo pin't PlijmouthK1830. L'Etna, le Madayascar, le Mosqueto, navires de guerre unifiais.

    Le... (dans le canal de Corfou).

    Kh'.VKIKK,

    1799.18 Camftrjan, vaisseau de guerre anglais.Le "2-2 prs de Plymouth .

    1799. Le Terrible, vaisseau de ligne anglais.

    Le i3((nvs des niA^- (VAngleterre^.

    1809. Le Warren-Uastings, vaisseau de ligne anglai?Le 1 i !, l'ortsmouthi.

    181-J. Trois vaisseaux de ligne.

    Le '2' [ Lorient).

    MARS.

    18'2'KLe Lydia de Liverpoul.Le 3 (dans la ti'avers('e de liverpool Miramichie).

    AVRIL.

    IS[1. L'Infatigable, le Warleg, la Persvrance, le Warren-llaslings, \\a\hx'& i\i\

    glais marehanl de conserve.

    Le 20, latit. 46 46' nord, lungit. 11" 39'.

    1823. L'Annibal de Boslun.Le 2:2,lalit. 41" nord; long. 40" ouest.

    1824. Le Hopewell, navire marchand anglais.Le 22, lalit. 4-i 30' nord; longit...

    1824. La Pnlope de Liverpool.Le 22, latit. 46' nord; long. 39 ouest.

    1827. Le New-York, paquebot de oOO tonneaux.Le 19, latit. 38" 9' nord; longit. 61" 17' ouest, l'endanl la lravers('e de i\civ-

    York Liverpool.

    MAI.

    .lUl.X.

  • \i\ >(H lis se I i>:m I ri oi n^-

    JllILLKT.

    \i\Hl. L'Albemarl, hliimiiil iiiij:;Uiis, prs du cap Cod, liilil. iii'ii'n.l

    IS;M). La Glocestcr cl le MelvHle, vjiissciiux de li^^ii'^ uii^hiis.

    Le... (en t) prs de Malle.

    .\01JT.

    ISOS. Le Sullan, vaisse;ni de ligne aiii;l;us.

    I,e 12 (il Mahon\

    SEPTEMBI.

    I8i;i Cinq des treize vaisseaux de ligne de i'amiial Kxuiniiil

    Le "2 ( l'emboiieluire du Rhne).18f2a. L'mphion de New- York.

    Le 31 ( (jneliiue distanee de New-York).

    OCTOBRE.

    \l'di}. Le Russel, vaisseau de ligne anglais.

    Le o (prt^s de Belle-Ile).

    1813. Le Barfleur, vaisseau anglais de 98 canons.

    A la fin du mois (dans la Mditerrane).

    NOVEMBUE.

    lOytJ. Le Tiumbull, galre anglaise.

    Le 26 (rade de Smyrne).1811. te Bdle-Jle, brick de Liverpool.

    ... ( Bideford, Devonshiiej.[T-I. Le Leipsick, frgate aulricliienne.

    Le 12 ( l'entre du canal de Cphalonie)

    .

    1832. e Southampton, vaisseau de ligne anglai;^Le 5 (dans les Dunes).

    DECEMCUE,

    TiH. L'llat, vaisseau do la Cumpagnie des Indes.Le 31 ( l'ancre dans la Ta^nise).

  • NOTKs s(.ii>:\ 1 1 1 I y l lS, \v

    IS'iO. Le Coquin, lialininiirriincais.l,t' t25 (dans la nidi' le Naptes).

    IKi>8. Le liocbuck, cutter anglais.

    ...( Portsmoulh).188:2. Le Lo(/ain\t' I\cH'-\ork.

    Le 19 (dans sun passage de Savannah Liverpool\

    Quand on n parcouru de l'ieil ce recensement, quand on se rappelle en mme tempscombien il y a d'orages on t, combien peu, comparativement, il s'en forme pendant l'bi-ver, il me semble difficile de ne pas reconnatre, qu'en nierdu moins les tonnerres desmois chauds sont beaucoup moins dangereux que ceux des saisons froides et tempres,('e rsultat me parat dj bien tabli ; j'eusse dsir cependant appuyer sa dmonstra-tion surune statistique plus complte, mais les documents m'ont manqu. J'ajouterai qu'iln'a pas dpendu de moi qu'un aussi petit nombre de navires franais figurt dans monrecensement. Pour les Anglais, j'ai pu mettre profit les citations contenues dans d'ex-cellents mi'nioiresdeM. Harris, sur les paratonnerres.

    NOTE (}.

    Piiir le Mlrase.

    Page '201

    Les mmoires savants, hrisss d'algbre, dont la science moderne est redevable di-vers gomtres modernes, n'ont rien t de son mrite minent la dissertation que

    l^onge insra jadis dans \a Dcade gyptienne. La raret de ce recueil me dtermine reproduire ici le travail du clbre fondateur de l'cole Polytechnique.Pendant la marche de l'arme franaise dans le dsert, depuis Alexandrie jusqu'au

    (>aire,onaeu tous les jours occasion d'observer un phnomne extraordinaire pour laplupart des habitants de la France : ce phnomne exige, pour sa reproduction, que l'onsoitdans une grande jilaine peu prs de niveau ; que cette plaine se prolonge jusqu'auxlimites de l'horizon, et que le terrain, par son exposition au soleil, puisse acqurir une

    temprature plus leve. IJ serait possible que ces trois circonstances se trouvassent ru-

    nies dans les Landes de Bordeaux; caria plaine des Landes, comme celle del Basse-

    gyple,esl peu prs horizontale ; elle n'est termine par aucune montagne, du moinsdans la direction de l'est l'ouest ; et il est probable que, pendant les longs jours de nosts, le terrain aride dont elle est forme acquiert une temprature suffisante. Ainsi, ce

    phnomne pourrait ne pas tre ignor des habitants du dpartement des Landes; maisil est trs-connu des marins, qui l'observent frquemment la mer, et qui lui ont donin'le nom amirage.A la vrit, la cause ([ui pniduil le mirage la mer pourrait bien tre diffrente di'

    celle qui le produit terre; mais l'etVet ('tant ahsdiunu'nl b' uiiili' dans les deux cas, je

    n'ai pas cru devoir employer un mol nouveau.

  • \V1 NOTES SCIlM I I' lyiKS.

    .le vais iK'cni'i' Ir iilu'iunnriic ; j'essaierai (Misiiilc d'en donner l'cxiilication.

    I.e lorrain do la Basso-Kt^ypte esl une plaine peu prs horizontale, qui, comme la sur-

    l'ace de la mer, se perd danslo ciel aux bornes de l'horizon; son uniformit(5 n'est inter-rompue que par quelques limincnces, ou naturelles ou factices, sur lesquelles sont situs

    les villages, qui, par l, se trouvent au-dessus de l'inondation du Nil; elcesminences,plus rares du ct du dsert, plus frquentes du ct du Delta, et qui se dessinent en som-bre sur un ciel trs clair, sont encore rendues jibis apparentes par les dattiers et lessycomores, beaucoup plus frquents prs des villages.Le soir cl le matin, l'aspect du terrain est tel qu'il doittre; et entre vous (A les der-

    niers villages ([ui s'ofl'rent votre vue, vous n'apercevez (|ue la terre; mais, ds que lasurface du sol est suffisamment chautfe parla prsence du soleil, et jusqu' ce que,vers le soir, elle commence se refroidir, le terrain ne parat plus avoir la mme exten-sion, et il parat termin, une lieue environ, par une inondation gnrale. Les villages

    qui sont plac's au del de cette distance, paraissent comme des les situes au milieu d'un

    grand lac, et dont on serait si'par par une (Hendue d'eau plus ou moins considrable.Sous chacun des villages on voit son image renverse, telle ([iVon la verrait elleclive-ment s'il y avait en avant une surface d'eau ri'nf'cbissante; seulement, comme cette

    image est une assez grande distance, les petits (bHails chappent la vue, et l'on nevoit di.tinctement que les masses; d'ailleurs, les bords de l'image renverse sont un

    peu incertains, et tels qu'ils seraient dans le cas d'une eau rellchissante,si la surface

    (le l'eau tait un peu agite.

    A mesure qu'on approche d'un village qui parat plac dans l'inondation, le bord del'eau apparente s'loigne; le bras de mer qui semblait vous sparer du village se rtrcit;

    il disparat enfin entirement, et le phnomne qui cesse pour ce village se reproduit sur-le-champ pour un nouveau village que vous dcouvrez derrire, une distance conve-nable.

    Ainsi, tout concourl complter une illusion i\\n quelquefois estcruelle, surtouldansle dsert, parce qu'elle vous prsente vainement l'image de l'eau dans le temps mme oiivous en

  • NOTES SCIEXTIKIOUES. WII

    Loi'sciuc le rayon de lumiiTo passe an contrairo d'un milieu plus dense dans un

    autre qui l'est moins: i'^ si le rayon est cniiiiiiis cnlre la pci'pendiculaii'eet la direc-tion du rayon bris (pii fait l'angle du niaxinitim, ce rayon sort dans le milieu moins

    dense; :2' si le rayon a la direction du rayon bris dans l'angle maximum, il sortencore en faisant un angle de 90" avec la perpendiculaire;ou en restant dans h- plan

    langent la surface. Mais si l'angle que le rayon fait avec la perpendiculaire est plus

    grand que lumaximum de l'ungle de rfraction, ou, ce qui revient au mme, si lerayon est compris entre la surface et le rayon bris dont l'angle est maximum, il nesort pas du milieu dense; il se rflchit la surface, et rentre en dedans du mmemilieu, en faisant l'angle de rflexion gal l'angle d'incidence, ces deux angles tant

    dans un mme plan perpendiculaire la surface.C'est sur cette dernire proposition ([u'est principalement fondt'e l'explication du

    mirage.La transparence de l'atmosplire, c'esi--dire la facult qu'elle a de laisser passer,

    avec une assez grande libert, les rayons de lumire, ne lui permet pas d'acqurir une

    temprature trs-haute par sa seule exposition directe au soleil; mais quand, aprs

    avoir travers l'atmosphre, la lumire, amortie par un sol aride et peu conducteur,

    a considrablement chautV la surface de ce sol, c'est alors que la couche infrieurede l'atmosphre, par son contact avec la surface chauffe du terrain, contracte une

    temprature trs-leve.Cette couche sedilate; sa pesanteur spi'cifique diminue; et, en vertu des lois de l'hy-

    drostatique, elle s'lve jusqu' ce (jue, par le refroidissement, elle ait recouvrt unedensit uale celle des parties environnantes. Elle est remplace par la couche qui estimmdiatement au-dessus d'elle, au travers de laquelle elle tamise, et quiproiivebien-lt la mme altration. 11 en rsulte un effluve continuel d'un airrarfi s'levantautravers d'un air plus dense qui s'abaisse; et cet effluve est rendu sensible par desstries qui allrent et agitent les images des objets fixes qui sont placs au del.Dans nos climats d'Europe, nous connaissons des stries semblables et produites

    parla mme cause; mais elles ne sont pas aussi nombreuses, et elles n'ont pas unevitesse ascensionnelle aussi grande qi;e danst le dsert, oii la hauteur du soleil estplus grande, et oii l'aridit du sol, ne donnant lieu aucune ('vaporation, ne permetaucun autre emploi du calori(iue.

    Ainsi, vers le milieu du jour, et pendant la grande ardeur du soleil, la couche del'atmosphre qui est en contact avec le sol est d'une densit sensiblement moindreque les couches qui reposent immdiatement sur elle>

    L'clat du ciel n'est di!i qu'aux rayons de lumire rflchis en tous sens par les mo-lcules claires de l'atmosphre. Ceux de ces rayons qui sont envoys jiar les par-ties leves du ciel, et qui viennent rencontrer la terre en faisant un assez grand an-gle avec l'horizon, se brisent en entrant dans la couche infrieure dilate, et rencon-trent la terre sous un angle plus petit. Mais ceux qui viennent des parties basses duciel, et qui forment avec l'horizon de petits angles, lorsqu'ils se prsentent la sur-face qui spare la couche infrieure et dilate de l'atmosphre de la couche plus densequi est au-dessus d'elle, ne peuvent plus sortir de la couche dense; d'aprs le prin-cipe d'optique rapport ci-dessus, ils se rflchissent vers le haut, en faisant l'anglede rflexion gal celui d'incidence, comme si la surface qui .spare les deux couchestait celle d'un miroir, et ils vont portera un il plac dans la couche dense l'imagerenverse des parties basses du ciel que l'on voit alors au-dessous du vritable horizon.Dans ce cas, si rien ne vous avertit de votre erreur, comme l'image de la partie du ciel,

    vue par rflexion, estpeu prs du mme clat quecellequi est vut? directement, vousjugez le ciel prolong vers le bas, et les limites de l'horizon vous paraissent et plusbasses et plus proches qu'elles ne doivent tre. Si ce pbi'nomnc se passait la mer,il altrerait les hauteurs du soleil, prises avec rinstrument, et il les augmenterait de

  • XVm NOTES SCIKM IIKJIRS.luuto la niianlil(i dont il aliaissorait la liinid' apiiarunlc di' l'Iiurizon. .Mais si quelques

    objets len-eslres, tels (jiie des villatjes, des arlircs, ou des moiilicules de terrain, vousavertissent que les limites de l'horizon sont plus loignes, et que le ciel ne s'abaissepas jus(]u' cette profondeur, ceninie la surface de l'eau n'est ordinairement visible,sous un petit angle, que par l'image du ciel qu'elle ri'llchil, vous voyez une image dociel rllchie, vous croyez apercevoir une surface d'eau rellchissante.

    Les villages elles arbres qui sont h une distance convenable, en interceptant unepartie des rayons de lumire envoys par les rgions basses du ciel, proihiisent deslacunes dans l'image ivHchie du ciel. Ces lacunes sont exactement occupes parlesimages renvers'es de ces mmes objets, parce que ceux des rayons de lumire qu'ilsenvoient et qui font avec l'horizon des angles gaux ceux qui formaient les rayonsintercepts, sont rflchis del mme manire que ceux-ci l'auraient ti'. Mais commela surface rellchissante qui spare les deux couches d'air des densits ditVrentesn'est ni parfaitement plane ni parfaitement immoiilc, ces dernires images doivent pa-ratre mal termines el agites sur leurs bords, comme seraient celles que produiraitla surface d'une eau qui aurait contract de lgres ondulations.

    On voit pourquoi le phnomne ne peut avoir lieu lorsque l'horizon est termin pardes montagnes leves et continues; car ces montagnes interceptent tous les rayonsenvoys par les parties basses du ciel, et ne laissent passer au-dessus d'elles que desrayons qui sont avec la surface dilate des angles assez grands pour que la rtlexioo

    ne puisse plus avoir lieu.

    Dans un tat constant de choses, c'est--dire en supposant que la densit et l'pais-

    seur de la couche dilate soient constantes, et que la temprature de la couche sup-rieure soit invariable, le plus grand angle sous lequel les rayons de lumire puissenttre ainsi rflchis est entirement dtermin et constant entre les sinus des anglesd'incidence et de rfraction pour les deux milieux. Or, de tous les rayons rflchis,

    ceux qui forment le plus grand angle avec l'horizon paraissent venir du point le plusvoisin el auquel commence le phnomne. Donc, dans un tat constant de choses, lepoint auquel commence le phnomne est une distance constante de l'observateur:en sorte que, si l'observateur se meut en avant, le point oii commence Tinondation

    apparente doit se mouvoir dans le mme sens et avec la mme vitesse. Donc, si lamarche est dirige vers un village qui paraisse au milieu de l'inondation, le bord del'inondation doit paratre se rapprocher insensiblement du village, l'atteindre, et,

    bientt aprs, paratre situ au del de lui.

    Lorsque le soleil esl prs de l'horizon, son lever, la terre n'est pas encore assez

    chautle ; son coucher, elle est dj trop refroidie pour que le mirage puisse avoirlieu. 11 parat donc trs-diflicile qu'indpendamment de l'image directe du soleil on envoie une seconde, rflchie l'occasion de la temprature leve de la couche inf-

    rieure de l'atmosphre. Mais, dans le second quartier de la lune, cet astre se lve

    aprs midi, et pendant que les circonstances sont encore favorables au mirage. Si doncl'clat du soleil et la clart de l'atmosphre permettent alors qu'on aperoi\e la lune son lever, on doit voir deux images de cet astre, l'une au-dessus de l'autre, dans lemme vertical. Ce phnomne est connu sous le nom de paraslne.La transparence de l'eau de la mer permet aux rayons de lumire de pntrer dans son

    intrieur, jusqu' une profondeur assez considrable : sa surface, par son exposition ausoleil, ne s'chauffe pas beaucoup prs autant que le ferait un sol aride, dans lesmmes circonstances ; elle ne communique pas la couche d'air qui repose sur elle unetemprature trs-leve ; le mirage ne doit donc pas tre aussi frquent en mer quedans le dsert; mais l'lvation de temprature n'est pas la seule chose qui, sous unepression constante, puisse dilater la couche infrieure de l'atmosphre. En effet, lair a

    la facult de dissoudre l'eau, sans perdre sa transparence ; el Saussure a fait voir que la

    pesanteur sp*ifi(iue de 1 air dcroil mesure (|u'il tient une plus grande qiiantiti'd'enu

  • NOTH s SCI I' NTI l"H)l ES. \l\

    eu dissolution. Lors doiu; que le vont qui souille en mer ajporte un air qui n'est \k\

  • \( ri:s se 1 1:\ I 1 1 lo i i;s.

    iNOlK

    Mtv 1m liitiitviir tlcM Viij;iii>M.

    Page 404.

    Quelle est la plus grande hauteur des vagues pendant les temptes ? Quelle est leurplus grande dimension transversale? Quelle est leur vitesse de propagation? Ces troisquestions n'ont pas encore t rsolues

    .

    La hauteur, on s'est ordinairement content de l'estimer. Or, pour montrer comhiende simples valuations peuvent tre en erreur; combien, sur un pareil sujet, l'imagina-tion exerce l'influence, nous dirons que des marins galement dignes de confiance,ont donn parla plus grande hauteur des vagues, les uns cmg mtres, et les autrestrente-trois. Aussi, ce que la science rclame aujourd'hui, ce sont, non des aperusgrossiers, mais des mesures relles dcfct il soit possible d'apprcier l'exactitude nu-

    mriquement.Ces mesures, nous le savons, sont fort difficiles; cependant les obstacles ne pa-

    raissent pas insurmontables, et, en tous cas, la question offre trop d'intrt pour qu'on

    doive mai'chaiider les etlorts que sa solution pourra exiger. Au reste, ([uelques courtesrflexions pourront guider la solution du problme.

    Sui)posons un moment que les vagues de l'Ocan soient immobiles, ptrifies; que fe-rait-on sur un navire galement stationnaire et situ dans le creux d'une des vagues,s'il fallait en mesurer la hauteur relle, s'il fallait dterminer la distance verticale dela crte et du creux? Un observateur monterait graduellement le long du mat, ets'arrterait l'instant oii la ligne visuelle horizontale, partant de son il, paratrait

    tangente la crte en question ; la hauteur verticale de l'il au-dessus de la surfacede flottaison du navire, toujours situ, par hypothse, dans le creux, serait la hauteurcherchi-e. Eh bien! cette mme opration, il faut essayer de la faire au milieu de tousles mouvements, de tous les dsordres d'une tempte.Sur un navire en repos, tant qu'un observateur ne change pas de place, l'lvation

    de son il au-dessus de la mer reste constante et trs-facile trouver. Sur un navire

    battu par les fluts, le roulis et le langage inclinent les mats, tantt d'un ct, tantt d'un

    autre. La hauteur de chacun de leurs points, celle des huniers, par exemple, varie

    sans cesse, et l'officier qui s'y esttabli ne peut connatre la va'eur ae sa coordonneverticale au moment o il observe, que par le concours d'une seconde personne placesur le pont et dont la mission est de suivre les mouvements du mat. Quand on borne saprtention ronnatre cette ciiordonne,la prcision d'un tiersdemlre,parexemple,le

  • NOTES SCI KN I II IQri:S . XXI

    |)njl)li'iiu' nous somhle coiiiijU'Icnienl r.'solii, surl

  • \Mi Noi i:s st;ii Il j ly i Ks.

    iMi voyaiil i|iii'l point le voisinaic d'un lac, tl'iiiie l'onH, d'une nlotilayne nue ou boise,(l'une plaine saliUtnneuse ou couverte clo prairies, peut niodilier la teuipralure, loul lenn)nde conipiiMidrafiue les seules donnes tliernionii'lriques nesauraicnl sutlirc; qu'ilfaudra s'assurer, en outre, que la contre oii l'on a opr cl mme iiuc les pays environ-nants n'ont subi, dans leur as|)ect physique et dans le genre de leur culture, aucuncbangement trop notable Ceci, comme on voit, complique singulirement la question : des cbillres positifs, caractristiques, d'une exactitude susceptible d'tre nettementapprcie, viennent maintenant se mler des aperus vagues, en prsence des

  • NOTES srii-:\Tiiioi ES, WIU

    coucli liorizonlaU'Uioiil, et duiit la lioiih; ii'i'lait rci'ouviM'ti,^ i|11l' d'un iiiillimi'trc tic

    terre vi-glale Irs-linc, + o^. Le mme instrument recouvert de deux niillinilrcsdesable de rivire ne marquait que + 46.

    Les expriences que nous venons de proposer doivent, toutes choses d'ailk-urs ga-les, donner la mesure de la diaphanil de l'atmosphre. Cette diaphanit [teiit cMnapprcie d'une manire en quelque sorte inverse et non moins inti'ressante, pai' desobservations de rayoniieinent nnctiirne, que nous recommanderons l'atleiilioii detous les navigateurs.

    On sait depuis un demi-sicle qu'un thermunitre plac, par un ciel serein, sor l'herbed'un pr, mar(|ue 6, 7 ', et mme 8' centigrades de moins qu'un thermomtre tool sem-bialde suspendu dans l'air quebiue lvation au-dessus du sol ; mais c'est depuis peud'anni'es qu'on a trouv l'explication de ce phnomne; c'est depu's 1817 seulement (jueWells a constat, l'aide d'expriences importantes et varies de mille manires, quecette ingalit de temprature a pour cause la faible vertu raijonnanted'unriel serein.Un cran plac entre des corps solides quelconques et le ciel empche qu'ils ne se

    refroidissent, parce que cet cran intercepte leurs communications rayonnantes avecles rgions glaces du firmament. Les nuages agissent de la mme manire ; ils tien-nent lieu d'cran. 3Iais, si nous appelons nuaje toute vapeur qui intercepte quelquesrayons solaires venant de haut en bas, ou quelques rayons calorifiques allant de laterre vers les espaces clestes, personne ne pourra dire que l'atmosphre en soitjamais entirement dpouille. Il n'y aura de diffrence que du plus au moins.

    Eh bien, ces dill'rences, quelque lgres qu'elles soient, pourront tre indiquespar les valeurs des refroidissements nocturnes des corps solides, et mme avec cetteparticularit digne de remarque, que la diaphanit qu'on mesure ainsi est la dia-phanit moyenne de l'ensemble du firmament, et non pas seulement celle de la r-gion circonscrite qu'un astre serait venu occuper.

    Pour faire ces expriences dans des conditions avantageuses, il faut videmmentchoisir les corps qui se refroidissent le plus parle rayonnement. D'aprs les recher-ches de Wells, c'est le duvet du cygne que nous indiquerons Un thermomtre, dontla boule devra tre entoure de ce duvet, sera plac dans un lieu oii l'on aperoive peu prs tout l'horizon, sur une table de bois peint supporte par des pieds dlis.Un second thermomtre boule 7iue sera suspendu dans l'air i|uelque hautcurau-dessus du sol. Un cran le garantira de tout lu rayonnement vers l'espace. En An-gleterre, Wells a obtenu, entre les indications de deux thermomtres ainsi placs,jusqu' des diffrences de 8 3 centigrades. Il serait certainement trange que dansles rgions quinoxiales, tant vantes pour la puret de l'atmosphre, on trouvt tou-jours de moindres rsultats. IN'ous*n'avons pas besoin, sans doute, dfaire ressortirtoute l'utilit qu'auraient ces mmes expriences si on les rptait sur une trs-hautemontagne telle que le Mowna-Roa ou le Movvna-Kaah des les Sandwich.La temprature des couches atmosphriques est d'autant moindre que ces couches

    sont plus leves. Il n'y a d'exception cette rgle que la nuii, par un temps serein,et calme; alors jusqu' certaines hauteurs, on observe une progression croissante;alors, d'aprs les expriences de Pictet, qui l'on doit la dcouverte de cette ano-malie, un thermomtre suspendu dans l'air deux mtres du sol peut marquer toutela nuit 2 3 centigrades de moins (|u'un thermomtre galement suspendu dansl'air, mais quinze vingt mtres plus haut.

    Si l'on se rappelle que les corps solides, placs la surface de la terre, passent, parvoie de rayonnement, quand le ciel est serein, une temprature notablement inf-rieure celle de l'air qui les baigne, on ne doutera gure que cet air ne doive, lalongue et par voie de.contact, participera ce mme refroidissement, et d'autaut plusqu'il se trouve plus prs de terre. Voil, comme on voit, une explication plausible dufait curieux signal' par le physicien de Genve. Ce sera lui donner le caractre d'une

  • WIV NOTFS sr.lKM IFIQUES.

    vi'i'ilalilc (li'monstralion, iiuc Av ii'pr'icr l'i'X|M'rioncc de Piclct en ploiiio moi-, si, parun ciol scroin cl calme, on ((Hiiiiaro de iiiiil un lliennomlre plac sur le pont avec un

    tlu'ruioniire attach au sommcl du mal. Ce n'est pas que la couche superficielle del'Ocan n'prouve les effets du rayonnement nocUirne, tout comme l'dredon, la laine,

    l'herhe, etc.; mais ds que la temprature a diminu, cette couche se prci|)ile, parcequ'(!lle est dcv(>nue spciliquement jilus dense (|ue les couches liquidture diurnes, ni des variations de temprature annuelles, se trouve situe une fort

    grande distance de la surface du sol. Il n'en est pas de mme dans les rgions qui-noxiales; l, d'aprs les observations de M. Boussingault, dj il suffit de descendreun thermomtre la simple profondeur d'un tiers de mtre, pour qu'il marque con-stamment le mme degr, un ou deux diximes prs. Les voyageurs pourront doncd('lerminer trs-exactement la temprature moyenne de tous les lieux o ils station-neront entre les tropiques, en plaine, comme sur les montagnes, s'ils ont la prcau-

    tion de se munir d'un foret de mirteur, l'aide duquel il est facile, en peu d'instants,de pratiquer dans le sol un trou d"un tiers de mtre de profondeur.On remarquera que l'action du foret sur les roches et mme sur la terre donne lieu

    un dveloppement de chaleur, el qu'on ne saurait se dispenser d'attendre qu'il sesoit entirement dissip, avant de cnramencer les expriences. Il faut aussi, pendanttoute leur dure, que l'air ne puisse pas se renouveler dans le trou. Un corps mou, telque (lu carton, recouvert d'une grande pierre, forme un obturateur suflisani. Le ther-momtre devra tre muni d"un cordon avec lequel on le retirera.

    Les observations de M. Boussingault, dont nous venons ds nous tayer pour recom-

    mander des forages la faible profondeur d'un tiers de mtre comme devant conduiretrs-expditivement la dtermination des tempratures moyennes sur toute la largeur

    des rgions intertropicales, ont t faites dans des lieux abrits, dans des rez-de-

    chausse, sous des cabanes d'Indiens, ou sous de simples hangars. L, le sol se trouve

    l'abri de rchauffement direct produit par l'absorption de la lumire solaire, d'unrayonnement nocturne et de l'infiltration des pluies II faudra consquemment se pla-cer dans les mmes conditions, car il n'est pas douteux qu'en plein air, dans des lieuxnon abrits, on ne ft forc de descendre plus d'un tiers de mtre de profondeurdans le sol, pour atteindre la couche doue d'une temprature constante.

    L'observation de la temprature de l'eau des puits d'une mdiocre profondeur donneaussi, comme tout le monde le sait, fort exactement et sans aucune difficult la temp'-rature moyenne de la surface; nous ne devons donc pas oublier de la faire figurer aunombre de celles que l'Acadmie recommande.Nous insisterons aussi d'une manire spciale auvhs tempratures des sou7 ces ther-

    males. Si ces tempratures, comme tout porte le croire, sont la consquence de laprofondeur d'oii l'eau nous arrive, on doit trou ver assurment fort naturel que les sourcesles plus chaudes soient le moins nombreuses. Toutefois, n'cst-il pas extraordinaire qu'onn'en ait jusqu'ici observ aucune dont la temprature approche du terme del'bullition moins de lu'ni/Mcjjrrs centigrades '? Si quelques relations vagues ne nous trompent

    ' Nous ne comprenons pas ii idaus la catgorie des sources thermales les Geysers d'Islande cl

  • \(H 1-:S SriK.M !! lyiES. XXVpas, les niilippiiu's, ol l'ilo do Luon en parliciilioi-, pourraionl bien faire disparalrcotli' hu'iine. L, au surplus, comme dans tout autre lieu ou il existe des sources ther-males, les doniu^.es recueillir les plus dignes d'intrt seraient celles d'oii pourraitrrsuller /apreune que lu teuip(''rature d'une source trs-ahoudante \arie ou ne varie pasavec la suite des sicles, et surtout les observations locales (jui montreraient la n-cessit du passage du li(|uide mergent travers des couches terrestres trs-profondes.Dans les relches de queliiue dure, aux les Sandwich, il pourra paratre conve-

    nable de mesurer le Mowna-Roa baromtri(iuement. Les observations thermomtriques,faites au sommet de cette montagne isole, compares celles du rivage de la mer, don-neront, sur le dcroissement de la temprature atmosphrique et sur la limite desneiges perptuelles, des rsultats que l'loignemenl des continents rendra particulirement prcieux. En gravissant le Mowna-Roa, on re devra pas ngliger de noter, chacune de ses stations, la direction (tu vent.

    NOTK il.

    Des courants sous-marins.

    Page 410.

    L'Ocan est sillonn par un grand nombre de courants. Les observations astrono-miques faites bord des navires qui les traversent, servent dterminer leur direc-tion et leur vitesse. 11 n'est pas moins curieux de rechercher d'o ils manent, dansquelle rgion du globe ils prennent naissance. Le thermomtre peut conduire cettedcouverte.

    Tout le monde connat les travaux de Franklin, de Blagden, de Jonathan Willaras,de M. de Humboldt, du capitaine Sabine, sur le Gulih-Stream. Personne ne doute,aujourd'hui, que le Gtilph-Stream ne soit le courant quinoxial, qui, aprs s'tre r-llchi dans le golfe du Mexique, aprs avoir dbouch par le dtroit de Bahama, semeut du sud au nord une certaine distance de la cote des tals-Unis, en conservant,comme une rivire d'eau chaude, une portion plus ou moins considrable de la temp-rature qu'il avait entre les tr(q)iques. Ce courant se bifurque. Une de ses branches va.

    autres piinomnes analogues qui (jponiloiii evidimmrni de volc.ins acluellemenl en aclivilcLa plus cliaude source lliermale propremciil dite qui i:ous soit co:!!!!', celle de Chaudes

    -

    lif/urs en Auvei^fuc, ru:ir(|iii' -\- ^0" rciilinrades.

  • \XVI NOTKS S 1 IIKjUES.(Jil-oii, leiuprer le cliiiiiit le l'Irlande, des Orcailes, les les Shellanil, de la Nor-

    wge ; une autre s'inllchil graduelleinenl, et linil, en revenant sur ses pas, par tra-verser l'Atlantique du nord au xud h quehiue distance des cotes d'Kspagne et du Por-tugal. Aprs un Lien long circuit, ses eaux vont donc rejoindre le courant iiuinoxiald'o elles taient sorties.

    Le long de la cte d'Anirrique, la position, la largeur et la te nq)t' rature du Gulph-Stream ont t assez bien dtermines sous cha(|ue latitude pour qu'on ait pu, sanscharlatanisme, publier un ouvrage avec le litre de Navigation lhernionitrique(rAer-momelrical naviiaiion), i\ l'usage des marins qui atterrisent ces parages. Il s'en faut(le beaucoup que la branche rtrograde soit connue avec la mme certitude. Son excsde temprature est presque ell'ac quand elle arrive par le parallle de Gibraltar, el cen'est pas mme l'aide des moyennes d'un grand nombre d'observations, qu'on peutesprer de le faire nettement ressortir. Les officiers de marine faciliteront beaucoupcette recherche si, depuis le mridien de Cadix jus(|u'celui de la plus occidentale desCanaries, ils dicvunufid, de demi-heure en demi-heure, la temprature de l'Ocanavec la prcision des diximes de degr.

    Il vient d'tre question d'un courant d'eau chaude; les navigateurs rencontreront,

    au contraire, un courant d'eau froide, le long des ctes du Chili et du Prou. Ce cou-rant, partir du parallle de Chilo,s meut rapidement du sud au nord et porte, jus-que sous le parallle du Cap-Blanc, les eaux refroidies des rgions voisines du ple

    austral. Signal pour la premire fois, quant sa temprature, par Jl. deHumboldt, lecourant dont nous venons de parlera t tudi avec un soin tout particulier pendant

    le voyage de la Coquille Les observations frquentes de la temprature de l'Ocan, que

    les explorateurs ne manqueront certainement pas de faire entre le cap Horn et l'qua-

    teur, serviront perfectionner , tendre ou complter les importants rsultats djobtenus parleurs devanciers, et en particulier par le capitaine Duperrey.

    Le major Reamel a dcrit avec une minutieuse attention le courant qui, venant de lacte sud-est de l'Afrique, longe le banc de Agullas. Ce courant, d'aprsles observations

    de John Davy, a une temprature de 4 o" centigrades, suprieure celles des mers

    voisines. Cet excs de temprature mrite d'autant plus de fixer l'attention des naviga-

    teurs, qu'on a cru y trouver la cause immdiate de l'enveloppe de vapeurs appele la

    nappe, et qui se montre toujours au sommet de la montagne de la Table, quand levent souftle sud-est.

    Toutefois, comme des heures el mme des journes entires d'un calme plat doivententrer dans les prvisions du navigateur, surtout lorsqu'il est destin traverser fr-

    quemment la ligne, nous croyons que les nouvelles expditions agiraient sagement si

    elles se munissaient de therniomtrographes el d'appareils de sondage, qui pourront

    leur permettre de faire descendre ces instruments en toute sret jusqu'aux plus gran-des profondeurs de l'Ocan. Il n'est gure douteux aujourd'hui que les eaux froides

    infrieures des rgions quinoxiales n'y soient amenes par des courants sous-marms

    venant des zones polaires; mais la solution mme complte de ce point de thorie se-rait loin d'enlever tout intrt aux observations que nous recommandons ici. Qui ne

    voit, par exemple, que la profondeur oii l'on trouvera le maximum de froid, nous dironsplus, tel ou tel autre degr de temprature, doit dpendre , sous chaque parallle,

    d'une manire assez directe, del profondeur totale de l'Ocan, pour qu'il soit permis

    d'esprer que cette dernire quantit se dduira tt ou tard de la valeur des sondes ther-

    momtriques?

    Jonathan W^'i/Zams reconnut que l'eau est plus froide sur les has-fonds qu'en pleine

    mer. MM. de Humboldl et John Davy attribuaient cecurieux phnomne, non des cou-

    ran ts sous-marins qui, arrts dans leur marche, remonteraient le long des accores du

    banc et glisseraient ensuite sa surface, mais au rayonnement. Par voie de rayonne-

    ment, surtout quand lejciel est serein, les couches suprieures de l'Ocan doivent ccr-

  • NOTES SCIENTIFIQI KS. XWIIlaiiK'iin'iil se rofi'oidirbeaucou|); mais tout refroitlissenii'iit, si ce n'esl ilaiis lesi-i'i^ioiispolaires oii la mer esl prs de 0" de teinpralure, amne une augmentation dedensit et un mouvement descendant des couches refroidies Supposez un Ocan sansfond; les couches en question tombent jusqu' une grande distance de la surface etdoivent en modifier trs-peu la temprature ; maissur un haut-fond, lorsque les mmescauses oprent, les couches refroidies s'accumulent et leur inlluence peut devenir trs-sensible.

    Quoi qu'il en soit de celte explication, tout le momie sentira combien l'art nautiqueest intress la vrification du fait annonc |)ai' Jona //tan Willams, et que diversesobsersations rcentes ont sembl contredire; combien aussi les mtorologistes ac-cueilleront avec empressement des mesures comparatives de la temprature des eauxsuperficielles, prises en pleine mer et au-dessus du haut-fond; combien surtout ilsdoivent dsirer de voir dterminer, l'aide du Ihermomtrographe, la temprature dela couche liquide qui repose immdiatement sur la surface des hauts-fonds eux-mmes.

    NOTE 10.

    La Pluie sur mer.

    Page 4-20.

    Les navigateurs parlent des pluies qui, parfois, tombent sur les btiments pendant

    qu'ils traversent les rgions quinoxiales, dans des termes qui devraient faire sup-poser qu'il pleut beaucoup plus abondamment en mer qu' terre. Mais ce sujet estrest, jusqu'ici, dans le domaine des simples conjectures; rarement on s'est donn lapeine de procder des mesures exactes. Ces mesures, cependant, ne sont pas diffi-

    ciles. Nous voyons, par exemple, que le capitaine Tuckey en avait fait plusieurs pen-dant sa malheureuse expdition au fleuve Za'ire ou Congo II nous semble donc con-venable d'inviter les commandants des navires explorateurs faire placer l'udomtresur l'arrire du btiment, dans une position oii il ne pourra recevoir ni la pluie querecueillent les voiles, ni celle qui tombe des cordages.On ajouterait beaucoup l'intrt de ces observations, si l'on dterminait en nimt;

    temps la temprature de la pluie, et la hauteur d'oii elle tombe.Pour avoir, avec quelque exactitude, la temprature de la pluie, il faut que la masse

    d'eau soit considrable, relativement celle du rcipient qui la reoit. L'udomtre enmtal ne satisferait pas cette condition. Il vaut infiniment mieux prendre un large en-tonnoir form avec une toffe lgre, tissu trs-serr, et recevoir l'eau qui coule parle bas dans un verre uiincfs pamis renfernianl un |i>'lit liierninnitri'. \i'\\ii pour lu

  • wviii >oTi:s sciKM I ii(,)ri:s.ii'in|Mr;Uur('. L'(''li''vixlioii les nuages o lu iiliiit." se fonnc ne peut tre (itcrmine queilaiisdcs lemps d'orage; alors, le nombre le secondes qui s'coulent enlre l'clair etl'arrive du lirait uiullipli par :W7 miMres, vitesse de la propagation du son, donne

    la longueur lie l'iiypothnase d'un Iriangle rectangle dont le cot vertical est prcis-

    ment la han(e>ir cherchi'e Celte hauteur pourra tre calcule, si, l'aide d'un inslru-

    ment ridlexion, on ('value l'angle ([ue l'oi-me avec l'horizon la ligne qui, partant de

    I'umI de l'nliservaleur, aboutit la n'gion des nuages oli l'clair s'est d'abord montri'.

    Supposons, pour un moment, qu'il tombe sur le navire de la pluie plus froide que nedoivent l'tre les nuages, d'aprs leur hauteur etla rapidit connue du dJ'croisscmenl

    de la temprature atmosph(''rique, tout le immile eouqirendra (juel rle un pareil rsultat

    jouerait en mtorologie.Supposons, d'autre pat, qu'un jour de grle (car il grle en pleine nier), le mme

    systme d'observations vienne prouver que les grions se sont forms dans une

    rgion oii la temprature atmosphrique tait suprieure au terme de la conglation

    de l'eau, et l'on aura enrichi la science d'un rsultat prcieux, auquel la thorie venir de la grle devra satisfaire. Nous pourrions, par beaucoup d'autres consid('ra-

    lions, faire ressortir l'utilit des observations que nous venons de proposer, mais les

    deux qui prcdent doivent suffire.

    11 estdes phnomnes exti'aordinaires sur lesquels la science jiossde peu d'observa-tions, par la raison que ceux qui il a t donm'' de les voir vitent d'en parler, de

    peur de passer pour dtes rveurs sans discernement. Au nombre de ces phnomnes,nous rangerons certaines pluies des nagions quinoxiales.

    Quelquefois, entre les tropiques, il pleut par l'atmosphre la i)lus pure, par un ciel

    du plus bel a/ur! Les gouttes ne sont pas trs-serres, mais elles surpassent en grosseurles plus larges gouttes de pluie d'orage de nos climats. Le fait est certain; nous en

    avons pour garants M. deHumboldt, qui l'a observ dans l'intrieur des terres, etM. le capitaine Beechey, qui en a t tmoin en pleine mer : quant aux circonstances

    dont une aussi singulire prcipitation d'eau peut dpendre, elles ne nous sont pas con-

    nues. En Europe, on voit quelquefois par un temps froid et parfaitement serein tom-

    ber lentement, en plein midi, de petits cristaux de glace dont le volume s'augmente de

    toutes les parcelles d'humidit qu'ils conglent dans leur trajet. Ce rapprochement ne

    mettrait-il pas sur la voie de l'explication dsire? Les grosses gouttes n'ont-elles pas

    t, dans les plus hautes rgions de l'atmosphre, d'abord de trs-petites parcelles de

    glace excessivement froides ; ensuite, plus bas, par voie d'agglomration, de gros gla-

    ons; plus bas encore, des glaons fondus ou de l'eau? Il est bien entendu que ces

    conjectures ne sont consignes ici que pour montrer sous quel point de vue le phno-mne peut tre tudi; que pour exciter surtout nos voyageurs chercher avec soinsi, pendant ces singulires pluies, les rgions du ciel d'o elles tombent n'offriraient

    pas quelques traces de halo : si ces traces s'apercevaient, quelque lgres qu'elles fus-

    sent, l'existence de cristaux de glace dans les hautes rgions de l'air serait constate.

    Il n'e