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L BELGIË – BELGIQUE P.P. 7000 MONS 1 PP 5 499 PÉRIODIQUE TRIMESTRIEL • N O 39 • JANVIER FÉVRIER MARS 2002 ÉDITEUR RESPONSABLE :VINCENT SWINNEN, 5, RUE MARÉCAUX, 7333 TERTRE (065 64 16 44) BUREAU DE DÉPÔT DE MONS 1 L’Écho des Marais « Spécial LIFE » est publié dans le cadre du projet Life-Nature « Actions pour l’avifaune des roselières du bassin de la Haine ». Ce projet est financé par l’Union eu- ropéenne et la Région wallonne. D’une durée de quatre ans, sa mise en œuvre est confiée à l’A.S.B.L. Réserves Naturelles RNOB et à la direc- tion générale des Ressources naturelles et de l’Environnement (DGRNE) du ministère de la Région wallonne. L’auteur du projet, l’A.S.B.L. Réserves Natu- relles RNOB, est une association privée de conservation de la nature qui gère plus de cent quarante réserves naturelles en Wallonie, soit un peu moins de trois mille hectares. Parallèle- ment, l’association poursuit de nombreuses actions en faveur de la sauvegarde de la biodi- versité. Parmi les priorités de l’association fi- gurent aussi l’accueil, la sensibilisation et l’information du grand public. Les Réserves Naturelles RNOB se préoccupent également de la politique générale de conservation de la na- ture, suivent de près l’action des pouvoirs pu- blics et entretiennent avec eux des relations serrées pour améliorer cette action. La DGRNE ayant la conservation de la nature dans ses attributions a pour mission la créa- tion et la gestion des réserves domaniales, la mise en œuvre de la législation sur la conser- vation de la nature, la mise en place des parcs naturels, des actions de vulgarisation et de sensibilisation… Dans le cadre de ce projet Life, les partenaires décentralisés sont la divi- sion Nature et Forêts (direction de Mons) et l’antenne du Centre de recherche de la nature, des Forêts et du Bois située à Harchies. JANVIER –FÉVRIER – MARS 2002 • N O 39 BULLETIN DE LANTENNE RÉGIONALE RNOB CENTRE OUEST HAINAUT DES RÉSERVES NATURELLES SPÉCIAL LIFE

SPÉCIAL LIFE O 39 - Scarlethome.scarlet.be/~p4u00056/Echo39.pdf · FÉVRIER – MARS 2002 É DITEUR RESPONSABLE:V INCENT S WINNEN, 5, RUE M ARÉCAUX, 7333 T ERTRE (065 64 16 44)

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1 L’Écho des Marais « Spécial LIFE » est publiédans le cadre du projet Life-Nature « Actionspour l’avifaune des roselières du bassin de laHaine ». Ce projet est financé par l’Union eu-ropéenne et la Région wallonne. D’une duréede quatre ans, sa mise en œuvre est confiée àl’A.S.B.L. Réserves Naturelles RNOB et à la direc-tion générale des Ressources naturelles et del’Environnement (DGRNE) du ministère de laRégion wallonne.

L’auteur du projet, l’A.S.B.L. Réserves Natu-relles RNOB, est une association privée deconservation de la nature qui gère plus de centquarante réserves naturelles en Wallonie, soitun peu moins de trois mille hectares. Parallèle-ment, l’association poursuit de nombreusesactions en faveur de la sauvegarde de la biodi-versité. Parmi les priorités de l’association fi-gurent aussi l’accueil, la sensibilisation etl’information du grand public. Les RéservesNaturelles RNOB se préoccupent également dela politique générale de conservation de la na-ture, suivent de près l’action des pouvoirs pu-blics et entretiennent avec eux des relationsserrées pour améliorer cette action.

La DGRNE ayant la conservation de la naturedans ses attributions a pour mission la créa-tion et la gestion des réserves domaniales, lamise en œuvre de la législation sur la conser-vation de la nature, la mise en place des parcsnaturels, des actions de vulgarisation et desensibilisation… Dans le cadre de ce projetLife, les partenaires décentralisés sont la divi-sion Nature et Forêts (direction de Mons) etl’antenne du Centre de recherche de la nature,des Forêts et du Bois située à Harchies.

JANVIER –FÉVRIER – MARS 2002 • NO 39

BULLETIN DE L’ANTENNE RÉGIONALE RNOB – CENTRE OUEST HAINAUT DES RÉSERVES NATURELLES

SPÉCIAL LIFE

Page 2: SPÉCIAL LIFE O 39 - Scarlethome.scarlet.be/~p4u00056/Echo39.pdf · FÉVRIER – MARS 2002 É DITEUR RESPONSABLE:V INCENT S WINNEN, 5, RUE M ARÉCAUX, 7333 T ERTRE (065 64 16 44)

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Avril 2002

Lundi 1er au vendredi 5: stage NatureArt et Nature pour les 9-12 ans : voir rubrique «Écho du CRIE»Samedi 6 à 9h, Harchies-Hensies-PommeroeulgSamedi 6 à 9h, Harchies-Hensies-Pommeroeul ^Samedi 13 à 9h, Près de Grand Rieu ^Dimanche 14 à 9h, Les MarionvillegDimanche 14 à 14h, Harchies-Hensies-Pommerœul g

Visite familiale Un réseau pour la nature : voir page «Actualités»Samedi 20 à 13h30, Harchies-Hensies-Pommerœul gDimanche 21 à 8h, Harchies-Hensies-Pommerœul g

À l’écoute des chants d’oiseaux : voir rubrique «Écho du CRIE»Dimanche 28 à 9h, Prés de Grand Rieu g

Mai 2002

Samedi 4 à 9h, Harchies-Hensies-Pommerœul gSamedi 4 à 21h30, Thieu g

Visite à l’écoute des amours de notre faune nocturne Dimanche 12 à 8h30, Les Marionville g

Visite matinale à l’écoute des chants d’oiseauxSamedi 18 à 13h30, Harchies-Hensies-Pommerœul gSamedi 18, la côte d’Opale gg

À la découverte du Platier d’Oye et du cap Blanc-Nez(sur inscription, cf. réserve de Thieu)

Vendredi 31 à 19h30, Harchies-Hensies-Pommerœul gVisite crépusculaire familiale : voir rubrique «Écho du CRIE»

Juin 2002

Samedi 1er à 9h, Harchies-Hensies-Pommerœul gSamedi 1er à 21h30, Thieu g

Journée portes ouvertes La Nature en Fête, voir page ActualitésDimanche 2 à 9h, Harchies-Hensies-Pommerœul g

Journée portes ouvertes La Nature en Fête, voir page ActualitésDimanche 9 à 9h30, Les Marionville gSamedi 15 à 13h30, Harchies-Hensies-Pommerœul g

LA PARTICIPATION aux visites guidées g est gratuite pour lesmembres rnob. Elle est fixée à 3 € pour les non-membres ; 1,5 €jusqu’à 15 ans et au-delà de 65 ans (il est possible de se fairemembre sur place : 19 € ou 16 €).

La participation aux journées de gestion^est gratuite pourtous. Lors de vos participations aux visites guidées et/ou journées de gestion, prévoyez bottes, vêtements de circonstance,jumelles et au besoin pique-nique et en-cas… Merci.

Contactset rendez-vous habituels :

GhlinPascal Dupriez

Tél./fax 065 84 53 11Devant l’académie de police

route d’Ath à Jurbise❧

Harchies-Hensies-Pommerœuljournées de gestion :

Michel HousenTél. 065 31 13 03 – 39 64 28

visites et animations :CRIE d’Harchies

Tél./fax 069 58 11 [email protected]

Pour les visites classiquesSur la place de Pommerœul

(église, clocher penché)❧

Prés de Grand-Rieu(Hautrage)Pierre Anrys

Tél. 065 73 01 39Alain MalengreauTél. 065 62 20 64

Sur la place de la Gareà Saint-Ghislain

journées de gestion :idem ou à l’entrée de la réserve :

rue des Bâts, à Hautrage❧

Les MarionvillePierre Anrys

Tél. 065 73 01 39Sur la place de Tertre (église)

❧Les Prés du village

Jean-François GodeauTél. 065 34 82 41

Place d’Hyonou à l’entrée de la réserve

❧Thieu

Mandy MarchiTél. 064 66 56 86À la gare d’Havré

❧Wiers

Michel QuintartTél. 069 77 11 13Pascal Dupriez

Tél. 065 84 53 11À la gare de Peruwelz

Programme d’activités

2

SOMMAIREÉditorial 3

Un projet Life-Naturedans la vallée de la Haine 4

Damien Bauwens,ingénieur chef de cantonnementà la Division Nature et Forêts 8

L’étrépage des roselières 10

Les étudiants du collègeNotre-Dame-de- Bon-Secoursde Binche au servicede la nature 12

Actualités 14

Programme d’activités 15

Encart central détachableFiche d’espèce: le blongios nain,emblème menacé de nos roselières i

Circuit de baladeaux marais d’Harchies ii & iii

Fiche d’espèce : le roseau,roi des roselières iv

Ont participé à la rédactionde ce numéro :

Le ministre de l’Agriculture et de la Ru-ralité José Happart, Damien Bauwens,Gaëtan Bottin, Hugues Dufourny, PascalDupriez, Franck Hidvégi, Joëlle Huyse-com, Vincent Swinnen, les membres del’ARCOH, l’équipe du CRIE d’Harchies.

Photos : Franck Hidvégi, Philippe Jenard,Vincent Swinnen, Roger TonnelArchives RNOB

Cartes : Isabelle DebeerDessins : Véronique GoossensConception graphique : Amélie Mélo

L’Écho des Marais est le bulletin trimestriel de l’Antenne régio-nale Centre Ouest Hainaut (arcoh) des Réserves Naturellesrnob. L’arcoh a pour objectif de faire la promotion des activi-tés de gestion et de protection de la nature dans le centre etl’ouest du Hainaut. Neuf réserves naturelles rnob sont situéessur son territoire. L’arcoh est active dans le Parc naturel desplaines de l’Escaut, le Plan communal de développement de la na-ture de La Louvière, le Plan communal de développement de lanature de Mons, le Plan communal de développement rural deBernissart. L’arcoh collabore également avec la section Tournai-sis du Cercle des naturalistes de Belgique et avec l’Hellébore(section de Bon-Secours du Cercle des naturalistes de Belgique).

Dans le cadre du projet Life-Nature «Actions pour l’avifaune desroselières du bassin de la Haine », deux des quatre numéros an-nuels de l’Écho des Marais bénéficient du soutien de l’Unioneuropéenne et de la Région wallonne. Ces numéros « spécialLife» sont destinés à apporter de l’information sur les activités etles acteurs du projet Life, ainsi que sur les richesses naturelles dubassin de la Haine.

Vincent Swinnen & Gaëtan BottinRéserves Naturelles RNOB

27, place des Combattants7330 Saint-GhislainTél. & fax [email protected]

Jean-François GodeauPrésident de l’ARCOH

71, rue des Grands Prés7000 Mons

Tél. [email protected]

Contacts

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Dans le cadre de la Semaine Verte2002 organisée par la Commissioneuropéenne, du 13 au 21 avril, les Ré-serves Naturelles RNOB ont souhaitéproposer un programme d’activitésdans les différentes régions concer-nées par des projets Life-Nature. Ence qui concerne la vallée de la Haine,une visite thématique familiale Un ré-seau pour la nature sera organisée le

dimanche 14 avril à 14heures, au dé-part du crie d’Harchies. Au pro-gramme : visite thématique pour lesparents et animation nature pour lesenfants.

Pour plus de renseignements, contac-tez l’équipe du projet Life :Vincent Swinnen ou Gaëtan Bottin au06575 54 75.

ActualitÉs

Comme chaque printemps, les activi-tés reprennent de plus belle au cried’Harchies. On notera le stage Art etNature pour les enfants de 9 à 12 ans,du lundi 1er au vendredi 5 avril, unstage Contes et légendes de nos maraispour les enfants de 3 à 5 ans, dulundi 1er au mercredi 3 juillet et troisstages Découvertes et aventures dansles marais en juillet-août. Plusieurs ac-tivités originales sont prévues pour unpublic familial. Pour la première, ilfaudra se lever tôt. En effet, une ba-lade à l’écoute des oiseaux est

organisée le dimanche 21 avril dès8 heures du matin. Pour la seconde, ils’agira plutôt de se coucher tard carune balade crépusculaire est organiséele vendredi 31 mai à 19 h 30. Venezdécouvrir aux marais d’Harchiesl’ambiance si particulière de ces deuxmoments privilégiés de la journée.

Pour plus de renseignements sur tou-tes ces activités :crie d’Harchies, 5, chemin des Préaux,7321 Harchies – Tél. & fax [email protected]

Écho du CRIE

Green Days 2002 – dimanche 14 avril

Début février, la réserve naturelle del’Espace Tilou a été officiellementcréée grâce à la signature d’uneconvention liant pour dix-neuf ans lesRéserves Naturelles RNOB et l’A.S.B.L.Tilou (centre pour personnes polyhan-dicapées). Cette zone, située dans levillage de Maisières (entité de Mons),

est constituée principalement de pe-louses sèches très intéressantes notam-ment d’un point de vue botanique.Voilà qui nous changera des zones hu-mides et autres marécages gérés jus-qu’à présent dans la région!

Plus d’infos dans notre prochaine édition!

Les journées « Nature en fête » – 1er et 2 juin

Le samedi 1er juin dès 21 h 30, veneznous rejoindre à la réserve de Thieupour une balade crépusculaire et noc-turne. Rendez-vous devant la gared’Havré. Dans ce même cadre, l’équipedu crie d’Harchies propose le diman-che 2 juin, dès 9heures, des visites des

marais, des animations familiales,mais aussi d’autres activités origina-les ! Des activités sont égalementproposées en divers autres lieux enWallonie. Un programme est disponi-ble aux Réserves Naturelles RNOB

(02 245 55 00 — www.rnob.be)

Une nouvelle réserve dans la Vallée de la Haine !

3

La Vallée de la Haine,un objectif nature prioritaire pour l’Europe

Insalubres, dangereux, malsains, improductifs… Combien d’ima-ges d’Épinal ne collent-elles pas à la peau des marais et autresmarigots ? Les roselières n’échappent bien sûr pas à ce constat.Trop longtemps considérées comme ne pouvant être que drainéeset asséchées, elles sont aujourd’hui parmi les habitats naturels lesplus menacés qu’il convient de protéger en priorité.

L’Europe ne s’y est pas trompée. En participant au financementd’un programme Life-Nature au travers d’un plan d’« Actionspour l’avifaune des roselières du bassin de la Haine», elle donneun coup d’accélérateur à un programme d’étude initié il y a plusde vingt ans par le centre de recherche à Harchies, ainsi qu’à lagestion et l’éducation développée dans les zones humides du bas-sin de la Haine.

J’ai souhaité que la Région wallonne soit très étroitement asso-ciée à ce programme européen, en partenariat avec les RéservesNaturelles RNOB. Je pense notamment aux recherches scienti-fiques développées par le Centre de recherche de la nature, desforêts et du bois et à la gestion des marais d’Harchies-Hensies-Pommerœul organisée avec les moyens de la division de la natureet des forêts.

Ce programme Life-Nature a pour ambition d’assurer une pro-tection et une gestion efficaces à une part significative desroselières et des zones humides de la vallée de la Haine. Autantd’habitats qui ne manqueront pas de rejoindre le grand réseau eu-ropéen de sites protégés Natura 2000, dont j’ai cœur à assurer ledéveloppement en Wallonie. Pour mener à bien ce programmeLife, la collaboration de tous les acteurs de la ruralité est néces-saire. Nul doute que les agriculteurs, les chasseurs, les exploitantsforestiers, les naturalistes… trouveront un terrain fertile pourexpérimenter et développer une saine et franche collaboration.Tel est notamment l’objectif de l’Écho des marais « spécial Life »qui, deux fois par an, vous tiendra informé de l’évolution du pro-gramme sur le terrain.

Le ministre de l’Agriculture et de la Ruralité

Écho des Marais

Éditorial

Quoi de neuf dans la vallée de la Haine

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Le groupe s’est dit globalement trèssatisfait de ce séjour. Même si le tra-vail pouvait paraître parfois un peurude, ils y ont trouvé de nombreusessources de satisfaction. Ils ont parti-culièrement apprécié la découverte etla diversité des sites, ainsi que la di-versité des travaux à accomplir, loinde la monotonie de certaines retraites.Ajoutons à cela la rencontre des diffé-rents gestionnaires des sites, un gîteconfortable et une ambiance sympa-thique et nous aurons là l’ensemble

des éléments ayant contribué à la ré-ussite de ce séjour.

Merci encore à Amandine, Cathe-rine, Magaly, Mélanie, Julien, Laury,Nicolas, Stéphane, Sylvain et M. Bos-quillon pour leur aide appréciabledans la gestion de notre patrimoinenaturel commun. Si vous voulezcomme eux vous rendre utiles dans cedomaine, n’hésitez pas à nous contac-ter. Ce n’est pas le travail ni les idéesqui manquent !

✒ Vincent Swinnen

L’équation de la réussite

4

Un projet Life-Naturedans la vallée de la Haine

La Haine, soixante kilomètres de long… Prenant sa source sur le pla-teau d’Anderlues, entre Binche et Charleroi, cet affluent de l’Escaut adonné son nom au Hainaut. Autrefois, elle déployait ses méandres ausein de vastes prés marécageux régulièrement inondés. Aujourd’hui, sison lit est rectifié et canalisé, son bassin regorge encore de sites naturelsremarquables.

Le projet Life s’intéresse à la partie du bassin de la Haine située entreQuaregnon et Hensies où des sites marécageux se sont progressivementdéveloppés entre 1925 et 1950. Suite à l’exploitation souterraine ducharbon, d’importants tassements de terrain se sont produits, créantdans les parties les plus basses de la vallée des cuvettes d’effondrementqui ont été rapidement envahies par les eaux. Certaines de ces zones hu-mides ont été asséchées ou remblayées, mais d’autres y ont échappé etaccueillent aujourd’hui une flore et une faune exceptionnelles. Ceszones humides sont aujourd’hui protégées : le marais de Douvrain àBaudour, les Marionville entre Saint-Ghislain et Quaregnon, les Prés deGrand Rieu à Hautrage et le complexe marécageux d’Harchies-Hen-sies-Pommeroeul.

En juillet dernier,

les Réserves

Naturelles RNOB

et la Région wallonne

se sont vu attribuer

un projet Life-Nature.

Cofinancé par

l’Europe et par

la Région wallonne,

il vise à établir

un plan d’« Actions

pour l’avifaune

des roselières

du bassin

de la Haine ».

Un bon coup

de pouce

aux défenseurs

de la nature

dans cette région !

Périmètre concerné par le programme Life-Nature « Actions pour l’avifaune des roselières du bassin de laHaine ». Les zones protégées apparaissent en gris foncé.

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Life-Nature sous la loupe

Lors de ces trois journées bien rem-plies, nos jeunes amis ont pu décou-vrir et participer à la gestion desMarais d’Harchies-Hensies-Pomme-roeul, des prés de Grand-Rieu, desPrés du village et de la réserve deGhlin. Ils ont ainsi pu s’initier au dé-boisement des roselières, au creuse-ment de mares, à l’évacuation deproduits de fauche et à la limitationde l’envahissante fougère aigle. Mal-

gré des conditions climatiques très fa-vorables, ces différents travaux s’avè-rent toujours assez ardus, car il fautcomposer avec la nature du terrain,souvent inondé ou boueux à souhait.C’est sans rechigner, et toujours avecle sourire, que notre bande de joyeuxlurons est parvenue au bout de ces tâ-ches. Le soir, ils pouvaient rentrer augîte, un peu fourbus, mais avec la satis-faction du devoir accompli.

Fourbus mais satisfaits

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Les étudiants du CollègeNotre-Dame-de-Bon-Secours

de Bincheau service de la nature

Chaque année, les étudiants derhéto du collège Notre-Dame-de-

Bon-Secours de Binche effectuent uneretraite de trois jours dans un endroitde leur choix. L’un des étudiants,Laury Lambot, a voulu rompre avecla tradition des retraites dans les mo-nastères et a proposé une démarcheoriginale permettant d’allier protec-

tion de la nature, vie au grand air ettravail en groupe. La proposition :trois jours de gestion dans une réservenaturelle ! La formule ayant remportél’adhésion du groupe, ce ne sont pasmoins de neuf jeunes, encadrés parM. Bosquillon, leur professeur, qui ontinstallé leur camp de base au gîte ruraldes Sartis à Harchies.

12 5

Oiseaux et roselières

L’intérêt de ces sites protégés réside notamment dans la présence de ro-selières, vastes zones marécageuses où pousse presque exclusivement leroseau (voir l’encart central). Les principaux bénéficiaires du projetLife sont les oiseaux qui vivent dans ces massifs de roseaux. Beaucoupd’entre eux sont devenus très rares en Belgique et sont reconnuscomme menacés à l’échelle européenne tels le grand butor – héron au

La Vallée de la Haine est riche en zones humides qui ont vu le jourdans des cuvettes d’effondrement d’anciennes mines de char-bon. L’étang de Pommerœul ainsi créé abrite l’une des plusvastes roselières de Wallonie

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plumage parfaitement adapté au camouflage dans la roselière –, leblongios nain (voir l’encart central) – autre héron, de très petite taillecomme son nom l’indique –, le busard des roseaux – rapace nichant ausol dans les roselières – et la gorge-bleue à miroir blanc – petit oiseauaux couleurs éclatantes. La présence de ces oiseaux dans le bassin de laHaine confirme l’importance de cette région pour leur protection àl’échelle de l’Europe.

Pourquoi ces oiseaux sont-ils menacés? Les roselières qui abritent cesespèces tendent à disparaître en Europe occidentale, le roseau ayant demoins en moins sa place dans le paysage «moderne». Le drainage deszones humides pour l’agriculture, les plantations de peupliers, l’éradica-tion des marais au profit de zonings et autres lotissements ont réduit àpeau de chagrin l’espace réservé aux roselières. .Le grand butor

La parole À…

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L’opération est généralement lourde enmanipulation et en main d’œuvre : l’airede travail est délimitée au moyen debornes bien visibles, la surface choisieest soigneusement fauchée et ratissée, leproduit de la fauche est exporté et,enfin, le travail d’étrépage proprementdit peut commencer. Selon la superficieet/ou la nature de la surface à traiterc’est la houe ou le bulldozer qui est

choisi. Généralement, on découpe lasurface en bandes parallèles que l’onévacue au fur et à mesure à reculons defaçon à ne pas abîmer les zones déjàtravaillées. L’époque a également sonimportance : l’étrépage sera pratiquéeidéalement à la fin de l’automne ou audébut de l’hiver car, durant cette pé-riode, le froid et l’humidité libèrent lesgraines de leur dormance.

L’étrépage est donc une opérationlourde et brutale qui permet toutefoisune régénération rapide du milieu.Même si la charge de travail estgrande, elle est largement compenséepar un suivi beaucoup plus léger lesannées qui suivent car, contrairement

à d’autres techniques de gestion,comme la fauche par exemple, l’étré-page ne doit être renouvelé sur unemême parcelle qu’après cinq, dixvoire vingt ans. Du travail en moins,ce ne sont pas les gestionnaires quis’en plaindront !

Au travail

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Gestion à long terme

✒ Pascal Dupriez

6

Le saule et le roseau

Or, de nos jours, même dans des sites protégés comme les réserves na-turelles, les roselières sont en péril, menacées par le boisementspontané (saules, aulnes…). Certes, ces boisements hébergent d’autresespèces d’oiseaux, mais si toutes les roselières sont envahies par les ar-bres, inévitablement cela entraîne la disparition de tout le cortèged’oiseaux associés à ces milieux. Les partenaires du projet Life vonts’atteler à ce problème en déboisant plusieurs dizaines d’hectares deroselières. D’autres mesures de gestion favorables à ces milieux et àson avifaune seront également mises en œuvre. La Région wallonne vaaussi mettre sur pied un vaste programme de suivi des roselières, deson avifaune et de la qualité de l’eau dans les réserves. Ces étudesscientifiques sont indispensables pour mieux comprendre et protégerces habitats particuliers. Ce projet aura aussi un volet information etsensibilisation auprès des habitants de la région qui sera développé parles Réserves Naturelles RNOB.

Le partenariat institué entre la Région wallonne et les Réserves Na-turelles RNOB représente une chance unique d’assurer une gestionadéquate des roselières. À lui seul, le bassin de la Haine ne peut pas« sauver » ces espèces. Mais, partout ailleurs en Europe, des program-mes similaires de sauvegarde de cet écosystème sont mis sur pied. Parleur position centrale, la Belgique et le bassin de la Haine ont uneresponsabilité à prendre pour la protection de ces sites naturels d’ex-ception. Le projet Life-Nature leur en offre l’opportunité.

✒ Gaëtan Bottin

Les roselières sont menacées par le boisementspontané. Les gestionnaires du programme Life-Nature prévoient le déboisement de plusieursdizaines d’hectares de roselières.

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Gorge-bleue à miroir blanc

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La pratique de l’étrépage est bienconnue des gestionnaires de réser-

ves naturelles. Elle consiste à retirer dusol la couche superficielle la plus richeen matière organique avec le tapis deracines des plantes qui y poussent.

L’objectif est double : atteindre des ni-veaux plus profonds où les stocks degraines ainsi mises à nu pourront ger-mer, et permettre la colonisation de jeu-nes plantes caractéristiques des solspauvres en éléments nutritifs.

En vieillissant, une roselière accumuleà ses pieds une épaisse couche de végé-taux morts (feuilles, tiges…) qui de-vient alors le support d’ancrage devégétaux comme le houblon ou l’ortie,ensuite d’arbustes et d’arbres. Cetteévolution est un drame pour la rose-lière : l’épaississement de la litière em-

pêche le développement des rhizomes(tiges souterraines) qui n’ont plusassez de lumière et de place pour pro-duire de nouvelles tiges. L’étrépage estdonc une véritable cure de jouvencepour les roselières dégradées en per-mettant l’apparition de jeunes rhizo-mes et de jeunes pousses.

L’étrépage

est une technique

de gestion classique

pour régénérer

les landes

et les pelouses

calcaires.

Appliquée

aux roselières,

elle apporte

également

des résultats

encourageants.

L’étrépage des roselières

Appliqué aux roselières, l’étrépage s’avère être unetechnique de régénération efficace.

Et les roselières ?

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Un projet LIFE-Nature,qu’est-ce que c’est ?

Si l’Europe vient à peine d’arriver dans le porte-monnaiedu citoyen européen, cela fait beaucoup plus longtempsque la nature est soumise à des décisions prises à l’échelonde l’Union européenne. En effet, les principaux textes légis-latifs européens (appelés directives) concernant la conservationde la nature datent respectivement de 1979 (directive Oiseaux)et de 1992 (directive Habitats). Ces textes réglementent laprotection de la faune, de la flore et des habitats menacésau niveau européen. Concrètement, les pays membres del’Union doivent appliquer ces directives, principalement parla constitution d’un vaste réseau de sites protégés appeléNatura 2000.

Parallèlement à ces directives, l’Union européenne s’est dotéed’un budget permettant le cofinancement de programmes deconservation de la nature : le fonds Life-Nature. C’est ainsique chaque année, des projets dans toute l’Europe se voientcofinancés par ce fonds. Ce sont les projets Life-Nature.

Un projet Life-Nature doit proposer des mesures visant à proté-ger des animaux, des plantes ou des habitats particulièrementmenacés à l’échelle européenne au sens des directives Oiseauxet Habitats. Exemples de projets européens Life-Nature : laconservation des gorges de l’Ardèche dans le sud de la France,la protection d’une espèce rarissime de myosotis sur les rives dulac de Constance en Autriche ou la réintroduction de l’aigleroyal en Irlande.

En Belgique, entre 1994 et 2001, une vingtaine de projetsLife-Nature ont vu le jour. Les objectifs de ces projets sonttrès divers : de la gestion de prairies marécageuses ou de lan-des, à la protection de l’habitat du râle des genêts, en passantpar la restauration de rivières ou de zones côtières et l’amé-nagement de la forêt de Soignes à Bruxelles. Ces projets onttoujours une durée limitée dans le temps, habituellemententre deux et quatre ans.

✒ G.B.

Techniques de gestion

Page 8: SPÉCIAL LIFE O 39 - Scarlethome.scarlet.be/~p4u00056/Echo39.pdf · FÉVRIER – MARS 2002 É DITEUR RESPONSABLE:V INCENT S WINNEN, 5, RUE M ARÉCAUX, 7333 T ERTRE (065 64 16 44)

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mettent actuellement en place, tellecelle concernant le réseau Natura2000 par exemple, constituerontdes instruments réglementaires nou-veaux, mais également un surplus detravail très important. »

On s’en doute, une tâche aussivaste et variée ne va pas sans susci-ter un certain nombre de problè-mes. « Certes les agents forestiersaiment leur métier de terrain et semontrent de plus en plus réceptifsaux changements dans ce domaineet notamment à une approche plusécologique de la gestion forestière.Mais nous sommes parfois confron-tés à un environnement social peuréceptif. De par notre statut, nousnous devons de rester à la croiséedes chemins entre le monde agri-cole, les forestiers, les chasseurs, lesnaturalistes… Le manque derespect par le public nous cause deplus en plus de problèmes (vanda-lisme, déchets…) et entraîne degrosses dépenses (10 000 € par an

pour le seul nettoyage des forêts do-maniales, par exemple).»

« Enfin, l’augmentation desmoyens humains ne colle pas systé-matiquement à l’accroissement destâches qui nous sont confiées.»

Quant à ses motivations, D. Bau-wens tente de les faire partager àchaque instant par son équipe. «Jetrouve que c’est une chance de pou-voir participer directement à la ges-tion durable de notre environne-ment. De même, j’aime montrer queles aspects économiques et écolo-giques de la forêt ne sont pas forcé-ment incompatibles.»

Souhaitons-lui bonne chance etbonne réussite également dans lecadre de ce projet Life, car DamienBauwens et son équipe seront unefois de plus au four et au moulin,notamment pour de nombreusesactivités de gestion dans les zoneshumides de la vallée de la Haine.

Propos recueillispar Vincent Swinnen

Damien Bauwens

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Damien Bauwens, marié etpère de cinq enfants, est ingénieur agronome, spé-

cialisation Eaux et Forêts, disci-pline indispensable pour entrer àla division Nature et Forêt (dnf)au sein du ministère de la Régionwallonne. Attiré depuis son plusjeune âge par le contact avec laterre et l’environnement, il est de-puis neuf ans chef du cantonne-ment de Mons. Ce cantonnementest le plus grand de Wallonie,puisqu’il couvre pratiquement uncinquième du territoire wallon etprès d’un quart de ses communes !Il s’étend de Mouscron – Cominesà La Hulpe, en passant par Mons,Binche et Villers-la-Ville.

Au départ axées essentiellementsur la forêt et les cours d’eau, lesmissions de la dnf n’ont cessé d’é-voluer, nous dit D. Bauwens. «Cen’est pas sans raison que le mot na-ture a d’ailleurs remplacé le moteau dans notre appellation, et y de-vient même prépondérant.»

« Nos missions s’étendent actuel-lement de la gestion complète desforêts domaniales à celle, plus par-tielle, des autres forêts soumises(propriétés des communes, provin-ces, CPAS, fabriques d’église…). Àcela s’ajoutent des missions de po-lice. Nous sommes en effet chargésde faire respecter la législation fo-restière, y compris la circulation àl’intérieur de celle-ci, la chasse, lapêche et la protection de la nature.La gestion des réserves naturelles

domaniales, des zones humidesd’intérêt biologique, des cavitéssouterraines et de certains espacesverts publics est également de notreressort. Enfin, il faut encore citerles activités de guidance, de sensibi-lisation du public, ainsi que les avisd’urbanisme et l’implication dansla dynamique des parcs naturels,des contrats de rivière… »

« Pour gérer l’ensemble de cesmatières, je dispose, de dix-neufagents techniques (un par « triage»,trois ou quatre triages formant une«brigade»), d’autant d’ouvriers fo-restiers et d’une équipe administra-tive basée à Mons.»

«Cette situation date de la der-nière restructuration (1994) et n’estmalheureusement plus tout à faitadaptée. En effet, depuis cetteépoque, la superficie totale gérée n’acessé de croître (elle a plus que dou-blé depuis 1975), ainsi que les mis-sions liées à la protection de lanature, aux avis… C’est pourquoiune nouvelle structure est en projet.»

«Elle scinderait le cantonnementde Mons en donnant notammentnaissance à un nouveau cantonne-ment propre au Brabant-Wallon et àl’est du Hainaut. Pour ce qui est desmoyens financiers, ceux-ci sont sa-tisfaisants en ce qui concerne laconservation de la nature et les espa-ces verts, ainsi que pour les investis-sements en matière forestière. Parcontre, les sommes prévues pour lefonctionnement de la gestion fores-tière s’avèrent souvent trop limitées.Les nouvelles législations qui se

Damien Bauwens,Ingénieur chef

de cantonnementà la division Nature et Forêt

Damien Bauwens

Acteurs de la nature

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