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Supplément gratuit du mardi 29 mai 2018 SPÉCIAL DÉVELOPPEMENT DURABLE 2018

SPÉCIAL DÉVELOPPEMENT DURABLE - lequotidien.re · STATIONS DE RECHARGE ÉLECTRIQUE HEURE DES CHOIXL L essor de la mobilité électrique passe par celui des stations de recharges

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Supplément gratuit du mardi 29 mai 2018

SPÉCIAL

DÉVELOPPEMENTDURABLE 2018

Déplacements

- Voiture électrique : ti lamp, ti lamp… ��������������������������������������������� 4 - Stations de recharge électrique l’heure des choix ����������������������� 5 - Le téléphérique : pour voir plus loin ���������������������������������������������� 6

Énergie

- Une électricité encore trop carbonée ������������������������������������������� 7 - Aéroport Roland-Garros : ventilation naturelle ����������������������������� 8 - Chauffe-eau et électricité solaires quelles aides ? ����������������������� 8 - Albioma lance sa TAC au bioéthanol �������������������������������������������10 - Sucreries économes ������������������������������������������������������������������10

Gestion des déchets

- Déchets : La Réunion à la croisée des chemins ��������������������������11 - ILEVA : le choix du prestataire bientôt connu ������������������������������12 - SYDNE : le centre de valorisation en cours de construction��������12 - Agriculture : un éco-organisme local �������������������������������������������13 - Trokali : une autre manière de donner �����������������������������������������14 - Déchets ménagers : mini-mémo pour moins jeter ����������������������14

Eau

- Après l’épuration, la potabilisation ����������������������������������������������15

SOMMAIREEDITOUne courte semaine pour de grands enjeux

La 16ème édition de la Semaine européenne du développement durable s’ouvre demain et se pro-longera jusqu’au 5 juin� Comme chaque année, elle mettra en avant les initiatives citoyennes ou associatives, les actions mises sur pied par des collectivités, les établissements scolaires, les en-treprises… Cette année, deux thématiques seront plus particulièrement valorisées : « santé et envi-ronnement » et « villes et territoires de demain »�Même si le développement durable est officielle-ment inscrit comme une priorité dans la plupart des politiques publiques, il n’est pas superflu de consacrer une semaine par an à la sensibilisa-tion� Notamment pour prendre conscience de l’écart qui existe parfois entre les discours et les actes ! Et ne pas perdre de vue la définition de ce développement durable mis à toutes les sauces : « Répondre aux besoins du présent sans com-promettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs »� Les générations futures, elles sont là, à nos côtés� Ce sont nos enfants qui, déjà, ne pourront pas jouir comme nous l’avons fait des ressources de notre petite planète, de notre petite île� Dans ce supplément du Quotidien, nous vous pro-posons de faire un point sur quelques grandes thématiques : la progression de la mobilité élec-trique, le traitement des déchets, le futur des énergies renouvelables, l’eau potable… Alors que La Réunion avance allégrement vers le mil-lion d’habitants, comment ne pas compromettre la qualité de vie des générations futures ? L’enjeu est tel qu’il devrait faire la « Une » de l’actualité 52 semaines par an�

Ce supplément gratuit Développement Durable a été réalisé par le service Publicité du Quotidien.Directrice Générale, Directrice de publication : Carole CHANE-KI-CHUNE

Régie publicitaire : Tél� 0262 92 15 12 / Email : resa�regiepub@lequotidien�re / Coordination : Jean-Pierre HUGOT / Rédaction : Olivier SOUFFLET / Infographiste : Pierre RACINE

VOITURE ÉLECTRIQUE : TI LAMP, TI LAMP…

Les ventes de voitures 100% électriques ont progressé en 2017. Le segment se fait progressivement connaître du public, en attendant le déferlement de nouveautés annoncées par la plupart des marques pour les prochaines années.

Les futures réglementations européenne vi-sant à réduire les émissions de Co2 à partir de 2020 n’y sont pas étrangères : la plupart des constructeurs automobiles annoncent l’accé-lération de l’électrification de leur gamme� La montée en puissance de la voiture électrique dans les parcs automobiles des pays déve-loppés semble inexorable, même si les scep-tiques sont encore nombreux� Il est vrai que les ventes annuelles, qui représentent environ 1% du total des immatriculations en France, sont freinées par le coût des modèles et les insuffi-sances des réseaux de stations de recharge�La progression des performances des mo-dèles commence toutefois à séduire un pu-

blic soucieux d’agir pour la réduction des gaz à effet de serre et de contribuer à l’essor des déplacements « doux », à La Réunion comme ailleurs� En 2017, il s’est vendu dans notre île 272 voitures 100% électriques ; si le chiffre est modeste, il est en progression de 140% par rapport à l’année précédente� L’arrivée sur le marché de la nouvelle Zoé est indéniablement la cause principale de ce bond� La « petite électrique » de Renault, dont l’autonomie a doublé par rapport à la version précédente, a représenté à elle seule plus de 60% des ventes, loin devant la eGolf de Volkswagen et la i3 de BMW�

Les ventes de voitures particulières 100% électriques ont progressé de 34,3% au premier trimestre 2018 dans l’Union eu-ropéenne, avec 32 566 immatriculations. Cette moyenne cache de grandes dis-parités d’un pays à l’autre. L’Allemagne a ainsi pris la tête du classement grâce à une progression de 80% (9 127 ventes),

devant la France (7 322 immatriculations, -1% par rapport au 1er trimestre 2017. Les Pays-Bas font leur apparition sur la troisième marche du podium, grâce à une progression de 137% des ventes (3 945) et passent devant le Royaume-Uni (3 895 immatriculations, -16%).

+34% en Europe

VE : le top 10 des ventes en France24 904 voitures électriques ont été vendues en France en 2017, soit 1,16% des immatriculations de véhicules légers. La Zoé de Renault a représenté à

elle seule plus de 61% des ventes.1 - Renault Zoé : 15 245 ventes 2 - Nissan Leaf : 2 381 3 - Smart Fortwo : 938 4 - Peugeot iOn: 874 5 - Tesla modèle S : 862 6 - BMW i3 : 856 7 - Kia Soul EV : 818 8 - Citroën C Zéro : 545 9 - Tesla modèle X : 506

10 -  Hyundai Ioniq : 379Sur les quatre premiers mois de l’année 2018, la Zoé et la Nissan Leaf

conservent la tête du classement, la BMW i3 pointe en troisième position.

« La batterie de la Zoé permet désormais de parcourir entre 270 et 300 km à La Réunion, annonce Nathalie Delanoë, responsable du développement des véhicules électriques à Automobiles Réunion� Nous sommes en dé-but des évolutions technologiques, les petits volumes de vente d’aujourd’hui permettent de préparer le parc automobile vertueux de demain : c’est le sens de l’histoire ! »�Outre la Zoé, Renault propose sur l’île son nouveau Kangoo électrique� Si les particu-liers ont été les premiers à s’intéresser à la voiture électrique, les entreprises – y compris les loueurs – et les collectivités commencent à franchir le pas�La plupart des marques présentes sur l’île auront bientôt dans leurs show-rooms de nouveaux arguments pour convertir les au-tomobilistes réunionnais au tout électrique, mais aussi aux motorisations hybrides qui ont totalisé 900 ventes l’an passé�Chez Cotrans, la Smart électrique est désor-mais disponible dans ses versions For Two et For Four ; Mitsubishi propose son SUV hybride rechargeable, l’Outlander PHEV, en attendant les effets du rachat de la marque, réputée pour son savoir faire électrique, par Renault-Nis-san� Du côté de Mercedes, le GLC et la classe C hybrides rechargeables occupent pour l’ins-tant le segment en attendant une nouvelle gamme à l’autonomie électrique plus impor-tante dès 2019 puis, à l’horizon 2020, l’arrivée de la gamme tout électrique EQ : « Avec une

autonomie de 300 à 400 kilomètres, un palier va être franchi », estime Didier Legendre, di-recteur de la marque chez Cotrans Automo-biles�« L’élargissement de l’offre de BMW va s’accélérer, annonce pour sa part Phi-lippe-Alexandre Rebboah, directeur général de Leal Réunion� La motorisation hybride n’est qu’à son commencement, d’importants inves-tissements sont réalisés en R&D pour réduire le poids des batteries, le groupe veut être lea-der sur cette gamme»� En « tout électrique », l’i3 sera rejointe d’ici deux ans par une X3 et peut-être par une i4�Chez Caillé Automobiles, l’offre est encore li-mitée� Le Peugeot Partner, dont l’autonomie est limitée à une centaine de kilomètres avec une charge de 200 à 300 kilos, est réservé à des usages professionnels de faible kilomé-trage� Kia propose depuis juin 2017 un Niro hybride, Porsche ses modèles Cayenne et Panamera hybrides� « Quasiment toutes nos marques ont un programme électrique, in-dique Vincent Hoarau, responsable d’affaires véhicules hybrides et électriques du groupe� Nous attendons la 208 et la 3008 électrique pour 2020, la Niro 100% électrique dès la fin de cette année, tout comme le premier modèle électrique de Jaguar, le i-Pace »� Les modèles « tout électrique » ont aussi une carte à jouer sur le très haut de gamme : grâce à l’octroi de mer à 0%, ils sont en effet compé-titifs avec leurs rivaux thermiques�

BMW i3

Renault Zoé

DÉPLACEMENTS 4DÉVELOPPEMENT DURABLE | Mardi 29 mai 2018

400 KM(2)

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SOIT 300 km RÉEL

renault.re

399€BATTERIE INCLUSE

(1)/ MOIS

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STATIONS DE RECHARGE ÉLECTRIQUEL’HEURE DES CHOIX

L’essor de la mobilité électrique passe par celui des stations de recharges. La Réunion affine actuellement sa stratégie pour favoriser une alimentation intelligente des véhicules, aux heures creuses et par l’énergie photovoltaïque.

EDF comme la SPL Energies Réunion, qui mène une étude sur le sujet, s’accordent sur un constat : si le nombre de propriétaires de véhicules électriques augmente au rythme actuel et que ces derniers rechargent leur batterie le soir en rentrant à leur domicile, le pic de consommation de la fin de journée va encore faire un bond� Pour éviter ce coûteux scénario, qui exigerait la création de moyens de production supplémentaires, la program-mation pluriannuelle de l’énergie fixe un objec-tif : l’installation de 225 bornes d’alimentation alimentées par des énergies renouvelables d’ici 2023�Nous en sommes encore loin� Selon Ener-gies Réunion, il existait en début d’année 154 points de recharge, répartis sur 44 zones et quasiment toutes alimentées par le réseau EDF� Elles sont essentiellement positionnées dans des stations-service, sur des parkings

de grandes surfaces ou de concessionnaires automobiles, et dans 90% des cas permettent une charge accélérée, à 22 kW�Les premiers résultats de l’étude en cours ont été présentés le 16 mai dernier lors d’un atelier sur la mobilité électrique organisé par la CCI Réunion� Ils se basent notamment sur l’enquête « déplacements grand territoire » menée il y a deux ans par le Syndicat mixte des transports� Première conclusion : des bornes de 3 à 11 kW suffisent, si elles sont réparties sur l’île en fonction de l’affluence de chaque territoire et que leurs caractéristiques techniques sont adaptées à la durée du sta-tionnement�Les soutiens publics à la création de stations de recharge, en cours de mise en place par la Région, via le FEDER, et EDF (voir encadrés), tendent à favoriser les bornes de puissance limitée, qui exigent un temps de charge plus

long mais « tirent » moins sur le réseau, et bien sûr l’alimentation par des centrales pho-tovoltaïques�Les bornes à charge rapide sont un argument supplémentaire pour les concessionnaires qui cherchent à convertir les clients au véhicule tout électrique, ou à l’hybride rechargeable� Mais les réalités de la production électrique insulaire, lourdement carbonée, et les exi-gences de réduction des émissions de Co2

imposent la patience� Ce frein n’est pas, toute-fois, un point de blocage, soutient EDF comme Energies Réunion� 88% du temps, une voiture n’est pas en circulation� Les solutions de re-charge lente doivent donc être favorisées aux heures creuses� Et en pleine journée, sur les parkings des entreprises, par exemple, quand les voitures des salariés sont stationnées de longues heures, pour bénéficier d’une alimen-tation à l’énergie solaire�

DÉPLACEMENTS5 Mardi 29 mai 2018 / DÉVELOPPEMENT DURABLE

LE TÉLÉPHÉRIQUE :POUR VOIR LOIN

La première ligne de téléphérique de la CINOR reliera Bois-de-Nèfles et le Chaudron. Du succès de cette première liaison dépendra le développement d’un réseau qui pourrait s’étendre à d’autres quartiers, et pas seulement à Saint-Denis.

Ce qui distingue un téléphérique urbain d’un téléphérique classique (touristique par exemple), c’est qu’il est relié au réseau de transport collectif de l’agglomération� Il fait partie d’un tout� C’est exactement ainsi que l’envisage la CINOR qui gardait ce projet dans ses cartons depuis plusieurs années� Il était déjà dans les tuyaux lorsque la loi de transition énergétique de 2015 a donné le feu vert au dé-veloppement du mode de transport téléporté en ville� La nouveauté vient aussi du fait que le télé-phérique n’est plus seulement envisagé pour relier des points hauts à des points bas, mais aussi des tracés plats en zone urbaine� Dans l’Hexagone, il est ainsi envisagé pour traver-ser des fleuves, à l’exemple de Brest où deux cabines font l’aller-retour au-dessus du fleuve Penfeld qui traverse la ville� Les projets fleurissent en France� Celui de la CINOR est à ce jour le plus ambitieux à l’échelle nationale, le seul donnant au téléphé-rique un rôle fondamental dans l’élaboration d’un réseau de transport public et pas seule-ment un rôle d’appoint�Le projet RITMO (Réseau Intégré de Transport Moderne) de la CINOR n’a pas fixé encore le nombre de lignes téléportées qui pourraient desservir les mi-pentes, les hauts et pourquoi pas des quartiers des bas entre eux� Mais la CINOR ne voit pas le téléphérique réservé uni-quement à Saint-Denis� Il pourrait répondre à des besoins à Sainte-Marie et à Sainte-Su-zanne si ces deux communes jugeaient la so-lution pertinente pour elles aussi� Tout dépen-dra du succès de la ligne 1� La seconde ligne prévue, entre la Montagne et Bellepierre, en est au stade de l’étude� Ces deux premières lignes ont vocation à être reliées au réseau de bus et au Réseau Régional de Transport Guidé, l’option retenue par la Région après son rejet de la solution du tram-train� Le RRTG doit emprunter le boulevard Sud� Autres qua-lités du téléphérique urbain : il est silencieux,

n’émet pas de gaz d’échappement et son coût est de l’ordre de celui d’une ligne de bus com-plète avec ses véhicules et son infrastructure�

Un substitut à la routeLa perspective du téléphérique à La Réunion frappe les esprits, c’est le moins qu’on puisse dire� La cabine exposée au dernier Salon de la Maison a fait le plein de visiteurs� On est venu de toute l’île pour la voir� C’est un autre atout du projet� Il fait presque l’unanimité� Presque, parce que le passage de la ligne au niveau du lycée dionysien Georges-Brassens a fait grincer quelques dents� La CINOR a opté pour un tracé survolant le lycée� Une station du té-léphérique sera située à deux pas de l’entrée de l’établisement� Mais ce tracé implique la construction d’un pylône dans l’enceinte de l’établissement, d’où la grogne d’une partie du personnel� Cependant ce pylône ne s’élèvera pas au milieu de la cour ! Il sera construit à l’arrière du lycée, derrière les ateliers de méca-nique, à la limite de la séparation des parcelles du lycée et de l’université� Il ne perturbera en rien les cours�A noter également que ce nouveau mode de transport implique de nouveaux métiers pour La Réunion� Une douzaine d’emplois seront créés pour le fonctionnement de la première ligne qui compte cinq stations� A chaque sta-tion, du personnel de sécurité veillera à l’ins-tallation des passagers dans les cabines� Le moteur du téléphérique sera situé à la station du Moufia avec ses opérateurs� L’entretien des cabines est positionné à la station Bancoul� La formation du personnel du téléphérique se fera en partie à Grenoble en conditions réelles et en partie à La Réunion sur simula-teur� Membre du groupement ayant remporté le marché, une société réunionnaise, ISR, basée au Tampon, spécialisée dans l’entre-tien des transports locaux professionnels par câble, s’occupera de la maintenance�

La ligne 1 Bois-de-Nèfles-Moufia-le Chaudron : 2,7 km de long, 5 stations. 26 pylônes, 46 cabines de 10 places assises (pas de places debout) qui circuleront de 6h du matin à 20 h le soir en semaine. Temps de trajet, arrêts compris, entre Bois-de-Nèfles et Le Chaudron : 15 minutes. Prix du ticket : 1,30 euro. La CINOR table sur plus de 6 000 voyageurs par jour, notam-ment avec le transport d’élèves scolarisés au lycée Georges-Brassens et au nouveau lycée de Bois-de-Nèfles. Démarrage des travaux en fin d’année. Mise en service fin 2019. Investissement : 43 millions d’euros.

La ligne 2, La Montagne-Bellepierre, est à l’étude. D’une longueur de 1,3 km, elle ne comportera que deux stations et un gros pylône. A la Montagne, la station Le Belvédère-La Vigie. A Bellepierre, la station Bertin-Hôpital. Temps de trajet : 5 minutes. Elle survolera les rampes de la Montagne, la rivière Saint-Denis à la hauteur du pont Vinh-San, pour une arrivée en douceur à côté de l’ancien hôpital. Elle sera équipée de cabines plus vastes (30 ou 60 passa-gers avec des places debout autorisées). 3 000 voyageurs quotidiens seront attendus sur cette ligne. Mise en service envisagée : fin 2020, début 2021. Investissement : 29 millions d’euros.

Lignes 1 et 2 :deux profils différents

Des cabines de 10 places équiperont la première ligne Bois-de-Nèfles / le Chaudron.

Advenir, le coup de pouce d’EDFEDF lance actuellement le programme Adve-nir, destiné à favoriser la création de stations de recharge de véhicules électriques « ver-tueuses » dans les zones non interconnec-tées comme La Réunion� Une aide pouvant atteindre 1 860 euros viendra cofinancer les projets respectant un cahier des charges

strict : une puissance de recharge des bornes limitées à 7,4 kilowatts, une alimentation pho-tovoltaïque pour les bornes crées sur les par-kings d’immeuble et la possibilité pour EDF de piloter leur fonctionnement à distance� Le distributeur d’électricité veut en effet limiter l’appel de puissance aux heures de pointe, et dissuader les automobilistes de recharger leur véhicule électrique au moment où ils en-clenchent leur marmite à riz�Pour en savoir plus sur internet : advenir.mobi

Bientôt une aide européenne

Une aide financée par le programme euro-péen FEDER est en cours de validation par la Région : elle permettra de financer les « in-frastructures de recharge de véhicules élec-triques par production solaire »� A savoir les ombrières photovoltaïques, les bornes, les batteries… dans le respect d’un cahier des charges identique à celui du programme Adve-nir d’EDF (pilotage et limitation de puissance) et sur présentation d’une étude de faisabilité et de dimensionnement� L’aide pourra atteindre 70% des dépenses éligibles s’il s’agit d’un pro-jet public sans revente du surplus d’électricité, 60% pour un projet privé (ou public) avec re-vente de l’électricité non consommée�

BiberonnageLes utilisateurs de véhicule électrique doivent apprendre les codes d’un nouvel univers, à commencer par celui de la batterie, de sa vi-tesse de charge et de décharge… Sur ce sujet, il est tentant de conserver le bon réflexe d’un possesseur d’ordinateur ou de smartphone, veillant à recharger sa batterie complètement et d’une traite� Or, ce n’est pas le cas pour

une voiture, nous apprend Vincent Hoarau, responsable d’affaires Véhicules hybrides et électriques chez Caillé Automobiles� « Pour la plupart des modèles de batterie, le « biberon-nage » est préférable, explique-t-il� Plusieurs petites charges successives, à quelques ki-lowatts, sont moins usantes qu’une grosse charge à forte puissance »�

Et l’hydrogène ?Une autre catégorie de véhicules électriques fait beaucoup moins parler d’elle, mais cer-tains constructeurs misent sur sa technologie : les voitures à hydrogène� Elles fonctionnent avec une pile à combustible, qui produit de l’électricité à partir d’hydrogène et d’oxygène� Hyundai a récemment annoncé la commer-cialisation en France d’un premier SUV à hy-drogène pour la fin de l’année et la direction de PSA a révélé la lancement d’un programme sur l’hydrogène, avec des « initiatives très vi-sibles » dès 2019�Le Japon est sans doute le pays le plus avancé dans la promotion de ce type de propulsion� Honda, Toyota et Nissan y croient, le nombre d’immatriculations augmente et l’archipel compte déjà une centaine de stations-service à hydrogène�

DÉPLACEMENTS 6DÉVELOPPEMENT DURABLE | Mardi 29 mai 2018

UNE ÉLECTRICITÉENCORE TROP CARBONÉE

Les énergies renouvelables ont du mal à progresser dans le mix électrique réunionnais. La réduction de la dépendance au charbon et au fioul n’est pourtant pas une utopie. Tour d’horizon avec Olivier Duhagon, directeur régional d’EDF.

La tendance est têtue, et pourrait semer le doute quant à la capacité de La Réunion à at-teindre l’objectif fixé par la Programmation plu-riannuelle de l’énergie (PPE) : 50% d’énergies renouvelables dans le mix électrique de l’île en 2020� 2020, c’est demain et nous sommes encore loin du but� L’an passé, 32% de l’élec-tricité produite sur l’île l’a été à partir de res-sources renouvelables, contre 33,9% en 2016, 36,1% en 2015, 33% en 2014� La proportion d’« EnR » évolue surtout, d’une année sur l’autre, en fonction des précipitations qui ali-mentent les centrales hydroélectriques et de la production de canne qui fournit la bagasse aux centrales de Bois-Rouge et du Gol� Le ciel a été moins généreux en 2017, les champs de canne l’ont été un peu plus� Pour l’année en cours, la pluviométrie exceptionnelle du début d’année laissent espérer une année faste pour l’hydroélectricité, mais les dégâts de la tardive tempête Fakir sur les cannes laissent augurer une baisse de la ressource en bagasse� Le so-leil, lui, brille de manière à peu près constante sur La Réunion et la part de l’électricité pho-

tovoltaïque dans le mix ne dépend que de la puissance de production installée� Après avoir été bridée pendant de longues années, elle est appelée à croître� Les moyens de stockage mis en place par EDF ont déjà permis de por-ter de 30 à 32% la part d’énergie intermittente acceptable par le réseau� Un appel d’offres de la Commission de Régulation de l’Energie est en cours pour attribuer la réalisation d’un parc de batteries de forte capacité (5 MW) à Saint-Leu� La part d’énergie intermittente ab-sorbable par le réseau sans risque de déles-tage pourrait alors être portée à 35%� Mais de toute évidence, ce n’est pas le soleil qui permettra d’atteindre l’objectif fixé par la PPE� Pas davantage que l’eau des rivières, déjà turbinées au quasi maximum des capacités�« L’objectif est réaliste, affirme toutefois Olivier Duhagon, directeur régional d’EDF, dans la mesure où Albioma annonce la conversion de ses centrales à charbon vers d’autres com-bustibles, déchets ou biomasse� On pourrait ainsi gagner 38%, part actuelle du charbon dans le mix électrique� Nous nous adapterons

pour accompagner au mieux ces projets, en fonction de la qualité de l’électricité qui nous sera proposée »�La valorisation énergétique des déchets, qui

ne fait pas l’unanimité au sein des collectivités locales, s’annonce comme un thème de débat majeur…

Le charbon et le fioul produisent 67% de l’électricité réunionnaise.

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ÉNERGIEMardi 29 mai 2018 | DÉVELOPPEMENT DURABLE7

AÉROPORT ROLAND-GARROS :VENTILATION NATURELLE

L’aéroport met en œuvre un procédé novateur de puits dépressionnaires pour éviter de recourir à la climatisation dans le hall public de l’aérogare.

On le ressentira plus nettement au prochain été austral, mais il fait d’ores et déjà moins chaud dans le hall public de l’aérogare passa-gers, à l’aéroport Roland-Garros� La Société aéroportuaire a démarré en 2017 un pro-gramme d’investissements destiné à amé-liorer le confort thermique dans cet espace où plusieurs milliers de personnes peuvent se presser en quelques heures, au moment des grands départs� Conformément au plan d’actions environnementales de l’aéroport, qui vise notamment à faire baisser la consom-mation électrique de la plate-forme, il a été décidé de ne pas recourir à la climatisation�Dans un premier temps, le chantier de réfec-tion de l’étanchéité du toit-terrasse a été mis à profit, l’an passé, pour renforcer la couche de matière isolante, sur 6 400 m2� « Des mesures ponctuelles ont fait apparaître une baisse de la température intérieure de 2 à 3°, indique Esteban Payet, chargé de mission Energie et climat� Tous les usagers ont témoigné d’une nette amélioration, mais ce gain reste insuf-fisant quand l’affluence est maximale dans l’aérogare »� Diverses solutions de ventilation naturelle ont été étudiées, une maquette du bâtiment au 150e a été étudiée en soufflerie par le laboratoire Eiffel, à Paris� La zone de Gillot est une des régions de l’île les plus ré-gulièrement ventées, il fallait tirer profit de cet avantage malgré une contrainte : la configu-ration du bâtiment et la direction dominante

des alizés ne permettent pas une ventilation traversante� Une solution technique innovante a été rete-nue : celle de puits dépressionnaires, qui vont extraire par le haut l’air chaud de l’aérogare� Des ouvertures ont été créées dans la partie haute du hall public, afin de diriger l’air vers ces « puits », qui ressemblent à des containers métalliques ouverts dans leur partie haute, posés sur le toit� « En soufflant au-dessus, le vent créée une dépression et un effet de tirage, explique Esteban Payet, il agit comme un ex-tracteur d’air naturel »� Un premier puits, long de 30 mètres, est opérationnel, deux autres sont en cours de construction� Et quand il n’y a pas de vent ? Huit brasseurs d’air géants ont été accrochés au plafond du hall public ces derniers mois pour faire oublier une extraction insuffisante de l’air chaud� Ils ne fonctionneront donc qu’exceptionnellement�« Quand l’ensemble du dispositif sera opéra-tionnel, il nous restera à quantifier le gain ther-mique, poursuit Esteban Payet ; une grande campagne de mesures est programmée pour l’été austral 2018-2019 »� A ce moment-là, le confort thermique dans le hall public se trou-vera encore amélioré par l’effet « ombrière » des panneaux photovoltaïques qui auront été posés sur le toit� L’aéroport va ainsi produire une partie de l’électricité qu’il consomme et les panneaux contribueront au cercle vertueux de l’aération sans « clim »�

En 2022, l’aéroport Roland-Garros sera doté d’un nouveau terminal passagers, ou plutôt d’une extension qui prolongera l’aérogare actuelle vers l’ouest. Le projet architectural sera dévoilé très prochaine-ment et les hommes de l’art qui ont plan-ché sur le dossier ont dû respecter une commande stricte : le nouveau bâtiment devra être bioclimatique, en s’adaptant aux conditions environnementales du lieu pour

éviter le plus possible la climatisation élec-trique. « Il s’agira du premier bâtiment aéro-portuaire bioclimatique de cette dimension en milieu tropical », annonce d’ores et déjà la Société aéroportuaire. L’aéroport des îles Galapagos, qui a été conçu de cette manière il y a cinq ans, accueille un trafic cinq fois moindre que son futur homologue réunionnais.

Aérogare bioclimatique

CHAUFFE-EAU ET ÉLECTRICITÉ SOLAIRESQUELLES AIDES ?La Réunion est une des régions de l’Union eu-ropéenne les mieux équipées en chauffe-eau solaire� 160 000 foyers en sont déjà dotés et l’effort ne faiblit pas pour encourager les « re-tardataires » à passer à l’eau chaude solaire�EDF octroie ainsi une prime de 600 euros sans conditions de revenus à tout particulier qui ins-talle un chauffe-eau solaire d’une capacité de plus de 300 litres avec un partenaire certifié� Cet équipement permet également de béné-ficier du crédit d’impôt de 30% sur le montant des travaux de rénovation énergétique�

Pour les ménage à revenus modestes, EDF offre un coup de pouce supplémentaire en portant la prime à 1200 euros� Le dispositif « Eco solidaire » cofinancé par EDF et la Région Réunion, s’adresse pour sa part aux foyers en situation de précarité énergétique� Il permet, sous certaines conditions d’éligibilité, de bé-néficier gratuitement du chauffe-eau solaire�Pour bénéficier de la prime, les ménages doivent faire appel à un des partenaires Agir Plus d’EDF, la liste est disponible sur le site reunion�edf�fr

Chèque photovoltaïqueLes Réunionnais sont également incités à s’équiper d’une installation photovoltaïque par la Région, via la formule du « chèque photovoltaïque », géré par la SPL Energies Réunion� L’aide s’adresse aux particuliers et aux agriculteurs qui investissent dans une centrale photovoltaïque de 1 à 9 kWc (un ki-loWatt/crête est produit par environ 8 m2 de panneaux)� L’aide va de 1 000 à 3 000 euros en fonction de la puissance installée, de 2 000

à 6 000 euros si l’installation est dotée d’une batterie de stockage� L’électricité produite peut être revendue à EDF ou autoconsommée, en partie ou en totalité� Le chèque photovoltaïque n’est pas versé directement aux bénéficiaires, mais aux professionnels agréés qui procèdent à l’installation et en déduisent le montant de leur prestation�

Pour en savoir plus : appelez les espaces Info Energie au 02 62 257 257.

EDF a engagé en décembre 2017 le plan de déploiement de son nouveau compteur électrique, numérique et communiquant. 10 000 ont été posés l’an passé, 380 000 le seront d’ici 2024. L’objectif pour 2018 est fixé à 40 000. Transposition en France d’une directive européenne, ces équipe-ments de nouvelle génération apporteront une meilleure connaissance des consom-mations en temps réel. Ils permettront alors d’inciter les clients à faire évoluer leurs habitudes, notamment pour faciliter l’injection sur le réseau des énergies renou-velables intermittentes.« L’arrivée de ces nouveaux compteurs sera un bon levier pour intéresser davan-tage les clients à leur facture d’électricité et les aider à mieux comprendre leurs données de consommation, à l’heure, à

la journée ou à l’année », estime Olivier Duhagon. Arrivé dans l’île il y a six mois, le directeur régional n’a pas (encore ?) rencontré à La Réunion les craintes sus-citées en métropole par la généralisation du compteur Linky, liées à des rumeurs de nocivité des ondes pour la santé – que la science ne peut démontrer –, de risques d’incendie ou de piratage de la vie pri-vée. Certes, le compteur peut être piloté à distance par le distributeur d’électricité. « Mais aucune coupure ne sera enclen-chée à distance sans contact préalable avec le client mauvais payeur, affirme Oli-vier Duhagon. Ce n’est pas le compteur qui pilotera les usages, mais bien le client qui pourra agir sur sa consommation, raison pour laquelle nous prévoyons des actions pédagogiques, notamment avec les bail-leurs sociaux, après l’installation ».

L’heure du compteur communiquant

Pour EDF, maîtriser la croissance de la consommation électrique est un enjeu aussi important que la réduction de la dépendance réunionnaise aux sources d’énergie fossile importées� Un travail de fond est engagé de-puis le milieu des années 1990 pour freiner l’ascension de la courbe de consommation� Sa progression a été ramenée sous la barre des 2%, alors qu’elle était proche de 8% en l’an 2000 ! De multiples actions, menées par EDF, l’ADEME et les collectivités contribuent à ce résultat� Les particuliers comme les pro-fessionnels se voient proposer des mesures incitatives, allant de la distribution gratuite de petits matériels éco-efficaces au cofinance-ment d’investissements lourds pour réduire les pratiques énergivores dans les entre-

prises, en passant par les aides à l’isolation thermique ou à l’équipement des logements en chauffe-eau solaire�EDF estime à 43 gigaWatts/heure les éco-nomies réalisées en 2017, soit l’équivalent de la consommation de 13 500 foyers� « Dans un contexte de croissance démographique et économique, nous devons offrir un panel toujours plus complet d’offres à destination des entreprises, des usagers tertiaires, des collectivités et des particuliers, insiste Olivier Duhagon� Nous réfléchissons par exemple à de nouvelles aides qui encourageraient l’achat de réfrigérateurs à haute performance énergétique »�

D’ABORD,CONSOMMER MOINS

La température intérieure a déjà baissé de 2 a 3° aux heures de pointe

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ÉNERGIE 8DÉVELOPPEMENT DURABLE | Mardi 29 mai 2018

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FILIÈRECANNESUCRE

Le groupe Albioma, qui possède 10 cen-trales thermiques à travers le monde, no-tamment dans l’Outre-mer français, pro-duit aujourd’hui la moitié de son électricité à partir de ressources renouvelables. Il s’est fixé pour objectif de porter cette part à 80% à l’horizon 2023. « Nos équipes étudient actuellement les modifications à réaliser sur nos centrales de Bois-Rouge et du Gol, qui brûlent déjà la bagasse de la canne à sucre, de manière à substituer totalement le charbon et fonctionner à 100% avec des biomasses », indique Eric de Bollivier. Le Schéma Régional Biomasse a servi de base à ces réflexions, notamment pour

étudier les gisements utilisables – broyats verts, résidus forestiers, paille de canne… – « sans conflit d’usage, la valorisation énergétique étant le dernier maillon de la chaîne ». L’importation de pellets (granu-lés de bois), « certifiés durables » sera né-cessaire en complément pour atteindre le « 100% biomasse ».En parallèle, le groupe a lancé des études sur la valorisation des combustibles so-lides de récupération, à savoir la fraction à fort pouvoir énergétique issue des futurs circuits de traitement des déchets réu-nionnais, après le tri et la valorisation des matières recyclables.

Conversion annoncée

ALBIOMALANCE SA TAC AU BIOÉTHANOL

La turbine à combustion saint-pierroise d’Albioma, qui entrera en production dans quelques semaines, aura pour combustible principal le bioéthanol fourni par la Distillerie Rivière-du-Mât.

L’entrée en service de la turbine à combustion construite par Albioma sur le zone industrielle n°3 de Saint-Pierre est imminente� L’équipe-ment, d’une puissance de 41 mégawatts, sera un « moyen de pointe », entrant en production à la demande d’EDF pour ajuster l’équilibre entre l’offre et la demande, notamment aux heures de pic de consommation� Sa parti-cularité réside dans son combustible princi-pal : du bioéthanol, issu de la distillation de la mélasse par le Distillerie Rivière-du-Mât, à Saint-Benoît� « Du GNR – gazole non routier – sera utilisé comme combustible complé-mentaire, uniquement pour les phases d’ar-rêt et de redémarrage de la turbine, précise Eric de Bollivier, directeur régional d’Albioma pour La Réunion et Mayotte� A terme, la TAC pourra également fonctionner avec le com-bustible liquide de 3ème génération, à base de micro-algues, qui sera produit par la société Bioalgostral »�La turbine, fournie par General Electric, a un

fonctionnement très proche de la TAC d’EDF au Port… ou d’un moteur d’avion� Le combus-tible est mélangé à de l’air filtré et compressé, puis enflammé dans une chambre de com-bustion� Les gaz chauds se détendent alors dans la turbine, qui entraîne la ligne de pro-duction d’électricité mais aussi le compres-seur : le fonctionnement de l’installation est ainsi auto-entretenu� Les fumées issues de ce process seront rejetées après avoir traversé, dans le haute cheminée, un système de trai-tement des oxydes d’azote�« La TAC de Saint-Pierre s’inscrit dans notre stratégie de soutien à la transition énergé-tique, commente Eric de Bollivier� De plus, elle met en œuvre des énergies renouvelables et participe à la sécurisation du système élec-trique réunionnais, tout en permettant une meilleure intégration des autres énergies renouvelables plus intermittentes comme le photovoltaïque ou l’éolien »�

La sucrerie du Gol et sa caisse d’évaporation à flot tombant.

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La TAC au bioéthanol, bientôt opérationnelle à Saint-Pierre.

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SUCRERIES ÉCONOMES

Les usines sucrières ont réduit leur consommation énergétique à force d’innovations technologiques successives et continuent leur quête d’économies.

Pendant l’intercampagne 2017, les deux sucreries de l’île ont été dotées de moulins perforés, au dernier stade du broyage des cannes� Les drains de ces moulins ont pour rôle de faciliter l’évacuation du jus� Les usines ont donc livré aux centrales thermiques une bagasse plus sèche� Brûlé plus facilement, le combustible a produit davantage d’électricité� Tout bénéfice, à la fois pour les centrales et pour les sucreries ! Un accord vertueux lie en effet les deux parties ; les sucreries donnent la totalité de leur bagasse aux centrales, qui en retour leur fournissent la vapeur et l’électricité nécessaires à leur fonctionnement� L’accord « donnant-donnant » est assorti de bonus-ma-lus calculés en fonction des productions et des consommations d’énergie, par tonne de canne broyée� « L’enjeu financier est faible, relativise Arnaud Petit, ingénieur Innovation et process à Tereos� L’intérêt est surtout en-

vironnemental et nous pousse au challenge pour réduire nos consommations »�Des étapes importantes ont été franchies au cours de la décennie précédente� En 2005, Bois-Rouge s’est par exemple dotée d’un pré-extracteur, broyant une première fois les cannes avant le début du processus d’extrac-tion du sucre� Le premier jus qui en sort est à température ambiante et peut être traité avec de la vapeur basse pression là où de la vapeur haute pression était nécessaire jusqu’alors : autant d’énergie de gagnée� Une avancée ma-jeure a consisté, en 2006 et 2007, à équiper les deux sucreries d’une caisse d’évaporation à flot tombant, permettant de recycler 6 fois, au lieu de 5, la vapeur servant à extraire le sucre� Les résultats ont été spectaculaires, notam-ment au Gol : la quantité de vapeur nécessaire pour traiter une tonne de canne est passée de 417 kilos à moins de 330, les bonnes années�

« La réduction de nos consommations éner-gétiques fait partie des engagements de Responsabilité Sociétale de l’Entreprise du groupe Tereos, poursuit Arnaud Petit� Il existe

une réelle émulation sur le sujet entre les ex-perts sucriers des différents pays, en sucrerie de canne comme de betterave� Les expé-riences des uns sont utiles aux autres� »

ÉNERGIE 10DÉVELOPPEMENT DURABLE | Mardi 29 mai 2018

3 nouvelles decheteries sur Saint-Pierre !

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• Chemin Palama à la Ravine des Cabris• Allée des Bois Noirs à Bois d’Olives• Chemin Bordier à la Ligne Paradis

Plus d’informations sur www.civis.re

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DÉCHETS :LA RÉUNION À LA CROISÉE DES CHEMINS

Elaboration en cours du Plan régional de gestion et de réduction des déchets (PRPGD), concrétisation des projets de traitement multifilières des deux syndicats mixtes ILEVA et SYDNE : par-delà les désaccords sur l’option de la valorisation énergétique des déchets, la nouvelle étape s’annonce décisive pour réduire l’énorme proportion d’ordures finissant en décharge.

Divers projets et prises de positions ont fait l’ac-tualité ces derniers temps, laissant planer un flou sur la place qui sera accordée à la valorisation énergétique dans la gestion future des déchets� Il n’en reste pas moins qu’une nouvelle impulsion est lancée� Grâce au Plan régional de gestion et de réduction des déchets (PRPGD), on saura en-fin d’ici la fin de l’année à quoi s’en tenir et quels objectifs les acteurs politiques et opérationnels de-vront poursuivre en travaillant de façon cohérente� La compétence en matière de gestion des déchets étant passée du Département à la Région, le plan départemental Déchets actuellement en vigueur va s’intégrer dans un plan plus large englobant tous les types de déchets ménagers, industriels, agricoles ou autres� Un groupement de bureaux d’étude œuvre actuellement à l’élaboration de ce nouveau Plan� Les conclusions d’une expertise ministérielle sur la question de la valorisation éner-gétique sont également attendues� Quoi qu’il en soit, l’horizon du “ zéro déchets “ étant recherché, le PRPGD devra accoucher d’une feuille de route orientée vers cet idéal de très long terme�En attendant, La Réunion fait face à un défi ur-gent avec la saturation de ses deux centres d’en-fouissement de Saint-Pierre et Sainte-Suzanne à l’échéance de trois ou quatre ans� Au cœur de la problématique, il y a en effet la proportion énorme, 70 %, des déchets principalement ménagers qui finissent en décharge faute, en grande partie, d’un tri approprié en amont� Soit 170 000 tonnes par an à Sainte-Suzanne et 240 000 tonnes à Saint-Pierre� C’est là que les projets des deux syndicats mixtes en charge du traitement des déchets, ILE-VA pour l’Ouest et le Sud et SYDNE pour le Nord et l’Est, prennent toute leur importance car ils doivent permettre de réduire considérablement cette pro-portion� Les deux logiques de l’urgence et du long terme vont donc devoir s’accorder�

La Réunion pas si mauvaise élève

A ce jour, ce n’est qu’en matière de déchets mé-nagers et assimilés (DMA) - c’est-à-dire inclus les déchets non dangereux des entreprises assimi-lables aux déchets ménagers - que des données précises sont disponibles� En matière de DMA, si beaucoup de temps a été perdue et si le plus gros du chemin paraît encore à accomplir, La Réunion n’a pas à rougir de ce qu’elle a déjà fait� Contrairement à une idée répandue, elle se trouve aujourd’hui dans une situation pas si éloignée de celle de la métropole�Ainsi, depuis plusieurs années sont collectés quelque 500 000 tonnes de DMA par an� Compte tenu de l’augmentation de la population, ce chiffre à peu près stable signifie que la quantité de DMA par habitant diminue� Mais La Réunion produit beaucoup de déchets verts (compris dans les DMA)� Les données fournies par l’observatoire des déchets de l’agence d’urbanisme du territoire Agorah le montrent : abstraction faite des déchets verts et des encombrants (situés hors DMA), les profils des déchets réunionnais et métropolitains sont assez voisins : 550 kilos par habitants et par an à La Réunion et 516 kilos en métropole (voir graphique)� Conclusion : les ménages réunionnais ne jettent pas plus que les ménages métropoli-tains�

Comparaison des DMA collectés (en kg/habitant)au niveau National, à La Réunion et dans les DOM-COM

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Source de données : ADEME, SINOE, enquête collecte 2015

GESTION DES DÉCHETSMardi 29 mai 2018 | DÉVELOPPEMENT DURABLE11

SYDNE : LE CENTRE DE VALORISATION EN COURS DE CONSTRUCTION

ILEVA :

LE CHOIX DU PRESTATAIRE BIENTÔT CONNU

Quelque trois mois seulement auront séparé la signature du marché avec Inovest (242 mil-lions d’euros sur 15 ans) en février de la pose de la première pierre du centre de valorisa-tion multi-filière de Sainte-Suzanne, à côté du centre d’enfouissement de Bel-Air�L’entrée en service de cet équipement de plus de 18 000 m2, d’un coût de 70 millions d’euros, est prévue au second semestre de 2019� A partir de 2019, les bennes à ordures déver-seront leur chargement directement au centre� 30 emplois qualifiés feront tourner l’équipe-ment� L’unité de tri intermédiaire, cœur névral-gique de l’installation, procédera au broyage et à la séparation des matières� La part de déchets qui finiront en décharge va tomber, d’après Inovest, à 28 % (70% aujourd’hui)� Sur 72 % de déchets valorisables, 30 % le seront sous forme de matières premières secondaires (papier, métaux, plastiques…)

et 40 % sous forme d’un combustible solide de récupération (CSR) utilisable par une uni-té de valorisation énergétique pour produire de l’électricité� Ces 70 000 tonnes de CSR pourraient alimenter 22 000 foyers� D’où l’en-jeu d’un accordage de violon politique sur la valorisation énergétique des déchets par inci-nération à l’échelle de l’île, pour savoir si l’unité de valorisation énergétique qui doit venir en complément du centre de valorisation pourra exploiter le CSR du Nord-Est�En termes de gisement, le Nord et l’Est pro-duisent 225 000 tonnes de DMA par an� 55 000 tonnes sont valorisés à ce jour : 45 000 tonnes de déchets verts sont transformées en compost et 10 000 tonnes du bac jaune sont prises en charge par des prestataires privés� Le reste, 170 000 tonnes, finit dans le centre d’enfouissement de Sainte-Suzanne�

Innovest, filiale de Suez, met en œuvre une unité de valorisation multi-filière qui doit permettre de valoriser un peu plus de 70 % des 170 000 tonnes de déchets enfouis jusque-là chaque année dans le centre d’enfouissement de Sainte-Suzanne.

Le syndicat mixte gérant les déchets de l’Ouest et du Sud a fait le choix d’un projet de valorisation multi-filières réalisé d’un coup, incluant une unité de valorisation énergétique et et une unité de méthanisation pour produire de l’électricité.

Les élus du Sud et de l’Ouest l’ont réaffirmé au mois de mars pour défendre notamment leur choix de la valorisation énergétique immédiate, alors que la Région se montrait réticente sur cette option (le président de la Région, Didier Robert, ayant déclaré que la Région n’aiderait pas au financement de ce projet)� L’Ouest et le Sud concentre le plus gros bas-sin de population� ILEVA traite ainsi 60 % des DMA de l’île, soit 290 000 tonnes, dont 90 000 de déchets verts dont une partie valorisée en

compost� Résultat : 240 000 tonnes finissent en décharge� Malgré sa dernière extension, le centre d’enfouissement de Pierrefonds attein-dra la saturation d’ici trois ans, c’est donc dès 2020 que le complexe multi-filière devra entrer en service pour prendre le relais de l’enfouis-sement actuel et inverser la tendance�Penser global, agir local : telle est la philo-sophie à l’œuvre dans ce projet� Le marché global porte sur un montant annoncé de 230 à 240 millions d’euros sur une période non précisée, sachant toutefois qu’ILEVA raisonne

à très long terme en matière de gestion des déchets, au delà de 2050� Les offres de trois groupements d’entreprises ont été déposées et ILEVA doit faire son choix rapidement, d’ici juillet� D’où le manque d’informations à ce jour sur les équipements qui seront mis en place à côté du centre d’enfouissement� Ce que l’on sait, c’est que le centre de valo-risation comprendra une unité de tri intermé-diaire pour la valorisation matière, avec une production de combustible solide de récupé-ration alimentant une unité de valorisation

énergétique des déchets par incinération� Une unité de méthanisation produisant du biogaz est prévue pour compléter le dispositif� Elle ex-ploitera les déchets humides non valorisables autrement et les bio-déchets� La valorisation énergétique devrait produire 15 mégawatts d’électricité� Le projet vise aussi à promouvoir l’initiative privée en incitant des porteurs de projets de valorisation matières de s’installer à proximité�

Le tri, clé de la valorisation

Là où le bât blesse, c’est qu’à La Réunion 70 % des DMA finissent en décharge� 150 000 tonnes seulement de déchets ménagers sont valorisés� Et ce taux n’est obtenu que grâce à la part représentée par les déchets verts broyés et transformés en compost� La Réu-nion ne récupère que 6 % de matières recy-clables (papier, métaux, plastiques, etc�), soit deux fois moins qu’en métropole� Ces ma-tières recyclables, après un pré-traitement, sont pour l’essentiel exportées vers l’Asie pour être recyclées�Le premier enjeu est donc d’augmenter la va-lorisation de matières premières secondaires recyclables, localement si possible, sinon à l’export� Ce qui suppose un tri des déchets à la source, à la maison, ainsi qu’un tri inter-médiaire industriel nettement plus performant qu’aujourd’hui (un tiers du contenu des pou-

belles jaunes est refusé en centre de tri !)� On peut citer deux exemples encourageants qui montrent qu’il est possible de faire mieux dès lors qu’une infrastructure se met en place et que l’information suit� Le volume de verre col-lecté a bondi de 35 % en moins de six ans grâce aux bornes à verre� Le réemploi d’objets encore en état se développe à travers les res-sourceries (Lé la, Ti Tang Récup, Trokali, etc�) Pour aller plus loin, une tarification financière incitative à la source est la solution qui semble la plus réalisable� Individualisée par foyer, le montant de la taxe des ordures ménagères sera fonction du poids ou du nombre de pou-belles collectés dans l’année (à voir quelle op-tion sera choisie)� La consigne des bouteilles de plastique et des canettes métalliques, autre solution, a l’inconvénient d’augmenter le prix des produits à l’achat� Toujours est-il que les projets et les initiatives qui se multiplient concourent à créer un contexte favorable à une nouvelle dynamique, dès lors que la ques-tion de la valorisation énergétique sera réglée�

Source : Agence d’urbanisme du territoire Agorah.

GESTION DES DÉCHETS 12DÉVELOPPEMENT DURABLE | Mardi 29 mai 2018

CYCLÉA s’engage au quotidien au service des collectivités, administrations et entreprises locales.

Agissons ensemble en faveur du développement durable,

AGISSONS POUR L’AVENIR !

Sensibilisation du public

Négoce de matières recyclables

Actions en faveur de l’économie circulaire

et du réemploi

Valorisation des déchets

CYCLÉA 24 rue Pierre Brossolette, CS 51059, 97829 Le Port

0262 55 23 70

[email protected]

AGRICULTURE :UN ÉCO-ORGANISME LOCAL

Financé par une éco-contribution sur le prix des engrais et des produits phytosanitaires, Eco Agri Réunion prend en charge la filière des déchets agricoles non organiques.

L’agriculture génèrent des volumes impor-tants de déchets matières : emballages de produits phytosanitaires, sacs d’engrais, films en plastique de paillages, tuyaux d’irrigation usagés, etc� Jusqu’à l’année dernière, les collectes de ces déchets étaient organisées par la Chambre d’agriculture et financées par l’Etat� Cette situation ne pouvait durer compte tenu de la réglementation qui impose que les filières s’auto-financent�Se penchant sur le cas des DOM, L’éco-orga-nisme national agricole Adivalor a jugé l’op-tion d’un éco-organisme à l’échelle locale la plus pertinente à La Réunion� Comptant 15 membres, Eco Agri Réunion réunit les distri-buteurs locaux d’intrants agricole, la chambre consulaire et la fédération réunionnaise des coopératives agricoles (FRCA)� Depuis le 1er janvier 2017, une éco-contribution s’applique aux intrans agricoles vendus sur l’île : 10 cen-times par litre ou kilo de produits phytosani-taires et un euro par tonne d’engrais� Ces deux montants atteindront progressivement dans quatre ans 20 centimes et 2,50 euros� Eco-Agri Réunion se charge désormais de superviser la collecte et le traitement de ces types de déchets qui sont exportés vers

des pays tiers pour être valorisés� Son autre challenge : convaincre les agriculteurs de l’en-jeu environnemental de ces déchets dont une bonne partie finit aujourd’hui, entre autres, dans les ravines�

GESTION DES DÉCHETSMardi 29 mai 2018 | DÉVELOPPEMENT DURABLE1313 Mardi 29 mai 2018 | DÉVELOPPEMENT DURABLE

LE SYNDICAT MIXTE DE TRAITEMENT DE DÉCHETS ILEVA

Le tri des déchets sur le territoire d’ILEVA

ILEVA, syndicat mixte traite les déchets ménagers et assimilés de plus 520 000 habitants. Cet établis-sement public dispose de plusieurs plateformes de traitement qui sont réparties sur le territoire des microrégions sud et ouest de La Réunion :

▶ 3 plateformes de broyage de déchets végétaux▶ 2 plateformes de compostage de déchets végétaux▶ 1 station de transit des déchets▶ 1 installation de stockage des déchets non dangereux▶ 2 centres de tri▶ 2 plateformes de tri des encombrants

Afin de favoriser le recyclage des déchets, le syndicat dispose d’outils de préparation pour donner une seconde vie à la matière.

Positionnés dans le Sud et l’Ouest, deux centres de tri des déchets issus de la collecte sélective (poubelle jaune : papier d’emballage, carton plastique…) et deux plateformes de tri des encombrants per-mettent de séparer les différents flux en vue de leur valorisation. Ces structures génèrent 150 emplois. Chaque année c’est l’équivalent de 20 000 tonnes de déchets issus de la collecte sélective qui sont traitées dans ces centres et 45 000 tonnes d’encombrants qui sont triés sur ces plateformes. Le taux de valorisation des papiers, cartons et plastiques avoi-sine les 65 %. Ces matières premières secondaires sont principalement des-tinées à l’export vers l’Asie ou l’Afrique. La Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte fixe notamment comme objectifs d’atteindre, d’ici 2020 55% de valorisation matière ou orga-nique de déchets ménagers puis 65 % en 2025.

La préparation des déchets en vue du recyclage est une activité majeure du syndicat mixte ILEVA. Il permet d’éviter l’enfouissement de matières valorisables. Cependant, donner une seconde vie aux dé-chets dépend avant tout du geste citoyen, car de bonnes pratiques de tri améliorent les performances de recyclage.

ILEVA - 17 chemin Jolifond - Basse Terre - 97 410 SAINT-PIERRETel : 02 62 71 28 18 - Fax : 02 62 71 28 22

www.ileva.re

▶ Emballages : privilégier les produits ven-dus au détail ou en vrac, les emballages réutilisables, les éco-recharges et les pro-duits concentrés (lessives, savon liquide, détergent multi-usage…)� Préférer le «  fait maison » (us de fruits, yaourts, conserves, pains, pizzas, etc�, ce qui fait d’autant moins d’emballages à jeter�

▶ PET : Boire l’eau du robinet, c’est trois kilos de bouteilles en plastique en moins par an dans la poubelle�

▶ Papier : un « Stop Pub » sur sa boîte aux lettres réduira les déchets de papier� de même, imprimer recto-verso quand c’est possible économise le papier�

▶ Equipements électriques et élec-troniques : éteindre les appareils inutili-sés (ils continuent de consommer de l’élec-tricité à l’état de veille) et privilégier les piles rechargeables� Réparer au lieu de jeter à la première panne : certains appareils ont une durée bien plus longue qu’on ne le croit�

▶ Compost : n’oublier pas d’ajouter les dé-chets de cuisine aux déchets verts pour faire du compost�

▶ Environnement : choisir de préférence les produits de grande consommation éco-labellisés qui garantissent un moindre impact environnemental�

DÉCHETS MÉNAGERS :

MINI-MÉMO POUR MOINS JETER

Pas forcément. Ce que prévoit loi de tran-sition écologique, c’est que tous les par-ticuliers disposent d’une solution pratique de tri à la source de leurs bio-déchets d’ici 2025. La poubelle bleue est une solution parmi d’autres pour organiser leur collecte. Outre le composteur à la maison, on peut envisager aussi des bacs ou des conte-neurs de dépôt spécial bio-déchets. Les

communautés de communes planchent actuellement sur la question. Distinct des déchets verts, les bio-déchets comprennent les déchets alimentaires et autres déchets naturels biodégradables. Produits en grande partie par le gaspillage alimentaire, ils représentent en métropole le tiers de la poubelle, et il en est sans doute de même ici.

Bio-déchets : vers la poubelle bleue ?

TROKALI : UNE AUTRE MANIÈRE DE DONNER

Près de trois ans après leur ouverture, les espaces de brocante gratuite en déchèterie Trokali ont fidélisé un public de donneurs et de repreneurs. La réorganisation en cours devrait leur gagner de nouveaux adeptes.

Dans la gestion des déchets, la loi de transi-tion écologique fixe des priorités� A la première place figure le réemploi des objets pour leur donner une seconde vie� Le réemploi suppose de réfréner le réflexe de se débarrasser d’ob-jets qui pourraient encore servir, soit en l’état, soit moyennant une petite réparation� C’est la logique des centres bien connus d’Emmaüs, mais c’est aussi celle d’initiatives diverses de recyclerie qui se développent à travers l’île� Et parmi elles, des Trokali que le TCO a mis en place dans ses cinq déchèteries� Un Trokali est un espace où l’on peut dépo-ser librement une chose encore utilisable� En échange, si on le souhaite, on peut prendre quelque chose d’autre� L’idée est donc d’ali-menter par des dons une petite caverne d’ali-baba d’objets déchus de la vie courante� A la base de ce concept original, un constat : 20 % des déchets ménagers sont composés d’en-combrants dont une partie pourraient être utiles à d’autres�

Un donné pour un pris

Il existe un Trokali dans chacune des déchète-ries gérées par le TCO� Une par commune en conséquence� Seul bémol actuellement : celui de la Possession a été vandalisé et n’a plus grand chose à proposer pour l’instant� Le prin-cipe est simple : en arrivant à la déchèterie, on s’adresse à l’un des agents médiateurs en charge du site� Il regarde l’état du ou des objets que vous souhaitez déposer au Trokali et vous conduit à l’espace� Si vous le souhaitez, vous pouvez repartir avec un objet exposé� Les types d’objets déposés et repris sont le reflet de notre manière de vivre : textiles, meubles, livres et disques, puériculture, décoration, jouets, vaisselle, petits appareils électriques (lampes, radios et autres), jardin-bricolage,

accessoires de sport, hifi-audio, informatique et jeux vidéo�Lancé en août 2014, le concept des Trokalis a été récompensé en octobre 2015, dans la catégorie Economie circulaire, par le trophée Carreco de l’association des maires du dépar-tement de La Réunion (AMDR)� Les résultats n’ont pas tardé� Dans les semaines ayant suivi leur ouverture, la fréquentation des déchète-ries des communes du TCO était multipliée par cinq !

Les textiles, numéro un du troc

Depuis, l’engouement initial pour les Trokalis est un peu retombé, mais ils bénéficient tou-jours d’une bonne fréquentation� En 2017, 24 000 personnes sont venues apporter et re-prendre un objet : très précisément 24 208 ob-jets ont été échangés� Le Trokali de la déchète-rie de Plateau-Caillou est celui qui fonctionne le mieux avec près de 11 000 objets échan-gés à lui seul� Les textiles représentent plus de la moitié du nombre total d’échanges� Les livres et les jouets sont également beaucoup donnés� Plus de 1 200 pièces de vaisselle ont changé de mains, plus de 500 petits appa-reils électriques� Les meubles, qui prennent beaucoup de places, ont en revanche peu de succès� Les Trokalis sont seuls de leur espèce à la Ré-union� Ils ont pour vocation de s’adresser aux populations des communes du TCO, néan-moins on ne vous demandera pas vos papiers à l’entrée… Tirant les enseignements des deux premières années de fonctionnement, le TCO les réorganise dans les mois qui viennent pour les rendre plus attrayants� Gérés par un médiateur spécialisé, les objets seront mieux rangés et les lieux davantage sécurisés�

Espace Trokali de la déchéterie de Plateau-Caillou.

GESTION DES DÉCHETS 14DÉVELOPPEMENT DURABLE | Mardi 29 mai 2018

La réponse à cette question, que chacun se pose avant de remplir un verre d’eau du robinet, se trouve sur les feuilles d’in-formation qui accompagnent les factures envoyées par La Poste. Mais on oublie si souvent de les lire… Elle se trouve aussi, sans avoir à fouiller dans une pile de vieux courriers, sur Internet. L’Agence régionale de santé a ouvert en 2016 le site www.eaudurobinet.re, qui gagne à être mieux connu. On y trouve de nombreuses in-formations sur la qualité de l’eau potable

dans toute l’île. Une carte interactive per-met notamment de visualiser le réseau qui alimente son logement, de prendre connaissance de la qualité de l’eau délivrée et des recommandations sanitaires adap-tées. L’ARS pense également aux adeptes de la connexion mobile : une application pour smartphones et tablettes sera bientôt disponible. Pour obtenir des informations actualisées en temps réel, il faut contacter l’exploitant de son réseau.

Mon eau est-elle bonne à boire ?

APRÈS L’ÉPURATION,LA POTABILISATIONUn budget de 100 millions d’euros est disponible jusqu’en 2020 pour créer des stations de potabilisation, un équipement qui manque dans la plupart des communes.

Si la qualité de l’eau puisée dans les nappes phréatiques et captée dans les cours d’eau de La Réunion est plutôt bonne, d’un point de vue microbiologique, la quasi totalité de la ressource est exposée à des agressions extérieures� Elle contient toujours un peu de germes pathogènes, provenant essentielle-ment des déjections d’animaux sauvages et susceptibles de provoquer des gastro-enté-rites� Elle peut également véhiculer des para-sites intestinaux, qui ont la gênante particula-rité de résister au chlore� Les eaux de surface sont les plus exposées à ces pollutions� Elles se chargent également de matières en suspension – qui peuvent aussi porter des germes – après les grosses pluies�« Un traitement des eaux pompées dans les nappes est suffisant pour les rendre potables, explique Jean-Claude Denys, ingénieur sani-taire et responsable du service Santé-Envi-ronnement à l’ARS� Or, les réseaux réunion-nais sont alimentés à la fois par des forages et par des captages d’eaux de surface� De l’eau dégradée risque donc d’être distribuée parce que La Réunion souffre d’un grand re-tard structurel : elle ne dispose quasiment pas d’équipements de potabilisation des eaux de surface »�50% des habitants sont alimentés par des réseaux insiffisamment équipés, dans les-quelles les eaux de surface sont désinfec-tées au chlore mais non clarifiées� Raison pour laquelle des messages de précau-tion sont régulièrement diffusés après les grosses pluies (« faites bouillir l’eau avant de la consommer »)� La consommation de l’eau de certains réseaux est même déconseillée aux personnes fragiles : jeunes enfants, per-

sonnes âgées au système immunitaire affaibli, malades immuno-deficitaires…

Plan d’actions eau potable

Raison pour laquelle, également, un plan d’ac-tion eau potable a été mis en place en 2016 par l’ARS et la Préfecture il y a deux ans pour accompagner les communes dans la création d’unités de potabilisation, qui permettront de garantir 24 heures sur 24 une eau de qualité au robinet� Les grands moyens ont été mo-bilisés : 70 millions de subventions au total*, auxquelles s’ajouteront 30 millions financés par les communes�A ce jour, 30% de ces crédits ont été attribués ou sont en cours d’attribution� Une première station de potabilisation a été récemment inaugurée au Tévelave (Avirons), une autre est entrée en service à Salazie, des projets sont lancés dans 7 autres communes� « Il n’y a jamais eu autant de crédits fléchés sur la potabilisation, souligne Jean-Claude Denys� Les communes ne doivent pas rater cette fe-nêtre de tir »�Ces investissements auront aussi pour effet d’augmenter le prix de l’eau, de l’ordre de 35 centimes le m3 au moins� Il est vrai que les prix réunionnais sont particulièrement bas et que la consommation moyenne (220 litres par jour et par habitant, nettement supérieure à la moyenne nationale et à celle des Antilles, où les tarifs sont plus élevés) trahit des mau-vaises habitudes de gaspillage�

*FEDER : 46 M€ ; Office de l’eau : 10,8 M€ ; Etat : 9,2 M€ ; Région : 4 M€.

Qui fait quoiDeux ministères se répartissent la compé-tence sur l’eau : celui de l’Environnement et celui de la Santé� Le premier est en charge de la protection de la ressource et de l’assainis-sement, missions assumées localement par les DEAL en lien avec une instance consulta-tive : le Comité de l’eau et de la biodiversité, « parlement de l’eau » qui a succédé en août dernier au Comité de bassin�L’ Agence Régionale de Santé, qui a compé-tence sur l’eau de consommation humaine sous l’angle sanitaire, applique le Code de la santé publique� L’Office de l’eau, rattaché au Département, assume le rôle que jouent en

métropole les agences de l’eau en collectant les taxes payées par les usagers et en les re-distribuant� Il analyse en permanence la quan-tité et la qualité de l’eau brute, celle qui sort des captages et des forages avant d’être traitée et distribuée, pour avoir une vision globale de l’état de la ressource�Les analyses effectuées par l’ARS portent sur la totalité de la chaîne de l’eau de consomma-tion : sur les prises d’eau, en sortie des sta-tions de traitement et au robinet� La nature et la fréquence de ses analyses et prélèvements sont strictement définis par une directive eu-ropéenne�Pour en savoir plus, le site de l’Office de l’eau Réunion : www.eaureunion.fr

EAUMardi 29 mai 2018 | DÉVELOPPEMENT DURABLE1515 Mardi 29 mai 2018 | DÉVELOPPEMENT DURABLE

GARDONS NOTRE FORÊT PROPRE 200 à 300 tonnes de déchets sont ramassées chaque année sur les sites naturels de l’île 450.000 euros sont dépensés par an pour ramasser les déchets en milieu naturel.

Grâce à l’appui financier du Conseil Départemental.