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Centre d'Education et de Formation Interculturel Rencontre 4 ème Trimestre 2007 N° 195 Former les esprits sans les conformer, les enrichir sans les endoctriner, les armer sans les enrôler (Jean Rostand) Spécial lutte contre les discriminations et pour l’égalité

Spécial lutte contre les discriminations et pour l’égalité · ’est sans doute l’exigence d’une explication à leur ... des hordes, puis en se sédentarisant, des vil-lages

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Centre d'Education et de Formation Interculturel Rencontre

4ème Trimestre 2007

N° 195

Former les esprits sans les conformer, les enrichir sans les endoctriner, les armer sans les enrôler (Jean Rostand)

Spécial luttecontre les discriminationset pour l’égalité

R E N C O N T R E

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Notre priorité…valoriser la richesse humaine

Cher lecteur, chaque trimestre, nous vous proposons une revue qui vous permet d’aller à la rencontre de la diversité culturelle du monde… et de votre quartier.

Le CEFIR, à travers ses nombreuses activités, souhaite donner la priorité à l’homme et non à l’institution. Il s’agit pour nous de privilégier le débat d’idée et de combattre l’ignorance.

Nous sommes convaincus que nous devons absolument favoriser le dialogue entre les communautés différentes et faire ainsi progresser la mixité sociale et donc l’égalité des chances.

Notre revue travaille, par ses témoignages, par ses analyses, par ses conseils de lecture, à lutter contre toutes les discriminations. C’est son unique préoccupation, et en cela elle est le reflet de l’action de notre association.

• L’aventure des hommesP. 3 >

Les hommes sont des animaux étranges

P. 4/5 >L’aventure des hommes

P. 6/7 >Les hommes, la religion et la laïcité

• L’éducation NationaleP. 8/9 >

Le grave malaise de l’éducation Nationale

P. 10/11 >De l’importance d’une pédagogie ouverte

• Activités du CéfirP. 12 >

Acceuil d’une étudiante iranienne

P. 13 >Le Céfir au Maroc

P. 14 >Le collectif Antidote

P. 15 >Lectures

P. 16/17 >Colloque sur les discriminations

P. 18/19 >Synthèse, enquête discrimination

P. 20 >Le droit à l’énergie

P. 21 >Le triangle de Weimar

P. 22 >AFEV : Tous contre les inegalites !!

P. 23 >Le CEFIR a accueilli une délégation Roumaine

P. 24 >Radio Rencontre

Nous souhaitons véhiculer un message de fraternité, montrer encore et toujours qu’un meilleur est possible, et que l’esprit de liberté, d’égalité et de fraternité nous anime.

Nous souhaitons, modestement, vous apporter un regard différent, le nôtre, qui est aussi celui d’une équipe qui travaille, au quotidien, pour que chacun trouve sa place dans notre société riche de ses différences, et qui en a conscience.

Mustapha BOURAS Président

EDITORIAL

SOMMAIRE

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LES HOMMESSONT DES ANIMAUX ETRANGES …

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Si tous les hommes appartiennent à la même espèce biologique. Si tous

les hommes sont bâtis de la même façon : 2 jambes, 2 bras, 1 cœur, 2 poumons et un foie qui fonctionnent à l’identique, du point de vue psycholo-gique, il en va tout autrement.

Cela provoque quelques fois des im-pairs et des problèmes diplomatiques, mais surtout des problèmes sociaux.

En médecine par exemple : il s’est avéré qu’elle ne pouvait être exer-cée seulement à partir des sciences universitaires, mais qu’il fallait néces-sairement tenir énormément compte des fonctionnements psychiques des patients selon leurs origines (Afrique du Nord, Afrique Noire, des Antilles, l’Océan Indien (Réunion, Madagascar) ou de Chine, et même dans un degré moindre, de l’Europe du Sud, (Espagne Portugal) ou de l’Europe du Nord, la liste est encore longue. Cela fait beau-coup de critères à retenir, et différentes thérapies à appliquer.

AINSI, TOUS SONT FRERES ET DIFFERENTS A LA FOIS

Selon leurs coutumes, leurs habitudes alimentaires, le climat sous lequel ils vivent, leur morphologie, leur horloge interne, quelquefois fois propre à la race à laquelle ils appartiennent, les individus réagissent différemment aux divers soins médicaux. Et même s’ils ne vivent plus dans leur pays d’origine, leur fonctionnement psychique peut encore largement influer sur leur pathologie.

Les médecins doivent tenir compte de tous ces critères les obligeant à repenser leur discipline en conséquence, et faire preuve de beaucoup de psychologie et de doigté en plus des soins apportés.

Rencontre

C’est sans doute l’exigence d’une explication à leur angoisse qui contraint la

plupart des hommes à chercher le sens de l’existence.

Angoisse créatrice de tous les mythes, de toutes les religions, de toutes les philosophies et de la science elle-même.

Et aussi, de tous temps, source intarissable d’admirables œuvres d’art dans de nombreuses disciplines : architecture, peinture sculpture, musique…

Les structures sociales ne lui étaient pas suffisantes, il fallait à l’homme une nourriture exigée par l’esprit. S’il n’en était pas ainsi, comment expliquer cette universalité du phénomène dans l’espèce humaine ?

Comment expliquer en outre que dans l’énorme diversité des mythes, des religions, et des philosophies, la même forme essentielle se retrouve : ce besoin irrationnel de « quelque chose de plus ».

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Dès leur apparition, les hom-mes, créatures grégaires,

s’associèrent à leurs semblables, d’instinct ils sentaient qu’ils ne pouvaient survivre que par leur cohésion. Leur vie s’est alors rapi-dement confondue avec celle du groupe, d’où l’extrême importance des lois implicites qu’ils se sont données pour pouvoir vivre en-semble, d’abord chasser, pêcher et se protéger. Ils constituèrent alors des fratries, des tribus, des hordes, puis en se sédentarisant, des vil-lages se créèrent, ce qui favorisa l’apparition d’individus capables de prendre ou d’influencer les dé-cisions de la communauté et de se mettre à leur tête. Ce fut d’abord les chefs de villages, puis des chefs de tribus, puis par la suite vinrent des rois, souvent chef d’une ethnie, et leurs « barons ». C’est ce que nous appelons de nos jours de cet angli-cisme, « l’establishment ». Ce fut le début des sociétés.

Le temps aidant, elles s’accrurent en dimension et en complexité et leurs liens culturels internes se développèrent constamment. Des alliances se firent, mais aussi des querelles, évidemment !

DES DIEUX ET DES HOMMES

La nature et le mystère de leur existence ont depuis toujours frappé l’imagination des hommes. Il y a des millénaires, ils s’émerveillaient de ce qui les entourait et s’inclinaient, souvent effrayés, voire terrorisés, devant tout ce qu’ils n’étaient pas en mesure de comprendre.

Puis ils commencèrent à s’interroger sur la naissance et la

Et comme si cela ne suffisait pas, pour faire bonne mesure les hommes leur adjoignirent quelques démons.

Malgré tout quelques-uns étaient plus conciliants, il suffisait d’entrer dans leurs bonnes grâces par quelques dons ou danses rituelles qu’ils semblaient apprécier. Bref, toutes les civilisations sans exceptions, mêmes les plus prestigieuses eurent leurs dieux, leurs déesses, et leurs créatures démoniaques ou au contraire bienfaisantes, qu’ils se représentaient sous toutes les formes, animales, végétales, ou idoles très approximatives. Quelques-unes de ces représentations, miraculeusement conservées et découvertes dans quelques grottes ou autres lieux sacrés, nous sont parvenues du fond des âges. Puis allant plus loin encore, ils imaginèrent ces dieux sous les traits d’un homme.

Est ce par un manque d’imagina-tion, en projetant ce qu’ils connais-saient le mieux ou ont-ils cherché inconsciemment leur propre déifi-cation ? Mais dans un cas comme

mort et le mystère s’agrandit encore et une angoisse existentielle se mit à les tenailler. C’est l’absence de réponses aux questions soulevées par leur curiosité instinctive qui est vraisemblablement à l’origine des concepts relatifs à l’existence des déités.

Dès qu’ils eurent plus ou moins compris la nature, les hommes se créèrent quantités de dieux qu’ils pensaient être les maîtres de leur existence et de toutes choses. Ils firent des dieux de toutes les ma-nifestations de la nature qui les effraient, ainsi il y eut les dieux du tonnerre, du vent, du feu, de la mer, des montagnes, des maladies qui décimaient hommes et bétail, puis de la guerre… La plupart d’entre eux étaient malheureusement de « très mauvais coucheurs » tou-jours d’humeur massacrante, ja-mais contents et très susceptibles avec çà.

Vivant dans la crainte de leurs courroux, tremblant de frayeur, ils cherchaient à les apaiser ou tentaient de les amadouer pour en obtenir quelques bienfaits par des sacrifices barbares. En effet, ces dieux semblaient pour la plupart assoiffés de sang humain, et se délectaient des mises à mort.

L’AVENTURE

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dans l’autre cette représentation allait être la source des futurs et nombreux déboires de l’humanité. Ils en inventèrent de tous acabits : cruels, fourbes, vengeurs, san-guinaires ou au contraire, bien-veillants, aimant les hommes et sensés les protéger d’un tas de malheurs possibles. Parfois aussi, ils étaient très lubriques et dé-passaient les limites des bonnes mœurs.

LES DIEUX D’AUJOURD’HUI

Mais la survivance de l’homme dans son milieu et la progression de l’organisation de ses sociétés n’ont pu se faire sans une aide matérielle. Les dieux qu’ils s’étaient fabriqués ne leur suffisaient plus.

Appliquant leur instinct de curiosité à leurs besoins les plus fondamentaux (besoins physiologiques, besoins de sécurité, besoins sociaux), les hommes surent peu à peu orienter leurs talents naturels vers la fabrication, d’abord empirique, des moyens de protection et de transport, d’instruments et de mécanismes

Les technologies ont remplacé les dieux qu’ils adoraient ou craignaient depuis des milliers d’années et, comme eux, elles font actuellement tout à la fois leur bonheur et leur malheur. En effet, si elles améliorent considérablement la vie de millions d’individus, mises au service de certains petits malins aveuglés de cupidité, et/ou de pouvoirs, elles en ruinent tout autant cruellement et aveuglément. De plus, elles détruisent la cohésion sociale et créent de graves conflits sociaux.

Le monde voulu par l’homme a pris des proportions gigantesques, oppressantes, parfois monstrueu-ses et trop souvent dangereuses. Les technologies qu’il a créées sont devenues les principaux fac-teurs de très grands changements sur la terre, pour le meilleur et pour le pire.

DD

de toutes sortes qui pouvaient leur être utiles en leur facilitant la vie. C’était là les prémices de la technologie. La technologie est donc presque aussi ancienne que l’homme lui-même.

Jusqu’à une époque récente, l’individu avait réussi à maintenir un équilibre raisonnable entre le progrès que la technique lui fournissait et la vie socio culturelle qu’elle était sensée étayer et sauvegarder. Avec le temps, la technologie s’est très diversifiée et désormais, les « nouvelles technologies » sont basées sur la science. Elles ont acquis le statut d’éléments dominants, pratiquement indépendants, à tel point que l’équilibre antérieur en est tout bouleversé.

En l’espace de quelques courtes années, leur impact est devenu tel qu’elles ont tout dominé, tout dépassé, rendant presque impossible aux hommes l’évaluation et le contrôle de ce qui se passe autour d’eux.

DES HOMMES

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Ainsi donc, partout et toujours, quel que soit leur degré de culture, les Hommes ont

toujours eu dans le cœur une égale inquiétude, une même curiosité métaphysique souvent inavouée. Cet impérieux besoin inné de réponses est sans doute inscrit dans leur code génétique.

Comme le battant d’une cloche en fait vibrer l’airain, il est de nos jours, des mots qui résonnent sous la boîte crânienne de millions d’hommes et de femmes : DIEU est l’un d’eux. ALLAH en est un autre, et YAVHE un autre encore. Et c’est là que des centaines de millions d’êtres humains ont trouvé la réponse ou croient l’avoir trouvée.

Avec son culte de l’Humanité, la Renaissance a éliminé toute référence à la déité et, émules de Taine et de Renan, les philosophes mirent toute leur confiance dans la science et la technique dont ils attendaient le bonheur total de l’humanité. Les progrès qu’elles amèneraient devaient combler tous nos besoins et plus encore assurer le triomphe de la civilisation et de la raison. Pour les « rationalistes », l’HOMME, c’est l’intelligence et la pensée, il se suffit à lui-même. Aucune puissance n’existe qui puisse se substituer ou s’imposer à elles et à sa conscience. Il est libre et en perpétuel progrès. La vérité, la justice et le sens du devoir, c’est lui, intrinsèquement. Donc, DIEU EST MORT, d’ailleurs NIETZSCHE l’a annoncé, c’est ZARATHOUSTRA qui le lui a dit.

Dès lors, l’homme s’est senti supérieur, il n’avait plus rien à craindre de personne. Il s’est fait, de lui même, un absolu, un dieu, et un dieu, c’est bien connu, ça ne consent pas facilement à avoir un semblable, un rival. La divinité, ça ne se partage pas.

S’attribuant désormais la toute puissance, l’Homme prétendit dominer à son tour, être le maître absolu de ses actes et seul juge de sa MAUVAISE conduite.

Notre histoire contemporaine n’est pas une preuve évidente du bien fondé de cette vision de la chose.

Des villes en ruines, des pays saccagés, des tyrannies les plus odieuses, des millions d’hommes sanglants, des génocides, des larmes et les cris de douleur des torturés, et les pleurs des orphelins par millions. Après avoir tué Dieu, les hommes vont-ils se suicider ? Ou s’éliminer entre eux, petit à petit, s’exterminer ?

Il est encore un peu tôt pour le dire, mais une chose est sure, ils en prennent le chemin. Ils ont acquis toute la puissance nécessaire pour leur propre destruction et celle de la terre elle-même.

UNE CHOSE PEUT CONTRIBUER A SAUVER LE MONDE, OU CE QU’IL RESTE A SAUVER : LA LAÏCITE.

La laïcité, contrairement à ce que croient beaucoup de citoyens, ne veut pas dire « l’athéisme ».

Nous laïcs, nous avons chacun et chacune, la plus totale liberté de concevoir ou non, un principe supérieur comme bon lui semble, et de le gérer comme il lui convient le mieux. Cette liberté de conscience est non seulement une richesse, puisqu’elle amène à la neutralité, et à la discussion possible, garantissant à chacun sa quête personnelle en une parfaite tolérance mutuelle, car ce qui est notre « Pierre angulaire », c’est : LA TOLERANCE.

LES HOMMES , LES RELIGIONS

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La conception laïque permet toutes les libertés d’esprit, sans limites. Il n’y a que ce à quoi on croit, ce que l’on cherche, et ce que l’on trouve ou ne trouve pas. C’est une affaire d’ordre strictement privé. C’est impérativement la séparation totale du domaine civil, public, administratif…, du fait religieux, qui, lui, ne doit relever que de l’individu, seul avec sa conscience.

Evitant ainsi un mélange dangereusement explosif comme on a vu chez nous dans le passé, et bien visible actuellement dans certains pays où on s’égorge allégrement au nom d’un dieu. Nous au contraire, grâce à la loi de laïcité, nous vivons dans le calme et la paix civile depuis plus d’un siècle.

Cependant, on ne peut s’empêcher de s’apercevoir que la plupart des hommes, portent en eux le besoin d’une morale,

spirituelle ou non, d’une discipline personnelle, d’un devoir qui l’élève, le rehausse comme un impératif bref, une nécessité de croire en quelque chose, que ce soit une déité, ou un idéal quel qu’il soit. D’où vient alors cette orientation inhérente aux seuls hommes ? C’est sans doute cela être un être Humain.

La croyance spirituelle est sous des formes totalement différentes, en Europe, en Afrique, en Asie, ou aux antipodes, mais elle est. Sous les voûtes des mosquées et des Synagogues, dans les splendeurs de nos cathédrales dans les temples d’Asie, des millions d’hommes et de femmes esquissent des gestes rituels et font les mêmes demandes, attendent et aspirent à peu près aux mêmes choses, et pourtant, il y a autant de DIEU que de croyants, de YAHVE que de Juifs, d’ALLAH que de

musulmans, et de penseurs que d’hindouistes, de shintoïstes… Tous ont le même besoin spirituel mais vu sur des angles différents, et dans des appréhensions aussi différentes.

Pour d’autres, ce sont des concepts philosophiques, qui peuvent sembler plus prosaïques, mais qui ont pour eux tout autant d’importance et de valeur, et qui s’appellent : Liberté, Egalité, Fraternité ou même République.

En un mot, autant d’éthiques spirituelles que d’êtres qui pensent.

MAIS L’IMPORTANT N’EST IL PAS DE PENSER ?

DD.

ET LA LAÏCITÉ

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Testées les unes après les autres, selon les trop changeantes direc-tives données aux enseignants

parfois en une seule année, les di-verses méthodes, dites « modernes » d’apprentissage de la lecture ont fait (et font encore) un « flop » et de grands ravages chez les enfants (chez les en-seignants aussi d’ailleurs…). C’est très grave car une telle carence entraîne obligatoirement des échecs scolaires, et donc quasi inéluctablement des handicapés pour la vie.

Les enseignants du « secondaire » se plaignent qu’environ 25 % des élèves ne savent pas, ou si peu, lire en en-trant en 6ème. Il y aurait actuellement plus de 300 000 « handicapés de la lecture » qui quittent le CM2, entrent en Secondaire en ne comprenant que péniblement ce qu’ils réussissent à lire (souvent même à ânonner paraît-il). Beaucoup plus encore n’assimilent pas la suite des mots qu’ils lisent, ils ne les n’interprètent pas, ne connaissant pas leur signification. La plupart ont un manque de vocabulaire flagrant qui, évidemment, ne fait qu’aggraver leur cas. Quel gâchis ! Comment alors vouloir tenter de leur enseigner les maths, la chimie, les sciences naturelles…, et les amener à la réflexion par la littérature et plus tard par la philosophie ? Ou tout sim-

plement, comment vouloir les inciter à poursuivre une scolarité ? C’est mis-sion impossible.

Il y a le très grand risque que, le cycle scolaire obligatoire terminé, ces jeu-nes abandonneront très vite, si tant est qu’ils en aient pris le chemin du CES ou du lycée, et, parce qu’ils ne peu-vent « suivre », ils auront le sentiment d’être des exclus de la Société. Amers et souvent révoltés, ils s’en iront alors sans diplôme ni qualification d’aucune sorte gonfler les statistiques de l’ANPE et du RMI et/ou de la délinquance.Il y aurait donc actuellement une régression de notre système éducatif primaire ?

Auparavant en sortant de « l’Elémen-taire » un élève savait parfaitement lire, écrire et compter. Le simple et bon vieux Certificat d’études était un solide viatique pour une majorité de la po-pulation, celle de nos grands parents qui étaient bien loin d’être des ignares. N’oublions pas que ce Certificat d’Etu-des a été à la base de notre standing de vie actuel.

Le système Primaire d’Education doit représenter à lui seul, les assises les plus solides pour y construire une fu-ture vie professionnelle satisfaisante et donc un épanouissement de vie tout court.

En tout état de cause, il y aurait donc lieu de remettre au plus vite cet en-seignement primaire à plat, de le re-voir, et peut être revenir à cette bonne vieille méthode du BA BA, du robinet qui coule et de la baignoire qui fuit, si ringardisée par les différent ministères

de l’EN mis en place, enseignement primaire qui a pourtant fait l’ossature de milliers d’agrégés de toutes disci-plines. Pourquoi vouloir changer une méthode qui a gagné dans le passé et qui fait encore ses preuves ? Pour-quoi vouloir tout chambouler au nom de la « modernité » pour qu’en fin de compte, il y ait une telle accumulation de déchets ?

Quelle lourde responsabilité ont pris les têtes dirigeantes, trop souvent « ir-responsables » des différents Minis-tère de l’Education Nationale et des Rectorats qui se sont succédés. C’est le pays tout entier qui maintenant va en payer les conséquences à travers les milliers de laissés pour compte de l’instruction. Il va falloir plus d’une gé-nération pour rattraper tout ce gâchis.L’éclatement de la cellule familiale, le relâchement quasi général de l’auto-rité parentale, l’appauvrissement du milieu social dans certains secteurs, l’immigration… Toute cette probléma-tique demande une vigilance accrue des services sociaux – éducatifs pour épauler au mieux les plus fragilisés, pour donner à tous les concitoyens de ce pays, quelles que soient leurs origi-nes sociales et culturelles, une même chance égalitaire, et donner à tous une possibilité de se débrouiller dans la vie.

L’Education Nationale est la principa-le sinon la seule voie royale ouverte à tous pour réussir son propre avenir.

MISS ION IMPOSSIBLE

LE GRAVE MALAISE DE

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C’est sur le niveau d’instruction et d’éducation de ses citoyens qu’un pays construit sa prospérité et son rayonnement dans le monde

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Il y a peu de jours, c’était la rentrée des classes, la fin des vacances, et le début d’un calvaire pour d’autres.

Les enfants d’aujourd’hui sont d’une toute autre mouture que ceux des générations précédentes. Plus libres, plus émancipés, plus frondeurs aussi, ils donnent pas mal de fils à retordre à leurs parents et à leurs enseignants en particulier.

L’Education Nationale a « failli » elle aussi, en n’épaulant pas suffisamment les enseignants pour que leur respect et leur autorité soient assurés surtout dans la jungle des secteurs dits difficiles dont ils ont la charge.

Dans la majorité des établissements de l’EN, tout se passe relativement bien. Relativement, car même là où ça semble aller bien, il y a toujours quelques incidents sans gravité réelle mais il y faut une vigilance à toute épreuve.

Dans certains lycées et collèges, des classes sont devenues aussi redoutables que des repaires de fauves ! Alors qu’il faudrait y mettre en place des personnels chevronnés ayant la maturité nécessaire et une grande expérience professionnelle pour maîtriser la situation, « on » y envoie trop souvent de tous jeunes profs sortant de leur centre de formation, y faire leurs premières armes. Ils sont de quelques fois à peine plus âgés que certains de leurs élèves qui les « bouffent » tout crus dès les premiers jours.

Vite dépassés par le contexte d’insubordination, sinon de violence, qui règne parfois dans certains établissements, selon leur lieu d’implantation, ils ont le sentiment d’avoir été jetés en pâture, et se débattent avec le sentiment d’être seuls, sans soutien réel de leur hiérarchie.

Le nombre de jeunes enseignants, rapidement démissionnaires, effarés à la pensée d’avoir à travailler pendant des années dans un tel climat est significatif de leur malaise. Ils étaient pourtant entrés dans la profession avec un certain enthousiasme, mais pour beaucoup, ce fut un rapide désenchantement. Tous n’ont pas un tempérament de « kamikazes ».

L’INCOMPREHENSION GENERALE ET LES IDÉES RECUES

Nous nous insurgeons devant l’attitude de certains de nos compatriotes, assez nombreux d’ailleurs, qui pensent et déclarent que les enseignants ont une « belle place », « qu’ils se la coulent douce », avec, de plus, l’un dans l’autre, quatre mois de vacances par an. Certes il y a toujours, comme partout, quelques-uns qui cherchent à « en faire le moins possible », mais la très grande majorité d’entre eux ont conscience de l’importance leur mission et s’y investissent totalement et sans bas calculs.

Ainsi, quoiqu’en dise parfois l’opinion publique, leur profession n’est pas toujours une sinécure, loin de là. Actuellement il y a dans certains endroits des enseignants

qui se trouvent devant des situations

« kafkaïennes » et qui font l’impossible

pour tenter de sortir des jeunes d’un

marasme scolaire et intellectuel quasi

désespéré, et ce bien souvent, dans

une ambiance d’incivilité, de violences

verbales, voire de brutalités physiques

inadmissibles.

Le nombre d’ enseignants de tous

âges, souffrant de dépression et de

divers troubles tant psychologiques

que physiques provenant du stress

est très significatif de leur condition de

travail, et ceux qui réussissent tant bien

que mal à surnager, sont bien souvent

à bout de force, à bout de nerfs à

la fin de l’année scolaire, soutenus

seulement par leur idéal.

Alors ne tirons pas sur le pianiste et

rendons hommage à tous ces profs

et « instits » très nombreux qui contre

vents et marées emplissent la tête de

nos chérubins de toutes ces choses

qui leur seront indispensables sur le

chemin de la vie.

Rencontre

ENSEIGNANTS :UNE PROFESSION A RISQUES !

L’EDUCATION NATIONALE

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p. 10

En France, 160 000 élèves sortent chaque année du système scolaire sans diplôme ni

qualification, et une autre partie avec un niveau médiocre. Cela ne peut qu’alimenter les rangs des chômeurs et des salariés pauvres qui sont déjà que trop bien garnis.

Et pourtant nous avons le budget Général de l’Education le plus élevé d’Europe. Mais hélas, d’après diffé-rents avis autorisés, nous avons aus-si l’un des plus déplorables niveaux pédagogiques du monde occidental. Comparé à ceux des USA et du Ca-nada et même de Grande Bretagne, il serait même lamentable. Trop rigi-de, trop dogmatique, extrêmement et stupidement tatillon, il ne laisse aux enseignants aucune souplesse sur le mode de transmission selon l’ambiance et la psychologie du mi-lieu, disent quelques personnalités autorisées. Ce sont eux pourtant les enseignants les mieux placés pour comprendre et saisir les différen-tes personnalités des ados qui leur sont confiés. Pratiquement chaque élève est un cas particulier à pren-dre en compte de façon à savoir agir et de réagir en conséquence avec chacun d’entre eux afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles. Ainsi chaque classe a sa personnalité glo-bale, qui diffère chaque année peu ou prou selon la nature des élèves qui la composent et des événements extérieurs dont il faut tout autant te-nir compte. Mais aussi, au nom de cette sacro sainte philosophie éga-litariste, l’Education Nationale a une attitude utopique qui mène totale-ment à l’inverse des buts recherchés et maintient une quasi médiocrité générale. En effet, c’est une fausse et hypocrite attitude de tenir ce rai-

sonnement généreux de l’égalité des élèves. Egaux en droits oui, mais nullement en aptitudes, en ouverture d’esprit, en appétit, et soyons clairs, en intelligence aussi.

L’environnement familial et les conditions sociales entrent égale-ment en ligne de compte dans l’apti-tude à suivre une scolarité normale, il est donc parfaitement impossible d’avoir un seul et même traitement pour tous. Or, des élèves en grande difficulté, il y en a des quantités ac-tuellement, et cependant ils sont traités pratiquement sur le même plan que ceux qui suivent, alors qu’ils ont grand besoin d’attentions particulières.

Il est indispensable qu’ils soient pris en charge par petits nombres dans des classes spécialement adaptées et bénéficier ainsi d’attentions particulières et d’aides supplémentaires pour un rattrapage de leur retard.

Justement, la voilà l’égalité des chances. Elle réside dans l’attention qu’on leur donne pour qu’ils aient le maximum de chances de s’en sortir honorablement. Ces jeunes ne doivent pas être laissés à la traîne, quasi abandonnés, ce qui ne peut qu’alimenter leur rancœur voire

leur haine, avec tout ce que cela laisse pressentir pour la suite. Les enseignants font bien le maximum pour les aider, mais ils ne peuvent leur consacrer tout le temps nécessaire au risque de freiner l’ensemble des autres élèves de la classe.

Dans cette carence éducative générale le sérieux et la bonne volonté des enseignants ne sont pas mis en cause, mais une répartition de budget souvent incohérente et des lignes directives qui leur sont données sont trop souvent difficiles à appliquer car bien trop fluctuantes et floues, ou à contrario, très dogmatiques dans une pédagogie trop rigide. C’est là un mode de transmission des connaissances, qui ne tient pas suffisamment compte du degré d’éveil des adolescents actuels ni surtout de la façon dont ils réagissent et fonctionnent à notre époque dans un lieu donné.

Car malgré une certaine uniformisation des modes de vie, les mentalités et les façons d’aborder le monde et la vie ne sont pas identiques chez des ados des bourgs du Limousin, ou d’Alsace, ou du Nord ou du Gers ou encore des banlieues. Leurs réactions sont souvent différentes. La situation sociale de chacun a également

DE L’IMPORTANCE D’UNE

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p. 11

une incidence qui doit être prise en considération. Il faut savoir palper, ressentir l’intangible et agir dans tel ou tel sens afin de mieux dialoguer avec eux, et obtenir une certaine confiance.

Bref tout ce qui fait la spécificité de chaque école, et même de chaque classe, tout est alors rendu beaucoup plus simple mais il faut du doigté. Et qui est plus à même que les « instits » ou les « profs » de terrain pour décrypter tout cet amalgame et agir en conséquence ?

Nous leur demandons ainsi tout à la fois, d’avoir des connaissances, d’être enseignants, formateurs, éducateurs, psy, un peu auxiliaires - assistante sociale et même quelques fois infirmiers !!!

LA FORMATION DES ENSEIGNANTS EST A REVOIR

La plupart des élèves sont avides d’engranger des connaissances. Ils connaissent leur importance primordiale et leur nécessité pour obtenir les examens dont dépendra tout leur avenir, mais bien souvent, hélas, dès les classes élémentaires, beaucoup d’élèves ne trouvent aucun attrait à l’enseignement qui leur est dispensé et, devenus adultes, ils ne gardent que le souvenir d’un incommensurable ennui. Mais il

existe aussi des cours « silencieux » d’une densité d’attention extrême et des élèves captivés même, alors que dans d’autres, ils sont dissipés, difficiles à gérer. C’est très souvent parce qu’ils n’y trouvent aucun attrait et s’ennuient fermement. Alors, ils chahutent et n’attendent que la sortie. La plupart d’entre nous avons connu quelque chose de similaire et même à un âge avancé, certains se souviennent encore, de tels ou tels enseignants qui les ont fortement marqué par l’attrait de leurs cours et l’intérêt que nous y portions

D’instinct ils ont trouvé la clef qui a ouvert l’attention et la curiosité, ils ont su captiver l’une et l’autre et montrer à l’écolier(e) que nous étions des horizons qui nous étaient inconnus. Ils leur ont donné un éclairage et un ton tout particulier. Ces enseignants ont laissé une trace indélébile sur leurs élèves. Ils ont même parfois été le déclic, l’amorce de futures études qui par la suite, comblèrent leur vie. Ils existent encore de tels enseignants, mais ils sont trop peu nombreux. Ceux là fonctionnent d’instinct.

Actuellement les futurs professeurs, qu’ils aient le CAPES, une agrégation, ou tous autres niveaux, ont acquis une somme de connaissances indéniable, mais ce n’est pas assez. Il y manque souvent un point essentiel. En effet il ne suffit pas de dispenser sérieusement le « programme » à la lettre avec conscience et des tonnes de savoirs conformément aux règles établies par le Rectorat, encore faut-il savoir faire la transmission de ces connaissances.

APPRENDRE A APPRENDRE… CA S’APPREND

L’instruction et la formation des élè-ves dépendent tout autant de la so-lidité pédagogique des enseignants. L’EN devrait dépoussiérer un peu et mieux approfondir leur formation en psychologie et en communication et ceux-ci devraient également plus souvent sortir de leur «bulle». Une

bonne pédagogie de l’adolescence est aussi importante à intégrer sinon plus, que les matières qu’on veut lui inculquer. Il suffit souvent d’une bonne mise sur rails dans la tête des jeunes pour que leur chemin de fas-se ensuite très normalement et sans incidents.

De nombreux jeunes profs trop peu formés en la matière sont jetés dans l’arène, et agissent comme ils le peuvent, de façon empirique, avec leurs élèves car tous n’ont pas auto-matiquement, d’instinct, le don de la transmission. Ce petit plus néces-saire qui ajoute de l’attrait, et retient l’attention des élèves. Ce n’est pas la bonne volonté ni le courage, ni l’in-telligence des enseignants qui sont mis en cause, il suffirait seulement de revoir sérieusement leur forma-tion.

LE FOND PLUTOT QUE LA FORME ?

Le système éducatif français, par endroit un peu trop rigide, a oublié cette notion primordiale et humaine du petit plus, cette pointe de fantaisie que bien des pays étrangers intègrent dans le leur, plus ouvert plus souple et surtout beaucoup moins dogmatique que le nôtre. Ils laissent aux enseignants quelques libertés, non sur le fond, mais sur la façon d’enseigner, selon l’état d’esprit général des élèves d’une classe donnée et leur degré de réceptivité. En effet, chaque année, à la rentrée, dans chaque classe les élèves sont différents, et vont lui donner une personnalité propre que l’enseignant doit intégrer et prendre en considération pour s’y adapter afin d’agir au mieux dans l’efficacité. L’important n’est-ce pas les résultats ?

Monique VAN LANCKER

PÉDAGOGIE OUVERTE

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Les 11 et 12 octobre, le CEFIR a ac-cueilli une étudiante en socio-an-thropolologie. Sepideh PARSAPA-

JOUH, iranienne, souhaitait découvrir une association de terrain. Elle nous livre ses impressions…

CEFIRLe petit «bon - ailleurs» que je cher-chais

Jeudi 11 octobre, 9h30, j’arrive à Dunkerque. Marchant dans la ville, et cherchant le CEFIR, l’impression d’une douceur m’entoure tout de suite ; l’air, la ville, les gens ; assez différents de ceux de Paris et de Téhéran. Je le trou-ve : CEFIR. C’est Myriam COLPAERT qui, pleine de gentillesse, me fait entrer en détails dans cet univers en m’expli-quant et ouvrant les différentes fenê-tres de l’association. Et c’est ainsi que petit à petit je me sens dans un petit paradis, pleine de joie et d’espoir.

Pourquoi ?Laissez-moi vous expliquer : En tant qu’étudiante de la socio

- anthropologie, on nous a appris depuis le premier jour à l’université, que notre objectif est de connaître les gens, leurs organisations sociales, la société…, en se rapprochant d’eux, et en établissant des relations de confiance et d’empathie ; tout ceci afin d’en savoir plus et de mieux interpréter et analyser les situations humaines.

Au début, chaque fois qu’on demandait tout naïvement « à quoi cela peut servir ?» on recevait la même réaction assez évidente : «cela ne va pas servir à grand chose dans la société, mais dans l’idéal cela ajoutera une connaissance sur les précédentes dans cette science (1)».

Pour moi, ça ressemblait à cette formule : faire communiquer les hommes pour ajouter un savoir aux archives abstraites et honorables de la science ! On obéissait aux maîtres. Mais dans la pratique, il y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas ; chaque fois qu’on réussissait à se rapprocher des gens, et à les comprendre en effectuant l’empathie, on rencontrait toujours un souci, une contradiction : comment peut-on garder la distance et l’esprit d’analyse absolue face aux problèmes et douleurs de la société, qu’on découvre justement grâce à cette méthode sociologique?

Donc en sociologie, il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Plus on fait, plus on rencontre les dysfonctionnements de la société. Ce n’est pas évident ensuite de rester froid face à cela et de se contenter d’écrire des réflexions théoriques ! Cependant il reste une envie étouffée de servir la « connaissance », et de faire sortir des « paroles » et des « écritures ». Après, transformer cela en « actions », peut sembler un gros travail pour un sociologue.

Formée dans ce domaine de la sociologie, ayant quelques petites expériences non abouties d’action à Téhéran (2) , j’arrive à Paris, en octobre 2006, pour terminer mes études. Nouvelle arrivée, cherchant un ailleurs magnifique, mais bien perdue dans ce nouvel univers pleins de réflexions et de débats, je participe aux différentes sessions, colloques, séminaires, etc. afin de trouver une solution et un lien entre la théorie et l’action. Mais, plus je cherche plus je trouve de divergences. Il y a des activistes militants d’un coté, qui ont le souci bien fort, mais un peu abstrait de changer le monde, et qui dans leur pratique arrivent à changer les « petits luxes »... De l’autre coté, il y a les intellectuels et scientifiques, « les luxes ». Et au milieu : l’Etat, le grand parrain de tout le monde, qui a pris la responsabilité de toutes les difficultés et misères tout en faisant face aux plaintes des bénéficiaires.

Flottant dans cette sorte de condition où il fallait s’identifier en tout cas avec au moins une de ces grosses catégories, je n’arrive pas à trouver les idées qui pourront servir à quelque chose dans cette micro-sphère du pays et du quartier que je connais, grâce à la sociologie. Mais il faut chercher encore un fonctionnement plus efficace, ici ou ailleurs ...

Dunkerque, le CEFIR. Il ne faut pas conclure trop vite, mais c’est un événement. Une rencontre qui remet en question toute l’ambiguïté à laquelle j’étais confrontée auparavant. Dans une mesure bien concrète et humainement palpable, il répond aux différentes exigences ressenties, en ayant des rapports proches avec la vie de la société et ses habitants. Son projet prend sa racine sans doute dans une préoccupation profonde, qui se complète d’une compétence de gestion et d’efficacité, et aussi une cohérence interne de l’équipe attachée à un but commun. Et tout cela, constitue les angles du triangle solide dans le cercle roulant de cette association. Ils sont tous sur la même ligne, enthousiastes par leur but commun, libres dans leurs responsabilités, et tout en proximité avec la vie de leur ville, de la société. Tout cela me donne l’espoir. Je me trouve dans une situation où les théories sont devenues réelles ; le

LE CEFIR A ACCUEILLI UNE ETUDIANTE

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il y a 5 ans, le CEFIR organisait au Maroc, à Ifrane, des rencontres ayant pour thème le tourisme rural.

Ces rencontres ont été très riches en échanges, en propositions, en projets…

5 ans ont passé et depuis, beaucoup de choses ont changé dans le Moyen Atlas marocain, qui a vu la naissance du réseau Iberdan Bladi.

Pour quoi faire ? Pour fédérer les opérateurs du tourisme et du développement local rural, afin qu’ils prennent conscience de la richesse de leur région, et mettent tout en œuvre pour y accueillir un tourisme différent.

Différent pourquoi ?Parce qu’il est porté par les habitants

de ce territoire, parce qu’il s’appuie sur les richesses locales, parce qu’il valorise l’homme et son environnement.

5 ans après, en octobre 2007, les membres de ce réseau créent une association. Ils prennent leur destin en main, pour, avec le CEFIR, aller encore plus loin et permettre à leur région et à ses habitants de vivre plus dignement en accueillant l’autre.

Bon vent à l’association Iberdan Bladi !

Mais il y a également Fès, l’incomparable capitale culturelle du Maroc, qui en 2008 fêtera ses 1200 ans !

Au cœur de Fès, la Maison de l’Euro-Méditerranée est le lieu ressources créé par le CEFIR pour les associations qui s’organisent, se structurent, s’animent.

Elle accueille également des groupes souhaitant apporter leur contribution au développement de celles-ci, mais également échanger, rencontrer l’autre et repartir plus riche. «c’est l’expérience que vous relate, page suivante, Tomasz GORSKI...»

Monique VAN LANCKER

Si vous souhaitez découvrir le Moyen Atlas « autrement », rendez-vous sur

le site du CEFIR www.cefir.fr

CEFIR se rapproche des gens, dans une mesure multi dimensionnelle, en couvrant les différents aspects concrets d’une vie, logement, apprentissage, emploi, communication…. Et pour moi, c’est une concordance entre réflexion et action.

Cela me semble un événement, une solution et je dois en apprendre encore beaucoup, ce qui m’encourage vivement pour avancer dans le concret,

qui doit servir le réel.Le lendemain vers 19h, je repars.

L’air est toujours bien doux, la ville est tranquille, et bien colorée sous la blancheur apaisante du ciel. Je sors de ce « bonheur », toute légère et pleine de joie, avec la possibilité et l’espoir de créer une action avec l’aide du CEFIR sur la grisaille de la terre d’ailleurs!

Sepideh PARSAPAJOUH

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Je profite de cette occasion, pour remercier sincèrement les membres du CEFIR pour leur bienveillance:Myriam, Damien, Julie, Richard, Karine, Christiane, Daouda, Monique et Mustapha.

(1) Et en fait c’est parce que ça fait longtemps que, grâce à Auguste Compte et son positivisme, les sciences humaines ont l’honneur de se considérer de la Science.(2) Parce que là bas, le fait d’être sociologue et de vouloir avancer par une action est encore plus dur, car ce sont normalement les « ingénieurs » q qui sont connus pour développer la société !

LE CEFIR AU MAROC

IRANIENNE PLEINE DE PROJETS

Réunion iberdan Bladi avec Mr. ZBADI, Gouverneur de la province de El Hajeb (oct.2007)

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Culture donc mais aussi découverte placée sous le signe de l’effort physi-que le jour de randonnée sur la Mon-tagne Zalagh surplombant la ville et la campagne environnante. Départ tôt le matin, l’arrivée au pied de la monta-gne s’est faite en grand taxi, c’est-à-dire une Mercedes ancien modèle où il est visiblement possible de caser 6 passagers, serrés comme des sardi-nes. Et au terme d’une marche sur la cime de la montagne, à travers village, forêt et rochers, collation bien méritée avec un sandwich kefta réchauffé au feu de bois ; le clou de la journée étant une vue unique sur toute la ville de Fès et sur les villages l’entourant.

Les visites ne furent pas seulement des moments de découvertes culturel-les mais à chaque fois, les rencontres humaines furent au cœur des activités. Ainsi, les jeunes ont participé à une journée de rencontre en présence du maire de la ville et des membres de l’association Elije, de la Kasbah, avec des volontaires internationaux venus faire des travaux de rénovation dans une école de Fès. De même, les jeunes ont pu goûter au son du rap améri-cain… dans une petite chambre im-provisée en studio d’une maison tradi-tionnelle au fin fond de la médina avec Mafiaro.

Partenariat avec l’association Antidote

Voyage de rupture d’Antidote à Fès, sous le soleil exactement :Du 9 au 22 juillet, 9 jeunes en-

cadrés par 2 animateurs de l’associa-tion Antidote sont venus à Fès dans la Maison du Cefir, aboutissement d’un projet de deux années, « arms concept ». Voyage de rupture pour ces jeunes d’Armentières, il s’agissait de découvrir Fès et rencontrer des associations de jeunes, objectif réussi malgré la cha-leur écrasante de ce mois de juillet.

Placé sous le signe de la découverte, les jeunes ont pu connaître le Maroc dans ses traditions et son histoire : vi-site des sources de Sidi Harazem et de Moulay Yacoub, de la vieille ville et du quartier juif de Fès, école coranique de Méknès, etc. Au-delà de ces parcours habituels pour touristes pas forcément baroudeurs, les hasards des rencon-tres ont permis de dîner dans … un monument historique pour la culture juive fassie mais aussi mondiale : la maison du philosophe, rabbin, méde-cin et intellectuel juif Andalous Maïmo-nide, qui vécut à Fès au 12ème siècle, avant de devenir médecin de la Cour égyptienne.

La venue des jeunes s’est terminée sur la marque indélébile laissée par le graffeur sur deux toiles de 2 mètres sur 1 mètre 50. Commencées dans la maison d’un artiste peintre fassi enco-re une fois au cœur de la vieille ville, le graffeur a pu s’inspirer d’une ambian-ce artistique particulière et les artistes marocains goûter aux charmes du graffiti à la française. Terminées dans l’ambiance chaleureuse de la maison du Cefir, où l’on finissait par se sentir chez soi, trois journées de dur labeur, d’inspiration et de musique auront per-mis d’en faire un symbole du séjour.

Rencontre culturelle et humaine donc, éprouvante parfois physiquement, ex-périence de vie en collectivité où l’on apprend à vivre avec d’autres person-nes, expérience artistique et souvenirs plein les yeux au retour, ce voyage de rupture d’Antidote n’est qu’un premier pas pour une collaboration qui espé-rons-le se traduira par la suite dans de nouveaux projets réussis. Quand ? Dès novembre de cette année avec un chantier de jeunes, et ce n’est qu’un début…

Tomasz GORSKI

Association ANTIDOTE51 ter rue Paul Bert59280 Armentières

03 20 35 47 34 / 06 07 85 65 [email protected]

http://association.antidote.free.fr/

LE CEFIR EN PARTENARIAT AVEC L’ASSOCIATION ANTIDOTE

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TERRES MOUVANTESJean-Marc MORICEAUédition Fayart• Les campagnes françaises du féodalisme à la mondialisation (1150-1850)

Professeur à l’Université de Caen, Jean-Marc Moriceau, a inscrit sa re-cherche dans le sillage de Marc Bloch et de Pierre Goubert, il est à présent le chef de file des historiens du « fait rural » dans son ensemble. Sa ma-gnifique synthèse sur « Les Fermiers de l’Ile-de-France » chez Fayard, en 1994 a connu un grand et très juste succès.

Il faut en finir avec le poncif du « village immobile » et cesser de croire que nos arrière-grands-parents vi-vaient comme les gens du Moyen Age et ces derniers comme les paysans gallo-romains.

Certes, les travaux de la terre étaient extrêmement pénibles et obéissaient à des contraintes mécaniques et cli-matiques incontournables, jusqu’à la mécanisation et l’apparition des engrais.

Mais que de changements dans l’or-ganisation du travail, dans l’outillage, dans la domestication des animaux, dans l’habitat. Surtout dès la moitié du 20ème siècle, et c’est sans parler de la diversité sociale et régionale et de l’élévation culturelle énorme qui s’y sont opéré. La campagne a été un lieu d’innovation continuelle.

ENCYCLOPÉDIE DES RELIGIONSFrédéric Lenoir etYsé Tardan-MasquelierEdition Bayard (poche)

Parue en 1997, cette magnifique encyclopédie comblait un vide criant dans le domaine des sciences humaines, et mettant en lumière la résurgence paradoxale du fait religieux dans nos sociétés sécularisées.

Avec ses 231 articles répartis en deux volumes (histoires et thèmes), elle s’est aussitôt imposée comme une référence (30000 exemplaires vendus). Cette édition de poche a été remise à jour récemment, et augmentée d’articles inédits, consacrés notamment aux « droits de l’homme » et aux « sciences de la vie ». Cette encyclopédie de poche est indispensable à tous ceux qui veulent comprendre les événements actuels liés aux faits politico-religieux actuels.

A lire aussi celle de G. BELLINGER (édition du livre de poche)

LA FRANCE D’UN SIÈCLE À L’AUTRE, 1914-2000Jean Pierre RIOUX etJean-François SIRINELLIédition Hachette

JP RIOUX est inspecteur général de l’Education Nationale et directeur de « Vingtième siècle » revue d’histoire. JF SIRINELLl est professeur d’histoire contemporaine à l’Institut d’études politiques de Paris, spécialiste de l’histoire politique et culturelle de la France. En 2002, Ils ont publié égale-ment ensemble : « La Culture de mas-se de la Belle Epoque à aujourd’hui » chez Fayard.

Ce livre d’histoire et ses illustra-tions dessinent une fresque sur la France depuis la Grande Guerre. Les auteurs ont conçu et écrit ce livre avec le concours d’historiens renommés. Plus d’une centaine d’articles, vérita-bles essais portent sur des thèmes majeurs, s’ordonnant en six grands chapitres.

Le lecteur peut ainsi trouver facile-ment les repères essentiels de notre histoire de 1914 à 2000, à travers une série d’événements et fera connais-sance avec toutes les « Figures socia-les », avec l’ouvrier, le bourgeois, les élus locaux… et les « Evénements » par exemple, la Libération, la guerre d’Algérie, avec aussi les « Valeurs d’établissement », avec le franc, le baccalauréat, la famille, la « Vie quo-tidienne », avec le loto, la sexualité, les « Tensions et passions », avec l’Im-pôt, les immigrés et étrangers et les « Enjeux » politiques et sociaux éga-lement, avec l’opinion de la rue et la violence civile.

Ce livre est une mine de connais-sances, de réponses à nos question-nements divers sur le passé récent, bref, un véritable bilan du XXème siècle. Il permet d’approfondir nos connaissances citoyennes nécessai-res et il nous paraît indispensable pour élargir la réflexion sur les pers-pectives de notre société.

L’HOMME, CE RÉSEAU PENSANTAxel KHANédition du Nil

Docteur es science, Directeur de recherches à l’INSERM, Axel Kahn est aussi généticien, philosophe, mora-liste et un fameux conteur. Il jongle avec toutes ces disciplines pour notre plus grand bonheur.

Sa large intelligence ouverte bous-cule les barrières obsolètes mises depuis trop longtemps entre les dif-férentes sciences dans notre système éducatif. Il témoigne de l’unicité des expériences de pensée, qu’elles soient de physique, de mathématique d’esthétique ou de géantisme. Faire la distinction entre sciences et culture pèse lourdement sur notre système d’éducation, restreint notre vision, et ligote l’imagination créative.

Quel est le propre de l’homme ? La science dit-elle la vérité ? Le hasard existe-il ? Sommes-nous déterminés par nos gènes, nos hormones, nos traumatismes, nos études ? Som-mes-nous « programmés » ? Quelle est sa liberté ? Ses actes portent à conséquence mais alors est-il res-ponsable ?

A chaque page son interrogation est matière à débats passionnants.

A lire également du même auteur :ET L’HOMME DANS TOUT CA ?

et LE SECRET DE LA SALAMANDE

PORTRAIT DE LA FRANCEArmand FRÉMONTédition Flammarion

Armand Frémont pourrait être un homme austère, c’est un ancien recteur de l’Académie de Versailles et Président du Conseil scientifique de la DATAR et pourtant c’est un livre essentiel intéressant et passionnant que nous offre ici le géographe.

Rien à voir avec les sèches énu-mérations des cours de « géo » que nous avons trop souvent rencontrées au lycée. C’est le roman sensible d’un pays, le nôtre car tout est exact, scien-tifique, intelligent dans cet ouvrage érudit, où l’on découvre que rien n’empêche la géographie d’être aussi une fête savoureuse.

De plus, il a le mérite de nous dé-montrer si cela était encore nécessai-re, l’harmonieuse beauté de la Fran-ce, et de faire que nous nous y atta-chons plus encore. Les si nombreux et différents terroirs qui la composent la rendent précieuse, non seulement à ceux qui ont le bonheur d’y vivre, mais aux yeux des touristes étrangers qui viennent y découvrir cet exceptionnel « patchwork » qu’est notre pays.

LECTURES

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Compte rendu du colloque du 22 septembre

Comme nous l’avions annoncé dans nos précédentes éditions, le CEFIR a été retenu par le jury de

l’année européenne de l’égalité des chances pour tous, pour mener une enquête sur les discriminations vécues au quotidien dans le dunkerquois. Depuis le mois de février 2007, le CEFIR, aidé des étudiants du Centre International des Etudiants Louise LA FAY à Dunkerque, a donc mené l’enquête dans toute l’agglomération dunkerquoise. Au total, 990 personnes ont répondu aux questions posées et une synthèse des résultats de cette enquête a été publiée (disponible dans ce numéro de Rencontre, en page …). Celle-ci a donné lieu à un colloque, le 22 septembre dernier, à la communauté urbaine de Dunkerque, auquel ont participé, élus, associations, représentants de collectivités territoriales, représentants de la haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité*….

Au programme, une présentation des autres projets retenus en Nord/Pas-de-Calais : le projet du Comité de Bassin d’emploi de Lille, en partenariat avec l’Union Régionale CFDT, dont l’objectif est de lutter contre les discriminations à l’emploi par la production d’outils pour observer, comprendre, et agir dans l’entreprise pour lutter

contre les inégalités ; le projet de l’association SYMBOLE, qui consiste en la production de clips vidéo pour lutter contre les discriminations, et le projet de la Maison des Associations de Tourcoing, octobre en couleur, grande fête de la diversité et de l’égalité, qui consiste en l’organisation de différentes manifestations dans toute la ville, colloques, expositions, théâtre, cinéma… du 22 septembre au 22 octobre, avec la mobilisation de près de 150 associations, écoles collèges…

Le CEFIR a confié à Martine REVEL, sociologue, la présentation des résultats de l’enquête réalisée sur le dunkerquois, qui ont donné lieu à une table ronde à laquelle participaient des associations de la région Nord/Pas-de-Calais, partenaires du CEFIR. Ces associations de terrain ont apporté leur témoignage et présenté un certain nombre d’outils qu’elles ont mis en place pour lutter contre les discriminations.

Mustapha BOURAS, le Président du CEFIR a rappelé que nous travaillons depuis plus de 30 ans pour la lutte contre les discriminations dans le dunkerquois, grâce à une démarche interculturelle qui permet la connaissance et la compréhension des différences. Il est conscient que l’enquête menée sur le dunkerquois a suscité beaucoup de réactions. 77% de personnes qui ont l’impression

d’avoir subi une discrimination, c’est énorme, et c’est plutôt gênant pour les responsables politiques. Cela masque probablement leur difficulté à agir, un manque d’outils pour faire face. Le colloque du 22 septembre a démontré une volonté de combattre, mais un pessimisme a été clairement exprimé à plusieurs reprises, car malgré le travail sur le long terme, les associations ont le sentiment qu’il n’y a pas beaucoup d’écho à leur combat, mis à part la HALDE. Une note d’optimisme cependant : le colloque a remobilisé autour du CEFIR les associations qui luttent pour que cette discrimination régresse.

Au cours de ce rassemblement, de nombreuses personnalités se sont exprimées, notamment le Président de la Communauté Urbaine de Dunkerque, Michel DELEBARRE, le Sous Préfet de Dunkerque, Jean Régis BORIUS, le Président du CEFIR, Mustapha BOURAS, et, en invité d’honneur, le Président de la HALDE (haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité), Louis SCHWEITZER.

Mustapha BOURAS

* HALDE, 11 rue Saint Georges75009 PARIS

01 55 31 61 00www.halde.fr

LA DIVERSITE, UNE RICHESSE CONTRE

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Les Activitésdu Céfir

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INTERVENTION DE LOUIS SCHWEITZER, PRESIDENT DE LA HALDE

Pour Louis SCHWEITZER, « la lutte contre les discriminations et pour l’éga-lité est un combat commun à l’ensem-ble des pays européens, qui sont à la recherche de solutions. Pour cela, il y a des professionnels, tels que la HALDE, dont le métier est de lutter contre les discriminations et pour l’égalité, et les associations, dont les actions sont mi-ses en valeur et encouragées dans le cadre de l’année européenne. Mais aucune action ne peut être engagée sans une mobilisation à combattre les discriminations dans tous les domai-nes, et sur tous les critères. »

Dans son discours, Louis SCHWEIT-ZER emploie régulièrement le mot « in-supportable », car pour lui, « toutes les discriminations sont insupporta-bles ». Bien souvent, elles sont le fait de personnes qui ont de nombreux préjugés. Elles sont le fait de person-nes qui vivent dans l’ignorance, mais aussi dans l’indifférence. Ces person-nes n’ont pas conscience de discrimi-ner. Pour lutter contre tout cela, il s’agit de leur ouvrir les yeux, il faut les sensi-biliser, les informer, leur faire prendre conscience. C’est le rôle de la HALDE qui doit aussi diffuser les bonnes prati-ques et aider les victimes en résolvant leurs problèmes. La HALDE a aussi un rôle de répression, car la discrimina-tion est INTERDITE.

Aujourd’hui, la HALDE, c’est un collè-ge de 11 personnes, et c’est une équipe de 63 permanents compétents, c’est aussi des délégations régionales, telle que la délégation régionale Nord/Pas-de-Calais, et bientôt elle sera aussi constituée d’un réseau de correspon-dants locaux qui est en train de se mettre en place, car pour agir effica-cement, il faut démultiplier l’action au niveau local.

Concernant la HALDE, Louis SCHWEIT-ZER donne quelques précisions quant à son fonctionnement : « elle traite les réclamations, s’assure que les délits soient sanctionnés et se donne pour mission de construire des recomman-dations générales. Elle s’est fixé 3 prio-rités : l’emploi, le logement et l’éduca-tion, aussi bien dans le privé que dans le public. Concernant plus particuliè-rement le domaine de l’entreprise, les syndicats ont un grand rôle à jouer car ils ne sont pas seulement porteurs de

valeurs, mais ils sont porteurs d’une connaissance du terrain, que bien souvent les responsables des grandes entreprises n’ont pas ».

La conclusion de Louis SCHWEITZER apporte une note d’optimisme. Même s’il y a beaucoup de travail à faire, même s’il y a beaucoup de choses à changer, « 2 choses jouent en notre faveur : la première c’est que la tolé-rance à la discrimination diminue, et les choses que l’on acceptait, et bien, on ne les accepte plus. La deuxième, c’est que si les victimes tolèrent moins la discrimination, il y a une conscien-ce aigue que la discrimination est un gaspillage inouï et va contre la cohé-rence et l’efficacité, autrement dit, la discrimination n’est pas seulement im-morale, pas seulement illégale, c’est une source d’inefficacité, et cela est un facteur de progrès ».

TOUTES LES DISCRIMINATIONS

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Un sondage Eurobaromètre ré-cent (janvier 2007) indique que les deux tiers des Européens

jugent les discriminations répandues dans leur pays, tandis que 51 % d’en-tre eux estiment que l’on ne fait pas assez d’efforts pour lutter contre ce problème.

Dans le cadre de l’année européen-

ne de l’égalité des chances pour tous, le projet du CEFIR a été retenu par le jury. Celui-ci consistait en une enquête par sondage sur la perception des discriminations par les habitants de l’agglomération dunkerquoise, dont les résultats ont été communiqués lors du colloque « La diversité, une richesse contre toutes les discriminations » qui s’est tenu le 22 septembre 2007.

Cette étude a été réalisée en face à face, par les étudiants étrangers résidents du Centre International des Etudiants Louise LA FAY, à Dun-kerque en mai et juin 2007. Plus de 990 personnes ont répondu aux huit questions posées. La composition de l’échantillon apparaît différente de la composition classique de la popula-tion dunkerquoise telle que reconsti-tuée par l’INSEE (il y a plus d’hommes, et plus de jeunes).Les sondés habitent à 40% Dunkerque, à 30% les environs de Dunkerque, et à 30% des communes hors agglomération.

Les enjeux dans la région dunkerquoise Une bonne connaissance de l’évènement « année européenne de l’égalité des chances ».

Tout d’abord, au 30 juin, nous consta-tons qu’un tiers des répondants affirme avoir eu connaissance de l’évènement européen qui va se dérouler sur l’en-semble de l’année 2007. A mi-année, le résultat apparaît remarquable. Cette action est d’autant mieux connue que les répondants sont âgés.Est-ce que l’égalité des chances est une réalité dans la région dunker-quoise ? Un constat sévère : 77% des répon-dants pensent que l’égalité des

chances n’est pas une réalité dans la région. Seuls 17% d’entre eux perçoi-vent un monde égalitaire. Ce taux im-portant d’appréhension d’une inéga-lité des chances dans la région rejoint les résultats nationaux d’une enquête menée par l’union européenne (1).

Les secteurs perçus comme discrimi-natoires.

Dans notre enquête, deux secteurs sont particulièrement perçus comme discrimatoires dans la région. Tout d’abord l’accès à l’emploi est mentionné par 88% des répondants. Les femmes, les moins de 30 ans et les plus de 50 ans en sont les principa-les victimes. Cela traduit une difficulté bien connue des acteurs de ce sec-teur : ces populations font face à une véritable « porte fermée ». Cette source de discrimination est aussi citée par une personne sur deux de la tranche d’âge 30-40 ans, généralement, la plus préservée.

Ensuite l’accès au logement est men-tionné comme source de discrimination à 78%. 81% des femmes mentionnent ce facteur contre 75% des hommes.

A l’inverse, les secteurs de l’éduca-tion ainsi que l’accès aux biens et ser-vices sont perçus comme faisant plutôt bénéficier tout un chacun d’une égalité de traitement.

Origines perçues de l’inégalité des chances.Ce sont les stigmates visibles qui sont le plus cités par les répondants :- d’abord la race ou l’origine ethnique réelle ou supposée (77%), suivie par le handicap (70%).

Le dunkerquois se distingue cepen-dant de l’étude réalisée par l’UE en 2006 (2) en France : Handicap et origine ethnique ressortent en ordre inversés, car en France, c’est le handicap qui apparaît comme la première source d’inégalités ; orientation sexuelle et re-ligion sont sensiblement plus mention-nées au niveau national qu’au niveau local. Enfin, le genre (homme/femme) ressort plus fortement à Dunkerque

Le CEFIR a enquêté sur les discriminations vécues au quotidien dans le dunkerquoisSynthèse des résultats

UN CONSTAT SÉVÈRE : L’ÉGALITÉ DES CHANCES N’EST PAS

R E N C O N T R E

(1) Enquête « La discrimination dans l’Unioneuropéenne » de 2006 réalisée par la Direction Générale de l’Emploi, des Affaires sociales et de l’Egalité des chances de la Commission européenne lors de la prépara-tion de l’année européenne de l’égalité des chances en France.Eurobaromètre spécial 263/ Vague 65.4. Nombre d’interviews : 1009.Sondage mené du 13/6/6 au 10/7/6- TNS Opinion & Social.

(2) Eurobaromètre spécial 263/ Vague 65.4.

(3) Source : Recensement de la population 1999 - Exploitation principale et complémentaire.

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comme facteur d’inégalité qu’au ni-veau national, alors même que les répondants masculins sont surrepré-sentés sur l’enquête du CEFIR.

Sur toutes ces causes, les personnes les plus fragiles sont les femmes, les moins de 30 ans et les plus de 50 ans. Concernant ce dernier point, alors que les plus de 50 ans représentent moins de 8% des sondés, il est intéressant de noter que les inégalités liées à l’âge sont citées par 54 % des répondants. Les jeunes ont conscience des difficul-tés de leurs aînés : une certaine soli-darité intergénérationnelle est mise en évidence à Dunkerque.

Une bonne connaissance de l’exis-tence de la loi mais pas de ce qu’elle prévoit.

Les deux tiers des répondants sem-blent informés sur l’existence de lois récentes combattant les discrimina-tions, et cette connaissance est forte-ment corrélée à l’âge. On perçoit sans doute ici les effets des efforts des par-tenaires qui cherchent à promouvoir l’égalité des chances dans la région. La connaissance précise de ces lois de-meure peu connue des répondants.

La Halde : une notoriété à développer.La connaissance d’une instance natio-nale auprès de laquelle faire prévaloir ses droits en matière de discrimination est connue par 27% des répondants…. et seuls la moitié d’entre eux savent comment la saisir en cas de discrimi-nation (soit 13,7% des répondants). Les femmes sont là encore un peu moins nombreuses à répondre positivement à ces deux questions.

Conclusion.Les discriminations sont une réalité

aussi dans la région dunkerquoise.La vision des inégalités que nous per-met de saisir cette enquête montre à quel point les sondés sont conscients des discriminations, et favorables à la promotion de l’égalité des chan-ces. Ils sont sensibles prioritairement aux inégalités qui touchent l’accès à l’emploi et au logement. Ils dénoncent fortement les inégalités concernant les femmes et les aînés.

Un des enseignements de ce ques-tionnaire doit permettre de mieux cibler les actions de sensibilisation à réaliser prioritairement vers les po-pulations jeunes, féminines, et issues de l’immigration ou de minorités eth-niques visibles, qui pâtissent d’une discrimination importante et d’une méconnaissance de leurs droits.

Complément d’information :

Qui a répondu à l’enquête ?Une part importante d’hommes, et de nombreux jeunes

Les enquêtés possèdent un profil so-ciologique apprécié au travers du sexe et de l’âge. Celui-ci est décalé par rap-port à la population dunkerquoise (3). Les sondés sont davantage masculins (il manque un tiers de femme pour que l’échantillon reflète la population locale) et d’avantage jeunes (les 18-29 ans sont cinq fois plus représentés dans l’enquête que dans la population locale).

De nombreux jeunes ont répondu au questionnaire, ce qui s’explique sûre-ment en partie par le fait que les son-deurs étaient eux-mêmes étudiants : ils ont recruté dans leur milieu. Cette étude nous permet de mieux appré-hender la vision des 18 – 30 ans et des 30-40 ans.

La population sondée se distingue fortement par le critère de l’âge de la population dunkerquoise : il existe une sur représentation manifeste des jeu-nes au sein des répondants.

56% des répondants sont âgés de moins de 30 ans alors que la classe des 18-29 ans ne constitue que 11% de la population de Dunkerque. 77% des sondés déclarent avoir moins de 40 ans alors qu’ils ne représentent que 34% de la population majeure lo-cale. 90% des répondants ont moins de 50 ans sur l’enquête contre 42% sur la po-pulation locale.

La figure suivante met en évidence les caractéristiques des sondés par âge par rapport à celles de la population reconstituée par le recensement de l’INSEE qui date de 1999. Le graphique présente les deux populations pour faciliter la comparaison. La répartition par âge des sondés de notre enquête apparaît en rouge, celle de la popula-tion dunkerquoise en gris.

© Martine [email protected]

Conseil pour le CEFIRseptembre 2007

77 % DES RÉPONDANTS PENSENT QUE UNE RÉALITE DANS LA RÉGION

R E N C O N T R E

Le cefir est membre de droit a l’énergie- SOS FUTUR

La survie des hommes dépend de l’accès à une énergie durable

Le tiers des habitants de la planète n’a pas accès à une source d’énergie « moderne », autre que le bois de chauffe. Pour ces centaines de millions d’individus, majoritairement situés en Afrique et en Asie, la mortalité infantile est de 15 % au lieu de 0,4 % pour les pays développés. Leur espérance de vie est de 40 ans (près de 80 ans dans les pays du « Nord »).Sans énergie, pas d’éducation, pas de chaîne du froid et donc pas de vaccins ou de conservation des médicaments, pas d’eau potable.Dans nos pays dit « civilisés », quelques poches de pauvreté énergétique existent dans certains pays d’Europe Centrale et Orientale, tandis que le pourtour méditerranéen reste encore insuffisamment doté.

Les objectifs du millénaire pour le développement

A l’unanimité de ses membres, l’ONU s’est engagée en 2000 à réaliser d’ici 2015, 8 objectifs permettant de réduire la pauvreté dans le monde :• Réduire l’extrême pauvreté et la faim.• Assurer l’éducation primaire de tous.• Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.• Réduire la mortalité infantile.• Améliorer la santé maternelle.• Combattre le VIH/Sida, le paludisme et autres maladies.• Assurer un environnement durable.• Mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

Droit à l’énergie – SOS futur, un vecteur pour les OMD

Bien que l’énergie ne soit pas expressément mentionnée dans les objectifs du Millénaire pour le Développement, tout le monde convient qu’au moins six de ces objectifs ne peuvent être atteints sans accès à l’énergie, facteur crucial pour le développement et la croissance. Sans énergie il n’y a ni eau potable, ni assainissement et il est quasi impossible d’assurer l’éducation, les soins de santé et la sécurité des aliments.

Créée en 2000, et désormais forte de ses 500 organisations membres, dans 70 pays, notre organisation est agréée auprès du Conseil Economique et Social des Nations Unies et accréditée auprès du département de l’Information. Droit à l’énergie est également membre adhérent du Global Compact.Notre organisation propose de faire de l’accès à l’énergie une condition essentielle, et propose un plan d’action pour l’accès universel à l’énergie reposant sur 3 axes :• Les objectifs du millénaire pour le développement.• Les partenariats publics - privés associant tous les acteurs, y compris micro finance, commerce équitable,

agriculture solidaire.• La participation de la société civile à toutes les étapes de projet.

Créer les conditions de nouvelles perspectives économiques

Dans les pays en développement, émergents ou industrialisés, l’accès à l’énergie, ou l’accroissement de l’intensité énergétique aident à améliorer (créer) l’activité économique, et par conséquence, l’emploi et les conditions de vie.

Dans les pays du sud, l’arrivée de l’électricité dans une région, par exemple, est génératrice d’activité (artisanale, agriculture plus rentable, activités à domicile, voire petite industrie). Ce développement est souvent un moyen de réduire les flux migratoires, voire de les inverser. Les personnes qui avaient migré vers les grandes agglomérations ou d’autres pays reviennent s’installer au « pays », attirées par de nouvelles perspectives économiques et sociales.

Pierre Jean CoulonVice Président de Droit à l’énergie SOS Futur

[email protected]

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DROIT A L’ÉNERGIE

R E N C O N T R E

Les Activitésdu Céfir

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7ème rencontre trilatérale de jeunes dans le cadre du Triangle de Weimar

Le Triangle de Weimar, fondé par les Ministres des affaires étrangères, a pour mission depuis 1991 de créer

un axe européen allant de la France jusqu’en Pologne en passant par l’Alle-magne. Le but est d’encourager l’inté-gration et la coopération européenne. Des rencontres thématiques pour les jeunes des régions Nord–Pas de Ca-lais, Rhénanie du Nord–Westphalie et la Voïvodie de Silésie ont lieu depuis 2001. Pour la 7ème fois, une quinzaine de jeunes de 17 à 23 ans de chaque ré-gion ont été invités à participer à cette rencontre qui a eu lieu du 1er au 7 juillet 2007 à Dortmund.

Thème en 2007 :l’Europe sans frontières – nouvelles professions pour jeunes Européens

Questions soulevées lors de la rencontre :

• Comment se dessine mon avenir professionnel ?• Quelles nouvelles professions apparaissent en Europe ?• Dois-je étudier ou bien tenter ma chance dans une formation innovante ?• Le pays a besoin d’ingénieurs – mais qu’en est-il des sciences humaines ?

• Changement de climat et protection de l’environnement• Nouvelles chances ?• Les stages, le volontariat et les séjours à l’étranger sont-ils profitables ?• C’est une question fondamentale dans l’année européenne de l’égalité des chances pour tous et des 50 ans de l’Union Européenne.

Les groupes ont abordé ces thèmes durant la semaine. Une conférence sur « les 50 ans du traité de Rome : de la CEE à l’UE » a permis de poser les bases nécessaires à cette rencontre. Les participants ont eu l’opportunité de visiter des entreprises, des universités et des centres scientifiques pour récolter des informations concernant les nouvelles professions en Europe. Lors des ateliers pratiques, discussions et conférences, il a ainsi été possible de sonder les réelles chances d’avenir au niveau professionnel pour ces jeunes issus de différents milieux sociaux dans les domaines suivants : énergie et environnement, technique et sciences naturelles, sciences humaines, technologie de l’information et médias, sport, détente et tourisme. Le groupe trilatéral a appris à connaître les multiples possibilités de formation et les divers objectifs professionnels que proposent aux jeunes les branches innovantes dans leur pays et toute l’Europe.

Le débat sur « L’international comme compétence : entraînement pour une entrée dans le monde du travail » a mis en valeur les réels besoins en ingénierie et main d’œuvre qualifiée sur le marché européen actuel, confirmés lors de la visite du Salon de la formation et de l’emploi sur les énergies renouvelables au parc scientifique de Gelsenkirchen. En effet, la participation à des ateliers et des débats avec les entreprises présentes sur les domaines Offshore / Repowering / énergie éolienne, photovoltaïque, solaire, biologique, géothermie, ont permis aux jeunes d’accéder à la description des postes à promouvoir ainsi qu’aux besoins réels en personnel dans ces nouvelles branches porteuses. A la fin de la semaine, un échange avec les représentants politiques des 3 régions a permis de discuter des expériences acquises lors de cette rencontre et des perspectives professionnelles pour les jeunes européens. Le Bassin de la Ruhr comme région en pleine expansion constituait un cadre idéal pour ce séminaire. A côté du travail, les activités culturelles proposées à Dortmund n’ont pas laissé la place à l’ennui !

Damien COMMARD

OrganisateursInternationales Bildungs- und

Begegnungswerk e. V. Dortmund, Centre d’Education et de Formation

Interculturelle Rencontre,Dunkerque et la Voïvodie de Silésie.

LE CEFIR PROMEUT L’EUROPE SANS FRONTIERES

NOUVELLES PROFESSIONS POUR JEUNES EUROPÉENS

R E N C O N T R E

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à répondre de manière individualisée à des situations de détresse. Ce sont en outre des actions qui misent sur la jeunesse en la considérant comme une ressource et non comme un problème pour notre société. Chacun de ces accompagnements est modeste, il répond néanmoins à un enjeu d’avenir : permettre à chacun d’entrer dans la société de la connaissance.

Notre société se caractérise en effet par son caractère post-industriel. L’émergence de la mondialisation et des nouvelles technologies de l’information et de la communication ont engagé une nouvelle révolution industrielle. Et dans cette nouvelle organisation économique et sociale, ce n’est plus tant la force de travail qui détermine la capacité à s’insérer dans la société, mais le «capital culturel» de chacun. Contrairement aux précédentes révolutions industrielles qui s’accommodaient très bien d’une main d’œuvre docile et peu formée, cette nouvelle mutation exige, elle, une augmentation du niveau de formation des salariés(2) . Cela se traduit non seulement par l’accès à l’emploi facilité par l’acquisition de diplômes, mais aussi par la valorisation sur le marché du travail de capacités comme l’autonomie, la prise d’initiatives, la faculté d’adaptation…

Or, en même temps que nous pouvons constater ce mouvement vers le haut, force est de constater un mouvement vers le bas pour ce qui concerne l’accès à la connaissance pour tous en France. Nous savons par exemple que chaque année 150 000 jeunes quittent notre système éducatif sans aucune qualification. Cela représente 20% d’une classe d’âge ! Nous savons par ailleurs que ces inégalités se creuses très tôt : 80% des enfants qui ratent leur année de CP n’iront pas au baccalauréat.

Dans un modèle économique de type industriel ou agricole, ces jeunes auraient trouvé un emploi grâce à leur force de travail. Un travail pénible certes, mais un travail quand même. Mais dans un modèle économique fondé sur la capacité à apprendre et à évoluer, des jeunes non diplômés et que l’on a dégoûté d’apprendre ont peu de chance de réussir à trouver un emploi stable, facteur de sécurité

Sarah est étudiante en sciences de l’éducation. Elle aimerait devenir enseignante. Issue de

la classe moyenne, elle fait partie de la première génération à mener des études supérieures dans sa famille. Ses parents en sont fiers, même s’ils savent que tout n’est pas gagné pour autant.

Kévin est collégien, il est scolarisé en classe de 4ème dans un collège classé « ambition réussite », il habite un quartier prioritaire. Il n’aime pas l’école : il s’y ennuie, ne réussit pas, et il est perturbé par les problèmes de la maison. Il aimerait aider sa mère qui travaille seule avec des horaires décalés, s’occupe de ses deux petits frères et gère le T2 où ils vivent à quatre. Mais il ne sait pas comment l’aider, et ça l’énerve quand elle le gronde puis pleure parce que ses résultats scolaires sont mauvais.

Notre travail à l’afev(1) consiste à proposer à Sarah de parrainer Kévin en allant à sa rencontre, à son domicile, toutes les semaines. Cet accompagnement individualisé et bénévole est l’occasion d’échanges complices entre ces deux jeunes. C’est aussi l’occasion pour Sarah de donner à Kévin des repères pour qu’il fasse mieux son métier d’élève (organisation

d’un espace de travail, anticipation du travail personnel…). Les sorties en dehors du foyer et du quartier afin d’élargir les horizons culturels de Kévin sont encouragées.

Cet accompagnement permettra à Kévin de regagner confiance en lui, et de se tourner vers l’avenir à partir d’un « modèle » positif. Ses résultats scolaires auront pu s’améliorer, ou dans tous les cas ses apprentissages auront pris un sens nouveau pour lui.

Sarah ressortira également grandie par son action. Elle aussi aura appris des choses. Elle aura découvert par exemple une réalité sociale qu’elle ne connaissait que par le prisme des médias. Humainement parlant Kévin et sa famille l’auront enrichie grâce à l’accueil qu’ils lui auront réservé et la confiance qu’ils lui auront témoignée. D’un point de vue citoyen, Sarah sortira motivée de ce premier engagement associatif, peut-être aura-t-elle envie de prolonger cette action. Enfin d’un point de vue professionnel, Sarah aura pu valoriser son engagement dans son cursus universitaire, et mettre à l’épreuve sa vocation d’enseignante.

Des accompagnements comme celui-là, l’afev en met en place 9 000 en France (dont 250 dans le Dunkerquois). Ils constituent autant d’actions de solidarité qui participent

AFEV :PAS DE QUARTIER

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Les Activitésdu Céfir

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Le CEFIR a accueill i une délégation de Timisoara (Roumanie)

Le CEFIR a accueilli à Dunkerque du 19 au 22 septembre une délégation venant de Timisoara en Roumanie. Une équipe du CEFIR avait rencontré des partenaires potentiels en Roumanie pour des projets de coopération franco roumains lors d’une visite d’étude en janvier 2007. La délégation venue à Dunkerque était composée de Monsieur Mirel BOLDICI,

directeur de l’Institut National d’Administration de Timisoara, chargé de la formation des personnels administratifs de la région de Timisoara, et de Monsieur Stefan PACSU, directeur de l’agence pour l’emploi de la ville d’Arad, située à 30 kilomètres de Timisoara.

Des séances de travail ont été organisées durant deux jours afin de creuser les pistes de collaboration qui avaient été identifiées dans le domaine de la formation et en particulier de l’accompagnement des demandeurs d’emploi. Les Cefir Formation de Dunkerque et d’Hazebrouck et le Cefir International ont mis sur pied un plan d’action et des conventions de partenariat ont été signées. Les représentants des deux institutions roumaines se sont également montrés très intéressés à coopérer dans les domaines du développement local, du tourisme et de l’hôtellerie restauration, de la reconversion industrielle. Des visites ont été organisées au CEFRAL de Dunkerque et à l’ANPE. Les enjeux à l’heure actuelle sont énormes pour la Roumanie, pays nouvellement entrant dans l’Union Européenne à l’heure de la programmation pour les fonds européens pour la période 2007- 2013.

Julie RAY

dans un parcours professionnel. Les emplois qui leur sont accessibles se caractérisent au contraire par leur aspect précaire : faible rémunération, temps partiels, intérim… C’est ainsi que le chômage des jeunes en France est l’un des plus importants d’Europe (20%), et qu’il monte à plus de 40% dans certains es quartiers défavorisés.

Des actions de solidarité du type de l’afev sont donc nécessaires dans la mesure où elles mettent en relation une jeunesse étudiante tournée vers l’avenir et une jeunesse au contraire désespérée. Mais c’est notre capacité à entrer tous ensemble dans cette société de la connaissance qui est en jeu.

Dans cette perspective, il va sans dire que notre système éducatif mérite d’être remis à plat et investi

de nouvelles missions et de nouvelles modalités. Car reléguer 1 jeune sur 5 c’est humainement insupportable, et c’est assurément se tirer une balle dans le pied pour l’avenir. Un appel intitulé « Pas de quartier pour les inégalités » a été lancé en ce sens par l’afev . Il invite à la réflexion et au débat national en demandant la création d’une commission d’enquête parlementaire sur cet échec de notre système éducatif. 30 000 personnes l’on déjà signé, dont de nombreux parlementaires. Plusieurs ministres s’y intéressent. N’hésitez pas à le signer également, et à soutenir cette campagne, pour que plus aucun jeune ne sorte de notre système éducatif sans qualification.

Frédéric DelattreDélégué Régional.

Contact Afev dunkerqueMaison de l’éducation

50, rue de la ferme59 640 Dunkerque.Tel : 03 28 25 38 69.

Association de la Fondation Etudiante pour la Ville :

www.afev.org Cf. Philippe HERZOG : Université

Européenne de l’Engagement. Afev Dunkerque, août 2007.

www.pasdequartier.org

(1) Association de la Fondation Etudiante pour la Ville : www.afev.org (2) Cf. Philippe HERZOG : Université Européenne de l’Engagement. Afev Dunkerque, août 2007.

POUR LES INÉGALITÉS !!

R E N C O N T R E

Retrouvez le prochain numéro de Rencontre en début du premier trimestre

Pour plus d’infos,consultez notre site internet : www.cefir.fr

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depuis de nombreuses année a relevé le défi…. et le pari est en passe d’être gagné, car son émission est non seu-lement écoutée, mais les auditeurs se manifestent déjà pour faire proposi-tions et remarques.

Quant à l’émission A PROPOS D’IS-LAM, il s’agit d’une série d’émissions grand public sur l’Islam et la civilisation arabo-musulmane, afin de rappeler, par touches légères, la condition hu-maine universelle. Cette émission est animée par un théologien, professeur a l’Institut Avicenne de Lille. Nous sou-haitons vivement que ces émissions prennent toute leur place dans notre grille, car nous sommes conscients du déficit d’image de la religion musul-mane et des nombreuses contre véri-tés qui sont véhiculées.

Pour cette rentrée, Radio Rencon-tre vous propose deux nouvelles émissions : LES CHRETIENS VOUS

PARLENT, animée par Sœur Danielle, et A PROPOS d’ISLAM, animée par Ali OUAHRANI. Ces émissions se dérou-lent le Samedi de 9 H à 10 H, avec une rediffusion, le Dimanche à 19 H.

LES CHRETIENS VOUS PARLENT n’est pas vraiment d’une nouvelle émission, car elle a existé pendant 20 ans. Ses animateurs se sont essoufflés, ont vieilli (comme nous tous) et nous avons souhaité reprendre ce rendez-vous hebdomadaire, à la demande de nos auditeurs, en lui donnant un nouveau souffle. Au programme : liturgie du Di-manche, informations, témoignages, prières. Sœur Danielle, de la congré-gation de Sœurs de l’Alliance, membre du Conseil d’Administration du CEFIR

Autre évènement, Radio Rencontre a travaillé en collaboration avec RFO (Réseau France Outre-mer) pour la réalisation d’une émission sur la com-munauté mahoraise de Dunkerque. Ce partenariat a pu se faire grâce au programme Médiam’Rad, programme européen porté par l’Institut Panos de Paris, dont nous avons eu l’occasion de vous parler dans nos éditions pré-cédentes. Le programme Médiam’Rad, qui se déroule sur plusieurs années, a pour objectif de mettre en avant les médias des diversités et d’inciter à la construction de passerelles entre ces médias et des médias grand public, qui collaborent rarement ensemble. Dans ce cadre, l’Institut Panos a ini-tié la constitution de duos de journa-listes afin de produire et diffuser des reportages croisés écrits ou audio. Le reportage réalisé par Radio Rencontre et RFO a été diffusé sur les ondes de RFI (Radio France International).

Ces évènements s’inscrivent dans une démarche culturelle de rappro-chement des peuples par une meilleu-re connaissance de l’autre, c’est l’ob-jectif du CEFIR, et de Radio Rencontre.

Myriam Colpaert

Radio Rencontre 93.3 FMwww.cefir.fr/radiorencontre.htm

2 rue Vauban 59140 DUNKERQUETél : 03.28.61.25.00

[email protected]

Réseau France Outre-mer www.rfo.fr

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RADIO RENCONTREMÉDIA DES DIVERSITÉS

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Rencontre66 rue du Fort Louis59140 - Dunkerquetél : 03 28 63 71 87 - Fax : 03 28 63 71 69e-mail : [email protected] / site internet : www.cefir.frpublié par le CEFIR,Membres fondateurs :Mustapha BOURAS, Jeanine JOATHON, Louise LA FAY, André LEFEVREPrésident : Mustapha BOURASDirectrice de publication : Monique VAN LANCKERSecrétariat de rédaction : Dominique DELPIERREOnt collaboré à ce numéro :Mustapha BOURAS, Myriam COLPAERT, Damien COMMARD, Pierre Jean COULON, Frédéric DELATTRE, Tomasz GORSKI, Sepideh PARSAPAJOUH,Julie RAY, Monique VAN LANCKER, Dominique DELPIERRE

«Soeur Danielle anime l’émission Les Chrétiens vous parlent»