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www.lemonde.fr 58 ANNÉE – N” 17907 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI JEUDI 22 AOÛT 2002 Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 40 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 16 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $. CHERS PARENTS Simone Veil L’amour infini d’une mère perdue dans la barbarie nazie p. 8 LA SAGA DES AOC Les huiles d’olive de Provence… …tentent de reconquérir le marché français p. 7 SÉRIES LE 21 AVRIL a marqué la fin du « jospinisme » et la débâcle des légis- latives, celle de la gauche plurielle. Depuis, politiques et commenta- teurs se plaisent à souligner l’« effon- drement » des Verts, en oubliant prestement que nous sommes l’un des seuls partis à avoir gagné des voix aux deux consultations électora- les. Si notre représentation est si fai- ble au Parlement aujourd’hui, c’est moins par bouderie des électeurs qu’en raison d’un système électoral injuste et du vote utile lié aux cir- constances politiques exceptionnel- les de l’après-21 avril. Contrairement à ce que les appa- rences nous disent, jamais l’espace politique n’a été aussi grand pour les Verts, parce que jamais les ques- tions qu’ils soulèvent ne se sont posées à l’ensemble de la planète avec autant d’acuité. Mais ils ne pourront occuper cet espace qu’à la double condition de tirer sérieuse- ment le bilan de leur participation aux cinq années de gouvernement socialiste et de se donner les moyens de produire un projet qui s’adresse, enfin, à toute la société. Avec le recul, force est de recon- naître que le bilan de notre participa- tion gouvernementale est maigre. Que nous le voulions ou non, nous avons consenti à une illusion nom- mée « jospinisme », méthode cons- truite sur l’« équilibre », où le dou- ble langage tenait souvent lieu de politique. Pour nous renforcer insti- tutionnellement et politiquement, nous avions besoin de croire en ce gouvernement, « le plus à gauche du monde ». Pourtant, dans le domaine de l’environnement, il a plus sou- vent entravé l’action transformatri- ce qu’il ne l’a favorisée. Le refus de l’écofiscalité, la continuation de la politique autoroutière, le nucléaire, le troisième aéroport, une loi sur l’eau inaboutie, le tunnel du Mont- Blanc, la loi chasse, les OGM, l’im- passe sur l’économie sociale et soli- daire… prouvent que nos partenai- res nous ont utilisés comme caution écologique sans nous payer en retour. En préférant systématique- ment le compromis à la controverse, nous nous sommes laissé aspirer par la spirale de la dépendance et nous y avons perdu de notre crédibilité. Lire la suite page 9 PEINTRE, romancier, musi- cien, Serge Rezvani publie L’Amour en face et voudrait marcher dans les pas de son ami Truffaut en portant ce livre à l’écran. Lire page 20 MÉCONNU du grand public, mais considéré comme l’un des plus grands créateurs de la seconde moitié du XX e siècle, le sculpteur bas- que Eduardo Chillida est mort le 19 août. Profondément attaché à la terre basque (photo, à San Sébastien), il laisse une œuvre puissan- te et monumentale, exposée dans le monde entier. Lire page 18 Eduardo Chillida, le titan basque, disparaît International.............. 2 France-Société ........... 5 Régions ....................... 7 Horizons ..................... 8 Entreprises ............... 10 Marchés ..................... 11 Aujourd’hui............... 13 Météorologie-Jeux.. 16 Carnet ........................ 17 Abonnements .......... 17 Culture ...................... 18 Radio-Télévision ...... 21 Rezvani, la part de la nostalgie f Pierre Méhaignerie juge trop optimistes les prévisions du gouvernement f Les experts sont eux aussi pessimistes f Le président (UMP) de la commission des finances réclame « la sincérité budgétaire » f « La baisse de l’impôt sur le revenu peut bien attendre 2004 ou 2005 » Lire page 5 est député (Verts) de Gironde. / DÉPUTÉ (UMP) d’Ille-et-Vilaine et président de la commission des finan- ces de l’Assemblée nationale, Pierre Méhaignerie conteste, dans un entre- tien au Monde, les choix budgétaires envisagés par le gouvernement afin de respecter les promesses électora- les de Jacques Chirac. Il estime que les experts « ont raison » d’être pessi- mistes et de ne pas approuver l’hypo- thèse d’une croissance de 3 % pour 2003 : « Moi, je préférerais une four- chette de 2,6 % à 3 % avec une hypo- thèse centrale de 2,8 %. » Affirmant que « les éléments d’incertitude sont aujourd’hui dominants », M. Méhai- gnerie réclame « un pas vers la sincéri- té budgétaire » et conteste la priorité donnée à une baisse rapide de l’im- pôt sur le revenu. « Il faut concentrer les efforts sur le pouvoir d’achat des bas salaires, dit-il. (…) Ce gouverne- ment a besoin du soutien populaire pour pouvoir faire les réformes néces- saires, notamment celle de l’Etat. (…) La baisse de l’impôt sur le revenu peut bien attendre 2004 ou 2005. » TUNIS de notre envoyé spécial Comme si tout allait pour le mieux, Marcel Desailly est venu commenter, mardi 20 août, à Tunis, la décision du nouveau sélectionneur de l’équipe de France, Jacques Santini, de le conserver à son poste de capitaine des Bleus. Rares étaient ceux qui auraient parié sur le maintien du brassard autour du bras du défenseur de Chelsea. Car c’est escorté d’une valise lourde de critiques qu’il était revenu de la Coupe du monde. On lui reprochait, entre autres choses, d’avoir passé plus de temps à gérer ses affaires personnelles qu’à réunir les éner- gies collectives comme l’exigeait sa fonction. « Après un tel échec, il fallait trouver des boucs émis- saires. Après Roger Lemerre, j’étais le suivant », a-t-il expliqué à la veille d’affronter la Tunisie pour le pre- mier match des Bleus depuis leur fiasco coréen. « Capitaine » Desailly s’est ensuite lancé dans un plaidoyer pro domo. « A part une ou deux interven- tions pendant le match contre le Sénégal, je me demande ce qu’on peut bien me reprocher, a-t-il expliqué. J’ai confirmé à M. Santini que j’étais tou- jours motivé. Si tel n’avait plus été le cas, j’aurais arrêté ma carrière. Vous savez, j’en ai connu des aven- tures depuis ma première sélection, en 1993 ! » La surprenante confiance de Jacques Santini à son égard s’explique sans doute par la volonté de ne pas créer une « affaire Desailly » dès sa prise de fonction. « Depuis qu’il a succédé à Didier Des- champs, Marcel a été le capitaine d’une équipe qui n’avait que des matches amicaux à jouer. En fait, il n’a vécu cette expérience en compétition officielle que pendant la Coupe du monde », a diplomatique- ment souligné le successeur de Roger Lemerre. De la même manière, il n’a pas voulu fragiliser inutile- ment un groupe qui n’a pas encore digéré son échec asiatique. Enfin, les « potentiellement éligi- bles » (Vieira, Thuram, Zidane) ont tous refusé l’hon- neur qui leur était proposé. Capitaine par défaut, Marcel Desailly ? Peut-être. Mais sa carrière parle pour lui. Il assure qu’il pren- dra le plus grand soin pour encadrer les nouveaux venus appelés à construire l’équipe de France du Mondial 2006. « En 2006, pour moi, ça sera termi- né », dit-il. Est-ce si sûr ? Frédéric Potet FLEUVES et rivières rentrent dans leurs lits en Europe centrale, où le débat s’engage sur la respon- sabilité des hommes dans la catas- trophe provoquée par les inonda- tions. En revanche, la crue de l’Elbe et de ses affluents en Allema- gne poursuit sa course dévastatri- ce vers le nord. La compagnie d’assurances Allianz évalue à 15 milliards d’euros les dégâts déjà constatés : ponts emportés, mai- sons détruites, voies de chemin de fer endommagées, etc. A peine vingt-quatre heures après que le chancelier Gerhard Schröder eut proposé de reporter d’un an des baisses d’impôts prévues pour 2003, le ministère des finances évo- que une possible hausse de 1,5 % de l’impôt sur les sociétés pour empêcher que le budget n’explose sous le coût du sinistre. Interrogé par Le Monde, le centre météo de Leipzig juge que l’ampleur des pluies était imprévisible. A Dresde, notre envoyé spécial raconte com- ment le cataclysme des inonda- tions a suscité un élan de solidarité entre l’est et l’ouest du pays. / . // a Retrouver la société par Noël Mamère IRAK Brève occupation de l’ambassade de Berlin par des opposants p. 3 TCHÉTCHÉNIE 115 morts en un jour : le plus sanglant revers pour l’armée russe p. 4 POLITIQUE Le PCF refuse un parti unique de la gauche p. 6 VOYAGES Au Mali, entre ciel et terre, le monde des Dogons p. 14-15 CINÉMA A Paris, Bertolucci filme l’amour au temps des barricades p. 19 La baisse rapide de l’impôt est contestée à droite « Capitaine » Desailly se demande ce qu’on lui reproche f Débat sur les responsabilités et retour à la normale en Europe centrale f En Allemagne, des dégâts évalués à 15 milliards d’euros Lire page 2 LE CHERCHEUR Laurent Laffor- gue, 36 ans (photo), s’est vu décer- ner, mardi 20 août à Pékin, la médaille Fields, la plus haute distinc- tion dans le domaine des mathéma- tiques. Il est le septième Français couronné par ce qui est considéré comme le prix Nobel de cette disci- pline. Cette récompense est une consécration pour l’école française de mathématiques et, au-delà, pour la recherche publique. Lire page 13 et notre éditorial page 9 Inondations : le coût et la polémique Consécration pour la mathématique française

SÉRIES La baisse rapide de l’impôt de l™ØtØ est contestée ......2002/08/22  · 2003 : « Moi, je préférerais une four-chette de 2,6 % à 3 % avec une hypo-thèse centrale

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Page 1: SÉRIES La baisse rapide de l’impôt de l™ØtØ est contestée ......2002/08/22  · 2003 : « Moi, je préférerais une four-chette de 2,6 % à 3 % avec une hypo-thèse centrale

www.lemonde.fr

58 ANNÉE – Nº 17907 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIJEUDI 22 AOÛT 2002

Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 40 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤,Maroc 10 DH, Norvège 16 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $.

CHERS PARENTS

Simone VeilL’amour infini d’unemère perdue dansla barbarie nazie p. 8

LA SAGA DES AOC

Les huiles d’olivede Provence……tententde reconquérir lemarché français p. 7

SÉRIES ’

LE 21 AVRIL a marqué la fin du« jospinisme » et la débâcle des légis-latives, celle de la gauche plurielle.Depuis, politiques et commenta-teurs se plaisent à souligner l’« effon-drement » des Verts, en oubliantprestement que nous sommes l’undes seuls partis à avoir gagné desvoix aux deux consultations électora-les. Si notre représentation est si fai-ble au Parlement aujourd’hui, c’estmoins par bouderie des électeursqu’en raison d’un système électoralinjuste et du vote utile lié aux cir-constances politiques exceptionnel-les de l’après-21 avril.

Contrairement à ce que les appa-rences nous disent, jamais l’espacepolitique n’a été aussi grand pourles Verts, parce que jamais les ques-tions qu’ils soulèvent ne se sontposées à l’ensemble de la planète

avec autant d’acuité. Mais ils nepourront occuper cet espace qu’à ladouble condition de tirer sérieuse-ment le bilan de leur participationaux cinq années de gouvernementsocialiste et de se donner lesmoyens de produire un projet quis’adresse, enfin, à toute la société.

Avec le recul, force est de recon-naître que le bilan de notre participa-tion gouvernementale est maigre.Que nous le voulions ou non, nousavons consenti à une illusion nom-mée « jospinisme », méthode cons-truite sur l’« équilibre », où le dou-ble langage tenait souvent lieu depolitique. Pour nous renforcer insti-tutionnellement et politiquement,nous avions besoin de croire en cegouvernement, « le plus à gauche dumonde ». Pourtant, dans le domainede l’environnement, il a plus sou-

vent entravé l’action transformatri-ce qu’il ne l’a favorisée. Le refus del’écofiscalité, la continuation de lapolitique autoroutière, le nucléaire,le troisième aéroport, une loi surl’eau inaboutie, le tunnel du Mont-Blanc, la loi chasse, les OGM, l’im-passe sur l’économie sociale et soli-daire… prouvent que nos partenai-res nous ont utilisés comme cautionécologique sans nous payer enretour. En préférant systématique-ment le compromis à la controverse,nous nous sommes laissé aspirer parla spirale de la dépendance et nous yavons perdu de notre crédibilité.

Lire la suite page 9PEINTRE, romancier, musi-

cien, Serge Rezvani publieL’Amour en face et voudraitmarcher dans les pas de sonami Truffaut en portant celivre à l’écran. Lire page 20

MÉCONNU du grand public, mais considéré comme l’un des plusgrands créateurs de la seconde moitié du XXe siècle, le sculpteur bas-que Eduardo Chillida est mort le 19 août. Profondément attaché àla terre basque (photo, à San Sébastien), il laisse une œuvre puissan-te et monumentale, exposée dans le monde entier. Lire page 18

Eduardo Chillida,le titan basque, disparaît

International.............. 2France-Société ........... 5Régions ....................... 7Horizons..................... 8Entreprises ............... 10Marchés ..................... 11

Aujourd’hui............... 13Météorologie-Jeux.. 16Carnet........................ 17Abonnements .......... 17Culture ...................... 18Radio-Télévision ...... 21

Rezvani,la part dela nostalgie

f Pierre Méhaigneriejuge trop optimistesles prévisionsdu gouvernement

f Les experts sonteux aussi pessimistes

f Le président (UMP)de la commission desfinances réclame « lasincérité budgétaire »

f « La baisse del’impôt sur le revenupeut bien attendre2004 ou 2005 »

Lire page 5

est député (Verts)de Gironde.

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DÉPUTÉ (UMP) d’Ille-et-Vilaine etprésident de la commission des finan-ces de l’Assemblée nationale, PierreMéhaignerie conteste, dans un entre-tien au Monde, les choix budgétairesenvisagés par le gouvernement afinde respecter les promesses électora-les de Jacques Chirac. Il estime queles experts « ont raison » d’être pessi-mistes et de ne pas approuver l’hypo-thèse d’une croissance de 3 % pour2003 : « Moi, je préférerais une four-chette de 2,6 % à 3 % avec une hypo-thèse centrale de 2,8 %. » Affirmantque « les éléments d’incertitude sontaujourd’hui dominants », M. Méhai-gnerie réclame « un pas vers la sincéri-té budgétaire » et conteste la prioritédonnée à une baisse rapide de l’im-pôt sur le revenu. « Il faut concentrerles efforts sur le pouvoir d’achat desbas salaires, dit-il. (…) Ce gouverne-ment a besoin du soutien populairepour pouvoir faire les réformes néces-saires, notamment celle de l’Etat. (…)La baisse de l’impôt sur le revenu peutbien attendre 2004 ou 2005. »

TUNISde notre envoyé spécial

Comme si tout allait pour le mieux, MarcelDesailly est venu commenter, mardi 20 août, àTunis, la décision du nouveau sélectionneur del’équipe de France, Jacques Santini, de le conserverà son poste de capitaine des Bleus. Rares étaientceux qui auraient parié sur le maintien du brassardautour du bras du défenseur de Chelsea. Car c’estescorté d’une valise lourde de critiques qu’il étaitrevenu de la Coupe du monde. On lui reprochait,entre autres choses, d’avoir passé plus de temps àgérer ses affaires personnelles qu’à réunir les éner-gies collectives comme l’exigeait sa fonction.« Après un tel échec, il fallait trouver des boucs émis-saires. Après Roger Lemerre, j’étais le suivant », a-t-ilexpliqué à la veille d’affronter la Tunisie pour le pre-mier match des Bleus depuis leur fiasco coréen.

« Capitaine » Desailly s’est ensuite lancé dans unplaidoyer pro domo. « A part une ou deux interven-tions pendant le match contre le Sénégal, je medemande ce qu’on peut bien me reprocher, a-t-ilexpliqué. J’ai confirmé à M. Santini que j’étais tou-jours motivé. Si tel n’avait plus été le cas, j’aurais

arrêté ma carrière. Vous savez, j’en ai connu des aven-tures depuis ma première sélection, en 1993 ! »

La surprenante confiance de Jacques Santini àson égard s’explique sans doute par la volonté dene pas créer une « affaire Desailly » dès sa prise defonction. « Depuis qu’il a succédé à Didier Des-champs, Marcel a été le capitaine d’une équipe quin’avait que des matches amicaux à jouer. En fait, iln’a vécu cette expérience en compétition officielleque pendant la Coupe du monde », a diplomatique-ment souligné le successeur de Roger Lemerre. Dela même manière, il n’a pas voulu fragiliser inutile-ment un groupe qui n’a pas encore digéré sonéchec asiatique. Enfin, les « potentiellement éligi-bles » (Vieira, Thuram, Zidane) ont tous refusé l’hon-neur qui leur était proposé.

Capitaine par défaut, Marcel Desailly ? Peut-être.Mais sa carrière parle pour lui. Il assure qu’il pren-dra le plus grand soin pour encadrer les nouveauxvenus appelés à construire l’équipe de France duMondial 2006. « En 2006, pour moi, ça sera termi-né », dit-il. Est-ce si sûr ?

Frédéric Potet

FLEUVES et rivières rentrentdans leurs lits en Europe centrale,où le débat s’engage sur la respon-sabilité des hommes dans la catas-trophe provoquée par les inonda-tions. En revanche, la crue del’Elbe et de ses affluents en Allema-gne poursuit sa course dévastatri-ce vers le nord. La compagnied’assurances Allianz évalue à15 milliards d’euros les dégâts déjàconstatés : ponts emportés, mai-sons détruites, voies de chemin defer endommagées, etc. A peinevingt-quatre heures après que le

chancelier Gerhard Schröder eutproposé de reporter d’un an desbaisses d’impôts prévues pour2003, le ministère des finances évo-que une possible hausse de 1,5 %de l’impôt sur les sociétés pourempêcher que le budget n’explosesous le coût du sinistre. Interrogépar Le Monde, le centre météo deLeipzig juge que l’ampleur despluies était imprévisible. A Dresde,notre envoyé spécial raconte com-ment le cataclysme des inonda-tions a suscité un élan de solidaritéentre l’est et l’ouest du pays.

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a

Retrouver la société par Noël Mamère

IRAKBrève occupation del’ambassade de Berlinpar des opposants p. 3

TCHÉTCHÉNIE115 morts en un jour :le plus sanglant reverspour l’armée russe p. 4

POLITIQUELe PCF refuse un partiunique de la gauche p. 6

VOYAGESAu Mali, entre cielet terre, le mondedes Dogons p. 14-15

CINÉMAA Paris, Bertolucci filmel’amour au tempsdes barricades p. 19

La baisse rapide de l’impôtest contestée à droite

« Capitaine » Desailly se demande ce qu’on lui reproche

f Débat sur lesresponsabilités etretour à la normaleen Europe centrale

f En Allemagne,des dégâts évaluésà 15 milliards d’euros

Lire page 2

LE CHERCHEUR Laurent Laffor-gue, 36 ans (photo), s’est vu décer-ner, mardi 20 août à Pékin, lamédaille Fields, la plus haute distinc-tion dans le domaine des mathéma-tiques. Il est le septième Françaiscouronné par ce qui est considérécomme le prix Nobel de cette disci-pline. Cette récompense est uneconsécration pour l’école françaisede mathématiques et, au-delà, pourla recherche publique.

Lire page 13et notre éditorial page 9

Inondations : le coût et la polémique

Consécrationpour lamathématiquefrançaise

Page 2: SÉRIES La baisse rapide de l’impôt de l™ØtØ est contestée ......2002/08/22  · 2003 : « Moi, je préférerais une four-chette de 2,6 % à 3 % avec une hypo-thèse centrale

DRESDEde notre envoyé spécial

Les inondations peuvent-elleschanger le visage de l’unité alle-mande ? Lübbo Roewer, représen-

tant de la Croix-Rouge à Berlin, enest persuadé : « Cette catastrophenaturelle va sans aucun doute con-tribuer au rapprochement de l’Est etde l’Ouest. »

Les nouveaux Länder issus del’ex-Allemagne de l’Est, qui ontsouvent le sentiment d’être lesparents pauvres de la nouvelle Alle-magne, sont l’objet d’une mobilisa-tion sans précédent. « Le fossé psy-chologique entre les deux parties del’Allemagne est encore très impor-tant, près de douze ans après l’unifi-cation. C’est précisément ce genred’émotions communes qui peuventfaciliter une meilleure compréhen-sion, amplifier le désir de vivreensemble. N’oublions pas que lescrues ont commencé en Bavière,pour se prolonger à l’Est et qu’ellesrisquent de redevenir d’actualité àl’Ouest. C’est la première vraie catas-trophe de l’Allemage unifiée », esti-me Matthias Schüth, de l’organisa-tion caritative Caritas. Plus modes-tes, les dernières inondations sur-venues dans les nouveaux Länder,sur l’Oder, en 1997, n’avaient passuscité un tel élan de solidarité.

Les régions de l’Est ont très vitebénéficié d’un soutien techniquevenu de toute l’Allemagne. La poli-ce de Hambourg est descendue àDresde avec ses embarcations desecours. Les pompiers des régions

occidentales sont venus en massepour prêter main-forte à leurs collè-gues de l’Est. Des milliers d’appeléssont mobilisés pour charrier lessacs de sable ou nettoyer les dégâtsaprès la décrue. « Notre présence esttout à fait normale, vu l’étendue dessinistres : des centaines de milliers defamilles, voire des millions, sont tou-chées », explique un pompier volon-taire munichois à Dresde. Détailrévélateur, les 8 000 volontairesenvoyés dans les nouveaux Länderpar la Croix-Rouge – un recordpour une intervention en Allema-

gne – proviennent quasiment tousdes régions de l’Ouest. « Beaucoupde nos membres n’avaient jamais étéde l’autre côté de l’ancien rideau defer ; ce ne sont pas des lieux de vacan-ces entrés dans les habitudes »,observe M. Roewer.

Cette présence ne passe d’ailleurspas inaperçue : « Les populationssont très sensibles à ces marques desolidarité. Les secours ont parfois con-nu des problèmes de coordination,mais la mobilisation démontre que lasociété civile répond bien présent, enparticulier à l’Ouest, c’est très encoura-

geant », constate un ministre du gou-vernement régional de Saxe.

Boissons fraîches, repas, lessecouristes sont bien souvent prisen charge par les habitants. « Nousintervenons partout dans le monde,nous étions, par exemple, en Francelors de la tempête de décem-bre 1999 : à chaque fois, le contactest le même avec les victimes, mais,là, nos équipes sur place ressententquelque chose de très fort », ditHans-Georg Hartmann, porte-parole du THW (TechnischesHilfswerk), dont les véhicules bleu

marine sont incontournables surles sites inondés. Sur les 10 000volontaires de cette organisationparapublique envoyés sur place,plus de 8 000 seraient originairesdes Länder de l’Ouest.

L’aide s’amplifie, à mesure que lacrue progresse. Les appels aux donsse sont multipliés, dans la presse, à latélévision. « En une semaine, les prin-cipales organisations caritatives ont col-lecté plus de 50 millions d’euros au pro-fit des victimes. Cela correspond auxcampagnes pour les catastrophes detrès grande envergure », estime Mat-thias Schüth. « La majorité des donsproviennent de l’Ouest, les donateurssont sensibles à ce nouveau coup dusort contre les régions les plus défavori-sées du pays. Ils savent qu’elles vontpouvoir réagir, comme elles l’ont faitdepuis la chute du mur de Berlin ».

Espérant profiter de l’actuelle

émotion, des organisations plusmodestes viennent d’ailleurs de se ras-sembler sous une bannière au sloganrévélateur : « L’Allemagne aide ! »

De nombreuses grandes entrepri-ses mettent la main à la poche : legéant de la chimie/pharmacie BASFa promis de verser un milliond’euros. Deutsche Telekom veutoffrir des unités de téléphonie. Opelfournit une voiture gratuite pen-dant trois semaines à ceux qui ontperdu leur véhicule. Et promet uncrédit gratuit en cas d’achat d’unnouveau modèle… Sensible à cettemobilisation, le chancelier Schrödera souligné, de passage à Leipzig,mardi, que la priorité n’était pas seu-lement d’évaluer les dégâts, « maisde capitaliser sur le sens de la commu-nauté pour reconstruire ce qui a étédétruit par la nature ».

P. Ri.

PRAGUE

BERLIN

VIENNEBRATISLAVA

BUDAPEST

VARSOVIE

Dresde

Dessau

Wittenberge

Hanovre

Francfort

Hambourg

Passau

Salzbourg

E lbe

Ma in

Rhin

Weser

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Vtlava

Inn

Oder

Danu

be

V istu le

V istu le

R É P . T C H È Q U E

A U T R I C H E

H ON G R I E

A L L EM A GN E

P O L O G N E

S L O V A Q U I E

Bassindu Danube

Renforcementdes digues

Bassinde l'Elbe

CanalMain-Danube

CanalMittelland

D a n ube

Danube

O

d e r

Fleuves

Principaux barrages

Classes deVoies navigablesde 250 à 27 000 T

Principaux canaux Zones inondées

DEUX PAYS À L'ÉPREUVE DE CRUES RECORDS

« Nos équipes [de

secouristes] sur place

ressentent quelque

chose de très fort »

1 Le centre de météorologie deLeipzig, dont vous êtes l’un

des responsables, est chargé desprévisions pour une partie du bas-sin de l’Elbe. Comment la crueactuelle s’explique-t-elle ?

D’abord, les précipitations dansle bassin de la Vltava, qui arrose Pra-gue avant de se jeter dans l’Elbe,ont été très importantes. Ensuite,les pluies ont été très fortes dansles monts situés au sud de Dresde.Il a plu par endroits jusqu’à408 litres/m2. La conjonction de cesdeux fronts pluvieux a gonflé l’Elbedans des proportions jamais vues.

2 Cette catastrophe aurait-ellepu être évitée ?

L’ampleur des précipitationsrend ces événements exception-nels. Il était très difficile de prévoirquoi que ce soit, même si on peuttoujours imaginer des mesures pré-ventives. Dans la vallée de laMüglitz, par exemple, où unaffluent de l’Elbe a tout emportésur son passage, un barrage auraitpu améliorer les choses. Mais l’Elben’est pas trop bétonnée, contraire-ment à d’autres fleuves européens.

3 Vous avez fait une partie devotre carrière en ex-RDA. La

gestion de ces crises était-elle dif-férente ?

J’ai l’impression que l’on négligemaintenant l’importance de lamétéorologie. La météo a presqueune fonction de divertissement, enparticulier dans les médias. Sous laRDA, le régime était sans doutetrop pauvre pour se payer le luxe dedépenser des fortunes afin de répa-rer les dégâts. Un des mots d’ordreétait : « La RDA a quatre ennemis :l’hiver, le printemps, l’été et l’autom-ne. » L’Allemagne réunifiée a davan-tage de moyens pour reconstruire,si bien que l’on est peut-être moinsattentif à l’aspect préventif.

Propos recueillis par P. Ri.

Douze ans après la réunification, l’élan de solidarité rapproche l’Est et l’Ouest

FRANCFORTde notre correspondant

Le débat sur le coût, et surtout lefinancement, de l’aide aux régionssinistrées par les inondations batson plein en Allemagne. La ques-tion est d’autant plus d’actualitéque la crue de l’Elbe et de sesaffluents continue de progresservers le nord. Bien que l’ampleur dela vague faiblisse, l’état d’alerte estde rigueur dans plusieurs villes. Enparallèle, les premières estima-tions, forcément incomplètes puis-que la crue se poursuit, commen-cent à circuler : la compagnie d’as-surance Allianz évalue les dégâts à15 milliards d’euros. Ponts empor-tés ou ébranlés, maisons détruites,la facture sera sans précédent : par

exemple, 500 kilomètres de railsont été endommagés, selon les pre-mières constatations de la compa-gnie ferroviaire allemande. Mardi20 août, le ministère des finances alancé un ballon d’essai sur uneéventuelle augmentation de l’im-pôt sur les sociétés (dont le barè-me passerait de 25 % à 26,5 %) : cet-te nouvelle mesure rapporteraitun demi-milliard d’euros.

Surtout, c’est l’initiative annon-cée la veille par Gerhard Schröderqui suscitait les plus vives réac-tions : le chancelier a proposé dereporter d’un an les baisses d’im-pôts prévues pour entrer envigueur au 1er janvier 2003. Le dis-positif permettrait de dégager6,9 milliards d’euros pour soutenir

les régions les plus touchées. « Ledésastre a changé la vie de tout unchacun en Allemagne », avait expli-qué le chef du gouvernement, afinde justifier la suspension temporai-re d’une des tranches de l’ambitieu-se réforme fiscale adoptée en 2000.

Pedro Solbes, le commissaire

européen chargé des affaires éco-nomiques et monétaires, a saluél’initiative, mardi : ces décisions« démontrent que les gouverne-ments nationaux peuvent réagir effi-cacement dans le cadre du pacte destabilité et de croissance euro-péen ». Déjà placée sous haute sur-veillance par Bruxelles, la premiè-re économie de la zone euro avait

échappé de justesse, en février, àun avertissement en matière bud-gétaire. Les crues records des der-niers jours pourraient la placerdans une position encore plus déli-cate. Hans Eichel, le ministre desfinances, espère tenir les engage-ments européens cette année –maintenir le déficit public en deçàde 3 % du PIB – tout en prévenantque « ce sera serré ».

L’opposition réagit de façon miti-gée. Le candidat de la CDU-CSU,Edmund Stoiber, a été catégori-que : « Il n’est pas acceptable que lasolidarité nécessaire avec les victi-mes soit supportée par les seulesPME et par les contribuables nor-maux. » Les grandes entreprisesdevraient à ses yeux contribuer à

l’effort de reconstruction. Cepen-dant, sa formation est prête à négo-cier avec le gouvernement, en vued’un débat parlementaire extraor-dinaire prévu le 29 août au Bundes-tag. Le texte doit ensuite passerdevant le Bundesrat, la Chambrehaute, où sont représentés les Län-der : or deux régions touchées parla crise sont gouvernées par desministres-présidents chrétiens-démocrates, qui seraient tentésd’approuver la proposition specta-culaire de M. Schröder. A moins decinq semaines du scrutin législatifdu 22 septembre, CDU et CSU sem-blent prêtes à négocier un compro-mis plutôt que de se diviser.

De l’avis général, M. Schröderpourrait tirer profit de ce type de

mesures, alors qu’il est toujours endifficulté dans les sondages. Visitessur le terrain, plans d’action, dis-cours rassembleurs, sa gestion de lacrise le met en vedette par rapportà son rival conservateur. Et le relan-ce dans une campagne électoraleauparavant peu à son avantage.

Néanmoins, certains économis-tes craignent que le report desréductions fiscales ne fasse qu’af-faiblir une conjoncture économi-que déjà très fragile. Un argumentque M. Schröder balaie d’unrevers de main : selon lui, lesdépenses effectuées à l’est, par-tout où l’eau est passée, servi-raient aussi à relancer l’économie.

Philippe Ricard

Alors que les fleuves et rivières rentrent peu à peudans leurs lits en Europe centrale, l’heure est aux . En Allemagne, dont le nord esttoujours touché par la crue de l’Elbe, l’assureur

Allianz évalue les dégâts à 15 milliards d’euros. En , où la polémique s’engagesur les causes du sinistre, on les estime à 2 ou 3 mil-liards d’euros. Partout, les gouvernements devront

faire face à de . Ladécision du chancelier allemand, Gerhard Schröder,de reporter d’un an la nouvelle tranche de baisse desimpôts, pour ne pas grever le budget et mettre en

péril le pacte de stabilité européen, a été saluée parla Commission à Bruxelles. A un mois des du 22 septembre, l’Allemagne affronte l’épreuvedans une nouvelle solidarité entre l’Est et l’Ouest.

PRAGUEde notre correspondant

La catastrophe provoquée par lesinondations était-elle inévitable ?L’eau s’étant écoulée, la questionoccupe les esprits des victimes de lacrue destructrice de la Vltava et del’Elbe, et la polémique sur les cau-ses du cataclysme bat son pleindans la presse praguoise. Cinq ansaprès les terribles inondations quiavaient ravagé la Moravie, dansl’est de la République tchèque(56 morts et 2 milliards d’euros dedégâts), éditorialistes comme écolo-gistes doutent que les leçons aientété vraiment tirées. Si les servicesde protection civile se sont activésplus rapidement et de manière biencoordonnée grâce à l’expérienceacquise, minimisant les victimes(13 morts en 2002), les dégâts sontencore plus importants.

Le premier ministre, VladimirSpidla, a, lundi, évalué le coût dela reconstruction entre 2 milliardset 3 milliards d’euros. Près de lamoitié des districts du pays ont étééprouvés, 504 communes tou-chées et 225 000 personnes éva-

cuées, dont 50 000 étaient tou-jours, mardi 20 août, abritées dansdes cités universitaires ou des éco-les. Plus d’un millier de maisonsont été détruites par les flots etdes centaines devront probable-ment l’être dans les jours et semai-nes à venir. A Prague, le nombred’immeubles fragilisés par les eauxet rendus inhabitables croît cha-que jour.

Au plus fort de la crue, le principal

mouvement écologiste tchèque,Duha (Arc-en-ciel, les Amis de laTerre), a diffusé un communiquérappelant que « les inondations nesont pas dues au seul changementbrutal de météo, mais qu’elles ont descauses écologiques ». La Républiquetchèque, pays particulièrementindustrialisé, qui a vécu pendantquarante ans de communisme sousl’emprise d’une idéologie selonlaquelle on peut « commander lapluie et le vent », a manipulé sanslimite son paysage. Au cours duXXe siècle, la longueur des coursd’eau a été réduite d’un tiers par la

suppression des méandres, alorsque ceux-ci réduisent la violence dudébit.

La dictature des ingénieurs et dulobby du béton n’a pas pour autantpris fin avec la « révolution develours », estiment les écologistes.La réponse aux inondations dejuillet 1997 a été de vouloirconstruire de nouveaux barrages,dont l’efficacité contre les crues estlimitée, et de chercher à mieux cana-liser les rivières en élevant de nou-velles digues.

Mais l’agriculture intensive prati-quée dans le pays, soutenue par lacollectivisation quasi totale des ter-res, a conduit à la suppression systé-matique des fossés, haies et autresbuttes autour des champs, ainsi quedes étangs et marais jadis fort nom-breux. La Bohême a toujours connud’importantes précipitations et inon-dations, que les dernières décen-nies, relativement sèches, ont effa-cées de la mémoire. La course à laproduction, que la perspective del’entrée dans l’Union européennen’a en rien freinée, pousse les agri-culteurs à labourer 72 % des terres

agricoles, contre 60 % en moyennedans l’Union européenne. La mono-culture d’épicéas, qui a remplacédans les montagnes les forêts mix-tes d’antan (chênes, hêtres etsapins), contribue également au ruis-sellement rapide des eaux. Les épi-céas retiennent jusqu’à dix foismoins d’eau que les autres arbres.

Le président Vaclav Havel, qui asurvolé en hélicoptère les zonesinondées le long du cours de la Vlta-va et de l’Elbe, s’est déclaré « cho-qué de voir autant de maisons neuvessous l’eau ». L’accélération, ces der-nières années, de la construction demaisons, d’usines, de stations-servi-ce et surtout de grandes surfaces surdes terres inondables devrait enfinconnaître un coup d’arrêt. Les minis-tres de l’environnement et de l’agri-culture doivent achever laconfection, entamée il y a cinq ans,d’une carte des zones inondables dupays. Les autorités localesdisposeront ainsi d’instruments per-mettant de refuser des permis deconstruire sur ces terrains.

Martin Plichta

...

Allemagne : union nationale pour payer le coût des inondationsLa crue dévastatrice, qui poursuit sa course vers le nord dans la vallée de l’Elbe, a rapproché l’Est et l’Ouest du pays anciennement divisé.

La facture de la catastrophe est évaluée, par l’assureur Allianz, à 15 milliards d’euros. L’imposition des entreprises pourrait être augmentée de 1,5 %

I N T E R N A T I O N A Le u r o p e

A Prague, la polémique s’engage sur les causes du sinistreLa rectification des rivières et l’agriculture intensive seraient responsables de l’ampleur des dégâts

2/LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002

Page 3: SÉRIES La baisse rapide de l’impôt de l™ØtØ est contestée ......2002/08/22  · 2003 : « Moi, je préférerais une four-chette de 2,6 % à 3 % avec une hypo-thèse centrale

LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002/3

L’armée israélienne a tué, à Ramallah, le frère d’Ahmed Saadat, chef du FPLP

GAZAde notre envoyé spécial

Les politiques palestiniens necroient pas au plan « Gazad’abord », qui prévoit un retraitmilitaire israélien de la bande deGaza et de Bethléem, en échanged’une promesse de l’Autorité pales-tinienne d’y assurer la sécurité,c’est-à-dire d’empêcher les atta-ques anti-israéliennes à partir deces territoires. Non seulement lesfactions intégristes Hamas et Dji-had islamique ont appelé à intensi-fier la lutte armée, mais des diri-geants du Fatah, le mouvement deYasser Arafat, expriment publique-ment leur scepticisme. La popula-tion est encore plus dubitative.

« “Gaza d’abord” est un accordde sécurité sans aucune perspectivepolitique, qui est donc voué àl’échec. Et chaque Palestinien saitqu’Ariel Sharon ne lui accorderajamais aucun espoir politique, ditun chef politique du Hamas, IsmaïlAbou Chanab. Notre réponse estsimplissime : la résistance continue-ra aussi longtemps que l’occupationcontinuera ! » Même si le Hamasest loin d’être très apprécié au seinde la population palestinienne,Ismaïl Abou Chanab exprime unsentiment général : la sécuritéentre Israël et la Palestine ne peutvenir que d’un retrait militaireisraélien, suivi d’un cessez-le-feuet d’un accord politique de paix.

« Souvenons-nous qu’avant la créa-tion de l’Autorité palestinienne, l’ar-

mée israélienne était ici, chez nous,dans nos rues, et que nous résistions.Souvenons-nous que nous savons êtrepatients. Je crois qu’il y aura bientôt,même si je n’en connais pas lesmoyens, un nouveau souffle de la résis-tance palestinienne. » Pour IsmaïlAbou Chanab, les braises de l’Intifa-da doivent être attisées encore unan, tant que M. Sharon gouverne.

Ensuite, « les Palestiniens sontconscients qu’un autre gouverne-ment israélien peut changer de poli-tique et leur accorder leurs droits

élémentaires ». Un point de vueque ne partage pas un autre diri-geant politique du Hamas, AbdelAziz Rantisi, pour lequel « Israël,quel que soit son gouvernement, res-tera une entité sioniste qui cherche-ra à prolonger et étendre l’occupa-tion de la Palestine ». Alors, la solu-tion ? « Aucune, assène M. Rantisi,et notre peuple le sait, car il connaîttrès bien cet ennemi. » L’accord« Gaza d’abord » n’est, selon lui,qu'« une tactique israélienne desti-née à gagner du temps, à renforcerl’occupation et à diviser les Palesti-niens, voire à déclencher une guerrecivile entre les Palestiniens ».

Du côté du Fatah, les avis ne sontpas très différents, même si AhmadHills, le chef du parti pour la bandede Gaza, note justement que « lesdélégués palestiniens qui ont signé“Gaza d’abord” appartiennent toutde même au Fatah ». Ahmad Hillsn’en donne pas moins son opinionsans sourciller : « Quelques tanksvont peut-être se déplacer de quel-ques centaines de mètres, pour lescaméras de télévision, mais notre expé-rience est qu’Israël ne tient jamais sespromesses en matière de retrait desterritoires palestiniens. Jamais !, décla-re-t-il. A mon avis, le retrait israélienne doit faire l’objet d’aucun accordsigné. Il doit être unilatéral, effectif, etc’est tout ! Ensuite, il sera temps denégocier un nouvel accord politique.De toute façon, je suis persuadé que“Gaza d’abord” est un accord qui netiendra pas trois jours. »

Le porte-parole du Fatah àGaza, Diab Nemer Allouh, estimepour sa part que « l’armée israélien-ne, même si elle se retire d’unendroit, poursuivra ses opérations etses tueries ailleurs ». Il pensequ'« Israël cherche à tromper l’opi-nion internationale », et voit aumoins deux raisons pour un échecde « Gaza d’abord » : « Le faitqu’Israël n’a pas achevé ses opéra-tions militaires en territoire palesti-nien » et « l’hostilité du peuplepalestinien ». De fait, l’accord étaitcommenté, lundi à Gaza, par desmoues dépitées. « Comment Arafatpeut-il s’abaisser à signer un accord

alors qu’il est assiégé et que son peu-ple souffre ? », s’indigne un hom-me. « Cette Autorité palestinienne,ça devient pathétique. Jusqu’oùiront-ils juste pour espérer plaireaux Etats-Unis ? », dit une femme.

« »Le chef du comité politique du Par-

lement palestinien, Ziad Abou Amr,parlementaire indépendant et modé-ré, résume le sentiment populaire :« Il n’y a aucune raison d’être optimis-te parce que nous avons de multiplesindications sur le fait que Sharon n’estpas intéressé par la paix ». Ziad AbouAmr pense que le premier ministreisraélien « n’a aucun intérêt à signeret appliquer des accords avec les Pales-tiniens, car ce serait reconnaîtrel’échec de sa politique ».

Lui aussi attend « un constatd’échec dans les trois jours », parcequ’il craint « une simple tactique des-tinée à démontrer au monde qu’Ara-fat ne peut pas garantir la sécuritéd’Israël » et « une réelle incapacitépalestinienne à calmer la situation etprévenir les attentats en l’absence depromesse politique ». Lui, qui estpar principe favorable au dialogueavec Israël, pense que « les Palesti-niens ne sont pas en guerre depuisdeux ans pour en arriver à de petitsarrangements de sécurité qui ne met-tent pas vraiment fin à l’occupationisraélienne, mais pour obtenir unEtat et leur liberté ».

Rémy Ourdan

LE CAIREde notre correspondant

« On a l’impression d’être revenu àl’époque de Nasser ! » Le vieil hom-me d’affaires, dont les biensavaient été séquestrés et qui avaitété jeté en prison sous le régime defeu Gamal Abdel Nasser(1954-1970), n’a jamais surmontéson traumatisme. Toute sa sympa-thie va donc à Saad Eddine Ibrahim(63 ans), ce militant égypto-améri-cain des droits de l’homme condam-né, fin juillet, à sept années de pri-son ferme pour « diffamation del’Egypte ». « Moi aussi, j’ai été mis enprison pour complot contre la révolu-tion, alors que je n’avais fait qu’expri-mer mon mécontentement quand onm’a séquestré », explique cet indus-triel, qui s’inquiète aujourd’hui du« climat » qui règne dans le pays.

Les milieux d’affaires égyptienssont, pour leur part, consternés parla décision américaine de suspen-dre toute aide supplémentaire àl’Egypte à cause de l’affaire Ibra-him. « La réaction américaine esttotalement disproportionnée et ris-que de provoquer une réaction enchaîne qu’il sera difficile de conte-nir », explique un membre égyptiende la Chambre de commerce améri-caine au Caire. « Le marché n’a pasréagi car la décision américaine estplus symbolique que pratique ; maisgare à l’escalade ! »

La décision du président améri-cain George W. Bush ne concernepas les 2 milliards de dollars d’aide(plus de 2 milliards d’euros) quisont vitaux pour l’Egypte. Près de1,3 milliard de dollars sont consa-crés aux questions militaires et per-mettent d’accorder des privilèges àune armée qui reste le principal sou-tien du régime, tandis que les690 millions de dollars d’aide écono-mique sont d’un apport précieuxpour une balance des paiements deplus en plus déficitaire. Les 120 à

150 millions de dollars d’aide sup-plémentaire bloqués par la MaisonBlanche devaient justement servir àsoutenir la balance des paiements,affectée par la chute du tourismeconsécutive aux attentats antiaméri-cains du 11 septembre 2001.

La décision de Washington a sur-tout renforcé le sentiment antiamé-ricain de la majorité des Egyptiens,dont la presse se fait quotidienne-ment l’écho, non sans verser dansl’excès, tel ce commentaire de l’heb-domadaire Akhbar Al-Yom traitantle secrétaire à la défense, DonaldRumsfeld, de « nouveau Hitler ».

« , »L’hebdomadaire soulignait en-

core, le 17 août, « les contradictionsde l’Amérique, qui se veut cham-pionne mondiale de la démocratietout en s’ingérant dans les décisionsde justice à l’étranger ». Le rédac-teur en chef du quotidien officieuxAl-Akhbar a pour sa part condamnéune politique américaine des« deux poids, deux mesures » dans ladéfense des droits de l’homme.

La décision américaine a mêmeréussi à réconcilier momentané-ment le gouvernement et l’opposi-tion. Le parti libéral Wafd, chef defile de l’opposition parlementaire,a même réclamé la formation d’unecommission pour examiner lesmoyens permettant de « se passerdéfinitivement de toute l’aide améri-caine ». Ce souci est partagé par leRassemblement progressiste (ex-marxiste) et même par la confrériedes Frères musulmans, malgré lacampagne d’arrestations qui lavise. Les seuls grands silencieuxsont les défenseurs égyptiens desdroits de l’homme, qui sont parta-gés entre leurs idéaux et la craintede se voir taxer de « suppôts desAméricains ».

Alexandre Buccianti

DES UNITÉS d’infanterie israéliennes,appuyées par des blindés, ont pénétré, dans lanuit du mardi 20 au mercredi 21 août, dans lalocalité palestinienne de Khan Younès, dans lesud de la bande de Gaza, tirant au canon et à lamitrailleuse en direction de maisons, dont beau-coup sont en ruine, qui font face au bloc d’im-plantations de Goush Katif.

« L’armée a entrepris une opération de recher-ches dans les faubourgs de Khan Younès à la suitede la multiplication des attaques dans le sec-teur », indique un communiqué. L’armée rappel-le à cette occasion qu’un soldat a été tué, mardi,près de la colonie de Névé Dekalim, par untireur palestinien embusqué à Khan Younès.Elle a reçu pour instruction de « détruire desmaisons abandonnées qui servent d’abri ou depositions de tir » à des éléments palestiniens,ajoute le communiqué. Aux premières heures

de la matinée de mercredi, un Palestinien a ététué et quatre autres blessés lors du dynamitaged’un immeuble.

Dans le nord de la Cisjordanie, un combat-tant palestinien a été tué et quatre personnesont été blessées lors d’un raid de plusieurs heu-res mené par l’armée israélienne dans le campde réfugiés de Tulkarem.

A Ramallah, un commando israélien dont les

membres étaient déguisés en civils palestinienset qui appartiennent à l’unité Douvdevan (Ceri-se) a tué, mardi, Mohammed Saadat, le frère duchef du Front populaire pour la libération de laPalestine (FPLP), Ahmed Saadat, emprisonnédepuis le mois de mai à Jéricho par l’Autoritépalestinienne. Avec cinq autres Palestiniens,Ahmed Saadat est gardé par des geôliers palesti-

niens sous la supervision de Britanniques etd’Américains. Israël l’accuse d’avoir donné l’or-dre de tuer l’ancien ministre israélien du touris-me, Rehavam Zeevi, dont l’assassinat, en octo-bre 2001, a été revendiqué par le FPLP.

D’après les versions concordantes des Palesti-niens et de l’armée israélienne, son frère,Mohammed, membre lui aussi du FPLP, a ététué lors de l’échange de tirs avec le commandovenu l’arrêter. Mohammed Saadat a blessé deuxde ses assaillants. Le FPLP a juré de le venger.

L’armée israélienne a également mené desopérations à Hébron et à Jénine, où quatre ado-lescents palestiniens et une militante irlandaisepropalestinienne ont été blessés. Plusieurs dizai-nes de Palestiniens ont été appréhendés pourinterrogatoire. L’armée a également fait sautervingt-cinq engins explosifs découverts dans unecache. – (AFP.)

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« Un autre gouvernementisraélien peut changer depolitique et accorder [auxPalestiniens] leurs droitsélémentaires »

FRANCFORTde notre correspondant

Un mystérieux groupusculeopposé au président irakien Sad-dam Hussein a mis en émoi forcesde l’ordre et diplomates, mardi20 août, à Berlin.

Cinq hommes de l’Oppositiondémocratique irakienne en Allema-gne (ODIA) ont pris le contrôle del’ambassade d’Irak, située dans lequartier chic de Zehlendorf, au sud-ouest de la capitale allemande. Pen-dant plus de cinq heures, le comman-do a séquestré quatre personnes.Parmi elles figurait le chargé d’affai-re d’Irak en Allemagne, ChamelMohammed, considéré comme lereprésentant officiel de l’Irak à Ber-lin depuis que les deux pays ont rap-pelé leurs ambassadeurs respectifsau moment de la guerre du Golfe,en 1991. En fin de soirée, après unlong suspense, les forces spécialesde la police ont mis fin à l’action del’ODIA, en prenant d’assaut l’ambas-sade, sans le moindre coup de feu etsans effusion de sang. Deux person-nes ont été légèrement blesséesdans l’après-midi, après que des déto-nations eurent été entendues à l’inté-rieur du bâtiment. Les assaillants ontété emmenés par la police.

« Le premier pas contre le régimede Saddam Hussein » : c’est ainsique l’ODIA a revendiqué son ges-te. « Nous n’occupons pas l’ambas-sade, nous libérons cette partie dusol irakien. Nous faisons cela pourmontrer le désir de liberté du peupleirakien », a déclaré un des mem-bres du commando à la chaîne detélévision qatarie Al-Jazira. « Notreaction est pacifique et limitée dansle temps. Notre objectif est la libéra-tion de Bagdad », indiquait parailleurs l’ODIA dans un communi-

qué adressé à l’agence de presseallemande DPA. L’objectif de cetteopération semble avoir été de sen-sibiliser le chancelier GerhardSchröder (SPD) et l’opinion publi-que allemande à la nécessité de ren-verser le régime de Bagdad.

« »Pour le moment, le chancelier

allemand s’oppose à toute partici-pation de son pays à une éventuel-le guerre contre l’Irak. En pleinecampagne électorale, à moins decinq semaines du scrutin, il chercheà mobiliser les courants pacifistes,quitte à susciter des tensions dansles relations avec les Etats-Unis. Saposition est d’ailleurs critiquée parl’opposition, qui lui reproche de pri-vilégier ses intérêts électoraux, audétriment de la continuité de lapolitique extérieure allemande.

Dans l’après-midi, alors que lespoliciers encerclaient l’ambassaded’Irak, le ministère allemand desaffaires étrangères a qualifié l’inci-dent d'« inacceptable ». Bagdad aaffirmé que cette action était l’œu-vre « de mercenaires à la solde desAméricains et des services secrets sio-nistes ». Washington a de son côtécondamné la prise d’otages, esti-mant qu’elle mettait en péril les« efforts légitimes » menés par l’op-position irakienne afin de renver-ser Saddam Hussein.

La coalition la plus connue del’opposition irakienne, le Congrèsnational irakien (CNI), qui bénéfi-cie de l’appui d’une partie de l’ad-ministration américaine, s’estdémarquée de cet acte dès la nou-velle connue. « La politique de l’op-position consiste à combattre la dic-tature à l’intérieur de l’Irak, et non

pas à l’étranger, et nous nous entenons à cette politique », a déclaréà l’Agence France-Presse un res-ponsable du CNI sous couvertd’anonymat. A l’en croire, l’ODIA,qui était inconnue jusqu’à mardi, aété créée il y a quelques mois pardes opposants et des réfugiés poli-tiques vivant en Allemagne.

Ce groupe, dont on ignore l’im-portance numérique et surtout lareprésentativité, vient s’ajouter àla multitude de formations, de par-tis et de personnalités en exil,opposants déclarés au régime ira-kien, mais qui ne sont pas toujourssur la même longueur d’onde, tantpour ce qui est de la manière d’enfinir avec le gouvernement actuelque pour ce qui concerne l’avenirde l’Irak.

Philippe Ricard

Les forces spécialesde la policeallemande ontencerclé l’ambassaded’Irak à Berlin,dans l’après-mididu mardi 20 août.En fin de soirée,elles ont investil'ambassade,mettant fin à l’actionde l’Oppositiondémocratiqueirakienne enAllemagnesans le moindrecoup de feu.

La sanction américaine sur l’aidefinancière à l’Egypte

inquiète les milieux d’affairesM. Bush bloque plus de 120 millions de dollars

Des opposants à Saddam Hussein ont occupépendant quelques heures l’ambassade d’Irak à Berlin

L’intervention de la police allemande a mis fin à l’opération sans effusion de sang.D’autres opposants irakiens en exil ont condamné l’action du groupe, jusqu’alors inconnu

Gaza sceptique face au plan-test israélo-palestinienHamas, le Djihad islamique et même le Fatah redoutent une manœuvre de la part d’Ariel Sharon

I N T E R N A T I O N A L

Page 4: SÉRIES La baisse rapide de l’impôt de l™ØtØ est contestée ......2002/08/22  · 2003 : « Moi, je préférerais une four-chette de 2,6 % à 3 % avec une hypo-thèse centrale

4/LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002

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Une imagede la télévision russemontre le siteproche de la basede Khankala, enTchétchénie, où s’estécrasé, lundi 19 août,un hélicoptère MI-26.La catastrophe,vraisemblablementdue à un tir demissile antiaérientchétchène, a tué115 personnes : c’estle plus lourd bilanenregistré en un jourpar l’armée russe entrois ans de guerre.

MOSCOUde notre correspondante

Une journée de deuil national aété déclarée en Russie, pour le jeu-di 22 août, trois jours après la chu-te, en Tchétchénie, d’un hélicoptè-re de transport militaire MI-26 quia fait 115 morts, soit les plus lour-des pertes enregistrées en une seu-le journée par les forces russesdepuis le déclenchement de laguerre, il y a trois ans.

Selon des sources militairescitées par l’agence Interfax, l’appa-reil aurait été abattu, lundi, par unmissile antiaérien tiré du sol par descombattants tchétchènes. Cette ver-sion a été jugée « la plus probable »par le procureur général VladimirOustinov, dépêché sur les lieux.Mais « nous étudions aussi d’autresversions », a-t-il ajouté. Une procé-dure judiciaire a été ouverte pour« meurtre et terrorisme ».

’Le président Vladimir Poutine,

apparu à la télévision quelques ins-tants après l’annonce de l’incident,a ordonné une enquête « objectiveet minutieuse ». Le ministre de ladéfense, Sergueï Ivanov, qui s’estrendu en Tchétchénie, a relevé« temporairement » de ses fonc-tions le commandant des forcesaériennes de l’armée de terre, legénéral Vitali Pavlov. Cette sanc-tion, a-t-il toutefois précisé, est dueà des « irrégularités observées »,« et non pas aux causes » de la catas-trophe du MI-26. Côté tchétchène,l’incident a été décrit comme une« attaque planifiée », revendiquéepar les indépendantistes.

Il s’agit d’un revers importantpour l’armée russe en Tchétchénie,alors que le président Poutine avaitannoncé, voici des mois, que la pha-se « militaire » de « l’opération anti-terroriste » était « achevée ». Mos-cou a entrepris, cet été, de faire ren-trer en Tchétchénie des milliers deréfugiés installés dans la Républi-que voisine d’Ingouchie.

Un « référendum » est annoncé

dans la République, organisé parl’administration tchétchène instal-lée par les troupes russes. Les orga-nisations de défense des droits del’homme parlent de « plusieursmilliers » d’hommes tchétchènesdisparus depuis le début du conflit,victimes des rafles quotidiennes,des tortures et des exécutions som-maires perpétrées par les forcesfédérales.

Les dernières semaines ont étémarquées par un regain d’accrocha-ges armés. Les combattants tchét-

chènes avaient annoncé, en juillet,un « regroupement » de leurs for-ces « en vue d’une offensive ». Unerencontre s’est tenue la semainedernière entre un représentanttchétchène, Akmed Zakaev, et unancien responsable (sous Boris Elt-sine) du Conseil de sécurité russe,Ivan Rybkine, sans qu’aucun résul-tat se dégage.

En juillet, le président Poutine apour la première fois qualifié lasituation en Tchétchénie de « tragé-die ». Des sondages montrent

qu’une majorité de Russes souhai-tent que des négociations mettentfin à cette guerre, qui fait chaquemois plusieurs dizaines de tuésdans les rangs de l’armée russe (entout près de 5 000 morts du côtédes forces russes, officiellement,depuis 1999 – entre le double ou letriple, selon l’organisation desmères de soldats).

La chute du MI-26 n’a pour l’heu-re pas donné lieu, dans la presserusse, à une vague de critiquescontre le pouvoir de Vladimir Pou-tine, comme cela avait été le caslors du drame du sous-marinKoursk, à l’été 2000 (118 morts).

Quelques commentaires met-

tent toutefois en cause les militai-res et l’état de l’armée. Celle-ci« n’est pas en mesure d’assurer lasécurité, même à proximité de saplus grosse base en Tchétchénie »,ont écrit, mercredi, les Izvestia.

Le MI-26 transportait 147 per-sonnes (dont cinq membres d’équi-page). Il effectuait la liaison entreMozdok, un centre d’opérationsdans le Caucase du Nord, et Khan-kala, la plus grande base russe enTchétchénie. Il est tombé d’unehauteur de 200 mètres à proximitéde Khankala, sur un champ demines, après qu’un « choc » s’estproduit et que le moteur droit apris feu. Des enquêteurs ontretrouvé dans un immeuble desenvirons un élément de lance-mis-sile abandonné. Des témoins ontaffirmé avoir aperçu la trace defumée d’un tir, quelques instantsavant le sinistre.

Natalie Nougayrède

a A Moscou, au moins 6 person-nes ont été tuées dans l’effondre-ment d’une partie d’un immeuble,mardi 20 août dans la soirée, pro-bablement à la suite d’une explo-sion due à une fuite de gaz. Le chefde la police de Moscou, le généralVladimir Pronine, a affirmé àl’agence Itar-Tass qu’« une puissan-te explosion de gaz s’était produite,a priori au niveau du 1er étage ».Selon le Service fédéral de sécurité(FSB, ex-KGB), « il s’agit vraisem-blablement d’une explosion de gaz,et non d’un attentat ». – (AFP.)

Soham : le concierge a étéinculpé de meurtre et internéLONDRES. Le principal suspect dans l’affaire de la disparition desfillettes de Soham, Ian Huntley, arrêté, samedi 17 août, par la policebritannique, a été officiellement inculpé, mardi, pour les meurtres deHolly Wells et de Jessica Chapman. Il a été interné dans l’hôpital psy-chiatrique de haute sécurité de Rampton, dans le Nottinghamshire,où sont placés les plus dangereux criminels du pays. Entendu dès mar-di par des psychiatres de cette unité spéciale, Ian Huntley a été jugéinapte à comparaître, le lendemain, devant un tribunal pour y enten-dre son chef d’inculpation. Les médecins ont jusqu’à vingt-huit jours(ce délai peut être prolongé de six mois) pour décider si le patientpourra être jugé. Son amie, Maxine Carr, arrêtée en même temps quelui, a été accusée de tentative d’obstruction à la justice. La policedevait déterminer, mercredi matin, si elle l’inculpait ou si elle la remet-tait en liberté. Les enquêteurs s’efforcent toujours d’éclaircir les cir-constances de ce double meurtre alors que les premiers résultats desautopsies pratiquées sur les corps présumés des deux fillettes n’ontpas permis de préciser la cause des décès. – (AFP.)

a IRAK : le vice-premier ministre, Tarek Aziz, a confirmé, mardi20 août, que le terroriste palestinien Abou Nidal était décédé à Bag-dad, affirmant qu’il s’était donné la mort. A en croire toutefois l’Enten-te nationale irakienne, un groupe d’opposants au régime de SaddamHussein, Abou Nidal aurait été tué par les services de renseignementirakiens. Il était un « hôte d’honneur » du gouvernement, mais, aprèsune violente altercation avec des responsables de ces services, Sad-dam Hussein aurait donné l’ordre de le tuer « parce qu’il détenait desinformations vitales », selon la même source. – (AFP.)a AFGHANISTAN : le gouvernement de Kaboul a exprimé, mardi20 août, son intention d’envoyer des enquêteurs sur le site suscepti-ble de receler des fosses communes de centaines de combattants pro-talibans dans le nord du pays. Cette annonce fait suite à la demandeadressée, lundi, par les Etats-Unis aux autorités afghanes. – (AFP, AP.)a ITALIE : quatre Marocains et un Italien, soupçonnés de terroris-me, ont été arrêtés par la police à Bologne, lundi 19 août, alors qu’ilsfilmaient l’intérieur de la basilique San Petronio, considérée par lesautorités italiennes comme un lieu à risque pour un attentat islamiste,car elle abrite une fresque représentant Mahomet nu. L’enregistre-ment de leurs propos sur la bande vidéo a semblé indiquer qu’ils proje-taient un attentat. – (AFP.)a PÉROU : la Suisse a restitué au Pérou 77,5 millions de dollarsprovenant de commissions illicites perçues notamment sur des achatsd’armes par l’ex-général péruvien Nicolas de Bari Hermoza Rios etpar l’ancien chef des services secrets Vladimiro Montesinos Torres.Ces avoirs, transférés sur des comptes helvétiques et correspondantpour partie à l’affaire Montesinos, avaient été bloqués par les autori-tés suisses. – (AFP.)a SYRIE : l’avocat Habib Issa, opposant et militant des droits del’homme, a été condamné, lundi 19 août, par la Cour de sûreté del’Etat à cinq ans de prison et à la privation de ses droits civiques pour« atteinte à la Constitution », « incitation à la sédition armée », ainsique pour avoir « propagé des informations mensongères affaiblissant lemoral de la nation » et « incité à des dissensions confessionnelles ».« C’est une décision politique qui vise à terroriser les prisonniers d’opi-nion et l’opposition nationale démocratique » en Syrie, a déclaré l’un deses avocats, Hassan Abdel Azim. Habib Issa avait été arrêté le 12 sep-tembre 2001, lors d’une vague d’interpellations qui avait touché dixopposants. – (AFP.)

WASHINGTONde notre correspondant

Le quatrième district de Géorgie,situé dans la banlieue d’Atlanta, afait mentir le dicton américainselon lequel la politique est tou-jours locale. Les engagements de ladéputée sortante, Cynthia McKin-ney, sur des sujets tels que le Pro-che-Orient et le terrorisme ontjoué un rôle déterminant dans la« primaire » qu’elle a dû disputerau sein de son parti, le Parti démo-crate, et qu’elle a perdue, mardi20 août.

Membre de la Chambre desreprésentants depuis 1992, rééluequatre fois sans difficulté,Mme McKinney faisait partie, il y aun an, des sortants qui paraissaientn’avoir rien à craindre de l’échéan-ce de 2002. Tout a changé avec sesdéclarations postérieures aux atta-ques du 11 septembre 2001 contreNew York et Washington.

En octobre, un prince saoudien,Al-Walid Ben Talal, avait offert10 millions de dollars pour aiderNew York, en invitant les Etats-Unis à « réexaminer leur politiqueau Proche-Orient ». Rudolph Giulia-ni, le maire de New York, ayantrepoussé ce geste, parce qu’il impu-tait aux Américains une responsabi-lité dans les attentats qu’ils avaientsubis, Mme McKinney a écrit au prin-ce pour lui présenter des excuses.Elle s’est déclarée d’accord avec luipour condamner Israël et lui a sug-géré de faire bénéficier de sa géné-rosité les Noirs et les musulmansd’Amérique. En mars, au microd’une radio de Berkeley, en Califor-nie, elle a accusé le président Geor-ge W. Bush d’avoir été informé àl’avance des attentats du 11 septem-bre et de n’avoir rien fait pour lesempêcher, en raison de liens finan-ciers entre sa famille et celle d’Ous-

sama Ben Laden. En mai, elle s’estrangée parmi les députés – 21 autotal, sur 435 – qui ont voté contreune résolution condamnant lesattentats-suicides et soutenantIsraël.

Les déclarations de Mme McKin-ney au sujet du président des Etats-Unis ont été jugées « dingues » parl’un des deux sénateurs de Géorgie,Zell Miller, démocrate comme elle,mais qui soutient sa rivale, DeniseMajette. Celle-ci, une anciennejuge, entrée en campagne en jan-vier, n’a cessé de répéter : « Je suiscandidate pour faire des lois, paspour faire du bruit. » Sans les prisesde position retentissantes de ladéputée sortante, personne ne seserait risqué, en effet, à lui contes-ter la candidature démocrate.

« »Dans cette circonscription, dont

la population comprend un nom-bre égal de Noirs et de Blancs,Mme McKinney disposait jus-qu’alors d’une majorité écrasantechez les premiers et d’un soutiensubstantiel chez les seconds. LaGéorgie votant massivement démo-crate, les candidats républicains seprésentent souvent pour l’hon-neur ; les choix réels se font lorsdes primaires, qui précèdent dedeux mois et demi les électionselles-mêmes. La Géorgie estd’ailleurs un Etat où les électeursrépublicains ou indépendants ontle droit de participer aux primairesdémocrates, ce qui a desservi ladéputée sortante.

Mme Majette a bénéficié d’un sou-tien croissant des défenseurs d’Is-raël, tandis que Mme McKinney rece-vait les contributions de donateursarabes. Porte-parole du Comitéd’action publique Amérique-Israël,l’Aipac, Rebecca Needham expli-

que que cette organisation delobbying en faveur d’Israël se mobi-lise pour les élections à la Chambredes représentants « parce quechaque parlementaire national joueun rôle important dans la détermina-tion de la politique américaine ».

Symétriquement, Faiz Rehman,porte-parole du Conseil musulmanaméricain, affirme : « Le Proche-Orient dessine les camps politiquesaux Etats-Unis. Ce n’est plus un sujetqui intéresse seulement certainescatégories d’électeurs. » Accusée dedevoir une part importante de sesfonds de campagne – 900 000 dol-lars au 31 juillet, selon le Center forResponsive Politics – à des dona-teurs juifs n’habitant pas la Géor-gie, Mme Majette répond qu’elle n’apas à rougir de ses amis. Mme McKin-ney, qui a recueilli 600 000 dollarsau 31 juillet, est plus embarrasséecar, dans les rangs de ses partisansarabes, figurent des responsablesd’organisations soupçonnéesd’avoir financé des mouvementsterroristes.

Toutes deux noires, ayant dépas-sé les 40 ans, Mme McKinney etMme Majette ne se sont pas oppo-sées seulement au sujet du Proche-Orient. Si la députée sortante areçu des contributions de grossesentreprises d’Atlanta, comme Coca-Cola, elle était soutenue aussi parplusieurs syndicats, alors que sarivale avait davantage l’appui de laclasse moyenne et supérieure, aus-si bien noire que blanche. EtMme McKinney n’a pas arrangé sesaffaires en faisant diffuser partéléphone, le jour du vote, desmessages de soutien de BillClinton, Robert Redford et AndrewYoung, qui dataient… des électionsprécédentes.

Patrick Jarreau

Les troupes russes ont perduplusieurs hélicoptèresen Tchétchénie :b 17 septembre 2001 : unhélicoptère MI-8 décollantde Grozny explose à une hauteurde 50 m, tuant l’équipage, deuxgénéraux de l’armée, et huitofficiers venus enquêter surles trafics (pétrole, racket auxcheck-points etc.) de l’arméeen Tchétchénie. Selon le journalNovaïa Gazeta, il s’agissait d’unrèglement de comptes au seinmême des forces armées.b 27 janvier 2002 : un MI-8explose en vol, à 8 km deChelkovskaïa (Nord-Estde la Tchétchénie). Parmi les14 passagers tués, le vice-ministrerusse de l’intérieur pourla « région fédérale sud ».

b 3 février 2002 : un hélicoptèreMI-24 transportant sixgardes-frontières russes blessésen Tchétchénie et se dirigeantvers Vladikavkaze (Ossétie duNord), disparaît dans une régionmontagneuse.b 7 février 2002 : sept militairestrouvent la mort lorsqu’un MI-8s’écrase au décollagesur la base de Khankala.b 14 juin 2002 : lecommandement militairereconnaît qu’un MI-8 a ététouché par des tirs des forcestchétchènes dans la régionde Vedeno (Sud).b 24 juin 2002 : un soldat estblessé lorsqu’un MI-24 essuie destirs de combattants tchétchènesdans la région de Nojaï-Iourt,dans le Sud de la Tchétchénie.

I N T E R N A T I O N A L

Etats-Unis : Proche-Orient et terrorisme changentle cours d’une « primaire » démocrate en Géorgie

En Tchétchénie, l’armée russe subit ses plus lourdes

pertes en un jour depuis le début de la guerreLa chute d’un hélicoptère, probablement touché par un missile, a fait 115 morts près de Khankala

Six appareils abattus ou perdus en onze mois

Page 5: SÉRIES La baisse rapide de l’impôt de l™ØtØ est contestée ......2002/08/22  · 2003 : « Moi, je préférerais une four-chette de 2,6 % à 3 % avec une hypo-thèse centrale

LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002/5

L’ENTRETIEN que nouspublions ci-dessous a été relu etamendé par M. Méhaignerie.

Rares sont les économistes quiprévoient encore une croissancede 3 % en 2003 ; or c’est sur ce chif-fre que le gouvernement a calél’évolution de ses dépen-ses. Serait-il raisonnable de main-tenir l’hypothèse des 3 % pour éla-borer le projet de loi de financespour 2003 – qui doit être présentéen conseil des ministres le 18 sep-tembre ?

Les éléments d’incertitude sontaujourd’hui dominants. Construi-re le budget 2003 sur une croissan-ce de 3 % me paraît un peu exces-sif. Le gouvernement a intérêt àutiliser les trois semaines qui luirestent avant le conseil des minis-tres pour trouver un équilibreentre un optimisme volontaristeraisonnable et la sincérité budgé-taire.

Vous partagez donc le pessimis-me des experts ?

Je pense qu’ils ont raison, mêmes’il faut être prudent s’agissant deprévisions économiques. C’est entout cas ce que je ressens auniveau microéconomique, dansma circonscription.

Il y a un an, la droite avaitcontesté la sincérité du projet debudget 2002 de Lionel Jospin,qu’elle jugeait « irréaliste ».M. Raffarin ne risque-t-il pas lesmêmes critiques ?

Je sais bien ce qui risque de nous

arriver dans le débat budgétaire decette année. On pourrait en effetnous renvoyer la balle de 2002…Ceci étant dit, pour le budget 2002,la croissance était surestimée,mais il n’y avait pas que cela : lesrecettes de l’Etat étaient volontai-rement surévaluées et les dépen-ses volontairement sous-évaluées,comme l’audit des finances publi-ques [remis au premier ministre le26 juin] l’a mis en évidence.

Cette année, nous ne risquonspas d’avoir des recettes et desdépenses mensongères. Mais il res-te un pas à faire vers la sincéritébudgétaire. Si le gouvernement nele faisait pas, ce serait une fautevénielle, pas une faute mortellecomme l’an dernier.

Est-ce à dire que vousconseillez au gouvernement derenoncer à l’hypothèse d’unecroissance à 3 % en 2003 ?

Il vaut mieux faire un geste pourne pas être accusé d’insincérité.Moi, je préférerais une fourchettede croissance de 2,6 % à 3 %, avecune hypothèse centrale de 2,8 %.Mais il est encore trop tôt pour ledire.

Les économistes estiment quela reprise ne sera pas au rendez-vous tant que les entreprises nese remettront pas à investir. Faut-il faire quelque chose pour les yencourager ?

Nous avons peu de marges demanœuvre budgétaires. Et quandles entreprises n’ont pas soif, elles

n’ont pas soif. En revanche, je pen-se qu’elles ont besoin de reprendreconfiance en l’avenir de l’investisse-ment dans notre pays. Ce qui passenécessairement par la réforme des35 heures, par la remise en ques-tion de la loi de modernisationsociale, qui durcit les conditions delicenciement, et par l’adoption decertaines des mesures qu’avait pré-conisées le député socialiste MichelCharzat pour renforcer l’attractivi-té de la France, dans le rapport –hélas resté lettre morte – qu’il aremis à M. Jospin l’été dernier.

Dans ce rapport, M. Charzat

ouvrait également des pistespour une réforme de l’impôt surla fortune (ISF)…

Il avait raison. Je pense qu’il fautabsolument déplafonner le plafon-nement de l’ISF [cet impôt sur lecapital ne doit pas dépasser les reve-nus du contribuable ; mais au-delàd’un certain seuil, cette limitationdisparaît]. Le « plafonnement duplafonnement » a des conséquen-ces très négatives. Je ne veux pasvoir les capitaux et les hommescontinuer à partir à l’étrangercomme cela se fait depuis quelquesannées.

Quelle que soit l’hypothèse decroissance retenue pour le bud-get 2003, il semble qu’il sera diffi-cile à boucler. La baisse de l’im-pôt sur le revenu, promise par Jac-ques Chirac, vous paraît-elledevoir être poursuivie en 2003 ?

Il faut concentrer les efforts sur lepouvoir d’achat des bas salaires.C’est là qu’est le moteur de laconsommation, et donc de la crois-sance. Par ailleurs, cela répond àune exigence de justice. Et ce gou-vernement a besoin du soutienpopulaire pour pouvoir faire lesréformes nécessaires, notamment

celle de l’Etat. Jouons donc en 2003sur les petits salaires. M. Fillon [leministre des affaires sociales] y tra-vaille d’ailleurs. La baisse de l’impôtsur le revenu peut bien attendre2004 ou 2005.

Vous évoquez la réforme del’Etat. Le gouvernement doit-ildonner un signal dès 2003, notam-ment en ne remplaçant pas tousles fonctionnaires partant à laretraite ?

Oui, il faut un signal dès 2003,dans certains ministères en toutcas, où les marges de productiviténe sont clairement pas mises enœuvre. Il y a un fossé accru entre lesecteur protégé et le secteur privéqui n’est pas sain. Il faudrait aussimettre en place une commission,sur le modèle de la commissionRueff-Armand en 1958, qui propo-serait des mesures de simplificationdes structures administratives. Cespropositions pourraient inspirer lebudget de 2004.

Pensez-vous que les Françaissoient prêts à accepter une telleréforme ?

Oui, si on leur montre la relationentre le niveau des dépenses publi-ques et le niveau de leurs revenus. Ilfaut réévaluer le salaire net en Fran-ce en maîtrisant les dépenses publi-ques. Il y a une pédagogie à enta-mer sur le thème : grosse dépensepublique égale petits salaires.

Propos recueillis parVirginie Malingre

M. Méhaignerie : « Un pas reste à faire vers la sincérité budgétaire »Le président (UMP) de la commission des finances de l’Assemblée nationale estime que « construire le budget sur une croissance de 3 % » serait

« excessif ». Or c’est cette hypothèse que privilégie le gouvernement. « La baisse de l’impôt sur le revenu peut bien attendre 2004 ou 2005 », dit-il

Dans un entretien accordé au Monde, Pierre Méhai-gnerie, député (UMP) d’Ille-et-Vilaine et président dela commission des finances de l’Assemblée nationa-le, le gouvernement contre l’élabora-

tion d’un 2003 qui se fonderait sur unehypothèse de croissance de 3 %. « Il vaut mieux faireun geste pour ne pas être accusé d’insincérité », décla-re-t-il. Il partage le pessimisme des économistes, qui

ont, pour la plupart, révisé à la baisse leurs prévi-sions de durant l’été. Compte tenu dela faible marge de manœuvre budgétaire du gouver-nement, M. Méhaignerie estime que la baisse de l’im-

pôt sur le revenu « peut bien attendre 2004 ou2005 ». Les , dont les marges se sontréduites depuis un an, pourraient lancer des plans derestructuration avant de se remettre à investir.

TANT que les entreprises n’inves-tiront pas à nouveau, il ne pourrapas être question d’une reprisedurable. Au début de l’été, tous lesindicateurs économiques allaientdans le même sens : après un bonpremier semestre – la croissancedevrait se situer entre 0,5 % et0,7 % au deuxième trimestre, aprèss’être élevée à 0,4 % au premier tri-mestre –, les perspectives parais-saient favorables : les entreprisesallaient se remettre à investir dansla seconde partie de l’année et lacroissance pourrait repartir sur unrythme annuel de 3 %.

Depuis, les enquêtes de l’Inseeont certes confirmé le dynamis-me du deuxième trimestre, maiselles ont surtout fait apparaîtreune détérioration des prévisionsdes chefs d’entreprise. Le moralen berne, ceux-ci ne s’attendentpas à voir la conjoncture s’amélio-rer et semblent par conséquentvouloir différer leurs projets d’in-vestissement.

La situation internationale n’est,il est vrai, guère encourageante.Les Bourses se sont effondréesdurant l’été, alimentant un climatde méfiance. La reprise américainebégaie, et, si elle devait se briser envol, les pays européens en subi-raient le contrecoup. Quant à l’Alle-magne, elle patine toujours.

En outre, la situation financièredes entreprises s’est nettementdétériorée depuis un an et lesobservateurs craignent qu’avant dese remettre à investir elles necherchent à restaurer leurs marges,à l’image de ce qu’ont fait lesentreprises américaines au coursdes derniers mois.

Le taux de marge des entreprises(excédent brut d’exploitation rap-porté à la valeur ajoutée) est passéde 32,7 % au premier trimestre2001 à 30,1 % au premier trimestre2002 – un des plus bas niveauxdepuis vingt ans. « Cette baisse tra-duit d’abord l’augmentation dessalaires réels », estime NicolasSobczak, économiste chez Gold-man Sachs. « Le taux d’autofinance-ment des entreprises, qui avoisineaujourd’hui les 60 % [contre 100 %en 1999], est à son niveau le plus basdepuis presque vingt ans », poursuitLaure Maillard, de la Caisse desdépôts et consignations. « Lesentreprises acceptaient une dégrada-tion de leurs taux de marge tant

qu’elles croyaient à une reprise rapi-de. Ces espoirs sont aujourd’huirepoussés », estime Olivier Gasnier,économiste à la Société générale.Le comportement des banques, quiont durci leurs conditions de créditaux entreprises depuis plusieursmois, les incite également à retrou-ver leur profitabilité avant tout.

Pour cela, les entreprises doiventtrancher entre deux options :augmenter leurs prix ou débaucheret réduire leurs investissements.Pour l’heure, l’emploi résiste,même s’il est moins dynamiqueque dans les dernières années.« Les entreprises de services, qui sontles principales créatrices d’emplois,ont augmenté leurs prix. Moins expo-sées que les entreprises industriellesà la concurrence internationale,elles peuvent se le permettre », expli-que M. Sobczak.

, ’Mais cela ne suffira pas. Elles

devront également s’attaquer àleurs coûts, tout comme les entre-prises industrielles, qui sont, elles,tenues de rester compétitives.« Les investissements, qui ont plutôtbien résisté jusqu’ici au ralentisse-ment économique, pourraient sedétériorer nettement au secondsemestre », estime M. Gasnier.

L’emploi sera une autre variabled’ajustement. D’autant plus queles entreprises devront faire face àune augmentation de la massesalariale liée à la hausse dessalaires induite par la mise en placedes 35 heures : selon la Sociétégénérale, l’harmonisation du smicmaintiendra la hausse des salairessur un rythme de 2 à 2,5 % l’an.« La croissance sera plus riche ensalaires et plus pauvre en emploisqu’elle ne l’était depuis 1998 »,conclut M. Sobczak.

Dans ce contexte, nombre d’éco-nomistes tablent sur une poursuitede la hausse du chômage jusqu’à lafin du premier trimestre 2003, voi-re jusqu’à la fin du premier semes-tre 2003. La consommation, princi-pal moteur de la croissance enFrance, pourrait s’en trouver mena-cée. D’autant que les ménages,dont le moral a chuté en juillet,feraient face à des difficultésfinancières croissantes, selon uneenquête à paraître de la Banque deFrance.

V. Ma.

/

LE PRONOSTIC de Jacques Chi-rac paraît aujourd’hui hors d’at-teinte. Lors de son entretien télévi-sé du 14 juillet, le président de laRépublique avait assuré : « Tousles experts imaginent que [la] crois-sance devrait être de 3 % l’annéeprochaine. » A cette date, l’affirma-tion méritait déjà d’être relativi-sée. Après avoir majoritairementretenu ce chiffre, les expertsavaient commencé, au début del’été, à revoir leurs prévisions à labaisse (Le Monde du 17 juillet). Illeur semblait néanmoins acquisque le produit intérieur brut (PIB)progresserait à un rythme de 3 %dès la fin de 2002. Cet optimismes’est depuis évanoui.

Certes, les chiffres du deuxiè-me trimestre, qui seront bientôtrendus publics, devraient confir-mer la reprise, mais la suite del’année s’annonce nettementmoins bonne que prévu. La chutedes marchés boursiers, durantl’été, les interrogations sur lareprise américaine et allemande,notamment, ont conduit nombred’économistes à réviser et à corri-ger leurs prévisions.

Les onze experts de banques etd’instituts de conjoncture interro-

gés, au mois d’août, par la revuemensuelle britannique ConsensusForecasts, tablent en moyenne surune croissance de 2,7 % pour 2003– contre 2,8 % en juillet. La révi-sion à la baisse n’est certes passpectaculaire, d’abord parce quel’échantillon retenu est réduit maisaussi parce que certains préfèrentattendre la rentrée pour réviserleurs chiffres. Mais Consensus Fore-casts ne recense plus que trois éco-

nomistes qui misent encore sur3 % ou davantage : le Crédit com-mercial de France (3,2 %), NatexisBanque Populaire (3 %) et MerrillLynch (3,2 %).

Les experts sont bien plus nom-breux à tabler sur une croissanceinférieure à 2,5 %, voire proche de2 %. Ainsi, depuis le début du moisde juillet, la Deutsche Bank a rame-né de 2,7 à 2,4 % sa prévision pour2003. Goldman Sachs est passé de

2,5 à 2,4 % et Nicolas Sobczak, éco-nomiste de cette banque d’affai-res, indique qu’il pourrait « descen-dre à 2,25 % ». La Caisse desdépôts et consignations tabledésormais sur une progression del’activité de 2,1 % en 2003, alorsqu’elle annonçait 2,5 % il y a quel-ques semaines. La Société généra-le a ramené ses prévisions de 2,5 à2,2 % ; Morgan Stanley de 3,1 % à2,7 %.

La majorité des économistess’accordent à dire que le rebondtant attendu de l’économie françai-se au second semestre 2002 n’aurapas lieu. En effet, les entreprisessemblent tarder à réinvestir. Certai-nes pourraient même s’engagerdans des restructurations sévèresimpliquant des réductions d’effec-tifs. Dans ces conditions, les inves-tissements ne reprendraient pasavant le second semestre 2003 et,d’ici là, les licenciements pour-raient se multiplier.

Pour justifier la révision à la bais-

se de leurs prévisions, certains éco-nomistes invoquent également laperte de compétitivité des entrepri-ses françaises, liée à l’appréciationde l’euro par rapport au dollar.Mais, sur ce point, les avis diver-gent : la hausse de la monnaieeuropéenne, plaident certains, aégalement des effets « dési-nflationnistes », favorables à laconsommation. En revanche, il estun risque que tous soulignent :une dégradation confirmée de lasituation américaine pourraitentraîner la croissance françaiseen deçà de 2 % en 2003.

Pour l’heure, le gouvernementRaffarin affiche, lui, un optimismesans faille. Mercredi 14 août, surEurope 1, son porte-parole, Jean-François Copé, affirmait que plu-sieurs grands instituts de conjonc-ture « considèrent que les hypothè-ses de croissance de 3 %, voire unpetit peu plus, [sont] encore tout àfait réalistes ». Le premier ministre,

dans une tribune au journal Sud-Ouest, le 12 août, déclarait rester« optimiste ».

Au-delà de la querelle des chif-fres, le sujet est crucial pour le gou-vernement, qui doit arrêter unehypothèse de croissance pour éla-borer son projet de loi de finances2003. Jusqu’ici, sa préférence vavers le chiffre de 3 %. C’estd’ailleurs cette hypothèse qu’aretenue M. Raffarin pour détermi-ner l’évolution des dépenses del’Etat en 2003 (+1,2 % par rapport àla loi de finances initiale 2002). Sile gouvernement campait sur cetteposition, il prêterait le flanc aux cri-tiques de la gauche, qui dénonce-rait sans doute l’insincérité de sonbudget 2003 – comme la droitel’avait fait, il y a un an, à propos dubudget 2002 de Lionel Jospin.

Mais en choisissant le chiffre de3 %, M. Raffarin s’imposerait unecertaine rigueur. Au sommet deBarcelone, en mars, la France s’esten effet engagée à ramener sesfinances publiques à l’équilibre àcondition que la croissance soit« au moins de 3 % » en 2003 et en2004. Sachant que, même avec 3 %de croissance, il sera difficile augouvernement de mener de frontla baisse annoncée des impôts etdes charges, le financement de sespriorités (sécurité et justice) et laréduction des déficits.

Il devrait donc être contraint deprendre des mesures d’économie,comme la réduction du nombre defonctionnaires. Des mesures socia-lement et politiquement périlleu-ses qui, si l’économie française nedevait pas connaître le rebondespéré, pourraient aussi être néfas-tes économiquement.

A l’inverse, si le premier ministredécidait d’élaborer le budget surun chiffre inférieur à 3 %, il appa-raîtrait plus crédible. Du mêmecoup, il se dégagerait du joug desengagements européens de laFrance et pourrait dès lors respec-ter les promesses électorales deM. Chirac. Mais il enverrait unsignal politique très négatif pour lePacte de stabilité auquel ont sous-crit tous les pays de la zone euro,et qui prévoit que les déficitspublics ne dépassent pas 3 % duPIB. En 2002, en France, ces défi-cits devraient avoisiner 2,6 %.

V. Ma.

L’emploi salarié a progressé de 0,1 % au deuxième trimestre 2002, selondes chiffres publiés par l’Insee mercredi 21 août : 19 900 emplois ont étécréés entre avril et juin, pour l’essentiel dans le secteur tertiaire. Sur un an,la progression de l’emploi salarié est de 1 % (156 600 emplois). L’économiefrançaise avait créé 268 800 emplois en 2001 et 593 500 en 2000. La situa-tion actuelle ne permet donc plus de réduire le chômage : chaque année,plus de 150 000 nouvelles personnes entrent sur le marché du travail.

Si les créations d’emplois ralentissent, les salaires horaires, en revanche,augmentent. L’indice du salaire mensuel de base de l’ensemble des salariésa progressé de 0,6 % au second trimestre 2002 et de 2,5 % sur un an, soit ungain de pouvoir d’achat de 1,3 point sur un an, selon les chiffres du ministè-re des affaires sociales publiés mercredi. L’indice du salaire horaire de baseouvrier, lui, a progressé de 0,7 % au deuxième trimestre 2002 et de 3,7 % surun an, soit une hausse de 2,5 points de pouvoir d’achat.

Pierre Méhaignerie(UMP), présidentde la commissiondes financesde l’Assembléenationale, exhortele gouvernementà faire un gestepour les bas salaires.« Il faut concentrerles efforts sur lepouvoir d’achatdes bas salaires »,déclare-t-il.« C’est là qu’estle moteurde la consommation,et doncde la croissance. »

f r a n c e - S O C I É T Éc o n j o n c t u r e

Taux de croissance, en pourcentage

RALENTISSEMENT EN EUROPE

Source : OCDE, perspectives économiques, n° 71 * Prévisions

– 1

0

4

3

2

1

5

1993 94 95 96 97 98 99 2000 01 02*

AllemagneFrance ItalieGr.-Bretagne

4,7

0,8

–1,0– 0,9

2,5

3,83,4

0,7

1,5

1,9

1,4

L’investissement des entreprisespénalisé par la crise boursière

19 900 emplois créés au deuxième trimestre

Les experts contestent le scénario de reprise du gouvernementLa plupart d’entre eux ont révisé à la baisse, durant l’été, leurs prévisions de croissance pour 2003

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6/LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002

Pour les habitants du quartier, la menace reste virtuelle

ANGERS (Maine-et-Loire)de notre correspondant

Le boulevard d’Arbrissel ne ressemble pas vraiment auRhin. Pourtant, un peu comme le fleuve frontière à l’épo-que du nuage de Tchernobyl, la menace présentée parl’usine d’incinération semble s’être arrêtée devant l’artè-re périphérique. Au nord, l’information est passée quasiinaperçue. « Nous l’avons eue à la télé, mais nous n’enavons pas entendu parler dans les immeubles », disent desreligieuses installées square Dumont-d’Urville. Cetensemble HLM est pourtant situé à 100 mètres de la che-minée. Mais personne ne songe à rapprocher la pollutionaérienne d’une quelconque affection. « Il y a cinq ans, il yavait des poussières sur les voitures. Depuis que l’usine a étéremise aux normes, il y en a moins. Mais je ne connais per-sonne qui a le cancer ici », commente un promeneur.

Changement de discours au sud du boulevard, dansla coquette zone pavillonnaire traversée par la rue duChèvrefeuille, où les propriétaires sont souvent arrivésen même temps que l’usine, au début des années 1970.Là, on déplore n’avoir pas été suffisamment informé.

Et on dresse le décompte des cancers : quatre cas, donttrois mortels, survenus dans un rayon de 30 mètres.

Les proches des victimes, eux, restent prudents. « Onne peut pas prouver que la dioxine a provoqué la tumeur aucerveau dont est décédée mon épouse », estime BernardOustric, un ancien directeur de laboratoire pharmaceuti-que. Tout juste ajoute-t-il qu’elle aimait jardiner dans lepotager, à 100 mètres de l’usine. « Peut-être cela a-t-ilfavorisé une certaine faiblesse »… Même sentiment chezcet homme dont le beau-fils est mort d’une tumeur aucerveau, sept ans après s’être installé ici : « Ça n’arrangepas les choses, mais le lien reste à prouver. » Marc Léon,retraité de Thomson, dont la femme s’est remise d’un can-cer aux ganglions, est convaincu que « ça n’a rien à voir ».Il y a bien cette voisine, décédée à quelques maisons delà, mais « il faudrait commencer par regarder la pollutiondes voitures ». Plus loin, une autre voisine, dont le mari asuccombé, il y a trois ans, à un cancer de la gorge, « nesait pas quoi dire : il ne fumait plus depuis treize ans »…

Vincent Boucault

Un terrain vendupar la famillede Mme Chiracen questionDANS SON ÉDITION du 21 août, LeCanard enchaîné apporte de nouvel-les précisions sur les conditions devente, en janvier 1993, par la famillede Bernadette Chirac, d’un terrain de103 hectares, situé à Vigneux (Esson-ne). Le Port autonome de Paris avaitacheté cette parcelle aux héritiersChodron de Courcel pour la sommede 83 millions de francs (12,65 mil-lions d’euros). L’opération avait rap-porté près de 1,5 million de francsavant impôts à l’épouse du chef del’Etat (Le Monde du 22 mars 1995).L’hebdomadaire détaille les condi-tions de fixation du coût de la tran-saction. Le prix du mètre carré avaitété calculé sur la base de la vente, enjanvier 1990, d’une parcelle de3,8 hectares estimée à 3,2 millions defrancs à la société Immotrade, diri-gée par l’entrepreneur Alfred Bri-cout, ancien président de la chambrede commerce de l’Essonne. En 1997,Immotrade a revendu cette parcelleau Port autonome de Paris à100 francs le mètre carré, contre 84 àl’achat. Par ailleurs, près de dix ansaprès la vente, les installations por-tuaires prévues sur ce site n’ont tou-jours pas été construites.

a SÉCURITÉ : la délinquance adiminué à Paris de 5,2 % (la délin-quance de voie publique de17,3 %), au cours des mois de mai,juin et juillet, par rapport à lamême période de 2001, a annoncé,mardi 20 août, le ministre de l’inté-rieur, Nicolas Sarkozy. Au plannational, la délinquance a augmen-té de 3,66 % entre juin et juillet.a SANTÉ : un colis contenant desfioles d’iode 131, produit radioac-tif servant à soigner les cancers dela thyroïde, est tombé, samedi17 août, d’un camion, en zoneréservée, à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. Une fiole s’estbrisée et la poudre qu’elle conte-nait s’est dispersée. L’Institut deradioprotection et de sûreténucléaire a indiqué, mardi 20 août,que deux tâches de contaminationont été décelées. Les gendarmes etpompiers, qui sont intervenus surle site, font l’objet d’examens parle service de protection radiologi-que des armées. Quatre gendar-mes sur cinq ont subi une contami-nation de la thyroïde, mais à desdoses moindres que lors d’un exa-men médical.a INTEMPÉRIES : de violents ora-ges ont provoqué des inonda-tions et privé des milliers de foyersd’électricité, dans le Limousin, enGironde et en Charente, au coursde la nuit de lundi 19 à mardi20 août. La Gironde, avec près de5 000 impacts de foudre, a été ledépartement le plus touché.25 000 foyers girondins ont été pri-vés provisoirement d’électricité.a PINOCHET : la juge d’instruc-tion Sophie-Hélène Chateau, encharge de l’enquête sur la dispa-rition de cinq Français au Chili,sous la dictature du général Pino-chet, devait annoncer, mercredi21 août, aux familles des victimesla fin de son enquête, ouverte en1998 par le juge Roger Le Loire.Dix-huit personnes sont mises encause dans ce dossier, essentielle-ment des militaires chiliens à laretraite, au premier rang desquelsle général Pinochet lui-même, quifait l’objet d’un mandat d’arrêtinternational depuis novem-bre 1998.a LCR : la Ligue communisterévolutionnaire a dénoncé, mar-di 20 juin, comme « liberticide »le projet de réforme du code électo-ral (Le Monde du 20 août), annon-çant « dès la rentrée » une campa-gne contre cette « volonté de polari-ser la vie politique » autour del’UMP et du PS. Dans un communi-qué, le mouvement d’Alain Krivinea aussi estimé que « loin de viser leFront national, qui n’est qu’un alibi,cette réforme a pour fonction deliquider le pluralisme politique ».a VITROLLES : l’ex-maire deVitrolles (Bouches-du-Rhône),Catherine Mégret, a libéré, mardi20 juin, ses bureaux de l’Hôtel de vil-le pour laisser place à une déléga-tion préfectorale de trois personnesqui gérera la municipalité jusqu’àde nouvelles élections. Cela fait sui-te à la décision du Conseil d’Etat du29 juillet d’invalider l’élection del’épouse du président du MNR.

Incinérateur d’Angers : le chiffrede 18 cancers suscite une polémique

Les résultats d’un rapport, qui ont suscité une vive émotion dans la région,soulignent les limites de l’évaluation scientifique des risques environnementaux

IL Y A PIRE, pour le PCF, que lefantôme récurrent du « congrès deTours à l’envers », soit la réunifica-tion des socialistes et des commu-nistes, séparés en 1920. Le spectredu parti unique de la gauche, évo-qué par plusieurs responsablessocialistes après les défaites électo-rales du printemps, a fait une brè-ve apparition sur la scène estivale,aussitôt chassé par une tribunedans L’Humanité, mardi 20 août.

Sous le titre peu équivoque :« Parti unique ? C’est non ! », PaulLespagnol, membre du comité exé-cutif du PCF, chargé des relationsavec les partis politiques, règle, endeux colonnes, son compte à cettehypothèse. La gauche n’a pas per-du parce qu’elle était plurielle, sou-tient M. Lespagnol, mais parceque « ses composantes, dont les

communistes, n’ont pas su résister àl’hégémonie du PS et à son refus decombattre les diktats des marchésfinanciers ».

A l’heure où la presse se fait lar-gement l’écho des critiques deMarie-Noëlle Lienemann contreLionel Jospin, il dénonce « lamachine infernale » de l’inversiondu calendrier électoral voulue parl’ancien premier ministre, « abou-tissant à l’élimination de la gaucheau second tour de la présidentiel-

le ». Avant d’évoquer un parti uni-que, « il faut parler du contenu »,conseille M. Lespagnol. « Et là,c’est le silence radio », observe-t-il.Bref, le concept lui paraît « à peuprès aussi moderne que le Cartel desgauches de la IIIe République ».

Le PCF a eu beau renoncer à sonuniversité d’été (Le Monde du24 juillet), se privant ainsi de ren-trée politique avant la Fête de l’Hu-ma, il a considéré qu’il ne pouvaitrester silencieux devant les diver-ses tribunes publiées par les socia-listes, appelant à l’unité de la gau-che pour répondre à l’UMP.

Réuni lundi 12 août, en présence

de Marie-George Buffet, le comitéexécutif du parti a donc décidé depublier sa riposte dans L’Huma.« Je pense que la réponse est dansune autre politique (…) à gauche, etnon pas dans une espèce de grandeorganisation consensuelle, où l’onne se pose même pas la question desavoir ce que l’on va faire demain »,a précisé, mardi, la secrétaire natio-nale du parti sur France 2.

Cette position classique et offi-cielle du PCF ne fait pas débat, ausein d’une organisation en man-que de repères identitaires. En per-te de vitesse historique, le PCF s’in-quiète aussi des projets de modifi-cation du mode de scrutin par ladroite. La bipolarisation de la viepolitique qui en résulterait, présen-te un danger supplémentaire pourun PCF déjà très affaibli.

Pour autant, la réponse paraîtun peu courte à certains. « On crieau voleur pour renforcer un senti-ment d’identité mais on évacue ledébat », estime ainsi le rénovateurMichel Deschamps. S’il juge, luiaussi, que l’heure n’est pas au par-ti unique, l’ancien secrétaire géné-ral de la FSU pense qu’il faudrabien inventer un nouveau moded’intervention des « quatre compo-santes de la gauche », PS, PCF,Verts, extrême gauche, et, au seinde cette dernière, essentiellementla LCR.

« Que chacun retourne à la mai-son après la défaite n’a pas de sens,il faut que l’on réfléchisse ensem-ble », recommande-t-il.

Béatrice Gurrey

RESUL KILIC, marié et père dequatre enfants, vit régulièrement enFrance depuis vingt-cinq ans. Pour-tant, ce Turc de 38 ans pourrait êtreexpulsé vers la Turquie dans lesjours prochains. Condamné à qua-tre ans de prison et 200 000 francs(30 500 euros) d’amende par le tribu-nal correctionnel de Boulogne-sur-Mer, en 1998, pour « aide au séjourirrégulier d’un étranger en France »,Resul Kilic a purgé sa peine. Mais, le10 décembre 2001, le ministre de l’in-térieur a estimé que ce n’était passuffisant. A la demande de la préfec-ture de Lille (Nord), il a pris un arrê-té d’expulsion à l’encontre de ResulKilic applicable dès sa sortie de pri-son, le 16 août.

Vendredi, Resul Kilic a donc ététransféré du centre pénitentiaire deLonguenesse (Pas-de-Calais) au cen-tre de rétention administrative de

Coquelles. Mardi, il a été conduit aucentre du Mesnil-Amelot, près deRoissy, son frère lui faisant parvenirson passeport et sa carte de séjour,comme l’exigeait l’administration.

Les avocats de M. Kilic dénoncentune double peine, prononcée nonpar le tribunal correctionnel aumoment du jugement, en 1998,mais trois ans plus tard, par le minis-tère de l’intérieur. Me Sabine Deleu,qui avait défendu M. Kilic en 1998,avoue qu’elle ne comprend pas« pourquoi, si le tribunal a estimé quel’expulsion n’était pas nécessaire, leministère de l’intérieur en a décidéautrement ». Selon elle, il s’agitd’une « mesure administrative inutileet arbitraire ».

D’autant que Me Claire Waquet,avocate au Conseil d’Etat, contestela « nécessité impérieuse » de l’expul-sion. Car, si Resul Kilic a été condam-

né pour avoir participé à un trafic declandestins turcs entre la France etla Grande-Bretagne – une activitéqui lui aurait permis d’acheter unappartement en Turquie –, il n’ajamais nié les faits et « il a purgé sapeine », souligne Me Waquet. Or safemme et ses quatre enfants, donttrois ont la nationalité française,sont en France. Et M. Kilic, qui aquitté la Turquie en 1977, n’y a plusque de vagues relations. Il y a, biensûr, cet appartement, dont le tribu-nal administratif de Lille a fait étatpour motiver son refus d’annulerl’arrêté d’expulsion. « Mais ce n’estpas suffisant », s’insurge Me Waquet,qui a fait appel de cette décision. LeConseil d’Etat devrait examiner ledossier jeudi… si Resul Kilic n’estpas placé dans l’avion d’ici là.

Anne-Françoise Hivert

LA RÉVÉLATION par le Journaldu dimanche du 18 août de l’ex-istence d’une étude officielleconcluant que l’activité, hors nor-mes sanitaires, de l’usine d’incinéra-tion des ordures ménagères d’An-gers (Maine-et-Loire) était à l’origi-ne de 18 cas de cancers avérés ou àvenir (Le Monde du 20 août) a susci-té une vive émotion dans l’agglo-mération angevine. L’incinérateur,mis en service en 1974, est situéaux limites de la ville et à proximitéde nombreuses cultures maraîchè-res. Mais la méthodologie retenuepour l’étude soulève des interroga-tions. Les auteurs parviennent eneffet à calculer avec précision l’im-pact sur la santé d’un incinérateurd’ordures ménagères, alors mêmeque de très nombreuses inconnuesdemeurent dans ce domaine relati-vement neuf de l’évaluation des ris-ques sanitaires environnementaux.L’étude a été rédigée par la Ddassdu Maine-et-Loire et par la celluleinterrégionale d’épidémiologie del’Ouest, sous l’égide de l’Institutnational de veille sanitaire (INVS).

En dépit de l’usage qui en avaitété fait par les troupes américainesau Vietnam et de la catastrophe deSeveso, en juillet 1976, on ne s’inté-resse que depuis peu aux consé-quences de l’ingestion et de l’inhala-tion des dioxines par les organismeshumains. Les dioxines constituentun groupe de près de 200 substan-ces chimiques organiques issues dephénomènes de combustion. Ellessont omniprésentes dans les sols,les sédiments et l’atmosphère. Com-me souvent dans ce type de pollu-tion dit « à faibles doses », les scien-tifiques ont du mal à parvenir à unconsensus. En 1990, l’Organisationmondiale de la santé (OMS) – quiclasse ces substances comme cancé-rigènes – avait fixé la dose journaliè-re admissible chez l’homme à10 picogrammes par kilo de poidscorporel. Huit ans plus tard, ce seuilétait abaissé par l’OMS à un niveaucompris entre 1 et 4. Seule certitu-de : des données expérimentalesobtenues chez l’animal ont démon-tré sans ambiguïté que certains élé-ments de la famille des dioxines pou-vaient induire des tumeurs, béni-gnes ou malignes, dans différentstissus comme ceux composant lefoie, les poumons ou la thyroïde.

L’étude sur l’incinérateur d’An-gers est le reflet des approchescontradictoires concernant cetteproblématique. « Les calculs de ris-ques potentiels de cancers ont étéfaits selon deux approches bien diffé-rentes, a expliqué au Monde Marti-ne Ledrans de l’INVS. La premièreest celle préconisée par l’OMS, pourlaquelle il existe un seuil chiffrable àpartir duquel la toxicité peut appa-raître ; seuil qui n’a pas été dépasséà Angers ni avant ni après la miseaux normes de l’usine. La secondeest celle recommandée par l’Agenceaméricaine de l’environnement, quipostule qu’il n’y a pas de seuil, la toxi-cité étant ici directement fonction del’exposition moyenne subie par lapopulation. »

C’est à partir de cette secondeapproche, a priori la plus pessimiste,que les auteurs de l’étude parvien-nent – en retenant une expositionde vingt-cinq ans – au nombre de18 cancers supplémentaires. Il s’agitlà, résume Mme Ledrans, d’un « excèsmoyen de probabilités » de 2/1 000 desouffrir d’un cancer appliqué à unepopulation de près de 90 000 person-nes vivant autour de l’incinérateur.

Les auteurs prennent garde de sou-ligner les nombreuses incertitudes

qui ne leur permettent, en aucunefaçon, d’affirmer que ce chiffre de 18est l’exact reflet de la réalité. Parailleurs, ils rappellent que leurs cal-culs ont été faits sans connaître avecprécision les habitudes alimentairesde la population concernée et larépartition, dans le temps et dansl’espace, de cette dernière.

Dans ce contexte d’incertitude,ils estiment qu’une surveillance épi-démiologique fine de la populationangevine n’apparaît « ni pertinenteni faisable ». La seule mesureconcrète serait, selon eux, la miseen route d’une étude d’impact desrejets de la chaufferie. La ministrede l’écologie et du développementdurable et ancienne conseillèremunicipale d’Angers, RoselyneBachelot, avait indiqué, dimanche18 août, que les rejets de l’usined’incinération étaient « négligea-bles » depuis la mise aux normesde l’usine. Pour sa part, le Centrenational d’information indépendan-te sur les déchets a conclu, au vu decette étude, que « l’Etat avait pourla première fois reconnu qu’un inci-nérateur de déchets pouvait provo-quer des cancers ».

Jean-Yves Nau

Ma part d’inventaire, le livre deMarie-Noëlle Lienemann consacrépour une large part à M. Jospin, con-tinue de susciter des réactions indi-gnées au PS. Après que Jean-LucMélenchon a dénoncé « une conne-rie » et Jean-Christophe Cambadélisjugé « choquant » le livre de l’ancien-ne secrétaire d’Etat au logement,Bertrand Delanoë a estimé, mardi20 juin, qu’il trouvait « injuste et iné-légante » la « voie polémique » choi-sie par Mme Lienemann. Pierre Mos-covici, l’ancien ministre des affaireseuropéennes, a confié qu’il regret-tait son « ingratitude » . « Ne met-tons pas tout sur le dos » de LionelJospin, a-t-il observé avant d’ajou-ter : « Le 21 avril, nous avons subi unrevers collectif. »

LES PARTISANS d’une réformedu système d’indemnisation desintermittents du spectacle au chô-mage vont trouver de quoi alimen-ter leur argumentation dans le rap-port qu’a publié l’Unedic sur lesujet, mardi 20 août. Le gouverne-ment, qui pourrait avoir des velléi-tés en la matière, pour cette pre-mière rentrée, le lira certainementavec beaucoup d’attention.D’autant qu’au 1er septembre, lescotisations chômage des intermit-tents du spectacle doivent dou-bler, en vertu d’un accord signé le19 juin entre le Medef et la CFDT,la CGC et la CFTC : pour lesemployeurs, elles doivent passerde 3,6 % à 7,4 % et pour les salariésde 2 % à 4,2 %. Initialement, cettehausse devait intervenir au1er juillet, mais devant la grognedes syndicats non signataires, aupremier rang desquels la CGT et laFédération des entreprises du spec-tacle, et des intermittents, le minis-tre de la culture, Jean-Jacques Ailla-gon, qui ne voulait pas voir la sai-son des festivals entachée pard’éventuels mouvements sociaux,avait obtenu des signataires un gelde l’accord jusqu’au 1er septembre.M. Aillagon avait également pro-mis d’engager une « concertationapprofondie » sur le régime desintermittents du spectacle à la ren-trée.

Comme le souligne très claire-ment le rapport de l’Unedic, celui-ci est structurellement et chroni-quement déficitaire. En 2001, il lais-sait un trou de 738 millionsd’euros – l’Unedic estime à 838 mil-lions les prestations versées et à100 millions les cotisations encais-sées –, à comparer avec un déficit

de 217 millions d’euros dix ansplus tôt, en 1991. L’envolée desdéficits est d’abord due à la forteaugmentation du nombre de béné-ficiaires du régime d’assurance-chômage des intermittents : ilsétaient 41 038 en 1991, ils sont96 500 en 2001. Le rapport entreles prestations et les cotisations,lui, est resté à peu près stable, pas-sant de 847 % en 1991 à 837 % en2001. Et on voit bien que le double-ment des cotisations prévu pour le1er septembre ne va pas permettrede rétablir la situation.

Le rapport de l’Unedic s’attache

également à comparer la situationdes chômeurs intermittents, quidoivent justifier de 507 heures detravail dans l’année pour êtreindemnisés, à celle des autres allo-cataires du chômage, qui doiventeux justifier de 606 heures de tra-vail. Il n’y a pas de doute : les pre-miers sont indéniablement mieuxtraités que les seconds. Leurindemnité journalière, en équiva-lent mensuel, est de 1 304,2 euros,contre 793,5 euros en moyennepour l’ensemble des allocataires.Au total, chaque intermittent coû-te 8 772 euros au régime, contre8 018 euros pour l’allocatairemoyen.

Le passé en témoigne : la réfor-me du régime d’assurance-chôma-ge des intermittents du spectaclen’est pas une chose facile. Nombrede gouvernements s’y sont casséles dents. Et les partenairessociaux n’arrivent jamais à se met-tre d’accord sur le sujet.

Virginie Malingre

Sa peine purgée, un Turc est menacé d’expulsionLes avocats de Resul Kilic dénoncent une mesure « arbitraire »

Le PCF rejette l’hypothèsed’un parti unique de la gauche

évoquée par les socialistesIl refuse « l’hégémonie du PS »

Critiques au PScontre Mme Lienemann

L’Unedic dresse un constat alarmantdu régime d’assurance-chômagedes intermittents du spectacle

f r a n c e - S O C I É T É

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LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002/7

AIX-EN-PROVENCE(Bouches-du-Rhône)

de notre correspondant régionalLe terroir de l’ huile d’olive d’Aix-

en-provence, l’une des quatreAOC françaises, inclut quelquesarpents de la ville qui lui donneson nom. Mais ses animateurs enconviennent : c’est pour la notorié-té mondiale de la cité et son presti-ge qu’ils ont choisi ce nom, plusque pour son importance dans laproduction d’une aire qui compte67 communes des Bouches-du-Rhône et du Var.

Au début de leur longue quêtepour la reconnaissance de leurhuile d’olive, ils ont d’ailleurshésité. Ceux de La Fare-les-Oli-viers – nombreux – jugeaient quele nom de leur village, situé aucœur de la zone, s’imposait.D’autres estimaient que seul lenom de Provence convenait, et lesinitiateurs du mouvement ont eud’ailleurs la prudence de le dépo-ser. Ils s’en réjouissent encore, carcela leur a permis de remporterquelques procès contre des« imposteurs » qui cachent desproduits d’importation derrièrel’adresse d’un établissement instal-lé dans la région… Et plus encoreparce qu’ils ont entamé d’autresdémarches afin que l’AOC englobel’ensemble des terroirs situés dansla province.

Le territoire qu’ils ont réussi àclasser autour d’Aix est étendu,homogène pour l’essentiel, avecses sols calcaires éclairés d’unsoleil fort et battus par le mistral,

mais il offre de belles variantes.Autour de Salon-de-Provence etde Pélissanne, dans les collines etsur les plateaux, on rencontre quel-ques domaines et de nombreuxpetits propriétaires. Les caractéris-tiques de leurs terroirs et de leurproduction les rapprochent beau-coup de l’AOC vallée des baux-de-provence, qui les côtoie à l’ouest :même sols secs, même soleil,même mistral, qui expliquent queles olives d’ici soient si petites.Aglandau, cayanne et surtout salo-nenque, les trois variétés de l’AOC,ont appris qu’il fallait offrir lemoins de surface au vent pour res-ter accrochées aux branches.

Plus au sud, sur la grande plainearide qui longe l’étang de Berre,les champs d’oliviers s’alignentsous une barre rocheuse blanchequi les protège mal du vent, saufen quelques recoins où des planta-tions viennent un peu s’abriter.Château Virant et Château Calis-sanne, les deux plus grands produc-teurs de l’AOC aix-en-provence,sont installés là, en voisins, et laréputation de leurs vins s’appuiedésormais aussi sur la qualité deleurs huiles.

A Calissanne, Jean Bonnet, direc-

teur de l’exploitation, fait visiterles champs d’oliviers dans un 4 × 4qui rebondit sur les sentiers de pier-re, jusqu’à une plantation discrète-ment alignée dans une courte val-lée au pied de la chaîne de la Fare.La terre est rouge, l’atmosphère

est celle d’une fournaise, et lesfeuilles des arbres luisent : on sortd’ici une cuvée Les Merveilles,fameuse, qui fait partie des15 000 litres que donnent les2 500 arbres recépés (c’est-à-diregreffés sur des souches gelées en1956) ou plantés depuis quelquesannées. « Ils seront au top d’ici dix àquinze ans », explique Jean Bon-net. Il indique ainsi que l’olivier,tout à la fois fragile, car il ne four-nit pas de fruits s’il n’est pas entre-tenu, et indestructible, puisqu’ilpeut vivre plusieurs siècles, relèvede l’investissement à long terme.

C’est encore dans ce territoire àl’ouest d’Aix que sont installéesdeux coopératives qui fédèrent descentaines de petits propriétaires,rarement agriculteurs. A La Fare,ils sont 800 à pratiquer le retrait,c’est-à-dire à faire presser leur pro-duction pour leur seule consomma-

tion personnelle, comme cela eutcours durant des siècles.

C’est d’ailleurs de cette vieillehabitude que vient l’idée, inexacte,que l’olivier est de « l’or vert » : sesrevenus étaient comme un surcroîtarrivant par magie.

Pourtant, tous les oléiculteurs lecertifient : personne ne peut vivreen France des seuls revenus de cetarbre, qui, en revanche, s’inscritparfaitement dans un cycle complé-mentaire à celui de la vigne. La

récolte des olives se fait ainsi justeaprès la vendange, les tailles d’hi-ver se succèdent impeccablement,les mêmes matériels et mains-d’œuvre sont requis et les deuxproduits se vendent parfaitementensemble.

A l’est d’Aix, les arbres sont ins-

tallés sous le regard de pierre de laSainte-Victoire, tandis que la val-lée de l’Huveaune constitue l’extrê-me sud-est de l’appellation. C’estlà que l’on trouve la cayanne, troi-sième espèce de l’AOC. Jean-Fran-çois Margier, moulinier et proprié-taire du domaine de La Michelle, àAuriol, est un pilier du syndicat.Enfant de moulinier, moulinier lui-même, il a entièrement repris l’ex-ploitation familiale de 15 hectares.En une dizaine d’années, il a plan-té plus de 1 000 arbres sur les ter-res les moins riches de son vallon,qui s’abrite un peu du mistral ; lesautres étant réservées à la vigne.

Terrasses reconstruites, oliviersdéplacés, irrigation au goutte-à-goutte, vignes nouvelles, plants decâpres installés près de la pinède

défrichée : le domaine respire lasanté. M. Margier, que ses con-frères considèrent comme unmaître ès olives, a aussi découvertqu’il pouvait utiliser les restes desfruits pressés comme engrais. Et ila entièrement transformé sonmoulin. Equipé d’un matériel ita-lien flambant neuf, il presse60 000 litres d’huile chaque année,et, dans ce magasin ocre rougequ’il vient d’installer à la sortie duvillage, il en commercialise 20 000,dont 2 000 provenant de sondomaine.

Selon lui, la vogue de l’huiled’olive, née à la fin des années1980 et qu’il croit durable, tient àla diffusion du savoir sur les bien-faits du régime alimentaire médi-terranéen. L’augmentation de lademande a forcé les exploitants,dont beaucoup avaient délaisséleurs arbres après le gel catastro-phique de 1956, à offrir des garan-ties au consommateur ; la meilleu-re étant l’AOC. « Celui qui achèteest sûr que le produit qu’on lui pro-pose est de qualité. Celui qui vend seprémunit contre les imposteurs »,affirme M. Margier.

Car si la mode est à l’huiled’olive, 95 % de la consommationen France vient de l’importation.Ceux qui importent ont tendance àcacher la provenance de leursolives et à ne pas révéler commentelles sont travaillées. Ceux qui sontautour d’Aix estiment que leurseule chance est de faire exacte-ment l’inverse…

Michel Samson

PROCHAIN ARTICLELes vins du Languedoc

VOICI des extraits du décret du 13 décembre 1999,qui reconnaît l’AOC huile d’olive d’Aix-en-Provence :

‘‘Les olives destinées à la production de l’hui-le d’olive d’Aix-en-Provence doivent êtrerécoltées et transformées dans l’aire géogra-

phique [définie par le décret]. (…) Les huiles doiventprovenir d’olives des variétés suivantes : variétés prin-cipales : aglandau, cayanne, salonenque, ensembledans la proportion minimum en nombre d’arbres de80 % pour l’ensemble de l’exploitation produisant l’ex-ploitation. (…) Deux variétés principales sont obliga-toirement présentes. Variétés secondaires : bou-teillan, grossane, picholine, verdale des Bouches-du-Rhône, variétés locales anciennes notamment ribier,sabine, saurine, sigeoise, triparde. (…)Chaque pied dispose d’une superficie de 24 mètres car-rés (…), la distance minimale entre les arbres doit êtreau moins égale à 4 mètres. (…) Le rendement des ver-

gers ne doit pas dépasser 8 tonnes d’olives à l’hectare.(…)Le bénéfice de l’appellation ne peut être accordéqu’aux huiles élaborées provenant d’arbres qui ont auminimum cinq ans. (…) Il ne peut être élaboré d’huileà partir d’olives ramassées à même le sol. (…) Le procé-dé d’extraction ne fait intervenir que des procédésmécaniques sans échauffement de la pâte d’oliveau-dessus de 30˚.Les seuls traitements autorisés sont le lavage, la décan-tation, la centrifugation et la filtration. (…) L’huileobtenue est une huile d’olive vierge dont la teneur enacide (…) est au maximum de 1,5 gramme pour100 grammes. (…)L’étiquetage comporte : le nom de l’appellation huiled’olive d’Aix-en-Provence ; la mention appellationd’origine contrôlée ou AOC. Ces indicationssont regroupées dans le même champ visuelet sur la même étiquette.

« Chaque pied dispose d’une superficie de 24 m2 »

SALON-DE-PROVENCE(Bouches-du-Rhône)

de notre correspondant régionalAu terme de longues explica-

tions passionnées sur l’olivier,

Jean-Pierre Gauthey, président dusyndicat des huiles d’olive AOCd’Aix-en-Provence, lâche : « Monprincipal plaisir, c’est de prendrel’apéritif avec les perdreaux, parceque, finalement, l’olive me coûte del’argent… » Et il vous emmène visi-ter son domaine, magnifique oasisvert tendre, nichée dans une valléediscrète, entre Salon-de-Provenceet Pélissanne.

Il y a tout refait : les terrasses depierres sèches, effondrées quand ilest arrivé de Savoie en 1982, et cesoliviers dont il ignorait tout avantde se prendre de passion pour eux.Pour sa première récolte, il avaitmême acheté un filet de 4 mètrescarrés… avant de constater que lesolives tombaient à côté. Depuis, ila accumulé un savoir phénoménalet constitué des dossiers, qu’il con-serve dans de grands classeursbleus impeccablement tenus.

Ses premiers acquis viennentdes cours du centre d’informationet de vulgarisation en milieu agri-cole (Civam), où il croisait ceuxqui, par atavisme ou passion denéophyte, partageaient son amourpour cet arbre ancien, devenu malaimé après le grand gel de 1956. CeBourguignon s’est alors lancé,avec certains d’entre eux, dans lalongue et éprouvante bataille del’AOC. Les voisins de la vallée desBaux avaient lancé la leur et sno-baient sa commune, limitrophe deSalon, et toutes celles du sud et del’est de leur terroir.

Prudent, Jean-Pierre Gautheyn’a pas délaissé ses activités de pro-moteur immobilier, qu’il exerceencore en Avignon. Mais, témérai-re, il s’est persuadé que la bataille

était gagnable. Il avoue aujour-d’hui qu’on « ne fait ça qu’une foisdans sa vie » : mener de front laréfection d’un domaine abandon-né, en essuyant tous les plâtres quitombent quand on est autodidac-te, et batailler pour réunir les bon-nes volontés nécessaires à la créa-tion d’une nouvelle AOC.

Quelques vieux mouliniers, oud’autres qui faisaient leurs affairesavec l’Espagne ou l’Italie, voyaientd’un mauvais œil l’intrusion de ce« nordiste » ignare. Et les fonction-naires ont parfois été un peu lentsà la détente. Jean-Pierre Gauthey,accompagné de son épouse Maria,qui a donné son prénom au domai-ne, continue, avec un bonheur inal-térable, de courir foires, exposi-tions et marchés de qualité pourfaire goûter ses huiles, d’une belleardence.

Il y vend aussi sa tapenade etpousse le vice jusqu’à proposerdes sachets d’amandes : il doit êtrele dernier à le faire. Car si l’olivierne peut nourrir seul son hommeen France, où sa culture est tou-jours mariée à celle de la vigne, il ya beau temps qu’on a oublié qu’onpouvait aussi récolter les amandes.

Mais Jean-Pierre Gauthey a unsecret : ses parents, qui se sou-ciaient de son avenir, avaient toutfait pour l’éloigner de leur propremétier. Ils avaient une petiteexploitation de polyculture enBourgogne.

M. Sn

Arrivé en 1982, il a,

depuis, accumulé un

savoir phénoménal

sur cet arbre ancien

R É G I O N Sl a s a g a d e s a o c - 3

Des olives apportées au moulin sortent deux huiles, le fruité noir et le frui-té vert. Le fruité noir est obtenu avec des fruits qui fermentent, en attendantquelques jours après la cueillette. Il dégage des arômes d’artichaut cuit, dechampignon, de tomate et de sous-bois. Ce sont ces goûts qui sont les plusprisés des amateurs traditionnels, en particuliers dans les coopératives.

Le fruité noir perd cependant deux des qualités majeures de l’huile d’olivequi reviennent à la mode : l’amertume et l’ardence, ce picotement discrète-ment poivré qu’on ressent dans l’arrière-gorge. Le fruité vert, qu’on obtienten pressant le soir même ou le lendemain de la cueillette, les conserve beau-coup mieux. Il donne à l’huile des goûts d’artichaut cru, d’herbe fraîche, depomme et d’amande. La mode est aussi aux huiles variétales, élaboréesavec une seule espèce d’olives.

Bourguignon, autodidacte et amoureux des oliviersJean-Pierre Gauthey préside le syndicat des producteurs de l’AOC

,,

Amertume et ardence, deux goûts recherchés

Les huiles d’olive de Provence à la reconquête de leurs marchésEntre Aix-en-Provence et Les Baux, grâce à l’appellation, les oléiculteurs espèrent contrer les importations, qui assurent 95 % de la consommation

en France. Mais l’olivier ne fait pas vivre son homme : sa culture est toujours mariée à celle du vin, autre richesse de ces terroirs ensoleillés

Salon-de-Prov.Pélissanne

La Fare-les-Oliviers

GardVaucluse

Alpes-de-Htes-Prov.

Bouches-du-Rhône

Drôme Htes-Alpes

Var

Ardèche

Aix-en-Provence

30 km

Les Baux-de-Provence

Mer Méditerranée

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8/LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002

’EST une histoired’amour que conteSimone Veil. L’histoired’un amour pur, ten-dre, intact, qui conti-nue de l’emplir, lanourrir, l’inspirer. L’his-toire d’un amour fou

entre une petite fille rebelle, devenue magis-trate, ministre, présidente du Parlementeuropéen… et grand-mère, et sa maman,perdue beaucoup trop tôt, dans la barbaried’un camp nazi. Un amour-passion, depuisle premier jour. Amour définitif. « C’est lepersonnage le plus important de ma vie. »

Elle paraît heureuse d’en parler. De la fai-re connaître. Reconnaître. Aimer. De direson nom, Yvonne. De montrer ses photos,qui témoignent d’une beauté, d’une grâcehors du commun – « elle ressemblait à GretaGarbo. » D’affirmer qu’elle était en toutpoint exceptionnelle. « Je sais que tout lemonde prétend avoir eu la mère la plus belle,la plus douce, la plus généreuse… Mais mêmeen réalisant cela, je me dis : elle, elle l’était vrai-ment ! » Ses souvenirs convergent. Ses pho-tos l’attestent. Et tous ces témoignages qu’el-le a recueillis plus tard, après la mort d’Yvon-ne, de voisins, d’amies, de compagnes decamp… Oui, tous se souviennent d’Yvonnecomme de quelqu’un… « d’exceptionnel ».

Elle avait un père aussi. André. AndréJacob, architecte, Prix de Rome, lui aussi dis-paru, avec le jeune frère de Simone, dans unconvoi de déportés juifs ayant quitté Dran-cy le 15 mai 1944 en direction des pays bal-tes. Et elle a peur, parfois, d’être un peuinjuste envers lui, tant sa tendresse à elleétait focalisée sur Yvonne. Mais Andréreconnaissait, mieux que quiconque, le cha-risme de sa femme, pour laquelle il nourris-sait une passion exclusive. « Il y avait commeune compétition entre les enfants et le mari !,sourit Simone, une paillette de malice dansses yeux verts si clairs. Le soir, alors quemaman restait bavarder avec ses trois filles,qui partageaient la même chambre, on enten-dait toutes les cinq à dix minutes vibrer la voixde papa : “Yvonne ! Tu viens te coucher ?”. Età chaque fois, on retenait maman : “Non,non, reste !” Mon père aurait voulu avoir safemme pour lui tout seul. »

Parlons d’Yvonne, donc. D’Yvonne à quiSimone croit ne ressembler que très légère-ment sur le plan physique, et pas du tout surle plan du caractère. Sa sœur Denise, pen-se-t-elle, avec qui elle conserve des liens trèsforts, lui ressemble bien davantage. « Je suisbeaucoup moins douce, beaucoup moinsconciliante, beaucoup moins facile quemaman ! Beaucoup moins généreuse aussi.Car sa vie à elle n’a été dirigée que vers lesautres. Peut-être suis-je… Non, pas plus gaie,car je ne suis pas très gaie. Mais peut-être suis-je plus combative, moins résignée à renoncerà certains plaisirs de la vie, comme à la libertéde travailler. Maman l’a fait, sous la pressionde mon père et malgré des études de chimiequi la passionnaient, abandonnant l’idéed’une vie personnelle pour tout donner à sesenfants, à son mari, à ses amis. D’ailleurs, ellene pensait jamais à elle. Jamais. Elle pouvaitse priver de tout pour les autres, sans même enavoir le sentiment, encore moins le leur don-ner. Elle était d’une telle bonté… Un mot étran-ge, hein ? Un peu désuet aujourd’hui. C’estpourtant bien de cela qu’il s’agit. Etd’amour. »

Quand son mari lui avait annoncé, en1924, sa décision de quitter Paris pour ins-taller sa famille à Nice, convaincu que l’ex-plosion du marché immobilier sur la Côted’Azur lui offrait de grandes perspectives,

Yvonne, la Parisienne, avait été navrée. Elleaimait le théâtre, le cinéma, les concerts, leslongs moments partagés avec sa sœurSuzanne, médecin. Son départ fut donc undéracinement et Nice une sorte d’exil, d’oùelle écrivait chaque jour à sa sœur de lon-gues lettres, et où, malgré une certainemélancolie, elle s’efforçait de profiter desrichesses de l’environnement. Simone, quia toujours raffolé du soleil, garde un souve-nir délicieux du cadre de sa petite enfance.« Je me rappelle un petit bois d’oliviers avecdes violettes et du mimosa, tout près de notreappartement niçois, dit-elle. Des champs denarcisses, de coquelicots et de jasmin sauva-ge. Un trajet longeant la mer pour rentrer del’école… »

Yvonne eut quatre enfants en l’espace decinq ans, qui lui prenaient tout son temps.Simone, notamment. La plus jeune, la plusinsoumise, la plus demandeuse de tendresse.« Au fond, moi aussi j’aurais voulu être seule àbénéficier de son amour. Je voulais toujoursêtre près d’elle. Quand on se promenait dansla rue, c’était évidemment à moi de lui donnerla main. Les matins où il n’y avait pas école, jeme souviens de me glisser dans son lit, de melover contre elle, la caressant, la pelotant pres-que, jamais rassasiée d’elle. Et à table, commej’étais indisciplinée, ma place était à côté demon père, qui voulait veiller lui-même à ce queje me tienne bien. Mais quand il n’était pas là,je fonçais près de maman. C’était ma place. Laplus grosse colère que j’aie jamais faite futd’ailleurs provoquée par le fait qu’on nem’avait pas assise près d’elle, lors d’un déjeu-ner de famille à Paris. Ce furent des sanglots et

un drame épouvantables. On m’avait volé quel-que chose. On me volait toujours maman. »

Madeleine, surnommée Milou, qui avaitquatre ans de plus que la benjamine, avaitmission de remplacer sa mère auprès deSimone quand elle n’était pas là. C’était com-me une délégation officielle de tendresse.Milou devenait une mère de substitution. Ala maison, ou chez les scouts, où les enfantsJacob étaient très actifs. « Dans les semainesqui ont suivi la mort de maman, au camp,Milou, pourtant très malade, a rejoué sponta-nément ce rôle maternel. Elle m’a permis, à cemoment si critique, une sorte de transition.Quand elle est morte à son tour, en 1952, c’estcomme si j’avais perdu maman deux fois. Heu-reusement, Denise était là. »

Le camp, déjà. Il vient spontanément dansla conversation de Simone Veil. Drancy,Auschwitz, Bobreck, Bergen-Belsen… Indis-sociablement lié à son enfance dont il sonnela fin (elle n’avait que 16 ans lorsqu’elle a étéarrêtée avec sa mère et Milou, sa sœur Deni-se étant déportée à Ravensbrück commerésistante). Irrémédiablement lié à sesparents, qui n’en reviendront jamais. Qu’im-porte, donc, la chronologie. Suivons Simo-ne, les mots et les images qui lui viennentpour remonter la source, et raconterYvonne.

Petite Niçoise, elle était toujours subju-guée par l’effet que provoquait dans ungroupe la présence de sa mère. Il y avait sabeauté naturelle, jamais apprêtée, ses traitsparfaits, adoucis par un chignon posé sur lanuque. Il y avait surtout son regard, si bien-veillant. « Les professeurs du lycée, nos amies

en difficulté, les éclaireuses… Tous savaientqu’ils trouveraient chez elle l’écoute ou leréconfort dont ils avaient besoin.. Même aucamp… » Une pause. « Oui, même à Ausch-witz, reprend Simone, même vêtue dehaillons et atrocement malade, elle impres-sionnait tout le monde – y compris des SS –par son allure, sa dignité, sa force morale.Pourtant l’ambiance était sauvage. Les déte-nues, notamment des Ukrainiennes, se bat-taient pour tout. Elles n’avaient de cesse quede dérober même ce qu’on portait sur soi ! Lacuillère qu’on avait payée d’une précieuseration de pain disparaissait violemment devotre main. Les chaussures cachées sous lematelas s’envolaient dans la nuit, vous laissantdémunie dans un froid infernal. La soupe –immonde mais vitale – faisait l’objet des piresveuleries. Mais maman laissait faire, incapa-ble du moindre geste d’agressivité. Si quel-qu’un s’avisait de voler sa soupe, elle expli-quait qu’il avait probablement plus faimqu’elle. Ce qui me rendait malade ! Je ne sup-portais pas qu’on la vole ou qu’on la maltrai-te ! Alors je la défendais ! C’était instinctif ! Jeveillais ! »

Simone était solide. Simone étaitdébrouillarde. Simone avait une pulsion devie qui lui donnait toutes les audaces, lui fai-sait prendre tous les risques, y compris de sefaire prendre en chapardant à la cuisine ducamp. Elle s’inquiétait tellement pour Yvon-ne et Milou. « Sans Simone, témoigneracette dernière, nous n’aurions pas tenu. »Sans doute. Car Yvonne et Milou étaient dela même pâte, dépourvues de colère ou dehaine. Pourtant, Simone insiste : « Je lesaidais matériellement autant que je pouvais.Mais c’est maman, à toutes les étapes, quinous a insufflé de l’espoir. C’est maman quinous a soutenues moralement, que ce soitdans le train, à l’arrivée au camp, ou quandon a dû évacuer Auschwitz dans la précipita-tion, persuadées que les SS allaient tous nousgazer. Je ne sais toujours pas où elle a trouvé laforce d’accomplir cette ultime marche de70 kilomètres dans la neige, dévastée, maladedu typhus, éventrée à la suite d’une opérationrécente non cicatrisée, ne rejetant même pas

le corps des malheureux qui s’agrippaient àson dos pour éviter d’être immédiatementfusillés… »

Elle s’interroge encore. Et son regards’évade. Est-elle repartie un instant dans ceconvoi dantesque, cette file de détenuesdécharnées et chancelantes, tentant d’avan-cer dans la neige, par – 30 degrés, menées àcoups de triques et de fusils par des SS endéroute ? Est-elle dans ce camp de Bergenoù Yvonne, rongée par le typhus, s’est étein-te, quelques jours avant la libération par lesAnglais, laissant ses deux filles hagardes,mais conscientes qu’elle était allée au boutdu supportable ? Ou bien est-elle à Nice, oùle couple Jacob, malgré les menaces naissan-tes, prenait tellement à cœur l’éducation desenfants ? « Le sens moral, dit Simone ; jecrois que c’est ce qui importait le plus à mesparents. La morale comme une éthique, uncomportement, un ensemble de valeurs danslequel ils plaçaient la vérité, la générosité, lasolidarité, le respect des autres. Cela impli-quait une série de réflexes dans la vie quoti-dienne. L’idée de mentir aux parents, parexemple, était incroyablement culpabili-satrice. L’idée de signer un carnet à leur placeme semblait monstrueuse. Resquiller dans unequeue était un manque de respect. Mais nepas prêter assistance aux réfugiés ou aux gensdans le besoin carrément inconcevable. »

La religion n’existait pas. Les Jacob, élevéstous deux dans des familles juives installéesen France depuis des générations, s’étaientmariés civilement. Et André, républicain etpatriote, ancien prisonnier de la guerre de1914-1918, défendait avec force la laïcité.Furieux d’apprendre un jour qu’une petitecousine de passage avait amené Simonedans une synagogue, il l’avait menacée dene plus jamais remettre les pieds dans samaison si l’idée lui prenait de recommencer.Et les enfants, qui ignoraient Kippour, ado-raient qu’Yvonne prépare un grand sapin deNoël. Malgré la grimace de son mari. Lejudaïsme ? « L’appartenance à une culture,dit Simone. Beaucoup de nos proches étaientdes familles juives, non pratiquantes, mais jen’y pensais pas. Un jour, j’avais 15 ans, j’aipourtant demandé à mon père : “Est-ce çat’ennuierait que j’épouse quelqu’un qui ne soitpas juif ?” Il m’a répondu : “Tu épouseras quitu veux ! C’est un acte individuel dont je n’aipas à m’occuper.” Mais il a ajouté : “Moi, jen’aurais pas épousé une femme qui ne soit pasjuive ou aristocrate.” Cela m’a sidérée. Sidé-rée !… Peut-être exprimait-il en fait l’idée detradition, de fidélité à des valeurs et unemorale. L’idée aussi de transmission etd’éducation. »

EDUCATION par l’exemple, parl’école, par les livres. André leschoisissait lui-même dans sabibliothèque, lisant à haute voixles Contes de Perrault ou les Fables

de La Fontaine. Pas question de perdre sontemps avec des petits auteurs, de faibles tra-ductions ou des romances à l’eau de rose !« Il était intraitable, sourit Simone, se rappe-lant sa propre stupéfaction lorsqu’il lui adonné à lire très jeune Montherlant et Tols-toï, alors même que dans ma classe des cama-rades croyaient encore que les bébés nais-saient dans les choux ! » Il aimait marcheravec ses enfants et les aidait à tenir des her-biers. Il leur apprenait le nom des étoiles. Illes voulait ouverts, indépendants d’esprit,curieux de tout : l’art, la danse, le graphisme.Mais de musique, point. « Il n’aimait pas.Elle était donc interdite à la maison. » Toutcomme la politique. « Je savais que mamanétait plutôt de gauche et sympathisante duFront populaire, papa de la droite modérée. »

Oui, André avait un côté un peu dictato-rial. « Autoritaire », corrige Simone, qui n’ac-ceptait jamais sans discuter ses oukases, etjugeait sévèrement, depuis son très jeuneâge, l’emprise que son père maintenait surYvonne. « Je n’aimais pas l’idée qu’il lui impo-se ses goûts, restreigne sa liberté, encore moinsqu’il lui demande des comptes sur les dépen-ses de la famille ! Le budget était certes très ser-ré, mais ces séances où maman devait, à unsou près, rendre des comptes devant sonmari ! Ce sentiment de dépendance ! Celam’exaspérait ! Ça, jamais, me disais-je ! Ducoup, je n’ai jamais fait de comptes ! »

Ni surtout de compromis sur le principed’exercer un métier. Car Simone a fait desétudes en rentrant du camp. Epousé Antoi-ne Veil, un jeune homme juif brillant, pas-sionné de politique. Mis au monde trois fils.Et mené avec passion des combats – pourles femmes, les prisonniers, l’Europe – etune carrière étonnante, de la magistratureau Conseil constitutionnel.

La présence d’Yvonne ne l’a pas quittée :« C’est elle qui a guidé ma vie dans tous lesdomaines, affirme-t-elle. J’ai l’impressionqu’elle m’enrichit toujours. »

Annick Cojean

PROCHAIN ARTICLEHenri Cartier-Bresson

Yvonne, sa mère,

perdue

dans la barbarie

des camps nazis,

était tout pour elle.

Récit d’un amour

trop tôt interrompu

et pourtant infini

H O R I Z O N S

« C’est maman, à toutes les étapes,qui nous a insufflé de l’espoir. C’est mamanqui nous a soutenues moralement,que ce soit dans le train ou à l’arrivée au camp »

SIMONE VEIL

Dans le cadre, Yvonne, la mère « qui ressemblait à Greta Garbo » et André le père, architecte, Prix de Rome.

C

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LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002/9

LA MÉDAILLE FIELDS quivient de récompenser les tra-vaux de Laurent Lafforgue estla quatrième obtenue par laFrance sur les vingt qui ont étédécernées au cours des vingtdernières années. Cette perfor-mance la place en deuxièmeposition dans le monde, derriè-re les Etats-Unis mais devant laRussie, l’Allemagne, le Japonou l’Inde. Pourquoi un telsuccès dans cette disciplinelorsque la recherche françaiseest stigmatisée pour ses faibles-ses dans de nombreux autresdomaines ?

Plusieurs raisons expliquentcette forme d’« exception ».D’abord la richesse du tissuscientifique. Avec 2 300 cher-cheurs et enseignants-cher-cheurs dans cinquante labora-toires, la France dispose de lamasse critique nécessaire pourengendrer des travaux de trèshaut niveau. La région parisien-ne seule, avec Orsay et Paris, lecentre le plus important dumonde en mathématiques, ras-semble près de 600 chercheurs.Ces derniers bénéficient ainsid’un cadre de travail privilégiéqui explique pourquoi, enmathématiques, la France« échappe au “brain drain”,c’est-à-dire à la fuite des cer-veaux vers les Etats-Unis », com-me le remarque Christian Peski-ne, directeur scientifiqueadjoint du département demathématiques au CNRS.

La seconde raison du succèsfrançais tient au fonctionne-ment même de sa recherchescientifique publique. LaurentLafforgue en a bénéficié en sor-tant de Normale-Sup. Il a eneffet obtenu un poste perma-nent de chercheur au CNRSavant même de s’être véritable-

ment engagé dans des travauxpersonnels. Pendant plusieursannées, il n’a rien publié dansles revues scientifiques. Pour-tant, ce délai de maturation aprobablement joué un rôleessentiel dans sa réussite. Enco-re fallait-il que l’institutiontolère une apparente inactiondans l’actuel contexte de com-pétition.

La France se distingue égale-ment en offrant des postes per-manents de jeunes chercheurssans charge d’enseignementqui attirent de nombreuses can-didatures étrangères. Enfin, levivier fourni par l’Ecole norma-le supérieure joue un rôleimportant de sélection desmeilleurs talents.

Les mathématiques françai-ses font figure de véritableemblème pour les défenseursde la recherche fondamentalepublique. Leur réussite s’inscritdans un contexte de finance-ment dont les industriels sontparticulièrement absents.L’Etat assume seul cette fonc-tion en subventionnant, parexemple, un organisme privétel que l’Institut des hautes étu-des scientifiques (IHES) danslequel travaille aujourd’huiLaurent Lafforgue.

Mais les mathématiques sedistinguent également par lamodestie des moyens matérielsnécessaires pour pratiquer unerecherche de très haut niveau.Il n’en va pas de même dans laplupart des autres disciplinesdont les résultats dépendent dela qualité des équipements,extrêmement coûteux, qui sontmis à la disposition des cher-cheurs. L’école française demathématiques constitue doncplus une précieuse exceptionqu’un modèle généralisable.

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Suite de la première page

Pour exister dans la gauche, nousdevons rompre cette spirale etnous identifier comme différents etnon pas complémentaires de nosalliés.

La France n’est ni l’Amérique nila Grande-Bretagne. C’est une pro-fonde erreur de Chirac-Juppé etdes socialistes de croire qu’ellepeut structurer sa vie politiqueautour de deux grands partis seule-ment. Le seul vainqueur d’une tellestratégie, c’est le parti de l’absten-tion. En 1965 déjà, l’utopie d’unegrande fédération avait présidé à lanaissance du mitterrandisme entant que stratégie de rassemble-ment. Elle renaît toujours quand lePS est K.O.

N’en déplaise à nos amis socia-listes qui sont tentés par ce remake,ce n’est pas l’architecture de lagauche qui est en question, mais lesmatériaux avec lesquels on la cons-truit. La reconstruction politique,idéologique, sociale de la gauchesera longue et complexe. Le maltouche en profondeur tous lesappareils politiques, syndicaux,associatifs, qui tournent souvent àvide parce qu’ils n’ont pas su tenircompte de la transformation ducapitalisme.

Il nous faut maintenant recons-truire un projet, avec et pour toutela gauche politique et sociale, quiétablisse la synthèse entre lesapports du mouvement ouvrier, del’écologie politique, du féminismeet de la lutte contre la globalisationlibérale, qui bâtisse une nouvellealliance sociale, capable d’exprimerles attentes des exclus, des classespopulaires et des classesmoyennes.

Nous avons commencé à le faire,à chaud, dans l’entre-deux-tours,avec la création du forum Toute lagauche ; nous devons continuer ennous rapprochant des mouvementsde citoyenneté active, de résistanceà la politique de la droite et duMedef, des structures de contre-pouvoir. Quitte à nous remettre enquestion face à des formes inéditesde désobéissance civile. Plutôt quede craindre le mouvement social etsa radicalité, organisons-nous pourformuler des propositions politi-ques issues de la société mobilisée.

Le projet politique des Verts nedoit pas s’imposer à la société maisprocéder de ses fêlures, de ses souf-

frances, de ses désirs d’émancipa-tion. Depuis la crise de la vachefolle, le saturnisme, l’amiante, la pol-lution massive de l’eau, les agres-sions par le bruit autour des aéro-ports ou dans les banlieues, le lienentre l’écologique et le social estdevenu évident. Ces « insécurités »sont ressenties par ceux qui en souf-frent comme des injustices qui,ajoutées aux inégalités sociales,accroissent l’exclusion et le senti-ment d’abandon.

La problématique écologiquedoit donc intégrer, au premier chef,la critique du libéralisme. Cela im-plique une lutte résolue contre ladomination de la logique du profit,au niveau tant économique queculturel, et un engagement àréguler de manière beaucoup plusstricte notamment les pratiques

d’emploi des sphères financière etéconomique. Sur les questions desociété, nous étions bien seuls pen-dant la campagne présidentielle àtenir des discours qui rompaientavec le langage de l’adversaire, surles terrains de la jeunesse, de lasécurité, de l’immigration, du libéra-lisme, alors qu’il avait envahi la gau-che de gouvernement et qu’il estaujourd’hui la triste réalité politi-que des lois Sarkozy et Perben.

Comme rien d’efficace n’a étéfait pour conduire une réelle straté-gie de lutte contre les discrimina-tions sociales dans les banlieues, lacrise de l’identité nationale s’estdéveloppée et a débouché sur unnationalisme aux relents racistesque la droite n’a pas hésité à instru-mentaliser en surfant sur le thèmede l’insécurité, aidée par une partiede la gauche qui, au nom de « l’éga-lité républicaine », a nié l’un desproblèmes les plus importants del’heure : la crise du modèle d’inté-gration. Voulons-nous, oui ou non,reconnaître que notre société estmulticulturelle, que l’organisationet l’intervention des minorités sontun des aspects de la démocratie par-ticipative ? Ce n’est pas le commu-nautarisme qui menace la France,mais la dissolution des communau-

tés ouvrières et des communautésde quartier, le délitement de toutesles communautés traditionnelles etdu lien social. Ce n’est pas mettre laFrance en danger que de répondreau besoin d’appartenance commu-nautaire, en reconstruisant des soli-darités locales, en particulier dansles banlieues, et en étendant lechamp de la citoyenneté, entreautres, au droit de vote des immi-grés. Faute de réponses politiques,ce besoin de citoyenneté trouveraun exutoire dans la xénophobie oule repli sur les lobbies communau-taristes. Notre responsabilité deVerts est de défendre une sociétéouverte et non de hurler avec lesloups.

Défendre l’Europe, c’est vou-loir la construire comme un rem-part face au capitalisme mondiali-

sé, donc se doter de structurespolitiques transnationales : parexemple, un parti Vert européen,facile à construire tant les partisVerts de l’Union sont d’accord surl’essentiel.

Engagés dans notre processusd’institutionnalisation, nousn’avons pas suffisamment intégrécette dimension, tout comme nousavons raté le grand tournant qu’aconstitué le mouvement altermon-dialiste né de Seattle, de Millau et

de Gênes. Pourtant, à l’exemple dece que fut Mai 68 pour la généra-tion des années 1970, il constituel’acte fondateur de l’engagementpolitique pour la génération desannées 2000. Nous sommes restéstrop loin du débat sur la critique dela globalisation, alors qu’elle meten danger les systèmes de protec-tion sociale là où ils existent, s’ar-me des terribles conditions de tra-vail des producteurs du Sud contreceux du Nord, ne s’intéresse qu’auprofit contre les gens, quel que soitle prix à payer. L’enjeu, c’est la« soutenabilité » sociale, parce quenous savons qu’il n’y a pas de jus-tice environnementale sans justicesociale, pas de justice sociale sansjustice environnementale.

Existe-t-il aujourd’hui une majo-rité culturelle pour assumer un telprojet ? Elle n’est encore qu’uneconstruction en devenir. Si nousvoulons faire progresser nos idées,nous devons sans cesse conquériret maintenir nos positions. Au seind’une majorité d’alternance, il yaura nécessairement des producti-vistes et des sociaux-libéraux ; seulle rapport des forces permettra decontrebalancer leur poids.

Penser un projet à moyen termepour la gauche, c’est en mêmetemps concevoir qu’une majoritéfuture est capable d’assumer unprojet de transformation socialeporté par une majorité de Fran-çais. Dès maintenant, nous devonsélaborer une orientation qui créeles conditions d’un compromissans concession sur le mode dedéveloppement, et donc faire vivrel’écologie politique comme unacteur politique et idéologiqueindépendant, quelle que soit la for-me de l’alliance à gauche.

Noël Mamère

LA QUESTION est rituelle : faut-il être opti-miste ou pessimiste ? Jamais les pouvoirspublics et la société civile n’ont été plus engagésdans la lutte contre le sida, soulignent les opti-mistes. Jamais, malgré les plus de 20 millions dedécès depuis 1981, les prévisions n’ont été plussombres, rétorquent les pessimistes : 68 mil-lions de décès prévus d’ici à 2020 dans les45 pays les plus touchés « en l’absence d’actionsde prévention et de traitement massivement élar-gies », selon l’Onusida.

Depuis le 10 janvier 2000, date à laquelle leConseil de sécurité des Nations unies avait ins-crit le sida à son ordre du jour, jusqu’à la confé-rence internationale de Barcelone, en juillet der-nier, en passant par la décision de l’assembléegénérale extraordinaire de l’ONU de juin 2001de créer un fonds mondial contre cette maladie,la tuberculose et le paludisme, la mobilisations’est effectivement accélérée. Les engagementsannoncés vis-à-vis du fonds global plafonnent àpeine au-dessus d’un cinquième des 10 milliardsde dollars, considérés comme la somme minima-le nécessaire par an. Les premiers financementsont cependant déjà été attribués, ce qui témoi-gne d’une célérité inhabituelle. A l’occasion de laconférence de Barcelone, le nouveau directeurexécutif du fonds global, Richard Feachem, aaffirmé que les financements accordés vont per-mettre de doubler dans les cinq années à venir lenombre d’habitants des pays en développementrecevant des médicaments antirétroviraux et demultiplier par six l’effectif des Africains bénéfi-ciant de traitements contre le VIH.

Certes, mais, s’agissant d’une maladie qui fait8 000 morts par jour, comment ne pas être scan-dalisé par la lenteur avec laquelle les pays lesplus fortunés versent des sommes qui ne repré-sentent qu’une part dérisoire de leurs richesses ?Dans un entretien au Monde (Le Monde du10 juillet), Richard Feachem lui-même compa-rait les objectifs financiers annuels du fonds aux1 200 milliards de dollars que les Etats-Unisconsacrent annuellement à leurs dépenses publi-ques de santé. La contribution totale de Wash-ington au fonds global est de 500 millions de dol-lars. Quatre pays seulement – la Suède, la Norvè-ge, le Luxembourg et les Pays-Bas – consacrentau moins 0,7 % de leur produit national brut àl’aide publique au développement. La Franceavait annoncé il y a un an, par la voix de LionelJospin, une contribution sur trois ans de 131 mil-

lions de dollars au fonds global. Beaucoup atten-daient un nouveau geste à l’occasion de la confé-rence sur le sida, mais seule l’Allemagne ne s’estpas contentée de discours et a porté à un totalde 200 millions de dollars ses engagements.

Les carences des dirigeants des pays du tiers-monde ne peuvent servir de prétexte à un enga-gement parcimonieux. « Est-ce que quiconquemérite d’être condamné à une mort certaine par-ce qu’il ou elle ne peut avoir accès à des soins quicoûtent moins de 2 dollars par jour ? », a deman-dé Gro Harlem Brundtland, directrice généralede l’Organisation mondiale de la santé (OMS), àla tribune de Barcelone. Dans son rapport dejuillet 2002, l’Onusida a adopté un nouveauparadigme en estimant que « l’épidémie deVIH/sida est encore à un stade précoce de sondéveloppement ». Nous sommes donc encoreloin d’avoir vu le pire, et encore le verrons-nousavec la distance qui sépare l’observateur duNord du malade qui agonise dans le Sud.

Différents arguments ont été avancés pour

tenter de légitimer le fait que les traitements res-tent cantonnés aux pays développés. L’insuffi-sance des infrastructures sanitaires, par exem-ple. Nous avons même eu droit à des proposracistes sur la complexité des trithéra-pies. Andrew Natsios, directeur de l’organismeaméricain chargé de l’aide publique au dévelop-pement (US Aid), expliquait il y a un an que lesAfricains n’avaient pas de notion de l’heure et nesauraient de ce fait suivre un planning de prisede médicaments. Puisque le bon sens ne suffisaitpas pour le contredire – on conçoit bien qu’unepersonne atteinte d’une maladie mortelle soitmotivée par le respect du traitement qui peut lasauver, quelle que soit son origine –, des étudesont été conduites, en particulier au Sénégal, parles Français de l’Agence nationale de recherchessur le sida. Résultat, l’observance y est au moinsaussi bonne que celle des patients du Nord.

De plus, les traitements se sont largement sim-plifiés. Le laboratoire pharmaceutique publicthaïlandais GPO commercialise même une trithé-rapie où les trois médicaments (3TC, d4T et névi-rapine) sont réunis dans un même comprimé, cequi favorise grandement le bon respect du traite-ment. Ce qui n’est pas possible s’agissant demolécules appartenant à des laboratoires privésconcurrents le devient avec un producteur

public de médicaments génériques. Les médica-ments génériques, justement. C’est sans doute àeux que l’on doit les changements les plus impor-tants intervenus dans la lutte contre le sida. Desétudes menées par Médecins sans frontièresmontrent que, de septembre à octobre 2000, leprix d’une trithérapie d’un an avec des médica-ments brevetés des multinationales a chuté verti-gineusement, passant de plus de 10 000 dollarspar patient à 930 dollars sous l’effet de la concur-rence avec les génériques. Les offres de labora-toires privés indiens à 350 dollars par an endécembre de la même année ont amené lesgrands laboratoires à encore abaisser à 727 dol-lars le coût du traitement équivalent. La baissespectaculaire des prix ne résulte pas de la seulebonne volonté de l’industrie pharmaceutique,mais bien de la pression économique des généri-ques, appuyée par celle, politique, de l’opinioninternationale.

Dans les pays à bas revenu, 230 000 personnessur les millions qui en auraient besoin bénéfi-cient actuellement des trithérapies. Le fait que lamoitié d’entre elles se trouvent au Brésil ne doitrien au hasard. Tout en respectant scrupuleuse-ment le droit des brevets, le Brésil a en effet déve-loppé la production de génériques à l’échelle demasse. Cela à la fois pour couvrir en partie sesbesoins, mais aussi pour disposer d’une armedans la négociation avec les multinationales. Etcela a marché : même les laboratoires occiden-taux les plus coriaces ont dû aligner leurs prix.

La grande leçon du Brésil est de ne pas s’êtreentièrement reposé sur une approche purementlibérale, comme le fait l’Inde, un pays que beau-coup qualifient de bombe à retardement tantl’explosion épidémique risque d’être forte. Lesproducteurs indiens de génériques sont desentreprises privées et ce sont donc les seulesrègles du marché qui régissent l’évolution duprix des médicaments. En développant un pro-gramme public de prévention, de dépistage etd’accès au traitement par une production natio-nale de médicaments génériques, le Brésil donneà l’Etat un rôle régulateur. Cela s’appelle avoirune politique de santé publique. Au-delà desbesoins de la lutte contre le sida, la leçon est àméditer pour tous ceux que concernent la politi-que du médicament et la régulation des dépen-ses de santé.

Paul Benkimoun

RECTIFICATIFS

SHLOMO BEN AMI. Dans l’entre-tien qu’il a accordé au Monde (LeMonde du 15 août), l’ancien minis-tre des affaires étrangères israé-lien Shlomo Ben Ami, évoquant« un ancien général soutenu par ungroupe d’hommes d’affaires », fai-sait allusion à Amram Mitzna, lenouveau candidat à la direction duParti travailliste, et non à HaïmRamon, comme nous l’avons écritpar erreur.

LA BALADE DE L’ÉTÉ. Dansnotre édition du 16 août, nousavons attribué par erreur l’articleintitulé « Pyrénées, Txindoki leCervin basque » à Benat Erre-calde. L’auteur de cette balade est

en réalité Jean-Baptiste Gaillard,de Pyrénées Magazine.

CHRISTIAN LACROIX. Dansnotre édition du 21 août, nousavons attribué par erreur la photo-graphie du couturier ChristianLacroix à Martine Franck. L’auteurest en réalité Marc Riboud.

PRÉCISION

HOLLY ET JESSICA. Nous avonsécrit abusivement dans un titre duMonde du 21 août que « La Gran-de-Bretagne [était] suspendue auverdict des enquêteurs ». Il s’agiten fait de leurs conclusions, seulun magistrat ou une juridictionpouvant rendre une décision dejustice.

Maths à la française

H O R I Z O N S A N A L Y S E S E T D É B A T S

0123est édité par la Société Editrice du Monde (SAS). La reproduction de tout article est interdite sansl’accord de l’administration. Commission paritaire des publications et agences de presse n° 0707 C 81975

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Recevez les félicitations d’undirecteur de recherche de l’INRApour vos articles consacrés à l’in-terférence ARN (Le Monde du13 août).Encore une fois, vous faites la partbelle à la recherche anglo-améri-caine (sûrement gage de qualité àvos yeux) et dédaignez la recher-che française ou européenne.Vous êtes-vous seulement posé laquestion de savoir si des équipesfrançaises avaient contribué à cet-te « découverte » ?

Il se trouve que c’est le cas. (…)Vous auriez au moins pu citer lestravaux de Tom Tuschl, puisquec’est son équipe qui, la première,a réussi à mettre en sommeil desgènes par interférence ARN dansdes cellules humaines en culture(travaux publiés dans la revueNature en 2001).Mais à vos yeux la recherche alle-mande ne vaut certainement pasplus que la française.Croyez-vous que c’est en l’igno-rant comme vous le faites que larecherche européenne va retrou-ver grâce aux yeux du public et àceux des gouvernants, qui n’ontde cesse d’en réduire les budgets ?

Hervé VaucheretVersailles (Yvelines)

En 1965, déjà, l’utopie d’une grandefédération avait présidé à la naissancedu mitterrandisme en tantque stratégie de rassemblement.Elle renaît toujours quand le PS est k.o.

Retrouverla société

Sida : le pire reste à venir

AU COURRIERDES LECTEURS

Page 10: SÉRIES La baisse rapide de l’impôt de l™ØtØ est contestée ......2002/08/22  · 2003 : « Moi, je préférerais une four-chette de 2,6 % à 3 % avec une hypo-thèse centrale

10/LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002

En quoi la crise financièreactuelle est-elle singulière ?

Elle est sans précédent, car ellese produit dans un contexte decroissance et de taux d’intérêt bas.C’est le cœur du système capitalis-te qui est touché : les particulierset les investisseurs ont perduconfiance dans la véracité descomptes des entreprises et dans lacompétence et l’honnêteté deceux qui les contrôlent, donc lesconseils d’administration et les diri-geants eux-mêmes. Cette situationexceptionnelle appelle des mesu-res exceptionnelles.

Que faut-il changer dans lespratiques comptables ?

Dans beaucoup de scandales, leséléments incriminés étaient écrits

noir sur blanc dans les rapportsdes entreprises. Mais trop d’infor-mation nuit à sa qualité. Il fautréfléchir aux comptes trimestriels,qui sont contre-productifs etaccroissent la volatilité des mar-chés. Personne ne les lit, peu degens sont à même de les compren-dre, et on peut se demander cequ’ils signifient, compte tenu del’évolution des taux de change, dela saisonnalité de l’activité et deschangements de périmètre…

Les normes comptables sont-elles adaptées ?

Il faut réfléchir au rapproche-ment des normes comptables amé-ricaines et internationales, ce quiprendra de cinq à dix ans. Lesentreprises prétextent souvent desdifférences de comptabilité pourjustifier leurs pratiques. Deux pro-blèmes doivent être traités : lacomptabilisation des engagementshors bilan et celle des écarts d’ac-quisition. Dans l’immédiat, les

entreprises devraient indiquerquels seraient leurs principescomptables dans les différents sys-tèmes de référence.

Et les cabinets d’audit ?Il n’y a plus que quatre grands

cabinets d’audit, c’est choquant.Dans toute opération de fusion oud’acquisition, on est pratiquementsûr de retrouver ces quatre cabi-nets, l’acheteur et le vendeurayant généralement un doublecommissariat aux comptes. Onpeut se demander pourquoi uneentreprise industrielle est empê-chée de faire une acquisition quilui permettrait de monter de 8 % à10 % de part de marché sur son seg-ment, et pas les cabinets d’audit. Ala suite de la faillite d’Enron,Andersen a été éclaté et racheté.Cela signifie-t-il qu’au prochainaccident il n’y aura plus que troiscabinets, puis deux… ?

Il faut essayer de développerd’autres acteurs. Nous travaillons

avec des cabinets d’audit pluspetits. Nous avons observé unebaisse de la qualité des prestationsdes grands cabinets, dont la com-pétence n’a pas progressé aussivite que la complexité des opéra-tions à étudier. Ils n’ont pas tou-jours su gérer leur course à la crois-sance. Leurs professionnels raison-nent avec des livres de procédure.Ils ont souvent perdu le bon sensqui les animait auparavant.

Qu’est-ce qui ne fonctionneplus entre les actionnaires et lesdirigeants d’entreprise ?

Les entreprises souffrent, para-doxalement, d’une absence deleurs actionnaires. Ceux-ci doiventindiquer la bonne direction pourl’entreprise. Or le capital des socié-tés change de mains de plus enplus vite sur le marché boursier,sauf pour les entreprises familia-les. Depuis dix ans, le marché aévolué fondamentalement, lamajorité des transactions n’étant

plus le fait de particuliers et d’in-vestisseurs à long terme mais pro-venant d’opérations spéculativessur le marché des produits dérivéset utilisant des instruments de cou-verture. Je n’ai rien contre les hed-ge funds (fonds spéculatifs), maisles entreprises ont besoin d’action-naires à long terme, plus profes-sionnels.

Et les conseils d’adminis-tration ?

L’absence d’actionnaires mène àla prédominance des dirigeantsd’entreprise. Je ne partage pas lesentiment dominant selon lequelle conseil d’administration doitêtre composé de personnalitésqualifiées, ce qu’on appelle lesadministrateurs indépendants. Dequi ou de quoi sont-ils indépen-dants ? Ils sont souvent, en réalité,des proches du président. En tantque capital-investisseur, j’appréciele modèle où l’administrateurreprésente un actionnaire impor-

tant. Dans la pratique, la vérité estentre les deux modèles.

Faut-il réglementer les opéra-tions des fonds spéculatifs ?

L’essentiel des opérations bour-sières provient aujourd’hui demouvements spéculatifs. On peutse demander si la Bourse remplitencore son rôle de financement del’économie, alors que les opéra-tions d’augmentation de capital etd’entrée en Bourse sont devenuesrares. Il faut donc réglementer lesmécanismes de la vente à décou-vert (vente de titres qu’on ne pos-sède pas, mais qu’on peut emprun-ter), qui nourrissent la spécula-tion. Mais la gestion alternative,qui utilise ces techniques, est enforte croissance, et certainsacteurs redoutent qu’une trop for-te réglementation handicape lacompétitivité de la place de Paris…

Propos recueillis parAdrien de Tricornot

LE PRIX du pétrole flambe surles marchés financiers. Il a franchi,mardi 20 août, le seuil des 30 dol-lars. Le prix du brut de référence(light sweet crude ou West TexasIntermediate, négocié à New York)pour livraison rapprochée en sep-tembre a gagné 27 cents, à30,11 dollars le baril, son plus hautniveau depuis quinze mois.

Durant la séance, les cours de l’ornoir ont même atteint 30,32 dollars,un record depuis dix-huit mois. A lafermeture, la tension est retombéeaprès la publication du rapport del’American Petroleum Institute(API) montrant une hausse desstocks de pétrole pour la semainedu 16 août, la première en troissemaines. Cette évolution, contrai-re aux anticipations du marché, arassuré les opérateurs sur les dispo-nibilités de pétrole aux Etats-Unisen cas de crise. A Londres, le con-trat sur le baril de Brent de la merdu Nord, qui a fermé mardi plu-sieurs heures avant le marché deNew York, a reculé de 15 cents, à27,60 dollars le baril.

Toutefois, depuis le début du

mois d’août les cours du pétrole necessent de progresser, car les inves-tisseurs craignent une frappe desEtats-Unis contre l’Irak, et se rappel-lent que durant la guerre du Golfeles cours avaient frôlé les 40 dol-lars. Bien qu’il soit toujours sousembargo des Nations Unies, l’Irakest le quatrième producteur depétrole au sein de l’Organisationdes pays exportateurs de pétrole(OPEP).

- « La crainte d’une intervention

américaine en Irak a conduit les fir-mes américaines à réduire fortementleurs importations en provenance dece pays : elles sont tombées à100 000 à 200 000 barils par jour,contre près de 1 million en débutd’année », relève Valérie Plagnol,économiste chez CIC Marchés dansune note de conjoncture. Selon lesexperts de la Deutsche Bank, lescours se sont également tendus,mardi, après la prise d’otages pardes opposants irakiens à l’ambassa-de d’Irak à Berlin.

La prochaine réunion de l’OPEP,

dont les onze membres assurentprès de 40 % de la production mon-diale, est prévue pour le 19 septem-bre à Osaka au Japon. Mais lesinvestisseurs s’interrogent sur lamarge de manœuvre du cartel.D’autant que le ministre koweitiendu pétrole, Ahmad al-Fahdal-Sabah, en visite en Russie lundi

19 août, a ajouté à la confusionambiante, en soufflant le chaud etle froid. D’un côté, selon l’agenceInterfax, il a jugé essentiel quel’OPEP ne décide pas à Osaka d’aug-menter sa production, et a soulignéque l’Organisation mettait tout enœuvre pour faire baisser le prix dubaril dans une fourchette de 22 à

28 dollars. De l’autre, il a déclaré,dans un entretien publié mardi parle quotidien russe Vremia Novosteï,que l’OPEP était prête à augmenterses exportations de pétrole si lesEtats-Unis engagaient une opéra-tion militaire contre l’Irak. « Si laguerre commence, les pays de l’OPEPsont prêts à compenser un arrêt quel-conque des livraisons » de pétrole, aaffirmé Ahmad Al-Fahd Al-Sabah,dans cet entretien. « Le quota duKoweit dans l’OPEP est près de1,7 million de barils par jour, maisnous pouvons exporter plus, jusqu’à2 millions. Beaucoup de pays peu-vent augmenter leur extraction :l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Alger, lesEmirats », a estimé le ministre.

Selon le rapport mensuel du Cen-

tre for Global Strategy (CGES),publié lundi, l’OPEP ne pourra tou-tefois pas augmenter sa productionde brut en septembre si elle veutmaintenir les prix autour de 25 dol-lars le baril, à moins que la haussede la demande ne dépasse large-ment le 1,2 % prévu au quatrièmetrimestre. L’institut relève quel’OPEP sera confrontée à un dilem-me lors de sa prochaine réunion, le19 septembre à Osaka. « Jusqu’àprésent, les décisions que prenaitl’OPEP pour son volume de produc-tion dépendaient du niveau des prixdans la marge de 22 à 28 dollars lebaril qu’elle s’est fixée pour objec-tif », mais « avec une croissance dela demande hésitante, l’OPEP ne tire-ra probablement aucune indicationclaire de l’évolution des prix, quidevrait rester au milieu de cette mar-ge en septembre, à moins que la pri-me de guerre n’augmente encore »,relève le CGES. Difficile en effet deréguler le marché lorsque les prixne suivent pas, comme actuelle-ment, la loi de l’offre et de lademande. « La certitude qu’une atta-que américaine contre l’Irak est inévi-table, combinée aux incertitudes sur

la date de son déclenchement, vontcontinuer de doper les prix du pétroleau-delà de ce que les fondamentauxjustifieraient », souligne le CGES.

Glenn Hubbard, le président dela commission des conseillers éco-nomiques de la Maison Blanche, ad’ailleurs reconnu mardi qu’au vudu précédent de la guerre du Golfe,une hausse temporaire des coursdu pétrole et une détérioration de

la confiance du consommateurétait prévisible. Un accroc dontl’économie américaine, déjà trèsaffaiblie et reposant essentielle-ment sur les épaules des consom-mateurs, se passerait volontiers.

Cécile Prudhomme

DÉBAT sur la mondialisationoblige, le poids des grands groupesmultinationaux dans l’économiemondiale est sujet à polémique.ExxonMobil ou General Electricsont-ils d’ores et déjà de petitsEtats et leurs PDG des quasi « chefsd’Etat privés » ? C’est pour tenterde clarifier les termes du débatentre partisans du libre-échange etpourfendeurs de la mondialisationque la Conférence des Nationsunies pour le commerce et le déve-loppement (Cnuced) a classé lespays et les entreprises en fonctionde la richesse produite chaqueannée.

Un premier extrait du rapport

annuel de la Cnuced, qui doit êtrepublié le 17 septembre 2002, sur lethème plus général de la « contribu-tion des multinationales à la compéti-tivité des nations », a de quoi alimen-ter les arguments des deux camps.La méthodologie utilisée par laCnuced, largement inspirée de celledu professeur d’économie et séna-teur belge Paul de Grauwe, consis-te à comparer la valeur ajoutée pro-duite par les entreprises (et nonleur chiffre d’affaires) avec le pro-duit intérieur brut (PIB) annuel desEtats.

ExxonMobil ou General Motorsse sont effectivement hissées auniveau de pays comme le Chili ou le

Pakistan, et 29 des 100 entités éco-nomiques les plus productives de laplanète sont des entreprises pri-vées. Mais, autre façon d’appréhen-der la réalité, la contribution totaledes 100 premières entreprises nereprésente au total que 4,3 % duPIB mondial.

« Nous ne voulions pas intervenirdans le débat sur la mondialisation,mais donner des éléments concretspour éviter d’entendre des contre-vérités sur le poids réel des groupesprivés », explique Miguel Perez-Ludena, économiste chargé desmultinationales à la Cnuced. « Laconclusion de notre étude, souli-gne-t-il, c’est que certaines entrepri-

ses sont devenues des acteurs écono-miques de première importance, parrapport à certains pays en voie dedéveloppement ; mais, en termes derichesse produite, il ne faut pas enexagérer l’importance ; et, si on parlede puissance, il y a bien d’autresdimensions à prendre en compte. »

Effectivement, le premier groupe

mondial, ExxonMobil, avec 63 mil-liards de dollars de valeur ajoutée,reste encore très loin des capacitésproductives de pays comme lesEtats-Unis (9 810 milliards) ou laFrance (1 294 milliards).

Il n’empêche. Une fois effectués

ces constats statistiques, les inter-prétations sur les tendances lon-gues divergent. M. de Grauwe, quia réalisé une étude similaire à cellede la Cnuced, en janvier 2002, af-firme qu’« il y a peu d’indices quitendraient à prouver que la puis-sance économique et politique desmultinationales a progressé au coursdes dernières décennies ». A l’appuide sa thèse, il explique que « lepoids des 50 premières entreprisesdans le PIB mondial a reculéentre 1980 et 2000 ».

La Cnuced affirme au contraireque « les 100 premières entreprisessont passées de 3,5 % à 4,3 % de larichesse mondiale produite

entre 1990 et 2000 », tout en admet-tant que le bilan se retourne si l’onn’examine que les 50 premières. Laforte croissance de l’économie mon-diale dans les années 1990 expliquepeut-être que les entreprises aientmarqué des points face aux Etats.La vague des fusions et acquisitionsau cours des dernières années sem-ble toutefois avoir profité à unenouvelle génération de multinatio-nales plutôt qu’aux plus grossesd’entre elles. De quoi en tout caspermettre aux partisans et adversai-res de la mondialisation d’y trouverfinalement chacun leur compte.

Christophe Jakubyszyn

Le prix du pétrole flambe sur les marchés financiers. Lecours du brut de référence américan a franchi le20 août, le seuil des 30 , son plus hautniveau en quinze mois. Depuis plusieurs jours, les

cours du pétrole progressent car les investisseurs crai-gnent une - ’, et se remémorent que durant la guerre duGolfe les cours avaient frôlé les 40 dollars. La hausse

des stocks américains devrait permettre de réduire lestensions sur le marché. L’OPEP, qui se réunit le 19 -, a peu de marge de manœuvre : même sielle veut ramener les prix autour de 25 dollars, le con-

texte militaire pèse plus sur les marchés que le jeu del’offre et la demande. E , « les paysde l’OPEP seraient prêts à compenser un arrêt des livrai-sons », affirme le ministre du pétrole du Koweit.

...

Les prix du pétrole restent sous pressionLe cours du brut de référence aux Etats-Unis a franchi, mardi 20 août, le seuil des 30 dollars. Malgré les propos rassurants de l’OPEP

et ses garanties de satisfaire la demande, la crainte d’une attaque américaine en Irak continue de l’emporter sur les marchés

Une hausse des exportations debrut de l’Iran et de l’Irak a conduit àune « nette augmentation » de laproduction de l’OPEP, ce qui com-mence à poser un véritable problè-me, selon le Middle East EconomicSurvey (MEES), journal spécialisédans les questions pétrolières.

La production de l’OPEP s’est mon-tée en juillet à 23,52 millions debarils par jour (mbj), en dépasse-ment d’environ 1,8 mbj du plafondfixé par le cartel, a précisé le bulle-tin dans son édition du lundi19 août. La production de l’Iran a étéla plus importante jamais enregis-trée jusque-là cette année(3,56 mbj), alors que celle de l’Irak aété de 1,83 mbj.

L’Irak n’est pas soumis au régimedes quotas en raison de l’embargode l’ONU. « Les chiffres de juillettémoignent d’une augmentation pro-gressive de la production de l’OPEP,accompagnée d’un non-respect desquotas », relève le Middle East Econo-mic Survey.

Cours du pétrole light sweet crude (qualité west texas intermediate-WTI)en dollars par baril, à New York

TENSIONS SUR LES COURS

Source : Bloomberg 2001 2002J M M J S N J M M J A

32

30

28

26

24

22

20

18

16

32,19

17,45

30,11Le 20 août

1 Vous êtes le directeur de la

revue Pétrostratégies. Etes-vouspréoccupé par la montée actuelle

des cours ?

Le nouveau pic des cours dupétrole a entraîné une certainepeur, notamment sur le marchéaméricain. Mais il faut relativiserla situation.

Nous nous trouvons certes enface de prix relativement fermes,mais les cours n’atteignent pasles niveaux de 2001. Si l’on exami-ne les sept premiers mois de l’an-née 2002, le cours du baril debrent reste inférieur de 2 dollarsen moyenne à celui de l’année pré-cédente. La situation est encoreraisonnable.

2 La tension entre les Etats-Unis

et l’Irak est-elle la seule raisonde cette hausse ?

Nous sommes sur un marchésusceptible de se tendre à toutmoment, car l’offre et la demandesont relativement bien équili-brées. Mais il est vrai que la ten-sion actuelle est principalementliée à la peur que les Etats-Unisdéclenchent des hostilités contrel’Irak et que cela entraîne une bais-se de l’offre. Cette peur n’est pasvraiment justifiée, car l’influenced’un conflit reste limitée. Souve-nez-vous de la guerre du Golfe, en1991 : il n’y a pas eu de pénurie depétrole pendant la guerre duGolfe.

3 Les Etats-Unis chercheraient

d’autres approvisionnements

pour s’affranchir de l’Arabie saoudi-te. Qu’en pensez-vous ?

Cette idée n’est pas nouvelle.Ce sont souvent les présidentsrépublicains (Eisenhower, Nixon,et maintenant Bush) qui brandis-sent l’obsession de l’indépendan-ce. Les Etats-Unis ont été exporta-teurs nets de pétrole pendantplus de cent ans, jusqu’au milieudu XXe siècle, et ils ne se remet-tent toujours pas de cette perted’indépendance.

Depuis le 11 septembre, l’Ara-bie saoudite, premier producteurde pétrole et détenteur d’unquart des réserves mondiales, est

visée par les conservateurs améri-cains. Le pacte scellé en 1945entre le président Roosevelt et leroi Ibn Saoud [qui accordait auxEtats-Unis un quasi-monopole del’exploitation des gisements enéchange de leur protection] estpsychologiquement remis enquestion. C’est potentiellementdangereux.

La mer Caspienne, la Russie,l’Afrique de l’Ouest ont des gise-ments alternatifs. Mais troisquarts des réserves mondiales sesituent encore dans la zoneOPEP.

Propos recueillispar Laure Belot

E N T R E P R I S E Sm a t i è r e s p r e m i è r e s

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L’OPEP ne respectepas les quotas

Page 11: SÉRIES La baisse rapide de l’impôt de l™ØtØ est contestée ......2002/08/22  · 2003 : « Moi, je préférerais une four-chette de 2,6 % à 3 % avec une hypo-thèse centrale

LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002/11

LES BOURSES DANS LE MONDE 21/8, 9h48

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

UNION EUROPÉENNEALLEMAGNE DAX Index 3795,27 21/8 0,71 5467,31 19/3 3235,37 6/8 20,10 Euro Neu Markt Price IX 534,51 21/8 0,50 1212,43 4/1 494,98 6/8AUTRICHE Austria traded 1112,80 21/8 -0,06 1368,18 2/5 1089,00 6/8 12,10BELGIQUE Bel 20 2242,49 21/8 0,49 2906,75 24/4 1930,33 24/7 11,60DANEMARK Horsens Bnex 220,86 21/8 -0,05 280,92 26/3 196,97 24/7 14,10ESPAGNE Ibex 35 6467,90 21/8 0,02 8608,50 4/1 5815,60 6/8 16,30FINLANDE Hex General 5601,04 21/8 -0,19 9224,38 4/1 4711,08 24/7 14,70FRANCE CAC 40 3454,37 21/8 0,40 4720,04 4/1 2898,60 24/7 17,30 Mid CAC 1581,86 20/8 0,53 2176,89 2/4 1565,08 14/8 15,30 SBF 120 2418,72 21/8 0,36 3263,90 28/3 2073,22 24/7 17,40 SBF 250 2299,73 20/8 -1,03 3081,89 28/3 2067,69 24/7 17,30 Indice second marché 2099,58 20/8 -0,19 2567,01 15/5 2077,37 6/8 13,30 Indice nouveau marché 607,04 21/8 -0,53 1175,41 7/1 583,13 6/8GRÈCE ASE General 2175,23 21/8 0,00 2655,07 3/1 2023,19 24/7 15,70IRLANDE Irish Overall 4449,79 21/8 0,06 6085,02 18/1 3901,53 24/7 11,80ITALIE Milan Mib 30 26374,00 21/8 0,43 33548,00 17/4 22698,00 24/7 17,90LUXEMBOURG Lux Index 846,24 20/8 0,59 1169,47 14/1 818,90 13/8 19,40PAYS BAS Amster. Exc. Index 379,34 21/8 -0,02 531,45 18/4 303,72 24/7 14,60PORTUGAL PSI 20 5962,48 21/8 0,20 7998,50 4/1 5787,08 7/8 13,90

ROYAUME UNI FTSE 100 index 4380,60 21/8 0,27 5362,29 4/1 3625,89 24/7 15,40 FTSE techMark 100 index 783,35 21/8 0,25 1569,61 4/1 704,92 24/7SUÈDE OMX 525,30 21/8 0,54 878,88 4/1 468,52 24/7 20,70

EUROPEHONGRIE Bux 7294,07 16/8 -0,27 9019,42 7/5 6546,35 26/7 9,70ISLANDE ICEX 15 1268,18 20/8 -0,62 1413,85 21/3 1142,61 7/1POLOGNE WSE Wig 20 1071,11 20/8 -1,09 1486,22 28/1 1026,65 26/7 13,70TCHÉQUIE Exchange PX 50 453,80 20/8 -1,69 479,39 10/5 384,60 2/1RUSSIE RTS 347,76 20/8 -0,05 425,42 20/5 256,75 28/12SUISSE Swiss market 5374,10 21/8 -0,10 6740,60 17/5 5490,50 26/6 17,00TURQUIE National 100 9761,87 21/8 1,03 15071,83 8/1 8514,03 3/7 11,80

AMÉRIQUESARGENTINE Merval 383,32 20/8 0,24 471,33 6/2 267,73 14/6 17,90BRÉSIL Bovespa 9263,03 20/8 -1,63 14495,28 18/3 9016,73 14/8 6,90CANADA TSE 300 6655,29 20/8 -0,04 7992,70 7/3 5992,14 24/7 18,80CHILI Ipsa 87,67 21/8 -1,74 102,37 4/1 79,19 24/7 14,40ETATS-UNIS Dow Jones ind. 8872,07 20/8 -1,32 10673,09 19/3 7532,66 24/7 19,30 Nasdaq composite 1376,59 20/8 -1,29 2098,87 9/1 1192,42 24/7 38,30 Nasdaq 100 1008,02 20/8 -1,75 1710,22 9/1 856,34 5/8 38,90 Wilshire 5000 8840,24 20/8 -1,30 10983,40 19/3 7396,62 24/7 Standards & Poors 500 937,43 20/8 -1,40 1176,96 7/1 775,67 24/7 18,60MEXIQUE IPC 6192,91 20/8 -0,13 7611,12 11/4 5500,75 5/8 10,40

ASIE-OCÉANIEAUSTRALIE All ordinaries 3113,80 21/8 -0,40 3443,89 14/2 2909,50 6/8 15,90CHINE Shangaï B 151,64 20/8 0,62 172,33 31/12 121,08 23/1 31,80 Shenzen B 244,64 20/8 0,55 267,75 31/12 182,42 23/1 16,80CORÉE DU SUD Composite 736,70 20/8 2,66 943,53 22/4 660,94 6/8HONG KONG Hang Seng 10394,09 21/8 -0,13 12020,45 17/5 9635,98 6/8 15,10 All ordinaries 4521,58 21/8 0,00 5277,35 17/5 4219,52 6/8INDE Bombay SE 30 375,54 20/8 0,84 415,77 5/4 333,54 31/12ISRAËL Tel Aviv 100 362,63 20/8 -0,03 468,92 7/1 340,29 24/6JAPON Nikkei 225 9642,61 21/8 0,23 12081,42 27/5 9420,84 6/2 23,40 Topix index 947,37 21/8 0,18 1144,02 27/5 921,08 6/2 29,50MALAISIE KL composite 728,59 21/8 -0,73 816,94 23/4 681,50 2/1 15,60NOUVELLE-ZÉLANDE All ordinar. 737,07 21/8 -0,16 786,14 18/6 710,96 26/7SINGAPOUR Straits Time 1530,19 21/8 -0,22 1848,98 5/3 1441,92 6/8TAÏWAN Weighted 4919,26 20/8 0,64 6484,93 22/4 4506,60 6/8 21,50THAILANDE Thaï SE 369,91 21/8 -0,89 430,67 14/6 301,17 28/12

AFRIQUEAFRIQUE DU SUD All share 9552,31 21/8 0,67 9,20COTE D'IVOIRE BRVM 68,40 20/8 77,45 31/12 68,19 1/8

EUROPE Mercredi 21 août 9h48

Dollar 100 Yens Euro Livre Franc S.

NEW YORK ($) 0,84696 0,98205 1,53020 0,66834 TOKYO (¥) 118,07000 115,92500 180,66000 78,89235 PARIS (¤) 1,01850 0,86270 1,55840 0,68060 LONDRES (£) 0,65351 0,55353 0,64170 0,43674 ZURICH (FR. S.) 1,49625 1,26755 1,46925 2,28970

INDICESSECTEURS EURO STOXX

Indice % var.

EURO STOXX 50 ...........................2777,08.......0,20AUTOMOBILE ..................................208,92.......0,48BANQUES .........................................233,82.......0,35PRODUIT DE BASE ..........................158,60.......0,56CHIMIE..............................................290,84.......1,00TÉLÉCOMMUNICATIONS ...............322,69 .....-0,28CONSTRUCTION..............................186,04.......0,64CONSOMMATION CYCLIQUE ..........98,03 .....-0,16PHARMACIE .....................................372,27 .....-0,95ÉNERGIE ...........................................293,03 .....-0,15SERVICES FINANCIERS....................171,82.......0,70ALIMENTATION ET BOISSON ........218,44.......0,01BIENS D'ÉQUIPEMENT ...................283,03.......0,37ASSURANCES...................................213,89.......1,06MÉDIAS ............................................152,98 .....-0,47BIENS DE CONSOMMATION.........308,58.......0,86COMMERCE ET DISTRIBUTION .....227,91.......0,59HAUTE TECHNOLOGIE ...................272,66.......0,16SERVICES COLLECTIFS ....................244,83.......0,72

LES 50 VALEURS DE L'EURO STOXXCode Cours % var.pays /préc.

ABN AMRO HOLDING ......NL...........17,00 .....-0,23AEGON NV.........................NL...........15,80.......0,89AIR LIQUIDE........................FR.........146,40.......1,60ALCATEL A ..........................FR .............5,06.......0,20ALLIANZ N ..........................AL.........133,21.......1,69AVENTIS..............................FR ...........63,00 .....-2,02AXA......................................FR ...........15,25.......3,04BASF AG..............................AL ...........40,91.......0,89BAYER..................................AL ...........24,11.......1,26BAYR.HYP.U.VERBK...........AL ...........22,40.......1,13BBVA ...................................ES ...........10,00 .....-0,40BNP PARIBAS .....................FR ...........49,75.......1,02BSCH....................................ES .............6,78.......0,44CARREFOUR........................FR ...........44,50.......1,27DAIMLERCHRYSLER N.......AL ...........46,65.......0,45

DANONE .............................FR.........130,90.......0,38DEUTSCHE BANK AG ........AL ...........62,74.......0,22DEUTSCHE TELEKOM........AL ...........11,69 .....-1,43E.ON ....................................AL ...........53,24.......0,81ENDESA...............................ES ...........11,95 .....-0,58ENEL .....................................IT .............5,52.......0,91ENI SPA ................................IT ...........15,79 .....-0,38FORTIS.................................BE ...........17,41.......1,22FRANCE TELECOM.............FR ...........14,73 .....-0,14GENERALI ASS.....................IT ...........20,65.......0,88ING GROEP CVA................NL...........23,34 .....-0,04KONINKLIJKE AHOLD .......NL...........18,08.......0,17L'OREAL...............................FR ...........76,55.......0,72LVMH ..................................FR ...........43,10.......0,72MUENCHENER RUECKV ...AL.........193,70.......0,75NOKIA OYJ...........................FI ...........14,39 .....-0,21PINAULT PRINTEMPS ........FR ...........73,90 .....-0,14REPSOL YPF ........................ES ...........13,29.......0,45ROY.PHILIPS ELECTR .........NL...........23,09 .....-0,43ROYAL DUTCH PETROL ....NL...........45,95 .....-0,65RWE.....................................AL ...........37,95.......0,93SAINT GOBAIN...................FR ...........28,88.......1,05SANOFI-SYNTHELABO ......FR ...........62,15 .....-0,24SANPAOLO IMI ...................IT .............8,78.......0,92SIEMENS .............................AL ...........50,50.......1,49SOCIETE GENERALE A .......FR ...........61,30 .....-0,16SUEZ....................................FR ...........25,10.......1,46TELECOM ITALIA.................IT .............8,45.......0,48TELEFONICA........................ES .............9,67 .....-0,51TIM .......................................IT .............4,86.......0,21TOTAL FINA ELF .................FR.........146,60.......0,34UNICREDITO ITALIAN ........IT .............3,95 .....-0,25UNILEVER CVA ..................NL...........60,80 .....-0,33VIVENDI UNIVERSAL.........FR ...........12,36 .....-2,68VOLKSWAGEN ...................AL ...........48,70.......0,72

Valeur Cours de clôture (¤) % var.Meilleures performances PHENOMEDIA ...................................0,40 .......60,00BROKAT TECHNOLOGIE...................0,03 .......50,00HEYDE.................................................0,03 .......50,00ABACHO.............................................0,14 .......40,00FAME ..................................................0,27 .......35,00INTERNOLIX.......................................3,79 .......30,69ELECTRONICS LINE............................6,10 .......27,88Plus mauvaises performances LETSBUYIT.COM................................0,01......-50,00MUEHL PRODUCT&SERV ................0,66......-34,00SOFTMATIC AG .................................0,03......-25,00KOEGEL FAHRZEUG VZ....................3,00......-23,08ELSA AG..............................................0,12......-20,00RTV FAMILY ENTNTM ......................0,09......-18,18FORTUNECITY.COM..........................0,09......-18,18

Valeur Cours de clôture (£) % var.Meilleures performances CARLTON COMMUNICAT ................1,52..........7,99AVIS EUROPE.....................................0,96..........6,70GRANADA ..........................................0,90..........6,55EMAP PLC...........................................7,10..........6,29BALFOUR BEATTY .............................2,25..........5,26XSTRATA ............................................6,50..........4,84MARCONI...........................................0,02..........4,73Plus mauvaises performances BRITISH ENERGY ...............................0,54......-14,96TELEWEST COMM.............................0,01......-11,11SPIRENT..............................................0,60 ........-9,77ASTRAZENECA ................................19,43 ........-7,03WPP GROUP ......................................4,68 ........-6,40COLT TELECOM GROUP ...................0,59 ........-6,35BALTIMORE TECHNOL......................0,06 ........-6,15

Valeur Cours de clôture (¥) % var.Meilleures performances ACCESS ........................................1870,00 .......19,11SOKKIA ..........................................210,00 .......18,64NIPPON SHINDO ............................68,00 .......17,24ARTIZA NETWORKS .......................83,00 .......13,70PA ...................................................134,00 .......11,67KURODA PRECISION ....................145,00 .......11,54FORVAL TELECOM ...................80000,00 .......11,11Plus mauvaises performances TOKYO SHEARING........................162,00......-21,36TOKYU LOGISTIC ..........................425,00......-19,81TEAC CORP....................................158,00......-15,96MIYAKOSHI .....................................81,00......-10,99TOYO TAKASAGO BAT...................99,00......-10,81NIPPON METAL INDUS..................98,00......-10,09MARUBENI INFOTEC....................252,00 ........-8,36

Valeur Cours de clôture (¤) % var.Meilleures performances VIVENDI ENVIRONNEM.................23,00 .......16,10ERICSSON B .......................................0,64 .......14,29VIVENDI UNIVERSAL......................12,70 .......11,50M6 ....................................................25,83..........7,63COMPLETEL EUROPE ........................0,15..........7,14IPSOS................................................57,55..........6,57PROVIMI ..........................................15,93..........6,27Plus mauvaises performances EASY ETF ASPI EURO ........................0,50 ........-6,64VALTECH ............................................0,51 ........-5,56SANOFI-SYNTHELABO....................62,30 ........-4,67BAYER...............................................23,84 ........-4,45AVENTIS...........................................64,30 ........-4,24NESTLE NOM. ...............................225,90 ........-3,38AIR LIQUIDE ..................................144,10 ........-3,29

Séance du 20/8

NYSE1283 millions de titres échangésValeur Cours de clôture ($) % var.

3M ..................................................128,89 ........-0,32AM INTL GRP...................................67,14 ........-1,13ALCOA ..............................................25,79 ........-1,23AOL TIME WARNER........................13,36..........0,23AMERICAN EXPRESS ......................36,52 ........-2,95AT & T..............................................11,18..........3,90BANK OF AMERICA ........................69,01 ........-1,55BOEING CO......................................37,88 ........-1,61BRISTOL MYERS SQUI ....................23,78 ........-0,17CATERPILLAR ...................................44,25 ........-0,98CITIGROUP.......................................35,79 ........-1,54COCA-COLA .....................................51,63 ........-0,14COLGATE PALMOLIVE ....................54,30 ........-1,09DOW CHEMICAL.............................29,07 ........-3,10DUPONT DE NEMOURS.................40,65 ........-1,79EASTMAN KODAK ..........................30,23 ........-0,13EXXON MOBIL ................................36,18 ........-2,64FORD MOTOR .................................11,91 ........-1,81GENERAL ELECTRIC ........................32,25 ........-1,95GENERAL MOTORS.........................46,95..........0,41GILLETTE CO ....................................31,38..........1,06HEWLETT PACKARD .......................14,51 ........-3,27HOME DEPOT INC ..........................30,25..........4,20HONEYWELL INTL...........................30,64 ........-4,01IBM ...................................................81,27 ........-1,48INTL PAPER......................................37,90 ........-1,99JOHNSON & JOHNSON.................54,90 ........-1,86J.P.MORGAN CHASE ......................26,54 ........-2,46LUCENT TECHNOLOGIE ...................1,43 ........-1,38MC DONALD'S CORP......................24,37 ........-0,98MERCK AND CO..............................50,64 ........-1,21MOTOROLA .....................................12,67 ........-5,31NORTEL NETWORKS.........................1,60 .......13,48PEPSICO ...........................................43,61 ........-0,71PFIZER INC.......................................33,69 ........-1,12PHILIP MORRIS COS .......................51,70 ........-0,29

PROCTER AND GAMBLE ................90,21 ........-1,22SBC COMMUNICATIONS...............27,68 ........-7,33TEXAS INSTRUMENTS....................21,81 ........-3,50UNITED TECHNOLOGIE .................62,55 ........-1,12VERIZON COMM ............................31,80 ........-5,33WAL-MART STORES .......................53,78 ........-1,66WALT DISNEY COMPAN................16,45 ........-1,20

NASDAQ1506 millions de titres échangésValeur Cours de clôture ($) % var.

ALTERA CORP..................................12,52 ........-4,94AMAZON.COM................................15,92..........2,71AMGEN INC.....................................46,67..........0,54APPLIED MATERIALS ......................15,03 ........-2,84BED BATH & BEYOND ...................34,12 ........-1,56CISCO SYSTEMS..............................14,73..........0,07COMCAST A SPECIAL .....................21,17..........1,29CONCORD EFS ................................22,16 ........-0,45DELL COMPUTER ............................27,70 ........-1,49EBAY .................................................60,41 ........-2,34FLEXTRONICS INTL ...........................9,39 ........-1,47GEMSTAR TV GUIDE ........................4,24 ........-9,79GENZYME ........................................23,25 ........-1,98INTEL CORP .....................................18,97 ........-2,52INTUIT ..............................................45,67 ........-1,57JDS UNIPHASE...................................2,35..........0,00LINEAR TECHNOLOGY ...................31,47 ........-4,92MAXIM INTEGR PROD...................36,00 ........-5,01MICROSOFT.....................................51,04 ........-1,85ORACLE CORP .................................10,76 ........-1,56PAYCHEX .........................................23,97 ........-1,48PEOPLESOFT INC.............................18,42 ........-2,75QUALCOMM INC ............................29,29 ........-2,04SIEBEL SYSTEMS................................9,08 ........-3,51STARBUCKS CORP ..........................21,05 ........-3,48SUN MICROSYSTEMS.......................4,04 ........-3,58VERITAS SOFTWARE ......................19,07 ........-3,39WORLDCOM......................................0,13..........1,63XILINX INC.......................................21,27 ........-4,36YAHOO INC .....................................13,09 ........-2,82

MARCHÉ DES CHANGES 21/8, 9h48

TAUX D'INTÉRÊTS LE 21/8Taux Taux Taux Tauxj.le j. 3 mois 10 ans 30 ans

3,29 3,35 4,67 5,05 - 3,93 4,00 4,71 4,61 3,29 3,35 4,80 5,19 3,29 3,35 4,58 5,03 0,05 0,07 1,10 1,94 - 1,81 1,77 4,29 5,30 0,78 0,79 2,94 3,64

Echéance Premier Dernier Contratsprix prix ouverts

40 . 8/2 3430,00 3460,00 459232 . 9/2 88,40 5 . 50 9/2 2802,00 2687,00 632 10 9/2 110,84 110,52 846596 3. 9/2 96,64 96,64 355305 9/2 8920,00 8880,00 31423. 9/2 943,00 939,70 569967

MERCREDI 21 AOÙT 9h48Cours % var.

OR FIN KILO BARRE ..................10100,00 ........1,00OR FIN LINGOT..........................10190,00.......-0,39ONCE D'OR EN DOLLAR................310,10.......-1,30PIÈCE 20 FR. FRANCAIS...................57,50.......-2,21PIÈCE 20 FR. SUISSE ........................57,50.......-2,21PIÈCE UNION LAT. 20......................57,50.......-2,54PIÈCE 10 US$..................................200,00 ........0,00PIÈCE 20 US$..................................373,75 ........0,00PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS ........375,00.......-1,06

MERCREDI 21 AOÙT 9h48 Cours % var.

BLE ($ CHICAGO) ...........................350,50.......-2,91CACAO ($ NEW YORK) ...............1912,00 ........0,84CAFE (£ LONDRES).........................511,00.......-1,15COLZA (¤ PARIS) ............................256,50.......-1,16MAÏS ($ CHICAGO)........................271,00.......-2,34ORGE (£ LONDRES)..........................58,00.......-0,42JUS D'ORANGE ($ NEW YORK) ........1,06.......-0,33SUCRE BLANC (£ LONDRES).........179,00 ........0,79SOJA TOURT. ($ CHICAGO) ..........167,10.......-3,19

MERCREDI 21 AOÙT 9h48 Cours % var.

LONDRESALUMINIUM COMPTANT ($).....1298,25 ........0,68ALUMINIUM À 3 MOIS ($).........1318,52 ........0,64CUIVRE COMPTANT ($) ..............1484,75 ........0,75CUIVRE À 3 MOIS ($) ..................1505,04 ........0,72ETAIN COMPTANT ($) ................3849,00 ........1,64ETAIN À 3 MOIS ($) ....................3880,00 ........1,62NICKEL COMPTANT ($)...............6755,00 ........1,37NICKEL À 3 MOIS ($)...................6770,00 ........1,56PLOMB COMPTANT ($).................417,75 ........0,30PLOMB À 3 MOIS ($).....................428,04 ........0,45ZINC COMPTANT ($).....................758,00 ........0,20ZINC À 3 MOIS ($).........................778,00 ........0,21NEW YORKARGENT À TERME ($) ........................4,43 ........0,68PLATINE À TERME ($)....................545,00.......-1,41

MERCREDI 21 AOÙT 9h48 Cours % var.

BRENT (LONDRES) ...........................27,10 ........1,01WTI (NEW YORK).............................29,75 ........1,61LIGHT SWEET CRUDE ......................28,70.......-0,35

FRANCFORT20/8 : 126 millions d'euros échangés

LONDRES20/8 : 1960 millions d'euros échangés

TOKYO20/8 : 708 millions d'euros échangés

PARIS20/8 : 138 millions d'euros échangés

NEW YORK

Achat Vente

...............7,4265...........7,4275 . ...............7,3573...........7,3623 ..............9,1815...........9,1845 .............30,5464.........31,0499 ................1,8008...........1,8016 ...................1,5374...........1,5385 ................7,6578...........7,6605 -...............2,0863...........2,0916 ..............245,3018 ......246,1383 .................32374,0000..32438,0000 ...................................31,0068.........31,0292

TAUX

MARCHÉS A TERME LE 21/8, 9h48

Taux de base bancaire..................................6,60 %Taux des oblig. des sociétés privées .........5,40 %Taux d'intérêt légal.......................................4,26 %

Crédit immobilier à taux fixetaux effectif moyen ......................................6,05 %usure ................................................................8,07 %Crédit immobilier à taux variabletaux effectif moyen ......................................6,04 %usure ................................................................8,05 %Crédit consommation (- de 1 524 euros)taux effectif moyen ....................................17,35 %usure ..............................................................23,13 %Crédit renouvelable, découvertstaux effectif moyen ....................................13,98 %usure ..............................................................18,64 %Crédit consommation (+ de 1 524 euros)taux effectif moyen ......................................8,70 %usure ..............................................................11,60 %

Crédit aux entreprises (+ de 2ans)moyenne taux variable ................................5,76 %usure taux variable .......................................7,68 %moyenne taux fixe ........................................6,31 %usure taux fixe...............................................8,41 %

(Taux de l’usure : taux maximum légal)

OR MÉTAUX

Les marchésmondiaux fontune pause

Le Crédit lyonnais accuséde plagiat à la City de Londres

Martin Brooker, analyste de la société de courtage de l’établissementfrançais, aurait simplement recopié les articles d’un petit concurrent

PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pourl'exercice courant. PER : Jacques Chahine Finances ; données : la Cote Bleue.n/d : valeur non disponible.

ZONE EURO : FR (France), AL (Allemagne), ES (Espa-gne), IT (Italie), PT (Portugal), IR (Irlande), LU (Luxem-bourg), NL (Pays-Bas), AT (Autriche), FI (Finlande), BE(Belgique), GR (Grèce).HORS ZONE EURO : CH (Suisse), NO (Norvège), SE(Suède), RU (Royaume-Uni), DK (Danemark).

COURS DE L'EURO

TAUX COURANTS

DENRÉES

PÉTROLE

LES PLACES financières mondia-les ont marqué une pause, mardi20 août, après le vif rebond de laveille. A Paris, le CAC 40 a terminéla séance en baisse de 1,5 %, à3 440,62 points ; à Londres, le Foot-sie perdait 1,31 %, pour afficher4 368,90 points, et le DAX, à Franc-fort, chutait de 1,8 %, à3 768,51 points.

A Paris, parmi les grandes valeursqui ont contribué à la baisse duCAC 40, les pharmaceutiques Aven-tis (– 4,24 %) et Sanofi-Synthélabo(– 4,59 %) ont pâti des déboires deleur concurrent britannique Astra-Zeneca. Contre la tendance, Viven-di Universal (VU) a gagné 11,50 %sur une rumeur de mariage de ladivision Entertainment avec Liber-ty Media et d’une mise partielle surle marché. De son côté, VivendiEnvironnement s’est distingué parun bond de 16,1 %, grâce à la déci-sion des porteurs d’obligationsconvertibles Océane de renoncer àla garantie de VU en échange d’uneaugmentation du coupon.

La tendance était la même à WallStreet. Le Dow Jones a reculé de1,32 %, à 8 872,07 points, et le Nas-daq de 1,29 %, à 1 376,59 points, dufait de la chute des valeurs techno-logiques et de télécommunications.A Tokyo, l’indice Nikkei a gagné0,23 %, à 3 164,6 points.

F M A M J J A

EURO à 6 mois EURO à 5 jours

0.86

0.89

0.91

0.94

0.96

0.99

2002

0.9780

0.9780

0.9806

0.9793

0.9819

0.9832

0.9845

14 20Août

LONDRESde notre correspondant à la CityOn l’appelait Martin-le-génie.

Le Tout-Londres dévorait les ré-flexions sur la conjoncture deMartin Brooker, spécialiste desPME, publiées dans Mid-Cap Moni-tor, le mensuel de Crédit LyonnaisSecurities. Un mot de cet expert,qui avait rejoint en 1996 la sociétéde courtage de l’établissement ban-caire français, suffisait à faire plon-ger ou remonter un titre. Ses avissur l’environnement économiquedes petites entreprises cotéesétaient écoutés religieusement parles investisseurs institutionnels,grands fonds de pension et caissesd’assurances. Ses chefs para-phaient sans les lire les recomman-dations d’achat ou de vente d’ac-tions de leur oracle. Malgré unejuteuse prime de fin d’année, il aaccepté le pont d’or que lui a offertle courtier sur Internet américainE*trade et a fait défection, en avril,avec quatre collègues.

Ce golden boy semblait toutavoir pour lui. Mais le jeu était biai-sé. De mai 2001 à avril 2002,Martin Brooker n’a fait que reco-pier les travaux des analystes d’unepetite firme londonienne d’originesuisse, Pereire Tod. Au lieu derecueillir lui-même l’informationet de l’analyser, il recopiait, parfois

mot à mot, la recherche de son con-current. Le petit agent de changeréclame aujourd’hui 27,4 millionsde livres (42,42 millions d’euros) auCrédit lyonnais en dommages etintérêts. La somme a été calculéeen fonction des commissionsgagnées par le Lyonnais grâce à ceplagiat. Faute de versement, la ban-que sera assignée en justice.

« Nous considérons la plainte por-

tée par Pereire Tod avec la plus extrê-me attention… Nous avons ouvertune enquête interne », affirme leCrédit lyonnais, qui a immédiate-ment informé l’autorité de régle-mentation des marchés, la Finan-cial Services Authority (FSA). Con-voqué par son ancien employeur,Martin Brooker a reconnu le bri-gandage. Pour leur part, PereireTod et E*Trade, où travaille norma-lement M. Brooker, se sont refusésà tout commentaire.

La chute du plagiaire a provoquéun véritable séisme à la City. « Lesclients du Lyonnais devraient se sen-tir lésés s’il est exact que les informa-tions reçues de leur courtier étaientde vieilles réflexions recyclées etremises à jour…. Apparemment, lesclients ne se sont pas plaints de leurtraitement. Cette affaire illustre peut-être à quel point les investisseurs ins-

titutionnels, aujourd’hui, tendent àignorer les recherches des banquesd’affaires et préfèrent, en revanche,dépendre pour leur information deleurs équipes d’analystes maison »,souligne, sur le ton ironique, unéditorial du Times. Le Crédit lyon-nais se serait bien passé de cettecontre-publicité qui éclabousse satrès rentable filiale londonienne.L’enseigne s’est péniblement remi-se des scandales des années 1980(liens avec Maxwell et les Reich-man, spéculation sur les métaux).

Il ne fait pas bon ces jours-ci êtreun analyste d’actions dans une ban-que d’investissement ou chez uncourtier. Aux Etats-Unis, les autori-tés mènent une vaste enquête surles éventuels conflits d’intérêts deceux qui aurait été encouragés àpublier des rapports exagérémentoptimistes sur des sociétés, demanière à ce que celles-cioctroient des mandats à leur ban-que. En Grande-Bretagne, le scan-dale Brooker devrait pousser laFSA, qui a lancé, mercredi31 juillet, une consultation sur lerôle des analystes, à accélérer nonseulement la mise en place d’uncode de conduite déontologique,mais à mieux protéger les droitsd’auteur.

Marc Roche

Vivendi Universal seraitprêt à vendre « L’Express »VIVENDI UNIVERSAL cherche à vendre le groupe Express-Expansion,bien qu’il ait affirmé à deux reprises, les 14 et 18 août, qu’il n’avait pasl’intention de se désengager davantage de ses activités édition et pres-se, indique le Financial Times du mercredi 21 août. Le quotidien britan-nique n’a pas cité de source, et se contente de rappeler que le groupeDassault serait un acheteur potentiel. Ce dernier a démenti formelle-ment cette information, qui avait déjà été évoquée par Le Canardenchaîné début juillet. Selon des rumeurs circulant dans le groupeExpress-Expansion, le dossier pourrait trouver une issue dans les pro-chaines semaines. L’hypothèse d’un rachat du groupe par Dassault, viala Socpresse, dont il possède 30 %, est évoquée en interne. De même, legroupe de luxe LVMH de Bernard Arnault aurait manifesté son intérêt.

a KPN : l’opérateur de télécommunications néerlandais a annoncémardi une perte nette de 9,3 milliards d’euros pour le deuxième tri-mestre 2002, après notamment l’amortissement de la valeur de seslicences UMTS en Europe.a LUFTHANSA : la compagnie aérienne allemande a vu son bénéfi-ce d’exploitation plus que tripler au premier semestre 2002, à 332 mil-lions d’euros. La perte nette (27 millions) a presque été divisée pardeux et le chiffre d’affaires a augmenté de 4,7 %, à 8,2 milliards.a NESTLÉ : le numéro un mondial de l’agroalimentaire a enregis-tré des résultats semestriels en forte croissance, avec une hausse de7,2 % des ventes, à 30,2 milliards d’euros, et de 79 % de son bénéficenet, à 3,8 milliards.a DEUTSCHE TELEKOM : l’opérateur téléphonique allemand aenregistré au premier semestre 2002 une perte nette de 3,9 milliardsd’euros, pour un chiffre d’affaires en hausse de 15 %, à 25,8 milliardsd’euros. L’endettement du groupe s’élève à 64,2 milliards d’euros.a AXA : l’assureur français a publié des comptes provisoires pour lepremier semestre supérieurs aux attentes. Le résultat net devrait s’éle-ver à 840 millions d’euros, en baisse de 32 %, et le résultat opération-nel à 1 milliard d’euros, en hausse de 17 %. Le chiffre d’affaire a crû de3 %, à 40,128 milliards d’euros.a FRANCE TÉLÉVISIONS : les techniciens de l’unité de fabricationdu siège de France 3 poursuivaient, mercredi, la grève commencée laveille, qui a empêché la diffusion des éditions nationales des journauxdu 12-13, du 19-20 et de Soir 3. Les syndicats dénoncent « l’obstination(de la direction) à vouloir supprimer la production interne à France 3 ».

E N T R E P R I S E S

Page 12: SÉRIES La baisse rapide de l’impôt de l™ØtØ est contestée ......2002/08/22  · 2003 : « Moi, je préférerais une four-chette de 2,6 % à 3 % avec une hypo-thèse centrale

12/LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002

PREMIER MARCHÉVALEURS FRANÇAISESMercredi 21 août 9h30Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam

VALEURS INTERNATIONALES ZONE EUROALTADIS...............................◗.......22,90 .......22,80 .......0,44 .....20,02 ..........24,63.......17,55 .....0,28 ...12975AMADEUS PRIV. A .............◗ ..........n/d .........5,12.........n/d....-22,07 ............8,44 .........4,63 .....0,05 ...12823ARCELOR..............................◗.......11,75 .......11,55 .......1,73.........n/d ..........16,69.......10,70.......n/d......5786B.A.S.F. # .............................◗.......41,00 .......40,88 .......0,29 ......-3,05 ..........49,90.......33,00 .....1,03 ...12807BAYER #...............................◗.......24,53 .......23,84 .......2,89....-30,13 ..........40,52.......21,00 .....0,71 ...12806COMPLETEL EUROPE .........◗ .........0,15 .........0,15.........n/d....-87,06 ............1,30 .........0,10.......n/d......5728DEUTSCHE BANK #............◗.......63,00 .......62,75 .......0,40....-20,60 ..........82,60.......49,01 .....1,03 ...12804DEXIA...................................◗.......13,74 .......13,48 .......1,93....-15,18 ..........18,95.......10,44 .....0,36 ...12822EADS(EX-AERO.MAT.) .......◗.......14,90 .......14,82 .......0,54 .......9,23 ..........18,45.......12,52 .....0,38......5730EQUANT N.V.......................◗ .........5,52 .........5,33 .......3,56....-58,98 ..........14,95 .........4,03.......n/d ...12701EURONEXT N.V ..................◗.......20,56 .......20,66......-0,48 ......-3,24 ..........25,00.......17,78 .....0,26......5777GEMPLUS INTL ...................◗ .........0,69 .........0,68 .......1,47....-75,70 ............3,08 .........0,66.......n/d......5768NOKIA A ..............................◗.......14,49 .......14,26 .......1,61....-49,51 ..........30,32.......10,55 .....0,27......5838ROYAL DUTCH # ................◗.......45,99 .......47,58......-3,34....-18,81 ..........63,15.......40,24 .....0,54 ...13950ROYAL PHILIPS 0.20...........◗.......23,17 .......23,25......-0,34....-29,95 ..........36,07.......18,00 .....0,27 ...13955SIEMENS # ..........................◗.......51,05 .......50,75 .......0,59....-31,10 ..........79,75.......40,30 .....0,74 ...12805STMICROELECTRONICS .....◗.......22,02 .......22,05......-0,14....-38,91 ..........39,70.......17,55 .....0,03 ...12970TELEFONICA #.....................◗ .........9,76 .........9,75 .......0,10....-33,05 ..........15,32 .........7,52 .....0,28 ...12811UNILEVER NV # ..................◗.......61,40 .......61,40.........n/d ......-6,82 ..........72,40.......48,85 .....0,80 ...13953

VALEURS INTERNATIONALES HORS ZONE EUROERICSSON #.........................◗ .........0,66 .........0,64 .......3,13....-84,79 ............4,79 .........0,51 .....0,04 ...12905GENERAL ELECT. # .............◗.......32,62 .......32,92......-0,91....-29,30 ..........47,80.......23,51 .....0,16 ...12943HSBC HOLDINGS................◗.......12,01 .......12,10......-0,74 ......-9,83 ..........14,10.......10,22 .....0,33 ...12976I.B.M # .................................◗.......82,65 .......83,35......-0,84....-40,87........141,90.......65,10 .....0,13 ...12964KINGFISHER SICO...............◗ .........3,45 .........3,40 .......1,47....-28,86 ............5,27 .........2,51 .....0,12 ...22046MERCK AND CO #..............◗.......51,50 .......52,05......-1,06....-24,04 ..........73,20.......38,00 .....0,32 ...12909NESTLE SA NOM. # ............◗ ....224,10.....225,90......-0,80 ......-6,23........272,90 ....186,50 .....2,84 ...13911PHILIP MORRIS #................◗.......52,60 .......52,90......-0,57 .......0,19 ..........62,25.......41,10 .....0,50 ...12928SCHLUMBERGER #.............◗.......42,30 .......43,00......-1,63....-33,80 ..........70,95.......36,10 .....0,20 ...12936SONY CORP. # ....................◗.......46,80 .......44,71 .......4,67 ......-9,30 ..........65,45.......42,11 .....0,13 ...12903

ACCOR..............................◗ ......34,91 .......34,73 .......0,52....-14,49 ..........49,00.......30,53 .....1,05 ...12040AFFINE ..........................................38,74 .......38,74.........n/d .......4,98 ..........40,05.......30,34 .....1,40......3610AGF.......................................◗.......40,83 .......40,09 .......1,85....-24,24 ..........58,50.......30,10 .....2,00 ...12592AIR FRANCE GPE NOM......◗.......13,43 .......13,08 .......2,68....-18,30 ..........21,19.......12,40 .....0,22......3112AIR LIQUIDE ........................◗ ....146,50.....144,10 .......1,67 .......4,71........160,00 ....121,60 .....3,20 ...12007ALCATEL A ...........................◗ .........5,09 .........5,05 .......0,79....-73,48 ..........21,62 .........4,32 .....0,16 ...13000ALCATEL O ............................ .........2,57 .........2,58......-0,39....-66,70 ............9,62 .........1,61 .....0,10 ...13015ALSTOM...............................◗ .........7,30 .........7,25 .......0,69....-37,50 ..........15,24 .........6,13 .....0,55 ...12019ALTRAN TECHNO. #...........◗.......15,65 .......15,49 .......1,03....-69,16 ..........66,40.......12,00 .....0,20......3463ARBEL# .................................. .........3,54 .........3,55......-0,28 .....14,19 ............7,50 .........2,92 .....0,53......3588AREVA CIP............................. ....163,00.....163,50......-0,31 .......2,19........201,00 ....151,19 .....6,20......4524ASF .......................................◗.......25,03 .......25,15......-0,48.........n/d ..........28,20.......23,00.......n/d ...18415ATOS ORIGIN......................◗.......40,00 .......38,99 .......2,59....-45,61 ..........94,40.......33,15.......n/d......5173AVENTIS ..............................◗.......63,00 .......64,30......-2,02....-21,00 ..........85,95.......52,75 .....0,58 ...13046AXA ......................................◗.......15,30 .......14,80 .......3,38....-34,81 ..........26,09 .........8,80 .....0,56 ...12062BACOU DALLOZ ..........................70,15 .......69,90 .......0,36....-20,28........138,00.......68,00 .....0,90......6089BAIL INVESTIS.CA................. ....137,50.....136,20 .......0,95 .....13,54........147,00 ....122,50 .....7,58 ...12018BEGHIN SAY........................◗.......36,70 .......36,40 .......0,82....-10,04 ..........45,90.......36,00 .....1,70......4455BIC........................................◗.......36,70 .......36,50 .......0,55 ......-4,32 ..........44,66.......32,17 .....0,36 ...12096BNP PARIBAS......................◗.......50,05 .......49,25 .......1,62 ......-0,39 ..........61,85.......36,35 .....1,20 ...13110BOLLORE..............................◗ ..........n/d.....243,00.........n/d .......1,16........262,00 ....225,50 .....3,00 ...12585BOLLORE INV...............................43,36 .......44,30......-2,12....-15,55 ..........55,00.......42,00 .....0,25......3929BONGRAIN...................................48,03 .......49,70......-3,36 .......6,73 ..........59,80.......41,70 .....1,45 ...12010BOUYGUES..........................◗.......24,55 .......24,43 .......0,49....-33,28 ..........38,95.......20,40 .....0,36 ...12050BOUYGUES OFFS................◗.......60,08 .......60,08.........n/d .....50,01 ..........62,00.......38,60 .....1,10 ...13070BULL#...................................◗ .........0,44 .........0,45......-2,22....-64,22 ............1,36 .........0,40.......n/d......5260BURELLE (LY)......................... ..........n/d .......64,40.........n/d .....29,76 ..........68,00.......49,63 .....0,60......6113BUSINESS OBJECTS............◗.......18,75 .......18,30 .......2,46....-50,06 ..........51,00.......15,61.......n/d ...12074CANAL + ..............................◗ .........4,40 .........4,47......-1,57 .....22,90 ............4,75 .........3,43 .....0,18 ...12546CAP GEMINI ........................◗.......31,23 .......30,32 .......3,00....-61,49 ..........90,70.......27,36 .....0,40 ...12533CARBONE-LORRAINE .........◗.......26,80 .......26,80.........n/d....-10,66 ..........39,48.......23,51 .....0,80......3962CARREFOUR ........................◗.......44,75 .......43,94 .......1,84....-23,37 ..........58,80.......36,33 .....0,56 ...12017CASINO GUICH.ADP ...................53,00 .......52,45 .......1,05....-15,20 ..........67,30.......49,55 .....1,58 ...12113CASINO GUICHARD ...........◗.......74,10 .......73,40 .......0,95....-14,48 ..........89,90.......68,50 .....1,54 ...12558CASTORAMA DUB.(LI) .......◗ ..........n/d .......66,45.........n/d .....14,86 ..........68,50.......54,25 .....0,76 ...12420CEGID (LY)....................................48,00 .......48,00.........n/d....-38,73 ..........90,50.......45,00 .....2,30 ...12470CEREOL ................................◗.......32,17 .......32,20......-0,09 .....13,07 ..........36,40.......28,00 .....0,65......4456CFF.RECYCLING .................... ..........n/d .......41,80.........n/d .......4,50 ..........49,88.......38,50 .....2,08......3905CHARGEURS ................................24,50 .......24,42 .......0,33 ......-1,96 ..........30,66.......22,34 .....3,00 ...13069CHRISTIAN DIOR ................◗.......33,84 .......33,16 .......2,05 ......-1,82 ..........47,63.......29,80 .....0,50 ...13040CIC -ACTIONS A ................... ....124,80.....124,90......-0,08 .......3,56........135,00 ....118,70 .....2,36 ...12005CIMENTS FRANCAIS...........◗.......48,15 .......48,15.........n/d .......0,31 ..........53,50.......46,20 .....1,40 ...12098CLARINS...............................◗.......40,64 .......41,00......-0,88....-35,89 ..........72,50.......35,99 .....0,65 ...13029CLUB MEDITERRANEE .......◗.......26,01 .......26,00 .......0,04....-36,56 ..........56,40.......25,00 .....1,00 ...12156CNP ASSURANCES .............◗.......36,91 .......36,60 .......0,85 .......3,38 ..........43,98.......32,11 .....1,39 ...12022COFACE SVN CA.................◗ ..........n/d .......58,80.........n/d .....24,05 ..........64,00.......46,40 .....1,47 ...12099COFLEXIP............................... ..........n/d .......91,00.........n/d....-42,76........172,00.......77,00 .....0,31 ...13064COLAS.................................... ..........n/d .......70,05.........n/d .....10,57 ..........75,95.......62,00 .....2,80 ...12163CONTIN.ENTREPR. ............... ..........n/d .......40,50.........n/d ......-9,39 ..........46,90.......38,02 .....0,70......3664CREDIT AGRICOLE ..............◗.......22,95 .......22,80 .......0,66 .....29,00 ..........24,70.......16,20 .....0,55......4507CRED.FON.FRANCE .............. ..........n/d .......16,36.........n/d .....12,51 ..........16,80.......13,05 .....0,40 ...12081CREDIT LYONNAIS .............◗.......44,10 .......43,82 .......0,64 .....17,60 ..........48,80.......34,20 .....0,75 ...18420CS COM.ET SYSTEMES ........ ..........n/d .........8,60.........n/d .......3,61 ..........12,25 .........7,60.......n/d......7896DANONE ..............................◗ ....131,60.....130,40 .......0,92 ......-3,94........150,40 ....109,40 .....2,06 ...12064DASSAULT-AVIATION.......... ....358,90.....360,00......-0,31 .....13,21........425,00 ....284,90 .....6,50 ...12172DASSAULT SYSTEMES .......◗.......33,14 .......33,12 .......0,06....-38,62 ..........59,40.......27,50 .....0,33 ...13065DEV.R.N-P.CAL LI # .....................14,90 .......14,99......-0,60 .......3,47 ..........16,90.......13,00 .....0,55 ...12423DEVEAUX(LY)# ............................69,90 .......69,90.........n/d....-13,16 ..........78,00.......65,00 .....3,00......6100DIDOT-BOTTIN ..................... ..........n/d .......78,75.........n/d .....29,09 ..........88,00.......61,10 .....2,74......3747DMC (DOLLFUS MI) ............. .........6,02 .........6,09......-1,15....-19,62 ..........11,48 .........5,20 .....0,61 ...12133DYNACTION.......................... ..........n/d .......29,90.........n/d .....11,15 ..........32,40.......25,41 .....0,50 ...13035EIFFAGE ...............................◗.......77,25 .......77,90......-0,83 .....12,93 ..........97,40.......67,00 .....2,10 ...13045ELECT.MADAGASCAR .......... ..........n/d .......22,40.........n/d ......-0,44 ..........24,95.......19,60.......n/d......3571ELIOR SVN SCA...................◗ .........7,00 .........6,99 .......0,14....-13,15 ............9,88 .........6,50 .....0,07 ...12127ENTENIAL(EX CDE)......................32,00 .......32,50......-1,54 .....26,23 ..........35,89.......25,35 .....0,54 ...12093ERAMET................................. ..........n/d .......25,50.........n/d....-26,30 ..........39,80.......24,51 .....0,60 ...13175ESSILOR INTL ......................◗.......39,00 .......39,14......-0,36 .....14,87 ..........45,57.......31,20 .....0,41 ...12166ESSO....................................... ..........n/d .......85,65.........n/d .......6,79 ..........96,80.......79,50 .....3,25 ...12066EULER ET HERMES .............◗.......23,48 .......23,00 .......2,09....-43,23 ..........46,13.......22,95 .....1,40 ...12130EURAZEO.............................◗.......49,01 .......50,00......-1,98....-19,52 ..........60,80.......38,70 .....1,00 ...12112EURO DISNEY SCA .............◗ .........0,61 .........0,62......-1,61....-30,68 ............1,21 .........0,59.......n/d ...12587EUROTUNNEL .....................◗ .........0,86 .........0,88......-2,27....-23,89 ............1,18 .........0,74.......n/d ...12537FAURECIA ............................◗.......48,05 .......48,25......-0,41....-18,55 ..........61,40.......35,50 .....0,91 ...12114

F.F.P. (NY) ............................◗ ....107,00.....104,10 .......2,79 .....10,25........132,50.......93,60 .....2,20......6478FIMALAC..............................◗.......40,00 .......40,00.........n/d ......-0,74 ..........50,50.......37,00 .....1,40......3794FINAXA .................................. ..........n/d .......61,00.........n/d....-22,93........107,50.......55,80 .....2,24......3313FONC.LYON.# ..............................29,10 .......29,28......-0,61 .......8,98 ..........32,60.......25,20 .....1,00......3340FRANCE TELECOM ..............◗.......14,84 .......14,75 .......0,61....-66,94 ..........48,16 .........8,60 .....1,00 ...13330FROMAGERIES BEL............... ..........n/d.....116,00.........n/d .....16,05........120,00.......91,80 .....2,22 ...12185GALERIES LAFAYETTE ........◗ ....126,20.....128,70......-1,94....-17,46........168,90 ....118,00 .....0,90 ...12124GAUMONT # ........................ ..........n/d .......47,00.........n/d .....14,07 ..........53,70.......39,00 .....0,57......3489GECINA ................................◗.......96,60 .......96,15 .......0,47 .......5,57........104,00.......90,00 .....3,60 ...13151GENERALE DE SANTE .................15,00 .......14,99 .......0,07 .......4,45 ..........17,85.......13,12.......n/d......4447GEOPHYSIQUE....................◗.......30,04 .......30,00 .......0,13....-14,78 ..........50,05.......26,60 .....1,22 ...12016GFI INFORMATIQUE ..........◗ .........4,38 .........4,39......-0,23....-63,65 ..........13,34 .........4,12 .....0,15......6337GRANDVISION CA# ...........◗.......16,89 .......16,89.........n/d .....10,75 ..........20,10.......15,05 .....0,30......5297GROUPE GASCOGNE..................72,50 .......72,00 .......0,69 ......-2,29 ..........86,00.......67,00 .....2,70 ...12441GROUPE PARTOUCHE #.............83,00 .......82,40 .......0,73 .....11,78 ..........84,20.......63,00 .....0,80......5354GUYENNE GASCOGNE ......◗.......85,40 .......85,45......-0,06 .......0,47 ..........92,95.......74,00 .....1,70 ...12028HAVAS .................................◗ .........4,47 .........4,44 .......0,68....-45,01 ..........11,00 .........3,83 .....0,17 ...12188IMERYS ................................◗ ....127,20.....127,00 .......0,16 .....17,99........139,00.......98,00 .....3,70 ...12085IMMEUBLES DE FCE............. ..........n/d .......22,00.........n/d.........n/d ..........25,00.......19,80 .....0,30 ...12037IMMOBANQUE NOM. ......... ..........n/d.....127,20.........n/d.........n/d........132,50 ....118,00 .....7,92......5793INFOGRAMES ENTER. ........◗ .........3,82 .........3,74 .......2,14....-70,50 ..........15,98 .........3,20.......n/d......5257INGENICO............................◗.......12,52 .......12,43 .......0,72....-39,04 ..........25,90.......11,81 .....0,15 ...12534JC DECAUX..........................◗.......10,90 .......11,00......-0,91....-13,14 ..........15,40 .........9,70.......n/d......7791KAUFMAN ET BROAD ......... ..........n/d .......20,01.........n/d .....21,27 ..........23,63.......16,21 .....0,92 ...12105KLEPIERRE............................◗ ....122,50.....122,50.........n/d .....14,16........134,60 ....108,20 .....3,10 ...12196LAFARGE..............................◗.......92,10 .......91,35 .......0,82....-12,20........111,20.......74,00 .....2,30 ...12053LAGARDERE.........................◗.......41,59 .......41,33 .......0,63....-11,51 ..........54,85.......37,00 .....0,82 ...13021LEBON (CIE) .................................56,45 .......55,00 .......2,64 .....12,45 ..........59,00.......48,75 .....2,30 ...12129LEGRAND ORD. .................... ..........n/d.....130,00.........n/d ......-9,72........180,00 ....122,10 .....0,93 ...12061LEGRAND ADP...................... ..........n/d.....106,40.........n/d....-14,19........143,20 ....101,10 .....1,49 ...12528LEGRIS INDUST...................◗.......18,11 .......18,57......-2,48....-17,68 ..........25,39.......18,10 .....0,70 ...12590LIBERTY SURF ....................... .........2,95 .........2,95.........n/d .......3,50 ............3,80 .........2,76.......n/d......7508LOCINDUS............................. ..........n/d .......31,06.........n/d ......-1,39 ..........35,97.......30,00 .....8,76 ...12135L'OREAL ...............................◗.......77,00 .......76,00 .......1,32 ......-4,82 ..........88,30.......60,55 .....0,54 ...12032LOUVRE #.....................................60,85 .......60,85.........n/d ......-3,10 ..........83,40.......57,00 .....1,30......3311LUCIA..................................... ..........n/d .......12,50.........n/d ......-3,84 ..........14,13.......10,42 .....1,83......3630LVMH MOET HEN. .............◗.......43,78 .......42,79 .......2,31 ......-4,20 ..........61,60.......38,15 .....0,53 ...12101MARIONNAUD PARFUM...◗.......39,50 .......39,02 .......1,23....-27,38 ..........57,60.......37,00.......n/d......6494MATUSSIERE FOREST. ......... .........7,00 .........7,00.........n/d....-21,25 ............9,85 .........6,90 .....0,22......6057MAUREL ET PROM......................20,30 .......20,20 .......0,50 .....30,96 ..........24,99.......15,10 .....0,91......5107METALEUROP ....................... .........2,44 .........2,44.........n/d....-20,77 ............4,90 .........2,18 .....0,61 ...12038MICHELIN ............................◗.......38,40 .......38,35 .......0,13 .......3,64 ..........45,05.......33,01 .....0,85 ...12126MONTUPET SA ............................13,00 .......13,21......-1,59 .....24,64 ..........16,40.......10,50 .....0,17......3704WENDEL INVEST. ...............◗.......23,00 .......22,85 .......0,66.........n/d ..........36,40.......21,20 .....2,20 ...12120NATEXIS BQ POP................◗.......76,00 .......76,80......-1,04....-21,56 ..........97,50.......73,50 .....2,50 ...12068NEOPOST.............................◗.......36,10 .......36,01 .......0,25 .....10,33 ..........44,50.......32,30.......n/d ...12056NEXANS...............................◗ ..........n/d .......16,05.........n/d ......-0,98 ..........24,90.......15,45 .....0,43......4444NORBERT DENTRES. ...................26,35 .......26,97......-2,30 .....17,89 ..........29,69.......21,52 .....0,60......5287NORD-EST ............................. ..........n/d .......20,14.........n/d....-25,65 ..........27,90.......19,89 .....0,40 ...12055NRJ GROUP .........................◗.......15,00 .......15,00.........n/d....-28,36 ..........26,00.......13,60 .....0,28 ...12169OBERTHUR CARD SYS. ......◗ .........2,41 .........2,41.........n/d....-73,07 ............9,40 .........2,04.......n/d ...12413ORANGE ..............................◗ .........6,08 .........6,06 .......0,33....-40,27 ..........10,74 .........4,19.......n/d......7919OXYG.EXT-ORIENT......................76,10 .......78,50......-3,06 .......7,48 ..........85,20.......70,20 ...15,50......3117PECHINEY ACT ORD A .......◗.......35,68 .......35,35 .......0,93....-38,37 ..........63,80.......34,00 .....1,00 ...13290PECHINEY B PRIV. .......................35,09 .......35,00 .......0,26....-35,49 ..........59,60.......33,90 .....1,79......3640PENAUILLE POLY.# .............◗.......11,36 .......11,43......-0,61....-71,24 ..........45,59.......11,27 .....0,28......5338PERNOD-RICARD................◗.......87,80 .......87,00 .......0,92 .......0,91........105,40.......81,30 .....1,00 ...12069PEUGEOT .............................◗.......47,01 .......46,39 .......1,34 ......-1,54 ..........60,80.......40,18 .....1,15 ...12150PINAULT-PRINT.RED. .........◗.......73,95 .......74,00......-0,07....-48,85........154,69.......68,00 .....2,30 ...12148PLASTIC OMN.(LY) ......................69,60 .......71,00......-1,97 .....17,96 ..........96,00.......59,05 .....1,20 ...12457PROVIMI ..............................◗.......15,90 .......15,93......-0,19....-25,42 ..........24,70.......14,53 .....0,20......4458PSB INDUSTRIES LY ............. ..........n/d .......80,00.........n/d....-10,61 ..........92,70.......77,00 .....3,80......6032PUBLICIS GR. SA #..............◗.......21,50 .......21,73......-1,06....-27,73 ..........39,90.......18,71 .....0,22 ...13057REMY COINTREAU .............◗.......31,10 .......31,46......-1,14 .....25,05 ..........35,00.......24,87 .....0,90 ...13039RENAULT .............................◗.......50,65 .......50,25 .......0,80 .....27,87 ..........57,45.......38,52 .....0,92 ...13190REXEL ...................................◗.......44,80 .......43,51 .......2,96....-32,06 ..........75,40.......42,00 .....2,22 ...12595RHODIA ...............................◗ .........8,53 .........8,53.........n/d ......-5,01 ..........12,40 .........7,21 .....0,12 ...12013ROUGIER #............................ ..........n/d .......59,00.........n/d .......3,41 ..........66,50.......53,50 .....3,00......3764ROYAL CANIN .....................◗ ....145,10.....145,00 .......0,07 .......7,88........145,90 ....133,20 .....1,10......3153RUE IMPERIALE (LY)............. ..........n/d.....132,90.........n/d....-14,25........182,00 ....117,20 ...21,19 ...12400SADE (NY) ............................. ..........n/d .......53,00.........n/d .....15,21 ..........57,50.......45,20 .....2,80 ...12431SAGEM S.A..........................◗.......66,30 .......65,80 .......0,76 ......-3,56 ..........75,50.......52,20 .....0,60......7327SAINT-GOBAIN ...................◗.......29,05 .......28,58 .......1,64....-31,43 ..........49,05.......24,23 .....4,50 ...12500SALVEPAR (NY)..................... ..........n/d .......55,20.........n/d .......9,85 ..........58,10.......50,10 .....1,50 ...12435SANOFI SYNTHELABO .......◗.......62,25 .......62,30......-0,08....-25,71 ..........84,30.......49,78 .....0,66 ...12057SCHNEIDER ELECTRIC ........◗.......49,00 .......48,57 .......0,89 ......-9,25 ..........59,85.......40,95 .....1,60 ...12197SCOR SVN ...........................◗.......21,71 .......21,29 .......1,97....-38,68 ..........46,80.......18,00 .....0,30 ...13030S.E.B. ....................................◗.......83,10 .......82,95 .......0,18 .....32,64 ..........96,05.......61,00 .....2,00 ...12170

SEITA...................................... ..........n/d .......53,50.........n/d .....10,99 ..........58,00.......45,10 .....0,10 ...13230SELECTIBAIL(EXSEL) ............. ..........n/d .......16,50.........n/d .......3,64 ..........18,50.......15,80 .....1,48 ...12599SIDEL...................................... ..........n/d .......31,99.........n/d....-36,02 ..........53,00.......30,15.......n/d ...13060SILIC ....................................... ....169,90.....170,00......-0,06 .......8,35........189,00 ....151,00 .....7,10......5091SIMCO..................................◗.......85,00 .......85,00.........n/d .......9,67 ..........90,00.......76,10 .....2,80 ...12180SKIS ROSSIGNOL.................. .........9,79 .........9,79.........n/d....-32,38 ..........15,90 .........9,01 .....0,28 ...12041SOCIETE GENERALE............◗.......61,30 .......61,40......-0,16 ......-2,46 ..........81,40.......40,21 .....2,10 ...13080SODEXHO ALLIANCE .........◗.......27,00 .......26,82 .......0,67....-43,76 ..........49,70.......25,10 .....0,56 ...12122SOMFY (EX DAMART) ......... ..........n/d.....102,00.........n/d .....52,32........106,70.......66,04 .....3,80 ...12049SOPHIA ................................◗.......30,78 .......30,70 .......0,26 .......1,98 ..........32,98.......30,00 .....1,52 ...12077SOPRA GROUP CB# ...........◗.......27,71 .......27,08 .......2,33....-28,50 ..........59,20.......25,80 .....0,80......5080SPIR COMMUNIC. #...........◗.......73,85 .......73,70 .......0,20 ......-5,32 ..........91,00.......66,80 .....3,00 ...13173SR TELEPERFORMANCE .....◗.......19,00 .......18,95 .......0,26....-19,14 ..........29,68.......15,45 .....0,18......5180STERIA GROUPE #.......................15,79 .......15,75 .......0,25....-47,01 ..........38,80.......11,50 .....0,18......7291SUCR.PITHIVIERS.................. ..........n/d.....399,00.........n/d .......3,58........445,00 ....360,00 ...12,00......3331SUEZ.....................................◗.......25,29 .......24,74 .......2,22....-25,61 ..........34,90.......18,38 .....0,71 ...12052TAITTINGER .......................... ..........n/d.....139,00.........n/d .......7,00........159,50 ....120,00 .....2,45......3720TECHNIP-COFLEXIP ............◗.......76,25 .......76,15 .......0,13....-49,16........162,90.......65,70 .....3,30 ...13170TF1........................................◗.......22,62 .......22,58 .......0,18....-20,32 ..........36,88.......19,57 .....0,65......5490THALES ................................◗.......39,77 .......39,95......-0,45 .......2,63 ..........46,20.......34,70 .....0,70 ...12132THOMSON MULTIMEDIA ..◗.......24,15 .......25,61......-5,70....-30,00 ..........37,15.......20,40.......n/d ...18453TOTAL FINA ELF..................◗ ....147,40.....146,10 .......0,89 ......-8,10........179,40 ....121,20 .....3,80 ...12027TRANSICIEL # ......................◗.......10,20 .........9,74 .......4,72....-70,59 ..........40,56 .........8,90 .....0,55......6271UBI SOFT ENTERTAIN ........◗.......17,45 .......17,15 .......1,75....-53,46 ..........39,97.......11,30.......n/d......5447UNIBAIL (CA).......................◗.......62,15 .......62,75......-0,96 .......8,93 ..........70,90.......54,00 .....1,70 ...12471UNILOG................................◗.......30,80 .......30,20 .......1,99....-54,93 ..........90,00.......27,61 .....0,45......3466VALEO ..................................◗.......39,50 .......39,38 .......0,30....-11,83 ..........53,00.......32,81 .....0,70 ...13033VALLOUREC.........................◗.......50,00 .......49,80 .......0,40 ......-6,10 ..........71,40.......48,00 .....2,10 ...12035VINCI....................................◗.......60,85 .......60,20 .......1,08 ......-7,57 ..........74,90.......55,35 .....1,70 ...12548VIVARTE .......................................33,00 .......33,00.........n/d .......2,73 ..........36,00.......31,00 .....1,98 ...13041VIVENDI ENVIRON.............◗.......23,75 .......23,00 .......3,26....-35,88 ..........38,76.......18,45 .....0,55 ...12414VIVENDI UNIVERSAL .........◗.......12,89 .......12,70 .......1,50....-79,04 ..........64,40 .........8,62 .....1,00 ...12777WANADOO .........................◗ .........4,99 .........5,05......-1,19....-11,36 ............6,70 .........4,34.......n/d ...12415WORMS & CIE NOM ........... ..........n/d .......17,50.........n/d....-10,25 ..........21,02.......16,75 .....0,56......6336ZODIAC................................◗.......22,40 .......21,94 .......2,10 .......9,85 ..........28,85.......20,40 .....5,20 ...12568........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

SÉLECTION publiée sous laresponsabilité de l'émetteurDernier cours connu le 21/8 à 9hValeur Cours date % var.

en euro valeur 31/12

AGIPI ACTIONS 21,16 20/8 -20,74AGIPI AMBITION 22,68 20/8 -10,77

3615 BNPPARIBAS(0,34 ¤/min)

BNP ASSOC.PREMIERE 9975,00 20/8 1,95BNP EURIBOR ASSOC. 53046,45 20/8 2,11BNP MONE C.TERME 2557,26 20/8 1,96BNP MONE EURIBOR 18946,49 20/8 2,07BNP MONE PLACEM.C 13997,83 20/8 1,81BNP MONE TRESORE. 11428,72 20/8 -85,41Fonds communs de placementsBNP MONE ASSOCIAT. 1870,04 20/8 1,80

FRUCTI CAPI 115,81 20/8 3,13FRUCTI EURO PEA 176,26 19/8 -27,94FRUCTIDOR 38,02 20/8 -0,44FRUCTIFRANCE C 62,14 20/8 -24,43PLANINTER 323,06 20/8 -24,16Fonds communs de placementsFRUCTI EURO 50 65,93 19/8 -33,01FRUCTI PROFIL 3 180,41 19/8 -3,20FRUCTI PROFIL 6 185,85 19/8 -9,94FRUCTI PROFIL 9 178,54 19/8 -17,48FRUCTI VAL. EURO. 78,26 20/8 -20,13

ECU.EXPANSIONPLUSC 42,98 19/8 1,39ECUR.1,2,3..FUTURD 39,07 20/8 -25,52ECUR.ACT.EUROP.C 14,08 20/8 -21,88ECUR.ACT.FUT.D/PEA 47,66 20/8 -27,86ECUR.CAPITAL.C 45,76 20/8 3,48ECUR.DYNAMIQUE + D 33,06 20/8 -24,85ECUR.ENERGIE D 35,68 20/8 -20,43ECUR.EXPANSION C 15146,92 20/8 2,11ECUR.INVEST.D/PEA 40,73 20/8 -24,98ECUR.MONETAIRE C 228,10 20/8 1,55ECUR.MONETAIRE D 187,06 20/8 -0,01ECUR.OBLIG.INTER.C 178,33 20/8 1,07

ECUR.TECHNOLOGIESC 24,76 20/8 -38,85ECUR.TECHONOLGIESD 24,69 20/8 -39,87ECUR.TRIMESTR.D 272,97 20/8 -0,16EPARCOURT-SICAV D 28,03 20/8 -1,64GEOPTIM C 2435,82 20/8 4,05Fonds communs de placementsECUR.EQUILIBRE C 35,76 20/8 -5,87ECUR.VITALITE C 34,82 20/8 -16,30ECUREUIL PRUDENCEC 34,96 20/8 0,80ECUREUIL PRUDENCED 34,12 20/8 0,56NECTRA 2 C 980,14 20/8 -4,04NECTRA 2 D 980,14 20/8 -4,04NECTRA 5 C 906,48 20/8 -11,73NECTRA 5 D 906,48 20/8 -11,73NECTRA 8 C 819,26 20/8 -20,28NECTRA 8 D 819,26 20/8 -20,28

Multi-promoteursLIV.BOURSE INV.D 136,25 19/8 -24,84NORD SUD DEVELOP.C 529,54 19/8 2,20NORD SUD DEVELOP.D 389,68 19/8 -2,54

ATOUT CROISSANCE 297,53 20/8 -13,03ATOUT EUROPE 404,00 20/8 -21,56ATOUT FCE ASIE 60,41 20/8 -21,78ATOUT FRANCE C 149,67 20/8 -23,99ATOUT FRANCE D 133,10 20/8 -23,99ATOUT FRANCE EUR. 131,65 20/8 -26,03ATOUT FRANCE MONDE 34,44 20/8 -23,38ATOUT MONDE 39,67 20/8 -25,23ATOUT SELECTION 77,72 20/8 -25,86CA AM ACT. FRA. C 253,74 20/8 -24,68CA AM ACT. FRA. D 205,61 20/8 -25,75CA AM ACTIONS ASIE 15,60 20/8 -11,91CA AM ACTIONS USA 31,03 20/8 -24,95CA AM CONVERT.EURO 392,14 20/8 -11,13CA AM INDICIA EURO 78,89 19/8 -30,22CA AM INDICIA FRA. 264,71 19/8 -29,13CA AM OBLIG.INTER. 201,92 20/8 7,59CAPITOP EUROBLIG C 105,06 20/8 3,58CAPITOP EUROBLIG D 83,36 20/8 -0,38CAPITOP MONDOBLIG 48,24 20/8 6,91Fonds communs de placementsATOUT VALEUR 59,76 19/8 -23,56CA AM ACT. RESTR. 202,25 19/8 -24,12CA AM ACT.FONC.EUR 93,72 20/8 0,62CA AM MASTER ACT. 30,29 16/8 -26,46CA AM MASTER DUO 12,15 16/8 -14,37CA AM MASTER OBL. 30,35 16/8 -1,62CA AM MASTER PEA 9,17 16/8 -26,22

CAPITOP MONETAIREC 195,71 22/8 1,51CAPITOP MONETAIRED 185,54 22/8 1,51CAPITOP REVENUS 171,54 20/8 0,00OPTALIS DYNAMIQUEC 14,97 19/8 -19,55OPTALIS DYNAMIQUED 13,84 19/8 -20,68OPTALIS EQUILIBREC 16,70 19/8 -11,21OPTALIS EQUILIBRED 14,98 19/8 -12,50OPTALIS EXPANSIONC 11,11 19/8 -25,28OPTALIS EXPANSIOND 10,66 19/8 -26,53OPTALIS SERENITE C 17,47 19/8 -2,67OPTALIS SERENITE D 15,20 19/8 -3,61PACTE SOLIDAR.LOG. 78,93 20/8 2,54PACTE VERT TIERS-M 84,07 20/8 2,54

EURCO SOLIDARITE 233,77 14/8 3,70MONELION JOUR C 499,95 2/8 1,51MONELION JOUR D 421,04 2/8 1,51SICAV 5000 107,71 6/8 -33,00SLIVAFRANCE 178,83 6/8 -35,13SLIVARENTE 38,50 19/8 -2,53SLIVINTER 114,53 19/8 -26,44TRILION 728,06 16/8 -2,63Fonds communs de placementsACTILION DYNAMI.C 140,90 19/8 -22,50ACTILION DYNAMI.D 129,82 19/8 -24,19ACTILION EQUIL.C 152,39 16/8 -12,51ACTILION EQUIL.D 139,37 16/8 -14,42ACTILION PEA DYNAM 51,77 19/8 -22,00ACTILION PEA EQUI. 143,80 19/7 -13,34ACTILION PRUDENCEC 171,71 19/8 -0,94ACTILION PRUDENCED 157,70 19/8 -2,37INTERLION 246,06 14/8 4,63LION ACTION EURO 61,46 6/8 -32,02LION PEA EURO 63,46 6/8 -30,63

CIC AMERIQ.LATINE 72,09 20/8 -37,29CIC CONVERTIBLES 4,89 20/8 -10,76CIC COURT TERME C 34,78 20/8 1,34CIC COURT TERME D 26,68 20/8 -1,69CIC DOLLAR CASH 1439,82 20/8 0,99CIC ECOCIC 286,94 20/8 -22,28CIC ELITE EUROPE 85,69 6/8 -35,07CIC EPARG.DYNAM.C 2105,07 20/8 1,40CIC EPARG.DYNAM.D 1573,24 20/8 -3,92CIC EUROLEADERS 247,32 6/8 -37,17CIC FINUNION 181,78 20/8 2,43CIC FRANCE C 23,80 6/8 -33,08CIC FRANCE D 23,51 6/8 -33,90CIC MONDE PEA 20,36 20/8 -27,33CIC OBLI C T.D 140,99 20/8 -90,14

CIC OBLI LONG T.C 16,03 20/8 3,61CIC OBLI LONG T.D 15,00 20/8 -1,83CIC OBLI M T.C 36,72 20/8 2,28CIC OBLI M T.D 26,37 20/8 -1,05CIC OBLI MONDE 132,45 20/8 -2,98CIC OR ET MAT 110,94 20/8 4,65CIC ORIENT 141,33 20/8 -10,67CIC PIERRE 34,71 20/8 2,11Fonds communs de placementsCIC EURO OPPORT. 20,30 20/8 -34,24CIC FRANCEVALOR C 25,19 6/8 -32,84CIC FRANCEVALOR D 25,19 6/8 -32,84CIC GLOBAL C 207,07 20/8 -15,76CIC GLOBAL D 207,07 20/8 -15,76CIC HIGH YIELD 370,26 16/8 -8,70CIC JAPON 6,75 20/8 -13,79CIC MARCHES EMERG. 85,99 16/8 -21,16CIC NOUVEAU MARCHE 3,19 20/8 -42,00CIC PEA SERENITE 172,41 20/8 1,42CIC PROF.DYNAMIQUE 18,74 19/8 -20,18CIC PROF.EQUILIB.D 15,66 19/8 -16,21CIC PROF.TEMPERE C 135,20 19/8 -0,44CIC TAUX VARIABLE 201,07 16/8 1,78CIC TECHNO.COM 40,64 20/8 -49,67CIC USA 13,79 20/8 -26,17CIC VAL.NOUVELLES 212,03 20/8 -25,40

CM EUR.TECHNOLOG. 2,53 20/8 -43,01CM EURO PEA C 14,74 6/8 -32,63CM FRANCE ACTIONSC 23,21 6/8 -33,20CM MID-ACT.FRA 26,21 20/8 -14,06CM MONDE ACTIONS C 242,17 20/8 -24,02CM OBLIG.CT C 169,14 20/8 2,22CM OBLIG.LONG T. 108,63 20/8 4,47CM OBLIG.MOYEN T.C 353,64 20/8 3,54CM OBLIG.QUATRE 166,57 20/8 1,52CM OPTION DYNAM.C 25,61 20/8 -17,57CM OPTION EQUIL.C 51,03 20/8 -5,20Fonds communs de placementsCM OPTION MODER. 19,42 20/8 0,15

STRATEG.IND.EUROPE 153,56 19/8 -24,91Fonds communs de placementsSTRATEGIE CAC 4545,87 19/8 -23,69STRATEGIE IND.USA 7032,48 19/8 -25,70

ADDILYS C 109,48 20/8 1,83ADDILYS D 106,24 20/8 -0,40AMPLITUDE AMERIQ.C 19,70 20/8 -25,96AMPLITUDE AMERIQ.D 18,82 20/8 -26,96AMPLITUDE EUROPE C 24,77 20/8 -25,63AMPLITUDE EUROPE D 23,28 20/8 -27,04AMPLITUDE FRANCE C 64,63 20/8 -24,72AMPLITUDE FRANCE D 63,60 20/8 -25,92AMPLITUDE MONDE C 176,27 20/8 -23,71AMPLITUDE MONDE D 156,51 20/8 -24,48AMPLITUDE PACIFI.C 14,11 20/8 -6,48AMPLITUDE PACIFI.D 13,31 20/8 -7,75ELANCIEL EUROD PEA 73,97 20/8 -28,50ELANCIEL FR.D PEA 30,38 20/8 -27,29EM.EUROPOSTE D PEA 22,38 20/8 -29,27ETHICIEL C 90,18 20/8 -15,75GEOBILYS C 127,08 20/8 4,25GEOBILYS D 114,68 20/8 3,20INTENSYS C 21,13 20/8 1,83INTENSYS D 17,43 20/8 -1,18KALEIS DYNAM.FCE C 67,17 20/8 -17,92KALEIS DYNAM.FCE D 66,44 20/8 -17,91KALEIS DYNAMISME C 188,61 20/8 -15,93KALEIS DYNAMISME D 182,25 20/8 -15,93KALEIS EQUILIBRE C 189,95 20/8 -7,53KALEIS EQUILIBRE D 182,77 20/8 -7,53KALEIS SERENITE C 187,72 20/8 -2,89KALEIS SERENITE D 180,26 20/8 -2,89KALEIS TONUS C 53,98 20/8 -24,62KALEIS TONUS D 53,32 20/8 -24,62LIBERT.ET SOLIDAR. 99,03 20/8 -3,20OBLITYS C 116,99 20/8 2,66OBLITYS D 113,39 20/8 1,08PLENITUDE D 35,36 20/8 -18,67POSTE GESTION C 2679,99 20/8 1,95POSTE GESTION D 2277,77 20/8 -2,25POSTE PREM. C 7276,45 20/8 1,90POSTE PREM.1AN C 43453,54 20/8 1,86POSTE PREM.2-3ANSC 9497,89 20/8 2,94PRIMIEL EURO C 49,25 20/8 -10,16PRIMIEL EURO D 48,41 20/8 -10,17REVENUS TRIMESTR.D 781,23 20/8 -0,95SOLSTICE D 363,29 20/8 0,24THESORA C 193,96 20/8 2,29THESORA D 159,82 20/8 0,97TRESORYS C 48695,75 20/8 2,12Fonds communs de placementsDEDIALYS FINANCE 67,45 20/8 -20,74DEDIALYS MULTI SEC 51,51 20/8 -20,97DEDIALYS SANTE 78,95 20/8 -13,79DEDIALYS TECHNO. 18,78 20/8 -50,24DEDIALYS TELECOM 30,50 20/8 -39,42OBLITYS INSTIT.C 101,87 20/8 2,97POSTE EURO CREDIT 103,05 20/8 0,00POSTE EUROPE C 96,60 20/8 4,06

POSTE EUROPE D 91,45 20/8 3,30POSTE PREM.8ANS C 208,79 20/8 4,84POSTE PREM.8ANS D 188,23 20/8 4,84REMUNYS PLUS 105,19 20/8 1,71

CADENCE 1 D 155,77 20/8 -0,57CADENCE 2 D 153,97 20/8 -0,36CADENCE 3 D 153,56 20/8 0,46CONVERTIS C 199,25 20/8 -12,74INTEROBLIG C 60,67 19/8 2,22INTERSELECTION F.D 59,20 20/8 -20,91SELECT.DEFENSIF C 186,92 20/8 -2,98SELECT.DYNAMIQUE C 199,81 20/8 -16,28SELECT.EQUILIBRE 2 152,00 20/8 -9,58SELECT.PEA 1 165,49 20/8 -19,26SELECT.PEA DYNAM. 108,84 20/8 -23,24SG FRANCE OPPORT.C 349,51 20/8 -17,44SG FRANCE OPPORT.D 327,26 20/8 -17,44SOGEFAVOR 72,25 20/8 -27,77SOGENFRANCE C 333,83 20/8 -28,31SOGENFRANCE D 299,41 20/8 -28,65SOGEOBLIG C 117,60 20/8 3,68SOGEPARGNE D 45,61 20/8 2,72SOGEPEA EUROPE 168,13 20/8 -24,62SOGINTER C 37,15 20/8 -29,77Fonds communs de placementsSOGESTION C 40,62 19/8 -15,25SOGINDEX FRANCE 384,79 19/8 -26,23........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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NOUVEAU MARCHÉ20/8 : 13,36 millions d'euros échangésValeur Cours de clôture (¤) % var.

Meilleures performancesMONDIAL PECHE #...........................5,95 .......14,64CRYO # ...............................................0,10 .......11,11HUBWOO.COM.................................0,93..........6,90IPSOS #.............................................57,55..........6,57AUFEMININ.COM..............................0,87..........6,10RISC TECHNOLOGY...........................5,05..........6,09HIGH CO.# .......................................22,30..........5,94UBIQUS ..............................................3,10..........5,08GL TRADE # .....................................44,50..........4,71IXO ......................................................0,23..........4,55CYBER PRES.PUBLIS#......................13,15..........4,37ITESOFT ..............................................1,20..........4,35ARTPRICE COM # ..............................0,99..........4,21GUILLEMOT # ....................................3,60..........4,05Plus mauvaises performancesIMECOM GROUP...............................0,34......-43,33GENUITY A-REGS 144 ......................0,10......-16,67BELVEDERE ......................................24,90......-12,01TITUS INTERACTIVE#........................1,37......-11,04MEDCOST # .......................................0,65 ........-8,45CALL CENTER ALL..............................5,36 ........-7,43AUTOMA TECH #..............................2,05 ........-6,82

D INTERACTIVE #..............................0,29 ........-6,45SQLI.....................................................0,75 ........-6,25CONSORS FRANCE # ........................0,61 ........-6,15GUYANOR ACTION B #....................0,17 ........-5,56VALTECH ............................................0,51 ........-5,56QUANTEL # ........................................4,35 ........-5,23HIMALAYA #......................................0,38 ........-5,00Plus forts volumes d'échangeAVENIR TELECOM #..........................0,42..........2,44BELVEDERE ......................................24,90......-12,01CEREP #............................................12,48..........0,56DEVOTEAM # ....................................8,84 ........-3,70FI SYSTEM #.......................................0,55 ........-1,79GAUDRIOT # ...................................31,50 ........-1,87GENESYS #.........................................2,35 ........-2,89GENSET...............................................9,66..........0,00ILOG #.................................................4,00..........0,25INFO VISTA ........................................1,86..........0,54IPSOS #.............................................57,55..........6,57LINEDATA SERVICES# ....................19,08..........0,42MEDIDEP # ......................................21,00 ........-0,76NETVALUE # ......................................1,83..........0,00NICOX # ...........................................16,00..........1,59SELF TRADE........................................2,40..........0,00SOI TEC SILICON #............................5,10 ........-1,73TISCALI SPA .......................................5,74..........0,00VALTECH ............................................0,51 ........-5,56WAVECOM #...................................44,80 ........-0,44

SICAV ET FCP

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SECOND MARCHÉ20/8 : 10,00 millions d'euros échangésValeur Cours de clôture (¤) % var.

Meilleures performancesPIER IMPORT .....................................3,46 .......15,33LEON BRUXELLES ..............................0,10 .......11,11CIBOX INTER. NOM. .........................0,11 .......10,00XRT SA#..............................................0,72..........9,09COCOON NOM..................................0,12..........9,09GECI INTL ...........................................1,79..........8,48CORA INDUSTRIES # ......................25,00..........8,23M6-METR.TV ACT.DIV ...................25,83..........7,63ACCES INDUSTRIE.............................0,75..........7,14PRECIA (LY) #...................................11,21..........6,76BOSC PHILIPPE GPE# .....................29,83..........6,54GUY COUACH .................................10,85..........6,37PETIT BOY #.....................................16,64..........5,45SII ......................................................15,79..........5,27Plus mauvaises performancesTROUVAY CAUVIN # ........................0,80......-48,39GPRI FINANCIERE ...........................33,81......-19,79IMAFFINE .........................................20,58......-18,98MECELEC (LY).....................................6,56......-17,90AUGROS CP.# ....................................6,50......-13,33GROUPE JAJ .......................................4,28 ........-9,89CITEL ...................................................2,97 ........-9,73

DEVERNOIS (LY)............................104,00 ........-9,57NERGECO # .....................................16,50 ........-9,34MGI COUTIER # ..............................10,56 ........-8,97SAIRP COMPOSITES # ....................15,10 ........-7,53LE TANNEUR......................................4,40 ........-6,38SERF #.................................................3,28 ........-6,29S.T. DUPONT # ..................................5,80 ........-4,92Plus forts volumes d'échangeALGECO # ........................................75,80 ........-0,07BENETEAU #....................................43,40 ........-1,14BONDUELLE.....................................69,90..........1,01BUFFALO GRILL ...............................15,99..........1,85CAMAIEU .........................................39,30 ........-0,15FONCIA GROUPE ............................56,85..........0,26GROUPE BOURBON .......................71,80 ........-0,28GROUPE CRIT ..................................20,95 ........-4,21HERMES INTL................................140,10..........2,26LAURENT-PERRIER #.......................32,15..........0,16LECTRA (B) #......................................3,55..........1,43M6-METR.TV ACT.DIV ...................25,83..........7,63MECATHERM # ...............................27,76 ........-0,86PIERRE VACANCES # ......................68,00 ........-2,02PINGUELY HAULOTTE ......................5,97..........1,19RALLYE..............................................44,50..........0,00RODRIGUEZ GROUP # ...................54,00..........0,00RUBIS # ............................................25,30 ........-0,08SECHE ENVIRONNEM.# .................57,60 ........-2,21TRIGANO..........................................34,40..........1,59

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M A R C H É S F R A N Ç A I S

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LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002/13

SEPTIÈME Français à obtenir larécompense suprême en mathéma-tiques depuis 1950, Laurent Laffor-gue a reçu, mardi 20 août, lamédaille Fields 2002, distinctionqui est considérée comme l’équiva-lent des prix Nobel attribués auxchercheurs dans d’autres discipli-nes. Il partage ce prix, remis lors duCongrès international des mathé-maticiens, qui se tient à Pékin du20 au 28 août, avec le Russe Vladi-mir Voevodsky, membre de l’Insti-tute for Advanced Study de Prince-ton (New Jersey).

Professeur permanent à l’Institutdes hautes études scientifiques(IHES) de Bures-sur-Yvette (Esson-ne) et directeur de recherche auCNRS, Laurent Lafforgue, 36 ans,s’est distingué grâce à ses travauxsur la « correspondance de Lang-lands ». En 1967, le mathématicienRobert Langlands lançait une sériede propositions dont les vérifica-tions alimentent de nombreux pro-grammes de recherche.

Le nouveau lauréat français aobtenu la médaille Fields pour sapublication intitulée Chtoucas deDrinfeld et correspondance de Lang-lands, et dont le résumé précisequ’elle « démontre la correspondan-ce de Langlands pour GLr sur lescorps de fonctions ». A lui seul, celibellé reflète bien le caractère her-métique des travaux de pointe enmathématiques. La complexité desnotions autant que leur degré d’abs-traction les mettent hors de portéedu vulgum pecus. Néanmoins, Lau-rent Lafforgue ne désespère pas defaire percevoir la beauté des voiesexplorées par ses pairs au cours desderniers siècles.

L’origine des recherches actuel-les remonte à l’élaboration parLeonhard Euler (1707 - 1783) de la

loi de réciprocité quadratique quistipule que, étant donné deux nom-bres premiers p et q, il existe unentier x tel que x2 – p est divisiblepar q et un entier y, tel que y2 – q estdivisible par p. C’est Carl FriedrichGauss (1777 - 1855) qui a démontréle premier, à 19 ans, cette loi, dontla généralisation aux puissancesupérieures à 2 n’a été obtenuequ’en 1927 par Emil Artin.

Auparavant, au cours de la secon-de moitié du XIXe siècle, la théoriealgébrique des nombres a été pro-gressivement élaborée, essentielle-

ment en Allemagne. De plus enplus générale et abstraite, cette der-nière s’appuie sur des notions com-me les corps (ensemble d’élémentspouvant s’additionner, se soustrai-re, se multiplier et se diviser com-me les nombres réels), leurs exten-sions, ainsi que les groupes tels quecelui de Galois, issu de la théorieélaborée par Evariste Galois(1811 -1832). Entre la fin du XIXe siè-cle et 1950 apparaît la théorie descorps de classe, qui s’attaque à lapartie commutative (qui rassembleles cas où ab = ba) du groupe de

Galois. Emil Artin en tire la générali-sation de la loi de réciprocité. C’estavec les travaux sur l’extension dela théorie des corps de classe auxcas où le groupe de Galois n’est pascommutatif qu’apparaît le mathé-maticien canadien Robert Lan-glands.

240 En 1967, à 31 ans, il adresse une

lettre de 17 pages à André Weil(1906 - 1998), l’un des grands nomsde la théorie des nombres, afin d’yexposer ses idées. Largement diffu-

sées, ses hypothèses laissaiententendre que « les nombres entiersse comportent comme s’ils étaientune courbe », explique Laurent Laf-forgue. Une troublante analogieapparaissait ainsi entre des domai-nes jusqu’alors distincts. « Il estalors possible d’établir un véritabledictionnaire dans lequel un nombrepremier correspond à un point d’unecourbe, une fraction à une fonctiondéfinie sur une courbe… » En reliantla théorie des nombres, l’algèbre etl’analyse, Robert Langlands partici-pe au mouvement d’unification des

mathématiques qui se développedes années 1960 aux années 1980.

De telles conjectures,c’est-à-dire, en mathématiques, desaffirmations non encore démon-trées, révélaient un « grand mystèredes mathématiques » totalementinconnu, mettant en correspondan-ce des familles d’objets jusque-làindépendantes et affirmant que lesrelations entre leurs objets sontidentiques… Peu à peu, la conjectu-re de Langlands paraît si lumineuseque dans le monde entier les mathé-maticiens tentent de la démontrerpour la transformer en théorème.Ils s’attaquent à deux corps : celuides nombres et celui des fonctions.

Dans le premier, l’un des grandsrésultats est obtenu par l’AnglaisAndrew Wiles, qui parvient àdémontrer en 1994 le fameux théo-rème de Fermat, élaboré par Pierrede Fermat (1601 - 1665) en 1637.Cet exploit ne résout qu’un cas par-ticulier dans le corps des nombres,domaine considérablement plus dif-ficile que celui des corps de fonc-tions. C’est dans ce dernier que Lau-rent Lafforgue va s’illustrer endémontrant la correspondance deLanglands avec un grand degré degénéralité qui confère à son travailtoute sa portée.

Avant lui, l’Ukrainien VladimirDrinfeld (médaille Fields en 1990)avait effectué, à 20 ans, le mêmetravail pour la valeur n = 2. LaurentLafforgue étend la démonstrationpour tout n. En janvier, sa publica-tion finale est éditée par la presti-gieuse revue allemande InventionesMathematicae. Un article de240 pages en français, alors que lespublications habituelles ne dépas-sent pas les 40 pages. Au total, avecses autres articles, Laurent Laffor-gue a déjà publié 600 pages. Pourlui, « la conjecture de Langlandscompte parmi les plus belles chosesproposées en mathématiques. Lesénoncés sont extrêmement simples ettiennent souvent en trois lignes. Quecela puisse être vrai est éblouissant !Mais il faut des centaines de pagespour démontrer quelques cas trèsparticuliers ».

Christian Peskine, directeur scien-tifique adjoint du département scien-ces physiques et mathématiques duCNRS, qualifie le travail de LaurentLafforgue d’« extraordinaire ». Pour-tant, ses résultats ne bénéficient pasde l’aura qui entoure ceux d’AndrewWiles, sans doute en partie parceque ce dernier a résolu un problèmevieux de plus de trois siècles, alorsque les conjectures de Langlandsn’ont que trente-cinq ans. Pourautant, Christian Peskine ne cachepas sa joie de voir un nouveau Fran-çais décrocher la médaille Fields et ytrouve « une confirmation de larichesse du tissu scientifique françaisen mathématiques ».

Michel Alberganti

« Je rêvais de devenir écrivain, mais j’étais très bon en maths... »

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LA PASSION pour les mathématiques, Lau-rent Lafforgue l’a ressentie tradivement. Dansson bureau au décor dépouillé de l’Institut deshautes études scientifiques (IHES) de Bures-sur-Yvette (Essonne), une gourde bleue en métaltrône en permanence près de l’ordinateur. Al’autre extrémité de la table de travail, un casquede cycliste et un petit sac à dos révèlent un fortpenchant pour le vélo, l’unique moyen de trans-port qu’il utilise même pour franchir, plusieursfois par semaine, les 25 km de vallons qui le sépa-rent de Paris. Célibataire à 36 ans, Laurent Laffor-gue invoque les « hasards de la vie » plus que lescontraintes de travail monacales d’un chercheurqui vient d’obtenir la prestigieuse médailleFields. Son parcours exceptionnel se résume,dans sa bouche, à une sorte d’abandon à la voiede la plus grande pente. Non sans quelquesregrets.

« Au collège et au lycée, je trouvais étrange quel’on puisse s’intéresser aux mathématiques », racon-te-t-il. « A cette époque, seule la littérature m’atti-rait, en particulier les classiques français et russes,Dostoïevski en tête. Je rêvais de devenir écrivain,

mais j’étais très bon en maths... » Cette « fatalité »devait poursuivre Laurent Lafforgue pendanttoutes ses études. Après les classes préparatoires,en 1986, il entre sans problème à l’Ecole normalesupérieure (ENS) de la rue d’Ulm et décroche lapremière place de l’agrégation en 1988. Deux ansplus tard, il se retrouve au CNRS avec un postede chercheur permanent. « Je n’avais rien fait, pasmême commencé ma thèse... » Il consacre lesquatre années de cette période de flottement à lalecture de l’œuvre d’Alexander Grothendieck(médaille Fields en 1966). « Grâce à lui, pour lapremière fois, j’ai découvert quelque chose devraiment beau en maths. Il a réécrit la géométriealgébrique et défini de nouveaux outils en leurconférant la plus grande généralité. Pour moi, c’estle plus grand mathématicien du XXe siècle. »

- Le service militaire en tant que professeur de

mathématiques à l’école spéciale militaire Saint-Cyr-Coëtquidan permet au jeune chercheur deréfléchir sur son statut au CNRS. « Je me sentaisun peu comme un brebis galeuse. » De retour en

1993, il choisit Gérard Laumon, directeur derecherche au CNRS, comme directeur de thèse.Dix-huit mois plus tard, il passe sa thèse, alorsque ses collègues peuvent y consacrer quatre oucinq ans. Les années de maturité font leur effet.

Sur cette lancée, Laurent Lafforgue appro-fondit le travail de Vladimir Drinfeld sur les« chtoucas », traduction phonétique du motrusse signifiant « truc ». Ces objets de la géomé-trie algébrique inventés au début des années1970 ont permis à Vladimir Drinfeld de démon-trer la correspondance de Langlands au rang 2.« Les chtoucas sont géniaux, car ils définissent desobjets complètement nouveaux. » Sept ans plustard, il parvient à démontrer la conjecture deLanglands sur les corps de fonction au rang n, cequi lui vaut aujourd’hui la médaille Fields.

« Son travail est gigantesque. Il dispose d’unepuissance technique telle qu’aucun obstacle nel’arrête », note Gérard Laumon, qui estime queLaurent Lafforgue n’a rien d’une étoile filante etqu’il pourrait encore s’illustrer.

M. Al.

Le FrançaisLaurent Lafforgue(au centre),entouré du BrésilienJacob Palis, présidentde l’InternationalMathematics Union(à gauche), et duprésident chinoisJiang Zemin,après avoir reçusa médaille Fieldsen ouverturedu Congrèsinternationaldes mathématiciens,mardi 20 aoûtà Pékin.

La prestigieuse , équivalant, pourles mathématiques, au prix Nobel, revient cette annéeau Français Laurent Lafforgue et au Russe installé auxEtats-Unis Vladimir Voevodsky. Chercheur à l’Institut

des hautes études scientifiques (IHES) et directeur derecherche au CNRS, Laurent Lafforgue, 36 ans, estainsi distingué pour ses travaux sur la conjecture deLanglands. , féru

de littérature, il a longtemps cherché un domaine quile passionne. Ce sont les travaux d’ qui ont fini par le décider à s’enga-ger dans des recherches personnelles. L’étude des

« chtoucas » de Drinfeld complète la panoplied’outils qui lui ont permis de devenir à recevoir la distinction, créée en 1923 parun mathématicien canadien.

INCONNUE du grand public, lamédaille Fields, la plus haute dis-tinction en mathématiques, équi-vaut pourtant à un prix Nobel. Elleest attribuée tous les quatre ans,lors du Congrès international desmathématiciens (CIM), à des cher-cheurs âgés de moins de quaranteans ayant réalisé des travauxbrillants. Les lauréats, qui ne sontjamais plus de quatre, reçoivent cha-cun 1 500 dollars canadiens (975 ¤)ainsi qu’une médaille représentant,au recto, l’effigie d’Archimède et,au verso, une sphère inscrite dansun cylindre, dont le mathématiciengrec avait calculé les volumes.

La distinction porte le nom deJohn Charles Fields, un mathémati-cien canadien né en 1863 et connupour ses travaux sur les fonctionsde variables complexes. Mais il aaussi marqué son temps en cher-chant, tout au long de sa vie, àpromouvoir la recherche en mathé-matiques à la fois dans son pays etau niveau mondial. Il trouvait par-

faitement anormal que cette disci-pline ne soit pas récompensée parun prix d’audience internationale,contrairement à la chimie, la physi-que et la médecine, valorisées parun prix Nobel depuis 1901.

Pourquoi un tel ostracismevis-à-vis des mathématiques ?Selon une rumeur persistante, l’in-venteur de la dynamite aurait refuséde créer ce prix pour se venger de samaîtresse du moment, Sophie Hess,qui lui préférait le grand mathémati-cien suédois Gosta Magnus Mittag-Leffler. Mais de nombreux histo-riens des sciences réfutent cettehypothèse, tout en admettant qu’ilexistait entre les deux hommes uneprofonde inimitié.

Gosta Magnus Mittag-Lefflerétait, en revanche, l’ami de JohnC. Fields. Diplômé de l’universitéde Toronto et de l’université John-Hopkins, ce dernier obtient sondoctorat en 1887. Mécontent de lasituation de cette discipline dansson pays, il quitte l’Amérique du

Nord pour l’Europe. Entre 1891 et1902, il rencontre les grands mathé-maticiens de son temps à Berlin,Göttingen puis Paris.

De retour au Canada en 1902,John C. Fields persuade le gouver-nement canadien d’affecter à l’uni-versité de Toronto un crédit de75 000 dollars par an à l’aide desenseignants en mathématiques.Pour soutenir la recherche interna-tionale, oubliée par Alfred Nobel, illance l’idée d’une distinction spéci-fique lors d’une réunion internatio-nale de mathématiciens à Toronto,en 1923, et propose l’attibution dedeux médailles. John C. Fieldsmeurt le 9 août 1932. Il lègue sesbiens à la science afin de financer lanouvelle distinction, qui sera attri-buée pour la première fois en 1936.

Cette année-là, à Oslo, la pre-mière médaille Fields revient auFinlandais Lars Ahlfors et à l’Améri-cain Jesse Douglas. La deuxièmeguerre mondiale interrompt l’attri-bution de la médaille jusqu’en

1950, date à laquelle seront récom-pensés les travaux du mathémati-cien français Laurent Schwartz etdu Norvégien Atle Selberg. Sur les44 médailles attribuées jusqu’en2002, sept ont récompensé desFrançais, auxquels s’ajoute, en1966, un apatride installé enFrance, Alexander Grothendieck.

Paradoxalement, l’Anglais An-drew Wiles, malgré l’exploit de ladémonstration du théorème deFermat, en 1995, n’a pu recevoir lamédaille Fields lors du CIM de1998 à Berlin. A 41 ans, il dépassaitd’un an la limite d’âge...

Christiane Galus

e Lauréats français : Laurent Schwartz(1950), Jean-Pierre Serre (1954), RenéThom (1958), Alain Connes (1982), Chris-tophe Yoccoz et Pierre-Louis Lions(1994), et Laurent Lafforgue (2002).La liste intégrale des lauréats desmédailles Fields est disponible surlemonde.fr

Issu de l’université de Moscou,Vladimir Voevodsky vient de rece-voir la médaille Fields à 36 ans. Pro-fesseur permanent depuis cetteannée à l’IAS (Institute for Advan-ced Study) de Princeton, VladimirVoevodsky a défini un lien nouveauentre deux domaines majeurs desmathématiques, l’algèbre et latopologie, grâce à de puissantsoutils mathématiques et des théo-ries inspirées des travaux du mathé-maticien Alexander Grothendieck.

L’IAS, créé en 1930, a servi demodèle à l’Institut des hautes étu-des scientifiques (IHES) de Bures-sur-Yvette (Essonne), fondé en1954, où Laurent Lafforgue estentré en 2000. Les deux lauréatsont le même âge et se sontappuyés sur les travaux d’Alexan-der Grothendieck, qui a obtenu lamédaille Fields en 1966, l’année deleur naissance.

EN 1900, le grand mathématicienallemand David Hilbert propose,au deuxième Congrès internationaldes mathématiciens, qui se tient àParis, une série de vingt-trois pro-blèmes couvrant l’ensemble de ladiscipline. Il formule ainsi les futursdéfis, tout en mettant en valeur larecherche mathématique aux yeuxdu grand public.

Un siècle plus tard, et toujours àParis, le Clay Mathematics Institutede Cambridge, financé par l’hom-me d’affaires Landon Clay, relancela course au trésor en proposant« les sept problèmes du millénaire »,dont un seul, la fameuse hypothèsede Riemann, faisait déjà partie dela liste d’Hilbert (Le Monde du25 mai 2000). Chaque problème estdoté d’une récompense de 1 mil-lion de dollars (environ 1 milliond’euros), alors que la médailleFields ne rapporte que 1 500 dol-lars canadiens. Outre leur attraitfinancier, les sept énigmes excitentles chercheurs, même si elles

n’éveillent guère l’intérêt du profa-ne : « Nous recevons une dizaine depropositions chaque semaine, mais ily a beaucoup de plaisantins ou depersonnes réellement persuadéesd’avoir eu un éclair de génie », expli-que la fondation Clay.

L’argent n’est pas la motivationmajeure des chercheurs, comme leconfirme Didier Robert, directeurdu laboratoire de recherche mathé-matique de Nantes : « C’est surtoutle prestige qui attire les chercheurs,qui sacrifient parfois plusieursannées de leur vie à résoudre cesquestions. Leurs réponses permet-tent, soit de fournir des résultatsconcrets et applicables, soit des outilset des concepts nouveaux utiles auxautres mathématiciens. » Des vingt-trois problèmes de Hilbert, seulstrois n’ont pas encore été résolus.

Guillaume Jousset

e L’énoncé des sept énigmes :www.claymath.org

A U J O U R D ’ H U Is c i e n c e s

Le Français Laurent Lafforgue, « Nobel » de mathématiquesA 36 ans, le chercheur de l’Institut des hautes études scientifiques (IHES) a reçu, le 20 août à Pékin, la médaille Fields, la plus haute récompense

décernée dans cette discipline. Elle couronne également les travaux du Russe installé aux Etats-Unis Vladimir Voevodsky

Vladimir Voevodsky,le Russe de Princeton

Sept Français parmi les quarante-quatre lauréatsLa distinction a été imaginée par le mathématicien canadien John Charles Fields en 1923

Une série d’énigmes mises à prix1 million de dollars

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14/LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002

YOUGAPIRI (Mali)de notre envoyé spécial

Dans dix jours, si Dieu le veut,ils seront à Tombouctou. Les troishommes trottinent dans la plaine,poussant devant eux une centained’ânes qui soulèvent dans leursillage un nuage de poussière.Nomades Bella, vêtus de bleu, ilss’en retournent chez eux, à la lisiè-re du désert. Dans leur attitudesuintent l’humilité et la crainte,héritages de siècles de servage. Cepeuple a été l’esclave des Toua-regs. Aujourd’hui, il est officielle-ment libre. Mais une loi d’affran-chissement ne saurait changer dujour au lendemain les mentalités.

Les bourricots ploient sous leurbât, chargé de sacs de mil, de sor-

gho, de fèves, d’oignons ou d’ara-chides. Ces denrées ont été ache-tées à des agriculteurs dogons etseront revendues, deux fois pluscher, aux marches stériles du Saha-ra, 400 km plus au nord. La carava-

ne quitte les terres cultivées, oùne restent que les chaumes jauniset quelques arbres, comme d’épar-ses sentinelles. Elle file à traversles immenses pâturages des Peulsqui courent jusqu’aux rives duNiger.

Il faut aussi partir, quitter lepays dogon. Ce soir, ce sera Gao,demain Marseille, la tête en vracde ce trop brutal transfert. Ens’éloignant, la falaise de Bandiaga-ra reprend cet air revêche quiavait surpris, une semaine aupara-vant, en l’abordant à son autreextrémité, par la ville de Mopti. Lerepli, haut de 400 mètres, s’étaitsoudain dressé sur l’horizon, peuaprès que la route eut laissé placeà une mauvaise piste. La paroisemblait inexpugnable, tout justepropice à abriter les aigles quitournoyaient à son sommet.

L’abominable chemin avait lam-

biné jusqu’au pied de l’obstacle.La nuit était tombée et la massesombre n’en avait semblé que plushermétique. Le guide avait pour-tant commencé à grimper cetaplomb. Il avait fallu le suivre,incrédule. Mètre après mètre, unsentier étroit était sorti de l’om-bre, conduisant de manière inespé-rée un peu plus haut. Après unedemi-heure d’ascension, unevague construction s’était dessi-née à la lueur des étoiles. Une mai-son était apparue, puis une autre.Le chemin était devenu une ruelle.Nous étions bien dans un village :Yougapiri, avait précisé le guide.

Comment la vie avait-elle pus’accrocher ici, à mi-pente de cetà-pic ? Le faible halo des lampestorches n’avait pu percer ce mystè-re. Les premières lueurs du jour

avaient fourni l’explication. Ellesavaient réveillé le voyageur entreciel et terre. Le village, fort devingt-huit familles, avait poussédans un énorme éboulis. La vies’était incrustée à la verticale. Lehaut de la falaise rougeoyait dansles chauds rayons du matin. Encontrebas, s’étendait la steppe, quicommençait à poudroyer. L’ingé-niosité humaine, titillée par la

peur des envahisseurs, avait per-mis de coloniser ce terrain hostileet inégal. Le plafond des maisonsdes uns formait la terrasse de cel-les des autres, en un habile assem-blage. Les traditionnels greniers,avec leurs faîtes pointus en chau-me de mil, se hérissaient au milieudes habitations de torchis. La caseà palabres, ouverte aux quatrevents, était posée sur un rocher

dominant l’horizon, perchéeau-dessus du néant. Décor vertigi-neux propice à trousser les légen-des et alimenter des conversationsailées.

Quelques mètres plus haut, unhabitat troglodyte était creusédans le grès de la falaise, imbro-glio de cavernes reliées sur plu-sieurs niveaux par un dédaled’échelles.

bf . Point Afrique assuredes vols charters entre Paris ouMarseille et Gao ou Mopti, du20/12/2001 à mai 2003 (de 436 ¤ à540 ¤, selon les dates ; tél. :04-75-97-20-40, www.point-afri-que.com). Le lieu de départ etcelui d’atterrissage sontsusceptibles de changer audernier moment. Il faut ensuitecompter une dizaine d’heures devoiture pour parvenir au paysdogon. Un visa et la vaccinationcontre la fièvre jaune sontobligatoires. Un traitementantipaludéen est conseillé, demême qu’une protection contreles moustiques, très pugnaces,notamment sur les bords dufleuve Niger.bf . L’idéal se situeentre novembre et mars, quand lestempératures ne dépassent pas30 degrés dans la journée et queles nuits sont assez fraîches pourrécupérer. L’harmattan soufflealors. Les plus fortes chaleurs sonten avril, mai et juin. La saison despluies s’étend de mai à octobre.bf . Cettedestination s’adresse à desrandonneurs en bonne condition,capables de marcher quatre à sixheures par jour sur un terrain

accidenté. Les accrocs du conforts’abstiendront : l’hébergement estspartiate. Il n’existe pas d’hôtel.Des gîtes d’étape rustiques, sanseau courante ni électricité, sontaménagés dans certains villages.Un seau d’eau et un gobelet fontoffice de douche. Le plus agréableest de dormir à la belle étoile surles toits-terrasses de ces maisons entorchis, entouré des bruits de la nuit.De l’eau minérale est disponibleaux étapes, ainsi que de la bière etdu Coca. Sinon, ne pas oublier lescachets de purificateur. Les repassont copieux mais répétitifs.bf . Une dizaine devoyagistes ont inscrit le Mali dansleur catalogue. La Balaguère(05-62-97-20-21 ; www.balague-re.com), avec qui nous sommespartis, propose ainsi un voyage,8 jours/7 nuits, à partir de 970 ¤,de Marseille (1 045 ¤, de Paris), etdes départs chaque semaine du20 décembre 2002 au 4 avril 2003.Il comprend, en groupe de cinq àdix personnes, quatre jours derandonnées itinérantes sur lafalaise de Bandiagara, un passagedans les monts Hombori, aiguillesrocheuses plantées dans la plaine,dont la célèbre Main de Fatma, etune excursion en pinasse sur le

fleuve Niger. Le périple de15 jours (à partir de 1 450 ¤,départs de novembre à mars) seprolonge jusqu’à Tombouctouavec navigation sur le Niger.Egalement chez Allibert (tél. :0825-090-190 ;www.allibert-voyages.com),Nomade (01-46 -33-71-71 ;www.nomade-aventure.com),Explorator (01-53-45-85-85 ;www.explo.com) ou ClubAventure (0-825-306-032 ;www.clubaventure.fr).bf . Parmi lesnombreux guides parus, Mali,un des plus récents, sous la plumed’Eric Milet, publié par Arthaud.Sur la culture du pays dogon :Dieu d’eau : entretien avecOgotemmêli, de Marcel Griaule(Fayard) ; Poussière, ô poussière !,de Gilles Holder (Sociétéd’ethnologie) ; La Mère desmasques : un Dogon raconte, deSékou Ogabara Dolo (Seuil) ;Mali, parole d’ancêtre dogon :l’écho de la falaise, de Zakari Sayeet Patrick Kersalé (Anako) ;Masques du pays dogon, deGeneviève Calame-Griaule (A.Biro) ; La Langue secrète desDogon de Sanga, de Michel Leiris(Institut d’ethnologie).

VACANCES SPORTIVES

Le surf implique technique, endurance et connaissance de la mer

VADE-MECUM

BAYONNE(Pyrénées-Atlantique)

de notre correspondantDepuis les années 1980, le surf et

les sports de glisse ont trouvé unenouvelle Californie sur la côte aqui-taine, où se déroulent, jusqu’au25 août, précisément sur la plagedes Estagnots, à Seignosse, lesépreuves de la Rip Curl Pro, comp-tant pour le championnat du mon-de de surf. Ainsi, de Lacanau à Hos-segor, Biarritz et Saint-Jean-de-Luz, les vagues de l’Atlantique atti-rent de plus en plus de mordus,femmes et hommes, inséparablesde leurs planches, combinaisons etaccessoires « tendance ».

« Le surf, c’est beau, ça paraît gri-sant et on en rêve. Mais les débutssont durs et très ingrats : il faut êtretrès motivé, avertit François Larti-gau, styliste-designer chez Quiksil-ver et lui-même surfeur depuis1961. Pour deux petites minutes deglisse, il faut ramer pour arriver au

large, prendre la vague et, si l’onpeut, grimper sur la planche : celan’a rien d’évident. » Pour commen-cer, quelques leçons permettent defranchir le pas, d’acquérir la bonnetechnique, que la pratique perfec-tionnera. Au contraire, apprendresur le tas risque d’être fastidieux, sice n’est décourageant.

Sur la côte basque et landaise,

abondent maintenant des écoles desurf : elles seraient entre cent cin-quante et deux cents, autant diredeux par plage. La plupart propo-sent des forfaits, avec prêt du maté-riel, planche comprise. L’heure deleçon tourne autour de 15 euros àHossegor, jusqu’à 20 euros chez lemust, l’école de surf Jo-Moraiz, surla côte des Basques, à Biarritz. Cel-le-ci propose un stage de cinq joursà raison de deux heures quotidien-nes pour 150 euros. A Capbreton,une session intensive à raison de

quatre heures par jour coûtera213 euros et l’heure et demie, pourun enfant de 6 à 12 ans, est facturée17 euros à Hossegor.

Sans doute est-ce là le meilleurplacement à faire : commencerjeune. Car parmi les qualités requi-ses pour pratiquer ce sport vient enpremier l’endurance. Il faut surferrégulièrement, se perfectionnersans cesse, d’autant qu’aucunevague n’est pareille à la précédente.Plus on débute tôt, mieux onapprend à connaître les déferlan-tes, les courants et les marées,mieux on sait bien nager, mieux onmaîtrise sa respiration. En été, unecombinaison protège de l’eau froi-de, mais aussi du soleil. La réverbé-ration sur l’océan étant compara-ble à celle de la neige au ski, il con-vient de se protéger la peau avecun écran total. Il existe des shortset des maillots d’une pièce ou desspring-suites, ensembles en néoprè-ne avec fermeture à l’arrière. Pour

l’hiver ou même l’automne, lescombinaisons doivent être plusépaisses.

Après les premières leçons, uneplanche d’occasion suffit, investis-sement oscillant entre 300 et550 euros. Plus tard, sûr de lui, lesurfeur en achètera une à sa taille,d’une dureté à son goût (de 450 à650 euros pour un long board, unegrande planche). Les prix sontmoindres pour les body boards oules morey boogies, bien adaptés auxdébutants. Ces petites planches per-mettent de rester couché et d’ap-préhender progressivement la for-ce des vagues et des courants.

Michel Garicoix

baFédération française de surf, tél. :05-58-43-55-88 et sur Internet :www.surfingfrance.com.

PROCHAIN ARTICLELe cheval

.

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Des écoles plutôt que des stylos bille. Depuis quelques années, des voya-gistes tentent de concilier tourisme et développement durable. Ils réprou-vent les visiteurs qui sèment derrière eux bonbons, stylos et médicaments,cédant aux incessantes sollicitations des enfants. Issue du mouvement asso-ciatif, La Balaguere tente ainsi de mettre en place des structures alternati-ves, sous la houlette de Yannick Salaün, agent local du voyagiste. Dans lesvillages, les campements sont placés directement sous la responsabilité dela communauté. La Balaguere leur verse ensuite un écot pour chaque nuitéede voyageur. L’argent sert notamment à financer les écoles et le salaire del’instituteur. « Nous avons plus besoin de livres, de tableaux, de matérielpédagogique que de crayons », explique Seyni Ovologuem, qui enseigne àYendouma. Le bénéfice sert également à cofinancer des dispensaires où lesvoyageurs sont invités à déposer leurs surplus de médicaments, plutôt quede les distribuer aveuglément.

Livres et tableaux noirs

Bandiagaraet sesvertigesAu Mali, entre cielet terre, le mondedes Dogons : grenierspointus, maisonsde torchis, caseà palabres, imbrogliode cavernes, dédaled’échelles, jardinsaériens. 135 kilomètres,suspendus dansle temps et l’espace,classés au Patrimoinede l’humanitépar l’Unesco

A U J O U R D ’ H U I v o y a g e s

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LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002/15

Les historiens en font remonterl’établissement au XIIe siècle. Pourle reste, seule la légende fait foi.Des Pygmées auraient habité ici,délogés par les Thélèmes, quiauraient été à leur tour chassés parles Dogons, ces derniers fuyant lesPeuls, qui avaient envahi la plaine.Les Anciens jurent encore que lesDogons auraient installé les échel-les : les Thélèmes, eux, volaientd’une maison à l’autre avant de sevolatiliser mystérieusement.

Les excavations servent pour unepart de greniers, pour une autre dedemeure des esprits. Les fétichessont entreposés dans ce sanctuaire

que garde Anaye Doumbo, un vieilhomme revendiquant 96 ans. L’âgelaisse sceptique. Mais, dans unmonde suspendu dans le temps etl’espace, le calendrier a si peu d’im-portance.

Au long des 135 km classés auPatrimoine de l’humanité parl’Unesco, la falaise de Bandiagaraabrite une succession d’autres villa-ges immuables, juchés à son som-

met, tapis à son pied ou nichés enéquilibre dans un improbable pli dela paroi. Les flancs escarpés recè-lent partout des portes dérobées.De longues veines, parfois de sim-ples anfractuosités, relient les habi-tants de la plaine à ceux du plateau.Aux heures chaudes, ces défilésdeviennent des corridors infer-naux, brûlés de soleil. Cet environ-nement hostile se peuple pourtant

de cris d’enfants, des appels cour-roucés des parents, des bêlementsdu bétail, du cliquetis de la navettedu tisserand ou du martèlement duforgeron. Ici, c’est un goulet où lespierres roulent sous les pieds quidébouche après quelques heuresde marche sur l’éden verdoyant deYandali. Dans ce jardin suspendu,poussent l’oignon, dont l’odeurempreint l’air, et toutes sortes delégumes que les propriétaires arro-sent à l’aide de grandes calebasses.Là, depuis le village de Kamelou,une tranchée, semée de rochessculptées par l’érosion, plonge versBédié, connu pour ses rebouteux,puis vers Bamba, dont le marchéhebdomadaire fait courir la région.

Ces villages sont désertés les

mois d’hiver. Après la récolte, lesjeunes hommes partent s’embau-cher à Bamako pour compléter lerevenu familial. Ces exils saison-niers deviennent vitaux quand lespluies du printemps ne suffisentpas à verdir la plaine ou que s’abat-tent les nuées de sauterelles. Maisles exilés reviennent toujours, obs-tinés, irréductibles, à l’image deleurs terres, traversées sans cessepar les envahisseurs et les colonisa-teurs, jamais conquises. La grandemajorité des Dogons s’est conver-tie à l’islam ou à la foi chrétiennemais garde tapie la crainte desesprits. Un Moïse ou un Boubakarporte aussi un nom animiste, res-pecte la Terre matricielle, vénère letotem familial et ne viole jamais unlieu tabou.

Ce syncrétisme ne résiste cepen-dant pas à l’appât du gain ni auxaffres de la pauvreté. Dans de nom-breux villages, des antiquaires peuscrupuleux ont pu faire main bassesur des fétiches séculaires. Selonles spécialistes, ce pillage a entraî-né la disparition d’une large partiede la statuaire dogon. Souvent, desidoles ancestrales, ne restent queles copies vendues aux touristes.Mais, après avoir crapahuté dansce chaos de la Création, alors queronronne le moteur de l’avion, sub-siste surtout le sentiment de lamagie tellurique d’un lieu.

Benoît Hopquin

INTERLAKEN – la ville entre deux lacs – conjugue tous les plaisirs. Plai-sirs de l’eau et trains des cimes qui, dans le chuintement de la vapeur ou lecliquetis des crémaillères, s’élancent vers les sommets du canton de Berne– la Jungfrau (la Jeune Fille), l’Eiger (l’Ogre) et le Mönch (le Moine). Che-nilles rouges ou vertes, ils se hissent à l’oblique des pentes, par des tun-nels reliant entre elles les vallées : petit train à crémaillère centenaire grim-pant vaillamment sur le Schynige Platte (1 967 m) ou Brienzer Rothorn àvapeur, datant de 1891, haletant sur 7 km, de Brienz à Rothorn (2 350 m).Ils contemplent le lac de Brienz, eau verte, laiteuse, et le lac de Thoune,lapis-lazuli. Le BOB (Berner Oberland Bahn), un rapide, relie Interlaken àLauterbrunnen en une demi-heure. A droite, cascade de la Staubbach,210 m, chantée par Goethe ; à gauche, funiculaire du Murren. A Lauter-brunnen, le Wengen Alpe Bahn monte, en 45 minutes, à Kleine Schei-degg, saluant au passage Wengen, station d’altitude, chalets sombres, bal-cons fleuris. Vient alors le Jungfraujoch (3 454 m), qui, par un tunnel taillédans le roc, porte son monde sur la Jungfrau en cinquante minutes. Ausommet : un restaurant, un palais de glace creusé dans le névé et des ter-rasses survolant le panorama, immaculé. Le retour s’humanise si, délais-sant le train, on suit le sentier d’altitude qui, de la station d’Eigergletscher,au pied de l’Eiger, descend à celle d’Alpiglen. Trois heures d’émerveille-ment : glaciers, maisons d’alpage, toits de bardeaux, pâturages émaillésde fleurs, filets d’eau au creux des prés. On croise des Indiennes dont lesvoiles légers volettent sur les glaciers (l’Oberland bernois ressemble auCachemire, et nombre de soap operas indiens furent tournés ici), des Japo-nais (une cordée nippone a fait l’ascension de la face nord de l’Eiger).Quant aux cinéphiles, ils vont, en téléphérique, déjeuner au restauranttournant du Piz Gloria, sommet du Schilthorn (2971 m), où fut tourné, en1967, On Her Majesty’s Secret Service, un James Bond de haut vol.

Danielle Tramard

ba TGV Lyria Paris-Berne (116 ¤ en tarif « loisirs », l’A/R en 2e classe),dans les gares SNCF, comme le Swiss Pass (4 jours, 155 ¤), roue libresur le réseau national suisse et des réductions sur les trains d’excursions.Hôtels à Interlaken : le Post-Hardermannli (tél. : 00-41-33/822-89-19,à partir de 90 ¤), le Royal Saint-Georges, art nouveau (tél. : 822-75-75,180 ¤), et, dans la forêt, au-dessus du lac de Brienz, le GrandhotelGiessbach (tél. : 925-25-25, 89 ¤, ou 3 nuits en demi-pension, 305 ¤).Suisse-Tourisme : 00-800-100-200-30, numéro international gratuit,et www.myswitzerland.com.

Mise en place du faîte pointu,en chaume de mil, d’un greniertraditionnel (ci-dessus).Creusé à même le grès,dans un à-pic de 400 m, l’habitattroglodyte. Selon la légende,des Pygmées auraient été délogéspar les Thélèmes, chassés à leur tourpar les Dogons (en haut, à gauche).L’écot versé pour chaque nuitéed’un voyageur sert à financerles écoles (en bas, à gauche).

BAMAKO

falaise deBandiagara

Ségou

Kayes

Djénné

Mopti

Tombouctou

Gao

GUINÉE

CÔTE-D'IVOIREGHANA TOGO

BÉNIN

BURKINA FASO

MA L I

NIGER

SÉN.

N iger

Bani

Sénégal

PAYSDOGON

MAURITANIE

200 km

A U J O U R D ’ H U I v o y a g e s

Week-end ferroviaire suisse

Interlaken

Jungfrau

LauterbrunnenLauterbrunnenMMüürrenrren

Schynige PlatteSchynige PlatteLauterbrunnen

Mürren

SchilthornEiger

BrienzBrienzGiessbachGiessbach

BrienzGiessbach

Schynige Platte

Rothorn

MönchJungfraujoch

Lac de BrienzLac de BrienzLac de Brienz LLaacc ddee TThhoouunnee

Lac de Thoune

O B E R L A N D B E R N O I SO B E R L A N D B E R N O I S

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16/LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002

BRIDGE NO 2009

Nuageuxsur leNord-Est

MOTS CROISÉS PROBÈME NO 02 - 199

LE ROI CONDAMNÉCette donne a été distribuée au

Cavendish Club de New York et legrand champion pakistanais Mah-mood Zia a réussi à faire deux levéesde mieux au contrat de 4 Cœurs.Avant de prendre sa place en Sud,cachez les mains d’Est-Ouest.

Ouest a entamé le 7 de Carreau

(singleton) pour le 10 et le Valet. Ledéclarant a pris de l’As, puis il a don-né deux coups d’atout (As et Roi deCœur) et les deux adversaires ontfourni. Comment Zia, en Sud, a-t-ilgagné QUATRE CŒURS avec deuxlevées de mieux (petit chelem)contre toute défense ?

RéponseA partir du moment où les atouts

étaient bien partagés, il n’y avaitplus à se préoccuper de la place duRoi de Pique car il y avait douzelevées sur table !

Regardez comment Zia a joué : ila fait tomber le dernier atout adver-se avec la Dame de Cœur, puis il atiré… l’As de Pique et les Trèfles maî-tres, et, sur le quatrième Trèfle, il adéfaussé la Dame de Pique du mort.Enfin, Zia a joué le 5 de Carreau etEst a pris le 8 du mort avec le 9 deCarreau. Ce fut l’unique levée de ladéfense, car il restait en Nord-Sud :

Est ne pouvant pas continuer Car-reau sans libérer la Dame, Est acontre-attaqué le 8 de Pique et Zia aabattu son jeu en montrant que, siOuest avait le Roi de Pique et cou-vrait le 10, le mort couperait (avecle 10 de Cœur) et le Valet de Piquedeviendrait maître. Mais c’est Estqui avait le Roi et le 10 de Pique fitla levée…

UNE MANŒUVRE INSOLITEDans cette donne, pour arriver à

gagner le contrat de 6 Piques, il fautemployer un coup dont le mécanis-

me est assez extraordinaire. Avantde regarder les quatre jeux, cachezles mains d’Est-Ouest pour voir si, àla table, vous auriez trouvé la lignede jeu gagnante.

Ouest a entamé le 4 de Cœur,comment Sud doit-il jouer pourgagner ce contrat de CINQ PIQUEScontre toute défense ?

Note sur les enchèresL’ouverture de barrage de

« 4 Cœurs » promettait en principeune couleur d’au moins huit cartes.

Philippe Brugnon

; A R 5 4 2K V 3L A R 2' A 10 8

; D N

; 9 3K 4 O E K R D 10 9 8 7 6 5L V 10 8 4 3 L D 5' R D V 7 5 3

S ' 6

; V 10 8 7 6K A 2L 9 7 6' 9 4 2

Ann : E. don. Pers. vuln.

J 22 Lever du soleil à Paris : 6 h 54Coucher du soleil à Paris : 20 h 52

Avec la présence d’air froid en altitude lespassages nuageux seront fréquents surun grand quart Nord-Est et le ciel resterachargé sur le relief pyrénéen. Ailleurs, onprofitera de belles périodes de soleil maisles températures seront souvent fraîchespour la saison.

Bretagne, pays de Loire, Basse-Nor-mandie. Au lever du jour, les nuagesseront très nombreux. Au fil des heuresdes éclaircies de plus en plus larges sedévelopperont. Les températures del’après-midi seront comprises entre 19 et23 degrés.

Nord-Picardie, Ile-de-France, Cen-tre, Haute-Normandie, Ardennes. Surle Nord-Picardie et les Ardennes le cielsera très nuageux et quelques averses seproduiront. Sur les autres régions le soleilfera de belles apparitions. Les températu-res ne dépasseront pas 19 à 22 degrés.

Champagne, Lorraine, Alsace,Bourgogne, Franche-Comté. La jour-née sera morose avec un ciel souventgris. Les nuages seront parfois accompa-gnés de quelques averses. Les températu-res maximales seront comprises entre 19et 21 degrés.

Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi-Pyrénées. Sur les Pyrénées les nuagesseront bien présents et l’après-midi quel-ques foyers orageux se développeront.Ailleurs, les passages de nuages élevésn’empêcheront pas une journée assezbien ensoleillée. Les températures attein-dront 23 à 27 degrés.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes.Au nord de ces régions, le ciel sera tempo-rairement nuageux. Plus au sud, la jour-née sera largement ensoleillée. Les tem-pératures maximales seront comprisesentre 21 et 25 degrés d’ouest en est.

Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Le soleilbrillera tout au long de la journée. L’après-midi, quelques cumulus se formeront surle relief. Les températures atteindront 27à 31 degrés.

Retrouvez nos grillessur www.lemonde.fr

Ile de Ré

Biarritz

Arcachon

Lacanau

Soulac

Ile d'Oléron

LANDES

CHARENTES

Sud-Ouest

Marseille

Perpignan

Cap d'Agde

La Seyne-sur-Mer

Nice

St-Raphaël

St-Tropez

PROVENCELANGUEDOC

ROUSS I LLON

Sud

BastiaCalvi

Ajaccio

Porto-Vecchio

Corse

Le Havre

Le Touquet

Le Tréport

Étretat

Calais

P ICARDIE

NORMANDIE

Nord

Granville

St-Malo

Concarneau

La Baule

St-Gilles-Croix-de-Vie

Perros-Guirec

Crozon

Deauville

Quiberon

VENDÉE

BRETAGNE

NORMANDIE

Ouest

O

N

E

S

Ouest

Nord

Sud-Ouest

Sud

Corse

Sur les plages

CÔTE NORMANDECOTENTINBAIE ST-MICHEL

FINISTÈRE NORD

POINTE BRETAGNE

SUD FINISTÈRE

SUD BRETAGNE

CÔTE D'OPALE

CÔTE D'ALBÂTRE

BAIE DE SEINE

CÔTE CHARENTAISE

CÔTE GIRONDINE

CÔTE LANDAISE

CÔTE BASQUE

PAS-DE-CALAIS

AJACCIO PORTO-VECCHIO

ROUSSILLON LANGUEDOCGARDBOUCHES-DU-RHÔNE

VAR

CÔTE D'AZUR

CALVI BASTIA

VENDÉE

16

18

TEMPÉRATUREDE L'EAU

MER

Calme/belle

Peu agitée

Agitée/forte

TEMPÉRATUREDE L'AIR

VENTDIRECTION ET

VITESSE EN KM/HEURE

Très forte/grosse

15

VENT CALME

Fraîcheur, nuages et petites ondées enManche-Est, contre chaleur etsoleil enMéditerranée... Il fait beau aussi, maismoins chaud, sur les côtesaquitaines, tandis que le reste du littoral est sous un ciel plus voilé.

19˚19˚21˚

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Le 22 août vers 12 heures

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; A DK A D 10 4L D 10 8 3' R V 5

; 9 7 6 4 3 N

; R 8 2K V 8 2

O E K 7 6L 7 L R V 9 6 4 2' 10 8 7 2

S ' 9 4

; V 10 5K 9 R 5 3L A 5' A D 6 3

Ann : O. don. Tous vuln.

Ouest Nord Est Sudpasse 1 L passe 1Kpasse 3 K passe 4 K...

Ouest Nord Est Sud– – 4K passe

passe contre passe 4;passe 5; passe passe…

FRANCE

Ajaccio . . . . . . . . . . . . . . . .

Biarritz . . . . . . . . . . . . . . .

Bordeaux . . . . . . . . .

Bourges . . . . . . . . . . . . .

Brest . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Caen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cherbourg . . . . . .

Clermont-F. . . . .Dijon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Grenoble . . . . . . . . . .

Lille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Limoges. . . . . . . . . . . . .

Lyon ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Marseille . . . . . . . . . .

Nancy . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nantes . . . . . . . . . . . . . . . .

Nice. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Paris. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Pau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Perpignan. . . . . . . .

Rennes. . . . . . . . . . . . . . . .

St-Etienne . . . . . . .

Strasbourg... . . .

Toulouse. . . . . . . . . . .

Tours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

FRANCE -

Cayenne . . . . . . . . . . . .

. . . . . . .Fort-de-Fr.Nouméa. . . . . . . . . . . .

Papeete . . . . . . . . . . . . .

Pointe-à-P.St Denis Réu..

EUROPEAmsterdam . . . .

Athènes. . . . . . . . . . . . .Barcelone ... . . . . .

Belfast . . . . . . . . . . . . . . . .Belgrade . . . . . . . . . . .

Berlin . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Berne . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Bruxelles . . . . . . . . . .

Bucarest . . . . . . . . . . .

Budapest. . . . . . . . . .Copenhague. .

Dublin . . . . . . . . . . . . . . . . .

Francfort . . . . . . . . . .

Genève ... . . . . . . . . . . .

Helsinki . . . . . . . . . . . . .Istanbul . . . . . . . . . . . . .Kiev . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Lisbonne . . . . . . . . . . .

Liverpool ... . . . . . . .Londres. . . . . . . . . . . . . .

Luxembourg .

Madrid. . . . . . . . . . . . . . . . .Milan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Moscou. . . . . . . . . . . . . . . .

Munich . . . . . . . . . . . . . . . .

Naples . . . . . . . . . . . . . . . . .

Oslo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Palma deM. . . . .Prague... . . . . . . . . . . . . . . .

Rome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Séville . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Sofia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

St-Pétersb.Stockholm .... . . .

Ténérife . . . . . . . . . . . . .

Varsovie . . . . . . . . . . . . . .

Venise... . . . . . . . . . . . . . . . .

Vienne. . . . . . . . . . . . . . . . . .

AMÉRIQUESBrasilia . . . . . . . . . . . . . . .

Buenos AiresCaracas . . . . . . . . . . . . . . .

Chicago . . . . . . . . . . . . . .

Lima. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Los Angeles . . . .

Mexico . . . . . . . . . . . . . . . .

Montréal .. . . . . . . . . .New York . . . . . . . . . .

San Francisco

Santiago Ch. .

Toronto . . . . . . . . . . . . . . .

Washingt. DC

AFRIQUEAlger. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Dakar. . . . . . . . . . . . . . . . . . .Kinshasa. . . . . . . . . .

Le Caire. . . . . . . . . . . . . . .

Nairobi . . . . . . . . . . . . . . .Pretoria . . . . . . . . . . . . . .

Rabat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tunis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

ASIE-OCÉANIEBangkok . . . . . . . . . . . .

Beyrouth. . . . . . . . . . .

Bombay . . . . . . . . . . . . .

Djakarta . . . . . . . . . . . .

Dubaï . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Hanoï . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Hongkong . . . . . . .

Jérusalem . . . . . . . .

New Delhi . . . . . . .Pékin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Séoul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Singapour . . . . . . . .Sydney . . . . . . . . . . . . . . . .

Tokyo . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

PRÉVISIONSVille par ville, les minima/maxima detempérature et l’état du ciel. S : ensoleillé;N : nuageux; C : couvert; P : pluie; * : neige.

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22 AOÛT 2002

18/28 N16/23 N14/25 S13/20 S10/19 S15/19 N9/20 P11/23 S14/20 N15/25 S14/19 P12/20 S13/23 S18/29 S13/20 P12/22 S20/28 S13/21 P15/23 N19/27 N12/22 S11/23 S13/20 N15/27 S12/22 S

17/31 S16/28 S9/14 S13/21 N20/28 S12/27 S20/29 S14/20 P21/27 S20/33 S11/25 S12/16 S13/27 S21/29 S12/27 S19/23 N15/22 P

14/27 S7/17 S

26/31 P21/26 P15/20 S15/20 S12/23 S16/29 P20/31 S12/16 S

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20/29 S27/30 S19/32 S26/33 S

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17/24 N23/34 N

26/29 P24/29 S27/29 P22/31 S29/37 S26/28 P26/29 P18/28 S27/29 C23/35 S21/26 P

23/29 P25/32 P18/23 S24/30 S25/32 P19/23 P

17/20 P22/30 S21/26 N12/19 C13/28 S16/27 N12/21 N15/19 P11/28 S13/26 S18/24 S12/18 C15/20 N13/23 N13/21 S21/27 N14/26 S18/26 S12/20 C14/21 N

14/19 P

27/32 P11/16 P

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prévisions vers 12hprévisions vers 12h

Alger

Séville

Rabat

Lisbonne

Madrid Barcelone

Toulouse

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ParisStrasbourg

Berne

Lyon Milan

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LiverpoolDublin

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VienneBudapest

Varsovie Kiev

Bucarest

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Athènes

Naples

Tunis

Rome

Oslo Stockholm

Moscou

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Riga

MinskCopenhague

Munich

Paris

Le Havre

Reims

Troyes

Lille

Strasbourg

Mulhouse

DijonBourges

Orléans

Tours

Rennes

Brest

Poitiers

Limoges

Aurillac

Biarritz

TarbesPerpignan

Montélimar

Chamonix

Clermont-Ferrand

Toulouse

Nantes

Lyon

Grenoble

Bordeaux

MarseilleMontpellier Nice

Ajaccio

22 août22 août

Vendredi 23 aoûtSur la régionMidi-Pyrénéeset le sudde l'Aquitaine,le temps deviendralourd et orageux.Cette dégradationorageuse s'étendraen fin de journée àl'Auvergne. Sur lesautres régions, lespassages nuageuxn'empêcheront pasune belle présencedu soleil.

K 10 L D 8

; V 10 K 9

23

Soleil Peu nuageux

Brèves éclaircies

Couvert

Averses Pluie

Vent fortBrouillardNeigeOrage

HORIZONTALEMENT

I. Doux à recevoir, agréable àtoucher. Mauvaise note. - II. Effi-cace dans le débit d’essence. Enpetite quantité. - III. Communica-tion de base. L’américium. - IV.Cherchera sa voie. Champ retour-né. - V. Gêne la marche du chevalet la nôtre aussi. Province del’Arabie saoudite. - VI. Devoirtrop souvent oublié ces dernierstemps. Ses chaises sont sur les

planches. - VII. Quart de tour. Fitle plein. - VIII. Facilite la commu-nication directe. Voyageait à tou-te vapeur. - IX. Compositeurbritannique. Gracieuses. - X.Bonne pondeuse. Artiste nonfiguratif.

VERTICALEMENT

1. Pratiquer l’alternance. - 2. Enligne. En bas de page pour plusde précisions. - 3. Une belle que

l’on ne rencontre plus. MilitaireUS. - 4. S’accroche et se crampon-ne pour vivre. Patron espagnol. -5. Prépara les épreuves. Source dechaleur. - 6. Comme un journal oùil n’y a rien à lire. - 7. Belle assem-blée. - 8. Une fois dépassé, c’estfini. Belle romaine du sud de laFrance. - 9. Encouragement. Per-mettent de reprendre souffle. -10. Résistible sur les planches.Prépare le terrain. - 11. Parisienen couches. Pour une distributionlocale. - 12. Dans de sales draps.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU N° 02 - 198

HorizontalementI. Alevinière. - II. Rabiboche.

Un. - III. Lire. Mao. Clé. - IV. Eté.Cerneaux. - V. SO. OE. Etabli. -VI. Inerta. Eu. As. - VII. Englobas.RTT. - VIII. Néo. Net. Oeia. - IX.Né. Berrichon. - X. Dissertent.

Verticalement1. Arlésienne. - 2. Laitonnée. -

3. Ebre. Ego. - 4. Vie. ORL. Bi. - 5.Ib. Cétones. - 6. Nome. Abers. - 7.Icare. Atre.- 8. Ehontés. Ir. - 9. Ré.Eau. Oct. - 10. Cab. Rehe. - 11.Ululation. - 12. Inexistant.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

I

II

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IV

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VI

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VIII

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23 0 21 0

A U J O U R D ’ H U I

Page 17: SÉRIES La baisse rapide de l’impôt de l™ØtØ est contestée ......2002/08/22  · 2003 : « Moi, je préférerais une four-chette de 2,6 % à 3 % avec une hypo-thèse centrale

LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002/17

L’HOMME d’affaires suédoisJan Stenbeck, qui avait brisé lesmonopoles publics de la télévisionet des télécommunications dansson pays et développé le premierquotidien gratuit d’information,Metro, est mort lundi 19 août, àl’âge de 59 ans, à l’hôpital améri-cain de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).

Méprisant volontiers l’establish-ment économique et financier sué-dois, tout en entretenant de bon-nes relations avec les sociaux-démocrates au pouvoir, ce patrons’était taillé une réputation de trou-ble-fête, sans pitié ni scrupules.Très secret, Jan Stenbeck suscitaitagacement et admiration chez sespairs, depuis qu’il avait repris legroupe familial, Kinnevik, en 1983.

Fraîchement revenu des Etats-Unis, où il avait travaillé pour labanque d’affaires Morgan Stanleyaprès des études à l’université Har-vard, le jeune Stenbeck entre-prend de restructurer complète-ment la société. Il n’en garde queles activités forestières et papetiè-res, ses futures vaches à lait, pourse concentrer sur les médias et lestélécommunications. Son credo :prendre les concurrents de vitesseen pariant sur des secteurs encorepeu ou pas explorés. Ainsi est-il lepremier à contourner le monopolede l’Etat sur la télévision pour lan-cer, le soir de Noël 1987, la premiè-re chaîne privée de Suède. Instal-lée à Londres, TV3 arrose le royau-me depuis le satellite Astra, et n’adonc pas besoin de licence. La pres-se suédoise le baptise alors « lepirate du satellite ». Il étoffe ensui-te son portefeuille de chaînes –condensé peu ambitieux de sérieset de films américains et de talk-shows – en dépit de la rentabilitéaléatoire de ces investissements.

Puis Jan Stenbeck se lance à l’as-saut du monopole de l’opérateur

historique de télécommunicationsen Suède, Telia, en créant Tele2.Un groupe qui, depuis, s’est hisséau deuxième rang dans le royaumescandinave et a pris pied dans laplupart des pays européens, grâceà une politique de marketing agres-sive et à des tarifs peu élevés. EnFrance, il est le premier à avoircassé, en 1999, les prix des commu-nications téléphoniques et à avoirjoué sur la simplicité de l’offre.

« »Depuis son quartier général

niché au cœur de Gamlan Stan, lavieille ville de Stockholm, Jan Sten-beck élargit son empire à la presseécrite, sous la bannière de ModernTimes Group (MTG). En 1995, ilreprend le quotidien d’informa-tion gratuit Metro, lancé quelquesmois auparavant à Stockholm pardeux anciens maoïstes. Là où desgroupes de presse traditionnelsn’avaient vu qu’une « feuille dechou » sans avenir, Jan Stenbeckdécèle un fort potentiel de crois-sance. A sa mort, Metro existe envingt-quatre éditions dans quinzepays, et tire au total à 4,2 millionsd’exemplaires. Tous les titres doi-vent dégager des bénéfices dansles trois ans suivant leur lance-

ment, sous peine d’être suppri-més.

D’une manière générale, JanStenbeck ne s’embarrassait pas deprincipes. Il pouvait tout aussibien investir soudainement dansun secteur que s’en désengager dujour au lendemain. De même, il luiarrivait de congédier avec fracastel lieutenant qui ne lui donnaitplus satisfaction, alors qu’il atten-dait de son personnel un dévoue-ment total. Ses méthodes de ges-tion financière et humaine lui valu-rent d’ailleurs moult critiques dansson pays, où l’on cultive le goût duconsensus. Ces derniers temps, l’at-tention des analystes financierss’était tournée vers l’opacité descomptes des différentes filiales dugroupe et le lacis de participationscroisées les liant les unes auxautres. Seul Jan Stenbeck avaitune vision globale et détaillée decette nébuleuse, suspectaient cer-tains dans la capitale suédoise.

L’aînée de ses quatre enfants,Cristina, dont il avait souhaitéqu’elle prenne un jour sa succes-sion, parviendra-t-elle à tenir cerôle à l’âge de 25 ans ? Les nomsd’autres successeurs potentielssont avancés. En attendant, lesmarchés financiers s’inquiètent dela période d’incertitude quis’ouvre. Le cours des sept entrepri-ses de la sphère Stenbeck cotéesen Bourse a chuté mardi 20 août.La mauvaise conjoncture publici-taire avait déjà contribué à réduired’environ 60 %, depuis le début del’année, la valeur de ces entrepri-ses, à 3,92 milliards d’euros.

Antoine Jacob

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LES 27 ET 28 NOVEMBRE 2002PALAIS BRONGNIART-BOURSE DE PARIS

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AU CARNET DU « MONDE »

Adoptions

– Hanoï. Marseille.

LY’,

petite fleur, née le 4 janvier 2002, sesparents et sa sœur Ohane, quatre ans, sesont adoptés le 18 avril, à Ha-Nam(Nord-Vietnam).

Leur bonheur est partagé par tousceux qui les ont accompagnés lors destrois années d'attente difficile.

Pierre et Anne-MarieLEGENDARME.

Anniversaires de naissance– Marseille.

Daniel,

« Toi qui saisDes lais pour les reines... »

Bon anniversaire.

C. de GALINE.

Décès– Dominique et Richard Kiszelnik,Pascale Gréa et Jean Székely,Isabelle et Patrick Hardy,

ses filles, et leurs conjoints,Et ses trois petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du décès de

MmeAndrée GRÉA,née BOIRON,

survenu le 14 août 2002, à l 'âge dequatre-vingts ans.

La cérémonie religieuse, suivie del'inhumation, a eu lieu à Verrières-le-Buisson (Essonne).

– Mme la présidente de l'universitéNice-Sophia-Antipolis,

Mme la doyenne de l'UFR lettres, artset sciences humaines,

M. le directeur du Centre derecherches d'histoires des idées,

Tous ses collègues et amis dudépartement de philosophie de l'UNSA,ont la grande tristesse de faire part dudécès brutal de

M. Dominique JANICAUD,professeur de philosophie

et directeur du CRHI de 1982 à 1998,

survenu le 18 août 2002.

M. Dominique Janicaud était unreprésentant éminent de la philosophiefrançaise qui a participé au rayonnementdu département de philosophie et duCRHI, au cœur de la communautéscientifique nationale et internationale.

– M. Jacques Ponsot,son époux,

Ainsi que ses enfants, petits-enfantset arrière-petits-enfants,ont la douleur de faire part du décès de

Mme Jacques PONSOT,néePaule DUCLOS,

endormie dans la Paix du Seigneur, le19 août 2002, dans sa quatre-vingt-quinzième année.

La messe d'inhumation sera célébréele jeudi 22 août, à 14 h 30, en l'égliseSaint-Jacques du Haut-Pas, 252, rueSaint-Jacques, Paris-5e.

– MmeAlain Scheid,Stéphane, Alexandra,Cédric et son épouse Adélaïde,

ses enfants,Antoine et Marie,

ses petits-enfants,Sa famille,

ont la tristesse de faire part du décès de

M. Alain SCHEID,contrôleur général des armées (2S),

commandeur de la Légion d'honneur,

survenu le 8 août 2002.

Les obsèques ont eu lieu à Brest, dansl'intimité.

12, avenue Champaubert,75015 Paris.

– Les Centres d'entraînement auxméthodes d'éducation activeont la douleur de faire part du décès de

Bernard VECK,professeur d'université.

De 1975 à 1983, il a occupésuccessivement les fonctions deresponsable du secteur enseignement etde rédacteur en chef de la revue Versl'éducation nouvelle.

Les CEMEA perdent en lui unmilitant particulièrement apprécié.

Une cérémonie d'adieu est prévue, lejeudi 22 août 2002, à 15 h 15, aufunérarium de l'hôpital Saint-Louis,18, rue de la Grange-aux-Belles, Paris-10e.

CEMEA,24, rue Marc-Seguin,75883 Paris Cedex 18.

Anniversaires de décès– Le 22 août 1993,

Patrick BOSSATTI

nous quittait.

Sa famille,Et ses amis

se souviennent.

Guy CAVALADE,août 2000 - août 2002.

« ...Mon bel amour, mon cher amour,ma déchirure,

Je te porte dans moi commeun oiseau blessé,

Et ceux-là sans savoirnous regardent passer... »

– Casablanca. Rabat. Bruxelles. Saint-Pierre-lès-Nemours.

Le 22 août 1982,

Pierre-Charles GUILLEMOT,journaliste,

nous quittait.

CARNET DU MONDEFax : 01-42-17-21-36

Téléphone :

01-42-17-39-8001-42-17-38-4201-42-17-29-96

e-mail:[email protected]

CARNET DU MONDETARIFS année 2001 - 2002

TARIF à la ligne

DÉCÈS, REMERCIEMENTS, AVIS DE MESSE,ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS

22 € - 144,31 F TTC TARIF ABONNÉS

18,50 € - 121,35 F TTC

NAISSANCES, ANNIV. DE NAISS.,MARIAGES, FIANÇAILLES, PACS

FORFAIT 10 LIGNES120 € - 787,15 F TTC

Ligne supplémentaire : 12 € - 78,71 F TTCTARIF ABONNÉS 100 € - 655,96 F TTC

La ligne supplémentaire : 10 € - 65,60 F TTCTHÈSES - ÉTUDIANTS : 13,35 € - 87,55 F TTC

COLLOQUES - CONFÉRENCES : Nous consulterm01.42.17.39.80 + 01.42.17.38.42. Fax : 01.42.17.21.36 e-mail: [email protected]

Les lignes en capitales grasses sont facturées sur la base de deux lignes.Les lignes en blanc sont obligatoires et facturées.

a EDUARDO CHILLIDA, sculp-teur basque espagnol, est mort lun-di 19 août à l’âge de 78 ans dans samaison de Saint-Sébastien (lirepage 18).

C A R N E TDISPARITION

Jan StenbeckLe créateur d’un empire de presse et de télécommunications

Page 18: SÉRIES La baisse rapide de l’impôt de l™ØtØ est contestée ......2002/08/22  · 2003 : « Moi, je préférerais une four-chette de 2,6 % à 3 % avec une hypo-thèse centrale

18/LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002

NOUS PUBLIONS un extrait de Chillida : Entre le fer etla lumière (Maeght, Paris, 1979), que l’écrivain OctavioPaz a consacré au sculpteur.

‘‘L’art de Chillida n’est pas une démonstration,et Chillida lui-même ne se propose pas d’affir-mer telle ou telle idée. (...) Comme la musique

silencieuse du mystique espagnol, les formes de Chillidadisent – sans dire. Elles disent la réalité duelle de l’univers,les mutations et variations qu’engendre la bataille amou-reuse indéfinie entre la forme et l’espace. Les sculpturesde Chillida disent que l’univers est double, guerre etaccord. Idéalisme, réalisme ? (...) Le monde n’est pas ceque nous voyons ou ce que nous pensons : il est un équili-bre, un moment de convergence. Un pacte et une pause.

L’architecture de l’Inde et celle des Mayas furent unesculpture architectonique : le temple conçu comme unestatue divine, couverte d’ornements ; la sculpture deChillida, en revanche, est radicalement une architecture :construction d’un espace, au-dedans du grand espace.C’est la raison pour laquelle, sans doute, la figure humai-

ne n’apparaît pas encore dans son œuvre. Je dis pas enco-re, car je suis sûr qu’elle apparaîtra, le moment venu.Entre-temps, ses sculptures sont habitées par un être plu-ral et unique. Chillida l’appelle « espace intérieur », maison pourrait tout aussi bien le nommer vacuité, dieu,esprit, logos ou proportion. Il a tous les noms et aucun.C’est l’interlocuteur invisible auquel Chillida fait facedepuis qu’il a commencé de sculpter. L’interlocuteurparle par signes et par énigmes ; ces énigmes sont des mas-ques, et derrière il n’y a pas de visage mais une clarté quis’évanouit. Esprit des oiseaux : c’est ainsi que Chillida aappelé une de ses premières sculptures en fer. Hiérogly-phe du vol (...).

L’oiseau est un des signes de l’espace. Chaque sculpturede Chillida est, tel l’oiseau, un signe de l’espace ; chacunedit une chose différente – le fer dit le vent, le bois dit lechant, l’albâtre dit la lumière – mais toutes disent lamême chose : l’espace. Rumeur de limites, chant vigou-reux : le vent – ce nom ancien de l’es-prit – souffle et tourne inlassablementdans la demeure de l’espace.

LE SCULPTEUR Eduardo Chil-lida est mort lundi 19 août dans samaison de Saint-Sébastien, au Paysbasque espagnol. Il était âgé de78 ans. Sa santé s’était beaucoupaltérée depuis plusieurs mois.

Chillida, grande figure de la sculp-ture moderne, restera, pas seule-ment au Pays basque et en Espagneoù il vivait, comme l’un des artistesles plus importants de la secondemoitié du XXe siècle, essentiel poursa contribution à la sculpture enfer, reconnu et admiré pour cela.Son œuvre sans concession demeu-re pourtant peu connue du grandpublic, en dépit des nombreusesexpositions et des multiplescommandes qu’elle a suscitées. EnFrance, où Chillida fut l’un des fleu-rons de la galerie Maeght dès lemilieu des années 1950, il a pour-tant fallu attendre 2001 pour qu’unmusée lui consacre une rétrospec-

tive – c’était au Jeu de paume – quidonne le poids et la dimension del’œuvre, son espace mesuré audoigt et à l’œil. Sa monumentalité.

La sculpture de Chillida en im-pose par la force et la sévérité deses formes abstraites simples,plans et lignes, qui peuvent pren-dre une tournure d’art minimalmais ne sont jamais géométriquesni systématiques. Elles viennent dela main, ont été construites physi-quement, donnent la mesure del’homme, et autorisent toute sortesde projections mentales. Cetarchaïsme délibéré n’a pas tou-jours été admis dans les milieuxd’avant-garde, convertis à un artprétendument sans histoire et sansmémoire dans les années 1960 et1970. La reconnaissance pleine etentière de son travail, de sa poéti-que de l’espace et de la matièreviendra plus tard. Il se peut aussi

que les querelles idiotes avec soncompatriote Jorge Oteiza, qui l’aaccusé et que lui, en retour, a accu-sé de plagiat pendant des décen-nies – jusqu’à leur réconciliation en1997 –, n’aient pas facilité cettereconnaissance.

, Né le 10 janvier 1924, à Saint-

Sébastien, d’un père militaire etd’une mère musicienne (d’où, peut-être, cette main de velours dans ungant de fer qui caractérise l’œuvre),Eduardo Chillida quitte cette ville en1943 pour Madrid, où il entreprenddes études d’architecture. Il les aban-donne en 1947 pour étudier le des-sin dans une académie privée, etcommence à sculpter des formeshumaines en plâtre. Lors d’un séjourà Paris, la découverte des sculpturesgrecques archaïques au Louvre l’en-courage à aller vers un travail de sty-lisation. Deux de ses premièressculptures, Le Penseur et Forme, sontexposées peu après dans la capitalefrançaise, au Salon de mai, par ledirecteur du Musée d’art moderne,Bernard Dorival. Chillida se faitaussi remarquer par Louis Clayeux,le directeur de la galerie Maeght, quimontre Torse et métamorphose, sapremière sculpture abstraite, dansune exposition qui réunit justementune nouvelle génération de jeunesartistes abstraits.

Le plâtre, que Chillida pratiquealors, n’est qu’une entrée en matiè-re. En 1951, il réalise sa premièresculpture en fer, Ilarik, qui rappelleles stèles funéraires basques aprèsavoir installé, avec l’aide de JoséCruz Iturbe, une forge dans sa fer-

me, à Hernani. C’est là que l’artiste afini par créer sa propre fondation, leChillida-Leku (le lieu de Chillida enbasque), inaugurée en 2000 par leroi d’Espagne, Juan Carlos. L’ancien-ne ferme du XVIe siècle rassembleune centaine de sculptures, des des-

sins, des collages, des terres, desmuraux ; des archives y sont aussiréunies.

C’est en coupant et pliant le métalqu’il s’est imposé, fidèle à une tradi-tion espagnole dans laquelle, avantlui, Picasso et Gonzalez s’étaientillustrés. Le fer n’était cependant passon seul matériau, loin de là. Chilli-da en expérimente beaucoup : lapierre, qu’il utilise pour une com-mande importante, le monument àAlexandre Fleming dans les jardinsAtegorrieta à Saint-Sébastien, en1955 ; le bois, dans la série AbestiGogora, réalisée de 1959 à 1964 ; l’al-bâtre, l’acier et le béton, dans lesannées 1970, la terre cuite… Il estpeu intéressé par la noblesse ou lavulgarité des matériaux, mais parleur résistance, leur dureté, leur ten-

dresse. Le seul qu’il ait vraiment reje-té a été le bronze, parce que, selonlui, le rapport de la main au vide estfaussé dans la sculpture coulée enbronze, le vide intérieur qui redou-ble le vide extérieur.

Des pièces, par exemple Eloge del’horizon, faite pour encercler le cielet la mer, ou les Les Peignes du vent,de grands fers en forme de crochets,plantés au-dessus de la mer dans lesrochers de Saint-Sébastien, illus-trent son souci constant, jusquedans le cadre de l’immensité de lanature, de donner la mesure del’homme. L’autre rêve, c’est celui defaire plier les éléments par le feu dela forge : sculpteur devenu forgeron,il sera salué par Gaston Bachelard.

Chillida avait un côté artisan et sereconnaissait comme tel, ajoutantcependant qu’il travaillait avec satête. Il était plus sûrement un archi-tecte, mais surtout avait un sens tac-tile de l’espace. Ce n’est pas unhasard s’il aimait dessiner des mainsd’un trait d’encre souple et sansbavure qui enferme le vide blanc dela feuille de papier. Tout l’œuvre dusculpteur peut être compris là, dansce geste de la main plus ou moinsouverte, crispée, tendue, qui tientl’espace, l’entrouvre, le ferme. Unespace cerné de contours du videplus que de pleins et de vides. Unepoétique qu’entendront des poètescomme André Frenaud et JorgeGuillen ou le philosophe Martin Hei-degger, que Chillida a rencontré en1968 et 1969. Il a illustré certaines deleurs œuvres, par exemple Le Che-min des devins, de Frenaud, ou DieKünst und der Raum, de Heidegger.La main, mesure de l’homme dansl’espace.

Geneviève Breerette

« Pas de visage mais une clarté qui s’évanouit »

Eduardo Chillida est passé dans

un autre espace

Le sculpteur basque, l’un des plus grands de la seconde moitié du XXe siècle, est mort le 19 août à Saint-Sébastien, à l’âge de 78 ans. Son œuvre,

mal connue du grand public, allie la force et la monumentalité, notamment par le travail du fer, au souci constant de donner la mesure de l’homme

La sculpture d’acier intitulée Berlin, réalisée par Eduardo Chillida poursymboliser l’Allemagne réunifiée, avait été placée trop près de la façade dela nouvelle chancellerie, dans la capitale allemande, en octobre 2000. Grâceà une donation d’Irene et Rolf Becker, le couple de mécènes munichois quiavaient déjà financé sa réalisation pour la somme de 1 million d’euros,l’œuvre monumentale a été déplacée, le 25 juin, à 30 mètres du bâtiment, àla demande du chancelier Schröder, pour que les visiteurs aient une meilleu-re perspective.

Haute de plus de 5 mètres, la sculpture symbolise des bras enlacés. ABonn, c’était une œuvre de Henry Moore, Large Two Forms, qui jouait lemême rôle devant la chancellerie.

b 1924 : naissance àSaint-Sébastien, dans le nord duPays basque espagnol.b 1943-1947 : étudesd’architecture.Dessin dans une académie,et premières sculptures.b 1950 : l’artiste épousel’amour de sa vie, Pilar,dont il aura huit enfants.b 1954 : première expositionà Madrid, galerie Clan,où Chillida est introduitpar son ami, le peintre Palazuelo.Première commandeen relation avec l’architecture :quatre portes pour l’églisefranciscaine d’Arantzazu.b 1958 : exposition au MuséeGuggenheim de New York.Rencontre du musicienEdgard Varèse.b 1961 : échange avec Braque

d’Enclume des rêvescontre une peinture.b 1969 : une année derétrospective en Europe.b 1971 : la compagnie Thyssendemande à Chillidaune sculpture en acierpour la ville de Düsseldorf.b 1977 : deux Peignes du ventsont arrimés aux rochersde Saint-Sébastien.b 1980 : rétrospectiveà Pittsburgh, New Yorket Madrid.b 1984 : naissance du projetde la Fondation Chillida.Grand Prix national des arts,à Paris.b 2000 : inaugurationde la Fondation Chillida-Leku(le lieu de Chillida),en présence du roid’Espagne.

,,

C U L T U R Ea r t s

Une vie ancrée dans le Pays basque

La chancellerie passe de Moore à Chillida

Eduardo Chillida en 1999.

« Stele XI »,1957-1986, acier.Chillida étaitpeu intéressé parla « noblesse »ou la « vulgarité »des matériauxmais par leurrésistance,leur dureté...ou leur tendresse.

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LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002/19

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En 1990, le conservatoire du littoral a acquis la pointe du Raz, site pres-tigieux, mais dégradé par des constructions anarchiques et une fortefréquentation touristique. Raymond Depardon était alors chargéd’en faire un « état des lieux ». Dix ans après, il y retourne : évolution.

À DEUX PAS du carrefour del’Odéon, la rue de l’Ecole-de-Méde-cine a rajeuni de trente-qua-tre ans. En face du portail de lafaculté, une rangée de CRS encrava-tés, vêtus de gros drap noir, sur-veillent le flux d’étudiants, les fillesen jupe et queue de cheval, les gar-çons en costume étriqué. Auxgrilles, des panneaux de soutien auVietnam du Nord, des appels àmanifester, étudiants et tra-vailleurs, dans l’unité, pour mettreà bas le régime gaulliste.

Dans la cour de l’Ecole de médeci-ne, sous la statue de Xavier Bichat,dont le visage est bientôt masquépar un foulard rouge, Bernardo Ber-tolucci, feutre à larges bords,démarche appesantie par un cruelmal de dos, règle un mouvementde caméra d’une grande complexi-té. Sur le plateau d’une grue, l’opé-rateur de la Steadycam doit partird’une table couverte de fac-similésde L’Humanité et de Combat et detracts, passer sur les colonnes macu-lées de graffitis aujourd’hui histori-ques, attraper un groupe d’étu-diants qui sortent de cours et de cet-te masse extraire Théo, un jeunehomme qui se fait engueuler par unami parce qu’il délaisse le combatpolitique.

Entre deux répétitions, un débats’engage entre Bertolucci et lesdécorateurs, qui ont tracé (la pein-ture noire s’en va d’un coup de chif-fon) sur une colonne « Dessous lespavés, c’est la plage ». « Tout le mon-de va se moquer, dit le réalisateur,c’est “Sous les pavés la pla-ge”. » Obligeamment, un peintrecorrige le slogan, jusqu’à ce quel’on produise le recueil de graffitisqui a servi de guide au décora-teur. Sur les murs de la Sorbonne,au printemps 1968, on pouvait lire« Dessous les pavés, c’est la plage ».

Théo est l’un des trois personna-ges principaux de The Dreamers(« Ceux qui rêvent », plutôt que« Les Rêveurs »), le film « dans l’es-prit de Mai 68 » que tourne cet étéà Paris le réalisateur du Dernier Tan-go. Pendant qu’on met la dernièremain à la préparation de la prise, lecinéaste raconte la genèse du pro-jet : « Après avoir tourné en Chine,dans le Sahara, au Népal, j’ai voulurentrer en Italie pour y réaliser le troi-sième volet de 1900. Le seconds’achevait le 25 avril 1945, le jour dela libération de l’Italie, et je voulaispoursuivre l’histoire jusqu’à la fin dusiècle. Mais j’ai vite compris que lafondation de 1900 reposait sur unmoment de grâce de l’histoire politi-que italienne. Berlinguer dirigeait leParti communiste et s’apprêtait à

conclure le compromis historiqueavec Aldo Moro. En 1998, ça ne cor-respondait plus à la situation. Je mesuis alors demandé pourquoi je neferais pas un film sur 1968, les jeunesn’en savent rien. Mais une reconstitu-tion historique ne correspondait pasnon plus à une nécessité histori-que. C’est alors que j’ai lu le romande Gilbert Adair, qui m’a beaucoupplu. »

Le récit va de février à mai 1968,des rassemblements devant la Ciné-mathèque du Palais de Chaillot,pour protester contre le renvoid’Henri Langlois par Malraux, auxmanifestations étudiantes. Maisson vrai sujet est ailleurs, dans lesrelations éternellement changean-tes qui unissent Théo (Louis Gar-rel), sa sœur Isabelle (Eva Green) etleur ami américain Matthew(Michael Pitt).

Difficile d’en savoir plus. « Jedéteste ce livre », dit, en français,

l’auteur, Gilbert Adair, scénaristedu film, qui vient de passer le débutde la matinée à réécrire les dialo-gues de la scène du jour. « J’avaisdemandé à mon agent de ne plusjamais m’en parler, de ne pas en ven-dre les droits. Finalement, il m’a télé-phoné en me disant que Bertoluccivoulait l’adapter. » Du coup, l’écri-vain (qui a entre autres traduit enanglais La Disparition, de Perec) aécrit un scénario et simultanémentréécrit son roman.

Ce premier voile de mystère per-met de préserver la vraie nature desrelations qui unissent les trois per-sonnages. Le producteur britanni-que Jeremy Thomas, qui collaboreavec Bertolucci depuis Le DernierEmpereur, a fait diffuser un commu-niqué précisant que « contraire-ment à certains articles de presse,The Dreamers n’est pas un film surMai 68, mais sur l’idéalisme qui l’ainspiré ». John Bernard, qui dirigela jeune société Peninsula Films,coproducteur français de The Drea-mers explique que le film sera plusproche du Dernier Tango que desgrandes fresques de l’œuvre de Ber-tolucci. Le budget de 15 millions dedollars réuni sans intervention deschaînes de télévision, est modeste,à l’échelle de Hollywood ou mêmedes dernières grandes productionsfrançaises comme Bon voyage, deJean-Paul Rappeneau.

Le souci de mettre en valeur ladimension intimiste du film expli-que que les journalistes n’aient pasété invités aux trois jours de tourna-ge consacrés, pendant le week-enddu 15 août, aux scènes d’émeute. Acette occasion, la paisible avenuede Messine, près du parc Monceau,

avait été transformée en rue duQuartier-Latin, barrée de Simca ren-versées, balayée par des charges deCRS, illuminée par les cocktailsMolotov. « Je marchais à travers lesflammes, je me prenais pour TomCruise », sourit le jeune Louis Gar-rel, qui se souvient d’avoir participéà des manifestations lycéennesdont le slogan était « Octobre 98,mai 68 : même combat ».

Louis Garrel est le fils du cinéastePhilippe Garrel, la mère d’EvaGreen s’appelle MarlèneJobert. Par hasard – c’est en toutcas ce que jurent réalisateur et pro-ducteur – la distribution du filmrecoupe l’une des motivations pre-mières de son auteur : « Les acteursde 1968 sont aujourd’hui desparents. Or il y a eu comme une cen-sure de ces gens sur leur jeu, commesi le mouvement avait été unefaillite », dit Bertolucci, qui évoqueavec affection ce mélange « de poli-tique, de jazz, de rock’n’roll, de dope,d’amour du cinéma. Et surtout d’es-poir dans le futur. Aujourd’hui, lemarché a intérêt à la censure du pas-sé. Bien sûr, les militants antimondia-lisation sont capables de temps entemps de mobiliser beaucoup demonde, mais ils sont très isolés ».

Bernardo Bertolucci a comme unfrisson. « J’ai fait un cauchemar :que le grand communicateur com-mence à être accepté dans le reste del’Europe, que la cécité qui a frappél’Italie devant Berlusconi gagne lesautres pays. » Et, pour échapper àce mauvais rêve, Bertolucci s’assieddevant l’écran du moniteur etretourne à ses Dreamers.

Thomas Sotinel

La réalité toute crueet tordue des héritiersde Marcel Duchamp

BORDEAUXde notre envoyé spécial

Dans l’immense nef de l’Entre-pôt Lainé, on n’entend qu’elle :une rengaine sirupeuse, slow pourfin de nuit ou publicité pour déo-dorant. L’œil, suivant l’oreille, sedirige vers l’endroit d’où vient cet-te musique. Elle accompagne unevidéoprojection : des images cha-leureuses, couleur chair, avec cequi semble d’abord des spasmessuivis d’explosions blanches. Por-nographie ? Assurément, si cen’est que ce que vous voyez, filméde très près au ralenti et en trèsgros plan, n’a rien de sexuel – nide séduisant. Il s’agit de l’extrac-tion des comédons, petits soinsintimes légèrement dégoûtants.

L’idée est de Wim Delvoye, l’iro-niste belge, l’inventeur de Cloacaet des peaux de porc tatouées. Lapièce s’appelle Sibylle II, on ne saitpour quelle raison. Elle donne leton de l’exposition. Celle-ci senomme « La vie, au fond, se rit duvrai ». Elle aurait pu s’intituler« L’art, au fond, n’aime que levrai », car elle se compose essen-tiellement d’œuvres qui sontautant d’échantillons représenta-tifs ou d’allégories de la viecontemporaine, de morceaux choi-sis du quotidien montés avec plusou moins de subtilité. Elles ont étéprises dans les collections duFRAC Aquitaine, le propos initialétant de montrer aux habitants dela région ce que leur FRAC aacheté en leur nom en vingt ans.

Un tel projet, louable en lui-

même, aurait pu produire le piredes résultats, un inventaire hété-roclite de célébrités et d’incon-nus, d’artistes internationaux etde locaux, de vieux et de jeunes.C’est l’inverse qui est advenu, sibien que « La vie, au fond, se ritdu vrai » est une bonne initiationà toute une partie de la créationactuelle, celle qui prend ses maté-riaux dans la réalité la plus trivialeet ses sujets dans l’économique,le politique et le sociologique.

L’histoire de ce mouvement yest désignée allusivement grâce àdes vitrines de Boltanski, à desfilms de Filliou et même, enremontant plus avant dans le siè-cle, par une photo d’August San-der : un portrait glacial d’unjeune soldat hitlérien pris en1945, dont les portraits de jeunesgens de Thomas Ruff ne sontqu’une reprise adoucie, en cou-leurs et en plus grand format.Mais, pour que le récit soit plus

complet, il faudrait que MarcelDuchamp y soit cité. Sans lui,sans les interprétations et adapta-tions de ses ready-made, la plu-part des pièces de l’expositionn’auraient pas été possibles : ni lamagnifique niche améliorée dePrésence Panchounette – baissez-vous pour regarder à l’intérieur,c’est indispensable –, ni le dépôt-vente absurde de Joël Hubaut –rien que des articles blancs de tou-tes tailles –, ni les images et textesretouchés d’Arnaud Labelle-Rojoux – un peu pesants –, nimême les constructions de verrede Richard Fauguet et les fantô-mes d’objets de Tatiana Trouvé,deux variations très réussies surla transparence et la disparition,auxquelles s’ajoute une installa-tion ancienne de Fabrice Hybertfaite de deux ballons en plastiqueà demi dégonflés.

La variété des pratiques et desmatériaux, loin de l’altérer, renfor-ce le sentiment de cohérence :l’exposition tout entière apparaîtcomme un double spectral de laréalité, suffisamment fidèle pourqu’elle se reconnaisse au premierregard, suffisamment altéré pourque l’absurde, le rire ou l’inquié-tude s’insinuent. Et toujours, larengaine sentimentale diffuse sesaccords sucrés. Et toujours, lesimages de Delvoye luisent dans lapénombre, équivoques et grotes-ques.

Philippe Dagen

b Le réalisateur tourne « The Dreamers », dont l’action se situe au printemps 1968

et qui aborde, sur fond de barricades, les relations entre trois jeunes gens témoins des événements

..

b Un éventail d’artistes

contemporains présentés à Bordeaux

Piétinement, parcours/la pointe du Raz

L’EXPOSITION PHOTO DU JOUR

, , . CAPCMusée d’art contemporain, 7, rueFerrère, Bordeaux (Gironde).Tél. : 05-56-00-81-50. Du mercrediau lundi, de 11 heures à 19 heures.Entrée : 5,50 ¤. Jusqu’au 8 septem-bre.

Dans l’été parisien, Bernardo Bertoluccifilme l’amour au temps des barricades

La paisible avenue

de Messine, dans

le 17 e arrondissement,

a été transformée en

rue du Quartier latin,

barrée par des Simca

renversées, balayée

par des charges de CRS

Le réalisateuravec le jeuneacteur LouisGarrel,qui se souvientd’avoirparticipéà desmanifestationslycéennes dontle sloganétait « Octobre98, Mai 68,mêmecombat ! »

ArtGérard Titus-CarmelLe peintre Gérard Titus-Carmel etles éditions Obsidiane présententune exposition d’estampes àSeilhac jusqu’au 25 août. L’artiste,qui utilise la technique de la série,propose un ensemble de créationsselon le principe de ce qu’il nommela « peinture archipel ». Les éditionsObsidiane exposent pour leur partun ensemble de publicationspoétiques contemporaines,notamment éditées dans lacollection « Les Solitudes ».Rez-de-jardin du 15, rue de l’Eglise,Seilhac (Corrèze), de 14 h 30 à 18 h 30.Tél : 05-55-73-71-01.

HanayoLe Palais de Tokyo accueille lapremière exposition personnelledans un établissement européen del’artiste japonaise Hanayo, quiinvite notamment le visiteur àdécouvrir sa « Hanachambre », uneinstallation reconstituant sonunivers intime. Après avoirdécouvert la photographie pendantson adolescence, Hanayo estdevenue une coqueluche desmédias japonais en tant qu’élèvegeisha dans le Tokyo des années1990. Ses créations mêlent culturepopulaire, tradition ancestrale etmusique radicale. (Jusqu’au15 septembre.)

Palais de Tokyo, site de créationcontemporaine, 13, avenue du Président-Wilson, Paris-16e. Mo Iéna. Tél. :01-47-23-54-01. 5 ¤. Du mardi audimanche, de midi à minuit.www.palaisdetokyo.com

SpectaclesFestival de spectaclesen jardinLa troisième édition du Festivalde spectacles en jardin,qui se tient jusqu’au 31 aoûtà Dijon, Châteauneuf-en-Auxois,Bussy-Rabutin etBarbirey-sur-Ouche,accueille des créationschorégraphiques, musicales,plastiques et théâtrales.Parmi les rendez-vous, lachorégraphie In Vivo de lacompagnie de danse Jean Gaudin,dans la cour du château deChateauneuf-en-Auxois (le 22),puis dans celle du château deBussy-Rabutin (les 24 et 25). Dansles jardins de Barbirey, le studio decréation musicale Césaréprésentera son spectacleélectroacoustique Le Blanc du ciel(les 23 et 24). Toujours les 23 et 24,le Jardin des sciences del’Arquebuse de Dijon accueillerales marionnettes du Théâtre duFust et la pièce Costelets en jardin.Festival de spectacles en jardin, jusqu’au31 août. Tél. : 03-80-49-08-24.www.barbirey.com

,1, rue Scribe, Paris-9e.Jusqu’au 9 septembre.Tél. : 01-44-71-24-24.Photographe : Raymond Depardon.

C U L T U R E

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20/LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002

a L’actrice chinoise Gong Li préside-ra le jury de la 59e Mostra de Venise,qui aura lieu du 29 août au 8 septem-bre. Les autres membres sont euro-péens, à l’exception – relative – duchef-opérateur Laszlo Kovacs (EasyRider), Américain d’origine hongroi-se : le cinéaste Jacques Audiard,son confrère turc Yesim Ustaoglu,l’actrice italienne Francesca Neri etle producteur allemand Ulrich Fels-berg côtoieront le poète russeYevgeny Yevtushenko, célèbrepour son poème Babi Yar, mais qui aaussi tourné, joué et écrit pour lecinéma.a Pour deux soirs, les 20 et 22 août,James Lipton fait traverser l’Atlanti-que à l’Actor’s Studio. L’école fon-dée par Lee Strasberg reste à NewYork mais, sur la scène de l’Opéra-Comique de Paris, l’enthousiaste ani-mateur recevra, dans le cadre del’émission de télévision diffusée enFrance par la chaîne câblée Paris Pre-mière, Juliette Binoche et JeanneMoreau.a En 1995, l’appareil de Scott O’Gra-dy, pilote de chasse de l’armée améri-caine, était abattu dans le ciel de Bos-nie. Capturé par les Serbes, le militai-re parvenait à s’évader avant d’êtrerecueilli par des marines. Hérosnational depuis cet exploit, ScottO’Grady porte aujourd’hui plaintedevant le tribunal de Texarkana(Texas) contre la Twentieth CenturyFox et la chaîne câblée DiscoveryChannel, qui ont produit et diffusé lefilm En territoire ennemi. Selon lui,les deux entités se seraient enrichiesen tirant illégalement profit de sonhistoire et en lui causant des préjudi-ces financiers et moraux. ScottO’Grady reproche en effet au film deJohn Moore de l’avoir dépeint com-me un soldat indiscipliné et violent.a Un Paul en chasse un autre pour la25e cérémonie des Kennedy CenterHonors, qui aura lieu le 7 décembreà la Maison Blanche. Paul McCar-tney ayant dû annuler sa participa-tion en raison du mariage d’une niè-ce, c’est finalement Paul Simon quisera honoré à sa place, en mêmetemps que l’acteur James EarlJones (la voix de Darth Vader), lesactrices Elizabeth Taylor et ChitaRivera et le chef d’orchestre JamesLevine. Les Kennedy CenterHonors, qui récompensent un artis-te dont l’œuvre a « durablement enri-chi la culture américaine », ont tradi-tionnellement lieu en présence duprésident américain et de la FirstLady. Le comité de sélection ne gar-de pas rancune envers McCartney,premier élu à se soustraire à ces festi-vités : le nom de l’ancien Beatle estdéjà retenu pour l’édition 2003.a Brandon Bennett, jeune hommede 19 ans originaire de Ponchatoula(Louisiane), a été couronné comme« nouveau King » à Memphis,devant 2 000 personnes célébrant le25e anniversaire de la mort d’ElvisPresley. Il a en effet remporté leconcours de sosies, après avoir inter-prété quatre chansons en combinai-son de strass.

f L’Homme face au désert11 h 10, France 5Le titre est engageant, lespremières images aussi. Cetroisième épisode de la sériedocumentaire américaine« Sables brûlants » nousentraîne aux quatre coins dudésert. Dans la foulée desmarathoniens des sables. Sur lespas de Touaregs qui, à l’autrebout du Sahara, mènent unecaravane de sel. Sous les ordresd’un instructeur de l’arméeaméricaine qui, auNouveau-Mexique, dirige unexercice de survie. A bord d’unhélicoptère volant au secoursdes immigrants clandestins qui,non loin de là, prennent lerisque de mourir de soif pourmieux vivre aux Etats-Unis…f Remue-méninges12 h 55, Planète 2Capacités intellectuelles, santé,humeurs, fantasmes... Larecherche sur le fonctionnementdu cerveau progresse. Sous lecrâne, la tempête estpermanente : cent milliards deneurones en constanteévolution, des réseaux qui sefont et se défont dans le va-et-vient du flux sanguin, du liquidecéphalo-rachidien et des cellulesde maintenance… Plus larecherche avance, plus ellerévèle un système d’une

complexité surprenante.Proposée en multidiffusion toutau long de la semaine, cettesoirée « Remue-méninges »,composée de deuxdocumentaires, explique d’abordle mécanisme de la mémoire. Lesecond documentaire, Un violondans la tête, de ClaudeEdelmann, date de 1992 etpropose un époustouflantvoyage à travers la tête du jeuneVinh Pham, prodige du violon,élève du violoniste israélien IvryGitlis.f Recto-verso : Zazie15 h 55, Paris PremièreLa chanteuse-compositrice,interrogée par Paul Amar,revient sur dix ans d’une carrièreguidée par « un souci d’intimité,de vérité » envers son public.Tout le monde, chanson anti-LePen, Rue de la paix, dénonçant lecapitalisme sauvage, ou encorele récent Adam et Yves, contrel’homophobie : le parcoursmusical de Zazie fait d’elle nonpas une militante, mais « uneobservatrice vigilante » de notresociété.f Les Ames fortes20 h 45, Canal+Le film de Raoul Ruiz serattache à une traditionancienne et foisonnante :l’adaptation littéraire, qui plusest en costumes, une catégoriehantée en France par le spectrede l’académisme, mais capable

aussi de belles réussites.L’adaptation que propose Ruizdu roman de Giono estconvaincante, car elle évitetoutes sortes d’écueilspsychologiques. Le premiergrand rôle cinématographiquede Laetitia Casta.f La Femme de ma vie20 h 55, France 3Un violoniste alcoolique, placésous la dépendance amoureused’une femme qui prétend leprotéger, rencontre unalcoolique repenti quientreprend de le guériren le mettant face à sesresponsabilités. La femme en estjalouse. Premier film de RégisWargnier, remarquable par sonécriture cinématographique etses acteurs, Jane Birkin etChristophe Malavoy. Un grand

drame psychologique surl’ambiguïté des sentiments.f Noce blanche22 h 10, M 6Un professeur de philosophie(Bruno Cremer) vit une histoired’amour désespérée avec une deses élèves (Vanessa Paradis).Jean-Claude Brisseau filme latransformation d’une situationbanale en tragédie. Le culot quifait les grands cinéastes.f J’aurais préféréqu’on se tutoie0 h 50, France 3Bernard Monsigny a filméplusieurs rencontres entre desélèves d’une classe de terminaleet des jeunes rédacteurs duPapotin, un journal réalisé pardes adolescents autistes, suivis àl’hôpital d’Antony, en régionparisienne.

RENDEZ-VOUS à 13 heures devant la pom-pe à essence. C’est la seule de ce petit villagedu massif des Maures près duquel il vitdepuis cinquante ans en compagnie de Lula.Il arrive au volant d’une voiture décapotable,ses cheveux gris au vent, qui tranchent avecle vert de la limousine et le parme de sa chemi-se. Il hésite, cherche du regard, paraît s’inquié-ter, descend de sa voiture avec des gestesdéliés, une élégance d’artiste devenue naturel-le… Ça pourrait ressembler à la premièreséquence d’un film des années 1950.

La maison est en contrebas, dans une forêtde chênes-lièges et de châtaigniers, de fougè-res et d’arbres fruitiers offerts à la gourmandi-se des oiseaux. Elle s’appelle « La Béate » etressemble à une maisonnette italienne au cré-pi paille, aux fenêtres étroites à croisées ver-tes dévorées de vigne vierge. Derrière la por-te occultée par un rideau de perles déclinantle vent en cristal, on entend les bruits du quo-tidien familier, de cuisine rangée. SergeRezvani aime raconter l’histoire de cette mai-son, de sa découverte et de celle du golfe deSaint-Tropez, qui, d’ici, paraît calme.

Jeune peintre en rupture de surréalisme, ilfuit Paris pour le Sud. En 1946, il arrive àSaint-Tropez, s’installe sur la plage des Bouis,où il vivra durant les trois premiers mois duproduit de sa pêche. « C’était la Grèce », sesouvient-il. Avec, en prime, l’arrivée de BorisVian, qui, en 1949, ouvre une boîte de nuit oùse produit Sidney Bechet et où Mouloudji faitses débuts avec les chansons d’un certain Fer-ré. Le plus célèbre des ports varois se transfor-me alors en un Saint-Tropez-des-Prés verslequel convergent artistes et musiciens.Rezvani laisse percer un sourire nostalgique àl’évocation de cette période, sur laquelle ilrevient dans L’Amour en face, son dernierlivre. On y retrouve son « attachement au ciné-ma des années 1950, avec l’arrivée des filmsaméricains en France et l’impact sur les fem-mes, qui se mettaient à vouloir être des vampset ressembler à Ava Gardner. La rue était alorscomme du cinéma… en noir et blanc », soupi-re-t-il.

C’est aussi l’époque à laquelle l’artiste ren-contre Danièle-Lula, avec laquelle il décide devivre « un peu en retrait de Saint-Tropez, danscette propriété assez extraordinaire pour qu’ellenous ait hypnotisés pendant cinquante ans ».Aujourd’hui, « après toutes ces années hors dutemps, à revivre chaque jour avec un bonheurabsolu, je comprends très bien l’idée de l’éter-nel retour ». Alors défilent les séquencesd’une existence marquée jusqu’en 1966 par lapeinture, qu’il délaisse pour passer à la littéra-ture et rencontrer un grand succès avec LesAnnées-lumière et Les Années Lula.

Une quarantaine d’ouvrages suivront, laplupart ayant une trame autobiographique.Presque tous sont construits sur le mode ellip-tique et se développent comme d’immenses« trous noirs » : « La vie a une très grande den-sité. Elle attire beaucoup de choses au centrede trous noirs. Il me semble que je n’ai jamaispu décrire réellement que des états périphéri-ques », explique Revzani, qui laisse le soin aulecteur de compléter l’histoire, de se l’appro-prier dans sa (re)construction. « Je livre unesorte de variation, une spirale continuelle où jeredécris la même chose en la reprenant d’unpoint de vue différent, comme si on tournaitautour d’une sculpture dont l’éclairagechange. »

« - »Ce qui n’empêche pas ce « pluri-indiscipli-

naire » de reprendre le pinceau « de temps entemps, mais pas tellement pour produire desobjets à vendre. Ce sont plutôt des écrans surlesquels je peins : une manière de réfléchirquand je ne peux plus avancer dans l’écritu-re ». Rezvani vient néanmoins d’exposer àVenise. Il met également la dernière main àun album de chansons inédites pour MonaHeftre et travaille à la mise en scène, pour lasaison prochaine, de Na, une de ses piècesqui avait été créée à Marseille il y a une dou-

zaine d’années. Et comme il aime préciserqu’il écrit en russe, « en squattant la languefrançaise », il est naturel que Rezvani aitrécemment traduit Platonov, d’AntonTchekhov.

Un silence passe comme une respiration.Juste un brin de vent dans la vigne vierge, surles lis décorant la table de la véranda. Le visa-ge émacié, adouci par un regard d’enfance,se fait alors plus dur. Gros plan sur les mainséconomes de gestes. « Aujourd’hui, une pageest tournée. Je ne peux plus créer comme aupa-ravant. J’ai besoin de ce retour à la communau-té, d’aller vers les autres. Pour la première fois,je prends conscience que j’ai un moment àvivre limité. Je suis dans une situation nouvelleet instable, où il me faut inventer. » Serge etLula ont abandonné leur logement de Veni-se, qu’ils retrouvaient régulièrement depuisvingt ans. « Maintenant, je vais partager montemps entre ici et Paris, explique l’artiste. Al’âge où d’autres se retirent à la campagne, jeme replonge dans le monde. Cocteau disaitavant de mourir : “J’ai beaucoup semé, et c’esten train de germer.” C’est pareil pour moi. »

C’est dans la capitale que Rezvani prépareun flash-back, dans la lumineuse ombre del’ami Truffaut. Il scénarise son dernierroman, « qui a déjà la forme cinématogra-phique ». Dès la première séquence, on y

retrouve quelques personnes qui visionnentles rushes d’un film en couleurs, les criti-quant, et regrettant le noir et blanc. PourRezvani, « le cinéma actuel donne trop de pla-ce à la technique et il est financé par la télévi-sion : de ce fait, il n’y a que des gros plans et ona l’impression d’avoir le nez collé sur les gens.Il n’y a pas de recul, plus de place pour l’imagi-naire. J’aimerais un film qui laisse la part à ceflou que le cinéma a perdu ». En noir et blanccomme son livre, dont le sous-titre est Ciné-roman.

Entre Venise et Paris, le romancier necache pas son envie de réaliser « un film oudeux. Ça peut ramener de la fraîcheur. J’aiabandonné la peinture parce que les mots memanquaient. Après pas mal de décenniesd’écriture, je me suis aperçu que les mots peu-vent, approximativement, décrire ce qu’il y aautour des choses. Mais il n’y a pas d’équiva-lence en mots de certains états dans lesquelsnous pouvons être plongés ». Moteur. Action.Rezvani revendique « une grande part de nos-talgie... comme tous les cinéphiles ». Il ajouterapidement : « Truffaut me poussait beau-coup, il aurait sûrement financé ce film. »

José Lenzini

L’Amour en face, Actes Sud, 250 p., 17,50 ¤.

LES GENSDU MONDE

22

RADIO

Serge Rezvani, romancier ennoir et blancL’écrivain touche-à-tout publie un nouveau

livre, « L’Amour en face », et travaille

à son adaptation à l’écran

TÉLÉVISION

EN KIOSQUE CHAQUE JEUDI , 3 €

Cet été, voyagez sur les cinq continents

22

f Fragments d’un discoursrévolutionnaire8 h 30, France-CultureSuite de la série de Jean Birnbaum,« A l’école des trotskismesfrançais ». Aujourd’hui, « L’Histoirenous mord la nuque. Les Brigadesrouges en toile de fond ».f L’Ecole des savoirs11 h 40, RFI

Apprendre le langage des signes.Reportage en Belgique au seind’une formation menée par deuxprofesseurs, dont un sourd.f Tôt ou tard18 h 15, France-InterRebecca Manzoni reçoitFrançoise Giroud.f Concert : Ivan Fischer20 h 40, Radio ClassiqueL’Orchestre de Paris, dirigé parIvan Fischer et la pianiste HélèneGrimaud. Œuvres de Schumann etde Bruckner.

f 1928

Naissance en Iran.

f 1946

Premières expositionsà Paris.

f 1961

Signe les chansons

du film de Truffaut« Jules et Jim ».

f 1966

Succès littéraire

avec « Les annéeslumière ».

f 2002

Prépare

son premier film.

Les silences de CharlottePaul Amar aurait dû se méfier. La fille de Serge Gainsbourg et de Jane

Birkin n’est pas aussi « bonne cliente » que le furent ses parents pour latélévision. Le cinéaste Claude Miller, interrogé parmi d’autres témoinsdans le film-portrait de ce numéro de « Recto Verso » (déjà diffusé ennovembre 2001), se souvient d’ailleurs avec effroi de l’attitude de la peti-te Charlotte Gainsbourg face aux journalistes, après la sortie de L’Effron-tée, en 1985, qui valut à la jeune actrice, alors âgée de quatorze ans, leCésar du meilleur espoir féminin : « Elle ne disait rien et ne voulait riendire. On ne pouvait pas lui tirer un mot ! »

Avec le temps, la comédienne a pourtant appris à « faire des efforts ».Elle se plie poliment à l’exercice imposé par l’émission : commenter desimages de sa vie qui défilent face à elle, sur grand écran. Gênée par lesbrassées d’éloges adressés par ses proches – son compagnon le comédien-réalisateur Yvan Attal, sa sœur photographe, Kate Barry, sa mère, Jane Bir-kin – ainsi que par les cinéastes avec lesquels elle a travaillé – Elie Choura-qui, Claude Miller, Bertrand Blier –, Charlotte se mord les doigts et imposeson gracieux sourire. « Une orchidée déguisée en ortie », disait son père. –S.Ke.

« Recto Verso » : Charlotte Gainsbourg, jeudi 22 août, 22 h 30, Paris Pre-

mière.

C U L T U R E P O R T R A I T

Page 21: SÉRIES La baisse rapide de l’impôt de l™ØtØ est contestée ......2002/08/22  · 2003 : « Moi, je préférerais une four-chette de 2,6 % à 3 % avec une hypo-thèse centrale

LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002/21

r a d i o - t é l é v i s i o nM E R C R E D I 2 1 A O Û T

T F 1 F R A N C E 2 F R A N C E 3 C A N A L + F R A N C E 5 / A R T E M 6

13.35 Mamie attend un bébé Téléfilm. BillBixby. Avec Rue McClanahan (EU, 1991) 15.15Les Anges du bonheur L’inconnu. Série 16.10M6 Music 17.00 80 à l’heure 17.50 StargateSG-1 Emancipation. Série 18.50 Charmed His-toire de fantôme chinois. Série 19.45 Caméracafé La liste de Jean Guy. Gobelet America.Série 19.54 Le Six Minutes, Météo 20.05Notre belle famille Les filles s’amusent.

20.50 O C Episode 8 : Ce soir, un garçonquitte le bateau. Divertissement. 914193

22.10 N a a aFilm. Jean-Claude Brisseau. Avec BrunoCremer, Vanessa Paradis, Ludmila Mikaël,François Négret, Jean Dasté. Drame (France,1989) &. 4261280Un professeur de philosophie de lycéevit une histoire d’amour désespéréeavec une de ses élèves.

23.50 Violette et François Film. Jacques Rouf-fio. Avec Isabelle Adjani, Jacques Dutronc.Comédie dramatique (Fr., 1976) & 76053581.34 Météo 1.35 M6 Music / Les Nuits de M6Emission musicale (445 min) 52944410.

14.30 Le Journal des sorties 14.40 Les InitiésFilm. Ben Younger. Avec Giovanni Ribisi.Suspense (EU, 2000) & 16.40 Best of « LaSemaine des Guignols » 17.10 Bootmen Film.Dein Perry. Avec Adam Garcia. Comédie dra-matique (Austr. - EU, 2000) & f En clair jusqu'à

20.45 18.40 Daria Série 19.05 Le Cours Florent19.30 Journal 19.45 Le Zapping 19.55 Best of« Les Guignols de l’info » 20.05 Burger Quiz.

20.45 L A a a Film.Raoul Ruiz. Avec Laetitia Casta, Frédéric Die-fenthal, Arielle Dombasle, John Malkovich.Drame (Fr. - Bel., 2001) &. 341193Une jeune femme pauvre est adoptéepar un couple de riches bienfaiteurs.Une adaptation convaincante deGiono qui évite toutes sortes d’écueilspsychologiques.

22.30 J Magazineprésenté par Sébastien Heulot et Jean-Claude Bouttier. 3267648

0.05 Bush, président Fœtus ce qu’il te plaît.Série (v.o) 161101 0.25 Les Griffin La vengean-ce d’une ronde. Série (v.o) 58120 0.50 J’ai tuéClémence Acéra Film. J.-L. Gaget. Avec GéraldLaroche. Comédie policière (Fr. - All., 2000) %.

2.20 Triangle maudit Téléfilm. Ted Hum-phrey et L. Teague. Avec Luke Perry (EU,2001) % 3.50 Air Bud 3 Téléfilm. Bill Banner-man. Avec Kevin Zegers (EU, 2000, 80 min).

13.25 C’est mon choix Magazine 14.25 Drôlesde dames Les risques du métier. Série 15.15Meurtre au champagne Téléfilm. RobertLewis. Avec Anthony Andrews, DeborahRaffin (EU, 1983) 16.55 Côté vacances A l’îlede Ré 18.25 Questions pour un champion18.55 Le 19-20 de l’information, Météo 20.12Consomag 20.15 Tout le sport 20.30 C’estmon choix... ce soir.

20.55 L F aFilm. Régis Wargnier. Avec Christophe Mala-voy, Jane Birkin, Jean-Louis Trintignant,Dominique Blanc, Elsa Lunghini. Drame(France, 1986). 9894358Un violoniste alcoolique, rejeté par lessiens, tente de retrouver sa place.

22.40 Météo 22.45 Soir 3.

23.05 L D Film. Ettore Scola.Avec Fanny Ardant, Giancarlo Giannini,Vittorio Gassman, Antonio Cantania, MarieGillain. Comédie dramatique (France - Italie,1998) &. 3441071Les petites histoires des convives d’unrestaurant au cours d’un dîner. Unrécit unanimiste complaisant etvieillot.

0.50 La Case de l’oncle Doc J’aurais préféréqu’on se tutoie 1.45 Capitaine Flam La mau-vaise rencontre 2.10 Des racines et des ailesDans le secret des chefs 4.00 Côté vacancesA l’île de Ré. Magazine (90 min).

17.00 80 à l’heure 17.50 Stargate SG-1 Série18.50 Charmed Série 19.45 20.40 Caméracafé Psychominute. Le routier. Série 19.54 LeSix Minutes, Météo 20.05 Notre belle familleLa visiteuse d’un soir. Série.

20.50 M Téléfilm.Gérard Cuq. Avec Léa Bosco, Fabrice Deville,Aziz Essayed, Manuela Lopez, MarianneBorgo (France, 2002) %. 291353Quelques jours avant leur mariage,des jeunes gens sont victimes d’un har-cèlement cauchemardesque. La vie dela future mariée est mise en péril parune personne connaîssant le couple...

22.45 A MB C’est ma fête ! &

4309112. Amour et châtiment & 333082.Série. Avec Calista Flockhart, CourtneyThorne-Smith, John Ritter, Jane Krakowski,Gil Bellows.

0.30 Des chambres et des couloirs Film. RoseTroche. Avec Kevin McKidd, Hugo Weaving.Comédie sentimentale (GB, 1988) % 60939842.04 Météo 2.05 M6 Music / Les Nuits de M6Emission musicale (415 min).

16.25 Dingue de toi Cinéma-vérité. Série.17.05 Melrose Place La traversée du désert.Série 17.55 Sous le soleil Les limites du pou-voir. Série 18.55 Qui veut gagner des mil-lions ? 19.55 Météo, Journal.

20.45 F Match amical. Tunisie -France. 21.00 Coup d’envoi en direct deRadès en Tunisie. 899518Revue de détail pour la nouvelle équi-pe de France « façon Santini », avantle déplacement de Chypre, le samedi7 septembre, dans le cadre de la pre-mière journée des qualifications pourle championnat d’Europe 2004.

23.00 U Téléfilm. Joël Santoni. Avec Anny Duperey,Bernard Le Coq, Béatrice Agenin, Milena Vuko-tic, Philippe Khorsand (Fr., 1999). 68141310.50 Le Maillon faible Jeu 1.50 Très chasse.

2.45 Reportages Les amoureux de Porque-rolles 3.10 Aventures africaines, françaises,asiatiques Aventures françaises à Chamonix4.10 Histoires naturelles Ragondins... Eper-viers 4.40 Musique (30 min).

13.45 Le Journal de la santé 14.05 Les Etoilesdu cinéma Drew Barrymore 14.35 Les Khaside Meghalaya Documentaire 15.35 SteveMcQueen Documentaire 16.35 Des bateauxet des hommes Belém, la traversée du siècle17.30 100 % Question 18.05 Caméléons duNamib 19.00 Voyages, voyages Les Pouilleset la Basilicate 19.45 Arte info, Météo 20.15Reportage Des renards dans la ville.

20.40 P - H Film. Giuseppe Piccioni. Avec Mar-gherita Buy, Silvio Orlando, Carolina Freschi,Maria Cristina Minerva. Comédie dramatique(Italie, 1999, v.o.). 458822A Milan, les destins de quatre solitai-res se croisent à la faveur de la décou-verte d’un bébé abandonné.

22.20 T - J, A LA RECHERCHE DE M.JUHA Documentaire. Marika Kesckeméti,Juha Pulkkinen et Altro Lahtela (Fr. - Fin.,2002). 109613803Des Finlandais répondant au prénomde Juha (Jean) parlent d’eux, de leurprénom, de la Finlande et de la vie.23.10 Thema - Le Festival de Savonlinna fêteses 90 ans Documentaire 7973700.

23.45 Thema - Juha Faux. Opéra en 3 actesd’Aarre Merikanto. Avec Jorma Hynninen,Lilli Paasikivi 6581629 1.50 Musica Mille etune danses orientales. Documentaire.Moktar Ladjimi (55 min) 8595120.

16.35 Célébrations Amharas, une ferveurchrétienne 17.30 100 % Question 18.05 LesVarans du Sri Lanka 19.00 Connaissance19.45 Arte info , Météo 20.15 Reportage Latélé de Don Camillo.

20.45 L M ’HLa fourmilière suisse. Magazine présenté parAlexandre Adler. Documentaire. BertrandTheubet (Suisse, 2000). 8258247Bernard Comment, un écrivain suisseinstallé à l’étranger, s’interroge sur lefort sentiment national qui habite sescompatriotes. la Suisse fera l’objetd’une thema le mardi 27 août.

21.45 M - A L,’ Documen-taire. Eric Deroo (2000). 831177322.40 Anniversaire Film. S. Jäger. Comédiedramatique (All. - Sui., 2001, v.o.) 947150.

0.10 Why Are You Creative ? Jeanne Moreau0.15 Yentl a Film. Barbra Streisand. Avec Bar-bra Streisand. Musical (EU, 1983, v.o.)6594193 2.25 Palettes, Manet Le modèle auchat noir : « Olympia », 1865 (30 min).

17.05 Terrorisme en haute mer Téléfilm. JimWynorski. Avec Ice-T (EU, 1999) % f En clair jus-

qu'à 21.00 18.35 Daria Série 19.00 Cours Florent19.30 Journal, Zapping, Guignols 20.05Burger Quiz 20.45 Le Journal des sorties.

21.00 S G Film. Nigel Cole.Avec Brenda Blethyn, Craig Ferguson, MartinClunes, Tcheky Karyo, Jamie Foreman.Comédie (GB, 1999) &. 60228Une veuve joyeuse mais désargentéese met à cultiver de la marijuana.Une comédie britannique convenueconstruite autour de l’actrice princi-pale.

22.30 L’E Film. Chuck Russell.Avec Kim Basinger, Jimmy Smits, RufusSewell, Angela Bettis, Holliston Coleman.Fantastique (EU, 2000, v.o.) ?. 32947920.15 Spin City Adieu Mike. Série (v.o.).

0.35 Les Griffin Série (v.o). 1.00 Midnight +Magazine % 2.00 L’Homme des foules Film.John Lvoff. Drame (Fr. - Port., 2000) % 3.35 LePrix de l’indiscrétion Téléfilm. Marc Bienstock (EU, 1998, 90 min) %.

FILMS13.35 La Vingt-Cinquième Heure a a Henri Verneuil(France - Italie - Allemagne, 1967, 115 min). TCM13.35 Redemption a a Fred Niblo (Etats-Unis, 1930,N., v.o., 65 min) & CineClassics14.15 Les Maris, les Femmes, les Amants a a PascalThomas (France, 1989, 115 min) & CineCinemas 214.40 Quelques jours avec moi a a Claude Sautet(France, 1987, 125 min) & CineCinemas 116.40 Passage à l’acte a a Francis Girod (France,1996, 100 min) % CineCinemas 317.10 La Cité des femmes a a a Federico Fellini(Italie, 1979, 135 min) ? Cinéfaz17.35 Conseil de famille a a Costa-Gavras (France,1986, 105 min) & TPS Star20.45 Charlie et ses deux nénettes a a Joël Séria(France, 1973, 90 min) & Canal Jimmy20.45 Le Bon Plaisir a a Francis Girod (France, 1983,115 min) & 13ème Rue20.45 Généalogies d’un crime a a Raoul Ruiz(France, 1996, 110 min) % CineCinemas 220.45 Gouttes d’eau sur pierres brûlantes a FrançoisOzon (France, 1999, 85 min) % TPS Star21.00 L’Effrontée a a Claude Miller (France, 1985,90 min) % Paris Première22.15 Franc jeu a a Archie Mayo (Etats-Unis, 1934, N.,v.o., 85 min). TCM0.15 FP1 ne répond pas a a Karl Hartl (Allemagne,1932, N., v.o., 105 min) & CineClassics

FILMS14.20 La Kermesse héroïque a a a Jacques Feyder(France, 1935, N., 109 min) & Cinétoile15.10 Rendez-vous sur l’Amazone a William Castle(Etats-Unis, 1955, v.o., 90 min) & CineClassics16.10 Scandale à la cour a Michael Curtiz(Etats-Unis, 1960, 105 min) & Cinétoile18.50 Le Roman de Mildred Pierce a a MichaelCurtiz (Etats-Unis, 1945, N., v.m., 115 min). TCM19.25 Pain, amour, ainsi soit-il a Dino Risi (Italie,1955, N., v.o., 95 min) & Cinétoile20.45 The Cross of Lorraine a Tay Garnett(Etats-Unis, 1943, N., v.o., 85 min) % CineClassics20.45 Graffiti Bridge a Prince (Etats-Unis, 1990, v.o.,95 min). TCM21.00 Passage à l’acte a a Francis Girod. AvecDaniel Auteuil, Patrick Timsit, Anne Parillaud,Michèle Laroque (Fr., 1996, 100 min) % CineCinemas 322.20 Hearts of Fire a Richard Marquand(Etats-Unis, 1987, v.o., 125 min). TCM22.55 Lone Star a a John Sayles (Etats-Unis, 1996,v.m., 130 min) & CineCinemas 123.50 Des feux mal éteints a a Serge Moati (France,1994, 95 min) & Cinéstar 10.10 La Péniche du bonheur a Melville Shavelson(Etats-Unis, 1958, v.o., 95 min) & Cinétoile

16.35 Le Numéro gagnant 17.15 Hartley,cœurs à vif Série 18.05 Tous au club 18.55JAG La dernière mission. Série 19.50 Un gars,une fille A une expo. Série 20.00 Journal20.40 Tirage du Loto 20.45 Météo.

20.55 S Glissement de terrain9911860. Otages 1693841.Série. Avec PascaleRocard, Maxime Leroux, Laurent Deshusses,Xavier Thiam, Clothilde Baudon.Dans Glissement de terrain, en proieà des difficultés financières, la based’Air Sauvetage pourrait bien êtreamenée à diversifier ses activités.

22.45 I Téléfilm.Michael W. Watkins. Avec David Caruso,Charles Dutton, Jo D. Jonz, John Finn, DiegoWallraff (Por. - All. - EU, 2000) %. 6778890.15 Journal de la nuit, Météo.

0.35 Vous n’allez pas le croire ! 1.20 Emis-sions religieuses 2.20 Un ticket pour l’espace2.45 Tokyo côté cœur 3.25 24 heures d’info3.45 La Citadelle de Namur 4.15 La Viergenoire Pilote [1/2] (50 min).

13.00 Journal, Météo 13.50 Inspecteur MorseUne mort programmée. Série. [1 et 2/2] 15.45L’Enquêteur Le crime parfait. Série 16.30 Unlivre 16.35 Le Numéro gagnant 17.15 Hartley,cœurs à vif Série 18.05 Tous au club Magazi-ne. Invités : Rika Zaraï, Arnaud Gidouin 18.55JAG Harcèlement. Série 19.50 Un gars, unefille Dans la cuisine. Série 20.00 Journal,Météo 20.50 Point route Magazine.

20.55 D I Divertissementprésenté par Daniela Lumbroso. Invités :Alexia , Umberto Tozzi, Laura Pausini,Toto Cutugno, Zucchero, Dany Brillant,Lara Fabian, Biagio Antonacci, Lisa, Nek,Calogero, Mario, Hélène Ségara, TizianoFerro. 6005735

23.05 C Nature morte.Série. Avec Pascal Légitimus, Yvon Back,Pascale Arbillot, Clémence Boué, ChristianHecq ?. 2718087Le corps d’une jeune femme est retrou-vé dans un terrain vague. L’unité deprofiler de la Brigade criminelle est encharge du dossier...0.35 Journal de la nuit, Météo 1.00 Millen-nium Forcer le destin. Série ?.

1.40 L’Eveil de Bouddha Documentaire 2.25Vagabond du pôle Nord Documentaire 3.15Haïti Le bois 3.30 24 heures d’info 3.50 Unticket pour l’espace Bivouacs sur la Lune 4.15La Vierge noire Pilote [2/2] (50 min).

15.15 Les Nouveaux Venus Téléfilm. JamesAllen Bradley (EU, 2000) 16.50 Côté vacances18.25 Questions pour un champion 18.55 Le19-20 de l’information, Météo 20.15 Tout lesport 20.25 C’est mon choix... ce soir.

20.55 D Dans le secret des chefs. Magazine présentépar Patrick de Carolis. Documentaire.Philippe Poiret. 4996976

22.45 Météo 22.50 Soir 3.

23.10 L D ’Vol AF-8969 Alger-Paris, histoire secrèted’un détournement. Magazine présentépar Elise Lucet. Documentaire. MalikAït-Aoudia et Séverine Labat. 9412093

0.10 Mike Hammer Deirdre. Série 1.00 Capi-taine Flam Les pourvoyeurs de l’immortalité1.25 Soir 3 1.50 La Carte aux trésors La Haute-Loire : Le Velay [8/10] 3.50 Côté vacances Al’île de Ré. Magazine (95 min).

MAGAZINES13.00 Explorer. Traqueurs de requins. Modèles réduitsen folie. Vol au-dessus de la Canopée. Courage à l’étatpur. National Geographic13.05 Matière grise. TV 517.10 Comme à la télé. Invités : Laurent Boyer ;Dominique Cantien ; Pierre Sled. Match TV17.15 Les Lumières du music-hall. Paul Anka.Carlos. Paris Première18.55 J’y étais. Nicoletta ; Roland Madura. Match TV19.00 Explorer. Cascadeurs des Canyons. La cité perduedes Mayas. Otaries déchaînées. National Geographic20.30 Mémoire vive. Spécial guerre d’Algérie. Guy Bedos ;Constantin Melnik ; Pierre Bénichou ; Georges Fleury ;Boussad Hazni ; Jean-Yves Alquier. La Chaîne Histoire22.30 Recto Verso. Charlotte Gainsbourg. Paris Première22.40 Good As You. Spécial homoparentalité. Canal Jimmy0.00 Le sens du voyage, le voyage des sens. Invitée :Enzo Enzo. Voyage

DOCUMENTAIRES17.10 Histoire de l’écriture. Histoire17.20 La Famille Presley. [2/2]. Odyssée17.30 Plongée avec les chercheurs aventuriers. Lutte pourla vie. Voyage18.00 Les Grandes Batailles. L’InvincibleArmada. La Chaîne Histoire18.05 La Bataille de l’Angleterre. Histoire18.05 La vie secrète du blaireau d’Europe. Odyssée

18.30 Le Réseau de la vie. [8/13]. Récifs coralliens, descités sous-marines. National Geographic18.30 Saveurs du monde. Le Mexique. Voyage19.00 Voyage pratique. République Dominicaine,le berceau du Nouveau Monde. Voyage19.05 Un nu scandaleux. L’« Olympia » de Manet. Odyssée19.20 Action Heroes. Brad Pitt. TPS Star19.55 « Titanic », au-delà du naufrage. La genèse. Odyssée20.00 Les Jardins du Soleil. Versailles. Voyage20.00 Pompéi. National Geographic20.50 Traque sauvage. Danse avec les girafes. Odyssée21.00 A la pointe de la science. Canada. Nat. Geographic21.05 La Dernière Occupation. Histoire21.05 Les Samouraïs. TV 521.30 Histoire du XXe siècle. Nuremberg, procèsde la tyrannie. La Chaîne Histoire21.40 La Légende napoléonienne. [1/2]. Du mytheà la propagande. [2/2]. De feu et de sang. Planète22.15 Biographie. Vincent Van Gogh. La Chaîne Histoire22.50 Les Chimpanzés. Un paradis pour lesorphelins. Odyssée23.00 Les Iles de l’iguane. National Geographic23.00 Pilot Guides. L’Equateur. Voyage

SPORTS EN DIRECT18.30 Escrime. Championnats du monde. Finales sabreféminin et fleuret messieurs par équipes. Eurosport22.00 Golf. Championnat du monde. NEC Invitation(1er jour). A Sammamish (Washington). Pathé Sport

MUSIQUE19.15 Festival de Radio France et de Montpellier. En 2000.Avec Dimitri Sgouros (piano). Mezzo21.00 Concert des lauréats du Concours Tchaïkovski. En1999. Avec Sergueï Bassoukinski, Fédor Amirov, AlexandreMelnikov, Denis Matsouïev, Alexandre Guindine, SergueïTarrassov, Nicolas Louganski. Mezzo23.00 Bach. Oratorio de Noël, Cantate n˚2. En 1982. AvecPeter Schreier (ténor), Robert Holl (basse). Et avec leTölzer Knabenchor de Munich, dir. GerhardSchmidt-Gaden. Mezzo

THÉÂTRE0.10 La Navette. Pièce de Henri Becque. Festival1.00 Flirt pour deux. Pièce de Maurice Hennequin. Festival

TÉLÉFILMS19.00 Le Roi lion II. L’honneur de la tribu & Disney Channel20.40 Le Dossier Lancaster Miller. Henri Safran. Festival22.20 Le Mystère d’Edwin Drood. Timothy Forder. Festival22.40 Lansky. John McNaughton. % 13ème RUE

SÉRIES18.15 La Vie à cinq. Famille en danger. Point de non-retour & Téva20.50 Washington Police. Le justicier. Série Club21.40 CMurder One, l’affaire Rooney. Chapitres 7 et 8(v.o.) & Série Club0.05 King of the Hill. King of the Anthill (v.o.). Série Club

MAGAZINES14.40 16.40, 20.40 Ecolo mag. Les vertus des plantes. LCI16.35 L’Actors Studio. Michael Douglas. Paris Première17.10 Carnets de jour. Luis Fernandez ; Juliette. Match TV17.25 Les Lumières du music-hall. Jean-Jacques Debout.Michel Delpech. Paris Première18.15 Thalassa. Voyages autour de la mer. Les îles d’Italie.Les îles du Pacifique. Iles d’Angleterre et d’Irlande. TV 518.55 23.10 J’y étais. Invités : Sylvie Tellier ; GérardCollomb. Match TV19.00 Explorer. Traqueurs de requins. Modèles réduits enfolie. Vol au-dessus de la Canopée. Courage à l’étatpur. National Geographic19.00 Le sens du voyage, le voyage des sens. Invitée :Enzo Enzo. Voyage21.05 Pulsations. Les troubles obsessionnels compulsifs(les TOCS). TV 50.30 Courts particuliers. Elsa Zylberstein. Paris Première

DOCUMENTAIRES17.00 Le Trou d’ozone. Cancer du ciel. National Geographic17.25 Sur les chemins de Compostelle. Planète18.25 La Légende napoléonienne. [1/2]. Du mythe à lapropagande. Planète18.35 « Titanic », au-delà du naufrage. La genèse. Odyssée19.00 Biographie. Sitting Bull. La Chaîne Histoire

19.05 Traque sauvage. Un rhino sous hautesurveillance. Odyssée19.30 La vie secrète du blaireau d’Europe. Odyssée20.00 Le Canal de Panama. National Geographic20.00 Egypte. La grande pyramide, la porte versles étoiles. Voyage20.30 Les Grandes Batailles. La guerre civileespagnole. La Chaîne Histoire21.00 Du saumon pour Don Corleone. L’Espagne. Voyage21.00 Quand la Terre s’effondre. National Geographic21.05 La Trilogie de la guerre du Pacifique. [3/3]Nagasaki. Histoire21.35 L’Esprit du roi lépreux. Odyssée21.40 Sur les chemins de Compostelle. Planète23.00 Pilot Guides. L’Egypte. Voyage23.15 L’Ecume des villes. Chicago. Paris Première23.50 Un casse-tête chinois. Odyssée

SPORTS EN DIRECT18.30 Escrime. Championnats du monde : finales épéeféminine et sabre messieurs par équipes. Eurosport

MUSIQUE17.00 Récital de flûte. Flâneries musicales de Reims2000. Avec Juliette Hurel (flûte), Benoît Fromanger(flûte). Mezzo

18.00 Anner Bylsma et Bob Van Asperen. Festival deMontpellier 2000. Mezzo19.15 Julian Rachlin et Itamar Golan. En 2000. Œuvres deMozart, Mendelssohn. Mezzo21.00 Haydn et Mozart. Festival de la Chaise-Dieu 1994.Avec Lucy Van Dael (violon). Mezzo22.40 Mozart. Concerto pour basson et orchestre. DavidBreidenthal (basson). Mezzo23.30 Nice Jazz Festival 2000. Claudia Acuna. Mezzo0.20 Nice Jazz Festival 2000. Al Jarreau et YoussouN’Dour. Mezzo

TÉLÉFILMS20.50 Disparu. George Kaczender & Téva22.20 Les Disparus de Saint-Agil. J.-L. Benoît & Festival22.35 Sous la menace d’un père. Bill Condon % TF 6

SÉRIES18.05 The Tick. Eternel immortel &. Destroyo & TPS Star19.55 Docteur Quinn. Pères et fils & Téva20.45 Star Trek, Deep Space Nine. La maison de Quark &.Equilibrium & Canal Jimmy21.30 American Gothic. Inhumanitas % 13ème RUE21.40 High Secret City. Noël en famille. Série Club22.25 Star Trek, la nouvelle génération. Questiond’honneur & Canal Jimmy

13.00 Journal, Météo 13.50 Les Feux del’amour Feuilleton 14.40 Un été sur la côteTéléfilm. Hans-Jürgen Tögel. Avec KathrinAckermann, Heikko Deutschmann (All., 1995)16.25 Dingue de toi Mon chien est une star.Série 17.05 Melrose Place Solitude et déses-poir. Série 17.55 Sous le soleil Le hasard et laviolence. Série 18.55 Qui veut gagner des mil-lions ? 19.55 Météo, Journal, Météo.

20.55 S La télévision. Magazineprésenté par Stéphane Bern. Au sommaire :Flavie Flament ; Evelyne Dhéliat ; LarryHagman ; Sophie Thalmann ; Melissa SueAnderson ; Nikos Aliagas ; Chuck Norris ;Krista Allen. 4961280

22.45 R Téléfilm. Jeff Woolnough. Avec LaurieHolden, William Devane, Rob Estes, RobinMossley, Peter Wingfield (EU, 2000). 8305613Un jeune policier mène sa propreenquête sur le meurtre de son père ets’interroge sur la véritable identitéd’un ami de celui-ci.0.25 Koh-Lanta Episode n˚8 1.35 Très chasseLe sanglier dans tous ses états.

2.30 Reportages Attention ! Convois excep-tionnels 2.55 Aventures africaines, françai-ses, asiatiques Aventures africaines au Kili-mandjaro 3.50 Ernest Léardée ou le romande la biguine 4.45 Musique (25 min).

CÂBLE ET SATELLITE

CÂBLE ET SATELLITE

Les codes du CSA & Tous publics % Accord parental souhaitable ? Accord parental indispensable ou interdit aux moins de 12 ans ! Public adulte. Interdit aux moins de 16 ans # Interdit aux moins de 18 ans.Les cotes des films a On peut voir a a A ne pas manquer a a a Chef-d’œuvre ou classique. Les symboles spéciaux de Canal + DD Dernière diffusion d Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants.

FRANCE-CULTURE19.00 Le Cercle des médiologues. Invités :Daniel Cohn-Bendit ; Yvan Levaï ; PhilippeBoutry ; Nicolas Rousselier ; Laurent Pernot.Métamorphoses de l’éloquence.20.30 Musiques.21.00 Fiction. Exercices d’admiration.22.00 Journal.22.10 Terres étrangères.23.50 D’un titre, l’autre, histoire de titres.Invité : Eric Vigne. Titrer un essai.

FRANCE-MUSIQUES20.00 20e Festival international de musiquebaroque de Beaune. The Fairy Queen. Opérade Henry Purcell. Par The Gabrieli Consortand Players and Choir, dir. Paul McCreesh,Susan Gritton et Liz McComb, sopranos,Charles Daniels et Mark Padmore, ténors,Neal Davies et Peter Harvey, basses.23.00 Soirée privée.

RADIO CLASSIQUE20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvres deLeclair, Corrette.20.40 Concert. Par l’Orchestre de Paris, dir.Ivan Fischer, Hélène Grimaud, piano :œuvres de R. Schumann, Bruckner.22.20 Les Rendez-Vous du soir (suite).

RADIO

RADIO

FRANCE-CULTURE20.30 Musiques.21.00 Fiction.22.00 Journal.22.10 Terres étrangères. Le Voyage auxMalouines ; 22.30 Carnets de voyage ; 23.30La Nouvelle-Espagne.23.50 D’un titre à l’autre, histoire de titres.

FRANCE-MUSIQUES20.00 Musique à l’Empéri. Œuvres deMantovani, Chostakovitch, Mendelssohn,R. Schumann, Chopin, Brahms.23.00 Soirée privée.

RADIO CLASSIQUE20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvres deMozart, Beethoven. Par The Academy of St.Martin-in-the-Fields, dir. Neville Marriner.20.40 Doña Francisquita. Opéra d’A. Vives.Par le Chœur du Gran Teatro de Cordoue,l’Orchestre symphonique de Séville, dir.Miguel Roa, Placindo Domingo (Fernando),Aïnhoa Arteta (Francisquita).22.22 Les Rendez-Vous du soir (suite).Œuvres de Boccherini, Rossini.

J E U D I 2 2 A O Û T

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Page 22: SÉRIES La baisse rapide de l’impôt de l™ØtØ est contestée ......2002/08/22  · 2003 : « Moi, je préférerais une four-chette de 2,6 % à 3 % avec une hypo-thèse centrale

22/LE MONDE/JEUDI 22 AOÛT 2002

Refuge et petitscols en famille oubivouac et grandssommets : voiciune balade rafraî-chissante au

milieu des génépis, gentianes,bouquetins et chamois. Pour sesentir, le soir venu, seul occupantdes lieux, il est bon de consacrerdeux jours à cette randonnée.De Nice, on gagne Annot par laN 202 avant d’em-prunter la départe-mentale qui longela vallée du Ver-don pour rejoin-dre le point dedépart. On peutaussi venir deDigne en descen-dant vers le sudpar la N 85. L’im-portant est degagner Allos et desuivre la route dulac jusqu’au par-king. Après avoirabandonné le véhi-cule, suivre un che-min ponctué depanneaux sur laformation du lacet l’environne-ment.Une demi-heurede montée, et lelac, d’un bleu intense, apparaîten contrebas. Les sommets rosis-sent déjà, le bleu des eaux durcit,le silence et la fraîcheur s’instal-lent. Après une bonne nuit, voicivenu le temps de s’attaquer aucol de l’Encombrette(2 527 mètres).Un quart de tour du lac vers ladroite, et l’on monte vers unnévé pentu pour rejoindre le che-

min de grande randonnée. Lesmarmottes surgissent en sifflant,presque sous les pieds. Les pâtu-rages se jonchent de milliers demyosotis, pensées, gentianes,boutons-d’or, au sein desquelsse cache le génépi vrai. Seuls lesgens d’ici savent le dénicher. Ilssavent surtout le transformer enliqueur. Mais si on leur demandeoù se trouve le génépi, ils ont ungeste vague, embrassant un bon

quart du cirque. Ilest de toute façoninterdit de cueillirla moindre plante.Vu du col, le lacapparaît dans saronde perfection,et le versant oppo-sé dévoile deuxautres petits lacsenchâssés dans lesalpages. Mouflonset chamois appa-raissent parfoisplus haut, sur lesbarres rocheuses.Pour s’en appro-cher, prendre,après le cairn ducol, la sente quimène au sommetde la Petite Tour,rallier ensuite laGrande Tour parla crête, puis lon-

ger la barre rocheuse, jusqu’aubout.Retour par le même chemin, etdescente vers cet extraordinairepôle d’attraction qu’est ce lac.Un conseil : ne tentez pas d’ypiquer une tête, un froid intensevous saisirait.

Marie-Amal Bizalion(Pays de Provence)

a Editionabonnés. Unnouveau dos-sier sur le thè-me des 35 heu-res est enligne. Poursavoir si cette

loi spécifique à la France a profondémentchangé la vie quotidienne des salariés.a Nouvelles. Lemonde.fr et l’universitéd’été de la communication d’Hourtin pré-sentent chaque jour une nouvelle sur lesfuturs possibles des systèmes éducatifs.Pavé « futurS » sur la Une.a L’actualité en continu sur lemonde. fr

DEAUVILLE (Calvados)de notre envoyé spécial

Un hennissement vigoureux, àun moment idéalement choisi :exactement entre le « On peutadjuger » du directeur des venteset le coup de marteau du commis-saire-priseur. La pouliche manifes-tait-elle sa joie, son étonnement,son indignation peut-être ? Ellevenait de changer de propriétaire,battant au passage le record desventes de yearlings à Deauville :2 millions d’euros tout rond. L’ac-quéreur était l’un des quatre frè-res Maktoum, qui font depuis unequinzaine d’années la pluie et sur-tout le beau temps dans le mondedes courses. En l’occurrence, Mak-toum ben Rachid Al-Maktoum, pre-mier ministre des Emirats arabesunis et de son propre émirat, Dubaï. C’est luiqui détenait le précédent record, datant de1998, avec 1,5 million d’euros. Quant à l’héroïnede cette soirée de samedi 17 août, premièrejournée des ventes de Deauville, elle n’a pasencore de nom, comme c’est le cas pour la plu-part de ces poulains et pouliches d’exception,nés l’année précédente de parents de toutepremière qualité, vainqueurs de très grandescourses.

Ce record largement battu ne peut cepen-dant dissimuler une autre réalité : le chiffred’affaires des deux premières journées de ven-tes, les plus prestigieuses, celles qui attirent leplus de clients étrangers – anglais, irlandais,japonais, etc. –, est en baisse sensible (moins27 %), de même que le prix de vente moyen(moins 22 %, soit « seulement » 174 596 eurospar cheval), et le lundi a également été orientéà la baisse. En outre, plus du quart des chevauxprésentés n’ont pas été vendus. Le constat s’im-pose : la tendance internationale est à la baisseet les principaux responsables de ce retourne-ment sont paradoxalement les Maktoum, toutspécialement cheikh Mohammed, frère cadetde Maktoum Al-Maktoum, qui, ces dernièresannées, achetait à tour de bras, et cette annéegarde une surprenante réserve.

Pour PhilippeAugier, directeur del’Agence française,qui organise les ven-tes, et par ailleursmaire de Deauville,cette baisse n’est pasétonnante après desannées de hausse.Mais le souvenir dece qui s’est passé aumilieu des années1980 trotte dans lestêtes. La bulle, aprèsavoir grossi de manière démesurée (c’était l’épo-que où le prix de saillie de l’étalon Northern Dan-cer atteignait 1 million de dollars, sans aucunegarantie de résultat), avait fini par éclater. En1985, le chiffre d’affaires de l’Agence françaiseavait atteint 230 millions de francs ; en 1992, ilavait chuté à 115 millions, avant de remonter jus-qu’à 300 millions en 2001 (près de 46 millionsd’euros). Le même scénario est-il en passe de sereproduire ? Trop tôt pour le dire, mais, dans undomaine où les décisions reposent largement surdes « tendances psychologiques », l’heure est à laprudence. Et à une vague inquiétude, perceptiblesamedi et dimanche dans le regard tendu des

« spotters », ces employés de l’Agen-ce française chargés de distinguerdans le public des acheteurs poten-tiels, les gestes ou les ébauches degestes qui signalent que tel ou telenchérit.

Le spectacle est étrange, et à peuprès totalement hermétique au pro-fane, qui ne voit quasiment rien dece que voient ces « spotters ». Il fautsavoir que tel courtier, assis là-bas,tout en haut, agit pour le JockeyClub de Hongkong, tel autre pourl’immense haras irlandais de Cool-more (deux achats à 600 000 euroschacun) ou encore pour les frèresWertheimer, héritiers de Bourjois etChanel, présents dans la salle, maisqui n’enchérissent bien sûr pas eux-mêmes. Ou bien que ces hommesqui se cachent presque près de l’en-

trée sont les représentants de vendeurs qui netiennent pas à ce qu’on remarque qu’ils essaientde faire monter les prix.

Surtout, comment comprendre qu’un poulainatteigne en deux minutes des sommes phénomé-nales et qu’un autre, au poil tout aussi luisant, àl’œil aussi vif, ne suscite pratiquement aucun inté-rêt ? L’un et l’autre ont été sélectionnés parmi les4 000 pur-sang qui naissent chaque année enFrance pour figurer parmi la « crème de la crè-me ». Mais, pour les spécialistes, qui les ont lon-guement regardés marcher au haras, ont envoyéleurs vétérinaires consulter les radios de leursmembres et de leurs poumons et ont soigneuse-ment comparé leurs « papiers » (leurs origines), ladifférence est énorme. A peu près aussi énormeque la chance de se tromper.

Car bien peu seront des cracks sur des champsde courses. Et beaucoup d’autres, acquis dix oucent fois moins cher, ont une chance de fairemieux. Une excellente raison pour les amateursqui, en août, n’ont fait que regarder, fascinés, frus-trés ou vaguement écœurés, d’attendre les ven-tes d’octobre. Celles où les sabots reviennent surterre, et les prix moyens aux alentours de15 000 euros.

Jan Krauze

EN LIGNE SUR lemonde.fr

L A B A L A D E D E L ’ É T É

Provence : à l’assautde l’Encombrette

La fille d’Indian Ridge et de Maximova a été achetée pour 2 millions d’euros.

NUL HOMME POLITIQUE alle-mand en disparaissant ne pouvaitcréer un vide aussi grand que KurtSchumacher. Chef de l’oppositionsocial-démocrate, jouissant d’uneautorité incontestée dans son par-ti, il lui avait imposé des tendancesdont on ne sait pas au juste dansquelle mesure elles pourront sub-sister dès lors qu’il n’est plus là.Ces tendances se sont surtoutmanifestées par une intransigean-ce absolue à l’égard de la politique

extérieure du chancelier Ade-nauer. M. Schumacher fit voterson parti contre le Conseil de l’Eu-rope, contre le plan Schuman ; ils’apprêtait à le faire voter contreles accords germano-alliés. On l’atraité de nationaliste. Ses adversai-res lui reprochaient non sans rai-son une politique équivoque quoi-que doctrinaire. Il les combattaitsans rien leur opposer de précis.Dernièrement il s’attaquait avecune extrême violence aux accords

contractuels sous prétexte qu’ilsn’accordaient pas à l’Allemagneune indépendance totale. Mais lescirconstances sont telles qu’on nepeut pas encore la lui rendre. Ildéclarait que l’unique but de lapolitique allemande était l’unifica-tion. Mais celle-ci ne dépend pasde l’Allemagne, et s’il pensait quecette Allemagne peut faire quel-que chose pour l’obtenir il n’ajamais dit quoi.

(22 août 1952.) a Tirage du Monde daté mercredi 21 août 2002 : 499 693 exemplaires. 1 - 3

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P R A T I Q U E

Deauville

IL Y A 50 ANS, DANS 0123

La social-démocratie sans Schumacher

b Renseignements : officede tourisme d’Allos.Tél. : 04-92-83-02-81.b Accès : à Saint-André-les-Alpes,emprunter la D 955 vers LaMure, puis la D 908, qui vientd’Annot, vers Colmars. AvantAllos, prendre la route du lacà droite.b Se loger : le bivouac estautorisé, installation des tentesau coucher du soleil, repliau lever ; le refuge du lacpropose dortoir et chambrespour six personnes, cuisineet accueil familial. Ouvertjusqu’en septembre, selonles conditions météorologiques.Tél. : 04-92-83-00-24.b Adresse : la fermeSainte-Brigitte, sur la routedu lac, propose des produitslaitiers. Tél. : 04-92-83-02-62.

f 21 bis, rue Claude-Bernard, 75242 ParisCedex 05. Tél : 01-42-17-20-00 ;télécopieur : 01-42-17-21-21 ;télex : 202 806 Ff Par téléphone : 01-44-97-54-54

Sur Internet : http://abo.lemonde.fr

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Des nouvelles inédites, des séries et l’actualité des festivals

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Voyagez avec « Comme une image », une nouvelle inéditesignée Chantal PelletierSamedi 24 août, dans Le Monde daté dimanche 25 - lundi 26 août 2002

Evadez-vous avec « Chers parents », une série signée Annick CojeanCette semaine, d’autres personnalités se racontent et nous font découvrir leur histoire à travers

les liens qui les unissent à leurs parents. A partir d’une photo inédite, entrez dans l’univers intime

de I. M. Pei, Cecilia Bartoli, Gérard Depardieu...

Chaque jour, jusqu’au mercredi 28 août (Le Monde daté jeudi 29 août 2002).

Ce week-end,dans le quotidien de votre été...

CHANTAL PELLETIER

COMME UNE IMAGE

C A R N E T D E R O U T E

Aux ventes de yearlings de Deauville, un record dans un marché baissier