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Stratégie de prise en charge en cas de dénutrition protéino-énergétique chez la personne âgée HAS / Service des recommandations professionnelles / Avril 2007 1 RECOMMANDATIONS Avril 2007 RECOMMANDATIONS PROFESSIONNELLES Stratégie de prise en charge en cas de dénutrition protéino-énergétique chez la personne âgée

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RECOMMANDATIONS

Avril 2007

RECOMMANDATIONS PROFESSIONNELLES

Stratégie de prise en charge en cas de dénutrition protéino-énergétique

chez la personne âgée

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L’argumentaire scientifique de ces recommandations est téléchargeable sur www.has-sante.fr

Haute Autorité de santé Service communication

2 avenue du Stade de France - F 93218 Saint-Denis La Plaine CEDEX Tél. :+33 (0)1 55 93 70 00 - Fax :+33 (0)1 55 93 74 00

Ce document a été validé par le Collège de la Haute Autorité de santé en avril 2007. © Haute Autorité de santé – 2007

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Sommaire Recommandations .................................... ...............................................................................4

1 Introduction....................................... ................................................................................4 1.1 Thème et objectifs des recommandations 4 1.2 Patients concernés 4 1.3 Professionnels concernés 4 1.4 Méthode de travail 5 1.5 Gradation des recommandations 5

2 Dénutrition protéino-énergétique : définition, épid émiologie......................................5

3 Quelles sont les personnes âgées et/ou les situatio ns à risque de dénutrition ? .....6

3.1 Les situations à risque de dénutrition sans lien avec l’âge 6 3.2 Les situations à risque de dénutrition plus spécifiques à la personne âgée 6

4 Quels sont les outils de dépistage et de diagnostic de la dénutrition chez la personne âgée ? Comment faire le diagnostic de dénu trition sévère ? .............................8

4.1 Le dépistage de la dénutrition 8 4.2 Le diagnostic de la dénutrition 9 4.3 Le diagnostic de dénutrition sévère 9

5 Stratégie de prise en charge nutritionnelle........ ............................................................9 5.1 Objectif de la prise en charge nutritionnelle chez la personne âgée dénutrie 10 5.2 Les différents modes de prise en charge nutritionnelle 10 5.3 Choix des modalités de prise en charge nutritionnelle 10 5.4 Place des médicaments adjuvants 11 5.5 Prescription des micronutriments 11 5.6 Surveillance, rythme et outils de l’évaluation nutritionnelle chez une personne âgée dénutrie 12 5.7 Limites de la prise en charge nutritionnelle en fin de vie 12

6 Modalités pratiques de la prise en charge nutrition nelle .............................................1 3 6.1 Prise en charge nutritionnelle orale 13 6.2 Prescription de la nutrition entérale 14

7 Situations particulières........................... .........................................................................15 7.1 Maladie d’Alzheimer 15 7.2 Escarres 16 7.3 Les troubles de la déglutition 16 7.4 Période de convalescence (après une pathologie aiguë ou une intervention chirurgicale) 17 7.5 La dépression 17

8 Quels sont les élements de coordination entre les d ifférents intervenants (médecin généraliste, infirmière, diététicienne, gé riatre, entourage…) et les différents lieux d’intervention (domicile, HAD, hôpital, insti tution médicalisée, etc.) ?.....................17

8.1 À domicile 18 8.2 En institution 18 8.3 À l’hôpital 19

Annexe 1. Modalités d’enrichissement des repas ..... ...........................................................20

Annexe 2. Mini Nutritional Assessment (MNA ®)....................................................................21

Annexe 3. Fiche PNNS............................... ..............................................................................22

Participants....................................... ........................................................................................23

Fiche descriptive .................................. ....................................................................................25

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Recommandations

1 Introduction

1.1 Thème et objectifs des recommandations

1.1.1 Thème des recommandations

Ces recommandations, élaborées par la Haute Autorité de santé sur le thème de la « Stratégie de prise en charge en cas de dénutrition protéino-énergétique chez la personne âgée », ont été demandées par la Direction générale de la santé et s’intègrent dans le cadre du Programme national nutrition santé (PNNS)1.

Elles concernent la prise en charge de la dénutrition chez les personnes âgées vivant à domicile ou en institution, ou hospitalisées.

Elles s’inscrivent dans la suite de travaux récents de l’Anaes ou de la HAS : les recommandations professionnelles de 2003 sur le thème « Évaluation diagnostique de la dénutrition protéino-énergétique des adultes hospitalisés »2, et l’avis de la Commission d’Évaluation des Produits et Prestations (CEPP) de 2006 concernant les « Produits pour nutrition à domicile et prestations associées »3.

1.1.2 Objectifs des recommandations

L’objectif de ces recommandations est d’élaborer un outil pratique de repérage et de prise en charge de la personne âgée dénutrie ou à risque de dénutrition. Ce travail vise à répondre aux questions suivantes : ���� Quelles sont les personnes âgées et/ou les situations à risque de dénutrition ? ���� Quels sont les outils de dépistage et de diagnostic de la dénutrition chez la personne

âgée ? Comment faire le diagnostic de dénutrition sévère ? ���� Quelle stratégie de prise en charge nutritionnelle recommander ? ���� Quelles sont les modalités pratiques de la prise en charge nutritionnelle ? ���� Pour certaines situations particulières : quelles sont les spécificités de la prise en charge

nutritionnelle ? ���� Quels sont les éléments de coordination entre les différents intervenants (médecin

généraliste, infirmière, diététicienne, gériatre, entourage…) et les différents lieux d’intervention (domicile, HAD, hôpital, institution médicalisée, etc.) ?

1.2 Patients concernés

En accord avec les rapports institutionnels récemment diffusés, le seuil de 70 ans a été retenu pour définir la population des personnes âgées dans ce document.

1.3 Professionnels concernés

Ces recommandations s’adressent à tous les professionnels de santé amenés à prendre en charge une personne âgée dénutrie ou à risque de dénutrition et plus particulièrement les

1 PNNS : http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/nutrition/index.htm 2 Recommandations Anaes 2003 : http://www.has-sante.fr/portail/display.jsp?id=c_432199 3 Avis HAS 2006 : http://www.has-sante.fr/portail/display.jsp?id=c_479172

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médecins généralistes, les gériatres, ainsi que les diététiciens, les infirmiers, les médecins nutritionnistes et les gastro-entérologues.

1.4 Méthode de travail

Ces recommandations ont été réalisées selon la méthode décrite dans le guide « Les recommandations pour la pratique clinique. Base méthodologique pour leur réalisation en France » datant de 19994. Cette méthode est fondée sur l’analyse explicite de la littérature et sur la prise en compte de l’avis de professionnels concernés par le thème et réunis au sein d’un groupe de travail multidisciplinaire.

1.5 Gradation des recommandations

Les recommandations proposées ont été classées en grade A, B ou C selon les modalités suivantes :

• une recommandation de grade A est fondée sur une preuve scientifique établie par des études de fort niveau de preuve, comme des essais comparatifs randomisés de forte puissance et sans biais majeur ou méta-analyse d’essais comparatifs randomisés, analyse de décision basée sur des études bien menées (niveau de preuve 1) ;

• une recommandation de grade B est fondée sur une présomption scientifique fournie par des études de niveau intermédiaire de preuve, comme des essais comparatifs randomisés de faible puissance, des études comparatives non randomisées bien menées, des études de cohorte (niveau de preuve 2) ;

• une recommandation de grade C est fondée sur des études de moindre niveau de preuve, comme des études cas-témoins (niveau de preuve 3), des études rétrospectives, des séries de cas (niveau de preuve 4) ;

• en l’absence de données scientifiques, les recommandations reposent sur un accord professionnel au sein du groupe de travail, après avis du groupe de lecture. Dans le texte ci-dessous, en l’absence de précision, les recommandations reposent sur un accord professionnel.

L’absence de preuve ne signifie pas que les recommandations ne sont pas pertinentes et utiles. L’absence de preuve doit inciter à engager des études complémentaires lorsque cela est possible.

2 Dénutrition protéino-énergétique : définition, épidémiologie

La dénutrition protéino-énergétique résulte d’un déséquilibre entre les apports et les besoins de l’organisme. Ce déséquilibre entraîne des pertes tissulaires, notamment musculaires, qui ont des conséquences fonctionnelles délétères.

Chez la personne âgée, la dénutrition entraîne ou aggrave un état de fragilité ou de dépendance, et favorise la survenue de morbidités. Elle est également associée à une aggravation du pronostic des maladies sous-jacentes et augmente le risque de décès.

La prévalence de la dénutrition protéino-énergétique augmente avec l’âge. Elle est de 4 à 10 % chez les personnes âgées vivant à domicile, de 15 à 38 % chez celles vivant en institution et de 30 à 70 % chez les malades âgés hospitalisés.

Des carences protéiques isolées peuvent s’observer même chez des personnes âgées apparemment en bonne santé.

4 Guide Anaes 1999 : http://www.has-sante.fr/portail/display.jsp?id=c_431294

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3 Quelles sont les personnes âgées ou les situation s à risque de dénutrition ?

Les situations à risque de dénutrition chez les personnes âgées sont à la fois les situations à risque de dénutrition sans lien avec l’âge et celles plus spécifiques à la personne âgée.

3.1 Les situations à risque de dénutrition sans lie n avec l’âge

Ces situations à risque de dénutrition sont : ���� les cancers ; ���� les défaillances d’organes chroniques et sévères (cardiaque, respiratoire, rénale ou

hépatique) ; ���� les pathologies digestives à l’origine de maldigestion et/ou de malabsorption ; ���� l’alcoolisme chronique ; ���� les pathologies infectieuses ou inflammatoires chroniques ; ���� toutes les situations susceptibles d’entraîner une diminution des apports alimentaires,

une augmentation des besoins énergétiques, une malabsorption, ou les trois associées.

3.2 Les situations à risque de dénutrition plus spé cifiques de la personne âgée

Certaines situations peuvent favoriser la dénutrition ou y être associées. Elles peuvent être classées selon les catégories suivantes (cf. tableau 1).

Chacune de ces situations doit alerter le professionnel de santé et l’entourage, a fortiori si plusieurs circonstances sont associées.

De plus, de nombreuses pathologies peuvent s’accompagner d’une dénutrition en raison d’une anorexie. L’anorexie est un symptôme fréquent chez la personne âgée, en présence duquel il est nécessaire de rechercher systématiquement une cause.

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Tableau 1 . Situations à risque de dénutrition

Situations Causes possibles

Psycho-socio-environnementales

Isolement social

Deuil

Difficultés financières

Maltraitance

Hospitalisation

Changement des habitudes de vie : entrée en institution

Troubles bucco-dentaires

Trouble de la mastication

Mauvais état dentaire

Appareillage mal adapté

Sécheresse de la bouche

Candidose oro-pharyngée

Dysgueusie

Troubles de la déglutition Pathologie ORL

Pathologie neurodégénérative ou vasculaire

Troubles psychiatriques Syndromes dépressifs

Troubles du comportement

Syndromes démentiels Maladie d’Alzheimer

Autres démences

Autres troubles neurologiques

Syndrome confusionnel

Troubles de la vigilance

Syndrome parkinsonien

Traitements médicamenteux au long cours

Polymédication

Médicaments entraînant une sécheresse de la bouche, une dysgueusie, des troubles digestifs, une anorexie, une somnolence…

Corticoïdes au long cours

Toute affection aiguë ou décompensation d’une pathologie chronique

Douleur

Pathologie infectieuse

Fracture entraînant une impotence fonctionnelle

Intervention chirurgicale

Constipation sévère

Escarres

Dépendance pour les actes de la vie quotidienne

Dépendance pour l’alimentation

Dépendance pour la mobilité

Régimes restrictifs

Sans sel

Amaigrissant

Diabétique

Hypocholestérolémiant

Sans résidu au long cours

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4 Quels sont les outils de dépistage et de diagnost ic de la dénutrition chez la personne âgée ? Comment faire l e diagnostic de dénutrition sévère ?

4.1 Le dépistage de la dénutrition

Le dépistage de la dénutrition est recommandé chez toutes les personnes âgées et doit être réalisé au minimum une fois par an en ville, à l’admission puis une fois par mois en institution, et lors de chaque hospitalisation.

Chez les personnes âgées à risque de dénutrition, le dépistage est plus fréquent, en fonction de l’état clinique de la personne et de l’importance du risque.

Le dépistage de la dénutrition repose sur : ���� la recherche de situations à risque de dénutrition ; ���� l’estimation de l’appétit et/ou des apports alimentaires ; ���� la mesure du poids ; ���� l’évaluation de la perte de poids par rapport au poids antérieur ; ���� le calcul de l’indice de masse corporelle [IMC = Poids/Taille2 ; Poids (kg), Taille (m)].

Ce dépistage peut être formalisé par un questionnaire comportant au minimum la recherche de situations à risque de dénutrition et le poids, tel que le Mini Nutritional Assessment (MNA) (cf. annexe 2) (grade C).

En ce qui concerne le poids, il est particulièrement recommandé de peser les personnes âgées : ���� en ville : à chaque consultation médicale ; ���� en institution : à l’entrée, puis au moins une fois par mois ; ���� à l’hôpital : à l’entrée, puis au moins une fois par semaine en court séjour, tous les

15 jours en soins de suite et réadaptation, une fois par mois en soins de longue durée.

Il est recommandé d’effectuer cette mesure si possible en sous-vêtements et avec une méthode adaptée à la mobilité de la personne.

L’utilisation d’un pèse-personne respectant les normes NF ou ISO est recommandée dans le cadre d’une consultation médicale. Au domicile de la personne, l’important est de surveiller le poids en utilisant le même pèse-personne.

À domicile, en institution ou à l’hôpital, il est important de noter le poids dans le dossier afin d’établir une courbe de poids. Toute perte de poids est un signe d’alerte et doit faire évoquer la possibilité d’une dénutrition.

Pour le calcul de l’IMC, on essaye d’obtenir, si possible, une mesure de la taille en position debout, à l’aide d’une toise. Si la station debout est impossible ou si le malade présente des troubles de la statique (cyphose dorsale, etc.), il est recommandé d’utiliser les formules de Chumlea 5 qui permettent d’estimer la taille à partir de la mesure de la hauteur talon-genou, ou bien d’utiliser la taille déclarée.

5 Estimation de la taille (Source : Chumlea WC, Roche AF, Steinbaugh ML. Estimating stature from knee height for persons 60 to 90 years of age. J Am Geriatr Soc 1985;33(2):116-20)

- Femme : T (cm) = 84,88 – 0,24 x âge (années) + 1,83 x hauteur talon-genou (cm) - Homme : T (cm) = 64,19 – 0,04 x âge (années) + 2,03 x hauteur talon-genou (cm)

(Taille de la jambe mesurée entre la partie fixe d’une toise pédiatrique placée sous le pied et la partie mobile appuyée au-dessus du genou au niveau des condyles, le patient étant en décubitus dorsal et le genou fléchi à 90°)

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4.2 Le diagnostic de la dénutrition

Le diagnostic de dénutrition repose sur la présence d’un ou de plusieurs des critères suivants6.

4.2.1 Perte de poids ≥ 5 % en 1 mois ou ≥ 10 % en 6 mois

Le poids de référence est idéalement un poids mesuré antérieurement. Si cette donnée n’est pas disponible, on peut se référer au poids habituel déclaré. En cas de pathologie aiguë, on se réfère au poids d’avant le début de l’affection. Il est important de tenir compte des facteurs qui peuvent modifier l’interprétation du poids, comme une déshydratation, des œdèmes, des épanchements liquidiens.

4.2.2 Indice de masse corporelle < 21

Un IMC < 21 est un des critères de dénutrition chez la personne âgée. Par contre, un IMC ≥ 21 n’exclut pas le diagnostic de dénutrition (par exemple en cas d’obésité avec perte de poids7).

4.2.3 Albuminémie < 35 g/l

L’hypoalbuminémie n’est pas spécifique de la dénutrition. Elle peut être observée dans de nombreuses situations pathologiques indépendantes de l’état nutritionnel, en particulier en présence d’un syndrome inflammatoire. Il est donc recommandé d’interpréter le dosage de l’albuminémie en tenant compte de l’état inflammatoire du malade, évalué par le dosage de la protéine C-réactive.

L’albuminémie est un facteur pronostique majeur de morbi-mortalité. De plus, elle permet de distinguer deux formes de dénutrition : ���� la dénutrition par carence d’apport isolée, où l’albuminémie peut être normale ; ���� la dénutrition associée à un syndrome inflammatoire et à un hypercatabolisme, où

l’albuminémie baisse rapidement.

4.2.4 MNA global < 17

(test MNA global, cf. annexe 2).

4.3 Le diagnostic de dénutrition sévère

Il repose sur un ou plusieurs des critères suivants : ���� perte de poids : ≥ 10 % en 1 mois ou ≥ 15 % en 6 mois ; ���� IMC < 18 ; ���� albuminémie < 30 g/l.

Il est important de distinguer les formes sévères de la dénutrition. La dénutrition sévère est associée à une augmentation importante de la morbi-mortalité. Elle justifie donc une prise en charge nutritionnelle rapide.

5 Stratégie de prise en charge nutritionnelle Un interrogatoire alimentaire simple de la personne âgée ou de son entourage doit faire partie du bilan nutritionnel. Il permet d’estimer si la personne âgée a une alimentation diversifiée, riche en fruits et légumes, si elle consomme des plats protidiques (viandes,

6 Dans un souci de cohérence, les seuils choisis sont ceux retenus par la HAS dans l’avis de la CEPP de 2006 concernant les « Produits pour nutrition à domicile et prestations associées ». 7 Obésité sarcopénique : obésité avec perte de poids par perte de la masse musculaire.

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poissons, œufs) au moins deux fois par jour et si elle prend trois produits laitiers par jour. Il est également recommandé d’évaluer les apports hydriques journaliers.

Chez une personne âgée dénutrie ou à risque de dénutrition, il est recommandé, parallèlement à toute prise en charge nutritionnelle, de corriger les facteurs de risque identifiés, en proposant par exemple : ���� une aide technique ou humaine pour l’alimentation ; ���� des soins bucco-dentaires ; ���� une réévaluation de la pertinence des médicaments et des régimes ; ���� une prise en charge des pathologies sous-jacentes.

La prise en charge nutritionnelle est d’autant plus efficace qu’elle est mise en œuvre précocement.

5.1 Objectif de la prise en charge nutritionnelle c hez la personne âgée dénutrie

L’objectif de la prise en charge nutritionnelle chez la personne âgée dénutrie est d’atteindre un apport énergétique de 30 à 40 kcal/kg/jour et un apport protidique de 1,2 à 1,5 g de protéine/kg/jour, en sachant que les besoins nutritionnels peuvent varier d’un sujet à l’autre et en fonction du contexte pathologique.

5.2 Différents modes de prise en charge nutritionne lle

Les différents modes de prise en charge nutritionnelle sont : ���� la prise en charge nutritionnelle orale : elle comporte des conseils nutritionnels, une aide

à la prise alimentaire, une alimentation enrichie et des compléments nutritionnels oraux, dont certains sont pris en charge dans le cadre de la Liste des Produits et Prestations Remboursables (LPPR) 8;

���� la prise en charge nutritionnelle entérale ; ���� la prise en charge nutritionnelle parentérale, uniquement lorsque le tube digestif n’est

pas fonctionnel.

5.3 Choix des modalités de prise en charge nutritio nnelle

La stratégie de prise en charge nutritionnelle est fondée sur le statut nutritionnel du malade et le niveau des apports alimentaires énergétiques et protéiques spontanés (cf. tableau 2). Elle tient aussi compte de la nature et de la sévérité de la (des) pathologie(s) sous-jacente(s) et des handicaps associés, ainsi que de leur évolution prévisible (troubles de la déglutition par exemple). La prise en charge doit également intégrer l’avis du malade et/ou de son entourage, ainsi que des considérations éthiques.

En dehors des situations qui contre-indiquent l’alimentation par voie orale, il est recommandé de débuter prioritairement la prise en charge nutritionnelle par des conseils nutritionnels et/ou une alimentation enrichie (grade C), si possible en collaboration avec une diététicienne.

La complémentation nutritionnelle orale (CNO) est envisagée en cas d’échec de ces mesures ou bien d’emblée chez les malades ayant une dénutrition sévère (grade C). L’alimentation entérale est envisagée en cas d’impossibilité ou d’insuffisance de la prise en charge nutritionnelle orale.

La nutrition parentérale est réservée aux trois situations suivantes : ���� les malabsorptions sévères anatomiques ou fonctionnelles ; ���� les occlusions intestinales aiguës ou chroniques ;

8 Cf. l’avis de la CEPP de 2006 concernant les « Produits pour nutrition à domicile et prestations associées » : http://www.has-sante.fr/portail/display.jsp?id=c_479172

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���� l’échec d’une nutrition entérale bien conduite (mauvaise tolérance). Elle est mise en œuvre dans des services spécialisés et dans le cadre d’un projet thérapeutique cohérent.

Tableau 2. Stratégie de prise en charge nutritionne lle d’une personne âgée Statut nutritionnel

Normal Dénutrition Dénutrition sévère

Normaux Surveillance

Conseils diététiques Alimentation enrichie Réévaluation* à 1 mois

Conseils diététiques Alimentation enrichie + CNO Réévaluation* à 15 jours

Diminués mais supérieurs à la moitié de l’apport habituel

Conseils diététiques Alimentation enrichie Réévaluation* à 1 mois

Conseils diététiques Alimentation enrichie Réévaluation* à 15 jours, et si échec : CNO

Conseils diététiques Alimentation enrichie + CNO Réévaluation* à 1 semaine, et si échec : NE

App

orts

alim

enta

ires

spon

tané

s

Très diminués, inférieurs à la moitié de l’apport habituel

Conseils diététiques Alimentation enrichie Réévaluation* à 1 semaine, et si échec : CNO

Conseils diététiques Alimentation enrichie + CNO Réévaluation* à 1 semaine, et si échec : NE

Conseils diététiques Alimentation enrichie et NE d’emblée Réévaluation* à 1 semaine

* Réévaluation comportant : - le poids et le statut nutritionnel ; - l’évolution de la (des) pathologie(s) sous-jacente(s) ; - l’estimation des apports alimentaires spontanés (ingesta) ; - la tolérance et l’observance du traitement.

CNO : compléments nutritionnels oraux ; NE : nutrition entérale

5.4 Place des médicaments adjuvants

L’alpha-cétoglutarate d’ornithine est une molécule dont les propriétés sont de limiter le catabolisme protéique musculaire, la diminution de glutamine musculaire et le déficit de la balance azotée. La prescription d’alpha-cétoglutarate d’ornithine doit être accompagnée d’un apport protéino-énergétique suffisant. Son utilisation isolée n’est pas recommandée. Si cette molécule est prescrite, il n’est pas utile de la prescrire au-delà de 6 semaines.

L’acétate de mégestrol est un progestatif de synthèse, utilisé dans le traitement de l’anorexie au cours des cancers. Les données de la littérature ne permettent pas de le recommander dans le cas de la dénutrition de la personne âgée.

L’hormone de croissance améliore la masse maigre, mais son utilisation est limitée par ses effets secondaires. Elle n’est pas recommandée pour le traitement de la dénutrition de la personne âgée.

5.5 Prescription des micronutriments

La population âgée représente une population à risque de déficit en divers micronutriments (principalement vitamines du groupe B, vitamine C, vitamine D, sélénium et calcium, etc.).

La prévalence de ces déficits est plus importante chez les personnes âgées hospitalisées ou institutionnalisées que chez celles vivant à domicile. Cependant, en dehors de l’administration de calcium et de vitamine D, le bénéfice clinique de l’administration de vitamines uniques ou associées, d’oligoéléments et de minéraux sur la santé des personnes âgées n’est pas démontré.

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En dehors de la correction de carences, il n’est pas recommandé de supplémenter systématiquement les personnes âgées en micronutriments au-delà des apports nutritionnels conseillés.

5.6 Surveillance, rythme et outils de l’évaluation nutritionnelle chez une personne âgée dénutrie

Le suivi repose essentiellement sur la mesure du poids et l’estimation des ingesta.

5.6.1 Le poids

Il est recommandé de surveiller le poids des personnes âgées dénutries une fois par semaine.

5.6.2 Les apports alimentaires (ingesta)

Une surveillance des apports alimentaires est un élément essentiel du suivi d’un patient dénutri pour adapter la prise en charge nutritionnelle. Elle peut se faire avec une méthode simplifiée semi-quantitative (cf. annexe 3 : fiche PNNS) ou au moyen du calcul précis des ingesta, au mieux sur une période de trois jours consécutifs et au minimum sur 24 heures.

La fréquence de cette surveillance est variable en fonction de la situation clinique, de la sévérité de la dénutrition et de l’évolution pondérale, mais elle est recommandée au minimum lors de chaque réévaluation mentionnée dans le tableau 2.

5.6.3 L’albumine

Le dosage de l’albuminémie est recommandé pour évaluer l’efficacité de la renutrition. Cependant, il n’est pas nécessaire de le répéter plus d’une fois par mois, en dehors de situations particulières.

5.6.4 Transthyrétine ou préalbumine

La transthyrétine représente un outil supplémentaire pour l’évaluation initiale de l’efficacité de la renutrition, compte tenu de sa demi-vie courte.

5.7 Limites de la prise en charge nutritionnelle en fin de vie

Dans les dernières semaines de vie d’une personne âgée, l’objectif des soins nutritionnels est avant tout le plaisir et le confort. Dans ce cas, le début d’un traitement de renutrition, par voie parentérale ou entérale n’est pas recommandé, d’autant que sa mise en place peut être source d’inconfort pour le patient. Cette décision doit être expliquée à l’équipe soignante et à l’entourage de la personne âgée.

Afin de préserver le caractère agréable d’une alimentation orale, il est recommandé d’apporter les soins nécessaires au maintien d’un bon état buccal. Il est également recommandé d’effectuer des soins de bouche réguliers et de soulager tous les symptômes qui peuvent altérer l’envie ou le plaisir de s’alimenter, telles que la douleur, des nausées, une glossite et une sécheresse buccale.

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6 Modalités pratiques de la prise en charge nutriti onnelle

6.1 Prise en charge nutritionnelle orale

Des études menées chez des personnes âgées hospitalisées et dénutries ont montré une amélioration du poids et de la survie, ainsi qu’une réduction de la survenue de complications après une prise en charge nutritionnelle orale (grade A).

6.1.1 Les conseils nutritionnels

Plusieurs mesures sont recommandées pour augmenter les apports alimentaires : ���� respecter les règles du Programme national nutrition santé (PNNS) 9 pour les personnes

âgées : � viandes, poissons ou œufs : deux fois par jour, � lait et produits laitiers : 3 à 4 par jour, � pain, autres aliments céréaliers, pommes de terre ou légumes secs à chaque repas, � au moins 5 portions de fruits et légumes par jour, � 1 à 1,5 litre d’eau par jour (ou autres boissons : jus de fruits, tisanes, etc.) sans

attendre la sensation de soif ; ���� augmenter la fréquence des prises alimentaires dans la journée, en fractionnant les

repas, en s’assurant que la personne âgée consomme trois repas quotidiens et en proposant des collations entre les repas ;

���� éviter une période de jeûne nocturne trop longue (> 12 heures) en retardant l’horaire du dîner, en avançant l’horaire du petit déjeuner et/ou en proposant une collation ;

���� privilégier des produits riches en énergie et/ou en protéines ; ���� adapter les menus aux goûts de la personne et adapter la texture des aliments à ses

capacités de mastication et de déglutition ; ���� organiser une aide technique et/ou humaine au repas en fonction du handicap de la

personne ; ���� proposer les repas dans un environnement agréable (cadre et convives).

6.1.2 L’enrichissement de l’alimentation

L’alimentation enrichie a pour objectif d’augmenter l’apport énergétique et protéique d’une ration sans en augmenter le volume. Elle consiste à enrichir l’alimentation traditionnelle avec différents produits, tels que de la poudre de lait, du lait concentré entier, du fromage râpé, des œufs, de la crème fraîche, du beurre fondu, de l’huile ou des poudres de protéines industrielles. Les modalités pratiques d’enrichissement des repas sont détaillées en annexe 1.

Il est également possible d’utiliser des pâtes ou des semoules enrichies en protéines. Pour les personnes ayant besoin d’une texture mixée, il existe aussi des repas complets hyperprotidiques mixés en poudre ou « prêts à l’emploi ». Certains de ces produits sont pris en charge dans le cadre de la LPPR10.

6.1.3 Les compléments nutritionnels oraux

Il existe des compléments nutritionnels oraux hyperénergétiques et/ou hyperprotidiques, de goûts variés, avec ou sans lactose et de différentes textures (liquide, crème, etc.). Plusieurs types de produits sont disponibles : desserts lactés, potages, repas complets, jus de fruits, etc.

Il est recommandé de favoriser les produits hyperénergétiques (≥ 1,5 kcal/ml ou /g) et/ou hyperprotidiques [protéines ≥ 7,0 g/100 ml ou /100 g ou protéines ≥ 20 % des apports énergétiques totaux (AET)]. 9 PNNS : http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/nutrition/index.htm 10 Cf. l’avis de la CEPP de 2006 concernant les « Produits pour nutrition à domicile et prestations associées » : http://www.has-sante.fr/portail/display.jsp?id=c_479172

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Modalités de prescription des compléments nutritionnels oraux : ���� les compléments nutritionnels oraux (CNO) peuvent être pris lors de collations ou

pendant les repas. Lorsqu’ils sont prévus au moment des repas, ils doivent être pris en plus des repas et non à la place des repas. Lorsqu’ils sont prévus au moment d’une collation, il est recommandé de les proposer environ 2 heures avant ou après un repas pour préserver l’appétit au moment du repas ;

���� il est recommandé de prescrire des CNO permettant d’atteindre un apport alimentaire supplémentaire de 400 kcal/jour et/ou de 30 g/jour de protéines : ceci nécessite le plus souvent 2 unités par jour ;

���� il est recommandé de présenter au malade les compléments nutritionnels oraux comme un traitement de la dénutrition afin de l’inciter à les consommer ;

���� il faut adapter les saveurs des CNO aux goûts du malade (salé, sucré, lacté ou non, saveurs). Il est possible de modifier l’arôme d’un produit de goût neutre ou vanillé par différents parfums (sirop de fruits, caramel, café, chocolat en poudre, etc.). Varier les produits et les arômes, en respectant les goûts du patient, peut permettre d’en améliorer la consommation ;

���� il faut adapter les CNO aux handicaps éventuels (troubles de déglutition, difficultés de préhension des objets, etc.). Il est possible de modifier la texture des boissons avec une poudre épaississante (non inclus dans la LPPR) ;

���� les CNO sont susceptibles d’être mieux consommés s’ils sont servis à la bonne température. Les produits sucrés sont souvent plus appréciés s’ils sont servis bien frais. Pour les compléments à servir chauds, il est souvent possible de les réchauffer au bain-marie ou au four à micro-ondes. Une fois ouvert, le complément peut être conservé 2 heures à température ambiante et jusqu’à 24 heures au réfrigérateur ;

���� il convient de vérifier régulièrement que les CNO prescrits sont bien consommés.

À domicile, la première prescription est effectuée pour une période de un mois maximum. Après une réévaluation médicale, les prescriptions ultérieures peuvent être établies pour une période de 3 mois maximum. Il est recommandé de fonder cette réévaluation médicale sur les paramètres suivants : ���� le poids et le statut nutritionnel ; ���� l’évolution de la (des) pathologie(s) sous-jacente(s) ; ���� l’estimation des apports alimentaires spontanés (ingesta) ; ���� la tolérance de ces compléments nutritionnels oraux ; ���� l’observance de ces compléments nutritionnels oraux.

6.2 Prescription de la nutrition entérale

La nutrition entérale est indiquée : ���� en cas d’échec de la prise en charge nutritionnelle orale ; ���� en première intention en cas de :

� troubles sévères de la déglutition, � dénutrition sévère avec apports alimentaires très faibles.

En cas de prescription d’une nutrition entérale, il est recommandé d’expliquer au malade et à son entourage les modalités de cette technique, les bénéfices escomptés, de les informer de l’organisation qu’elle requiert et de s’assurer de leur accord.

Il est recommandé que la nutrition entérale soit débutée au cours d’une hospitalisation d’au moins quelques jours pour la mise en place de la sonde, l’évaluation de la tolérance, si possible l’éducation du patient et de façon systématique l’éducation de son entourage.

En l’absence de complication, la nutrition entérale peut ensuite être poursuivie à domicile : mise en place et suivi par un prestataire de service spécialisé et éventuellement avec l’aide d’une infirmière à domicile ou une HAD, si le patient ou son entourage ne peuvent prendre en charge la nutrition entérale.

Avant le retour à domicile, il est recommandé au service prescripteur de prendre contact avec le médecin traitant et avec les soignants, afin de discuter de la démarche proposée, de

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sa faisabilité, et de préciser les procédures techniques et de suivi. Il est recommandé que le contact direct entre le service prescripteur et le médecin traitant soit complété par un support écrit et par un contact prestataire-médecin traitant.

La prescription initiale de la nutrition entérale est effectuée par un médecin hospitalier public ou privé. Il détermine le niveau d’apport nutritionnel nécessaire, informe le malade et son entourage du déroulement de la nutrition entérale à domicile, de ses objectifs et des complications possibles. Il est recommandé que la prescription s’effectue en deux temps : ���� une prescription initiale pour une durée de 14 jours, comprenant entre autres la

prestation de première installation ; ���� une prescription de suivi pour 3 mois, renouvelable.

La première prescription de suivi est effectuée par le service hospitalier à l’origine de la prescription initiale, pour une durée de trois mois. À cette occasion, une évaluation portant sur les besoins nutritionnels, les aspects de tolérance et les modalités techniques de cette procédure est recommandée dans le cadre d’une consultation hospitalière. À la fin de cette première période de 3 mois, une nouvelle évaluation est effectuée par le service à l’origine de la prescription initiale.

Les prescriptions de suivi ultérieures (renouvellements) ont lieu tous les 3 mois au cours de la première année et peuvent être effectuées par le médecin traitant. Dès le retour à domicile, il est recommandé que le médecin traitant participe à la surveillance de la nutrition entérale.

Après la première année, les renouvellements ont lieu tous les ans lors de la réévaluation annuelle qui est effectuée soit par le service hospitalier à l’origine de la prescription initiale, soit par un autre service du même établissement de soins, soit par un autre établissement de soins.

Il est recommandé que les réévaluations, lors de chaque prescription, comprennent : ���� le poids et l’état nutritionnel ; ���� l’évolution de la pathologie ; ���� la tolérance de la nutrition entérale ; ���� l’observance de la nutrition entérale ; ���� l’évaluation des apports alimentaires oraux, le cas échéant.

7 Situations particulières

7.1 Maladie d’Alzheimer

La perte de poids est fréquente au cours de la maladie d’Alzheimer. Il peut s’agir : ���� d’une perte de poids liée à la maladie d’Alzheimer elle-même. Elle est associée aux

troubles cognitifs et à la dégradation de l’autonomie. Les causes de cette perte de poids comprennent une diminution des apports alimentaires (diminution de l’appétit, troubles du comportement alimentaire, perte d’autonomie, etc.) et/ou une augmentation des dépenses énergétiques (déambulation, mouvements incessants, etc.) ;

���� d’une perte de poids secondaire à des événements pathologiques intercurrents.

Il est recommandé de proposer une prise en charge nutritionnelle orale à toutes les personnes âgées atteintes de maladie d’Alzheimer qui présentent une perte de poids.

Il est recommandé d’adapter cette prise en charge nutritionnelle orale aux éventuels troubles du comportement alimentaire, aux troubles praxiques ou aux troubles de la déglutition.

Chez les personnes âgées dénutries atteintes de maladie d’Alzheimer sévère , il n’est pas recommandé de proposer une nutrition entérale en raison du risque élevé de complications mettant en jeu le pronostic vital et en l’absence de bénéfice démontré. Si la nutrition entérale est malgré tout envisagée, la décision doit être prise après une concertation multidisciplinaire

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(médecins, infirmières, aidants familiaux et professionnels, entourage proche, etc.) et doit tenir compte à la fois des caractéristiques somatiques du malade et de considérations éthiques.

Chez les personnes âgées atteintes de maladie d’Alzheimer légère ou modérée , en cas de perte de poids brutale liée à une pathologique aiguë médico-chirurgicale ou à une détérioration de la situation socio-environnementale (perte de l’aidant, rupture dans les soins à domicile, etc.), il est recommandé de proposer une prise en charge nutritionnelle, initialement par voie orale. En cas d’échec de la prise en charge nutritionnelle orale, la nutrition entérale peut être proposée pour une durée limitée, avec l’objectif de passer un cap aigu.

Le soutien et la prise en charge d’un malade atteint de maladie d’Alzheimer peuvent constituer une charge importante pour l’entourage proche (aidant naturel), d’autant plus si la maladie est à un stade avancé ou si l’aidant est seul. Ces situations peuvent être des facteurs de risque d’épuisement et de dénutrition pour l’aidant, il est donc recommandé de surveiller aussi l’état nutritionnel de l’aidant.

7.2 Escarres

La prise en charge nutritionnelle des personnes âgées à risque d’escarres permet de réduire l’incidence de celles-ci. Il est donc recommandé de proposer une prise en charge nutritionnelle chez les personnes âgées à risque d’escarres (grade B).

Chez les personnes âgées à risque d’escarres ou avec escarres constituées, les objectifs nutritionnels sont identiques à ceux recommandés chez les personnes âgés dénutries, soit 30 à 40 kcal/kg/jour et de 1,2 à 1,5 g de protéines/kg/jour.

Si l’alimentation spontanée ne permet pas d’atteindre ces objectifs, il est recommandé de proposer une prise en charge nutritionnelle orale avec des conseils nutritionnels et un enrichissement des repas. En cas d’échec, il est recommandé de prescrire des compléments nutritionnels oraux.

Certains compléments nutritionnels oraux (enrichis en micronutriments ou pharmaconutriments) et adjuvants nutritionnels sont proposés, dans le but d’améliorer la cicatrisation. En l’absence d’études démontrant leur supériorité par rapport aux CNO standard, leur utilisation n’est pas recommandée.

En cas d’échec de la prise en charge nutritionnelle orale, il est recommandé de proposer une nutrition entérale si le bénéfice attendu est considéré comme supérieur aux risques liés à la technique, et en tenant compte à la fois des caractéristiques somatiques du malade et de considérations éthiques.

En dehors de la correction de carences établies, il n’est pas recommandé de supplémenter en micronutriments au-delà des apports nutritionnels conseillés (ANC).

7.3 Troubles de la déglutition

Les troubles de la déglutition peuvent être responsables de complications respiratoires, de dénutrition et de déshydratation. Après un bilan étiologique, il est recommandé que la prise en charge suive une approche multidisciplinaire, comprenant la prise en charge médico-chirurgicale de la pathologie causale, les conseils diététiques et la rééducation.

Dans la mesure du possible, si le risque d’inhalation est jugé faible, il est recommandé de maintenir une alimentation orale même minime. La diversité et la complexité des mécanismes impliqués dans les troubles de la déglutition font qu’il n’existe pas de régime type. Il est recommandé de ne pas proposer systématiquement un mixage des aliments, peu appétissant.

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Il est recommandé de proposer une nutrition entérale si les modifications de texture (alimentation moulinée ou mixée, épaississement des liquides, etc.) sont insuffisantes pour éviter les complications respiratoires et/ou pour couvrir les besoins nutritionnels.

Si les troubles de la déglutition persistent au-delà de 2 semaines, il est recommandé d’administrer la nutrition entérale par une gastrostomie plutôt que par sonde naso-gastrique, en tenant compte des caractéristiques somatiques du malade et de considérations éthiques.

7.4 Période de convalescence (après une pathologie aiguë ou une intervention chirurgicale)

Après une intervention chirurgicale ou un épisode médical aigu, il existe souvent une perte pondérale pouvant être liée au syndrome inflammatoire, au stress opératoire, aux périodes de jeûne, aux traitements médicamenteux, à la douleur, à un syndrome confusionnel, etc. Les personnes âgées souffrent d’une dysrégulation de l’appétit qui limite leurs capacités à retrouver spontanément leur poids antérieur.

Ainsi, au décours d’un épisode médico-chirurgical aigu, en particulier au retour d’une hospitalisation, il est recommandé d’évaluer la perte pondérale et de débuter une prise en charge nutritionnelle en cas de perte de poids.

Dans le cas particulier de la fracture du col fémoral, où la dégradation du statut nutritionnel est fréquente et où la prise en charge nutritionnelle orale a montré son efficacité pour améliorer le pronostic, il est recommandé de prescrire, de façon transitoire, des compléments nutritionnels oraux (grade B).

7.5 Dépression

La dépression se caractérise par des modifications variables de l’humeur entraînant, parmi de nombreux symptômes, des troubles des conduites alimentaires dont l’anorexie. De plus, les traitements médicamenteux contre la dépression sont eux-mêmes susceptibles de modifier la prise alimentaire.

Ces malades sont donc particulièrement à risque de dénutrition. Il est recommandé qu’ils soient régulièrement pesés lors des consultations et qu’un interrogatoire simple soit mené pour rechercher une diminution des ingesta. En cas de dénutrition ou de diminution des ingesta, il est recommandé de débuter la prise en charge nutritionnelle.

8 Quels sont les élements de coordination entre les différents intervenants (médecin généraliste, infir mière, diététicienne, gériatre, entourage…) et les différe nts lieux d’intervention (domicile, HAD, hôpital, insti tution médicalisée, etc.) ?

Les médecins (médecin traitant, médecin coordinateur d’EHPAD 11, médecin hospitalier, etc.) sont responsables du dépistage de la dénutrition et de la prise en charge nutritionnelle des personnes âgées. Ce dépistage doit se faire en collaboration avec les soignants et l’entourage.

11 Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes

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8.1 À domicile

En plus de l’aide de l’entourage, différentes aides peuvent être proposées pour améliorer la prise en charge nutritionnelle : ���� l’aide ménagère et/ou l’auxiliaire de vie sociale peuvent faire les courses, préparer les

repas, aider à la prise des repas, etc. ; ���� le portage des repas organisé par certaines mairies, associations ou entreprises

commerciales ; ���� l’accès aux foyers restaurants.

Pour l’information et la mise en place de ces dispositifs, en plus du médecin traitant, différentes structures sont à la disposition des personnes âgées, de leur entourage et des professionnels : ���� les réseaux de soins, dont les réseaux gérontologiques ; ���� les centres communaux d’action sociale (CCAS) : services administratifs qui

interviennent dans l’instruction des dossiers nécessaires pour l’attribution de ces aides. Ce sont également des lieux d’information complémentaire ;

���� les centre locaux d’information et de coordination (CLIC) : guichets d’accueil de proximité, d’information, de conseil et d’orientation, destinés aux personnes âgées et à leur entourage. Ils rassemblent toutes les informations susceptibles d’aider les personnes âgées dans leur vie quotidienne ;

���� les services sociaux.

Pour la prise en charge financière de ces aides, interviennent : ���� l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), attribuée par les services du conseil

général. Cette allocation peut permettre de financer une aide ménagère ou un portage des repas par exemple ;

���� l’aide sociale départementale (domaine de la solidarité départementale). Elle contribue au financement de l’hébergement en structure institutionnelle des plus démunis ;

���� l’aide des caisses de retraite et de certaines mutuelles.

Il est recommandé que les soignants et les aidants professionnels (aide ménagère, auxiliaire de vie sociale, etc.) bénéficient d’une formation simple au dépistage et à la prise en charge de la dénutrition. En cas de nutrition entérale à domicile, les prestataires de service ont une mission de formation des aidants naturels et professionnels, et doivent fournir le matériel et les produits de nutrition. Ils exercent une surveillance de la tolérance des modalités d’administration de la nutrition entérale et informent le médecin de toute anomalie du dispositif. Cette surveillance nutritionnelle est assurée par une diététicienne ou une infirmière.

Les services d’hospitalisation à domicile (HAD) ont également pour mission d’assurer la prise en charge nutritionnelle des malades qu’ils ont en charge. Cette prise en charge doit être assurée par une diététicienne ou une infirmière.

8.2 En institution

En institution, il est recommandé que la direction de l’établissement et les soignants, encadrés par le médecin coordinateur ou le médecin traitant, portent une attention toute particulière au dépistage de la dénutrition, d’abord au cours de l’évaluation gérontologique effectuée lors de toute admission, puis par la mesure mensuelle du poids et la surveillance des apports alimentaires.

La prise en charge de la dénutrition est effectuée de manière multidisciplinaire, supervisée par le médecin coordinateur.

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8.3 À l’hôpital

Le comité de liaison alimentation et nutrition (CLAN), constitué de médecins, directeurs administratifs, cadres de santé, diététiciens, pharmaciens, infirmiers et aides-soignants, a pour mission de participer, par ses avis ou propositions, à l’amélioration de la prise en charge nutritionnelle des malades et à la qualité de l’ensemble de la prestation alimentation-nutrition. La création dans les hôpitaux d’unités transversales de nutrition (UTN) destinées à prendre en charge de manière globale la dénutrition est recommandée.

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Annexe 1. Modalités d’enrichissement des repas Modalités d’enrichissement des repas Poudre de lait Lait concentré entier

3 cuillères à soupe (~ 20 g) apportent ~ 8 g de protéines

Poudre de protéines (1 à 3 cuillères à soupe/jour)

1 cuillère à soupe (~ 5g) dans 150 ml de liquide ou 150 g de purée apporte ~ 5 g de protéines

Fromage râpé/fromage fondu type crème de gruyère

20 g de gruyère ~ 5 g de protéines 1 crème de gruyère de 30 g ~ 4 g de protéines

Œufs 1 jaune d’œuf ~ 3 g de protéines Crème fraîche épaisse 1 cuillère à soupe (~ 25 g) = ~ 80 calories Beurre fondu/huile 1 cuillère à soupe (~ 10 g) = ~ 75 à 90 calories

♦ Les potages En y ajoutant des pâtes à potage, du tapioca, du pain, des croûtons, de la crème fraîche, du beurre, du fromage (gruyère, crèmes de gruyère…), du lait en poudre, des œufs, du jambon. Penser aux soupes de poissons.

♦ Les entrées Compléter les crudités avec des œufs durs, du jambon émincé, des lardons, des dés de poulet, du thon, des sardines, des harengs, des crevettes, du surimi, des cubes de fromage, des croûtons, du maïs, des raisins secs, des olives… Varier avec du saucisson, des pâtés, des salades de pommes de terre ou de céréales, des entrées pâtissières…

♦ Le plat protidique Choisir des plats naturellement riches, tels que des viandes en sauce, des soufflés, des gratins de poisson, des quenelles, des lasagnes, des pâtes farcies…

♦ Les légumes

Les servir plutôt en béchamel, en sauce blanche ou en gratins enrichis avec du lait en poudre, du gruyère, de la crème fraîche, du beurre, des œufs, de la viande hachée…

♦ Les purées En ajoutant des jaunes d’œufs, du gruyère ou autre fromage râpé, du lait en poudre…

♦ Les pâtes et le riz En les additionnant de parmesan ou gruyère râpé, de beurre, de crème fraîche, de jaunes d’œufs comme pour la carbonara, de lardons, de jambon, de viande hachée comme pour la bolognaise, de petits pois, avec des morceaux d’omelette comme pour le riz cantonnais…

♦ Les laitages et desserts En incorporant du lait en poudre, du lait concentré sucré, de la crème fraîche, de la confiture, du miel, de la crème de marron, du caramel, du chocolat, des nappages à la fraise, des fruits comme la banane, des fruits au sirop, etc. Les desserts les plus énergétiques sont : les gâteaux de riz ou semoule, les flans aux œufs, les crèmes anglaises ou pâtissières, les clafoutis de fruits, les quatre-quarts, les gratins de fruits…

♦ Les boissons Enrichir le lait avec du lait en poudre (soit une cuillère à soupe pour 100 ml de lait entier de préférence) à consommer chaud ou froid aromatisé (chocolat, café, sirop de fruits). Penser au lait de poule (un œuf battu avec du lait, du sucre, de la vanille ou du rhum), au milk-shake (lait battu avec crème fraîche et fruits). Enrichir le jus de fruits avec du lait en poudre, du miel.

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Annexe 2. Mini Nutritional Assessment (MNA ®) D’après le Nestlé Nutrition Institute, 2006 : http://www.mna-elderly.com/practice/forms/MNA_french.pdf Société des Produits Nestlé S.A., Vevey, Suisse, Trademark Owners Nom : _______________ Prénom : ______________ Sexe : _____ Date : _________ Âge : /__/__/ Poids : /__/__/ kg Taille : /__/__/__/ cm Hauteur du genou : /__/__/ cm Dépistage Le patient présente-t-il une perte d’appétit ? A-t-il mangé moins ces 3 derniers mois par manque d’appétit, problèmes digestifs, difficultés de mastication ou de déglutition ? 0 : anorexie sévère ; 1 : anorexie modérée ; 2 : pas d’anorexie Perte récente de poids (< 3 mois) ? 0 : perte > 3 kg ; 1 : ne sait pas ; 2 : perte entre 1 et 3 kg ; 3 : pas de perte Motricité ? 0 : du lit au fauteuil ; 1 : autonome à l’intérieur ; 2 : sort du domicile Maladie aiguë ou stress psychologique lors des 3 derniers mois ? 0 : oui ; 2 : non Problèmes neuropsychologiques ? 0 : démence ou dépression sévère ; 1 : démence ou dépression modérée ; 2 : pas de problème psychologique Index de masse corporelle ? IMC = poids/taille² en kg/m² 0 : IMC < 19 ; 1 : 19 < IMC < 21 ; 2 : 21 < IMC < 23 ; 3 : IMC > 23 Score de dépistage (sous-total max. 14 points) 12 points ou plus : normal, pas besoin de continuer l’évaluation 11 points ou moins : possibilité de malnutrition – continuer l’évaluation Évaluation globale Le patient vit-il de façon indépendante à domicile ? 0 : non ; 1 : oui Prend-il plus de 3 médicaments par jour ? 0 : oui ; 1 : non A-t-il des escarres ou plaies cutanées ? 0 : oui ; 1 : non Combien de véritables repas le patient prend-il par jour ? 0 : 1 repas ; 1 : 2 repas ; 2 : 3 repas Consomme-t-il : - une fois par jour au moins des produits laitiers ? Oui Non - une ou deux fois par semaine des œufs ou des légumineuses ? Oui Non - chaque jour de la viande, du poisson ou de la volaille ? Oui Non 0,0 : si 0 ou 1 oui ; 0,5 : si 2 oui ; 1,0 : si 3 oui , Consomme-t-il deux fois par jour au moins des fruits ou des légumes ? 0 : non ; 1 : oui Combien de verres de boissons consomme-t-il par jour ? (eau, jus, café, thé, lait, vin, bière…) , 0,0 : < 3 verres ; 0,5 : 3 à 5 verres ; 1,0 : > 5 verres Manière de se nourrir 0 : nécessite une assistance ; 1 : se nourrit seul avec difficulté ; 2 : se nourrit seul sans difficulté Le patient se considère-t-il bien nourri ? (problèmes nutritionnels) 0 : malnutrition sévère ; 1 : ne sait pas, ou malnutrition modérée ; 2 : pas de problème de nutrition Le patient se sent-il en meilleure ou en moins bonne santé que la plupart des personnes de son âge ? , 0,0 : moins bonne ; 0,5 : ne sait pas ; 1,0 : aussi bonne ; 2,0 : meilleure Circonférence brachiale (CB en cm) , 0,0 : CB < 21 ; 0,5 : 21 < CB < 22 1,0 : CB > 22 Circonférence du mollet (CM en cm) 0 : CM < 31 ; 1 : CM > 31 Évaluation globale (max. 16 points) , Score de dépistage SCORE TOTAL (maximum 30 points) , Appréciation de l’état nutritionnel 17 à 23,5 points : risque de malnutrition < 17 points : mauvais état nutritionnel

Références récentes concernant le MNA : Rubenstein LZ, Harker JO, Salvà A, Guigoz Y, Vellas B. Screening for undernutrition in geriatric practice: developing the Short-Form Mini-Nutritional Assessment (MNA-SF). J Gerontol 2001;56A(6):M366-72. Vellas B, Villars H, Abellan G, Soto ME, Rolland Y, Guigoz Y, et al. Overview of the MNA®. Its history and challenges. J Nutr Health Aging 2006;10(6):456-63. Guigoz Y. The Mini Nutritional Assessment (MNA®) review of the literature. What does it tell us? J Nutr Health Aging 2006;10(6):466-85.

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Annexe 3. Fiche de surveillance alimentaire, d’aprè s les travaux du CNANES dans le cadre du PNNS 1 CNANES : Comité National de l'Alimentation et de la Nutrition des Etablissements de Santé http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/nutri_hosp/sommaire.htm

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Participants

Sociétés savantes et associations professionnelles invitées à participer : Association des diététiciens de langue française Association française des directeurs de soins Club francophone de gériatrie et nutrition Collège français de médecine générale Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile Fédération nationale des infirmiers Société de formation thérapeutique du généraliste Société française d’accompagnement et de soins palliatifs Société française de documentation et de recherche en médecine générale Société française de gériatrie et de gérontologie Société française de nutrition Société francophone de nutrition entérale et parentérale Société nationale française de gastro-entérologie Société nationale française de médecine interne

Comité d’organisation Dr Astrid Aubry, gériatre, Aix Pr Thierry Constans, gériatre, Tours Mme Marie-Dominique Daniel-Lamazière, diététicienne, Bordeaux Mme Nadine Favier, infirmière, Paris Dr Madeleine Favre, généraliste, Vincennes Dr Monique Ferry, gériatre, nutritionniste, Valence Pr Éric Lerebours, gastro-entérologue, nutritionniste, Rouen

Pr Bruno Lesourd, gériatre, nutritionniste, Clermont-Ferrand Mme Françoise Meissan, Directrice HAD, Nantes Pr Muriel Rainfray, gériatre, Bordeaux Dr Claude Rosenzweig, généraliste, Gévezé Pr Bruno Vellas, médecin interniste, gériatre, Toulouse

Groupe de travail Pr Xavier Hébuterne, hépato-gastro-entérologue, nutritionniste, Nice - président du groupe de travail Dr Agathe Raynaud, gériatre, Ivry-sur-Seine - chargée de projet Dr Christine Revel-Delhom, chef de projet, HAS, Saint-Denis Mme Danielle Alexandre, diététicienne, Lille Dr Emmanuel Alix, gériatre, Le Mans Mme Raphaëlle Ancellin, chef de projet Afssa, Maisons-Alfort Dr Bouteloup Corinne, hépato-gastro-entérologue, nutritionniste, Clermont-Ferrand Pr Patrice Brocker, gériatre, Nice Dr Sylvie Chapiro, gériatre, Villejuif Dr Nathalie Dumarcet, chef de projet Afssaps, Saint-Denis Mme Adeline Haslé, diététicienne, Blois

Dr Jean-Marc Lecocq, gériatre, généraliste, Sugères Mme Marie-Paule Lefèvre, assistante sociale, Ivry-sur-Seine Mme Anne l’Hermine, infirmière coordinatrice HAD, Nantes Dr Jérôme Lurcel, généraliste, gériatre, Paris Mme Nadine Ménivard, cadre de santé, Nantes Mme Marie-Anne Perette, infirmière, Euville Mme Anne-Marie Perrin, cadre de santé en service de soins à domicile, Ambert

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Groupe de lecture Mme Aurélie Baptiste, diététicienne, Limoges Dr Philippe Bergerot, oncologue, radiothérapeute, rapporteur CESS, Saint-Nazaire Mme Séverine Bergon, pharmacienne, DGS, Paris Mme Annick Boissel, infirmière libérale, Aix-en-Provence Pr Isabelle Bourdel-Marchasson, gériatre, Bordeaux Dr Valérie Brénière, gériatre, Aix-en-Provence Dr Claudine Castany-Serra, soins palliatifs, VIH, Salon-de-Provence Dr Annie Chambon, gériatrie, Ambert Dr Nathalie Charasz, gériatrie, Paris Dr Dominique Chavanne, gériatre, Tours Mme Cécile Cimetière, psychologue, Ivry-sur-Seine Dr Isabelle Cusier-Jeudy, généraliste, gérontologue, Montmarault Mme Laurence Debord-René, diététicienne, Montmorillon Pr Jacques Delarue, nutritionniste, Brest Dr Eric Drahi, généraliste, rapporteur CESS, Saint-Jean-de-Braye Dr Jean-Louis Ducros, gériatre, généraliste, Saint-Gérand-le-Puy Mme Carole Durand, psychologue clinicienne, Angers Dr Anne Fourquier, médecin coordinateur HAD, Nantes Dr Claire Guédon, gastro-entérologue, Rouen Pr Marc Heim, gériatre, Marseille

Dr Raymond Hermet, gériatre, soins palliatifs, Cébazat Mme Sylvie Humbert, diététicienne, Paris Dr Martine Iehl-Robert, gériatrie, rhumatologie, Besançon Dr Marc Lamandé, gériatre, Tours Dr Jean-Michel Lecerf, endocrinologue, nutritionniste, Lille M. Jean-Paul Lemoine, infirmier libéral, Sangatte Mme Christine Martinez, diététicienne, Pessac Dr Aude Massoulard, gériatre, médecin coordinateur réseau LINUT, Limoges Dr Olivier Michel, gériatre, Rennes Mme Claire Moysset, diététicienne, Paris Dr Bertrand Mussetta, chef de projet HAS, Saint-Denis Dr Sophie Olesker, généraliste, Antony Pr Fred Paccaud, spécialiste FMH prévention et santé publique, rapporteur CESS, Lausanne Pr Claude Pichard, nutritionniste, Genève Pr Jean-Pierre Poulain, sociologue, Toulouse Dr Jean-Antoine Rosati, généraliste, Chantelle Pr Jean-Louis Schlienger, médecin interniste, nutritionniste, Strasbourg Dr David Séguy, gastro-entérologue, nutritionniste, Lille Dr Denise Strubel, gériatre, Nîmes Dr Catherine Taillefer, pharmacien hospitalier, Tarascon M. Pierre Van Cuyck, diététicien, Langon

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Fiche descriptive

TITRE Stratégie de prise en charge en cas de dénutrition protéino-énergétique chez la personne âgée

Méthode de travail Recommandations pour la pratique clinique

Objectif(s) L’objectif de ces recommandations est d’élaborer un outil pratique de repérage et de prise en charge de la personne âgée dénutrie ou à risque de dénutrition

Professionnel(s) concerné(s)

Tous les professionnels de santé amenés à prendre en charge une personne âgée dénutrie ou à risque de dénutrition, et plus particulièrement les médecins généralistes, les gériatres, ainsi que les diététiciens, les infirmiers, les médecins nutritionnistes et les gastro-entérologues

Demandeur Direction générale de la santé

Promoteur Haute Autorité de santé

Financement Fonds publics

Pilotage du projet

Coordination : Dr Christine Revel, chef de projet, service des recommandations professionnelles de la HAS ; Dr Najoua Mlika-Cabanne, adjoint du chef de service (chef de service : Dr Patrice Dosquet)

Secrétariat : Mme Isabelle Le Puil

Recherche documentaire : Mme Mireille Cecchin, avec l’aide de Mme Sylvie Lascols, service de documentation de la HAS (chef de service : Mme Frédérique Pagès)

Participants

Sociétés savantes, comité d’organisation, groupe de travail (président : Pr Xavier Hébuterne, gastro-entérologue, nutritionniste, Nice), groupe de lecture : cf. liste des participants.

Les participants au comité d’organisation et au groupe de travail ont communiqué une déclaration d’intérêts à la HAS.

Recherche documentaire De janvier 1995 à juin 2006

Auteurs

de l’argumentaire

Dr Agathe Raynaud-Simon, gériatre, Ivry-sur-Seine ; Dr Christine Revel, chef de projet, HAS, Saint-Denis

Validation

Avis de la Commission évaluation des stratégies de santé en mars 2007

Validation par le Collège de la HAS en Avril 2007

Autres formats Fiche de synthèse et argumentaire, téléchargeables gratuitement sur www.has-sante.fr

ÉVALUATION DIAGNOSTIQUE DE LA DÉNUTRITION PROTÉINO-ÉNERGÉTIQUE

DES ADULTES HOSPITALISÉS

Septembre 2003 Service des recommandations professionnelles

Évaluation diagnostique de la dénutrition protéino-énergétique des adultes hospitalisés

Anaes / Service des recommandations professionnelles / Septembre 2003 2

Les recommandations sur « l’évaluation diagnostique de la dénutrition protéino-énergétique des adultes hospitalisés » ont été élaborées à la demande de la Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (DHOS) dans le cadre du programme national nutrition et santé (PNNS). Les sociétés savantes dont les noms suivent ont été sollicitées pour l’élaboration de ces recommandations :

• Association des diététiciens de langue française ; • Centre de documentation et de recherche en médecine générale ; • Collège national des généralistes enseignants ; • Société de formation thérapeutique du généraliste ; • Société française de gérontologie ; • Société française de médecine générale ; • Société francophone de dialyse ; • Société francophone de nutrition entérale et parentérale ; • Société nationale française de gastro-entérologie ; • Société nationale française de médecine interne ; • Société de néphrologie ; • Société de nutrition et diététique de langue française ; • Société de pneumologie de langue française.

L’ensemble du travail a été coordonné par le Dr Sandrine DANET, chef de projet, sous la direction du Dr Patrice DOSQUET, responsable du service des recommandations professionnelles. La recherche documentaire a été effectuée par Mme Christine DEVAUD et Mlle Mireille CECCHIN, documentalistes, avec l’aide de Mlle Renée CARDOSO, sous la direction de Mme Rabia BAZI, responsable du service de documentation. Le secrétariat a été réalisé par Mlle Élodie SALLEZ. L’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé tient à remercier les membres du comité d’organisation, des groupes de travail et de cotation et de son conseil scientifique qui ont participé à ce travail.

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Anaes / Service des recommandations professionnelles / Septembre 2003 3

COMITÉ D’ORGANISATION

Dr Jean-Louis DEMEAUX, médecin généraliste, Bordeaux Pr Denis FOUQUE, néphrologue, Lyon Pr Michel HASSELMANN, nutritionniste, Strasbourg Pr Xavier HEBUTERNE, gastro-entérologue, Nice Dr Jean-Pierre JUQUEL, néphrologue, Paris Pr Jean-Claude MELCHIOR, nutritionniste, Garches Mme Louisette MONIER, cadre de santé diététicienne, Blois Pr Pierre PFITZENMEYER, gériatre, Dijon Dr Viviane QUEYREL, médecine interne, Lille

GROUPE DE TRAVAIL

Pr Michel HASSELMANN, réanimateur médical, Strasbourg – Président du groupe de travail Dr Christine CHAN CHEE-MORTIER, épidémiologiste, Paris – Chargée de projet Pr Charles COUET, nutritionniste, Tours Dr Sandrine DANET, chef de projet Anaes

GROUPE DE COTATION

Dr Raymond AZAR, néphrologue, Dunkerque Dr Cécile CHAMBRIER, nutritionniste, anesthésiste-réanimateur, Lyon Mme Chantal DAVY, diététicienne, Cannes Dr Philippe DUSSON, médecin généraliste, Mérignac Dr Monique FERRY, gériatre, nutritionniste, Valence Mlle Agnès FROUX, cadre de santé diététicienne, Sevran Pr Éric LEREBOURS, hépato-gastro-entérologue, nutritionniste, Rouen Pr Bruno LESOURD, gériatre, nutritionniste, Cébazat Pr Jean-Paul RIOU, nutritionniste, Lyon Pr Monique ROMON, nutritionniste, Lille Dr Chantal SIMON, nutritionniste, endocrinologue, Strasbourg

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Anaes / Service des recommandations professionnelles / Septembre 2003 4

RECOMMANDATIONS

I. INTRODUCTION

I.1. Origine de la demande, cibles professionnelles et population ciblée par les recommandations

Les recommandations sur « l’évaluation diagnostique de la dénutrition protéino-énergétique des adultes hospitalisés » ont été élaborées à la demande de la Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (DHOS) dans le cadre du programme national nutrition et santé (PNNS). Ces recommandations sont destinées à tous les professionnels de santé des établissements de santé et concernent les adultes hospitalisés, en dehors de toute situation d’agression aiguë et en dehors de la grossesse. Les problèmes plus spécifiques de la dénutrition des patients cancéreux ou atteints du SIDA et ceux de la dénutrition des patients en réanimation ou en unité de soins intensifs ne sont pas abordés.

I.2. Aspects méthodologiques

L’évaluation des outils diagnostiques de l’état nutritionnel, dans un objectif de dépistage ou de diagnostic proprement dit, se heurte à deux difficultés majeures liées entre elles : - l’absence de définition consensuelle et opérationnelle pour caractériser l’état de

dénutrition, le diagnostic de dénutrition reposant sur un faisceau d’arguments ; - l’absence de gold standard permettant d’évaluer puis de comparer les outils entre eux. Il s’ensuit que l’évaluation des outils diagnostiques de l’état nutritionnel ne peut être qu’indirecte par l’étude des complications liées à la dénutrition (morbidité et/ou mortalité) et que des recommandations sur ce thème ne peuvent reposer que sur un accord professionnel. Malgré ces difficultés et afin de contribuer à l’amélioration de la prise en charge des patients hospitalisés et de répondre aux besoins des professionnels, des outils simples à mettre en œuvre pour rechercher une dénutrition dès le début de l’hospitalisation, ainsi que des critères devant conduire à évoquer le diagnostic de dénutrition, sont proposés. Ces recommandations reposent sur un accord professionnel. L’accord professionnel a été établi par la méthode du « consensus professionnel formalisé » décrite en annexe 1.

I.3. Outils diagnostiques évalués

Les outils diagnostiques évalués dans le cadre de la demande sont : - les mesures anthropométriques : le poids et la taille, l’indice de masse corporelle

(IMC), les plis cutanés et la circonférence des membres ; - les marqueurs biochimiques et biologiques : l’albumine, la préalbumine, la protéine

vectrice du rétinol, la transferrine, la créatininurie des 24 heures, l’index créatininurie/taille, le taux de lymphocytes, la 3 méthylhistidine urinaire et l’IGF-I ;

- les index multifactoriels : le Prognostic Inflammatory and Nutritional Index (PINI), l’index de Mullen ou Prognostic Nutritional Index (PNI), l’index de Buzby ou Nutritional Risk Index (NRI), l’index de Detsky ou Subjective Global Assessment (SGA) et le Mini Nutritional Assessment (MNA®).

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N’ont pas été évaluées : les méthodes d’évaluation de la prise alimentaire (en particulier les questionnaires alimentaires) et les techniques complexes d’évaluation de l’état nutritionnel telles que l’impédancemétrie bioélectrique, la densitométrie hydrostatique, l’absorptiométrie biphotonique, la dilution isotopique, la tomodensitométrie et la résonance magnétique nucléaire. La prise en charge des patients dénutris n’est pas abordée.

I.4. Définitions retenues par le groupe de travail

I.4.1. Dénutrition protéino-énergétique

La dénutrition protéino-énergétique résulte d’un déséquilibre entre les apports et les besoins protéino-énergétiques de l’organisme. Ce déséquilibre entraîne des pertes tissulaires ayant des conséquences fonctionnelles délétères. Il s’agit d’une perte tissulaire involontaire. L’amaigrissement se différencie de la dénutrition par le caractère non délétère de la perte pondérale. Il peut être volontaire ou non.

I.4.2. Situation d’agression aiguë

La définition proposée de la « situation d’agression aiguë », est issue de la conférence de consensus « Nutrition de l’agressé » réalisée par la Société francophone de nutrition entérale et parentérale, en 1997 : - « l’agression » résulte d’une situation aiguë induisant des réactions inflammatoires et

des modifications endocriniennes responsables d’une augmentation de la dépense énergétique et d’un hypercatabolisme azoté ;

- « l’adulte agressé en phase aiguë » est un patient dont la gravité générale, du fait de la nature de l’agression ou de son association à un état pathologique antérieur, entraîne une incapacité totale ou partielle à assurer ses besoins nutritionnels pendant plus d’une semaine.

I.4.3. Prise en compte de l’âge des patients

Devant l’existence d’outils spécifiques pour l’évaluation de l’état nutritionnel ainsi que l’importance d’une prise en charge précoce chez les personnes âgées, le groupe de travail a proposé des recommandations chez l’adulte en tenant compte de l’âge. La limite entre adulte « jeune » et adulte « âgé » a été fixée à 70 ans sur l’avis des experts en gériatrie.

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II. OUTILS À METTRE EN ŒUVRE CHEZ TOUS LES ADULTES HOSPITALISÉS, À L’ENTRÉE À L’HÔPITAL

Parmi les outils diagnostiques évalués, le groupe de travail propose l’utilisation d’outils diagnostiques « simples », c’est-à-dire pouvant être mis en œuvre à l’hôpital par des équipes non spécialisées en nutrition (cf. tableau 1).

Ø Il est recommandé d’évaluer l’état nutritionnel de tous les patients adultes hospitalisés par :

- le calcul de l’indice de masse corporelle : IMC (kg/m²) = (m²)taille²(kg)poids

à partir de la mesure du poids et la mesure ou l’estimation de la taille ;

- le calcul de la perte de poids (en %) par rapport à une valeur antérieure à l’hospitalisation actuelle, mentionnée dans un dossier médical précédent ;

- le calcul du score de dépistage avec le Mini Nutritional Assessment ou MNA-SF® (sur

14 points) chez les sujets adultes âgés de plus de 70 ans (cf. annexe 2).

Ø Mesure du poids

Il est recommandé de mesurer le poids chez un patient, de préférence en sous-vêtements et vessie vide, par une méthode appropriée à son degré d’autonomie : pèse-personne, chaise-balance ou système de pesée couplé au lève-malade.

Ø Mesure ou estimation de la taille

• Chez les patients pouvant tenir debout et n’ayant pas de troubles de la statique dorsale (cyphose, scoliose, tassements vertébraux), il est recommandé de mesurer la taille à l’aide d’une toise.

• Chez les patients âgés de plus de 70 ans ayant des troubles de la statique dorsale (cyphose, scoliose, tassements vertébraux), il est recommandé d’estimer la taille en utilisant l’équation de Chumléa :

- chez la femme :

taille (cm) = 84,88 – 0,24 x âge (années) + 1,83 x taille de la jambe (cm) ;

- chez l’homme :

taille (cm) = 64,19 – 0,04 x âge (années) + 2,03 x taille de la jambe (cm).

Dans ce cas, il est recommandé de mesurer la taille de la jambe chez le patient en décubitus dorsal, genoux fléchis à 90°, à l’aide d’une toise pédiatrique placée sous le pied et la partie mobile appuyée au-dessus du genou au niveau des condyles.

• Chez les patients âgés de moins de 70 ans, avec des troubles de la statique dorsale (cyphose, scoliose, tassements vertébraux), il n’y a pas d’accord professionnel sur la méthode à employer pour l’estimation de la taille.

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Ø Il est recommandé de compléter l’évaluation de l’état nutritionnel par l’évaluation qualitative et/ou quantitative de la prise alimentaire. Les méthodes d’évaluation de la prise alimentaire étant hors du champ des présentes recommandations, les méthodes à utiliser et leur mise en œuvre restent à l’appréciation des professionnels en l’absence de recommandations qu’il conviendrait de faire.

Ø Pour l’évaluation de l’état nutritionnel des adultes hospitalisés, il n’y a pas d’accord professionnel sur la mesure systématique à l’entrée des patients à l’hôpital :

- de paramètres biochimiques (en particulier l’albuminémie et la préalbuminémie) ;

- de paramètres biologiques (taux de lymphocytes) ;

- des index autres que le MNA-SF®.

En revanche, les résultats de l’albuminémie et de la préalbuminémie (transthyrétinémie) peuvent conduire à évoquer le diagnostic de dénutrition ; la réalisation de ces dosages est laissée à l’appréciation du prescripteur. Il est recommandé dans un objectif d’évaluation de l’état nutritionnel d’interpréter leur valeur en tenant compte de l’état inflammatoire du patient. La définition retenue par le groupe est la suivante : un état ou syndrome inflammatoire est défini par l’élévation concomitante de 2 des 3 paramètres suivants : - vitesse de sédimentation (VS)

VS > âge/2 chez l’homme ou VS > (âge + 10) / 2 chez la femme ; - C-réactive protéine (CRP)

CRP > 15 mg/l - haptoglobine > 2,5 g/l. Tableau 1. Méthodes d’évaluation de l’état nutritionnel recommandées à l’entrée du patient à l’hôpital. Méthodes anthropométriques Poids, taille

Calcul de l’IMC

Méthodes biologiques et/ou biochimiques

Aucune méthode recommandée à titre systématique

Index Calcul du score de dépistage par le MNA-SF® chez les patients ≥ 70 ans

Évaluation de la prise alimentaire Évaluation nécessaire

Méthode(s) laissée(s) à l’appréciation des professionnels

III. CRITÈRES DIAGNOSTIQUES DE LA DÉNUTRITION

Le diagnostic de dénutrition repose sur un faisceau d’arguments incluant des éléments de l’interrogatoire sur la prise alimentaire et l’évaluation des ingesta, des éléments cliniques s’appuyant sur les résultats de mesures anthropométriques, biologiques et/ou d’index multifactoriels, voire de méthodes d’évaluation plus complexes. Aucun élément pris isolément n’est spécifique de la dénutrition. Concernant les outils « simples » d’évaluation de l’état nutritionnel pouvant être mis en œuvre à l’hôpital par des équipes non spécialisées en nutrition, il y a eu un accord professionnel sur les recommandations, résumées dans les tableaux 2 et 3.

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Les critères diagnostiques proposés, qui ne peuvent faire l’objet d’une validation spécifique pour les raisons énoncées plus haut, sont issus d’un consensus professionnel formalisé et doivent être considérés comme indicatifs. Pour le choix des seuils, les considérations suivantes ont prévalu : - pour les sujets âgés de plus de 70 ans : l’importance d’une prise en charge précoce,

d’où le choix de seuils plus sensibles ; - pour les sujets âgés de moins de 70 ans : limiter le nombre de faux positifs, c’est-à-dire

le nombre de patients qui seraient considérés « à tort » comme dénutris.

III.1. Critères permettant d’évoquer le diagnostic de dénutrition

Ø À partir des mesures qu’il est recommandé de réaliser à l’entrée du patient à l’hôpital (cf. tableau 1), il est recommandé d’évoquer le diagnostic de dénutrition dans les circonstances suivantes :

• Chez les patients < 70 ans :

- perte de poids ≥ 10 % par rapport à une valeur antérieure à l’hospitalisation actuelle, mentionnée dans un dossier médical précédent ;

- perte de poids ≥ 5 % en 1 mois par rapport à une valeur antérieure à l’hospitalisation actuelle, mentionnée dans un dossier médical précédent ;

- IMC ≤ 17 kg/m².

• Chez les patients ≥ 70 ans :

- perte de poids ≥ 10 % par rapport à une valeur antérieure à l’hospitalisation actuelle, mentionnée dans un dossier médical précédent ;

- perte de poids ≥ 5 % en 1 mois ou ≥ 10 % en 6 mois, par rapport à une valeur antérieure à l’hospitalisation actuelle, mentionnée dans un dossier médical précédent ;

- IMC ≤ 20 kg/m² ;

- MNA-SF® ≤ 11.

Ø Si le prescripteur a dosé l’albuminémie et la préalbuminémie, il est recommandé d’évoquer le diagnostic de dénutrition dans les circonstances suivantes :

• Chez les patients < 70 ans, en l’absence de syndrome inflammatoire :

- albuminémie < 30 g/l ;

- préalbuminémie (transthyrétinémie) < 110 mg/l.

• Chez les patients ≥ 70 ans, en l’absence de syndrome inflammatoire :

- albuminémie : pas d’accord professionnel sur un seuil précis 1 ;

1 En l’absence d’accord professionnel et selon l’avis des experts en gériatrie du groupe de cotation, le seuil proposé chez l’adulte < 70 ans peut être retenu chez l’adulte ≥ 70 ans.

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- préalbuminémie (transthyrétinémie) < 110 mg/l.

Tableau 2. Critères permettant d’évoquer le diagnostic de dénutrition à partir d’outils diagnostiques « simples ». Âge < 70 ans Âge ≥ 70 ans Mesures anthropométriques recommandées pour l’évaluation de l’état nutritionnel à l’entrée à l’hôpital

- Perte de poids ≥ 10 % - Perte de poids ≥ 5 % en 1 mois - IMC ≤ 17 kg/m²

- Perte de poids ≥ 10 % - Perte de poids ≥ 10 % en 6 mois - Perte de poids ≥ 5 % en 1 mois - IMC ≤ 20 kg/m²

Mesures biochimiques lorsque le dosage est réalisé

- Albuminémie* < 30 g/l - Préalbuminémie* < 110 mg/l

- Albuminémie* < 30 g/l ** - Préalbuminémie* < 110 mg/l

Calcul d’index recommandé pour l’évaluation de l’état nutritionnel à l’entrée à l’hôpital

-

MNA-SF® ≤ 11

* En l’absence de syndrome inflammatoire défini par l’élévation concomitante de 2 des 3 paramètres suivants : VS > âge/2 chez l’homme ou VS > (âge + 10)/2 chez la femme ; CRP > 15mg/l ; haptoglobine > 2,5 g/l ; ** en l’absence d’accord professionnel sur un seuil précis et selon l’avis des experts en gériatrie du groupe de cotation, le seuil proposé chez l’adulte < 70 ans peut être retenu chez l’adulte ≥ 70 ans.

III.2. Critères permettant d’évoquer le diagnostic de dénutrition sévère

Ø À partir des mesures qu’il est recommandé de réaliser à l’entrée du patient à l’hôpital (cf. tableau 1), il est recommandé d’évoquer le diagnostic de dénutrition sévère dans les circonstances suivantes :

• Chez les patients < 70 ans : perte de poids ≥ 15 % en 6 mois ou ≥ 10 % en 1 mois par rapport à une valeur antérieure à l’hospitalisation actuelle, mentionnée dans un dossier médical précédent.

• Chez les patients ≥ 70 ans : perte de poids ≥ 15 % en 6 mois ou ≥ 10 % en 1 mois par rapport à une valeur antérieure à l’hospitalisation actuelle, mentionnée dans un dossier médical précédent.

Ø Lorsque le diagnostic de dénutrition sévère est évoqué, il est recommandé de doser la préalbuminémie.

Ø Si le prescripteur a dosé l’albuminémie et la préalbuminémie, il est recommandé d’évoquer le diagnostic de dénutrition sévère dans les circonstances suivantes :

• Chez les patients < 70 ans, en l’absence de syndrome inflammatoire :

- albuminémie < 20 g/l ;

- préalbuminémie (transthyrétinémie) < 50 mg/l.

• Chez les patients ≥ 70 ans, en l’absence de syndrome inflammatoire :

- albuminémie < 25 g/l ;

- préalbuminémie (transthyrétinémie) < 50 mg/l.

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Tableau 3. Critères permettant d’évoquer le diagnostic de dénutrition sévère à partir d’outils diagnostiques « simples ». Âge < 70 ans Âge ≥ 70 ans Mesures anthropométriques recommandées pour l’évaluation de l’état nutritionnel à l’entrée à l’hôpital

- Perte de poids ≥ 15 % en 6 mois - Perte de poids ≥ 10 % en 1 mois

- Perte de poids ≥ 15 % en 6 mois - Perte de poids ≥ 10 % en 1 mois

Mesures biochimiques - lorsque le dosage est réalisé - recommandées pour l’évaluation de la sévérité de la dénutrition

- Albuminémie* < 20 g/l - Préalbuminémie* < 50 mg/l

- Albuminémie* < 25 g/l - Préalbuminémie* < 50 mg/l

Calcul d’index recommandé pour l’évaluation de l’état nutritionnel à l’entrée à l’hôpital

-

-

* En l’absence de syndrome inflammatoire défini par l’élévation concomitante de 2 des 3 paramètres suivants : VS > âge/2 chez l’homme ou VS > (âge + 10)/2 chez la femme ; CRP > 15mg/l ; haptoglobine > 2,5 g/l.

IV. RÉÉVALUATION DE L’ÉTAT NUTRITIONNEL AU COURS DE L’HOSPITALISATION

Ø Chez les patients non dénutris à l’entrée et qui ne nécessitaient pas de prise en charge nutritionnelle initiale particulière, il est recommandé de réévaluer systématiquement leur état nutritionnel au cours de l’hospitalisation :

• En court séjour de médecine ou de chirurgie :

- pour les patients < 70 ans : par la mesure du poids et le calcul de la perte de poids (pas de consensus sur la périodicité) ;

- pour les patients ≥ 70 ans : toutes les semaines, par la mesure du poids et le calcul de la perte de poids.

• En soins de suite et de réadaptation fonctionnelle ou en soins de longue durée :

- pour les patients < 70 ans : tous les mois, par la mesure du poids et le calcul de la perte de poids ;

- pour les patients ≥ 70 ans : tous les mois, par la mesure du poids et le calcul de la perte de poids.

Ø Chez les patients non dénutris à l’entrée et ne nécessitant pas de prise en charge nutritionnelle initiale particulière, il est recommandé de réévaluer leur état nutritionnel au cours de l’hospitalisation :

• Dans l’une ou plusieurs des circonstances suivantes :

- maladie hypercatabolisante (ou cachectisante) non contenue pendant 7 jours, au cours de l’hospitalisation ;

- insuffisance d’apport nutritionnel non compensée pendant 7 jours, au cours de l’hospitalisation ;

- albuminémie < 30 g/l en l’absence d’un syndrome inflammatoire ;

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- taux de lymphocytes < 1 500 / mm3 chez les patients âgés de moins de 70 ans, à partir d’un dosage réalisé au cours de l’hospitalisation pour une autre indication que l’évaluation de l’état nutritionnel.

• Par les méthodes suivantes :

- la mesure du poids ;

- le calcul de la perte de poids ;

- le dosage de l’albuminémie (sauf si c’est le résultat de ce dosage qui a motivé la réévaluation de l’état nutritionnel) ;

- le dosage de la préalbuminémie.

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ANNEXE 1

I. MÉTHODE GÉNÉRALE DU CONSENSUS PROFESSIONNEL FORMALISÉ

Les sociétés savantes concernées par le thème, réunies au sein d’un comité d’organisation, sont consultées pour délimiter le thème de travail, connaître les travaux réalisés antérieurement sur le sujet et proposer des professionnels susceptibles de participer aux groupes de travail et de cotation. À partir d’une analyse de la littérature, un groupe de travail rédige un questionnaire réunissant des propositions de recommandations. Ces propositions de recommandations et l’argumentaire sont envoyés à un groupe de cotation composé de professionnels experts dans le domaine traité. Les membres du groupe de cotation doivent coter de façon indépendante chaque proposition de recommandation. Pour cela, en regard de chaque proposition, est placée une échelle graduée de 1 à 9 : - la graduation 1 signifie que l’intervention proposée n’est jamais recommandée ; - la graduation 9 signifie que l’intervention proposée est toujours recommandée ; - les valeurs 2 à 8 traduisent toutes les situations intermédiaires possibles. Une première cotation de l’ensemble des propositions de recommandations est réalisée par courrier. L’analyse et la synthèse des résultats sont faites de façon automatisée à l’Anaes après saisie manuelle des cotations. Pour chaque proposition de recommandation, 3 résultats sont possibles : - la médiane des réponses ainsi que les valeurs minimales et maximales sont ≥ 7, en

l’absence de valeurs manquantes. Dans ce cas, la proposition de recommandation est acceptée et libellée « positivement » : « Il est recommandé de… » ;

- la médiane des réponses ainsi que les valeurs minimales et maximales sont ≤ 3, en l’absence de valeurs manquantes. Dans ce cas, la proposition de recommandation est également acceptée mais libellée « négativement » : « Il n’est pas recommandé de… » ;

- toutes les autres possibilités intermédiaires. Dans ce cas, la proposition de recommandation est discutée au cours d’une réunion de l’ensemble des groupes de travail et de cotation.

Les résultats globaux de la 1re cotation sont présentés et discutés au cours d’une réunion plénière au cours de laquelle chaque expert a connaissance du résultat de sa cotation par rapport à l’ensemble du groupe (médiane, valeurs minimales et maximales). Une seconde cotation (par retour du courrier ou par mail) est réalisée à l’issue de cette réunion pour toutes les propositions de recommandations qui ne sont pas retenues « positivement » ou « négativement » à l’issue de la 1re cotation. L’analyse et la synthèse des résultats de cette seconde cotation sont réalisées selon la même méthode que pour les résultats de la 1re cotation avec en plus la tolérance d’une valeur manquante ou exclusion d’une cotation en dehors des valeurs requises, pour l’acceptation ou le rejet d’une proposition de recommandation. Dans les autres cas, les propositions de recommandations sont abandonnées et il est conclu à l’absence de consensus sur la question. L’avis d’un groupe de lecture peut être sollicité pour évaluer la lisibilité, la faisabilité et l’applicabilité des recommandations. Cette phase est facultative. L’ensemble du travail finalisé est soumis au conseil scientifique de l’Anaes avant publication et diffusion.

Évaluation diagnostique de la dénutrition protéino-énergétique des adultes hospitalisés

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Schéma sur la méthode générale d’élaboration de recommandations selon la méthode de consensus professionnel formalisé.

II. PARTICULARITÉS LIÉES AU THÈME

— Élaboration des propositions de recommandations Les données de la littérature synthétisées dans l’argumentaire ont servi de base pour l’élaboration, sous forme d’un questionnaire, de propositions de recommandations concernant le dépistage, le diagnostic et l’évaluation de la sévérité de la dénutrition protéino-énergétique chez l’adulte hospitalisé en dehors de toute situation d’agression aiguë et en dehors de la grossesse.

Comité d’organisation • Délimitation du thème • Proposition d’experts

Rédaction d’un argumentaire scientifique et d’une liste de propositions de recommandations sous forme d’un questionnaire, par un groupe de travail

Groupe de cotation : cotation des propositions de recommandations

• 1re cotation par courrier • 2e cotation à l’issue d’une réunion plénière du groupe de travail,

pour les propositions non validées d’emblée

Analyse et synthèse des résultats

Rédaction des recommandations

Avis d’un groupe de lecture sur les recommandations (facultatif)

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Anaes / Service des recommandations professionnelles / Septembre 2003 14

Les objectifs du questionnaire étaient de définir pour la population ciblée : - les outils à recommander pour le dépistage de la dénutrition, c’est-à-dire les outils à

mettre en œuvre de façon systématique ou de façon ciblée pour rechercher une dénutrition à l’entrée à l’hôpital ;

- les critères diagnostiques de la dénutrition ; - les critères de sévérité de la dénutrition ; - les circonstances de réévaluation de l’état nutritionnel au cours de l’hospitalisation. Le questionnaire était constitué de cinq parties concernant : - partie I : les propositions de recommandations sur les techniques de mesure des

différents outils proposés pour l’évaluation de l’état nutritionnel ; - partie II : les propositions de recommandations sur l’indication des différents outils

pour le dépistage, le diagnostic et l’évaluation de la sévérité de la dénutrition ; - partie III : les propositions de recommandations sur les critères diagnostiques de la

dénutrition ; - partie IV : les propositions de recommandations sur les critères de sévérité de la

dénutrition ; - partie V : les propositions de recommandations sur la réévaluation de l’état nutritionnel

au cours de l’hospitalisation chez les patients initialement non dénutris. Le questionnaire a été élaboré par un groupe constitué de 2 experts dans le domaine de la dénutrition à l’hôpital, de la chargée de projet et du coordonnateur Anaes.

— Formalisation de l’avis des professionnels Onze experts de la dénutrition ont été sollicités pour participer à ce groupe de travail. La représentation des spécialités était la suivante : - 2 gériatres ; - 1 néphrologue ; - 2 diététiciennes ; - 1 médecin généraliste ; - 4 nutritionnistes ; - 1 hépato-gastro-entérologue.

— Prise en compte de l’avis des professionnels À l’issue de la réunion plénière de l’ensemble des membres du groupe de travail, les experts de la dénutrition chez le sujet âgé ont attiré l’attention du groupe de travail sur l’existence de travaux spécifiques qui n’avaient pas été pris en compte dans l’argumentaire scientifique. Une recherche bibliographique complémentaire a donc été réalisée, et les propositions de recommandations concernant les sujets âgés de plus de 70 ans ont été reformulées. Une seconde réunion du groupe a été programmée au cours de laquelle la même liste de propositions de recommandations, mais spécifique aux sujets âgées de plus de 70 ans, a été discutée en prenant en compte les résultats de la recherche bibliographique complémentaire. Quatre experts sur 11 n’ont pu se libérer pour participer à cette seconde réunion spécifique au sujet âgé de plus de 70 ans, mais ont reçu, avec les propositions de recommandations à recoter, un compte rendu détaillé de la réunion plénière. Il n’y a pas eu de groupe de lecture.

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Anaes / Service des recommandations professionnelles / Septembre 2003 15

ANNEXE 2

Le Mini Nutritional Assessment Short-Form (MNA-SF®) d’après Nestlé Nutrition Services, ®Société des Produits Nestlé S.A., Vevey, Suisse, Trademark Owners, 1998.

Nom :_______________ Prénom : ______________ Sexe : _____ Date : _________

Âge : /__/__/ Poids : /__/__/ kg Taille : /__/__/__/ cm Hauteur du genou : /__/__/ cm

Dépistage (MNA- SF®) A. Le patient présente-t- il une perte d’appétit ? A-t- il mangé moins ces 3 derniers mois par

manque d’appétit, problèmes digestifs, difficultés de mastication ou de déglutition ? 0 : anorexie sévère ; 1 : anorexie modérée ; 2 : pas d’anorexie

B. Perte récente de poids (< 3 mois) 0 : perte > 3 kg ; 1 : ne sait pas ; 2 : perte de poids entre 1 et 3 kg ; 3 : pas de perte de poids

C. Motricité 0 : du lit au fauteuil ; 1 : autonome à l’intérieur ; 2 : sort du domicile

D. Maladie aiguë ou stress psychologique lors des 3 derniers mois ? 0 : oui ; 2 : non

E. Problèmes neuropsychologiques 0 : démence ou dépression sévère ; 1 : démence ou dépression modérée ; 2 : pas de problème psychologique

F. Index de masse corporelle (IMC) = poids/(taille)² en kg/m² 0 : IMC < 19 ; 1 : 19 < IMC < 21 ; 2 : 21 < IMC < 23 ; 3 : IMC > 23

Score de dépistage (sous-total maximum = 14 points) 12 points ou plus : normal 11 points ou moins : possibilité de malnutrition