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95 Abonnement 1 an Fr 15.– Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 Bimestriel J A B 1950 SION 2 Suisse : Ed. Les Amis de Saint François de Sales – C. P. 2016 – 1950 SION 2 – CCP 87-187745-4 Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ? Par M. l'abbé Giulio Maria Tam LE GOUVERNEMENT ITALIEN a condamné la Fraternité S.S.P.X comme secte, ou plutôt ce que la Fraternité représente, c’est-à-dire le Magistère romain traditionnel «… Non seulement et pas tellement pour la messe en latin … mais spécialement pour le refus des thèses concordataires de Vatican II» (Texte du Ministère de l'Intérieur). Ont-ils condamné La Fraternité ou plutôt l’encyclique Quas Primas de Pie XI, la Royauté sociale de N.S.J.C., l’État catholique qui affirme la supériorité de l'Église et la reconnaît com- me Religion d’État, Quanta cura, de Pie IX (qui condamne l’État non confessionnel, neutre, laïc, la liberté de conscience, de presse, etc.), Pascendi Dominici gregis de saint Pie X… ? Loi Mancino 1993 «est passible de un à quatre ans de réclusion : a) celui qui diffuse, de quelque manière que ce soit, des idées fondées sur la supériorité ou la haine raciale ou ethnique.» Quelles en sont les implications doctrinales et morales ? Un catholique italien doit-il, et peut-il se taire face à une telle loi, peut-il ou doit-il défendre la supériorité de l'Église catholique sur les autres églises ? Courage ! l’Église catholique a traversé “d’autres vents et d’autres tempêtes”. Depuis 2000 ans elle enterre ses persécuteurs… et on recommence… La Fraternité St Pie X, historiquement est bien petite, mais parce qu’elle incarne le Magistère Traditionnel, elle est grande, très grande, infinie, invincible… mêmes les ennemis le savent… et nous ? «…celui qui M'aura renié devant les hommes (ONU et Vat. II), Moi aussi je le renierai devant Mon Père qui est dans les cieux» (Mt. 10, 33). Dossier spécial (sommaire p. 31) CHF 5.– FF . 20.–

Suisse : Ed. Les Amis de Saint François de Sales – C. P ... · Bimestriel Abonnement 1 an Fr 15.– Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 J A B 95 1950 SION 2 Suisse : Ed. Les Amis de Saint

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95Abonnement 1 an Fr 15.– Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 Bimestriel J A B1950 SION 2

Suisse : Ed. Les Amis de Saint François de Sales – C. P. 2016 – 1950 SION 2 – CCP 87-187745-4

Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?

Par M. l'abbé Giulio Maria Tam

LE GOUVERNEMENT ITALIEN a condamné la Fraternité S.S.P.X comme secte,

ou plutôt ce que la Fraternité représente, c’est-à-dire le Magistère romain traditionnel

«… Non seulement et pas tellement pour la messe en latin … mais spécialement pour le refus des thèses concordataires de Vatican II» (Texte du Ministère de l'Intérieur).

Ont-ils condamné La Fraternité ou plutôt l’encyclique Quas Primas de Pie XI, la Royautésociale de N.S.J.C., l’État catholique qui affirme la supériorité de l'Église et la reconnaît com-me Religion d’État, Quanta cura, de Pie IX (qui condamne l’État non confessionnel, neutre,

laïc, la liberté de conscience, de presse, etc.), Pascendi Dominici gregis de saint Pie X… ?Loi Mancino 1993 … «est passible de un à quatre ans de réclusion : a) celui qui diffuse, de

quelque manière que ce soit, des idées fondées sur la supériorité ou la haine raciale ou ethnique.»Quelles en sont les implications doctrinales et morales ? Un catholique italien doit-il, et peut-il se taire face

à une telle loi, peut-il ou doit-il défendre la supériorité de l'Église catholique sur les autres églises ?

Courage ! l’Église catholique a traversé “d’autres vents et d’autres tempêtes”. Depuis 2000 ans elle enterre sespersécuteurs… et on recommence… La Fraternité St Pie X, historiquement est bien petite, mais parce

qu’elle incarne le Magistère Traditionnel, elle est grande, très grande, infinie, invincible…mêmes les ennemis le savent… et nous ? «…celui qui M'aura renié devant les hommes (ONU et Vat. II),

Moi aussi je le renierai devant Mon Père qui est dans les cieux» (Mt. 10, 33).

Dossier spécial(sommaire p. 31)

CHF 5.– FF. 20.–

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I° Partie

PRÉPARATION À LA PERSÉCUTIONDE LA F.S.S.P.X

POUR INTÉGRISME

IntroductionLa condamnation date de février 1998.

1) Il faudrait savoir maintenant si la même chose est entrain de se préparer en Allemagne, Autriche, Grande-Bretagne, etc. (Commission des sectes, mention de laFraternité dans la liste des sectes…) et se renseigner sur lapossibilité d’intervenir :

– dans la presse (en achetant un 1/4 de page dans unquotidien)

– action personnelle ou tout autre moyen(correspondance, mailing…)

2) Pourquoi ont-ils choisi l’Italie pour condamnernommément la Fraternité ? Une des raisons est certainementle fait que nous soyons moins connus en Italie qu’en d’autrespays, par conséquent l’opinion publique n’identifie pas laFraternité avec le Magistère romain traditionnel. Nousdevons donc concentrer nos efforts afin de nous faire mieuxconnaître par des publications, car ils semblent vouloir agiren silence, dans le but d’utiliser notre identification à unesecte seulement plus tard.

Remarquons que la liste italienne a été faite par ungouvernement (qui vient de tomber) comprenant desministres communistes .

3) Il faut aussi examiner les raisons du silence de lapresse sur la condamnation de la Fraternité en Italie (le textede la condamnation n’est resté que dix jours sur internet et aensuite été enlevé).

Les raisons de ce silence : – les gens n’étaient pas préparés…

– ils auraient réagi…

– «Le fait qu’un nombre non négligeable d’hommes, audelà du cercle restreint des membres de la Fraternité deMonseigneur Lefebvre, voient en cet homme une sorte deguide, doit nous faire réfléchir» (Card. Ratzinger, Chili,1988, cité dans Documentation… N° 4, la Pseudo-Restauration du Card. Ratzinger).

Les prochaines années nous aurons à faire face à troisbatailles successives :

a) L’identification de la Fraternité comme secte (qu’ilsont déjà gagnée en partie).

b) La criminalisation, ajoutant ainsi une chargeémotionnelle négative au mot “intégriste”.

c) La mise hors-la-loi avec toutes ses conséquences.

Quelques définitions du fondamentalisme :Dans les livres et la presse1) Roger Garaudy, dans le livre Les intégrismes, cité

dans l’article d'El Cronista cultural (Argentine), du31.5.1992 écrit : : «…le fondamentalisme … signifiel’identification religieuse et politique avec des formesculturelles ou des institutions qui ont existé à une certaineépoque historique…»

«…croire qu’on possède une vérité absolue etl’imposer…»

«…c’est le plus grand danger de notre époque…»

Et il poursuit : «…jusqu’en 1966 les dictionnaires n’enparlaient pas…

…1966 Le petit Larousse : “attitude de celui qui refused’adapter une doctrine aux nouvelles conditions.”

1976 Larousse de poche : “attitude de certainscatholiques qui refusent de s’adapter aux conditions de la viemoderne.”

1984 le Grand Larousse (12 tomes), : “à l’intérieur d’unmouvement religieux, attitude de fixation qui consiste às’opposer à tout développement ou évolution … l’intégrismecatholique a été particulièrement combatif sous Pie X, ilressuscita avec Vatican II…”

1987 Larousse : “attitude de certains catholiques qui,faisant appel à la tradition, nient toute évolution” (signéJean Dubois).

…Par ces définitions on comprend les principalescomposantes de l’intégrisme :

a) immobilisme, refus de s’adapter, opposition obstinéeau progrès ou à l'évolution,

b) attitude tournée vers le passé : tradition

c) intolérance, repli sur soi, dogmatisme, rancune,agressivité, intransigeance.»

Il s’oppose donc à ces termes : immobilisme à évolution,tradition à modernisme, dogmatisme à neutralité, en un motl’intégrisme serait le contraire de la laïcité.»

2) Robert Spaemann, philosophe allemand, titulaired’une chaire à l’Université de Munich, a publié un article auChili dans le journal El Mercurio, du 31.1.1993.

Définition du fondamentaliste :

a) «…c’est quelqu’un qui refuse tout dialogue, aveclequel on ne peut discuter,

b) …c’est un homme pour lequel quelque chose est sacréet il n’est pas disposé à le négocier,

c) …l’origine du fondamentalisme est protestante, Lutherdisait «il faut laisser prévaloir la parole» (contre l’esprit),cependant l’orthodoxie est une construction intellectuellecatholique… Le traditionalisme catholique en donne lacontrepreuve, Mgr Lefebvre adopte une positionfondamentaliste de fait…

…le fondamentalisme islamique … pour Voltaire c’est leprototype du fanatisme… pour le nazisme le critèredogmatique et biologique c’est l’homme allemand… Pour le

Nov.-Déc. 98, Janvier 19992 Dossier spécial

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Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 3Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?

fondamentalisme vert… le critère dogmatique c’est lanature»

3) Guillermo Belcore, La Prensa, Argentine, 9.12.1992

«…L’aboutissement de l’Occident réside dansl’éloignement de la signification littérale de l’interprétation… la lettre tue, l’esprit vivifie.

…la modernité c’est la primauté de l’interprétation del'esprit sur la lettre… en Orient non.

…en Orient les rites religieux sont comme des rites depierre…»

Le problème doctrinalDeux “fondamentalismes” :ou la vérité objective avec toutes ses conséquencesou le relativisme avec toutes ses conséquences,

religieuses, politiques, sociales… y a-t-il une voie médiane ?Pour comprendre ce qui se passe dans l’Église et dans le

monde il faut se souvenir que :

1) L’histoire est une lutte entre Dieu Notre-Seigneur quiveut être adoré exclusivement avec le Père et le Saint-Espritet Satan qui va toujours contre la volonté de Dieu et invented’autres religions; il les met sur le même plan que la religioncatholique : égalitarisme religieux.

2) Avec l’Incarnation de Notre-Seigneur et laChristianisation du monde (après les ténèbres du mondepré-chrétien, fruit du péché originel) s’éleva l’admirablecivilisation catholique du moyen âge : «…Il fut un temps oùla philosophie de l’Évangile gouverna les nations» (LéonXIII, Immortale Dei). Ce fut l’incarnation religieuse,politique, sociale et économique de la Vérité objective :Dieu Notre-Seigneur, l’Église catholique, son Ordre social(cela fut, est et sera le programme politique catholique).

3) Cependant l’histoire de ces derniers siècles nousmontre la déchristianisation, et la preuve que sans le Christon ne peut rien édifier. Pie XII le résume d’une façonmagistrale : «En ces derniers siècles… ils ont voulu la naturesans la grâce (Révolution humaniste),… le Christ oui maisl’Église non (Révolution protestante), …après : Dieu ouimais le Christ non (Révolution libérale) …et enfin le cri

impie : Dieu est mort (Révolution socialiste)» (Pie XII,12.10.1952).

4) Ils ont désincarné la Vérité objective avec toutes sesconséquences religieuses et politiques, et ils ont incarnéprogressivement le relativisme avec toutes ses conséquences :toutes les religions et idées sont égales et l’homme a ledroit de pratiquer publiquement n’importe quelle idée…et celui qui n’est pas d’accord est coupable dediscrimination.

5) Cependant si tout est relatif, tout est possible… De làsortent les nouvelles lois et l’égalité de toutes les religions etidées : laïcisme, divorce, avortement, euthanasie,homosexualité, drogue, etc. Et ce qui va suivre, c’est larévolution permanente : anthropophagie, polygamie,l’initiation au monstrueux, au satanique… l’avenir serachoquant. Préparons-nous en reconstruisant dans notre âmetout ce qui disparaît au dehors : tel est le «château intérieur»de sainte Thérèse que nous devons préparer.

L’ONU est l’organisation politique qui répand cerelativisme; nous devons la démasquer, en montrer lacontradiction avec la Foi catholique et l’obliger à nouscondamner en tant que catholiques et pas sous d’autresprétextes, par exemple le racisme, etc. Il ne faut pas se laisserenfermer dans des batailles périphériques.

Avant, l’ONU (en 1948) proposait son idée relativiste :égalité et liberté pour toutes les religions et idées.Maintenant, depuis 1981, elle va l’imposer avec le Décretpour l’élimination de toute forme d’intolérance et dediscrimination fondée sur le credo. Elle déclare criminelle laposition contraire, la position catholique traditionnelle, etveut éliminer ceux qui s’opposent à l’égalité des religions.

Cependant, le pire, c’est qu’au Concile Vatican II, leshommes d’Église eux-mêmes ont introduit le relativismedans son sein; pour cela, ils ont maintenant honte de cequ’ont dit les papes précédents et enseignent le contraire; ilscontinuent à changer la religion.

Il s’ensuit que certains actes de la Foi catholiquetraditionnelle seront progressivement interdits,doctrinalement criminalisés et, après une Révolutionculturelle, légalement interdits et pénalisés par la loicomme fondamentalistes, sectaires. Préparons-nous !

«Il viendra un temps où ils ne supporteront plus la bonne doctrine et ils se tourneront vers les fables» (2 Tim. 4) «Ayez les mêmes sentiments qu’eut Jésus-Christ» (Phil, 2,5).

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Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 5Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?

II° Partie

L’APPLICATION PRATIQUE : LE DÉCRET DE L’ONU de 1981

Maintenant, il est indispensable de bien connaîtrel’itinéraire général à travers lequel ils sont arrivés à lacondamnation de la F.S.S.P.X :

En général : a) Décret de l’ONU de 1981 Pourl’élimination de toute forme d’intolérance et dediscrimination fondée sur le credo. Dans ce texte, ondemande à toutes les nations de : «Prendre des mesuresefficaces pour éliminer toute discrimination» (article 4);«Entraîner le personnel…» (ONU 1986).

En particulier : b) Lois et décrets des différentescommissions nationales (exemples : Loi Mancino en Italie(1993), et Rapport Guyard en France (1996), Projet de loi surla liberté religieuse en Argentine (1992), texte de laCommission en Belgique (1997), Rapport Carle, en France(1998), etc.

«Décret sur l'élimination de toutes lesformes d'intolérance et de discriminationfondées sur la religion ou la conviction»

(Nations Unies)

Introduction

«L’un des objectifs fondamentaux de l’Organisationdes Nations Unies, selon la Charte, est de développer etd’encourager le respect des droits de l’homme et deslibertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, desexe, de langue ou de religion.

La liberté de conviction est l’un des droits proclamésdans la Déclaration universelle des droits de l’homme,adoptée par l’Assemblée générale en 1948, et dans le Pacteinternational relatif aux droits civils et politiques, adopté en1966.

Le Préambule de la Déclaration universelle des droits del’homme déclare que «l’avènement d’un monde où les êtreshumains seront libres de parler et de croire, libérés de laterreur et de la misère, a été proclamé comme la plus hauteaspiration de l’homme».

L’article 2 dit que : «Chacun peut se prévaloir de tous lesdroits et de toutes les libertés proclamés dans la présenteDéclaration, sans distinction aucune, notamment de race, decouleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politiqueou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, defortune, de naissance ou de toute autre situation».

L’article 18 de la Déclaration universelle des droits del’homme déclare que «Toute personne a droit à la liberté depensée, de conscience et de religion; ce droit implique laliberté de changer de religion ou de conviction ainsi que laliberté de manifester sa religion ou sa conviction seul ou encommun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, lespratiques, le culte et l’accomplissement des rites».

De la garantie de ce droit, le Pacte international relatifaux droits civils et politiques a fait, pour les États qui leratifient, une obligation juridique; l’article 18 du Pacte porteque :

«1. Toute personne a droit à la liberté de pensée, deconscience et de religion; ce droit implique la liberté d’avoirou d’adopter une religion ou une conviction de son choix,ainsi que la liberté de manifester sa religion ou saconviction, individuellement ou en commun, tant en publicqu’en privé, par le culte et l’accomplissement des rites, lespratiques et l’enseignement.

2. Nul ne subira de contrainte pouvant porter atteinte àsa liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou uneconviction de son choix.

3. La liberté de manifester sa religion ou ses convictionsne peut faire l’objet que des seules restrictions prévues parla loi et qui sont nécessaires à la protection de la sécurité, del’ordre et de la santé publique, ou de la morale ou deslibertés et droits fondamentaux d’autrui.

4. Les États parties au présent Pacte s’engagent àrespecter la liberté des parents et, le cas échéant, des tuteurslégaux de faire assurer l’éducation religieuse et morale deleurs enfants conformément à leurs propres convictions.»

L’élaboration d’un projet de déclaration sur l’éliminationde toutes les formes d’intolérance et de discriminationfondées sur la religion ou la conviction remonte à 1962, dateà laquelle l’Assemblée générale a approuvé pour la premièrefois l’idée d’un instrument des Nations Unies portant surcette question. Deux documents distincts ont alors étéenvisagés : une déclaration et une convention internationale.

En 1972, l’Assemblée générale a décidé d’accorder lapriorité à la mise au point de la Déclaration avant dereprendre l’examen du projet de Convention internationale.Sur la demande de l’Assemblée, la Commission des droits del’homme a examiné la question d’un projet de Déclaration àchacune de ses sessions annuelles, de 1974 à 1981. En mars1981, la Commission a adopté le texte d’un projet deDéclaration, qui, par l’intermédiaire du Conseil économiqueet social, a été la même année présenté à l’Assembléegénérale à sa session ordinaire.

Le 25 novembre 1981, l’Assemblée générale a proclaméla Déclaration sur l’élimination de toutes les formesd’intolérance et de discrimination fondées sur la religion oula conviction, dans laquelle l’Assemblée, considérant qu’ilétait essentiel «de contribuer à la compréhension, à latolérance et au respect en ce qui concerne la liberté dereligion ou de conviction», s’est déclarée résolue à

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Nov.-Déc. 98, Janvier 19996 Dossier spécial

«prendre toutes les mesures nécessaires pour éliminerrapidement toutes les formes et manifestations de cetteintolérance et à prévenir et combattre toute discriminationfondée sur la religion ou la conviction.»

Texte du Décret Adoptée par l’Assemblée générale le 25 novembre 1981

(résolution 36/55)

L’Assemblée générale,

Considérant qu’un des principes fondamentaux de laCharte des Nations Unies est celui de la dignité et del’égalité inhérentes à tous les êtres humains et que tous lesÉtats Membres se sont engagés à agir, tant conjointement queséparément, en coopération avec l’Organisation des NationsUnies en vue de développer et d’encourager le respectuniversel et effectif des droits de l’homme et des libertésfondamentales pour tous, sans discrimination de race, desexe, de langue ou de religion,

Considérant que la Déclaration universelle des droits del’homme et les Pactes internationaux relatifs aux droits del’homme proclament les principes de non-discrimination etd’égalité devant la loi et le droit à la liberté de pensée, deconscience, de religion et de conviction,

Considérant que le mépris et la violation des droits del’homme et des libertés fondamentales, en particulier dudroit à la liberté de pensée, de conscience, de religion oude conviction, quelle qu’elle soit, sont directement ouindirectement à l’origine de guerres et de grandessouffrances infligées à l’humanité, spécialement dans les casoù ils servent de moyen d’ingérence étrangère dans lesaffaires intérieures d’autres États et équivalent à attiser lahaine entre les peuples et les nations,

Considérant que la religion ou la conviction constituepour celui qui la professe un des éléments fondamentaux desa conception de la vie et que la liberté de religion ou deconviction doit être intégralement respectée et garantie,

Considérant qu’il est essentiel de contribuer à lacompréhension, à la tolérance et au respect en ce quiconcerne la liberté de religion ou de conviction et de faire ensorte que l’utilisation de la religion ou de la conviction àdes fins incompatibles avec la Charte, les autresinstruments pertinents de l’Organisation des NationsUnies et les buts et principes de la présente Déclarationne soit pas admissible,

Convaincue que la liberté de religion et de convictiondevrait également contribuer à la réalisation des buts de paixmondiale, de justice sociale et d’amitié entre les peuples et àl’élimination des idéologies ou pratiques de colonialisme etde la discrimination raciale,

Prenant note avec satisfaction de l’adoption, sous lesauspices de l’Organisation des Nations Unies et desinstitutions spécialisées, de plusieurs conventions et de

l’entrée en vigueur de certaines d’entre elles, visant àéliminer diverses formes de discrimination,

Préoccupée par les manifestations d’intolérance et parl’existence de discrimination en matière de religion ou deconviction que l’on constate encore dans certaines parties dumonde,

Résolue à prendre toutes les mesures nécessaires pouréliminer rapidement toutes les formes et manifestationsde cette intolérance et à prévenir et combattre toutediscrimination fondée sur la religion ou la conviction,

Proclame la présente Déclaration sur l’élimination detoutes les formes d’intolérance et de discriminationfondées sur la religion ou la conviction :

Article premier

1. Toute personne a droit à la liberté de pensée, deconscience et de religion. Ce droit implique la libertéd’avoir une religion ou n’importe quelle conviction de sonchoix, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou saconviction, individuellement ou en commun, tant en publicqu’en privé, par le culte et l’accomplissement des rites, lespratiques et l’enseignement.

2. Nul ne subira de contrainte pouvant porter atteinte à saliberté d’avoir une religion ou une conviction de son choix.

3. La liberté de manifester sa religion ou sa conviction nepeut faire l’objet que des seules restrictions qui sont prévuespar la loi et qui sont nécessaires à la protection de la sécuritépublique, de l’ordre public, de la santé ou de la morale ou deslibertés et droits fondamentaux d’autrui.

Article 2

1. Nul ne peut faire l’objet de discrimination de la partd’un État, d’une institution, d’un groupe ou d’un individuquelconque en raison de sa religion ou d’autres convictions.

2. Aux fins de la présente Déclaration, on entend par lestermes «intolérance et discrimination fondées sur la religionou la conviction» toute distinction, exclusion, restriction oupréférence fondée sur la religion ou la conviction et ayantpour objet ou pour effet de supprimer ou de limiter lareconnaissance, la jouissance ou l’exercice des droits del’homme et des libertés fondamentales sur une based’égalité.

Article 3

La discrimination entre les êtres humains pour des motifsde religion ou de conviction constitue une offense à la dignitéhumaine et un désaveu des principes de la Charte des NationsUnies et doit être condamnée comme une violation des droitsde l’homme et des libertés fondamentales proclamés dans laDéclaration universelle des droits de l’homme et énoncés endétail dans les Pactes internationaux relatifs aux droits del’homme, et comme un obstacle aux relations amicales etpacifiques entre les nations.

Article 4

1. Tous les États prendront des mesures efficaces pourprévenir et éliminer toute discrimination, en raison de la

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religion ou de la conviction, dans la reconnaissance,l’exercice et la jouissance des droits de l’homme et deslibertés fondamentales dans tous les domaines de la viecivile, économique, politique, sociale et culturelle.

2. Tous les États s’efforceront d’adopter des mesureslégislatives ou de rapporter celles qui sont en vigueur, selonle cas, à l’effet d’interdire toute discrimination de ce genre,et de prendre toutes mesures appropriées pour combattrel’intolérance fondée sur la religion ou d’autres convictions enla matière.

Article 5

1. Les parents ou, le cas échéant, les tuteurs légaux del’enfant ont le droit d’organiser la vie au sein de la familleconformément à leur religion ou conviction et en tenantcompte de l’éducation morale conformément à laquelle ilsestiment que l’enfant doit être élevé.

2. Tout enfant jouit du droit d’accéder, en matière dereligion ou de conviction, à une éducation conforme auxvœux de ses parents ou, selon le cas, de ses tuteurs légaux, etne peut être contraint de recevoir un enseignement relatif àune religion ou une conviction contre les vœux de ses parentsou de ses tuteurs légaux, l’intérêt de l’enfant étant le principedirecteur.

3. L’enfant doit être protégé contre toute forme dediscrimination fondée sur la religion ou la conviction. Il doitêtre élevé dans un esprit de compréhension, de tolérance,d’amitié entre les peuples, de paix et de fraternitéuniverselle, de respect de la liberté de religion ou deconviction d’autrui, et dans la pleine conscience que sonénergie et ses talents doivent être consacrés au service de sessemblables.

4. Dans le cas d’un enfant qui n’est sous la tutelle ni deses parents ni de tuteurs légaux, les vœux exprimés par ceux-ci, ou toute autre preuve recueillie sur leurs vœux en matièrede religion ou de conviction, seront dûment pris enconsidération, l’intérêt de l’enfant étant le principe directeur.

5. Les pratiques d’une religion ou de convictions danslesquelles un enfant est élevé ne doivent porter préjudice ni àsa santé physique ou mentale, ni à son développementcomplet, compte tenu du paragraphe 3 de l’article premier dela présente Déclaration.

Article 6

Conformément à l’article premier de la présenteDéclaration et sous réserve des dispositions du paragraphe 3dudit article, le droit à la liberté de pensée, de conscience, dereligion ou de conviction implique, entre autres, les libertéssuivantes :

a) La liberté de pratiquer un culte et de tenir des réunionsse rapportant à une religion ou à une conviction et d’établir etd’entretenir des lieux à ces fins;

b) La liberté de fonder et d’entretenir des institutionscharitables ou humanitaires appropriées;

c) La liberté de confectionner, d’acquérir et d’utiliser, enquantité adéquate, les objets et le matériel requis par les ritesou les usages d’une religion ou d’une conviction;

d) La liberté d’écrire, d’imprimer et de diffuser despublications sur ces sujets;

e) La liberté d’enseigner une religion ou une convictiondans les lieux convenant à cette fin;

f) La liberté de solliciter et de recevoir des contributionsvolontaires, financières et autres, de particuliers etd’institutions;

g) La liberté de former, de nommer, d’élire ou dedésigner par succession les dirigeants appropriés,conformément aux besoins et aux normes de toute religionou conviction;

h) La liberté d’observer les jours de repos et de célébrerles fêtes et cérémonies conformément aux préceptes de sareligion ou de sa conviction;

i) La liberté d’établir et de maintenir des communicationsavec des individus et des communautés en matière dereligion et de conviction aux niveaux national etinternational.

Article 7

Les droits et libertés proclamés dans la présenteDéclaration sont accordés dans la législation nationale d’unemanière telle que chacun soit en mesure de jouir desditsdroits et libertés dans la pratique.

Article 8

Aucune disposition de la présente Déclaration ne serainterprétée comme constituant une restriction ou unedérogation à un droit énoncé dans la déclaration universelledes droits de l’homme et dans les Pactes internationauxrelatifs aux droits de l’homme.»

Exemple d'application du Décretde l'ONU en Italie : la loi Mancino

Lois, décrets et ordonnances présidentielles de laRépublique italienne (extrait de la Gazzetta ufficiale du27.4.1993)

Décret-loi du 26 avril 1993, n. 122

Mesures urgentes en matière de discrimination raciale,ethnique et religieuse

Le Président de la République

émet le Décret-loi suivant

Art. 1Discrimination, haine, ou violence pour raisons raciales,

Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 7Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?

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ethniques, nationales ou religieuses

1. L’article 3 de la loi du 13 octobre 1975, n. 654, estremplacé par le suivant :

«Art. 3. – al. 1. Sauf si le cas constitue un délit plusgrave, afin d’actualiser la disposition de l’article 4 de la

convention, est passible de réclusion de un àquatre ans :

a) celui qui diffuse, de quelque manièreque ce soit, des idées fondées sur lasupériorité ou la haine raciale ou ethnique.

b) celui qui, de quelque manière que ce soit, incite à ladiscrimination ou à la haine, ou incite à commettre oucommet lui-même des violences ou des actes de provocationà la violence, pour raisons raciales, ethniques, nationales oureligieuses.

2. La peine prévue à l’alinéa 1. sera majorée si le fait estaccompli au moyen de la presse ou avec d’autres moyens dediffusion, ou bien dans des réunions publiques.

3. Est interdite toute organisation, association,mouvement ou groupe ayant dans ses buts l’incitation à ladiscrimination, à la haine ou à la violence pour motifsraciaux, ethniques, nationaux ou religieux. Celui quiparticipe à de telles organisations, associations, mouvementsou groupes, ou porte assistance à leurs activités, est, par leseul fait de participation ou assistance, passible de un àcinq ans d’emprisonnement, ou si l’organisation,association, mouvement ou groupe, a parmi ses butsl’incitation à la violence, de deux à sept ans de réclusion. Lespeines sont majorées pour les chefs et les promoteurs detelles organisations, associations, mouvements ou groupes.»

Art. 3

Circonstance aggravante

1. Pour les délits punissables par une peine différente dela prison à vie et commis aux fins discriminatoires ou dehaine ethnique, nationale, raciale ou religieuse, ou bien dansle but de favoriser l’activité d’associations, mouvements ougroupes qui ont parmi leurs buts les mêmes finalités, la peineest augmentée d’un tiers à la moitié.

Art. 4

Changements aux dispositions en vigueur

Art. 5

Perquisitions et séquestres

Art. 7

Suspension de prudence et dissolution

Fait à Rome, le 26 avril 1993

Le Président de la République,

Scalfaro

Amato, Président du Conseil des Ministres

Mancino, Ministre de l’intérieur

Conso, Ministre de grâce et justice

Pour la loi italienne actuelle, un prêtre ou un catéchistequi enseigne que l'Église catholique est supérieure auxéglises protestantes est donc «passible de 1 à 4 ans deréclusion» ?

Ont-ils fait cette loi pour mettre à l'épreuve la Foi descatholiques ? Pour voir s'il y a encore des gens disposés àtémoigner de leur Foi, à ne pas la cacher, à ne pas avoir hontede la supériorité de Jésus-Christ sur les autres dieux ?

La loi est-elle faite pour nous faire renier explicitementou implicitement la Foi ? Le démon sait très bien que par làles Italiens vont perdre la protection divine, c'est ce qu'ilcherche pour ouvrir ensuite d'autres portes infernales, que lagrâce tient enchaînées, et prendre davantage possession denous.

Quelles sont les implications doctrinales et morales pourles catholiques italiens ? Que penser d'un prêtre ou d'un laïcqui s'autodénoncerait à un juge italien, en affirmant qu'il nese soumet pas à cette loi de l'État, ou qui exigerait du jugel'application des peines pour ne pas laisser les fidèles croirequ'il accepte l'égalitarisme religieux ?

C'est vraiment la fin de “l'ère constantinienne”; il a falluseize siècles pour revenir au droit païen. C'est historique.Mais on ne change pas comme ça seize siècles de mentalitécatholique… Et dire qu'il y a encore des gens qui croient quele communisme est mort… Nous sommes en pleineRévolution culturelle marxiste. “La Russie répandra seserreurs dans le monde entier.” Notre-Dame de Fatima voyaitloin !

On a quand même l'impression que tout cela est trèsartificiel, c'est-à-dire qu'une pareille loi creuse un abîmeentre l'Italie réelle et l'Italie légale. Peut-être que “ils ont peude temps”, peut-être que le Bon Dieu approche avec seschâtiments, car tout cela est bien paradoxal. Mais enfin,quelqu'un continuera à «confirmer ses frères».

Ce qui augmente l'impression que la situation est forcéeet qu'elle ne reflète pas l'état d'âme du peuple italien, c'estque jusqu'en 1984 l'État lui-même, grâce au Concordat de1929, enseignait la supériorité de l'Église catholique sur lesautres églises; maintenant, 14 ans après, si moi, italien, jereste fidèle à la doctrine enseignée par mon État jusqu'en1984, je suis puni de 1 à 4 ans de prison ? Qu'ils mecondamnent !

Le combat de la Foi et de l'Église en Italie est bienimportant, car c'est le pays où la Providence a placé le centredu catholicisme, il faut bien comprendre cela maintenant,même de l'étranger.

Cela vaut autant pour la Révolution dans l'Église quepour la vraie Restauration.

Ce que fait le gouvernement italien reste une référencepour les autres pays, car c'est le “pays du pape” : il sera bienplus facile pour les parlements étrangers de ratifier desaccords, explicites ou tacites, stipulés entre le Saint-Siège et

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l'État italien, et ainsi d'uniformiser la législation, mieuxencore dans le cadre de l'Europe unie.

S'ils ont choisi l'Italie pour condamner la FSSPX, c'estaussi parce qu'elle y est moins connue qu'en France. Notreprudence éclairée nous montre que pour les combats desprochaines années, il est capital de se faire connaître commeles défenseurs du Magistère romain traditionnel; eninvestissant pour cela les moyens que nous avons, avantqu'ils ne soient expropriés, comme le prévoit la loi Mancino( art. 5 et 7); c'est le meilleur moyen de préparer l'avenir.

Application de la Loi Mancino : la FSSPX est mise sur la liste des sectes

par le Ministère de l'Intérieur, en février 1998«…surtout pour son refus des thèses

concordataires du Concile Vatican II» (1)

«Dans ce contexte, que l'on prenne bien garde que la“parenté” avec le christianisme est souvent très éloignée etlimitée au partage de certaines thématiques vétéro-testamentaires; par contre les conceptions théologiques, lesvisions escatologiques, les préceptes et les liturgies changenttotalement au point que l'on parle de “sectes chrétiennes”.

A cette catégorie, plutôt surpeuplée, appartiennent :

1. les mouvements “apocalyptico-millénaristes”,convaincus de l'imminence de la fin du monde (prophétiséepar l'Apocalypse, c'est-à-dire la révélation de l'apôtre Jean),avant laquelle, toutefois, le Christ reviendra sur la terre etinstaurera avec tous les justes (vivants ou ressuscités à cetteoccasion) un règne destiné à durer mille ans (éd. Millenniofelice). Une telle perspective est commune aux adventistes etau restitutionistes,

2. les groupes Antipapistes (6) et Schismatiques (voir note 7),

3. les groupes prophético-messianiques,

4. les syncrétismes chrétiens,

5. “les fausses églises”.

(note 7) : Il s'agit du mouvement qui se réfère à MgrMarcel Lefebvre, évêque français suspendu a divinis déjà en1976, pour ses critiques répétées envers la hiérarchiecatholique, et successivement promoteur d'une séried'initiatives en opposition ouverte avec l'Église de Rome(entre autres certaines ordinations de prêtres) reconnuescomme un véritable schisme par Jean-Paul II en 1988. Lesraisons de la séparation résident non seulement et pastellement dans la prétention des lefebvristes de conserver laliturgie de St Pie X [sic], (la fameuse “messe en latin”), maissurtout dans le refus des thèses concordataires du Concile

Vatican II. En Italie la communauté lefebvriste s'appelleFraternité Sacerdotale de St Pie X» (Commis. des sectes).

En France : Le Rapport Guyard

«Le 10 janvier 1996, à la suite du Rapport Guyard surLes sectes en France, mis en distribution aux députésprésents à la Chambre, le public apprend que 172mouvements «peuvent être qualifiés de sectaires» au sensfort, comme coutumiers de pratiques «coercitives» sur leursadeptes, et présentant de ce fait une dangerosité (sic) quiinquiète les Renseignements généraux.

Parmi eux une Communauté de petits frères et petitessœurs du Sacré-Cœur (p. 25), rangée parmi neuf “sectespseudo-catholiques” (p. 65)…

I. – Le “rapport Guyard”

(Introduction du Rapport Guyard, Les sectes en France,distribué le 10 janvier 1996)

Il était donc légitime que la représentation nationale sepréoccupe de prendre la mesure d’un phénomène dontl’évolution, depuis le rapport de M. Alain Vivien, est malconnue, d’apprécier les dangers qu’il fait courir auxindividus et à la société, et de faire le point des mesuresnécessaires pour le combattre. Aussi l’Assemblée nationalea-t-elle, en adoptant à l’unanimité le 29 juin dernier laproposition de résolution présentée par M. Jacques Guyard etles membres du groupe socialiste, créé une commissiond’enquête “chargée d’étudier le phénomène des sectes et deproposer, s’il y a lieu, l’adaptation des textes en vigueur.”

…Comme on le verra, elle a été, dès l’abord, confrontée àla difficulté de définir le terme de secte pour délimiter lechamp de son étude. Néanmoins, elle a choisi de ne pas selaisser arrêter par ce qui n’est en réalité qu’un faux obstacle,et de suivre avec persévérance une démarche empirique qued’aucuns pourraient juger insuffisamment ambitieuse, maisdont la modestie cache un souci de réalisme et d’efficacité.C’est donc sans esprit de système, sans a priori d’aucunesorte, et en prenant toujours le plus grand soin de ne pasprocéder à des amalgames abusifs ni de tomber dans laparanoïa, sans pour autant faire preuve d’angélisme ou, aumoins, de naïveté, que la Commission a tenté d’apprécier lescontours du phénomène qui, bien que difficile à appréhender,semble se développer, avant de constater qu’il revêt desformes diversifiées et se caractérise souvent par des

Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 9Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?

(1) Nous avions déjà prévu que «le centre du conflit» ce n'était pas la sainte Messe mais la liberté religieuse (C'est aussi la thèse duCard. Ratzinger, Chili 1988, cité dans Doc. sur la Révolution dans l'Église n° 4, “La Pseudo-Restauration”, éd. A.S.F.S.).

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pratiques dangereuses, et, enfin, de dégager les moyensd’une riposte adaptée à cette dangerosité» (Contre-Réformecatholique N° 323, juin 1996).

II – Application aux écoles hors contrat

Voici quelques extraits de l'article paru dans la revue Faitset Documents, du 15.10.1998.

«Si l’immense majorité des élèves sont scolarisés dans lesystème de l’«École de la République», il existe encore desparents qui se sont consacrés à l’éducation directe de leursenfants ou des écoles dites «hors contrat», pour la plupartassociées à la tradition catholique. Sous couvert de luttecontre les sectes, une loi vient d’être discrètement adoptéepar le Sénat, pourtant censé être à droite, pour liquider cetype d’enseignement véritablement privé. Et ce, à l’initiativedu Grand Orient de France, qui s’en félicite. Il lui suffiramaintenant de passer devant l’Assemblée nationale, degauche, pour être définitive. Nous retraçons ici le circuitd’adoption de cette loi typiquement maçonnique.

“EXAMEN EN COMMISSION

La commission a examiné le rapport de M. Jean-ClaudeCarle sur les propositions de loi no 260 (1997-1998) de M.Nicolas About tendant à renforcer le contrôle de l’obligationscolaire au cours d’une réunion tenue le 17 juin 1998 sous laprésidence de M. Adrien Gouleyron.

Il a enfin souligné la difficulté de contrôler d’une manièreefficace les établissements d’enseignement privé hors contratqui disposent des moyens de dissimuler leurs activités denature sectaire.

Il a également constaté que ces propositions ne faisaientqu’actualiser des lois adoptées à la fin du siècle dernier etqu’elles ne tenaient pas compte du développement desnouvelles technologies de l’information et de lacommunication ainsi que de la nécessité de scolariserl’enfant à partir de l’âge de deux ans…”

Les textes des deux sénateurs (Alain Vivien et JacquesGuyard) furent renvoyés à la commission des Affairesculturelles du Sénat. Celle-ci, par le biais de son rapporteur,Jean-Claude Carle (Républicains Indépendants, Haute-Savoie) concluait le 17 juin par une nouvelle proposition deloi, votée par les sénateurs immédiatement avant les vacancesd’été, dans la nuit du 29 au 30 juin, à l’unanimité (réf. :Journal officiel de l’Assemblée Nationale, Documentationparlementaire, n° 1032). C’est cette «petite loi» donts’enorgueillit désormais le Grand Orient de France. Elledeviendra une loi proprement dite si elle est votée parl’Assemblée nationale, et exécutoire une fois le décretd’application promulguée.

Motivée par le souci de soustraire les enfants à l’emprise

des sectes, la commission a renoncé aux dispositions les plusradicales des sénateurs Mathieu et About, notamment parsouci d’éviter d’encourir l’inconstitutionnalité.

(…) Mais la «petite loi» sénatoriale tend cependant à enlimiter les champs d’application, jette une suspicion ouverteet générale sur l’enseignement libre hors contrat, et gardel’esprit répressif des propositions initiales même si elle ne vapas aussi loin. Elle se fonde enfin sur la notion de «droit del’enfant» qui a été en particulier utilisée dans la loi du 10juillet 1989 sur l’éducation, “c’est-à-dire le droit àl’épanouissement de l’enfant, à la socialisation et à lacitoyenneté” (Rapport Carle).

Le texte adopté par le Sénat se compose des 4 articles dutexte de la Commission, modifiés par voie d’amendements,en particulier le premier qui se voit complété de deux partiesajoutées en séance. Cet article Ier énonce des principes,comme l’affirmation selon laquelle “l’instruction obligatoireest assurée prioritairement dans les établissementsd’enseignement…”

L’article II étend le contrôle aux établissements privéshors contrat. Ce contrôle est laissé à l’appréciation del’inspecteur d’académie (vieux bastion des laïcs francs-maçons). S’il est négatif, il est enjoint à l’établissementd’améliorer sa situation, et si celle-ci ne se produit pas, leprocureur de la République est saisi, et les parents sont misen demeure d’inscrire ailleurs leurs enfants.

L’article III définit les sanctions pénales de la noninscription par les parents dans un établissementd’enseignement, quand cette inscription leur est imposée (sixmois de prison, 50 000 F d’amende), et prévoit les mêmespeines pour le chef d’établissement hors contrat n’ayant pasobtempéré aux exigences de l’inspection d’académie. Enoutre, l’établissement peut être fermé sur décision judiciaireet le directeur interdit d’exercer une fonction de direction oud’enseignement.

“Si l’enseignement catholique est constitué pourl’essentiel d’établissements sous contrat, celui-ci estcependant concerné par le phénomène sectaire qui s’ydéveloppe de manière insidieuse, comme dans lesétablissements publics d’enseignement.

Au total, les représentants de l’enseignement catholiqueet des parents d’élèves de l’enseignement privé entendus parvotre rapporteur ont manifesté leur accord pour renforcer lecontrôle de l’État sur les rares établissements privés horscontrat, afin de s’assurer que ceux-ci ne dérogent pas auprincipe de l’instruction obligatoire, sous réserve qu’il nesoit pas porté atteinte au principe de la liberté del’enseignement pour les familles et à l’équilibre résultant dela loi du 31 décembre 1959 sur les rapports entre l’État et lesétablissements d’enseignement privés.

Nov.-Déc. 98, Janvier 199910 Dossier spécial

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Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 11Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?

Considérant que certains établissements d’enseignementprivés hors contrat où s’expriment d’autres formesd’intégrisme religieux peuvent aussi relever de sectes, ellepropose de soumettre leurs élèves au même examen annuelque les enfants recevant une instruction dans leur famille…

– la vigilance à l’égard des établissements privés horscontrat qui peuvent recouvrir des sectes …”

(Extraits du rapport de Jean-Claude Carle, Obligation descolarité et contrôle de l’obligation scolaire, ayant servi lorsdu vote de la proposition de loi pour interdire les écoles horscontrat. Derrière les sectes, c’est en réalité l’enseignementvéritablement catholique qui est visé, sous les allusions deformes d’intégrisme religieux ou d’enseignementsdogmatiques.)

Enfin l’article IV établit une amende de 10 000 F pour lesparents qui omettent de déclarer qu’ils entendent se chargerdirectement de l’instruction de leurs enfants et “ou dedéclarer en mairie qu’ils sont instruits dans unétablissement hors contrat”. Ce qui vise directement aufichage des catholiques traditionalistes inscrits dans lesécoles de la Fraternité Saint Pie X. Des sanctions sontégalement prévues contre les parents donnant des motifsd’absence inexacts ou “sans excuse valable” (sic).

On comprend alors que cette loi, théoriquement destinéeà protéger les enfants des agissements des sectes ouNouveaux Mouvements Religieux, vise en réalité à réprimerle non alignement scolaire sur celui de la République…

IV. LES CONCLUSIONS DE LA COMMISSION

En outre, afin de tenir compte des préoccupations desauteurs des deux propositions de loi, elle suggérera d’étendrela portée du contrôle en se référant à l’article 1er de la loid’orientation du 10 juillet 1989 sur l’éducation qui définit lecontenu du droit à l’éducation, c’est-à-dire le droit àl’épanouissement de l’enfant, à la socialisation et à lacitoyenneté.

Si, au vu des résultats de cet examen, le niveau scolairede l’enfant était jugé insuffisant, ses parents seraient mis endemeure de l’envoyer dans un établissement d’enseignementpublic ou privé sous contrat dans les huit jours suivant lanotification de ces résultats et d’indiquer l’établissementchoisi au maire qui en informerait l’inspecteur d’académie.

En cas de refus des parents, l’inscription de l’élève dansun tel établissement aurait lieu d’office.»

L’école de la République n’a pas pour but d’éduquer etd’apprendre. Elle a d’abord pour objectifs de «socialiser» etde préparer à la «citoyenneté». Si les parents ou les écolesne sont pas dans cette ligne, leurs propres enfants leurseront retirés et ils seront condamnés, comme cela ressortdes extraits de discussions de la proposition de loi encommission sénatoriale. Il y a malheureusement les décisions

du Conseil constitutionnel, qui garantissent la libertéd’enseignement, et qu’il faut donc contourner.»

En Argentine : Projet de loi sur la liberté religieuse

“Diarios de asuntos entrados"Sénat de la Nation

Année VIII, n° 156

Buenos Aires – 13.11.1992

Pouvoir Exécutif

Message 1.991/92 et projet de loi sur la liberté deconscience et de religion

«A l’honorable Congrès de la Nation,

J’ai le plaisir de m’adresser à votre honorable Assembléeafin de soumettre à votre considération un projet de loi ayantpour but d’organiser un régime moderne et efficace deprotection de la liberté religieuse et de régler les relation del’État avec les églises, confessions et communautésreligieuses.

Ce projet, qui a été l’objet d’amples et intensesconsultations avec les églises et les confessions religieusesétablies dans le pays, développe, garantit et applique lesprincipes et droits en la matière contenus dans laConstitution Nationale et dans les instruments juridiquesinternationaux approuvés et actuellement en vigueur dans laRépublique Argentine, à savoir :

la Convention américaine sur les Droits de l’Homme ouPacte de St Joseph de Costa Rica approuvée par la loi23.054;

le Pacte International des Droits Économiques, Sociauxet Culturels adopté par l’ONU et approuvé par la loi 23.313;

le Pacte International des Droits Civils et Politiquesadopté par l’ONU et approuvé par la loi 23.313;

la Convention des Droits des enfants adoptée par l’ONUet approuvée par la loi 23.849,

en plus de la Déclaration sur l’élimination de touteforme d’intolérance et de discrimination fondée sur lecredo ou les convictions, adoptée par l’ONU (résolution36/55) …

Carlos Menem

Président»

Projet de loi :

Chap. 1 – Principes fondamentaux

Art. 1 : dans la République Argentine, toute personnejouit du droit fondamental à la liberté de conscience et dereligion garanti par la Constitution Nationale.

Les croyances religieuses ne pourront jamais être unecause d’inégalité ou de discrimination…

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Nov.-Déc. 98, Janvier 199912 Dossier spécial

Art. 2 : …les manifester librement …en public…Art. 3 : …établir leur temple, écoles, …l’unique limite

sera le droit d’autrui à exercer ses libertés et ce qui nuità l’ordre public, à la santé et à la morale …

Chap. 3 – Du registre des églises et confessionsreligieuses

(…) L’inscription sera volontaire…

Qualités requises : présence dans trois provinces aumoins; (…) présence depuis un siècle dans le pays (…),réunir au moins le 10% de la population de la province où laconfession est établie (…)

Chap. 6 – Le nombre de fidèles doit être de 5000 aumoins (…)

Art. 20 : la loi 21.745 est abolie (…)

Art. 21 : les termes «église dissidente» doivent êtreremplacés par «église, communauté ou confessionreligieuses», le terme «protestante» par «religieuses» (…)

En Belgique : La Commission du gouvernement

a identifié 189 sectes

La “secte” n° 95 c'est la Kapel van het Allerheiligste

Sacrament; chapelle desservie par la Fraternité S. St Pie X.

La “secte” n° 133, c'est l'Opus Dei, la “secte” n° 148,c'est le Renouveau charismatique… (Gazet van Antwerpen,3 et 4 mai 1997).

En Russie : La nouvelle loi sur laliberté religieuse met l'Église

catholique dans la liste des sectes

«En Russie le catholicisme est considéré comme unesecte» (La Nacion, Argentine, 7.8.1997)

«1 – Le Saint-Siège a appris avec regret l'approbationde la part de la Douma et du Conseil de la Fédération, de laloi sur la liberté religieuse dans la Fédération de Russie…

3 – L'article 27 de la loi est particulièrementpréoccupant; dans le parcours administratif en vue de leurenregistrement, les communautés religieuses nonorthodoxes, pour ce qui ressort du texte, subissent desdiscriminations et sont exposées à l 'arbitraire desfonctionnaires locaux…» (Osservatore Romano, 27.10.97).

Dans le reste du monde : …(nous prions nos lecteurs de nous

l'ONU et Vatican II déclarent que

IL EST INTERDIT

d'enseigner publiquement que Notre Seigneur Jésus-Christ a un désir infini, par nature et par droit,d’éliminer toutes les autre religions, les églises protestantes, l’état non confessionnel, neutre et laïc, le pacifisme,et d'enseigner publiquement que la Sainte Vierge participe par grâce à ces désirs infinis de N.S.J.C., parce quecette doctrine est discriminatoire et intolérante par rapport à l’égalité des autres religions et croyances,provoquent les guerres … etc.

Celui qui ose continuer d’enseigner une telle doctrine tombera sous le coup de la loi N°…, etc.

Cependant l'Écriture Sainte nous dit :«Tu n’auras point de dieux étrangers devant moi…» (Ex. 20, 3)«Ôtez d'au milieu de vous les dieux étrangers…» (I Rois 7,3)«Je suis ton Dieu … il n’y a pas d’autres dieux…» (Joël 2, 27)«…celui qui m'aura renié devant les hommes (ONU et Vat. II), …je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux» (Mt. 10, 33).

Le Magistère Romain traditionnel : “Quas primas”, “Quanta cura”, “Pascendi”… etc.

L'alternative : «…L'encens pour les idoles ou le sang pour le Christ.» (Pie XII, 6.12.1953).«…ou le banquet éternel, ou le supplice éternel…» (Mt. 25, 46)«S’ils doivent me tuer demain, qu’ils me tuent aujourd’hui !» (Un cristero mexicain).

Cela se terminera ainsi :

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communiquer des informations)

III° Partie

Le danger et le remèdeComme nous pouvons le prévoir, les prochaines années

nous mettront face à une situation particulièrementdangereuse que notre prudence lucide doit considérer :

la persécution par l’État des traditionalistes commefondamentalistes.

Dans ce cas, à mon sens, la meilleure préparation – outreles moyens généraux – consiste dans une insistance spécialeà former des convictions profondes, enracinées, capables desoutenir la foi des prêtres et des laïcs traditionalistes face auxpièges à venir, même dans l’éventualité où les appuisextérieurs viendraient à manquer, comme dans toutes lespersécutions de l’histoire de l’Église.

Des convictions de ce genre peuvent être obtenues grâce à :

1) la formation contre-révolutionnaire : l’ennemiétudié avec plus de méthode. Il faut désormais soustrairecette étude à la discrétion personnelle et la conduiresystématiquement dans un cours spécial : nature,métamorphoses, méthodes… (Voir Notes sur la Révolutiondans l'Église, bibliographie, Éd. A.S.F.S.)

2) l’oraison mentale qui est l’unique et dernière défensequi reste au catholique lorsqu’on lui a tout enlevé.Reconstruire dans son intérieur tout ce qui disparaît àl’extérieur. «A l’époque de la Renaissance… les esprits eux-mêmes furent pervertis… Le prêtre, le moine et le fidèledésireux de pratiquer leurs devoirs ne pouvaient guèretrouver qu’en eux-mêmes, dans leur vie intérieure, le moyende se préserver ou de se libérer des influences mauvaises desopinions courantes» (P. Pourrat, “La spiritualité chrétienne”,t. III, ch. I, p.5).

Tout en espérant l’intervention extraordinaire de Dieu, àtravers la Sainte Vierge (car c'est Elle seule qui a reçu deDieu la permission d'écraser la tête du Serpent et laRévolution), nous ne pouvons la programmer. Il nous reste àprévoir les prochaines années et à préparer les traditionalistesà persévérer dans la défense de la Foi, même si la FraternitéSt Pie X est mise hors la loi.

Seuls ceux qui seront fermement convaincus pourront,avec la grâce de Dieu, supporter le choc de la suppressiondes appuis extérieurs. Car le combat doit continuer malgrétout. Il continuera avec les catholiques du XXIe siècle quela Sainte Vierge est déjà en train de préparer.

Cependant, n’excluons pas que la Providence se mette àl’œuvre au moyen de certains châtiments afin que lesperfides ne puissent mener à terme leurs projets.

Pour l'oraison mentale, nos fidèles ont à leur dispositionet connaissent, parmi les moyens le plus accessibles, lesExercices de St Ignace pour avancer dans l'union avec leBon Dieu. (Nous signalons ici le livre, approuvé par St PieX, que le P. Barrielle nous recommandait : Des grâcesd’oraison du P. A. Poulain).

Nous voudrions aussi faire connaître un autre grandmoyen : Les sept demeures ou Le Château intérieur de SteThérèse d'Avila que nous donnons ici en résumé, traduit dutexte original espagnol.

Les raisons de ce résumé sont :

1) parce que «la charité se refroidira» et la Révolutionnous conduit à une tristesse collective et organisée; et sainteThérèse fait explicitement et consciemment de l’amour lechemin pour arriver à Dieu, et aussi parce que l'oraisondonne beaucoup de force.

2) pour faire connaître le trésor que sont la doctrine et lesconseils de sainte Thérèse pour ceux qui pratiquent l’oraisonmentale;

3) parce que cela donne envie de faire l’oraison mentale;

4) parce que c’est un des grands manuels de spiritualitéparmi les plus recommandés par le Magistère.

Avis : c’est un résumé, cela signifie que le texte completcontient beaucoup plus de choses.

Les numéros entre parenthèses correspondent à lanumérotation du texte original.

Le texte est fragmentaire parce qu’il se veut synthétique.Alors pour le compléter, il faut lire le texte intégral de sainteThérèse.

Cher lecteur, soumettez-vous aux auteurs qui sontprotégés et recommandés par le Magistère romaintraditionnel : croyez-les, pratiquez-les, et prenez garde auxcommentateurs qui ne jouissent pas de cette garantie; par làpeut se réintroduire le rationalisme et l’on se perd alors dansde mauvais chemins.

LE CHÂTEAU INTÉRIEUR

Premières demeures«Chapitre 1

Considérons l’âme comme un château… (1) Il y abeaucoup d’habitations, au centre, il y a le Roi. (2) Nousnous considérons seulement corps : c’est une honte. (5) Ilfaut entrer en soi-même; cela semble paradoxal, cependant,les âmes vivent hors d’elles-mêmes. La porte du château estl’oraison mentale. (7) Parlons des personnes qui finissent parentrer. Elles y pénètrent avec une infinité de petits animaux.

Chapitre 2Même si on pèche, on garde la capacité de jouir de Dieu.

Les demeures sont comme l’une dans l’autre. Il faut se

Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 13Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?

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connaître soi-même, mais sans excès (sa misère), il est plusprofitable de considérer les grandeurs de Dieu.

Chapitre 3

Il existe des millions d’appartements et on y entre deplusieurs façons. Toutefois le démon tend beaucoup depièges : le goût pour les choses du monde, pour les plaisirs,les honneurs, les ambitions. Il faut beaucoup d’humilité pourrésister. Pour entrer dans les deuxièmes demeures, il faut selibérer des affaires et du monde. Il ne faut s’occuper que desaffaires indispensables, sinon on n’arrivera jamais auxseptièmes demeures.

L’ennemi nous tente encore sous apparence de bien :activisme, excès de pénitence, zèle indiscret, murmures.

Deuxièmes demeuresChapitre 1 et unique.

Je parle de ceux qui ont déjà commencé à faire oraison(2). Ils sentent des invitations, cependant les affaires, lesdivertissements, les plaisirs, les distractions humaines fontobstacle. Les invitations sont les paroles des bonnespersonnes, des prédications, des lectures. Dieu le fait aussipar d’autres moyens, comme les épreuves et les infirmités. SaMajesté sait attendre plusieurs jours et même plusieursannées. Alors le démon y met obstacle par les plaisirs dumonde qu'on croit éternels, ou les souvenirs, ou en nousdétournant de la pénitence.

Entre-temps, la volonté commence à aimer le Seigneurpour ses innombrables attraits (4). On commence à voir lavanité du monde, et que les plaisirs de l’ennemi donnent del’inquiétude. Il faut fuir les mauvaises compagnies, il fauts’entretenir avec ceux qui font oraison, qui exercent lesvertus, qui sont intérieurs, cela aide beaucoup, «il estpossible que, s’entretenant avec elles, l’âme finisse pars’introduire dans les mêmes demeures» (6). Celui quicommence ne doit pas penser aux consolations, la «manne»(l’amour) viendra plus loin. Le Seigneur permet des aridités,des mauvaises pensées… Si on tombe parfois il ne faut pass’affliger. Il n’y a pas de plus grand mal que de rester endehors de sa maison. Déjà en cette vie on peut jouir debiens supérieurs. Si on n’abandonne pas l’oraison, touttourne en bien.

Troisièmes demeuresChapitre 1

Il faut de toute façon être vigilant, les armes à la main;exemple : le roi David. Il faut remercier Dieu de nous avoirdonné cette Dame pour Mère. Quand je pense à ma misère,cela me coupe les ailes. (5) Ici on a un désir ardent de ne pasoffenser Dieu, on aime la pénitence, on fait des exercices derecueillement et des œuvres de charité. Il y a quand même icides aridités, je crois par manque d’humilité.

Chapitre 2

Beaucoup d’âmes arrivent à cet état, et vivent denombreuses années avec rectitude. Cependant si Dieu les metà l’épreuve, alors elles sont troublées, elles ont desinquiétudes. Dieu veut que nous expérimentions notremisère, et Il nous enlève la ferveur. Par exemple, par uneperte d’argent, ou en nous montrant que l’on a encore le désird’augmenter ses richesses : c’est là que l’on voit si quelqu’unest détaché. On a peur des pénitences. Courage ! et humilité.Ne pas seulement désirer être considéré comme le plusmisérable, mais faire en sorte que tout le monde en soitconvaincu (8). Alors on montera beaucoup. Ici le Bon Dieuconcède des consolations qui sont déjà plus grandes que lesplaisirs et divertissements de la terre. Ces faveursproduisent beaucoup d’amour et d’énergie. (11) Mêmeaux laïcs il convient de pratiquer l’obéissance pour renoncerà la volonté propre, qui est la cause ordinaire de toute notreruine.

Quatrièmes demeuresChapitre 1

Ici les bêtes venimeuses sont rares. (On fait la distinctionentre les consolations et les goûts spirituels). Lesconsolations : nous pouvons nous procurer nous-mêmes cetétat, par exemple par la méditation. Cependant, ces mêmessentiments d’amour on peut les éprouver pour des chosesterrestres, même jusqu’à pleurer. Par exemple : recevoir unhéritage, revoir après longtemps des personnes aimées, etc.Les consolations cependant aboutissent en Dieu, alors que legoût spirituel vient de Dieu et se communique même aucorps. Il faut beaucoup estimer les consolations divines, ilfaut produire des affections ou des sentiments qui excitentbeaucoup la volonté : «l’essentiel n’est pas de penserbeaucoup, mais d’aimer beaucoup, pour cela votrepréférence doit être seulement pour les choses qui excitent leplus l’amour.» De l’imagination surgit une lutte avec lesbêtes féroces, les mauvaises pensées : il ne faut pas setroubler ni leur donner d’importance, patience, je vous lerépète, c’est inévitable (cf aussi saint Jean de la Croix, LaNuit obscure, Livre I, chap. IV).

Chapitre 2

Aux consolations spirituelles se mêlent parfois lespassions… on sent, par exemple, l’oppression de la poitrine,des mouvements extérieurs, des saignements de nez, et autreschoses. Cependant la personne reste consolée, et tout setermine avec le grand désir de plaire à Dieu et de jouir deLui, (cela donne envie de Dieu). (2) Les goûts de Dieu, je lesappelle «oraison de quiétude» (c’est la première fois quesainte Thérèse parle de la quiétude); ils sont très différents.

Exemple des deux sources : les consolations peuventêtre comparées à un bassin qui se remplit au moyen deconduites d’eau. Les goûts sont comme un bassin dont lasource est au-dessous, il se remplit avec paix, douceur et

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NB 2

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tranquillité. (4) Les goûts sont des jouissances, des délicesqui inondent tout, même les puissances, et arrivent jusqu’aucorps. Ils commencent en Dieu et finissent en nous.

Ce sont des goûts et des suavités dont tout l’hommeextérieur est submergé, comme le savent ceux qui en ont faitl’expérience. Ils naissent dans un point plus intérieur que lecœur, c’est comme un parfum, une braise… il faut pratiquerl’humilité (c’est déjà l’état passif).

Chapitre 3

L’oraison de recueillement. Les yeux se ferment, ondésire la solitude, l’âme rentre en elle-même, parfois on sesent sur soi-même, les sens et les puissances se recueillentcomme lorsque quelqu’un est appelé par un coup de sifflet, lerecueillement ne peut pas être produit par des considérationsintellectuelles. On sent le désir de se retirer dans son propreintérieur. C'est pour habituer à abandonner l’oraisondiscursive :

1) rester là et ne pas mettre en mouvement l’intelligence;

2) ce sont des opérations suaves, ici tout ce que l’on faitavec effort, violence, apporte plus de dommage que de fruit;

3) se réjouir de ce dont on est en train de jouir.

Empêcher, sans violence, que l’intellect fasse desdiscours, cependant ne pas le suspendre, l’occuperéventuellement avec la présence de Dieu ou les attributs dela nature divine (8). S’il se suspend de lui-même, très bien.Le don est fait à la volonté : laissez-la jouir.

Oraison :

– de recueillement : ici ne pas négliger d’utiliser lesconsidérations intellectuelles (discours);

– de goûts divins : ici suspendre le discours intellectuel,la volonté ne se préoccupe pas d’autre chose que de jouir,sinon elle perd ce dont elle est en train de jouir,s’abandonner entre les bras de l’amour.

(3) Effets de l’oraison des goûts divins :

– elle dilate, agrandit l’âme, donne de l’énergie; on n’aplus peur de l’enfer, on a une grande assurance d’aller auCiel, on ne craint ni tribulations ni pénitences;

– ayant goûté la douceur de Dieu, on n’a plus de goûtpour les choses de la terre, accroissement de toutes lesvertus;

– ne pas négliger de faire oraison, si ce n’est pour unenécessité urgente, c’est comme un enfant à la mamelle. (Pourles femmes, il y a le danger de confondre la douceur avec unétat d’affaiblissement ou d’étourdissement).

Beaucoup d’âmes entrent dans les quatrièmes demeures.

Cinquièmes demeuresChapitre 1

Très peu n'y entrent pas, il faut une grande solitude et untotal mépris du monde. Courage : on peut dès maintenantjouir un peu du Ciel. Ici c’est le sommeil. C’est différent

des cas précédents, dans lesquels l’âme était à moitiéendormie, ici elle est profondément endormie; tant quedure ce phénomène, l’âme reste comme hors d’elle. On nedoute pas que c’est Dieu, le démon n’entend rien à ceschoses. Il y a d’autres genres d’union (qui semblent de Dieu)qui cependant sont produits par certaines vanités : quand lajouissance est de Dieu, c’est différent. Le signe certain quecela est de Dieu, c’est que quand on revient à soi on ne peutpas douter que Dieu était dans l’âme et qu’elle était en Dieu.

Faites attention à certains demi-doctes (Ste Thérèsesouffrit beaucoup à cause de certains prêtres ignorants,timorés…) (8) et ne regardez pas si la personne (qui a cesgrâces) a de la vertu ou non. Dieu le sait… C’est le cellier.C’est l’état passif.

Chapitre 2

Il y a en cet état du plus et du moins. On a ici l’exemplede la chenille qui se transforme en papillon (au moyen dusommeil). Il y a alors des semences, des œufs, qui seréveillent au soleil : prédications, sacrements, pénitences,lectures; la chenille tisse son cocon : elle meurt au monde,reste dedans, et quand elle sort c’est un papillon : elle estcomplètement transformée. C’est durant le sommeil, avec letemps, que cela se passe; le phénomène du sommeil ne durepas plus d’une demi-heure, à mon avis. Les phénomènesdes sixièmes ou septièmes demeures sont presque identiquesà ceux des cinquièmes, ils varient par l’intensité. Jamais jen’avais joui d’autant de paix et de suavité. Cela peut sepasser en peu d’années ou en peu de jours; l’âme a unedouleur très vive de voir offenser Dieu; elle souffre beaucoupà cause de la perte des hérétiques, des maures et plus encorepour les chrétiens. C’est comme la cire molle qui reçoit laforme.

Chapitre 3

Ne pas cesser d’avancer, sinon on perd la semence et celapasse à une autre personne et l’âme meurt en communiquantsa chaleur à l’autre. Le moyen sûr, c’est l’obéissance (auxsupérieurs légitimes qui donnent des ordres légitimes).L’âme doit être disposée à renoncer à une dévotion(l’oraison) par exemple pour consoler un malade.

Chapitre 4

(Sainte Thérèse fait ici la comparaison avec le mariage).Cependant, c’est très différent du mariage naturel car ici lesopérations sont :

– plus pures

– plus suaves

– plus délicates

On n’est pas encore dans les fiançailles, cependant on sevoit (on se sent). Lui, Il concède une petite rencontre trèsbrève.

On voit l’Époux d’une façon mystérieuse. Cela rendl’âme plus digne de l’Époux. Alors elle désire les fiançailles,mais si elle aime autre chose elle perd tout. Le démon sedémène contre elle parce que, si une de ces âmes tombe, elle

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en ruine beaucoup. Au contraire, une âme de ce genre engagne beaucoup d’autres, par exemple : sainte Ursule, saintFrançois, saint Dominique, saint Ignace.

Il faut avoir le zèle pour la gloire de Dieu.

Sixièmes demeuresChapitre 1

(On résume ici les mêmes épreuves que celles dont parlele père Poulain dans son Traité Des grâces d’oraison). L’âmeainsi blessée recherche la solitude; touchée intérieurement,elle veut jouir de nouveau de cette chose. Elle ne désire plusun autre état. Alors Dieu veut qu’elle accroisse son désir, quecela lui coûte quelque chose : de là les peines intérieures ouextérieures, c’est seulement dans les septièmes demeuresqu’on les supporte bien grâce à l’union avec Dieu. A cestade, savoir qu’il faut souffrir est une aide.

Épreuves :

a) Murmures : des amis; l’âme craint de tromper lesconfesseurs; d’abord, elle craint que personne ne la confesse.

b) Tourments : d’être considérée comme bonne. En cescas-là, ceux qui vous critiquent deviennent des«bienfaiteurs».

c) Infirmités : de vives douleurs, on est tout “sens dessusdessous”. Ordinairement, ce sont des souffrances très grandeset des infirmités de tout genre.

d) Des peines intérieures : rencontrer des confesseurstimorés pour lesquels rien n’est certain, qui condamnent tout.Faites attention à la mélancolie (la tristesse). L’âme tombedans des angoisses et inquiétudes. C’est encore pire si oncroit être en train de tromper le confesseur, que l’on n’arrivepas à s’expliquer, que l’on se croit rejeté par Dieu. Il n’y aaucun remède, sinon espérer que Dieu la libère; la solitudeest dommageable, alors il faut essayer de faire des œuvresextérieures de charité.

Chapitre 2

Ces épreuves font voler très haut, on expérimente desimpulsions qui sont différentes des :

– sentiments

– consolations

– goûts divins;

ici l’âme est bien réveillée, c’est un autre degréd’oraison.

Elle sent le toucher de la flamme et qu’Il est à l’intérieur,cependant Il ne la laisse pas jouir de Sa présence : c’est uneblessure précieuse dont elle ne veut pas guérir. C’est unedouleur délicieuse. C’est comme une étincelle qui jaillit desseptièmes demeures, assez forte pour toucher mais pas assezpour satisfaire. De là le tourment amoureux, qui estdifférent des goûts divins (dans lesquels l’âme est dans l’étatde sommeil).

Ici les sens et les puissances ne sont pas suspendus (c’est-à-dire que ce n’est pas l’état de sommeil).

Cet état est une faveur plus sûre que les autres :

1) parce que le démon ne peut pas unir la souffrance et lajouissance,

2) c’est un doux ouragan où le démon ne peut pas entrer,

3) cela donne le désir de souffrir pour Dieu.

Ces peines ne sont produites ni par l’imagination ni par lamélancolie (tristesse), elles viennent du dedans. Parfois Dieuexcite l’âme et cela se répand dans les sens, Il fait entendreque l’Époux est là et qu’Il excite à jouir de Lui.

Chapitre 3 : Les paroles intérieures

Dieu excite aussi d’une autre façon : avec les parolesintérieures.

Il semble qu’elles viennent soit :

– du dehors

– de l’intime

– de la partie supérieure

– de l’extérieur

Dans les personnes faibles et mélancoliques, cela peutvenir de l’imagination, il ne faut pas s’occuper de cespersonnes et les dispenser de l’oraison mentale. Même si lalocution est vraie, au début il faut s’opposer à la locution àcause du danger d’illusion.

Elles peuvent venir de trois causes :

– Dieu

– le démon

– sa propre imagination.

Beaucoup de personnes reçoivent ces faveurs.

Il ne faut pas les accepter si elles ne sont pas conformesaux Saintes Écritures.

Signes certains des paroles intérieures :

1) la souveraine puissance : «ne t’afflige pas», «c’estmoi», «ne crains pas» : immédiatement cela donne paix,lumière et libère de l’affliction;

2) l’âme reste dans une grande gratitude : purifiée, ellea envie de louer le Bon Dieu;

3) elles ne sortent pas de l’esprit, même longtempsaprès, même si elles paraissent impossibles. Même si lesconfesseurs disent que c’est une illusion, l’âme ne doute pas.Elle se réjouit beaucoup qu’elles se réalisent.

Quand des paroles intérieures sont produites parl’imagination il n’y a pas ces signes; elles ne produisent nicertitude, ni paix, ni jouissance intérieure. Il y a, en effet, despersonnes faibles qui se les imaginent. Même si elles sontvraies, il faut consulter un confesseur savant, prudent,vrai serviteur de Dieu; Dieu fera en sorte qu’il les croie.

Les visions intellectuelles ou les paroles intellectuellessont différentes de l’imagination; elles sont :

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1) claires,

2) imprévues,

3) comme une chose que l’on écoute, tandis que celles del’imagination sont comme quelque chose que l’on composepeu à peu,

4) d’une seule parole on comprend plusieurs choses,

5) on comprend plus que ce qui est signifié.

Si elles sont du démon, elles n’apportent ni latranquillité, ni la lumière; au contraire, elles produisentconfusion et inquiétude.

Si elles sont de Dieu, l’âme reste confondue d’amour,sinon elles ne sont pas de Dieu (le démon n’ayant pasd’amour, il ne peut simuler longtemps). Si elles sont de Dieu,on ne peut pas ne pas les entendre.

Chapitre 4

Il faut un courage particulier. Pour les fiançaillesspirituelles, Dieu la fait sortir des sens (union mystiquecomplète). Il existe différents genres de ravissements (3).

On garde l’usage des facultés internes, tandis que dans lesommeil ce n’est pas le cas; jamais l’âme n’a été aussiréveillée (5). Dieu lui révèle quelques secrets, cependant ellene sait pas l’expliquer. Par exemple, si quelqu’un entre dansun lieu plein de céramiques, en sortant il ne peut en dire lesdétails. Si on n’entend pas de secrets, ce ne sont pas de vraisravissements.

C'est une grande miséricorde de Dieu. Celui qui ne veutpas en profiter sera maudit et se perdra (10). Déjà en cettevie nous pouvons jouir de si grands biens (12). Lui, Ildésire se donner, l’âme est hors des sens, cependant parfoispas totalement,… la respiration semble disparaître (13). Lecorps se refroidit. Cette extase (c’est la première fois quesainte Thérèse utilise ce mot) ne dure pas longtemps. Aprèselle reste absorbée un certain temps, elle n’a de goût quepour les choses de l’amour, elle est incapable d’autre chose.

On a honte si cela se passe devant d’autres personnes eton craint qu’elles ne croient autre chose.

«Soit qu'on te loue soit qu'on te méprise, tu y gagnes.» ditNotre-Seigneur à sainte Thérèse. L’âme est à Dieu, personnene peut la toucher; par contre le corps, l’honneur, les biens,Dieu permet qu’on y touche. Dieu défend l’âme contre toutle monde et contre tout l’enfer. Les vrais ravissements sontdifférents des faux, car l’âme peut aussi être victime de cesderniers. Et quant aux effets des faux ravissements, il resteun malaise dans l’âme.

Chapitre 5

Les vols de l’esprit. Il faut du courage.

Il y a un autre type de ravissement : le vol de l’espritimpétueux, rapide, d’un coup; cela fait un peu peur, on nesait pas qui, où, ni comment.

On ne peut pas résister : si on essaye de résister c’estencore pire; il faut s’offrir à Dieu. Il fait voir que l’âme n’estplus maîtresse d’elle-même. Le bassin se remplit d’un coup(5). Il faut du courage, on voit sa propre misère et que tout

vient de Dieu. (7) On croit que l’âme se sépare du corps, estportée dans une région lointaine, on lui montre de grandeschoses en un instant, une infinité de secrets. C’est une visionimaginaire, c’est-à-dire que Dieu se sert de l’imagination (9).Quand l’âme revient à elle, elle en tire beaucoup d’avantages :

1) conscience de la grandeur de Dieu,2) plus d’humilité,3) le mépris des choses de la terre (le démon ne peut pasprovoquer des effets si sublimes) :

1) paix, 2) réconfort, 3) profit.

(12) On perd l’usage des sens sans en savoir la raison.Courage !

Chapitre 6

(1) On est tellement plein d’amour qu’il suffit d’unepetite occasion pour que l’âme recommence à prendre sonvol. Les ravissements sont aussi fréquents en public, d’où lespersécutions et les médisances. L’âme ne veut pas craindre,cependant cela arrive parfois, surtout à cause desconfesseurs. Elle ne se sent en sécurité que lorsqu’elle estseule avec Dieu. Il lui paraît impossible d’obéir auconfesseur, elle a envie de prêcher, il lui faut réprimer lesdésirs très violents de voir Dieu.

Je crois que le démon ne peut pas donner cela, mais lapassion oui. Faites attention de ne pas trop pleurer, celafatigue. (10) Le démon ne peut produire autant dejouissances; par exemple, cette jouissance faisait pousserdes cris à certains saints, on les croyait fous (12). Cela medonne beaucoup de joie de voir les religieuses unies à cettejouissance intérieure. Si cela dure toute la journée, l’âmesemble ivre.

Chapitre 7

C’est une très grave erreur de ne pas utiliser l’humanitéde Notre-Seigneur, de Notre-Dame ou des saints.

(1) La douleur des péchés augmente à cause des faveursque l’on reçoit, on voit sa propre ingratitude, cependant cen’est pas à cause du châtiment, on n’a pas peur de l’enfer. (5)On jouit de choses si sublimes qu’il semble qu’il ne faut pasméditer l’humanité de Notre-Seigneur, mais seulement jouirde l’amour; quelques-uns enseignent cela, moi je vous dis, jevous répète, c’est un mauvais chemin.

(6) Se séparer de ce qui est corporel pour brûler d’amour,c’est le propre des anges, ce n’est pas pour nous. Celui quienseigne cela fait mal. (8) Si le feu de l’amour s’éteint, si onne sent pas la présence, il ne faut pas rester ainsi, il fautessayer de le réveiller en demandant (à la beauté) descréatures : «Qui t’a fait ?» (St Augustin : Les Confessions,livre X, chap. 6, et Soliloques, chap. 31). Si le Seigneursuspend les puissances, il faut continuer avec Son humanité(oraison discursive, affective, ordinaire).

(14) Ne pas avoir peur des choses corporelles.

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Chapitre 8

Caractéristiques de la vision intellectuelle (et principes desainte Thérèse, voir le point 8).

(1) Entre-temps l’âme avance, la compagnie de Jésusse fait constante, elle le sent sans le voir, ni avec les yeuxdu corps, ni avec ceux de l’âme (imagination) : c’est ceque j’appelle la vision intellectuelle. (3) La visionimaginative passe rapidement, cette autre dure des jourset même un an.

Cela ne peut être produit par la mélancolie ni par ledémon à cause des bons effets intérieurs.

(4) «Cette personne (saint Pierre d’Alcantara) et moinous étions une seule chose, rien ne se passait dans son âmesans que je le connaisse». Cela produit la compagniecontinuelle de Dieu et des actes d’amour quasi continuels; onle sent près de soi.

(6) On sent la présence de la Sainte Vierge ou dessaints.

(7) Je ne crois pas que le démon puisse produire desavantages et des effets si larges et avec autant de paix(personne ne peut donner ce qu’il n’a pas). Cela l’enrage quel’âme se tienne toujours avec Dieu. (8) «Ma pensée est etsera toujours que ces effets que l’on sent sont propres à lagrâce de Dieu.» Celui que Dieu conduit par ce chemin nedoit pas se laisser épouvanter. Au début, il faut parler de cela,sous le secret de la confession avec une personne trèssavante ou très spirituelle, préférer qu’elle soit trèssavante même s’il lui manque le spirituel. Ne vousinquiétez pas si l’on vous dit que c’est votre imagination oule démon.

(4) Si c’est une personne qui pratique l’oraison mais n’estpas conduite par ce chemin elle s’épouvantera etcondamnera toutes ces choses. Je vous conseille un grandthéologien, si possible très spirituel. La prieure du monastèreest obligée de le permettre. Après, ne pas multiplier lesconsultations, c’est bien de les garder secrètes, sinon il y aurades persécutions et des angoisses. Ici-bas on ne peut avoirqu’une sécurité relative.

Chapitre 9

Il ne faut pas désirer la vision imaginaire, cependant elleproduit de grands avantages si elle est vraie.

(1) Ici le démon peut tromper plus facilement. Si ellessont de Dieu, elles sont utiles, on ne les oublie pas, cela duretrès peu, on entre toujours dans le ravissement, on comprendla grande majesté de Dieu : «O Seigneur… comme leschrétiens vous connaissent peu». (8) Si cela se prolonge, cen’est pas une vision imaginative mais une figure qui s’estformée dans l’imagination. On reconnaît cela parce qu’on nesent pas les effets, l’âme reste froide et l’oublie après. (10)La vision imaginaire arrive d’un coup. D’abord elle troubleet fait peur, puis après laisse une paix délicieuse. Ensuite

quand on en parle avec le confesseur qui n’a pas pu la voir etsi l’âme s’explique mal, elle peut avoir des doutes, mais avecle temps, on en voit les fruits. (12) S’ouvrir trèssincèrement, le Seigneur aime que l’on utilise ses prêtres(très savants).

(14) Avantages de la vision imaginative : le souvenir trèsdoux de l’image et la consolation très vive. Cependant il nefaut pas la désirer parce que :

1) c’est un manque d’humilité,

2) le fait de la désirer favorise la tromperie et meutl’imagination,

3) c’est téméraire de choisir son chemin,

4) cela donne beaucoup de travail.

(17) Cependant les délices de la vraie vision imaginaireont beaucoup d’avantages.

Chapitre 10

Dieu donne d’autres grâces quand l’âme est affligée ouquand Il veut trouver ses délices en elle; l’inquiétude etl’affliction empêche l’âme de s’occuper dans l’amour, et ledémon y gagne beaucoup. (2) A l’âme alors deux grâces,deux vérités sont concédées :

1) on comprend de quelle manière on voit les choses enDieu et comment Dieu les contient toutes en Lui-même.

Voir comment nous commettons les péchés en Dieu, celaaide à supporter les injures, alors qu’Il supporte tant de notrepart. Il a raison de désirer que nous autres, nous pardonnionsà tous.

2) Dieu montre que Lui seul est la vérité et que le mondeest mensonge. Dieu aime tellement l’humilité parce quec’est la Vérité.

Chapitre 11

Les grands désirs de jouir déjà de Dieu. (2) Anxiétés,larmes, soupirs semblent prendre naissance de notre amourquand ce dernier est très senti. On a de la peine d’être encoreloin de Dieu. C’est comme un coup de flèche, on ne peut pass’empêcher de crier. (7) Le degré d’intensité maximum duretrois ou quatre heures, on craint de mourir. Cela se terminepar un ravissement, une extase qui console.

Grands avantages :

1) le mépris du monde

2) seul le Créateur peut rassasier, on a davantage demépris pour les créatures.

Ces âmes, Dieu les défend par les actes et, avant demourir, les récompense de tout.

Septièmes demeuresChapitre 1

Dieu étant infiniment grand, ses opérations n’ont pas nonplus de limites.

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Ce qu’elle (sainte Thérèse) sait, elle le sait parexpérience. Prions, car beaucoup d’âmes meurent de faim.Ici cela diffère des ravissements. C’est la vision intellectuelledes Trois Personnes. Les merveilles et les jouissances, qui nel’abandonneront pas, augmentent chaque jour, cependantl’âme peut opérer extérieurement.

On ne voit pas toujours la Trinité, mais seulement lapremière fois, et après si Dieu le veut. Comme par exempleune personne que l’on voit dans une chambre éclairée, etensuite on ferme les volets, alors (on sent que) l’autre est làmême si on ne le voit pas. On se sent mieux en tout.

Chapitre 2

La première fois Notre-Seigneur montre Son humanitédans une vision imaginaire. «Peut-être qu’à d’autrespersonnes Il se montre d’une autre façon». Pour sainteThérèse cela s’est passé après une communion. Il lui dit :«qu’elle s’occupe de Lui et Lui s’occupera d’elle… etd’autres paroles qu’il vaut mieux entendre que dire».

(2) C’est différent des autres apparitions, l’âme est horsd’elle, elle est remplie de crainte à cause de la violence (desravissements et des paroles). Ici les deux ne peuvent pas seséparer. On ne pense pas au corps. Dieu est au centre le plusintime (3).

C’est une vision intellectuelle. La jouissance est intense.C’est différent des fiançailles spirituelles, où on peut seséparer, on ne le sent pas continuellement (dans le mariagespirituel on le sent toujours) (4). Exemple : c’est commel’eau du ruisseau qui rentre dans la mer.

On entend plusieurs choses… que c’est Dieu qui donne lavie à l’âme : on le sent bien. De l’âme sortent des paroles detendresse. «Entre-temps de ce sein divin auquel l’âme estattachée, sortent certains jets de lait qui réconfortent tousles habitants du château; le Seigneur veut ainsi qu’euxaussi participent des jouissances de l’âme, pour soutenirceux qui doivent servir pour le corporel les deux époux».(6) On se rend compte de cela comme quelqu’un qui estmouillé à l’improviste. Le principe qui meut cette eau existe;cependant l’âme ne bouge pas ni ne perd la paix.

Quant on est dans la septième demeure, ou on n’est passujet aux mouvements des puissances et de l’imagination, oucela ne cause pas de dommage ni n’enlève la paix. (9)

Le Roi est assis sur son trône bien que le royaume soittravaillé de grandes guerres et calamités, de bêtesvenimeuses, de confusions et tumultes, cependant rien nemeut l’âme.

Chapitre 3

Le Christ vit en elle et on en voit les effets :

– un grand oubli de soi-même, tout pour la gloire deDieu (1);

– un grand désir de souffrir, cependant sans inquiétude siDieu ne le veut pas. Si on est humilié ou persécuté, on priepour ceux qui persécutent, on n’a pas de ressentiment ni derancune envers eux. On leur fait du bien.

Avant, l’âme désirait mourir, maintenant elle veut vivrepour la plus grande gloire de Dieu.

Maintenant elle ne désire plus de goût ou de consolationcar elle a Dieu au dedans d’elle. (8) Elle n’a pas d’ariditésni de peines intérieures. Elle veut seulement louer Dieu.Elle voit comment Dieu désire se communiquer à nous.Là, il y a des touchers d’amour auxquels il faut correspondre.Ce qui caractérise la septième demeure est l’absencequasi totale d’aridité et d’inquiétude intérieure, engénéral on est toujours dans la paix. Dieu invite l’âme à Lecontempler… on jouit l’un de l’autre dans un très hautsilence. (11)

C’est merveille que là, il n’y ait presque plus d’extase.L’âme ne se sent plus seule. Ce que nous avons dit avant, cesont seulement des effets. L’âme a rencontré la terre fermedans les tempête du monde. Attention de ne pas retomberdans les guerres d’avant… elle a la présence de Dieu qui luifait tout oublier.

Chapitre 4

Ces effets ne se maintiennent pas toujours, quelquefois leSeigneur abandonne l’âme à sa nature, alors toutes les bêtesvenimeuses semblent se réunir pour se venger, cela dure unjour ou un peu plus. Ainsi l’on comprend mieux le bien quel’on a.

L’âme a de vifs désirs, cependant aussi des imperfections,péchés véniels et même, c’est possible, quelques péchésmortels occultes. Il faut garder la sainte crainte de Dieu.Toutes ces grâces sont données pour souffrir : oublier lerepos, l’honneur, l’estime de soi-même… le but du mariagespirituel, ce sont les œuvres. L’humilité est le fondement del’édifice. Il faut faire en sorte d’être le dernier. La compagniede Dieu donne la force à laquelle prennent part tous leshabitants du château, même le corps car c’est pour fairedes bonnes œuvres.

Désirons ce degré d’oraison, non pour jouir mais pouravoir la force de servir Dieu, (pour la prochainepersécution…).

Il est nécessaire que Marie et Marthe aillent de concert.Marie ne fut pas seulement la contemplation.

FinJe suis contente de cet écrit. Si par obéissance vous êtes

obligé de rester hors du château, vous trouverez toujours laporte ouverte au retour. Bien qu’il n’existe que septdemeures, chacune se divise en beaucoup d’autres : en bascomme en haut, sur les côtés, dans les jardins il y a des fleurset d’autres choses délicieuses qui nous font nous anéantirdans la louange de Dieu. Priez pour l’exaltation de la SainteÉglise, la conversion des Luthériens, pour moi.»

NB 5

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Schémas des degrés d’oraison (d’après le P. A. Poulain : Des grâces d’oraison)

Oraison :

1) ordinaire 4 degrés (ascétique ou active : icil’effort humain est important)

1. Vocale (prière vocale)

2. Discursive (ou méditation : on fait desconsidérations intellectuelles)

3. Affective (plus de place aux affectionsqu’aux considérations intellectuelles)

4. De simplicité ou simple regard (presquetoujours la même chose ou avec peu de variations)

2) extraordinaire : 4 degrés (mystique oupassive : ici c’est Dieu qui opère et l’âme doit selaisser conduire)

dans les différents degrés il y a continuitécomme dans un arc-en-ciel : vert tendant au jaune

1. Union mystique incomplète ou oraison dequiétude (état faible, il y a des distractions)

2) Union pleine ou semi-extatique (oraisond’union) état moyen, sans distractions mais lessens sont libres (sommeil)

3) Union extatique ou extase (l'action divine aune considérable énergie, les communicationsexternes sont suspendues; on n’en sort pas de soi-même)

4) Union transformante ou déifiante oumariage spirituel (ici tout se modifie)

NB Ce sont des degrés progressifs, c’est-à-dire qui procurent chaque fois plus de gloire à Dieu et de grâce à l’âme.

Lorsque les maîtres spirituels disent de chercher l’union mystique avec Dieu ils entendent par là l’union intérieure (parl’oraison), et il n’y a là aucun danger, par contre ils enseignent de résister aux phénomènes mystiques qui surviennent parl’intermédiaire d’une créature (apparitions, paroles intérieures…) car là il y a danger d’illusion.

I. – Premier caractère fondamental de l’union mystique : la présence de Dieu sentie (I° thèse du P. Poulain, II° part., ch. 5).

II. – Deuxième caractère fondamental de l’union mystique : la possession intérieure de Dieu, manière dont on la sent, (cfpp. 93-105), on sent comme quelque chose d’intérieur dont l’âme est pénétrée, imbue, immergée… comme une fusion, lasensation d’être touchée de l’intérieur; un toucher intérieur (II° thèse du P. Poulin, II° partie, ch. 6).

Les dix caractères de seconde espèce de l’union mystiqueIII. – Impossibilité de se procurer par soi-même ces états… Ils arrivent à l’improviste… on ne peut en augmenter l’intensité,

ils dépendent entièrement de Dieu. (Ils produisent la vertu d’humilité car on est conscient que tout dépend de Lui).

IV. – Cette union est en partie obscure et confuse, parce qu’elle ne vient pas de la nature, il y a une certaine inquiétude… “jene comprends rien !”

V. – Cette forme de communication est incompréhensible (mystique = mystère).

«On jouit d’un bien sans savoir par qui ni comment» (Ste Thérèse).

«La volonté aime sans objet spécial et distinct» (dans l’intelligence) (La Vive flamme d’amour, St Jean de la Croix, strophe 3,verset 3, § 10).

VI. – Cette union n'est produite ni par le raisonnement ni par la considération des créatures, ni par des images sensibles (onsent et on se sent occupé par une sensation, sans objet dans l'intelligence, ni image dans l'imagination).

VII. – Cette union varie continuellement d'intensité. Cela provoque de la souffrance.

VIII. – Cela demande moins de travail que la méditation (discursive), c'est l'oraison de quiétude mais là, il y a desdistractions.

IX – Cette union est accompagnée de sentiments d'amour, de repos, de plaisir et parfois de souffrance. Ici on parle “d'amoursenti” (Il ne faut pas mortifier le plaisir sous prétexte de mortification. La mortification a pour objet d'enlever l'obstacle àl'union divine, mais non d'enlever tout ce qui la favorise, il ne faut pas commettre cette erreur.) Sainte Thérèse encouragel'amitié spirituelle.

X. – Cette union porte d'elle-même très efficacement à toutes les vertus.

XI. – L'union influe sur le corps et réciproquement (Voir St Jean de la Croix, La Nuit obscure, liv. 1, ch. 4 ou 5 selonl'édition).

XII. – L'union empêche la production de certains actes intérieurs. Cela s'appelle ligature.

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Un autre grand moyen d'oraison c'est

Le Rosaire

«Le Rosaire renferme deux choses, savoir : l’oraisonmentale et l’oraison vocale» (St Louis-Marie Grignon deMontfort, Le Secret admirable du très saint Rosaire, n. 9).En ces temps difficiles, il faut user de ce grand remède qu’estle saint Rosaire.

A Fatima, la Très Sainte Trinité l’a donné commel’ultime moyen, avec la dévotion au Cœur Immaculé deMarie. Souvenons-nous : saint Louis-Marie G. de Montfortdit, dans Le Secret admirable du très saint Rosaire, que leCiel l’a donné pour convertir les pécheurs les plus endurcis etles hérétiques (et combien de mauvaises doctrines peut-onvoir de nos jours !) La Sainte Vierge l’a donné à saintDominique comme une nouvelle arme secrète contre lesAlbigeois (op. cit. n. 51) et les fruits furent abondants.

L’argent, les honneurs de ce monde, les plaisirs mondainsseront bientôt pourris par la mort, alors que tous les AveMaria du Rosaire continueront à briller durant 100, 1000,100’000 ans, comme des diamants éternels.

«Si vous êtes fidèles à le dire dévotement jusqu’à la mort,malgré la grandeur de vos péchés, (…) vous vous sauverez»(n. 4). C’est pour cela que le démon nous l’arrache des mains :“je suis fatigué… j’en dirai deux demain…” et l’on omet dedire le chapelet une fois, puis deux… et c’est l’histoire d'ungrand nombre.

Saint Louis-Marie Grignon ne cesse de le dire : «quandvous auriez vendu votre âme au diable comme un magicien,quand vous seriez un hérétique endurci et obstiné comme undémon, vous vous convertirez tôt ou tard et vous sauverez,pourvu que (…) vous disiez tous les jours le saint Rosaire»(n. 4).

L’excellence du Rosaire réside dans le fait qu’il«renferme l’oraison mentale et l’oraison vocale» (n. 9).

Il fut donné à saint Dominique en 1214. Voyant que leshommes se perdaient par l’hérésie albigeoise (aujourd’huipar le modernisme et le relativisme) il observa trois jours ettrois nuits de prières et de pénitence; alors l’admirable Mèrede Dieu, accompagnée de trois princesses du ciel, luiapparut et lui dit : «Sais-tu, mon cher Dominique, de quellearme la Sainte Trinité s’est servie pour réformer le monde ?(…) Sache que la principale arme a été le psautier

angélique, qui est le fondement du Nouveau Testament (…) situ veux gagner à Dieu ces cœurs endurcis, prêche monpsautier» (n. 11).

Saint Dominique tout consolé s’en fut à la cathédrale deToulouse, les cloches sonnèrent, miraculeusement actionnéespar les anges, pour assembler les fidèles; un orage terribles’éleva, avec de nombreux éclairs; la terre trembla, le soleils’obscurcit et tous les fidèles présents dans la cathédrale«virent l’image de la Très Sainte Vierge lever trois fois lesbras vers le Ciel pour demander vengeance à Dieu contreeux s’ils ne se convertissaient et ne recouraient à laprotection de la sacrée Mère de Dieu» (n. 11).

(Cela se comprend très bien quand on pense que nouspéchons tellement et que dans Sa Miséricorde Infinie laSainte Trinité, qui veut que tous soient sauvés pour l’éternité,donne un moyen si facile : 15 minutes chaque 24 heures, unchapelet par jour et les hommes méprisent la Bonté deDieu… Combien de catholiques disent-ils le chapelet tous lesjours ? Et les catholiques baptisés sont un peu plus de 900millions…)

Ainsi tous les habitants de Toulouse se convertirent auRosaire et l’on vit un grand changement dans la ville. SaintDominique prêcha le chapelet toute sa vie.

La Sainte Vierge dit à saint Dominique : «Beaucoup deprédicateurs veulent tout de suite tonner contre les péchésles plus graves, ignorant qu’avant de donner un remèdepénible, il faut préparer le malade à le recevoir (…). C’estpourquoi ils doivent d’abord exhorter à prier le Rosaire, puisDieu les aidera» (n. 15).

Pourtant 100 ans après l’institution du Rosaire par laSainte Vierge, la malice et l’envie du démon avaient réussi àle faire oublier. Alors, en l’an 1349, vint la grande peste (sur100 personnes, un seul survivant) et d’autres hérésies : lesFlagellants et le schisme d’Orient (n. 18).

La Sainte Vierge apparut alors au Bienheureux Alain dela Roche et lui ordonna à nouveau de prêcher le Rosaire.Notre Seigneur lui parla dans l’Hostie : «Tu me crucifiesencore ! (…) parce que tu as la science et ce qui estnécessaire pour prêcher le Rosaire de ma Mère et par cemoyen instruire et retirer plusieurs âmes du péché (…) et nele faisant pas, tu es coupable des péchés qu’ils commettent».Alors, il se mit à le prêcher ! (n. 19).

La Très Saint Vierge lui dit lors d’une apparition : «Tu asété un grand pécheur en ta jeunesse (…) j’ai prié et désiré,s’il eût été possible toutes sortes de peines pour te sauver (…)et te rendre digne de prêcher mon Rosaire (…) Fais-le !»Saint Dominique lui-même lui dit de le prêcher «vous et tousles autres qui aimez la Sainte Vierge» (n. 20).

L’histoire liturgique du Rosaire est l’histoire des victoireschrétiennes sur l’Islam : Lépante en 1571, Vienne en 1682, laHongrie en 1716, etc. Alors, courage, préparons-nousenlevons la télévision et demandons à la Très Sainte Viergede susciter à nouveau de grands prédicateurs du Rosaire !

Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 21Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?

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…Je veux savoir qui a fait les créatures pour Le remercier… Avoir conscience de la jouissance pour Le remercier… Remercier de tout l'amour sentijusqu'ici… faire le décompte… Spécialement dans les temps de persécution de l'Église, lorsque les ennemis veulent nous faire trahir la Foi, nouséliminer, nous diviser et nous faire nous sentir mal, il faut témoigner de la Foi, survivre, rester unis et se sentir bien.

«La vraie cause de l'amour de Dieu, ce sont ses bienfaits» (St Thomas).

Lorsque l'amour se refroidit, pour le réchauffer, St Augustin et Ste Thérèse nous disent de demander aux créatures : «Qui t'a fait ?»

(Confessions, Livre X, chap. 6; Soliloques, chap. 31; Château Intérieur, 6, 7) .

1) Mettez ici la créature que vous aimez le plus.2) St Ignace, Exercices, N°230…

Ce fruit et tous les fruitsCette herbe » herbesCette plante » plantesCette fleur » fleurs

… » …

(maintenant et continuellement)

Cet oiseau et tous les oiseauxCette fourmi » fourmisCette vache » vachesCette brebis » brebisCe poisson » poissons

… » …

(maintenant et continuellement)

Cet homme et tous les hommesCette femme » femmesCe vieux » vieuxCet enfant » enfants

… » …

La Sainte Vierge«…ses charmes extérieurs…» (Traité, St L.-M.G. de Montfort, N°49)

C'est

objectif

PRÉAMBULES ANTISUBJECTIVISTES ET EXERCICE DE RÉÉDUCATION À L'AMOUR DE DIEU«…Méditez les attributs de Dieu…» Mgr Lefebvre (Itinéraire spirituel)

L'homme moderne considère «Dieu comme une abstraction» (Cor Unum N° 60), une pensée.Le subjectivisme met un nouveau filtre sur la philosophie grecque, la théologie de St Thomas, les Exercices de St Ignace, et cela en empêche les fruits; nous n'allons réécrire ni la Métaphysique, ni la Somme, ni les Exercices, ils sont déjà faits

et bien faits, nous essayons seulement d'enlever le filtre qui a été mis postérieurement par le subjectivisme.

Retour à Dieu à travers les choseset Exercice contre la VIe Révolution, c'est-à-dire la Révolution de la tristesse collective et organisée qui veut «refroidir la charité»,

nous faire nous sentir mal et insinuer le blasphème que Dieu est méchant. «Celui qui va en amour ne se fatigue point et ne fatigue point» St Jean de la Croix. «…Et de jouir toujours de Ses consolations» Oraison au St-Esprit. «1) Dans l'amour, l'aimant donne à l'aimé ce qu'il a.

2) Pas avec les paroles mais avec les faits. 3) Considère avec beaucoup d'affection» (St Ignace, Exercices, n° 230…).

I) Ils sont en dehors de moi…ils sont autre chose que moi

(contre le subjectivisme, contre la maladie de se renfermer dansla pensée, dans la télévision, dans les villes, dans les machines etdans la «civilisation artificielle» comme le dit Pie XII…)

II) Ils ont une certaine perfection,«…la preuve qu'il existe une intelligence c'est son œuvre» :

Dieu existe (contre l'athéisme)Et Dieu est-il bon ou méchant ? Dieu est bon parce que ses

créatures me font du bien objectivement. On dit : pourquoi, si Dieuest bon, permet-Il que les enfants souffrent ? …Parce qu'après Il aune éternité pour les consoler : «banquet éternel»… toujours…toujours. En proportion, une maman est “plus cruelle” en faisantattendre son enfant une journée avant de lui donner un gâteau.

III) Il est un Être infiniment supérieur et amoureux et nous, nous sommes infiniment inférieurs et froids

(contre l'égalitarisme) voir Exercices de St Ignace, N°58-59.Qui est Dieu ? Quand la Très Sainte Trinité veut, pour ainsi dire,nous trouver, Elle doit regarder tout l'Univers… des centaines demillions de galaxies… puis la Voie Lactée… des centaines demillions de “systèmes solaires”… puis le Soleil… 300.000 fois plusgrand que la terre… l'Europe… moi… (heureusement que Dieu estAmour !)

IV) Dieu habite en eux par : «Son …essence …puissance …présence» (St Thomas, I p., q. 8)

(contre l'insignifiance de Dieu). Si Dieu était visible, on verrait lePère grand dans le ciel… Son regard infiniment heureuxmaintenant et continuellement … Son sourire… et Ses mainsrentrer dans les choses, leur donnant l'être, de même que N.S.Jésus-Christ…

V) Et Dieu veut être reconnu comme la Cause exclusive des choses et éliminer l'erreurdes autres dieux et les autres religions

(contre l'égalité des religions : l'œcuménisme) «Tu n'auras pasd'autres dieux…» (Exode 20, 3). Le vrai papa et la vraie maman neveulent pas que leurs enfants appellent maman et papa les fauxdieux, ils veulent être connus personnellement et pas en général.

VI) Et Il a fait les créatures pour me faire jouir, con-formes à Sa Volonté, pour me faire sentir l'amour (2)

(contre la tristesse collective organisée, le refroidissement de lacharité, le non-amour…)

même si :

je ne le pense pasje ne le sens pas

même si :

je me suis renfermé dansma pensée

je ne l'aime pasje ne le veux pasje n'ai pas le tempsça ne m'intéresse pas

même si :j'en ai honteje ne suis pas d'accordje suis distraitje perds le contact avec les choses

même si :

ça m'embêteje n'arrive pasje ne veux pas jouirça ne me dit rien

même si :

je l'oublieje suis indigneje suis contrej'ai peur

même si :je dorsetc…

Cette terre et toutes les terresCe feu » feuxCette eau » eauxCet air » airs

…(1) » …

(maintenant et continuellement;et elles restent en dehors de moi,objectives… patientes … fortes généreuses … héroïques…)

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IV° PartieAvantages pratiques de l'oraison

Après avoir vu l'importance et les bienfaits de l'oraisonmentale, nous en donnons ici un exemple concret, qui nousmontre comment un catholique peut se sentir bien (“on peutjouir un peu du ciel déjà ici-bas” Ste Thérèse) dans unehostilité extérieure à son comble.

Le Père Pierre Alagiani dans les prisons soviétiquesUn exemple historique nous montre comment l’oraison

mentale est un des meilleurs moyens surnaturels de défense,spécialement en temps de persécution.

Le monde moderne est déjà en train de devenir uneprison psychologique collective (justement comme la“Lubianka” de Moscou où était enfermé le P. Alagiani).Demain ce ne seront peut-être pas les prisons communistesmais les prisons de l’ONU pour les catholiques qui veulentencore croire et pratiquer les actes de Foi interdits parl’ONU et Vatican II.

Ni la vie ni la mortMon paradis dans les prisons soviétiques

P. Pierre Alagiani (Alagiagian) S. J.

(Éd. Téqui)

«… Chapitre XV – Mon paradis terrestreSeul avec le Christ

Dans ma cellule du Korpus N. 3, j’avais la solitudeparfaite. Finis les interrogatoires ! Je pouvais mener une vietout intérieure, intensifier mon union avec Dieu; j’avaiscomme l’impression sensible d’être avec le Christ. Je luiparlais simplement comme un petit enfant. Tout haut, commes’Il était là à m’écouter. Je Lui disais mes appréhensionspour l’avenir; je partageais avec Lui mes joies quotidiennes.La solitude absolue, la privation de tout contact avec cemonde, sans lettres d’amis, sans nouvelles, transformèrentma cellule en un petit paradis.

Au début, je me lamentais en présence du Christ quej’avais avec moi dans l’hostie consacrée. Je me disais : «Quevais-je faire durant tant d’années, seul, sans aucun livre pourme distraire et faire passer le temps ?» Le Seigneurm’inspira l’idée d’écrire un livre qui aurait pour titre :«Colloques avec Dieu pour une retraite spirituelle de sixjours, selon la méthode de saint Ignace, destinée auxprêtres». D’autres projets me passèrent par la tête : écrire unroman historique en trois parties où je raconterais messouvenirs; composer de petits traités de piété ou des récits,

etc. Mon enthousiasme ne dura pas. Je me sentais incapablede réaliser tous ces projets, d’autant plus que je n’avaisaucun instrument de travail. Je n’avais même pas de papierpour écrire. Mais Dieu me donna la force de vaincre lesdifficultés. Je finis par avoir une plume et de l’encre. Pour lepapier, je dus m’ingénier. On mettait du papier-journal dansles toilettes; j’en taillai les marges blanches que je collai avecde la mie de pain; je les réunis en cahier. Je commençai doncà composer ma retraite pour les prêtres. Au début, j’écrivaisdifficilement, mais bientôt tout alla si rondement que j’euscent quatre-vingts pages de méditation. Certains jours, lesidées ne venaient pas. D’autres fois, j’écrivais comme siquelqu’un me tenait la main. Le soir, quand je relisais mespages, je ne me reconnaissais pas moi-même et, pleurant dejoie, je disais au Christ présent : «Non, cela n’est pas de moi !Je ne suis que Votre copiste !»

Mes jours se divisaient en trois parties : huit heures pourle sommeil; huit, pour le travail, deux heures pour les petitstravaux et les repas, puis six heures de prière.

Nostalgies spirituelles

Je souffrais énormément de ne pouvoir dire la messe. LeChrist m’inspira un acte de dévotion sui generis. Je metaillais une grande hostie de papier et, chaque matin, aprèsma méditation, je «célébrais» deux messes; l’une en ritearménien, et l’autre en latin, c’est-à-dire que je récitais toutesles prières de la messe avec toutes les cérémonies comme sij’étais vraiment à l’autel. Je dois avouer que ces messes –appelées sèches – analogues à des communions spirituelles,me donnaient plus de dévotion et de consolation que mesvraies messes d’autrefois. Je pensai aussi à dire «mes»messes en union avec les fidèles. Je me fis de petites hostiesde papier et, devant la balustrade imaginaire vers laquelleje me tournais, je disais : «Ecce Agnus Dei, ecce qui tollitpeccata mundi». Puis je faisais les mouvements pourdistribuer la communion aux nombreux fidèles quel’imaginais présents; je répétais plusieurs fois : «CorpusDomini nostri Jesu Christi custodiat animam tuam in vitamæternam. Amen»

Je n’avais pas de montre. Je faisais l’examen deconscience après le repas du midi. Quand le soleil tombait, jefaisais une visite au Saint Sacrement qui durait une demi-heure; la consolation aidant, il m’arrivait souvent d’ypasser une heure. J’avais une heure pour me promener dansla cour; j’en profitais pour dire mon bréviaire, c’est-à-diretrois chapelets.

Après «ma» messe dite le matin et la bénédiction duSaint Sacrement le soir, je m’imaginais m’adresser à uneassemblée de fidèles et je disais : «Dieu soit béni ! Béni soitson saint nom, etc.» Prenant une voix de baryton, je répétaisles invocations au nom du peuple chrétien !

Je souffrais de vivre isolé de mes confrères. J’en parlais àJésus-Hostie. D’accord avec Lui, je décidai de vivre dans

Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 23Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?

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une communauté «idéale» dont je serais le ministre, commelorsque j’étais au Gesù de Rome. Le Christ était le supérieur.J’avais pour compagnons : la sainte Vierge, saint Joseph,sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, sainte Agnès, saintMarcellin et mon Ange gardien. Ainsi fut créé «ma petitecompagnie de Jésus !»

Le soir, en me couchant, je leur disais “Bonne nuit” àtous. Comme en Italie, certains jours, je faisais les pénitencesd’usage, selon la pratique dans les communautés religieuses.Pour varier, je m’imaginais faire mes dévotions dans lesdifférentes églises de Rome. Ces pèlerinages fictifs mefournissaient la matière de mes examens de conscience; ilsme rappelaient le temps où j’avais, vaille que vaille, accomplimon devoir; j’en profitais pour demander à Dieu pardon.

L’année était entrecoupée de neuvaines. Le tempspassait si vite que je commençai à m’en alarmer. Devantpasser 156 mois en prison, je pris l’habitude de compter letemps, non par jours, mais par mois. J’arrivai vite au moisjubilaire, le cinquantième. Tout à la joie de célébrer mon«jubilé» et de la communiquer aux autres, je dis au policierqui me passait mon repas au guichet : «Savez-vous ?Aujourd’hui je célèbre mon jubilé de prison !» Il me ferma leguichet au nez en me disant que cela le laissait bien calme !Cela me fit mal, très mal !… Mais, il me suffit de jeter uncoup d’œil vers Jésus-Hostie pour écouter son douxreproche : «Mais, ce n’est pas assez que je sois là pour teconsoler ?…»

Mes activités apostoliques

A mesure que le Seigneur m’introduisait dans lesmystères de la vie intérieure, Il allumait en mon âme unesprit extraordinaire d’apostolat et de soif du salut des âmes.Dans ce désir de gagner les hommes au Christ, je travaillaismon caractère impulsif et emporté pour le rendre très doux etaffable même avec le gardien de la prison. Je considérais lecommandant de la prison comme mon supérieur, et les autresgardes comme mes frères pour le salut desquels je devaisprier et souffrir. Je profitais de toute occasion pour glisser unmot sur Dieu, sur l’âme, sur la vie éternelle. Les contactsétaient rares. Mon premier essai sérieux fut auprès de l’aide-geôlier. Après de long travaux d’approche, il me demanda delui transcrire les principales prières des chrétiens. Il se décidaà fréquenter l’église, à abandonner son dangereux métier et àvivre en bon chrétien. Il était surveillé de près; à force decourtes rencontres, je pus lui enseigner l’essentiel.

Presque aucun employé de la prison ne resta insensible àla grâce. Détenu solitaire, vêtu de l’accoutrement desprisonniers, comme un criminel, toujours souriant, toujoursoccupé à écrire ou à prier, sans me plaindre, je les intriguaistous. Tout d’abord, ils se contentaient de m’observer, puis ilsm’écoutaient au cours de leurs perquisitions d’office qu’ilstraînaient en longueur. Ils me questionnaient sur les véritésreligieuses : ils avaient faim de vie surnaturelle. Quand ils sesentaient épiés, ils s’en allaient d’un air indifférent, mais ils

ne me rencontraient jamais sans me sourire ou sans me faireun signe de tête amical. Eux-mêmes m’indiquaient les fêtesreligieuses de l’année, car je n’avais aucun calendrier. Ilss’entendirent pour ne pas me déranger pendant mes prièresdu soir et du matin.

Le Christ est ressuscité

Je n’oublierai jamais ma première fête de Pâques. C’étaiten 1948. Un aide-geôlier m’ayant indiqué la date ducarnaval, je pus déterminer le jour de Pâques. Le Vendredi-Saint, je jeûnai pour me préparer à la grande solennité. Lejour de Pâques, j’étais plein de joie. J’attendis avecimpatience l’heure de la promenade. J’avais les pochespleines de petits paquets de nourriture que j’avais mise decôté depuis des semaines. Pendant la promenade, mes petitspaquets avec mes souhaits de Pâques volèrent dans les airs ettombèrent par-dessus les murs peu élevés de ma cour, dansd’autres cours où se promenaient d’autres prisonniers. Surchaque paquet j’avais écrit : «Le Christ est ressuscité !» Onsait que de Pâques à la Pentecôte, les Russes disent bonjourpar ces mots. Mes paquets, avec mon mot de bonjour,contenaient du café, du sucre, du savon, etc. Cette manièred’apostolat risqué dura trois jours; entre les branches, je susqu’il avait apporté du réconfort aux détenus que je secouraissans les voir. Rencontrant, durant ces jours, un grouped’aides-geôliers avec leur chef de section, je leur souhaitai laPâques, à haute voix. Comme je les voyais sourire sans direun mot, je leur dis en plaisantant : «Mais, vous êtes donc touschrétiens ! Vous n’êtes pas des païens !» Ils éclatèrent d’unbon rire sonore. Même la doctoresse, quand je lui adressai le«Christos voskres» – le Christ est ressuscité, – fit troisinclinations profondes, en me souriant.

«La parole de Dieu n’est pas enchaînée»

Les communistes pensaient bien me rendre impossibletoute activité sacerdotale en m’enfermant seul, dans unecellule. Mais, la lumière, la chaleur, la vie rayonnaient del’Hostie cachée dans mon petit paradis ! Malgré la vigilancedes gardiens innombrables, chargés d’empêcher toutecommunication entre les prisonniers, j’ai pu de mille façonsexercer mon ministère auprès des détenus. Quand les pascadencés des gardes s’éloignaient, de mystérieux langagess’établissaient sur les parois des cellules. D’innocentesaiguillées de fil passaient d’un coin à l’autre des cours, oùnous faisions la promenade; leurs différents nœuds avaientchacun leurs sens. Nous déposions de minuscules billets dansles trous des murs; une correspondance très brève, mais trèssuivie, finit par s’établir entre les prisonniers. Je pus ainsiconsoler des âmes angoissées, leur inspirer confiance en Dieuet même les absoudre, grâce aux mystérieux coups donnéssur les parois, au moment convenu dans les minusculesbillets.

O bienheureuse faute… de mes bourreaux !

Nov.-Déc. 98, Janvier 199924 Dossier spécial

Page 24: Suisse : Ed. Les Amis de Saint François de Sales – C. P ... · Bimestriel Abonnement 1 an Fr 15.– Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 J A B 95 1950 SION 2 Suisse : Ed. Les Amis de Saint

L’apôtre saint Paul a pu dire du péché originel : «Obienheureuse faute qui nous a mérité un tel Sauveur !» Dieuhait le péché c’est sûr, mais une fois qu’il a été commis, Il aversé sur le monde une infinité de grâces de repentir, desanctification et de perfection. J’ai touché du doigt cettevérité dans les prisons soviétiques : j’ai vu tant d’âmes enarriver à accepter avec gratitude le jour où elles avaient étécondamnées et à bénir ceux qui les avaient frappées, parceque leur malheur les avait mises sur le chemin de la vérité etdu salut éternel ! On pensait réduire à néant mon ministèreen me faisant changer de cellule, dans les sept ans que j’aipassés en prison, au moins une douzaine de fois. Sans levouloir, mes bourreaux me fournirent l’occasion de décuplermes contacts avec les âmes désolées, abattues par descondamnations injustes ou arbitraires.

La paix des sans-Dieu est un enfer anticipé

Au cours de mes contacts avec les pauvres détenus, j’aipu me rendre compte des moyens exécrables auxquels eutrecours le régime soviétique pour remplir les prisons etcondamner aux travaux forcés des dizaines de millions de sescitoyens. Grâce aux communications secrètes que nousavions établies entre nous, il me fut facile de reconstituerl’histoire des malheurs de plusieurs d’entre eux.

Le 10 décembre 1947, à Moscou, furent arrêtés et menésen prison de Lubianka, trente citoyens soviétiques :médecins, ingénieurs, avocats, etc. Après quelque quatre oucinq mois d’interrogatoires et de tortures, ils furentcondamnés à dix ans de réclusion, sans procès, sans autrechef d’accusation que les dépositions préfabriquées des jugesd’instruction. On donna officiellement comme raison le délitd’avoir critiqué la politique de Staline. Cela se passait deuxans et demi après la guerre. Dans toute nation civilisée,même pendant une guerre, tout citoyen peut dire et écrire cequ’il pense du gouvernement de son pays. En UnionSoviétique, même en temps de paix, on ne pouvait jouir de cedroit élémentaire.

La foi : seul soutien dans l’enfer soviétique !

Un jour que je tournais dans la cour, comme la louve duCapitole de Rome dans sa cage ! j’aperçus sur la trace despas que j’avais faits le jour précédent l’impression de talonsde femme. Je les effaçai, et j’imprimai de nouveau mes tracesdans un coin isolé. J’écrivis sur un petit morceau de bois :«rad», content. Le jour suivant j’eus la joie de lire : «rada»,contente. Mon cœur était en proie à l’espérance et à la peur.Il me fallait une dernière preuve de prudence. De ma maingauche, j’écris sur un tout petit bout de papier : «Qui êtes-vous ? une âme affligée et persécutée comme moi ? ou unevile espionne provocatrice !» Le lendemain je trouve un fil.Je tire dessus. Je le palpe; il était plein de nœuds. Je ledéchiffre et un frisson me traverse le corps; les larmes meviennent aux yeux. Je me réjouissais à l’idée de faire auSeigneur une bonne pêche. Les nœuds du fil ne me révélaientque le nom de la femme – ADA – mais je connaissais déjà

son émouvante histoire. Ses compagnons d’infortune mel’avaient racontée. C’était une jeune épouse, qui du matin ausoir tournait dans sa cellule, comme une folle; elle neparvenait à dormir que par des injections ou des somnifères,tant elle était agitée et torturée par son instinct maternel, sonbébé de trois mois, qu’elle avait laissé chez elle.

Je lui écrivis un billet plus long. Une correspondancerégulière s’établit entre nous, dissimulée dans un coin de lacour. Je l’exhortais à mettre sa confiance en Dieu, je luimontrais combien la foi peut nous soutenir dans les aventuresles plus graves; elle se lamentait, je la consolais; elle exposaitses doutes que j’essayais de dissiper. Je l’encourageais demon mieux. Lorsqu’elle se montra résignée à la volonté deDieu et résolue à persévérer, la prudence m’imposa de cessernotre correspondance très dangereuse.

Béni soit ce jour

Je venais d’être transféré dans une autre cellule, quandj’entendis trois petits coups doubles sur la paroi. C’était unsigne d’appel. Le «grand criminel» que j’étais, ancien dans lemétier, ne répondit pas tout de suite : ce pouvait être un piègedes aides-geôliers ou même du chef de section. Il fallaitrépondre. Comme par mégarde, je touchai le mur; denouveau j’entendis le signal d’appel. Le second jour, jetouchai le mur avec un livre, ou du bout du pied; toujours lamême réponse. Il s’agissait donc vraiment d’un compagnonde malheur. Le quatrième jour, je frappai résolument sur lemur. Entre moi et la personne qui gémissait dans la cellulevoisine, un colloque s’établit qui dura six mois.

Mon voisin était une dame, doctoresse en je ne sais plusquoi, épouse d’un gros bonnet soviétique, communiste elleaussi et athée depuis trente ans, membre actif du parti depuistoujours. Au début, je lui cachai ma condition de prêtre : il nefallait pas l’effaroucher. Elle témoigna un jour une grandecompassion à «ce pauvre Italien condamné à la prison parces barbares». Les questions et les réponses se succédaientdepuis plusieurs jours, quand elle se rendit compte que mondiscours se tenait à un niveau élevé et que c’était ma foi quime soutenait dans mes épreuves. Elle me reprocha de memontrer si froid et si peu galant; elle me dit qu’elle auraitaimé que je lui envoie quelques baisers, quelques caresses…

«Madame, lui dis-je, je suis prêt à tous les sacrifices,même à celui de ma vie pour vous aider à bien supporter vossouffrances, mais flatter vos bas instincts, jamais. Non etnon. Je ne suis pas un communiste athée, ajoutai-je, quipêche son bonheur dans la mare des ordures. Je suis chrétienet je veux mener une vie de chrétien.» Je la menaçai decesser toute communication.

L’effet dépassa mes espérances : «Oh ! quelle douchefroide vous m’avez donnée», me dit-elle. elle jura qu’elle secomporterait comme je le voudrais. Elle me conjura decontinuer. Je ne demandais pas mieux.

C’était une femme instruite, très au courant de l’histoirede l’Europe. Je lui demandai, un jour, ce qu’elle pensait des

Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 25Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?

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Nov.-Déc. 98, Janvier 199926 Dossier spécial

Jésuites. La réponse fut claire et simple : «Rien de bon !» Jelui répondis à brûle-pourpoint que j’étais Jésuite. Deuxièmedouche froide. Malgré l’endoctrinement communiste, ellen’avait pas l’esprit entièrement corrompu; l’âme restaitdroite. Elle me dit qu’elle était disposée à me croire. Elleavait confiance que je ne la tromperais pas. Elle me pria delui parler de la religion catholique.

Comme elle était cultivée, j’entrepris de l’instruire dansles formes : catéchisme, doctrine, histoire religieuse, exégèseet apologétique. Elle me posait des questions et écrivait mesréponses dans son cahier en se servant de signessténographiques compris d’elle seule. Nos entretiens sefaisaient au moyen de petits coups sur le mur. A la lettre acorrespondait un coup; b, deux coups; c, trois, etc. Pourexprimer la dernière lettre de l’alphabet russe, il fallait trentecoups ! On finissait par former un mot, des phrases; unepause marquait la séparation entre deux mots et une pausetrès prolongée annonçait une autre phrase. Parfois le diables’en mêlait pour m’exaspérer un peu; il arrivait que, aprèsune longue et laborieuse instruction, la dame disait qu’ellen’avait pas bien compris et me priait de reprendre ma phrase.J’avais pris l’habitude de frapper le mur avec la jointure desdoigts de la main gauche. La jointure devint toute endolorieet couverte de plaies.

Mais le diable perdit la partie. Cette bonne fille pleura seserreurs passées, fit sa profession de foi, reçut l’absolution etse fit catholique. Le jour de sa confession générale, je nesavais pas comment remercier le Seigneur. Elle était touteheureuse, alors que, peu de mois auparavant, elle était résolueà se suicider.

Le point le plus difficile pour elle était qu’il fallaitpardonner à ses ennemis. «Comment puis-je pardonner,disait-elle de son doigt, frappant sur la muraille; ils m’ontarrêtée et condamnée injustement ! Ils m’ont arrachée à mamaison le 10 décembre 1947, et depuis trois ans, je n’ai reçuaucune nouvelle de personne. Pardonner ? à ceux qui me fontgémir loin de mon mari et de mes cinq enfants !…» Il mefallut beaucoup de temps pour lui montrer la différence entrele péché et le pécheur et que pardonner ne signifie pasl’approbation de la conduite du pécheur. On peut, on doit haïrla malice de celui dont on a été victime, mais il fautpardonner à l’ennemi qui nous a infligé le mal. Le pécheurdemeure notre prochain, il est l’image de Dieu, son âme a étébaignée dans le sang de Jésus; il peut devenir notre frère dansle ciel ! Comme le médaillon, lui dis-je, de votre mère quevous auriez retrouvé dans un cloaque et que vous vousempressez de ramasser sans vous occuper des saletés qui lerecouvrent. Une fois bien nettoyé, vous le couvrez de vosbaisers. C’est ce qui est demandé, à nous chrétiens, envers lespécheurs, même ceux qui se sont montrés nos ennemispersonnels.

La brave dame fut enfin conquise par la grâce; ellerépétait souvent : Béni le jour où je fus envoyée en prison !

Je la confessais tous les premiers vendredis du mois; je nelui avais pas dit encore que j’avais le Saint Sacrement et que

Celui qui lui avait pardonné se trouvait personnellement toutprès d’elle, derrière le «mur parlant». Je me demandaiscomment lui communiquer la grande nouvelle. Nous nousétions déjà servi d’un trou dans le mur de la cour pouréchanger des billets, J’y avais même déposé, bien dissimulés,des petits paquets de sucre, de café, etc., que la dame avaitrécupérés sans difficulté. Je pensais que Celui qui n’avait pashésité à naître dans une étable serait content de ce tabernacleprovisoire afin de parvenir jusqu’à cette âme qui avait faimde Lui. Lui ayant révélé la présence de Jésus-Hostie, j’étaissur le point de réaliser mon projet quand vint l’ordre d’unchangement général de cellules.

Nous restions sur le même étage, mais séparés par quatrecellules. Nous ne pouvions plus communiquer par le mur. Jepus lui faire parvenir un billet où je lui disais qu’à chaquevendredi du mois, lorsqu’elle s’apprêterait à dîner, elle fît unacte de contrition; dix minutes plus tard, de loin, je luidonnerais la sainte absolution. Nos rapports devinrent moinsfréquents, mais continuèrent encore pendant quatre ans.Finalement, je perdis toute trace de cette pauvre et chèreâme. Elle était morte, peut-être : elle souffrait d’angine.

Revers de la médaille

Il ne faudrait pas croire que tout allait sur des roulettes. Ilm’arriva des erreurs, des échecs et, par suite, des remords deconscience. J’étais trop pressé d’agir; mon zèle intempestifm’amenait à poser des actes sans la préparation nécessaire,comme si j’avais eu le pouvoir de faire des miracles; parfoisaussi, sous prétexte de prudence humaine, je procédais troplentement.

Un jour de Pâques, ayant reçu un accueil favorable desaides-geôliers à mes saluts : «Le Christ est ressuscité !», jecommis l’imprudence de répéter mon salut à tous ceux que jerencontrais. Même au surveillant de mes promenades quandil ouvrit le guichet pour me dire de me préparer à sortir,j’allai dire : «Le Christ est ressuscité !» Importuné par monaudace ou craignant d’être épié, il me ferma le guichet au nezen grommelant : «Il n’est pas ressuscité du tout !» Je passaile reste de la journée en deuil, me sentant coupable d’avoirprovoqué ce blasphème par ma légèreté.

Un jour que nous étions en train de déménager, metrouvant dans une grande pièce, je me mis à dialoguer avecun voisin, en tapant sur le mur. C’était un sheik, chefreligieux musulman qui, pour avoir prêché le culte enversAllah, avait été arrêté et condamné. Je voulais parler du vraiDieu à cet homme qui Le cherchait. Je me trompai dans messignes. Au lieu de les corriger, je décidai d’attendre que nousfussions fixés à demeure dans une nouvelle cellule : craintequ’on ne découvre nos relations et qu’on nous éloigne l’unde l’autre. Sagesse ou fausse prudence ? Je n’ai plusrencontré ce Musulman, même après l’avoir cherché pendantquatre ans.

Un aide-geôlier m’écoutait avec attention chaque fois quenous faisions ensemble la promenade, ou qu’il inspectait machambre. Je lui parlais de Dieu et de la religion. Un jour quenous étions seuls dans la cabine où l’on se dépouille pour le

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Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 27Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?

bain, je me mis à parler de la foi à voix haute. A ma grandesurprise, il m’interrompit en disant : «Cessez de plaisanter !»Cela me fit mal au cœur; j’avais poussé trop loin mon zèle,car le brave homme me continua ses marques de déférence etde bienveillance. Peut-être avait-il craint d’être épié, commecela arrivait souvent. Sans y penser, je l’avais exposé audanger !

Oublis envers les amis du ciel

Ma conduite envers ma «petite Compagnie de Jésus»n’était pas toujours parfaite non plus. Je me lamentais sansdoute un peu trop auprès de ma secrétaire, sainte Agnès, et jemettais trop peu à profit les inspirations de mon Angegardien; surtout, je devenais un ennui continuel pourl’économe général de la communauté, saint Joseph, à qui jeme plaignais de manquer de papier, de pain, etc.

En général, j’étais fidèle à adresser mes oraisonsjaculatoires à Jésus-Hostie; je ne pouvais pas y manquer,attendu qu’Il était là, avec moi, et que j’avais bien besoin deSon aide. Je devenais peut-être agaçant avec mes demandesenfantines : «Seigneur Jésus, donnez-moi quelques pensées àécrire dans mon livre intitulé Colloques avec Dieu. Si vousm’abandonnez, à qui pourrai-je m’adresser, etc ?».

Malheureusement, il m’arrivait de passer une heure oudeux à mon travail, sans faire un seul acte d’amour. Je m’enexcusais et je tâchais de doubler la dose.

Le comble de mon bonheur

Dans ma cellule, je goûtais habituellement la présencede Jésus-Hostie, mais de façon plus intense à certainsmoments, par exemple durant ma visite au Saint Sacrement,pendant la retraite annuelle et, en particulier, quand jecélébrais mes messes spirituelles. Pendant ma visitejournalière au Saint Sacrement, il me semblait que le voiletombait; je parlais, j’écoutais, je demandais et je recevais.J’avais l’impression que Jésus et moi étions présents l’unà l’autre comme deux personnes. Ces représentationspieuses, vers la fin de la visite, prenaient un air de réalité,lorsque je me voyais devant la Madone de la Strada del’église du Gesù à Rome et que je la conjurais de mebénir. Ces exercices, imaginaires sans doute, étaient pourmoi très réels.

Une fois, accablé à la pensée que je vivrais et mourraisseul, loin de mes confrères Jésuites, je me lamentais à saintJoseph d’avoir à mourir écrasé par les communistes. J’eusl’impression alors que saint Joseph me disait : «Pourquoit’affliger ? N’es-tu pas l’enfant de Jésus, de Marie et de moi ?tu verras que se passeront des choses dont tu n’as pasl’idée». Ces mots eurent le don de me calmer totalement.

Du 22 au 31 octobre, je faisais ma retraite annuelle. Lerecueillement était difficile à cause du remue-ménagecontinuel dans le camp et dans les prisons. Mais je faisais maretraite avec tant de ferveur et je recevais tant de grâces quej’en étais moi-même profondément ému. En 1948, je fustellement emporté par la consolation spirituelle que

j’étendis ces jours fascinants à un mois entier.

Dans ma réclusion, la solitude et surtout la présenceeucharistique de Notre-Seigneur transformèrent mes jours deretraite en des jours du paradis. En 1947-1948, je meprêchai à moi-même, à haute voix, les quatre exercicesjournaliers. Je faisais mon chemin de croix, comme si j’étaisdans l’église du Gesù à Rome. Mes méditations visaient àacquiescer à la volonté de Dieu, dans mon paradis, et je lesrésumais dans ces trois pensées :

1) Mon paradis ? C’est d’offrir à Jésus :a) tout ce que j’ai;b) toute l’affection de mon cœur;c) tout moi-même. – Jésus, je suis tout à toi.

Tu es mon tout.2) Mon paradis ?

c’est de faire revivre Jésus en moi :«Mihi autem vivere Christus est.»«Vivo ego iam non ego, vivit vero in me Christus».

3) Mon paradis ? c’est la vie intérieure :a) dans la pureté du cœur;b) dans l’intimité avec le Christ;c) dans une activité joyeuse pour le Christ.

Le bien qui m’attend est si grand que toute peine m’estune joie.

J’étais heureux dans ma cellule. Cependant, au fond demon âme, je regrettais de manquer de l’essentiel pour unprêtre, de ne pouvoir célébrer la vraie sainte messe. Jen’osais espérer cette grâce en mon sépulcre. Mais le Seigneurme ménagea, en récompense, je crois, de mes messesspirituelles, cette grâce jugée impossible. En 1952,l’ambassade italienne me fit parvenir un missel et quelquessous; j’en profitai pour me procurer du raisin dont je fisdu vin. Cette fois, mon bonheur fut au comble, car je puscélébrer pour de vrai la sainte Messe. Cette grâce de la direlibrement, la messe, dans ma cellule, j’en appréciai le prixquand, en janvier 1954, j’appris d’un officier français le sortfait à l’archevêque lithuanien, Monseigneur Renes, pour unemesse. Il avait, le jour de Pâques 1952, réuni plusieursPolonais, Lithuaniens, Russes-Blancs et Ukrainiens, pour unemesse dans une grande chambre de la prison où j’étais. Ilavait à peine distribué la sainte Communion que les aides-geôliers, se rendant compte de ce qui se passait, firentirruption dans la chambre et confisquèrent tout ce qui leurtomba sous la main.

«Comment les policiers, me demandais-je, m’avaient-ilslaissé dire la messe, pendant presque un an, sans medéranger ?» C’est très simple. Ils m’avaient vu pendant desannées célébrer ma «messe-sèche»; ils pensaient que c’étaitune façon à moi de prier. Pour eux, la célébration de ma vraiemesse ne marquait aucune différence. Je devais donc à mesmesses-sèches de pouvoir dire la messe véritable. J’enremerciai Notre-Seigneur. A partir du 5 mars 1953, jecélébrai la sainte messe tous les jours. Mon désir derecouvrer la liberté en devint moins ardent. Avec cettegrâce inespérée, je vivais dans le calme et la joie.

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«Seigneur, que tu es admirable sur toute la terre… !»

Conclusion

I. – Une persécution religieuse sélective (1)

Il faut remarquer que la persécution des catholiquescomme “secte intégriste” laisse apparaître des différences decritères selon les pays, tout au moins pour le moment.

La différence est totale selon la perspective de laphilosophie de l’État agresseur anti-catholique. On passecarrément, de la déclaration comme secte intégriste del’Église catholique dans la nouvelle loi sur la libertéreligieuse en Russie (2), et de l’accusation du Pape commeintégriste (3), à l’identification sélective et à lacriminalisation graduelle des organisations catholiques moinsprogressistes ou considérées comme plus conservatrices;ainsi trouve-t-on l’Opus Dei, le Renouveau Charismatique,mouvements que le Card. Ratzinger considèrent commel'espoir de l'Église, sur la liste des sectes établie par l’Étatbelge.

Dans les premiers combats culturels de cette nouvellepersécution de l’Église en Italie, l’Opus Dei, Comunione eLiberazione, la Fraternité St Pie X sont mis dans un mêmesac, sans distinctions doctrinales (par exemple dans le livre“I quattro angoli del fondamentalismo”, RobertoGiammanco, La Nuova Italia).

Malgré cette variété de critères, il faudra attendre que semanifeste le principal groupe de pression, plus ou moinsprogressiste, auquel sera confiée la direction du NouvelOrdre Mondial (mais il faut aussi prévoir et se préparer àconduire dans la réaction catholique «le courant irrationneldes masses» dont parle même Maritain, Humanisme intégral,chap. 5, 1, et aussi tenir compte de l’action de la Providenceen tout cela). Il faut peser les différents critères de lapersécution selon les divers pays ou continents, pour mieuxprévoir l'apostolat, le temps du combat et les moyens àmettre en œuvre en vue de notre préparation générale.

N’oublions pas non plus qu’ils appliquerontprobablement la méthode “scolastique” de la Révolution,utilisée par Staline pour détruire le Parti des petitspropriétaires : «ne pas manger tout le saucisson d’un seulcoup, mais par tranches».

II. –Voilà comment Pie XII nous a préparés à voir grandir devant nos yeux cette nouvelle

persécution de la part de l’ONU :

Pie XII12.10.1952

«Ne Nous demandez pas qui est l’ “ennemi” ni de quoiil est revêtu. Il est partout et au milieu de tous; il sait êtreviolent et sournois. Au cours de ces derniers siècles il a tentéd’opérer la désagrégation intellectuelle, morale et sociale del’unité réalisée dans l’organisme mystérieux du Christ. Il avoulu la nature sans la grâce; la raison sans la foi; la libertésans l’autorité; parfois même l’autorité sans la liberté. Cet“ennemi” est devenu toujours plus concret, avec une audacequi Nous laisse stupéfaits : Le Christ oui, l’Église non. Puis :Dieu oui, le Christ non. Et enfin le cri impie : Dieu est mort;ou plutôt : Dieu n’a jamais été. Voilà la tentative d’édifier lastructure du monde sur des fondements que Nousn’hésitons pas à montrer du doigt comme étant lesprincipaux responsables de la menace qui pèse surl’humanité : une économie sans Dieu, un droit sans Dieu,une politique sans Dieu. L’ “ennemi” s’emploie à rendre leChrist étranger dans les universités, dans les écoles, dans lafamille, dans l’administration judiciaire, dans l’activitélégislative, dans les assemblées des nations, là où sedétermine la paix ou la guerre…

Le Pape doit, à sa place, veiller, prier et se prodiguersans cesse, afin que le loup ne parvienne à pénétrer dans labergerie pour ravir et disperser le troupeau (cf. Jn 10, 12).

…Il est donc nécessaire que votre action soit avant toutconsciente.»

III. – Un dernier danger : nous pousser ànous unir aux autres religions pour mieuxnous défendre contre l’État antireligieux

C’est ce qu’ils ont réussi à faire en URSS. Des témoinsoculaires nous ont appris que la persécution commune afavorisé l’œcuménisme entre les religions persécutées. Ledanger commun pousse à s’unir, c’est-à-dire à mettre de côtéce qui nous sépare et à «chercher ce qui nous unit…»

Cette théorie est déjà en train de circuler ici et là.Comme, après la Perestroïka, le danger communiste n’est

plus là pour réaliser «le front commun œcuménique», voilà

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1) Voir La Pseudo-Restauration, chap. 1, “Hypothèses futures”, Éd. Les Amis de St François de Sales.

2) La loi sur la liberté religieuse en Russie «voudrait mettre un frein aux nombreuses sectes religieuses en Russie …où certaines de cessectes cachent des activités purement criminelles… La loi met sur un plan d’égalité toutes les organisations religieuses, y compris l’Églisecatholique, …et concède un statut officiel seulement aux religions orthodoxe, juive, islamique et bouddhiste, considérées commetraditionnellement présentes en Russie» (La Nacion, Argentine, 7.8.97).

3) Dominique Isperian, Nouveau Quotidien, Genève, septembre 1994 : «…Les intégristes de toutes tendances, Jean-Paul II se met àleur tête à l’occasion de la Conférence du Caire…»

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que le Nouvel Ordre Mondial invente la persécution commesecte qui permet d’atteindre le but historique du XXe siècle :l’unification des religions, qui est pour la Maçonnerie laconstruction de la nef religieuse-humanitaire du Temple (1).

C’est une application supplémentaire de la méthoderévolutionnaire : peur-sympathie (bâton-carotte pour lesânes). Peur : l’État antireligieux; sympathie : s’unir pourmieux résister. Ce n’est plus la logique de la Foi, c’est de lapeur !

Il faudra être vigilant pour ne pas tomber dans tous lespièges, comme Jonathan Macchabée en croyant auxpromesses de Tryphon (I Mac. 12, 39-52). Un jour ou l’autre,il faut s’attendre à cette proposition pour nous abuser et nousfaire renier la Foi catholique.

IV. – Le droit de résistance aux lois de l'État. L'objection de conscience

contre les lois de l'État

Il faut encore considérer que tout le monde trouvenormale l 'objection de conscience, par exemple desmédecins, contre la loi qui les obligerait à pratiquerl'avortement. Tout le monde trouve aussi normal que le papeet les évêques soutiennent mondialement et à haute voix cedroit. Ils ne font que défendre l'ordre naturel.

Mais alors combien plus notre foi nous oblige-t-elle àrésister à la loi, à pratiquer l'objection de conscience,lorsqu'il s'agit de l'ordre surnaturel; et la loi voudrait nousempêcher d'enseigner la supériorité de Jésus-Christ sur lesautres dieux, de la religion catholique sur les autres religionset de l'Église catholique sur l'église protestante.

Dulcis in fundo

V. – Comment s'enflammer d'amour pourla Très Sainte Vierge

Après avoir entrevu les persécutions futures, nousvoulons conclure avec ce qui nous procure le plusd'amour

«Penser à moi est plus doux que le miel, me posséder estplus doux qu'un rayon de miel» (Ecclésiastique, 24, 27).

Le critère de la vérité objective, c’est que Dieu existeobjectivement ainsi que Notre Seigneur, et l’Église qui, avecle Magistère romain, me garantit la vérité en m’indiquant quisont les vrais maîtres spirituels.

Nous devons toujours être disposés à croire la véritéobjective, même si «je n’y pense pas, je ne l’aime pas, je ne

le sens pas, je ne le veux pas, je n’ai pas le temps, je nem’y intéresse pas, j’en ai honte, j’ai peur, je ne suis pasd’accord, cela m’embête, je n’y arrive pas, je ne veux pasjouir, je me suis renfermé dans ma pensée, je suis indigne,je suis contre, je dors, etc…»

Application : alors si un maître spirituel autorisé me parle«des charmes extérieurs de la Sainte Vierge» et que cela meparaît exagéré parce que je suis né dans la Révolution,humaniste, protestante puritaine, libérale, marxiste… quisuis-je pour avoir raison ?

Entre «ce qui me semble à moi» et le Magistère romainqui me garantit les écrits d’un maître spirituel, qui dois-jechoisir ? Si je ne suis pas d’accord, je ne suis pas soumis à lavérité objective.

«La Très Sainte Trinité veut maintenant établir ladévotion à Mon Cœur Immaculé» (Notre-Dame de Fatima)

Considérations résumées et références tirées du Traité dela vraie dévotion de saint Louis-Marie Grignon de Montfort.

«Jésus-Christ est venu au monde par Marie et c’est parMarie qu’Il doit régner (1).

Marie est le chef-d’œuvre du Très-Haut (5). La divineMarie a été inconnue jusqu’ici (13). Il faut se soumettre àElle à l’exemple de Notre Seigneur (18). La Trinité nechangera pas Son décret (22). Les prédestinés sontengendrés, nourris, cachés dans son sein (St Augustin), (33).Elle est la Reine des cœurs (38). Elle est nécessaire pournotre fin dernière (39).

Encore plus pour notre perfection (43). Ses enfants sontnourris de son lait… Ils auront beaucoup d’ennemis maisaussi beaucoup de victoires (48) surtout dans les dernierstemps… Les charmes admirables que le Très-Haut a misdans son extérieur (49), Dieu veut les découvrir (50). Dieu amis des inimitiés secrètes entre les enfants de Marie et ceuxdu serpent (54). Dieu veut à présent qu’Elle soit plusaimée… ses enfants éprouveront ses douceurs (55). Sesesclaves d’amour mettront partout le feu de l’amour divin(56). Notre Seigneur règne en Elle plus que dans les autresêtres (63). L'ignorance à l'égard de Notre-Dame est étonnante,non seulement celle des chrétiens catholiques, mais même desdocteurs (prêtres) qui faisant profession d'enseigner auxautres les vérités ne connaissent la sainte Mère de Dieu qued'une manière spéculative, sèche et stérile (64).

Dieu regarde et veut notre cœur (I Rois 16, 7, Prov 23,26, Ps 72, 26) (70). Elle n’est pas comme les autres créaturesqui, si l’on s’y attache, nous éloignent de Dieu (75). Rienn’est aussi digne de haine que nous-mêmes et d’amour queDieu (80). Les démons sont de fins voleurs, nous tombonspar manque d’humilité (88).

Marie se donne à son esclave d’amour, ne se laissejamais vaincre en amour. Elle se donne tout entière d’une

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1) Voir Notes sur la Révolution dans l’Église, Éd. A.S.F.S.

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manière ineffable; Elle le fait s’engloutir dans l’abîme de sesgrâces, Elle l’embrase de son amour, Marie est toute à lui«accepit eam discipulus in sua» (Jn 19, 27), fixer son regarden Marie (144). Sur les croix, Elle met le sucre de sesdouceurs maternelles (154).

«Ma vieillesse se trouve dans la miséricorde du sein» –Ps 91, 11 (156). Là où est Marie l’esprit malin n’est point.Parler souvent d’Elle (166). La Sainte Vierge empêche que ledémon ne leur nuise. Enfin Elle empêche que NotreSeigneur ne les châtie quand ils pèchent (174). Marie estfaite pour moi… «Tout ce que j’ai est à vous et tout ce quevous avez est à moi» (179). Ils lui découvrent leurs peines. Ilss’attachent à ses mamelles de miséricorde et de douceur pouravoir le pardon de leurs péchés…

Les réprouvés n’ont pas le goût de la douceur de Marie(199). Elle gagne par ses dévots les bonnes batailles (203),les revêt de ses propres habits (206). Elle leur obtient labénédiction du Père Céleste, les protège dans leur corps etleur âme; et Dieu bénit ceux qui les bénissent et maudit ceuxqui les maudissent (207).

«Remplissez-vous de ce que J’ai engendré» (Eccl. 24, 26)«Venez, enivrez-vous du vin de son amour que je vous ai mêléavec le lait de mes mamelles» – Ct 5, 1 (208).

Elle les relève lorsqu’ils sont tombés (209). Elle s’abaisseà eux, Elle condescend à toutes leurs faiblesses, les protègede sa puissance impériale (210).

Marie apaise pour eux Son Fils (211). Vous vousmépriserez comme un limaçon, comme un crapaud, unserpent (213). Si tu offenses le Père, tu t’en humilierasaussitôt devant lui, tu t’en relèveras amoureusement sanstrouble ni inquiétude (215).

Elle se donnera à vous d’une manière merveilleuse maisvéritable… Ô ma chère Maîtresse, je suis tout vôtre. Sur cesein, que l’on me comble de biens (216).

Quand viendra ce siècle de Marie ? (217). Par Marie ontravaille peu. Il n’y a point de nuit en Marie (218). SaintAugustin appelle la Sainte Vierge forma Dei, le moule deDieu (219). Faites vos actions par Marie… perdez-vous enElle… quoique ce soient des choses inconnues (222). Si vousdites : Marie, Elle dit : Dieu (225). Le sein de Marie estl’aula sacramentorum, la salle des secrets de Dieu (247).

Avoir de l’aversion, de la tiédeur et de la négligence àdire le je vous salue Marie, c’est un signe probable etprochain de la damnation éternelle (250). L’Ave Maria est unbaiser chaste et amoureux que l’on donne à Marie (253).

Il faut faire toutes les actions par Marie (258). Il faut seperdre et s’abandonner en Elle en disant : «Je renonce à moiet je me donne à Vous, ma chère Mère». Puisque l’esprit deMarie est l’esprit de Jésus (259). Il faut faire toutes sesactions avec Marie et tout en Marie…

La Sainte Vierge est le vrai paradis terrestre, il y a desraretés et des douceurs inexplicables que Jésus-Christ y a

laissées pendant neuf mois. Ce très saint lieu estvéritablement l’arbre de vie… Il y a des tours imprenables deforce, des maisons charmantes de confiance, une fournaiseardente et continuelle de charité (261).

Oh ! quel bonheur de pouvoir entrer et demeurer enMarie (262). Une fois obtenue cette grâce insigne, il fautdemeurer dans le bel intérieur de Marie avec complaisance,s’y reposer en paix, s’y appuyer avec confiance, s’y cacher,se perdre sans réserve dans ce sein virginal… Ceux quiopèrent en elle ne pécheront pas (Ecclésiastique 24, 30)c’est-à-dire ne feront point de péchés considérables parceque son sein est la salle des sacrements divins où Jésus-Christ et tous les élus ont été formés (264).

Enfin il faut faire toutes ses actions pour Marie, Laprendre pour sa fin prochaine… il faut défendre sesprivilèges quand on les lui dispute, il faut soutenir sa gloirequand on l’attaque, il faut attirer tout le monde à cette vraieet solide dévotion (265).

Pour la communion, suppliez cette bonne Mère de vousprêter son cœur… son sein est aussi pur et son cœur aussiembrasé que jamais (269). Après, vous introduirez Jésus-Christ dans le cœur de Marie qui Le recevra amoureusement,L’adorera, L’aimera parfaitement, L’embrassera étroitement,et Lui rendra plusieurs devoirs qui nous sont inconnusdans nos ténèbres épaisses» (270).

«Ceux qui ont reçu du ciel la faveur d’aimer la SainteVierge et de la servir par affection, doivent être extrêmementsoigneux de continuer cela jusqu’au ciel» (Le Secretadmirable du Très Saint Rosaire, St Ls-M. G. de Montfort,rose 17).

VI. – La “nouvelle arme secrète”

Ce que nous avons dit de l'oraison a pour but de nousencourager à la pratiquer, afin d'obtenir les fruits de forceintérieure et d'amour («le premier acte de la charité, c'estl'amour, et le premier effet de l'amour, c'est la jouissance», StThomas, II, II, q 27, a 1 et 2).

A part tous les exercices spirituels que nous pouvons fairepour avancer dans l'union intérieure avec le Bien Infini, il estaussi possible que cela nous soit octroyé comme un don,gratuitement, pour les besoins de l'heure présente.

En étudiant l'histoire de l'Église, nous voyons que la TrèsSainte Trinité se sert de la Très Sainte Vierge pour offrir àson Église de nouvelles armes surnaturelles, entre autres : leScapulaire, le Rosaire, les Exercices de St Ignace, laMédaille miraculeuse…

Sachant cela, c'est une hypothèse à ne pas exclure quenotre Bonne Maman du Ciel ait déjà préparé une “nouvellearme secrète” (c'est ainsi que Monfort appelle le Rosaire, LeSecret admirable du Saint Rosaire, n° 51).

Ne peut-on savoir quelle pourrait être cette nouvelle

Nov.-Déc. 98, Janvier 199930 Dossier spécial

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arme ? Saint Paul nous prévient que «là où abonde le péché,surabonde la grâce» : c'est révélé !

Nous ne savons pas quelle arme la Providence préparepour nous aider à affronter toutes ces nouvelles Révolutionsqui sortent de l'Enfer, mais nous sommes conscients qu'aprèsla Révolution marxiste et la Révolution dans l'Église, ils sonten train d'inventer autre chose, comme l'inversion del'homme intérieur, dans toutes ses puissance (le goût defaire le mal, le monstrueux, voir par exemple les jouets desenfants, le cinéma, où l'on voit désormais plus de filmssanguinaires que de films “d'amour”, la haine, la méchancetédans les chants, etc…). Ils sont en train de semer unenouvelle Révolution culturelle.

L'hypothèse alors est, qu'une nuit de Noël ou à une fête

de la Sainte Vierge, le Ciel vienne à notre secours avec uncadeau collectif, par exemple celui de la quatrième demeuredont parle Ste Thérèse d'Avila (la quiétude… un étatintérieur et habituel d'amour et de paix au milieu de laRévolution du XXIe siècle), fait à tous ceux qui croient etveulent encore toutes les conséquences, même politiques, dela Divinité de N.S.J.C, (d'après le Card. Ratzinger, c'est lecentre du combat).

Enfin, ce n'est qu'une hypothèse, mais ce qui est “sûr etcertain”, c'est qu'à la fin le Cœur Immaculé triomphera !

Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 31Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?

Ce dossier ayant nécessité un effort financier considérable et beaucoup de travail, nouscomptons sur l'aimable soutien de nos lecteurs. (D'autres dossiers sont en préparation).

D'avance nous leur exprimons toute notre reconnaissance, avec l'assurance de nosprières. (Une messe trimestrielle est célébrée à toutes leurs intentions).

SOMMAIRE

P. 2 Préparation à la persécution de la F.S.S.P.X pour intégrismeP. 4 Deux Volontés se heurtent dans l’histoireP. 5 L’application pratique : le Décret de l’ONU de 1981P. 7 Exemple d'application du Décret de l'ONU en Italie : la loi MancinoP. 9 Le Rapport Guyard en France P. 11 En Argentine : Projet de loi sur la liberté religieuse P. 12 En Russie … En Belgique … l'ONU et Vatican II déclarent que : IL EST INTERDIT… P. 13 Le danger et le remède – Le Château intérieur de Ste ThérèseP. 20 Schémas des degrés d’oraison (d’après le P. A. Poulain : Des grâces d’oraison)P. 21 Un autre grand moyen d'oraison, c'est le RosaireP. 22 Préambules antisubjectivistesP. 23 Avantages pratiques de l'oraison : Mon paradis dans les prisons soviétiques, par le P. Pierre AlagianiP. 28 Conclusion : I. – Une persécution religieuse sélective II. –Voilà comment Pie XII nous a préparés

III. – Un dernier danger P. 29-30 IV. – Le droit de résistance aux lois de l'État. L'objection de conscience contre les lois de l'État V. – Dulcis in

fundo – Comment s'enflammer d'amour pour la Très Sainte Vierge VI. – La “nouvelle arme secrète”

Vient de paraître de M. l'abbé Giulio Maria TAM

1. – Le N° 7 de Documentation sur la Révolution dans l'Église (Analyse de l'Oss. Rom. de 1997. CHF 15.- FF 60.-)

2. – Les K7 de la récollection, prêchée à Riddes les 15 et 16 novembre 1998– Récollection hommes K 7 N° 1 : Homélie : L'acte de foi solitaire de la Vierge Marie et la perte de la foi

aujourd'hui – 1° Conférence : Nouveaux préambules pour mieux profiter des Exercices de St Ignace– Récollection hommes K 7 N° 2 : Chemin de Croix – 2ème Conférence : Préparation spirituelle à la nouvelle

persécution religieuse de l'Église catholique – Bénédiction du Saint Sacrement– Récollection dames : Retour à Dieu à travers les choses (CHF 11.– FF. 45.–)

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ACTION : PLANCHES DE CATÉCHISME

JUSQU'A FIN FÉVRIER 1999Chers lecteurs,Nous renouvelons notre action de la réédition des planches du “CATÉCHSME EN IMAGES” édité au début du

siècle par la maison de la Bonne Presse à Paris et aujourd'hui introuvable.Ce sont de magnifiques tableaux qui peuvent êtrent utilisés comme sujet de méditation hebdomadaire pour toute la

famille. En exposant chaque semaine un beau tableau, toutes les vérités de la foi se gravent tout naturellement dans l'esprit.(Elles pourraient aussi constituer un beau cadeau pour vos prêtres, pour une ordination, un jubilé sacerdotal…).

Elles sont aussi un excellent instrument pédagogique pour transmettre la foi catholique à vos enfants. Face à laperversion des images qui inondent nos villes (affiches publiques et présentoirs de kiosques), la reproduction fidèle de cesmagnifiques lithographies du “CATÉCHISME EN IMAGES” sont l'antidote pédagogique indispensable. L'image esttrès importante pour graver dans les esprits les leçons apprises aux cours de catéchisme.

Nous avons le plaisir de vous les proposer à prix modique. (En effet elles ne reviennent que CHF. 6.– FF. 25.–environ par planche. C'est le prix d'une photocopie en couleur !)

Il comprend 68 belles planches cartonnées en polychrome (6 couleurs, plastifiées mat pour en garantir la préservation)

Format : 48 cm. sur 66 cm.Elles se divisent en 4 parties :

1e partie : Le Symbole des Apôtres (Planches 1 à 17)2e partie : la Grâce – les Sacrements (Planches 18 à 25)3e partie : les Commandements de Dieu et de l'Église (Planches 26 à 51)4e partie : La Prière – les Fins dernières – les Œuvres de miséricorde (Planches 52 à 67)

PROFITEZ DU PRIX ACTION ! Jusqu'à fin février :

prix par série de 68 planches : CHF 400.– au lieu de 500.– + port 12.–FF. 1.700.– au lieu de 2.100.– + port 85.–DM 500.– au lieu de 625.–

Frais de port : Suisse 12.– Autres pays d'Europe : CHF 35.– Autres continents : CHF 60.–

Adresser vos commandes et vos chèques à : Les amis de Saint François de Sales, C.P. 2016, CH – 1950 Sion 2Fax 027 / 323.25.44 – Tél. 323.25.71 – Virement postal : C.C.P. 87-187745-4 – Sion

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Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 33Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?

Chers amis lecteurs,

Nous avons le plaisir de vous proposer une ACTION DE FIN D’ANNÉE pour vous permettre d’offrirde bons livres, ce qui pourrait constituer un beau cadeau en même temps qu’un bel apostolat.

Dès l’achat de deux livres (liste ci-dessous) remise de 50 % (+ port) jusqu’au 31 janvier 1999.

Nous tenons aussi à vous exprimer toute notre reconnaissance pour votre fidélité et votre générosité quinous ont permis de poursuivre notre apostolat encore en 1998. les exemplaires mensuels, envoyésgratuitement, dépassent les 1500 … Nous comptons encore sur vous pour poursuivre notre action en 1999, eneffet l’apostolat devient chaque jours plus pressant… Les nombreuses lettres que nous recevons expriment degrands besoins spirituels :

Du côté de Rome affluent des bruits de plus en plus inquiétants et la doctrine catholique est de plus enplus malmenée !

Ce n’est donc pas le moment d’arrêter ! A l’instar de sainte Jeanne d’Arc nous disons :A nous de batailler et Dieu donnera la victoire,A nous de semer et Dieu se chargera de faire germer; mais elle ne germera pas sans avoir été sémée !.

Nous préparons, pour le mois de décembre, la publication d’une plaquette, très intéressante, sur :

LA TRANSLATION DE LA SAINTE MAISON DE LORETTEEn nous confiant à vos prières, vous faisant parvenir d’avance tous nous remerciements pour votre

soutien, ainsi que nos meilleurs vœux pour une Sainte Fête de Noël et une sainte année 1999, nous vousadressons nos meilleures salutations en saint François avec l’assurance de nos prières.

BON DE COMMANDE

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Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 51Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?

Prix : CHF 2.50FF 10. –

(En timbres-poste)

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Nov.-Déc. 98, Janvier 199958 Dossier spécial

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Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 59Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?

MERCI !Un chaleureux merci à tous nos lecteurs (de

langue française et allemande) qui ont répondufavorablement à notre appel pour l'achat d'un localà Sion. Que la Très Sainte Trinité les comblent debénédictions.

(La promesse de vente tient toujours mais l'acted'achat est encore en attente).

Encore 60 dons de CHF 250.– et nous pourronsenfin aquérir le local si nécessaire !

Les donateurs recevront une cassette inédite horscatalogue, réalisée spécialement pour eux.

Vos Amis de saint François de Sales

2 CCCC OOOO NNNN FFFF ÉÉÉÉ RRRR EEEE NNNN CCCC EEEE SSSS

de Monsieur l'abbé Alain LORANS

LA CRISE DE L'ENSEIGNEMENT,ENTRE PÉDAGOGIE ET DÉMAGOGIE

Samedi 21 février à 16h30

suivie de la messe

CITÉ CATHOLIQUE CITÉ UTOPIQUE ?Dimanche 22 février à 15h

suivie du verre de l'amitié sur le parvis

Chapelle Ste Famille, rue de la Bourgeoisie, SION

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Nov.-Déc. 98, Janvier 199960 Dossier spécial

A V I S

— Une messe trimestrielle est célébréeaux intentions des défunts des familles denos lecteurs, amis, bienfaiteurs etcollaborateurs, ainsi que de nos amisdéfunts.

— Une deuxième messe trimestrielle estcélébrée spécialement à toutes les

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e mot, apparu en 1927 lors d'un congrèsqui s'est tenu à Lausanne, devrait par lui-même mettre en garde le catholiques, s'ils seréféraient à la définition qu'en donnent tousles dictionnaires : «Œcuménisme :mouvement favorable à la réunion de toutes

les Églises chrétiennes en une seule.» On nepoeut pas fondre des principescontraddictoires, c'est l'évidence, on ne peutpas réunir, de façon à n'en faire qu'une seulechose, la vérité et l'erreur. A moins d'adopterles erreurs et de rejeter tout ou partie de la

Neuveaine à saint Antoine de PadoueO saint Antoine, grand ami de Dieu, consolateur des affligés, qui nous aidez à retrouver les choses

perdues, faitez-moi rechercher activement la grâce de Dieu, afin que je puisse retrouver par vous le biensuprême et être préservé du malheur de le perdre étenellement. Ainsi soit-il.

Credo, Pater, Ave, Gloria.

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Nov.-Déc. 98, Janvier 199962 Dossier spécial

vérité. L'œcuménisme se condamne de lui-même.

Le terme a connu une telle vogue depuisle dernier concile, qu'il a pénétré le langageprofane. On parle d'œcuménismeuniversitaire, d'œcuménisme informatique,que sais-je encore, pour exprimer un goût ouun parti pris de diversité, d'eclectisme.

PENSÉES DE SAINT VINCENT DE PAUL

Fermeté et constance des personnes douces.

Les rivières ne tarissent jamais.

Il n’y a point de personnes plus constantes et plusfermes dans le bien que ceux qui sont doux etdébonnaires; comme, au contraire, ceux qui selaissent emporter à la colère et aux passions del’appétit irascible, sont ordinairement fort inconstants,parce qu’ils n’agissent que par boutades et paremportements. Ce sont comme des torrents qui n’ontde la force et de l’impétuosité que dans leursdébordements, lesquels tarissent aussitôt qu’ils sontécoulés; au lieu que les rivières, qui représentent lespersonnes débonnaires, vont sans bruit, avectranquillité, et ne tarissent jamais.

Seules la douceur et l’affabilité ouvrent la portedu cœur.

Quand on dispute contre quelqu’un, la contestationdont l’on use en son endroit lui fait bien voir qu’onveut emporter le dessus; c’est pourquoi il se prépare àla résistance plutôt qu’à la reconnaissance de lavérité; de sorte que, par ce débat, au lieu de fairequelque ouverture à son esprit, on ferme ordinairementla porte de son cœur; comme, au contraire, la douceuret l’affabilité la lui couvrent. Nous avons sur cela unbel exemple en la personne du bienheureux Françoisde Sales, lequel, quoiqu’il fût très savant dans lescontroverses, convertissait néanmoins les hérétiquesplutôt par sa douceur que par sa doctrine.

Saint Vincent de Paul, Entretiens spirituels

Prix : CHF 2.50FF 10. –

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Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 63Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?

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Nov.-Déc. 98, Janvier 199964 Dossier spécial

GRAND CATÉCHISME DESt PIE X

A chaque époque l’avenir du christianisme estdans l’enseignement de la foi aux petits enfants. Achaque époque l’avenir du monde dépend de lapédagogie chrétienne. Et toujours l’espérance sefonde sur la foi, car l’espérance et la première desœuvres de la foi.

Toute œuvre de catéchisme engage l’avenir.Toute espérance d’avenir repose d’abord sur uncatéchisme, et il faut avant tout que ce catéchismesoit authentique, qu’il soit certain, qu’il soit vrai :un catéchisme auquel on puisse faire uneconfiance absolue.

Il arrive aujourd’hui que des familles, desécoles, des communautés en soient privées pourune raison ou pour une autre. C’est à leurintention que nous publions le Catéchisme de S.Pie X qui était devenu introuvable en languefrançaise. Nous reproduisons l’édition de 1906 :Imprimatur de Langres, 10 août 1906 ; édition

CHAPITRE IILE PREMIER ARTICLE DU SYMBOLE

Martin Berret, imprimeur de l’évêché de Langres.

L’intention de S. Pie X est exposée dans salettre du 14 juin 1905 :

«La nécessité de pourvoir autant que possibleà la formation religieuse des enfants Nous a portéà publier un catéchisme qui expose d’une manièreclaire les éléments de la sainte foi et les véritésdivines sur lesquelles doit se régler la vie de toutchrétien ».

Certains détails de discipline et certainesparticularités de langage, concernant par exemplela «dîme» ou l’«abstinence» du vendredi, ne sontpoint immuables par nature : nous aurions pucommenter ou modifier quelques passages du textede S. Pie X, en fonction de changementssuperficiels qui sont intervenus dans levocabulaire, dans les modes, dans le train dumonde. Mais les vérités de la foi ne changent pas.Nous avons donc voulu donner à nos lecteurs cedocument — ce monument — tel qu’il est, sansgloses et sans changements. Il peut leur être d’ungrand secours spirituel d’avoir sous la main, dansla pénurie et le désarroi actuels, l’exposé de la foichrétienne tel qu’il est fait par le CatéchismeRomain de S. Pie X.

De grands esprits y ont trouvé les lumières etles grâces de la conversion. Tous les âges et tousles niveaux de culture peuvent, s’ils le veulent, s’y

instruire des vérités de la foi. L’unique nécessaireest, avec la grâce de Dieu, accessible à tous : etpour nous y conduire le Catéchisme Romain de S.Pie X est à coup sûr un guide authentique et dignede confiance.

J.M.

CONDUITE DE SAINT PIE X

DANS LA LUTTE

CONTRE

LE MODERNISME

«DISQUISITIO»

Enquête des procès debéatification et de canonisation

Publications duCourrier de Rome

B.P. 156, F – 78001 Versailles Cedex

(325 pp., Prix: FF 150.– plus port)

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Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 65Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?

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LEÇON PRÉLIMINAIRE

La Doctrine chrétienne et sesparties principales

Êtes-vous chrétien ?

Oui, je suis chrétien par la grâce de Dieu.

Pourquoi dites-vous : par la grâce de Dieu ?

CHAPITRE II

§ 1. — DIEU LE PÈRE ET LA CRÉATION.

§ 2. – LES ANGES

Quelles sont les créatures les plus nobles queDieu ait créées ?

Les plus nobles créatures créées par Dieu sont

les Anges.

Qu’est-ce que les Anges ?

Les Anges sont des créatures intelligentes et

purement spirituelles.

Dans quel but Dieu a-t-il créé les Anges ?

Dieu a créé les Anges pour être honoré etservi par eux, et pour les rendre éternellementheureux.

Quelle forme et quelle figure ont les Anges ?

Les Anges n’ont ni figure ni forme sensibleparce qu’ils sont de purs esprits, créés par Dieupour subsister sans devoir être unis à un corps.

Pourquoi donc représente-t-on les Anges sousdes formes sensibles ?

On représente les Anges sous des formessensibles : 1° pour aider notre imagination à lesconcevoir; 2° parce que c’est ainsi qu’ils ontapparu souvent aux hommes, comme nous lelisons dans la Sainte Écriture.

Les Anges furent-ils tous fidèles à Dieu ?

Non, les Anges ne furent pas tous fidèles àDieu, mais beaucoup parmi eux prétendirent parorgueil lui être égaux et être indépendants de lui ;et, à cause de ce péché, ils furent exclus pourtoujours du paradis et condamnés à l’enfer.

Comment s’appellent les Anges exclus pourtoujours du paradis et condamnés à l’enfer ?

Les Anges exclus pour toujours du paradis etcondamnés à l’enfer s’appellent démons et leurchef s’appelle Lucifer ou Satan.

Les démons peuvent-ils nous faire quelquemal ?

Oui, les démons, si Dieu leur en donne lapermission, peuvent faire beaucoup de mal et ànotre âme et à notre corps, surtout en nous portantau péché par la tentation.

Pourquoi nous tentent-ils ?

Les démons nous tentent à cause de l’enviequ’ils nous portent et qui leur fait désirer notredamnation éternelle, et à cause de leur hainecontre Dieu dont l’image resplendit en nous. EtDieu permet les tentations, afin que nous entriomphions avec le secours de la grâce, etqu’ainsi nous pratiquions les vertus et nousacquérions des mérites pour le paradis.

Comment pouvons-nous triompher destentations ?

On triomphe des tentations par la vigilance,

par la prière et par la mortification chrétienne.

Comment s’appellent les Anges qui sont restésfidèles à Dieu ?

Les Anges qui sont restés fidèles à Dieu

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s’appellent les bons Anges, les Esprits célestes ousimplement les Anges.

Que devinrent les Anges restés fidèles à Dieu

Les Anges restés fidèles à Dieu furentconfirmés en grâce. Ils jouissent pour toujours dela vue de Dieu ; ils l’aiment, le bénissent et lelouent éternellement.

Dieu se sert-il des Anges comme de sesministres ?

Oui, Dieu se sert des Anges comme de sesministres, et, en particulier, il confie à beaucoupd’entre eux la charge d’être nos gardiens et nosprotecteurs.

Devons-nous avoir une dévotion particulièreenvers notre Ange gardien ?

Oui, nous devons avoir une dévotionparticulière envers notre Ange gardien, l’honorer,invoquer son appui, suivre ses inspirations, et luiêtre reconnaissants pour l’assistance continuellequ’il nous prête.

§ 3. — L’HOMME

Quelle est la créature la plus noble que Dieuait mise sur la terre ?

La créature la plus noble que Dieu ait mise sur

la terre est l’homme.

Qu’est-ce que l’homme ?

L’homme est une créature raisonnable

composée d’une âme et d’un corps.

Qu’est-ce que l’âme ?

L’âme est la partie la plus noble de l’homme,

parce qu’elle est une substance spirituelle

douée d’intelligence et de volonté, capable deconnaître Dieu et de le posséder éternellement.

Peut-on voir et toucher l’âme humaine ?

On ne peut ni voir notre âme ni la toucher

parce que c’est un esprit.

L’âme humaine meurt-elle avec le corps ?

L’âme humaine ne meurt jamais : la foi et la

raison elle-même prouvent qu’elle est

immortelle.

L’homme est-il libre dans ses actions ?

Oui, l’homme est libre dans ses actions etchacun sent en lui-même qu’il peut faire unechose ou ne pas la faire, faire une chose plutôtqu’une autre.

Expliquez par un exemple cette libertéhumaine ?

Si je dis volontairement un mensonge, je sensque je pourrais ne pas le dire et me taire, et que jepourrais aussi parler différemment en disant lavérité.

Pourquoi dit-on que l’homme a été créé àl’image et à la ressemblance de Dieu ?

On dit que l’homme a été créé à l’image et àla ressemblance de Dieu, parce que l’âmehumaine est spirituelle et raisonnable, libre dansses actes, capable de connaître et d’aimer Dieu etde jouir de lui éternellement ; et ces perfectionssont en nous un reflet de l’infinie grandeur duSeigneur.

En quel état Dieu a-t-il créé nos premiersparents Adam et Eve ?

Dieu a créé Adam et Eve dans l’étatd’innocence et de grâce ; mais bientôt ils endéchurent par le péché.

Outre l’innocence et la grâce sanctifiante,Dieu ne fit-il pas d’autres dons à nos premiersparents ?

Outre l’innocence et la grâce sanctifiante,Dieu fit à nos premiers parents d’autres donsqu’ils devaient transmettre à leurs descendantsavec la grâce sanctifiante. C’étaient : l’«intégrité»,c’est-à-dire la parfaite soumission des sens à laraison ; l’«immortalité» ; l’«immunité» de toutedouleur et misère, et la «science» proportionnée àleur état.

Quel fut le péché d’Adam ?

Le péché d’Adam fut un péché d’orgueil et de

grave désobéissance.

Quel fut le châtiment du péché d’Adam et

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d’Eve ?

Adam et Eve perdirent la grâce de Dieu et ledroit qu’ils avaient au ciel ; ils furent chassés duparadis terrestre, soumis à beaucoup de misères del’âme et du corps et condamnés à mourir.

Si Adam et Eve n’avaient pas péché, auraient-ils été exempts de la mort ?

Si Adam et Eve n’avaient pas péché et qu’ilsfussent restés fidèles à Dieu, après un séjourheureux et tranquille sur cette terre, sans mouririls auraient été transportés par Dieu dans le Cielpour y jouir d’une vie éternelle et glorieuse.

Ces dons étaient-ils dus à l’homme ?

Ces dons n’étaient dus à l’homme en aucunefaçon ; mais ils étaient absolument gratuits etsurnaturels. Aussi, quand Adam eût désobéi aucommandement divin, Dieu put sans injusticepriver de ces dons lui et sa postérité.

Ce péché est-il propre seulement à Adam ?

Ce péché n’est pas seulement le péchéd’Adam, il est aussi le nôtre, quoiquedifféremment. Il est propre à Adam, parce quec’est lui qui le commit par un acte de sa volonté etpar là il fut pour lui péché personnel. Il nous estpropre, parce que, Adam ayant péché comme chefet souche de tout le genre humain, son péché esttransmis par la génération naturelle à tous sesdescendants, et par là il est pour nous péchéoriginel.

Comment est-il possible que le péché originelpasse dans tous les hommes ?

Le péché originel passe dans tous les hommes

parce que, Dieu ayant conféré au genre

humain, en Adam, la grâce sanctifiante et tousles autres dons surnaturels, à condition qu’Adamne désobéit pas, celui-ci désobéit en qualité dechef et de père du genre humain et rendit la naturehumaine rebelle contre Dieu. Aussi la naturehumaine est-elle transmise à tous les descendantsd’Adam dans un état de rébellion contre Dieu etprivée de la grâce divine et des autres dons.

Tous les hommes contractent-ils le péchéoriginel ?

Oui, tous les hommes contractent le péché

originel, excepté la Très Sainte Vierge qui en futpréservée par un privilège spécial de Dieu, enprévision des mérites de Jésus-Christ notreSauveur.

Après le péché d’Adam les hommesn’auraient-ils pas pu se sauver ?

Après le péché d’Adam, les hommesn’auraient pas pu se sauver, si Dieu n’avait pasété miséricordieux à leur égard.

Comment Dieu fut-il miséricordieux envers legenre humain ?

Dieu fut miséricordieux envers le genrehumain en promettant tout de suite à Adam leRédempteur divin ou Messie, et en envoyant ceMessie au temps marqué, pour délivrer leshommes de l’esclavage du démon et du péché.

Quel est le Messie promis ?

Le Messie promis est Jésus-Christ, comme

nous l’enseigne le second article du Credo.

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(Résumé fait par M. l'Abbé Giulio Maria Tam)

«Celui qui va en amour ne se fatigue point et ne fatigue point»

Saint Jean de la Croix (Avisos, Sentencia de amor, n° 18).

Nov.-Déc. 98, Janvier 1999 71Serait-ce le début de la prochaine persécution religieuse ?