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S UIVI DE LA PÊCHERIE D ALOSES SUR QUELQUES FLEUVES CÔTIERS DU BASSIN RHÔNE -MÉDITERRANÉE -C ORSE : A UDE ,H ÉRAULT ,O RB ,V IDOURLE ,A RGENS ,G APEAU 2010 - N°2/14

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SUIVI DE LA PÊCHERIE D’ALOSES SUR QUELQUES FLEUVESCÔTIERS DU BASSIN RHÔNE-MÉDITERRANÉE-CORSE :AUDE, HÉRAULT, ORB, VIDOURLE, ARGENS, GAPEAU

2010 - N°2/14

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1 = Pêcheur à la ligne sur l’Aude. MRM / F. Gardin

2 = Aloses en migration (Hérault). P. Martin

3 = Seuil de Saint Laurent d’Aigouze (Vidourle). MRM

Référence à citer :

ABDALLAH Y., LEBEL I., 2010. Suivi de la pêcherie d’aloses sur quelques fleuves côtiers du bassin Rhône-Méditerranée-Corse : Aude, Hérault, Orb, Vidourle, Argens, Gapeau, Agly, Tech, Têt, Tavignano. Campagne d'études 2010. Association Migrateurs Rhône-Méditerranée. 63 p. + annexes

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REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier vivement tous ceux qui, par leur collaboration technique ou financière, ont contribué à la réalisation de cette étude. PARTENAIRES FINANCIERS

- Agence de l'Eau Rhône-Méditerranée-Corse, - Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques (ONEMA), - Fédération Nationale pour la Pêche en France (FNPF), - Membres de l'Association Migrateurs Rhône-Méditerranée :

18 Fédérations Départementales des Associations Agréées de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique (FDAAPPMA) de l’Ain, des Alpes de Haute Provence, des Alpes-Maritimes, de l’Ardèche, de l’Aude, des Bouches-du-Rhône, de la Corse, de la Drôme, du Gard, des Hautes-Alpes, de la Haute-Savoie, de l’Hérault, de l’Isère, de la Loire, du Rhône, de la Savoie, du Var et du Vaucluse, Union des Fédérations de Pêche de l’Arc Méditerranéen (URFAM) et Union des Fédérations de Pêche de Rhône-Alpes (URFEPRA), Association des Pêcheurs Professionnels Rhône Aval-Méditerranée,

- Compagnie Nationale du Rhône, - Conseils Régionaux Provence-Alpes-Côte d’Azur, Rhône-Alpes et Languedoc-

Roussillon, - Conseils Généraux des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse, de la Drôme, de

l’Ardèche, du Gard et des Alpes-de-Haute-Provence, - Mairie d’Arles, - AREVA, - Electricité de France, - Union Européenne.

PARTENAIRES TECHNIQUES

- Fédérations Départementales des Associations Agréées de Pêche et de

Protection du Milieu Aquatique et Services Départementaux de l’ONEMA de l’Aude, du Gard, du Var, de l’Hérault et des Pyrénées-Orientales,

- Associations Agréées de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique du Vidourle, de l’Aude, du Var et de l’Hérault,

- Association Pêche Migrateurs Aude.

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RESUME

De 1993 à 2003, le premier volet du Plan Migrateurs Rhône-Méditerranée avait

pour objectif le retour de l’Alose sur le Bas Rhône en aval de l’Ardèche et ses affluents de rive droite (Gardon, Cèze, Ardèche). Cet objectif est désormais atteint puisque des aloses sont capturées et se reproduisent régulièrement dans les eaux de l’Ardèche.

Fin 2003, le Comité de Gestion des Poissons Migrateurs (COGEPOMI) du bassin

Rhône-Méditerranée Corse (RMC) a validé le deuxième plan de gestion des poissons migrateurs 2004-2009 dans lequel s’inscrit désormais le Plan Migrateurs, élargi tant en termes d’espèces qu’en termes géographiques.

Concernant l’Alose, l’objectif est de conforter les résultats obtenus dans le premier

volet du Plan Migrateurs (maximiser les effectifs présents dans la partie amont du bassin du Rhône et étendre les actions aux fleuves côtiers) et de se donner des éléments stratégiques pour la définition de nouveaux objectifs du PLAGEPOMI 2010-2014. Ce dernier est aujourd’hui en cours d’élaboration mais ses principaux objectifs en termes de restauration des axes de migration de l’Alose, de la Lamproie et de l’Anguille sont repris dans le SDAGE Rhône-Méditerranée 2010-2015. Sur les fleuves côtiers méditerranéens, l’objectif prioritaire est d’améliorer l’accès pour l’Alose à des frayères de qualité, et ce en assurant la plus grande transparence possible des obstacles à la migration. En parallèle, les suivis de cette population doivent être a minima maintenus voire soutenus sur certains axes. Ainsi, le suivi des captures d’aloses par les pêcheurs à la ligne constitue un élément essentiel au pilotage et à l’évaluation de la stratégie globale de gestion et de protection des populations d’aloses.

Sur l’arc méditerranéen, il n’existe pas aujourd’hui de fleuve côtier sans

problématique liée à l’accessibilité et à la qualité écologique des zones de frai. Ceci a eu pour conséquence une raréfaction des remontées d’aloses et un désintérêt progressif des pêcheurs à la ligne. Dans ce contexte, il s’avère difficile de sensibiliser une population de pêcheurs pour laquelle l’Alose ne constitue pas plus une cible halieutique.

Ainsi, sur les fleuves côtiers de la région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA), les

retours d’informations sont globalement très faibles. Elles permettent toutefois de valider la présence de l’Alose sur deux de ces fleuves : l’Argens et le Gapeau. En 2010, aucune donnée de capture n’a été transmise par les pêcheurs à la ligne sur ces secteurs.

A l’autre extrémité de l’arc méditerranéen, sur le Tech, la Têt et l’Agly, nous

disposons également de très peu d’informations sur la présence et la répartition de l’Alose. Des témoignages oraux, relayés par la fédération départementale de pêche des Pyrénées-Orientales font état de captures sur le Tech et l’Agly. Mais ces données éparses et peu précises ne permettent pas d’identifier précisément les enjeux vis-à-vis de l’Alose. En 2010, aucune donnée de capture n’a été transmise par les pêcheurs à la ligne sur ces cours d’eau.

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Sur l’Orb et l’Hérault, le constat est similaire, seul un pêcheur fréquentant l’Hérault

et un autre l’Orb. En 2010, on comptabilise une seule sortie sur l’Hérault et neuf sur l’Orb. Aucune alose n’a été capturée sur l’Hérault et on compte trois aloses pêchées sur l’Orb. Les analyses se limitent ainsi à la simple observation de présence/absence.

Sur le Vidourle, 3 pêcheurs ont participé à l’étude et ont effectué 7 sorties de

pêche durant lesquelles 37 aloses ont été capturées, principalement à l’aval du seuil de Saint Laurent d’Aigouze. La participation et l’effort de pêche restent donc faibles sur ce fleuve côtier où on rencontre paradoxalement un fort dynamisme local autour de la problématique de migration de l’Alose. Jusqu’à aujourd’hui, ce dynamisme n’a pas engendré un regain d’intérêt des pêcheurs locaux pour ce poisson.

Comme chaque année, l’Aude constitue le seul fleuve côtier méditerranéen où l’on

observe un intérêt sensible des pêcheurs pour l’Alose et une participation forte et fidèle de ces mêmes pêcheurs au suivi présenté ici. Ainsi, chaque année une trentaine de pêcheurs renvoie leur carnet rigoureusement renseigné et permet ainsi de mener une analyse interannuelle des migrations d’aloses sur l’Aude. La collaboration locale de l’Association Pêche Migrateurs Aude permet de dynamiser le suivi et d’obtenir des données très fiables. En sus, l’organisation d’un safari « aloses » permet de recueillir de nouveaux pêcheurs et de créer un évènement local autour de cette pratique.

Mots clés : Alose feinte du Rhône, pêcheries, indices d’abondances, migration, fleuves côtiers, bassin Rhône Méditerranée & Corse

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SOMMAIRE INTRODUCTION 1

11 METHODOLOGIE 2

1.1 DONNEES RECOLTEES .................................................................................................. 2 1.2 TRAITEMENT DES DONNEES ........................................................................................... 2 1.3 ESTIMATION DES CAPTURES .......................................................................................... 3 1.4 SUIVI DES CONDITIONS DE MILIEU .................................................................................. 3 1.4.11.4.1 Débits des cours d’eau ............................................................................................ 3 1.4.21.4.2 Température de l’eau ............................................................................................... 3 1.4.31.4.3 Conditions météorologiques .................................................................................... 3

22 SUIVI DE LA MIGRATION SUR L’AUDE 4

2.1. DESCRIPTION DE L’ACTIVITE DE PECHE ........................................................................... 5 2.1.12.1.1 Effort de pêche ........................................................................................................ 5 2.1.22.1.2 Sites de pêche ......................................................................................................... 6 2.1.32.1.3 Technique de pêche .............................................................................................. 11 2.1.42.1.4 Captures ................................................................................................................ 13 2.1.52.1.5 Captures Par Unité d’Effort CPUE ......................................................................... 24 2.1.62.1.6 Répartition géographique inter-annuelle des captures et des CPUE .................... 30 22 .1.7.1.7 Influence de la passe à poissons du seuil de Moussoulens .................................. 34 2.2 DETERMINISME DE LA MIGRATION ................................................................................ 35 2.2.12.2.1 Réflexions sur l’influence du débit sur la migration ................................................ 35 2.22.2 .2.2 Réflexions sur l’influence de la température sur la migration ................................ 38 2.2.32.2.3 Influence des conditions météorologiques ............................................................. 39 2.3 CONCLUSIONS ............................................................................................................ 41

33 SUIVI DE LA MIGRATION SUR LE VIDOURLE 42

3.1 DESCRIPTION DE LA SAISON DE PECHE 2010 ............................................................... 44 3.2 ÉVOLUTION DU DEBIT ET DE LA TEMPERATURE ............................................................ 46 3.3 CONCLUSIONS ............................................................................................................ 48

44 AUTRES COURS D’EAU MEDITERRANEENS 50

4.1 LES FLEUVES COTIERS LANGUEDOCIENS 50 4.2 LES FLEUVES COTIERS DE PROVENCE-ALPES & COTE D’AZUR 524.3 LES FLEUVES COTIERS DE CORSE 53 CONCLUSION 55 BIBLIOGRAPHIE 57 LISTE DES FIGURES 61 LISTE DES TABLEAUX 63

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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INTRODUCTION

La forte anthropisation des fleuves côtiers méditerranéens des régions Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) a engendré un cloisonnement important de ces hydrosystèmes par l’édification de nombreux obstacles transversaux. Cette anthropisation a eu pour conséquence directe la régression des populations d’aloses qui ne pouvaient plus accéder aux sites de reproduction. Le potentiel d’accueil en habitats favorables à la reproduction sur ces fleuves est considéré comme très important (Barral, 2002), c’est notamment la raison pour laquelle des efforts importants sont mis en œuvre localement pour améliorer les conditions de migration et rouvrir l’accès aux frayères de qualité (objectif phare du PLAGEPOMI 2010-2014) Dans ce contexte, il est indispensable de se munir d’outils permettant d’évaluer l’efficacité de ces efforts. Le suivi des captures des pêcheurs à la ligne constitue ainsi un outil précieux permettant d’obtenir sur un large territoire des données de présence voire d’abondance des aloses, et ce à moindre coût humain et financier, dans la mesure où ledit suivi est fondé sur la participation volontaire et bénévole des pêcheurs.

En région PACA, on dispose actuellement de très peu d’informations sur la

présence et l’abondance des populations d’aloses. Des données historiques témoignent de la colonisation de certains fleuves par les aloses (Gapeau, Argens). Définir le statut actuel de ces populations constitue donc un enjeu réel pour argumenter en faveur d’une stratégie locale sur la problématique « migrateurs ».

En région Languedoc-Roussillon, on peut établir le même constat pour les fleuves côtiers des Pyrénées-Orientales (Tech, Têt et Agly) sur lesquels nous sommes dans l’impossibilité d’estimer précisément l’état des populations d’aloses (répartition, variation interannuelle des flux de géniteurs, présence de frayères actives) et donc d’identifier les enjeux en termes de gestion et de protection.

Les données les plus nombreuses proviennent des 4 fleuves languedociens Aude,

Vidourle, Hérault et Orb sur lesquels un suivi des captures des pêcheurs à ligne a été mis en place depuis 1998. Ce suivi est mené en collaboration étroite avec des partenaires locaux (AAPPMA, Fédérations de Pêche) qui animent et dynamisent le réseau sur leurs secteurs respectifs.

La méthodologie est la même que celle utilisée sur le bassin du Rhône, à savoir des carnets de pêche distribués aux pêcheurs spécifiques d’aloses. Les retours de carnets sont abondants sur l’Aude, mais les données restent faibles sur le Vidourle et l’Hérault et l’Orb.

Ce document traite des données issues des carnets de captures reçus en 2010.

Grâce à une banque de données alimentée depuis 13 ans, nous essayerons de décrire l’activité migratoire des aloses sur les différents fleuves côtiers de l’arc méditerranéen et de mener une analyse interannuelle afin de mieux comprendre le déterminisme de répartition des flux migrants entre les fleuves. Les données seront corrélées aux facteurs abiotiques (températures de l’eau, débits, météorologie) afin d’évaluer leur influence sur le déroulement de la migration.

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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11 Méthodologie

Pour la 13ème année consécutive, des carnets de pêche à la ligne ont été distribués par l’Association Migrateurs Rhône-Méditerranée et ses partenaires, afin de répertorier le nombre de pêcheurs actifs et de caractériser leur activité, donnant ainsi une idée de l’intensité migratoire et des possibilités de franchissement des différents seuils et aménagements sur les fleuves côtiers méditerranéens.

Les carnets de pêche sont distribués automatiquement par courrier aux pêcheurs

inscrits dans une base de données établie au fil des années de suivi. En parallèle, des carnets sont fournis aux responsables des sociétés de pêche, à certaines fédérations départementales de pêche (Pyrénées-Orientales, Var) et quelques structures de gestion locales (Syndicat Béziers la Mer) qui assurent ensuite la distribution auprès de leurs membres.

Enfin, une distribution directe sur les différents sites de pêche, est effectuée par

l’équipe MRM et les partenaires techniques comme l’Association Pêche Migrateurs Aude.

1.1 Données récoltées

Les carnets de pêche (Figure 1) permettent de localiser l’activité de pêche et les captures d’aloses (cours d’eau, commune, site, rive), de calculer l’effort de pêche (date, heure d’arrivée et de départ, l’unité d’effort de pêche étant l’heure) et d’identifier les captures réalisées (nombre et sexe).

Figure 1 : Fiche de saisie type d’une sortie de pêche

1.2 Traitement des données

Il s’agit de calculer et d’analyser les CPUE ou Captures Par Unité d’Effort (nombre d’aloses capturées par heure de pêche) et le sex-ratio.

Les captures d’aloses et les CPUE font l’objet d’une analyse journalière, par pêcheur et par site de pêche, l’objectif étant de caractériser la migration sur chaque site et en particulier sur la basse vallée de l’Aude où le jeu de données est le plus conséquent.

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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1.3 Estimation des captures L’estimation des captures d'aloses a ensuite été réalisée selon la méthode

suivante : L’estimation du nombre de captures totales est ensuite convertie en poids d’aloses

capturées, par rapport à un poids moyen estimé pour les mâles et les femelles. Enfin, ces indicateurs font l’objet d’une comparaison interannuelle.

1.4 Suivi des conditions de milieu

1.4.11.4.1 Débits des cours d’eau Les données de pêche ont été couplées à celles des débits moyens journaliers.

Ce paramètre, connu pour son influence sur l’activité migratoire (Mennesson-Boisneau et al., 2000), apporte une aide précieuse dans la compréhension des résultats obtenus.

Les conditions hydrologiques des cours d’eau de la région Languedoc-Roussillon

pendant la saison 2010 ont été récupérées sur le site Internet de la Banque Hydro (www.hydro.eaufrance.fr).

1.4.21.4.2 Température de l’eau Ce paramètre est également reconnu pour avoir une influence sur la migration des

aloses (Mennesson-Boisneau et al., 2000). Une sonde thermique (de type HOBO Pendant pro) a été placée le 1er avril 2010

au niveau du seuil de Moussoulens par l’Association Migrateurs Rhône-Méditerranée. Elle permet de mesurer en continu la température de l’eau.

Sur le Vidourle, les données de température de l’eau ont été relevées

quotidiennement lors du suivi de la reproduction des aloses sur la frayère de Saint Laurent d’Aigouze. Les données ont été récoltées du 19 avril au 10 juin 2010 avec une sonde multiparamètres NEOTEK-PONSEL.

1.4.31.4.3 Conditions météorologiques Les conditions météorologiques (ensoleillement, couverture nuageuse,

précipitations, orientation et intensité du vent) ont été collectées dans les carnets de pêche, afin d’avoir à long terme une base de données suffisante pour tester l’influence de ces paramètres sur la migration des aloses et les captures.

N e = N p e ! N a o N e = Nombre total d’aloses estimé N p e = Nombre total de pêcheurs estimé (nombre de carnets distribués) N a o = Nombre moyen d’aloses capturées (observées) par pêcheur

N femelles = N e ! (1- sex-ratio o) Sex-ratio o = captures mâles totales /captures totales observées

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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22 Suivi de la migration sur l’Aude

L’organisation d’un Safari « Alose » et le travail quotidien de l’Association Pêche Migrateurs Aude permettent d’assurer la pérennité du suivi et la qualité des données récoltées.

En 2010, 72 carnets ont été distribués (Tableau 1) soit un chiffre stable par rapport aux deux précédentes saisons. Tableau 1 : Évolution du taux de retour sur l’Aude de 1998 à 2010. (Lebel, 1999 ; Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010)

Les retours de carnets enregistrés en 2010 sont très satisfaisants puisqu’on

observe un taux de retour de près de 45%, toutefois légèrement inférieur à la moyenne interannuelle calculée sur la période 1998-2010 (49.4%). A titre de comparaison, on constate que globalement les taux de retours enregistrés sur l’Aude sont bien supérieurs à ceux observés depuis 1998 sur le bassin rhodanien (Tableau 1).

Il est également intéressant d’observer le nombre de carnets exploitables obtenu

en 2010 qui lui se situe dans la moyenne interannuelle avec 29 carnets dûment renseignés par les pêcheurs. On observe une augmentation de 4 carnets par rapport à la saison passée, saison durant laquelle les conditions hydroclimatiques avaient été particulièrement favorables à l’exercice de la pêche.

Le pourcentage de carnets exploitables est donc extrêmement élevé et témoigne

de la rigueur et de la fidélité de la population des pêcheurs de l’Aude à ce suivi (90.6% des carnets renvoyés contre 61.7% sur le Rhône). Ce constat est d’autant plus rassurant qu’on observe la tendance inverse sur la population de pêcheurs du bassin rhodanien où le nombre de carnets exploitables a nettement diminué ces dernières années du fait des interdictions de consommation des aloses pêchées dans le Rhône (contamination au PCB) mais également du vieillissement de cette population (Abdallah et Lebel, 2010a ; Abdallah et Lebel, 2011).

Au-delà des aspects quantitatifs, il faut souligner la qualité des données récoltées.

En effet, le remplissage des carnets sur l’Aude est exemplaire et permet une exploitation optimale des données. La population de pêcheurs est donc sensibilisée à l’importance du remplissage de tous les champs d’informations requis sur les fiches de sortie de pêche.

Année Carnets distribués

Carnets retournés

Taux de retour

Carnets exploitables

Taux de Retour Rhône (%)

1998 30 6 20,0% 6 9,2%1999 20 11 55,0% 11 13,7%2000 26 21 80,8% 21 13,1%2001 61 30 49,2% 29 15,3%2002 73 31 42,5% 29 23,8%2003 71 36 50,7% 33 27,4%2004 69 39 56,5% 34 28,4%2005 70 43 61,4% 41 27,8%2006 84 43 51,2% 43 25,6%2007 100 32 32,0% 32 20,5%2008 73 44 60,3% 32 30,5%2009 74 28 37,8% 25 25,0%2010 72 32 44,4% 29 27,6%

Moyenne 63 30 49,4% 28 22,1%

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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Globalement, on observe donc une population stable sur le bassin audois avec

une participation régulière d’année en année qui permet d’obtenir des chroniques de données homogènes. Ces caractéristiques permettent d’améliorer la pertinence des analyses statistiques.

2.1. Description de l’activité de pêche

2.1.12.1.1 Effort de pêche Malgré une stabilité du nombre de participants, l’effort de pêche global est en

diminution en 2010. Avec 210 sorties réalisées, c’est le plus faible effort de pêche enregistré depuis le début du suivi. Cette diminution est encore plus nette avec la durée totale d’heures de pêche (-26.8% par rapport à 2009).

On observe par ailleurs une forte variabilité interannuelle de l’effort individuel sur les cinq dernières saisons (Tableau 2). Il varie également sensiblement entre les pêcheurs (de 2 à 84.5 heures). L’effort individuel maximal est en nette diminution par rapport à 2009 (108.25 heures) ce qui confirme la tendance globale observée. On notera enfin que certains pêcheurs ont effectué plus de 30 sorties sur la saison soit près d’une sortie tous les 2 jours. Une telle régularité est précieuse dans l’acquisition d’indicateurs fiables. Tableau 2 : Chiffres clés des saisons de pêche 2000 à 2010 sur l’Aude. (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah 2008 ; Abdallah, 2010)

L’étalement de la saison est quant à lui similaire aux autres saisons avec un

démarrage de l’activité dès le 19 avril pour se terminer le 27 juin 2010 soit une durée de 70 jours. Durant cette période, on recense une activité de pêche sur 48 journées.

Si on observe l’évolution journalière du nombre de sorties, il est possible de mieux

comprendre la baisse importante de l’effort de pêche enregistré en 2010 (Figure 2). La première explication est fournie par la courbe du débit moyen journalier enregistré à la station hydrologique de Moussan. En effet, on observe l’apparition d’une crue importante début mai avec un maximum journalier de près de 250 m3/s (module interannuel à Coursan : 43.7 m3/s, Banque Hydro). Cette crue perturbe fortement l’activité des pêcheurs entre le 4 et le 16 mai 2010, qui plus est dans une période considérée comme optimale pour la pêche de l’Alose. Ainsi, on n’observe presqu’aucune activité pendant près de 12 jours.

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010Carnets utilisables 21 29 31 35 34 41 43 32 32 25 29

Sorties 328 298 296 349 359 397 367 360 254 262 210Sorties/pêcheur 15,60 10,30 9,50 10,00 10,60 9,70 8,50 11,25 7,95 10,48 7,24Heures de pêche 979,60 1 010,42 939,50 1 062,90 1 092,75 1 256,00 1 146,25 1 154,50 791,00 814,25 596,00Heures/pêcheur 46,60 34,80 30,30 30,40 32,10 30,60 26,70 36,10 24,70 32,57 20,55Durée moyenne 3h 3h23 3h10 3h03 3h 3h10 3h12 3h21 3h06 3h07 2h50

Période de pêche 07/04 03/07 17/04 9/07 20/04 07/07 19/04-27/0621/04 -05/07 19/04-29/06 24/04-21/0619/04 22/06 19/04 10/07 16/04 02/07 14/04 - 06/07

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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Figure 2 : Evolution journalière du nombre de sortie et du débit sur l’Aude en 2010. Banque Hydro/MRM

Il faut ajouter à cet évènement la modification de la date d’ouverture réglementaire de la pêche aux carnassiers qui a été repoussée cette saison d’environ 10 jours (ouverture le 1er mai contre 3ème samedi d’avril avant). De ce fait, les techniques traditionnelles type cuillère pour pêcher l’Alose ne pouvaient être utilisées avant le 1er mai ce qui a limité l’activité des pêcheurs en début de saison.

En tenant compte de ces éléments, on constate in fine que la saison a été très

courte avec une concentration de l’effort entre le 18 et le 29 mai 2010. En juin, l’activité est très faible, sans qu’une explication pertinente puisse y être apportée.

2.1.22.1.2 Sites de pêche En 1998 et 1999, les sorties de pêche avaient été exclusivement réalisées à l’aval

de l’ouvrage de Moussoulens (2ème obstacle sur l’Aude, situé à 23.5 km de l’embouchure) (Lebel, 2000).

Depuis 2000, on a observé une diversification des sites de pêche, même si

l’ensemble des pêcheurs pratique dans une zone géographiquement restreinte proche du seuil de Moussoulens (Figures 3 et 4).

Dans le secteur de Moussoulens, on recense quatre sites différents sur les

carnets de pêche (Figure 4, Annexe 1) : • 1 : Le seuil de Moussoulens (rive droite, Moussan et rive gauche, Sallèles), • 2 : Le Rouquette (commune de Cuxac), • 3 : La Plagette (commune de Moussan),• 4 : Le parcours VITA (commune de Cuxac).

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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Figure 3 : Identification de la zone de pêche sur la basse vallée de l’Aude. BD Carthage ®/MRM Figure 4 : Localisation des sites de pêche sur l’Aude. Google Earth/BD Carthage®/MRM

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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En 2010, aucune sortie de pêche n’a été effectuée en amont de cette zone. Cette absence d’activité, déjà observée les années passées, ne permet donc pas de porter une analyse sur la colonisation de l’Alose en amont du seuil de Moussoulens. Pourtant, eu égard à la passe à bassins dimensionnée pour l’Alose qui équipe ce seuil, il est très probable que des aloses franchissent l’obstacle et continuent leur migration. Aux dires des pêcheurs audois, il semblerait que les difficultés d’accès aux postes de pêche soient la principale raison de cette inactivité sur le bief amont.

Dans cette partie, nous avons fait le choix de traiter séparément les quatre sites

de pêche (Tableau 3). De surcroît, nous avons fait la distinction entre les deux rives du seuil de Moussoulens, de façon à déceler une éventuelle influence de la passe à poissons construite en rive gauche à l’automne 2001.

Cependant, dans la suite du document, nous regrouperons les sites sous l’appellation « seuil de Moussoulens », de façon à comparer les résultats de cette année avec les campagnes précédentes.

En moyenne depuis le début du suivi, l’effort de pêche se concentre très

majoritairement sur le site de Moussoulens (84% des sorties). Derrière lui, le site du Rouquette connaît une fréquentation très variable et qui avait eu tendance à augmenter sensiblement lors des deux dernières saisons (Figure 5). En 2010, la répartition de l’effort de pêche est à l’image de la moyenne observée depuis 1998 avec une fréquentation très concentrée à Moussoulens (84%), quelques sorties au Rouquette (14%) et une fréquentation marginale sur les sites de la Plagette et du Parcours Vita (1%).

Figure 5 : Répartition de l’effort de pêche sur l’Aude de 1998 à 2010 (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ;

Abdallah, 2007a ; Abdallah 2008a ; Abdallah, 2010)

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Moussoulens Rouquette Plagette Vita

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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Tableau 3 : Effort de pêche sur les différents sites de pêche de l’Aude de 2000 à 2010. (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a, Abdallah 2008 ; Abdallah, 2010)

Site de pêche Durée totale (h) Durée moyenne (h) Sorties

Moussoulens 2010 507 2,88 176Moussoulens 2009 480 3,18 151Moussoulens 2008 509 3,08 165Moussoulens 2007 997 3,21 311Moussoulens 2006 953 3,09 308Moussoulens 2005 1044 3,19 327Moussoulens 2004 819 3,12 262Moussoulens 2003 916 3,02 303Moussoulens 2002 622 3,19 195Moussoulens 2001 844 3,67 230Moussoulens 2000 885 3,10 286

Le Rouquette 2010 78 2,69 29Le Rouquette 2009 219 3,03 72Le Rouquette 2008 246 3,19 77Le Rouquette 2007 107 3,33 32Le Rouquette 2006 75 2,67 28Le Rouquette 2005 137 2,64 52Le Rouquette 2004 197 2,73 72Le Rouquette 2003 124 3,19 39Le Rouquette 2002 192 2,71 71Le Rouquette 2001 125 2,51 50Le Rouquette 2000 37 1,70 22La Plagette 2010 7 2,17 3

La Plagette 2009 70 3,18 22La Plagette 2008 9 3,00 3La Plagette 2007 13 3,25 4La Plagette 2006 111 3,82 29La Plagette 2005 53 5,25 10La Plagette 2004 57 3,18 18La Plagette 2003 5 5,00 1La Plagette 2002 65 5,91 11La Plagette 2001 19 1,85 10La Plagette 2000 26 2,40 11

Parcours Vita 2010 5 2,50 2Parcours Vita 2009 40 3,08 13Parcours Vita 2008 25 3,50 7Parcours Vita 2007 38 2,92 13Parcours Vita 2006 8 3,75 2Parcours Vita 2005 23 2,81 8Parcours Vita 2004 13 2,60 5Parcours Vita 2003 17 3,30 5Parcours Vita 2002 55 3,21 17Parcours Vita 2001 23 2,81 8Parcours Vita 2000 31 3,47 9

TOTAL 2010 596 2,84 210TOTAL 2009 814 3,12 262TOTAL 2008 791 3,11 254TOTAL 2007 1155 3,21 360TOTAL 2006 1146 3,12 367TOTAL 2005 1256 3,16 397TOTAL 2004 1093 3,04 359TOTAL 2003 1063 3,05 349TOTAL 2002 940 3,17 296TOTAL 2001 1010 3,39 298TOTAL 2000 980 2,98 328

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A l’image de la tendance générale,

n’observe une diminution de l’effort de pêche à l’aval du seuil de Moussoulens ces trois dernières saisons (Figure 6). On observe toutefois une stabilisation de la fréquentation ces 3 dernières saisons.

Figure 6 : Evolution de l’effort de pêche sur le site de Moussoulens de 1998 à 2010 Le site du Rouquette se caractérise

par une variabilité forte de l’effort de pêche entre les années (Figure 7). En 2002, 2004, 2008 et 2009, on observe une fréquentation importante du site (environ 70 sorties). A l’opposé, en 2000, 2006, 2007 et 2010, l’effort est faible avec une vingtaine de sorties réalisées.

Figure 7 : Evolution de l’effort de pêche sur le site du Rouquette de 1998 à 2010

La fréquentation du site de la

Plagette est également très hétérogène dans le temps (écart-type >8) et indique un déplacement des pêcheurs entre les différents sites de pêche. Globalement, le nombre de sorties oscille entre 10 et 30 sorties avec des saisons comme 2007, 2008 et 2010 où l’effort est très faible (1 à 2 sorties). La saison dernière, la fréquentation de la Plagette avait été importante avec 22 sorties réalisées, à l’image des saisons 2004 et 2006 (Figure 8).

Figure 8 : Evolution de l’effort de pêche sur le site la Plagette de 1998 à 2010

Le Parcours Vita est de manière générale le site le moins fréquenté par les pêcheurs d’aloses. Sa fréquentation est également assez hétérogène mais ne représente au maximum qu’une quinzaine de sorties de pêche (Figure 9). La saison 2010 confirme cette tendance avec 2 sorties de pêche enregistrées sur le site.

Figure 9 : Evolution de l’effort de pêche sur le site du Parcours VITA de 1998 à 2010

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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Si globalement l’effort de pêche reste concentré majoritairement à l’aval du seuil

de Moussoulens, on observe des variations de la répartition de la fréquentation des pêcheurs entre les années. La Figure 5 montre clairement qu’en fonction des années, les pêcheurs déplacent leur activité entre les sites.

Ces déplacements pourraient indiquer une adaptation de l’activité du pêcheur en fonction de ses résultats ou des résultats d’autres pêcheurs, privilégiant un site à un autre en fonction de son succès ou de celui de ses homologues. Cette variation de l’effort de pêche dans le temps et dans l’espace est le reflet d’une utilisation différente des sites par les aloses d’une année sur l’autre, probablement en fonction des conditions hydroclimatiques.

Dans l’analyse de la répartition de l’effort de pêche entre les sites, il faut distinguer le site de Moussoulens, caractérisé par la présence à l’amont immédiat d’un obstacle. Bien qu’une passe à poissons soit présente en rive gauche, l’obstacle engendre inévitablement un retard de migration et donc une concentration des flux migrants à l’aval du site.

Cette caractéristique explique à elle seule la fréquentation importante de pêcheurs qui ont bien compris ce phénomène de blocage. C’est ainsi que sur le bassin rhodanien, la majeure partie des sites de pêche aux aloses est caractérisée par la présence d’un obstacle en amont (Abdallah, 2007b).

L’originalité des autres sites de pêche sur l’Aude (le Rouquette, la Plagette et le Parcours Vita) se retrouve donc dans l’absence d’obstacle à l’amont immédiat. Ainsi, la présence d’aloses sur ces sites ne s’explique pas par un phénomène de blocage/retard directement lié à la présence d’un obstacle. Cela signifie donc une utilisation spécifique de ces sites par les aloses soit en tant que zones de reproduction (transition de faciès pool/radier), soit en tant que zones de repli (dévalaison après blocage/retard au droit de Moussoulens).

La fluctuation dans le temps des facteurs abiotiques provoque des schémas de migration différents entre les années (Abdallah, 2007b). Le déclenchement des remontées, la franchissabilité des ouvrages, le déterminisme dans le choix des sites de reproduction sont autant de paramètres étroitement liés aux conditions thermiques et hydrologiques du cours d’eau.

Le niveau d’effort de pêche sur tel ou tel site caractérise ces fluctuations démographiques et géographiques interannuelles. Toutefois, du fait de la multiplicité des facteurs impliqués dans ces fluctuations et des synergies entre ces mêmes facteurs, il n’est pas possible d’identifier précisément les causes de cette variabilité spatio-temporelle.

2.1.32.1.3 Technique de pêche

Sur les 210 sorties répertoriées, 63 (soit 30 %) ont été réalisées à la cuiller utilisée seule (Tableau 4). Cette technique reste la plus plébiscitée par les pêcheurs (Figure 10) qui la sélectionnent pour son efficacité de pêche (rapidité de prospection), sa facilité d’utilisation et son faible coût. Toutefois, on observe une plus grande diversité des techniques utilisées sur l’Aude que sur le Rhône.

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Tableau 4 : Techniques de pêche utilisées lors des saisons 1998 à 2010. (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010)

Cela s’explique essentiellement par une morphologie différente des sites de pêche fréquentés sur l’Aude (plus petits, moins profonds, postes plus marqués!).

Ainsi, en 2010, 18% des sorties ont été effectuées avec un ver à aloses. On

remarque également l’apparition d’une nouvelle technique, « le spaghetti », qui représente cette saison 16% des sorties !

La pêche à la mouche, seule, représente 14% de l’activité globale avec 30 sorties

réalisées. Elle est également utilisée en combinaison avec une cuiller (6 sorties). La pratique de la pêche à la mouche se prête particulièrement bien au profil de l’Aude et ce site constitue donc un des rares sites sur le pourtour méditerranéen où il est possible de traquer les aloses avec cette technique.

Comme pour l’effort de pêche, on observe une augmentation de la diversité des

techniques de pêche utilisée sur l’Aude au fil des années (Figure 10). Au début du suivi, la cuiller est largement la plus utilisée (environ 80 à 90% des sorties) puis apparaissent progressivement des techniques comme le ver à alose ou la mouche artificielle.

Ces tendances montrent une volonté des pêcheurs de l’Aude de diversifier leur

pratique, probablement dans l’objectif d’optimiser leur résultat. Ainsi, en fonction des conditions hydrologiques, du retour d’expérience (la leur ou celle d’autres pêcheurs) et des résultats de captures sur les différents sites, les pêcheurs se déplacent et adaptent leur technique. Cette tendance est encore plus nette depuis 2007 et ne cesse d’augmenter.

Le comportement des pêcheurs d’aloses audois se révèle donc très différent de

celui des pêcheurs rhodaniens dont la pratique semble davantage figée, que ce soit dans le choix des sites de pêche ou dans les techniques privilégiées.

Technique de pêche 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010Cuiller 87 96 276 240 245 292 253 264 237 187 115 94 63Mouche 2 13 22 6 8 18 18 33 15 26 28 30Mouche + cuiller 2 4 3 12 4 1 4 1 7 23 1 4 6Ver 24 14 17 17 41 40 30 118 29 80 38Ver + cuiller 8 10 4 15 18 20 9 30 25 8Ver + mouche 5 4 2 5 4 2

Ver + mouche + cuiller 2 2 1 3

Crevette 3 5 2 2Leurre 40 3 5Leurre + cuiller 3Ragloo (seul ou non) 7 8 3 36 22 5 1 6Spaghetti 33Autres techniques 6 5 13 2 20 19(Information manquante) 3 1 8 5 15 12 11 1 10 7 2TOTAL 94 114 328 298 296 349 359 397 367 360 254 262 210

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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Figure 10 : Répartition de l’effort de pêche en fonction des techniques de pêche de 1998 à 2010 (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ;

Abdallah, 2007a, Abdallah 2008 ; Abdallah, 2010)

2.1.42.1.4 Captures

a) Résultats généraux

203 aloses ont été capturées par les 29 pêcheurs dont 81 mâles (39.9 %) et 122 femelles (60.1 %).

A l’image des deux dernières saisons, le nombre d’aloses capturées par les

pêcheurs à la ligne est faible en 2010 (le plus faible depuis 2000), notamment en comparaison aux précédentes saisons où plus de 500 aloses étaient capturées (saisons 2005 à 2007). Toutefois, cette chute des captures est en partie liée à la diminution de l’effort de pêche. Une pondération s’avère donc nécessaire pour comparer l’évolution interannuelle de l’abondance des aloses sur la basse Aude.

Sur la saison, la moyenne par pêcheur est de 7 aloses (Tableau 5). Cette

moyenne constitue la moyenne la plus basse observée depuis 1998, devant les saisons 2002 et 2008. Sur l’ensemble de la saison 2010, le nombre d’aloses par pêcheur varie ainsi de 0 à 63.

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Cuiller Mouche Ver à alose Leurre Autres techniques

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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Tableau 5 : Captures d’aloses réalisées sur l’Aude de 1998 à 2010. (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a, Abdallah 2008 ; Abdallah, 2010)

Lors des 210 sorties de pêche comptabilisées en 2010, 98 d’entre elles se sont

soldées sans la moindre capture, ce qui représente une proportion élevée, presque équivalente aux sorties avec capture. Cette forte proportion des sorties « bredouilles » a déjà été observée lors des saisons 2008 et 2009 alors qu’elles étaient nettement plus faibles durant la période 2003-2007.

En observant l’évolution journalière des sorties « bredouilles » au cours de la

saison 2010, on s’aperçoit quelles sont particulièrement importantes en fin de saison et même durant tout le mois de juin (Figure 11). Elles sont en revanche faibles en tout début de saison avant la crue puis dans une plus longue période, entre le 12 et le 31 mai 2010. C’est sur cette période que la pêche semble avoir été la plus productive cette saison.

Figure 11 : Proportion de sorties bredouilles dans l’activité de pêche en 2010

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1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010Nombre de captures 187 159 278 297 232 385 396 547 549 608 257 272 203Dont mâles 59,9% 54,1% 61,1% 41,8% 54,7% 44,4% 61,9% 60,7% 51,9% 38,8% 25,3% 40,1% 39,9%Dont femelles 40,1% 45,9% 38,9% 56,9% 45,3% 55,6% 38,1% 39,3% 48,1% 61,2% 74,7% 59,9% 60,1%Nombre de mâles 31 14,5 170 124 127 171 245 332 285 236 65 109 81Sex ratio 0,60 0,54 0,61 0,42 0,55 0,44 0,62 0,61 0,52 0,39 0,25 0,40 0,40Captures/pêcheur 31 14,5 13,2 10,2 7,5 11,0 11,6 13,3 12,8 19,0 8,0 10,9 7Captures/sortie de pêche 2,3 1,4 0,85 1 0,78 1,1 1,1 1,4 1,5 1,69 1,01 1,03 0,97

16 28 155 124 153 152 137 139 127 107 118 128 988,6% 17,6% 55,8% 41,8% 65,9% 39,5% 38,2% 35,0% 34,6% 29,7% 46,0% 48,9% 46,7%

Sorties bredouilles

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

15

b) Structure sexuelle de la population L’estimation du sex-ratio à partir des déclarations des pêcheurs doit être analysée

avec précaution. En effet, les pêcheurs déterminent le plus souvent le sexe de leurs captures principalement en fonction de la taille des individus (les petits poissons sont identifiés comme mâles et les gros individus comme femelles). S’il est vrai qu’il existe un dimorphisme sexuel par la taille à l’avantage des femelles, la distribution en classes de taille entre les mâles et les femelles n’est évidemment pas parfaite (Le Corre et al., 1996). Il est alors raisonnable de penser qu’une marge d’erreur existe entre les mâles de taille importante et les femelles de petite taille.

Par ailleurs, il est admis que le sex-ratio évolue au cours de la saison de

migration. Il serait à l’avantage des mâles en début de période puis s’équilibrerait pour finir en faveur des femelles en fin de période de migration (juin). Les caractéristiques biométriques des géniteurs évoluent également au cours de la saison de migration, les individus des deux sexes les plus âgés et les plus grands migrant en premier (Sabatié, 1993).

La marge d’erreur de détermination du sexe des captures par les pêcheurs,

induite par le chevauchement des classes de taille mâle-femelle, est donc plus réduite en début et en fin de saison.

Une confusion gros mâles-petites femelles peut alors advenir durant tout la

période de migration, principalement au début lorsque les gros mâles arrivent sur les sites de pêche.

En fonction des conditions hydroclimatiques, la migration des aloses se décale

plus ou moins dans le temps. A l’opposé, la saison de pêche est fixe puisqu’encadrée réglementairement (ouverture de la pêche aux carnassiers le 1er mai). De ce fait, en fonction de la fenêtre de migration des aloses, l’activité de pêche ne va pas couvrir l’ensemble des flux et ne fournira pas une image réaliste des caractéristiques de la population migrante.

En 2010, la saison de pêche a couvert l’ensemble de la période théorique de

migration des aloses (avril à juin), mais l’effort de pêche a été très faible en début de période (ouverture réglementaire de la pêche, crue) puis concentrée sur une courte période (20 jours du 10 au 31 mai). Dans ces conditions, on peut penser que le sex-ratio obtenu cette année n’est pas représentatif de l’ensemble de la population migrante. L’effort ayant été faible au début comme en fin de saison, il est difficile d’évaluer le biais induit sur le sex-ratio 2010. En tout état de cause, les captures de cette saison révèlent une fois encore un sex-ratio nettement en faveur des femelles.

L’évolution interannuelle du sex-ratio obtenu à partir des déclarations des

pêcheurs sur l’Aude montre 3 périodes distinctes (Figure 12) : - une période 2000-2003 durant laquelle on enregistre une variabilité

interannuelle dans la répartition des sexes, dans des proportions similaires (55%-45%) et inversées d’une année sur l’autre,

- une période 2004-2006 où le sex-ratio est en faveur des mâles (a fortiori 2004 et 2005),

- une période 2007-2010 où à l’opposé, le sex-ratio est nettement en faveur des femelles (a fortiori 2008).

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

16

Figure 12 : Evolution des proportions mâle-femelle dans les captures d’aloses de 2000 à 2010 sur l’Aude. (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ;

Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008° ; Abdallah, 2010) Du fait de la multiplicité des paramètres intervenant sur la migration et la

distribution démographique des géniteurs (conditions hydroclimatiques, franchissabilité des ouvrages aval, variabilité naturelle!), il est très difficile de proposer une analyse de cette évolution du sex-ratio dans le temps. Il serait notamment intéressant de comparer ces résultats à ceux d’autres fleuves côtiers obtenus à partir de la même méthode. Malheureusement, les données sur les autres fleuves sont trop peu nombreuses pour établir un sex-ratio pertinent. La seule donnée disponible est celle du bassin rhodanien et révèle une évolution dans le temps des sex-ratio différente de celle observée sur l’Aude (Abdallah et Lebel, 2010a ; Abdallah et Lebel, 2011 ; Figure, 13).

Figure 13 : Evolution des proportions mâle-femelle dans les captures d’aloses de 2000 à 2010 sur le bassin rhodanien. (Abdallah et Lebel, 2011)

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Mâles Femelles

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

17

En tout état de cause, on peut s’interroger sur l’effet du déséquilibre des rapports des sexes dans le déroulement de la reproduction (compétition entre les mâles, qualité de la fécondation des œufs!). Aucun travail scientifique n’a été mené à ce jour sur cette problématique. c) Évolution journalière des captures

L’évolution journalière des captures en 2010 est étalée sur environ 2 mois (25 avril

au 27 juin 2010) avec 34 jours effectifs de capture, soit 4 jours de moins qu’en 2009. La saison 2010 est marquée par une période de plusieurs jours consécutifs

d’absence de captures, période correspondant à une crue importante ayant stoppé toutes activités halieutiques (Figure 14). Si les captures s’étalent sur une durée de deux mois, on constate seulement 2 courtes périodes où la majorité des captures se concentrent (80% des captures sur seulement 16 journées). Le premier pic, entre le 1er et le 6 mai, est stoppé par la crue et les captures ne reprennent que 8 jours plus tard. On assiste alors au second pic, plus long (du 18 au 30 mai) et de plus forte amplitude (24 aloses le 19 mai). Avant et après ces deux pics, les niveaux de captures sont particulièrement faibles.

Figure 14 : Evolution journalière des captures en 2010

Eu égard à l’ouverture plus tardive de la pêche aux carnassiers (1er mai 2010), les

captures réalisées en avril ne peuvent être comparées à celles de mai dans la mesure où l’effort associé est sensiblement différent (seulement 11 sorties en avril), il est nécessaire pour cela d’utiliser les CPUE. Dès l’ouverture de la pêche, l’augmentation de l’effort de pêche se traduit par une augmentation nette des captures, traduisant la présence des aloses sur les sites de pêche. Ainsi, à l’opposé de la saison passée, la migration était bel et bien enclenchée lorsque la pêche a démarré sur l’Aude.

Enfin, notons qu’en juin, les niveaux de captures sont extrêmement faibles,

directement en lien avec une quasi-absence d’activité des pêcheurs.

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Période optimale de capture Captures 2010

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

18

d) Analyse interannuelle de l’évolution journalière des captures Les valeurs des pics annuels de captures sont variables entre les années. En

2010, 24 aloses ont été capturées le 19 mai. Ainsi, depuis 4 saisons, le pic de captures journalières survient globalement à la même période (mi-mai) :

- 2009 : 32 aloses capturées au maximum le 19 mai, - 2008 : 17 aloses capturées le 15 mai, - 2007 : 41 aloses capturées les 11 et 13 mai, - 2006 : 31 aloses capturées le 13 mai, - 2005 : 24 aloses le 1er et 6 juin, - 2004 : 25 aloses le 6 juin, - 2003 : 23 aloses le 29 mai.

En observant les évolutions journalières des captures des saisons 2003 à 2010 (les saisons 1998 à 2002 ne sont pas traitées ici pour faciliter la lecture du graphique), on peut définir une période optimale de capture comprise entre le 1er mai et le 15 juin avec un pic assez net entre le 15 et le 25 mai (Figure 15). Avant et après cette fenêtre, les captures sont beaucoup moins nombreuses.

Figure 15 : Cumul des évolutions journalières des captures de 2003 à 2010 (Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010)

Toutefois, entre les saisons, on distingue une forte variabilité dépendant

probablement de fluctuations des schémas migratoires de l’Alose (fonction notamment de paramètres abiotiques tels que le débit ou la température de l’eau). Il est alors intéressant d’observer les tendances d’évolution des captures de ces dernières années et de déceler des similitudes ou des antagonismes dans leur structuration temporelle.

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2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

19

Saison 2009 = On observe une évolution journalière des captures de type unimodale avec une

période optimale de capture très nette, concentrée sur 12 jours (18 au 29 mai 2009). Cette courte période concentre près de 75% des captures réalisées sur l’ensemble de la saison 2009 (Figure 16). Comme en 2008 et en 2010, la saison de captures est donc concentrée dans le temps. A l’opposé de ces deux saisons, le démarrage est tardif puisqu’aucune alose n’est capturée au mois d’avril. Les niveaux de captures restent faibles jusqu’au 18 mai. Après la période de pics, les captures chutent nettement et peu d’aloses sont pêchées durant le mois de juin.

Les conditions hydrologiques pourraient être à l’origine de cette répartition des

captures dans le temps avec une succession de crues notamment en avril et en juin. De ce fait, les conditions optimales de pêche, et donc de captures, ont été très concentrées dans le temps.

Saison 2008 = Même si l’amplitude des pics de captures est sensiblement plus faible que les

années précédentes, on distingue une période de 21 jours (3 au 24 mai 2008) où est concentrée la majeure partie des captures (Figure 16). A l’intérieur de cette période, on distingue une succession de pics d’aloses capturées. De manière générale, l’évolution de captures est de type unimodale avec une augmentation progressive des captures entre le 19 avril et le 15 mai. Les captures, au-delà du 25 mai deviennent anecdotiques.

Saison 2007= Comme en 2008, la saison 2007 est caractérisée par une évolution unimodale des

captures. Celle-ci est marquée par une période nette de pic de captures (8 au 27 mai). Au-delà, les captures chutent sensiblement. Les saisons 2007 et 2008 ont par ailleurs une évolution comparable aux saisons 1998 et 1999 (Figure 16) dont l’évolution, unimodale, est caractérisée par un pic de captures plus étalé dans le temps (entre le 5 et le 25 mai).

Saisons 2005 et 2006 = En 2005 et 2006, l’évolution journalière des captures est de type bimodal, c'est-à-

dire qu’on enregistre deux périodes bien distinctes de pics de captures. En 2006, ces 2 périodes sont assez rapprochées mais on note un intervalle de 8 jours (du 17 au 23 mai) où les captures apparaissent plus faibles. En 2005, cet intervalle est plus long puisqu’on compte plus de 15 jours entre les deux pics.

Saisons 1998 à 2004 = La saison 2000 est également de type bimodal mais sa structuration dans le

temps diffère des saisons 2005 et 2006. On observe en effet une première période de pic relativement étalée entre le 17 mai et le 8 juin à laquelle succèdent 12 jours de très faibles niveaux de captures. La saison s’achève sur une courte période de pic d’amplitude comparable au précédent.

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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Les saisons 2001, 2003 et 2004 suivent une évolution unimodale mais se détachent des saisons 1998, 1999, 2007, 2008, 2009 et 2010 par une période optimale de capture décalée dans le temps (Figure 16). La saison 2001 se rapproche de la saison 2009 avec une période optimale de capture concentrée entre le 19 mai et le 4 juin. En 2003, cette période se situe entre le 26 mai et le 5 juin et en 2004, elle est encore plus décalée (entre le 3 et le 9 juin). Comme en 2009, les niveaux de captures observés en début de ces saisons sont faibles, à plus forte raison en 2004 où les captures sont très faibles avant le 20 mai (idem 2009). On observe donc un important décalage avec les pics de captures.

La saison 2002 est plus difficilement caractérisable car on observe une forte

hétérogénéité dans l’évolution des captures au cours du temps et une absence de période optimale de capture (Figure 16).

Il apparaît ainsi plusieurs structures d’évolutions des captures au cours d’une

saison de pêche :

• 1998, 1999, 2007 et 2008 = unimodale avec période optimale en début de saison,

• 2001, 2003 et 2004 = unimodale avec période optimale en fin de saison (décalage croissant),

• 2000, 2005 et 2006 = bimodale avec 2 pics plus ou moins nets captures décalés entre les années,

• 2002 = saison atypique, absence de période optimale de captures, • 2009 = période optimale de captures très courte ciblée en milieu de

saison (mi-mai). Niveau de captures faibles avant et après cette période,

• 2010 = deux périodes optimales de captures courtes dans le temps. Arrêt de l’activité début mai dû à une crue. Absence de données en juin.

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

21

Figure 16 : Evolution journalière des captures des saisons 1998 à 2010

(Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010)

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Période optimale de capture Captures 2007

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Période optimale de capture Captures 2006

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Dates

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Période optimale de capture Captures 2005

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Dates

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Période optimale de capture Captures 2004

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1015202530354045

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Période optimale de capture Captures 2003

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Période optimale de capture Captures 2001

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Période de capture optimale Captures 2000

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Période optimale de capture Captures 1999

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1015202530354045

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Période optimale de capture Captures 1998

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Captures 2002

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Période optimale de capture Captures 2008

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Dates

Période optimale de capture Captures 2009

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Nom

bre

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cap

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Dates

Période optimale de capture Captures 2010

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

22

e). Estimation des captures potentielles totales

La quantité totale d’aloses capturées par les 29 pêcheurs de l’Aude est de 203 individus soit 7 aloses par pêcheur en moyenne. Ne connaissant pas encore la totalité de la population de pêcheurs et les caractéristiques de l’activité de pêche sur l’Aude, nous estimons simplement la quantité Ne d’aloses qui pourrait être capturée par la pêche sportive en supposant que la population est de 72 pêcheurs (nombre de carnets distribués en 2010).

Ainsi : Ne =nb de pêcheurs (72) * nb moyen d’aloses par pêcheur (7), soit 504 aloses. Si l’on distingue le sexe des captures selon le ratio 39.9 % de mâles (poids moyen

606 g, d’après Baglinière et al., 1996), 60.1 % de femelles (poids moyen 1 290 g, d’après Baglinière et al., 1996), le poids des captures potentielles est de :

122 kg d'aloses mâles 391 kg d'aloses femelles

Tableau 6 : Estimation des quantités d’aloses pêchées de 1998 à 2010. (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010)

D’une manière générale, les variations de l’abondance et de la structure sexuelle

de la population sont caractéristiques de l’espèce Alose (Baglinière et Elie, 2000). En 2001, l’estimation avait augmenté de 80 % par rapport à 2000 (Tableau 6),

mais l’augmentation était en partie due à l’augmentation de l’effectif de pêcheurs dans le calcul et à la prédominance des femelles dans les captures (56,9 %).

En 2003, l’estimation est supérieure à celle de 2001 et se rapproche de celle de

l’année exceptionnelle de 1998 (819 kg, 930 aloses), ce qui confirme que 2003 a été une bonne année.

La quantité d’aloses prélevées par la pêche à la ligne en 2004 est inférieure de

près de 10 % aux quantités pêchées en 2003 (Tableau 6), avec sensiblement le même nombre de pêcheurs entrant dans le calcul. Cela s’explique par l’inversion de la structure sexuelle de la population qui réduit le poids total des captures, malgré le nombre supérieur d’aloses (estimation globale et par pêcheur). Toutefois, les captures potentielles 2004 restent dans des niveaux intéressants de captures. On peut regretter que la biomasse estimée de femelles ait considérablement baissé, ce qui est moins encourageant pour le potentiel reproducteur de l’espèce.

En 2005 et en 2006, les captures potentielles s’élèvent à un niveau équivalent à

celui de l’année de référence 1998, avec une biomasse femelle importante soit des années fructueuse pour la reproduction et la pérennité de l’espèce (a fortiori 2006).

Soit un poids total d’environ 513 kg

Année 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Estimation totale (kg) 819 401 345 622 500 770 697 815 1 005 1 947 653 827 504

Dont mâles (kg) 338 143 147 160 181 210 302 342 338 447 90 198 201

Dont femelles (kg) 481 258 199 462 319 560 395 472 667 1500 563 629 303

Nombre aloses estimé 930 290 343 622 548 781 800 931 1075 1900 584 814 513

Nombre de pêcheurs 30 20 26 61 73 71 69 70 84 100 73 74 72% femelle 40,1 45,9 38,9 56,9 45,3 55,6 38,1 39,3 48,1 61,2 74,7 59,9 60,1

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

23

En 2007, l’estimation a largement dépassé les précédentes en doublant par

rapport à l’année la plus élevée (2006). Un nombre grandissant de pêcheurs participant à l’enquête, une forte proportion des femelles dans la formule de calcul et une abondance importante de la population d’aloses expliquent un tel résultat.

Ainsi entre 1998, début du suivi des captures d’aloses sur le fleuve Aude, jusqu’en

2007, on enregistre une évolution croissante de cet indicateur, évolution d’autant plus marquée si on considère que les données recueillies en 1998 et 1999 sont insuffisantes (R2=0,69) (Figure 17). Il semblerait donc qu’au-delà des variations interannuelles de la population d’aloses et des facteurs abiotiques influençant la migration, on ait assisté durant cette période à une augmentation nette des flux migratoires sur l’axe audois.

Après cette augmentation de l’indicateur, on observe une chute nette en 2008 (-69% par rapport à 2007) qui se confirme en 2009 et en 2010. Ainsi, l’indicateur retrouve un niveau semblable aux saisons 2001 à 2003.

Figure 17 : Évolution des captures potentielles de 1998 à 2007 (gauche) et de 1998 à 2010 (droite) et courbes de tendance

La représentation graphique de ces données et les courbes de tendance

confirment la chute des captures à partir de 2008. En effet, on remarque une différence importante entre les courbes de tendances 2000-2007 et 1998-2010 (respectivement r! = 0.69 et r! = 0.24) qui illustre la chute d’indicateur des trois dernières saisons. L’interprétation de cette tendance est délicate dans la mesure où un nombre très important de facteurs intervient dans la dynamique de population de l’espèce (attractivité hydrologique, température, franchissabilité des obstacles présents à l’aval).

L’interprétation des résultats pondérés par l’effort de pêche et la corrélation avec

les facteurs du milieu (débits et températures) devraient aboutir à un meilleur diagnostic des tendances avancées ici.

R! = 0,4842

R! = 0,6919

0

500

1000

1500

2000

2500

Kg

alo

ses

cap

turé

es

Années

1998-2007 2000-2007 Linéaire (1998-2007) Linéaire (2000-2007)

y = 55,858x + 417,49R2 = 0,2382

0

500

1000

1500

2000

2500

Kg

alos

es c

aptu

rées

Années

1998-2010 Linéaire (1998-2010)

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24

2.1.52.1.5 Captures Par Unité d’Effort CPUE

a) Captures par unité d’effort de la campagne 2010

Il existe une relation étroite entre l’effort de pêche et le nombre de captures (forte corrélation, r!= 0.61 ; Figure 18). Or, il y a dans le temps et dans l’espace une variabilité marquée de l’effort de pêche, souvent directement liée au niveau de captures (présence accrue des pêcheurs quand le niveau de captures est important, ce qui correspond à une optimisation de l’effort de pêche). Ainsi, pour comparer l’évolution des données au cours de la saison, entre les années ou entre les sites de pêche, il est nécessaire de pondérer le nombre de captures par l’effort de pêche. On utilise alors les Captures Par Unité d’Effort qui constituent ainsi un indicateur d’abondance des aloses.

Figure 18 : Relation nombre de captures-effort de pêche en heure en 2010

Cette saison, la CPUE moyenne est de 0,38 alose/heure. Il faut donc compter environ 2 heures et 38 minutes pour attraper une alose (Tableau 7). Comme pour l’indicateur « captures potentielles », on observe une augmentation continue de la CPUE entre 2000 et 2007, une chute nette en 2008 suivie d’une légère augmentation cette saison (non significative).

Tableau 7 : Captures par Unité d'Effort sur l'Aude de 1998 à 2010. (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a; Abdallah, 2008; Abdallah, 2010)

Les CPUE par pêcheur varient de 0 à 1.00 alose/h. En 2010, les CPUE journalières varient de 0 à 2.00 aloses/heure (Figure 19). Le

maximum a été atteint le 25 avril 2010.

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Année 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

CPUE moyenne 0,73 0,45 0,34 0,32 0,25 0,39 0,40 0,45 0,48 0,55 0,32 0,36 0,38

CPUE journalière maximale

2 1,39 1,39 1,48 1,00 2,00 1,54 1,07 1,11 1,22 1,00 1,22 2,00

CPUE pêcheur maximale

0,9 0,85 1,29 0,49 0,86 1,17 0,81 0,87 1,13 1,43 0,87 0,85 1,00

1,5 2,25 2,94 3,12 4,00 2,56 2,50 2,22 2,08 1,82 3,12 2,77 2,631h30 2h15 2h56 3h07 4h00 2h34 2h30 2h13 2h05 1h49 3h07 2h46 2h38

Temps de capture pour 1 alose

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25

Figure 19 : Evolution journalière des CPUE et du nombre de sorties en 2010

Lorsqu’on observe l’évolution journalière des CPUE, on constate que les valeurs

les plus élevées sont enregistrées en tout début de saison (les 25 et 26 avril). Puis tout au long de la saison, les CPUE journalières oscillent entre 0 et 0,75 alose/h, sans tendance particulière et à des niveaux relativement bas. Il ne semble donc pas se distinguer de période optimale cette saison pour la capturabilité. Cette analyse traduirait une migration diffuse des géniteurs tout au long de la saison, sans arrivée de vague massive caractéristique des remontées grégaires de l’Alose.

b) Comparaison interannuelle des CPUE journalières

Si on tente de dégager des tendances pluriannuelles sur l’évolution des CPUE au

cours de la saison, on constate qu’il est difficile de définir un schéma type sur la période 1998-2010. On observe globalement une évolution de type unimodale avec des maxima concentrés autour du 20-25 mai. Toutefois, cette évolution est caractérisée par des variations interjournalières marquées difficilement interprétables. Il est donc préférable d’observer les évolutions annuelles une à une.

En 2009, l’évolution journalière des CPUE est caractérisée par une tendance

unimodale (Figure 20) avec à l’opposé de 2010, une courte période distincte où sont enregistrées les CPUE les plus élevées (entre le 18 et 31 mai). En début de saison (fin avril et 1ère quinzaine de mai), les CPUE sont très faibles (< 0.30 alose/h) et caractérisent un démarrage tardif de la migration des aloses. En fin de saison, on observe une variation journalière marquée des CPUE. Cette variation est caractéristique des périodes de faible effort de pêche (de l’ordre d’une sortie par jour) et n’est donc pas considérée comme significative.

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26

En 2008, l’évolution journalière des CPUE est particulièrement irrégulière (Figure 20). On peut observer une courte période de pic en tout début de saison (très faible activité de pêche) puis une seconde avec des valeurs faibles (<0.50 alose/h) qui s’étale jusqu’au 15 mai. On observe ensuite entre le 15 et le 25 mai des valeurs moyennes plus élevées et associées à une activité de pêche plus importante. Puis les valeurs diminuent mais évoluent très irrégulièrement jusqu’à la fin de la saison.

En observant les tendances des saisons précédentes, on constate également une

difficulté à dégager des schémas types d’évolution comme il a été le cas pour les captures. Le fait remarquable sur nombre de figures est la présence d’un pic généralement court en début et/ou fin de saison (Figure 20) ; la saison 2010 confirmant encore un plus ce constat.

Il est courant d’observer lors de la migration des aloses une succession de flux de

géniteurs sur une même saison. Il semblerait notamment que le premier flux soit le plus intense et composé des individus les plus gros et les plus mâtures (Sabatié, 1993). Ce premier flux est susceptible d’atteindre les frayères situées le plus en amont, soit, a priori, celles de plus grande qualité. En présence d’obstacles, l’accès peut être retardé, même avec des dispositifs de franchissement. Puis les flux suivants, de moindre intensité et peuplés d’individus plus jeunes, s’arrêteraient plus en aval sur le bassin. En présence d’obstacles, les migrateurs s’arrêtent alors sur des frayères forcées.

Ainsi, au fil de la saison, on peut imaginer que certains sites de l’Aude (type le

Rouquette ou la Plagette), non utilisés par les aloses en début de migration, le deviennent pour la reproduction en fin de saison, en lien avec la présence du seuil de Moussoulens.

Un tel cas de figure pourrait alors expliquer l’apparition de CPUE élevées en fin de

saison de migration sur des sites forcés, comme à l’aval du seuil de Moussoulens. Malheureusement, il apparaît délicat de conclure sur cette hypothèse, dans la mesure où ces CPUE sont associées à des efforts de pêche faibles, donc difficilement comparables aux CPUE enregistrées en pleine période de pic d’activité des pêcheurs et du fait que le comportement des pêcheurs ne confirme par l’hypothèse (exemple : pas de déplacement significatif des pêcheurs en fin de saison sur lesdits sites de pêche).

En l’absence d’autres sources de données sur la population d’aloses de l’Aude, il

est donc nécessaire de prendre des précautions dans la description du phénomène migratoire à partir des seules informations issues des données de captures. L’absence de données biologiques (maturation sexuelle, âge de la population, succès reproducteur) et de données éthologiques (comportement face à un obstacle, déroulement de la reproduction, déterminisme dans le choix des sites de frai") sur cette population limite en effet l’analyse.

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27

Figure 20 : Evolution des CPUE journalières des saisons 1998 à 2010

(Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010)

0

0,25

0,5

0,75

1

1,25

1,5

1,75

2

15/4

20/4

25/4

30/4 5/5 10

/515

/520

/525

/530

/5 4/6 9/6 14/6

19/6

24/6

29/6

Dates

CPU

E (a

lose

s/h)

CPUE 1998

0

0,25

0,5

0,75

1

1,25

1,5

1,75

2

15/4

20/4

25/4

30/4 5/5 10

/515

/520

/525

/530

/5 4/6 9/6 14/6

19/6

24/6

29/6

Dates

CP

UE

(alo

ses/

h)

CPUE 1999

0

0,25

0,5

0,75

1

1,25

1,5

1,75

2

15/4

20/4

25/4

30/4 5/5 10

/515

/520

/525

/530

/5 4/6 9/6 14/6

19/6

24/6

29/6

Dates

CP

UE

(al

ose

s/h

)

CPUE 2000

0

0,25

0,5

0,75

1

1,25

1,5

1,75

2

15/4

20/4

25/4

30/4 5/5 10

/515

/520

/525

/530

/5 4/6 9/6 14/6

19/6

24/6

29/6

Dates

CP

UE

(alo

ses/

h)

CPUE 2001

0

0,25

0,5

0,75

1

1,25

1,5

1,75

2

15/4 20/4 25/4 30/4 5/510/5 15/5 20/5 25/5 30/5 4/6 9/6

14/6 19/6 24/6 29/6

Dates

CP

UE

(alo

ses/

h)

CPUE 2002

0

0,25

0,5

0,75

1

1,25

1,5

1,75

2

15/4

20/4

25/4

30/4 5/5 10

/515

/520

/525

/530

/5 4/6 9/6 14/6

19/6

24/6

29/6

Dates

CP

UE

(alo

ses/

h)CPUE 2003

0

0,25

0,5

0,75

1

1,25

1,5

1,75

2

15/4 20/4 25/4 30/4 5/510/5 15/5 20/5 25/5 30/5 4/6 9/6

14/6 19/6 24/6 29/6

Dates

CP

UE

(alo

ses/

h)

CPUE 2004

0

0,25

0,5

0,75

1

1,25

1,5

1,75

2

15/4

20/4

25/4

30/4 5/5 10

/515

/520

/525

/530

/5 4/6 9/6 14/6

19/6

24/6

29/6

Dates

CP

UE

(alo

ses/

h)

CPUE 2005

0,00

0,25

0,50

0,75

1,00

1,25

1,50

1,75

2,00

15/4

20/4

25/4

30/4 5/5 10

/515

/520

/525

/530

/5 4/6 9/6 14/6

19/6

24/6

29/6

Dates

CP

UE

(alo

ses/

h)

CPUE 2006

0,00

0,25

0,50

0,75

1,00

1,25

1,50

1,75

2,00

15/4

20/4

25/4

30/4 5/5 10

/515

/520

/525

/530

/5 4/6 9/6 14/6

19/6

24/6

29/6

Dates

CP

UE

(alo

ses/

h)

CPUE 2007

0,00

0,25

0,50

0,75

1,00

1,25

1,50

1,75

2,00

CPU

E (a

lose

s/h)

Dates

CPUE 2008

0,00

0,25

0,50

0,75

1,00

1,25

1,50

1,75

2,00

CPU

E (a

lose

s/h)

Dates

CPUE 2009

0,00

0,25

0,50

0,75

1,00

1,25

1,50

1,75

2,00

CPU

E (a

lose

s/h)

Dates

CPUE 2010

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

28

Sur l’ensemble de la période d’étude (1998 a été volontairement écartée du fait de la fiabilité réduite de l’indicateur), on observe une certaine stabilité dans les CPUE annuelles (R! = 0.04) avec une moyenne interannuelle comprise entre 0.30 et 0.40 alose/heure de pêche (p>0.05) (Figure 21).

Figure 21 : Evolution interannuelle des CPUE sur l’Aude de 1999 et courbe de tendance.

(Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007° ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010)

L’évolution interannuelle des CPUE est toutefois marquée par 3 évènements

distincts : - 1999-2002 = l’indicateur connaît une baisse significative (p=0.008). On

observe une différence significative entre la saison 2002 et les saisons 2003 et 2004 (p<0.01)

- 2003-2007 = augmentation continue des CPUE moyennes annuelles avec un maximum atteint en 2007 (R! = 0.93) (Figure 22). Les saisons 2003 et 2004 sont significativement différentes de la saison 2007 (p<0.01).

- 2008-2010 = les CPUE diminuent sensiblement par rapport la période 2003-2007, restant toutefois au-dessus des CPUE de la période 1999-2002. La chute de l’indicateur a été très importante en 2008 et on observe une légère augmentation de la CPUE globale en 2009 puis en 2010 (augmentation non significative).

Figure 22 : Evolution interannuelle des CPUE sur l’Aude de 1999 à 2007 et courbe de tendance.

(Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007)

R! = 0,3995

R! = 0,9323

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

CP

UE

(alo

ses/

h)

Années

1999-2007 2003-2007 Linéaire (1999-2007) Linéaire (2003-2007)

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

29

La CPUE moyenne interannuelle (0.42 alose/h) est assez faible comparativement

à la moyenne obtenue sur le bassin rhodanien (0.67 alose/h sur la période 1997-2010 ; Abdallah et Lebel, 2011). Toutefois, cette comparaison ne peut être extrapolée en tant qu’indicateur d’abondance dans le sens où les contextes migratoires sont très différents entre les 2 bassins. En effet, sur l’Aude, 3 des 4 sites de pêche fréquentés ne sont pas caractérisés par la présence d’un obstacle à leur amont immédiat (le Rouquette, la Plagette et le Parcours Vita).

Quant à Moussoulens, il est équipé d’une passe à bassins successifs conçue pour

le franchissement des aloses. On donc supposer qu’en théorie, il n’existe pas de blocage total des géniteurs sur ces sites de pêche comme sur certains sites de pêche du bassin rhodanien, Sauveterre en étant l’exemple type (colonisation aval/amont plus rapide, temps de présence des flux moins long sur un même site, efficacité de la pêche réduite).

Ainsi, en l’absence d’obstacle infranchissable, la concentration des géniteurs sur

une zone restreinte (un site de pêche) est plus faible et par conséquent leur capturabilité aussi. Sur l’Aude, les CPUE moyennes moins élevées ne traduisent donc pas fatalement une abondance moindre des aloses.

b) Influence de la technique de pêche sur le niveau de CPUE

Les analyses effectuées sur l’ensemble des données de 1998 à 2010 montrent qu’il existe une différence significative entre le niveau des CPUE selon la technique de pêche utilisée (p= 4.34x10-32).

Le ver à alose (utilisé seul ou associé à une mouche artificielle) est

particulièrement efficace, bien plus que la traditionnelle cuiller. En effet, la CPUE moyenne obtenue avec le ver (0.67 alose/h) est près de 2 fois supérieure à celle obtenue à la cuiller (0.37 alose/h).

En comparaison aux CPUE élevées obtenues à la cuiller sur le bassin rhodanien (Abdallah et Lebel, 2010a), la cuiller semble moins efficace sur les petits et moyens cours d’eau tels que l’Aude.

Aussi d’autres techniques s’avèrent plus « prenantes », avec des possibilités

d’animation du leurre plus nombreuses et une variation de hauteur de nage plus importante. La pêche à la mouche semble ainsi également efficace avec une CPUE assez élevée (0.47 alose/h).

L’Aude offre une diversité de faciès permettant aux pêcheurs de capturer des

aloses grâce à de nombreuses techniques. Certaines d’entre elles, comme la mouche artificielle ou le leurre, sont particulièrement ludiques et intéressent donc notamment les jeunes pêcheurs. Ces pratiques, dites sportives, permettent donc de maintenir un intérêt autour de la pêche de l’Alose et limitent les risques de voir, comme sur le bassin rhodanien, une chute des effectifs de pêcheurs liée notamment au vieillissement de cette population et au trop faible nombre de « nouveaux pêcheurs ».

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30

2.1.62.1.6 Répartition géographique interannuelle des captures et des CPUE

On constate une variation significative (p=0.025) des captures et des CPUE entre les sites et entre les saisons de pêche. Cela signifie que d’une saison à l’autre, il est fort probable que l’abondance des aloses soit différente sur un même site. Cette variation interannuelle pourrait avoir comme origine une modification comportementale des aloses en fonction des conditions de milieu.

Le site de Moussoulens constitue depuis le début du suivi le site principal de captures sur l’Aude. La présence d’un seuil à l’amont immédiat du site concentre les géniteurs en montaison et augmente par conséquent leur capturabilité. Seule la saison 2008 avait vu le site du Rouquette concurrencer Moussoulens. Mais en 2009 et a fortiori en 2010 le site de Moussoulens concentre à nouveau la grande majorité des captures et ce malgré une répartition de l’effort de pêche plus hétérogène entres les sites.

En 2010, le site enregistre une CPUE élevée en comparaison aux autres sites (0.40 alose/h) (Figure 25, Tableau 8). L’évolution interannuelle des CPUE obtenues à Moussoulens est très semblable à l’évolution globale observée sur le fleuve Aude. On retrouve ainsi la baisse marquée de cet indicateur en 2008, puis un retour en 2009 et 2010 à des valeurs proches de celles atteintes lors des saisons 2003 et 2004. L’analyse statistique des CPUE obtenues de 2000 à 2010 révèle une variation interannuelle significative (p= 1.43x10-23). Ces dernières années, on observe enfin une tendance opposée assez nette entre les sites de Moussoulens et du Rouquette.

Figure 23 : Evolution des captures et des CPUE sur le site de Moussoulens de 1998 à 2010

(Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a; Abdallah, 2008° ; Abdallah, 2010)

0,00

0,20

0,40

0,60

0,80

1,00

0

100

200

300

400

500

600

2010 2009

2008 2007

2006 2005

2004 2003

2002 2001

2000 1999

1998

CP

UE

(alo

ses/

h) N

ombre d'aloses

Années

Aloses CPUE Moussoulens CPUE globale

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

31

Tableau 8 : Captures et CPUE par site de pêche de 1998 à 2010. (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010)

Site de pêche Sorties Aloses capturées CPUE (aloses/heure)Moussoulens 2010 176 180 0,40

Moussoulens 2009 151 194 0,45Moussoulens 2008 165 111 0,22Moussoulens 2007 311 534 0,55Moussoulens 2006 308 479 0,50Moussoulens 2005 327 477 0,47Moussoulens 2004 262 292 0,41Moussoulens 2003 303 328 0,39Moussoulens 2002 195 123 0,21Moussoulens 2001 230 236 0,33Moussoulens 2000 286 241 0,29Moussoulens 1999 114 159 0,45Moussoulens 1998 83 187 0,73

Moyenne Moussoulens 1998-2010

224 272 0,42

Le Rouquette 2010 29 20 0,27 Le Rouquette 2009 72 32 0,17 Le Rouquette 2008 77 133 0,51 Le Rouquette 2007 32 39 0,41 Le Rouquette 2006 28 21 0,23 Le Rouquette 2005 52 44 0,32 Le Rouquette 2004 72 65 0,33 Le Rouquette 2003 39 53 0,42 Le Rouquette 2002 71 64 0,32 Le Rouquette 2001 50 51 0,41 Le Rouquette 2000 22 12 0,49

Moyenne le Rouquette 2000-2010

49 49 0,35

La Plagette 2010 3 1 0,11La Plagette 2009 29 22 0,4La Plagette 2008 3 2 0,17La Plagette 2007 4 6 0,33La Plagette 2006 29 45 0,40La Plagette 2005 10 9 0,21La Plagette 2004 18 30 0,46La Plagette 2003 1 0 0,00La Plagette 2002 11 18 0,22La Plagette 2001 10 4 0,24La Plagette 2000 11 15 0,71

Moyenne la Plagette 2000-2010

12 14 0,30

Parcours Vita 2010 2 2 0,63Parcours Vita 2009 13 13 0,31

Parcours Vita 2008 7 10 0,41 Parcours Vita 2007 13 29 0,8Parcours Vita 2006 2 4 0,7 Parcours Vita 2005 8 17 0,8Parcours Vita 2004 5 7 0,54 Parcours Vita 2003 5 4 0,25Parcours VITA 2002 17 27 0,51 Parcours VITA 2001 8 6 0,25Parcours VITA 2000 9 10 0,42

Moyenne Parcours VITA 2000-2010

8 12 0,51

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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Globalement, les CPUE du site du Rouquette sont plus faibles que celles de Moussoulens, à l’exception de 2008 où on a enregistré un niveau de captures et de CPUE exceptionnels pour ce site et corrélés à une baisse significative de ces mêmes indicateurs à Moussoulens (Figures 25 et 26). On peut ainsi considérer que la répartition des aloses en 2008 fut atypique. En 2010, la CPUE enregistrée au Rouquette est particulièrement faible et traduit donc une abondance faible des aloses sur ce site.

Figure 24 : Evolution des captures et des CPUE sur le site du Rouquette de 2000 à 2010 (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ;

Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a; Abdallah, 2008° ; Abdallah, 2010) A la Plagette, l’évolution interannuelle des CPUE et des captures s’avère très

hétérogène même si de manière générale, les deux indicateurs « captures » et « CPUE » sont très faibles, à l’image de cette saison 2010 (Figure 27). Les saisons 2004, 2006 et 2009 se démarquent mais sont délicates à interpréter (différences non significatives), notamment du fait de la faible représentativité de l’effort de pêche par rapport à d’autres sites comme Moussoulens ou le Rouquette.

Figure 25 : Evolution des captures et des CPUE sur le site de la Plagette de 2000 à 2010 (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ;

Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010)

0,00

0,20

0,40

0,60

0,80

1,00

0

25

50

75

100

125

150

2010 2009

2008 2007

2006 2005

2004 2003

2002 2001

2000

CP

UE

(alo

ses/

h) N

ombre d'aloses

Années

Aloses CPUE Rouquette CPUE globale

0,00

0,20

0,40

0,60

0,80

1,00

0

25

50

75

100

125

150

2010 2009

2008 2007

2006 2005

2004 2003

2002 2001

2000

CP

UE

(alo

ses/

h) N

ombre d'aloses

Années

Aloses CPUE Plagette CPUE globale

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

33

Le Parcours Vita est caractérisé par une évolution interannuelle des captures et des CPUE fortement hétérogène. Les CPUE varient de manière significative entre les années (p=0.007) et révèlent à nouveau des variations d’abondance de la population d’aloses sur ce site. A noter que globalement (période 2000-2010), le Parcours Vita présente la CPUE moyenne la plus élevée des 4 sites (0.50 aloses/h). En 2010, la CPUE moyenne est la plus élevée des sites mais l’effort de pêche associé est très faible et donc peu représentatif (Figure 28).

Figure 26 : Evolution des captures et des CPUE sur le site du Parcours Vita de 2000 à 2010 (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ;

Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010) A la lumière de ces éléments, il semblerait que certaines années soient

caractérisées par une répartition particulière des aloses entre les sites. Eu égard aux différences marquées de l’effort de pêche, il est difficile de comparer les résultats obtenus sur les 4 sites (2 922 sorties à Moussoulens, 544 au Rouquette, 122 à la Plagette et 89 sorties au Parcours Vita).

La variabilité interannuelle des conditions hydroclimatiques pourrait expliquer ces

déplacements de géniteurs dans le temps et dans l’espace. En effet, le débit et la température interviennent en de nombreux points sur le déroulement de la migration génésique des aloses. Sur l’Aude, plusieurs hypothèses peuvent être formulées :

- Modification de la franchissabilité de la passe à poissons du barrage anti-sel de Fleury,

- Modification de la franchissabilité de la passe à poissons de Moussoulens en fonction des conditions de débit (diminution de l’attractivité, changement dans l’hydrodynamie du dispositif),

- Modification des capacités de franchissement de l’Alose en fonction de la température de l’eau (diminution des capacités par basse température ; Larinier et al., 1994),

- Retard ou blocage de la migration en lien avec une variation de débit ou une température de l’eau en deçà des valeurs seuils d’activité (11°C pour la migration ; 15°C pour la reproduction),

- Modification des conditions hydrodynamiques sur les sites en fonction des variations de débit.

0,00

0,20

0,40

0,60

0,80

1,00

0

25

50

75

100

125

150

2010 2009

2008 2007

2006 2005

2004 2003

2002 2001

2000

CP

UE

(alo

ses/

h) N

ombre d'aloses

Années

Aloses CPUE Parcours Vita CPUE globale

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34

2.1.72.1.7 Influence de la passe à poissons du seuil de Moussoulens

La passe à poissons du seuil de Moussoulens est un dispositif de type passe à bassins avec double fente verticale (sans pelle) ciblant le franchissement de l’Alose, la Lamproie marine et l’Anguille européenne. La passe à poissons se situe en rive gauche. Sa construction a été achevée à l’automne 2001.

Même si les pêcheurs prospectent plus en amont (une sortie au Moulin de

Ferrioles en 2003 et en 2008, 2 sorties en 2009, une sortie à Saint Marcel en 2004 et en 2002), leurs efforts ne permettent malheureusement pas de montrer l’efficacité de la passe. Une alose a été capturée en 2008 et 2 en 2009 à l’aval du seuil du Moulin de Ferrioles. Ces informations permettent de montrer la possibilité de franchissement de cette passe par l’Alose, mais en aucun cas d’apprécier quantitativement son efficacité (pourcentage de la population franchissant le dispositif).

L’expertise de franchissabilité d’une passe à poissons par les aloses est très complexe et requiert un diagnostic précis des caractéristiques hydrauliques du dispositif (hauteur de chute interbassin, puissance dissipée volumique, attractivité"). Elle requiert également l’acquisition d’indicateurs d’abondance de la population sur plusieurs années en amont et en aval de l’obstacle, à partir de données de captures par les pêcheurs ou par la mise en place de campagnes spécifiques (suivi nocturne de frayères, piégeages, capture-marquage-recapture, radiopistage) comme depuis 2005 sur les passes à poissons du Vidourle (Abdallah, 2005 ; Quartier et Abdallah, 2006 ; Lallias et al., 2007 ; Le Gurun et al., 2008a ; Le Gurun et al., 2008b ; Migne et al., 2009 ; Marchand et al., 2009). Toutefois, ces travaux ont montré les difficultés à acquérir des données fiables sur une longue période (difficultés méthodologiques, difficultés à maintenir l’implication des locaux, difficultés à trouver des opérateurs, etc").

A plusieurs reprises (notamment en août 2002, septembre 2009 et août 2010),

des pêcheurs participant au suivi ont déclaré avoir capturé des alosons en amont du seuil de Moussoulens. Ces déclarations révèlent la présence d’une activité de reproduction en amont du seuil de Moussoulens.

Il est par ailleurs intéressant de comparer les indicateurs obtenus à l’aval du seuil

sur chacune des rives afin d’observer une influence potentielle de la passe à poissons sur la capturabilité des aloses. Sur l’ensemble des données de 2002 à 2010, les CPUE moyennes sont respectivement de 0.47 alose/heure en rive droite et 0.40 alose/heure en rive gauche et on n’observe aucune différence significative (p=0,057).

La comparaison statistique des CPUE moyennes enregistrées sur chaque rive est

délicate en raison d’une différence très importante d’effort de pêche entre les deux rives sur la période 2002-2010 : 290 sorties en rive droite et 1 617 sorties en rive gauche.

La présence de la passe est certainement une cause de la répartition quasi-

exclusive des sorties en rive gauche. En effet, le débit d’attrait de la passe attire probablement les aloses au pied de l’entrée de l’ouvrage, même si les captures et les CPUE ne témoignent pas d’un niveau important de capturabilité.

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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D’après les CPUE observées sur les autres sites de pêche, on ne relève pas de valeurs particulièrement plus élevées à l’aval de l’obstacle. Une fois arrivées au pied de la passe, les aloses transitent donc assez rapidement de l’aval vers l’amont. Il est également possible qu’en cas de blocage ou de retard au droit de l’obstacle, les aloses dévalent vers des zones de repli comme le Rouquette, la Plagette et le Parcours Vita.

2.2 Déterminisme de la migration

2.2.12.2.1 Réflexions sur l’influence du débit sur la migration

Le cours inférieur de l’Aude est caractérisé par un régime pluvio-nival de type méridional aux étiages estivaux sévères. Les fortes pluies automnales permettent une remontée rapide du débit qui se maintient généralement durant l’hiver. Au printemps, on assiste à des pics de débits provoqués par des apports pluviaux brefs et intenses et des apports réguliers issus de la fonte des neiges du massif pyrénéen.

De manière générale, l’Aude a un débit oscillant autour de 40 m3/s (module

interannuel à Coursan : 43.7 m3/s, Banque Hydro). En 2010, le débit moyen observé sur la période du suivi est de 32 m3/s, il est donc inférieur au module interannuel mais également inférieur à la moyenne de saison. Cette saison contraste ainsi fortement de la saison 2009 où le débit moyen enregistré sur la même période était de 71.5 m3/s (Figure 29).

Figure 27 : Évolution journalière des débits de 2007 à 2010 sur l’Aude à la station hydrologique

de Coursan. Banque hydro

0

50

100

150

200

250

300

350

1/3

6/3 11

/3 16

/3 21

/3 26

/3 31

/3 5/4 10

/4 15

/4 20

/4 25

/4 30

/4 5/5 10

/5 15

/5 20

/5 25

/5 30

/5 4/6

9/6 14

/6 19

/6 24

/6 29

/6

Q (m

3 /s)

Dates

Débits 2007 Débits 2008 Débits 2009 Débits 2010

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

36

En observant l’évolution journalière des débits 2010, on s’aperçoit que les débits journaliers ont été effectivement plutôt bas tout au long de la saison, à l’exception d’un pic très net, court mais de forte amplitude (244,5 m3/s le 5 mai 2010).

La comparaison de ce schéma hydrologique à ceux observés en 2007, 2008 et

2009 montre que l’hydrologie printanière du fleuve Aude est très variable d’une année sur l’autre. En effet, en 2007, les débits sont globalement faibles (de l’ordre de 35 m3/s) et les crues printanières surviennent en début de saison (mi-avril). En 2008, l’hydrologie printanière est marquée par l’absence de crue en début de saison, celle-ci survenant fin mai – début juin. Enfin, en 2009, les débits sont très élevés et on observe deux crues successives de fortes amplitudes et dont la décrue est particulièrement longue (Figure 30).

Dans la mesure où l’hydrologie (reliée étroitement à la thermie) est un facteur

prépondérant dans l’initiation de la migration et dans sa modulation dans le temps et dans l’espace, l’occurrence de schémas hydrologiques hétérogènes induit inévitablement des schémas de migration différents. Or, c’est précisément ce qu’il ressort des précédentes analyses. Sur l’Aude, les facteurs abiotiques permettent d’expliquer en grande partie la variabilité des indicateurs enregistrés ces 4 dernières saisons.

En 2010, la crue printanière est survenue assez tardivement dans la saison, la

migration des aloses et la pratique de la pêche ayant déjà démarré (cf. CPUE fin avril ; Figure 30). Les aloses ont ainsi colonisé l’hydrosystème avant le pic de débit qui déclenche généralement la migration sur les fleuves côtiers méditerranéens (Lallias et al., 2007). Dans ces conditions, il est raisonnable de penser que l’attractivité hydrologique du fleuve vis-à-vis de l’Alose a été plutôt limitée en 2010. De forte amplitude, la crue a ensuite perturbé la migration des aloses (des variations brusques de débits stoppent en théorie toute activité migratoire chez l’Alose) et stoppé durant 8 jours l’activité des pêcheurs.

Figure 28 : Evolution journalière des CPUE et du débit moyen journalier sur l’Aude en 2010. Banque Hydro/MRM

0

0,5

1

1,5

2

2,5

0

50

100

150

200

250

300

03/03/10

08/03/10

13/03/10

18/03/10

23/03/10

28/03/10

02/04/10

07/04/10

12/04/10

17/04/10

22/04/10

27/04/10

02/05/10

07/05/10

12/05/10

17/05/10

22/05/10

27/05/10

01/06/10

06/06/10

11/06/10

16/06/10

21/06/10

26/06/10

CPUE (aloses/h) Dé

bit (

m3 ��

��

Dates

CPUE Débits

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

37

A la décrue (autour du 10 mai), on retrouve immédiatement des CPUE élevées ce qui témoigne d’une reprise d’activité rapide des géniteurs dès le retour à des conditions hydroclimatiques « normales » (Figure 30). Pour autant, il est impossible de savoir si cette crue a provoqué la dévalaison de géniteurs et si dévalaison il y a, impossible de savoir si ces géniteurs reprennent leur migration génésique. Les mêmes interrogations se sont posées sur le Vidourle en 2010 où une crue similaire est venue perturbée la reproduction des aloses en plein pic (Mayeras et al., 2010).

Dans un tel contexte, les variations des indicateurs d’abondance doivent être

interprétées avec précaution. Il est par ailleurs intéressant de comparer les débits moyens mensuels et les

CPUE moyennes mensuelles des années 1998 à 2010 (Tableau 9), on remarque ainsi les différences et les similarités entre les années. Tableau 9 : Débits de l’Aude et CPUE de la pêche à la ligne de 1998 à 2010. (Lebel, 1999 ; Lebel,

2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010)

En 1998 et 1999, les CPUE les plus élevées sont observées en tout début de

saison, de même qu’en 2003, 2007 et 2010. La CPUE observée au mois de juin est stable de 1998 à 2001 (Tableau 9), sans

qu’a priori le débit ait une influence remarquable. Elle est en revanche nettement plus faible en 2002.

En 2004, comme en 2003, la CPUE moyenne observée au mois de juin est la plus

forte de la saison de migration et retrouve un niveau comparable aux années 1999 à 2001. En 2005, les CPUE augmentent progressivement au cours de la saison jusqu’atteindre un niveau record en juin (0,57 alose/h), le débit stable n’ayant vraisemblablement que peu d’influence (Tableau 9).

A l’opposé, l’année 2002 reste une année particulièrement décevante avec une

CPUE moyenne globale et des CPUE moyennes mensuelles plus faibles que les années précédentes, notamment aux mois d’avril et juin (Tableau 9). Les débits moyens mensuels correspondent eux aux moyennes mensuelles.

Les saisons 2006 à 2008 suivent un schéma comparable, soit une CPUE

maximale au mois de mai et une CPUE plus faible en avril et juin. En 2008, la CPUE moyenne de juin est toutefois la plus faible enregistrée depuis le début du suivi (0.16 alose/h).

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Q AVRIL (m3/s) 24,5 44,8 38,0 55,7 54,8 34,2 85,8 34,3 48,2 57,6 36,9 101,3 20,4Q MAI (m3/s) 33,5 103,0 31,4 41,5 42,3 25,6 101,6 39,2 32,2 41,7 34,7 96,8 57,0Q JUIN (m3/s) 15,5 26,5 76,4 9,9 28,3 12,8 28,9 16,0 6,1 20,4 36,9 27,3 25,3Q migration (m3/s) 25,1 56,6 48,4 35,8 41,8 24,2 72,4 29,9 28,9 38,3 35,2 71,5 32,0CPUE AVRIL 0,61 0,59 0,18 0,29 0,15 0,41 0,10 0,20 0,27 0,46 0,26 - 0,76CPUE MAI 0,84 0,43 0,30 0,33 0,27 0,36 0,33 0,42 0,57 0,55 0,35 0,37 0,43CPUE JUIN 0,46 0,43 0,43 0,46 0,25 0,48 0,49 0,57 0,28 0,49 0,16 0,28 0,32CPUE globale 0,73 0,45 0,32 0,34 0,25 0,39 0,40 0,45 0,48 0,55 0,32 0,36 0,38

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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En 2009, du fait des conditions hydrologiques de début de saison, on observe pour la première fois depuis le début du suivi une absence d’activité des pêcheurs au mois d’avril. La CPUE maximale est enregistrée en mai, grâce à une courte période favorable à l’activité des pêcheurs. A l’opposé, en 2010, la CPUE maximale est enregistrée en avril alors qu’on enregistre le débit moyen mensuel le plus faible pour un mois d’avril depuis le début du suivi.

Cette courte analyse apporte trois informations importantes :

- l’importante variabilité interannuelle des indicateurs CPUE et débit,- la grande difficulté à dégager des schémas types que ce soit pour la pêche

ou pour la migration, - la nécessité d’analyser dans le détail les indicateurs pour être en capacité

d’expliquer les résultats (ex : rôle des crues).

2.2.22.2.2 Réflexions sur l’influence de la température sur la migration

Dès le début du mois d’avril, la température de l’eau dépasse le seuil théorique de

migration établi à 11°C. L’absence d’apports nivaux au régime hydrologique de l’Aude explique cette température précoce et confirme ainsi un peu plus le démarrage avancé de la migration des aloses. Les pics de CPUE observés fin avril sont ainsi corrélés à une augmentation journalière sensible de la température de l’eau (Figure 31).

Figure 29 : Evolution journalière des CPUE et de la température de l’eau sur l’Aude en 2010

0

0,5

1

1,5

2

2,5

0

5

10

15

20

25

01/04

/10

08/04

/10

15/04

/10

22/04

/10

29/04

/10

06/05

/10

13/05

/10

20/05

/10

27/05

/10

03/06

/10

10/06

/10

17/06

/10

24/06

/10

CP

UE

(aloses/h)

Tem

péra

ture

s (°

C)

Dates

CPUE T°C Seuil repro Seuil migration

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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Lorsque la crue advient, la température de l’eau a atteint 19°C et dépassé le seuil théorique favorable à la reproduction depuis 10 jours. En se référant aux observations réalisées sur les frayères à aloses du Vidourle, on peut imaginer que la reproduction ait commencé avant la crue.

L’augmentation rapide du débit engendre une chute vertigineuse de la température de l’eau qui passe de 19 à 9°C en seulement 7 jours. Cette forte amplitude a probablement stoppé toute activité de migration et/ou de reproduction chez les géniteurs. A la décrue, la température remonte rapidement pour atteindre 15°C le 12 mai 2010, accompagnée d’un pic de CPUE le même jour (1 alose/ heure). Une seconde chute de la température, moins importante, se traduit en parallèle par une baisse de CPUE.

S’en suit une nette augmentation de la température de l’eau qui dépasse à nouveau le seuil de 15°C le 19 mai pour atteindre le maximum de 21,5°C le 6 juin 2010.

Ainsi les variations de températures ont été importantes en 2010 avec notamment une brusque chute en pleine période de migration voire de reproduction des aloses. L’impact sur la reproduction a probablement été le plus important puisque du fait de la crue, la température de l’eau est restée en deçà de 15°C pendant 15 jours (du 4 au 19 mai).

Il ressort de cette analyse et de celles des précédentes saisons une corrélation entre une brusque chute de la température et une baisse des CPUE. On observe également en 2010 une corrélation entre l’augmentation des CPUE et la hausse des températures après dépassement des seuils théoriques d’activité.

2.2.32.2.3 Influence des conditions météorologiques

0.95 % des données de nébulosité du ciel et 7.60 % des données de direction et de force du vent n’ont pas été remplies. Le jeu de données est donc très complet ce qui garantit la pertinence des analyses.

À titre informatif, les conditions météorologiques générales rencontrées en 2010 lors des sorties de pêche sur l’Aude sont reportées dans les tableaux 10 et 11.

Tableau 10 : Nombre de sorties en fonction des conditions d’ensoleillement en 2010 et CPUE moyennes observées selon les conditions d’ensoleillement en 2010 et de 1998 à 2010. (Lebel, 1999 ; Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010)

58% des sorties réalisées en 2010 se sont déroulées lors de journées

ensoleillées, soit une représentativité plus importante que les dernières saisons (49% en 2009, 54% en 2008, 55% en 2007) mais globalement plus faible que la représentativité observé en moyenne depuis le début du suivi (62% sur la période 1998-2010). En termes de CPUE, on peut constater sur le Tableau 10 que la moyenne la plus élevée est obtenue lors de journées ensoleillées, que ce soit en 2010 ou sur la période 1998-2010. En outre, plus les conditions se dégradent et plus la CPUE moyenne diminue.

Météo Sorties CPUE moyenne

CPUE 1998-2010

Ensoleillé 121 0,42 � � � �Nuageux 69 0,37 � � � �Pluvieux 18 0,20 � � � �Non communiqué 2 0,11 � � � �

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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L’analyse des données 1998-2010 (3 588 sorties de pêche) révèle une légère différence significative entre les CPUE moyennes selon les conditions d’ensoleillement (p=0.031). Il reste toutefois délicat d’en déduire que la nébulosité influence la capturabilité des aloses. A noter que sur le bassin rhodanien, aucune relation significative n’a été identifiée entre les CPUE et les conditions météorologiques (Abdallah & Lebel, 2010a).

En 2010, 92 % des sorties de pêche ont été réalisées en présence de vent (Tableau 11), quelle que soit sa direction ou son intensité, les vents dominants étant le vent d’Ouest et le vent du Nord (respectivement 33.8% et 22.9 % des sorties). Tableau 11 : Nombre de sorties en fonction des conditions de vent en 2010 et CPUE moyennes observées selon les conditions de vent en 2010 et de 1998 à 2010. (Lebel, 1999 ; Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010)

Sur l’ensemble de la période 1998 à 2010 (3 560 sorties de pêches), 90.1% des

sorties ont été réalisées en présence de vent. Les analyses statistiques menées sur l’ensemble des données (1998-2010)

montrent une influence significative de la présence de vent sur les CPUE (p=0.002). Le même constat a pu être établi sur le bassin rhodanien (Abdallah et Lebel, 2010a). Toutefois, aucun document scientifique ne permet d’expliquer cette influence. La relation direction du vent / température de l’eau pourrait être une des origines. En effet, les phénomènes climatiques d’influence continentale (Vent du Nord) sont liés à une baisse de température de l’air et donc par conséquent de l’eau, notamment par brassage de la couche superficielle. A l’inverse, un front de Sud (Vent de la mer) est associé à un réchauffement de la masse d’air.

L’Alose étant une espèce poïkilotherme, les variations de la température de l’eau

au cours d’une journée modulent sensiblement son activité. En outre, la cinétique de réaction de cette espèce est très sensible. Cela signifie qu’une simple augmentation de quelques dixièmes de degrés peut provoquer une stimulation des enzymes se traduisant alors par une reprise de l’activité de migration voire de reproduction (Baglinière et Elie, 2000 ; Aprahamian et al., 2002). Il est donc possible qu’en fonction des conditions climatiques et des variations, aussi faibles soient elles, de la température de l’eau, la capturabilité des aloses varie sur un même site. L’orientation et l’intensité du vent joueraient alors un rôle sur l’activité des aloses et in fine sur les captures des pêcheurs.

Conditions de vent Sorties CPUE moyenne CPUE 1998-2010

Mistral faible 18 0,33 0,48Mistral fort 28 0,49 0,41Vent du Sud faible 34 0,17 0,42Vent du Sud fort 10 0,25 0,33Vent d’Est 2 0,58 0,63Vent d’Ouest 71 0,44 0,46Pas de vent 31 0,41 0,44Non communiqué 16 0,45 0,39

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2.3 Conclusions

Le suivi des pêcheurs à la ligne aux aloses sur l’Aude mené depuis désormais 13 ans a permis d’acquérir de nombreux éléments concernant le phénomène de migration génésique des aloses sur l’Aude et plus globalement sur les fleuves côtiers méditerranéens. Grâce aux efforts mutualisés de l’Association Pêche Migrateurs Aude et de l’Association Migrateurs Rhône-Méditerranée, la population de pêcheurs aux aloses à la ligne a pu être ciblée et une quantité stable d’entre eux répond fidèlement et rigoureusement. Ainsi, depuis plusieurs années, une trentaine de pêcheurs renvoient leur carnet de captures à l’Association Migrateurs Rhône-Méditerranée.

Certains pêcheurs pratiquent de manière régulière et assidue, tout au long de la

saison. Cette activité permet d’obtenir des indicateurs de grande qualité, offrant un potentiel d’analyse fort en termes de variations interannuelles des abondances et d’amélioration des connaissances sur la migration de l’espèce Alosa fallax rhodanensis. Il est impératif que cette qualité se maintienne dans le temps et que la coopération inédite entre ces pêcheurs et l’Association soit entretenue par un retour d’informations de qualité et une implication locale commune à la cause de ce grand migrateur.

Concernant la migration, il a été observé une augmentation constante des

indicateurs d’abondance entre 2000 et 2007 et ce en dépit des variations interannuelles des conditions abiotiques. Cette nette tendance est donc le reflet d’une abondance accrue des géniteurs sur les sites de pêche.

La saison 2008 a marqué un arrêt brutal dans cette tendance positive avec une chute nette des indicateurs d’abondance. L’analyse détaillée de la migration a permis d’établir un lien direct entre la baisse d’indicateur et les conditions hydroclimatiques atypiques, caractérisées par l’absence d’appel d’eau printanier.

En 2009, la baisse des indicateurs s’est confirmée et comme en 2008 un lien a été

établi entre cette chute et les conditions de milieu (crues de forte amplitude perturbant fortement la migration et l’activité des pêcheurs).

Enfin, cette saison, on observe une légère augmentation du principal indicateur d’abondance (CPUE), dans un contexte hydroclimatique une fois de plus différent avec un coup d’eau printanier tardif intervenant après le démarrage de la migration et de la saison de pêche.

En conclusion, on assiste depuis quatre saisons à des schémas hydrologiques

très différents d’une année sur l’autre et dont l’influence sur les résultats est très importante. L’évolution interannuelle des indicateurs issus du suivi de la pêche à la ligne doit donc impérativement être corrélée aux conditions de milieu et non simplement interprétée en termes de fluctuation d’abondance des géniteurs. Sur le bassin rhodanien, cette corrélation entre les indicateurs d’abondance et les conditions abiotiques est beaucoup moins nette.

Ainsi, sur les fleuves côtiers, la période d’occurrence et l’intensité du coup d’eau

printanier jouent un rôle fondamental dans le déclenchement de la migration et dans la répartition géographique des fronts de colonisation.

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33 Suivi de la migration sur le Vidourle

Le Vidourle, fleuve côtier méditerranéen frontalier du Gard et de l’Hérault, accueille chaque année une petite population d’aloses feintes du Rhône. Très anthropisé, ce fleuve est cloisonné par de nombreux obstacles transversaux qui sont autant de freins au déroulement de la migration des poissons. Sur la partie aval, les trois premiers obstacles ont été équipés de dispositif de franchissement adaptés à l’Alose. En théorie, la migration est donc possible jusqu’au seuil de Gallargues situé à 20,5 km de la mer (Figure 32).

Figure 30 : Représentation cartographique du Bas Vidourle. MRM/F.Gardin

Afin d’acquérir de plus amples informations sur cette population et dans l’objectif d’observer le gain apporté par la construction des passes à poissons, le suivi des captures d’aloses par les pêcheurs à la ligne mis en place sur le Rhône en 1997 puis sur l’Aude en 1998 a été élargi au Vidourle en 2002. Grâce à des contacts locaux, il avait pu être mis en évidence des captures régulières d’aloses étaient signalées les années où le Vidourle connaissait une petite crue printanière qui attirait les aloses.

L’activité de pêche est concentrée sur 3 sites proches de la mer (Figure 32). Ces 3

sites sont caractérisés par la présence d’un obstacle : - Terre de port = 1er obstacle depuis la mer à 4,5 km de l’embouchure,- Saint Laurent d’Aigouze = 2ème obstacle depuis la mer à 11 km de

l’embouchure, - Marsillargues = 3ème obstacle depuis la mer à 15 km de l’embouchure.

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En 2002, la démarche initiée par l’Association MRM a donc été véhiculée auprès des pêcheurs du Vidourle et quelques carnets de pêche ont été distribués grâce aux AAPPMA de Marsillargues et de Sommières et à l’Amicale de Sauvegarde du Vidourle. Aucun carnet n’a été renvoyé, mais des données sommaires ont été recueillies et ont permis de confirmer la présence de l’Alose sur le Bas Vidourle.

En 2003, les efforts de distribution ont été accrus (20 carnets distribués) et ont porté leurs fruits avec le retour de 3 carnets, soit un taux de retour de 15 %.

En 2004, le taux de retour s’est maintenu à 15% avec 33 carnets distribués et 5 pêcheurs participant au suivi. Parmi eux, seul un pêcheur avait déjà renvoyé son carnet en 2003, les autres n’ayant pas pêché cette année-là.

En 2005, sur les 3 pêcheurs ayant renvoyé leur carnet de pêche, un seul a pêché, d’où l’impossibilité d’analyser les données interannuelles.

En 2006, les retours ont augmenté portant à 8 le nombre de pêcheurs participants, grâce aux efforts de sensibilisation menés par l’AAPPMA de Marsillargues et son Président dynamique. La présence intensive de l’équipe MRM a également contribué à distribuer un total de 16 carnets.

En 2007 et 2008, les distributions et les retours se sont stabilisés avec 7 et 9 carnets de pêche renvoyés et dûment renseignés.

En 2009, 26 carnets ont été envoyés à partir de la base de contacts de MRM et 20 carnets ont également été distribués sur le terrain par les membres bénévoles de l’AAPPMA du Brochet Vidourlais et par l’équipe technique MRM. Le nombre de carnets distribués a donc augmenté sensiblement lors de cette saison. Malheureusement, seulement 4 pêcheurs ont retourné leur carnet soit un taux de retour inférieur à 10%, très en deçà du taux obtenu sur l’Aude (37.8%) ou le Rhône (25.0%) cette même année.

En 2010, 24 carnets ont été envoyés aux pêcheurs par l’Association MRM et trois

carnets ont été distribués par l’équipe de terrain MRM présente sur les sites dans le cadre des actions sur la population d’Alose feinte du Vidourle. Quatre carnets ont été retournés dont un vide.

Depuis le début de ce suivi en 2002, force est de constater que le potentiel

d’analyse reste très limitée, du fait d’un jeu de données trop restreint. Les analyses se cantonnent donc à une description qualitative de la présence/absence des aloses sur les différents sites fréquentés.

Pourtant les études engagées en parallèle par l’Association Migrateurs Rhône-

Méditerranée sur le suivi des passes à poissons de Marsillargues et de Saint Laurent d’Aigouze ont démontré la présence de flux importants d’aloses en migration (près de 300 aloses capturées dans la passe à poissons de Saint Laurent d’Aigouze ; Lallias et al., 2007). Plus récemment, le suivi quantitatif de la reproduction sur la frayère de Saint Laurent d’Aigouze a révélé la présence de 300 à 500 géniteurs lors des migrations 2008, 2009 et 2010 (Le Gurun et al., 2008b ; Marchand et al., 2009 ; Mayeras et al., 2010). Ces travaux permettent ainsi de confirmer l’enjeu « Alose » sur le Vidourle et de sensibiliser le monde local de la pêche à l’intérêt de valoriser ce poisson.

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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En parallèle, le travail des AAPPMA locales autour de cette problématique permet de toucher directement les pêcheurs. Ce dynamisme de terrain devrait permettre progressivement de sensibiliser les locaux et rassembler de nouveaux participants à ce suivi. L’objectif serait in fine d’obtenir les retours réguliers d’une dizaine de carnets avec un effort de pêche couvrant plusieurs sites sur une période équivalente à la durée de la migration des aloses.

3.1 Description de la saison de pêche 2010 Les 3 pêcheurs ayant retourné leur carnet ont effectué 7 sorties de pêche entre le

1er mai et le 15 juin 2010 (Tableau 12). En comparaison au suivi effectué sur l’Aude ou le bassin rhodanien, l’effort moyen par pêcheur est extrêmement faible (2,33 sorties par pêcheur). Cette saison, l’effort est particulièrement faible si on tient compte de la durée totale en heures (la plus faible depuis 2005), les pêcheurs ayant en moyenne pratiqué individuellement pendant deux heures.

En 2010, 1 sortie a été réalisée à l’aval du seuil de Marsillargues et 6 sorties ont

été effectuées à l’aval du seuil de Saint Laurent d’Aigouze. Le tableau 12 rappelle les caractéristiques des saisons précédentes. Ces chiffres

ne sont que des tendances qui seront considérées avec réserve vu le faible nombre de données. En 2002, on observe des résultats intéressants, notamment en termes d’effort de pêche et de nombre de captures (27 aloses). Mais dès 2003, le nombre de sorties de pêche chute (seulement 7 sorties) et reste à un niveau non exploitable jusqu’à aujourd’hui. Tableau 12 : Chiffres clés des saisons de pêche 2002 à 2010 sur le Vidourle. (Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010)

37 aloses ont été capturées en 2010 dont 36 à l’aval du seuil de Saint Laurent

d’Aigouze et 1 à l’aval du seuil de Marsillargues. Ce résultat constitue le plus haut niveau de capture enregistré depuis le début du suivi.

Les aloses ont été capturées entre le 1er mai et le 15 juin 2010 avec un pic de 9

captures le 15 juin. Les aloses étaient donc encore abondantes à l’aval du seuil de Saint Laurent d’Aigouze à cette période avancée de la saison.

Toutes les aloses capturées à Saint Laurent d’Aigouze ont été pêchées à la mouche artificielle, en rive gauche du seuil. L’alose capturée le 1er mai à Marsillargues a été pêchée à la cuiller.

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010Nombre de pêcheurs 4 3 4 3 8 7 9 4 3Nombre de sorties 17 7 7 5 11 10 10 8 7Nombre de sorties par pêcheur 4,25 2,33 1,75 1,67 1,375 1,43 1,11 2 2,33

Période de pêche Mai 09/05-24/05 25/04-9/06 25/04-05/05 02/05-20/06 13/04-07/06 10/05-08/06 10/05-02/06 01/05-15/06Total heures de pêche 52 18,5 13 4,5 31,5 35,25 26,5 21,25 14Durée moyenne des sorties 3,06 2,64 1,86 0,9 2,86 3,525 2,65 2,66 2

Durée moyenne par pêcheur 13 6,17 3,25 1,5 3,94 5,04 2,94 5,31 4,66

Aloses capturées 27 8 2 0 5 5 7 14 37

Mâles-Femelles (Pas de données) 75%-25% 50%-50% Sans objet 80%-20% 60%-40% 30%-70% 30%-70% 62%-38%

Aloses par sortie de pêche 1,6 1,1 0,3 0 0,45 0,5 0,7 1,75 5,3

Aloses par pêcheur 6,75 2,67 0,5 0 0,625 0,714 0,77 3,5 12,3Aloses par heure (CPUE) 0,52 0,52 0,19 0 0,16 0,14 0,26 0,56 2,73

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

45

On enregistre également la CPUE la plus élevée depuis le début du suivi (2,73 aloses/heure) avec des CPUE journalières variant de 1,20 alose/heure (le 7 mai) à 5,14 aloses/heure (le 15 juin).

La tendance globale observée ces dernières années révèle une évolution inverse

entre l’effort de pêche qui diminue depuis 2007 et les captures / CPUE qui augmentent sensiblement depuis 2005 (Figure 33).

Figure 31 : Evolution interannuelle 2002-2010 des principaux indicateurs issus du suivi de la pêcherie à la ligne sur le Vidourle.

(Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010)

Des données complémentaires sont disponibles grâce aux campagnes d’études

successives effectuées sur le bas Vidourle par MRM (Abdallah, 2005 ; Quartier et Abdallah, 2006 ; Lallias et al., 2007 ; Le Gurun et al., 2008a ; Le Gurun et al., 2008b ; Migne et al., 2009 ; Marchand et al., 2009 ; Mayeras et al., 2010).

En 2007, près de 300 aloses avaient été capturées dans le piège de la passe de

Saint Laurent d’Aigouze (Lallias et al., 2007). L’analyse des caractéristiques biométriques de la population piégée a mis en évidence une bonne représentativité des classes de taille. Il semblerait qu’avec les aménagements portant sur le seuil et sur la passe, la transparence de l’obstacle soit assurée.

Par ailleurs, des suivis qualitatifs de la reproduction nocturne des aloses sur les

frayères potentielles du bas Vidourle avaient identifié deux zones actives, à l’aval immédiat des seuils de Saint Laurent d’Aigouze et de Marsillargues (Lallias et al., ibidem).

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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En 2008, un piégeage similaire a été effectué sur la passe à poissons de Marsillargues et a permis de capturer 75 aloses sur 33 journées de suivi (Le Gurun et al., 2008a). Cette étude a montré l’efficacité de la passe à poissons mais a également révélé quelques éléments pouvant induire un retard ou une sélectivité dans le franchissement des aloses (turbulences dans les bassins, épuisement des individus capturés). En outre, le suivi quantitatif de la frayère de Saint Laurent d’Aigouze a permis d’estimer un nombre de géniteurs compris entre 187 et 262 géniteurs (Le Gurun et al., 2008b).

En 2009, un piégeage permanent simultané des deux passes a été effectué du

14 avril au 12 juin. 78 aloses ont été capturées à Saint Laurent d’Aigouze et seulement 1 à Marsillargues (Migne et al., 2009). Le suivi de la reproduction a permis de comptabiliser entre 374 et 524 géniteurs présents sur la frayère de Saint Laurent d’Aigouze (Marchand et al., 2009). Ces données révèlent une difficulté de franchissement des passes à poissons, en particulier à Saint Laurent d’Aigouze (différentiel entre le nombre de géniteurs estimé à l’aval de la passe à poissons et le nombre de géniteurs piégés dans la passe).

En lien avec les conclusions des précédentes études, le piégeage des passes à

poissons n’a pas été reconduit en 2010. Ainsi, l’activité des géniteurs a été étudiée uniquement à partir d’une méthode non invasive, le comptage nocturne des bulls. Le suivi quantitatif de la frayère de Saint Laurent d’Aigouze a ainsi permis de comptabiliser entre 332 et 451 géniteurs. Cet indicateur est donc plus faible qu’en 2009 mais le déroulement de la reproduction a été perturbé pendant plus de 10 jours par une crue. En outre, le nombre de géniteurs estimé en 2010 reste élevé, notamment en comparaison aux résultats obtenus sur les autres frayères du bassin Rhône-Méditerranée (Sola et al., 2011 ; Grangier et al., 2011 ; Lecomte et al., 2011) Des prospections ont été menées sur la frayère de Marsillargues et ont permis d’observer une dizaine de bulls. Les observations diurnes in situ couplées aux analyses des résultats du suivi de la reproduction révèlent donc la persistance d’un blocage/retard à l’aval du seuil de Saint Laurent d’Aigouze. Le manque d’attractivité de la passe à poissons semble être l’origine de ce problème.

3.2 Évolution du débit et de la température Le Vidourle est soumis à un climat de type méditerranéen caractérisé par des

précipitations extrêmes. Le climat peut alors être très sec avec des précipitations faibles et des températures élevées ou subir des précipitations très violentes bien connues sous le nom de "pluies ou orages cévenols".

L’hydrologie du Vidourle est caractérisée par un étiage marqué aux mois de juillet et août. Les valeurs des débits minimum quinquennaux sont très faibles (QMNA5 = 0,041 m3/s). Les mois d'hiver correspondent aux plus hautes eaux avec un maximum en janvier. Le débit moyen annuel au droit de la station de Marsillargues est de 7,59 m3/s (DIREN, Banque HydroFrance).

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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En 2010, l’hydrologie printanière du Vidourle a été plutôt mouvementée avec une première crue enregistrée tout début avril et d’amplitude moyenne (32 m3/s le 4 avril) suivie dès la décrue d’une seconde variation importante du débit début mai (Figure 34). Ce second épisode hydrologique s’étend sur plus de 15 jours avec un maximum de 17 m3/s le 13 mai 2010. Il est rare à cette période de l’année d’assister à un maintien du débit aussi haut et long dans le temps.

Figure 32 : Evolution journalière du débit, de la température de l’eau, du nombre de bulls et des

captures d’aloses par les pêcheurs à la ligne sur le Vidourle en 2010. (Mayeras et al., 2010)

La première crue d’avril a permis de créer un appel d’eau douce significatif en mer

indispensable au déclenchement de la migration. En l’absence de marée dynamique comme sur la façade Atlantique, les coups d’eau printaniers constituent en Méditerranée l’élément déclencheur de la migration (dans la mesure où la température de l’eau n’est pas limitante).

Grâce au suivi de la reproduction, on peut constater que les aloses sont présentes

sur le Vidourle à Saint Laurent d’Aigouze à partir du 18 avril, soit à la même date que l’arrivée des aloses en 2009. Avec la décrue et surtout l’augmentation de la température de l’eau, on observe une augmentation rapide de l’activité des géniteurs et donc de leur abondance sur la frayère.

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La seconde variation de débit semble impacter directement l’activité de reproduction des géniteurs. Nous avons vu précédemment qu’une augmentation sensible du débit corrélée à une baisse de la température a généralement pour conséquence de stopper l’activité de migration et/ou de reproduction des aloses. Toutefois, on constate que durant cette période, les aloses restent présentes sur le site et maintiennent une certaine activité puisque des captures à la ligne sont observées (notamment les 4, 7 et 12 mai 2010).

On note également que l’activité de reproduction reprend alors que la température

est tout juste supérieure à 15°C et le débit encore relativement haut. A la deuxième baisse de débit (à partir de mi-mai), les températures

recommencent à augmenter et cela se traduit par une reprise importante de l’activité des géniteurs. Celle-ci s’arrête assez nettement début juin, alors qu’on enregistre des captures jusqu’au 15 juin (CPUE la plus élevée de la saison). Des aloses étaient donc encore présentes 8 jours après l’arrêt de la reproduction. On peut se demander si ces individus étaient des géniteurs s’étant déjà reproduits sur la frayère de Saint Laurent d’Aigouze ou s’ils étaient des arrivés tardifs.

Comme sur l’Aude, il est ainsi possible d’observer le rôle prépondérant du débit et

de la température de l’eau sur le déclenchement et le déroulement de la migration.

3.3 Conclusions Le Vidourle présente un important potentiel de reproduction pour l’Alose feinte du

Rhône (Barral, 2002 ; Lallias et al., 2007) avec plusieurs frayères potentielles situées à moins de 30 km de la mer.

Le seuil de Terre de Port, premier obstacle à 4,5 km de l’embouchure, a été réaménagé en 2001 et est franchissable par toutes les espèces dans toutes les conditions.

De même, le seuil de Saint Laurent d’Aigouze, 6,5 km en amont, a été équipé d’une passe à poissons à l’été 2003. Des travaux complémentaires y ont été menés en 2008 dans l’objectif d’améliorer l’attractivité de la passe à poissons.

Enfin, en 2003, des travaux ont également été réalisés sur l’obstacle suivant que

constitue le seuil de Marsillargues jusqu’alors infranchissable en dépit de la présence d’une passe à poissons en rive gauche construite en 1994.

Le suivi de la pêcherie des dernières années et les suivis biologiques de l’Alose initiés depuis 2005 ont montré la présence d’aloses sur le linéaire et la possibilité de franchissement des passes de Saint-Laurent et de Marsillargues par les aloses. Ces études ont par ailleurs mis en évidence les améliorations techniques à apporter pour optimiser la circulation des migrateurs.

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Depuis 2006, plusieurs actions (optimisation du fonctionnement des passes à poissons, projet d’équipement de nouveaux obstacles") ont été mises en place pour répondre à ces exigences et restaurer le meilleur accès possible aux sites de frayères amont. Grâce au suivi 2007 de la passe de Saint Laurent, les franchissements ont pu être estimés précisément. Ainsi près de 300 aloses ont été capturées. Ce chiffre, difficilement confrontable à d’autres études sur le bassin RMC, souligne toutefois l’importance du pool de géniteurs lors de conditions hydrologiques favorables.

En parallèle, les suivis de la reproduction sur la frayère de Saint Laurent d’Aigouze ont révélé une activité régulière et importante des géniteurs (Le Gurun et al., 2008b ; Marchand et al., 2009 ; Mayeras et al., 2010). Ces chiffres, en les confrontant aux suivis des frayères du bassin rhodanien, révèlent également l’importance des fleuves côtiers méditerranéens dans la dynamique de population des aloses.

Toutefois, les récents résultats ont révélé la persistance de difficultés dans la

propagation des flux migratoires sur le Bas Vidourle et par conséquent l’accès aux frayères de meilleure qualité. Ainsi l’Association MRM a formulé une demande auprès du Syndicat Mixte Interdépartemental d’Aménagement et de Mise en valeur du Vidourle et de ses affluents, gestionnaire du seuil de Saint Laurent d’Aigouze, pour que soit réalisée une étude du fonctionnement hydraulique de l’ouvrage. Ce travail doit conduire à terme à la suppression totale des surverses parasites du seuil qui limitent l’attractivité de la passe à poissons.

Cette demande a reçu un écho favorable et sera par ailleurs intégrée à une vaste

étude lancée courant 2010 par le Syndicat et dont l’objectif est l’amélioration de la continuité biologique sur le Vidourle entre le seuil de Marsillargues et le seuil du Moulin d'Hilaire à Sommières (18,5 km). Réalisée par le bureau d’études STUCKY France, cette étude doit apporter sur chaque ouvrage une proposition d’aménagement (y compris arasement quand cela est possible) au stade d’Avant-Projet Détaillé.

Chaque projet sera intégré au futur Contrat de rivière 2012-2014 sous la forme

d’une fiche action comprenant un calendrier de réalisation et l’enveloppe budgétaire nécessaire à la réalisation.

Ainsi, à l’horizon 2015, la circulation piscicole devrait être rouverte jusqu’à

Sommières soit un linéaire de près de 35 km. Dans ce contexte particulièrement propice à la restauration de axes de vie des poissons migrateurs, il est impératif dès aujourd’hui de se munir des outils nécessaires à l’évaluation des gains apportés par les différents aménagements. Le suivi des captures d’aloses par les pêcheurs à la ligne doit donc être maintenu et soutenu dans les saisons à venir.

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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44 Autres cours d’eau méditerranéens Depuis le début du suivi, il a toujours été constaté une difficulté à sensibiliser les

populations de pêcheurs au remplissage du carnet de captures. Ainsi, sur le Gapeau, l’Argens, l’Hérault, l’Orb, la Têt, le Tech, l’Agly ou encore le Tavignano, les retours sont très faibles chaque saison. Pourtant, l’Alose est citée sur l’ensemble de ces cours d’eau (Langon et al., 2000a ; Langon et al., 2000b ; Abdallah, 2008 ; Abdallah et Lebel, 2010b) et sa présence est largement confirmée par des observations sur le terrain.

4.1 Les fleuves côtiers languedociens 4.1.14.1.1 L’Orb

Sur l’Orb, 1 seul carnet a été retourné en 2010. 9 sorties de pêche ont été

effectuées entre le 22 avril et le 14 juin 2010. Toutes les sorties ont été réalisées à l’aval du seuil du Moulin Saint Pierre (1er seuil situé à 11 kilomètres de l’embouchure, limite actuelle de colonisation des aloses, totalement infranchissable et non équipé de dispositif de franchissement à ce jour, Tableau 14).

Lors de ces 9 sorties, 3 aloses ont été capturées, toutes le 27 mai 2010 en rive

droite (CPUE globale = 0,33 alose/heure). Les captures et la CPUE sont faibles en rapport aux résultats obtenus sur l’Aude et le Vidourle. La saison 2009 avait également été caractérisée par de mauvais résultats puisqu’une seule alose avait été capturée en 11 sorties de pêche. A contrario, les indicateurs obtenus en 2008 s’étaient révélés très élevés avec notamment une CPUE moyenne de 2,80 aloses/heure (Tableau 13).

Tableau 13 : Récapitulatif des principaux indicateurs « pêcherie » obtenus sur l’Orb de 2008 à 2010. (Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010)

Malgré ces données intéressantes, le volume d’informations reste très limité et ne

permet pas de dresser une description pluriannuelle de la migration des aloses sur cet axe dont la potentialité d’accueil en termes d’habitats favorables à la reproduction est pourtant incontestable (Barral, 2002). Le module interannuel de l’Orb à Béziers (Banque Hydro) est de 23,4 m3/s et offre en effet une attractivité hydrologique conséquente aux aloses lors du déclenchement de la migration.

Saison Sorties Aloses CPUE2008 6 15 2,802009 11 1 0,092010 9 3 0,33

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Le contrat de rivière, porté par le Syndicat Mixte de la Vallée de l’Orb, prévoit d’équiper d’ici 2012 les 5 premiers obstacles depuis la mer (objectifs PLAGEPOMI 2010-2014, Tableau 14). Cet ambitieux projet permettrait alors aux aloses d’accéder à un linéaire de plus de 30 kilomètres et de trouver 3 frayères potentielles (Barral, 2002). Le premier enjeu dudit projet sera d’équiper efficacement le seuil du Moulin Saint Pierre dont la géométrie et le fonctionnement compliquent grandement le choix du type et de la localisation de la future passe à poissons (Figure 35).

Figure 33 : Seuil du Moulin Saint Pierre sur l’Orb. MRM/F.Gardin

Tableau 14 : Récapitulatif des objectifs « Alose » du PLAGEPOMI 2010-2014 sur les fleuves côtiers

4.1.24.1.2 L’Hérault Sur l’Hérault, on enregistre en 2010 une seule sortie de pêche réalisée le 7 juin

2010 à l’aval du barrage de Bladier-Ricard (aucune capture). Cette sortie a été. Si aucune capture n’a été effectuée ce jour-là, le pêcheur précise qu’un banc de plusieurs dizaines d’aloses était présent au pied des clapets mobiles. En 2008 et 2009, une seule sortie avait également été comptabilisée à l’aval du même ouvrage.

A l’heure actuelle, le barrage de Bladier-Ricard, bien qu’équipé d’une passe à bassins successifs calibrée pour les aloses, constitue la limite amont de migration des aloses (13,5 km de l’embouchure). En effet, le dispositif de franchissement s’est révélé, au fil des années, totalement inefficace, en raison d’une erreur de positionnement par rapport à la géométrie de l’ouvrage (Figure 36). Les aloses bloquées en aval du barrage stabulent au pied des clapets mobiles. Cette zone étant en réserve de pêche, les pêcheurs trouvent donc peu de sites propices à la pêche de l’Alose sur l’Hérault.

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Figure 34 : Seuil et passe à poissons de Bladier-Ricard sur l’Hérault. MRM/F.Gardin

Dans ce contexte, le Syndicat du Bas-Languedoc (gestionnaire de l’ouvrage de Bladier-Ricard) a lancé en 2010 une étude dans l’objectif de proposer différents scenarii de réaménagement de la passe à poissons existante. Cette étude a été confiée au bureau d’études Ginger Environnement. Les travaux sont prévus à l’étiage estival 2011.

Le bon fonctionnement de ce dispositif permettra aux aloses d’atteindre le Moulin

de Saint Thibéry (Tableau 14), équipé d’une microcentrale et situé 5 km en amont. Cet obstacle est équipé d’un ouvrage de franchissement piscicole implanté en rive gauche. Toutefois, cet équipement a été jugé totalement inefficace pour l’Alose (Barral, 2002).

4.1.34.1.3 Tech, Têt, Agly Sur les fleuves côtiers les plus occidentaux (Agly, Tech et Têt), nous disposons de

très peu d’informations sur la présence et la répartition de l’Alose. En 2010, grâce au relais de la Fédération de Pêche Départementale des Pyrénées-Orientales, il a été possible de recueillir quelques informations orales de captures, notamment sur l’Agly où 2 aloses ont été capturées à l’aval du seuil de Rivesaltes, actuelle limite amont de colonisation (15 km de l’embouchure, Tableau 14). Par ailleurs, une alose aurait été capturée sur le Tech aval.

4.2 Les fleuves côtiers de Provence-Alpes & Côte d’Azur A l’autre extrémité de l’arc méditerranéen, le Gapeau reste vierge d’informations

de la part de pêcheurs. Sur l’Argens, les retours des pêcheurs à la ligne sont également nuls. Toutefois,

nous savons par l’intermédiaire du Président de l’AAPPMA de Fréjus que 3 aloses ont été capturées dans la baie de Fréjus, au filet, par un pêcheur professionnel. En 2009, un pêcheur professionnel avait également capturé une alose au niveau de l’embouchure. Ces informations, aussi rares soient-elles, valident la présence de l’Alose dans ce secteur géographique du bassin Rhône-Méditerranée. Rappelons que l'enjeu écologique sur l’Argens est important puisque de nombreuses frayères de qualité se situent à seulement quelques kilomètres de la mer. Les seuils du Verteil et du Moulin des Iscles doivent toutefois être rééquipés d’un dispositif de franchissement adapté à l’Alose (objectifs PLAGEPOMI 2010-2014, Tableau 14). En effet, aujourd’hui ces seuils sont équipés de passes à ralentisseurs de fonds à 2 volées ciblant le franchissement de la Truite de mer (Figure 37). Ces dispositifs, par leurs caractéristiques géométriques et hydrodynamiques sont totalement infranchissables pour l’Alose (Abdallah et Delhom, 2008).

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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Figure 35 : Seuil et passe à ralentisseurs du Verteil sur le Bas Argens. MRM

4.3 Les fleuves côtiers corses Les aloses sont également présentes en Corse, notamment sur le Tavignano, le

Golo et le Fium Orbo (Langon et al., 2000a; Roche, 2001). Toutefois, nous ne disposons pas de données récentes sur les aloses du Golo et du Fium Orbo.

Globalement, il semblerait que les pêcheurs à la ligne locaux ne soient pas

intéressés par l’Alose (Mattéi J., Comm.pers.), il est donc difficile dans ces conditions de recueillir des informations intéressantes par ce bief.

Depuis 2009 et sur une demande de la Direction Régionale de l’Environnement,

de l’Aménagement et du Logement (DREAL) de Corse, l’Association MRM étudie la population d’aloses du Tavignano et les problématiques inhérentes à sa préservation. En 2009, MRM a effectué un bilan détaillé des données existantes sur l’espèce et ce afin de cibler clairement les enjeux et les méthodes d’investigations à mettre en place pour compléter et mettre à jour ces données (Abdallah et Lebel, 2009).

En 2010, MRM avec l’étroite collaboration du Service Départemental de l’ONEMA

de Haute Corse a réalisé un état des lieux détaillé des potentialités d’accueil du fleuve en termes d’habitats favorables à la reproduction de l’Alose et au bon développement des jeunes stades. L’intérêt de ce travail est notamment de comparer la richesse habitationnelle actuellement disponible aux aloses à celle non accessible puisque située en amont du barrage de Cardiccia (limite actuelle de colonisation, située à 34 km de l’embouchure) (Figure 38). Les résultats sont en cours d’analyses (Abdallah et Lebel, 2010b).

Figure 36 : Barrage de Cardiccia sur le Tavigano. MRM

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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En parallèle, des échantillons ont été prélevés sur des alosons du Tavignano pêchés à l’électrique à l’aval de Cardiccia. Ce matériel biologique servira à la caractérisation de la structure génétique de la population d’aloses corses à partir des marqueurs microsatellites (réalisation par l’INRA Agrocampus de Rennes). Une comparaison avec la structure génétique d’autres populations du bassin méditerranéen sera ensuite réalisée. Les résultats sont attendus pour début 2011.

En 2011, la dernière phase de l’étude devrait porter sur l’étude de la population

migrante et son déterminisme en termes de migration et de reproduction. De manière générale, les retours d’informations sur la présence et

l’abondance des populations sont plus importants en région Languedoc-Roussillon qu’en région Provence-Alpes- Côte d’Azur. Nous disposons à l’heure actuelle de peu d’éléments pour étayer cette simple constatation. Si la présence de l’Alose sur les fleuves côtiers de la région PACA a été prouvée et validée de façon récente grâce à ce suivi et aux autres actions menées par l’Association MRM (Langon et al, 2000b ; Abdallah et Delhom, 2008 ; Abdallah et Lebel, 2009), il semblerait toutefois que les remontées soient plus faibles qu’en Languedoc-Roussillon. L’éloignement géographique par rapport à l’embouchure du Rhône (axe migratoire majeur pour l’Alose), la faible attractivité des fleuves liée aux faibles précipitations et à la quasi-absence d’apports nivaux et un plateau continental plus étroit en mer pourraient expliquer ce phénomène.

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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CONCLUSION

Après 13 années de suivi de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers de la façade méditerranéenne, on constate une importante hétérogénéité des données obtenues. Ainsi, sur la plupart des fleuves, les données sont faibles et ne permettent pas une analyse détaillée de la migration des aloses. Les analyses se limitent alors à une description qualitative de répartition et de présence/absence des géniteurs.

Sur les fleuves de la région PACA, ce sont davantage les études menées en

parallèle par MRM et d’autres partenaires techniques que le suivi des captures des pêcheurs à la ligne qui permettent d’obtenir des informations sur la présence et l’abondance des populations d’aloses. En tout état de cause, les abondances semblent plus faibles qu’en Languedoc-Roussillon et la population de pêcheurs à la ligne moins intéressée par l’Alose.

Seuls le Vidourle et l’Aude permettent aujourd’hui de suivre une évolution inter-

annuelle des résultats. Toutefois, sur le Vidourle, le nombre de carnets retourné reste très faible, malgré les efforts de sensibilisation importants et la présence d’AAPPMA dynamiques sur place. Il semblerait que l’abondance des aloses soit également un facteur de réussite du suivi, malheureusement difficile à maîtriser.

D’autres types de suivis et d’études viennent toutefois prendre le relais et fournir

données et indicateurs d’abondance de la population. Le suivi biologique des aloses du Vidourle engagé depuis 2005 par MRM en est l’illustre exemple. Il a notamment permis en 2007, 2008 et 2009 d’estimer quantitativement le nombre d’aloses ayant franchi le second et le troisième obstacle depuis la mer. Il permet également l’évaluation de l’efficacité des dispositifs de franchissement piscicole et contribue à leur optimisation. Le Vidourle constitue ainsi aujourd’hui un fleuve atelier dont les enseignements peuvent être utilisés sur d’autres fleuves et d’autres problématiques.

Sur l’Aude, la population de pêcheurs est fidèle à notre suivi et le jeu de données de captures obtenu est d’une grande qualité. Nous ne pouvons donc que remercier les pêcheurs pour leur coopération et leur rigueur. La présence sur place de l’Association Pêche Migrateurs Aude y est pour beaucoup. Les efforts doivent se poursuivre pour entretenir cette coopération inédite et garantir sur le long terme la qualité des indicateurs.

Concernant la migration, on a assisté sur une période 2000-2007 à une

augmentation significative des indicateurs d’abondance des aloses sur l’Aude. Puis la saison 2008 a marqué un arrêt net avec une chute importante de l’ensemble des indicateurs. Les saisons 2009 et 2010 ont montré une légère augmentation de l’indicateur d’abondance (CPUE) mais la moyenne globale reste bien en deçà des valeurs observée en 2005, 2006 et 2007.

Toutefois, une analyse détaillée des résultats de captures et des facteurs du

milieu (débit, température de l’eau) a pu montrer l’influence considérable de l’hydrologie et de la thermie sur les schémas de migration.

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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Or, on observe depuis 2007 une très grande variabilité des conditions hydroclimatiques d’une saison à l’autre : absence de coup d’eau printanier en 2008, crues très importantes en 2009, coup d’eau printanier tardif en 2010. Dans ces conditions, il est plus aisé d’expliquer la variabilité des indicateurs « pêcherie » observés sur ce même pas de temps.

Sur le bassin rhodanien, la variabilité de ces mêmes indicateurs est beaucoup

moins importante et l’influence de l’hydrologie sur la migration semble moins nette que sur l’Aude.

Ces éléments mettent en avant la complexité des phénomènes migratoires et les

difficultés d’interprétation et de compréhension. C’est pourquoi il est indispensable de maintenir un tel suivi qui permet d’obtenir sur un large territoire géographique des données homogènes et comparables dans l’espace et dans le temps.

Toutefois, le suivi des pêcheries d’aloses seul ne permet pas de répondre à toutes

les interrogations, nous avons pu le constater sur bon nombre de fleuves côtiers. Afin de compléter nos connaissances sur ces masses d’eau, il est donc nécessaire de préconiser des actions permettant d’ajuster nos hypothèses sur la biologie, l’écologie et l’éthologie de cette espèce.

Cette complémentarité doit également passer par la recherche de partenaires et

de maîtres d’ouvrages locaux, l’Association MRM ne pouvant porter l’ensemble des programmes d’études sur les poissons migrateurs.

Au-delà de l’acquisition de connaissances, il y a un véritable enjeu en termes

d’actions, notamment vis-à-vis de la continuité piscicole et de l’accès aux frayères de qualité. Cet enjeu est aujourd’hui abondamment relayé par les textes réglementaires, que ce soit au niveau national (Schémas Directeurs d’Aménagement et de Gestion des Eaux, nouvelle Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques, Grenelle de l’Environnement, ") ou européen (Directive Cadre Européenne sur l’Eau, Règlement européen en faveur de l’Anguille européenne"). Et d’importants fonds publics sont mobilisés (en particulier au travers du 9ème programme de l’Agence de l’Eau) pour mettre en place des actions et répondre aux exigences de l’Europe en termes de bon état écologique de nos masses d’eau. Dans ce contexte, de nombreux projets visant la restauration de la continuité écologique et piscicole sont en cours ou émergeront à court terme sur les bassins Rhône-Méditerranée & Corse. Ces actions devraient améliorer sensiblement les contextes migratoires et assurer un meilleur accès aux habitats favorables (frayères pour l’Alose).

Il est primordial dès aujourd’hui de se munir d’outils robustes qui permettront de

témoigner de l’évolution des contextes migratoires locaux. En ce sens, MRM poursuit ses efforts de sensibilisation et œuvre pour augmenter les échanges avec les acteurs locaux ciblés. L’exemple de l’Aude révèle l’efficacité de ce type de démarche. Il ne peut qu’encourager à reproduire le même schéma sur d’autres masses d’eau.

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Fiche de saisie type d’une sortie de pêche ....................................................................... 2 Figure 2 : Evolution journalière du nombre de sortie et du débit sur l’Aude en 2010. Banque

Hydro/MRM ................................................................................................................................... 6 Figure 3 : Identification de la zone de pêche sur la basse vallée de l’Aude. BD Carthage ®/MRM

....................................................................................................................................................... 7 Figure 4 : Localisation des sites de pêche sur l’Aude. Google Earth/BD Carthage®/MRM .......... 7 Figure 5 : Répartition de l’effort de pêche sur l’Aude de 1998 à 2010 ............................................. 8 Figure 6 : Evolution de l’effort de pêche sur le site de Moussoulens de 1998 à 2010 ................. 10 Figure 7 : Evolution de l’effort de pêche sur le site du Rouquette de 1998 à 2010 ...................... 10 Figure 8 : Evolution de l’effort de pêche sur le site la Plagette de 1998 à 2010 ........................... 10 Figure 9 : Evolution de l’effort de pêche sur le site du Parcours VITA de 1998 à 2010 ............... 10 Figure 10 : Répartition de l’effort de pêche en fonction des techniques de pêche de 1998 à 2010

..................................................................................................................................................... 13 Figure 11 : Proportion de sorties bredouilles dans l’activité de pêche en 2010 .......................... 14 Figure 12 : Evolution des proportions mâle-femelle dans les captures d’aloses de 2000 à 2010

sur l’Aude. (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; .................................................................................................................................................... 16

Figure 13 : Evolution des proportions mâle-femelle dans les captures d’aloses de 2000 à 2010 sur le bassin rhodanien. (Abdallah et Lebel, 2011) ................................................................. 16

Figure 14 : Evolution journalière des captures en 2010 ................................................................. 17 Figure 15 : Cumul des évolutions journalières des captures de 2003 à 2010 .............................. 18 Figure 16 : Evolution journalière des captures des saisons 1998 à 2010 ..................................... 21 Figure 17 : Évolution des captures potentielles de 1998 à 2007 (gauche) et de 1998 à 2010

(droite) et courbes de tendance ................................................................................................ 23 Figure 18 : Relation nombre de captures-effort de pêche en heure en 2010 ................................ 24 Figure 19 : Evolution journalière des CPUE et du nombre de sorties en 2010 ............................. 25 Figure 20 : Evolution des CPUE journalières des saisons 1998 à 2010 ........................................ 27 Figure 21 : Evolution interannuelle des CPUE sur l’Aude de 1999 et courbe de tendance. ........ 28 Figure 22 : Evolution interannuelle des CPUE sur l’Aude de 1999 à 2007 et courbe de tendance.

(Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007) ............................................................................................................... 28

Figure 25 : Evolution des captures et des CPUE sur le site de Moussoulens de 1998 à 2010 ... 30 Figure 26 : Evolution des captures et des CPUE sur le site du Rouquette de 2000 à 2010 ........ 32 Figure 27 : Evolution des captures et des CPUE sur le site de la Plagette de 2000 à 2010 ........ 32 Figure 28 : Evolution des captures et des CPUE sur le site du Parcours Vita de 2000 à 2010 ... 33 Figure 29 : Évolution journalière des débits de 2007 à 2010 sur l’Aude à la station hydrologique

de Coursan. Banque hydro ....................................................................................................... 35

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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Figure 30 : Evolution journalière des CPUE et du débit moyen journalier sur l’Aude en 2010. Banque Hydro/MRM ................................................................................................................... 36

Figure 31 : Evolution journalière des CPUE et de la température de l’eau sur l’Aude en 2010 .. 38 Figure 32 : Représentation cartographique du Bas Vidourle. MRM/F.Gardin .............................. 42 Figure 33 : Evolution interannuelle 2002-2010 des principaux indicateurs issus du suivi de la

pêcherie à la ligne sur le Vidourle. ........................................................................................... 45 Figure 34 : Evolution journalière du débit, de la température de l’eau, du nombre de bulls et des

captures d’aloses par les pêcheurs à la ligne sur le Vidourle en 2010. ............................... 47 Figure 35 : Seuil du Moulin Saint Pierre sur l’Orb. MRM/F.Gardin ................................................. 51 Figure 36 : Seuil et passe à poissons de Bladier-Ricard sur l’Hérault. MRM/F.Gardin ................ 52 Figure 37 : Seuil et passe à ralentisseurs du Verteil sur le Bas Argens. MRM ............................ 53 Figure 38 : Barrage de Cardiccia sur le Tavigano. MRM ................................................................ 53

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Évolution du taux de retour sur l’Aude de 1998 à 2010. (Lebel, 1999 ; Lebel, 2000 ;

Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010) .................................................................. 4

Tableau 2 : Chiffres clés des saisons de pêche 2000 à 2010 sur l’Aude. (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah 2008 ; Abdallah, 2010) .................................................................................... 5

Tableau 3 : Effort de pêche sur les différents sites de pêche de l’Aude de 2000 à 2010. (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a, Abdallah 2008 ; Abdallah, 2010) .................................................................... 9

Tableau 4 : Techniques de pêche utilisées lors des saisons 1998 à 2010. (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010) .................................................................................. 12

Tableau 5 : Captures d’aloses réalisées sur l’Aude de 1998 à 2010. (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a, Abdallah 2008 ; Abdallah, 2010) ............................................................................................... 14

Tableau 6 : Estimation des quantités d’aloses pêchées de 1998 à 2010. (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010) ................................................................................. 22

Tableau 7 : Captures par Unité d'Effort sur l'Aude de 1998 à 2010. (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a; Abdallah, 2008; Abdallah, 2010) ............................................................................................... 24

Tableau 8 : Captures et CPUE par site de pêche de 1998 à 2010. (Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010) .............................................................................................. 31

Tableau 9 : Débits de l’Aude et CPUE de la pêche à la ligne de 1998 à 2010. (Lebel, 1999 ; Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010) ................................................................ 37

Tableau 10 : Nombre de sorties en fonction des conditions d’ensoleillement en 2010 et CPUE moyennes observées selon les conditions d’ensoleillement en 2010 et de 1998 à 2010. (Lebel, 1999 ; Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010) ........................ 39

Tableau 11 : Nombre de sorties en fonction des conditions de vent en 2010 et CPUE moyennes observées selon les conditions de vent en 2010 et de 1998 à 2010. (Lebel, 1999 ; Lebel, 2000 ; Barral, 2001 ; Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010) ................................................................ 40

Tableau 12 : Chiffres clés des saisons de pêche 2002 à 2010 sur le Vidourle. (Lebel, 2002 ; Lebel, 2003 ; Lebel, 2004 ; Lebel, 2005 ; Abdallah, 2006 ; Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010) ........................................................................................................................... 44

Tableau 13 : Récapitulatif des principaux indicateurs « pêcherie » obtenus sur l’Orb de 2008 à 2010. (Abdallah, 2007a ; Abdallah, 2008 ; Abdallah, 2010) ..................................................... 50

Tableau 14 : Récapitulatif des objectifs « Alose » du PLAGEPOMI 2010-2014 sur les fleuves côtiers ......................................................................................................................................... 51

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Suivi 2010 de la pêcherie d’aloses sur les fleuves côtiers méditerranéens. Abdallah & Lebel, 2010

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Annexe 1 : Localisation et synthèse des indicateurs obtenus en 2010 par sites de pêche sur l’Aude

!"#$ %&' ()* + %,'-$ . / )**01' 2 3 4 )5&%'$ 6057'8-9'05'$ . :;)$ '$ / <=> 8-?;)$ '$ @9.

A B)0$ $ )0;'1$ !"#$%&'&%'()*+,& -#*..)/ 012345 6721662 630 123 672 2892

C D '8+ )0E0'&&' ()*+,& : );;<;&. '!=>*!& 016240 6721121 ?4 37 ?2 28?3

F D ?8< ;?G'&&' !"#$%& @ *A)+'!=>*!& 016609 6721933 5 3 6 2866

H <?5I)05$ 8J!K: ()*+,& @ *A)+'!=>*!& 016999 6721974 ? 1 ? 2805

/ ))5")117'$ 8D ?*L'5&8!!87&'1"0 !1"%I ?&'05$

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