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LES 11QUARTIERS NANTAIS
Quinze pagesd’actualitésur votre lieu de vie
Quinze pagesd’actualitésur votre lieu de vie
HISTOIRES DE QUARTIERS
La manufacturedes tabacset Grandjouan
La manufacturedes tabacset Grandjouan
SUPPLÉMENT À NANTES PASSION, MAGAZINE DE L’INFORMATION MUNICIPALE N°138 - OCTOBRE 2003
CE MOIS-CI
3[Octobre 2003]
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“Quand nous organisons des championnats, on est
obligé de les caler sur les créneaux d’entraînement. Ce
n’est pas idéal”, explique Abdelaziz Tahar, président de
l’association C’West. “La dispersion des entraînements
sur plusieurs sites ne favorise pas le sentiment
d’appartenance à un club”, poursuit Micheline Zerbib,
présidente de la section gymnastique volontaire de
l’Amicale Don Bosco. Dirigeants de club et sportifs
témoignent de leur pratique sur les équipements nantais.
À Malakoff, au pied du grand immeuble courbe de la rue
d’Angleterre à Malakoff, Joëlle, Jeanne et Jennifer ont
posé un tapis et deux bacs en plastique pleins de livres...
C’est la “bibliothèque de rue”. À Nantes Erdre,
l’Association nantaise des constructeurs amateurs de
plaisance (ANCAP) réunit, depuis quinze ans, en bordure
de l’Erdre une centaine d’amoureux des beaux bateaux.
Avenue Sainte-Anne, élégante jusqu’au bout de ses
doigts de fée, Dominique la retoucheuse fait des ourlets,
des fermetures, rétrécit, élargit, double, répare les trous
et personnalise chaque retouche. Ce ne sont que des
exemples de l’actualité que vous retrouverez sur quinze
pages dans ce numéro de Nantes au quotidien.
Enfin, nous vous invitons à découvrir, dans les histoires
de quartiers, celle de La Manufacture Impériale des
tabacs de Nantes et celle de Grandjouan, “gamionneurs”
de père en fils.
Bonne lecture.
NANTES AU QUOTIDIEN
L’ENQUÊTE
LES 11 QUARTIERS
De la petite salle de danse à la plaine de jeux, Nantesdispose d’une centaine d’équipements sportifs surl’ensemble des quartiers. Pour autant, sont-ils suffisantspour couvrir les besoins ? L’offre d’équipements, enconstante évolution, doit s’adapter aux nouvelles attenteset pratiques des Nantais. Enquête.
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SOMMAIRE
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HISTOIRES DE QUARTIERSLa Manufacture Impériale des tabacs de NantesGrandjouan, “gamionneurs “ de père en fils
Malakoff / Saint-Donatien
La bibliothèque au pied de l’immeuble
Dervallières / Zola
90 ans de vie en bio
Centre-Ville
Avec Pol’n, bienvenue dans les locaux Peignon
Bellevue / Chantenay
Dominique, la retoucheuse de la butte
Île de Nantes
Une nouvelle compagnie dans le quartier
Breil / Barberie
Rénovation d’une folie nantaise
Nantes Nord
La maison du développement durable
Hauts-Pavés / Saint-Félix
C’était la première piscine des Nantais
Nantes Erdre
Entretenir sa part de rêve
Doulon Bottière
Toutes-Aides, la tradition roller
Nantes Sud
Boulistes de Sèvres...entre copains !
Nantes au quotidien, supplément à Nantes Passion
Directeur de la publication : Jean-Marc AyraultCo-directeur de la publication : Mathieu BaradeauRédacteur en chef : Philippe BougléResponsable Nantes au Quotidien : Isabelle RobinPhotos : Stéphan Ménoret, Régis RoutierOnt collaboré à ce numéro : Jacques Chanéac, Laurence Couvrant,Rodolphe Delaroque, Laure Naimski, Armelle de Valon, Pascale Wester.
de trouver à la fois un lieu adapté et deshoraires pour organiser les entraînements :“Il a fallu se battre au départ pour obtenirun accès au gymnase : nous devions fairenos preuves, prouver qu’on était capablede se structurer. On a finalement obtenudeux créneaux, à Port-Boyer le lundi soir etau Jamet le vendredi soir. Mais la fréquen-tation augmente toujours, il faut trouverdes solutions, nous sommes donc obligésde regrouper plusieurs équipes sur lesdeux tranches horaires. Même quand nousorganisons des championnats, on est obli-gé de les caler sur les entraînements. Cen’est pas idéal...”Certaines associations nantaises, notam-ment les plus récentes, ne parviennent pasà trouver de plage horaire pour leursentraînements. Il n’y a pas de place pourtout le monde, faute de disponibilité surles équipements. Exemple : le football,
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Tour d’horizon : 7 stades, 16plaines de jeux, 6 plateauxd’évolution, 7 centres sportifs,33 gymnases. Autant d’équipe-ments sportifs gérés par la Ville
de Nantes et répartis sur l’ensemble desquartiers. À cela s’ajoutent les piscines, lapatinoire, la base nautique, le golf, lepalais des sports de Beaulieu, le complexesportif Mangin-Beaulieu, et le Hangar quisont administrés de façon autonome.Enfin, les équipements de proximité auto-risant la libre pratique d’activités commele skate et le roller (Ricordeau), ou le foot-ball et le basket sont construits par la Villemais ne nécessitent pas de gestion parti-culière. 450 associations sportives disposent decréneaux dans les équipements sportifsmunicipaux. Pour la plupart, elles mènentleur action au cœur des quartiers, mais le
manque de disponibilité horaires lescontraint souvent à organiser leurs activi-tés dans de multiples lieux. Pour autant,les choses évoluent et chaque année, denouveaux équipements sont projetés ouréalisés.
Difficile de trouver des créneaux...voire impossible. Abdelaziz Tahar etHafedh Ben Ali sont respectivement prési-dent et vice-président de l’associationC’West, “C’West comme citoyens del’Ouest. Nous avons créé cette associationen 1998 pour développer des notionsd’échange et de solidarité entre les jeunesde 18-25 ans des différents quartiers deNantes. Parmi nos différentes activités, il ya le futsal, une variante du football qui sepratique en salle,” expliquent-ils. Maisquand une association encore peu connuedémarre une activité, il n’est pas si simple
De la petite salle de danse à la plaine de jeux,
Nantes dispose d’une centaine d’équipements
sportifs sur l’ensemble des quartiers. Pour
autant, sont-ils suffisants pour couvrir les
besoins ? L’offre d’équipements, en constante
évolution, doit s’adapter aux nouvelles
attentes et pratiques des Nantais. Enquête.
Faire du sportdu sport
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première activité sportive à Nantes : tousles week-ends, les terrains engazonnéssont pris d’assaut pour les matchs et denouveaux créneaux ne peuvent être déga-gés.
S’organiser pour les activités ... PourMicheline Zerbib, présidente de la sectiongymnastique volontaire de l’Amicale DonBosco, il a fallu faire face à une demanded’adhésion croissante et trouver les sallesnécessaires : “La section gymnastiquevolontaire, créée en 1990, a commencédoucement dans la salle accueil-bar del’amicale. Mais, cinq ans plus tard, ellecomptait déjà une centaine d’adhérentes.La salle devenait vraiment petite... Lesannées 95-96 ont marqué un tournant : lequartier était en pleine évolution et nousavons constaté un besoin de plus en plusfort de pratique sportive chez les femmes. }
En 1997, nous comptions 183 licenciés.”De la petite salle de gymnastique de l’É-raudière à la salle associative du Ranzay,l’association fonctionne sur plusieurslieux “avec beaucoup de difficultés : il fal-lait organiser les créneaux en fonction desbesoins et la dispersion ne favorisait pasle sentiment d’appartenance à un club.”Même cas de figure pour Andrée Derré,présidente de la section Tennis de Table del’amicale laïque Nantes Lermite Lamoricière :“L’amicale laïque Nantes Lermite Lamori-cière est une ancienne association ducentre-ville. En 97, j’ai commencé à entraî-ner cinq ou six jeunes du quartier, dansune salle de classe de l’école LermiteLamoricière : quatre tables au maximum etune gêne importante à cause du bruit, dela résonance. Enfin, c’est tout ce qu’onavait... Il n’y avait aucun équipement spor-tif sur le quartier ! La section badminton de
l’amicale par exemple, allait s’entraîner àSaint-Félix. La construction du gymnaseGigant, il y a trois ans, a complètementchangé notre pratique et nos capacitésd’accueil.”
Objectif : des équipements prochesdes utilisateurs. Début 2001, soucieused’offrir à ses adhérents une qualité d’ac-cueil et de confort, Micheline Zerbib entre-prend des démarches pour la création d’unlieu unique au cœur du quartier. “Le projetde construction d’un ensemble omni-sports par l’amicale, avec le concoursfinancier de la Ville et du Conseil général,est aujourd’hui en cours. Il devrait êtrevalidé d’ici la fin de l’année, pour une utili-sation prévue à partir de 2005. Ce nouveléquipement de l’amicale sera situé sur unterrain appartenant à la Ville, attenant à laplaine de jeux de l’Éraudière. L’amicale gar-
dans son quartier
Andrée Derré, présidente de la section Tennis de Table de l’amicale laïque
Nantes Lermite Lamoricière.
“La construction du gymnase Gigant, il y a trois ans,
a complètement changé notre pratique.”
Jean-Claude Landais et Jacques Blin, président
et secrétaire du Football
Club de Toutes-Aides.
“Au départ, nous
jouions sur le terrain du
Petit Pont , près de la
prairie de Mauves.
Ce n’était pas le grand
luxe : aux beaux jours, il
fallait tondre la pelouse
avant de jouer !”
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} plutôt les hommes qui fréquentaient lasalle de musculation. Jusqu’au jour où, “en99, les filles sont venues nous demanderun créneau particulier de deux heures, rienque pour elles” explique Nagib Nedjar,président de Bellevue Atlantique Forme.“Fin 99, elles avaient obtenu deux cré-neaux dans la semaine, elles étaient déjàune vingtaine. Quand nous avons pris ladécision de créer un cours collectif, lenombre est passé à 40... En 2002, ellesétaient 80, à la fois sur les deux trancheshoraires du soir et sur le cours collectif.Problème : la salle n’était pas aux normes,à partir de 30 personnes, le local étaitsaturé et cela devenait source de tension ;enfin, il y avait un tout petit vestiaire pourles hommes et les femmes et les douchesétaient en-dehors du vestiaire... Nousavons demandé une extension de la salleen 2000, les travaux ont démarré en avril2003 et s’achèveront en janvier prochain.Le nouvel espace comprendra une salle dedanse polyvalente, des douches indivi-duelles avec accès handicapés, vestiairesséparés, salle de musculation, bureaupour la gestion de l’association. Aujour-d’hui, nous comptons 240 adhérents dontune centaine du quartier. Les autres vien-nent de quartier voisins. C’est vraiment unéquipement de proximité...”
dera la maîtrise de l’utilisation des locaux,mais les créneaux restant disponibles pour-ront s’ouvrir à d’autres utilisateurs.”Il y a deux ans, Younes, Jean-Jacques (14 et15 ans) et leurs amis ont lancé une pétitionauprès des jeunes et des adultes du quar-tier de la Galarne pour obtenir la créationd’un espace de proximité : “Nous souhai-tions un terrain de foot proche de cheznous où l’on pourrait jouer librement, sansdéranger personne. Le CRAPA, c’est troploin et pas très sécurisant, et la rue ça gêneles voisins. Nous avons recueilli une cen-taine de signatures.” Accompagné d’Ha-kim Brahimi, animateur à l’Accoord, lesjeunes ont rencontré le chargé de quartieret l’élu du quartier. “On a trouvé un terraintout proche, derrière la place de la Galarneet finalement, le projet a évolué vers lacréation d’un plateau sportif avec un ter-rain de foot et de basket synthétiques, unetable de ping-pong, des bancs et un pointd’eau. D’accès libre, l’équipement devraitêtre prêt au printemps.
Des équipements adaptés à lademande. L’activité musculation est néeà Bellevue en 1992. Plusieurs jeunes duquartier, avec le soutien de la Ville, ontremis à neuf une ancienne salle de garageet installé le matériel. Au départ, ce sont
Micheline Zerbib, présidente de
la section gymnastique volontai-
re de l’Amicale Don Bosco.
“La dispersion sur
plusieurs sites ne favorise
pas le sentiment
d’appartenance à un club.”
Nagib Nedjar, président de
Bellevue Atlantique Forme.
“En 99, une dizaine de
filles sont venues nous
demander un créneau
particulier de deux
heures, rien que pour
elles... En 2002, elles
étaient quatre-vingts.
Problème : le local était
saturé et cela devenait
source de tension.”
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Véronique Boterff, pratiquante à BellevueAtlantique Forme, confirme : “depuis troisans, je pratique le fitness trois fois parsemaine, et la musculation égalementtrois fois par semaine. J’ai choisi BellevueAtlantique Forme d’une part parce que leprix est attractif, mais surtout parce quec’est à dix minutes à pied de chez moi.Comme c’est tout près, ça me pousse à yaller, je peux pratiquer très régulièrement.La demande féminine a beaucoup aug-menté ces dernières années, les femmesveulent bouger et ici, elles trouvent cequ’elles cherchent. Ça a sûrement comptédans la décision d’étendre la salle.”
Projet d’équipement : un parcoursparfois long. Younes et Jean-Jacques dela Galarne pensaient que leur projet seraitprêt dans l’année : ils ont compris qu’iln’en serait rien : “ça a pris plus de tempsqu’on ne pensait. Il y a des phases, c’estlong : il faut discuter avec les techniciens,débloquer les fonds, faire appel aux entre-prises, faire les travaux. Mais on nous atout expliqué, les budgets, et on a été prisau sérieux.”Jules Ivoulé, président de l’associationNantes Plein Contact, attend une salle deboxe depuis quatre ans. Installée à Malakoffdepuis 1998, l’association s’adresse aux
enfants, jeunes et adultes du quartier etleur propose la pratique de la boxe anglaise,du full contact, du kick boxing, du muaythai : “on a vite été à l’étroit dans le gym-nase de Malakoff, que nous partageonsd’ailleurs avec d’autres activités. Depuiscette année, nous nous entraînons égale-ment rue de Budapest et au dojo du Crois-sant. Il y a quatre ans, nous avons lancé unprojet de création d’une vraie salle de boxedans le quartier Est : c’est facile d’accèsavec le tramway et la rocade, et c’est trèscomplémentaire avec les autres équipe-ments tout proches, comme la piscineJules-Verne. La salle de boxe permettra àla fois la pratique de la compétition, dusport loisirs, ainsi que l’accueil des sco-laires. C’est aussi un lieu où se rencontrentdes jeunes de différents horizons et il estimportant d’avoir une salle où l’on se sentun peu chez nous, bien adaptée aux sportsque nous proposons et capable de recevoird’autres sportifs de la région. Ce projet desalle a représenté un gros travail et ça faitquatre ans qu’on se mobilise. C’est longpour développer un projet, pour obtenirdes réponses. Les jeunes ont parfois dumal à comprendre ces délais, et l’associa-tion risque de perdre en crédibilité.”Aujourd’hui, les choses sont en bonne voie :le chantier démarre en novembre prochain
Jules Ivoulé, président de
l’association Nantes Plein
Contact.
“C’est long pour
développer un projet, pour
obtenir des réponses. Les
jeunes ont parfois du mal
à comprendre ces délais.”
Hordax membre de l’associa-
tion Azimute et responsable de
la communication, des événe-
ments et des partenariats du
Hangar.
“Il fallait mettre fin à la
pratique sauvage des
sports de glisse en centre-
ville. Aujourd’hui, le skate
park Ricordeau est en
place. Les jeunes y
viennent des quatre coins
de la ville.”
et la salle, qui accueillera sans douted’autres activités, sera livrée en juin 2004.
Les sports évoluent, les pratiquesaussi : les équipements s’adaptent.Leroller, le skate et le BMX, trois sports deglisse urbaine, sont des pratiques en plei-ne expansion, notamment chez les jeunes.“La glisse, c’est un état d’esprit, presqueune manière de vivre” commente Hordax,membre de l’association Azimute et res-ponsable de la communication, des événe-
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} ments et des partenariats du Hangar. L’as-sociation Azimute, créée au début desannées 90 par Christophe Bétille, a engagéune réflexion de fond sur l’intégration despratiques de glisse urbaine dans la ville,sur l’ouverture aux cultures proches,comme la musique, le graff, etc. “Le projet du Hangar, présenté par Azimu-te en 1999, a convaincu la Ville car il per-met de fédérer les trois sports (skate, rol-ler et BMX) qui s’ignoraient jusqu’alors etrepose sur trois grands axes de développe-
ment : sportif pour les amateurs de skate,de rollers et de BMX ; pédagogique, avecl’accueil de scolaires, puisque le Hangarest agréé par Jeunesse et Sports et l’Ins-pection académique ; culturel avec uneouverture aux expressions artistiquesurbaines, telles que le graff, la danse hiphop ou la musique... Par ailleurs, Le Han-gar permet différentes pratiques, seul ouen groupe, libre ou en club, en initiationcomme en compétition.” Le Hangar,aujourd’hui géré par la FAL, a ouvert sesportes en 2001 et accueille des riders (pra-tiquants) de Nantes et de la région.Le skate park Ricordeau, également crééen 2001, procède d’une autre démarche.Mené en parallèle du projet du Hangar, leprojet est parti d’un constat : “mettre fin àla pratique sauvage des sports de glisseen centre-ville. C’est d’une part une pra-tique extrêmement dangereuse, et d’autrepart, elle occasionnait quelques soucis decohabitation avec les riverains” se sou-vient Hordax. “Il fallait réfléchir à la créa-tion d’un équipement en centre-ville,entièrement gratuit, facile et libre d’accès.Le site de Ricordeau correspondait à cesexigences. Azimute compte des sportifsconnus et reconnus qui ont travaillé ausein d’une commission avec la Ville et lafédération française de roller skating. Azi-
➜ Planifier 500 000 créneaux horairesAujourd’hui, 450 associations sportives ont leurs
créneaux sur les quelque 200 équipements que
compte la Ville de Nantes, de la petite salle de danse,
au complexe sportif en passant par les terrains de foot
et les plaines de jeux.
Chaque année en mai, les associations renouvellent
leur demande d’accès. En moyenne, 80% des créneaux
sont renouvelés chaque année, pour la période
septembre à juin. Les 20% restants doivent être
répartis entre les activités en développement
(badminton, hip hop, tai chi...), les équipes qui
montent de niveau, les entraînements des pompiers et
de la police, les clubs d’entreprises... Difficile de
trouver de la place pour tout le monde et de faire
cohabiter le sport de haut niveau et les entraînements !
La cellule planification de la Direction des sports
organise l’accès grâce au logiciel Planitech, qui permet
de visualiser les attributions en fonction de divers
paramètres : les salles par secteurs, les clubs
demandeurs, les activités proposées. Un autre logiciel,
BO, permet de croiser les informations de Planitech et
d’éditer différents types de plannings : le planning
annuel par utilisateur et par lieu, édité en septembre et
distribué aux correspondants vie sportive ; un planning
du week-end et de la semaine, qui servent aux
gardiens des équipements.
La cellule assure également la gestion des accès
scolaires sur lesquels les écoles primaires sont
prioritaires, en partenariat avec l’Inspection
académique.
Au total, ce sont quelque 500 000 créneaux horaires
qu’il faut ainsi répartir.
Pour bénéficier de l’accès aux équipements sportifs de
la Ville, il faut en faire la demande auprès de la
Direction des sports. Pièces à fournir : déclaration de
l’association en préfecture, agrément Jeunesse et
Sports, statuts, composition du bureau, identité d’un
correspondant.
Abdelaziz Tahar et HafedhBen Ali, président et vice-pré-
sident de l’association C’West.
“Même quand nous
organisons des
championnats, on est
obligé de les caler sur les
créneaux d’entraînement.
Ce n’est pas idéal...”
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mute a mené la réflexion et dessiné lesplans, validés ensuite par la fédération.Aujourd’hui, l’équipement est en place. Lesjeunes y viennent des quatre coins de la ville.”
De l’importance des locaux de convi-vialité. Les problèmes de locaux et deterrains ne datent pas d’aujourd’hui. Jean-Claude Landais et Jacques Blin, présidentet secrétaire du Football Club de ToutesAides, se souviennent : “Le FCTA a été créé il y a 36 ans, en 1968.Au départ, nous jouions sur le terrain duPetit Pont, près de la prairie de Mauves. Cen’était pas le grand luxe : aux beaux jours,il fallait tondre la pelouse avant de jouer !Comme nous étions proches du fleuve etqu’il fallait souvent aller chercher les bal-lons en Loire, nous avions toujours unpetit bateau prêt à partir. Ensuite, nousavons joué dans les hangars du Champ deMars, puis au Grand-Blottereau quand leFCNA est parti aux Basses-Landes. À cetteépoque, nous n’avions pas de local pourstocker le matériel, nous allions chez lequincaillier Egron qui nous prêtait un local.Quand il a vendu, nous avons obtenu uneclasse dans l’ancienne école Louis-Millet,derrière la mairie de Doulon. Après, nousavons joué à la Colinière et quand, enfin, leterrain de la Noë-Lambert a été construit,
fonds sont débloqués sur présentation deprojets. “Nous avons demandé la créationd’un local de convivialité sur la plaine dejeux : stockage du matériel et des bois-sons, accueil des visiteurs, bureau pournotre emploi-jeune, réunion, machinerieavec lave-linge et sèche-linge. La seulechose que nous n’avons pas prévue, ce sontles toilettes ! Livré en juillet 2002, nousavons inauguré notre local en juin 2003.Mais aujourd’hui, on peut le dire, nousavons vraiment les moyens de travailler !”
EMMANUELLE MORIN
nous y avons élu domicile en 1985. Nous ysommes prioritaires, même si nous le par-tageons bien sûr, avec d’autres clubs,comme les pompiers ou Malakoff Loisirs,ainsi qu’avec les scolaires du quartier. En1989, l’école a été détruite et nous avonsobtenu un local route de Sainte-Luce, enface du terrain. C’était très bien, mais letransport de matériel nous demandaitbeaucoup de temps et d’énergie.” En1998, après la coupe du monde, des fondsspéciaux -les fonds Sastres-, sont attribuésaux villes ayant accueilli des matchs. Ces
Véronique Boterff, pratiquante
à Bellevue Atlantique Forme.
“J’ai choisi Bellevue
Atlantique Forme parce que
c’est à dix minutes à pied
de chez moi. Comme c’est
tout près, ça me pousse à y
aller, je peux pratiquer très
régulièrement.”
Younes et Jean-Jacques de la
Galarne.
“Notre projet, ça a pris plus de
temps qu’on ne pensait. il faut
discuter avec les techniciens,
débloquer les fonds, faire appel
aux entreprises, faire les
travaux.”
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LES 11 QUARTIERS ➜ MALAKOFF / SAI N
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La bibliothèque au pied de l’immeuble
Sur le muret devant l’une desportes de la “banane”, le grandimmeuble courbe de la rue d’An-gleterre à Malakoff, Joëlle, Jeanne
et Jennifer ont posé un tapis et deux bacsen plastique pleins de livres : abécédaires,albums, livres de contes ou de chansons...C’est la “bibliothèque de rue”, un rendez-vous hebdomadaire depuis le printempsdernier, chaque lundi de 17 h à 18 h-19 h,pour les enfants du quartier, des bébésaux pré-ados. “Pour certaines personnes,explique Jeanne, ce n’est pas évident d’al-ler à la bibliothèque et d’assumer la res-ponsabilité de prendre un livre à la mai-son.” Alors on apporte les ouvrages là oùse trouvent les enfants, au pied de leur
immeuble. Les bénévoles sont là pour lireles histoires, parler des images, écouterles commentaires des petits : “On leurapprend des choses, mais on apprendbeaucoup d’eux aussi”, remarque Joëlle.Elles n’hésitent pas à aller au-devant deleurs petits clients, leur expliquent qu’ilsn’ont pas besoin de savoir lire pour profi-ter de la bibliothèque de rue : “Ça ne sertà rien de mettre des papiers dans lesboîtes aux lettres. Le bouche-à-oreilleentre enfants suffit.” La bibliothèque derue est l’une des activités du réseau Troc-Savoirs 44. 8 rue d’Auvours, permanence le vendredi de14 h 30 à 18 h, le deuxième samedi du mois de 9 h 30 à 12 h. Tél. 02 51 72 13 89.
Le journal de quartier,Malakocktail, rédigé par et pour
les habitants de Malakoff, sort
pour cette rentrée 2003, un
numéro spécial avec un annuaire
recensant tous les numéros utiles
du quartier. La deuxième édition
de ce guide pratique sera
accompagnée d’un supplément de
Malakocktail de huit pages
comprenant une rétrospective de
l’été et un agenda de la rentrée.
Sa diffusion, prévue mi-octobre,
se fera comme d’habitude en boîte
aux lettres. Le journal sera
également disponible chez les
commerçants du quartier et dans
les lieux publics. À noter que le
journal est ouvert à tous ceux qui
souhaitent y participer.Contact : Équipe de quartier, FabienneLetertre, 13, rue d’Angleterre (6e étage -code interphone 239). Tél. 02 40 35 03 80.
C’est un nouveau quartier de
centre-ville qui s’est édifié en
dix ans sur un peu plus de
3 hectares : la ZAC (zone
d’aménagement concerté)
Sully, au bord de l’Erdre, vient
d’être clôturée. Bilan des
réalisations : 694 logements,
dont 86 à usage locatif social,
590 places de stationnement
correspondant aux logements
et aménagées en sous-sol,
7 666 m2 de bureaux et de
commerces avec 150 places de
stationnement. Parallèlement,
des équipements publics ont
été construits : école
maternelle et centre de
ressources, restaurants
scolaires, crèche et halte
garderie, salle de sports et
locaux associatifs.
La bibliothèqueLa bibliothèqueau pied de l’immeuble
Sully :aménagementterminé
Un “spécial rentrée” de “Malakocktail”
Au début des années 1970, les tours de la ZUP de Malakoff sortent de terre. Le quartier s’apprête aujourd’hui à
tourner une nouvelle page de son histoire avec le vaste programme de restructuration urbaine et sociale du
Grand Projet de Ville. Dans la continuité de l’opération “Vieux Malakoff : un quartier, des mémoires”, un travail
sur l’histoire de la cité va être engagé. Son but : collecter les
témoignages d’habitants sur la cité, la vie à Malakoff, l’évolution
du quartier des années 70 à nos jours... Tous ces récits de vie
dessineront, au gré des témoignages des uns et des autres, un
portrait du quartier, et feront l’objet d’une publication. Pour vous
rencontrer, les Archives municipales qui orchestrent ce travail
organisent une permanence à la Boutique du GPV (la place du
centre commercial), en octobre tous les mercredis à partir du
8 octobre, de 15 h à 19 h.
Vous pouvez aussi prendre contact directement avec les Archives
municipales (Nathalie Barré) au 02 40 41 93 90.
11[Octobre 2003]
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NT-DONATIEN
La Saint-Rogatien souffle ses soixante-quinze bougiesLa Saint-Rogatien souffle ses soixante-quinze bougies
De 100 licenciés, il y a quinze ans, laSaint-Rogatien est passée à 240en 2003. “Devant l’affluence descandidats et les limites de nos
structures, nous acceptons prioritairementceux qui sont prêts à s’investir dans la viede l’association qui ne doit pas s’arrêter à lafin du match.” Président d’un club de basketofficiellement créé en 1928 par l’abbéLeclainche, André Fricaud se veut le garantdes valeurs de convivialité et d’engagementinculquées par ses prédécesseurs, notam-ment son père et Guy Devalle. Si seséquipes évoluent au gymnase des Agenêtsqui sera prochainement agrandi et rénovépour mieux les accueillir, la Saint-Ro n’ajamais quitté son siège niché à l’ombre del’église Sainte-Élisabeth. “Jusqu’en 1970,nous jouions ici, se rappelle André Fricaud,en arpentant un terrain en bitume en légèredéclivité. On essayait de disputer la deuxième mi-temps dans le sens de lapente, quand la fatigue se faisait sentir.Mais c’était déjà plus confortable qu’àl’époque où on évoluait sur de la terre.Quand il pleuvait, il arrivait que le ballonreste fiché dans le sol.” Le trésor et la forcede la Saint-Ro, c’est aussi son siège et sasalle des fêtes qui jouxtent l’aire de jeu.“Nous y entretenons la vie du club en orga-
Récits de vie pour un quartier
nisant tous les ans la galette des rois oùchacune de nos 18 équipes propose un spec-tacle, mais aussi des concours de belote, depétanque, un rallye promenade et même unvide-grenier.” Pas étonnant dans ces condi-tions de retrouver à la Saint-Ro jusqu’à trois
ou quatre générations, les Fricaud et les Siresymbolisant cet attachement aux troupesrouges et bleues qui soufflent cette annéeleurs soixante-quinze bougiesAS Saint-Rogatien, 47, rue de Coulmiers, 44 000 Nantes. Tél. 02 51 86 13 70.
Avec plus de 400 licenciés, effectif qui porte le club au 10e rang national,
Nantes Jeunesse Échecs inaugure sa rentrée dans de nouveaux locaux.
Accueilli jusqu’alors à la salle de la Convention, le club a pris ses
quartiers au gymnase de la Durantière. C’est là que se déroulera
également le deuxième open international du 26 au 30 décembre, jour
où se disputera la finale à 15 h.Fabrice Drouet. Tél. 02 40 73 10 95 Email : nantesje@chezcom. Site web : http://www.chez.com/nantesje
90 ans de vie en bio
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LES 11 QUARTIERS ➜ DERVALLIÈRESZOLA
U ne “success story” à taille humai-ne. Les entremets Plaisance fêtentcette année leur 90e anniversaire.90 ans de fidélité à un quartier et
à une certaine idée de l’entreprise. 1913 : Eugène Jost, représentant de com-merce chez Lefèvre-Utile, et son épouseStéphanie créent rue Mellier, dans l’ancienvillage de Plaisance à Chantenay, un petitatelier de fabrication d’entremets à based’agar-agar, ce gélifiant extrait d’alguesmarines du Japon qui fait “prendre” le lait.En 1918, à la fin de la Première Guerre mon-diale, la jeune entreprise s’installe au 23de la rue de la Ville-en-Bois, le fief des
conserveurs et des ferblantiers, dans unbel hôtel particulier entouré d’un parc. Un an plus tard, la marque “Plaisance,entremets non sucrés et denrées colo-niales” (vanille, café, sucre vanillé) estdéposée. L’entreprise familiale va prendre,au milieu des années 70, un tournant sym-bolisé par une nouvelle appellation : “Natu-re et Aliments”. “Nous avons eu l’intuition du bio il y abientôt trente ans” explique l’actuel PDGBruno Jost, un Jost de la troisième généra-tion. Le choix de la santé et de l’éthique, dela qualité et d’un commerce plus équitable.“Mon père déjà, en 1965, avait renoncé à
une campagne publicitaire pour financerun hôpital au Cameroun. On n’appelait pasencore ça l’humanitaire...”Autre choix revendiqué, celui du “non déve-loppement”. “Nous, nous avons sauvegardénotre indépendance et maintenu dixemplois pendant près d’un siècle”. Une ver-sion made in Nantes du “small is beautiful”. Nul doute que les entremets Plaisancecélébreront leur centenaire rue de la Ville-en-Bois. L’outil de production, machines etbâtiments, a été entièrement modernisé en2001, et le vénérable hôtel est désormaisflanqué d’un magasin d’usine à l’enseigneclin d’œil : “la ville en bio”.
90 ans de vie en bio
Bruno Jost à côté d’une pièce
de musée : le mélangeur
à sucre vanillé, qui a tourné
pendant 80 ans,
jusqu’en 2001 !
Nantes Jeunesse Echecs à la Durantière
➜ CENTRE-VILLE
950 m2 sur deux niveaux.Au rez-de-chaus-sée, un espace
d’exposition géré en collaboration avec laVille.(*) À l’étage, une immense mezzanine,des bureaux, un espace de créationphoto/vidéo. Bienvenue dans les locauxPeignon nouvelle version, 11, rue des Oli-vettes, à deux pas de la Chaussée de laMadeleine. C’est ici qu’a été installée, enjuillet 2003, par les services culturels, l’as-sociation Pol’n. Particularité : “hébergerdifférentes associations sur une mêmethématique. Pol’n reçoit des structures,des artistes, les aide à se professionnali-ser, apporte un savoir-faire, les accom-pagne grâce à une complémentarité decompétences” explique Virginie Frappart,comédienne et co-fondatrice du collectif.“Avec Denis Rochard, créateur vidéo-ciné-ma et Yasmina Abid, chargée de diffusion,les deux autres initiateurs du projet, on aeu envie de réfléchir ensemble à de nou-
velles modalités d’actions culturelles pourcasser l’individualisme et l’individualisa-tion.” Organisation de manifestations,programmation, mise à disposition d’ar-tistes dans le cadre d’interventions ponc-tuelles, gestion administrative et financiè-re ou diffusion, Pol’N s’efforce de couvrirtous les aspects de l’action culturelle. Avecen prime, une éthique tournée vers l’éco-nomie sociale et solidaire, comme “alter-native au spectacle subventionné”. PourJean-Marie Duluard, de Nantes Aménage-ment, “l’installation de ce collectif s’inscritdans une tradition née dans le sillage deRoyal de Luxe et des Allumées. Quand onaménage une ZAC, on considère qu’onpeut aussi faire de la reconversion delocaux pour des créateurs au sens large”.Dont acte.(*)dans le cadre de la 7e Quinzainephotographique, exposition d’Enrique Carbo,photographe espagnol, autour de la LoireContact : 02 51 82 36 71 ou [email protected].
Un terrain sportifde proximité rue MonteilL’actuelle aire de jeux située
face au théâtre du Sphinx, 9, rue
Monteil, dans le quartier
Madeleine Champ-de-Mars, va
être rénovée. Retenu en juin par
les associations, riverains et
jeunes du quartier, le projet
d’équipement sportif modulable
prévoit des frontons et bordures
de bois clos contenant deux
cages de buts pour les
footballeurs et deux panneaux
de basket. Le sol actuellement
sablé sera recouvert d’un
revêtement synthétique offrant
un meilleur confort de jeu tout
en réduisant les nuisances
sonores. L’installation d’une
fontaine pour rafraîchir les
sportifs et la pose de bancs
propices aux rencontres sont
intégrées au projet concerté
avec les usagers dont la
livraison est prévue au
printemps 2004.
L’aire attenante sera ensuite
retraitée en espace paysager
dans le cadre de la continuité
piétonne prévue d’ici 2006 entre
la Cité des Congrès et la
Chaussée de la Madeleine.
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Avec Pol’n,bienvenue dans les locaux Peignon
Avec Pol’n,bienvenue dans les locaux Peignon
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LES 11 QUARTIERS ➜ BELLEVUE / CHAN
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Dominique, la retoucheuse de la butte
A venue Sainte-Anne, une bou-tique d’un orange pimpant. Desmachines à coudre, à surfiler, àsurjeter, une presse à repasser,
des bobines de fil multicolores, des ali-gnements de vêtements pendus sur descintres... et la maîtresse des lieux, élé-gante jusqu’au bout de ses doigts de fée,Dominique la retoucheuse.Le goût des travaux d’aiguille lui est venuà 12 ans, auprès de sa mère, couturière àdomicile. Trois ans d’école de couture, letemps d’apprendre qu’elle ne voudra jamaistravailler en usine. Elle sera vendeuse, pen-dant vingt-cinq ans. Le prêt-à-porter, les“belles collections”... “J’ai toujours aimé lerelationnel, faire passer des choses à tra-vers les étoffes, les vêtements.”En 1994, Dominique se retrouve sansemploi, et avec l’envie de passer à autrechose. Pourquoi la retouche ? “Je souhaitaistravailler avec les particuliers, apporter unservice, une écoute.” Deux ans plus tard,elle s’installe sur la butte Sainte-Anne.Faire des ourlets, des fermetures, rétrécir,élargir, doubler, réparer les trous...“Retoucheuse, c’est un peu comme unantiquaire : on récupère un vieux vête-ment, on le restaure, pour lui donner une
Dominique, la retoucheuse de la butte
Rencontres autour d’un petit déjeunerUn jeudi, de 8 h 30 à 10 h, les habitants de Bellevue sont
invités à partager un petit déjeuner. Les participants achè-
tent un ticket à 0.75 € et vont s’installer à une table. Les
bénévoles, Marcelle, Josette, Claudine, Isabelle et quelques
autres, viennent leur servir un café ou un chocolat avec vien-
noiseries. “Ils sont mis dans les mêmes conditions qu’au
restaurant où ils ne vont jamais”, précise Bernard Belchin,
directeur de la maison des habitants et des citoyens de Bel-
levue qui accueille ces petits déjeuners. Une trentaine de
personnes en moyenne est reçue. En majorité des femmes
avec leurs jeunes enfants. La formule s’est enrichie l’an
passé d’animations. Une quarantaine de personnes a pu
ainsi visiter gratuitement le musée des Beaux-Arts. Une troupe de théâtre est venue plusieurs fois répéter
son spectacle. “Nous recherchons d’autres partenaires en lien avec la vie du quartier”, ajoute Bernard Bel-
chin, “et aussi des bénévoles pour passer le relais.” Prochains petits déjeuners : les jeudis 23 octobre, 6 et 20 novembre, 4 et 18 décembre. Maison des habitants et du citoyen. Tél. 02 40 58 04 17.
nouvelle vie.” Un “beau métier” qui luidonne “la paix intérieure”. “Quand j’entredans la boutique le matin, je respire ! Fina-lement, j’ai réalisé mon rêve de petite fille.”L’envie de créer ne l’a jamais quittée.“J’achète des tissus, je fabrique...” Des
créations, robes, tailleurs ou boléros,qu’elle expose sur des mannequins à l’en-trée de sa boutique.Dominique la retoucheuse13, avenue Sainte-Anne - 44100 Nantes. Tél. 02 40 71 78 38.
ANTENAY
L’Esclain, une rucheà Chantenay L’Esclain, une rucheà Chantenay
On se musclechez les féminines
U ne grande péniche est mise ànu sur la grande cale. À côté,un roquio de 1883 retrouve peuà peu son état d’origine. Autour,
sur le quai, des dizaines de bateaux sonten train d’être repeints, rénovés, restau-rés. Depuis 1840, date de l’installationici des premiers chantiers Dubigeon, cetendroit où naquit le Belem est voué auxbateaux. En 1969, une entreprise de répa-ration navale, la Sernat, investit les lieux,avant de céder la place au chantier del’Esclain, auparavant basé à Malakoff puisà Trentemoult. L’entreprise se consacreà la réparation/restauration de navires,mais développe aussi l’hivernage à sec,que les propriétaires peuvent mettre àprofit pour effectuer les réparations surleurs embarcations avec, si nécessaire,l’aide des salariés de l’entreprise. Ils sontune dizaine, passionnés et compétents,
polyvalents, aptes à travailler sur desnavires modernes en stratifié comme surdes vieux gréements, s’occupant ausside l’aménagement intérieur des pénicheshabitables ou travaillant en sous-traitantspour de petits travaux sur l’eau (réparationde pontons, de quais...). Michel Vigneau,co-fondateur et dirigeant de l’entreprise,est heureux d’avoir aujourd’hui “une équi-pe stable depuis trois ans”. Il partage lesvastes locaux du site (7 000 m2) avecd’autres entreprises, mais aussi desartistes heureux de louer pas cher deslieux vides qu’ils aménagent à leur conve-nance. Le chantier, également acteur del’opération Cales en fête, est ainsi au cœurd’une ruche qui participe de la vie desquais du Bas-Chantenay.L’Esclain, 23, bd de Chantenay. Tél. 02 40 43 94 94.
Maison de l’emploiLa Communauté urbaine de Nantes va créer une maison de l’emploi
à Bellevue. Elle regroupera sur un même site les différents acteurs
dans le secteur de l’emploi et de l’insertion, (ANPE, plan local pour
l’emploi, le groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualifica-
tion). Les travaux devraient débuter en octobre 2004, et le bâtiment
être livré un an plus tard.
De plus en plus d’adhérents,une demande croissante en
pratique féminine... la salle
de musculation du Jamet
était trop exiguë. Les travaux
de restructuration des locaux
existants et la construction
d’une extension de 150 m2,
qui ont démarré au prin-
temps dernier, permettront
non seulement d’améliorer
les conditions de la pratique
sportive mais également de
développer les activités en
direction des femmes en
développant notamment la
pratique du stretch fitness
au sein de la JSCB*, l’asso-
ciation qui utilise l’équipe-
ment. Dans sa nouvelle
configuration la salle de mus-
culation disposera de nou-
veaux vestiaires (hommes et
femmes) aménagés dans les
anciens locaux et d’une nou-
velle salle de 100 m2, d’un
local administratif avec
banque d’accueil et d’un lieu
de stockage.
L’ensemble devrait être livré
à la fin de l’année. Coût de
l’opération : 320 000 €. *Jeunesse sportive et culturelle de Bellevue.
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LES 11 QUARTIERS ➜ ÎLE DE NANTES
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“U n espace homogène né de petitsmorceaux hétéroclites...” c’estainsi que se qualifie la troupedu Théâtre Puzzle, la bien nom-
mée, tout nouvellement installée sur l’Îlede Nantes. Créée en 1991, l’équipe estaujourd’hui constituée de cinq comédiensprofessionnels (tous intermittents) et dedeux salariés. État d’esprit : “un mélangede cultures, qui se fait naturellement. L’en-vie de travailler avec les publics des quar-tiers, qui ne se déplacent pas au théâtrecomme ça...” Nadia Bousnoune assure ladirection artistique. Outre les créationspropres à la compagnie, le Théâtre Puzzles’attache à développer des actions autourde l’improvisation comme moyen de com-munication : “on a travaillé sur la sensibili-sation au vote au lycée Jules-Verne...”Avant de s’installer dans ses nouveauxlocaux, Nadia et sa troupe étaient implan-tés à Malakoff et proposaient de l’initia-tion à l’improvisation aux collégiens.“Nous espérons maintenir cette activitémais rien n’est encore décidé.” Depuis le1er août dernier, le Théâtre Puzzle prendses marques dans son nouveau quartier.“On est plus proche du centre-ville et sur-tout mieux installés !” De quoi préparerdans de bonnes conditions la prochaine
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Une nouvelle compagniedans le quartierUne nouvelle compagniedans le quartier
Boulevard Babin-Chevaye, derrière l’école Gustave-Roch, une nouvelle crèche associative
ouvrira ses portes fin 2004. Réalisée dans le cadre du quatrième Contrat Enfance, elle pourra
accueillir trente jeunes enfants. Ce nouvel équipement permettra de répondre aux demandes
de garde non satisfaites sur le quartier. Demandes qui émanent
notamment de parents travaillant dans les entreprises, comme
Bouygues Telecom, qui se sont installées sur le secteur ces
dernières années. L’équipement anticipera également sur les
besoins à venir liés au renouvellement urbain engagé sur l’Île de
Nantes. Le projet sera porté par l’association Nid d’Ange, avec le
soutien de la Ville de Nantes et la Caisse d’allocations familiales
qui financera notamment une partie de l’équipement avec des
subventions exceptionnelles. Outre sa participation financière, la
Ville mettra à disposition le terrain, dans le cadre d’une
convention signée avec l’association.
création de la troupe, Catena, écrite enarabe dialectal (et traduite) par OmarCherrouk, sur un thème douloureux : lasouffrance du peuple algérien. Le spec-tacle devrait se jouer à Cosmopolis d’iciquelques mois.
6, rue Conan-Mériadec. Tél. 02 40 47 87 [email protected]. Ateliers théâtrepour les enfants (7-13 ans), les ados (13-18 ans) et les adultes.
Une nouvelle crèche sur le quartier des Ponts
➜ BREIL / BARBERIE
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D rapé d’échafaudages, le châteaude la Gaudinière reconquiert soncharme d’antan. “Dans cetterénovation qui porte sur les exté-
rieurs du château, nous avons veillé àretrouver et à préserver le style architectu-ral de cette folie nantaise”, explique SylvieJullien, architecte de la Ville de Nantes.Parées de briques, les façades XIXe retrou-veront leur éclat. Les ailes est et ouest,malmenées dans les années 50 avec laconstruction d’extensions, seront retra-vaillées à l’identique. Sur la façade nordde l’ancienne bâtisse, un perron, avec
Les Invent ‘arts À l’initiative de quelquesfemmes investies dans le centre
socioculturel du Breil, les
Invent’Arts ont vu le jour il y a
deux ans pour permettre aux
personnes du quartier de se
rencontrer, de discuter de leurs
problèmes ou de se donner des
conseils, autour de différentes
activités. Le travail du bois, sous
la coupe de la présidente
Annabelle Aumont et l’atelier
couture, animé par Madeleine
Pinaud regroupent les mardis et
vendredis une bonne vingtaine
d’adhérentes. Les projets sont
très variés mais visent tous “un
investissement” des
participantes comme le souligne
Madeleine Pinaud.
Autre volet, la formation : “Cet
automne, plusieurs de nos
adhérentes se perfectionneront,
que ce soit dans le domaine du
bois ou de la couture, avec pour
objectif de retransmettre leurs
acquis à d’autres personnes du
quartier.” Invent’ arts, qui
envisage aussi de lancer un
atelier écriture, finance une partie
de ses actions à travers la vente
des objets fabriqués, notamment
lors de la braderie de Noël
organisée au Breil, avec toujours
“une volonté d’ouverture vers les
habitants du quartier.”Contact : Centre socioculturel, tél. 02 40 76 08 54 ou MadeleinePinaud, tél. 02 40 16 26 41.
rampe d’accès pour personnes handica-pées, sera aménagé. Le projet prévoit éga-lement la mise en place d’un éclairagepour mettre en valeur le château, superbequand le regard se promène du haut dupont du Cens. L’entrée du parc, rue Diane,sera aussi recomposée dans le respect del’architecture du lieu avec brique et ferron-nerie. L’ancien transformateur électriquedémonté, l’allée sera ensuite redessinéepour être dans l’axe du château. Engagésau printemps dernier, les travaux devraientêtre achevés à la fin de l’année. Coût del’opération : 859 000 €.
Rénovation d’une folie nantaiseRénovation d’une folie nantaise
La maison du développement durable
LES 11 QUARTIERS ➜ NANTES NORD
C ’est un bâtiment d’un genre nou-veau qui sortira de terre dansquelques mois, à deux pas de lamédiathèque Nord. Destiné à
accueillir les activités associatives, celui-ci sera estampillé “haute qualité envi-ronnementale” (HQE). Une démarchearchitecturale globale qui vise à mieuxprendre en compte l’environnement dansla conception du bâtiment, sa construc-tion, son exploitation et même sa décons-truction. Sur ce projet pilote, on a cherchéà minimiser la consommation d’énergie. Le
La maison du développement durable
plus spectaculaire sera sans aucun doutela galerie de verre. Courant sur la faça-de, cet espace non chauffé fera tamponentre le bâtiment et l’extérieur et devraitpermettre un gain d’énergie non négli-geable. Mais la démarche HQE se concré-tisera aussi avec des moyens techniquesparfois très simples pour optimiser lesconsommations d’électricité, de gaz etd’eau avec, par exemple, la mise en placede lanterneaux pour capter la lumièrenaturelle, de détecteurs de présence pourcommander l’éclairage. Pilote, ce projet
le sera aussi dans sa phase de construc-tion : une démarche de chantier propresera mise en œuvre. Il s’agira pour lesentreprises de trier les déchets sur placeen vue de leur recyclage, d’éviter de pol-luer le sol avec les huiles de décoffrage ouencore de brûler les plastiques sur lechantier... Tout cela procède d’une mêmedémarche qui vise à minimiser l’inciden-ce d’un bâtiment sur son environnement.Démarche qui sera expérimentale surNantes Nord et qui devrait être recon-ductible sur d’autres projets.
En mai dernier, à quinze ans, Ahmed Belkiri est devenu champion de France amateur cadet
de boxe anglaise. L’adolescent s’entraîne depuis cinq ans au sein de la section Nantes Nord
du Nantes Atlantique Boxe. Comme l’explique Hafedh Benali, son entraîneur, “en amateur, on
n’appuie pas les coups, on apprend à toucher sans se faire toucher, on apprend aussi à
respecter l’autre, à ne pas porter atteinte à son intégrité”. Pour Ahmed, la boxe, c’est d’abord
“un moyen de se défouler, de garder la forme”. Ce qui ne va pas sans effort, d’abord en
travaillant régulièrement tactique et technique, ensuite en apprenant à faire attention à ce
qu’on mange. Ahmed, qui vit et s’entraîne dans le quartier de la Géraudière, entre en 3e
dans un collège nantais. S’il espère devenir boxeur professionnel, il n’en néglige
pas pour autant ses études. Depuis son titre et un article dans le journal de
quartier Mosaïque, on le reconnaît dans la rue : “on me félicite”, dit-il en souriant,
“mes parents sont hyper-contents, mon père a ramené l’article au pays, en
Tunisie...” Si ses grands frères, qui l’ont incité à commencer ce sport, ont raccroché
les gants, son petit frère, lui, marche sur ses traces. L’objectif, maintenant, pour Ahmed,
c’est l’obtention cette année du titre dans la catégorie supérieure, en “cadets 2, amateurs confirmés”.
Contact : Nantes Atlantique Boxe, maison des jeunes de la Géraudière. Contact Hafedh Benali, tél. 06 62 59 31 72.
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Ahmed, 15 ans, champion de France de boxe
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Initiationsportive pourles 8 à 13 ansJeux du cirque, gymnastique,
futsal, judo, sports “co”, tir à
l’arc boxe... le centre d’initiative
sportif de Nantes Nord propose
aux jeunes de 8 à 13 ans une
initiation sportive tout au long
de l’année. Ici pas de
compétition mais un
apprentissage des gestes dans
les règles de l’art avec des
éducateurs sportifs de la Ville
de Nantes. Chaque trimestre, un
nouveau cycle est proposé,
l’objectif étant que les jeunes
puissent s’essayer dans
différentes disciplines pour leur
donner l’envie de rejoindre
ensuite un club. L’accès est
gratuit mais les places limitées.
L’initiation a lieu dans les
quatre gymnases du quartier :
Barboire, Baut, Bout-des-Landes
et Géraudière. Inscriptions/Renseignements :gymnase de la Barboire, rue des Bourgeonnières. Tél. 02 40 59 49 50.
Q uel est le féminin de “prestidigi-tateur” ? Marinette Ménétrier,peut-être. L’œil clair pétillant,cette mamie-la-malice a plus
d’un tour dans son sac, ou plutôt dans savalise-mystère qui renferme les acces-soires d’un art qu’elle a commencé à prati-quer “par hasard”, en rencontrant après laguerre le magicien qui officiait au muséeGrévin et dont elle devint l’assistante.“J’étais mordue, ça me plaisait.” Sonmaître lui propose de lui monter sonpropre numéro : “Après, j’étais dans lebain”. Pendant quelques années, elle pré-sente son spectacle en attraction à l’en-tracte dans les cinémas. Puis elle se marie,remise son matériel qu’elle ne sort plusque dans de rares occasions, puis plus dutout pendant... trente ans. À son arrivée au
foyer-logement du Bout-des-Landes, l’an-née dernière, la petite-fille de Marinettevend la mèche : “ma grand-mère est magi-cienne!”. Sans se faire prier, à 85 ans,Marinette reprend le chemin des planches.Foulard, boîtes, cordons et, bien sûr,baguette ressortent pour Les Rencontresd’automne. Et tout revient : “ça ne se perdpas ! Mon numéro est plein d’humour, il ya tout un baratin et des blagues. Je tra-vaille avec le public”, explique-t-elle. Francsuccès. Marinette est même filmée pourTalents de vie. Pour autant, elle n’a pas lagrosse tête. Dans son coquet logement,elle cultive de jolis souvenirs et des géra-niums devant ses fenêtres. Souhaite-t-ellese produire à nouveau ? Elle hoche la têtemodestement : “oh ! si on me demande...”
Ma grand-mère est magicienne !Ma grand-mère est magicienne !
Plus grande, plus conviviale !Sur la plaine de jeux de Basse Landes, les travaux engagés sur la halle de tennis se terminent. Ils portent sur la
création d’une extension de 135 m2 qui aura fonction de club house aux clubs usagers. Cette extension abritera
également deux bureaux et de nouveaux vestiaires. Le chantier qui a démarré au printemps dernier devrait être
livré en novembre prochain. Coût de l’opération : 333 266 €.
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LES 11 QUARTIERS ➜ HAUTS-PAVÉSSAINT-FÉLIX
S eize mètres de long sur six mètresde large et un mètre soixante-dixde profondeur. Rien à voir avecles bassins de compétition de l’île
Gloriette ou du Petit-Port. Il faut dire quela première piscine publique à Nantes aété construite, rue Vidie, en 1934 avec lesmoyens du bord et les bonnes volontés.Dans la cour du patronage Saint-Maurice,le chef de chantier, l’abbé Tinier, vicaire deSaint-Félix à l’époque, quittait sa soutanepour la salopette de travail. “Le soir, et leweek-end, les garçons et le Père Tinier,creusaient à la pioche, et les pelles val-saient pour enlever la terre”, rapporte Ber-nard Alexandre, un ancien du quartierdans le dernier ouvrage de l’associationMémoires du quartier Saint-Félix, sorti enseptembre et consacré au Père Tinier. Dansle fond du bassin, les noms des besogneuxont été gravés dans le ciment : Gruais,Guéret, Pichaud, Blin... Pas couverte, pas chauffée et sans carrela-ge, elle n’était ouverte qu’au printemps.“L’installation était quelque peu rudimen-taire mais elle a permis à des quantités depersonnes d’apprendre à nager”, expliqueJean Renaud qui y enseigna la natation
dans les années 50. “On répétait les mou-vements suspendus à un portique avecune brassière sous le ventre”. Un petitbassin de six mètres sur six a été ajouté
pour les plus jeunes, puis l’ensemble a étécouvert. Plus aux normes, la piscine Saint-Maurice a cessé toute activité en 1986pour finalement être comblée en 1993.
Au 39, rue des Hauts-Pavés,le Petit Atelier est en pleine
effervescence. Sur l’établi, Cloé
manie la scie électrique pour
couper le bois de son pot à crayon.
Au fond, Michel aide Sébastien à
assembler sa boîte à
clés. C’est comme ça
tous les mercredis. De
10 h à 19 h, trois
groupes d’enfants se
relayent pour bricoler.
Ici, rien n’est imposé.
Les enfants viennent
avec un projet en tête
ou pour chercher des
idées de bricolage.
Les animateurs sont là pour les
accompagner. L’année dernière,
soixante-cinq enfants ont été
accueillis. Deux ateliers par
semaine sont réservés aux adultes
qui viennent surtout apprendre
des techniques de dessin ou de
peinture. Habilitée par Jeunesse et
Sport, l’association intervient
aussi dans les écoles, organise
des stages pendant les petites
vacances...
Le Petit Atelier: 39, rue des Hauts-Pavés.
Tél. 02 40 12 42 02.Na
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C’était la première piscinedes NantaisC’était la première piscinedes Nantais
Passion bricolage au Petit Atelier
➜ NANTES ERDRE
Stationnementà la Chantrerie
Pour augmenter l’offre destationnement sur le site de la
Chantrerie et remédier à un
stationnement anarchique le
long des trottoirs, un nouveau
parking vient d’être créé.
Aménagé à l’angle de la route de
Gachet et de la rue Alfred-
Kastler, il offre une centaine de
places. Pour améliorer la
sécurité du site, des marquages
au sol ont également été
réalisés et des îlots directionnels
aménagés aux droits des
carrefours de la Route de Gachet
avec les rues Alfred-Kastler,
Christian-Pauc et Gauchy.
Rénovation au club aviron Léo-Lagrange Reprise intégrale des piliers en bois de la structure pour cause de vétusté,
réfection des quais et des appontements, des vestiaires, des sanitaires, de
la toiture, le club aviron de l’Éraudière se refait une beauté. Et ça n’est pas
fini puisque le bâtiment accueillant les sportifs sera prochainement
restructuré pour augmenter la superficie des salles de musculation. Coût
total des opérations pour la Ville : 271 000 € (travaux déjà réalisés).
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Entretenir sa partde rêveEntretenir sa partde rêve
D epuis quinze ans, l’Associationnantaise des constructeurs ama-teurs de plaisance (ANCAP) réuniten bordure de l’ Erdre une centai-
ne d’amoureux des beaux bateaux. “Noussommes animés par une même passion,explique le président, Jacques Kuczer.Dans les premières années, la constructionprenait une bonne part de l’activité.Depuis que le marché est devenu relative-ment plus abordable, elle a baissé au pro-fit de la réparation.” En moyenne, une cin-quantaine d’embarcations sont installéessur le terrain mis à disposition de l’ANCAP.L’esprit d’ouverture est la valeur étalon :“Nous souhaitons que chacun, et notam-ment les personnes momentanément endifficulté, puisse entretenir sa part derêve.” La dimension sociale est toujours
présente : “La moitié de nos membres nepossède pas de bateau. Ils viennent béné-volement donner un coup de main, maisaussi participer aux activités de l’associa-tion.” La mission de l’ANCAP est en effetde permettre à ses adhérents de réparerleur embarcation - ce qui prend de troismois à dix ans ! - puis de la remettre àl’eau, quitte à l’accueillir de nouveau encas d’avarie. “Pour créer du lien entre eux,on demande à nos membres de donnerdeux journées à l’ ANCAP pour l’entretiendes lieux et des matériels. Le but est queles gens ne vivent pas leur passion dansleur coin, mais viennent à la rencontre desautres.”Contact : ANCAP, 65, rue du Port-Durand. Tél : 02 40 49 20 36.
Toutes-Aides, la tradition roller
LES 11 QUARTIERS ➜ BOTTIÈRE / DOUL
Depuis 1923, l’Association Sportiveet Culturelle Toutes-Aides, plusconnue sous le sigle d’ASTA, propo-se une large palette d’activités aux
habitants de Doulon. Dès le début desannées 60, quelques pionniers ajoutèrent -bien avant qu’elle ne connaisse les honneursde la mode - la pratique du roller aux disci-plines classiques. Au fil du temps, la sectionest devenue une des plus dynamiques del’ASTA : “On se transmet le virus de généra-tion en génération”, explique le nouveauprésident Laurent Prott. “Mes parents, auclub depuis trente ans, ont appris à en fairepuis, devenus dirigeants, m’ont initié ainsique mes trois frères. Aujourd’hui ce sont mesenfants qui prennent le relais.”Le roller comprend plusieurs disciplines :des sports collectifs comme le rink hockey,très développé dans la région nantaise, maisaussi le roller hockey, et des disciplines indi-viduelles : le patinage artistique en solo ouen synchro, la rando et bien sûr la vitesse.“L’ASTA est un club de compétition. Chacunen fait à son niveau. Mais il y a aussi des acti-vités loisirs, de l’initiation par nos éduca-teurs brevetés d’État, des randonnées.” Lesiège de la rue des Épinettes, avec sa salle
polyvalente en bitume, ne suffit plus àaccueillir les 310 licenciés qui ont désormaisdes créneaux horaires au Croissant (par-quet), au Skate Park (résine) et à la Colinière(ciment). “Club de quartier, d’esprit fami-lial”, l’ASTA possède plusieurs athlètesinternationaux. Il a aussi apporté son savoir-
faire à l’organisation des championnatsd’Europe disputés à Beaulieu en mai dernier.Laurent Prott (06 72 92 36 62), Siège : 9, ruedes Épinettes, 44300 Nantes. Site Internet :www.astaroller.com.
Toutes-Aides, la tradition roller
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La ville peinte par les CM2Jusqu’à l’année dernière, l’entrée de l’école de la Bottière, c’étaient deux murs vert foncé-sale lézardés. Il était
grand temps de faire quelque chose. Pour la déco, ce sont les enfants qui ont pris les choses en main. Avec
Marie-Pierre Delerue, institutrice détachée en ZEP, et Véronique Laurent, peintre, ils ont mis sur pied un projet de
fresque dans le cadre de l’opération “Ville à lire, ville à vivre”. Leur dossier a été accepté, le matériel fourni par la
Ville. Pendant toute l’année scolaire 2002/2003, à raison d’une heure et demie par semaine, les enfants ont
appris des techniques de peinture pour imiter le ciel ou
la pierre, ils ont visité la ville, le quartier, ont
sélectionné des bâtiments et monuments qu’ils ont
disposé en patchwork sur de grands panneaux de bois,
avant de les peindre avec application. Le résultat est
magnifique. Tout y est, de la tour Bretagne au tramway,
en passant par le château et la Loire et, bien sûr, leur
école, et même la voiture de la maîtresse ! Alison,
Anne, Camélia, Charlène, Gahlia, Laura, Maxime, Sajia,
Thanh-Duy, entrés en sixième cette année, laissent à
leurs successeurs une école plus belle et leur ont aussi
légué l’envie de poursuivre le travail... De nouveaux
projets sont déjà à l’étude.
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ON
Premières scènesentre amis
C omposer des mélodies, écrire deschansons, c’est bien mais les par-tager avec un public, c’est mieux.Tous les deux mois, les scènes
ouvertes de la maison de quartier de Dou-lon permettent à deux des vingt-cinqgroupes qui répètent dans ses locaux defaire leurs premières armes sur scène.“Cela fait partie de leur formation. On veutqu’ils puissent se mettre en scène etapprendre à monter leur propre concert”,explique Nicolas Étourneau, responsabledu secteur jeune de la Maison de quartier.Le jour J, trois groupes qui vont se succé-der pendant la soirée, installent eux-mêmes le matériel. On monte la scènedans le hall de la maison de quartier, oninstalle les projecteurs et un technicien dela salle de spectacle vient aider à régler leson. “Cela permet aux groupes qui répè-tent chacun dans leur coin de confronter
leurs expériences, d’échanger sur leurspratiques musicales, leurs méthodes detravail”, précise Nicolas Étourneau. Lesgroupes jouent une demi-heure à uneheure en fonction de leur répertoire devantun public de 100 à 200 personnes compo-sé d’amis, de parents... “Une partie desmusiciens jouent sur l’estrade, les autrespar terre et les spectateurs se retrouventtrès près du groupe, c’est assez rassurantpour eux”. En souvenir, ils garderont unenregistrement du concert qui servira debase de travail pour progresser avant laprochaine étape : l’enregistrement d’unemaquette pour participer à des tremplinsou démarcher les salles de spectacle. Prochains rendez-vous : les vendredis 28 novembre, 23 janvier, 12 mars et 14 mai. À partir de 20 h 30, maison de quartier de Doulon.
Premières scènesentre amis
Bienvenue au jardin des Maraîches !
Des jardins en terrassesaménagés de carrés cultivés
qui évoquent les anciens
jardins de curés, de belles
allées bordées d’ardoises qui
conduisent à l’aire de jeux où
s’élève une citerne à eau sur
laquelle les bambins peuvent
grimper, glisser... Imaginé avec
les habitants, le jardin des
Maraîches, sera ouvert au
public mi-septembre. Tout ici
met en scène le passé
maraîcher du quartier. Comme
ce superbe poireau, de
plusieurs mètres de haut,
planté à l’entrée du square ou
encore ces citrouilles dodues
installées dans l’aire de jeux
destinée aux 3/10 ans. Quant
aux plantations, elles seront
réalisées à l’automne.
Locaux de convivialitéSur la plaine de la Colinière, de nouveaux locaux de convivialité
accueilleront le Hockey Club de Nantes, à proximité immédiate du terrain
sur lequel le club de hockey évolue. Sur une surface de 100 m2 environ, ce
bâtiment modulaire abritera une salle de réunion, un bar, des sanitaires.
Accessible à partir de la grande salle, la terrasse offrira aux spectateurs
la possibilité de se désaltérer tout en regardant les matchs. L’équipement
devrait être livré pour la mi-octobre. * Le fonds Sastre a été créé pour redistribuer, en direction du sport amateur, les bénéficesde la coupe du monde de football.
Boulistes de Sèvres...entre copains !
LES 11 QUARTIERS ➜ NANTES SUD
Il reste une douzaine de boulodromesdans l’agglomération nantaise. Nichésdans des arrières-salles ou dépen-dances de bistrots, une bonne partie
d’entre eux ont été sacrifiés par les pro-priétaires, soucieux de récupérer un sur-plus de place. Tel n’est pas le cas de Fran-çois Cuny. Installé depuis trois ans dans lequartier de Sèvres, il tient à ce que le nomde son café-courses, Au Bon Accueil, sejustifie au quotidien. Joueur lui-même, lemaître des lieux s’est totalement investidans l’ Association bouliste de Sèvres,créée il y a une vingtaine d’années : “Lesanciens disent qu’en 42-43, on jouait déjàà la boule nantaise dans cette salle”, rap-pelle son président, Jacques Vrignon. Tradi-tionnelle en Loire-Atlantique, assez prochede la pétanque, cette discipline est jouéeavec de lourdes boules sur un terrain incur-vé où l’on peut utiliser les bordures. “Nousavons environ 45 adhérents dont cinqdames. Beaucoup sont des gens du coin.Pour François Cuny et Jacques Vrignon, laconvivialité est le maître mot de l’associa-tion : “Nous sommes ouverts à tous. Si un
client veut regarder une partie ou essayerde jouer, on l’y encourage. La pratique dela boule nantaise est un loisir et aussi unmoyen de faire se rencontrer les gens, de
les faire sortir de chez eux pour passer unbon moment, entre copains.” Au Bon Accueil, 138, route de Vertou, Nantes.Tél : 02 40 34 50 11.
Boulistes de Sèvres...entre copains !
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Taekwondo au Clos-ToreauSamuel Dadié est un homme de conviction. Installé
depuis trois ans au Clos-Toreau, cet éducateur veut
faire bouger son quartier et ses habitants. Son arme ?
Le Taekwondo, un art martial de défense, qui inculque
le contrôle de soi et le respect des règles et de l’autre.
Pratiquant depuis vingt-sept ans, Samuel a créé le
Hwarang Taekwondo Atlantique avec son épouse, dès
son arrivée à Nantes. “De 9 enfants et 15 adultes en
2000, nous sommes passés à 30 et 20 la saison
passée. Cette année, je m’attends à une très forte
hausse des candidats.” La présence d’une majorité de
filles parmi ses licenciés ne l’étonne pas : “Pour les
jeunes, le Taekwondo est un outil pour canaliser
l’énergie, pour apprendre la concentration, la
persévérance, et, pour les filles, un moyen de se faire
respecter. Beaucoup de parents me disent que leurs
gamins améliorent leurs résultats scolaires et sont plus
calmes depuis qu’ils pratiquent ce sport. Afin de faire
connaître sa discipline aux Nantais, le Hwarang
Taekwondo Atlantique a réuni en avril dernier à
Beaulieu 80 combattants venus de toute la France.
“Nous souhaitons reconduire ce Trophée Clos-Toreau
en 2004”, conclut Samuel Dadié.Contact : Samuel Dadié. Tél : 06 70 48 97 25.
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HISTOIRES DE QUARTIERS
Ouverte en 1864, fermée en 1974,
réhabilitée à partir de 1977,
la Manufacture des Tabacs de
Nantes a une histoire en forme
de Havane. Pleine d’arôme et
de saveur.
B ientôt trente ans que le tic-tac del’horloge de la Manufacture Impé-riale des Tabacs de Nantes acessé, que la sirène qui marquait
la fin ou la reprise du travail s’est tue, quele bruit des pas des ouvriers s’est éloignévers Carquefou où une autre usine à ciga-rettes a ouvert ses portes en 1974. Pour-tant, certains sont toujours là. Dans lesmurs. Enfin pas vraiment dans, mais plutôtsur. Agrandis et sous verre, sur des photo-graphies en noir et blanc des années vingtqui aident, comme les cailloux blancs duPetit Poucet, à retrouver le chemin de lamémoire. Ils portent le galurin, la mous-tache en accroche-cœur pour les hommes,
la longue jupe dite “cotillon” avec letablier par-dessus pour les femmes et lapose figée, le regard vague à l’âme pourtous. Sûrement, les nouveaux résidants dela Manufacture réhabilitée à partir de 1977en un ensemble de logements, équipe-ments et services municipaux, ne doiventplus prêter attention à ces ancêtres quandils empruntent les allées qui serpentententre les corps de bâtiments symétriques,séparés par de grandes cours, dissimuléspar les hauts murs. Ah! si les murs avaientla parole, serait-on tenté de dire. Ils nousraconteraient les conditions de travail,l’odeur âcre du tabac, les cadences, lequartier grouillant de vie autour de l’usine
La Manufacture Impériale des tabacs de Nantes
Malakoff/Saint-Donatien
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et le régime disciplinaire quasi-carcéral de“la Manu” qui firent comparer ce typed’établissements, où les femmes étaientmajoritaires, à des “couvents laïques”.
Établissements pionniers. En Fran-ce, dans les villes, on se battait au XIXe
siècle et notamment sous le Second Empi-re pour obtenir la concession d’une manu-facture de tabac. Le centre et l’ouest de laFrance en étaient dépourvus. On décidadonc de l’implantation d’une fabrication àChâteauroux et à Nantes. La ville, avec sonport bien situé, reçoit dès 1857 missiond’ouvrir des ateliers, l’administration desTabacs ayant décidé la création de nou-veaux centres pour répondre à l’accroisse-ment de la demande, notamment decigares. Lorsqu’elle ouvre en 1864, laManufacture de Nantes (l’une des plusimportantes sur le territoire) est un uni-vers fonctionnel de l’industrialisation nais-sante à l’architecture sévère et à la sur-veillance policière. À l’époque, le tabac estchose précieuse. On ne tolère ni gaspilla-ge, ni vol. Une seule voie d’accès permet lafouille des ouvrières en tablier de travail,
alignées dans la cour avant la sortie. Mais,dans d’autres domaines, les Manufacturesd’État se veulent pionnières. Sur le plantechnique d’abord. Eugène Rolland met aupoint les premières machines à vapeurpour la torréfaction. Sur le plan desœuvres sociales ensuite, avec la mise surpied d’une société de secours mutuel(1858), l’ouverture d’une crèche (1861) ouencore d’un bureau d’épargne (1876). Surle plan de l’organisation du travail enfin.Les manufactures d’État sont les seules auXIXe siècle à garantir aux ouvrières une car-rière. De véritables dynasties se créent ; lamère fait embaucher la fille, la fille le mariet ainsi de suite. La sécurité de l’emploivaut contrepartie aux faibles salaires etaux risques d’accidents. L’introduction desmachines Belot pour l’empaquetage faitbeaucoup d’estropiées. Dans un article
consacré à la Manufacture, Xavier du Bois-rouvray écrit : “Le travail était dur, répétitif,en partie rémunéré au rendement (à la findu XIXe siècle, une bonne ouvrière peutexécuter à la main 300 cigares par jour).Les heures de présence étaient longues,dans des ateliers où s’entassaient souventune cinquantaine de femmes, où touteconversation particulière était interdite.”Résultat, la main d’œuvre (pour la plupartde très jeunes filles) se fait rare et le turn-over très fort. D’autant plus que la “Manu”n’a pas très bonne réputation. Comme denombreux établissements industriels del’époque.Pourquoi ? L’une des raisons, c’est RenéeFaucher, 88 ans, entrée à la Manu à 27 ans,juste après la Seconde Guerre mondiale,parce que sa mère née en 1895 y travaillaitdéjà depuis 1913, qui nous la livre. “C’était
1856 : Création d’ateliers provisoires pour la
fabrication des cigares pouvant accueillir 400
cigarières chacun à l’usine Bridon (située quai
Magellan) et à l’ancien “couvent de Beauséjour”.
1859 : La Ville sous la houlette de son maire
Ferdinand Favre fait cession à l’État d’un terrain
dit “Pré Bertrand” situé boulevard Sébastopol
(aujourd’hui boulevard Stalingrad) en face de
la gare.
1861 : Début des travaux. Des remblais doivent
être exécutés pour amener le terrain au niveau
de la chaussée et le sol dur pour les fondations
doit être recherché entre 2 et 5 mètres au-
dessous du niveau primitif.
1863 : Achèvement du projet par l’architecte
nantais Joseph Chenantais (auquel on doit
notamment le Palais de justice). À la
Manufacture de Nantes qui compte alors 1 034
ouvriers dont 954 femmes, on fabrique
principalement des cigares, surtout des
Scaferlati.
1939-1945 : Nantes accueille les cigarières de
Reuilly puis de Dieppe. À partir de 1945, la
manufacture se spécialise dans la fabrication
des cigarettes.
1974 : Transfert de l’atelier de cigarettes à
Carquefou.
1977 : Début de l’étude du projet de
réhabilitation par la Ville afin de replacer la
Manu dans la vie du quartier.
1983 : Achèvement des travaux de
réhabilitation, logements, équipements et
services municipaux.
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La Manufacture Impériale des tabacs de Nantes en quelques dates :
Fabrication de cigarette à la rouleuse à main.
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mixte ! Mon mari ne voulait pas que j’yentre. C’était mal coté aussi. Mais, j’étaistrop malheureuse d’avoir été sans travailpendant la guerre. Alors je n’ai pas cédé.”Avant d’entrer à l’usine, Renée fût modistedans une boutique de la Place Saint-Pierre.“Mais, j’étais malade d’être assise sur unechaise toute la journée.” Contrairement àd’autres qui auraient donné cher pourconserver la place d’infirmière, “mais nontitulaire” précise Renée, qu’elle occupait àses débuts à la Manu, la jeune recrue déci-de de monter aux ateliers de fabrication,au grand dam de son mari, employé auxchantiers navals. “J’aimais mieux la men-talité ouvrière que la mentalité bureau.J’avais été élevée dans un milieu d’ou-
vriers. Entre nous, les ouvrières, ont ététrès soudées les unes aux autres. Faut direqu’on s’était connues à la crèche de laManu !” Très vite, Renée se syndique etaujourd’hui encore, elle ne raterait pourrien au monde les réunions. “Elles se tien-nent toujours à la Manu, là où il y avait nosanciens vestiaires.”
Réhabilitation réussie. Aujourd’hui,c’est une Manufacture réhabilitée queRenée fréquente. Arnaud Biette de l’asso-ciation Entreprise et patrimoine industrielqui s’intéresse à l’étude et à la valorisationdu patrimoine industriel de la région nan-taise, évoque la réussite de l’opération quia été lancée à la fin des années 70. “C’est
une référence en matière de réhabilitationet l’une des plus précoces en France.”Arnaud note l’ouverture sur le quartiergrâce au percement de voies d’accès, laconservation de la cheminée et de la chau-dière principale (au centre de l’actuellebibliothèque) et ajoute : “Comme danstous les projets de ce genre, la mêmequestion se pose. En quoi un bâtiment faitpartie de l’histoire et donc de l’identitéd’un quartier et comment faire pour queles habitants de ce quartier se le réappro-prient ? “ Pour Renée, qui habite au nordde Nantes, dans la cité des Agenets, unappartement qui appartient toujours àl’entreprise, la question ne se pose paspuisque qu’elle continue de fréquenter unlieu dans lequel elle aura passé la majeurepartie de sa vie. Et sans jamais griller niune brune, ni une blonde. “Il y a des fillesqui allaient au vestiaire pour fumer. Moi çane m’a jamais tenté. “
LAURE NAIMSKI
P o u r e n s a v o i r p l u s :Xavier du Boisrouvray : La Manufacturedes tabacs de Nantes : construction etmise en œuvre : 1857-1865 in le numéro128 des éditions du CNMH, 1983.
Les Annales de Nantes et du Pays Nan-tais, revue de la société académique deNantes et de la Loire-Atlantique. Quar-tier Nantes-Doulon. De la Manu à la Noé-Mitrie, n°288, deuxième trimestre 2003.
Avec un régime quasi-carcéral, la Manu qui
employait majoritairement des femmes, fut
comparée à un “couvent laïque”. Dans ces ateliers
où s’entassait une cinquantaine de femmes, toutes
conversation particulière était interdite.
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S ur une table en formica d’unbureau semblable à mille autres, àl’étage du siège social Grandjouan-Onyx sur l’Île Beaulieu, Annick
Leroux, employée de maison depuis 36 ans,dessine avec le doigt les contours de sonenfance. Rezé, Pont-Rousseau, la prairiebasse de la Tête-des-Mottes, la rue desAbattoirs, le café et enfin la cour de l’en-treprise de nettoyage et de transportGrandjouan dont les premières installa-tions (hangars, cales à foins) à Nantes etdans les alentours remontent à 1830. Uneentreprise pareille à nulle autre où Annicks’installe avec ses parents au début des
années 1950. Papa y est mécanicien,maman femme de ménage. On se serre aufond de la cour, dans une maisonnette debois “un peu trop froide l’hiver, un peu tropchaude l’été” où les enfants Grandjouanviennent chercher des bonbons. “Je lesgardais aussi” se souvient Annick qui, d’ungeste, efface le dessin invisible qu’ellevenait de tracer. “À l’époque, c’était fami-lial. J’ai connu trois générations de Grand-jouan”. C’était avant la vente de l’entrepri-se en 1989 à la CGEA (Compagnie généraled’entreprises automobiles) et le passagedans le giron de Vivendi. En juin dernier,les contours de l’enfance d’Annick se sont }
Grandjouan,“gamionneurs” de père en fils
Pont-Rousseau
Avec le déménagement de
l’entreprise Grandjouan-Onyx de
son site historique de Pont-
Rousseau vers Saint-Herblain, c’est
une page d’histoire qui se tourne.
Celle d’une des plus vieilles
entreprises de Nantes.
HISTOIRES DE QUARTIERS
définitivement envolés avec la fermeturedu site historique de Pont-Rousseau et ledéménagement vers Saint-Herblain pourlaisser place aux Nouvelles Cliniques nan-taises. Mais, pour toujours, l’image deGrandjouan restera associée à celle d’uneentreprise pionnière, notamment par sonapproche industrielle de la salubrité urbai-ne.
Dans la gadoue. Au cours du XVIIIe
siècle et à l’instar de Paris, Nantes utiliseles fermiers de la région pour enlever lesgadoues de la ville. Les ordures appartien-nent donc aux fermiers du bail dit de larépurgation qui les revendent commeengrais. Mais bientôt, ces derniers ne peu-vent plus couvrir leurs frais par la ventedes gadoues et demandent à la Ville deNantes de les indemniser pour le serviced’enlèvement. Le service est coûteux et laVille se tourne vers des entreprises privéespour abaisser les prix. C’est FrançoisGrandjouan (l’un des sept frères installécomme transporteurs à Nantes depuis1830) qui obtient le contrat. Nous sommesen 1867. Il fonde avec trois de ses fils lesÉtablissements Paul Grandjouan, passantdu camionnage à l’enlèvement et au traite-ment des ordures. Ce qui fit dire à la fin duXIXe siècle : “qu’à Nantes, les Grandjouansont gamionneurs de père en fils.”
Alcoolisme. Dans les premiers temps,l’entreprise fait travailler une soixantained’hommes, les tombeliers, qui conduisentautant de tombereaux tirés par une centainede chevaux. À leurs côtés, une centaine defemmes se chargent de balayer les rues dela ville et de récolter les ordures. Le travailest pénible surtout lorsqu’il faut enfouir
les animaux morts sur la voie publique,désinfecter les urinoirs publics ou encoredésobstruer les égouts. On travaille jus-qu’à 14 heures par jour. L’alcoolisme estl’une des plaies du métier d’éboueur. Iln’est pas rare de voir le conducteur s’en-dormir sur son siège et le cheval s’arrêter !L’entreprise Grandjouan paye donc de fré-quentes pénalités en raison du travail malfait et la ville reste dans un état de propre-té médiocre, comme d’ailleurs la plupartdes villes de France. Pour améliorer cettesituation, l’entreprise et la Ville portenttoute leur attention sur le personnel et lamécanisation. En 1909, les premièresmesures de protection sociale apparais-sent. Juste après la Première Guerre mon-
diale, on commence à remplacer lesanciens tombereaux, on installe des gruesqui permettent un déchargement plusrapide des gadoues. Très attachés à leurcavalerie, les Grandjouan ne croient pas, àla fin de la guerre, au triomphe du moteurà explosion.
Odeur de crottin. Pas étonnant alorsque les souvenirs de Paul-Maurice aujour-d’hui âgé de 76 ans et dernier Présidentdes Établissements Grandjouan soientparfumés à l’odeur de crottin. “Au débutdes années 30, lorsque j’étais enfant, j’ai-mais par-dessus tout les visites domini-cales aux chevaux pour voir l’état de lacavalerie. Il y avait le tas de fumier qui
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“À l’époque c’était familial. J’ai connu trois
générations de Grandjouan” se souvient
Annick Leroux.
Trés attachés à leur cavalerie, les Grandjouan ne croient pas, à la fin de la Première Guerre
mondiale, au triomphe du moteur à explosion. Il faudra attendre 1928 pour que soient testés
les premiers tracteurs automobiles.
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croupissait au soleil. On attendait qu’il soitbien mûr pour le livrer aux viticulteurs ducoin. Je me souviens encore de l’odeur !” Ilvoit avec regret le passage des benneshippomobiles à la traction vapeur. Il faudraattendre 1928 pour que soient testés lespremiers tracteurs automobiles Chenard etWalcker et que la mécanisation commence.Parallèlement à la modernisation de leurmatériel roulant de répurgation, lesGrandjouan transforment leur activité detransport en l’étendant dans tout l’Ouestde la France grâce au rachat de nom-breuses sociétés de transports de larégion. Cette orientation de l’entreprise seconfirme avec le temps, notamment aprèsla perte, en 1947, de la répurgation de laVille de Nantes, cette dernière faisant lechoix de la municipalisation du service.Mais, les Grandjouan gardent leur contrat
avec la Ville de Rezé. En 1989, les entre-prises du groupe Grandjouan, quiemploient alors plus de mille salariésentrent dans le groupe C.G.E.A. Le nom estconservé à l’enseigne de la société derépurgation Grandjouan-Onyx. Ce n’estpas sans un pincement au cœur que Paul-Maurice s’est résigné à vendre son entre-prise. Il garde en souvenir les événementsmarquants comme les grèves de 1968 : “ÀNantes, les gens étaient asphyxiés par lesodeurs. Les ordures s’accumulaient. Nosbennes sortaient ornées d’un drapeaurouge!” Paul-Maurice a le verbe hautcomme ses ancêtres. “Mon père, Paul-René, était très vivant, très chaleureux,très élégant. Il venait tous les jours. Il pas-sait une demi-heure, il poussait une oudeux gueulantes et puis il repartait. Moi,j’étais plus bonhomme, plus rond.” Annick
Glossaire- Gadoue : Les ordures ménagères se transforment naturellement en engrais. Cet engrais est
appelé “gadoue”.
- Gamionneur : néologisme provenant de l’association des termes “gadoue” et “camionneur”.
- Répurgation : Terme couramment utilisé dans les provinces de l’Ouest jusqu’au milieu du XXe
siècle pour désigner l’ensemble des opérations de nettoiement des voies publiques.
- Sarradine : Seau utilisé à Nantes à partir de 1878. Tire son nom d’un élu nantais, Émile
Sarradin qui, à l’instar du préfet Poubelle à Paris quelques années plus tard, propose de placer
les ordures dans un seau afin de faciliter le travail de l’éboueur.
- Tombereau : Ancêtre des bennes. Arrivé en ville, le tombelier sonne sa cloche de deux kilos
pour prévenir les habitants de son passage. Il est flanqué de deux balayeuses. Après la collecte,
le tombelier recouvre son tombereau du prélart, grande bâche, qui empêche le vent d’entraîner
les détritus au-dehors. Puis, le tombelier se rend au parc à fumier pour y déverser son
chargement.
se souvient aussi de celui qu’elle appelleaffectueusement le grand-père : “Il étaittrès exigeant. Toutes les personnes quisont passées par le standard s’en souvien-nent ! Il appelait tout le monde ma petitefille, il portait une grosse fleur à la bouton-nière.” Le prénom de ce grand-père? “Je nem’en souviens plus. Je m’y perds un peu.Ils s’appelaient tous Paul !” Ce qui est sûren revanche, c’est que la fleur à la bouton-nière avait du pousser sur un tas de fumierlabellisé Grandjouan.
LAURE NAIMSKI
Remerciements à Xavier Nerrière duCentre d’Histoire du Travail de Nantespour l’apport iconographique provenantde la collection particulière Grandjouan.
À lire● Xavier Nerrière et Christophe Patillon, Pont-Rousseau et Rezé, histoire et mémoires d’unquartier et de sa ville, éditions du Centre
d’Histoire du Travail, 2002.
● Propreté et transport dans la ville, un siècled’histoire industrielle, sociale et humaine dugroupe CGEA, éditions de l’Institut de
l’environnement urbain, 1996.
● Capitaines d’entreprise à Nantes au XIXe siècle,
Yves Rochcongar. Édition Memo.
L’installation de l’entreprise de nettoyage Grandjouan, à Nantes et dans les alentours
remonte à 1830. Ici le site de Pont-Rousseau.